Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-06-13
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 13 juin 1890 13 juin 1890
Description : 1890/06/13 (A19,N6724). 1890/06/13 (A19,N6724).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — N* 6,7M
CINQ Centimes - Paris et Départements - CINQ Centimes
VENDREDI 13 JUIN 1880
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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QiielpjsjMIfres
Sous ce titre, nous résumions ré-
eemment la première partie d'un inté-
ressant et compétent travail de M.
Cerboni, directeur général de la comp-
tabilité publique en Italie, sur les
budgets comparés de sept grandes
puissances européennes dans la pé-
riode qui va de 1882 à 1887-88.
Nous avons sous les yeux la fin de
cette importante étude. Les résultats
qu'elle met en lumière nous paraissent
si caractéristiques, si édifiants, que
nous cédons au désir de les communi-
quer à nos lecteurs. Ils y trouveront
le prétexte à plus d'une comparaison
instructive, le sujet de maintes ré-
flexions.
Rappelons que les budgets étudiés
sont ceux de l'Allemagne, de l'Angle-
terre, de PAutriche-Hongrie, de l'Es-
pagne, de la France, de l'Italie et de
la Russie.
L'auteur italien constate qu'en
France la tendance aux économies a
Suivi une progression accélérée depuis
1887. La situation de notre budget a
été en s'améliorant dans les trois der-
nières années.
L'état du budget de l'Autriche-Hon-
grie est assez critique, bien qu'on
constate dans ces derniers temps une
légère amélioration. La circulation à
cours forcé n'aggrave pas peu le défi-
cit, jusqu'à aujourd'hui chronique, de
ce budget. L'agio sur les paiements
en papier était calculé, en 1887, à rai-
son de Z 0/0 dans le budget de l'E-
tat.
La situation financière de l'Allema-
gne dans ces dernières années a été
bonne. Le sucre, l'alcool et le tabac
constituent les trois grandes sources
de revenu. On a du renoncer à établir,
comme on l'avait tenté, le monopole
de l'alcool.
De tous les pays de l'Europe, celui
qui possède les finances les plus pros-
pères est, sans discussion Pûssibié-
l'Angleterre. Les ressources principa-
les viennent de l'income tax ou impôt
sur le revenu, des droits de douane
sur le thé, le tabac, l'alcool, le vin, le
café, les fruits secs, et des taxes de
consommation et de fabrication sur la
bière et les boissons spiritueuses.
Ce sont là des indications généra-
les. 11 sied d'entrer dans les détails et
d'établir la comparaison entre ces
différents pays pour les principales
catégories de dépenses et de recet-
tes.
Commençons par les impôts directs.
- Dans tous les Etats, sauf en Russie,
ils ont été en augmentant de 1883 à
1887. L'augmentation n'a pas été
moindre de 17 Al 0/0 en Angleterre.
Elle n'a pas dépassé 7 50 chez nous.
Au contraire, en ce qui touche les
taxes de consommation, nous les avons,
dans cette période, élevées de 8 Oâ 0/0,
tandis que l'Angleterre les diminuait
de 1 95 0/0.
Le rapprochement n'est-il pas cu-
rieux? Quelle leçon pour les écono-
mistes qui s'en vont répétant que les
taxes de consommation sont bien pré-
férables, au point de vue du rende-
ment, aux impôts directs I L'Angle-
terre, dont le budget est le mieux ad-
ministré et le plus riche de l'Europe,
augmente en six ans les impôts directs
de plus de 17 0/0 et diminue les taxes
de consommation sans que l'équili-
bre de ses ressources ait à en souf-
frir le moins du monde; au contraire.
Nos financiers, qui ont suivi une mé-
thode toute différente, puisqu'ils ont
aggravé les taxes de consommation
dans une proportion supérieure à celle
où ils élevaient les impôts directs, de-
vraient bien méditer cet exemple.
S'ils ont de ce chef commis une er-
reur flagrante, il n'y a, par contre,
rien à reprocher à notre organisation
budgétaire au point de vue du taux
Moyen des frais de perception. Si
nous n'arrivons pas à égaler l'Angle-
terre, qui ne dépense que A 95 0/0, no-
tre chiffre, 7 01 0/0, est cependant
notablement inférieur à celui des au-
tres pays.
-- Mais, dans l'exploitation des biens
domaniaux, l'Etat français accuse des
dépenses beaucoup trop considéra-
bles. Et qu'on ne prétende pas, selon
une allégation courante, que la faute
en est à l'incapacité naturelle et irré-
médiable de tout gouvernement à bien
gérer ses propriétés. L'Angleterre, —
il faut bien encore la citer, — ne dé-
pense que 15 fr. h9 pour cent francs
de recettes. Pour obtenir le même ré-
sultat, l'administration française dé-
bourse 50 fr. hA, plus de la moitié.
Pour les travaux publics, la France
est le seul pays, — ceci mérite ré-
flexion, — qui ait, depuis six ans, ré-
duit ses dépenses. Elle les a diminuées
de plus de 35 efO, tandis que l'Alle-
magne les augmentait de 17, l'Angle-
terre de 3A 0/0.
► P semble aussi cjue nous Bayons j
pas, comparativement au moins, dé-
pensé autant que peut-être il eût été
utile, pour le service de l'agriculture.
Nos dépenses ne se sont, de ce chef,
augmentées que de 3 7h 0/0, tandis
qu'elles montaient de lâ 86 en Angle-
terre et de 130 33 0/0 (1) en Italie.
Nous avons fait, il est vrai, des ré-
ductions justifiées sur les dépenses des
cultes : 1A A3 0/0. Moins encore, ce-
pendant, que la religieuse Angleterre,
qui a réduit de plus d'un cinquième
en six ans les dépenses de cet ordre.
Il reste un dernier chapitre à con-
sulter qui a bien son intérêt. Je veux
parler des dépenses faites depuis
1883 pour l'armée et la marine, par
la France d'une part, par les gouver-
nements de la triple alliance de l'au-
tre.
L'augmentation des dépenses pour
l'armée a été en six ans, en France,
de 3 13 0/0.
Elle a été, en Italie, de 35 78 0[0.
En Autriche, de A3 83 0/0.
En Allemagne, de 5h 09 0/0, plus de
moitié.
L'augmentation des dépenses con-
cernant la marine a été, depuis 1883,
en France, de 17 91 0/0.
Elle a été, en Autriche, de 33 07 0/0.
En Allemagne, de 38 3A 0/0.
En Italie, de 133 86 0/0.
Ne trouvez-vous pas que voilà des
chiffres qui valent des discours?
A. Millerand.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
» Vie de Paris » par Henry Fouquier.
LA RÉPONSE
DES CONSERVATEURS
Il est intéressant de relever la réponse
faite par les organes conservateurs les plus
autorisés aux passages du dernier discours
de M. Constans invitant les républicains à
ouvrir leurs rangs aux conservateurs qui
voudraient se rallier sincèrement à la Ré-
publique.
Voici en quels termes catégoriques s'ex-
prime, dans l'Autorité, M. Paul de Cassa-
gnac : -
Vos avances, nous les repoussons avec
horreur, avec mépris ;
La joue que la République nous tend, nous
la souffletons;
La main qu'elle nous offre, noua crachons
dessus ;
Et votre République, nous la conspuons.
D'autre part, la Correspondance nationale,
organe officiel de M. le comte de Paris, ré-
pond à M. Constans que « ses avances sont
superflues », — c'est le titre de son article,
-et déclare aux républicains qu'ils n'ont
pas à compter sur les monarchistes, bien
résolus à poursuivre leur campagne sur le
terrain indiqué par M. le duc de Broglie.
Il est donc bien établi que lorsque les
conservateurs disent qu'ils acceptent la Ré-
publique, ce n'est qu'un truc électoral
dont le seul but est de tromper le suffrage
universel.
DERNIERS ÉCHOS
DE L'ÉLECTION DE GIEN
- Condamnation confirmée
(DS NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Orléans, Il juin.
Hier est venu devant la cour d'Orléans
l'appel du Républicain de Gien, journal de
M. Loreau, qui avait été condamné au
mois de mars dernier à deux cents francs
d'amende et trois cents francs de domma-
ges et intérêts pour diffamation envers
M. Portalis.
A la veille du scrutin du 9 mars, M. Lo-
reau avait fait insinuer par ce journal que
M. Portalis aurait bien pu détourner à son
profit les fonds provenant d'une souscrip-
tion ouverte en 1886 par le XIXe Siècle
pour l'entretien des tombes d'Alsace-Lor-
raine.
Dans une fastidieuse plaidoirie, qui n'a
pas duré moins de deux heures et demie,
M°Johannet,du barreau d'Orléans,a sollicité
l'acquittement du Républicain de Gien.
Après une courte et éloquente réplique
de Me Millerand, et conformément aux con-
clusions du ministère public, la cour a pu-
rement et simplement confirmé la sentence
des premiers juges.
.- GROS DÉTOURNEMENTS
A LA MANUFACTURE D'ARMES
DE SAINT-ETIENNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Etienne, 11 juin.
Le bruit court qu'un gros scandale vien-
drait d'être découvert dans l'administration
de notre manufacture d'armes.
On prétend que des détournements im-
portants de marchandises ont lieu depuis
longtemps.
Ces jours derniers, un ouvrier chargé
des livraisons a été renvoyé parce que.40,000
kilos d'huile à graissage ont disparu sans
qu'on en trouve trace nulle part. Cet em-
ployé déclare n'être pas l'auteur des tri-
potages, qui atteindraient plus haut.
Il a cité comme témoin un ancien comp-
table, actuellement au régiment, qui serait
au courant des détournements et aurait
falsifié les livres de comptabilité sur l'ordre
de ses chefs. Le parquet serait saisi de l'af-
faire.
Voilà ce qu'on raconte ici. Je vous ferai
savoir ce qu'il y a d'exact dans tous ces
bruits.
LE RAPPEL DE SOLDE D'EMIN-
PACHA
(OB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Le Caire, 11 juin.
Le gouvernement égyptien a fait payer à
Elllin-pacha l'arriéré de bon traitement, qu'il
n'avait pas touché depuis sept ans. Le gouver-
nement égyptien a, en meine temps, tenu
compte des droits d'Emin-pacha à une pen-
sion de retraite.
Le traitement d'Emin-pacha, ancien gouver-
neur de l'Equateur, était de 25,000 fr. par an.
L'ÉLECTION DE SAINT-DIÉ
Les électeurs de la première circonscription
de Saint-Dié sont convoqués pour le 6 juillet,
& l'effet d'élire un député- par suite de l'inva-
lidation ja tM. Pîtow
FOUS ET FOLLES
LES ALIÉNÉS TRAITÉS A DOMICILE
Le cas de Mlle Lubert. — A Sainte-
Anne. — Conversation avec M. Ma-
gnan. — La loi de 1838 et la loi
votée au Sénat. — La liberté
individuelle et la sécurité
publique.
Les fous se permettent, depuis quelque
temps, en plein Paris, les extravagances les
plus dangereuses. Ils se passionnent pour
les exercices de tir au revolver, et, pour se
montrer tout à fait « fin de siècle », ils dé-
daignent le vulgaire carton et visent au
cœur les malheureux qui les entourent et
sont sensés les persécuter odieusement.
Le cas de Mlle Hubert qui, samedi soir,
tira un coup de revolver sur son amant, en
plein boulevard, n'est pas un cas particu-
lier. Il confirme la règle générale qu'on
semble admettre aujourd'hui et qu'on pour-
rait formuler en ces termes : « Les parents
ou amis des aliénés non interdits et vivant
hors des établissements spéciaux auraient
le plus grand tort d'exercer une surveillance
sévère sur ces malheureux, de leur faire
suivre un traitement approprié au mal
dont ils souffrent et de prévoir les accidents
regrettables qu'ils peuvent causer sous le
coup d'une surexcitation passagère. »
Il est bien inutile, n'est-ce pas? de rappe-
ler les noms des précurseurs de Mlle Hu-
bert qui, en moins de deux ans, ont tra-
vaillé à la rédaction de cette règle géné-
rale. Mais les actes qu'ils ont commis, les
crimes dont ils se sont rendus coupables
sollicitent notre attention. En somme, ces
braves gens qu'on déclare irresponsables,
leur coup de pistolet tiré, leur victime à
à terre, menacent la sécurité publique.
On est en droit de se demander si la loi
du 30 juin 1838 sur les aliénés nous sauve-
garde suffisamment contre les maniaques
dangereux, les épileptiques, les gâteux, les
idiots et les crétins qui ne sont pas soumis
à une surveillance spéciale, et s'il n'y au-
rait pas que. que mesure à prendre pour
rendre inoffensifs les fous dispersés dans
Paris, dans des domiciles particuliers.
Une question embarrassante
Nous avons interrogé à ce sujet M. le doc-
teur Magnan, le savant aliéniste de Sainte-
Anne.
Le docteur Magnan nous répond tout net
que notre question est embarrassante. Il
vit avec les fous, il connaît leurs habitudes,
il sait ce qu'on peut attendre de telle ou
telle méthode de traitement; son expé-
rience enfin est consommée et il hésite ce-
pendant à se prononcer. C'est dire assez
que Mlle Hubert, et ceux ou celles dont elle
a suivi les exemples, sont des sujets inté-
ressants, mais que les problèmes qu'ils sou-
lèvent ne sont pas .faciles à rCauu«ii e* - -
— N'oubliez pas, nous dit notre interlo-
cuteur, qu'une pareille question soulève
des difficultés sans nombre : elle met aux
prises, en effet, les intérêts de la sécurité
publique avec ceux de la liberté indivi-
duelle ; elle soulève, d'autre part, des ques-
tions de droit privé et de médecine légale
qu'il faut examiner avec le plus grand soin.
N'oubliez pas aussi, ajoute eu souriant
le savant aiiéniste, n'oubliez pas que la
presse, dans un but très louable d'ailleurs,
a une tendance à ne voir généralement en
nous, quand nous proposons de traiter les
aliénés dans des asiles spéciaux, que des
adversaires de la liberté individuelle.
- .Que d'exemples nous pourrions citer
de violation arbitraire de la liberté indivi-
duelle. Sous prétexte de soigner un fou,
n'a-t-on pas enfermé souvent des hommes
aussi sains d'esprit que vous et moi ?
Mais ce sont là pour notre interlocuteur
de vieilles histoires. Il s'empresse d'ajouter,
revenant à la question qui nous intéresse :
—Permettez-moi de vous rappeler ce que
disait M. E. Bernard en parlant des aliénés
non interdits, des aliénés qui vivent hors:
des établissements spéciaux: «La loi de 1838
n'autorise pas une surveillance spéciale et
permanente sur tous les aliénés; à moins
qu'ils ne menacent la tranquillité ou qu'ils
n'aient pas de famille, aucune autorité pu-
blique n'a le droit d'intervenir pour criti-
quer soit le traitement auquel ils sont sou-
mis, soit le mode de gestion de leur for-
tune, soit même l'absence de tous soins et
de tout traitement. »
La protection des fous
,. - Mlle Hubert avait déjà menacé la tran-
quillité publique, objectons-nous.
— Oui, puisqu'elle avait été internée à
Clermont après un premier coup de revol-
ver tiré sur le frère de sa dernière victime.
Mais elle s'est évadée.
— La loi actuelle pouvait donc nous
garantIr. contre elle.
Mais M. Magnan tient à poursuivre son
raisonnement. Nous ne voulons pas insister
sur le cas de Mlle Hubert. Evidemment on
pourrait accuser l'administration de ne pas
avoir pris toutes les mesures nécessaires
après l'évasion de cette malade.
— Les aliénés qui ne sont pas interdits,
poursuit donc M. Magnan, ne sont protégés,
comme les autres citoyens, que par les dis-
positions générales des lois sur la liberté
individuelle s'ils sont séquestres sans né-
cessité, et par les lois pénales ordinaires
s'ils sont l'objet de violences. !
La toi votee au benat et qui a donne lieu,
sous la précédente législature, à l'étude
remarquable de M. Roussel sur les aliénés
et au rapport très intéressant de M. Bour-
neville, contient des dispos tions particu-
lières pour la surveillance et la protection
de ces aliéués, dispositions que je crois
très sages et que nous désirerions voir ap-
pliquer. Mais quand cette loi viendra-t-elle
devant les Chambres?
Cette loi crée des commissions perma-
nentes chargées de la surveillance des
aliénés à domicile; la composition et le
fonctionnement de ces commissions sont
réglés très libéralement. La nouvelle loi
complète aussi par des mesures de sur-
veillance la prescription législative qui
assimile aux asiles privés les domiciles
particuliers où un aliéné est gardé. Mlle pro-
cure en outre aux malades les plus grandes
garanties.
— Mais cette loi votée par le Sénat ,ro.
tége-t-elle suffisamment la société ?
— Elle protège surtout l'aliché, mais,
par contre-coup, elle protège aussi la so-
ciété. En assurant au malade un traite-
ment efficace, elle pourra modifier heu-
reusement son état moral et prévenir les
catastrophes dont nous sommes si souvent
les témoins depuis quelque temps.
La sécurité publique
M. le docteur Magnan nous expose, en
terminanUes dispositipas des lois anglaises
concernant les aliénés traités à domicile.
Le lord-chancelier ou le ministre de l'inté-
rieur peuvent, en tout temps et en toute
circonstance, faire visiter et examiner par
les commissioners in lunacy, ou par d'au-
tres personnes, tout aliéné ou supposé
aliéné traité et renfermé ou soumis à une
contrainte quelconque dans un domicile
particulier.
Ces mesures, en France, seraient consi-
dérées avec raison comme vexatoires.
En somme, M. Magnan est d'avis que la
nouvelle loi votée par le Sénat et re visant
celle de 1838 sur les aliénés présente les
garanties suffisantes, au point de vue du
traitemement des aliénés à domicile, aussi
bien pour la sécurité publique que pour la
liberté individuelle.
Il est donc urgent que la Chambre mette
au plus vite la discussion de cette loi à son
ordre du jour. Il y a décidément beau-
coup trop de fous dans nos rues.
M. DE BISMARCK CANDIDAT
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 11 juin.
La candidature de M. de Bismarck au
Reichstag sera posée dans la quatrième
circonscription de Potsdam, vacant par le
décès de M. de Wedall-Molchow.
L'AMI RALJUPERRÉ
UN POINT D'HISTOIRE
Une rec ificat:on.—Filons sur Belgique.
— Avec ou sans calembour. — La
parole est d'argent, mais le si-
lence est d'or. — La cause
est entendue.
M. Filon, cet ex-précepteur du princeim-
périal qui accompagnait, il y a vingt ans,
l'amiral Duperré lors de sa fuite en Bel-
gique, juge a propos d'intervenir au dé-
bat. Voici la lettre que, du fond de la re-
traite où il s'est enseveli et où son ancien
complice aurait dû avoir la pudeur de le
suivre, il adresse au Figaro:
Margate, 9 juin.
Cher monsieur Magnard,
Voulez-vous m'aider à faire justice d'une
vieille et stupide calomnie qui vient de re-
paraître dans certains journaux à propos de
l'interpellation de M. Ernest Roche?
Il s'agit de la prétendue dépêche : Filons
sur Belgique, que j'aurais adressée au comman-
dant Duperré, le h septembre 1870. Malgré les
démentis réitérés, il y a des gens qui croient
encore à l'authenticité de cette dépêche.
Il y a des gens qui croient ou feignent de
croire que ce jour-là, à trois heures, dans les
Tuileries qui allaient être envahies, au milieu
du désastre public et de l'écroulement de tout
ce que j'aimais, quand ma carrière, comme
mon cœur» était brisée, j'étais niaisement oc-
cupé à reproduire un calembour idiot et éner-
vant qui me poursuivait depuis le collège I
La vérité, la voici :
Le télégramme que j'ai adressé le A septem-
bre au commandant Duperré, sur l'ordre de
l'impératrice régente, était chiffré et ne conte-
nait qu'un mot en clair, Belgijae.
Les auteurs du jeu de mots en question
n'olit deviné ni les termes ni le sens de cette
dépêche.
Combien je vous serais reconnaissant d'in-
sérer ces quelques mots 1
Avec mes remerciements, agréez, cher mon-
sieur, etc.
Augustin FILON.
Nous ne ferons pas la moindre difficulté
pour donner acte à M. Filon de son dé-
menti rectificatif.
Nous observerons seulement que l'argu-
ment psychologique sur lequel il prétend
l'étayer est singulièrement sujet à caution.
Il est évident, en effet, que si, le h septem-
bre, M. Filon avait eu l'esprit assez tran-
quille pour peser ses mots et écheniller ses
phrases, il n'aurait pas laissé échapper « le
calembour idiot et énervant dont la
persécution le poursuivait « depuis le col-
lège ».
Mais tout croulait autour de lui, son cœur
et sa carrière se brisaient à la fois : c'était
bien fini de rire. Il y avait là, vraiment,
de quoi faire perdre la tête au plus imper-
turbable. Rien d'étonnant, dès lors, à ce
que, télégraphiant en toute hâte à un ami
fidèle, il ait fait, dans la fièvre de l'affole-
ment et du désespoir, ce que, dans toute
autre circonstance, à cervelle reposée, il se
fût gardé de faire, et laissé tomber de sa
plume le malencontreux jeu de mots. Ce
n'est pas quoique troublé, mais, tout au
contraire, parce que troublé par la catas-
trophe, qu'il a paru vraisemblable que le
pauvre homme ait commis cet impair.
Il le nie aujourd'hui. Soit! c'est son af-
faire. Mais il n'importe.
La défection
Il n'en est pas moins avéré, de l'aveu
même du signataire, que dans l'après-midi
du h septembre, trois jours après la défaite
de Sedan, M. Duperré recevait, à M aube âge,
une dépêche chiffrée des Tuileries dans la-
quelle il était, avec ou sans calembour,
question de Belgique. M. Filon se garde bien
de nous dire ce que contenait ce mysté-
rieux télégramme, dont « on n'a su deviner
ni les termes ni le sens 2. Aussi, jusqu'à
plus ample informé, persisterons-nous à
croire et à dire qu'elle devait donner l'or-
dre au destinataire de filer. pardon!. de
passer en Belgique. Ce, qui nous confirme
dans cette croyance, c'est que, au reçu du
papier, ledit destinataire fila effectivement
sur Belgique d'abord, puis sur Angleierre,
d'où il ne devait revenir que six mois après,
pour réclamer titres et honneurs de cette
même République qu'il avait refusé de ser-
vir quand elle était en détresse.
Que cette défection se soit ou non pro-
duite à la faveur d'un méchant calem-
bour, c'est une question de micrographie
à renvoyer à l'Intermédiaire des chercheurs
et des curieux. Il y a eu défection : cela
suffit.
Un point d'histoire à établir
Le véritable point d'histoire à établir se-
rait celui de savoir si M. Duperré a pu
passer tranquillement, en bourgeois, par
Feignies, Mons (hôtel de la Couronne) et
Ostende, sans être inquiété par personne,
comme l'affirme mordicus la frontière
(d'Avesnes), qui paraît avoir bec, ongles
et. documents; ou si, au contraire, il sW
fait « pincer ", avec son impérial pupi i.e,
à Namur, par les autorités belges, commc
l'ont prétendu sans preuve l'agence Havas
et ML :.sbey.
Mais M. Filon ne s'aventure point sur ce
terrain brûlant — et pour cause 1
Par conséquent nos accusations — que
personne n'a réfutées — subsistent inté-
gralement, et l'indignité de l'amiral Du-
perré est un fait acquis. C. q. f. d.
M. Filon vient de perdra une belle occa-
sion de faire le mort, -
CHRONIQUE
Un de nos confrères raconte un mot
bien touchant de la fille d'Eyraud.
C'est une jeune personne fort belle,
à ce qu'il paraît, très intelligente et chas-
tement élevée par une mère excellente.
Lorsque éclata l'affreuse nouvelJ du
crime commis par son père, au lieu de se
consumer en plaintes stériles, elle résout
de faire face au sort et de gagner sa Vie.
Elle avait appris, pour son agrément, à
peindre. Elle songea à tirer jparti de ce
talent.
Grâce à de discrètes et solides ami-
tiés, elle fut, sous un nom supposé, ad-
mise à suivre des cours spéciaux, dans
une maison d'une tenue irréprochable.
Dernièrement, la maîtresse donnait une
fête, un bal. La jeune fille, pressée d'y
assister, refusa, alléguant des motifs qui,
visiblement, étaient faux.
— J'irai trouver votre mère pour qu'elle
vous décide.
— Ne faites pas cela, madame; ma mère
a beaucoup de chagrin; vous ne pour-
riez que les augmenter.
La maîtresse revint à la charge. La
jeune fille, alors, lui répondit résolu-
ment :
— yuaua vous saurez pourquoi, ma-
dame, vous n'insisterez pas. Je ne m'ap-
pelle pas du nom sous lequel je suis ici
connue : je suis mademoiselle Eyraud, la
fille d'Eyraud, l'assassin. On vient d'ar-
rèter mon père; puis-je danser?
La dame, interloquée, ne disait rien.
— J'espère, madame, ajouta la jeune
fille,que vous ne me chasserez pas,à pré-
sent que vous savez plus que jamais que
j'ai besoin qu'on m'aide à gagner ma vie
pour ma mère et pour moi.
Notre confrère ajoute que la maitresse
lui jura le secret et s'entremit pour pro-
curer à son élève de petits travaux d'en-
luminure. La jeune artiste a gagné
soixante francs le mois dernier. Elle en
est tout heureuse. « Nous sommes sau-
vées, » dit-elle.
Cette anecdote, qui a bien l'air d'être
vraie, me rappelle une autre histoire
dont je garantis l'authenticité.
Il y a de cela une dizaine d'années,
peut-être davantage, je reçus une lettre
de Mme Massart, que je n'avais pas l'hon-
neur de connaître personnellement, mais
dont le nom était célèbre parmi les ;"ll-
elle qui te ira. la :nvëml re jj
classe. r-
jouissait d'un gru; <^ .,,.;,' 1
une influence considérai^. '•ilW- - «
de passer chez a ï disant qu j
avait à demander au journaliste un ser-
vice important.
J'y allai, et .voici ce qu'elle me conta :
Elle avait dans sa classe, qui était très
sélect, pour me servir du mot à la mede,
une jeune personne, parfaitement élevée,
de vie irréprochable, très laborieuse et
bien douée. C'était une de ses meilleurf:,
élèves, et elle s'était prise pour cette en-
fant d'une affection particulière.
Un horrible malheur venait de la frap-
per. Son père, qui était graveur, homme
de mérite dans son art, et qui jouissait
dans son monde d'une grande considé-
ration, avait été tout à coup, sans que
rien eût pu faire prévoir un tel revire-
ment de fortune, arrêté et jeté en prison.
Il contrefaisait les billets de banque. C'é-
tait un faussaire.
La fille ne suivait les cours du Conser-
vatoire que pour son agrément, comme
font quelques jeunes filles très riches,
qui n'ont aucune arrière-pensée de de-
venir un jour artistes ou maîtresses de
musique. Mais après cette catastrophe,
le piano ne pouvait plus être pour elle
un plaisir de luxe : c'était un gagne-
pain. Elle étai lonc revenue à la classe,
après le premier deuil.
Mme Massart ne l'avait accueillie qu'avec
plus d'affection. Mais en serait-il de même
des petites camarades? Mme Massart avait
pris à part les plus intelligentes et les
plus aimables de ses élèves; elle avait
essayé de leur montrer quelle charité ce
serait de vivre avec leur compagne sur le
même pied qu'auparavant, de ne point
lui témoigner qu'on savait rien de son
malheur. Elle fit un pressant appel à leur
générosité. Toutes avaient promis, quel-
ques-unes vraiment touchées.
- Mais le préjugé n'avait pas tardé à re-
prendre le dessus..Quand la fille du faus-
saire entrait au cours, instinctivement ses
camarades se serraient et laissaient un
espace vide : la malheureuse se sentait
isolée. Il paraît même qu'on ne lui épar-
gnait pas les allusions perfides et déso-
bligeantes, ces coups de griffe félins que
les femmes excellent à donner sur une
blessure à vif. Quand elle recevait, pour
un morceau qu'elle venait de jouer, les
éloges qu'elle avait mérités, il courait
dans les rangs un sourd murmure de
désapprobation..
Il y eut pis : deux ou trois mères vin-
rent se plaindre à Mme Massart que leurs
filles, en venant au Conservatoire, fussent
obligées de subir le contact d'une per-
sonne flétrie. Elles menaçaient de porter
la question devant le directeur du Con-
servatoire et de demander l'expulsion de
la brebis galeuse. Mme Massart était dé-
solée du tour que prenaient les choses.
— Je ne vois pas bien, lui dis-je, ce que
je puis pour vous dans cette affaire.
— Pas grand'chose sans doute, et peut-
être rien. Mais je souhaiterais que vous
mp. f1 sciez un article dont je pourrais
lu uruier contre ris absurdes préventions,
contre ces effarouchements vrais ou faux
de pudeur alarmée.
Je lui fis observer qu'un article enve-
nimerait probablement la situation.
— Vous ne vous doutez pas, lui dis-je,
de l'importance que prend la moindre
vétille, quand elle passe imprimée da -nà
lejflurnal. Le scandale est encore à cf-tte
- *uw jya aa* J le. murs de votre
i
école ; il éclatera au dehors avec un bruit
abominable si je conte l'aventure et si je
révèle le nom de l'héroïne.
- Oh! mais, s'écria Mme Massart, pas
de nom; il ne faut pas de nom !
L'article devenait assez difficile à faire
du moment que j'étais réduit à me tenir
sur le terrain des généralités. Je l'écrivis
néanmoins, et j'ai su depuis que Mme
Massart l'avait lu à ses élèves, comme un
chapitre de morale ou un sermon qui se
serait appliqué à la circonstance.
J'ignore quel en a été l'effet. Celui de
tous les sermons sans doute. Ces demoi-
selles ont trouvé que j'avais très bien prê-
ché et n'en ont fait qu'à leur tête. Cette
jeune personne a pu terminer son année
d études. Mais je crois que, sur le conseil
même de Mme Massart, elle n'a pas af-
fronté l'épreuve du concours. Si elle avait
remporté un prix, il y aurait peut-être
eu une manifestation désagréable, dont
tous les journaux auraient le lendemain
entretenu le public.
Il se passera bien du temps encore
avant qu'on ne cesse de rendre les en««
fants responsables des fautes de leurs pè-
res. Que voulez-vous? c'est une loi de
nature. Toutes les études faites en ce mo.
ment sur l'hérédité confirment ce prin-
cipe, entrevu d'instinct par tous les peu-
ples et qui est à la base de toutes les reli.
gions, que les pères transmettent aux fils
leurs qualités physiques et morales. Il y
a là une fatalité de nature.
Mais le propre de la civilisation n'est-il
pas précisément de vaincre la nature?
On ne peut guère, il est vrai, par artifice,
corriger le sang vicié qu'un fils a reçu
de son père, non plus que les vices qu'il
en a hérités. La science, en cette affaire,
se déclare impuissante aussi bien que
la loi.
Mais la flétrissure qu'un condamné
lègue à son fils, il est en notre pouvoir
de l'effacer. Nous n'avons qu'à vouloir.
pour triompher ici de la nature, réduire
à néant cette horrible et inique loi de la
fatalité héréditaire.
Pourquoi ne le faisons-nous pas?
Parce que nous sommes en tout et par-
tout les esclaves du préjugé et de la
coutume. Mais il est beau de se mettre
au-dessus et de considérer, par-delà les
injustices.de la fatalité physique ou so-
ciale, l'éternelle équité, dont la bonté est
la forme la plus rayonnante.
Francisque Sarcey.
~u~ômfsiË
ET LES AUCIS DE M. FERRY
! b *1 tJi. •
im j. —rïOîOUW - *
avnee Baihant,
Tokis ;e £ qui se sont "cupés de
la Tunisie s'accordent à reconnaître que le
projet de firif douanier à appliquer à la
Tunisie, mis en échec avant-hier matin par
la commission des douanes de la Chambre
des députés, est indispensable pour assu*
rer l'avenir de cette contrée, offerte jadis
avec tant d'ostentation aux initiatives de la
colonisation française.
Or,ce qu'on n'a pas assez remarqué, c'est
le cas que font spécialement les opportu-
nistes de ce- que leur chef, M. Jules Ferry,
appelle modestement,dans son dernier ou-
vrage, « le grand œuvre accompli en Tu-
nisie. » -
C'est M. Thomson, Heur d'opportunisme,
qui combat le projet ouvertement. Et ceux
qui le devaient faire aboutir,ceux du moins
qui s'en étaient déclarés partisans en prin-
cipe, savez-vous ce qu'ils ont fait pour le
défendre ?
M. Baïhaut, membre du cabinet Ferry,
assistait à la séance de la commission ; la
discussion était engagée et tirait à sa fin,
lorsque, songeant sans doute qu'un déjeu-
ner, comme un diner, réchauffé ne valut
jamais rien, M. Baïhaut, dix minutes avant
le vote, jugea bon de partir.
C'est donc grâce à cet abandon que la
motion Thomson :¡, passé, ayant été adop-
tée, comme on sait, à 1 voix de majorité.
Voilà certes uu collaborateur de M. Ferry
qui ne fait pas de zèle en matière de poli-
tique coloniale.
Remarquons pour terminer que, sur 55 <
membres dont se compose cette commis-
sion des douanes, où les places ont été si *
ardemment briguées, 27 seulement, c'est-
à-dire moins de la moitié, avaient poussé Í
le sentiment du devoir jusqu'à assister à
une délibération de première importance.
De semblables négligences sont à tout
point de vue regrettables. ?
LA JUSTICE El RUSSIE
Trente-huit ans de Sibérie pour &
volés
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, Il juin..
A ceux qui pourraient supposer que la
justice ne laisse pas trop à désirer en
Russie, vous pouvez donner à méditer la
petite anecdote que voici et dont je vous
garantis l'absolue authenticité :
Le fait e passe dans La petite ville de
Saratoff, en .1850, alors que le servage n'était
pas encore aboli.
Un jour, un richo propriétaire du pays
accusa un de ses serfs, nommé Nicolas
Ankoudine, de lui avoir vc'è un objet d'una
valeur d'environ à roubles (5 fr.).
Le propriétaire en question était intime-
ment lié avec le gouverneur de Saratoff.
C'était plus qu'il n'en fallait pour faire con-
damner le pauvre moujik. Le malheureux
fut donc envoyé en Sibérie par voie admi-
nistrative, c'est-à-dire sans jugement.
On l'interna à Ochostk, et on l'y oublia
Pendant trente-huit ans, Nicolas Ankoudina
vécut de la chasse et de la préparation des
peaux. ,..
Ce n'est que par un pur hasard que le
gouverneur de la Sibérie occidentale apprit
l'existence de ce malheureux et le gracia.
Ankoudine, alors âgé de 70 ans, voulut
revoir son pays natal, et, n'ayant pas un sou
en poche, il se mit en route à pied, men-
diant tn pain dans les villages où il pas.
sait.
i. distance d'Ochostk à Saratoff est d..
plus de 15,000 kilomètres; il mit 82 mois àt
la parcourir. >
U y a seuleimwt quelques jours qu'An-i
kfuHtn^-qm est eacoi-e ws robuste POUD
SWl est arrivé à Saratoff VI il s'est em".
bauché comme ouvrier,
Ici, pas de danger que le gouverneineiîfc
lui accorde 1A moindre indemnité.
- - "I:
CINQ Centimes - Paris et Départements - CINQ Centimes
VENDREDI 13 JUIN 1880
JOURNAL RÉPUBLICAIN
BÊDACTIOW
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A. - EDOUARD PORTALIS
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Adresse télôgraphiqne : XIX* sIÈCLE - PARIS
TMépÎM*.* : 30.389 bU.
QiielpjsjMIfres
Sous ce titre, nous résumions ré-
eemment la première partie d'un inté-
ressant et compétent travail de M.
Cerboni, directeur général de la comp-
tabilité publique en Italie, sur les
budgets comparés de sept grandes
puissances européennes dans la pé-
riode qui va de 1882 à 1887-88.
Nous avons sous les yeux la fin de
cette importante étude. Les résultats
qu'elle met en lumière nous paraissent
si caractéristiques, si édifiants, que
nous cédons au désir de les communi-
quer à nos lecteurs. Ils y trouveront
le prétexte à plus d'une comparaison
instructive, le sujet de maintes ré-
flexions.
Rappelons que les budgets étudiés
sont ceux de l'Allemagne, de l'Angle-
terre, de PAutriche-Hongrie, de l'Es-
pagne, de la France, de l'Italie et de
la Russie.
L'auteur italien constate qu'en
France la tendance aux économies a
Suivi une progression accélérée depuis
1887. La situation de notre budget a
été en s'améliorant dans les trois der-
nières années.
L'état du budget de l'Autriche-Hon-
grie est assez critique, bien qu'on
constate dans ces derniers temps une
légère amélioration. La circulation à
cours forcé n'aggrave pas peu le défi-
cit, jusqu'à aujourd'hui chronique, de
ce budget. L'agio sur les paiements
en papier était calculé, en 1887, à rai-
son de Z 0/0 dans le budget de l'E-
tat.
La situation financière de l'Allema-
gne dans ces dernières années a été
bonne. Le sucre, l'alcool et le tabac
constituent les trois grandes sources
de revenu. On a du renoncer à établir,
comme on l'avait tenté, le monopole
de l'alcool.
De tous les pays de l'Europe, celui
qui possède les finances les plus pros-
pères est, sans discussion Pûssibié-
l'Angleterre. Les ressources principa-
les viennent de l'income tax ou impôt
sur le revenu, des droits de douane
sur le thé, le tabac, l'alcool, le vin, le
café, les fruits secs, et des taxes de
consommation et de fabrication sur la
bière et les boissons spiritueuses.
Ce sont là des indications généra-
les. 11 sied d'entrer dans les détails et
d'établir la comparaison entre ces
différents pays pour les principales
catégories de dépenses et de recet-
tes.
Commençons par les impôts directs.
- Dans tous les Etats, sauf en Russie,
ils ont été en augmentant de 1883 à
1887. L'augmentation n'a pas été
moindre de 17 Al 0/0 en Angleterre.
Elle n'a pas dépassé 7 50 chez nous.
Au contraire, en ce qui touche les
taxes de consommation, nous les avons,
dans cette période, élevées de 8 Oâ 0/0,
tandis que l'Angleterre les diminuait
de 1 95 0/0.
Le rapprochement n'est-il pas cu-
rieux? Quelle leçon pour les écono-
mistes qui s'en vont répétant que les
taxes de consommation sont bien pré-
férables, au point de vue du rende-
ment, aux impôts directs I L'Angle-
terre, dont le budget est le mieux ad-
ministré et le plus riche de l'Europe,
augmente en six ans les impôts directs
de plus de 17 0/0 et diminue les taxes
de consommation sans que l'équili-
bre de ses ressources ait à en souf-
frir le moins du monde; au contraire.
Nos financiers, qui ont suivi une mé-
thode toute différente, puisqu'ils ont
aggravé les taxes de consommation
dans une proportion supérieure à celle
où ils élevaient les impôts directs, de-
vraient bien méditer cet exemple.
S'ils ont de ce chef commis une er-
reur flagrante, il n'y a, par contre,
rien à reprocher à notre organisation
budgétaire au point de vue du taux
Moyen des frais de perception. Si
nous n'arrivons pas à égaler l'Angle-
terre, qui ne dépense que A 95 0/0, no-
tre chiffre, 7 01 0/0, est cependant
notablement inférieur à celui des au-
tres pays.
-- Mais, dans l'exploitation des biens
domaniaux, l'Etat français accuse des
dépenses beaucoup trop considéra-
bles. Et qu'on ne prétende pas, selon
une allégation courante, que la faute
en est à l'incapacité naturelle et irré-
médiable de tout gouvernement à bien
gérer ses propriétés. L'Angleterre, —
il faut bien encore la citer, — ne dé-
pense que 15 fr. h9 pour cent francs
de recettes. Pour obtenir le même ré-
sultat, l'administration française dé-
bourse 50 fr. hA, plus de la moitié.
Pour les travaux publics, la France
est le seul pays, — ceci mérite ré-
flexion, — qui ait, depuis six ans, ré-
duit ses dépenses. Elle les a diminuées
de plus de 35 efO, tandis que l'Alle-
magne les augmentait de 17, l'Angle-
terre de 3A 0/0.
► P semble aussi cjue nous Bayons j
pas, comparativement au moins, dé-
pensé autant que peut-être il eût été
utile, pour le service de l'agriculture.
Nos dépenses ne se sont, de ce chef,
augmentées que de 3 7h 0/0, tandis
qu'elles montaient de lâ 86 en Angle-
terre et de 130 33 0/0 (1) en Italie.
Nous avons fait, il est vrai, des ré-
ductions justifiées sur les dépenses des
cultes : 1A A3 0/0. Moins encore, ce-
pendant, que la religieuse Angleterre,
qui a réduit de plus d'un cinquième
en six ans les dépenses de cet ordre.
Il reste un dernier chapitre à con-
sulter qui a bien son intérêt. Je veux
parler des dépenses faites depuis
1883 pour l'armée et la marine, par
la France d'une part, par les gouver-
nements de la triple alliance de l'au-
tre.
L'augmentation des dépenses pour
l'armée a été en six ans, en France,
de 3 13 0/0.
Elle a été, en Italie, de 35 78 0[0.
En Autriche, de A3 83 0/0.
En Allemagne, de 5h 09 0/0, plus de
moitié.
L'augmentation des dépenses con-
cernant la marine a été, depuis 1883,
en France, de 17 91 0/0.
Elle a été, en Autriche, de 33 07 0/0.
En Allemagne, de 38 3A 0/0.
En Italie, de 133 86 0/0.
Ne trouvez-vous pas que voilà des
chiffres qui valent des discours?
A. Millerand.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
» Vie de Paris » par Henry Fouquier.
LA RÉPONSE
DES CONSERVATEURS
Il est intéressant de relever la réponse
faite par les organes conservateurs les plus
autorisés aux passages du dernier discours
de M. Constans invitant les républicains à
ouvrir leurs rangs aux conservateurs qui
voudraient se rallier sincèrement à la Ré-
publique.
Voici en quels termes catégoriques s'ex-
prime, dans l'Autorité, M. Paul de Cassa-
gnac : -
Vos avances, nous les repoussons avec
horreur, avec mépris ;
La joue que la République nous tend, nous
la souffletons;
La main qu'elle nous offre, noua crachons
dessus ;
Et votre République, nous la conspuons.
D'autre part, la Correspondance nationale,
organe officiel de M. le comte de Paris, ré-
pond à M. Constans que « ses avances sont
superflues », — c'est le titre de son article,
-et déclare aux républicains qu'ils n'ont
pas à compter sur les monarchistes, bien
résolus à poursuivre leur campagne sur le
terrain indiqué par M. le duc de Broglie.
Il est donc bien établi que lorsque les
conservateurs disent qu'ils acceptent la Ré-
publique, ce n'est qu'un truc électoral
dont le seul but est de tromper le suffrage
universel.
DERNIERS ÉCHOS
DE L'ÉLECTION DE GIEN
- Condamnation confirmée
(DS NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Orléans, Il juin.
Hier est venu devant la cour d'Orléans
l'appel du Républicain de Gien, journal de
M. Loreau, qui avait été condamné au
mois de mars dernier à deux cents francs
d'amende et trois cents francs de domma-
ges et intérêts pour diffamation envers
M. Portalis.
A la veille du scrutin du 9 mars, M. Lo-
reau avait fait insinuer par ce journal que
M. Portalis aurait bien pu détourner à son
profit les fonds provenant d'une souscrip-
tion ouverte en 1886 par le XIXe Siècle
pour l'entretien des tombes d'Alsace-Lor-
raine.
Dans une fastidieuse plaidoirie, qui n'a
pas duré moins de deux heures et demie,
M°Johannet,du barreau d'Orléans,a sollicité
l'acquittement du Républicain de Gien.
Après une courte et éloquente réplique
de Me Millerand, et conformément aux con-
clusions du ministère public, la cour a pu-
rement et simplement confirmé la sentence
des premiers juges.
.- GROS DÉTOURNEMENTS
A LA MANUFACTURE D'ARMES
DE SAINT-ETIENNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Etienne, 11 juin.
Le bruit court qu'un gros scandale vien-
drait d'être découvert dans l'administration
de notre manufacture d'armes.
On prétend que des détournements im-
portants de marchandises ont lieu depuis
longtemps.
Ces jours derniers, un ouvrier chargé
des livraisons a été renvoyé parce que.40,000
kilos d'huile à graissage ont disparu sans
qu'on en trouve trace nulle part. Cet em-
ployé déclare n'être pas l'auteur des tri-
potages, qui atteindraient plus haut.
Il a cité comme témoin un ancien comp-
table, actuellement au régiment, qui serait
au courant des détournements et aurait
falsifié les livres de comptabilité sur l'ordre
de ses chefs. Le parquet serait saisi de l'af-
faire.
Voilà ce qu'on raconte ici. Je vous ferai
savoir ce qu'il y a d'exact dans tous ces
bruits.
LE RAPPEL DE SOLDE D'EMIN-
PACHA
(OB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Le Caire, 11 juin.
Le gouvernement égyptien a fait payer à
Elllin-pacha l'arriéré de bon traitement, qu'il
n'avait pas touché depuis sept ans. Le gouver-
nement égyptien a, en meine temps, tenu
compte des droits d'Emin-pacha à une pen-
sion de retraite.
Le traitement d'Emin-pacha, ancien gouver-
neur de l'Equateur, était de 25,000 fr. par an.
L'ÉLECTION DE SAINT-DIÉ
Les électeurs de la première circonscription
de Saint-Dié sont convoqués pour le 6 juillet,
& l'effet d'élire un député- par suite de l'inva-
lidation ja tM. Pîtow
FOUS ET FOLLES
LES ALIÉNÉS TRAITÉS A DOMICILE
Le cas de Mlle Lubert. — A Sainte-
Anne. — Conversation avec M. Ma-
gnan. — La loi de 1838 et la loi
votée au Sénat. — La liberté
individuelle et la sécurité
publique.
Les fous se permettent, depuis quelque
temps, en plein Paris, les extravagances les
plus dangereuses. Ils se passionnent pour
les exercices de tir au revolver, et, pour se
montrer tout à fait « fin de siècle », ils dé-
daignent le vulgaire carton et visent au
cœur les malheureux qui les entourent et
sont sensés les persécuter odieusement.
Le cas de Mlle Hubert qui, samedi soir,
tira un coup de revolver sur son amant, en
plein boulevard, n'est pas un cas particu-
lier. Il confirme la règle générale qu'on
semble admettre aujourd'hui et qu'on pour-
rait formuler en ces termes : « Les parents
ou amis des aliénés non interdits et vivant
hors des établissements spéciaux auraient
le plus grand tort d'exercer une surveillance
sévère sur ces malheureux, de leur faire
suivre un traitement approprié au mal
dont ils souffrent et de prévoir les accidents
regrettables qu'ils peuvent causer sous le
coup d'une surexcitation passagère. »
Il est bien inutile, n'est-ce pas? de rappe-
ler les noms des précurseurs de Mlle Hu-
bert qui, en moins de deux ans, ont tra-
vaillé à la rédaction de cette règle géné-
rale. Mais les actes qu'ils ont commis, les
crimes dont ils se sont rendus coupables
sollicitent notre attention. En somme, ces
braves gens qu'on déclare irresponsables,
leur coup de pistolet tiré, leur victime à
à terre, menacent la sécurité publique.
On est en droit de se demander si la loi
du 30 juin 1838 sur les aliénés nous sauve-
garde suffisamment contre les maniaques
dangereux, les épileptiques, les gâteux, les
idiots et les crétins qui ne sont pas soumis
à une surveillance spéciale, et s'il n'y au-
rait pas que. que mesure à prendre pour
rendre inoffensifs les fous dispersés dans
Paris, dans des domiciles particuliers.
Une question embarrassante
Nous avons interrogé à ce sujet M. le doc-
teur Magnan, le savant aliéniste de Sainte-
Anne.
Le docteur Magnan nous répond tout net
que notre question est embarrassante. Il
vit avec les fous, il connaît leurs habitudes,
il sait ce qu'on peut attendre de telle ou
telle méthode de traitement; son expé-
rience enfin est consommée et il hésite ce-
pendant à se prononcer. C'est dire assez
que Mlle Hubert, et ceux ou celles dont elle
a suivi les exemples, sont des sujets inté-
ressants, mais que les problèmes qu'ils sou-
lèvent ne sont pas .faciles à rCauu«ii e* - -
— N'oubliez pas, nous dit notre interlo-
cuteur, qu'une pareille question soulève
des difficultés sans nombre : elle met aux
prises, en effet, les intérêts de la sécurité
publique avec ceux de la liberté indivi-
duelle ; elle soulève, d'autre part, des ques-
tions de droit privé et de médecine légale
qu'il faut examiner avec le plus grand soin.
N'oubliez pas aussi, ajoute eu souriant
le savant aiiéniste, n'oubliez pas que la
presse, dans un but très louable d'ailleurs,
a une tendance à ne voir généralement en
nous, quand nous proposons de traiter les
aliénés dans des asiles spéciaux, que des
adversaires de la liberté individuelle.
- .Que d'exemples nous pourrions citer
de violation arbitraire de la liberté indivi-
duelle. Sous prétexte de soigner un fou,
n'a-t-on pas enfermé souvent des hommes
aussi sains d'esprit que vous et moi ?
Mais ce sont là pour notre interlocuteur
de vieilles histoires. Il s'empresse d'ajouter,
revenant à la question qui nous intéresse :
—Permettez-moi de vous rappeler ce que
disait M. E. Bernard en parlant des aliénés
non interdits, des aliénés qui vivent hors:
des établissements spéciaux: «La loi de 1838
n'autorise pas une surveillance spéciale et
permanente sur tous les aliénés; à moins
qu'ils ne menacent la tranquillité ou qu'ils
n'aient pas de famille, aucune autorité pu-
blique n'a le droit d'intervenir pour criti-
quer soit le traitement auquel ils sont sou-
mis, soit le mode de gestion de leur for-
tune, soit même l'absence de tous soins et
de tout traitement. »
La protection des fous
,. - Mlle Hubert avait déjà menacé la tran-
quillité publique, objectons-nous.
— Oui, puisqu'elle avait été internée à
Clermont après un premier coup de revol-
ver tiré sur le frère de sa dernière victime.
Mais elle s'est évadée.
— La loi actuelle pouvait donc nous
garantIr. contre elle.
Mais M. Magnan tient à poursuivre son
raisonnement. Nous ne voulons pas insister
sur le cas de Mlle Hubert. Evidemment on
pourrait accuser l'administration de ne pas
avoir pris toutes les mesures nécessaires
après l'évasion de cette malade.
— Les aliénés qui ne sont pas interdits,
poursuit donc M. Magnan, ne sont protégés,
comme les autres citoyens, que par les dis-
positions générales des lois sur la liberté
individuelle s'ils sont séquestres sans né-
cessité, et par les lois pénales ordinaires
s'ils sont l'objet de violences. !
La toi votee au benat et qui a donne lieu,
sous la précédente législature, à l'étude
remarquable de M. Roussel sur les aliénés
et au rapport très intéressant de M. Bour-
neville, contient des dispos tions particu-
lières pour la surveillance et la protection
de ces aliéués, dispositions que je crois
très sages et que nous désirerions voir ap-
pliquer. Mais quand cette loi viendra-t-elle
devant les Chambres?
Cette loi crée des commissions perma-
nentes chargées de la surveillance des
aliénés à domicile; la composition et le
fonctionnement de ces commissions sont
réglés très libéralement. La nouvelle loi
complète aussi par des mesures de sur-
veillance la prescription législative qui
assimile aux asiles privés les domiciles
particuliers où un aliéné est gardé. Mlle pro-
cure en outre aux malades les plus grandes
garanties.
— Mais cette loi votée par le Sénat ,ro.
tége-t-elle suffisamment la société ?
— Elle protège surtout l'aliché, mais,
par contre-coup, elle protège aussi la so-
ciété. En assurant au malade un traite-
ment efficace, elle pourra modifier heu-
reusement son état moral et prévenir les
catastrophes dont nous sommes si souvent
les témoins depuis quelque temps.
La sécurité publique
M. le docteur Magnan nous expose, en
terminanUes dispositipas des lois anglaises
concernant les aliénés traités à domicile.
Le lord-chancelier ou le ministre de l'inté-
rieur peuvent, en tout temps et en toute
circonstance, faire visiter et examiner par
les commissioners in lunacy, ou par d'au-
tres personnes, tout aliéné ou supposé
aliéné traité et renfermé ou soumis à une
contrainte quelconque dans un domicile
particulier.
Ces mesures, en France, seraient consi-
dérées avec raison comme vexatoires.
En somme, M. Magnan est d'avis que la
nouvelle loi votée par le Sénat et re visant
celle de 1838 sur les aliénés présente les
garanties suffisantes, au point de vue du
traitemement des aliénés à domicile, aussi
bien pour la sécurité publique que pour la
liberté individuelle.
Il est donc urgent que la Chambre mette
au plus vite la discussion de cette loi à son
ordre du jour. Il y a décidément beau-
coup trop de fous dans nos rues.
M. DE BISMARCK CANDIDAT
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 11 juin.
La candidature de M. de Bismarck au
Reichstag sera posée dans la quatrième
circonscription de Potsdam, vacant par le
décès de M. de Wedall-Molchow.
L'AMI RALJUPERRÉ
UN POINT D'HISTOIRE
Une rec ificat:on.—Filons sur Belgique.
— Avec ou sans calembour. — La
parole est d'argent, mais le si-
lence est d'or. — La cause
est entendue.
M. Filon, cet ex-précepteur du princeim-
périal qui accompagnait, il y a vingt ans,
l'amiral Duperré lors de sa fuite en Bel-
gique, juge a propos d'intervenir au dé-
bat. Voici la lettre que, du fond de la re-
traite où il s'est enseveli et où son ancien
complice aurait dû avoir la pudeur de le
suivre, il adresse au Figaro:
Margate, 9 juin.
Cher monsieur Magnard,
Voulez-vous m'aider à faire justice d'une
vieille et stupide calomnie qui vient de re-
paraître dans certains journaux à propos de
l'interpellation de M. Ernest Roche?
Il s'agit de la prétendue dépêche : Filons
sur Belgique, que j'aurais adressée au comman-
dant Duperré, le h septembre 1870. Malgré les
démentis réitérés, il y a des gens qui croient
encore à l'authenticité de cette dépêche.
Il y a des gens qui croient ou feignent de
croire que ce jour-là, à trois heures, dans les
Tuileries qui allaient être envahies, au milieu
du désastre public et de l'écroulement de tout
ce que j'aimais, quand ma carrière, comme
mon cœur» était brisée, j'étais niaisement oc-
cupé à reproduire un calembour idiot et éner-
vant qui me poursuivait depuis le collège I
La vérité, la voici :
Le télégramme que j'ai adressé le A septem-
bre au commandant Duperré, sur l'ordre de
l'impératrice régente, était chiffré et ne conte-
nait qu'un mot en clair, Belgijae.
Les auteurs du jeu de mots en question
n'olit deviné ni les termes ni le sens de cette
dépêche.
Combien je vous serais reconnaissant d'in-
sérer ces quelques mots 1
Avec mes remerciements, agréez, cher mon-
sieur, etc.
Augustin FILON.
Nous ne ferons pas la moindre difficulté
pour donner acte à M. Filon de son dé-
menti rectificatif.
Nous observerons seulement que l'argu-
ment psychologique sur lequel il prétend
l'étayer est singulièrement sujet à caution.
Il est évident, en effet, que si, le h septem-
bre, M. Filon avait eu l'esprit assez tran-
quille pour peser ses mots et écheniller ses
phrases, il n'aurait pas laissé échapper « le
calembour idiot et énervant dont la
persécution le poursuivait « depuis le col-
lège ».
Mais tout croulait autour de lui, son cœur
et sa carrière se brisaient à la fois : c'était
bien fini de rire. Il y avait là, vraiment,
de quoi faire perdre la tête au plus imper-
turbable. Rien d'étonnant, dès lors, à ce
que, télégraphiant en toute hâte à un ami
fidèle, il ait fait, dans la fièvre de l'affole-
ment et du désespoir, ce que, dans toute
autre circonstance, à cervelle reposée, il se
fût gardé de faire, et laissé tomber de sa
plume le malencontreux jeu de mots. Ce
n'est pas quoique troublé, mais, tout au
contraire, parce que troublé par la catas-
trophe, qu'il a paru vraisemblable que le
pauvre homme ait commis cet impair.
Il le nie aujourd'hui. Soit! c'est son af-
faire. Mais il n'importe.
La défection
Il n'en est pas moins avéré, de l'aveu
même du signataire, que dans l'après-midi
du h septembre, trois jours après la défaite
de Sedan, M. Duperré recevait, à M aube âge,
une dépêche chiffrée des Tuileries dans la-
quelle il était, avec ou sans calembour,
question de Belgique. M. Filon se garde bien
de nous dire ce que contenait ce mysté-
rieux télégramme, dont « on n'a su deviner
ni les termes ni le sens 2. Aussi, jusqu'à
plus ample informé, persisterons-nous à
croire et à dire qu'elle devait donner l'or-
dre au destinataire de filer. pardon!. de
passer en Belgique. Ce, qui nous confirme
dans cette croyance, c'est que, au reçu du
papier, ledit destinataire fila effectivement
sur Belgique d'abord, puis sur Angleierre,
d'où il ne devait revenir que six mois après,
pour réclamer titres et honneurs de cette
même République qu'il avait refusé de ser-
vir quand elle était en détresse.
Que cette défection se soit ou non pro-
duite à la faveur d'un méchant calem-
bour, c'est une question de micrographie
à renvoyer à l'Intermédiaire des chercheurs
et des curieux. Il y a eu défection : cela
suffit.
Un point d'histoire à établir
Le véritable point d'histoire à établir se-
rait celui de savoir si M. Duperré a pu
passer tranquillement, en bourgeois, par
Feignies, Mons (hôtel de la Couronne) et
Ostende, sans être inquiété par personne,
comme l'affirme mordicus la frontière
(d'Avesnes), qui paraît avoir bec, ongles
et. documents; ou si, au contraire, il sW
fait « pincer ", avec son impérial pupi i.e,
à Namur, par les autorités belges, commc
l'ont prétendu sans preuve l'agence Havas
et ML :.sbey.
Mais M. Filon ne s'aventure point sur ce
terrain brûlant — et pour cause 1
Par conséquent nos accusations — que
personne n'a réfutées — subsistent inté-
gralement, et l'indignité de l'amiral Du-
perré est un fait acquis. C. q. f. d.
M. Filon vient de perdra une belle occa-
sion de faire le mort, -
CHRONIQUE
Un de nos confrères raconte un mot
bien touchant de la fille d'Eyraud.
C'est une jeune personne fort belle,
à ce qu'il paraît, très intelligente et chas-
tement élevée par une mère excellente.
Lorsque éclata l'affreuse nouvelJ du
crime commis par son père, au lieu de se
consumer en plaintes stériles, elle résout
de faire face au sort et de gagner sa Vie.
Elle avait appris, pour son agrément, à
peindre. Elle songea à tirer jparti de ce
talent.
Grâce à de discrètes et solides ami-
tiés, elle fut, sous un nom supposé, ad-
mise à suivre des cours spéciaux, dans
une maison d'une tenue irréprochable.
Dernièrement, la maîtresse donnait une
fête, un bal. La jeune fille, pressée d'y
assister, refusa, alléguant des motifs qui,
visiblement, étaient faux.
— J'irai trouver votre mère pour qu'elle
vous décide.
— Ne faites pas cela, madame; ma mère
a beaucoup de chagrin; vous ne pour-
riez que les augmenter.
La maîtresse revint à la charge. La
jeune fille, alors, lui répondit résolu-
ment :
— yuaua vous saurez pourquoi, ma-
dame, vous n'insisterez pas. Je ne m'ap-
pelle pas du nom sous lequel je suis ici
connue : je suis mademoiselle Eyraud, la
fille d'Eyraud, l'assassin. On vient d'ar-
rèter mon père; puis-je danser?
La dame, interloquée, ne disait rien.
— J'espère, madame, ajouta la jeune
fille,que vous ne me chasserez pas,à pré-
sent que vous savez plus que jamais que
j'ai besoin qu'on m'aide à gagner ma vie
pour ma mère et pour moi.
Notre confrère ajoute que la maitresse
lui jura le secret et s'entremit pour pro-
curer à son élève de petits travaux d'en-
luminure. La jeune artiste a gagné
soixante francs le mois dernier. Elle en
est tout heureuse. « Nous sommes sau-
vées, » dit-elle.
Cette anecdote, qui a bien l'air d'être
vraie, me rappelle une autre histoire
dont je garantis l'authenticité.
Il y a de cela une dizaine d'années,
peut-être davantage, je reçus une lettre
de Mme Massart, que je n'avais pas l'hon-
neur de connaître personnellement, mais
dont le nom était célèbre parmi les ;"ll-
elle qui te ira. la :nvëml re jj
classe. r-
jouissait d'un gru; <^ .,,.;,' 1
une influence considérai^. '•ilW- - «
de passer chez a ï disant qu j
avait à demander au journaliste un ser-
vice important.
J'y allai, et .voici ce qu'elle me conta :
Elle avait dans sa classe, qui était très
sélect, pour me servir du mot à la mede,
une jeune personne, parfaitement élevée,
de vie irréprochable, très laborieuse et
bien douée. C'était une de ses meilleurf:,
élèves, et elle s'était prise pour cette en-
fant d'une affection particulière.
Un horrible malheur venait de la frap-
per. Son père, qui était graveur, homme
de mérite dans son art, et qui jouissait
dans son monde d'une grande considé-
ration, avait été tout à coup, sans que
rien eût pu faire prévoir un tel revire-
ment de fortune, arrêté et jeté en prison.
Il contrefaisait les billets de banque. C'é-
tait un faussaire.
La fille ne suivait les cours du Conser-
vatoire que pour son agrément, comme
font quelques jeunes filles très riches,
qui n'ont aucune arrière-pensée de de-
venir un jour artistes ou maîtresses de
musique. Mais après cette catastrophe,
le piano ne pouvait plus être pour elle
un plaisir de luxe : c'était un gagne-
pain. Elle étai lonc revenue à la classe,
après le premier deuil.
Mme Massart ne l'avait accueillie qu'avec
plus d'affection. Mais en serait-il de même
des petites camarades? Mme Massart avait
pris à part les plus intelligentes et les
plus aimables de ses élèves; elle avait
essayé de leur montrer quelle charité ce
serait de vivre avec leur compagne sur le
même pied qu'auparavant, de ne point
lui témoigner qu'on savait rien de son
malheur. Elle fit un pressant appel à leur
générosité. Toutes avaient promis, quel-
ques-unes vraiment touchées.
- Mais le préjugé n'avait pas tardé à re-
prendre le dessus..Quand la fille du faus-
saire entrait au cours, instinctivement ses
camarades se serraient et laissaient un
espace vide : la malheureuse se sentait
isolée. Il paraît même qu'on ne lui épar-
gnait pas les allusions perfides et déso-
bligeantes, ces coups de griffe félins que
les femmes excellent à donner sur une
blessure à vif. Quand elle recevait, pour
un morceau qu'elle venait de jouer, les
éloges qu'elle avait mérités, il courait
dans les rangs un sourd murmure de
désapprobation..
Il y eut pis : deux ou trois mères vin-
rent se plaindre à Mme Massart que leurs
filles, en venant au Conservatoire, fussent
obligées de subir le contact d'une per-
sonne flétrie. Elles menaçaient de porter
la question devant le directeur du Con-
servatoire et de demander l'expulsion de
la brebis galeuse. Mme Massart était dé-
solée du tour que prenaient les choses.
— Je ne vois pas bien, lui dis-je, ce que
je puis pour vous dans cette affaire.
— Pas grand'chose sans doute, et peut-
être rien. Mais je souhaiterais que vous
mp. f1 sciez un article dont je pourrais
lu uruier contre ris absurdes préventions,
contre ces effarouchements vrais ou faux
de pudeur alarmée.
Je lui fis observer qu'un article enve-
nimerait probablement la situation.
— Vous ne vous doutez pas, lui dis-je,
de l'importance que prend la moindre
vétille, quand elle passe imprimée da -nà
lejflurnal. Le scandale est encore à cf-tte
- *uw jya aa* J le. murs de votre
i
école ; il éclatera au dehors avec un bruit
abominable si je conte l'aventure et si je
révèle le nom de l'héroïne.
- Oh! mais, s'écria Mme Massart, pas
de nom; il ne faut pas de nom !
L'article devenait assez difficile à faire
du moment que j'étais réduit à me tenir
sur le terrain des généralités. Je l'écrivis
néanmoins, et j'ai su depuis que Mme
Massart l'avait lu à ses élèves, comme un
chapitre de morale ou un sermon qui se
serait appliqué à la circonstance.
J'ignore quel en a été l'effet. Celui de
tous les sermons sans doute. Ces demoi-
selles ont trouvé que j'avais très bien prê-
ché et n'en ont fait qu'à leur tête. Cette
jeune personne a pu terminer son année
d études. Mais je crois que, sur le conseil
même de Mme Massart, elle n'a pas af-
fronté l'épreuve du concours. Si elle avait
remporté un prix, il y aurait peut-être
eu une manifestation désagréable, dont
tous les journaux auraient le lendemain
entretenu le public.
Il se passera bien du temps encore
avant qu'on ne cesse de rendre les en««
fants responsables des fautes de leurs pè-
res. Que voulez-vous? c'est une loi de
nature. Toutes les études faites en ce mo.
ment sur l'hérédité confirment ce prin-
cipe, entrevu d'instinct par tous les peu-
ples et qui est à la base de toutes les reli.
gions, que les pères transmettent aux fils
leurs qualités physiques et morales. Il y
a là une fatalité de nature.
Mais le propre de la civilisation n'est-il
pas précisément de vaincre la nature?
On ne peut guère, il est vrai, par artifice,
corriger le sang vicié qu'un fils a reçu
de son père, non plus que les vices qu'il
en a hérités. La science, en cette affaire,
se déclare impuissante aussi bien que
la loi.
Mais la flétrissure qu'un condamné
lègue à son fils, il est en notre pouvoir
de l'effacer. Nous n'avons qu'à vouloir.
pour triompher ici de la nature, réduire
à néant cette horrible et inique loi de la
fatalité héréditaire.
Pourquoi ne le faisons-nous pas?
Parce que nous sommes en tout et par-
tout les esclaves du préjugé et de la
coutume. Mais il est beau de se mettre
au-dessus et de considérer, par-delà les
injustices.de la fatalité physique ou so-
ciale, l'éternelle équité, dont la bonté est
la forme la plus rayonnante.
Francisque Sarcey.
~u~ômfsiË
ET LES AUCIS DE M. FERRY
! b *1 tJi. •
im j. —rïOîOUW - *
avnee Baihant,
Tokis ;e £ qui se sont "cupés de
la Tunisie s'accordent à reconnaître que le
projet de firif douanier à appliquer à la
Tunisie, mis en échec avant-hier matin par
la commission des douanes de la Chambre
des députés, est indispensable pour assu*
rer l'avenir de cette contrée, offerte jadis
avec tant d'ostentation aux initiatives de la
colonisation française.
Or,ce qu'on n'a pas assez remarqué, c'est
le cas que font spécialement les opportu-
nistes de ce- que leur chef, M. Jules Ferry,
appelle modestement,dans son dernier ou-
vrage, « le grand œuvre accompli en Tu-
nisie. » -
C'est M. Thomson, Heur d'opportunisme,
qui combat le projet ouvertement. Et ceux
qui le devaient faire aboutir,ceux du moins
qui s'en étaient déclarés partisans en prin-
cipe, savez-vous ce qu'ils ont fait pour le
défendre ?
M. Baïhaut, membre du cabinet Ferry,
assistait à la séance de la commission ; la
discussion était engagée et tirait à sa fin,
lorsque, songeant sans doute qu'un déjeu-
ner, comme un diner, réchauffé ne valut
jamais rien, M. Baïhaut, dix minutes avant
le vote, jugea bon de partir.
C'est donc grâce à cet abandon que la
motion Thomson :¡, passé, ayant été adop-
tée, comme on sait, à 1 voix de majorité.
Voilà certes uu collaborateur de M. Ferry
qui ne fait pas de zèle en matière de poli-
tique coloniale.
Remarquons pour terminer que, sur 55 <
membres dont se compose cette commis-
sion des douanes, où les places ont été si *
ardemment briguées, 27 seulement, c'est-
à-dire moins de la moitié, avaient poussé Í
le sentiment du devoir jusqu'à assister à
une délibération de première importance.
De semblables négligences sont à tout
point de vue regrettables. ?
LA JUSTICE El RUSSIE
Trente-huit ans de Sibérie pour &
volés
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, Il juin..
A ceux qui pourraient supposer que la
justice ne laisse pas trop à désirer en
Russie, vous pouvez donner à méditer la
petite anecdote que voici et dont je vous
garantis l'absolue authenticité :
Le fait e passe dans La petite ville de
Saratoff, en .1850, alors que le servage n'était
pas encore aboli.
Un jour, un richo propriétaire du pays
accusa un de ses serfs, nommé Nicolas
Ankoudine, de lui avoir vc'è un objet d'una
valeur d'environ à roubles (5 fr.).
Le propriétaire en question était intime-
ment lié avec le gouverneur de Saratoff.
C'était plus qu'il n'en fallait pour faire con-
damner le pauvre moujik. Le malheureux
fut donc envoyé en Sibérie par voie admi-
nistrative, c'est-à-dire sans jugement.
On l'interna à Ochostk, et on l'y oublia
Pendant trente-huit ans, Nicolas Ankoudina
vécut de la chasse et de la préparation des
peaux. ,..
Ce n'est que par un pur hasard que le
gouverneur de la Sibérie occidentale apprit
l'existence de ce malheureux et le gracia.
Ankoudine, alors âgé de 70 ans, voulut
revoir son pays natal, et, n'ayant pas un sou
en poche, il se mit en route à pied, men-
diant tn pain dans les villages où il pas.
sait.
i. distance d'Ochostk à Saratoff est d..
plus de 15,000 kilomètres; il mit 82 mois àt
la parcourir. >
U y a seuleimwt quelques jours qu'An-i
kfuHtn^-qm est eacoi-e ws robuste POUD
SWl est arrivé à Saratoff VI il s'est em".
bauché comme ouvrier,
Ici, pas de danger que le gouverneineiîfc
lui accorde 1A moindre indemnité.
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