Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-06-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 juin 1890 07 juin 1890
Description : 1890/06/07 (A19,N6718). 1890/06/07 (A19,N6718).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — Ne 6,718
CINQ Centimes — i>aris et Départements — CINQ Centimes
SAMEDI 7 JUIN 1890
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
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Pü8
DIRECTEUR POLITIQUE
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ENQUETE UTILE
Il faut louer sans réserve l'idée qui
a dicté au ministre des affaires étran-
gères la circulaire qu'il vient d'adres-
ser à ses agents et dont nous avons
publié avant-hier les principaux pas-
sages.
On sait quelle elle est. M. Ribot y
invite nos représentants au dehors à
lui adresser un certain nombre de
renseignements sur la situation ma-
térielle, intellectuelle et morale des
ouvriers dans les pays où ils sont ac-
crédités.
Le ministre constate tout d'abord
quelle place les questions sociales ont
prise dans les préoccupations de tous
les gouvernements. Pour n'être pas
neuve, la constatation n'en emprunte
pas moins un certain intérêt à la per-
sonnalité de son auteur et aux fonc-
tions qu'il occupe. La question sociale
reconnue au quai d'Orsay, par un
membre du Centre Gauche, c'est un
signe des temps.
M. Ribot, dans cette circulaire, s'at-
tache à mettre en relief la part que la-
France a prise, depuis vingt années
surtout, au mouvement qui entraîne
vers ces questions les politiques, les
publicistes, les penseurs de tous les
pays. Nous ne saurions que l'en louer.
Il y a, du reste, beaucoup de vrai
dans ce tableau. Il est exact qu'au
point de vue des droits politiques, les
- travailleurs français n'ont rien à en-
vier à leurs camarades d'aucun pays.
Peut-être auraient-ils quelques leçons
à en recevoir, touchant l'exercice des
facultés que leur confère la loi.
La législation allemande est loin de
reconnaître aux ouvriers les mêmes
droits que la nôtre au point de vue,
par exemple, de l'association. Grâce
pourtant à leur esprit de discipline, à
leur entente étroite, aux sacrifices vo-
lontairement acceptés, les travailleurs
allemands sont arrivés à des résultats
dignes d'admiration. La victoire que
le parti socialiste a remportée aux
dernières élections du Reichstag, il l'a
enlevée de haute lutte par son éner-
gie, sa persévérance et son union.
Peut-être aussi le ministre a-t-il lé-
gèrement flatté le modèle qu'il vou-
lait peindre, quand il a esquissé la si-
tuation actuelle de l'assistance publi-
que dans notre pays. Mais nous se-
rions, en vérité, mal venus à lui en
faire un grief.
Il ne méconnaît pas, d'ailleurs, que
de nombreux progrès restent à réali-
ser. Il estime que l'étude des réformes
à accomplir serait singulièrement fa-
cilitée, si le gouvernement et le Parle-
ment étaient éclairés dans leur exa-
men par des travaux sérieux et ré-
cents sur la situation des classes labo-
rieuses dans les autres pays indus-
triels.
Au premier rang de ceux-ci se pla-
cent naturellement l'Angleterre, l'Al-
lemagne, la Belgique, la Suisse, l'Ita-
lie, les Etats-Unis, etc. L'enquête ne
devra pas se borner à résumer la lé-
gislation ouvrière de chaque nation.
La circulaire précise, de la manière la
plus nette et la plus juste, quelques-
uns des points où devra se porter
l'attention de nos agents.
Tels : les salaires, en ayant soin
d'établir le rapport entre le prix de la
main-d'œuvre, le chiffre de la pro-
duction et le prix des subsistances; le
travail du dimanche ; la responsabi-
lité des patrons en cas d'accidents;
les mesures prises en ce qui concerne
les établissements dangereux et insa-
lubres; l'intervention des pouvoirs
publics dans le contrat de travail; la
protection des enfants, des femmes et
des adultes; la dilrée de la journée de
travail. Nous ne citons de cette lon-
gue énumération que les questions les
plus intéressantes.
Il est hors de doute qu'une enquête
sur des problèmes si délicats, bien
faite et capable de fournir des rensei-
gnements précis, présenterait un inté-
rêt et une utilité incontestables.
Elle permettait de dresser, comme
on a dit, le bilan matériel et moral du
prolétariat dans le monde. Mais, si
utile qu'elle puisse être, elle appelle
un complément indispensable. C'est
très bien d'être exactement renseigné
sur ce qui se passe hors de nos fron-
tières; il ne serait pas mauvais de
l'être sur ce qui se passe chez nous.
Cette enquête, que nos représen-
tants à l'extérieur vont mener dans
tes pays étrangers, pourquoi donc le
gouvernement ne l'instituerait-il pas
en France? Il ne ferait que suivre un
exemple donné déjà, nous avons eu
occasion de le dire, par plusieurs gou-
vernements voisins.
En Angleterre, le Board of trade,
outre les enquêtes qu'il ouvre sur cha-
que grande question sociale qui vient
à l'ordre du jour, publie tous les ans
des Labour statistics, dont l'exac-
titude et la multiplicité d'informations
ont acquis depuis longtemps une ré-
putation mérita. Aux Etats-Unis, Je
ministère du travail est chargé du
même office;
En Suisse, depuis trois ans, existe
un secrétariat ouvrier dont le titu-
laire est à la nomination des repré-
sentants légalement délégués des so-
ciétés ouvrières suisses. Son œuvre est
la même.
Nous approuvons fort l'initiative
prise par le ministre des affaires
étrangères. Mais nous verrions avec
satisfaction cette enquête temporaire
recevoir pour corollaire la création
d'un office permanent d'informations
sur la situation des travailleurs en
France.
A. Millerand.
Le « XIX0 Siècle D publiera demain la
« Chronique a par M. Francisque Sarcey.
INTERPELLATION
SUR LE CAS DE L'AMIRAL DUPERRÉ
M. Ernest Roche déposera demain, au
début de la séance de la Chambre, une
demande d'interpellation sur la nomina-
tion de l'amiral Charles Duperré au com-
mandement de l'escadre de la Méditer-
ranée.
w,,, Nous regrettons que cette question soit
portée à la tribune parlementaire par un
député boulangiste.
Une fois de plus, la majorité républi-
caine se sera laissé devancer.
MM. LAGUERRE ET LE HÉRISSÉ
A PRANGINS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Genève, 5 juin.
Le Journal de Genève dit :
« On nous affirme que MM. Laguerre et
Le Hérissé, députés boulangistes, sont ar-
rivés mardi soir dans notre ville, par le
train de 8 h. 18. Ils étaient attendus à la
gare par deux secrétaires du prince Napo-
léon, avec lesquels ils seraient repartis
pour Prangins par le train-tramway, à
9 h. 50. g
LE DOSSIER DE M. DE BISMARCK
Autres souvenirs. — Le chancelier
Bomba.
[Nous recevons la lettre suivante :]
Vous avez relevé fort à propos divers
actes et paroles de M. de Bismarck, don-
nant la mesure des vrais sentiments qu'il a
toujours nourris à l'égard de la France
alors qu'il était puissant et qu'il ne croyait
pas avoir besoin de la bonne opinion des
Français.
Vous auriez pu ajouter bien d'autres
traits au dossier de notre ennemi.
On ne connaît pas assez la part person-
nelle qu'il a eue dans le bombardement de
Paris. Elle est révélée cependant dans les
mémoires de son secrétaire Busch, qui
consignit, au commencement de décem-
bre 1870, ce propos de son maître :
— C'est bien à tort qu'en Allemagne on
s'en prend à moi que le bombardement
tarde tant. C'est moi, au contraire, qui ne
cesse de le réclamer tous les jours, depuis
deux mois; mais les militaires ne peuvent
pas se décider.
Un ogre en belle humeur
Lorsque Jules Favre alla à Versailles trai-
ter de la capitulation, il raconta, pour at-
tendrir le chancelier prussien, que les hom-
mes pouvaient supporter longtemps en-
core les privations du siège, mais que les
femmes et les enfants souffraient beaucoup.
— Les enfants ! s'écria l'autre avec un
gros rire, vous ne les avez donc pas tous
mangés !
C'est cet homme que le Petit Journal pré-
sente aujourd'hui à ses nombreux lecteurs
comme un ami de la France, bonhomme et
grondeur à la fois, mais sincère et bienveil-
lant.
Lois XIV était pour Mme de Sévigné le
plus grand roi du monde depuis qu'il avait
dansé avec elle. Une côtelette a suffi à faire
de M. de Bismarck un philanthrope et un
chevalier pour MM. des Houx et Tristan.
UN BAPTÊME A POTSDAM
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 5 juin.
Hier a été baptisée, dans la salle de l'an-
cienne bibliothèque de Frédéric-le-Grand,
au Vieux-Château de Potsdam, l'enfant du
prince Léopold, fils de feu le prince Fré-
déric-Charles, en présence de l'empereur
Guillaume, qui a tenu l'enfant, une fille,
sur les fonts baptismaux ; de l'impératrice,
du roi de Saxe, du prince Henri de Prus-
se, etc.
L'enfant a reçu les noms de Victoria-
Marguerite-Elisabeth-Marie-Adélaïde - Ulri-
que.
Les invités ont dû paraître dans le nou-
veau costume de cour.
Nombre de secrétaires d'ambassa de aux
mollets grêles faisaient le plus drôle effet
dans leurs culottes courtes, leurs bas de
soie blancs et leurs souliers à la pou-
laine.
LES DEUX MILAN
- Un divorce à scandale
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belgrade, 5 juin.
M. Milan Christitch, ancien ministre de
Serbie à Berlin, intente une action en di-
vorce contre sa femme, dont les relations
avec l'ex-roi Milan étaient de notoriété pu-
blique. Il a déposé une plainte formelle en
adultère contre eux.
CHIRURGIE SUBSTITUTIVE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 5 juin.
Le professeur Gluck a accompli une opéra-
tion chirurgicale aussi originale que hardie.
Il a enlevé à un malade la rotule, qui était
cariée, et l'a remplacée par une rotule artifi-
cielle en ivoire. Le patient a quitté le lit, va et
vient avec la plus grande facilité et glolare
,'avoir. rifla pçrau 99 chaB~ ..,:,- >1 -'. --.
L'AMNISTIE
Une interpellation et une proposition
Un post-scriptum à la grâce du duc
d'Orléans. — L'interpellation Du-
may. — Les déc arations du gou-
vernement.- L'ordre du jour
pur et simple.
C'était, à prévoir — et le XIXe Siècle l'a-
vait d'ailleurs annoncé dès hier. La grâce
du duc d'Orléans a motivé, à la Chambre,
une demande d'explications, puis ensuite,
— et surtout, — une proposition d'amnistie
en faveur des grévistes et des condamnés
politiques encore détenus actuellement.
C'est M. Dumay, député socialiste de la
Seine, qui e.t venu, à l'aide d'une inter-
pellation dont la discussion immédiate a
été ordonnée, provoquer les explications
et en même temps préconiser la générali-
sation de la mesure gracieuse dont un
prince vient de bénéficier.
M. Dumay. — J'ai demandé à interpeller le
gouvernement sur les motifs de la mise en li-
berté de monsieur d'Orléans. (Mouvement.)
Je dis monsieur d'Orléans, laissant aux
fonctionnaires de la République le soin de
l'appeter monseigneur. (Très bien! très bien !
sur divers bancs à gauche. — Bruit.)
J'interpelle donc le gouvernement pour sa-
voir s'il a obéi dans cette circonstance à des
considérations politiques, ou si, au contraire,
il n'a voulu faire que du sentiment.
- Si c'est le sentiment qui vous a gui-
dés, a poursuivi l'interpellateur, il eût dû
vous faire penser tout d'abord à ces mal-
heureux qui sont encore en prison pour
s'être révôlté-j contre les injustices sociales
et la noire misère que leur créent ces in-
justices. Vous auriez dû nous exprimer
votre volonté de faire grâce à ces victimes,
et nous aurions alors compris que, dans le
but de compléter la mesure, la liberté fût
aussi rendue à un jeune homme dont la
famille a fait tant de mal à la France. Ce
n'est pas ainsi que vous avez cru devoir
agir, et l'opinion s'émeut de votre pro-
cédé.
M. Dllma'. — II m'arrive très souvent de
voir et de fréquenter mes anciens camarades.
Hier encore, à la sortie des ateliers, voici ce
que j'ai entendu dire : « Mais ce sera donc
toujours la même chose ! »
Ceux qui parlaient ainsi se rappelaient qu'à
Alais on a condamné récemment des ouvriers
pour avoir protesté contre la mauvaise orga-
nisation de notre société; que des femmes qui
encourageaient ces ouvriers à la résistance
ont été condamnées avec eux..
Prenons garde, messieurs. Si nous conti-
nuons ainsi, nous avons pu faire disparaître
le boulangisme, nous n'en ferons pas dispa-
raître les causes.
Puisque le gouvernement a cru devoir pren-
dre la mesure, il doit l'étendre à d'autres con-
damnés. C'est dans le but de l'y inviter que je
déposerai un ordre du jour dans ce sens,
lorsqu'on m'aura répondu. Il est certain que
nous avons le droit, nous autres républicains,
d'être perplexes. Nous avons le droit de nous
demander si nous n'assistons pas au com-
mencent d'un retour en arrière. (Bruit au cen-
tre. )
Il y a quelques jours, on faisait cesser un
modus vivendi établi entre le préfet de la Seine
et le conseil municipal de Paris: on mettait
la main sur l'Hôtel de Ville. Quelques jours
plus tard, on arrêtait les socialistes russes.
Aujourd'hui on met un prince en liberté l
Nous avons le droit, je le répète, de nous
demander si ce ne sont pas des gages que l'on
donne aux conservateurs. Si nous nous trom-
pons, le gouvernement nous le dira. Nous at-
tendons les explications du gouvernement.
(Très bien ! très bien ! sur plusieurs bancs à
gauche.)
M. de Freycinet
— Je répondrai seulement au point précis
sur lequel porte l'interpellation, a tout d'a-
bord déclaré M. de Freycinet, et non aux
considérations générales que M. Dumay a
ajoutées.
Et l'honorable président du conseil a
poursuivi en ces termes :
En ce qui concerne l'acte de grâce dont a
parlé M. Dumay, je dis sans hésitation qu'à
aucun moment le gouvernement n'a attaché à
cette affaire l'importance que M. Dumay y
attache. (Très bien! très bien! au centre.)
Oui, malgré les efforts faits pour grossir
l'équipée de février qui a eu pour suite la
condamnation que vous savez, nous avons
toujours considéré que nous étions en pré-
sence d'un incident fort négligeable dans la
marche de la République, et qu'un peu plus
d'indulgence ou un peu plus de sévérité pou-
vait intervenir sans conséquences appré-
ciables.
Le président de la République, à qui il n'a
pas été possible de ne pas songer au prison-
nier quand il a traversé, il y a quelques jours,
la contrée dans laquelle se trouve le lieu où
il subissait sa peine, nous a consultés, et
nous nous sommes tous associés à une pensée
d'indulgence dont nous revendiquons devant
vous l'entière responsabilité.
La République est assez forte pour cela, et,
après avoir fait sentir son bras, elle peut mon-
trer sa magnanimité.
M. Tony Rcvillou. — Si elle ménage ses
ennemis, il faut aussi qu'elle contente ses amis.
(Très bien ! très bien ! a gauche.)
III. le président du conseil. — Le gouver-
nement ne s'applique pas à ménager ses enne-
mis; il a fait un acte d'administration auquel
la politique est étrangère. (Exclamations à gau-
che.)
Oui, la politique y est complètement étran-
gère.
M. Millerand. — Quand même vous le vou-
driez, cela n'est pas possible.
M. le président du conseil. — Je sais et
je dis qu'à aucun moment les pensées .aux-
quelles M. Dumay faisait allusion n'ont pris
place dans notre esprit. Il ne s'agit pas de
ménager les ennemis de la République. Dépo-
sitaires fidèles de son pouvoir, nous ne sau-
rions poursuivre un tel but. Quant à contenter
ses amis, nous nous appliquons chaque jour à
leur donner satifaction par nos actes et à aug-
menter ainsi le nombre de ceux qui sont dis-
posés à se rallier à nos institutions. (Mouve-
ments divers à gauche.)
M. de Freycinet s'est alors empressé d'a-
jouter les paroles suivantes qui, par l'an-
nonce de grâces prochaines à des condam-
nés pour faits de grève, étaient destinées
à donner quelque satisfaction à l'interpel-
lateur et à ses amis :
Est-ce à dire que la magnanimité du gouver-
nement soit épuisée, et qu'il ne soit pas dis-
posé à accorder d'autres grâces ? L'histoire de
ces dernières années prouve assez que la Ré-
publique s'est montrée clémente, qu'elle n'a
négligé aucune occasion d'effacer les traces
de nos discordes civiles ou les conséquences
d'égarements passagers. Ces jours derniers
encore, le gouvernement a gracié une caté-
gorie de condamnés, ceux des grèves de Ron-
champ ; d'autres grâces encore ont été accor-
dées dans le Nord; et pour certaines des per-
sonnes qui ont été l'objet de condamnations
toutes récentes, une liste de grâces est déjà
préparée.
Cela dit, si vous VôtLS placez au point de
vue qui est le nôtre, et qui consiste à envisar
ger l'acte de grâce dont il s'agit dans toute sa
simplicité, comme un acte de bonne adminis-
trsjion franger j *9«t$inoccupation polfc
ti.que, je crois que vous reconnaîtrez que la
responsabilité n'en est pas lourde à porter, et
ma seule conclusion sera d'inviter la Cham-
bre à vouloir bien reprendre le cours de ses
travaux.
Les ordres du jour
Ces promesses, assez éventuelles,du gou-
vernement n'ont naturellement pas suffi à
M. Dumay, qui a riposté par le dépôt de
l'ordre du jour motivé que voici :
La Chambre, regrettant qu'une mesure de
clémence ait été prise à l'égard d'un préten-
dant, à l'exclusion des nombreux travailleurs
actuellement sous les verrous, invite le gou-
vernement à étendre la mesure prise en faveur
de M. d'Orléans, à tous les condamnés pour
faits de grève ou faits connexes, sans préju-
dime des bénéfices de l'amnistie que pourra
leur conférer une loi ultérieure, et passe à
l'ordre du jour.
M. Louis Jourdan, député de la Lozère, a
alors proposé une rédaction qui, sans con-
tenir de blâme pour la grâce du duc d'Or-
léans, formulait une invitation à étendre la
mesure de clémence à tous les condamnés
pour fait de grève.
— N'enchaînez pas l'initiative gouverne-
mentale, a riposté M. de Freycinet, et fiez-
vous à nos promesses !
— En quoi l'ordre du jour de M. Jour-
dan pourrait-il enchaîner votre initiative ?
a interrogé M. Terrier.
M. Dumay a déclaré se rallier à la rédac-
tion Jourdan, et M. Moreau (du Nord), au-
teur d'un ordre du jour similaire, a fait
de même. Cet ordre du jour allait être mis
aux voix.
Sur un grand nombre de bancs. - L'ordre
du jour pur et simple!
M. le président. — Je mets aux voix l'or-
dre du jour pur et simple.
Ifl. le président du conseil. accepté par
le gouvernement.
A la majorité de 313 voix contre 19Ji, sur
507 votants, l'ordre du jour pur et simple est
adopté.
M. Chautemps. — Ce sont Ï9A voix répu-
blicaines. (Bruit au centre.)
Proposition d'amnistie
Les partisans de l'amnistie se sont alor.5
rabattus sur une proposition de M. Fer-
roul, proposition libellée de la façon que
voici :
Amnistie pleine et entière est accordée à
tous les citoyens condamnés ou poursuivis
pour faits de grève ou faits connexes, et
pour délits se rattachant à la manifestation du
1er mai.
Le député de l'Aude a réclamé l'urgence
pour cette proposition, qu'avaient signée
avec lui MM. Tony Révillon , Millerand,
Maujan et tous les députés du groupe ou-
vrier.
Il a naturellement repris, à l'appui de
cette demande, quelques-uns des argu-
ments présentés par M. Dumay, déclarant
notamment que ce serait faire acte de par-
tialité que de refuser aux autres condam-
nés politique la grâce accordée au seul duc
d'Orléans. "Les républicains de cette Cham-
bre, a-t-il ajouté, doivent avoir à cœur de
faire la part égale à tout le monde. »
L'urgence a été néanmoins repoussée par
313 voix contre 1M. A une voix près, il y a
donc eu, pour l'ordre du jour pur et sim-
pie et contre l'urgence à la proposition Fer-
roul, une majorité identique dont la Droite
et le Centre ont fourni les éléments.
LOTERIES ALLEMANDES
LA GRANDE LOTERIE
DE HAMBOURG
Une. tentative inouïe. — Escroquerie
naïve. — Mensonge des prospec-
tus. — Le mépris.
Ces braves Allemands ne se bornent pas
à écrire que notre France est un pays de
sauvages : ils s'imaginent également que
nous sommes un peuple d'imbéciles.
Non contents d'avoir volé nos pendules,
d'avoir pillé nos valeurs, à ce point que la
loi du 15 juin 1872 a dû être édictée pour
pallier leurs déprédations dans la limite du
possible;
Non contents de chercher à nous re-
passer avec une forte prime toutes les va-
leurs de mines sans avenir, ou tous les
fonds d'Etats en mal de banqueroute qu'ils
ont pu ramasser dans le monde entier, ils
s'ingénient aujourd'hui à nous subtiliser
notre argent à l'aide du vieux truc de la
loterie.
Depuis quelque temps, ils organisent
une propagande effrénée pour le place-
ment de la grande loterie d'argent de Ham-
bourg.
Par la poste
Pour échapper* à la loi française qui
prohibe non seulement les loteries, mais
toute publication qui peut les concerner, ils
emploient la complicité involontaire de la
poste.
Un nombre incalculable de lettres est
adressé dans la France entière. Ces lettres
contiennent un prospectus détaillé de la
grande loterie et un bulletin d'achat, sur
papier rpse, qu'on n'a qu'à remplir et à
envoyer, avec les fonds, naturellement, aux
lanceurs de l'affaire.
A cette publicité, il n'y a qu'une réponse
à faire : c'est que les loteries allemandes
sont le vol organisé.
Un vieux truc
Il y a soixante ans déjà, cette opinion
était celle de tout le monde. Le crayon de
Charlet, de Daumier, de Philippon s'est
immortalisé en faisant la caricature des
naïfs qui croyaient encore aux loteries alle-
mandes ou des Robert Macaire qui les in-
ventaient.
Depuis cette époque, l'opinion publique
n'a pas eu de raison de changer, et l'un
de nos confrères citait dernièrement l'in-
cident arrivé à un brave gogo qui, par
hasard, avait eu la chance d'attraper un de
ces gros lots qui, d'habitude, ne se gagnent
jamais.
Ayant eu la simplicité de réclamer son
lot, on lui répondit qu'on ne le paierait pas
en argent, mais on lui offrit des billets pour
un nouveau tirage.
Dans l'espèce, on fait miroiter aux yeux
des crédules un gros lot de 625,000 francs
et une somme totale de 1)356J56 francs de
lots.
Mais si on regarde l'affaire de plus près,
on s'aperçoit immédiatement que le bil-
let qu'on vous offre, moyennant 7 fr. 50,
ne participe qu'au premier tirage, qui
ne possède que 1A6,250 francs de lots en
tout.
Cette démonstration nous semble assez
claire pour qu'il soit inutile d'y insister
plus longtemps.
Nos lecteurs sont prévenus, ils sauront
recevoir avec le mépris qu'elles méritent
les Circulaires !!E:Jll'!I!_e - -- -. ---
LAVIEDEP ARIS
M. Philippe Burty est mort hier, d'une
attaque d'apoplexie, dans le petit village
de Lot-et-Garonne où il était allé cher-
cher un peu de repos, après le Salon. Sa
mort causera de sincères regrets dans le
monde des artistes et des lettrés où il
était fort connu, fort estimé et très aimé.
Bien qu'il ne fut pas très vieux, étant né
en 1830, il passait pour un des vétérans
de la critique d'art, et on lui savait gré
d'avoir combattu tout jeune le bon com-
bat pour les grands artistes de ce siècle
encore assez contestés, sinon méconnus,
Delacroix, Rousseau el surtout Millet. On
appréciait avec raison la sincérité de sa
critique, l'esprit de modération qu'il sa-
vait y apporter, et cet amour passionné
de l'art qui faisait l'agrément et l'autorité
de ses écrits. Tout dernièrement encore,
M. Burty prenait la part la plus active à
l'exposition des maîtres graveurs, dont il
rédigeait la préface.
Il était venu tard, comme je l'ai dit,
après les grandes luttes où M. Delescluze
et Gustave Planche défendaient la tradi-
tion; mais,commet. Castagnary, comme
Thoré, il se rangea d'emblée du parti des
artistes qui étaient près de triompher et
de devenir les maîtres incontestés de
notre école. Delacroix le choisit pour un
de ses exécuteurs testamentaires. Il pu-
blia sur Rousseau, sur Millet, sur Diaz
aussi, qu'il sut admirer avec des réserves
très nnes, des études pleines de vues in-
téressantes et qui, en leur nouveauté,
avaient un air fort aimable de har-
diesse. Il fit campagne aussi pour l'art dé-
coratif, qu'on tenait assez injustement en
mépris, et qui depuis lors a pris un dé-
veloppement si riche et si heureux. Pen-
dant près de trente ans, principalement
à la Gazette des Beau-Arts, dont il était
un des collaborateurs les plus fidèles, M.
Burty n'a cessé de prouver l'indépen-
dance, la sûreté de son jugement, et sur-
tout sa sympathie militante pour tout ce
qui en art était nouveau et jeune, auda-
cieux et curieux.
L'œuvre de Philippe Burty comme cri-
tique d'art est fort importante. Plusieurs
de ses écrits témoignent du sérieux
et de la variété de ses connaissances
techniques, comme les Chefs-d'œuvre des
arts industriels et les Emaux cloisonnés
anciens et modernes. Mais le plus varié
et le plus attrayant de ses livres est
celui intitulé Maîtres et Petits Maî-
tres. Il met en relief, dans une vive
lumière, les meilleures qualités de Burty
comme écrivain et comme critique. Dela-
croix, Rousseau et Millet y sont discutés
et admirés avec une franchise qui, pour
les deux derniers au moins, était en ce
temps-là encore très osée.
Ceux-là, Burty les proclamait,avec une
conviction aussi profonde et moins tur-
bulente que Théophile Silvestre« des maî-
tres H. Pour les Petits Maîtres, — et ici se
marque un des traits les plus touchants
du caractère de Burty, — ce sont des ar-
tistes malheureux qui n'ont pu donner
la vraie mesure de leur talent ou dont la
célébrité passagère a disparu dans l'é-
clat et le rayonnement d'une gloire plus
durable. Ces vaincus de l'art, grands ou
humbles, inspiraient à Burty une pitié
attendrie qui n'était qu'un généreux sen-
timent de justice.
Nul n'a mieux parlé que lui de Camille
Fiers, de Paul Huet, le précurseur assez
oublié de nos « paysagistes lyriques 3), et
du graveur Soumy, mort à trente-trois
ans, et de Meryon, le peintre saisissant
et fin des paysages de Paris, qui, jeune
encore, devint fou. En même temps qu'il
portait un intérêt si vif et si délicat aux
artistes pour qui le sort lui paraissait
avoir été particulièrement injuste, Burty
se plaisait à des études où la critique pu-
rement artistique se mêlait très spirituel-
lement et très philosophiquement à la
critique littéraire.
Ses articles sur les dessins de V. Hugo
ou les eaux-fortes de M. E. de Goncourt
sont en ce genre des pages écrites de
verve, etqui suffiraient à attester combien
Burty, sous des dehors un peu sévères et
en dépit d'une certaine gravité parfois un
peu trop appuyée dans le style, avait de
variété et de vivacité dans la critique.
C'était un écrivain, un lettré, un dilettan-
te, comme on dit aujourd'hui, et qui ci-
tait avec joie Hésiode à propos d'un pas-
tel de Millet.
Burty eut encore cette originalité d'être
un « japonisant" de la première heure :
« Japonaiserie for ever », lui écrivait à la
fin d'une de qes lettres M. E. de Gon-
couri.
Récemment, quand cet art japonais,
qu'il ne faut ni dédaigner ni trop vanter,
fit son apparition avec des allures un
peu conquérantes à l'Ecole des beaux-
arts, dans les salles jusqu'alors réservées
aux envois des prix de Rome et aux ex-
positions des maîtres français, on admira
plusieurs petites, toutes petites merveil-
les, qui provenaient de la collection de
Burty. Ce qui le séduisait dans cet art
japonais, c'était la fantaisie des couleurs,
le charme et le mystère des lointains, le
« sortilège », aurait dit Diderot, de ces
paysages grands comme la main. Mais,
si Hokusaï et Hiroschighé le ravis-
saient, il en savait les causes et n'était
pas en peine de les dire, non plus qu'il
ne faisait difficulté de convenir que cet
art. récent en somme, était arrivé déjà à
sa décadence. Peut-être même y avait-il
là pour lui une raison de s'y intéresser
davantage.
Burty n'avait ni la sévérité dogmatique
de Thoré, ni la fougue parfois éloquente
de Théophile Silvestre, ce Diderot à qui
manqua seulement le génie. Il avait en
récompense, du moinisj à l'occasion, plus
de fiaesae. !lJall Modestement ua œ
vre utile, prêchant d'exemple une criti-
que d'art qui ne fût ni trop littéraire, ni
trop technique, et se dévouant de toutes
ses forces à la cause des maîtres, à qui il
rendait une justice égale, quels que
fussent les contrastes violents de leurs
génie.
Comme critique, il unissait à beaucoup
de compétence beaucoup de bonne grâce.
II avait l'esprit de pardonner à Diderot
d'avoir préféré Téniers à Watteau. Le
fond de son caractère, la marque de son
talent étaient la sincérité, la sympa-
thie, et toute sa critique se résumait à
croire que la vraie critique consistait
dans l'amour de toutes les beautés.
Henry Fouquier.
[Le corps de M. Burty arrivera aujourd'hui à
Paris. Ses obsèques auront lieu demain à dix
heures. L'inhumation aura lieu au cimetière
Montmartre.]
LE KRACH ITALIEN
Histoire de brigands -
(DX NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 5 juin.
Sur les Bourses de Rome et de Turin, de
grands désastres financiers se sont pro-
duits à l'occasion de la liquidation de fin
de mois. Quatorze gros spéculateurs ont
été exécutés.
Le riche propriétaire Artiga, capturé par
des brigands siciliens, a été mis en liberté
contre payement d'un rançon de 130,00C
francs.
HMMMM—HB—I
a L'AFFAIRE CLÉMENCE AU »
(DE NOTRE CO RRrg PONDANT PARTICU 1.1 ER)
Berlin, 5 juin.
La police a définitivement interdit la repré-
sentation de l'Affaire Clêmenceau. Le drame
d'Alexandre Dumas a été joué deux cents fois
de suite à Dresde, mais a paru trop immoral
pour le public herlinois.
INDEMtITÉ AUX FACTEURS
La période électorale. — Les gratifica-
tions de la République. — Longue
attente.
Les élections législatives sont, tous les
quatre ans, la cause d'un surcroît de tra-
vail énorme pour les facteurs. Aussi, ia
République a-t-elle contracté l'habitude
d'accorder à ces modestes agents, après la
période électorale, une indemnité de
15 francs dans les départements où il n'y a
eu qu'un tour de scrutin et de 90 francs
dans les autres.
Habituellement, un mois ou deux après
les élections, les facteurs recevaient leur
petite gratification. Or, jusqu'à ce jour, ils
n'ont rien reçu, et beaucoup se montrent
inquiets.
Nous sommes heureux de pouvoir les
rassurer. Le 31 mai, vers les quatre heures
de l'après-midi, un crédit de 515,000francs,
destiné à faire face à la dépense dont il s'a,
git, a été voté par le Parlement, et les dit
recteurs départementaux ont reçu l'ordra
de faire d'urgence la distribution impa-
tiemment attendue.
LES NIHILISTES ARRÊTES
CONVERSATION AVEC UN HAUT PER.
SONNAGE RUSSE
Un de nos amis nous fait part d'une con-
versation qu'il a eue hier avec un haut
personnage russe, fonctionnaire de son
gouvernement, qui se trouve de passage à
Paris.
Ayant quitté seulement l'année dernière
le service, ce voyageur est particulièrement
au courant des faits et gestes des révolu-
tionnaires russes qui jouent encore un
rôle et font actuellement parler d'eux.
La conversation est naturellemeat tom-
bée sur les révolutionnaires arrêtés par les
autorités françaises et dont s'occupe toute
la presse.
Notre ami ayant demandé au fonctionnaire
s'il connaissait personnellement quelques-
uns des inculpés, il a répondu négative-
ment; mais il a exprimé son étonnemen*
de ce que ces derniers aient pu trouvei
dans la presse française, non pas précisé-
ment des défenseurs, mais des organes
pour les représenter comme des êtres in-
nocents et travaillant dans un but idéal et
humanitaire.
- En Russie, a-t-il dit, on est parfai-
tement éclairé sûr les desseins et la va-
leur morale de oes personnages. Person-
ne, chez nous, n'a l'ombre d'un doute qu'ils
fabriquaient à Paris des bombes expIo-
sibles , exceptionnellement dangereuses,
afin de les introduire en Russie pour tuer
le tsar.
Quelques renseignements
Je suis à même de vous donner à ce su-
jet des renseignements précis. L'année der-
nière, lorsque j'étais encore en service à
Saint-Pétersbourg, une nihiliste, Sophie
GÜnzbourg, fut arrêtée en Russie, sous l'in-
culpation , nettement établie, d'attentat
contre la vie d'Alexandre 111. Ce n'était
alors un secret pour personne à Saint-Pé-
tersbourg qu'il ressortait des lettres saisies
chez l'inculpée, ainsi que de ses aveux, que
Sophie était arrivée en Russie munie d'ins-
tructions parfaitement détaillées, à elle
données par les principaux terroristes qui
viennent d'être arrêtés sur l'ordre des au-
torités françaises. Elle attendait même l'ar-
rivée en Russie de quelques-uns d'entre
eux pour, de concert, commettre l'attentat
projeté. Je me rappelle fort bien que So-
phie Günzbourg, avant son arrestation sur
le territoire russe, envoyait des lettres à
Paris à ses coreligionnaires par l'intermé-
diaire de la femme d'un des individus qui
viennent d'être arrêtés. J'ai même remar-
qué, depuis mon arrivée ici, les nombreu-
ses traces de l'activité de cette personne,
afin de persuader aux journalistes pari-
siens combien son mari est innocent.
Quant à Teploff, qui se trouve à présent
en votre prison de Mazas, j'ai été très étonné
de lire dans un journal français qu'on ne
comprenait pas comment cet étranger, de-
puis longtemps malade et incapable même
de circuler, avait pu être aussi arrêté. Or,
c'est ce même Teploff qui est allé auRaincy,
avec deux de ses amis, essayer les bombes
et qui est revenu grièvement blessé. Donc
sa maladie s'explique fort bien. Ce Teploff
qui, soit dit en passant, est le fils d'un prê-
tre, a été soigné par le docteur russe M. Hal-
pern, qui a épousé Mlle Marie Gunzbourg,
sœur de Sophie üünzbourg.
Quant aux épouxReinchstein, ils avaient
participé, l'un et l'autre, à l'entreprise
avortée des bombes de Zurich,et s'ils n'ont
pas été arrêté par la polies ç>oûatej c'est
CINQ Centimes — i>aris et Départements — CINQ Centimes
SAMEDI 7 JUIN 1890
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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ENQUETE UTILE
Il faut louer sans réserve l'idée qui
a dicté au ministre des affaires étran-
gères la circulaire qu'il vient d'adres-
ser à ses agents et dont nous avons
publié avant-hier les principaux pas-
sages.
On sait quelle elle est. M. Ribot y
invite nos représentants au dehors à
lui adresser un certain nombre de
renseignements sur la situation ma-
térielle, intellectuelle et morale des
ouvriers dans les pays où ils sont ac-
crédités.
Le ministre constate tout d'abord
quelle place les questions sociales ont
prise dans les préoccupations de tous
les gouvernements. Pour n'être pas
neuve, la constatation n'en emprunte
pas moins un certain intérêt à la per-
sonnalité de son auteur et aux fonc-
tions qu'il occupe. La question sociale
reconnue au quai d'Orsay, par un
membre du Centre Gauche, c'est un
signe des temps.
M. Ribot, dans cette circulaire, s'at-
tache à mettre en relief la part que la-
France a prise, depuis vingt années
surtout, au mouvement qui entraîne
vers ces questions les politiques, les
publicistes, les penseurs de tous les
pays. Nous ne saurions que l'en louer.
Il y a, du reste, beaucoup de vrai
dans ce tableau. Il est exact qu'au
point de vue des droits politiques, les
- travailleurs français n'ont rien à en-
vier à leurs camarades d'aucun pays.
Peut-être auraient-ils quelques leçons
à en recevoir, touchant l'exercice des
facultés que leur confère la loi.
La législation allemande est loin de
reconnaître aux ouvriers les mêmes
droits que la nôtre au point de vue,
par exemple, de l'association. Grâce
pourtant à leur esprit de discipline, à
leur entente étroite, aux sacrifices vo-
lontairement acceptés, les travailleurs
allemands sont arrivés à des résultats
dignes d'admiration. La victoire que
le parti socialiste a remportée aux
dernières élections du Reichstag, il l'a
enlevée de haute lutte par son éner-
gie, sa persévérance et son union.
Peut-être aussi le ministre a-t-il lé-
gèrement flatté le modèle qu'il vou-
lait peindre, quand il a esquissé la si-
tuation actuelle de l'assistance publi-
que dans notre pays. Mais nous se-
rions, en vérité, mal venus à lui en
faire un grief.
Il ne méconnaît pas, d'ailleurs, que
de nombreux progrès restent à réali-
ser. Il estime que l'étude des réformes
à accomplir serait singulièrement fa-
cilitée, si le gouvernement et le Parle-
ment étaient éclairés dans leur exa-
men par des travaux sérieux et ré-
cents sur la situation des classes labo-
rieuses dans les autres pays indus-
triels.
Au premier rang de ceux-ci se pla-
cent naturellement l'Angleterre, l'Al-
lemagne, la Belgique, la Suisse, l'Ita-
lie, les Etats-Unis, etc. L'enquête ne
devra pas se borner à résumer la lé-
gislation ouvrière de chaque nation.
La circulaire précise, de la manière la
plus nette et la plus juste, quelques-
uns des points où devra se porter
l'attention de nos agents.
Tels : les salaires, en ayant soin
d'établir le rapport entre le prix de la
main-d'œuvre, le chiffre de la pro-
duction et le prix des subsistances; le
travail du dimanche ; la responsabi-
lité des patrons en cas d'accidents;
les mesures prises en ce qui concerne
les établissements dangereux et insa-
lubres; l'intervention des pouvoirs
publics dans le contrat de travail; la
protection des enfants, des femmes et
des adultes; la dilrée de la journée de
travail. Nous ne citons de cette lon-
gue énumération que les questions les
plus intéressantes.
Il est hors de doute qu'une enquête
sur des problèmes si délicats, bien
faite et capable de fournir des rensei-
gnements précis, présenterait un inté-
rêt et une utilité incontestables.
Elle permettait de dresser, comme
on a dit, le bilan matériel et moral du
prolétariat dans le monde. Mais, si
utile qu'elle puisse être, elle appelle
un complément indispensable. C'est
très bien d'être exactement renseigné
sur ce qui se passe hors de nos fron-
tières; il ne serait pas mauvais de
l'être sur ce qui se passe chez nous.
Cette enquête, que nos représen-
tants à l'extérieur vont mener dans
tes pays étrangers, pourquoi donc le
gouvernement ne l'instituerait-il pas
en France? Il ne ferait que suivre un
exemple donné déjà, nous avons eu
occasion de le dire, par plusieurs gou-
vernements voisins.
En Angleterre, le Board of trade,
outre les enquêtes qu'il ouvre sur cha-
que grande question sociale qui vient
à l'ordre du jour, publie tous les ans
des Labour statistics, dont l'exac-
titude et la multiplicité d'informations
ont acquis depuis longtemps une ré-
putation mérita. Aux Etats-Unis, Je
ministère du travail est chargé du
même office;
En Suisse, depuis trois ans, existe
un secrétariat ouvrier dont le titu-
laire est à la nomination des repré-
sentants légalement délégués des so-
ciétés ouvrières suisses. Son œuvre est
la même.
Nous approuvons fort l'initiative
prise par le ministre des affaires
étrangères. Mais nous verrions avec
satisfaction cette enquête temporaire
recevoir pour corollaire la création
d'un office permanent d'informations
sur la situation des travailleurs en
France.
A. Millerand.
Le « XIX0 Siècle D publiera demain la
« Chronique a par M. Francisque Sarcey.
INTERPELLATION
SUR LE CAS DE L'AMIRAL DUPERRÉ
M. Ernest Roche déposera demain, au
début de la séance de la Chambre, une
demande d'interpellation sur la nomina-
tion de l'amiral Charles Duperré au com-
mandement de l'escadre de la Méditer-
ranée.
w,,, Nous regrettons que cette question soit
portée à la tribune parlementaire par un
député boulangiste.
Une fois de plus, la majorité républi-
caine se sera laissé devancer.
MM. LAGUERRE ET LE HÉRISSÉ
A PRANGINS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Genève, 5 juin.
Le Journal de Genève dit :
« On nous affirme que MM. Laguerre et
Le Hérissé, députés boulangistes, sont ar-
rivés mardi soir dans notre ville, par le
train de 8 h. 18. Ils étaient attendus à la
gare par deux secrétaires du prince Napo-
léon, avec lesquels ils seraient repartis
pour Prangins par le train-tramway, à
9 h. 50. g
LE DOSSIER DE M. DE BISMARCK
Autres souvenirs. — Le chancelier
Bomba.
[Nous recevons la lettre suivante :]
Vous avez relevé fort à propos divers
actes et paroles de M. de Bismarck, don-
nant la mesure des vrais sentiments qu'il a
toujours nourris à l'égard de la France
alors qu'il était puissant et qu'il ne croyait
pas avoir besoin de la bonne opinion des
Français.
Vous auriez pu ajouter bien d'autres
traits au dossier de notre ennemi.
On ne connaît pas assez la part person-
nelle qu'il a eue dans le bombardement de
Paris. Elle est révélée cependant dans les
mémoires de son secrétaire Busch, qui
consignit, au commencement de décem-
bre 1870, ce propos de son maître :
— C'est bien à tort qu'en Allemagne on
s'en prend à moi que le bombardement
tarde tant. C'est moi, au contraire, qui ne
cesse de le réclamer tous les jours, depuis
deux mois; mais les militaires ne peuvent
pas se décider.
Un ogre en belle humeur
Lorsque Jules Favre alla à Versailles trai-
ter de la capitulation, il raconta, pour at-
tendrir le chancelier prussien, que les hom-
mes pouvaient supporter longtemps en-
core les privations du siège, mais que les
femmes et les enfants souffraient beaucoup.
— Les enfants ! s'écria l'autre avec un
gros rire, vous ne les avez donc pas tous
mangés !
C'est cet homme que le Petit Journal pré-
sente aujourd'hui à ses nombreux lecteurs
comme un ami de la France, bonhomme et
grondeur à la fois, mais sincère et bienveil-
lant.
Lois XIV était pour Mme de Sévigné le
plus grand roi du monde depuis qu'il avait
dansé avec elle. Une côtelette a suffi à faire
de M. de Bismarck un philanthrope et un
chevalier pour MM. des Houx et Tristan.
UN BAPTÊME A POTSDAM
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 5 juin.
Hier a été baptisée, dans la salle de l'an-
cienne bibliothèque de Frédéric-le-Grand,
au Vieux-Château de Potsdam, l'enfant du
prince Léopold, fils de feu le prince Fré-
déric-Charles, en présence de l'empereur
Guillaume, qui a tenu l'enfant, une fille,
sur les fonts baptismaux ; de l'impératrice,
du roi de Saxe, du prince Henri de Prus-
se, etc.
L'enfant a reçu les noms de Victoria-
Marguerite-Elisabeth-Marie-Adélaïde - Ulri-
que.
Les invités ont dû paraître dans le nou-
veau costume de cour.
Nombre de secrétaires d'ambassa de aux
mollets grêles faisaient le plus drôle effet
dans leurs culottes courtes, leurs bas de
soie blancs et leurs souliers à la pou-
laine.
LES DEUX MILAN
- Un divorce à scandale
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belgrade, 5 juin.
M. Milan Christitch, ancien ministre de
Serbie à Berlin, intente une action en di-
vorce contre sa femme, dont les relations
avec l'ex-roi Milan étaient de notoriété pu-
blique. Il a déposé une plainte formelle en
adultère contre eux.
CHIRURGIE SUBSTITUTIVE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 5 juin.
Le professeur Gluck a accompli une opéra-
tion chirurgicale aussi originale que hardie.
Il a enlevé à un malade la rotule, qui était
cariée, et l'a remplacée par une rotule artifi-
cielle en ivoire. Le patient a quitté le lit, va et
vient avec la plus grande facilité et glolare
,'avoir. rifla pçrau 99 chaB~ ..,:,- >1 -'. --.
L'AMNISTIE
Une interpellation et une proposition
Un post-scriptum à la grâce du duc
d'Orléans. — L'interpellation Du-
may. — Les déc arations du gou-
vernement.- L'ordre du jour
pur et simple.
C'était, à prévoir — et le XIXe Siècle l'a-
vait d'ailleurs annoncé dès hier. La grâce
du duc d'Orléans a motivé, à la Chambre,
une demande d'explications, puis ensuite,
— et surtout, — une proposition d'amnistie
en faveur des grévistes et des condamnés
politiques encore détenus actuellement.
C'est M. Dumay, député socialiste de la
Seine, qui e.t venu, à l'aide d'une inter-
pellation dont la discussion immédiate a
été ordonnée, provoquer les explications
et en même temps préconiser la générali-
sation de la mesure gracieuse dont un
prince vient de bénéficier.
M. Dumay. — J'ai demandé à interpeller le
gouvernement sur les motifs de la mise en li-
berté de monsieur d'Orléans. (Mouvement.)
Je dis monsieur d'Orléans, laissant aux
fonctionnaires de la République le soin de
l'appeter monseigneur. (Très bien! très bien !
sur divers bancs à gauche. — Bruit.)
J'interpelle donc le gouvernement pour sa-
voir s'il a obéi dans cette circonstance à des
considérations politiques, ou si, au contraire,
il n'a voulu faire que du sentiment.
- Si c'est le sentiment qui vous a gui-
dés, a poursuivi l'interpellateur, il eût dû
vous faire penser tout d'abord à ces mal-
heureux qui sont encore en prison pour
s'être révôlté-j contre les injustices sociales
et la noire misère que leur créent ces in-
justices. Vous auriez dû nous exprimer
votre volonté de faire grâce à ces victimes,
et nous aurions alors compris que, dans le
but de compléter la mesure, la liberté fût
aussi rendue à un jeune homme dont la
famille a fait tant de mal à la France. Ce
n'est pas ainsi que vous avez cru devoir
agir, et l'opinion s'émeut de votre pro-
cédé.
M. Dllma'. — II m'arrive très souvent de
voir et de fréquenter mes anciens camarades.
Hier encore, à la sortie des ateliers, voici ce
que j'ai entendu dire : « Mais ce sera donc
toujours la même chose ! »
Ceux qui parlaient ainsi se rappelaient qu'à
Alais on a condamné récemment des ouvriers
pour avoir protesté contre la mauvaise orga-
nisation de notre société; que des femmes qui
encourageaient ces ouvriers à la résistance
ont été condamnées avec eux..
Prenons garde, messieurs. Si nous conti-
nuons ainsi, nous avons pu faire disparaître
le boulangisme, nous n'en ferons pas dispa-
raître les causes.
Puisque le gouvernement a cru devoir pren-
dre la mesure, il doit l'étendre à d'autres con-
damnés. C'est dans le but de l'y inviter que je
déposerai un ordre du jour dans ce sens,
lorsqu'on m'aura répondu. Il est certain que
nous avons le droit, nous autres républicains,
d'être perplexes. Nous avons le droit de nous
demander si nous n'assistons pas au com-
mencent d'un retour en arrière. (Bruit au cen-
tre. )
Il y a quelques jours, on faisait cesser un
modus vivendi établi entre le préfet de la Seine
et le conseil municipal de Paris: on mettait
la main sur l'Hôtel de Ville. Quelques jours
plus tard, on arrêtait les socialistes russes.
Aujourd'hui on met un prince en liberté l
Nous avons le droit, je le répète, de nous
demander si ce ne sont pas des gages que l'on
donne aux conservateurs. Si nous nous trom-
pons, le gouvernement nous le dira. Nous at-
tendons les explications du gouvernement.
(Très bien ! très bien ! sur plusieurs bancs à
gauche.)
M. de Freycinet
— Je répondrai seulement au point précis
sur lequel porte l'interpellation, a tout d'a-
bord déclaré M. de Freycinet, et non aux
considérations générales que M. Dumay a
ajoutées.
Et l'honorable président du conseil a
poursuivi en ces termes :
En ce qui concerne l'acte de grâce dont a
parlé M. Dumay, je dis sans hésitation qu'à
aucun moment le gouvernement n'a attaché à
cette affaire l'importance que M. Dumay y
attache. (Très bien! très bien! au centre.)
Oui, malgré les efforts faits pour grossir
l'équipée de février qui a eu pour suite la
condamnation que vous savez, nous avons
toujours considéré que nous étions en pré-
sence d'un incident fort négligeable dans la
marche de la République, et qu'un peu plus
d'indulgence ou un peu plus de sévérité pou-
vait intervenir sans conséquences appré-
ciables.
Le président de la République, à qui il n'a
pas été possible de ne pas songer au prison-
nier quand il a traversé, il y a quelques jours,
la contrée dans laquelle se trouve le lieu où
il subissait sa peine, nous a consultés, et
nous nous sommes tous associés à une pensée
d'indulgence dont nous revendiquons devant
vous l'entière responsabilité.
La République est assez forte pour cela, et,
après avoir fait sentir son bras, elle peut mon-
trer sa magnanimité.
M. Tony Rcvillou. — Si elle ménage ses
ennemis, il faut aussi qu'elle contente ses amis.
(Très bien ! très bien ! a gauche.)
III. le président du conseil. — Le gouver-
nement ne s'applique pas à ménager ses enne-
mis; il a fait un acte d'administration auquel
la politique est étrangère. (Exclamations à gau-
che.)
Oui, la politique y est complètement étran-
gère.
M. Millerand. — Quand même vous le vou-
driez, cela n'est pas possible.
M. le président du conseil. — Je sais et
je dis qu'à aucun moment les pensées .aux-
quelles M. Dumay faisait allusion n'ont pris
place dans notre esprit. Il ne s'agit pas de
ménager les ennemis de la République. Dépo-
sitaires fidèles de son pouvoir, nous ne sau-
rions poursuivre un tel but. Quant à contenter
ses amis, nous nous appliquons chaque jour à
leur donner satifaction par nos actes et à aug-
menter ainsi le nombre de ceux qui sont dis-
posés à se rallier à nos institutions. (Mouve-
ments divers à gauche.)
M. de Freycinet s'est alors empressé d'a-
jouter les paroles suivantes qui, par l'an-
nonce de grâces prochaines à des condam-
nés pour faits de grève, étaient destinées
à donner quelque satisfaction à l'interpel-
lateur et à ses amis :
Est-ce à dire que la magnanimité du gouver-
nement soit épuisée, et qu'il ne soit pas dis-
posé à accorder d'autres grâces ? L'histoire de
ces dernières années prouve assez que la Ré-
publique s'est montrée clémente, qu'elle n'a
négligé aucune occasion d'effacer les traces
de nos discordes civiles ou les conséquences
d'égarements passagers. Ces jours derniers
encore, le gouvernement a gracié une caté-
gorie de condamnés, ceux des grèves de Ron-
champ ; d'autres grâces encore ont été accor-
dées dans le Nord; et pour certaines des per-
sonnes qui ont été l'objet de condamnations
toutes récentes, une liste de grâces est déjà
préparée.
Cela dit, si vous VôtLS placez au point de
vue qui est le nôtre, et qui consiste à envisar
ger l'acte de grâce dont il s'agit dans toute sa
simplicité, comme un acte de bonne adminis-
trsjion franger j *9«t$inoccupation polfc
ti.que, je crois que vous reconnaîtrez que la
responsabilité n'en est pas lourde à porter, et
ma seule conclusion sera d'inviter la Cham-
bre à vouloir bien reprendre le cours de ses
travaux.
Les ordres du jour
Ces promesses, assez éventuelles,du gou-
vernement n'ont naturellement pas suffi à
M. Dumay, qui a riposté par le dépôt de
l'ordre du jour motivé que voici :
La Chambre, regrettant qu'une mesure de
clémence ait été prise à l'égard d'un préten-
dant, à l'exclusion des nombreux travailleurs
actuellement sous les verrous, invite le gou-
vernement à étendre la mesure prise en faveur
de M. d'Orléans, à tous les condamnés pour
faits de grève ou faits connexes, sans préju-
dime des bénéfices de l'amnistie que pourra
leur conférer une loi ultérieure, et passe à
l'ordre du jour.
M. Louis Jourdan, député de la Lozère, a
alors proposé une rédaction qui, sans con-
tenir de blâme pour la grâce du duc d'Or-
léans, formulait une invitation à étendre la
mesure de clémence à tous les condamnés
pour fait de grève.
— N'enchaînez pas l'initiative gouverne-
mentale, a riposté M. de Freycinet, et fiez-
vous à nos promesses !
— En quoi l'ordre du jour de M. Jour-
dan pourrait-il enchaîner votre initiative ?
a interrogé M. Terrier.
M. Dumay a déclaré se rallier à la rédac-
tion Jourdan, et M. Moreau (du Nord), au-
teur d'un ordre du jour similaire, a fait
de même. Cet ordre du jour allait être mis
aux voix.
Sur un grand nombre de bancs. - L'ordre
du jour pur et simple!
M. le président. — Je mets aux voix l'or-
dre du jour pur et simple.
Ifl. le président du conseil. accepté par
le gouvernement.
A la majorité de 313 voix contre 19Ji, sur
507 votants, l'ordre du jour pur et simple est
adopté.
M. Chautemps. — Ce sont Ï9A voix répu-
blicaines. (Bruit au centre.)
Proposition d'amnistie
Les partisans de l'amnistie se sont alor.5
rabattus sur une proposition de M. Fer-
roul, proposition libellée de la façon que
voici :
Amnistie pleine et entière est accordée à
tous les citoyens condamnés ou poursuivis
pour faits de grève ou faits connexes, et
pour délits se rattachant à la manifestation du
1er mai.
Le député de l'Aude a réclamé l'urgence
pour cette proposition, qu'avaient signée
avec lui MM. Tony Révillon , Millerand,
Maujan et tous les députés du groupe ou-
vrier.
Il a naturellement repris, à l'appui de
cette demande, quelques-uns des argu-
ments présentés par M. Dumay, déclarant
notamment que ce serait faire acte de par-
tialité que de refuser aux autres condam-
nés politique la grâce accordée au seul duc
d'Orléans. "Les républicains de cette Cham-
bre, a-t-il ajouté, doivent avoir à cœur de
faire la part égale à tout le monde. »
L'urgence a été néanmoins repoussée par
313 voix contre 1M. A une voix près, il y a
donc eu, pour l'ordre du jour pur et sim-
pie et contre l'urgence à la proposition Fer-
roul, une majorité identique dont la Droite
et le Centre ont fourni les éléments.
LOTERIES ALLEMANDES
LA GRANDE LOTERIE
DE HAMBOURG
Une. tentative inouïe. — Escroquerie
naïve. — Mensonge des prospec-
tus. — Le mépris.
Ces braves Allemands ne se bornent pas
à écrire que notre France est un pays de
sauvages : ils s'imaginent également que
nous sommes un peuple d'imbéciles.
Non contents d'avoir volé nos pendules,
d'avoir pillé nos valeurs, à ce point que la
loi du 15 juin 1872 a dû être édictée pour
pallier leurs déprédations dans la limite du
possible;
Non contents de chercher à nous re-
passer avec une forte prime toutes les va-
leurs de mines sans avenir, ou tous les
fonds d'Etats en mal de banqueroute qu'ils
ont pu ramasser dans le monde entier, ils
s'ingénient aujourd'hui à nous subtiliser
notre argent à l'aide du vieux truc de la
loterie.
Depuis quelque temps, ils organisent
une propagande effrénée pour le place-
ment de la grande loterie d'argent de Ham-
bourg.
Par la poste
Pour échapper* à la loi française qui
prohibe non seulement les loteries, mais
toute publication qui peut les concerner, ils
emploient la complicité involontaire de la
poste.
Un nombre incalculable de lettres est
adressé dans la France entière. Ces lettres
contiennent un prospectus détaillé de la
grande loterie et un bulletin d'achat, sur
papier rpse, qu'on n'a qu'à remplir et à
envoyer, avec les fonds, naturellement, aux
lanceurs de l'affaire.
A cette publicité, il n'y a qu'une réponse
à faire : c'est que les loteries allemandes
sont le vol organisé.
Un vieux truc
Il y a soixante ans déjà, cette opinion
était celle de tout le monde. Le crayon de
Charlet, de Daumier, de Philippon s'est
immortalisé en faisant la caricature des
naïfs qui croyaient encore aux loteries alle-
mandes ou des Robert Macaire qui les in-
ventaient.
Depuis cette époque, l'opinion publique
n'a pas eu de raison de changer, et l'un
de nos confrères citait dernièrement l'in-
cident arrivé à un brave gogo qui, par
hasard, avait eu la chance d'attraper un de
ces gros lots qui, d'habitude, ne se gagnent
jamais.
Ayant eu la simplicité de réclamer son
lot, on lui répondit qu'on ne le paierait pas
en argent, mais on lui offrit des billets pour
un nouveau tirage.
Dans l'espèce, on fait miroiter aux yeux
des crédules un gros lot de 625,000 francs
et une somme totale de 1)356J56 francs de
lots.
Mais si on regarde l'affaire de plus près,
on s'aperçoit immédiatement que le bil-
let qu'on vous offre, moyennant 7 fr. 50,
ne participe qu'au premier tirage, qui
ne possède que 1A6,250 francs de lots en
tout.
Cette démonstration nous semble assez
claire pour qu'il soit inutile d'y insister
plus longtemps.
Nos lecteurs sont prévenus, ils sauront
recevoir avec le mépris qu'elles méritent
les Circulaires !!E:Jll'!I!_e - -- -. ---
LAVIEDEP ARIS
M. Philippe Burty est mort hier, d'une
attaque d'apoplexie, dans le petit village
de Lot-et-Garonne où il était allé cher-
cher un peu de repos, après le Salon. Sa
mort causera de sincères regrets dans le
monde des artistes et des lettrés où il
était fort connu, fort estimé et très aimé.
Bien qu'il ne fut pas très vieux, étant né
en 1830, il passait pour un des vétérans
de la critique d'art, et on lui savait gré
d'avoir combattu tout jeune le bon com-
bat pour les grands artistes de ce siècle
encore assez contestés, sinon méconnus,
Delacroix, Rousseau el surtout Millet. On
appréciait avec raison la sincérité de sa
critique, l'esprit de modération qu'il sa-
vait y apporter, et cet amour passionné
de l'art qui faisait l'agrément et l'autorité
de ses écrits. Tout dernièrement encore,
M. Burty prenait la part la plus active à
l'exposition des maîtres graveurs, dont il
rédigeait la préface.
Il était venu tard, comme je l'ai dit,
après les grandes luttes où M. Delescluze
et Gustave Planche défendaient la tradi-
tion; mais,commet. Castagnary, comme
Thoré, il se rangea d'emblée du parti des
artistes qui étaient près de triompher et
de devenir les maîtres incontestés de
notre école. Delacroix le choisit pour un
de ses exécuteurs testamentaires. Il pu-
blia sur Rousseau, sur Millet, sur Diaz
aussi, qu'il sut admirer avec des réserves
très nnes, des études pleines de vues in-
téressantes et qui, en leur nouveauté,
avaient un air fort aimable de har-
diesse. Il fit campagne aussi pour l'art dé-
coratif, qu'on tenait assez injustement en
mépris, et qui depuis lors a pris un dé-
veloppement si riche et si heureux. Pen-
dant près de trente ans, principalement
à la Gazette des Beau-Arts, dont il était
un des collaborateurs les plus fidèles, M.
Burty n'a cessé de prouver l'indépen-
dance, la sûreté de son jugement, et sur-
tout sa sympathie militante pour tout ce
qui en art était nouveau et jeune, auda-
cieux et curieux.
L'œuvre de Philippe Burty comme cri-
tique d'art est fort importante. Plusieurs
de ses écrits témoignent du sérieux
et de la variété de ses connaissances
techniques, comme les Chefs-d'œuvre des
arts industriels et les Emaux cloisonnés
anciens et modernes. Mais le plus varié
et le plus attrayant de ses livres est
celui intitulé Maîtres et Petits Maî-
tres. Il met en relief, dans une vive
lumière, les meilleures qualités de Burty
comme écrivain et comme critique. Dela-
croix, Rousseau et Millet y sont discutés
et admirés avec une franchise qui, pour
les deux derniers au moins, était en ce
temps-là encore très osée.
Ceux-là, Burty les proclamait,avec une
conviction aussi profonde et moins tur-
bulente que Théophile Silvestre« des maî-
tres H. Pour les Petits Maîtres, — et ici se
marque un des traits les plus touchants
du caractère de Burty, — ce sont des ar-
tistes malheureux qui n'ont pu donner
la vraie mesure de leur talent ou dont la
célébrité passagère a disparu dans l'é-
clat et le rayonnement d'une gloire plus
durable. Ces vaincus de l'art, grands ou
humbles, inspiraient à Burty une pitié
attendrie qui n'était qu'un généreux sen-
timent de justice.
Nul n'a mieux parlé que lui de Camille
Fiers, de Paul Huet, le précurseur assez
oublié de nos « paysagistes lyriques 3), et
du graveur Soumy, mort à trente-trois
ans, et de Meryon, le peintre saisissant
et fin des paysages de Paris, qui, jeune
encore, devint fou. En même temps qu'il
portait un intérêt si vif et si délicat aux
artistes pour qui le sort lui paraissait
avoir été particulièrement injuste, Burty
se plaisait à des études où la critique pu-
rement artistique se mêlait très spirituel-
lement et très philosophiquement à la
critique littéraire.
Ses articles sur les dessins de V. Hugo
ou les eaux-fortes de M. E. de Goncourt
sont en ce genre des pages écrites de
verve, etqui suffiraient à attester combien
Burty, sous des dehors un peu sévères et
en dépit d'une certaine gravité parfois un
peu trop appuyée dans le style, avait de
variété et de vivacité dans la critique.
C'était un écrivain, un lettré, un dilettan-
te, comme on dit aujourd'hui, et qui ci-
tait avec joie Hésiode à propos d'un pas-
tel de Millet.
Burty eut encore cette originalité d'être
un « japonisant" de la première heure :
« Japonaiserie for ever », lui écrivait à la
fin d'une de qes lettres M. E. de Gon-
couri.
Récemment, quand cet art japonais,
qu'il ne faut ni dédaigner ni trop vanter,
fit son apparition avec des allures un
peu conquérantes à l'Ecole des beaux-
arts, dans les salles jusqu'alors réservées
aux envois des prix de Rome et aux ex-
positions des maîtres français, on admira
plusieurs petites, toutes petites merveil-
les, qui provenaient de la collection de
Burty. Ce qui le séduisait dans cet art
japonais, c'était la fantaisie des couleurs,
le charme et le mystère des lointains, le
« sortilège », aurait dit Diderot, de ces
paysages grands comme la main. Mais,
si Hokusaï et Hiroschighé le ravis-
saient, il en savait les causes et n'était
pas en peine de les dire, non plus qu'il
ne faisait difficulté de convenir que cet
art. récent en somme, était arrivé déjà à
sa décadence. Peut-être même y avait-il
là pour lui une raison de s'y intéresser
davantage.
Burty n'avait ni la sévérité dogmatique
de Thoré, ni la fougue parfois éloquente
de Théophile Silvestre, ce Diderot à qui
manqua seulement le génie. Il avait en
récompense, du moinisj à l'occasion, plus
de fiaesae. !lJall Modestement ua œ
vre utile, prêchant d'exemple une criti-
que d'art qui ne fût ni trop littéraire, ni
trop technique, et se dévouant de toutes
ses forces à la cause des maîtres, à qui il
rendait une justice égale, quels que
fussent les contrastes violents de leurs
génie.
Comme critique, il unissait à beaucoup
de compétence beaucoup de bonne grâce.
II avait l'esprit de pardonner à Diderot
d'avoir préféré Téniers à Watteau. Le
fond de son caractère, la marque de son
talent étaient la sincérité, la sympa-
thie, et toute sa critique se résumait à
croire que la vraie critique consistait
dans l'amour de toutes les beautés.
Henry Fouquier.
[Le corps de M. Burty arrivera aujourd'hui à
Paris. Ses obsèques auront lieu demain à dix
heures. L'inhumation aura lieu au cimetière
Montmartre.]
LE KRACH ITALIEN
Histoire de brigands -
(DX NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 5 juin.
Sur les Bourses de Rome et de Turin, de
grands désastres financiers se sont pro-
duits à l'occasion de la liquidation de fin
de mois. Quatorze gros spéculateurs ont
été exécutés.
Le riche propriétaire Artiga, capturé par
des brigands siciliens, a été mis en liberté
contre payement d'un rançon de 130,00C
francs.
HMMMM—HB—I
a L'AFFAIRE CLÉMENCE AU »
(DE NOTRE CO RRrg PONDANT PARTICU 1.1 ER)
Berlin, 5 juin.
La police a définitivement interdit la repré-
sentation de l'Affaire Clêmenceau. Le drame
d'Alexandre Dumas a été joué deux cents fois
de suite à Dresde, mais a paru trop immoral
pour le public herlinois.
INDEMtITÉ AUX FACTEURS
La période électorale. — Les gratifica-
tions de la République. — Longue
attente.
Les élections législatives sont, tous les
quatre ans, la cause d'un surcroît de tra-
vail énorme pour les facteurs. Aussi, ia
République a-t-elle contracté l'habitude
d'accorder à ces modestes agents, après la
période électorale, une indemnité de
15 francs dans les départements où il n'y a
eu qu'un tour de scrutin et de 90 francs
dans les autres.
Habituellement, un mois ou deux après
les élections, les facteurs recevaient leur
petite gratification. Or, jusqu'à ce jour, ils
n'ont rien reçu, et beaucoup se montrent
inquiets.
Nous sommes heureux de pouvoir les
rassurer. Le 31 mai, vers les quatre heures
de l'après-midi, un crédit de 515,000francs,
destiné à faire face à la dépense dont il s'a,
git, a été voté par le Parlement, et les dit
recteurs départementaux ont reçu l'ordra
de faire d'urgence la distribution impa-
tiemment attendue.
LES NIHILISTES ARRÊTES
CONVERSATION AVEC UN HAUT PER.
SONNAGE RUSSE
Un de nos amis nous fait part d'une con-
versation qu'il a eue hier avec un haut
personnage russe, fonctionnaire de son
gouvernement, qui se trouve de passage à
Paris.
Ayant quitté seulement l'année dernière
le service, ce voyageur est particulièrement
au courant des faits et gestes des révolu-
tionnaires russes qui jouent encore un
rôle et font actuellement parler d'eux.
La conversation est naturellemeat tom-
bée sur les révolutionnaires arrêtés par les
autorités françaises et dont s'occupe toute
la presse.
Notre ami ayant demandé au fonctionnaire
s'il connaissait personnellement quelques-
uns des inculpés, il a répondu négative-
ment; mais il a exprimé son étonnemen*
de ce que ces derniers aient pu trouvei
dans la presse française, non pas précisé-
ment des défenseurs, mais des organes
pour les représenter comme des êtres in-
nocents et travaillant dans un but idéal et
humanitaire.
- En Russie, a-t-il dit, on est parfai-
tement éclairé sûr les desseins et la va-
leur morale de oes personnages. Person-
ne, chez nous, n'a l'ombre d'un doute qu'ils
fabriquaient à Paris des bombes expIo-
sibles , exceptionnellement dangereuses,
afin de les introduire en Russie pour tuer
le tsar.
Quelques renseignements
Je suis à même de vous donner à ce su-
jet des renseignements précis. L'année der-
nière, lorsque j'étais encore en service à
Saint-Pétersbourg, une nihiliste, Sophie
GÜnzbourg, fut arrêtée en Russie, sous l'in-
culpation , nettement établie, d'attentat
contre la vie d'Alexandre 111. Ce n'était
alors un secret pour personne à Saint-Pé-
tersbourg qu'il ressortait des lettres saisies
chez l'inculpée, ainsi que de ses aveux, que
Sophie était arrivée en Russie munie d'ins-
tructions parfaitement détaillées, à elle
données par les principaux terroristes qui
viennent d'être arrêtés sur l'ordre des au-
torités françaises. Elle attendait même l'ar-
rivée en Russie de quelques-uns d'entre
eux pour, de concert, commettre l'attentat
projeté. Je me rappelle fort bien que So-
phie Günzbourg, avant son arrestation sur
le territoire russe, envoyait des lettres à
Paris à ses coreligionnaires par l'intermé-
diaire de la femme d'un des individus qui
viennent d'être arrêtés. J'ai même remar-
qué, depuis mon arrivée ici, les nombreu-
ses traces de l'activité de cette personne,
afin de persuader aux journalistes pari-
siens combien son mari est innocent.
Quant à Teploff, qui se trouve à présent
en votre prison de Mazas, j'ai été très étonné
de lire dans un journal français qu'on ne
comprenait pas comment cet étranger, de-
puis longtemps malade et incapable même
de circuler, avait pu être aussi arrêté. Or,
c'est ce même Teploff qui est allé auRaincy,
avec deux de ses amis, essayer les bombes
et qui est revenu grièvement blessé. Donc
sa maladie s'explique fort bien. Ce Teploff
qui, soit dit en passant, est le fils d'un prê-
tre, a été soigné par le docteur russe M. Hal-
pern, qui a épousé Mlle Marie Gunzbourg,
sœur de Sophie üünzbourg.
Quant aux épouxReinchstein, ils avaient
participé, l'un et l'autre, à l'entreprise
avortée des bombes de Zurich,et s'ils n'ont
pas été arrêté par la polies ç>oûatej c'est
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