Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-06-04
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 04 juin 1890 04 juin 1890
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
VIx-neuvième année. N. 6,715
CINQ Centimes - Paris et Départements - CINQ Centimes
MERCREDI A JUIN 1890
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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STATUOMANIE
On vient d'élever à Notre-Dame-du-
Vaudreuil, près de Louviers, une sta-
tue à Raoul Duval. L'inauguration a
eu lieu dimanche,et parmi les person-
nes notables qui assistaient à la céré-
monie, on cite à la fois des bonapar-
tistes, comme M. Béhic et M. Boffing-
ton ; des monarchistes, comme les sé-
nateurs Blavier et Decroix; des répu-
blicains, comme M. Léon Say et M.
d'Osmoy; des ci indépendants).,, com-
me M. Delafosse, et même d'anciens
adeptes de la Droite constitutionnelle,
comme M. Henri des Houx. De nom-
breux discours ont été prononcés. M.
Amagat a fait un éloge au moins
inattendu des hommes du Seize-Mai
qui avaient pénétré l'avenir, et, par
une série de transitions que les comptes
rendus télégraphiques suppriment, il
est arrivé à expliquer que « lorsque
Raoul Duval conseilla aux membres
du parti conservateur d'accepter le
fait constitutionnel, il n'ignorait rien
de l'instabilité des républiques, des
germes de division et de corruption
qu'elles portent en elles et de la fata-
lité qui les emporte toutes »\ mais que,
« tenant les constitutions de ce siècle
d'expériences pour ce qu'elles sont :
des essais, des expédients, et laissant
au peuple le soin de fixer à son heure
sa forme politique dernière, il avait
invité le parti conservateur à conqué-
rir le pouvoir sous la République
pour y protéger ce qui n'est pas con-
tingent, les traditions nationale, la
moralité publique, la dignité de cons-
cience ».
M. Delafosse a représenté Raoul
Duval comme « un volontaire, invin-
ciblement rebelle aux catégories, ne
pensant jamais que la défense de ce
qui est vrai, juste et bon, fût inhé-
rente au service d'une faction, et rajeu-
nissant dans la politique contempo-
raine la figure de ces chevaliers errants
des cycles héroïques, qui passaient,
frappant d'estoc et de taille,et ne de-
meuraient pas". M. Avnard, député
de Lyon, a fait l'éloge des idées libre-
échangistes que Raoul Duval avait
défendues. D'autres, au contraire, ont
plaidé la cause de la protection, et
enfin M. Blavier a adressé un dernier
salut à l'ami « dont il ne partagea pas
les illusions politiques ou économi-
ques M.
On chercherait vainement, dans cette
série de discours, pour quelle raison
Raoul Duval a sa statue. Il fut, comme
dit un journal réactionnaire, un ci char-
mant garçon » ; c'était un homme de
caractère droit et loyal. Il compta "des
amis nombreux dans tous les partis.
Mais une statue pour cela, l'hommage
est peut-être un peu disproportionné
avec les services rendus. Enfin, un
peu de bronze de plus ou de moins,
ce n'est pas une grosse affaire, et
c'est décoratif pour la place du vil-
lage.
Qui sait même si,quelque jour l'hom-
mage ne semblera pas mieux justifié
qu'aujourd'hui, si la Droite constitu-
tionnelle, devenue un parti dans la
République, et tout aussi attachée au
principe républicain que le parti pro-
gressiste, ne viendra pas en pèlerinage
saluer la statue de son fondateur? Mais
le temps où les choses se passeront
ainsi semble encore bien lointain, car
ceux-là même qui se sont chargés [de
louer Raoul Duval, comme M. Ama-
gat, paraissent n'avoir rien compris
à l'œuvre qu'il avait entreprise, et
c'est lui faire injure que d'associer à
son souvenir l'éloge du Seize-Mai et on
ne sait quelle réserve sur la « forme
politique dernière » que le pays peut
u fixer à son heure ».
Si l'on se reporte à ce discours du
ô novembre 1886 qui fut le grand acte
politique de Raoul Duval et qui fut,
— il est juste de le reconnaître - un
acte de courage, on voit que Raoul
Duval abandonnait expressément l'i-
dée de l'appel au peuple qu'il avait
lui-même réclamé à l'Assemblée na-
tionale, et que s'adressant à ceux qui,
comme M. Jolibois, faisaient de l'ap-
pel au peuple un « principe », il s'é-
criait : « A qui ferez-vous croire que
demander l'appel au peuple auj our-
d'hui puisse être autre chose qu'un
programme électoral dans certains
départements ? » Il adjurait la Droite
de renoncer à la « politique du féti-
chisme, qui veut condamner le pays à
la misère jusqu'au jour où il acceptera
la forme de gouvernement qu'on a la
prétention de lui imposer M, et, con-
statant qu'aux élections de 1885 «pres-
que personne n'avait, dans les profes-
sions de foi, mis en question la forme
du gouvernement M, il répondait en
ces termes à une interruption de M.
Paul de Cassagnac : « Il y a quelque
chose qui le défendait bien plus encore
que la loi : c'est que vous avez pres-
que tous le sentiment que, sauf dans
uelaues départements. on aurait eu
très peu de succès électoral si on s'é-
tait présenté comme adversaire dé-
claré de la République. Notre cam-
pagne électorale s'est faite sur ce pro-
gramme : une Droite dans la Républi-
que et non contre la République. »
Il y a quatre ans que Raoul Duval
tenait ce langage, au milieu des co-
lères et des interruptions de la Droite.
Depuis lors, de nouvelles élections ont
eu lieu. Une fois de plus, la Droite
s'est bien gardée de mettre en ques-
tion la forme du gouvernement, et les
aveux récents de M. Delafosse mon-
trent bien qup, cette fois encore, on
avait te sentiment que l'on aurait fort
peu de succès électoral en se présen-
tant comme adversaire de la Répu-
blique. Cependant, les élections une
fois faites, on a recommencé à addi-
tionner toutes les voix que l'on avait
obtenues grâce à tous les subterfuges,
grâce à toutes les équivoques, et l'on
a prétendu, comme par le passé, trans-
former, après coup, en adversaires
systématiques de la République tous
ceux que l'on avait induits en erreur.
Ceux-là même qui, à l'heure présente,
montrent quelque velléité de repren-
dre l'œuvre de Raoul Duval, n'osent
pas aller aussi loin que lui. Les « in-
dépendants » ne réservent leur indé-
pendance que pour la durée de la lé-
gislature, et ils ont soin de stipuler
qu'ils ne prennent pas d'engagement
pour l'avenir. L'inauguration de la
statue de Raoul Duval leur offrait une
occasion d'exposer leur programme,
de parler avec plus de netteté qu'ils
ne l'ont fait jusqu'ici à la tribune ou
dans la presse. Cette occasion, ils l'ont
très soigneusement évitée.
Raoul Duval est un initiateur; il ne
lui manque que des continuateurs.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
» Vie de Paris » par Henry Fouquier.
LA GRACE DU DUC D'ORLÉANS
e La décision
Nous croyons pouvoir indiquer que la
grâce du duc d'Orléans sera signée dans
l'un des conseils des ministres de cette se-
maine.
Le duc sera purement et simplement
reconduit à la frontière.
LA SITUATION EN ITALIE
(DE NOTRE CORRESPONDANTPARTICULIER)
Rome, 2 juin.
Le commandant des troupes qui ont exé-
cuté les fusillades de Conselice, en Roma-
gnes, passera devant un conseil de discipline
pour justifier sa conduite.
M. Cavalotti, le député de Milan qui a
traité ses collègues de la Chambre de ven-
dus et de lâches, refuse de donner sa dé-
mission.
La liquidation du 31 mai a été très pé-
nible sur toutes les places italiennes.
Mariage royal italo-russe
Le bruit d'un projet de mariage du prince
de Naples, fils ainé du roi Humbert, avec
la princesse Xénie, fille du tsar, née en 1875,
prend beaucoup de consistance.
GUILLAUME Il EN SUISSE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berne, 2 juin.
Le bruit court au palais fédéral que le
ministre d'Allemagne en Suisse, M. de Bu-
low, aurait confidentiellement communiqué
au Conseil fédéral l'intention de l'empereur
Guillaume de faire une excursion en Suisse
cet été.
Serait-il reçu officiellement ou viendrait-
il incognito? Cela dépendrait de diverses
circonstances, et en particulier de l'état des
esprits, que M. de BÜlow a été chargé de
pressentir.
Ce serait évidemment un gros événement
en Suisse.
LE CRÉDIT LYONNAIS ET LA
RUSSIE
(D2 NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 2 juin.
Au dernier moment, le conseil de l'empire
refuse au Crédit lyonnais l'autorisation de
fonder de nouvelles succursales en Russie.
——————————ÉM
LES PÊCHERIES DE TERRE-NEUVE
Au Parlement anglais
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, 2 juin.
Dans la séance d'aujourd'hui de la Cham-
bre des communes, M. Qourley demande
si le bruit que des officiers et des soldats
de la mrine française auraient débarqué
sur la côte de Terre-Neuve est exact.
Sir J. Fergusson, sous-secrétaire d'Etat
aux affaires étrangères, répond que ni le
ministre des affaires étrangères anglais, ni
le gouvernement français n'ont reçu avis
d'un pareil événement et il ajoute :
« Je suis sûr que, jusqu'à la conclusion
d'un arrangement quelconque, les officiers
des deux pays garderont une attitude con-
ciliante. »
Envoi de renforts démenti
On dément de bonne source la nouvelle
de l'envoi de quatres navires de guerre à
Saint-John (Terre-Neuve).
Ces navires ont reçu l'ordre, il y a un
mois déjà, de se rendre, comme cela a lieu
chaque année, des Bermudes à Halifax, et
ce déplacement est absolument étranger à
la question des pêcheries de Terre-Neuve.
La nouvelle d'un prétendu envoi de trou-
pes à Terre-Neuve est également dénuée
de fondement.
Un navire français
Les dépêches d'Halifax annoncent l'arri-
vée de l'aviso français Bisson, qui va à
Terre-Neuve cour le service des pêcheurs.
CHEZ MME MENDELSON
UNE SOCIALISTE
Le rôle des femmes dans le mouvement
socialiste. — Russes et Slaves. -
Les quartiers pauvres de Var-
sovie. — M. Berthelot
terroriste.
Le mouvement révolutionnaire présente,
dans les races slaves, un caractère qui le
distingue très nettement : il entraîne les
femmes. C'est parmi les femmes que le
nihilisme russe a trouvé ses apôtres les
plus fervents; c'est parmi elles qu'il a re-
cruté ses défenseurs lés plus résolus.
Les personnes arrêtées tout récemment à
Paris n'ont pas des rapports immédiats avec
les nihilistes russes; ehes appartiennent plu-
tôt au grand parti socialiste européen, qui,
suivant les régions où il se développe, em-
ploie des moyens différents pour mener le
grand combat contre les organisations ac-
tuelles des sociétés, mais repoussent les
théories absolues du nihilisme. Les terro-
ristes, — puisque ainsi on les nomme, —
comptent cependant parmi eux un grand
nombre de femmes.
Parmi elles, on peut ranger, — si on s en
rapporte aux dires de la police, -- la femme
de M. Mendelson qui est en ce moment sous
les verrous et dont nous avons déjà briè-
vement exquissé le portrait. Nous avons
eu le plaisir d'avoir avec Mme Mendeisoa
une longue conversation et nous ne ré-
sistons pas au désir que nous avons de la
réproduire en partie.
Mme Mendelson frise la trentaine. On re-
conaît tout de suite chez elle les qualités
de la race slave, que l'instruction déve-
loppe si merveilleusement. C'est une Polo-
naise pleine de bonne grâce, d'esprit, de
gaieté et d'énergie. Elle parle le français le
plus pur et s'exprime avec une clarté mer-
veilleuse. Elle est née dans le gouverne-
ment de Kielce, et elle passa sa jeunesse à
Varsovie, la Warszawa des Polonais. Tout
enfant, elle eut devant les yeux les souf-
frances des prolétaires de cette vieille cité.
Elle nous racontait hier les souvenirs que
lui a laissés son enfance, et presque tous
ces souvenirs se rattachaient aux misères
qu'elle avait soulagées dans les quartiers
insalubres de Varsovie, habités par une
population misérable et souffreteuse.
Le procès de Posen
« — C'est au milieu de cette-population,
nous disait-elle, que je suis devenue socia-
liste militante. La lecture des livres et des
brochures si diffieileinent, mais si habile-
ment répandus parmi nous n'a pas peu
contribué aussi à m'entraîner dans le
mouvement révolutionnaire.
» J'avais seize ans à peine que je contri-
buais à favoriser la propagande du parti
ouvrier à Varsovie. J'assistais aux réunions
socialistes et je favorisais de mon mieux la
distribution parmi les déshérités de toutes
les brochures, de tous les écrits de nos par-
tisans.
» Vers 1882, les hasards de la campagne
socialiste m'avaient conduite à Posen. Vous
vous rappelez qu'on arrêta, à cette époque,
dans cette ville, une trentaine de socialis-
tes. J'étais du nombre, ainsi que M. Men-
delson et Jamiszewski. On me condamna à
trois mois de prison; mais on tint compte,
pour l'accomplissement de la peine, des
quatre mois de prévention que nous avions
subis et on me laissa en liberté. Mon mari
fut reconduit à la frontière russe, mais il
eut la bonne fortune, au moment où il
allait passer du sol allemand sur le sol
russe, de tromper la vigilance de ses gar-
diens.
» Immédiatement après le procès de Po-
sen, je vins à Paris. J'eus l'occasion, de-
puis, d'aller à Londres et de suivre de près
le mouvement socialiste en Angleterre. Au
dernier congrès international de Paris,
pendant l'Exposition, j'ai rempli les fonc-
tions de secrétaire. Mais mon action socia-
liste se borne là. n
Terroristes et nihilistes
Mme Mendelson nous rappelle ensuite les
principaux événements auxquels son mari
s'est trouvé mêlé, événements que nos lec-
teurs connaissent déjà. Elle insiste beau-
coup sur ce point : « Mon mari est un pu-
bliciste socialiste. Il est impossible de rele-
ver contre lui d'autres griefs d'accusation."
Nous demandons à Mme Mendelson si
elle est partisan de la propagande par le
fait, si, en somme, elle appartiendrait à la
catégorie des terroristes. Elle nous répond,
souriante :
— Mais qui avons-nous donc terrorisé ?
Qu'on cite les noms des victimes que nous
avons faites? Où, quand, comment, avons-
nous exercé la terreur?
Il ne nous appartenait pas d'insister.
Evidemment, Mme Mendelson, avec sa
bonne grâce charmante, sa figure pleine de
douceur et de charme, ne terroriserait pas
les bourgeois même les pltit pusillanimes.
Quant à son opinion sur les terroristes, les
vrais, s'il y en a, elle se montre d'une ré-
serve extrême. On devine aisément qu'il
lui serait pénible de' séparer sa cause, ou
plutôt celle de son mari, de la cause des
malheureux qui pourront être victimes de-
main des lois auxquelles on fait en ce mo-
ment appel.
vest une polonaise separee des ttusses
par les traditions patriotiques, la religion,
les moeurs, mais qui ne prononcera jamais
un seul mot contre les nihilistes russes ou
ceux qui, par leurs théories révolution-
naires, leurs moyens d'action socialiste,
se rapprochent, de près ou de loin, des
nihilistes russes.
M. Berthelot et les terroristes
Au moment où nous allions prendre
congé de Mme Mendelson, une jeune dame
russe, qui exerce à Paris la médecine de-
puis plusieurs années et qui désirait lui
être présentée, nous exprima son opinion
sur les arrestations des terroristes en des
termes tels qu'ils méritent d'être repro-
duits.
—Terroristes! terroristes! s'écria-t-elle.
terroristes, ces braves gens qui souffrent
toutes les misères, endurent toutes les pri-
vations pour rechercher, pour trouver la
formule d'un explosifl Je ne sais pas si on
démontrera qu'ils sont coupables d'avoir
fabriqué, contrairement aux lois, des en-
gins destructeurs, des poudres, des dyna-
mites, etc. ; mais, en tout cas, si on démon-
tre cela, je demande pourquoi on n'a pas
arrêté déjà votre grand savant, M. Berthe-
lot. Voilà un homme qui a passé sa vie à
étudier les explosifs ! Il en a manié, lui, du
chlorate de potasse et du salpêtre ! Il a mul-
tiplié les expériences ; il a passé des jours
et des nuits à la recherche des poudres les
plus puissantes, les plus destructives!
Et elle ajouta lentement, en souriant :
— Vous ne l'arrêtez pas, parce que, pro-
bablement, ses découvertes auront pour
effet de rendre la guerre si meurtrière que
les tyrans hésiteront à la déclarer à leurs
voisins ou à leurs peuples. Eh hien ! les ter-
roristes agissent de meme. Ils CKerchent la
formule d'une poudre dont les effets soient
assez puissants pour empêcher l'action ty-
ranique des despotes. Quand ces derniers
sauront qu'on a en main les procédés, les
poudres, les dynamites qui pourraient,
d'un seul coup, et d'un coup sur, les faire
disparaître, ils deviendront doux comme
des moutons.
Elle conclut ainsi :
— Les terroristes n'ont encore terrorisé
personne.Cette épithète qu'on leur donne,ils
ne J'ont pas méritée. S'ils cherchent des
formules de poudres explosives, c'est sim-
plement pour mettre en garde ceux qui ter-
rorisent les peuples contre les vengeances
populaires.
Nous l'avouons, nous ne nous attendions
guère à entendre pareille théorie. Les fem-
mes, décidément, ont l'esprit inventif.
L'AMIRAL OUPERRE
Les émotions de l'amiral Alquier. —
Les « lâchetés anonymes ». — "Nous
demandons la cour d'assises.
L'amiral Alquier a présenté hier les com-
mandants des bâtiments à l'amiral Du-
perré.
Dans le petit discours qu'il a adressé à
son « chef », nous relèverons ce pas-
sage :
Je n'aurais rien à ajouter de plus, si je ne
considérais comme un devoir impérieux de
flétrir les calomnies odieuses que depuis quel-
que temps on a essayé de répandre. Nous en
avons été émus, nous n'en avons point été
troublés : nous repoussons avec toute l'indi-
gnation de cœurs honnêtes, avec toute l'éner-
gie de soldats loyaux et patriotes, mais aussi
avec tous les mépris qu'elles méritent, les lâ-
chetés anonymes; nous estimons qu'elles ne
salissent que ceux qui se dissimulent pour
insulter et qu'elle ne sauraient vous atteindre.
Nous avions la plus absolue confiance en l'a-
miral du Petit-Thouars, nous savions qu'il
nous conduirait toujours dans la voie du de-
voir et de l'honneur ; nous sommes convain-
cus qu'en vous suivant, nous n'en sortirons
pas.
Comment, calomnies ! Comment, lâchetés
anonymes ! Comment, le XIXo Siècle se dis-
simule pour insulter f
A qui M. l'amiral Alquier fera-t-il croire
que les documents que nous avons publiés
sont des calomnies ? Calomnies, les dépê-
ches de Filon à l'amiral Duperré ! Calom-
nies, les congés successifs obtenus par l'a-
miral Duperré pendant la guerre ! Calom-
nies, le franc-filage en Belgique, au mo-
ment où les « soldats loyaux et patriotes"
mouraient glorieusement pour la patrie!
Allons donc ! Mais alors, si calomnies il
y a, si diffamation il y a, qu'attend donc
M. Duperré pour laver son honneur, pour
en faire justice une bonne fois pour toutes,
pour porter haut la tête dans ce corps de
braves officiers qu'il va commander et
dont pas un n'ignore que ce que nous
avons raconté est la simple expression de
la plus absolue vérité? Il n'y a donc plus
de tribunaux, il n'y a donc plus de jury,
que l'amiral Duperré hésite?
Pourquoi ne nous met-il au défi de prou-
ver devant douze jurés, dans la pleine lu-
mière de l'audience publique, de venir
faire la preuvel M. l'amiral Duperré fuit ce
débat public, parce qu'il sait que cette
preuve, nous pouvons la faire à coups de
documents et de dépositions. Et il préfère
rester à son bord, son honneur en lam-
beaux. - - -
Quant aux « lachete. anonymes" dont
parle M. l'amiral Alquier, ce ne sont là
que des mots. Le XIXe Siècle, ce n'est pas
un anonyme, c'est le XIXe Siècle. M. Albert
Grodet sut trouver le journal lorsqu'il le
déféra en cour d'assises, d'où l'ancien gou-
verneur de la Martinique sortit condamné.
L'amiral Alquier a raison de dire que les
marins « avaient la plus entière confiance
en l'amiral du Petit-Thouars » : celui-là en
effet était toujours «dans la voie du devoir
et de l'honneur »; mais il a tort d'ajouter,
s'adressant à M. Duperré : « Nous sommes
convaincus qu'en vous suivant, nous n'en
sortirons pas ».
L'amiral Duperré pourrait, en effet, emme-
ner son escadre entre Landrecies et Mau-
beuge, un pays qu'il connaît bien.
CENT MILLE FRANCS VOLÉS
Un vol considérable vient d'être commis,
dans des circonstances restées jusqu'ici
mystérieuses, chez M. Thomas, rentier, à
Etampes.
M. Thomas, ayant entendu dire que le
magasin de nouveautés de son voisin,
M. Thomin, avait été visité par des malfai-
teurs, crut prudent de mettre en lieu sûr
des valeurs considérables qu'il avait chez
lui. Il les mit dans un coffret qu'il plaça
dans son armoire à glace.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsque, ces
jours-ci, en ouvrant son coffret, il constata
qu'il n'y avait plus rien! Une somme de
103,900 fr. avait été dérobée. La serrure du
coffret ne portait aucune trace d'effrac-
tion.
Sur ces 103,900 fr. il y a 100,000 fr. de va-
leurs au porteur ainsi réparties :
50,000 fr. en obligations P.-L.-M. ;
Trente et une obligations des Chemins de
fer russes;
Six titres de rente française ; !
une reconnaissance de Na.uuu tr.
M. Thomas croit que son coffret a dû
être ouvert à l'aide d une fausse clef et que
le vol n'a pu être commis que par une per-
sonne connaissant bien la maison. Il esti-
me en outre que le vol n'a été commis que
pendant le jour, car il couchait dans la
chambre où se trouvaient les valeurs.
Dans un second tiroir de l'armoire se
trouvait une forte somme en or et en billets
de banque que le ou les voleurs n'ont pas
vue ; ils ont également laissé sur une éta-
gère des pièces or et argent étrangères.
L'enquete ouverte par la police est d'au-
tant plus difficile que M. Thomas ne peut
savoir exactement quel jour le vol a été
commis ; il y avait, en effet, plusieurs
jours qu'il n'avait pas ouvert son ar-
moire.
Les valeurs soustraites ont été aussitôt
frappées d'opposition.
UN DÉSERTEUR FRANÇAIS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Savone, 2 juin.
Un jeune soldat français de la garnison de
Nice vient d'arriver en désertion à Savane.
Il dit s'appeler Jean Rauboul et avoir dé-
serté par suite des fatigues excessives du ser-
vice. Il compte pouvoir travailler chea un de
ses amis qui est graveur.
CHRONIQUE
Toutes ces histoires d'arrestations de
terroristes russes ont évoqué en moi le
souvenir d'une étrange figure de petite
nihiliste, entrevue, deux fois seulement,
comme mystérieusement. Pauvre créa-
ture, qui s'est représentée tout à coup
devant mes yeux, énigme douloureuse !
C'était le temps où l'on s'occupait beau-
coup de cette singulière colonie russe
d'étudiants et d'étudiantes, partageant
la même foi, qui s'étaient groupés, vi-
vant Dieu sait comme ! dans le quartier
que traverse le boulevard de Port-Royal.
On savait bien, dès lors, qu'ils étaient
tous plus ou moins conspirateurs, mais
on ne parlait pas encore de ces terribles
expériences d'engins explosibles. C'était,
à ce moment, plus avec les livres qu'avec
des combinaisons chimiques redoutables,
que l'on prétendait combattre. Des an-
nées et des années se sont déjà passées
depuis.
Moi aussi, comme d'autres enquêteurs,
par goût et par tempérament, de notre
vie moderne, je désirais voir de près
quelques-uns de ces révolutionnaires,
qui semblaient avoir en eux l'étoffe de
martyrs. Je revenais de Russie, où j'a-
vais entendu conter des aventures roma-
nesques ayant eu un épilogue tragique,
et j'étais assez naturellement préoccupé
de tout ce petit monde d'apôtres, qui
'paraissaient alors, dans l'opinion qu'on
se pouvait faire superficiellement d'eux,
uniquement altérés de sacrifice et de dé-
vouement.
Un médecin de mes amis, mêlé depuis
quelque temps, par curiosité, à ces petits
groupes d'étudiants, me proposa un jour
de m'emmener chez quelques-uns d'en-
tre eux. « — Je veux, me dit-il, vous
montrer la personnalité la plus caracté-
ristique que je connaisse. » Et il ajouta :
« — C'est une enfant ; elle a dix-huit
ans. » Elle était inscrite à la Faculté de
médecine, qui ne comptait, à cette épo-
que, qu'une vingtaine d'étudiantes. Main-
tenant, étrangères ou françaises, elles ont
dépassé la centaine!
11 lui avait rendu quelques menus ser-
vices, il avait gagné sa confiance, ou,
plutôt, sa demi-confiance, car les filles
comme celle-ci ne se livrent jamais en-
tièrement. Il l'appelait de son petit nom,
très doux, de Bronia; il lui prêtait des
ouvrages de médecine, il lui donnait, à
l'occasion, quelques conseils dont elle se
montrait très reconnaissante. Peu à peu,
il avait appris d'étonnantes choses sur
son compte.
Il me dit, arrêtant là ses confidences :
— Voyez-la d'abord.
Nous montâmes au dernier étage d'une
maison très noire de la rue du Faubourg-
Saint-Jacques, et nous nous arrêtâmes
devant une petite porte, derrière la-
quelle on entendait des cris d'enfants
qui jouaient.
La porte poussée, nous aperçûmes, en
effet, des marmots qui se bousculaient
autour d'une table où était assise la jeune
fille, si petite, si frêle, qu'elle ne semblait
pas leur aînée de beaucoup. Elle confec-
tionnait, avec des ciseaux et du fil, un
pantin de papier, qu'elle avait sommai-
rement dessiné. Sur la table de bois blanc,
des livres étaient ouverts, étalant des
planches anatomiques.
Elle sourit en voyant mon ami : - « Ce
sont, fit-elle, les bébés d'une voisine que
je garde. Il faut bien essayer de les faire
tenir tranquilles ! » Puis elle leur aban-
donna le pantin, en leur recommandant,
avec un gentil geste d'inolïensive me-
nace : « — Soyez sages ! »
Elle était très jolie, encore que sesabon-
dants cheveux blonds fussent retenus,
d'une façon presque ridicule, par un ru-
ban fané, uniquement destiné à les main-
tenir. De beaux yeux noirs brillaient
d'un éclat très vif sur son visage d'une
carnation délicate. Mais ce qui frappait
surtout en elle, c'était son air d'extrême
jeunesse. La poitrine était toute droite,
comme chez une fillette qui n'a pas en-
core pris son développement ; à la vérité,
on eût trouvé naturel qu'elle se fût amu-
sée elle-même du jouet qu'elle construi-
sait de ses petites mains adroites.
Mais, tout de suite, la conversation prit
une tournure sérieuse, pendant que, fort
intrigué, j'observais l'étudiante.
— Je vous apporte le volume que vous
m'avez demandé, dit mon ami.
— Ah ! répondit-elle, grand merci ; j'a-
vais justement des éclaircissements à ré-
clamer de vous. Et une discussion s'en-
gagea sur une question d'anatomie.
Puis le médecin se leva, plaisanta un
instant sur ce rôle de gouvernante qui
semblait lui plaire.
— Oh ! dit-elle, ces pauvres petits, il
faut bien que quelqu'un s'occupe d'eux!
La mère fait des journées, quand elle en
trouve, et c'est un bien mince service que
ie lui rends là.
Dans cet intérieur misérable, c'était un
tableau presque souriant que celui de
cette charmante fille, entourée de ses
livres de travail, semblant jouer à la ma-
man, ayant elle-même, sur sa figure
mignonne, une expression enfantine.
Mon ami la questionna ensuite, au mo-
ment où nous partions, sur sa santé.
— Oh ! s'écria-t-elle tout à coup, avec
une subite résolution, pourvu que je
vive dix ans encore, c'est tout ce que je
veux.
D'un geste gracieux, elle se pencha sur
l'escalier en nous reconduisant, et elle
nous envoya, de la main, un petit signe
d'adieu.
- Eh bien! dis-je à mon ami, qu'y
a-t-il donc là d'extraordinaire?. Cette
petite savante, avec son cortège de mio-
ches, ne me rappelle guère que les contes
de Berquin ou du vertueux Bouilly.
— Vous n'avez vu qu'une des faces du
tableau. Cette douce créature, le soir
venu, dalla dea l'çunions d'initiés, prê-
che farouchement la révolution à ses frè
res. Elle est l'oracle d'un de ces groupes
de Russes dont nous parlions. Une foi
singulière la soutient, et, de sa parole
ardente, elle enflamme les courages, en
vue de l'œuvre future. Pour ses amis, elle
traduit les écrits des révolutionnaires al-
lemands, qu'elle trouve tièdes ; elle com-
mente les tragiques articles du terrible
journal russe Terre et Liberté; elle di-
rige leur conscience comme une inspira-
trice vengeresse,elle reçoit leurs serments,
elle les envoie, l'heure venue, là où est le
danger.
Elle-même, elle s'est fixé le moment qu
elle ira, sur le sol russe, poursuivre sa
propagande, et je ne sais quelles folies
elle fera, mais je vous réponds qu'elle ne
se ménagera pas !. C'est une âme de feu
qu'il y a en cette enfant! Elle est seule,
absolument seule au monde. Ses deux
frères et sa sœur sont en Sibérie, « dans
les lieux les plus éloignés de l'Empire
selon la redoutable formule administra-
tive russe, et elle s'aguerrit pour les épreu-
ves qui l'attendent, elle aussi. Si elle
étudie la médecine (et, avec quelles res-
sources, vous l'avez vu par la misère de
sa chambre!) c'est pour pouvoir-être utile
à ses coreligionnaires politiques. Elle
sait tout ce qui l'attend, elle se prépare
au martyre, elle rêve la destruction de
tout notre vieux monde, elle sera, s'il le
faut, impitoyable, — et elle a dix-huit
ans ! Ces petites mains qui découpaient
des pantins mettraient, sans hésiter, la
feu à quelque machine infernale. A tel
moment donné, je ne voudrais pas me
trouver, comme un obstacle, sur sa
route.
Puis, des mois se passèrent, et je ne
songeais plus à la petite nihiliste, quand
un mot de mon ami m'arriva, me don-
nant un rendez-vous. « — Vous souve-4
nez-vous de Bronia ? me dit-il. - Oui. Eh
bien ? — Voulez-vous la voir encore ? Elle
est morte, on l'enterre demain. Elle a
succombé à l'excès de travail, au surme-
nage de sa pensée, à la fatigue, de son
apostolat mené de front avec' ses étu-
des. Elle n'avait pas la-force, la pauvre
petite!. Savez-vous une chose? Cela
me remue comme si j'avais perdu quel-
qu'un qui me fût vraiment cher, la fin
de cette toquée héroïque ! »
Elle était là, sur son espèce de grabat,
toujours avec son ruban dans les che-
veux, la malheureuse enfant, si petite,
oh, si petite, encore réduite par la mort,
dérisoire fardeau pour les porteurs qui
allaient la jeter en un coin perdu du ci-
metière. Et tant de théories confuses
avaient bouillonné, aventureuses, subli-
mes et folles à la fois, eu cette tête de
poupée, froide à présent ! Destinée étrange,
forces perdues, ironie du sort, je pensais
à tout cela en contemplant, inanimée,
cette frêle créature qui, tourmentée par
un idéal d'impossible justice absolue:
l'esprit torturé de chimères, avait auda-
cieusement ambitionné d'être une se<
meuse des idées de l'avenir!
Paul Ginisty.
LES PARIS AUX COU riS ES
L'arrêté de M. Constans. — La sup-
pression des agences.
Le ministre de l'intérieur a notifié au-'
jourd'hui au préfet de police l'arrêté sui-
vant qui, ainsi que nous l'avions fait pré-
voir, supprime les agences de commission
au pari mutuel :
Le ministre de l'intérieur,
Vu la loi du 21 mai 1836,
Vu les articles 1er et 6 des arrêtés ministé-
riels autorisant les sociétés de courses da
chevaux à organiser personnellement la lote-
rie dite « pari mutuel simple » sur leurs hip-
podromes;
Considérant qu'il s'est établi à Paris un
grand nombre d'agences dites de commission,
recevant les mises au pari mutuel des joueurs
qui ne peuvent ou ne veulent se rendre sur
les champs de courses ;
Considérant'qu'en droit ces agences, en sa
substituant ainsi aux sociétés autorisées per.
sonnellement à organiser le pari mutuel sur
leurs hippodromes, contreviennent aux dispo-
sitions formelles des articles 1 et 6 des arrêtés
précités;
Considérant qu'en fait il est de notoriété
publique que lesdites agences, opérant pour
leur propre compte, ne portent pas aux gui-
chets du pari mutuel les mises qui leur sont
confiées et frustrent ainsi l'Assistance publique
du prélèvement qui lui est réservé;
Considérant que les agences ne se soumet-
tent à aucune des conditions imposées aux
sociétés de courses autorisées à établir le pari
mutuel, qu'elles violent notamment la condi-
tion fixant le minimum de la mise, et qu'en
abaissant le taux du pari elles élargissent
d'une manière dangereuse le champ de l'offre'
limité par les arrêtés précédents ;
Arrête :
Article ler.-Les sociétés des courses de che
vaux dûment autorisées par les arrêtés parti-
culiers à organiser le pari mutuel simple sur
leurs hippodromes seront rigoureusement as-
treintes à conduire personnellement, ou par
des employés spéciaux agissant sur l'hippo-
drome pour leur compte et A leur place,toutes
les opérations relatives au pari.
Art. 2. — Il est interdit de participer au
pari par l'entremise de mandataires au moyen
de commissions données en dehors du champ
de courses.
En conséquence, toute agence servant d'in-
termédiaire entre le public et" les sociétés de
courses devra cesser ses opérations,sous peine
d'être poursuivie pour infraction au présent
arrêté et à la loi du 21 mai 1836.
Les préfets des départements sur le terri-
toire desquels fonctionne le pari mutuel sont
chargés d'assurer l'exécution des dispositions
ci-dessus.
Fait à Paris, le 2 juin 1890.
Le ministre de l'intérieur,
CONSTANS.
Les pénalités
Voici à quelles condamnations seront
exposés ceux qui contreviendront aux dis-
positions de l'arrêté ci-dessus :
Art. A10 du Code pénal. — Ceux qui auront
tenu une maison de jeux de hasard et y au-
ront admis le public, soit librement, soit sur
la présentation des intéressés ou affiliés, les
banquiers de cette maison, tous ceux qui au-
ront établi ou tenu des loteries non autori-
sées par la loi, tous administrateurs, préposés
ou agents de ces établissements, seront punis
d'un emprisonnement de deux mois au moins
et de six mois au plus, et d'une amende dq
100 fr. à 0,000 fr.
CINQ Centimes - Paris et Départements - CINQ Centimes
MERCREDI A JUIN 1890
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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STATUOMANIE
On vient d'élever à Notre-Dame-du-
Vaudreuil, près de Louviers, une sta-
tue à Raoul Duval. L'inauguration a
eu lieu dimanche,et parmi les person-
nes notables qui assistaient à la céré-
monie, on cite à la fois des bonapar-
tistes, comme M. Béhic et M. Boffing-
ton ; des monarchistes, comme les sé-
nateurs Blavier et Decroix; des répu-
blicains, comme M. Léon Say et M.
d'Osmoy; des ci indépendants).,, com-
me M. Delafosse, et même d'anciens
adeptes de la Droite constitutionnelle,
comme M. Henri des Houx. De nom-
breux discours ont été prononcés. M.
Amagat a fait un éloge au moins
inattendu des hommes du Seize-Mai
qui avaient pénétré l'avenir, et, par
une série de transitions que les comptes
rendus télégraphiques suppriment, il
est arrivé à expliquer que « lorsque
Raoul Duval conseilla aux membres
du parti conservateur d'accepter le
fait constitutionnel, il n'ignorait rien
de l'instabilité des républiques, des
germes de division et de corruption
qu'elles portent en elles et de la fata-
lité qui les emporte toutes »\ mais que,
« tenant les constitutions de ce siècle
d'expériences pour ce qu'elles sont :
des essais, des expédients, et laissant
au peuple le soin de fixer à son heure
sa forme politique dernière, il avait
invité le parti conservateur à conqué-
rir le pouvoir sous la République
pour y protéger ce qui n'est pas con-
tingent, les traditions nationale, la
moralité publique, la dignité de cons-
cience ».
M. Delafosse a représenté Raoul
Duval comme « un volontaire, invin-
ciblement rebelle aux catégories, ne
pensant jamais que la défense de ce
qui est vrai, juste et bon, fût inhé-
rente au service d'une faction, et rajeu-
nissant dans la politique contempo-
raine la figure de ces chevaliers errants
des cycles héroïques, qui passaient,
frappant d'estoc et de taille,et ne de-
meuraient pas". M. Avnard, député
de Lyon, a fait l'éloge des idées libre-
échangistes que Raoul Duval avait
défendues. D'autres, au contraire, ont
plaidé la cause de la protection, et
enfin M. Blavier a adressé un dernier
salut à l'ami « dont il ne partagea pas
les illusions politiques ou économi-
ques M.
On chercherait vainement, dans cette
série de discours, pour quelle raison
Raoul Duval a sa statue. Il fut, comme
dit un journal réactionnaire, un ci char-
mant garçon » ; c'était un homme de
caractère droit et loyal. Il compta "des
amis nombreux dans tous les partis.
Mais une statue pour cela, l'hommage
est peut-être un peu disproportionné
avec les services rendus. Enfin, un
peu de bronze de plus ou de moins,
ce n'est pas une grosse affaire, et
c'est décoratif pour la place du vil-
lage.
Qui sait même si,quelque jour l'hom-
mage ne semblera pas mieux justifié
qu'aujourd'hui, si la Droite constitu-
tionnelle, devenue un parti dans la
République, et tout aussi attachée au
principe républicain que le parti pro-
gressiste, ne viendra pas en pèlerinage
saluer la statue de son fondateur? Mais
le temps où les choses se passeront
ainsi semble encore bien lointain, car
ceux-là même qui se sont chargés [de
louer Raoul Duval, comme M. Ama-
gat, paraissent n'avoir rien compris
à l'œuvre qu'il avait entreprise, et
c'est lui faire injure que d'associer à
son souvenir l'éloge du Seize-Mai et on
ne sait quelle réserve sur la « forme
politique dernière » que le pays peut
u fixer à son heure ».
Si l'on se reporte à ce discours du
ô novembre 1886 qui fut le grand acte
politique de Raoul Duval et qui fut,
— il est juste de le reconnaître - un
acte de courage, on voit que Raoul
Duval abandonnait expressément l'i-
dée de l'appel au peuple qu'il avait
lui-même réclamé à l'Assemblée na-
tionale, et que s'adressant à ceux qui,
comme M. Jolibois, faisaient de l'ap-
pel au peuple un « principe », il s'é-
criait : « A qui ferez-vous croire que
demander l'appel au peuple auj our-
d'hui puisse être autre chose qu'un
programme électoral dans certains
départements ? » Il adjurait la Droite
de renoncer à la « politique du féti-
chisme, qui veut condamner le pays à
la misère jusqu'au jour où il acceptera
la forme de gouvernement qu'on a la
prétention de lui imposer M, et, con-
statant qu'aux élections de 1885 «pres-
que personne n'avait, dans les profes-
sions de foi, mis en question la forme
du gouvernement M, il répondait en
ces termes à une interruption de M.
Paul de Cassagnac : « Il y a quelque
chose qui le défendait bien plus encore
que la loi : c'est que vous avez pres-
que tous le sentiment que, sauf dans
uelaues départements. on aurait eu
très peu de succès électoral si on s'é-
tait présenté comme adversaire dé-
claré de la République. Notre cam-
pagne électorale s'est faite sur ce pro-
gramme : une Droite dans la Républi-
que et non contre la République. »
Il y a quatre ans que Raoul Duval
tenait ce langage, au milieu des co-
lères et des interruptions de la Droite.
Depuis lors, de nouvelles élections ont
eu lieu. Une fois de plus, la Droite
s'est bien gardée de mettre en ques-
tion la forme du gouvernement, et les
aveux récents de M. Delafosse mon-
trent bien qup, cette fois encore, on
avait te sentiment que l'on aurait fort
peu de succès électoral en se présen-
tant comme adversaire de la Répu-
blique. Cependant, les élections une
fois faites, on a recommencé à addi-
tionner toutes les voix que l'on avait
obtenues grâce à tous les subterfuges,
grâce à toutes les équivoques, et l'on
a prétendu, comme par le passé, trans-
former, après coup, en adversaires
systématiques de la République tous
ceux que l'on avait induits en erreur.
Ceux-là même qui, à l'heure présente,
montrent quelque velléité de repren-
dre l'œuvre de Raoul Duval, n'osent
pas aller aussi loin que lui. Les « in-
dépendants » ne réservent leur indé-
pendance que pour la durée de la lé-
gislature, et ils ont soin de stipuler
qu'ils ne prennent pas d'engagement
pour l'avenir. L'inauguration de la
statue de Raoul Duval leur offrait une
occasion d'exposer leur programme,
de parler avec plus de netteté qu'ils
ne l'ont fait jusqu'ici à la tribune ou
dans la presse. Cette occasion, ils l'ont
très soigneusement évitée.
Raoul Duval est un initiateur; il ne
lui manque que des continuateurs.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
» Vie de Paris » par Henry Fouquier.
LA GRACE DU DUC D'ORLÉANS
e La décision
Nous croyons pouvoir indiquer que la
grâce du duc d'Orléans sera signée dans
l'un des conseils des ministres de cette se-
maine.
Le duc sera purement et simplement
reconduit à la frontière.
LA SITUATION EN ITALIE
(DE NOTRE CORRESPONDANTPARTICULIER)
Rome, 2 juin.
Le commandant des troupes qui ont exé-
cuté les fusillades de Conselice, en Roma-
gnes, passera devant un conseil de discipline
pour justifier sa conduite.
M. Cavalotti, le député de Milan qui a
traité ses collègues de la Chambre de ven-
dus et de lâches, refuse de donner sa dé-
mission.
La liquidation du 31 mai a été très pé-
nible sur toutes les places italiennes.
Mariage royal italo-russe
Le bruit d'un projet de mariage du prince
de Naples, fils ainé du roi Humbert, avec
la princesse Xénie, fille du tsar, née en 1875,
prend beaucoup de consistance.
GUILLAUME Il EN SUISSE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berne, 2 juin.
Le bruit court au palais fédéral que le
ministre d'Allemagne en Suisse, M. de Bu-
low, aurait confidentiellement communiqué
au Conseil fédéral l'intention de l'empereur
Guillaume de faire une excursion en Suisse
cet été.
Serait-il reçu officiellement ou viendrait-
il incognito? Cela dépendrait de diverses
circonstances, et en particulier de l'état des
esprits, que M. de BÜlow a été chargé de
pressentir.
Ce serait évidemment un gros événement
en Suisse.
LE CRÉDIT LYONNAIS ET LA
RUSSIE
(D2 NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 2 juin.
Au dernier moment, le conseil de l'empire
refuse au Crédit lyonnais l'autorisation de
fonder de nouvelles succursales en Russie.
——————————ÉM
LES PÊCHERIES DE TERRE-NEUVE
Au Parlement anglais
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, 2 juin.
Dans la séance d'aujourd'hui de la Cham-
bre des communes, M. Qourley demande
si le bruit que des officiers et des soldats
de la mrine française auraient débarqué
sur la côte de Terre-Neuve est exact.
Sir J. Fergusson, sous-secrétaire d'Etat
aux affaires étrangères, répond que ni le
ministre des affaires étrangères anglais, ni
le gouvernement français n'ont reçu avis
d'un pareil événement et il ajoute :
« Je suis sûr que, jusqu'à la conclusion
d'un arrangement quelconque, les officiers
des deux pays garderont une attitude con-
ciliante. »
Envoi de renforts démenti
On dément de bonne source la nouvelle
de l'envoi de quatres navires de guerre à
Saint-John (Terre-Neuve).
Ces navires ont reçu l'ordre, il y a un
mois déjà, de se rendre, comme cela a lieu
chaque année, des Bermudes à Halifax, et
ce déplacement est absolument étranger à
la question des pêcheries de Terre-Neuve.
La nouvelle d'un prétendu envoi de trou-
pes à Terre-Neuve est également dénuée
de fondement.
Un navire français
Les dépêches d'Halifax annoncent l'arri-
vée de l'aviso français Bisson, qui va à
Terre-Neuve cour le service des pêcheurs.
CHEZ MME MENDELSON
UNE SOCIALISTE
Le rôle des femmes dans le mouvement
socialiste. — Russes et Slaves. -
Les quartiers pauvres de Var-
sovie. — M. Berthelot
terroriste.
Le mouvement révolutionnaire présente,
dans les races slaves, un caractère qui le
distingue très nettement : il entraîne les
femmes. C'est parmi les femmes que le
nihilisme russe a trouvé ses apôtres les
plus fervents; c'est parmi elles qu'il a re-
cruté ses défenseurs lés plus résolus.
Les personnes arrêtées tout récemment à
Paris n'ont pas des rapports immédiats avec
les nihilistes russes; ehes appartiennent plu-
tôt au grand parti socialiste européen, qui,
suivant les régions où il se développe, em-
ploie des moyens différents pour mener le
grand combat contre les organisations ac-
tuelles des sociétés, mais repoussent les
théories absolues du nihilisme. Les terro-
ristes, — puisque ainsi on les nomme, —
comptent cependant parmi eux un grand
nombre de femmes.
Parmi elles, on peut ranger, — si on s en
rapporte aux dires de la police, -- la femme
de M. Mendelson qui est en ce moment sous
les verrous et dont nous avons déjà briè-
vement exquissé le portrait. Nous avons
eu le plaisir d'avoir avec Mme Mendeisoa
une longue conversation et nous ne ré-
sistons pas au désir que nous avons de la
réproduire en partie.
Mme Mendelson frise la trentaine. On re-
conaît tout de suite chez elle les qualités
de la race slave, que l'instruction déve-
loppe si merveilleusement. C'est une Polo-
naise pleine de bonne grâce, d'esprit, de
gaieté et d'énergie. Elle parle le français le
plus pur et s'exprime avec une clarté mer-
veilleuse. Elle est née dans le gouverne-
ment de Kielce, et elle passa sa jeunesse à
Varsovie, la Warszawa des Polonais. Tout
enfant, elle eut devant les yeux les souf-
frances des prolétaires de cette vieille cité.
Elle nous racontait hier les souvenirs que
lui a laissés son enfance, et presque tous
ces souvenirs se rattachaient aux misères
qu'elle avait soulagées dans les quartiers
insalubres de Varsovie, habités par une
population misérable et souffreteuse.
Le procès de Posen
« — C'est au milieu de cette-population,
nous disait-elle, que je suis devenue socia-
liste militante. La lecture des livres et des
brochures si diffieileinent, mais si habile-
ment répandus parmi nous n'a pas peu
contribué aussi à m'entraîner dans le
mouvement révolutionnaire.
» J'avais seize ans à peine que je contri-
buais à favoriser la propagande du parti
ouvrier à Varsovie. J'assistais aux réunions
socialistes et je favorisais de mon mieux la
distribution parmi les déshérités de toutes
les brochures, de tous les écrits de nos par-
tisans.
» Vers 1882, les hasards de la campagne
socialiste m'avaient conduite à Posen. Vous
vous rappelez qu'on arrêta, à cette époque,
dans cette ville, une trentaine de socialis-
tes. J'étais du nombre, ainsi que M. Men-
delson et Jamiszewski. On me condamna à
trois mois de prison; mais on tint compte,
pour l'accomplissement de la peine, des
quatre mois de prévention que nous avions
subis et on me laissa en liberté. Mon mari
fut reconduit à la frontière russe, mais il
eut la bonne fortune, au moment où il
allait passer du sol allemand sur le sol
russe, de tromper la vigilance de ses gar-
diens.
» Immédiatement après le procès de Po-
sen, je vins à Paris. J'eus l'occasion, de-
puis, d'aller à Londres et de suivre de près
le mouvement socialiste en Angleterre. Au
dernier congrès international de Paris,
pendant l'Exposition, j'ai rempli les fonc-
tions de secrétaire. Mais mon action socia-
liste se borne là. n
Terroristes et nihilistes
Mme Mendelson nous rappelle ensuite les
principaux événements auxquels son mari
s'est trouvé mêlé, événements que nos lec-
teurs connaissent déjà. Elle insiste beau-
coup sur ce point : « Mon mari est un pu-
bliciste socialiste. Il est impossible de rele-
ver contre lui d'autres griefs d'accusation."
Nous demandons à Mme Mendelson si
elle est partisan de la propagande par le
fait, si, en somme, elle appartiendrait à la
catégorie des terroristes. Elle nous répond,
souriante :
— Mais qui avons-nous donc terrorisé ?
Qu'on cite les noms des victimes que nous
avons faites? Où, quand, comment, avons-
nous exercé la terreur?
Il ne nous appartenait pas d'insister.
Evidemment, Mme Mendelson, avec sa
bonne grâce charmante, sa figure pleine de
douceur et de charme, ne terroriserait pas
les bourgeois même les pltit pusillanimes.
Quant à son opinion sur les terroristes, les
vrais, s'il y en a, elle se montre d'une ré-
serve extrême. On devine aisément qu'il
lui serait pénible de' séparer sa cause, ou
plutôt celle de son mari, de la cause des
malheureux qui pourront être victimes de-
main des lois auxquelles on fait en ce mo-
ment appel.
vest une polonaise separee des ttusses
par les traditions patriotiques, la religion,
les moeurs, mais qui ne prononcera jamais
un seul mot contre les nihilistes russes ou
ceux qui, par leurs théories révolution-
naires, leurs moyens d'action socialiste,
se rapprochent, de près ou de loin, des
nihilistes russes.
M. Berthelot et les terroristes
Au moment où nous allions prendre
congé de Mme Mendelson, une jeune dame
russe, qui exerce à Paris la médecine de-
puis plusieurs années et qui désirait lui
être présentée, nous exprima son opinion
sur les arrestations des terroristes en des
termes tels qu'ils méritent d'être repro-
duits.
—Terroristes! terroristes! s'écria-t-elle.
terroristes, ces braves gens qui souffrent
toutes les misères, endurent toutes les pri-
vations pour rechercher, pour trouver la
formule d'un explosifl Je ne sais pas si on
démontrera qu'ils sont coupables d'avoir
fabriqué, contrairement aux lois, des en-
gins destructeurs, des poudres, des dyna-
mites, etc. ; mais, en tout cas, si on démon-
tre cela, je demande pourquoi on n'a pas
arrêté déjà votre grand savant, M. Berthe-
lot. Voilà un homme qui a passé sa vie à
étudier les explosifs ! Il en a manié, lui, du
chlorate de potasse et du salpêtre ! Il a mul-
tiplié les expériences ; il a passé des jours
et des nuits à la recherche des poudres les
plus puissantes, les plus destructives!
Et elle ajouta lentement, en souriant :
— Vous ne l'arrêtez pas, parce que, pro-
bablement, ses découvertes auront pour
effet de rendre la guerre si meurtrière que
les tyrans hésiteront à la déclarer à leurs
voisins ou à leurs peuples. Eh hien ! les ter-
roristes agissent de meme. Ils CKerchent la
formule d'une poudre dont les effets soient
assez puissants pour empêcher l'action ty-
ranique des despotes. Quand ces derniers
sauront qu'on a en main les procédés, les
poudres, les dynamites qui pourraient,
d'un seul coup, et d'un coup sur, les faire
disparaître, ils deviendront doux comme
des moutons.
Elle conclut ainsi :
— Les terroristes n'ont encore terrorisé
personne.Cette épithète qu'on leur donne,ils
ne J'ont pas méritée. S'ils cherchent des
formules de poudres explosives, c'est sim-
plement pour mettre en garde ceux qui ter-
rorisent les peuples contre les vengeances
populaires.
Nous l'avouons, nous ne nous attendions
guère à entendre pareille théorie. Les fem-
mes, décidément, ont l'esprit inventif.
L'AMIRAL OUPERRE
Les émotions de l'amiral Alquier. —
Les « lâchetés anonymes ». — "Nous
demandons la cour d'assises.
L'amiral Alquier a présenté hier les com-
mandants des bâtiments à l'amiral Du-
perré.
Dans le petit discours qu'il a adressé à
son « chef », nous relèverons ce pas-
sage :
Je n'aurais rien à ajouter de plus, si je ne
considérais comme un devoir impérieux de
flétrir les calomnies odieuses que depuis quel-
que temps on a essayé de répandre. Nous en
avons été émus, nous n'en avons point été
troublés : nous repoussons avec toute l'indi-
gnation de cœurs honnêtes, avec toute l'éner-
gie de soldats loyaux et patriotes, mais aussi
avec tous les mépris qu'elles méritent, les lâ-
chetés anonymes; nous estimons qu'elles ne
salissent que ceux qui se dissimulent pour
insulter et qu'elle ne sauraient vous atteindre.
Nous avions la plus absolue confiance en l'a-
miral du Petit-Thouars, nous savions qu'il
nous conduirait toujours dans la voie du de-
voir et de l'honneur ; nous sommes convain-
cus qu'en vous suivant, nous n'en sortirons
pas.
Comment, calomnies ! Comment, lâchetés
anonymes ! Comment, le XIXo Siècle se dis-
simule pour insulter f
A qui M. l'amiral Alquier fera-t-il croire
que les documents que nous avons publiés
sont des calomnies ? Calomnies, les dépê-
ches de Filon à l'amiral Duperré ! Calom-
nies, les congés successifs obtenus par l'a-
miral Duperré pendant la guerre ! Calom-
nies, le franc-filage en Belgique, au mo-
ment où les « soldats loyaux et patriotes"
mouraient glorieusement pour la patrie!
Allons donc ! Mais alors, si calomnies il
y a, si diffamation il y a, qu'attend donc
M. Duperré pour laver son honneur, pour
en faire justice une bonne fois pour toutes,
pour porter haut la tête dans ce corps de
braves officiers qu'il va commander et
dont pas un n'ignore que ce que nous
avons raconté est la simple expression de
la plus absolue vérité? Il n'y a donc plus
de tribunaux, il n'y a donc plus de jury,
que l'amiral Duperré hésite?
Pourquoi ne nous met-il au défi de prou-
ver devant douze jurés, dans la pleine lu-
mière de l'audience publique, de venir
faire la preuvel M. l'amiral Duperré fuit ce
débat public, parce qu'il sait que cette
preuve, nous pouvons la faire à coups de
documents et de dépositions. Et il préfère
rester à son bord, son honneur en lam-
beaux. - - -
Quant aux « lachete. anonymes" dont
parle M. l'amiral Alquier, ce ne sont là
que des mots. Le XIXe Siècle, ce n'est pas
un anonyme, c'est le XIXe Siècle. M. Albert
Grodet sut trouver le journal lorsqu'il le
déféra en cour d'assises, d'où l'ancien gou-
verneur de la Martinique sortit condamné.
L'amiral Alquier a raison de dire que les
marins « avaient la plus entière confiance
en l'amiral du Petit-Thouars » : celui-là en
effet était toujours «dans la voie du devoir
et de l'honneur »; mais il a tort d'ajouter,
s'adressant à M. Duperré : « Nous sommes
convaincus qu'en vous suivant, nous n'en
sortirons pas ».
L'amiral Duperré pourrait, en effet, emme-
ner son escadre entre Landrecies et Mau-
beuge, un pays qu'il connaît bien.
CENT MILLE FRANCS VOLÉS
Un vol considérable vient d'être commis,
dans des circonstances restées jusqu'ici
mystérieuses, chez M. Thomas, rentier, à
Etampes.
M. Thomas, ayant entendu dire que le
magasin de nouveautés de son voisin,
M. Thomin, avait été visité par des malfai-
teurs, crut prudent de mettre en lieu sûr
des valeurs considérables qu'il avait chez
lui. Il les mit dans un coffret qu'il plaça
dans son armoire à glace.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsque, ces
jours-ci, en ouvrant son coffret, il constata
qu'il n'y avait plus rien! Une somme de
103,900 fr. avait été dérobée. La serrure du
coffret ne portait aucune trace d'effrac-
tion.
Sur ces 103,900 fr. il y a 100,000 fr. de va-
leurs au porteur ainsi réparties :
50,000 fr. en obligations P.-L.-M. ;
Trente et une obligations des Chemins de
fer russes;
Six titres de rente française ; !
une reconnaissance de Na.uuu tr.
M. Thomas croit que son coffret a dû
être ouvert à l'aide d une fausse clef et que
le vol n'a pu être commis que par une per-
sonne connaissant bien la maison. Il esti-
me en outre que le vol n'a été commis que
pendant le jour, car il couchait dans la
chambre où se trouvaient les valeurs.
Dans un second tiroir de l'armoire se
trouvait une forte somme en or et en billets
de banque que le ou les voleurs n'ont pas
vue ; ils ont également laissé sur une éta-
gère des pièces or et argent étrangères.
L'enquete ouverte par la police est d'au-
tant plus difficile que M. Thomas ne peut
savoir exactement quel jour le vol a été
commis ; il y avait, en effet, plusieurs
jours qu'il n'avait pas ouvert son ar-
moire.
Les valeurs soustraites ont été aussitôt
frappées d'opposition.
UN DÉSERTEUR FRANÇAIS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Savone, 2 juin.
Un jeune soldat français de la garnison de
Nice vient d'arriver en désertion à Savane.
Il dit s'appeler Jean Rauboul et avoir dé-
serté par suite des fatigues excessives du ser-
vice. Il compte pouvoir travailler chea un de
ses amis qui est graveur.
CHRONIQUE
Toutes ces histoires d'arrestations de
terroristes russes ont évoqué en moi le
souvenir d'une étrange figure de petite
nihiliste, entrevue, deux fois seulement,
comme mystérieusement. Pauvre créa-
ture, qui s'est représentée tout à coup
devant mes yeux, énigme douloureuse !
C'était le temps où l'on s'occupait beau-
coup de cette singulière colonie russe
d'étudiants et d'étudiantes, partageant
la même foi, qui s'étaient groupés, vi-
vant Dieu sait comme ! dans le quartier
que traverse le boulevard de Port-Royal.
On savait bien, dès lors, qu'ils étaient
tous plus ou moins conspirateurs, mais
on ne parlait pas encore de ces terribles
expériences d'engins explosibles. C'était,
à ce moment, plus avec les livres qu'avec
des combinaisons chimiques redoutables,
que l'on prétendait combattre. Des an-
nées et des années se sont déjà passées
depuis.
Moi aussi, comme d'autres enquêteurs,
par goût et par tempérament, de notre
vie moderne, je désirais voir de près
quelques-uns de ces révolutionnaires,
qui semblaient avoir en eux l'étoffe de
martyrs. Je revenais de Russie, où j'a-
vais entendu conter des aventures roma-
nesques ayant eu un épilogue tragique,
et j'étais assez naturellement préoccupé
de tout ce petit monde d'apôtres, qui
'paraissaient alors, dans l'opinion qu'on
se pouvait faire superficiellement d'eux,
uniquement altérés de sacrifice et de dé-
vouement.
Un médecin de mes amis, mêlé depuis
quelque temps, par curiosité, à ces petits
groupes d'étudiants, me proposa un jour
de m'emmener chez quelques-uns d'en-
tre eux. « — Je veux, me dit-il, vous
montrer la personnalité la plus caracté-
ristique que je connaisse. » Et il ajouta :
« — C'est une enfant ; elle a dix-huit
ans. » Elle était inscrite à la Faculté de
médecine, qui ne comptait, à cette épo-
que, qu'une vingtaine d'étudiantes. Main-
tenant, étrangères ou françaises, elles ont
dépassé la centaine!
11 lui avait rendu quelques menus ser-
vices, il avait gagné sa confiance, ou,
plutôt, sa demi-confiance, car les filles
comme celle-ci ne se livrent jamais en-
tièrement. Il l'appelait de son petit nom,
très doux, de Bronia; il lui prêtait des
ouvrages de médecine, il lui donnait, à
l'occasion, quelques conseils dont elle se
montrait très reconnaissante. Peu à peu,
il avait appris d'étonnantes choses sur
son compte.
Il me dit, arrêtant là ses confidences :
— Voyez-la d'abord.
Nous montâmes au dernier étage d'une
maison très noire de la rue du Faubourg-
Saint-Jacques, et nous nous arrêtâmes
devant une petite porte, derrière la-
quelle on entendait des cris d'enfants
qui jouaient.
La porte poussée, nous aperçûmes, en
effet, des marmots qui se bousculaient
autour d'une table où était assise la jeune
fille, si petite, si frêle, qu'elle ne semblait
pas leur aînée de beaucoup. Elle confec-
tionnait, avec des ciseaux et du fil, un
pantin de papier, qu'elle avait sommai-
rement dessiné. Sur la table de bois blanc,
des livres étaient ouverts, étalant des
planches anatomiques.
Elle sourit en voyant mon ami : - « Ce
sont, fit-elle, les bébés d'une voisine que
je garde. Il faut bien essayer de les faire
tenir tranquilles ! » Puis elle leur aban-
donna le pantin, en leur recommandant,
avec un gentil geste d'inolïensive me-
nace : « — Soyez sages ! »
Elle était très jolie, encore que sesabon-
dants cheveux blonds fussent retenus,
d'une façon presque ridicule, par un ru-
ban fané, uniquement destiné à les main-
tenir. De beaux yeux noirs brillaient
d'un éclat très vif sur son visage d'une
carnation délicate. Mais ce qui frappait
surtout en elle, c'était son air d'extrême
jeunesse. La poitrine était toute droite,
comme chez une fillette qui n'a pas en-
core pris son développement ; à la vérité,
on eût trouvé naturel qu'elle se fût amu-
sée elle-même du jouet qu'elle construi-
sait de ses petites mains adroites.
Mais, tout de suite, la conversation prit
une tournure sérieuse, pendant que, fort
intrigué, j'observais l'étudiante.
— Je vous apporte le volume que vous
m'avez demandé, dit mon ami.
— Ah ! répondit-elle, grand merci ; j'a-
vais justement des éclaircissements à ré-
clamer de vous. Et une discussion s'en-
gagea sur une question d'anatomie.
Puis le médecin se leva, plaisanta un
instant sur ce rôle de gouvernante qui
semblait lui plaire.
— Oh ! dit-elle, ces pauvres petits, il
faut bien que quelqu'un s'occupe d'eux!
La mère fait des journées, quand elle en
trouve, et c'est un bien mince service que
ie lui rends là.
Dans cet intérieur misérable, c'était un
tableau presque souriant que celui de
cette charmante fille, entourée de ses
livres de travail, semblant jouer à la ma-
man, ayant elle-même, sur sa figure
mignonne, une expression enfantine.
Mon ami la questionna ensuite, au mo-
ment où nous partions, sur sa santé.
— Oh ! s'écria-t-elle tout à coup, avec
une subite résolution, pourvu que je
vive dix ans encore, c'est tout ce que je
veux.
D'un geste gracieux, elle se pencha sur
l'escalier en nous reconduisant, et elle
nous envoya, de la main, un petit signe
d'adieu.
- Eh bien! dis-je à mon ami, qu'y
a-t-il donc là d'extraordinaire?. Cette
petite savante, avec son cortège de mio-
ches, ne me rappelle guère que les contes
de Berquin ou du vertueux Bouilly.
— Vous n'avez vu qu'une des faces du
tableau. Cette douce créature, le soir
venu, dalla dea l'çunions d'initiés, prê-
che farouchement la révolution à ses frè
res. Elle est l'oracle d'un de ces groupes
de Russes dont nous parlions. Une foi
singulière la soutient, et, de sa parole
ardente, elle enflamme les courages, en
vue de l'œuvre future. Pour ses amis, elle
traduit les écrits des révolutionnaires al-
lemands, qu'elle trouve tièdes ; elle com-
mente les tragiques articles du terrible
journal russe Terre et Liberté; elle di-
rige leur conscience comme une inspira-
trice vengeresse,elle reçoit leurs serments,
elle les envoie, l'heure venue, là où est le
danger.
Elle-même, elle s'est fixé le moment qu
elle ira, sur le sol russe, poursuivre sa
propagande, et je ne sais quelles folies
elle fera, mais je vous réponds qu'elle ne
se ménagera pas !. C'est une âme de feu
qu'il y a en cette enfant! Elle est seule,
absolument seule au monde. Ses deux
frères et sa sœur sont en Sibérie, « dans
les lieux les plus éloignés de l'Empire
selon la redoutable formule administra-
tive russe, et elle s'aguerrit pour les épreu-
ves qui l'attendent, elle aussi. Si elle
étudie la médecine (et, avec quelles res-
sources, vous l'avez vu par la misère de
sa chambre!) c'est pour pouvoir-être utile
à ses coreligionnaires politiques. Elle
sait tout ce qui l'attend, elle se prépare
au martyre, elle rêve la destruction de
tout notre vieux monde, elle sera, s'il le
faut, impitoyable, — et elle a dix-huit
ans ! Ces petites mains qui découpaient
des pantins mettraient, sans hésiter, la
feu à quelque machine infernale. A tel
moment donné, je ne voudrais pas me
trouver, comme un obstacle, sur sa
route.
Puis, des mois se passèrent, et je ne
songeais plus à la petite nihiliste, quand
un mot de mon ami m'arriva, me don-
nant un rendez-vous. « — Vous souve-4
nez-vous de Bronia ? me dit-il. - Oui. Eh
bien ? — Voulez-vous la voir encore ? Elle
est morte, on l'enterre demain. Elle a
succombé à l'excès de travail, au surme-
nage de sa pensée, à la fatigue, de son
apostolat mené de front avec' ses étu-
des. Elle n'avait pas la-force, la pauvre
petite!. Savez-vous une chose? Cela
me remue comme si j'avais perdu quel-
qu'un qui me fût vraiment cher, la fin
de cette toquée héroïque ! »
Elle était là, sur son espèce de grabat,
toujours avec son ruban dans les che-
veux, la malheureuse enfant, si petite,
oh, si petite, encore réduite par la mort,
dérisoire fardeau pour les porteurs qui
allaient la jeter en un coin perdu du ci-
metière. Et tant de théories confuses
avaient bouillonné, aventureuses, subli-
mes et folles à la fois, eu cette tête de
poupée, froide à présent ! Destinée étrange,
forces perdues, ironie du sort, je pensais
à tout cela en contemplant, inanimée,
cette frêle créature qui, tourmentée par
un idéal d'impossible justice absolue:
l'esprit torturé de chimères, avait auda-
cieusement ambitionné d'être une se<
meuse des idées de l'avenir!
Paul Ginisty.
LES PARIS AUX COU riS ES
L'arrêté de M. Constans. — La sup-
pression des agences.
Le ministre de l'intérieur a notifié au-'
jourd'hui au préfet de police l'arrêté sui-
vant qui, ainsi que nous l'avions fait pré-
voir, supprime les agences de commission
au pari mutuel :
Le ministre de l'intérieur,
Vu la loi du 21 mai 1836,
Vu les articles 1er et 6 des arrêtés ministé-
riels autorisant les sociétés de courses da
chevaux à organiser personnellement la lote-
rie dite « pari mutuel simple » sur leurs hip-
podromes;
Considérant qu'il s'est établi à Paris un
grand nombre d'agences dites de commission,
recevant les mises au pari mutuel des joueurs
qui ne peuvent ou ne veulent se rendre sur
les champs de courses ;
Considérant'qu'en droit ces agences, en sa
substituant ainsi aux sociétés autorisées per.
sonnellement à organiser le pari mutuel sur
leurs hippodromes, contreviennent aux dispo-
sitions formelles des articles 1 et 6 des arrêtés
précités;
Considérant qu'en fait il est de notoriété
publique que lesdites agences, opérant pour
leur propre compte, ne portent pas aux gui-
chets du pari mutuel les mises qui leur sont
confiées et frustrent ainsi l'Assistance publique
du prélèvement qui lui est réservé;
Considérant que les agences ne se soumet-
tent à aucune des conditions imposées aux
sociétés de courses autorisées à établir le pari
mutuel, qu'elles violent notamment la condi-
tion fixant le minimum de la mise, et qu'en
abaissant le taux du pari elles élargissent
d'une manière dangereuse le champ de l'offre'
limité par les arrêtés précédents ;
Arrête :
Article ler.-Les sociétés des courses de che
vaux dûment autorisées par les arrêtés parti-
culiers à organiser le pari mutuel simple sur
leurs hippodromes seront rigoureusement as-
treintes à conduire personnellement, ou par
des employés spéciaux agissant sur l'hippo-
drome pour leur compte et A leur place,toutes
les opérations relatives au pari.
Art. 2. — Il est interdit de participer au
pari par l'entremise de mandataires au moyen
de commissions données en dehors du champ
de courses.
En conséquence, toute agence servant d'in-
termédiaire entre le public et" les sociétés de
courses devra cesser ses opérations,sous peine
d'être poursuivie pour infraction au présent
arrêté et à la loi du 21 mai 1836.
Les préfets des départements sur le terri-
toire desquels fonctionne le pari mutuel sont
chargés d'assurer l'exécution des dispositions
ci-dessus.
Fait à Paris, le 2 juin 1890.
Le ministre de l'intérieur,
CONSTANS.
Les pénalités
Voici à quelles condamnations seront
exposés ceux qui contreviendront aux dis-
positions de l'arrêté ci-dessus :
Art. A10 du Code pénal. — Ceux qui auront
tenu une maison de jeux de hasard et y au-
ront admis le public, soit librement, soit sur
la présentation des intéressés ou affiliés, les
banquiers de cette maison, tous ceux qui au-
ront établi ou tenu des loteries non autori-
sées par la loi, tous administrateurs, préposés
ou agents de ces établissements, seront punis
d'un emprisonnement de deux mois au moins
et de six mois au plus, et d'une amende dq
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