Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-06-17
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 17 juin 1890 17 juin 1890
Description : 1890/06/17 (A19,N6728). 1890/06/17 (A19,N6728).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. - No 6,V2b
OINQ Centimes - Paris et Départements - CINQ Centimes
MARDI 17 JUIN 1890
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JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
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A. - EDOUARD PORTALIS
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Prtctin cûtu
Ne vous trompez pas au titre : ce
n'est point d'un problème économi-
que, mais d'une question judiciaire
que je voudrais vous entretenir. La
loi a pris les mineurs sous sa protec-
tion. Elle a institué un ensemble de
garanties dont l'effet doit être de sau-
vegarder les intérêts d'individus que
leur âge et leur situation légale met-
tent dans l'impossibilité de se défen-
dre eux-mêmes.
C'est le but visé. Est-il atteint ? Les
dispositions du Code, certaines au
moins, ne font-elles pas payer beau-
coup trop cher aux mineurs auxquels
elles l'imposent, la protection de
la loi? On l'affirme.
Une proposition de loi qui doit ve-
nir à bref délai en discussion devant
la Chambre, sur le rapport de M. Jac-
ques Piou, apporte à l'état de choses
actuel de sérieuses modifications.
En vertu de certains articles du Code
civil, la vente et le partage des biens
du mineur ne peuvent se faire qu'en
justice, selon des formalités lentes et
surtout coûteuses. C'est devenu un
lieu commun que de signaler les frais
exorbitants par lesquels se traduit,
pour les malheureux qui sont con-
traints d'y avoir recours, une vente
judiciaire.
En vain prit-on en 1880 certaines
précautions pour alléger, dans les
ventes de peu d'importance, le fardeau
des frais. La loi, née de l'initiative de
M. Dufaure, qui fut votée à cette épo-
que, supprime ou atténue bien les
droits d'enregistrement, de timbre, de
greffe ou d'hypothèque.
Mais l'inanité de ces dispositions
ressort clairement d'un coup d'œiljeté
sur la statistique de la justice civile
en France pour 1888.
La moyenne des frais par cent
francs du prix a été :
De 136 francs pour les ventes qui
ne dépassent pas 500 francs. Autre-
ment dit, le prix de l'immeuble ne
suffit même pas à payer les frais. Ja-
mais la fable de l'huître et les plai-
deurs ne fut mieux mise en action".
La moyenne des frais s'élève encore
au taux coquet de .49 93 0/0 dans les
ventes qui ne dépassent pas 1,000 fr.;
la moitié du prix y passe.
Elle est de S5 9h dans les ventes de
1,000 à 3,000 francs; de 15 17 dans
les ventes de â,000 à 5,000. Elle tombe
à 8 97 quand le prix de vente va de
5,000 à 10,000, et à 3 Il au-dessus de
10,000.
Les mineurs qui ont le malheur
d'être propriétaires de petits immeu-
bles paient chèrement, on le voit, le
souci que prend le Code de leurs in-
térêts. Ne pourraient-ils se passer de
tant de sollicitude?
Assurément, répond M. Piou, au
nom de la commission dont il est l'or-
gane. Il est à remarquer d'abord que
ce n'est que la vente des immeubles
que les rédacteurs du Code ont entou-
rée de tant de solennités.
Ils restaient, en ce faisant, fidèles
aux traditions du vieux droit. Les ju-
risprudents de l'ancien régime par-
laient avec quelque dédain de la pro-
priété des choses mobilières. Les so-
ciétés par actions n'existaient pas alors.
La fortune publique et privée se com-
posait, pour la plus grande part, de
biens fonciers.
Ce n'est qu'en 188A que le législateur
a donné au mineur des garanties
pour la vente des meubles incorporels
dont il était propriétaire. Lesquelles ?
Simplement une délibération du con-
seil de famille et, si la valeur de l'ob-
jet en vente dépasse 1,500 francs,
l'homologation du tribunal.
En se contentant de ces deux garan-
ties, la loi n'a fait que suivre le système
général du Code. Le tuteur, en effet,
n'a besoin que de la double autorisa-
tion du tribunal et du conseil de fa-
mille pour emprunter, pour hypothé-
quer, et même, sous la condition de
l'approbation de trois jurisconsultes,
pour consentir une transaction dont
les conséquences peuvent être fort
graves.
Il lui suffit de l'avis des parents pour
répudier une succession comme pour
accepter une donation. Même, depuis
la loi de 18AA, cet avis lui suffit pour
vendre les immeubles du mineur ex-
proprié pour cause d'utilité pu-
blique.
Que ne va-t-on plus loin? Pourquoi
le mineur ne pourrait-il vendre ses
immeubles avec la double garantie
d'une délibération de son conseil de
famille et de l'homologation du tribu-
nal? Une présomption bien forte du
peu d'utilité de la vente judiciaire est
ce qui s'est passé en 1816 en Belgi-
que, et en 1873 en Alsace-Lorraine,
lorsque ces pays eurent été séparés de
la France.
En Belgique, on réduisit les forma-
litép-r dqut l yen te des, imiaçubie^de
mineurs, à l'intervention d'un notairo
et d'un juge de paix. En Alsace-Lor-
raine, on se contente, pour le partage
des biens, de la rédaction d'un acte
public homologué par le tribunal.
Quant à la vente, il suffit que le con-
seil de famille soit unanime à l'autori-
ser, pour que, sans même l'interven-
tion du tribunal, elle se fasse à l'amia-
ble. L'application de ces dispositions
n'a donné lieu, ici ni là, à aucune
espèce de plaintes.
Chez nous, la proposition de loi sou-
lève force récriminations. Les avoués,
dont elle lèse les intérêts, car ils sont
les agents essentiels des ventes judi-
ciaires, dirigent contre elle de nom-
breuses critiques, qui ne sont pas tou-
tes sans fondement. Peut-être, entre
la première et la deuxième délibéra-
tion, la commission parlementaire
pourrait-elle s'en inspirer pour appor-
ter des modifications de détail à son
projet.
Mais y renoncer, pour attendre sous
l'orme la revision totale de la procé-
dure civile, nous n'en sommes point
d'avis. Nous savons ce que devien-
nent , avec notre régime parlemen-
taire, les grands projets, mûrement
élaborés et savamment préparés, qui
doivent changer de fond en comble
toute une partie de la législation.
Nos ambitions sont plus modestes.
On nous propose une réforme utile,
qui peut être réalisée dans cette légis-
lature. Adoptons-la tout d'abord. Nous
verrons ensuite à la compléter.
A. Millerand.
- Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
ÉLECTION SÉNATORIALE
SOMME
Inscrits : 1.3JV7. — Votants: 1,3^3.
MM. Jametel, président du conseil
général, ancien député ré-
publicain 91AElu
Cadot, ancien député, Union li-
bérale AS9
Il s'agissait de remplacer M. Magniez, répu-
blicain, décédé. La dernière élection sénato-
riale dans la Somme a eu lieu le 31 janvier
1836, pour remplacer M. Labitte: M. Frédéric
Petit a été élu par 735 voix contre 5S5 à M. de
Rainneville, candidat réactionnaire.
AGENT PROVOCATEUR
L'affaire des nihiliste
L'affairés des réfugiés russes vient d'en-
trer dans une nouvelle phase.
M. Atthalin comptait communiquer au
parquet, samedi dernier, les pièces de
l'instruction. Mais l'incident qui s'est pro-
duit avant-hier aura, sans aucun doute,
pour résultat de retarder de quelques jours
fa décision du magistrat instructeur.
Un des inculpés a, en effet, déclaré au
cours de son interrogatoire qu'il avait
acquis depuis quelques jours la preuve
qu'il y avait dans l'affaire un agent provo-
cateur, dont il a donné le nom et l'adresse.
Ce personnage venait à son domicile
presque tous les jours. Sa mise, très été,
gante, l'avait fait remarquer des habitants
et du concierge de la maison, qui est si-
tuée dans un quartier pauvre.
Néanmoins, — le fait mérite d'être re-
marqué, — bien qu'il fût encore à Paris la
semaine dernière, il n'avait nullement été
inquiété.
Est-il arrêté à cette heure ? Peut-être; à
moins qu'il n'ait reçu à temps un discret
avis qui lui aura permis de se dérober à
des confrontations gênantes pour lui et
pour ses patrons.
M. LE LIEUTENANT GARCIN
(DE NOTRE CORRESPODAT PARTICULIER)
Rochefort, 15 juin.
Le XIXe Siècle a annoncé récemment
que le lieutenant Garcin, à la suite d'un
acte d'énergie vis-à-vis d'un missionnaire
qui avait fait donner des coups de bâton à
des soldats indigènes, au Tonkin, avait été
appelé devant un conseil d'enquête.
Ce conseil d'enquête, réuni à Rochefort,
vient de prononcer l'acquittement de cet
officier.
On ne pouvait mieux juger.
LE TSAR ET LES NIHILISTES
Brusque départ de Gatchina. — Pré-
cautions contre le nihilisme.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 15 juin. -
La cour de Russie aurait quitté précipi-
tamment le palais de Gatchina,à la suite de
la découverte accidentelle d'une mine qui
devait faire sauter la partie du bâtiment
dans laquelle sont situés les appartements
du tsar.
On parle de nombreuses arrestations. Une
véritable terreur régnerait dans les régions
officielles, à la suite d'informations éta-
blissant la présence dans la capitale, où ils
n'ont pas encore pu être découverts, de
plusieurs individus appartenant au groupe
le plus actif du nihilisme, qui étaient jus-
qu'ici réfugiés à l'étranger.
Certains documents saisis récemment,
lors des arrestations faites à Varsovie, au-
raient prouvé la reconstitution du comité
exécutif nihiliste et démontreraient ses ra-
mifications puissantes en Russie et à l'é-
tranger. ,
On parle également de l'arrestation de
gens appartenant au personnel du château
impérial.
De grandes mesures de surveillance ont
été prescrites aux frontières. Tous les gens
suspects sont soumis à de minutieux inter-
rogatoires.
PI III
L'ANNEXION DE NICE
Nice, 15 juin. — Le département des Alpes-
Maritimes a fêté hier le trentième anniver-
saire de l'allneion de Nice à la France, —
dont le drapeau fut arboré pour la première
fois sur l'a cidatelle niçoise te 1A juin .1860, —
dans un banquet qui a eu lieu le soir, au res-
taurant Ronceray, et où diverses allocutions
JtlotilJ.qes 9;qt él .l?OQllC_ÇSS'!.
LE GRAND-PRIX
LA VICTOIRE DE FITZ-ROYA
Tout-Paris à Longchamps. — Physio-
nomie de l'hippodrome. — Le Pré-
sident de la République au
Grand-Prix. — Une victoire
inattendue.
La passion des courses parait aller sans
cesse croissant. Jamais les divers hippo-
dromes parisiens n'avaient été autant fré-
quentés qu'en cette année 1890, et jamais
Grand-Prix n'a été couru devant une aussi
nombreuse assistance.
A partir de deux heures, la circulation
était quasiment impossible dans l'enceinte
du pesage. On sait pourtant les belles di-
mensions et la disposition si heureuse de
ce pesage de Longchamps.
Hier, il était bondé comme il ne l'est
d'ordinaire que pour la revue du 1 h Juil-
let, c'est-à-dire pour une fête où il n'y a
pas d'entrées payantes et où des invitations
largement distribuées donnent accès dans
l'enceinte réservée.
En présence d'un tel empressement, que
rien ne paraît devoir ralentir, on peut se
demander vraiment — et quelques-uns se
sont déjà posé la question — si nos hippo-
dromes ne vont pas, un beau jour, se trou-
ver notoirement insuffisants pour la foule
qui chaque dimanche les assiège.
Donc, la journée a été brillante entre
toutes et de tous points réussie. Le temps
l'a favorisée d'ailleurs. Au commencement
de l'après-midi, quelques nuages s'étaient
montrés, un peu menaçants peut-être.
Mais, vers les quatre heures — juste au
moment de la course du Grand-Prix — ils
achevaient de se dissiper, ces nuages bien-
faisants qui semblaient ne s'être mon-
trés que pour tempérer l'ardeur du soleil.
Tout en somme s'est passé pour le mieux,
— quoi qu'en puissent penser de nom-
breux parieurs qui ont fait la grimace en
assistant à la victoire de Fitz-Roya, c'est-
à-dire à la défaite des favoris.
Semblable aventure est d'ailleurs maintes
fois arrivée en cette saison qui a fini au
Grand-Prix d'hier, et ceux qui jouent assidû-
ment aux courses,— et qui y jouent cher,-
garderont pour la plupart un assez fâcheux
souvenir de cette année 1800..
La pelouse et le pesage
Mais revenons à la journée du Grand-
Prix.
Est-il besoin de dire qu'hier, plus que
jamais, les voitures de place et de remise
ont fait prime, que les omnibus et les ta-
pissières ont été pris d'assaut, que la gare
Saint-Lazare était envahie dès onze heures
du matin et que les bateaux qui font le
service entre le Pont-Royal et Suresnes
étaient archi-pleins à partir du même mo-
ment ? Tout cela, n'est-ce pas ? est sous-
entendu.
On connaît également l'aspect que pré-
sente la pelouse de Longchamps. Aspect
bariolé, mouvementé et grouillant en dia-
ble, pittoresque et amusant à souhait. Na-
turellement il y a là un extraordinaire
rassemblement de voitures de toutes sor-
tes : le mail élégant et la victoria bien te-
nue y voisinent avec le modeste sapin. Et
sur les sièges ou sur les banquettes de ces
équipages si divers, sont juchés curieux et
curieuses qui, lorgnette en main, suivent
les péripéties des courses.
Si, sur cette pelouse, on entend parler
toutes les langues, si l'on y rencontre les
costumes les plus étranges, si l'on y assiège
les guichets du mutuel et les piquets des
bookmakers, c'est ce que nous vous lais-
sons à penser.
Au pesage également, on parie ferme,
plus cher, sans doute, que sur la pelouse,
mais non pas avec plus de passion.
Nous avons dit tout à l'heure le prodi-
gieux encombrement de l'enceinte et la
difficulté qu'on a de s'y frayer passage.
Pour ce qui est de pénétrer dans les tribu-
nes ou même, plus simplement, de trou-
ver une chaise, impossible, littéralement
impossible.
Les pectacle est d'ailleurs charmant ; les
nuances tendres des toilettes papillotent
de façon tout à fait galante. Comme ils sont
à la fois éclatants et doux à l'œil, tous ces
tons crème, blanc, vert-d'eau, mauve, hé-
liotrope l Le jaune semble dominer avec le
bleu pâle aussi !
Maintenant, serait-ce se montrer bien
avisé que de quitter l'ensemble pour le
détail, que d'aborder la description parti-
culière de tel ou tel ajustement ? Non
peut-être. Outre en effet qu'il faudrait à
cette tâche une compétence supérieure à
la nôtre, nous craindrions de donner ici
une note un peu désenchantée.
Les modes exhibées hier à Lonchamps
nous ont paru moins heureuses que celles
des précédentes années. Ces toilettes sont
trop compliquées pour la plupart, trop
composites, si l' peut ainsi parler. Trop
de broderies aussi et de passementeries,
dont l'éclatante polychromie rappelle un
peu la petite bijouterie orientale. C'est un
ressouvenir — et un souvenir fâcheux —
des E boutiqucs de la rue du Caire et
de l' splanade des Invalides. Comme cha-
peaux, rien de très neuf, rien de très seyant
non plus.
Et maintenant, nous renonçons à don-
ner des noms. Autant vaudrait transcrire à
cette place les nombreux feuillets de ce
commode annuaire qui s'intitule Tout-
Paris.
La tribune présidentielle
Ici, beaucoup d'invités, — et quelques
toilettes d'une simplicité élégante. Il va de
soi que les ministres et les membres du
corps diplomatique sont présents.
Le président de la Républiqne et Mme
Carnot sont arrivés un peu avant trois
heures, au moment où allait être courue la
troisième course, celle du prix Castries.
Assez jolie toilette, celle de Mme Carnot :
robe et corsage vert-d'eau avec plastron
blanc et mantelet blanc et or; comme coif-
fure, une petite capote ornée de fleurs.
M. Carnot a le gilet blanc et le chapeau
gris qui sont de mise en pareille circons-
tance.
L'accueil qu'a reçu le président est tout
à fait sympathique. Après la course du
Grand-Prix, le public du pesage a, suivant
la coutume, envahi la piste et fait une
chaleureuse ovation à M. Carnot, qui a sa-
lué et remercié du geste à plusieurs re-
prises.
Le président a quitté Longchamps vers
quatre heures et demie. Il a pris par l'allée
des Acacias pour rentrer à l'Elysée : c'est
une heureuse innovation, car elle a permis
à la foule considérable qu, comme tous
les ans, attendait le retour du Grand-Prix,
de voir le chef do l'Etat. Les saluts et les
jmte n'ont pas fait défaut à ce dernier sur
tout le parcours qui va du champ de cour-
ses à l'Elysée.
La course du Grand-Prix
De cette course, ainsi que des autres de
la journée, on trouvera d'autre part les
résultats avec le détail technique.
Pour imprévu qu'il fût, le succès de Fitz-
Roya a été très fêté et bruyamment ac-
clamé. Les parieurs étrillés ont eux-mêmes
un instant oublié leur ennui pour s'associer
à l'enthousiasme eausé par la victoire d'un
cheval français.
Les champions étrangers n'étaient pas
nombreux, il est vrai. Il n'y avait qu'un
cheval anglais, mais un cheval italien aussi
était engagé. Il eût fait beau voir que, pour
la première fois depuis 1863, le gagnant du
Grand-Prix fût un cheval italien ! Celui-ci
est arrivé second et c'est encore bien joli, j
Le propriétaire de Fitz-Roya, M. le baron
de Schickler, a été, comme c'est l'usage, très
félicité dans la tribune des sociétaires. Il a
de plus, c'est également l'usage, été appelé
dans la tribune présidentielle pour rece-
voir les compliments de M. Carnot.
Il nous reste à parler de la recette qu'a
encaissée hier la Société d'encourage-
ment. Elle a, nous dit-on, atteint .MX),000 fr.
C'est le plus gros chiffre qui ait jamais été
obtenu. L'an dernier, on n'était guère ar-
rivé qu'à 350,000 fr.; c'était pourtant l'an-
née de l'Exposition.
Quant au pari mutuel, il a reçu la somme
énorme de 2,&Ui,000 fr. Joignez à cela le
montant, impossible à établir, des paris en-
gagés chez les bookmakers, — et vous
pourrez juger si nous avions raison do
parler, au début de cet article, des propor-
tions que prend la passion des courses et
de la place de plus en plus considérable
qu'occupent les réunions hippiques dans
la vie de Paris.
Accidents et arrestations
Aucun accident grave n'est signalé.
Les agents se sont bornés à arrêter deux
pick-pokets, plus une trentaine de joueurs
de bonneteau.
Au dernier moment, on nous apporte la
nouvelle de la mort de M. Boulain, épicier,
à Paris, qui a été frappé d'apoplexie sur la
pelouse de Longchamp.
L'ARMÉE ITALIENNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 15 juin.
Le discours prononcé hier à la Chambre
1 des députés par le général Mattei a produit
une grande impression. Toute la presse
s'occupe aujourd'hui de son violent réqui-
sitoire contre le ministre de la guerre.
Le général Mattei a révélé des faits qui ne
supportent pas de contradiction. Il a dé-
montré par des chiffres les dilapidations
commises dans la fabrication des armes.
Malgré S00 millions dépensés dans ce but,
l'Italie reste inférieure à toutes les puis-
sances européennes.
Il s'est élevé contre l'incapacité des offi-
ciers généraux d'artillerie, a critiqué vive-
ment l'augmentation de l'artillerie, et a dé-
claré que l'Italie était au-dessous des au-
très grandes puissances en ce qui concerne
l'application des nouveaux engins et des
nouvelles théories de guerre.
Parlant des nouveaux crédits votés pour
la défense des côtes, il a dit que ces sacri-
fices n'ont servi à rien. Tout est à recom-
mencer. Passant aux détails, il s'est élevé
contre les continuels changements d'uni-
formes qui cachent d'énormes dilapida-
tions des fonds de l'Etat.
Abordant la question de l'instruction de
l'armée, il a dit qu'elle était inférieure à
tout ce qu'on peut imaginer.
Il s'est élevé avec énergie contre le bon
plaisir qui a présidé aux dernières mises à
la retraite dans le corps d'officiers. Elles
ont créé la méfiance et le découragement,
car, sous prétexte de rajeunir les cadres,
on a renvoyé de l'armée des officiers fort
valides, très capables, tandis que l'on n'a
pas touché à d'autres qui étaient incapa-
bles à tous les points de vue.
Enfin, le général Mattei a déclaré que la
discipline n'existait plus dans l'armée ita-
lisnne, et, en terminant, il a annoncé son
intention de prendre la parole sur tous les
articles du budget de la guerre.
On télégraphie de Bologne qu'un incen-
die a éclaté dans le magasin d'armes de la
direction territoriale de l'artillerie. Les dé-
gâts sont considérables; 30,000 fusils sont
détruits. Ce sinistre serait dû à la malveil-
lance.
L'AFFAIRE DE VSCQ
Beaucoup de bruits pour rien
L'Univers raconte, d'après une lettre qui
lui a été adressée de Langres, une histoire
extraordinaire. D'après cette lettre, voici ce
qui se serait passé vendredi dernier dans
la petite commune de Vicq, dans la
Haute-Marne :
Il s'agissait d'installer une institutrice
laïque dans une maison léguée par un prê-
tre à la commune sous cette condition que
les maîtresses de l'école seraient des reli-
gieuses.
Le seciiétaire général de la préfecture, le
sous-préfet de Langres, l'inspecteur d'aca-
démie, le capitaine de gendarmerie étaient
présents et dirigeaient l'expédition.
La foule s'étant massée devant la maison
d'école pour en interdire l'entrée aux en-
vahisseurs, cinq brigades de gendarmerie
ont été mises en mouvement pour charger.
Les hommes ont résisté; les femmes se
sont couchées par terre pour empêcher
l'accès de la maison. Ce que voyant, des
gendarmes les ont saisies, traînées, frap-
pées.
Enfin, un gendarme, revolver au poing,
a sauté par la fenêtre et, de l'intérieur, a
ouvert les portes, que les serruriers n'a-
vaient pas voulu crocheter.
Voilà ce que raconte l'Univers. En fai-
sant la part de l'exagération, tout se borne
à ceci : Une poignée de cléricaux a essayé
de s'opposer à l'installation d'une institu-
trice. Finalement, force est restée à la
loi.
MBMWWWMI HLLLL II IIII ■ ■■
MAUVAIS SYMPTOMES EN ITALIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 15 juin.
Un avocat de Termini (Sicile), nommé
Purpura, un prêtre du nom de Quatrocchi,
un pharmacien et deux paysans ont été ar-
rêtés, comme complices de la séquestra-
tion du banquier Arrigo, qui n'est pas
même de retour et dont on ignore le sort,
quoique sa rançon ait été versée au lieu
dit.
Le nombre des faillites de sociétés in-
dustrielles, commerciales et financières pen-
dant l'année 1859 est de AAfJ.. -
| CHRONIQUE
Vous avez pu lire cette semaine dans
le journal qu'une jeune fille, Mlle Bil-
cesco, s'était fait recevoir, à toutes houles
blanches, docteur en droit à la Faculté
de Paris. Nous avions déjà des doctoresses
en médecine, qui ont exercé plus d'une
fois la malignité des vaudevillistes. Je
crois que Mlle Bilcesco est la première
femme qui se soit, en France du moins,
présentée aux examens de l'Ecole de
droit.
L'anecdote fort plaisante qui a couru
sur cette séancs en est la preuve. On ne
savait si, pour comparaître devant ses
examinateurs, Mlle Bilcesco devait passer
par-dessus les habillements de son sexe
la toge noire des avocats. La question fut
agitée dans le sanhédrin des professeurs.
Un de ces messieurs lit observer que c'é-
tait un principe du droit français qu'op-
position sur opposition ne vaut. Nous
devons en conclure, ajouta-t-il, que robe
sur robe ne vaut. Cet argument parut
déterminant, et Mlle Bilcesco fut autorisée
à se présenter au tribunal de ses juges
sous le costume féminin. La Faculté de
médecine avait adopté l'autre solution :
Nos futures doctoresses en médecine sont
obligées de passer la robe imposée aux
candidats du sexe masculin.
Voilà donc Mlle Bilcesco pourvue du
grade de docteur ; car elle a, dit-on, fort
brillamment soutenu sa thèse. Le con-
traire m'eût surpris. On est très indulgent
pour les femmes. J'ai eu occasion, en ces
derniers temps, de lire une thèse qu'avait
présentée un jour à la Faculté de méde-
cine une candidate, dont j'aime autant
ne pas rappeler le nom. Dieu sait de quels
éloges on avait comblé ce travail ! quel
bruit on en avait fait dans les journaux.
Nombre de personnes influentes s'inté-
ressaient à cette jeune femme, en sorte
qu'on m'apporta son élucubration, me
priant d'en parler. J'en pris connais-
sance: c'était au-dessous de tout.
J'en fis reproche au médecin qui en
avait pensé m'induire en panégérique.
— Mais aussi, me dit-il en riant, c'est
de votre faute. Qui diable aurait pu s'i-
maginer que vous alliez lire une thèse de
médecine ! On vous demandait quelques
mots de compliment ; avec une femme,
cela ne tire pas à conséquence.
Ce que j'en dis, ce n'est point du tout
pour rabaisser le mérite de Mlle Bilcesco.
Je n'ai aucune raison pour ne pas croire
qu'en effet elle a étonné et charmé l'aréo-
page de ses examinateurs par l'étendue
de son érudition, par la profondeur de ses
aperçus philosophiques, par l'éclat de son
éloquence. Mais je doute que son exemple
suscite beaucoup d'imitatrices. dit-on
imitatrice? Je n'en sais rien. Mais pour-
quoi né le dirait-on pas? Il faudra bien,
puisque les femmes envahissent toutes
les professions des hommes, que nous
nous accoutumions à féminiser une foule
de mots qui n'avaient eu, jusqu'à ce jour,
que des terminaisons masculines. On ne
dit pas encore une attoresse; le mot de-
viendra français sous peu. On dit colla-
boratrice, doctoresse. Comment se fait-
il que, dans ces mots nouveaux, jamais
la terminaison eur ne se féminise en euse?
Nos pères ont pourtant fait le mot far-
ceuse, qui est de la meilleure langue.
Dira-t-on jamais avocate? J'ai peur
que non. Il est permis aux femmes de
suivre les cours de l'Ecole de droit, de
passer les examens, de conquérir les di-
plômes ; mais, pour exercer la profession
d'avocat, il faut être admis par le conseil
de l'ordre et autorisé à prêter serment
devant la cour.
Mlle Bilcesco est hongroise ou rou-
maine, et l'on m'assure que, dans son
pays, il lui sera loisible d'ouvrir un ca-
binet et de plaider. En France, le di-
plôme de doctoresse en droit n'ouvrirait
pas à Mlle Bilcesco le droit de plaider, et
la carrière de l'avocat lui resterait fer-
mée. J'ignore si la question a été soulevée
et tranchée à Paris. Je sais qu'elle s'est
émue à Bruxelles, où elle a été discutée
avec une vivacité extrême.
Je ne me rappelle plus le nom de la
personne qui, en possession de tous ses
diplômes,s'était d'abord adressée au con-
seil de l'ordre, puis à la cour, pour obte-
nir le droit de défendre la veuve et l'or-
phelin. Le nom importe peu. Ce qu'il y a
de certain, c'est qu'après des débats très
passionnés, elle fut déboutée de sa de-
mande. On m'a dit qu'elle avait depuis
ouvert un cabinet de consultations juri-
diques; elle était devenue homme d'af-
faires ou plutôt femme d'affaires.
Il est bien probable que les femmes,un
jour, forceront l'entrée du Palais, comme
elles ont déjà forcé les portes de l'am-
phithéâtre de médecine et des hôpitaux :
c'est une visible tendance de notre siècle
d'admettre peu à peu la femme sur un
pied d'égalité avec l'homme.
Théoriquement, il n'y a pas de bonne
raison à donner contre l'accession des
femmes au métier d'avocat. Du moment
qu'elles ont fait les mêmes études que
les hommes, qu'elles ont subi les mêmes
examens, qu'elles sont pourvues des
mêmes diplômes, il semble qu'il y ait
contradiction à ne pas les laisser jouir,
comme les hommes, des avantages atta-
chés à ces diplômes. On ne peut plus ar-
guer de leur infériorité d'éducation. Il
serait peu galant d'abord, et fort injuste
ensuite, de ne pas les croire capables
d'une probité professionnelle égale à la
nôtre. Elles rasant généralement pour
avoir la langue assez bien pendue.
Sur quel motif s'appuie-t-on pour les
repousser ?
Il n'y * a a point a'autre,â vrai,dire que
la cout me- et l'asage, qu'alléguait jadis
dans h. c' i 'k it pauvre Jean Lapin, ar-
gumcmaiit cumr< la belette. Mais toute
coutume qui n'est fondée que sur un
préjugé P (ATO JeJtaftseas !
la raison des appuis solides, est long-
temps battue en brèche et finit par tom'"
ber en ruines.
Le succès final des femmes en cette
affaire, comme dans toutes les affaires
analogues, est certain, et peut-être même
à plus brève échéance qu'on ne paraît le
penser.
Sera-ce un bien? Sera-ce un mal? #
Ça, c'est une autre question. Je crois
qu au point de vue économique ce sera
un mal. L'intrusion des femmes dans les
professions réservées aux hommes va
contre un des principes les mieux établis
de l'économie politique : l'utilité de la
division et de la spécialisation du tra-
vail.
La lemme a, de par la loi naturelle, un
travail qui lui incombe à elle seule, et
qui prend la meilleure part de son temps
et de ses forces : c'est de mettre des en-
fants au monde et de les élever. C'est là
sa fonction spéciale, celle à laquelle il lui
faut de toute nécessité revenir. Cette fonc-
tion, elle peut aisément la remplir en se
livrant à certains travaux, qui sont de
veiller au ménage, coudre, broder. Mais
si elle aborde des occupations qui exi-
gent un long apprentissage, de fortes
études, une dépense énorme de travail
et de forces, qui, en même temps, la
tiennent sans cesse hors de la maison et
loin des enfants, il est clair qu'elle viola
la loi économique de la spécialisation du
travail et qu'elle fait aux hommes, sur leur
propre terrain, une concurrence qui est
préjudiciable à la société tout entière.
C'est la seule objection sérieuse que je
voie à la mainmise des femmes sur lea
professions masculines. Mais cette objec-
tion n'arrêtera personne. La poussée d'o"
pinion publique est trop forte.
Francisque Sarcey.
INVASION D'ANARCHISTES
Dans son numéro d'hier, VEgalité rendait
compte d'une réunion publique qui avait
eu lieu la veille à la salle du Commerce.
Dans le compte rendu, il était fait men-
tion de quelques assistants qui, ayant in-
terrompu un orateur à la tribune, étaient
traités de « mouchards" par le journal.
Une bande d'anarchistes qui s'étaient crus
probablement visés par cet article s'est
rendue hier aux bureaux du journal pour
y demander des explications.
Nous allons voir comment ils s'y sont
pris :
Hier soir, vers quatre heures, une qua-
rantaine d'individus, parmi lesquels quinze
femmes, entraient dans l'imprimerie, 15,
rue Paul-Lelong.
A la question que leur posa le concierge,
ils répondirent qu'ils venaient connaîtra
les résultats des courses.
Une vingtaine d'entre eux montèrent au
quatrième étage, où se trouvent les bureaux
de l'Egalité.
Il n'y avait à ce moment dans les bureaux
que le pagiste, un jeune homme d'une ving-
taine d'années, et M. E. Odin, secrétaire do
la rédaction.
La bande des anarchistes se rua dans les
bureaux, saccageant tout sur son passage.
M. Odin, qui était dans la salle de rédac-
tion, voulut les empêcher de pénétrer plus
avant, mais il fut tellement bousculé qu'il
dut se réfugier sur le balcon ; là, il fut
empoigné par deux anarchistes qu'il crut
reconnaître pour être les nommés Brunet
et Millet, et qui le blessèrent assez griève-
ment derrière la tête.
Aux cris : « A l'assassin! » poussés par
M. Odin, la bande des envahisseurs eut
peur et dégringola les escaliers, non sans
avoir tout saccagé dans les bureaux.
Dans toutes les pièces, sauf une, tables,
chaises, glaces, tableaux, appareils à gaz,
tout a été arraché, brisé, mis en miettes.
M. Odin, perdant énormément de sang,
put être conduit chez un pharmacien, aidé
de quelques personnes, et de là chez M. Co-
chefer, commissaire de police, où il fit sa
déclaration.
Par suite de circonstances que nous nous
expliquons difficilement, deux agents, pré-
venus aussitôt, n'ont pu faire qu'une seule
arrestation, celle d'une vieille femme nom-
mée Piffer.
La femme Piffer, conduite chez le com-
missaire de police, a refusé de donner les
noms des individus qui l'accompagnaient.
LA VICTOIRE D'HONDSCHOOTE
Inauguration d'un monument --
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Hondschootte, 15 juin.
L'inauguration du monument commé-
moratif de la glorieuse victoire remportée
le 8 septembre 1793 par le général Hou-
chard, sous l'inspiration de Carnot, a eu
lieu aujourd'hui. C'est cette bataille qui
obligea le duc d'York et le maréchal autri-
chien de Freytag à lever le siège de Dunker
que. La place de Dunkerque était défendue
par Souham et Hoche. Ce dernier fit une
sortie et, par son attitude, empêcha le duel
d'York de secourir Freytag.
C'est cet événement glorieux des guerres
de la République que l'on célèbre aujour-!
d'hui à Hondschoote, en pleine Flandre
flamingante.
Le monument commémoratif est l'oeuvre
du sculpteur Darcq. Il représente une
Victoire brandissant un glaive de la main
droite et tenant de l'autre un drapeau.
Sur chacune des faces du monument des
inscriptions figurent.
Sur la face principale se trouvent les
mots : « Victoire d'Hondschoote, 8 septem-
bre 1793. »
Sur la face opposée se trouve le récit
succinct de la journée d'Hondschoote.
A une heure, le général Loizillon, com-
mandant du 1er corps, représentant le mi-
nistre de la guerre, arrive par la route de
Bergues où une foule énorme se presse.'
Partout des arcs de triomphe et des ori-i
flammes ; les moulins à vent qui se trou-
vent à l'entrée d'Hondschoote ont été en-
guirlandés.
Lorsque le général Loizillon entre dans
la ville, les-tambours battent aux champs..
les musiques jouent la Marseillaise.
Arrivé devant le monument, le général
prononce un discours patriotique très a'
plaudi; le maire, M. Outters, lui repond
C'est au milieu des acclamations que tom-
bent les voiles cachant la statue de la Vic-
toire. -..
La cérémonie se continuera par des ban.
quets et une fête de * nuit. Les fêtes se teç*
oRt.51ç;u?4 .-
OINQ Centimes - Paris et Départements - CINQ Centimes
MARDI 17 JUIN 1890
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Téléphone : 20.289 bil.
Prtctin cûtu
Ne vous trompez pas au titre : ce
n'est point d'un problème économi-
que, mais d'une question judiciaire
que je voudrais vous entretenir. La
loi a pris les mineurs sous sa protec-
tion. Elle a institué un ensemble de
garanties dont l'effet doit être de sau-
vegarder les intérêts d'individus que
leur âge et leur situation légale met-
tent dans l'impossibilité de se défen-
dre eux-mêmes.
C'est le but visé. Est-il atteint ? Les
dispositions du Code, certaines au
moins, ne font-elles pas payer beau-
coup trop cher aux mineurs auxquels
elles l'imposent, la protection de
la loi? On l'affirme.
Une proposition de loi qui doit ve-
nir à bref délai en discussion devant
la Chambre, sur le rapport de M. Jac-
ques Piou, apporte à l'état de choses
actuel de sérieuses modifications.
En vertu de certains articles du Code
civil, la vente et le partage des biens
du mineur ne peuvent se faire qu'en
justice, selon des formalités lentes et
surtout coûteuses. C'est devenu un
lieu commun que de signaler les frais
exorbitants par lesquels se traduit,
pour les malheureux qui sont con-
traints d'y avoir recours, une vente
judiciaire.
En vain prit-on en 1880 certaines
précautions pour alléger, dans les
ventes de peu d'importance, le fardeau
des frais. La loi, née de l'initiative de
M. Dufaure, qui fut votée à cette épo-
que, supprime ou atténue bien les
droits d'enregistrement, de timbre, de
greffe ou d'hypothèque.
Mais l'inanité de ces dispositions
ressort clairement d'un coup d'œiljeté
sur la statistique de la justice civile
en France pour 1888.
La moyenne des frais par cent
francs du prix a été :
De 136 francs pour les ventes qui
ne dépassent pas 500 francs. Autre-
ment dit, le prix de l'immeuble ne
suffit même pas à payer les frais. Ja-
mais la fable de l'huître et les plai-
deurs ne fut mieux mise en action".
La moyenne des frais s'élève encore
au taux coquet de .49 93 0/0 dans les
ventes qui ne dépassent pas 1,000 fr.;
la moitié du prix y passe.
Elle est de S5 9h dans les ventes de
1,000 à 3,000 francs; de 15 17 dans
les ventes de â,000 à 5,000. Elle tombe
à 8 97 quand le prix de vente va de
5,000 à 10,000, et à 3 Il au-dessus de
10,000.
Les mineurs qui ont le malheur
d'être propriétaires de petits immeu-
bles paient chèrement, on le voit, le
souci que prend le Code de leurs in-
térêts. Ne pourraient-ils se passer de
tant de sollicitude?
Assurément, répond M. Piou, au
nom de la commission dont il est l'or-
gane. Il est à remarquer d'abord que
ce n'est que la vente des immeubles
que les rédacteurs du Code ont entou-
rée de tant de solennités.
Ils restaient, en ce faisant, fidèles
aux traditions du vieux droit. Les ju-
risprudents de l'ancien régime par-
laient avec quelque dédain de la pro-
priété des choses mobilières. Les so-
ciétés par actions n'existaient pas alors.
La fortune publique et privée se com-
posait, pour la plus grande part, de
biens fonciers.
Ce n'est qu'en 188A que le législateur
a donné au mineur des garanties
pour la vente des meubles incorporels
dont il était propriétaire. Lesquelles ?
Simplement une délibération du con-
seil de famille et, si la valeur de l'ob-
jet en vente dépasse 1,500 francs,
l'homologation du tribunal.
En se contentant de ces deux garan-
ties, la loi n'a fait que suivre le système
général du Code. Le tuteur, en effet,
n'a besoin que de la double autorisa-
tion du tribunal et du conseil de fa-
mille pour emprunter, pour hypothé-
quer, et même, sous la condition de
l'approbation de trois jurisconsultes,
pour consentir une transaction dont
les conséquences peuvent être fort
graves.
Il lui suffit de l'avis des parents pour
répudier une succession comme pour
accepter une donation. Même, depuis
la loi de 18AA, cet avis lui suffit pour
vendre les immeubles du mineur ex-
proprié pour cause d'utilité pu-
blique.
Que ne va-t-on plus loin? Pourquoi
le mineur ne pourrait-il vendre ses
immeubles avec la double garantie
d'une délibération de son conseil de
famille et de l'homologation du tribu-
nal? Une présomption bien forte du
peu d'utilité de la vente judiciaire est
ce qui s'est passé en 1816 en Belgi-
que, et en 1873 en Alsace-Lorraine,
lorsque ces pays eurent été séparés de
la France.
En Belgique, on réduisit les forma-
litép-r dqut l yen te des, imiaçubie^de
mineurs, à l'intervention d'un notairo
et d'un juge de paix. En Alsace-Lor-
raine, on se contente, pour le partage
des biens, de la rédaction d'un acte
public homologué par le tribunal.
Quant à la vente, il suffit que le con-
seil de famille soit unanime à l'autori-
ser, pour que, sans même l'interven-
tion du tribunal, elle se fasse à l'amia-
ble. L'application de ces dispositions
n'a donné lieu, ici ni là, à aucune
espèce de plaintes.
Chez nous, la proposition de loi sou-
lève force récriminations. Les avoués,
dont elle lèse les intérêts, car ils sont
les agents essentiels des ventes judi-
ciaires, dirigent contre elle de nom-
breuses critiques, qui ne sont pas tou-
tes sans fondement. Peut-être, entre
la première et la deuxième délibéra-
tion, la commission parlementaire
pourrait-elle s'en inspirer pour appor-
ter des modifications de détail à son
projet.
Mais y renoncer, pour attendre sous
l'orme la revision totale de la procé-
dure civile, nous n'en sommes point
d'avis. Nous savons ce que devien-
nent , avec notre régime parlemen-
taire, les grands projets, mûrement
élaborés et savamment préparés, qui
doivent changer de fond en comble
toute une partie de la législation.
Nos ambitions sont plus modestes.
On nous propose une réforme utile,
qui peut être réalisée dans cette légis-
lature. Adoptons-la tout d'abord. Nous
verrons ensuite à la compléter.
A. Millerand.
- Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
ÉLECTION SÉNATORIALE
SOMME
Inscrits : 1.3JV7. — Votants: 1,3^3.
MM. Jametel, président du conseil
général, ancien député ré-
publicain 91AElu
Cadot, ancien député, Union li-
bérale AS9
Il s'agissait de remplacer M. Magniez, répu-
blicain, décédé. La dernière élection sénato-
riale dans la Somme a eu lieu le 31 janvier
1836, pour remplacer M. Labitte: M. Frédéric
Petit a été élu par 735 voix contre 5S5 à M. de
Rainneville, candidat réactionnaire.
AGENT PROVOCATEUR
L'affaire des nihiliste
L'affairés des réfugiés russes vient d'en-
trer dans une nouvelle phase.
M. Atthalin comptait communiquer au
parquet, samedi dernier, les pièces de
l'instruction. Mais l'incident qui s'est pro-
duit avant-hier aura, sans aucun doute,
pour résultat de retarder de quelques jours
fa décision du magistrat instructeur.
Un des inculpés a, en effet, déclaré au
cours de son interrogatoire qu'il avait
acquis depuis quelques jours la preuve
qu'il y avait dans l'affaire un agent provo-
cateur, dont il a donné le nom et l'adresse.
Ce personnage venait à son domicile
presque tous les jours. Sa mise, très été,
gante, l'avait fait remarquer des habitants
et du concierge de la maison, qui est si-
tuée dans un quartier pauvre.
Néanmoins, — le fait mérite d'être re-
marqué, — bien qu'il fût encore à Paris la
semaine dernière, il n'avait nullement été
inquiété.
Est-il arrêté à cette heure ? Peut-être; à
moins qu'il n'ait reçu à temps un discret
avis qui lui aura permis de se dérober à
des confrontations gênantes pour lui et
pour ses patrons.
M. LE LIEUTENANT GARCIN
(DE NOTRE CORRESPODAT PARTICULIER)
Rochefort, 15 juin.
Le XIXe Siècle a annoncé récemment
que le lieutenant Garcin, à la suite d'un
acte d'énergie vis-à-vis d'un missionnaire
qui avait fait donner des coups de bâton à
des soldats indigènes, au Tonkin, avait été
appelé devant un conseil d'enquête.
Ce conseil d'enquête, réuni à Rochefort,
vient de prononcer l'acquittement de cet
officier.
On ne pouvait mieux juger.
LE TSAR ET LES NIHILISTES
Brusque départ de Gatchina. — Pré-
cautions contre le nihilisme.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 15 juin. -
La cour de Russie aurait quitté précipi-
tamment le palais de Gatchina,à la suite de
la découverte accidentelle d'une mine qui
devait faire sauter la partie du bâtiment
dans laquelle sont situés les appartements
du tsar.
On parle de nombreuses arrestations. Une
véritable terreur régnerait dans les régions
officielles, à la suite d'informations éta-
blissant la présence dans la capitale, où ils
n'ont pas encore pu être découverts, de
plusieurs individus appartenant au groupe
le plus actif du nihilisme, qui étaient jus-
qu'ici réfugiés à l'étranger.
Certains documents saisis récemment,
lors des arrestations faites à Varsovie, au-
raient prouvé la reconstitution du comité
exécutif nihiliste et démontreraient ses ra-
mifications puissantes en Russie et à l'é-
tranger. ,
On parle également de l'arrestation de
gens appartenant au personnel du château
impérial.
De grandes mesures de surveillance ont
été prescrites aux frontières. Tous les gens
suspects sont soumis à de minutieux inter-
rogatoires.
PI III
L'ANNEXION DE NICE
Nice, 15 juin. — Le département des Alpes-
Maritimes a fêté hier le trentième anniver-
saire de l'allneion de Nice à la France, —
dont le drapeau fut arboré pour la première
fois sur l'a cidatelle niçoise te 1A juin .1860, —
dans un banquet qui a eu lieu le soir, au res-
taurant Ronceray, et où diverses allocutions
JtlotilJ.qes 9;qt él .l?OQllC_ÇSS'!.
LE GRAND-PRIX
LA VICTOIRE DE FITZ-ROYA
Tout-Paris à Longchamps. — Physio-
nomie de l'hippodrome. — Le Pré-
sident de la République au
Grand-Prix. — Une victoire
inattendue.
La passion des courses parait aller sans
cesse croissant. Jamais les divers hippo-
dromes parisiens n'avaient été autant fré-
quentés qu'en cette année 1890, et jamais
Grand-Prix n'a été couru devant une aussi
nombreuse assistance.
A partir de deux heures, la circulation
était quasiment impossible dans l'enceinte
du pesage. On sait pourtant les belles di-
mensions et la disposition si heureuse de
ce pesage de Longchamps.
Hier, il était bondé comme il ne l'est
d'ordinaire que pour la revue du 1 h Juil-
let, c'est-à-dire pour une fête où il n'y a
pas d'entrées payantes et où des invitations
largement distribuées donnent accès dans
l'enceinte réservée.
En présence d'un tel empressement, que
rien ne paraît devoir ralentir, on peut se
demander vraiment — et quelques-uns se
sont déjà posé la question — si nos hippo-
dromes ne vont pas, un beau jour, se trou-
ver notoirement insuffisants pour la foule
qui chaque dimanche les assiège.
Donc, la journée a été brillante entre
toutes et de tous points réussie. Le temps
l'a favorisée d'ailleurs. Au commencement
de l'après-midi, quelques nuages s'étaient
montrés, un peu menaçants peut-être.
Mais, vers les quatre heures — juste au
moment de la course du Grand-Prix — ils
achevaient de se dissiper, ces nuages bien-
faisants qui semblaient ne s'être mon-
trés que pour tempérer l'ardeur du soleil.
Tout en somme s'est passé pour le mieux,
— quoi qu'en puissent penser de nom-
breux parieurs qui ont fait la grimace en
assistant à la victoire de Fitz-Roya, c'est-
à-dire à la défaite des favoris.
Semblable aventure est d'ailleurs maintes
fois arrivée en cette saison qui a fini au
Grand-Prix d'hier, et ceux qui jouent assidû-
ment aux courses,— et qui y jouent cher,-
garderont pour la plupart un assez fâcheux
souvenir de cette année 1800..
La pelouse et le pesage
Mais revenons à la journée du Grand-
Prix.
Est-il besoin de dire qu'hier, plus que
jamais, les voitures de place et de remise
ont fait prime, que les omnibus et les ta-
pissières ont été pris d'assaut, que la gare
Saint-Lazare était envahie dès onze heures
du matin et que les bateaux qui font le
service entre le Pont-Royal et Suresnes
étaient archi-pleins à partir du même mo-
ment ? Tout cela, n'est-ce pas ? est sous-
entendu.
On connaît également l'aspect que pré-
sente la pelouse de Longchamps. Aspect
bariolé, mouvementé et grouillant en dia-
ble, pittoresque et amusant à souhait. Na-
turellement il y a là un extraordinaire
rassemblement de voitures de toutes sor-
tes : le mail élégant et la victoria bien te-
nue y voisinent avec le modeste sapin. Et
sur les sièges ou sur les banquettes de ces
équipages si divers, sont juchés curieux et
curieuses qui, lorgnette en main, suivent
les péripéties des courses.
Si, sur cette pelouse, on entend parler
toutes les langues, si l'on y rencontre les
costumes les plus étranges, si l'on y assiège
les guichets du mutuel et les piquets des
bookmakers, c'est ce que nous vous lais-
sons à penser.
Au pesage également, on parie ferme,
plus cher, sans doute, que sur la pelouse,
mais non pas avec plus de passion.
Nous avons dit tout à l'heure le prodi-
gieux encombrement de l'enceinte et la
difficulté qu'on a de s'y frayer passage.
Pour ce qui est de pénétrer dans les tribu-
nes ou même, plus simplement, de trou-
ver une chaise, impossible, littéralement
impossible.
Les pectacle est d'ailleurs charmant ; les
nuances tendres des toilettes papillotent
de façon tout à fait galante. Comme ils sont
à la fois éclatants et doux à l'œil, tous ces
tons crème, blanc, vert-d'eau, mauve, hé-
liotrope l Le jaune semble dominer avec le
bleu pâle aussi !
Maintenant, serait-ce se montrer bien
avisé que de quitter l'ensemble pour le
détail, que d'aborder la description parti-
culière de tel ou tel ajustement ? Non
peut-être. Outre en effet qu'il faudrait à
cette tâche une compétence supérieure à
la nôtre, nous craindrions de donner ici
une note un peu désenchantée.
Les modes exhibées hier à Lonchamps
nous ont paru moins heureuses que celles
des précédentes années. Ces toilettes sont
trop compliquées pour la plupart, trop
composites, si l' peut ainsi parler. Trop
de broderies aussi et de passementeries,
dont l'éclatante polychromie rappelle un
peu la petite bijouterie orientale. C'est un
ressouvenir — et un souvenir fâcheux —
des E boutiqucs de la rue du Caire et
de l' splanade des Invalides. Comme cha-
peaux, rien de très neuf, rien de très seyant
non plus.
Et maintenant, nous renonçons à don-
ner des noms. Autant vaudrait transcrire à
cette place les nombreux feuillets de ce
commode annuaire qui s'intitule Tout-
Paris.
La tribune présidentielle
Ici, beaucoup d'invités, — et quelques
toilettes d'une simplicité élégante. Il va de
soi que les ministres et les membres du
corps diplomatique sont présents.
Le président de la Républiqne et Mme
Carnot sont arrivés un peu avant trois
heures, au moment où allait être courue la
troisième course, celle du prix Castries.
Assez jolie toilette, celle de Mme Carnot :
robe et corsage vert-d'eau avec plastron
blanc et mantelet blanc et or; comme coif-
fure, une petite capote ornée de fleurs.
M. Carnot a le gilet blanc et le chapeau
gris qui sont de mise en pareille circons-
tance.
L'accueil qu'a reçu le président est tout
à fait sympathique. Après la course du
Grand-Prix, le public du pesage a, suivant
la coutume, envahi la piste et fait une
chaleureuse ovation à M. Carnot, qui a sa-
lué et remercié du geste à plusieurs re-
prises.
Le président a quitté Longchamps vers
quatre heures et demie. Il a pris par l'allée
des Acacias pour rentrer à l'Elysée : c'est
une heureuse innovation, car elle a permis
à la foule considérable qu, comme tous
les ans, attendait le retour du Grand-Prix,
de voir le chef do l'Etat. Les saluts et les
jmte n'ont pas fait défaut à ce dernier sur
tout le parcours qui va du champ de cour-
ses à l'Elysée.
La course du Grand-Prix
De cette course, ainsi que des autres de
la journée, on trouvera d'autre part les
résultats avec le détail technique.
Pour imprévu qu'il fût, le succès de Fitz-
Roya a été très fêté et bruyamment ac-
clamé. Les parieurs étrillés ont eux-mêmes
un instant oublié leur ennui pour s'associer
à l'enthousiasme eausé par la victoire d'un
cheval français.
Les champions étrangers n'étaient pas
nombreux, il est vrai. Il n'y avait qu'un
cheval anglais, mais un cheval italien aussi
était engagé. Il eût fait beau voir que, pour
la première fois depuis 1863, le gagnant du
Grand-Prix fût un cheval italien ! Celui-ci
est arrivé second et c'est encore bien joli, j
Le propriétaire de Fitz-Roya, M. le baron
de Schickler, a été, comme c'est l'usage, très
félicité dans la tribune des sociétaires. Il a
de plus, c'est également l'usage, été appelé
dans la tribune présidentielle pour rece-
voir les compliments de M. Carnot.
Il nous reste à parler de la recette qu'a
encaissée hier la Société d'encourage-
ment. Elle a, nous dit-on, atteint .MX),000 fr.
C'est le plus gros chiffre qui ait jamais été
obtenu. L'an dernier, on n'était guère ar-
rivé qu'à 350,000 fr.; c'était pourtant l'an-
née de l'Exposition.
Quant au pari mutuel, il a reçu la somme
énorme de 2,&Ui,000 fr. Joignez à cela le
montant, impossible à établir, des paris en-
gagés chez les bookmakers, — et vous
pourrez juger si nous avions raison do
parler, au début de cet article, des propor-
tions que prend la passion des courses et
de la place de plus en plus considérable
qu'occupent les réunions hippiques dans
la vie de Paris.
Accidents et arrestations
Aucun accident grave n'est signalé.
Les agents se sont bornés à arrêter deux
pick-pokets, plus une trentaine de joueurs
de bonneteau.
Au dernier moment, on nous apporte la
nouvelle de la mort de M. Boulain, épicier,
à Paris, qui a été frappé d'apoplexie sur la
pelouse de Longchamp.
L'ARMÉE ITALIENNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 15 juin.
Le discours prononcé hier à la Chambre
1 des députés par le général Mattei a produit
une grande impression. Toute la presse
s'occupe aujourd'hui de son violent réqui-
sitoire contre le ministre de la guerre.
Le général Mattei a révélé des faits qui ne
supportent pas de contradiction. Il a dé-
montré par des chiffres les dilapidations
commises dans la fabrication des armes.
Malgré S00 millions dépensés dans ce but,
l'Italie reste inférieure à toutes les puis-
sances européennes.
Il s'est élevé contre l'incapacité des offi-
ciers généraux d'artillerie, a critiqué vive-
ment l'augmentation de l'artillerie, et a dé-
claré que l'Italie était au-dessous des au-
très grandes puissances en ce qui concerne
l'application des nouveaux engins et des
nouvelles théories de guerre.
Parlant des nouveaux crédits votés pour
la défense des côtes, il a dit que ces sacri-
fices n'ont servi à rien. Tout est à recom-
mencer. Passant aux détails, il s'est élevé
contre les continuels changements d'uni-
formes qui cachent d'énormes dilapida-
tions des fonds de l'Etat.
Abordant la question de l'instruction de
l'armée, il a dit qu'elle était inférieure à
tout ce qu'on peut imaginer.
Il s'est élevé avec énergie contre le bon
plaisir qui a présidé aux dernières mises à
la retraite dans le corps d'officiers. Elles
ont créé la méfiance et le découragement,
car, sous prétexte de rajeunir les cadres,
on a renvoyé de l'armée des officiers fort
valides, très capables, tandis que l'on n'a
pas touché à d'autres qui étaient incapa-
bles à tous les points de vue.
Enfin, le général Mattei a déclaré que la
discipline n'existait plus dans l'armée ita-
lisnne, et, en terminant, il a annoncé son
intention de prendre la parole sur tous les
articles du budget de la guerre.
On télégraphie de Bologne qu'un incen-
die a éclaté dans le magasin d'armes de la
direction territoriale de l'artillerie. Les dé-
gâts sont considérables; 30,000 fusils sont
détruits. Ce sinistre serait dû à la malveil-
lance.
L'AFFAIRE DE VSCQ
Beaucoup de bruits pour rien
L'Univers raconte, d'après une lettre qui
lui a été adressée de Langres, une histoire
extraordinaire. D'après cette lettre, voici ce
qui se serait passé vendredi dernier dans
la petite commune de Vicq, dans la
Haute-Marne :
Il s'agissait d'installer une institutrice
laïque dans une maison léguée par un prê-
tre à la commune sous cette condition que
les maîtresses de l'école seraient des reli-
gieuses.
Le seciiétaire général de la préfecture, le
sous-préfet de Langres, l'inspecteur d'aca-
démie, le capitaine de gendarmerie étaient
présents et dirigeaient l'expédition.
La foule s'étant massée devant la maison
d'école pour en interdire l'entrée aux en-
vahisseurs, cinq brigades de gendarmerie
ont été mises en mouvement pour charger.
Les hommes ont résisté; les femmes se
sont couchées par terre pour empêcher
l'accès de la maison. Ce que voyant, des
gendarmes les ont saisies, traînées, frap-
pées.
Enfin, un gendarme, revolver au poing,
a sauté par la fenêtre et, de l'intérieur, a
ouvert les portes, que les serruriers n'a-
vaient pas voulu crocheter.
Voilà ce que raconte l'Univers. En fai-
sant la part de l'exagération, tout se borne
à ceci : Une poignée de cléricaux a essayé
de s'opposer à l'installation d'une institu-
trice. Finalement, force est restée à la
loi.
MBMWWWMI HLLLL II IIII ■ ■■
MAUVAIS SYMPTOMES EN ITALIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 15 juin.
Un avocat de Termini (Sicile), nommé
Purpura, un prêtre du nom de Quatrocchi,
un pharmacien et deux paysans ont été ar-
rêtés, comme complices de la séquestra-
tion du banquier Arrigo, qui n'est pas
même de retour et dont on ignore le sort,
quoique sa rançon ait été versée au lieu
dit.
Le nombre des faillites de sociétés in-
dustrielles, commerciales et financières pen-
dant l'année 1859 est de AAfJ.. -
| CHRONIQUE
Vous avez pu lire cette semaine dans
le journal qu'une jeune fille, Mlle Bil-
cesco, s'était fait recevoir, à toutes houles
blanches, docteur en droit à la Faculté
de Paris. Nous avions déjà des doctoresses
en médecine, qui ont exercé plus d'une
fois la malignité des vaudevillistes. Je
crois que Mlle Bilcesco est la première
femme qui se soit, en France du moins,
présentée aux examens de l'Ecole de
droit.
L'anecdote fort plaisante qui a couru
sur cette séancs en est la preuve. On ne
savait si, pour comparaître devant ses
examinateurs, Mlle Bilcesco devait passer
par-dessus les habillements de son sexe
la toge noire des avocats. La question fut
agitée dans le sanhédrin des professeurs.
Un de ces messieurs lit observer que c'é-
tait un principe du droit français qu'op-
position sur opposition ne vaut. Nous
devons en conclure, ajouta-t-il, que robe
sur robe ne vaut. Cet argument parut
déterminant, et Mlle Bilcesco fut autorisée
à se présenter au tribunal de ses juges
sous le costume féminin. La Faculté de
médecine avait adopté l'autre solution :
Nos futures doctoresses en médecine sont
obligées de passer la robe imposée aux
candidats du sexe masculin.
Voilà donc Mlle Bilcesco pourvue du
grade de docteur ; car elle a, dit-on, fort
brillamment soutenu sa thèse. Le con-
traire m'eût surpris. On est très indulgent
pour les femmes. J'ai eu occasion, en ces
derniers temps, de lire une thèse qu'avait
présentée un jour à la Faculté de méde-
cine une candidate, dont j'aime autant
ne pas rappeler le nom. Dieu sait de quels
éloges on avait comblé ce travail ! quel
bruit on en avait fait dans les journaux.
Nombre de personnes influentes s'inté-
ressaient à cette jeune femme, en sorte
qu'on m'apporta son élucubration, me
priant d'en parler. J'en pris connais-
sance: c'était au-dessous de tout.
J'en fis reproche au médecin qui en
avait pensé m'induire en panégérique.
— Mais aussi, me dit-il en riant, c'est
de votre faute. Qui diable aurait pu s'i-
maginer que vous alliez lire une thèse de
médecine ! On vous demandait quelques
mots de compliment ; avec une femme,
cela ne tire pas à conséquence.
Ce que j'en dis, ce n'est point du tout
pour rabaisser le mérite de Mlle Bilcesco.
Je n'ai aucune raison pour ne pas croire
qu'en effet elle a étonné et charmé l'aréo-
page de ses examinateurs par l'étendue
de son érudition, par la profondeur de ses
aperçus philosophiques, par l'éclat de son
éloquence. Mais je doute que son exemple
suscite beaucoup d'imitatrices. dit-on
imitatrice? Je n'en sais rien. Mais pour-
quoi né le dirait-on pas? Il faudra bien,
puisque les femmes envahissent toutes
les professions des hommes, que nous
nous accoutumions à féminiser une foule
de mots qui n'avaient eu, jusqu'à ce jour,
que des terminaisons masculines. On ne
dit pas encore une attoresse; le mot de-
viendra français sous peu. On dit colla-
boratrice, doctoresse. Comment se fait-
il que, dans ces mots nouveaux, jamais
la terminaison eur ne se féminise en euse?
Nos pères ont pourtant fait le mot far-
ceuse, qui est de la meilleure langue.
Dira-t-on jamais avocate? J'ai peur
que non. Il est permis aux femmes de
suivre les cours de l'Ecole de droit, de
passer les examens, de conquérir les di-
plômes ; mais, pour exercer la profession
d'avocat, il faut être admis par le conseil
de l'ordre et autorisé à prêter serment
devant la cour.
Mlle Bilcesco est hongroise ou rou-
maine, et l'on m'assure que, dans son
pays, il lui sera loisible d'ouvrir un ca-
binet et de plaider. En France, le di-
plôme de doctoresse en droit n'ouvrirait
pas à Mlle Bilcesco le droit de plaider, et
la carrière de l'avocat lui resterait fer-
mée. J'ignore si la question a été soulevée
et tranchée à Paris. Je sais qu'elle s'est
émue à Bruxelles, où elle a été discutée
avec une vivacité extrême.
Je ne me rappelle plus le nom de la
personne qui, en possession de tous ses
diplômes,s'était d'abord adressée au con-
seil de l'ordre, puis à la cour, pour obte-
nir le droit de défendre la veuve et l'or-
phelin. Le nom importe peu. Ce qu'il y a
de certain, c'est qu'après des débats très
passionnés, elle fut déboutée de sa de-
mande. On m'a dit qu'elle avait depuis
ouvert un cabinet de consultations juri-
diques; elle était devenue homme d'af-
faires ou plutôt femme d'affaires.
Il est bien probable que les femmes,un
jour, forceront l'entrée du Palais, comme
elles ont déjà forcé les portes de l'am-
phithéâtre de médecine et des hôpitaux :
c'est une visible tendance de notre siècle
d'admettre peu à peu la femme sur un
pied d'égalité avec l'homme.
Théoriquement, il n'y a pas de bonne
raison à donner contre l'accession des
femmes au métier d'avocat. Du moment
qu'elles ont fait les mêmes études que
les hommes, qu'elles ont subi les mêmes
examens, qu'elles sont pourvues des
mêmes diplômes, il semble qu'il y ait
contradiction à ne pas les laisser jouir,
comme les hommes, des avantages atta-
chés à ces diplômes. On ne peut plus ar-
guer de leur infériorité d'éducation. Il
serait peu galant d'abord, et fort injuste
ensuite, de ne pas les croire capables
d'une probité professionnelle égale à la
nôtre. Elles rasant généralement pour
avoir la langue assez bien pendue.
Sur quel motif s'appuie-t-on pour les
repousser ?
Il n'y * a a point a'autre,â vrai,dire que
la cout me- et l'asage, qu'alléguait jadis
dans h. c' i 'k it pauvre Jean Lapin, ar-
gumcmaiit cumr< la belette. Mais toute
coutume qui n'est fondée que sur un
préjugé P (ATO JeJtaftseas !
la raison des appuis solides, est long-
temps battue en brèche et finit par tom'"
ber en ruines.
Le succès final des femmes en cette
affaire, comme dans toutes les affaires
analogues, est certain, et peut-être même
à plus brève échéance qu'on ne paraît le
penser.
Sera-ce un bien? Sera-ce un mal? #
Ça, c'est une autre question. Je crois
qu au point de vue économique ce sera
un mal. L'intrusion des femmes dans les
professions réservées aux hommes va
contre un des principes les mieux établis
de l'économie politique : l'utilité de la
division et de la spécialisation du tra-
vail.
La lemme a, de par la loi naturelle, un
travail qui lui incombe à elle seule, et
qui prend la meilleure part de son temps
et de ses forces : c'est de mettre des en-
fants au monde et de les élever. C'est là
sa fonction spéciale, celle à laquelle il lui
faut de toute nécessité revenir. Cette fonc-
tion, elle peut aisément la remplir en se
livrant à certains travaux, qui sont de
veiller au ménage, coudre, broder. Mais
si elle aborde des occupations qui exi-
gent un long apprentissage, de fortes
études, une dépense énorme de travail
et de forces, qui, en même temps, la
tiennent sans cesse hors de la maison et
loin des enfants, il est clair qu'elle viola
la loi économique de la spécialisation du
travail et qu'elle fait aux hommes, sur leur
propre terrain, une concurrence qui est
préjudiciable à la société tout entière.
C'est la seule objection sérieuse que je
voie à la mainmise des femmes sur lea
professions masculines. Mais cette objec-
tion n'arrêtera personne. La poussée d'o"
pinion publique est trop forte.
Francisque Sarcey.
INVASION D'ANARCHISTES
Dans son numéro d'hier, VEgalité rendait
compte d'une réunion publique qui avait
eu lieu la veille à la salle du Commerce.
Dans le compte rendu, il était fait men-
tion de quelques assistants qui, ayant in-
terrompu un orateur à la tribune, étaient
traités de « mouchards" par le journal.
Une bande d'anarchistes qui s'étaient crus
probablement visés par cet article s'est
rendue hier aux bureaux du journal pour
y demander des explications.
Nous allons voir comment ils s'y sont
pris :
Hier soir, vers quatre heures, une qua-
rantaine d'individus, parmi lesquels quinze
femmes, entraient dans l'imprimerie, 15,
rue Paul-Lelong.
A la question que leur posa le concierge,
ils répondirent qu'ils venaient connaîtra
les résultats des courses.
Une vingtaine d'entre eux montèrent au
quatrième étage, où se trouvent les bureaux
de l'Egalité.
Il n'y avait à ce moment dans les bureaux
que le pagiste, un jeune homme d'une ving-
taine d'années, et M. E. Odin, secrétaire do
la rédaction.
La bande des anarchistes se rua dans les
bureaux, saccageant tout sur son passage.
M. Odin, qui était dans la salle de rédac-
tion, voulut les empêcher de pénétrer plus
avant, mais il fut tellement bousculé qu'il
dut se réfugier sur le balcon ; là, il fut
empoigné par deux anarchistes qu'il crut
reconnaître pour être les nommés Brunet
et Millet, et qui le blessèrent assez griève-
ment derrière la tête.
Aux cris : « A l'assassin! » poussés par
M. Odin, la bande des envahisseurs eut
peur et dégringola les escaliers, non sans
avoir tout saccagé dans les bureaux.
Dans toutes les pièces, sauf une, tables,
chaises, glaces, tableaux, appareils à gaz,
tout a été arraché, brisé, mis en miettes.
M. Odin, perdant énormément de sang,
put être conduit chez un pharmacien, aidé
de quelques personnes, et de là chez M. Co-
chefer, commissaire de police, où il fit sa
déclaration.
Par suite de circonstances que nous nous
expliquons difficilement, deux agents, pré-
venus aussitôt, n'ont pu faire qu'une seule
arrestation, celle d'une vieille femme nom-
mée Piffer.
La femme Piffer, conduite chez le com-
missaire de police, a refusé de donner les
noms des individus qui l'accompagnaient.
LA VICTOIRE D'HONDSCHOOTE
Inauguration d'un monument --
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Hondschootte, 15 juin.
L'inauguration du monument commé-
moratif de la glorieuse victoire remportée
le 8 septembre 1793 par le général Hou-
chard, sous l'inspiration de Carnot, a eu
lieu aujourd'hui. C'est cette bataille qui
obligea le duc d'York et le maréchal autri-
chien de Freytag à lever le siège de Dunker
que. La place de Dunkerque était défendue
par Souham et Hoche. Ce dernier fit une
sortie et, par son attitude, empêcha le duel
d'York de secourir Freytag.
C'est cet événement glorieux des guerres
de la République que l'on célèbre aujour-!
d'hui à Hondschoote, en pleine Flandre
flamingante.
Le monument commémoratif est l'oeuvre
du sculpteur Darcq. Il représente une
Victoire brandissant un glaive de la main
droite et tenant de l'autre un drapeau.
Sur chacune des faces du monument des
inscriptions figurent.
Sur la face principale se trouvent les
mots : « Victoire d'Hondschoote, 8 septem-
bre 1793. »
Sur la face opposée se trouve le récit
succinct de la journée d'Hondschoote.
A une heure, le général Loizillon, com-
mandant du 1er corps, représentant le mi-
nistre de la guerre, arrive par la route de
Bergues où une foule énorme se presse.'
Partout des arcs de triomphe et des ori-i
flammes ; les moulins à vent qui se trou-
vent à l'entrée d'Hondschoote ont été en-
guirlandés.
Lorsque le général Loizillon entre dans
la ville, les-tambours battent aux champs..
les musiques jouent la Marseillaise.
Arrivé devant le monument, le général
prononce un discours patriotique très a'
plaudi; le maire, M. Outters, lui repond
C'est au milieu des acclamations que tom-
bent les voiles cachant la statue de la Vic-
toire. -..
La cérémonie se continuera par des ban.
quets et une fête de * nuit. Les fêtes se teç*
oRt.51ç;u?4 .-
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