Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-06-25
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 25 juin 1890 25 juin 1890
Description : 1890/06/25 (A19,N6736). 1890/06/25 (A19,N6736).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560275p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — N° 6,736 CINQ Centimes - Paris et Départements — CINQ Centimes mercredi 33 juifrîsaa
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A GAUCHE !
En apparence, la Droite a interpellé
hier sur les incidents qui ont accom-
pagné la laïcisation de l'école de Vicq
et elle s'est donné le plaisir de les
grossir démesurément, comme l'avait
déjà fait la presse réactionnaire. Elle
a voulu faire croire que la loi de laïci-
sation était une loi de violence qui ne
pouvait être appliquée que par la vio-
lence, et que les agents du gouverne-
ment républicain recherchaient, en
quelque sorte, les occasions d'user de
brutalité. En réalité, ce n'était pas
l'application de la loi du 30 octo-
bre 1886, mais le principe même de
cette loi que la Droite combattait.
Dans la dernière législature, elle
n'avait pu, malgré ses efforts, empè-
cher le vote de cette loi et elle savait
que toute tentative pour la modifier
resterait vaine. Elle ne l'avait donc
pas tenté; elle s'était bornée à la dé-
noncer comme une « loi maudite Ye,
comme le complément le plus rigou-
reux d'une législation « scélérate »,
et à entretenir, autant qu'elle l'avait
pu, l'agitation dans le pays en atten-
dant le moment qui lui semblerait
plus propice pour agir plus efficace-
ment.
Elle a cru que ce moment était
venu. Elle a interprété dans le sens
d'un retour, en arrière le sentiment
général d'apaisement qui s'est pro-
duit aux dernières élections, et elle a
voulu interpréter dans le sens de con-
cessions et d'abandon les paroles de
conciliation prononcées par les mem-
bres du gouvernement. L'interpella-
tion avait pour but évident de mettre
le gouvernement et les républicains
en demeure de conformer leurs actes
au sens que les réactionnaires don-
naient à leurs paroles. Cette inten-
tion s'est traduite par l'interprétation
juridique que M. Freppel a voulu
donner de divers articles de la loi. Si
- cette interprétation avait été adop-
tée, on peut dire sans exagération
qu'il ne serait plus rien resté de la loi
elle-même et que l'œuvre de laïcisa-
tion du personnel scolaire aurait été
définitivement arrêtée.Elle s'est tra-
duite plus clairement encore dans la
proposition de loi que l'évêque d'An-
gers a déposée à la fin de son dis-
cours et qui, sans proposer l'abroga-
tion pure et simple de la loi du 30 octo-
bre 1886, tendait au même but par un
chemin un peu détourné. La majorité
républicaine n'a pas admis l'interpré-
tation juridique de l'évêque, et elle
is'est retrouvée aussi considérable pour
signifier à la Droite qu'elle n'entendait
pas revenir en arrière et payer par des
concessions sonnantes et trébuchantes j
une hypothétique atténuation dans
l'opposition des adversaires de la Ré-
publique.
Cette fois, l'expéritnce est con-
cluante. Ceux des républicains qui
avaient conçu la pensée de se coaliser
avec la Droite et avec les boulangis-
tes pour prendre la direction des af-
faires et pratiquer la potitique de re-
cul qu'ils préconisent dans leurs jour-
naux et qu'ils ont essayé d'exposer à
la tribune peuvent en faire leur deuil :
il n'y a pas de place dans la Chambre
actuelle pour le gouvernement qu'ils
roulaient et pour la réalisation des
ambitions qu'on leur connaissait.
il paraît même qu'ils n'avaient pas
besoin de savoir les résultats du scru-
tin pour être sûr que leur système
était condamné, car il ne s'est trouvé
dans le Centre-Gauche aucun orateur
pour reprendre à la tribune cette
théorie, si souvent cependant déve-
loppée dans les journaux du parti,
qu'il y avait plusieurs façons d'appli-
quer les lois et qu'il convenait de les
appliquer dans un esprit de modéra-
tion. C'était pourtant le cas de re-
commencer cette démonstration, lors-
que le ministre de l'intérieur disait
ironiquement à la Droite que si, par
apaisement, elle entendait n'appli-
quer que les lois qui lui étaient agréa-
bles, il ne pouvait être d'accord
avec elle, et lorsqu'il ajoutait que, la
loi étant faite pour être respectée, le
gouvernement considérait que son de-
voir était d'en assurer le respect.
Mais le Centre-Gauche s'est ren-
fermé dans le mutisme, et il n'en est
même pas sorti lorsque M. de Frey-
cinet, complétant et soulignant les
déclarations de M. Constans et de M.
Bourgeois, a insisté sur l'intention du
gouvernement d'assurer avec fermeté
l'application des lois scolaires et des
autres lois qui forment les acquisi-
tions démocratiques que nous avons
faites, c'est-à-dire « la loi militaire et
les autres lois qui ont le même carac-
tère M.
,- Après cette déclaration du prési-
dent du conseil, après les explications
qui avaient été fournies par les minis-
tres de l'intérieur et de l'instruction
publique, on peut dire que toutes les
aquivoques que l'on avait cherché a !
échafauder sur quelques passages de
divers discours, que toutes les inter-
prétations auxquelles on s'était livré
de certaines parties de la déclaration
lue par le ministère lors de son avène-
ment, s'évanouissent. La séance d'hier
a démontré qu'il y avait dans la Cham-
bre une maj orité républicaine décidée
à ne rien abandonner des conquêtes
démocratiques, et un gouvernement
en complet accord sur ce point essen-
tiel avec la majorité. C'est une consta-
tation d'une extrême importance, car
elle doit donner à la majorité, comme
au gouvernement, la confiance en
eux-mêmes qui avait paru quelquefois
leur manquer un peu.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
» Vie ds Paris » par Henry Fouquier.
LE CRÉDIT FONCIER
Le conseil des ministres saisi de la
question. — Singulière attitude de
M. Rouvier. — Différences de
Bourse.
M. Christophle, gouverneur du Crédit
foncier, doit remettre ce matin à M. Rou-
vier, ministre des finances, sa réponse au
rapport des inspecteurs.
Cette réponse a été soumise au conseil
d'administration du Crédit foncier, convo-
qué extraordinairement hier soir, à cinq
heures.
Elle a été approuvée à l'unanimité par
les administrateurs présents.
Elle sera probablement communiquée ce
matin par M. Rouvier au conseil des mi-
nistres.
Le conseil, après avoir pris communica-
tion de ce document et après avoir enten-
du les observations de M. Rouvier, devra
prendre une décision qui tranchera défi-
nitivement, il faut le croire, une question
qui, par la faute du ministre des finances,
est beaucoup trop longtemps restée pen-
dante.
L'habileté de M. Rouvier
A ce propos, il est intéressant de citer le
passage ci-après du compte rendu officiel
de la séance du 8 mai dernier. :
M. IiCvêque. — Avez-vous, monsieur le mi-
nistre, vérilié les faits que j'ai signalés? Avez-
vous constaté s'ils existaient réellement? Avez-
vous recherché s'il y avait eu violation des
statuts? Non, vous n'avez rien examiné, et
vous m'avez dit que vous ne jugiez pas néces-
saire d'envoyer un inspecteur des finances
pour faire des vérificMions.
AS. le ministre des Onances. — Je ne me
souciais pas de faire baisser de 50 fr. les ac-
tions du Crédit foncier.
Or les actions du Crédit foncier valaient
à cette époque 1,325 fr. Elles valent aujour-
d'hui 1,195 fr. L'habileté de M. Rouvier a
consisté à les faire baisser, non de 50 fr.,
mais de 130 fr.
Les adversaires du Crédit foncier n'ont
pas à se plaindre de ce résultat et ne s'en
plaignent pas, au contraire.
Mais il est une remarque que le public
impartial ne peut s'empêcher de faire.
Comment se fait-il que M. Rouvier,qui le
8 mai refusait d'envoyer un inspecteur des
finances de peur de faire baisser de 50
francs les actions du Crédit foncier, se soit
empressé, le SI juin, de communiquer au
conseil des ministres et à la presse
le rapport absolument défavorable des trois
inspecteurs chargés de faire une enquête
sur tes actes de M. Christophle, et cela —
contrairement à tous les usages et à toutes
les convenances — sans attendre la ré-
ponse de M. Christophle ?
Cette communication aussi inutile qu'i-
nusitée devait produire ef a produit, en ef-
fet, une baisse de plus de 50 francs.
On se demande d'où vient le changement
d'attitude du ministre des finances.
Peut-être l'agent de change qui vient tous
les jours vers midi conférer pendant une
heure avec M. Rouvier au ministère des
finances pourrait-il répondre à cette ques-
tion?
LES TROIS MINISTRES
DE LA TRIPLE ALLIANCE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 23 juin.
L'entrevue du chancelier Caprivi, du
comte Kalnoky et de M. Crispi, qui devait
avoir lieu en juillet, est ajournée au mois
d'octobre, époque à laquelle le roi d'Italie
doit venir a Berlin, car on espère obtenir
de l'empereur d'Autriche qu'il vienne éga-
lement à cette époque. Le souverain irait à
l'ambassade d'Italie rendre au roi Humbert
sa fameuse visite de Vienne.
LES PASSEPORTS
A LA FRONTIÈRE ALLEMANDE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Strasbourg, 23 juin.
(Officiel). — Tout voyageur muni d'un
billet direct pour une destination située
au-delà de l'Alsace-Lorraine et de Kehl est
dispensé de l'obligation du passeport à
partir du 1er juillet.
Cette modification supprime les consé-
quences vexatoires de l'obligation du pas-
seport pour les anciens pays allemands,
mais les laisse subsister tout entières pour
le Pays d'Empire.
LA NOUVELLE
ÉCOLE DE MÉDECINE NAVALE
On annonce que le ministre de la marine a
définitivement choisi Bordeaux comme siège
de l'Ecole de médecine navale.
LE MARIAGE D'UNE BONAPARTE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
.., Rome, 93 juin.
La princesse Mârie-Léonida Bonaparte,
fille du prince Charles Bonaparte, frère du
prince Lucien, va épouser un simple lieu-
tenant d'infanterie, de condition modeste.
Le prince Charles était opposé à ce ma-4
riage; mais, en présence de l'énergique at-
titude de sa fille, qui menaçait de se préva-
loir de sa majorité prochaine, le prince a jl
cédé. La princesse apportera à son mari
uaeiortufte de 3 œillioûst - -
LAICISATION
INTERPELLATION
SUR LES INCIDENTS DE VICQ
Les récriminations de la Droite. — Ré-
ponses gouvernementales. - En-
core la politique d'apaisement.
— L'ordre du jour de con-
fiance. - La proposition
de M. Freppel.
Elle est venue hier, l'interpellation de la
Droite sur les incidents qui ont été causés
par la laïcisation de l'école de la petite com-
mune de Vicq. Cette interpellation a été
portée à la tribune par M. du Breuil de
Saint-Germain, député conservateur de la
Haute-Marne, c'est-à-dire du département
qui a été le théâtre de la fameuse scène
que tous les journaux ont racontée.
La discussion a été longue, fort vive à
diverses reprises, et intéressante aussi.
Comme il était facile de s'y attendre, en
effet, l'affaire de Vicq n'a été qu'un point
de départ ; elle a permis un échange d'ex-
plications sur l'application de ces fameu-
ses lois de laïcisation scolaire dont la
Droite n'a pu prendre encore et ne prendra
jamais son parti.
Le gouvernement et la majorité républi-
caine ont eu en somme l'occasion de mani-
fester l'attitude qu'ils entendent tenir en
présence des revendications cléricales, et
c'est par là que le débat s'est trouvé pren-
dre son importance et son ampleur.
M. du Breuil de Saint^Germain a naturel-
lement raconté les faits sur lesquels il n'y a
plus guère à insister, ear ils sont mainte-
nant bien connus. Il les a de plus racontés
à sa manière, dramatisant le plus possible
pour les besoins de sa cause.
Ces quelques lignes donneront une idée
suffisante de l'exagération de son récit :
Ainsi, sans sommations, sans roulement de
tambour, les hostilités commencent. (Bruit à
gauche). L'ordre de bataille était le suivant :
la cavalerie devait marcher devant (Exclama-
tions à gauche) et faire, par son intervention
violente, une brèche par laquelle passerait l'in-
fanterie. Deux fois les gendarmes à cheval es-
sayent à coups d'éperons d'enlever leurs pai-
sibles montures ; ils sont arrêtés par ces hom-
mes résolus.
Enfin, dans une troisième tentative, s'étant
décidés à faire face en arriére, les assaillants
reculent étonnés devant les ruades, et l'infan-
terie se précipite par la brèche, repoussant la
population, sauf un Vicquois qu'il a fallu faire
emporter par quatre personnes. (Nouveau
bruit à gauche).
Je passe les détails, les charges inutiles con-
tre les fuyards; je ne veux pas compter
les - coups et les blessures, car le sang a
coule.
L'interpellateur a aussi développé cette
thèse, que divers orateurs de droite ont re-
prise après lui : à savoir que l'administra-
tion n'avait pas le droit d'installer une
institutrice laïque dans un local scolaire
légué à la commune par son ancien curé,
sous la condition formelle que l'enseigne-
ment qui serait donné dans cette école se-
rait un enseignement catholique et que les
sœurs y seraient seules admises comme
institutrices.
M. Constans
Le ministre de l'intérieur a fait, après M.
de Saint-Germain, un récit des incidents
connus Il n'a pas eu de peine à ramener
les choses à leur exacte proportion, démon-
trant que les « mouvements stratégiques
dénoncés par l'interpellateur étaient de
pure fantaisie, comme aussi l'intervention
de la cavalerie. L'autorité administrative
comme l'autorité académique ont eu re-
cours à toutes les précautions, à tous les
ménagements, et c'est seulement après plu-
sieurs sommations restées inutiles que la
gendarmerie a dû entrer en scène pour
avoir raison de ceux qui se mettaient ainsi
en insurrection contre la loi.
Est-il vrai que cette intervention des gen-
darmes ait été brutale, et que le sang ait
coulé ?
Le sous-préfet de Langres, accompagné
d'un médecin, a fait une enquête à cet
égard. Il résulte du rapport qu'il a adressé
au ministre, et que celui-ci a lu à la tri-
bune, que quatre ou cinq habitants du
Vicq ont reçu, dans la bagarre, quelques
égratignures sans la moindre gravité.
Ce rapport se termine par cette phrase,
bien significative : « En résumé, aucune
blessure sérieuse ni ayant occasionné inter-
ruption de travail. Nous les avons trouvés
tous occupés ou avons dû attendre leur re-
tour des champs. »
Et comme M. du Breuil de Saint-Germain
s'était trouvé bon premier pour terminer
son discours par quelques phrases sur les
hommes de bonne volonté qui ne récla-
ment que l'apaisement et sont tout prêts à
travailler dans l'intérêt du pays sans s'oc-
cuper de la forme du gouvernement, M.
Constans a conclu par cette réponse :
m. le ministre de l'intérieur. — Oui, nous
avons fait appel à la concorde, à l'apaisement;
mais si vous dites que c'est faire l'apaisement
que d'appliquer les lois qui vous sont agréa-
bles, et de ne pas appliquer celles qui vous,
déplaisent (Applaudissements), ce n'est pas,
vous pouvez y compter, le mode d'apaisement
auquel je faisais allusion. (Très bien ! très
bien ! )
M. Paul de Cassagaac. — S'il y a encore
des aveugles parmi nous, c'est qu'ils le vou-
dront bien. (Très bien 1 très bien 1 à droite.)
M. le ministre de l'intérieur. — Vous avez
tort de parler d'aveuglement, vos collègues ne
sont pas aveugles, soyez-en sûr.
Nous ne voulons pas faire, je ne vois aucun
inconvénient à le répéter ici, une politique
tracassiére; mais nous voulons faire exécuter
la loi.
Si vous trouvez une loi détestable, il y a un
moyen de la réformer, c'est d'en proposer une
autre à la place; mais dire au gouvernement :
« Vous ne ferez l'apaisement que si vous vio-
lez la loi », c'est, je le répète, un moyen que
nous ne pouvons pas accepter.
M. Paul de Cassagnac. — Qui vous avait
mis en demeure?
H. le ministre de l'intérieur. — Per-
sonne ; mais nous avons des fonctionnaires
dont c'est aussi le devoir de faire exécuter les
lois, et qui n'attendent même pas, pour rem-
plir ce devoir, que nous les y invitions. C'est
ainsi qu'a agi le préfet de la Haute-Marne
et je n'ai aucun reproche à lui faire à ce
sujet.
M. le comte de Laujuinais. — Et à Paris?
91. le ministre de l'intérieur. — Je fais à
Paris ce que j'y dois faire,-et, certes, vous
avez la mémoire courte : car, il n'y a pas
longtemps, vous m'en félicitiez. (Applaudisse-
ments répétés à gauche et au centre.)
Autres orateurs
Un centrier ultra-modéré, M. le comte
Lemercier, est alors entré en scène et, né-
gligeant complètement les incidents de
Vicq, il a abordé carrément la question de
politique générale-aui était au fond du
débat. ',
« Je ne suis pas partisan de la laïcisation,
a-t-il dit en substance. Mais la loi existe :
elle doit donc être respectée. Seulement,
il y a une mesure en toutes choses. Le
gouvernement nous a, dans sa déclaration
ministérielle du 18 mars, promis de travail-
ler à rendre la République ouverte et tolé-
rante, Qu'il se souvienne de cette pro-
messe et évite le retour d'événements
comme ceux de Vicq. »
Mais comment? Faut-il aller jusqu'à re-
noncer a appliquer la loi? Plusieurs inter-
rupteurs l'ont demandé au comte Lemer-
cier sans obtenir de réponse.
L'orateur a terminé par un appel à la
Droite, lui demandant de désarmer et de
s'unir aux modérés pour travailler au bien
de la patrie. « C'est peut-être là un rêve ! »
a-t-il ajouté mélancoliquement. La suite de
la séance a dû lui montrer que c'est bien
un rêve en effet.
Glissons sur un assez long discours de
M. Freppel.
L'évêque d'Angers a repris, en l'agrémen-
tant de toutes les subtilités juridiques où il
excelle, la thèse de M. de Saint-Germain
sur l'impossibilité de laïciser l'école de
Vicq, en raison des volontés exprimées par
celui dont le testament avait légué cette
école à la commune.
M. Bourgeois, ministre de l'instruction
publique, a répondu sur ce point :
La question, a-t-il dit, a été discutée au Sé-
nat et M. Constaus vous a rappelé l'affirma-
tion très nette du ministre de l'instruction
publique en réponse à M. Labiche : "Même si
la commune:est propriétaire sous condition,
disait-il, j'appliquerai la loi. '»
M. le comte de Mun, — Il s'agissait d'une
espèce particulière!
M. le ministre. — Je le répète, la thèse qui
a été soutenue aujourd'hui a. été soumise à
l'une des Chambres et elle a été rejetée:; j'ai
donc le droit d'affirmer que notre interpréta-
tion est bien celle du législateur. (Très bien!
très bien!)
Je crois très fermement que la loi a été
strictement et rigoureusement appliquée (Mou-
vements divers). Je prie d'ailleurs la Chambre
de considérer que le seul incident qui se soit
produit dans l'histoire des laïcisations s'est
produit à l'occasion d'une laïcisation obliga-
toire. Quand elles sont facultatives, nous y
apportons tous les tempéraments nécessaires;
nous tenons compte de l'esprit des populations
(Exclamations à droite).
Nous n'y apportons, je le répète, aucune es-
pèce de tracasserie. Il est bon que le pays sa-
che dans quel esprit de sagesse, de prudence,
en même temps que de fermeté, nous appli-
quons la loi scolaire.
Un dernier orateur a été enfin entendu
dans l'interpellation proprement dite : c'est
un membre de la Droite, M. de Lamarzelle;
qui a réédité, avec plus d'âpreté dans le
langage, les discours des autres membres
de l'opposition. « Vous appliquez la juris-
prudence de Châteauvillain ! » s'est-il écrié
mélodramatiquement.
Puis il a conclu par ces paroles, bien
faites, après quelques autres, pour réveil-
ler M. le comte Lemercier et lui montrer
qu'il avait rêvé en effet : « Toutes les espé-
rances d'apaisement sont dissipées dans le
pays. Je ne suis pas surpris que vos actes
démentent ainsi vos paroles. La seule chose
qui m'étonne, c'est que vous le fassiez si
vite et si mal. Aussi dira-t-on, et c'est
peut-être la moralité de ce débat, que les
choses ne se seraient pas passées de la
sorte, si M. Constans avait été à l'instruc-
tion publique. »
Ces derniers mots semblent indiquer que
la Droite n'a pas renoncé aux inutiles com-
binaisons, d'un si puéril machiavélisme,
qui reposent sur M. le ministre de l'inté-
rieur. M. Freppel avait, d'ailleurs, insinué
précédemment, au milieu de dénégations
nombreuses, que M. Constans devait dés-
approuver au fond ce qui s'était passé à
Vicq.
Une déclaration de M. de Freycinet
La clôture a été prononcée après le dis-
cours de M. de Lamarzelle. Sept ordres du
jour avaient été déposés : deux, exprimant
un blâme et un regret, avaient pour au-
teurs, le premier, des membres de la Droite
pure, — dont M. Loreau, — le second, des
boulangistes réactionnaires comme. M. Gau-
thier (de Clagny) ; un troisième ordre du
jour du comte Lemercier était naturelle-
ment juste milieu et émollient ; les quatre
derniers enfin venaient de divers membres
de la majorité et étaient conçus en des
termes presque identiques. Le mieux venu
avait pour auteur M. Guyot-Dessaigne; en
voici le texte : -
« La Chambre, approuvant la conduite
du gouvernement et comptant sur sa sa-
gesse et sa fermeté pour assurer l'applica-
tion des lois scolaires, passe à l'ordre du
jour.
C'est cet ordre du jour que le président
du conseil a déclaré adopter.
M. de Freycinet, président du conseil. —
L'ordre du jour de M. Guyot-Dessaigne me
semble résumer d'une façon exacte et com-
plète les déclarations des ministres de l'inté-
rieur et de l'instruction publique.
Ces déclarations proclament, en effet, la mo-
dération et la prudence avec lesquelles le gou-
vernement a jusqu'ici procédé à l'application
des lois scolaires, et, en même temps, la fer-
meté avec laquelle il est décidé à assurer l'ap-
plication complète de la loi. (Très bien : très
bien 1)
Et ce que je dis ici des lois scolaires, je le
dis également des autres lois qui forment les
acquisitions démocratiques des législatures
qui nous ont précédés. Nous n'en séparons ni
la loi militaire, ni les autres lois qui ont le
même caractère. (Très bien 1 très bien ! à gau-
che. — Bruit à droite).
Nous sommes décidés, comme nous l'avons
proclamé dans notre déclaration lors de no-
tre entrée aux affaires, à conserver intact ce
patrimoine, et vous pouvez compter sur no-
tre fermeté pour le remettre intact à nos suc-
cesseurs. -
Sous le bénéfice de ces observations, je prie
les auteurs des quatre ordres du jour à peu
près identiques de vouloir bien se concerter
pour adopter l'amendement de M. Guyot-Des-
saigne, auquel se rallie le gouvernement.
(Très bien ! très bien ! à - gauche.)
(Très
— L'ordre du jour pur et simple ! ont
alors réclamé M. Georges Graux et quelques
autres membres du groupe Léon Say.
— L'ordre du jour pur et simple serait
dépourvu de signification, a répondu M. de
Freycinet, et le gouvernement ne saurait
l'accepter.
Les centriers ont insisté néanmoins et à
eux se sont joints les boulangistes. La Droite
a alors voulu tenter de former, sur cet
ordre du jour pur et simple, une majorité
de coalition. Des négociations se sont os-
tensiblement engagées entre les réaction-
naires et les lieutenants de M. Say. Elles
devaient piteusement échouer.
L'ordre du jour pur et simple a été en
effet rejeté par 326 voix contre 219. Voici
donc enfin une majorité républicaine, bien
franche et bien nette, et de vifs applaudis-
sements ont salué ce résultat.
Quant à la rédaction de M. Qu.yot:-Desai..
gne, à laquelle s'étaient ralliés sans peine
les auteurs d'ordres du jour similaires, 310
voix contre 166 l'ont adoptée.
Une intervention de M. Loreau
Ce n'était pas fini, toutefois. M. Freppel
avait, en terminant son discours de tout à
l'heure, déposé la proposition que voici, et
qui ne tend à rien moins qu'à une quasi-
abrogation de la loi de laïcisation sco-
laire :
« A l'avenir, aucune laïcisation d'école
primaire ne sera décrétée contrairement à
l'avis du conseil municipal. »
La discussion immédiate de cette propo-
sition a été ordonnés par 276 voix contre
238, malgré la Droite qui protestait, criant
qu'on voulait escamoter cette motion par
un débat au pied levé.
M. Freppel a répété cette accusation d'es-
camotage.
« La question est grave, pourtant, a-t-il
dit. Elle divise les républicains eux-mêmes.
M. Méline ne s'est-il pas prononcé, dans les
Vosges, dans un sens conforme à celui de
ma proposition? »
— C'est inexact ! a répondu M. Méline. Je
me suis élevé seulement contre les laïci-
sations d'hôpitaux.
Voici alors M. Loreau lui-même à la tri-
bune. Comme il s'agissait de protester
contre la loi de laïcisation, loi républi-
caine, il fallait s'attendre à voir entrer en
scène un « républicain » de l'acabit de
M. Loreau.
Se faisant donc le caudataire de M. Frep-
pel, le député de Briare a insinué que l'ho-
norable M. Viger avait, au conseil général
du Loiret, fait ses réserves sur la loi de
laïcisation.
M. Loreau a de plus protesté pour son
propre compte contre la loi scolaire, affir-
mant avec emphase ses sentiments reli-
gieux, sa croyance au Credo chrétien.
Mais les propos qu'il avait prêtés à l'ho-
norable M. Viger, — en l'absence de ce der-
nier, du reste, — devaient être relevés et
l'ont été en effet. Après une interruption de
M. Rabier, M. Lacroix, député républicain
du Loiret, s'est exprimé en ces termes :
M. Laeroix. — En l'absence de M. Viger, je
demande la parole comme son collègue à la
Chambre et au conseil général du Loiret.
Il y a eu certainement confusion dans l'es-
prit de M. Loreau quand il est venu dire que
M. Viger avait formulé devant le conseil gé-
néral des critiques contre la loi scolaire.
M. Viger a parlé de la loi de 1889 sur le trai-
tement des instituteurs. Cette loi a été votée
si précipitamment que nous avons dû deman-
der un secours à M. le ministre de l'instruc-
tion publique; mais il ne s'agissait pas de por-
ter atteinte à la loi scolaire, à laquelle nous
sommes tous attachés et que nous -défendrons
tous. (Applaudissement à gauche.)
On voit une fois de plus, par ce petit in-
cident, le cas qu'il faut faire des affirma-
tions de M. Loreau. Celui-ci s'est d'ailleurs
bien gardé de répondre au démenti si ca-
tégorique que lui avait infligé M. Lacroix.
Quant à la proposition de M. Freppel, son
sort était réglé d'avance.M. E. Lockroy en a
fait justice en peu de mots. Puis la Droite,
qui pendant toute la journée s'était mon-
trée fort agitée et tumultueuse,a cru devoir
terminer les débats par une scène qui dé-
passait encore toutes ses violences anté-
rieures.
M. de la Ferronnays s'en est pris à la
majorité dans des termes vraiment inouïs.
Et comme le président essayait de rétablir
l'ordre, M. le comte de Maillé lui a tout
uniment enjoint de se taire ! M. Floquet n'a
pas voulu entendre cette incroyable parole
et a renoncé à appliquer le règlement.
On a voté peu après, et 321 voix contre
205 ont enterré la proposition de M. Frep-
pel.
LE DRAME DE BERGAME
L'amant assassin
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 23 juin.
Une dépêche de Bergame jette un jour
nouveau sur le drame épouvantable dont
je vous ai télégraphié hier la nouvelle.
Boccaci, le mari outragé, n'était pas armé
quand il est entré chez lui et a surpris les
deux amants. L'homme s'est jeté sur lui et
l'a frappé de cinq coups de poignard, après
quoi il s'est poignardé lui-même.
L'état de Boccaci laisse peu d'espoir de le
sauver.
L'identité de l'assassin a été établie.
C'était un Napolitain, nommé Busso, âgé de
vingt-trois ans.
Toutes les notabilités de Bergame sont
allées s'inscrire au domicile de Boccaci, qui
jouissait d'une considération générale.
HELGOLAND
La prise de possession officielle
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 93 juin.
Une dépêche d'Helgoland dit que la ces-
sion de cette île à l'Allemagne s'effectuera
sans doute au mois d'octobre prochain. Ce
serait le prince Henri de Prusse qui, à la
tête d'une escadre, irait prendre possession
de l'île. Celle-ci ne serait pas, comme on l'a
dit, jointe administrativement au Sleswig,
auquel elle appartenait autrefois. De même
que l'Alsace-Lorraine, elle serait adminis-
trée directement par le gouvernement im-
périal et serait constituée en terre d'em-
pire. ?
Souvenir de 1871
Se souvient-on qu'en 1871, pendant les
négociations du traité de Francfort, il fut
un moment question de la cession, par la
France, de ses possessions de l'Inde, Pon-
dichéry, Chandernagor, Karikal, Mahé et
Yanaon, dont la superficie de plus de 50,000
hectares dépasse celle du département de la
Seine?
Dans la pensée de M. de Bismarck, ces
possessions françaises devaient être rétro-
cédées à l'Angleterre, en échange d'Helgo-
land, dont la superficie est de 130 hec-
tares.
Les négociateurs français, qui auraient
sans doute volontiers cédé l'Inde française
pour retenir l'Alsace et la Lorraine, refu-
sèrent de la donner comme appoint, et M.
de Bismarck abandonna cette exigence.
UN SCANDALE
Une dépêche de Toulon annonce qu'un
scandale vient, d'éclater à l'asile départe-
mental d'aliénées de Pierrefeu. On aurait
découvert qu'une des pensionnaires de l'a-
sile serait enceinte.
Les autorités administrative et judiciaire
procèdent à une enquête. Le juge d'instruc- 1
tion de Toulon est en çe moment à pier-
-
refeu. - - '- -
CHRONIQUE
On peut trouver partout des idées pra-
tiques, même là où on s'attendrait le
moins à les rencontrer, dans des publi-
cations spirites, lorsqu'elles condescen-
dent à s'occuper des simples choses de la
terre, qui, franchement, ont bien aussi
leur importance. C'est ainsi que, au mi-
lieu de la discussion quelque peu chiméri-
que, de redoutables questions de kabbale,
une revue consacrée à l'étude de ces
sciences occultes, dont on s'est soudaine-
ment engoué dans un petit monde de-
curieux, l'Initiation, émet- un projet
d'une philanthropie avisée.
On imagine bien, toutefois" que le
goût de l'extraordinaire qui ne cesse de
hanter les occultistes s'y mêle encore ;
mais, à travers toute la mise en scène
baroque rêvée par l'Initiation, il se dé-
gage de ces étrangetés une conception
très digne d'être prise au sérieux.
On réclame l'établissement d'un hôpi-
tal « de prévoyance M, qui serait assuré-
ment fort utile dans une grande ville
comme Paris, un hôpital ou, plutôt, une
maison liospitaliere destinée à prévenir
la maladie. L'idée est fort intéressante.
Le malheur est que ces bons spirites,
pour une fois qu'ils ont raison et qu'ils
ont imaginé une chose sensée, s'atta-
chent à la gâter par des fioritures roma-
nesques qui sont de nature à faire haus-
ser les épaules et à écarter l'attention
qu'elle mérite.
Voulez-vous savoir ce qu'ils souhai-
tent? C'est la construction d'un vaste édi-
fice au fronton duquel on lirait ces mots :
« Hôpital de la Faim ». Cet édifice, »
l'intérieur, serait truqué comme un théâ-
tre de féerie.
Les pensionnaires, pour n'avoir pas à..
rougir de l'assistance qu'ils recevraient,,,
ne verraient aucun surveillant, aucupw"
auxiliaire,n auraient aucune relation avc .ét'
le personnel de service. On ne nous c ii
pas comment ils seraient reçus, 'mais, ( lès
qu'ils seraient installés, ils jouiraient en
paix du repos cherché. Les repas leur se-
raient fournis « d'une façon invisib ie "J
au moyen d'un tas de machines très < Dolu-
pliquées.
Ils les-trouveraient tout à coup ï A leur
portée, et, quand ils auraient fini 1 a der-
nière bouchée, pan! une trappe s' ouvri-
rait qui ferait disparaître les assi, ettes et
les bouteilles. Avec un peu d'in iagina-
tion, ils pourraient croire que 1 ÎS bien-
veillants « Esprits » se sont ch irgés de
pourvoir à leur nourriture. Est-( ;e là l'ar-
rière-pensée des promoteurs de ce projet
humanitaire? Sans doute aussi. , une mu-
sique douce, dont les sons leu r parvien-
draient mystérieusement, aurâ it pour but
de chasser les pensées mélanc cliques de
ces affligés et de ces souffrant 1-s.
On voit tout de suite que les spirites
sont gens d'imagination, qu i se plaisent
dans des fantaisies décorativ -eg et qui ont
toujours besoin du piment de l'excentri-
cité. A force de rêver d'apparitions, ils en
veuieni meure partout. Ue t hôpital ainsi -
disposé, ressemblerait beaucoup à un ta- -
bleau des Pilules du Diable.
Mais faites abstractioa de ce c adre in"
vraisemblable, oubliez ces deii li-folles .9
et, si vous voulez ne retenir qjje le but
cherché, le projet secourable, v. ous trou-
vez une pensée ingénieuse da ns sa cha-
rité.
Les hôpitaux sont si encon ibrés qu'ils
ne peuvent ouvrir leur por te qu'à des
malades caractérisés, dont l'état exige des
soins immédiats et précis être soumis à un traitement déterminé.
On ne les reçoit guère qu'alors qu'ils se
trouvent dans une période aiguë de souf-
france. Il n'y a plus, à ce moment, qu'à
suivre la crise et. qu'à chercher à guérir.
Quant aux autres, ceux qui sont encore
capables, à ce qu'il semble, de se traîner
quelque temps,, on est forcé de les écon-
duire, - quitte à les admettre plus tard
quand ils seront dans une situation grave
ou désespérée.
Or, dans beaucoup de cas, des soins in-
telligents, donnés à l'heure où ils pour-
raient encore être efficaoes, réussiraient
à écarter ce danger. Les privations, une
fatigue excessive, une mauvaise hygiène
ne sont-elles pas la cause de bien des
maladies ? Il est évident qu'un pauvre
diable qui n'a point le nécessaire même
à l'état de santé, qu'un ouvrier qui est
contraint à continuer à travailler alors
qu'il se sent épuisé, miné par la fièvre,
n'offriront aucune résistance au mal.
C'est à ceux-là qu'on a pensé, à ces
« candidats à la maladie », fatalement"
destinés à lui payer leur tribut. S'ils trou-
vaient une maison d'assistance où il leur
serait possible de se reposer, de repren-
dre des forces, d'avoir pendant quelques
jours un régime réconfortant, il y aurait
souvent de grandes changes pour que la
crise fût évitée. Quelques grammes de
viande fournis à temps, un peu de vin,
de l'air sain, économiseraient, plus tard,
de coûteux médicaments, parfois impuis-
sants à restituer un équilibre physique à
jamais perdu, alors que l'affection s'est
nettement déclarée.
Il s'agirait donc, dans l'esprit des pro-
moteurs du projet, de lutter contre la
maladie tandis qu'elle n'a. pas encore
éclaté, qu'elle est seulement menaçante,
ce qui doit être assurément plus facile
que de la guérir. On fait remarquer aus-
si, non sans raison, que, même au point
de vue de l'économie, il y aurait avan-
tage certain dans cette combinaison. « On
se plaint, dit l'Initiation, que les hôpi-
taux deviennent de plus en plus insuf-
fisants. Cet encombrement est causé par
les maladies chroniques, qu'on ne peut
renvoyer, bien qu'on n'espère point la
guérison. La phtisie pulmonaire, qui falt
à Paris plus de vingt mille victimes par
an, est un des facteurs les plus impor
taots de cet encombrement Qr, rhom~
',' :J. i t ij , 1 .T r;. : i 1\ f } 'ÍJ}
JOURNAL REPUBLICAIN
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Téléphone : 20.289 bis.
A GAUCHE !
En apparence, la Droite a interpellé
hier sur les incidents qui ont accom-
pagné la laïcisation de l'école de Vicq
et elle s'est donné le plaisir de les
grossir démesurément, comme l'avait
déjà fait la presse réactionnaire. Elle
a voulu faire croire que la loi de laïci-
sation était une loi de violence qui ne
pouvait être appliquée que par la vio-
lence, et que les agents du gouverne-
ment républicain recherchaient, en
quelque sorte, les occasions d'user de
brutalité. En réalité, ce n'était pas
l'application de la loi du 30 octo-
bre 1886, mais le principe même de
cette loi que la Droite combattait.
Dans la dernière législature, elle
n'avait pu, malgré ses efforts, empè-
cher le vote de cette loi et elle savait
que toute tentative pour la modifier
resterait vaine. Elle ne l'avait donc
pas tenté; elle s'était bornée à la dé-
noncer comme une « loi maudite Ye,
comme le complément le plus rigou-
reux d'une législation « scélérate »,
et à entretenir, autant qu'elle l'avait
pu, l'agitation dans le pays en atten-
dant le moment qui lui semblerait
plus propice pour agir plus efficace-
ment.
Elle a cru que ce moment était
venu. Elle a interprété dans le sens
d'un retour, en arrière le sentiment
général d'apaisement qui s'est pro-
duit aux dernières élections, et elle a
voulu interpréter dans le sens de con-
cessions et d'abandon les paroles de
conciliation prononcées par les mem-
bres du gouvernement. L'interpella-
tion avait pour but évident de mettre
le gouvernement et les républicains
en demeure de conformer leurs actes
au sens que les réactionnaires don-
naient à leurs paroles. Cette inten-
tion s'est traduite par l'interprétation
juridique que M. Freppel a voulu
donner de divers articles de la loi. Si
- cette interprétation avait été adop-
tée, on peut dire sans exagération
qu'il ne serait plus rien resté de la loi
elle-même et que l'œuvre de laïcisa-
tion du personnel scolaire aurait été
définitivement arrêtée.Elle s'est tra-
duite plus clairement encore dans la
proposition de loi que l'évêque d'An-
gers a déposée à la fin de son dis-
cours et qui, sans proposer l'abroga-
tion pure et simple de la loi du 30 octo-
bre 1886, tendait au même but par un
chemin un peu détourné. La majorité
républicaine n'a pas admis l'interpré-
tation juridique de l'évêque, et elle
is'est retrouvée aussi considérable pour
signifier à la Droite qu'elle n'entendait
pas revenir en arrière et payer par des
concessions sonnantes et trébuchantes j
une hypothétique atténuation dans
l'opposition des adversaires de la Ré-
publique.
Cette fois, l'expéritnce est con-
cluante. Ceux des républicains qui
avaient conçu la pensée de se coaliser
avec la Droite et avec les boulangis-
tes pour prendre la direction des af-
faires et pratiquer la potitique de re-
cul qu'ils préconisent dans leurs jour-
naux et qu'ils ont essayé d'exposer à
la tribune peuvent en faire leur deuil :
il n'y a pas de place dans la Chambre
actuelle pour le gouvernement qu'ils
roulaient et pour la réalisation des
ambitions qu'on leur connaissait.
il paraît même qu'ils n'avaient pas
besoin de savoir les résultats du scru-
tin pour être sûr que leur système
était condamné, car il ne s'est trouvé
dans le Centre-Gauche aucun orateur
pour reprendre à la tribune cette
théorie, si souvent cependant déve-
loppée dans les journaux du parti,
qu'il y avait plusieurs façons d'appli-
quer les lois et qu'il convenait de les
appliquer dans un esprit de modéra-
tion. C'était pourtant le cas de re-
commencer cette démonstration, lors-
que le ministre de l'intérieur disait
ironiquement à la Droite que si, par
apaisement, elle entendait n'appli-
quer que les lois qui lui étaient agréa-
bles, il ne pouvait être d'accord
avec elle, et lorsqu'il ajoutait que, la
loi étant faite pour être respectée, le
gouvernement considérait que son de-
voir était d'en assurer le respect.
Mais le Centre-Gauche s'est ren-
fermé dans le mutisme, et il n'en est
même pas sorti lorsque M. de Frey-
cinet, complétant et soulignant les
déclarations de M. Constans et de M.
Bourgeois, a insisté sur l'intention du
gouvernement d'assurer avec fermeté
l'application des lois scolaires et des
autres lois qui forment les acquisi-
tions démocratiques que nous avons
faites, c'est-à-dire « la loi militaire et
les autres lois qui ont le même carac-
tère M.
,- Après cette déclaration du prési-
dent du conseil, après les explications
qui avaient été fournies par les minis-
tres de l'intérieur et de l'instruction
publique, on peut dire que toutes les
aquivoques que l'on avait cherché a !
échafauder sur quelques passages de
divers discours, que toutes les inter-
prétations auxquelles on s'était livré
de certaines parties de la déclaration
lue par le ministère lors de son avène-
ment, s'évanouissent. La séance d'hier
a démontré qu'il y avait dans la Cham-
bre une maj orité républicaine décidée
à ne rien abandonner des conquêtes
démocratiques, et un gouvernement
en complet accord sur ce point essen-
tiel avec la majorité. C'est une consta-
tation d'une extrême importance, car
elle doit donner à la majorité, comme
au gouvernement, la confiance en
eux-mêmes qui avait paru quelquefois
leur manquer un peu.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
» Vie ds Paris » par Henry Fouquier.
LE CRÉDIT FONCIER
Le conseil des ministres saisi de la
question. — Singulière attitude de
M. Rouvier. — Différences de
Bourse.
M. Christophle, gouverneur du Crédit
foncier, doit remettre ce matin à M. Rou-
vier, ministre des finances, sa réponse au
rapport des inspecteurs.
Cette réponse a été soumise au conseil
d'administration du Crédit foncier, convo-
qué extraordinairement hier soir, à cinq
heures.
Elle a été approuvée à l'unanimité par
les administrateurs présents.
Elle sera probablement communiquée ce
matin par M. Rouvier au conseil des mi-
nistres.
Le conseil, après avoir pris communica-
tion de ce document et après avoir enten-
du les observations de M. Rouvier, devra
prendre une décision qui tranchera défi-
nitivement, il faut le croire, une question
qui, par la faute du ministre des finances,
est beaucoup trop longtemps restée pen-
dante.
L'habileté de M. Rouvier
A ce propos, il est intéressant de citer le
passage ci-après du compte rendu officiel
de la séance du 8 mai dernier. :
M. IiCvêque. — Avez-vous, monsieur le mi-
nistre, vérilié les faits que j'ai signalés? Avez-
vous constaté s'ils existaient réellement? Avez-
vous recherché s'il y avait eu violation des
statuts? Non, vous n'avez rien examiné, et
vous m'avez dit que vous ne jugiez pas néces-
saire d'envoyer un inspecteur des finances
pour faire des vérificMions.
AS. le ministre des Onances. — Je ne me
souciais pas de faire baisser de 50 fr. les ac-
tions du Crédit foncier.
Or les actions du Crédit foncier valaient
à cette époque 1,325 fr. Elles valent aujour-
d'hui 1,195 fr. L'habileté de M. Rouvier a
consisté à les faire baisser, non de 50 fr.,
mais de 130 fr.
Les adversaires du Crédit foncier n'ont
pas à se plaindre de ce résultat et ne s'en
plaignent pas, au contraire.
Mais il est une remarque que le public
impartial ne peut s'empêcher de faire.
Comment se fait-il que M. Rouvier,qui le
8 mai refusait d'envoyer un inspecteur des
finances de peur de faire baisser de 50
francs les actions du Crédit foncier, se soit
empressé, le SI juin, de communiquer au
conseil des ministres et à la presse
le rapport absolument défavorable des trois
inspecteurs chargés de faire une enquête
sur tes actes de M. Christophle, et cela —
contrairement à tous les usages et à toutes
les convenances — sans attendre la ré-
ponse de M. Christophle ?
Cette communication aussi inutile qu'i-
nusitée devait produire ef a produit, en ef-
fet, une baisse de plus de 50 francs.
On se demande d'où vient le changement
d'attitude du ministre des finances.
Peut-être l'agent de change qui vient tous
les jours vers midi conférer pendant une
heure avec M. Rouvier au ministère des
finances pourrait-il répondre à cette ques-
tion?
LES TROIS MINISTRES
DE LA TRIPLE ALLIANCE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 23 juin.
L'entrevue du chancelier Caprivi, du
comte Kalnoky et de M. Crispi, qui devait
avoir lieu en juillet, est ajournée au mois
d'octobre, époque à laquelle le roi d'Italie
doit venir a Berlin, car on espère obtenir
de l'empereur d'Autriche qu'il vienne éga-
lement à cette époque. Le souverain irait à
l'ambassade d'Italie rendre au roi Humbert
sa fameuse visite de Vienne.
LES PASSEPORTS
A LA FRONTIÈRE ALLEMANDE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Strasbourg, 23 juin.
(Officiel). — Tout voyageur muni d'un
billet direct pour une destination située
au-delà de l'Alsace-Lorraine et de Kehl est
dispensé de l'obligation du passeport à
partir du 1er juillet.
Cette modification supprime les consé-
quences vexatoires de l'obligation du pas-
seport pour les anciens pays allemands,
mais les laisse subsister tout entières pour
le Pays d'Empire.
LA NOUVELLE
ÉCOLE DE MÉDECINE NAVALE
On annonce que le ministre de la marine a
définitivement choisi Bordeaux comme siège
de l'Ecole de médecine navale.
LE MARIAGE D'UNE BONAPARTE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
.., Rome, 93 juin.
La princesse Mârie-Léonida Bonaparte,
fille du prince Charles Bonaparte, frère du
prince Lucien, va épouser un simple lieu-
tenant d'infanterie, de condition modeste.
Le prince Charles était opposé à ce ma-4
riage; mais, en présence de l'énergique at-
titude de sa fille, qui menaçait de se préva-
loir de sa majorité prochaine, le prince a jl
cédé. La princesse apportera à son mari
uaeiortufte de 3 œillioûst - -
LAICISATION
INTERPELLATION
SUR LES INCIDENTS DE VICQ
Les récriminations de la Droite. — Ré-
ponses gouvernementales. - En-
core la politique d'apaisement.
— L'ordre du jour de con-
fiance. - La proposition
de M. Freppel.
Elle est venue hier, l'interpellation de la
Droite sur les incidents qui ont été causés
par la laïcisation de l'école de la petite com-
mune de Vicq. Cette interpellation a été
portée à la tribune par M. du Breuil de
Saint-Germain, député conservateur de la
Haute-Marne, c'est-à-dire du département
qui a été le théâtre de la fameuse scène
que tous les journaux ont racontée.
La discussion a été longue, fort vive à
diverses reprises, et intéressante aussi.
Comme il était facile de s'y attendre, en
effet, l'affaire de Vicq n'a été qu'un point
de départ ; elle a permis un échange d'ex-
plications sur l'application de ces fameu-
ses lois de laïcisation scolaire dont la
Droite n'a pu prendre encore et ne prendra
jamais son parti.
Le gouvernement et la majorité républi-
caine ont eu en somme l'occasion de mani-
fester l'attitude qu'ils entendent tenir en
présence des revendications cléricales, et
c'est par là que le débat s'est trouvé pren-
dre son importance et son ampleur.
M. du Breuil de Saint^Germain a naturel-
lement raconté les faits sur lesquels il n'y a
plus guère à insister, ear ils sont mainte-
nant bien connus. Il les a de plus racontés
à sa manière, dramatisant le plus possible
pour les besoins de sa cause.
Ces quelques lignes donneront une idée
suffisante de l'exagération de son récit :
Ainsi, sans sommations, sans roulement de
tambour, les hostilités commencent. (Bruit à
gauche). L'ordre de bataille était le suivant :
la cavalerie devait marcher devant (Exclama-
tions à gauche) et faire, par son intervention
violente, une brèche par laquelle passerait l'in-
fanterie. Deux fois les gendarmes à cheval es-
sayent à coups d'éperons d'enlever leurs pai-
sibles montures ; ils sont arrêtés par ces hom-
mes résolus.
Enfin, dans une troisième tentative, s'étant
décidés à faire face en arriére, les assaillants
reculent étonnés devant les ruades, et l'infan-
terie se précipite par la brèche, repoussant la
population, sauf un Vicquois qu'il a fallu faire
emporter par quatre personnes. (Nouveau
bruit à gauche).
Je passe les détails, les charges inutiles con-
tre les fuyards; je ne veux pas compter
les - coups et les blessures, car le sang a
coule.
L'interpellateur a aussi développé cette
thèse, que divers orateurs de droite ont re-
prise après lui : à savoir que l'administra-
tion n'avait pas le droit d'installer une
institutrice laïque dans un local scolaire
légué à la commune par son ancien curé,
sous la condition formelle que l'enseigne-
ment qui serait donné dans cette école se-
rait un enseignement catholique et que les
sœurs y seraient seules admises comme
institutrices.
M. Constans
Le ministre de l'intérieur a fait, après M.
de Saint-Germain, un récit des incidents
connus Il n'a pas eu de peine à ramener
les choses à leur exacte proportion, démon-
trant que les « mouvements stratégiques
dénoncés par l'interpellateur étaient de
pure fantaisie, comme aussi l'intervention
de la cavalerie. L'autorité administrative
comme l'autorité académique ont eu re-
cours à toutes les précautions, à tous les
ménagements, et c'est seulement après plu-
sieurs sommations restées inutiles que la
gendarmerie a dû entrer en scène pour
avoir raison de ceux qui se mettaient ainsi
en insurrection contre la loi.
Est-il vrai que cette intervention des gen-
darmes ait été brutale, et que le sang ait
coulé ?
Le sous-préfet de Langres, accompagné
d'un médecin, a fait une enquête à cet
égard. Il résulte du rapport qu'il a adressé
au ministre, et que celui-ci a lu à la tri-
bune, que quatre ou cinq habitants du
Vicq ont reçu, dans la bagarre, quelques
égratignures sans la moindre gravité.
Ce rapport se termine par cette phrase,
bien significative : « En résumé, aucune
blessure sérieuse ni ayant occasionné inter-
ruption de travail. Nous les avons trouvés
tous occupés ou avons dû attendre leur re-
tour des champs. »
Et comme M. du Breuil de Saint-Germain
s'était trouvé bon premier pour terminer
son discours par quelques phrases sur les
hommes de bonne volonté qui ne récla-
ment que l'apaisement et sont tout prêts à
travailler dans l'intérêt du pays sans s'oc-
cuper de la forme du gouvernement, M.
Constans a conclu par cette réponse :
m. le ministre de l'intérieur. — Oui, nous
avons fait appel à la concorde, à l'apaisement;
mais si vous dites que c'est faire l'apaisement
que d'appliquer les lois qui vous sont agréa-
bles, et de ne pas appliquer celles qui vous,
déplaisent (Applaudissements), ce n'est pas,
vous pouvez y compter, le mode d'apaisement
auquel je faisais allusion. (Très bien ! très
bien ! )
M. Paul de Cassagaac. — S'il y a encore
des aveugles parmi nous, c'est qu'ils le vou-
dront bien. (Très bien 1 très bien 1 à droite.)
M. le ministre de l'intérieur. — Vous avez
tort de parler d'aveuglement, vos collègues ne
sont pas aveugles, soyez-en sûr.
Nous ne voulons pas faire, je ne vois aucun
inconvénient à le répéter ici, une politique
tracassiére; mais nous voulons faire exécuter
la loi.
Si vous trouvez une loi détestable, il y a un
moyen de la réformer, c'est d'en proposer une
autre à la place; mais dire au gouvernement :
« Vous ne ferez l'apaisement que si vous vio-
lez la loi », c'est, je le répète, un moyen que
nous ne pouvons pas accepter.
M. Paul de Cassagnac. — Qui vous avait
mis en demeure?
H. le ministre de l'intérieur. — Per-
sonne ; mais nous avons des fonctionnaires
dont c'est aussi le devoir de faire exécuter les
lois, et qui n'attendent même pas, pour rem-
plir ce devoir, que nous les y invitions. C'est
ainsi qu'a agi le préfet de la Haute-Marne
et je n'ai aucun reproche à lui faire à ce
sujet.
M. le comte de Laujuinais. — Et à Paris?
91. le ministre de l'intérieur. — Je fais à
Paris ce que j'y dois faire,-et, certes, vous
avez la mémoire courte : car, il n'y a pas
longtemps, vous m'en félicitiez. (Applaudisse-
ments répétés à gauche et au centre.)
Autres orateurs
Un centrier ultra-modéré, M. le comte
Lemercier, est alors entré en scène et, né-
gligeant complètement les incidents de
Vicq, il a abordé carrément la question de
politique générale-aui était au fond du
débat. ',
« Je ne suis pas partisan de la laïcisation,
a-t-il dit en substance. Mais la loi existe :
elle doit donc être respectée. Seulement,
il y a une mesure en toutes choses. Le
gouvernement nous a, dans sa déclaration
ministérielle du 18 mars, promis de travail-
ler à rendre la République ouverte et tolé-
rante, Qu'il se souvienne de cette pro-
messe et évite le retour d'événements
comme ceux de Vicq. »
Mais comment? Faut-il aller jusqu'à re-
noncer a appliquer la loi? Plusieurs inter-
rupteurs l'ont demandé au comte Lemer-
cier sans obtenir de réponse.
L'orateur a terminé par un appel à la
Droite, lui demandant de désarmer et de
s'unir aux modérés pour travailler au bien
de la patrie. « C'est peut-être là un rêve ! »
a-t-il ajouté mélancoliquement. La suite de
la séance a dû lui montrer que c'est bien
un rêve en effet.
Glissons sur un assez long discours de
M. Freppel.
L'évêque d'Angers a repris, en l'agrémen-
tant de toutes les subtilités juridiques où il
excelle, la thèse de M. de Saint-Germain
sur l'impossibilité de laïciser l'école de
Vicq, en raison des volontés exprimées par
celui dont le testament avait légué cette
école à la commune.
M. Bourgeois, ministre de l'instruction
publique, a répondu sur ce point :
La question, a-t-il dit, a été discutée au Sé-
nat et M. Constaus vous a rappelé l'affirma-
tion très nette du ministre de l'instruction
publique en réponse à M. Labiche : "Même si
la commune:est propriétaire sous condition,
disait-il, j'appliquerai la loi. '»
M. le comte de Mun, — Il s'agissait d'une
espèce particulière!
M. le ministre. — Je le répète, la thèse qui
a été soutenue aujourd'hui a. été soumise à
l'une des Chambres et elle a été rejetée:; j'ai
donc le droit d'affirmer que notre interpréta-
tion est bien celle du législateur. (Très bien!
très bien!)
Je crois très fermement que la loi a été
strictement et rigoureusement appliquée (Mou-
vements divers). Je prie d'ailleurs la Chambre
de considérer que le seul incident qui se soit
produit dans l'histoire des laïcisations s'est
produit à l'occasion d'une laïcisation obliga-
toire. Quand elles sont facultatives, nous y
apportons tous les tempéraments nécessaires;
nous tenons compte de l'esprit des populations
(Exclamations à droite).
Nous n'y apportons, je le répète, aucune es-
pèce de tracasserie. Il est bon que le pays sa-
che dans quel esprit de sagesse, de prudence,
en même temps que de fermeté, nous appli-
quons la loi scolaire.
Un dernier orateur a été enfin entendu
dans l'interpellation proprement dite : c'est
un membre de la Droite, M. de Lamarzelle;
qui a réédité, avec plus d'âpreté dans le
langage, les discours des autres membres
de l'opposition. « Vous appliquez la juris-
prudence de Châteauvillain ! » s'est-il écrié
mélodramatiquement.
Puis il a conclu par ces paroles, bien
faites, après quelques autres, pour réveil-
ler M. le comte Lemercier et lui montrer
qu'il avait rêvé en effet : « Toutes les espé-
rances d'apaisement sont dissipées dans le
pays. Je ne suis pas surpris que vos actes
démentent ainsi vos paroles. La seule chose
qui m'étonne, c'est que vous le fassiez si
vite et si mal. Aussi dira-t-on, et c'est
peut-être la moralité de ce débat, que les
choses ne se seraient pas passées de la
sorte, si M. Constans avait été à l'instruc-
tion publique. »
Ces derniers mots semblent indiquer que
la Droite n'a pas renoncé aux inutiles com-
binaisons, d'un si puéril machiavélisme,
qui reposent sur M. le ministre de l'inté-
rieur. M. Freppel avait, d'ailleurs, insinué
précédemment, au milieu de dénégations
nombreuses, que M. Constans devait dés-
approuver au fond ce qui s'était passé à
Vicq.
Une déclaration de M. de Freycinet
La clôture a été prononcée après le dis-
cours de M. de Lamarzelle. Sept ordres du
jour avaient été déposés : deux, exprimant
un blâme et un regret, avaient pour au-
teurs, le premier, des membres de la Droite
pure, — dont M. Loreau, — le second, des
boulangistes réactionnaires comme. M. Gau-
thier (de Clagny) ; un troisième ordre du
jour du comte Lemercier était naturelle-
ment juste milieu et émollient ; les quatre
derniers enfin venaient de divers membres
de la majorité et étaient conçus en des
termes presque identiques. Le mieux venu
avait pour auteur M. Guyot-Dessaigne; en
voici le texte : -
« La Chambre, approuvant la conduite
du gouvernement et comptant sur sa sa-
gesse et sa fermeté pour assurer l'applica-
tion des lois scolaires, passe à l'ordre du
jour.
C'est cet ordre du jour que le président
du conseil a déclaré adopter.
M. de Freycinet, président du conseil. —
L'ordre du jour de M. Guyot-Dessaigne me
semble résumer d'une façon exacte et com-
plète les déclarations des ministres de l'inté-
rieur et de l'instruction publique.
Ces déclarations proclament, en effet, la mo-
dération et la prudence avec lesquelles le gou-
vernement a jusqu'ici procédé à l'application
des lois scolaires, et, en même temps, la fer-
meté avec laquelle il est décidé à assurer l'ap-
plication complète de la loi. (Très bien : très
bien 1)
Et ce que je dis ici des lois scolaires, je le
dis également des autres lois qui forment les
acquisitions démocratiques des législatures
qui nous ont précédés. Nous n'en séparons ni
la loi militaire, ni les autres lois qui ont le
même caractère. (Très bien 1 très bien ! à gau-
che. — Bruit à droite).
Nous sommes décidés, comme nous l'avons
proclamé dans notre déclaration lors de no-
tre entrée aux affaires, à conserver intact ce
patrimoine, et vous pouvez compter sur no-
tre fermeté pour le remettre intact à nos suc-
cesseurs. -
Sous le bénéfice de ces observations, je prie
les auteurs des quatre ordres du jour à peu
près identiques de vouloir bien se concerter
pour adopter l'amendement de M. Guyot-Des-
saigne, auquel se rallie le gouvernement.
(Très bien ! très bien ! à - gauche.)
(Très
— L'ordre du jour pur et simple ! ont
alors réclamé M. Georges Graux et quelques
autres membres du groupe Léon Say.
— L'ordre du jour pur et simple serait
dépourvu de signification, a répondu M. de
Freycinet, et le gouvernement ne saurait
l'accepter.
Les centriers ont insisté néanmoins et à
eux se sont joints les boulangistes. La Droite
a alors voulu tenter de former, sur cet
ordre du jour pur et simple, une majorité
de coalition. Des négociations se sont os-
tensiblement engagées entre les réaction-
naires et les lieutenants de M. Say. Elles
devaient piteusement échouer.
L'ordre du jour pur et simple a été en
effet rejeté par 326 voix contre 219. Voici
donc enfin une majorité républicaine, bien
franche et bien nette, et de vifs applaudis-
sements ont salué ce résultat.
Quant à la rédaction de M. Qu.yot:-Desai..
gne, à laquelle s'étaient ralliés sans peine
les auteurs d'ordres du jour similaires, 310
voix contre 166 l'ont adoptée.
Une intervention de M. Loreau
Ce n'était pas fini, toutefois. M. Freppel
avait, en terminant son discours de tout à
l'heure, déposé la proposition que voici, et
qui ne tend à rien moins qu'à une quasi-
abrogation de la loi de laïcisation sco-
laire :
« A l'avenir, aucune laïcisation d'école
primaire ne sera décrétée contrairement à
l'avis du conseil municipal. »
La discussion immédiate de cette propo-
sition a été ordonnés par 276 voix contre
238, malgré la Droite qui protestait, criant
qu'on voulait escamoter cette motion par
un débat au pied levé.
M. Freppel a répété cette accusation d'es-
camotage.
« La question est grave, pourtant, a-t-il
dit. Elle divise les républicains eux-mêmes.
M. Méline ne s'est-il pas prononcé, dans les
Vosges, dans un sens conforme à celui de
ma proposition? »
— C'est inexact ! a répondu M. Méline. Je
me suis élevé seulement contre les laïci-
sations d'hôpitaux.
Voici alors M. Loreau lui-même à la tri-
bune. Comme il s'agissait de protester
contre la loi de laïcisation, loi républi-
caine, il fallait s'attendre à voir entrer en
scène un « républicain » de l'acabit de
M. Loreau.
Se faisant donc le caudataire de M. Frep-
pel, le député de Briare a insinué que l'ho-
norable M. Viger avait, au conseil général
du Loiret, fait ses réserves sur la loi de
laïcisation.
M. Loreau a de plus protesté pour son
propre compte contre la loi scolaire, affir-
mant avec emphase ses sentiments reli-
gieux, sa croyance au Credo chrétien.
Mais les propos qu'il avait prêtés à l'ho-
norable M. Viger, — en l'absence de ce der-
nier, du reste, — devaient être relevés et
l'ont été en effet. Après une interruption de
M. Rabier, M. Lacroix, député républicain
du Loiret, s'est exprimé en ces termes :
M. Laeroix. — En l'absence de M. Viger, je
demande la parole comme son collègue à la
Chambre et au conseil général du Loiret.
Il y a eu certainement confusion dans l'es-
prit de M. Loreau quand il est venu dire que
M. Viger avait formulé devant le conseil gé-
néral des critiques contre la loi scolaire.
M. Viger a parlé de la loi de 1889 sur le trai-
tement des instituteurs. Cette loi a été votée
si précipitamment que nous avons dû deman-
der un secours à M. le ministre de l'instruc-
tion publique; mais il ne s'agissait pas de por-
ter atteinte à la loi scolaire, à laquelle nous
sommes tous attachés et que nous -défendrons
tous. (Applaudissement à gauche.)
On voit une fois de plus, par ce petit in-
cident, le cas qu'il faut faire des affirma-
tions de M. Loreau. Celui-ci s'est d'ailleurs
bien gardé de répondre au démenti si ca-
tégorique que lui avait infligé M. Lacroix.
Quant à la proposition de M. Freppel, son
sort était réglé d'avance.M. E. Lockroy en a
fait justice en peu de mots. Puis la Droite,
qui pendant toute la journée s'était mon-
trée fort agitée et tumultueuse,a cru devoir
terminer les débats par une scène qui dé-
passait encore toutes ses violences anté-
rieures.
M. de la Ferronnays s'en est pris à la
majorité dans des termes vraiment inouïs.
Et comme le président essayait de rétablir
l'ordre, M. le comte de Maillé lui a tout
uniment enjoint de se taire ! M. Floquet n'a
pas voulu entendre cette incroyable parole
et a renoncé à appliquer le règlement.
On a voté peu après, et 321 voix contre
205 ont enterré la proposition de M. Frep-
pel.
LE DRAME DE BERGAME
L'amant assassin
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 23 juin.
Une dépêche de Bergame jette un jour
nouveau sur le drame épouvantable dont
je vous ai télégraphié hier la nouvelle.
Boccaci, le mari outragé, n'était pas armé
quand il est entré chez lui et a surpris les
deux amants. L'homme s'est jeté sur lui et
l'a frappé de cinq coups de poignard, après
quoi il s'est poignardé lui-même.
L'état de Boccaci laisse peu d'espoir de le
sauver.
L'identité de l'assassin a été établie.
C'était un Napolitain, nommé Busso, âgé de
vingt-trois ans.
Toutes les notabilités de Bergame sont
allées s'inscrire au domicile de Boccaci, qui
jouissait d'une considération générale.
HELGOLAND
La prise de possession officielle
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 93 juin.
Une dépêche d'Helgoland dit que la ces-
sion de cette île à l'Allemagne s'effectuera
sans doute au mois d'octobre prochain. Ce
serait le prince Henri de Prusse qui, à la
tête d'une escadre, irait prendre possession
de l'île. Celle-ci ne serait pas, comme on l'a
dit, jointe administrativement au Sleswig,
auquel elle appartenait autrefois. De même
que l'Alsace-Lorraine, elle serait adminis-
trée directement par le gouvernement im-
périal et serait constituée en terre d'em-
pire. ?
Souvenir de 1871
Se souvient-on qu'en 1871, pendant les
négociations du traité de Francfort, il fut
un moment question de la cession, par la
France, de ses possessions de l'Inde, Pon-
dichéry, Chandernagor, Karikal, Mahé et
Yanaon, dont la superficie de plus de 50,000
hectares dépasse celle du département de la
Seine?
Dans la pensée de M. de Bismarck, ces
possessions françaises devaient être rétro-
cédées à l'Angleterre, en échange d'Helgo-
land, dont la superficie est de 130 hec-
tares.
Les négociateurs français, qui auraient
sans doute volontiers cédé l'Inde française
pour retenir l'Alsace et la Lorraine, refu-
sèrent de la donner comme appoint, et M.
de Bismarck abandonna cette exigence.
UN SCANDALE
Une dépêche de Toulon annonce qu'un
scandale vient, d'éclater à l'asile départe-
mental d'aliénées de Pierrefeu. On aurait
découvert qu'une des pensionnaires de l'a-
sile serait enceinte.
Les autorités administrative et judiciaire
procèdent à une enquête. Le juge d'instruc- 1
tion de Toulon est en çe moment à pier-
-
refeu. - - '- -
CHRONIQUE
On peut trouver partout des idées pra-
tiques, même là où on s'attendrait le
moins à les rencontrer, dans des publi-
cations spirites, lorsqu'elles condescen-
dent à s'occuper des simples choses de la
terre, qui, franchement, ont bien aussi
leur importance. C'est ainsi que, au mi-
lieu de la discussion quelque peu chiméri-
que, de redoutables questions de kabbale,
une revue consacrée à l'étude de ces
sciences occultes, dont on s'est soudaine-
ment engoué dans un petit monde de-
curieux, l'Initiation, émet- un projet
d'une philanthropie avisée.
On imagine bien, toutefois" que le
goût de l'extraordinaire qui ne cesse de
hanter les occultistes s'y mêle encore ;
mais, à travers toute la mise en scène
baroque rêvée par l'Initiation, il se dé-
gage de ces étrangetés une conception
très digne d'être prise au sérieux.
On réclame l'établissement d'un hôpi-
tal « de prévoyance M, qui serait assuré-
ment fort utile dans une grande ville
comme Paris, un hôpital ou, plutôt, une
maison liospitaliere destinée à prévenir
la maladie. L'idée est fort intéressante.
Le malheur est que ces bons spirites,
pour une fois qu'ils ont raison et qu'ils
ont imaginé une chose sensée, s'atta-
chent à la gâter par des fioritures roma-
nesques qui sont de nature à faire haus-
ser les épaules et à écarter l'attention
qu'elle mérite.
Voulez-vous savoir ce qu'ils souhai-
tent? C'est la construction d'un vaste édi-
fice au fronton duquel on lirait ces mots :
« Hôpital de la Faim ». Cet édifice, »
l'intérieur, serait truqué comme un théâ-
tre de féerie.
Les pensionnaires, pour n'avoir pas à..
rougir de l'assistance qu'ils recevraient,,,
ne verraient aucun surveillant, aucupw"
auxiliaire,n auraient aucune relation avc .ét'
le personnel de service. On ne nous c ii
pas comment ils seraient reçus, 'mais, ( lès
qu'ils seraient installés, ils jouiraient en
paix du repos cherché. Les repas leur se-
raient fournis « d'une façon invisib ie "J
au moyen d'un tas de machines très < Dolu-
pliquées.
Ils les-trouveraient tout à coup ï A leur
portée, et, quand ils auraient fini 1 a der-
nière bouchée, pan! une trappe s' ouvri-
rait qui ferait disparaître les assi, ettes et
les bouteilles. Avec un peu d'in iagina-
tion, ils pourraient croire que 1 ÎS bien-
veillants « Esprits » se sont ch irgés de
pourvoir à leur nourriture. Est-( ;e là l'ar-
rière-pensée des promoteurs de ce projet
humanitaire? Sans doute aussi. , une mu-
sique douce, dont les sons leu r parvien-
draient mystérieusement, aurâ it pour but
de chasser les pensées mélanc cliques de
ces affligés et de ces souffrant 1-s.
On voit tout de suite que les spirites
sont gens d'imagination, qu i se plaisent
dans des fantaisies décorativ -eg et qui ont
toujours besoin du piment de l'excentri-
cité. A force de rêver d'apparitions, ils en
veuieni meure partout. Ue t hôpital ainsi -
disposé, ressemblerait beaucoup à un ta- -
bleau des Pilules du Diable.
Mais faites abstractioa de ce c adre in"
vraisemblable, oubliez ces deii li-folles .9
et, si vous voulez ne retenir qjje le but
cherché, le projet secourable, v. ous trou-
vez une pensée ingénieuse da ns sa cha-
rité.
Les hôpitaux sont si encon ibrés qu'ils
ne peuvent ouvrir leur por te qu'à des
malades caractérisés, dont l'état exige des
soins immédiats et précis
On ne les reçoit guère qu'alors qu'ils se
trouvent dans une période aiguë de souf-
france. Il n'y a plus, à ce moment, qu'à
suivre la crise et. qu'à chercher à guérir.
Quant aux autres, ceux qui sont encore
capables, à ce qu'il semble, de se traîner
quelque temps,, on est forcé de les écon-
duire, - quitte à les admettre plus tard
quand ils seront dans une situation grave
ou désespérée.
Or, dans beaucoup de cas, des soins in-
telligents, donnés à l'heure où ils pour-
raient encore être efficaoes, réussiraient
à écarter ce danger. Les privations, une
fatigue excessive, une mauvaise hygiène
ne sont-elles pas la cause de bien des
maladies ? Il est évident qu'un pauvre
diable qui n'a point le nécessaire même
à l'état de santé, qu'un ouvrier qui est
contraint à continuer à travailler alors
qu'il se sent épuisé, miné par la fièvre,
n'offriront aucune résistance au mal.
C'est à ceux-là qu'on a pensé, à ces
« candidats à la maladie », fatalement"
destinés à lui payer leur tribut. S'ils trou-
vaient une maison d'assistance où il leur
serait possible de se reposer, de repren-
dre des forces, d'avoir pendant quelques
jours un régime réconfortant, il y aurait
souvent de grandes changes pour que la
crise fût évitée. Quelques grammes de
viande fournis à temps, un peu de vin,
de l'air sain, économiseraient, plus tard,
de coûteux médicaments, parfois impuis-
sants à restituer un équilibre physique à
jamais perdu, alors que l'affection s'est
nettement déclarée.
Il s'agirait donc, dans l'esprit des pro-
moteurs du projet, de lutter contre la
maladie tandis qu'elle n'a. pas encore
éclaté, qu'elle est seulement menaçante,
ce qui doit être assurément plus facile
que de la guérir. On fait remarquer aus-
si, non sans raison, que, même au point
de vue de l'économie, il y aurait avan-
tage certain dans cette combinaison. « On
se plaint, dit l'Initiation, que les hôpi-
taux deviennent de plus en plus insuf-
fisants. Cet encombrement est causé par
les maladies chroniques, qu'on ne peut
renvoyer, bien qu'on n'espère point la
guérison. La phtisie pulmonaire, qui falt
à Paris plus de vingt mille victimes par
an, est un des facteurs les plus impor
taots de cet encombrement Qr, rhom~
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