Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-06-24
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 juin 1890 24 juin 1890
Description : 1890/06/24 (A19,N6735). 1890/06/24 (A19,N6735).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75602748
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — N° 6,'735
CINQ Centimes - Paris et Départements — CINO Centimes
•iIARDI 2 JUIN 1890
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Téléphone : 20.289 bit.
LES DÉPARTEMENTS
-
i.
Nous ayons exposé, voici quelques
jours, l'intéressante proposition dont
M. Hovelacque a pris l'initiative. Le
député de la Seine estime que la cen-
tralisation qui, depuis l'an VIII, pèse
sur ce pays doit à bref délai disparaî-
tre. Il a conçu tout un plan d'organi-
sation administrative fondé sur des
principes diamétralement opposés à
ceux qui sont auj ourd'hui en hon-
neur.
Le projet a soulevé de vives objec-
tions; il a provoqué de chaudes ap-
probations. Mais, approuvée ou blâ-
IDée, l'idée, à coup sûr, venait à son
heure. Elle était, comme on dit, dans
l'air.
Nous en trouvons la preuve dans
une proposition que formulait, pres-
que en même temps que M. Hove-
lacque , M. Beauquier, député du
Doubs. Plus restreinte que la pre-
mière, elle ne vise que la réduction
du nombre des départements. Elle
laisse de côté les questions qui s'y rat-
tachent de l'organisation cantonale,
de la suppression des arrondisse-
ments, des attributions des corps élec-
tifs.
Il n'est pas sans intérêt, d'ailleurs,
de serrer de près cette question de la
diminution du nombre de nos gran-
des circonscriptions administratives.
Son succès, dont il ne convient pas de
dissimuler les difficultés, serait, à n'en
pas douter, le point initial de profon-
des modifications.
Le nombre de nos départements a
été tout d'abord de 83, en mars 1790,
pour monter sous l'empire jusqu'à
110 et redescendre définitivement à
86 en 1815.
La division poussée à l'extrême
qu'effectua l'Assemblée constituante
fut le résultat d'une conception poli-
tique très nette, très réfléchie et, à ce
moment, très justifiée..
ci Il faut, disait Mirabeau, multiplier
le nombre des départements, parce
qu'après avoir aboli les prétentions et
les privilèges, il serait imprudent de
laisser une administration qui pour-
rait offrir des moyens de les repren-
dre. Il n'y aura plus diverses nations
dans le royaume ; il n'y aura que des
Français. »
La prophétie du grand orateur s'est
aujourd'hui réalisée. L'unité politi-
que et morale de notre pays est com-
plètement faite. Le motif a donc dis-
paru qui fit alors adopter la division
conservée jusqu'à nos jours, La se-
conde raison mise en avant par nos
pères pour accomplir cet émiettement
administratif se tourne aujourd'hui en
faveur du système que soutient M.
Beauquier.
La voici, telle que la formulait alors
Thouret : « Dans l'état de nos com-
munications, l'intérêt des gouvernés
exige que le district de chaque admi-
nistration soit mesuré de manière
qu'elle puisse suffire à tous les objets
de surveillance publique et à la
prompte exécution des affaires. »
Et Target : « En divisant le terri-
toire en plus de quatre-vingts parcel-
les, nous avons voulu que, de tous les
points du département, on puisse ar-
river au centre de l'administration en
une journée de voyage. »
Quand les politiques de la Consti-
tuante s'exprimaient en ces termes,
le chemin de fer n'existait pas, ni le
télégraphe électrique, ni le téléphone.
Auj ourd'hui, en partant des mêmes
prémisses que nos pères, nous arri-
vons à des conclusions toutes diffé-
rentes. C'est la remarque que faisait
très justement un ancien fonction-
naire, cité par M. Beauquier : « Il y a
cinquante ans, lorsqu'il n'existait au-
cune voie sérieuse de communication,
la centralisation administrative ne
laissait rien à désirer, et vous comp-
tiez en moyenne un traj et de six heu-
res entre votre centre administratif et
les sous-centres. Pourquoi ne pas ré-
tablir aujourd'hui ce trajet de six
heures de chemin de fer entre le chef-
lieu et la sous-préfecture? Vous ob-
tiendrez ainsi le périmètre d'un nou-
veau département qui en bsorbera
quatre ou cinq anciens. »
La réduction du nombre des dépar-
tements aurait, d'ailleurs, un double
résultat également heureux. Elle dimi-
nuerait dans une large mesure l'état-
major des gros fonctionnaires qu'on
retrouve dans chaque chef-lieu.
On réaliserait par ce moyen des éco-
nomies qui ne sont pas à dédaigner.
On pourrait aussi, en réduisant le
nombre de places inutiles dont dis-
pose l'Etat, améliorer la situation des
fonctionnaires utiles.
La réforme, certes, est souhaitable.
Cela ne veut pas dire qu'elle sera bien-
tôt Mcolnplie. M. Beauquier ne se fait
pas d'illusion sur les difficultés que
l'intérêt local, si puissant surtout avec
fie scrutin d'arrondissement, opposera
à la réalisation de ses vœux.
^Moius audacieux que M. lloxeiac-
•
que, il ne se hasarde pas à esquisser
lui-même la nouvelle carte administra-
tive de la France. Il se borne à un pro-
jet de résolution, à une invitation
au gouvernement. Puisse-t-elle être
entendue !
A. Millerand
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
LE TRAITÉ ANGLO-ALLEMAND
La réaction s'accentue
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 22 juin.
Dans les cercles officiels, on est vivement
ému d'un article de la Badische Landes-
Zeitung, organe inspiré par le grand-duc
de Bade, qui raille le traité anglo-allemand,
le déclare une immense duperie pour l'Al-
lemagne, et propose qu'en souvenir perpé-
tuel on fasse don de l'île d'Helgoland à
l'auteur du traité.
Cet article, visant l'empereur lui-même,
est un signe des temps. Les princes confé-
dérés affichent, depuis la chute de Bis-
marck, une opposition qui croit chaque
jour. C'est ainsi que le roi de Wurtembqrg
n'a pas voulu inviter l'empereur aux fêtes
qui vont avoir lieu à Ulm.
LES ITALIENS EN AFRIQUE
A Zanzibar. — Au Soudan
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 22 juin.
Des dépêches de Zanzibar annoncent que
le représentant de l'Italie a obtenu du sul-
tan la concession des douanes de Kijrnato,
Merka, Brava, Mogodago et Uarshetti sur la
côte des Somalis.
Le général Dal Verme, de retour du
Caire, a eu un long entretien avec M. Crispi.
On continue à parler d'une action combinée
avec l'Angleterre au Soudan.
LES NIHILISTES ET LE TSAR
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 22 juin.
On raconte, dans le monde de la cour, que
le tsar a trouvé sur son bureau une lettre
lui annonçant une nouvelle action. des ré-
volutionnaires russes contre son pouvoir
absolu.
Cette communication était signée : « Le
Comité pour la libération du peuple russe. »
DRAME DE L'ADULTÈRE
Dans la presse italienne
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 22 juin.
Un drame terrible vient de jeter la cons-
ternation à Bergame.
Le publiciste Bocacci, directeur de la
Gazette provinciale publiée dans cette ville,
ayant surpris sa femme en flagrant délit
d adultère, a tiré sur l'amant.
Une lutte s'engagea entre cet homme et
le mari.
Bocacci reçut cinq blessures, dont une
très grave, mais son adversaire a été tué.
Mme Bocacci refuse de dire le nom de
cet homme. Il s'était déguisé en marchand
ambulant pour venir au rendez-vous où il
a trouvé la mort.
LES BRUITS
D'ALLIANCE FRANCO-RUSSE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 22 juin.
La Gazette de Magdebourg a reçu une
correspondance très importante de Saint-
Pétersbourg, qu'elle publie sous ce titre :
« Alliance franco-russe ».
Il y est dit que M.Tatischeff, l'ancien con-
seiller d'ambassade à Vienne, vient, dans
un entretien avec le rédacteur en chef du
journal Russki Wiestnick, de donner l'assu-
rance que cette alliance est actuellement
un fait accompli et a déclaré qu'il en avait
des preuves formelles.
LES
ALLEMANDS EXCLUS DE L'ARMÉE RUSSE
(D2 NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 22 juin.
Le ministre de la guerre prépare, par or-
dre de l'empereur, un décret qui interdit à
l'avenir l'entrée de tout étranger dans l'ar-
mée russe.
Cette mesure, qui met fin à une tradition
séculaire, a été motivée par ce que l'on
peut appeler la trahison de ce colonel alle-
mand qui, après quinze ans de service com-
me officier dans l'armée russe, et après être
arrivé au commandemept du régiment de
Preobrajensky, de la garde impériale, est
passé dernièrement au service de l'Alle-
magne et est entré d'emblée dans une
haute position à l'état-major général de
Berlin auquel il a apporté les fruits de
son expérience acquise au service da la
Russie.
ÉPIDÉMIE DE DIPHTÉRIE
EN ITALIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, S2 juin.
On est très inquiet de la situation sanitaire
de Milan.
Depuis quinze jours, il a été constaté dans
cette ville 62 cas de diphtérie, dont 36 se
sont terminés fatalement.
L'ANNIVERSAIRE DE WATERLOO
Contre-manifestation aux cris de
« Vive la France! »
(D'UN CORRESPONDANT)
Bruxelles, 22 juin.
Aujourd'hui a eu lieu la manifestation-
du 75° anniversaire de Waterloo. Deux
cents manifestants environ y ont pris part.
Ils ont été accueillis par la foule à coups de
sifflets et aux cris de : Vive la France !
A la gare de Braine-L'Alleux, où ils s'é-
taient donné rendez-vous, plusieurs ora-
teurs ont pris la parole et ont déclaré qu'ils
ne voulaient pas faire acte d'hostilité en-
vers la France.
Le reste de la iourte £ est ça.ssé sans in-
cident *
M. CHRISTO PH lE
CONVERSATION AVEC LE GOU-
VERNEUR DU CRÉDIT FONCIER
Rapport des inspecteurs. — Ce que
répond M. Christophle. — Il se
défendra jusqu'au bout. —
M. Rouvier responsable.
Le journal le Temps a publié hier soir ul
note suivante qui lui aurait été communi-
qué, assure-t-on, par le ministre des finan-
ces, M. Rouvier :
Ainsi que nous l'avons indiqué hier, la der-
nière séance du conseil des ministres a été
consacrée à peu près entièrement à l'audition
du rapport des inspecteurs des finances en-
voyés au Crédit foncier de France.
M. Rouvier a donné lecture de ce rapport,
qui passe en revue toutes les opérations du
Crédit foncier et entre parfois jusque dans les
détails les plus minutieux sur la gestion de
cet établissement.
Le rapport commence par rappeler l'objet
de l'institution. Le Crédit foncier de France a
été créé pour « prêter sur hypothèque aux pro-
priétaires d'immeubles des sommes rembour-
sables soit à long terme par annuités, soit à
court terme, avec ou sans amortissement. »
Il peut également faire des prêts « aux dé-
partements, aux communes et aux associations
syndicales, avec ou sans affectation hypothécaire,
des sommes qu'ils auraient la faculté d'em-
prunter ».
Le Crédit foncier est donc constitué essen-
tiellement en vue d'opérations spéciales, limi-
tées; ce n'est pas un établissement de crédit
ordinaire.
Or, suivait le rapport des inspecteurs, l'es-
prit de l'institution aurait été quelque peu
mis en oubli, et le Crédit foncier se serait li-
vré à des opérations qui lui donnent le carac-
tère d'une maison de banque générale,
D'autre part, dans les opérations stricte-
ment statutaires, toutes les précautions re-
quises n'auraient pas toujours été rigoureu-
sement observées.
Le rapport cite un cas de prêt hypothécaire,
consenti d'abord jusqu'à concurrence d'une
somme de 500,000 francs, élevé successivement
jusqu'à 1 million, et qui aurait excédé la pro-
portion fixée par l'article 53 des statuts, qui
stipule que « le montant du prêt ne peut dé-
passer la moitié de la valeur de l'immeuble
hypothéqué » et qu'« il est au plus du tiers de
la valeur pour les vignes, les bois et autres
propriétés dont le revenu provient de planta-
tions
Le Crédit foncier se serait vu contraint de
reprendre l'immeuble reçu en gage. Mais le
rapport ajoute que, mis ultérieurement en lo-
cation, il a produit un revenu supérieur au
montant de l'annuité due au Crédit foncier.
Le rapport consacre une analyse étendue à
une opération importante conclue par le Cré-
nit foncier avec la Rente foncière. Il s'agit d'un
prêt global de 78 millions, qui aurait prêté à
une triple critique.
Les inspecteurs constatent que, lors de la
conclusion de l'opération, le contrat n'a pas
été passé en la forme authentique, et ils pré-
tendent que cette inobservation d'une forma-
lité légale était de nature à compromettre le
gage du Crédit foncier. *
Un avis spécial aurait été donné à ce sujet
à qui de droit avant l'opération et l'on aurait
néanmoins passé outre.
M. Christophle répond que le prêt critiqué
a été consenti à une époque où la juris-
prudence de la cour de cassation était va-
riable et où la cour suprême avait rendu
des arrêts contradictoires sur la matière.
Mais, la jurisprudence de la cour de cassa-
tion étant devenue depuis définitive, dans le
sens du défaut de validité d'emprunt sur
hypothèque pour les contrats non authen-
tiques, la situation a été immédiatement ré-
gularisée.
La deuxième observation porte sur l'exagé-
ration du prêt consenti dans ces conditions.
La valeur des immeubles donnés en gage pour
78 millions par la Rente foncière aurait été à
peine supérieure à 100 millions.
Enfin, cette situation aurait été aggravée
encore par ce fait que, les annuités dé l'em-
prunt étant restées en souffrance, le Crédit
foncier les aurait ajoutées au capital prêté,
élevé ainsi à 83 millions.
Les inspecteurs s'occupent ensuite de l'af-
faire Bex. Ils semblent exprimer un regret au
sujet de cette opération de reports, mais ils
constatent qu'elle n'a causé aucun préjudice
au Crédit foncier.
Toutefois, disent-ils, une réclamation est en-
core pendante, et il y a lieu de réserver tout
jugement définitif jusqu'à ce qu'elle ait reçu
une solution.
Le rapport aboutit a cette conclusion :
La situation du Crédit foncier de France est,
au point de vue de la solidité, au-dessus de
toute discussion. Le crédit de l'établissement
offre toute sécurité.
Mais ce crédit serait, suivant l'appréciation
des inspecteurs, plus élevé encore qu'il ne
l'est, si les défectuosités qu'ils signalent dans
la gestion de l'établissement n'avaient pas
existé.
Ajoutons que, dès hier, et conformément à
l'avis exprimé par le conseil des ministres,
M. Christophle a reçu communication, par le
ministre des finances, du rapport des inspec-
teurs.
Le gouverneur du Crédit foncier va for-
muler sa réponse à ce rapport, et il la trans-
mettra à M. Rouvier, qui en saisira le conseil
des ministres.
C'est seulement après ce complément de l'en-
quête, que le conseil des ministres pourra
prendre telles décisions que la situation aura
paru comporter.
Tandis que cette note était communi-
quée au Temps par le ministre des finances,
on nous annonçait que M. Christophle était
démissionnaire et que le conseil des minis-
tres, dans sa réunion de mardi prochain,
lui donnerait un successeur.
Si autorisée que fût la source de cette in-
formation, le XIXo Siècle) fidèle à ses habi-
tudes, a voulu la contrôler auprès de la
personne la plus intéressée. Nous sommes
donc allé demander à M. Christophle ce
qu'il y avait de vrai dans le bruit répandu
dans le monde officiel au sujet de sa dé-
mission.
M. Christophle ne démissionnera pas
— Mais démentez, démentez formelle-
ment, nous a-t-il dit, ces nouvelles inté-
ressées. Leur origine est probablemçnt
toujours la même. Elles viennent toutes
d'un certain clan de spéculateurs à la
baisse, dont vous connaissez les manœu-
vres aussi bien que moi.
J'ai dit, et je suis heureux de pouvoir
répéter hautement encore que jamais, au
grand jamais, je ne donnerai ma démis-
sion.
Je lutterai jusqu'au bout, convaincu qu'en
me défendant, ou plutôt qu'en défendant
ma gestion, je défends les intérêts du Cré-
dit foncier- lui-même.
— Et comptez-vous envoyer bientôt à
M. Rouvier votre réponse au rapport des
inspecteurs des finances?
— Soyez tranquille, il ne me faudra pas
six semaines pour exposer la situation du
Crédit foncier et pour établir, d'accord
avec les inspecteurs des finances, que « le
crédit de l'établissement est au-dessus de
toute discussion ».
Je compte avoir terminé ce travail de
façon à ce que M. le ministre des finances
puisse en donner lecture au conseil des
ministres de mardi.
Sinojij ce sera pour jeudi, au plus tard.
— Et que pensez-vous du rapport? Vous
devez pouvoir nous en dire un peu plus
long que la note du Temps?
- C'est possible; mais, si vous le voulez
bien, nous nous en tiendrons à ce qui a
été publié, et qui résume a peu près toutes
les critiques formulées contre la gestion
du Crédit foncier.
Ces critiques, vous avez dû vous en ren-
dre compte, ne sont pas bien sérieuses, et
je dois ajouter qu'elles ne sont pas fon-
dées.
Il ne me sera pas bien difficile de les ré-
futer dans la réponse que je vais adresser
à M. Rouvier; mais ce qui est curieux,
c'est qu'en les réfutant, je prendrai la dé-
fense de M. Lévêque.
— Comment cela ?
— Eh ! oui : les soi-disant irrégularités
relevées par les inspecteurs des finances
relôventduservicede M. Lévêque. Elles
concernent toutes des affaires de prêts, qui
étaient confiées aux soins de M. Lévêque.
M. Le Guay, lui, n'a dans ses attributions
que la partie financière de la maison, et je
n'ai point vu qu'elle ait été l'objet d'aucune
observation.
C'est donc, comme vous le voyez, la dé-
fense de M. Lévêque que je vais prendre.
Cette défense, je la prendrai avec d'autant
plus de plaisir que les critiques ne sont
point justifiées et qu'il s'agit seulement
de rétablir la vérité.
— Mais qu'est-ce que c'est au juste que
cette affaire de la Rente foncière?
— L'affaire n'a pas été mauvaise, puisque
nous avons été payés de toutes nos annui-
tés ; mais les inspecteurs des finances la
considèrent comme antistatutaire.
Ils font, en cela, une erreur considé-
rable ; ils ont confondu les règles aux-
quelles le Crédit foncier est soumis pour
son capital-obligations, avec celles aux-
quelles il est soumis pour son capital-ac-
tions.
Pour le premier, il est astreint, en effet,
à des règles toutes particulières déter-
minant à l'avance les conditions de ses
opérations. C'est ainsi qu'il est interdit de
prêter sur un immeuble plus de la moitié
de sa valeur. ?
Il n'en est pas de même pour le capital-
social et pour le capital-réserve, qui se
monte aujourd'hui à 130 millions.
L'un et l'autre forment un capital d'en-
viron 300 millions, dont nous pouvons dis-
poser comme une société de crédit quel-
conque.
Ainsi, par exemple, je suppose qu'il y ait
à Paris un lot d'immeubles sur lesquels on
veut emprunter 20 millions. L'estimation
fixe leur valeur réelle à 30 millions. L'é-
cart de dix millions est plus que suffisant,
vous en conviendrez, pour nous mettre à
l'abri de tout danger.
Eh bien, l'opération, si avantageuse
qu'elle puisse être, nous est interdite avec
notre capital-obligations. Mais elle nous est
permise avec notre capital social ou notre
capital-réserve.
C'est ce qui s'est passé pour la Rente fon-
cière.
— Et ce prêt de 500,000 francs qui se se-
rait élevé successivement jusqu'à un mil-
lion ?. ne serait pas Chenonceaux?
— Oh ! non; assurément non.
— Alors, à quoi est-il fait allusion?
— Ma foi, je vous avoue sincèrement que
je n'en sais absolument rien.
Le rapport signale l'affaire sans la citer,
et il y a tant et tant de prêts de 500,000 fr.
au Crédit foncier, que je ne peux pas les
avoir présents tous a la mémoire pour sa-
voir celui dont il s'agit.
Il m'est alors impossible, en ce moment,
de dire si la critique formulée à cet ég , •*'}
est fondée ou non. En tout cas, l'affaire il
trop peu considérable pour qu'on puisse y
attacher une grande importance.
Quanta l'affaire Bex, on reconnaît qu'elle
ne nous a causé aucune perte.
Vous avouerez qu'il n'y a dans tout cela
rien de bien grave, et que nous aurions
tort de nous inquiéter outre mesure dès
bruits malveillants qu'on répand contre
nous.
Nos adversaires eux-mêmes ont d'ailleurs
été obligés de reconnaître que le Crédit
foncier est dans une situation excellente,
Alors, pourquoi en attaquer la ges-
tion ?
La responsabilité de M. Rouvier
Telles sont les explications qui nous ont
été fournies par le gouverneur du Crédit
foncier. Nous les reproduisons sans les dis-
cuter.
No -,, s les ferons suivre d'une simple re-
marque :
Si les faits révélés par l'enquête sont tels
qu'ils doivent amener la démission ou la
révocation de M. Christophle, il semble
qu'ils doivent entraîner également la re-
traite du ministre des finances, dont la res-
ponsabilité dans cette affaire est absolu-
ment engagée.
Il ne faut pas oublier qu'a la fin du mois
de mars, M. Lévêque, sous-gouverneur du
Crédit foncier, se rendait auprès de M. Rou-
vier, ministre des finances, pour appeler
son attention sur certains actes accomplis
en violation formelle des statuts. Que fai-
sait M. Rouvier? Il reconnaissait que les
statuts avaient été violés et qu'il était né-
cessaire que le gouvernement intervînt.
Puis, à quelques jours de là, le 12 avril, il
écrivait à M. Christophle une lettre ren-
due publique, qui se terminait par ces
mots : « Vous n'avez jamais cessé d'avoir
la confiance du gouvernement, je tiens à
vous en donner ici le témoignage.
Au commencement de mai, M. Levêque
adressait au ministre des finances une let-
tre de démission longuement motivée, ap-
pelant de nouveau l'attention du gouver-
nement sur une série de faits qu'il consi-
dérait comme antistatutaires et qu'il énu-
mérait.
Que fait M. Rouvier? Il accepte la démis-
sion de M. Levêque et refuse de procéder à
ucune espèce d'enquête.
Pour que M. le ministre des finances s'é-
meuve il a fallu : 1° l'interpellation d'un
député boulangiste, M. Laur; 2° un vo'e
formel de la Chambre ordonnant implici-
tement une enquête, malgré les efforts de
M. Rouvier.
On a dit que, hiérarchiquement et au
point de vue politique, il n'était pas permis
aux inspecteurs des finances d'avoir une
autre opinion que celle du ministre des fi-
nances. Nous n'admettons pas cette hypo-
thèse. Avec tout le public nous avons de-
mandé que l'enquête fût sérieuse. Nous
sommes convaincus qu'elle l'a été.
Mais ce qui est certain, c'est que M. Rou-
vier voudrait aujourd'huise laver les mains
de tout ce qui s'est passé au Crédit foncier.
Cela ne peut pas être. Si des actes répré-
hensibles ont été commis, le ministre qui
les a laissé commettre doit, avec leur au-
teur, en supporter la reaçoasabiUté,
CHRONIQUE
Il vient de paraître, dans un des jour-
naux du matin les plus lus des Parisiens,
un article où l'on conte au public ma fa-
çon de vivre, mon installation, mes habi-
tudes, mes goûts, mes tics, que sais-je
encore ? Si j'en parle au XIXe Siècle, ce
n'est pas du tout que j'aie à me plaindre.
L'article m'a paru en son ensemble fort
courtois, et l'auteur est un galant homme
qui a su garder avec beaucoup de tact la
mesure qu'il convient d'observer en ces
sortes d'informations. Les erreurs qu'il
a commises ne sont pas de celles qui
tirent à conséquence, et vous pensez
bien que je n'userais pas mon encre à les
rectifier.
Je voudrais, à ce propos, traiter une
question plus générale.
Quand le jeune homme qui s'est chargé
de donner à son journal une série d'arti-
cles de ce genre s'est présenté chez moi,
m'expliquant le motif de sa visite, je l'ai
reçu avec le plus de cordialité et de bonne
grâce que j'ai pu. Il n'était pas un in-
connu pour moi. Car il était déjà venu
deux fois à la maison m'interviewer sur
des sujets à l'ordre du jour; j'avais lu le
lendemain le compte rendu qu'il avait
fait de la conversation, et je lui avais su
gré de la fidélité spirituelle avec laquelle
il avait résumé notre entretien. Ce n'est
pas un métier commode que celui d'in-
terviewer; il y était passé maître et l'on
pouvait se fier à lui.
— Mon Dieu ! lui dis-je, quand il m'eut
appris ce que cette fois il attendait de
mon obligeance, je ne demande pas
mieux que de vous livrer tous ces détails
de vie intime. Mais, sérieusement, qui
voulez-vous qu'ils intéressent ?
Même quand il s'agit d'hommes comme
Victor Hugo ou Renan, il y a un peu de
badauderie à s'inquiéter de l'heure habi-
tuelle de leur déjeuner, et du menu de
ce déjeuner, et du nombre des convives
qui s'asseyent autour de la table. Mais
on comprend jusqu'à un certain point
que l'on ait la curiosité de savoir com-
ment de si grands hommes ont ar-
rangé leur vie domestique; mais moi,
mais ceux que vous prendrez après moi,
qu'est-ce que ça peut bien faire au public
de savoir comment nous mangeons, digé-
rons travaillons et dormons?
J'admettrais encore qu'un homme qui
a longtemps vécu dans la familiarité d'un
écrivain célèbre, traçant de lui un por-
trait fidèle, y fît entrer quelques-uns de
ces détails intimes. Pourquoi ? Parce qu'il
choisirait ceux qui sont réellement signi-
ficatifs, ceux où se marque le caractère,
ceux qui sont comme un trait de plus
ajouté à la peinture et complètent la res-
semblance. Mais vous, mon cher con-
frère, vous allez verser pêle-mêle tous les
renseignements que vous pourrez recueil-
lir en une demi-heure, au hasard de la
visite. Les trois quarts n'auront aucun
intérêt parce qu'ils n'auront aucune si-
gnification, et quelques-uns même seront
très faux, parce que d'un détail acci-
dentel vous ferez,sans le vouloir,un détail
typique.
Tenez ! il y a trois ou quatre ans, un
de mes bons amis, Degron, qui avait été
longtemps drogman au Japon où il vient
de retourner avec une mission du gou-
vernement, m'avait prié de donner du-
rant quelques semaines l'hospitalité à un
meuble qu'il avait rapporté de là-bas, et
qui était un des plus achevés spécimens
du vieil art japonais. Ce meuble fit l'ad-
miration de tous ceux qui venaient fami-
lièrement chez moi, et quelques amateurs
qui en avaient entendu parler me rendi-
rent visite, à seule lin de le voir. Degron,
quand il fut installé chez luireprit son
meuble, il n'en fut plus question à la
maison. J'avais oublié cet incident lors-
que, l'année dernière, ouvrant je ne sais
quel journal illustré, j'y luque j'étais de
la secte des japonisants, que je me plai-
sais à rassembler chez moi les merveilles
de cert art cher aux Goncourt. Où dia-
ble a-t-il pris cela? me demandais-je;
car je n'ai pas le goût du bibelot et je ne
m'y connais pas.
Il est bien probable que l'auteur de
l'article était venu chez moi à l'époque
où ce meuble était en garde dans mon
cabinet ; il en avait conclu que j'étais un
fervent des japonaiseries. Ce sont là des
erreurs inévitables quand on parle un peu
au hasard de gens avec qui l'on n'a point
vécu, que l'on ne connaît pas à fond.
Et tandis que j'étais lancé, je lui contai
une autre histoire aussi probante.
J'étais chez les frères Saint-Jean-de-
Dieu, où j'avais subi l'opération de la ca-
taracte, et je me remettais lentement,
vivant dans les tènèbres, un bandeau
noir sur les yeux. Cette aventure avait
fait quelque bruit, et les reporters étaient
venus prendre un interview. On com-
prend que je ne fusse pas trop en train
de causer, et je ne répondais que par
monosyllabes. Ils ne voulaient pas avoir
perdu leur temps. Ils firent la descrip-
tion de ma chambre : sur la cheminée, il
y avait une pendule et des flambeaux ; à
droite, un lavabo, etc., etc. On me lisait
le lendemain ces descriptions. Comme je
n'étais pas en humeur de rire, je les
trouvais plus fades encore et plus inu-
tiles qu'elles n'étaient.
— Faut-il, pensais-je, que l'on croie à
la niaiserie du public pour lui conter ces
balivernes ! Quel plaisir y peut-il trou-
ver?
About vint, lui aussi, et le lendemain,
dans ce même XIXe Siècle où j'écris
encore aujourd'hui, il publia un ar-
ticle étincelant d'esprit, qui fut repro-
duit par tous les journaux de province.
Il n'avait pourtant fait, comme les ca-
marades, que décrire l'aspect des lieux ;
mais comme il me savait à fond, il m'y
avait replacé, et tous ces détails s'aui
4
- -
maient de la vie même et des sentiments
de la personne qui se trouvait y habiter.
Les détails n'ont par eux-mêmes aucun
intérêt; ils ne valent que par le peu
qu îls refletent de l'âme et de l'existence
de la personne à laquelle ils s'appliquent.
PronlCnez-vous,disais- je à mon jeunehom-
me, à travers les chambres, et prenez
toutes les notes qu'ils vous plaira. Je ne
veux point du tout gêner votre besogne;
mais, croyez-le bien, la description d'une
maison ne peut plaire que si elle conte
1 homme qui y vit, et encore faut-il que
cet homme soit de ceux qui méritent
d occuper l'attention publique.
Vous me faites un honneur dont je ne
suis guère digne. Ma vie est la plus sim-
ple et la plus unie du monde. Je passe
mes journées à mon bureau et mes soi-
rées au théâtre.Quand vous aurez dit cela
vous aurez tout dit, car il n'y a pas autre
chose dans mon existence. Cela ne vaut
guère la peine d'être dit.
Je lui parlai longtemps sur ce ton, le
priant, non pour moi, mais pour lui,
pour ses lecteurs, de renoncer à son pro-
jet. Il m'écoutait en secouant la tête ; son
siège était fait.
- Ça amuse le publie, me disait-il d'un
air convaincu.
Et qui sait ? il avait peut-être raison î
Oui, il y a en ce moment chez le public,
chez une grande partie du public tout au
moins, une curiosité qui ne s'attache
qu'aux menus faits insignifiants, aux
petits détails de la vie extérieure, aux
vains commérages qui passaient autre-
fois pour être le pâture des seuls con-
cierges.
On ne s'inquiète pas de savoir ce que
pense M. Renan, mais ce qu'il mange.-
On ne lit pas ses livres, on ne cherche
pas à en pénétrer l'esprit: on le suit
dans tout le détail de sa vie et c'est à
peine si on le quitte au seuil de la garde-
robe.
On a trouvé pour ces minuties accu-
mulées sans choix ni règle un mot so-
nore : ce sont des documents humains.
Quelle drôle d'idée d'appeler documents
humains des documents (puisque docu-
ments il y a) qui n'apprennent absolu-
ment rien sur l'homme à qui ils se' rap-
portent !
Il y a de la mode dans ce goût singu- *
lier, et c'est ce qui m'en console, car les
modes en France ne durent guère, sur-
tout si elles sont ridicules,et il faut espé-
rer que celle-là passera vite.
Francisque Sarcey.
LES PÊCHERIES DE TERRE-NEUVE
- -
Opposition officielle de la colonie. -
Une adresse du Parlement local.
(D'UN CORRESPONDANT)
Saint-John (Terre-Neuve), 22 juin.
Une adresse à la reine a été définitive-
ment adoptée par les Chambres législatives
de Terre-Neuve.
Elle déclare qu'il n'existe aucune loi per-
mettant aux Français d'établir des comp-
toirs de homards ou empêchant les natio-
naux anglais d'exercer leurs droits de
pêche, y compris tous droits relatifs à l'in-
dustrie des homards, sur toute la côte.
Si donc les forces navales anglaises ou
françaises maintiennent les comptoirs de
homards français ou empêchent les comp-
toirs anglais, l'emploi de ces forces est sans
sanction, et probablement poussera les Ter-
re-Neuviens à des actes de représailles.
L'adresse nie que la question de l'indus-
trie des homards puisse être l'objet d'un
arbitrage et déclare que les primes fran-
çaises constituent une violation de l'esprit
des traités.
L'adresse demande l'éloignement des
comptoirs de homards français, repousse
toute sanction du modus vivendi par le
gouvernement et réclame pour les lois ré-
glant la pêcherie la sanction royale jusque
présent refusée.
.-' Bataille de pêcheurs
New-York, 22 juin.
Le New- York Herald a reçu de la baie d&
Saint-George une dépêche d'après laqu-elle
les équipages d'une vingtaine de bateaux,
tant français que terre-neuviens, soit envi- «p
ron 200 pêcheurs, en sont venus aux mains
à Port-au-Port, dans la partie sud-ouest du
French shore.
On s'était disputé les places les plus avan-
tageuses pour la pêche de l'appât.
Dans la rixe, il n'a été fait usage ni d'ar-
mes à feu ni de couteaux, mais de bâtons,
d'avirons, de gaffes, etc.
Personne n'a été tué, mais il y a eu des
membres cassés.
Les Français, qui d'abord avaient eu le
dessus, ont dû, dit la dépêche, céder de-
vant le nombre supérieur de leurs adver-
saires.
Aussitôt prévenus de l'échauffourée, le
Pélican, de la marine britannique, et le
croiseur français Lapérouse sont accourus
sur les lieux.
Les Terre-Neuviens ayant recueilli l'ap-
pât dont ils avaient besoin étaient partis.
Les français pêchent en ce moment sur les
positions disputéçs.
La dépêche du New-York Herald exprime
la crainte de nouvelles collisions. Les offi-
ciers anglais et français sont, dit-elle, d'une
courtoisie parfaite quandils se rencontrent,
mais il n'en est pas de même d'ignorants
pêcheurs qui peuvent prendre goût à ver-
ser le sang.
GUILLAUME H EN RUSSIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 22 juin. *
L'empereur Guillaume a fait demander
pu tsar de commander personnellement,
kendant les grandes manœuvres de Tsars-
aoë-Sclo, au mois d'août, le régiment d'in-
fanterie russe de Vyborg, dont il est le
colonel honoraire.
Dans nos cercles gouvernementaux, ce-
pendant, on commence à émettre des
doutes sur la réalisation de ce projet de
voyage en Russie, qui n'est pas accueilli
avec beaucoup d'enthousiasme par la cour
de Saint-Pétersbourg.
■^e XIXe SIÈCME se vend a cent.
- Pari* et dans les PépartfmeHt»
CINQ Centimes - Paris et Départements — CINO Centimes
•iIARDI 2 JUIN 1890
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Téléphone : 20.289 bit.
LES DÉPARTEMENTS
-
i.
Nous ayons exposé, voici quelques
jours, l'intéressante proposition dont
M. Hovelacque a pris l'initiative. Le
député de la Seine estime que la cen-
tralisation qui, depuis l'an VIII, pèse
sur ce pays doit à bref délai disparaî-
tre. Il a conçu tout un plan d'organi-
sation administrative fondé sur des
principes diamétralement opposés à
ceux qui sont auj ourd'hui en hon-
neur.
Le projet a soulevé de vives objec-
tions; il a provoqué de chaudes ap-
probations. Mais, approuvée ou blâ-
IDée, l'idée, à coup sûr, venait à son
heure. Elle était, comme on dit, dans
l'air.
Nous en trouvons la preuve dans
une proposition que formulait, pres-
que en même temps que M. Hove-
lacque , M. Beauquier, député du
Doubs. Plus restreinte que la pre-
mière, elle ne vise que la réduction
du nombre des départements. Elle
laisse de côté les questions qui s'y rat-
tachent de l'organisation cantonale,
de la suppression des arrondisse-
ments, des attributions des corps élec-
tifs.
Il n'est pas sans intérêt, d'ailleurs,
de serrer de près cette question de la
diminution du nombre de nos gran-
des circonscriptions administratives.
Son succès, dont il ne convient pas de
dissimuler les difficultés, serait, à n'en
pas douter, le point initial de profon-
des modifications.
Le nombre de nos départements a
été tout d'abord de 83, en mars 1790,
pour monter sous l'empire jusqu'à
110 et redescendre définitivement à
86 en 1815.
La division poussée à l'extrême
qu'effectua l'Assemblée constituante
fut le résultat d'une conception poli-
tique très nette, très réfléchie et, à ce
moment, très justifiée..
ci Il faut, disait Mirabeau, multiplier
le nombre des départements, parce
qu'après avoir aboli les prétentions et
les privilèges, il serait imprudent de
laisser une administration qui pour-
rait offrir des moyens de les repren-
dre. Il n'y aura plus diverses nations
dans le royaume ; il n'y aura que des
Français. »
La prophétie du grand orateur s'est
aujourd'hui réalisée. L'unité politi-
que et morale de notre pays est com-
plètement faite. Le motif a donc dis-
paru qui fit alors adopter la division
conservée jusqu'à nos jours, La se-
conde raison mise en avant par nos
pères pour accomplir cet émiettement
administratif se tourne aujourd'hui en
faveur du système que soutient M.
Beauquier.
La voici, telle que la formulait alors
Thouret : « Dans l'état de nos com-
munications, l'intérêt des gouvernés
exige que le district de chaque admi-
nistration soit mesuré de manière
qu'elle puisse suffire à tous les objets
de surveillance publique et à la
prompte exécution des affaires. »
Et Target : « En divisant le terri-
toire en plus de quatre-vingts parcel-
les, nous avons voulu que, de tous les
points du département, on puisse ar-
river au centre de l'administration en
une journée de voyage. »
Quand les politiques de la Consti-
tuante s'exprimaient en ces termes,
le chemin de fer n'existait pas, ni le
télégraphe électrique, ni le téléphone.
Auj ourd'hui, en partant des mêmes
prémisses que nos pères, nous arri-
vons à des conclusions toutes diffé-
rentes. C'est la remarque que faisait
très justement un ancien fonction-
naire, cité par M. Beauquier : « Il y a
cinquante ans, lorsqu'il n'existait au-
cune voie sérieuse de communication,
la centralisation administrative ne
laissait rien à désirer, et vous comp-
tiez en moyenne un traj et de six heu-
res entre votre centre administratif et
les sous-centres. Pourquoi ne pas ré-
tablir aujourd'hui ce trajet de six
heures de chemin de fer entre le chef-
lieu et la sous-préfecture? Vous ob-
tiendrez ainsi le périmètre d'un nou-
veau département qui en bsorbera
quatre ou cinq anciens. »
La réduction du nombre des dépar-
tements aurait, d'ailleurs, un double
résultat également heureux. Elle dimi-
nuerait dans une large mesure l'état-
major des gros fonctionnaires qu'on
retrouve dans chaque chef-lieu.
On réaliserait par ce moyen des éco-
nomies qui ne sont pas à dédaigner.
On pourrait aussi, en réduisant le
nombre de places inutiles dont dis-
pose l'Etat, améliorer la situation des
fonctionnaires utiles.
La réforme, certes, est souhaitable.
Cela ne veut pas dire qu'elle sera bien-
tôt Mcolnplie. M. Beauquier ne se fait
pas d'illusion sur les difficultés que
l'intérêt local, si puissant surtout avec
fie scrutin d'arrondissement, opposera
à la réalisation de ses vœux.
^Moius audacieux que M. lloxeiac-
•
que, il ne se hasarde pas à esquisser
lui-même la nouvelle carte administra-
tive de la France. Il se borne à un pro-
jet de résolution, à une invitation
au gouvernement. Puisse-t-elle être
entendue !
A. Millerand
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
LE TRAITÉ ANGLO-ALLEMAND
La réaction s'accentue
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 22 juin.
Dans les cercles officiels, on est vivement
ému d'un article de la Badische Landes-
Zeitung, organe inspiré par le grand-duc
de Bade, qui raille le traité anglo-allemand,
le déclare une immense duperie pour l'Al-
lemagne, et propose qu'en souvenir perpé-
tuel on fasse don de l'île d'Helgoland à
l'auteur du traité.
Cet article, visant l'empereur lui-même,
est un signe des temps. Les princes confé-
dérés affichent, depuis la chute de Bis-
marck, une opposition qui croit chaque
jour. C'est ainsi que le roi de Wurtembqrg
n'a pas voulu inviter l'empereur aux fêtes
qui vont avoir lieu à Ulm.
LES ITALIENS EN AFRIQUE
A Zanzibar. — Au Soudan
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 22 juin.
Des dépêches de Zanzibar annoncent que
le représentant de l'Italie a obtenu du sul-
tan la concession des douanes de Kijrnato,
Merka, Brava, Mogodago et Uarshetti sur la
côte des Somalis.
Le général Dal Verme, de retour du
Caire, a eu un long entretien avec M. Crispi.
On continue à parler d'une action combinée
avec l'Angleterre au Soudan.
LES NIHILISTES ET LE TSAR
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 22 juin.
On raconte, dans le monde de la cour, que
le tsar a trouvé sur son bureau une lettre
lui annonçant une nouvelle action. des ré-
volutionnaires russes contre son pouvoir
absolu.
Cette communication était signée : « Le
Comité pour la libération du peuple russe. »
DRAME DE L'ADULTÈRE
Dans la presse italienne
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 22 juin.
Un drame terrible vient de jeter la cons-
ternation à Bergame.
Le publiciste Bocacci, directeur de la
Gazette provinciale publiée dans cette ville,
ayant surpris sa femme en flagrant délit
d adultère, a tiré sur l'amant.
Une lutte s'engagea entre cet homme et
le mari.
Bocacci reçut cinq blessures, dont une
très grave, mais son adversaire a été tué.
Mme Bocacci refuse de dire le nom de
cet homme. Il s'était déguisé en marchand
ambulant pour venir au rendez-vous où il
a trouvé la mort.
LES BRUITS
D'ALLIANCE FRANCO-RUSSE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 22 juin.
La Gazette de Magdebourg a reçu une
correspondance très importante de Saint-
Pétersbourg, qu'elle publie sous ce titre :
« Alliance franco-russe ».
Il y est dit que M.Tatischeff, l'ancien con-
seiller d'ambassade à Vienne, vient, dans
un entretien avec le rédacteur en chef du
journal Russki Wiestnick, de donner l'assu-
rance que cette alliance est actuellement
un fait accompli et a déclaré qu'il en avait
des preuves formelles.
LES
ALLEMANDS EXCLUS DE L'ARMÉE RUSSE
(D2 NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 22 juin.
Le ministre de la guerre prépare, par or-
dre de l'empereur, un décret qui interdit à
l'avenir l'entrée de tout étranger dans l'ar-
mée russe.
Cette mesure, qui met fin à une tradition
séculaire, a été motivée par ce que l'on
peut appeler la trahison de ce colonel alle-
mand qui, après quinze ans de service com-
me officier dans l'armée russe, et après être
arrivé au commandemept du régiment de
Preobrajensky, de la garde impériale, est
passé dernièrement au service de l'Alle-
magne et est entré d'emblée dans une
haute position à l'état-major général de
Berlin auquel il a apporté les fruits de
son expérience acquise au service da la
Russie.
ÉPIDÉMIE DE DIPHTÉRIE
EN ITALIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, S2 juin.
On est très inquiet de la situation sanitaire
de Milan.
Depuis quinze jours, il a été constaté dans
cette ville 62 cas de diphtérie, dont 36 se
sont terminés fatalement.
L'ANNIVERSAIRE DE WATERLOO
Contre-manifestation aux cris de
« Vive la France! »
(D'UN CORRESPONDANT)
Bruxelles, 22 juin.
Aujourd'hui a eu lieu la manifestation-
du 75° anniversaire de Waterloo. Deux
cents manifestants environ y ont pris part.
Ils ont été accueillis par la foule à coups de
sifflets et aux cris de : Vive la France !
A la gare de Braine-L'Alleux, où ils s'é-
taient donné rendez-vous, plusieurs ora-
teurs ont pris la parole et ont déclaré qu'ils
ne voulaient pas faire acte d'hostilité en-
vers la France.
Le reste de la iourte £ est ça.ssé sans in-
cident *
M. CHRISTO PH lE
CONVERSATION AVEC LE GOU-
VERNEUR DU CRÉDIT FONCIER
Rapport des inspecteurs. — Ce que
répond M. Christophle. — Il se
défendra jusqu'au bout. —
M. Rouvier responsable.
Le journal le Temps a publié hier soir ul
note suivante qui lui aurait été communi-
qué, assure-t-on, par le ministre des finan-
ces, M. Rouvier :
Ainsi que nous l'avons indiqué hier, la der-
nière séance du conseil des ministres a été
consacrée à peu près entièrement à l'audition
du rapport des inspecteurs des finances en-
voyés au Crédit foncier de France.
M. Rouvier a donné lecture de ce rapport,
qui passe en revue toutes les opérations du
Crédit foncier et entre parfois jusque dans les
détails les plus minutieux sur la gestion de
cet établissement.
Le rapport commence par rappeler l'objet
de l'institution. Le Crédit foncier de France a
été créé pour « prêter sur hypothèque aux pro-
priétaires d'immeubles des sommes rembour-
sables soit à long terme par annuités, soit à
court terme, avec ou sans amortissement. »
Il peut également faire des prêts « aux dé-
partements, aux communes et aux associations
syndicales, avec ou sans affectation hypothécaire,
des sommes qu'ils auraient la faculté d'em-
prunter ».
Le Crédit foncier est donc constitué essen-
tiellement en vue d'opérations spéciales, limi-
tées; ce n'est pas un établissement de crédit
ordinaire.
Or, suivait le rapport des inspecteurs, l'es-
prit de l'institution aurait été quelque peu
mis en oubli, et le Crédit foncier se serait li-
vré à des opérations qui lui donnent le carac-
tère d'une maison de banque générale,
D'autre part, dans les opérations stricte-
ment statutaires, toutes les précautions re-
quises n'auraient pas toujours été rigoureu-
sement observées.
Le rapport cite un cas de prêt hypothécaire,
consenti d'abord jusqu'à concurrence d'une
somme de 500,000 francs, élevé successivement
jusqu'à 1 million, et qui aurait excédé la pro-
portion fixée par l'article 53 des statuts, qui
stipule que « le montant du prêt ne peut dé-
passer la moitié de la valeur de l'immeuble
hypothéqué » et qu'« il est au plus du tiers de
la valeur pour les vignes, les bois et autres
propriétés dont le revenu provient de planta-
tions
Le Crédit foncier se serait vu contraint de
reprendre l'immeuble reçu en gage. Mais le
rapport ajoute que, mis ultérieurement en lo-
cation, il a produit un revenu supérieur au
montant de l'annuité due au Crédit foncier.
Le rapport consacre une analyse étendue à
une opération importante conclue par le Cré-
nit foncier avec la Rente foncière. Il s'agit d'un
prêt global de 78 millions, qui aurait prêté à
une triple critique.
Les inspecteurs constatent que, lors de la
conclusion de l'opération, le contrat n'a pas
été passé en la forme authentique, et ils pré-
tendent que cette inobservation d'une forma-
lité légale était de nature à compromettre le
gage du Crédit foncier. *
Un avis spécial aurait été donné à ce sujet
à qui de droit avant l'opération et l'on aurait
néanmoins passé outre.
M. Christophle répond que le prêt critiqué
a été consenti à une époque où la juris-
prudence de la cour de cassation était va-
riable et où la cour suprême avait rendu
des arrêts contradictoires sur la matière.
Mais, la jurisprudence de la cour de cassa-
tion étant devenue depuis définitive, dans le
sens du défaut de validité d'emprunt sur
hypothèque pour les contrats non authen-
tiques, la situation a été immédiatement ré-
gularisée.
La deuxième observation porte sur l'exagé-
ration du prêt consenti dans ces conditions.
La valeur des immeubles donnés en gage pour
78 millions par la Rente foncière aurait été à
peine supérieure à 100 millions.
Enfin, cette situation aurait été aggravée
encore par ce fait que, les annuités dé l'em-
prunt étant restées en souffrance, le Crédit
foncier les aurait ajoutées au capital prêté,
élevé ainsi à 83 millions.
Les inspecteurs s'occupent ensuite de l'af-
faire Bex. Ils semblent exprimer un regret au
sujet de cette opération de reports, mais ils
constatent qu'elle n'a causé aucun préjudice
au Crédit foncier.
Toutefois, disent-ils, une réclamation est en-
core pendante, et il y a lieu de réserver tout
jugement définitif jusqu'à ce qu'elle ait reçu
une solution.
Le rapport aboutit a cette conclusion :
La situation du Crédit foncier de France est,
au point de vue de la solidité, au-dessus de
toute discussion. Le crédit de l'établissement
offre toute sécurité.
Mais ce crédit serait, suivant l'appréciation
des inspecteurs, plus élevé encore qu'il ne
l'est, si les défectuosités qu'ils signalent dans
la gestion de l'établissement n'avaient pas
existé.
Ajoutons que, dès hier, et conformément à
l'avis exprimé par le conseil des ministres,
M. Christophle a reçu communication, par le
ministre des finances, du rapport des inspec-
teurs.
Le gouverneur du Crédit foncier va for-
muler sa réponse à ce rapport, et il la trans-
mettra à M. Rouvier, qui en saisira le conseil
des ministres.
C'est seulement après ce complément de l'en-
quête, que le conseil des ministres pourra
prendre telles décisions que la situation aura
paru comporter.
Tandis que cette note était communi-
quée au Temps par le ministre des finances,
on nous annonçait que M. Christophle était
démissionnaire et que le conseil des minis-
tres, dans sa réunion de mardi prochain,
lui donnerait un successeur.
Si autorisée que fût la source de cette in-
formation, le XIXo Siècle) fidèle à ses habi-
tudes, a voulu la contrôler auprès de la
personne la plus intéressée. Nous sommes
donc allé demander à M. Christophle ce
qu'il y avait de vrai dans le bruit répandu
dans le monde officiel au sujet de sa dé-
mission.
M. Christophle ne démissionnera pas
— Mais démentez, démentez formelle-
ment, nous a-t-il dit, ces nouvelles inté-
ressées. Leur origine est probablemçnt
toujours la même. Elles viennent toutes
d'un certain clan de spéculateurs à la
baisse, dont vous connaissez les manœu-
vres aussi bien que moi.
J'ai dit, et je suis heureux de pouvoir
répéter hautement encore que jamais, au
grand jamais, je ne donnerai ma démis-
sion.
Je lutterai jusqu'au bout, convaincu qu'en
me défendant, ou plutôt qu'en défendant
ma gestion, je défends les intérêts du Cré-
dit foncier- lui-même.
— Et comptez-vous envoyer bientôt à
M. Rouvier votre réponse au rapport des
inspecteurs des finances?
— Soyez tranquille, il ne me faudra pas
six semaines pour exposer la situation du
Crédit foncier et pour établir, d'accord
avec les inspecteurs des finances, que « le
crédit de l'établissement est au-dessus de
toute discussion ».
Je compte avoir terminé ce travail de
façon à ce que M. le ministre des finances
puisse en donner lecture au conseil des
ministres de mardi.
Sinojij ce sera pour jeudi, au plus tard.
— Et que pensez-vous du rapport? Vous
devez pouvoir nous en dire un peu plus
long que la note du Temps?
- C'est possible; mais, si vous le voulez
bien, nous nous en tiendrons à ce qui a
été publié, et qui résume a peu près toutes
les critiques formulées contre la gestion
du Crédit foncier.
Ces critiques, vous avez dû vous en ren-
dre compte, ne sont pas bien sérieuses, et
je dois ajouter qu'elles ne sont pas fon-
dées.
Il ne me sera pas bien difficile de les ré-
futer dans la réponse que je vais adresser
à M. Rouvier; mais ce qui est curieux,
c'est qu'en les réfutant, je prendrai la dé-
fense de M. Lévêque.
— Comment cela ?
— Eh ! oui : les soi-disant irrégularités
relevées par les inspecteurs des finances
relôventduservicede M. Lévêque. Elles
concernent toutes des affaires de prêts, qui
étaient confiées aux soins de M. Lévêque.
M. Le Guay, lui, n'a dans ses attributions
que la partie financière de la maison, et je
n'ai point vu qu'elle ait été l'objet d'aucune
observation.
C'est donc, comme vous le voyez, la dé-
fense de M. Lévêque que je vais prendre.
Cette défense, je la prendrai avec d'autant
plus de plaisir que les critiques ne sont
point justifiées et qu'il s'agit seulement
de rétablir la vérité.
— Mais qu'est-ce que c'est au juste que
cette affaire de la Rente foncière?
— L'affaire n'a pas été mauvaise, puisque
nous avons été payés de toutes nos annui-
tés ; mais les inspecteurs des finances la
considèrent comme antistatutaire.
Ils font, en cela, une erreur considé-
rable ; ils ont confondu les règles aux-
quelles le Crédit foncier est soumis pour
son capital-obligations, avec celles aux-
quelles il est soumis pour son capital-ac-
tions.
Pour le premier, il est astreint, en effet,
à des règles toutes particulières déter-
minant à l'avance les conditions de ses
opérations. C'est ainsi qu'il est interdit de
prêter sur un immeuble plus de la moitié
de sa valeur. ?
Il n'en est pas de même pour le capital-
social et pour le capital-réserve, qui se
monte aujourd'hui à 130 millions.
L'un et l'autre forment un capital d'en-
viron 300 millions, dont nous pouvons dis-
poser comme une société de crédit quel-
conque.
Ainsi, par exemple, je suppose qu'il y ait
à Paris un lot d'immeubles sur lesquels on
veut emprunter 20 millions. L'estimation
fixe leur valeur réelle à 30 millions. L'é-
cart de dix millions est plus que suffisant,
vous en conviendrez, pour nous mettre à
l'abri de tout danger.
Eh bien, l'opération, si avantageuse
qu'elle puisse être, nous est interdite avec
notre capital-obligations. Mais elle nous est
permise avec notre capital social ou notre
capital-réserve.
C'est ce qui s'est passé pour la Rente fon-
cière.
— Et ce prêt de 500,000 francs qui se se-
rait élevé successivement jusqu'à un mil-
lion ?. ne serait pas Chenonceaux?
— Oh ! non; assurément non.
— Alors, à quoi est-il fait allusion?
— Ma foi, je vous avoue sincèrement que
je n'en sais absolument rien.
Le rapport signale l'affaire sans la citer,
et il y a tant et tant de prêts de 500,000 fr.
au Crédit foncier, que je ne peux pas les
avoir présents tous a la mémoire pour sa-
voir celui dont il s'agit.
Il m'est alors impossible, en ce moment,
de dire si la critique formulée à cet ég , •*'}
est fondée ou non. En tout cas, l'affaire il
trop peu considérable pour qu'on puisse y
attacher une grande importance.
Quanta l'affaire Bex, on reconnaît qu'elle
ne nous a causé aucune perte.
Vous avouerez qu'il n'y a dans tout cela
rien de bien grave, et que nous aurions
tort de nous inquiéter outre mesure dès
bruits malveillants qu'on répand contre
nous.
Nos adversaires eux-mêmes ont d'ailleurs
été obligés de reconnaître que le Crédit
foncier est dans une situation excellente,
Alors, pourquoi en attaquer la ges-
tion ?
La responsabilité de M. Rouvier
Telles sont les explications qui nous ont
été fournies par le gouverneur du Crédit
foncier. Nous les reproduisons sans les dis-
cuter.
No -,, s les ferons suivre d'une simple re-
marque :
Si les faits révélés par l'enquête sont tels
qu'ils doivent amener la démission ou la
révocation de M. Christophle, il semble
qu'ils doivent entraîner également la re-
traite du ministre des finances, dont la res-
ponsabilité dans cette affaire est absolu-
ment engagée.
Il ne faut pas oublier qu'a la fin du mois
de mars, M. Lévêque, sous-gouverneur du
Crédit foncier, se rendait auprès de M. Rou-
vier, ministre des finances, pour appeler
son attention sur certains actes accomplis
en violation formelle des statuts. Que fai-
sait M. Rouvier? Il reconnaissait que les
statuts avaient été violés et qu'il était né-
cessaire que le gouvernement intervînt.
Puis, à quelques jours de là, le 12 avril, il
écrivait à M. Christophle une lettre ren-
due publique, qui se terminait par ces
mots : « Vous n'avez jamais cessé d'avoir
la confiance du gouvernement, je tiens à
vous en donner ici le témoignage.
Au commencement de mai, M. Levêque
adressait au ministre des finances une let-
tre de démission longuement motivée, ap-
pelant de nouveau l'attention du gouver-
nement sur une série de faits qu'il consi-
dérait comme antistatutaires et qu'il énu-
mérait.
Que fait M. Rouvier? Il accepte la démis-
sion de M. Levêque et refuse de procéder à
ucune espèce d'enquête.
Pour que M. le ministre des finances s'é-
meuve il a fallu : 1° l'interpellation d'un
député boulangiste, M. Laur; 2° un vo'e
formel de la Chambre ordonnant implici-
tement une enquête, malgré les efforts de
M. Rouvier.
On a dit que, hiérarchiquement et au
point de vue politique, il n'était pas permis
aux inspecteurs des finances d'avoir une
autre opinion que celle du ministre des fi-
nances. Nous n'admettons pas cette hypo-
thèse. Avec tout le public nous avons de-
mandé que l'enquête fût sérieuse. Nous
sommes convaincus qu'elle l'a été.
Mais ce qui est certain, c'est que M. Rou-
vier voudrait aujourd'huise laver les mains
de tout ce qui s'est passé au Crédit foncier.
Cela ne peut pas être. Si des actes répré-
hensibles ont été commis, le ministre qui
les a laissé commettre doit, avec leur au-
teur, en supporter la reaçoasabiUté,
CHRONIQUE
Il vient de paraître, dans un des jour-
naux du matin les plus lus des Parisiens,
un article où l'on conte au public ma fa-
çon de vivre, mon installation, mes habi-
tudes, mes goûts, mes tics, que sais-je
encore ? Si j'en parle au XIXe Siècle, ce
n'est pas du tout que j'aie à me plaindre.
L'article m'a paru en son ensemble fort
courtois, et l'auteur est un galant homme
qui a su garder avec beaucoup de tact la
mesure qu'il convient d'observer en ces
sortes d'informations. Les erreurs qu'il
a commises ne sont pas de celles qui
tirent à conséquence, et vous pensez
bien que je n'userais pas mon encre à les
rectifier.
Je voudrais, à ce propos, traiter une
question plus générale.
Quand le jeune homme qui s'est chargé
de donner à son journal une série d'arti-
cles de ce genre s'est présenté chez moi,
m'expliquant le motif de sa visite, je l'ai
reçu avec le plus de cordialité et de bonne
grâce que j'ai pu. Il n'était pas un in-
connu pour moi. Car il était déjà venu
deux fois à la maison m'interviewer sur
des sujets à l'ordre du jour; j'avais lu le
lendemain le compte rendu qu'il avait
fait de la conversation, et je lui avais su
gré de la fidélité spirituelle avec laquelle
il avait résumé notre entretien. Ce n'est
pas un métier commode que celui d'in-
terviewer; il y était passé maître et l'on
pouvait se fier à lui.
— Mon Dieu ! lui dis-je, quand il m'eut
appris ce que cette fois il attendait de
mon obligeance, je ne demande pas
mieux que de vous livrer tous ces détails
de vie intime. Mais, sérieusement, qui
voulez-vous qu'ils intéressent ?
Même quand il s'agit d'hommes comme
Victor Hugo ou Renan, il y a un peu de
badauderie à s'inquiéter de l'heure habi-
tuelle de leur déjeuner, et du menu de
ce déjeuner, et du nombre des convives
qui s'asseyent autour de la table. Mais
on comprend jusqu'à un certain point
que l'on ait la curiosité de savoir com-
ment de si grands hommes ont ar-
rangé leur vie domestique; mais moi,
mais ceux que vous prendrez après moi,
qu'est-ce que ça peut bien faire au public
de savoir comment nous mangeons, digé-
rons travaillons et dormons?
J'admettrais encore qu'un homme qui
a longtemps vécu dans la familiarité d'un
écrivain célèbre, traçant de lui un por-
trait fidèle, y fît entrer quelques-uns de
ces détails intimes. Pourquoi ? Parce qu'il
choisirait ceux qui sont réellement signi-
ficatifs, ceux où se marque le caractère,
ceux qui sont comme un trait de plus
ajouté à la peinture et complètent la res-
semblance. Mais vous, mon cher con-
frère, vous allez verser pêle-mêle tous les
renseignements que vous pourrez recueil-
lir en une demi-heure, au hasard de la
visite. Les trois quarts n'auront aucun
intérêt parce qu'ils n'auront aucune si-
gnification, et quelques-uns même seront
très faux, parce que d'un détail acci-
dentel vous ferez,sans le vouloir,un détail
typique.
Tenez ! il y a trois ou quatre ans, un
de mes bons amis, Degron, qui avait été
longtemps drogman au Japon où il vient
de retourner avec une mission du gou-
vernement, m'avait prié de donner du-
rant quelques semaines l'hospitalité à un
meuble qu'il avait rapporté de là-bas, et
qui était un des plus achevés spécimens
du vieil art japonais. Ce meuble fit l'ad-
miration de tous ceux qui venaient fami-
lièrement chez moi, et quelques amateurs
qui en avaient entendu parler me rendi-
rent visite, à seule lin de le voir. Degron,
quand il fut installé chez luireprit son
meuble, il n'en fut plus question à la
maison. J'avais oublié cet incident lors-
que, l'année dernière, ouvrant je ne sais
quel journal illustré, j'y luque j'étais de
la secte des japonisants, que je me plai-
sais à rassembler chez moi les merveilles
de cert art cher aux Goncourt. Où dia-
ble a-t-il pris cela? me demandais-je;
car je n'ai pas le goût du bibelot et je ne
m'y connais pas.
Il est bien probable que l'auteur de
l'article était venu chez moi à l'époque
où ce meuble était en garde dans mon
cabinet ; il en avait conclu que j'étais un
fervent des japonaiseries. Ce sont là des
erreurs inévitables quand on parle un peu
au hasard de gens avec qui l'on n'a point
vécu, que l'on ne connaît pas à fond.
Et tandis que j'étais lancé, je lui contai
une autre histoire aussi probante.
J'étais chez les frères Saint-Jean-de-
Dieu, où j'avais subi l'opération de la ca-
taracte, et je me remettais lentement,
vivant dans les tènèbres, un bandeau
noir sur les yeux. Cette aventure avait
fait quelque bruit, et les reporters étaient
venus prendre un interview. On com-
prend que je ne fusse pas trop en train
de causer, et je ne répondais que par
monosyllabes. Ils ne voulaient pas avoir
perdu leur temps. Ils firent la descrip-
tion de ma chambre : sur la cheminée, il
y avait une pendule et des flambeaux ; à
droite, un lavabo, etc., etc. On me lisait
le lendemain ces descriptions. Comme je
n'étais pas en humeur de rire, je les
trouvais plus fades encore et plus inu-
tiles qu'elles n'étaient.
— Faut-il, pensais-je, que l'on croie à
la niaiserie du public pour lui conter ces
balivernes ! Quel plaisir y peut-il trou-
ver?
About vint, lui aussi, et le lendemain,
dans ce même XIXe Siècle où j'écris
encore aujourd'hui, il publia un ar-
ticle étincelant d'esprit, qui fut repro-
duit par tous les journaux de province.
Il n'avait pourtant fait, comme les ca-
marades, que décrire l'aspect des lieux ;
mais comme il me savait à fond, il m'y
avait replacé, et tous ces détails s'aui
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- -
maient de la vie même et des sentiments
de la personne qui se trouvait y habiter.
Les détails n'ont par eux-mêmes aucun
intérêt; ils ne valent que par le peu
qu îls refletent de l'âme et de l'existence
de la personne à laquelle ils s'appliquent.
PronlCnez-vous,disais- je à mon jeunehom-
me, à travers les chambres, et prenez
toutes les notes qu'ils vous plaira. Je ne
veux point du tout gêner votre besogne;
mais, croyez-le bien, la description d'une
maison ne peut plaire que si elle conte
1 homme qui y vit, et encore faut-il que
cet homme soit de ceux qui méritent
d occuper l'attention publique.
Vous me faites un honneur dont je ne
suis guère digne. Ma vie est la plus sim-
ple et la plus unie du monde. Je passe
mes journées à mon bureau et mes soi-
rées au théâtre.Quand vous aurez dit cela
vous aurez tout dit, car il n'y a pas autre
chose dans mon existence. Cela ne vaut
guère la peine d'être dit.
Je lui parlai longtemps sur ce ton, le
priant, non pour moi, mais pour lui,
pour ses lecteurs, de renoncer à son pro-
jet. Il m'écoutait en secouant la tête ; son
siège était fait.
- Ça amuse le publie, me disait-il d'un
air convaincu.
Et qui sait ? il avait peut-être raison î
Oui, il y a en ce moment chez le public,
chez une grande partie du public tout au
moins, une curiosité qui ne s'attache
qu'aux menus faits insignifiants, aux
petits détails de la vie extérieure, aux
vains commérages qui passaient autre-
fois pour être le pâture des seuls con-
cierges.
On ne s'inquiète pas de savoir ce que
pense M. Renan, mais ce qu'il mange.-
On ne lit pas ses livres, on ne cherche
pas à en pénétrer l'esprit: on le suit
dans tout le détail de sa vie et c'est à
peine si on le quitte au seuil de la garde-
robe.
On a trouvé pour ces minuties accu-
mulées sans choix ni règle un mot so-
nore : ce sont des documents humains.
Quelle drôle d'idée d'appeler documents
humains des documents (puisque docu-
ments il y a) qui n'apprennent absolu-
ment rien sur l'homme à qui ils se' rap-
portent !
Il y a de la mode dans ce goût singu- *
lier, et c'est ce qui m'en console, car les
modes en France ne durent guère, sur-
tout si elles sont ridicules,et il faut espé-
rer que celle-là passera vite.
Francisque Sarcey.
LES PÊCHERIES DE TERRE-NEUVE
- -
Opposition officielle de la colonie. -
Une adresse du Parlement local.
(D'UN CORRESPONDANT)
Saint-John (Terre-Neuve), 22 juin.
Une adresse à la reine a été définitive-
ment adoptée par les Chambres législatives
de Terre-Neuve.
Elle déclare qu'il n'existe aucune loi per-
mettant aux Français d'établir des comp-
toirs de homards ou empêchant les natio-
naux anglais d'exercer leurs droits de
pêche, y compris tous droits relatifs à l'in-
dustrie des homards, sur toute la côte.
Si donc les forces navales anglaises ou
françaises maintiennent les comptoirs de
homards français ou empêchent les comp-
toirs anglais, l'emploi de ces forces est sans
sanction, et probablement poussera les Ter-
re-Neuviens à des actes de représailles.
L'adresse nie que la question de l'indus-
trie des homards puisse être l'objet d'un
arbitrage et déclare que les primes fran-
çaises constituent une violation de l'esprit
des traités.
L'adresse demande l'éloignement des
comptoirs de homards français, repousse
toute sanction du modus vivendi par le
gouvernement et réclame pour les lois ré-
glant la pêcherie la sanction royale jusque
présent refusée.
.-' Bataille de pêcheurs
New-York, 22 juin.
Le New- York Herald a reçu de la baie d&
Saint-George une dépêche d'après laqu-elle
les équipages d'une vingtaine de bateaux,
tant français que terre-neuviens, soit envi- «p
ron 200 pêcheurs, en sont venus aux mains
à Port-au-Port, dans la partie sud-ouest du
French shore.
On s'était disputé les places les plus avan-
tageuses pour la pêche de l'appât.
Dans la rixe, il n'a été fait usage ni d'ar-
mes à feu ni de couteaux, mais de bâtons,
d'avirons, de gaffes, etc.
Personne n'a été tué, mais il y a eu des
membres cassés.
Les Français, qui d'abord avaient eu le
dessus, ont dû, dit la dépêche, céder de-
vant le nombre supérieur de leurs adver-
saires.
Aussitôt prévenus de l'échauffourée, le
Pélican, de la marine britannique, et le
croiseur français Lapérouse sont accourus
sur les lieux.
Les Terre-Neuviens ayant recueilli l'ap-
pât dont ils avaient besoin étaient partis.
Les français pêchent en ce moment sur les
positions disputéçs.
La dépêche du New-York Herald exprime
la crainte de nouvelles collisions. Les offi-
ciers anglais et français sont, dit-elle, d'une
courtoisie parfaite quandils se rencontrent,
mais il n'en est pas de même d'ignorants
pêcheurs qui peuvent prendre goût à ver-
ser le sang.
GUILLAUME H EN RUSSIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 22 juin. *
L'empereur Guillaume a fait demander
pu tsar de commander personnellement,
kendant les grandes manœuvres de Tsars-
aoë-Sclo, au mois d'août, le régiment d'in-
fanterie russe de Vyborg, dont il est le
colonel honoraire.
Dans nos cercles gouvernementaux, ce-
pendant, on commence à émettre des
doutes sur la réalisation de ce projet de
voyage en Russie, qui n'est pas accueilli
avec beaucoup d'enthousiasme par la cour
de Saint-Pétersbourg.
■^e XIXe SIÈCME se vend a cent.
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