Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-05-30
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 30 mai 1890 30 mai 1890
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — N* 6,710
CINQ Centimes - Paris et Départements — CINQ Centimes
VENDREDI 30 MAI 1890
LE mis SIËCLE
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UN GENDRE FIN DE SIÈCLE
CONDAMNATION
Se HH. Sécrétas, Hentsch et Laveissière
LE CAS DU LIEUTENANT GARCIN
Vengeance à satisfaire
V ain8 lilliijll
Il se mène en ce moment une forte
campagne pour obtenir des députés
réactionnaires qu'ils veuillent bien faire
à la République la grâce de la recon-
naître. Ces messieurs font des ma-
nières. En vain le Journal des Débats,
le Temps, le Parti national, organes
autorisés du Centre-Gauche, jettent
les fleurs sous leurs pas et leur pro-
diguent prières et objurgations. Les
cruels n'écoutent point.
Ce n'est pas que quelques-uns ne
soient tentés de répondre à de si flat-
teuses avances. Mais le respect hu-
main les retient. La Gazette de France
les gêne et les discours de M. de Bro-
glie les arrêtent.
C'est à ces hésitants que s'adresse
M. Delafosse. Le député normand a
trouvé, pour triompher de leurs scru-
pules, une raison à laquelle il n'y a, en
effet, rien à répliquer. « Rappelez-
vous, dit-il à ses collègues, comment
vous êtes parvenus à vous faire nom-
mer. Est-ce que vous n'avez pas, tous,
mis votre drapeau dans votre poche
quand vous étiez candidats? Quelle
fantaisie vous prend de l'exhiber au-
jourd'hui que vous êtes élus? Laissez-
le donc où il est. La Gazette de France
nous la baille belle avec sa fidélité aux
principes. Il n'y a pas un collège élec-
toral où le candidat serait élu qui se
présenterait pour obtenir de ses com-
mettants le mandat exprès de suppri-
mer la République et de lui substituer
la royauté. Tandis que maints candi-
dats qui ont consenti à mettre un faux
nez, tels (c'est M. Delafosse qui les
cite) M. Loreau à Gien, M. de Mont-
saulnin à Saint-Amand, M. Bourlon
de Rouvre dans la Haute-Marne, ont
fait triompher la réaction dans des
circonscriptions jusqu'alors républi-
caines. « Voilà qui tranche la ques-
tion. »
Ce raisonnement, dont la franchise
voisine le cynisme, enlève, on en con-
viendra, beaucoup de son intérêt à la
question de savoir si les députés de
droite feront ou non leur soumission
au gouvernement légal du pays.
Ainsi présentée, l'adhésion à la Ré-
publique n'a même plus, en effet, l'ap-
parence d'une manifestation politique.
Ce n'est qu'un truc électoral.
La seule chose à retenir des aveux
dépouillés d'artifice de M. Jules Dela-
fosse, c'est la constatation que la Ré-
publique est désormais indestruc-
tible.
Nous avons certes le droit de nous
réj ouir d'un si heureux résultat ; mais
il entraîne des devoirs nouveaux pour
le parti républicain. C'est très bien
d'être parvenu à fixer si fortement
l'étiquette au sac qu'aucun orage ne
l'en puisse plus arracher. Maintenant,
qu'est-ce que nous allons mettre dans
le sac?
M. Delafosse a tout à fait raison de
prétendre qu'on peut, sous le nom de
République, faire vivre toute espèce
de régime. L'histoire a connu des
Républiques libérales et des autori-
taires, des oligarchiques comme des
démagogiques.
Quand les députés de la Droite au-
ront crié en chœur : « Vive la Répu-
blique! » le régime républicain ne s'en
portera pas mieux, puisque, dès au-
jourd'hui, ses pires adversaires sont
obligés de confesser que son existence
défie toutes leurs attaques. Mais la
cause de la réaction cléricale, sous
l'étiquette républicaine, en retirerait
peut-être quelques avantages.
Un journal modéré indique, en ter-
mes discrets mais clairs, aux députés
de droite la raison capitale qui devrait
les décider à ne pas retarder plus
longtemps leur évolution : « Il n'y a
désormais qu'une bonne place pour
faire de la politique conservatrice, et
cette place est dans la République. »
Le temps est passé où M. J.-J. Weiss
écrivait dédaigneusement, — c'était
aux alentours de 187U — : « La Répu-
olique conservatrice, c'est une bêtise."
A défaut du parapluie orléaniste, les
réactionnaires se contenteraient fort
bien d'un parasol républicain dont ils
tiendraient le manche. *
Nous pensons, en effet, avec M. De-
Jafosse et les écrivains du Centre-
Gauche, QUe le mot de Rèpublique ne
répond pas à tout et qu'une épithète
n'est pas inutile. ,<0 ::.:,,;
Que les députés de droite suivent
d'ailleurs les conseils de M. Delafosse
ou ceux de la Gazette de France, la
difficulté n'en sera pas diminuée.
Nous avons la République, que se-
ra-t-elle? Fidèle au vieux programme
du parti républicain, alors qu'il n'était
qu'une minorité glorieuse, travaillera-
t-elle à donner à ce peuple toujours
plus de liberté, toujours plus de jus-
tice? Se laissera-t-elle, au contraire,
entraîner à emprunter aux régimes
déchus des armes que les républicains
d'autrefois furent unanimes àstigmati-
ser?Docile aux avertissements qui sem-
blent lui venir de tous les points du
monde, la République française tien-
dra-t-elle à cœur d'être l'initiatrice des
réformes sociales, comme elle le fut
des libertés politiques? Ou bien, sa-
tisfaite de sa gloire passée, reculera-
t-elle devant ce périlleux honneur ?
Voilà les points d'interrogation qui se
dressent. Voilà les problèmes dont la
solution passionne à bon droit le
pays.
Mais de savoir si trois douzaines de
députés réactionnaires iront prendre
le thé chez M. Léon Say ou continue-
ront à fréquenter le canapé de M. le
duc de Broglie, la question peut agiter
le faubourg Saint-Germain : elle n'in-
téresse pas la France.
A. Millerand.
Le X-Xe SIECLE publiera dsmaia la
» Vie da Paria » par Henry Fouquier.
LE
CAS DU LIEUTENANT GARCIN
Au Tonkin. — Ce qu'il en coûte d'avoir
affaire à un missionnaire toqué. —
En conseil d'enquête. — L'opi-
nion publique acquittera.
Au mois d'octobre dernier, le XIXe Siècle
appelait l'attention du gouvernement sur
un fait assez grave qui venait de se pro-
duire au Tonkin.
Un sous-lieutenant d'infanterie de ma-
rine, M. Garcin, avait mis en état d'arres-
taiion et envoyé à Vinh un missionnaire
catholique français qui répandait avec troo
de zèle les bienfaits de la religion chré-
tienne dans les environs -du poste mili-
taire.
Cet apô re de la douceur, évangélique —
c'est du missionnaire que nous parlons —
avait fait prendie trois tirailleurs du poste
de l'officier par des gens à lui et leur avait
fait infliger trente coups de rotin. Il avait,
parait-il, à se plaindre d'eux.
Enfin, ce qui justifiait la mesure prise
par M. le lieutenant Uarcin, ce missionnaire
bizarre rendait toute réquisition impossi-
ble et gênait considérablement le service
d'approvisionnement des deux postes du
Laos dont l'officier avait la garde.
Soutenu par ses chefs directs et par l'opi-
nion de ses camarades, cet officier coupa-
ble d'un sacrilège aussi horrible — l'arres-
tation d'un missionnaire!—s'est vu infli-
ger soixante jours de prison par'M. le gé-
néral Bichot.
Après une colonne longue et pénible, le
lieutenant Garcin est rentré en France il y
a quelques jours. Il avait donné sa démis-
sion, qui, acceptée là-bas, a été refusée par
le ministre de la guerre, et il va être tra-
duit devant un conseil d'enquête.
Telle est la récompense de cet officier
qui a passé quatre années au Tonkin, qui
a, par conséquent, huit campagnes, mais
qui a cru n'avoir d'ordre à recevoir que de
ses chefs et non d'un missionnaire toqué.
Quoi qu'il sorte de ce conseil d'enquê.e,
ce brave soldat sera sûrement acquitté par
l'opinion publique.
LES GROUPES
Concentration constitutionnelle
Nous avons annoncé hier la reconstitu-
tion des groupes parlementaires.
Nous apprenons aujourd'hui que le pre-
mier groupe formé serait un groupe dit de
« concentration constitutionnelle", qui
comprendrait, avec les éléments du groupe
Piou, les membres actuels du Centre-Gau-
che et la presque totalité du groupe agri-
cole Méline.
Des pourparlers se poursuivent en ce
sens.
UNE DÉCLARATION DE M. FERRY
M. Ferry ne se représentera pas
L'Estafette publie ce matin une note dans
laquelle eile se dit « autorisée à déclarer
que M. Jules Ferry n'acceptera pas de nou-
velle candidature-dans l'arrondissement de
Saint-Dié ».
Le X/Xe Siècle annonçait, (Tailleurs, cette
nouvelle dans son numéro du 31 mars der-
nier et ajoutait que M. Juies Ferry se ré-
servait pour les élections sénatoriales du
mois dé janvier prochain, le département
des Vosges étant compris dans la série re-
nouvelable.
LES ÉLECTIONS DE LA MARTINIQUE
La majorité accrue. — Grave échec
Le conseil général de la Martinique avait
été dissous par ordre du sous secrétaire
d'Etat des colonies et sur la demande de
M. Germain Casse, gouverneur,qlli espérait
faire disparaître la minorité, composée ce-
pendant exclusivement de républicains in-
dépendants.
Pour arriver plus sûrement à ce but, on
n'avait laissé que quinze jours au parti
qu'on voulait abattre pour se reconnaître,
et le sous-secrétaire d'Etat avait refusé d'a-
journer les élections.
Ces élections ont eu lieu dimanche 95
mai. La minorité revient tout entière, et si
bien augmentée qu'elle est aujourd'hui d.
venue la majorité.
C'est un échec très grave pour le gouver-
neur de la Martinique. L'opposition-compte
90 voix centre 16 dont dieposs le parti de
M. Germain C^sse,
LA DOT DEJ. VIGNON
Insinuations malveillantes. — L'enre-
gistrement n'a rien à se reprocher.
—Un gendre fin de siècle. — Pas
de fraude.
Le Journal des fonctionnaires a publié,
dans son dernier numéro, l'entrefilet ci-
après :
Ça va bien, dans l'enregistrement.
On parle couramment, dans l'enregistre-
ment, d'une singulière affaire qui pourrait
devenir grosse de dangers.
Il ne s'agit plus de cet employé de la cen-
trale — lisez : administration centrale — bat-
tant monnaie avec son indélicatesse adminis-
trative et amassant presque une fortune.
Il sagit, cette fois, d'une société à qui la di-
rection de Paris aurait réclamé la somme con-
sidérable de A20,000 francs environ pour dé-
faut de paiement de l'impôt sur le revenu de-
puis quinze ou vingt ans. La direction générale
voudrait, dit on, empêcher le paiement des
droits. On aurait été jusqu'à déposer un pro-
jet de loi substituant la prescription de cinq
ans à la prescription de trente ans.
A ce petit jeu, on devine que la société
bien apparentée, gagnerait gros.
Si cela est vrai, c'est lamentable.
Le journal de M. Paul de Cassagnac,
l'Autorité, a reproduit hier cet entrefilet en
le faisant suivre des réflexions qu'on va
lire :
Nous nous demandons quel est le pot-aux-
roses que cette note, provenant d'un journal
bien renseigné en matière d'administration,
veut nous indiquer.
Serlotis-noui en présence d'un nouveau
scandale dans le genre des guanos Dreyfus ?
Nous espérons que M. le directeur de l'en-
registrement, dont l'indépendance est bien
connue, ne voudra'pas laisser le service qu'il
a directement sous ses ordres sous le coup
d'une pareille accusation.
Nous sommes certains qu'il n'hésitera pas
à nous faire connaître les causes qui retar-
dent, malgré lui sans doute, la solution d'une
affaire aussi simple qu'importante.
Dans le cas contraire, nous nous empres-
serions d'ouvrir une enquête et de rechercher
qu'elle est la parenté assez puissante pour
arrêter ainsi leS droits du fisc.
M. Rouvier, mieux que personne, pourrait
peut-être nous renseigner
VAutorité avait intitulé le tout : Un scan-
dale sous roche. On va voir qu'en réalité il
s'agissait d'une affaire infiniment plus co-
mique que scandaleuse.
Nous allons d'abord donner la version
officielle. Nous donnerons ensuite la ver-
sion vraie.
Les déclarations de M. Tiphaigne
Nous avons précisément rencontré M. le
directeur général de l'enregistrement au mo-
ment où il venait de quitter M. le ministre
des finances, qui l'avait mandé pour l'en-
tretenir de l'article paru dans VAutorité le
matin.
— On a voulu, nous a dit M. Tiphaigne, faire
d'une affaire très ordinaire une grosse affaire
et chercher en rendre responsable l'admi-
nistration de l'enregistre me a t. Voici ce qu'il y
a de vrai : il y a trois mois à peine, un ins-
pecteur de l'enregistrement signalait à la di-
rection générale une découverte qu'il venait
de faire. Une maison de commerce aurait été
reconnue par lui redevable à l'administration
d'une somme considérable, provenant en ma-
jeure partie d'amendes encourues et de taxes
non payées d'impôt sur le revenu.
Aussitôt en possession de cette plainte, l'ad-
ministration centrale fit réclamer la somme
due. Mais on se trouvait en présence d'une
société ayant des commanditaires. Le princi-
pal intéressé, tout en se déclarant prêt à
payer pour sa part, manifesta le désir d'en
conférer avant avec ses commanditaires.
Nous n'avons pas l'habitude, dit M. le directeur
général, de pousser l'épée dans les reins les
négociants très solvables que nous demandent
d'examiner le bien - fondé des réclamations
qui leur sont adressées.
C'est pourquoi nous n'avons pas cru devoir
jusqu'ici, commencer les poursuites.
Mais, croyez-le bien, a conclu M. Tiphaigne
en se redressant, si nous sommes conciliants,
nous ne sommes pas faibles, et si, dans quel-
que temps, la maison visée ne nous a pas fait
d'offres, ou du moins adressé une demande
de remise d'amende, nous poursuivrons, p ir
tous les moyens, le recouvrement de ce qui
est du à l'Etat.
En ce qui concerne le projet de loi des-
tiné à diminuer le temps de la prescrip-
tion, M. le directeur général nous a ré-
pondu :
- Je n'ai pas mission pour parler au nom de
M. le ministre des finances, mais je puis vous
dire que si M. le ministre d posait un tel pro-
jet, if ne ferait en cela qu'imiter l'exemple
d'un de ses prédécesseurs, M. Dauphin qui, le
U mars 1837, déposait sur le bureau de la
Chambre un projet analogue. J'ajouterai que
M. le ministre peut même se dispenser de dé-
poser un tel projet, car un député de l'oppo-
sition, M. Gauthier de Clagny, a déposé au
commencement de cette législature un projet
de loi demandant la substitution de la pres-
cription de cinq ans à celle de trente ans.
Au moment où no us prenions congé, M. le
directeur général a tenu à nous faire bien
« remarquer que l'administration n'avait
subi dans cette affaire aucune pression et
que, dans ce cas comme dans tous les au-
tres, elle saurait faire et ferait toujours son
devoir ».
Pour réduire cette curieuse affaire à ses
justes proportions, nous allons raconter
maintenant cequeM.ledirecteur général de
l'enregistrement ne pouvait pas nous dire,
et placer en regard de la vérité officielle la
vérité vraie,qui est naturellement plus pit-
toresque.
La vérité vraie
Tous les Journaux ont publié dernière-
ment le récit du mariage de M. Louis Vi-
gnon, consul, beau-fils et chef du cabinet
ue M. Rouvier, ministre des finances, avec
Mlle Abadie, fille de M. Abadie, directeur-
gérant de la Société Abadie et & pour la fa-
brication du papier à cigarette maïs,suédois,
au goudron, sans nom, etc. Ils ont donné la
liste des hautes personnalités de la politi-
que et de la finance qui assistaient à ia soirée
de contrat ainsi qu'à la cérémonie nup-
tiale.
Ils ont omis toutefois un piquant dé-
tail :
Avant de faire sa demande,M. Vignon, en
homme de son siècle ou plutôt de sa fin de
siècle, avait voulu, paraît-il, se renseigner
exactement sur la situation financière de
son futur beau-père, et il avait pensé que
pour cela le moyen le plus simple et le
plus sûr était de s'informer auprès de la
direction de l'enregistrement des béné-
fices qui avaient été reahsés et qui avaient
dû être déclarés,conformément à la loi,par
la Société Abadie et Cie.
M. Vignon fit donc mander le directeur
général de l'enregistrement à son cabinet,
au ministère des finances, et lui exposa
le petit service qu'il attendait de lui.
M. Tiphaigne lit passer une note de ser-
vice au directeur de l'enregistrement de la
Seine qui, n'ayant reçu depuis plusieurs
panées aucune déclaration ni aucun verse-
ment de la Société Abadie et Cie, et crai-
gnant d'être pris en faute, chargea immé-
diatement deux inspecteurs de s'enquérir
de la situation de cette société.
Ces inspecteurs ne tardèrent pas à dé-
couvrir le pot-aux-roses, et c'est ainsi que
M. Vignon apporta en dot à son beau-père
une note à payer de quelques centaines de
mille francs.
M. Rouvier n'était donc pour rien dans
cette affaire. Quant à M. Vignon, loin d'a-
voir voulu frauder le fisc — comme l'insi-
nuaient méchamment le Journal des Fonc-
tionnaires et l'Autorité — il lui a au con-
traire fourni l'occasion d'une importante
rentrée.
TROIS « BRUITS »
Des bruits bizarres ont circulé hier soir :
1® La saisie du Daily News, à cause d'un
article des plus gallophobes;
2° L'arrestation d'anarchistes ;
30 La mise en liberté du duc d'Orléans.
Nous notons ces trois bruits et nous ne
les donnons que pour ce qu'ils valent.
LES DBQITS OE PAilS
Réunion de conseillers municipaux. —
Une déclaration.
Hier, à l'Hôtel de Ville, un certain nom-
bre de conseillers municipaux appartenant
au groupe des Droits de Paris se sont réu-
nis et ont. rédigé une déclaration dont voici
un passage :
Les services du conseil municipal sont dé-
sorganisés. Les employés maintenus à leur
poste, le sont à titre provisoire. Les chefs des
services adininitratifs ont reçu l'ordre de ne
fournir aucun renseignement aux élus de la
population parisienne.
La conséquence de cette tentative serait
d'entraver absolument tout le travail du con-
seil municipal et de rendre plus illusoire en-
core que par le passé le contrôle des dépenses
communales.
Ce contrôle est cependant l'objet même du
mandat qui nous est confié par les électeurs
de Paris, et que nous sommes absolument ré-
solus à exercer.
Pour arriver A ce résultat, la nécessité s'im-
pose de grouper tous les conseillers mu-
uicipaux qui revendiquent pour la Ville de
Paris le droit de gérer elle-même les aff tires
locales qui ne touchent pas à l'unité de la pa-
trie.
Le bureau est ainsi composé : président,
M. Darlot; secrétaire, M. Lucipia; ques-
teur, M. Viguier.
CHRONIQUE
t
La Société protectrice des animaux a
tenu avant-hier, au Cirque d'Hiver, son
assemblée générale annuelle. Il parait
que l'assemblée était fort nombreuse et
que tous les gradins du vaste amphi-
théâtre étaient chargés d'une foule énor-
me, qu'avait attirée la question à l'ordre
du jour la question des taureaux.
M. Pelvey, qui est le président de la
société, a annoncé, au milieu d'applau-
dissements enthousiastes, qu'une loi al-
lait être proposée au Parlement contre le
spectacle qui en ce moment fait fureur.
Il a ajouté qu'une agitation à la mode
anglaise allait être organisée par la So-
ciété protectrice des animaux. « Les so-
ciétaires, a-t-il dit, sont invités à faire
tous leurs efforts pour recueillir le plus
grand nombre d'approbations contre la
tauromachie qui déshonore Paris. »
Voilà de bien gros mots. Les combats
de taureaux, tels que la police les auto-
rise et les règle, n'ont rien de déshono-
rant, à ce qu'il me semble. On a retran-
ché de ce spectacle le seul détail qui pou-
vait donner lieu à des scènes répugnantes.
On n'a plus permis aux picadores de
paraître dans l'arène.
On a eu raison. 11 n'était pas bien joli
de voir un taureau, rendu furieux, en-
foncer ses cornes dans les flancs d'un
pauvre cheval qui s'abattait sur le sable.
Les entrailles s'échappaient avec le sang.
Les femmes poussaient des cris d'hor-
reur; elles n'en regardaient pas moins,
inquiètes et curieuses. Elles se seraient
peu à peu habituées à regarder sans
frémir ces horribles agonies de bêtes
éventrées. On a paré au danger, en écar-
tant les chevaux de l'arène.
Que reste-t-il à présent?
Un spectacle où se déploient l'agilité de
l'homme, sa force et sa grâce. Il est cer-
tain que ceux qui descendent dans l'arène
courent quelques risques, car ils peuvent
toujours recevoir un mauvais coup. Mais
le péril est beaucoup moins grave qu'il
n'en a l'air, et tous ceux qui ont suivi
ces jeux savent avec quelle prestesse
ils se jouent du taureau et lui échappent
en sautant par-dessus les barrières.
Il faut qu'il n'y ait pas grand'chose à
craindre, car, dans le Midi, ce ne sont pas
des hommes du métier, ce sont des jeu-
nes gens de la ville qui se donnent le
plaisir d'agacer les taureaux et de trom-
per leurs attaques par des feintes rapides.
J'ai vu des gamins de quatorze ou quinze
ans se pendre à la queue du taureau,
tourner avec lui, tandis que les camara-
des autour de lui pouffaient de rire. On
dit qu'il y a des taureaux très sournois et
très méchants. Je n'en ai jamais vu que
de stupides et paternes. Ils fonçaient à
l'aveugle sur l'ennemi, et s'arrêtaient de-
vant une simple ticelle tendue, comme en
face d'un obstacle qu'il leur était impos-
sible de franchir. De l'autre côté, les ga-
mins faisaient la nique à la bête, fichée
en terre sur ses quatre pattes, et qui avait
l'air de ne rien comprendre à ce qui se
passait autour d'elle.
Si des amateurs se jouent ainsi des fu-
reurs du taureau, que doitril en être de
gens dont c'est la profession, qui se sou-
tiennent les uns les autres? Ajoutez que,
pour plus de sûreté, on a la précaution
de garnir de boules les cornes pointues
de l'animal. Ce serait bien le diable s'il se
produisait un accident.
Aussi n'y en a-t-il guère. Ou peut affir-
mer, sans craindre d'être démenti, quil
y a plus de bras cassés, de têtes fendues
dans un cirque ou dans un steepie-chase
que rue Pergolèse. On laisse les forains se
livrer à leurs exercices périlleux de gym-
nastique; on n'empêche point les jockeys
qui veulent se casser le cou, de sauter
des barrières sur la piste d'un hippo-
drome : il n'y a pas de raison pour qu'on
veille davantage sur la sécurité des tore-
ros, qui sont infiniment moins exposés.
C'est à eux, puisqu'il leur a plu de des-
cendre dans l'arène pour gagner de l'ar-
gent et de la gloire, d'éviter comme ils
peuvent la corne de la bête.
Il est vrai que ce n'est point sur les
gens que s'apitoie la Société protectrice
des animaux; elle garde sa tendresse
pour ce pauvre taureau si méchamment
molesté par des hommes qui lui plan-
tent des flèches dans le cou. « Et songez
qu'ensuite, s'écrie-t-elle douloureuse-
ment, on met la pauvre bête à mort ! »
Je la plains, en effet, de mourir ainsi,
à la fleur de son âge et contre son gré.
Mais quoi! eût-elle eu grand avantage à
passer bœuf et à s'engraisser dans les
prés d'un éleveur adhérent de la Société
protectrice des animaux ? Je ferai remar-
quer à M. Pelvey que l'on ne demande
point au jeune veau s'il lui plaît de de-
venir bœuf ou de grandir sous la forme
évidemment plus réjouissante de tau-
reau. On se paisse de son assentiment, et
quand il est à point, on jie s'informe pas
s'il lui agrée mieux de rester à l'étable ou
de s'en aller à l'abattoir recevoir, en com-
pagnie, sur le front un énorme coup de
maillet.
Le bœuf n'est donc pas mieux traité
que le taureau; il pourrait se réclamer,
lui aussi, de la Société protectrice des
animaux, car la perspective de figurer
sur la table de M. Pelvey sous forme de
rôti ne doit lui être, quand on le remet
aux mains du boucher, qu'une consola-
tion médiocre. M. Pelvey me répondra
qu'au moins le bœuf, on l'assomme d'un
seul coup; tandis que le taureau, on le
tire par la queue et on lui enfonce dans
le cou et sur le front des pointes qui le
piquent et le font saigner.
Que voulez-vous ? J'aurai toujours bien
de la peine à pleurer sur le triste sort
d'un taureau qu'on tire par la queue.
J'ai vu des bœufs qu'on menait à l'abat-
toir à grands coups de fouet; et, quand
ils refusaient d'avancer, d'énormes chiens
leur sautaient aux jambes, qu'ils met-
taient en sang. Ce spectacle, qui laisse
froids les membres de la Société protec-
trice des animaux, m'a toujours paru in-
finiment plus pitoyable que celui du tau-
reau secouant de son cou les petits dra-
peaux qu'on y a fichés.
- J'ai aussi une compassion profonde
pour les écrivisses que je vois s'agiter vi-
vantes encore dans le court-bouillon où
elles cuisent et revêtent une belle couleur
rouge. Elles ne paraissent point avoir le
sentiment de la couleur, et je m'étonne
que M. Pelvey ne présente pas au Parle-
ment une loi contre les cuisinières.
Je n'aime pas beaucoup, moi non plus,
les courses de taureaux, mais c'est pour
d'autres raisons.
La première, c'est que je ne m'y amuse
pas du tout; il me semble qu'il n'y a
guère de spectacle plus monotone. C'est
toujours la même chose, et qui a vu une
course en a vu dix. Mais je trouve fort
bon que ceux qui s'y amusent ypuissent
aller si bon leur semble. C'est une mode
à cette heure, et le feu y est. Je crois
qu'elle ne durera guère; mais tant qu'elle
durera, laissons les gens prendre leur
plaisir où ils le trouvent. -
La seconde, c'est que ce genre de spec-
tacle, qui n'occupe que les yeux, fait tort
à ceux où l'esprit trouve un divertisse-
ment plus noble. Je ne vois pas sans dé-
plaisir tant d'honnêtes gens s'entasser
dans un cirque pour voir une douzaine
d'Espagnols courir autour d'un taureau
et se sauver quand il fonce. Je me dis qu'ils
auront moins de curiosité à écouter le
soir une pièce de Meilhac ou de Dumas.
C'est à mon sens une concurrence bête,
qui est très fâcheuse et peut porter pré-
judice au théâtre, que j'aime par-dessus
tout.
Voilà mes raisons de ne pas vouloir
beaucoup de bien à la plaza de toros.
Mais de là à pétitionner pour qu'on la
supprime par arrêté de police, il y a
loin.
La Société protectrice des animaux est
animée des meilleures intentions du
monde, mais il y a un peu de sentimen-
talité nigaude dans son fait.
Francisque Sarcey.
AU DAHOMEY
Les malades sous un climat malsain
On annonce de Kotonou que le comman-
dant Fournier a demandé un renfort de
personnel médical, le nombre des malades
augmentant avec rapidité en cette saison
redoutable. Sur un équipage de 108 hom-
mes, il y aurait une trentaine de marins
alités à bord du Kerguelen.
Un médecin principal de la marine sera
envoyé aux ordres du commandant Four-
nier pour diriger le service de santé.
Au Sénégal
Comme si ce n'était pas assez d u Daho-
mey, voici que des lettres particulières in-
forment que les marabouts prêchent la ré-
volte au Sénégal. Des troupes viennent
d'être envoyées en aide à la colonne du
Soudan.
Nous avions malheureusement prévu ce
qui arrive. Les noirs n'ignorent pas que
nous avons dû dégarnir le Sénégal pour
l'expédition du Dahomey. Et ils en profi-
tent. Nous n'avons plus qu'à attendre les
événements.
Déjà, une colonne commandée par le co-
lonel d'infanterie de marine Dodds, est en
route pour châtier des tributs Djollofl. Il
opérera entre Dakar et les possessions an-
glaises de Sainte-Marie de Bahllrst.
LES ACCAPAREURS
CONDMNts
AFFAIRES "ES MÉTAUX -
LE KRACH DU COMPTOIR
- D'ESCOMPTE
Le jugement de la 11° chambre. —
Condamnation de MM. Secrétan,
EmUe Laveissière et Edouard
Hentsch. — Acquittement de
M. Joubert.- Le sort des
par des civiles.
Le jugement rendu hier, à une heure,
par la 11° chambre correctionnelle est bien
celui que devaient attendre les lecteurs du
x/xe Siècle,tenus au courant de la marche
longtemps ténébreuse de cette affaire,
éclairée pour tous par le double krach de
la Socié é des Métaux et du Comptoir d'es-
compte, et finalement mise en plein jour,
dans tous ses détails, par les débats devant
le tribunal.
Celui-ci frappe de la peine la plus forte
M. Secrétan, l'ambitieux inventeur, l'Icare
de la spéculation sur les cuivres. M. Emile
Laveissière vient ensuite dans l'ordre des
responsabilités, et reçoit une juste puni-
tion. M. Edouard Hentsch, ce sera l'avis
unanime, se trouve f Irt ménagé par les
juges- de la onzième chambre, quoique les
considérants qti précédent sa condamna-
tion aient jugé sévèrement ses actes. Enfin
l'acquittement de M. Joubert, prononcé
par le tribunal, était prévu ; il paraissait
en effet justifié. -
1. uant aux autres prévenus, MM. Georges
Laveissière, Hontsch fils, Arbel et Lécuyer,
administrateurs de la Société des Métaux,
cités directement par les parties civiles, ils
bénéficient de la chose jugée, une pre-
mière juridiction ayant, sur l'intervention
des mêmes parties, prononcé en leur fa-
veur une décision favorable.
Le jugement
La lecture du jugement, faite par le pré
sident, M. Flandin, a duré plus de, trois
quarts d'heure. Le public venu pour l'écou-
ter était nombreux, mais aucun d s préve-
nus n'était présent. Les défenseurs eux-
mêmes étaient représentés à la barre par
des secrétaires.
Naturellement, l'important document dé-
bute par l'exposé de la prévention et un
historique complet de l'affaire. C'est donc
le récit de la création de la Société des Mé-
taux, en 1881, par M .VI. Secrétan et Laveis-
sière, que nous entendons tout d'abord.
La Société procède par une marche cor-
recte, mais voici, dit ie tribunal :
que dans le courant de l'année 1887, Se-
crétan ne se contentant plus des résultats que
pouvait lui faire espérer une exploitation in-
dustrielle normale et bien achalandée, à la-
quelle ses fonctions de directeur lui impo-
saient-le devoir de se livrer exclusivement, se
jeta avec une témérité coupable dans une
vaste opération de spéculation dont le but
était de s'emparer des cours du marché dit
cuivre, fonctionnant spécialement à Londres,
mais exerçant son influence sur toutes les
places et notamment sur celle de Paris, pour
donner à ces cours une hausse qui devait être
la source abondante de bénéfices considéra-
bles ;
Que, pour l'exécution de son plan, Secrétan
employa sans retard et concurremment deux
moyens : d'un côté, l'achat pour plusieurs an-
nées de tout le minerai de cuivre qu'il lui se-
rait possible de réaliser, en passant des mar-
chés avec toutes celles des mines du globe qui
consentiraient à s'unir à lui ; de l'autre, l'ap-
pel au crédit, en premier lieu sous la forme
d'un syndicat composé d'une partie de la
haute banque de Paris, qui devait, en dehors
du capital de la Société des Métaux, lui appor-
ter des prêts successifs s'élevant au total à
plus de cinquante millions; en second lieu,
nous la .Jorme discrète d'un compte spécial,
.¡.de m compte S, qui lui était ouvert ar
Compton <1 - ompte devenu son banquier,
grâce à une em -ut.- entre lui et le directeur
de cet établissement, uenfert-Rochereau, le*
quel faisait également partie du conseil d'ad-
ministration de la Société des Métaux.
Mécomptes-
Le tribunal constate le succès qu'eut d'a^
bord l'opération, la hausse subite du cuivre
passant du cours do 38 et M livres à celui
de tJO ; puis il donne à son tour son appré-,
ciation sur les causes de la catastrophe :
Attendu, néanmoins, que les espérances que
Secrétan avait mises dans cette vaste entre-
prise ne donnéreut pas les résultats qu'il en
attendait; que le marché du cuivre, écrasé
sous le poids de cours exagérés et faussés, ne
peut prendre à Secrétan que des quautités de
métal hors de proportion avec le stock consi-
dérable accumulé à la Société des Métaux,poup
l'écoulement duquel il eût fallu trouver des
débouchés exceptionnels;
Qu'il advint que la consommation préféra
ne plus acheter de cuivre, lui substituer rem-
ploi d'autres métaux ou refondre de vieux
cuivres plutôt que de subir les cours imposés
par Secrétan ;
Qu'à la fin de l'année de 1888, le Comptoir
d'escompte se trouva progressivement engagé
et à découvert pour des sommes si impor-
tantes que l'effondrement de cet établissement
de premier ordre devint imminent et allait
suivre de près celui de la Société des Métaux,
lorsqu'un événement imprévu, la mort du
directeur du Comptoir d'escompte, M. Deftfert-
Rochereau, survenue le 5 mars 1889, précipita
la chute des deux sociétés.
On voit donc que, pour le tribunal, la
suicide de M. Denfert-Rochereau ne fut nut.
lement, comme on l'a soutenu à la barre,
la cause déterminante du krach. Ce n'était
qu'une question de semaines, de jours
peut-être.
L'aocaparement
Après cet aperçu général. le tribunal ezow
mine la prévention au point de vue de l'ap
pûcation de l'article M9 du Code pénal qui
punit la tentative d'accaparement.
L'article A19 n'est pas, comme on l'a à
tort prétendu, tombé eu désuétude; il n'a
été abrogé ni explicitement ni implicite-
ment; les tribunaux en font à certains in
tervalles l'application.
Les manœuvres qui y sont indiquées ont-
el es été employées par M. Secrétan? La
réponse du juge est affirmative, sauf sur le
point des opérations à terme qui avaient
été reprochées à M. Secrétan et sur les-
quelles il dit ceci :
Attendu que pour les transactions de subs-
tances de première nécessité, telles que le
cuivre qui occupe dans la consommation un
rang important, les opérations à terme tien-
nent une place considérable., que la loi du
88 mars 1885 a reconnu l'existence légale de
tous marchés à terme., qu'ainsi S crétan,
acheteur tantôt au comptant, tantôt a terme,
sans qu'il soit possible de spécifier, a l aida
des documents versés à l'information, le dé-
tail et la nature de ces achats, a pu légale-
ment, aussitôt après ces mêmes achats, et suc-
cessivement, provoquer lui-même la hausse
des cours, sans pour cela pratiquer la surofr
CINQ Centimes - Paris et Départements — CINQ Centimes
VENDREDI 30 MAI 1890
LE mis SIËCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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UN GENDRE FIN DE SIÈCLE
CONDAMNATION
Se HH. Sécrétas, Hentsch et Laveissière
LE CAS DU LIEUTENANT GARCIN
Vengeance à satisfaire
V ain8 lilliijll
Il se mène en ce moment une forte
campagne pour obtenir des députés
réactionnaires qu'ils veuillent bien faire
à la République la grâce de la recon-
naître. Ces messieurs font des ma-
nières. En vain le Journal des Débats,
le Temps, le Parti national, organes
autorisés du Centre-Gauche, jettent
les fleurs sous leurs pas et leur pro-
diguent prières et objurgations. Les
cruels n'écoutent point.
Ce n'est pas que quelques-uns ne
soient tentés de répondre à de si flat-
teuses avances. Mais le respect hu-
main les retient. La Gazette de France
les gêne et les discours de M. de Bro-
glie les arrêtent.
C'est à ces hésitants que s'adresse
M. Delafosse. Le député normand a
trouvé, pour triompher de leurs scru-
pules, une raison à laquelle il n'y a, en
effet, rien à répliquer. « Rappelez-
vous, dit-il à ses collègues, comment
vous êtes parvenus à vous faire nom-
mer. Est-ce que vous n'avez pas, tous,
mis votre drapeau dans votre poche
quand vous étiez candidats? Quelle
fantaisie vous prend de l'exhiber au-
jourd'hui que vous êtes élus? Laissez-
le donc où il est. La Gazette de France
nous la baille belle avec sa fidélité aux
principes. Il n'y a pas un collège élec-
toral où le candidat serait élu qui se
présenterait pour obtenir de ses com-
mettants le mandat exprès de suppri-
mer la République et de lui substituer
la royauté. Tandis que maints candi-
dats qui ont consenti à mettre un faux
nez, tels (c'est M. Delafosse qui les
cite) M. Loreau à Gien, M. de Mont-
saulnin à Saint-Amand, M. Bourlon
de Rouvre dans la Haute-Marne, ont
fait triompher la réaction dans des
circonscriptions jusqu'alors républi-
caines. « Voilà qui tranche la ques-
tion. »
Ce raisonnement, dont la franchise
voisine le cynisme, enlève, on en con-
viendra, beaucoup de son intérêt à la
question de savoir si les députés de
droite feront ou non leur soumission
au gouvernement légal du pays.
Ainsi présentée, l'adhésion à la Ré-
publique n'a même plus, en effet, l'ap-
parence d'une manifestation politique.
Ce n'est qu'un truc électoral.
La seule chose à retenir des aveux
dépouillés d'artifice de M. Jules Dela-
fosse, c'est la constatation que la Ré-
publique est désormais indestruc-
tible.
Nous avons certes le droit de nous
réj ouir d'un si heureux résultat ; mais
il entraîne des devoirs nouveaux pour
le parti républicain. C'est très bien
d'être parvenu à fixer si fortement
l'étiquette au sac qu'aucun orage ne
l'en puisse plus arracher. Maintenant,
qu'est-ce que nous allons mettre dans
le sac?
M. Delafosse a tout à fait raison de
prétendre qu'on peut, sous le nom de
République, faire vivre toute espèce
de régime. L'histoire a connu des
Républiques libérales et des autori-
taires, des oligarchiques comme des
démagogiques.
Quand les députés de la Droite au-
ront crié en chœur : « Vive la Répu-
blique! » le régime républicain ne s'en
portera pas mieux, puisque, dès au-
jourd'hui, ses pires adversaires sont
obligés de confesser que son existence
défie toutes leurs attaques. Mais la
cause de la réaction cléricale, sous
l'étiquette républicaine, en retirerait
peut-être quelques avantages.
Un journal modéré indique, en ter-
mes discrets mais clairs, aux députés
de droite la raison capitale qui devrait
les décider à ne pas retarder plus
longtemps leur évolution : « Il n'y a
désormais qu'une bonne place pour
faire de la politique conservatrice, et
cette place est dans la République. »
Le temps est passé où M. J.-J. Weiss
écrivait dédaigneusement, — c'était
aux alentours de 187U — : « La Répu-
olique conservatrice, c'est une bêtise."
A défaut du parapluie orléaniste, les
réactionnaires se contenteraient fort
bien d'un parasol républicain dont ils
tiendraient le manche. *
Nous pensons, en effet, avec M. De-
Jafosse et les écrivains du Centre-
Gauche, QUe le mot de Rèpublique ne
répond pas à tout et qu'une épithète
n'est pas inutile. ,<0 ::.:,,;
Que les députés de droite suivent
d'ailleurs les conseils de M. Delafosse
ou ceux de la Gazette de France, la
difficulté n'en sera pas diminuée.
Nous avons la République, que se-
ra-t-elle? Fidèle au vieux programme
du parti républicain, alors qu'il n'était
qu'une minorité glorieuse, travaillera-
t-elle à donner à ce peuple toujours
plus de liberté, toujours plus de jus-
tice? Se laissera-t-elle, au contraire,
entraîner à emprunter aux régimes
déchus des armes que les républicains
d'autrefois furent unanimes àstigmati-
ser?Docile aux avertissements qui sem-
blent lui venir de tous les points du
monde, la République française tien-
dra-t-elle à cœur d'être l'initiatrice des
réformes sociales, comme elle le fut
des libertés politiques? Ou bien, sa-
tisfaite de sa gloire passée, reculera-
t-elle devant ce périlleux honneur ?
Voilà les points d'interrogation qui se
dressent. Voilà les problèmes dont la
solution passionne à bon droit le
pays.
Mais de savoir si trois douzaines de
députés réactionnaires iront prendre
le thé chez M. Léon Say ou continue-
ront à fréquenter le canapé de M. le
duc de Broglie, la question peut agiter
le faubourg Saint-Germain : elle n'in-
téresse pas la France.
A. Millerand.
Le X-Xe SIECLE publiera dsmaia la
» Vie da Paria » par Henry Fouquier.
LE
CAS DU LIEUTENANT GARCIN
Au Tonkin. — Ce qu'il en coûte d'avoir
affaire à un missionnaire toqué. —
En conseil d'enquête. — L'opi-
nion publique acquittera.
Au mois d'octobre dernier, le XIXe Siècle
appelait l'attention du gouvernement sur
un fait assez grave qui venait de se pro-
duire au Tonkin.
Un sous-lieutenant d'infanterie de ma-
rine, M. Garcin, avait mis en état d'arres-
taiion et envoyé à Vinh un missionnaire
catholique français qui répandait avec troo
de zèle les bienfaits de la religion chré-
tienne dans les environs -du poste mili-
taire.
Cet apô re de la douceur, évangélique —
c'est du missionnaire que nous parlons —
avait fait prendie trois tirailleurs du poste
de l'officier par des gens à lui et leur avait
fait infliger trente coups de rotin. Il avait,
parait-il, à se plaindre d'eux.
Enfin, ce qui justifiait la mesure prise
par M. le lieutenant Uarcin, ce missionnaire
bizarre rendait toute réquisition impossi-
ble et gênait considérablement le service
d'approvisionnement des deux postes du
Laos dont l'officier avait la garde.
Soutenu par ses chefs directs et par l'opi-
nion de ses camarades, cet officier coupa-
ble d'un sacrilège aussi horrible — l'arres-
tation d'un missionnaire!—s'est vu infli-
ger soixante jours de prison par'M. le gé-
néral Bichot.
Après une colonne longue et pénible, le
lieutenant Garcin est rentré en France il y
a quelques jours. Il avait donné sa démis-
sion, qui, acceptée là-bas, a été refusée par
le ministre de la guerre, et il va être tra-
duit devant un conseil d'enquête.
Telle est la récompense de cet officier
qui a passé quatre années au Tonkin, qui
a, par conséquent, huit campagnes, mais
qui a cru n'avoir d'ordre à recevoir que de
ses chefs et non d'un missionnaire toqué.
Quoi qu'il sorte de ce conseil d'enquê.e,
ce brave soldat sera sûrement acquitté par
l'opinion publique.
LES GROUPES
Concentration constitutionnelle
Nous avons annoncé hier la reconstitu-
tion des groupes parlementaires.
Nous apprenons aujourd'hui que le pre-
mier groupe formé serait un groupe dit de
« concentration constitutionnelle", qui
comprendrait, avec les éléments du groupe
Piou, les membres actuels du Centre-Gau-
che et la presque totalité du groupe agri-
cole Méline.
Des pourparlers se poursuivent en ce
sens.
UNE DÉCLARATION DE M. FERRY
M. Ferry ne se représentera pas
L'Estafette publie ce matin une note dans
laquelle eile se dit « autorisée à déclarer
que M. Jules Ferry n'acceptera pas de nou-
velle candidature-dans l'arrondissement de
Saint-Dié ».
Le X/Xe Siècle annonçait, (Tailleurs, cette
nouvelle dans son numéro du 31 mars der-
nier et ajoutait que M. Juies Ferry se ré-
servait pour les élections sénatoriales du
mois dé janvier prochain, le département
des Vosges étant compris dans la série re-
nouvelable.
LES ÉLECTIONS DE LA MARTINIQUE
La majorité accrue. — Grave échec
Le conseil général de la Martinique avait
été dissous par ordre du sous secrétaire
d'Etat des colonies et sur la demande de
M. Germain Casse, gouverneur,qlli espérait
faire disparaître la minorité, composée ce-
pendant exclusivement de républicains in-
dépendants.
Pour arriver plus sûrement à ce but, on
n'avait laissé que quinze jours au parti
qu'on voulait abattre pour se reconnaître,
et le sous-secrétaire d'Etat avait refusé d'a-
journer les élections.
Ces élections ont eu lieu dimanche 95
mai. La minorité revient tout entière, et si
bien augmentée qu'elle est aujourd'hui d.
venue la majorité.
C'est un échec très grave pour le gouver-
neur de la Martinique. L'opposition-compte
90 voix centre 16 dont dieposs le parti de
M. Germain C^sse,
LA DOT DEJ. VIGNON
Insinuations malveillantes. — L'enre-
gistrement n'a rien à se reprocher.
—Un gendre fin de siècle. — Pas
de fraude.
Le Journal des fonctionnaires a publié,
dans son dernier numéro, l'entrefilet ci-
après :
Ça va bien, dans l'enregistrement.
On parle couramment, dans l'enregistre-
ment, d'une singulière affaire qui pourrait
devenir grosse de dangers.
Il ne s'agit plus de cet employé de la cen-
trale — lisez : administration centrale — bat-
tant monnaie avec son indélicatesse adminis-
trative et amassant presque une fortune.
Il sagit, cette fois, d'une société à qui la di-
rection de Paris aurait réclamé la somme con-
sidérable de A20,000 francs environ pour dé-
faut de paiement de l'impôt sur le revenu de-
puis quinze ou vingt ans. La direction générale
voudrait, dit on, empêcher le paiement des
droits. On aurait été jusqu'à déposer un pro-
jet de loi substituant la prescription de cinq
ans à la prescription de trente ans.
A ce petit jeu, on devine que la société
bien apparentée, gagnerait gros.
Si cela est vrai, c'est lamentable.
Le journal de M. Paul de Cassagnac,
l'Autorité, a reproduit hier cet entrefilet en
le faisant suivre des réflexions qu'on va
lire :
Nous nous demandons quel est le pot-aux-
roses que cette note, provenant d'un journal
bien renseigné en matière d'administration,
veut nous indiquer.
Serlotis-noui en présence d'un nouveau
scandale dans le genre des guanos Dreyfus ?
Nous espérons que M. le directeur de l'en-
registrement, dont l'indépendance est bien
connue, ne voudra'pas laisser le service qu'il
a directement sous ses ordres sous le coup
d'une pareille accusation.
Nous sommes certains qu'il n'hésitera pas
à nous faire connaître les causes qui retar-
dent, malgré lui sans doute, la solution d'une
affaire aussi simple qu'importante.
Dans le cas contraire, nous nous empres-
serions d'ouvrir une enquête et de rechercher
qu'elle est la parenté assez puissante pour
arrêter ainsi leS droits du fisc.
M. Rouvier, mieux que personne, pourrait
peut-être nous renseigner
VAutorité avait intitulé le tout : Un scan-
dale sous roche. On va voir qu'en réalité il
s'agissait d'une affaire infiniment plus co-
mique que scandaleuse.
Nous allons d'abord donner la version
officielle. Nous donnerons ensuite la ver-
sion vraie.
Les déclarations de M. Tiphaigne
Nous avons précisément rencontré M. le
directeur général de l'enregistrement au mo-
ment où il venait de quitter M. le ministre
des finances, qui l'avait mandé pour l'en-
tretenir de l'article paru dans VAutorité le
matin.
— On a voulu, nous a dit M. Tiphaigne, faire
d'une affaire très ordinaire une grosse affaire
et chercher en rendre responsable l'admi-
nistration de l'enregistre me a t. Voici ce qu'il y
a de vrai : il y a trois mois à peine, un ins-
pecteur de l'enregistrement signalait à la di-
rection générale une découverte qu'il venait
de faire. Une maison de commerce aurait été
reconnue par lui redevable à l'administration
d'une somme considérable, provenant en ma-
jeure partie d'amendes encourues et de taxes
non payées d'impôt sur le revenu.
Aussitôt en possession de cette plainte, l'ad-
ministration centrale fit réclamer la somme
due. Mais on se trouvait en présence d'une
société ayant des commanditaires. Le princi-
pal intéressé, tout en se déclarant prêt à
payer pour sa part, manifesta le désir d'en
conférer avant avec ses commanditaires.
Nous n'avons pas l'habitude, dit M. le directeur
général, de pousser l'épée dans les reins les
négociants très solvables que nous demandent
d'examiner le bien - fondé des réclamations
qui leur sont adressées.
C'est pourquoi nous n'avons pas cru devoir
jusqu'ici, commencer les poursuites.
Mais, croyez-le bien, a conclu M. Tiphaigne
en se redressant, si nous sommes conciliants,
nous ne sommes pas faibles, et si, dans quel-
que temps, la maison visée ne nous a pas fait
d'offres, ou du moins adressé une demande
de remise d'amende, nous poursuivrons, p ir
tous les moyens, le recouvrement de ce qui
est du à l'Etat.
En ce qui concerne le projet de loi des-
tiné à diminuer le temps de la prescrip-
tion, M. le directeur général nous a ré-
pondu :
- Je n'ai pas mission pour parler au nom de
M. le ministre des finances, mais je puis vous
dire que si M. le ministre d posait un tel pro-
jet, if ne ferait en cela qu'imiter l'exemple
d'un de ses prédécesseurs, M. Dauphin qui, le
U mars 1837, déposait sur le bureau de la
Chambre un projet analogue. J'ajouterai que
M. le ministre peut même se dispenser de dé-
poser un tel projet, car un député de l'oppo-
sition, M. Gauthier de Clagny, a déposé au
commencement de cette législature un projet
de loi demandant la substitution de la pres-
cription de cinq ans à celle de trente ans.
Au moment où no us prenions congé, M. le
directeur général a tenu à nous faire bien
« remarquer que l'administration n'avait
subi dans cette affaire aucune pression et
que, dans ce cas comme dans tous les au-
tres, elle saurait faire et ferait toujours son
devoir ».
Pour réduire cette curieuse affaire à ses
justes proportions, nous allons raconter
maintenant cequeM.ledirecteur général de
l'enregistrement ne pouvait pas nous dire,
et placer en regard de la vérité officielle la
vérité vraie,qui est naturellement plus pit-
toresque.
La vérité vraie
Tous les Journaux ont publié dernière-
ment le récit du mariage de M. Louis Vi-
gnon, consul, beau-fils et chef du cabinet
ue M. Rouvier, ministre des finances, avec
Mlle Abadie, fille de M. Abadie, directeur-
gérant de la Société Abadie et & pour la fa-
brication du papier à cigarette maïs,suédois,
au goudron, sans nom, etc. Ils ont donné la
liste des hautes personnalités de la politi-
que et de la finance qui assistaient à ia soirée
de contrat ainsi qu'à la cérémonie nup-
tiale.
Ils ont omis toutefois un piquant dé-
tail :
Avant de faire sa demande,M. Vignon, en
homme de son siècle ou plutôt de sa fin de
siècle, avait voulu, paraît-il, se renseigner
exactement sur la situation financière de
son futur beau-père, et il avait pensé que
pour cela le moyen le plus simple et le
plus sûr était de s'informer auprès de la
direction de l'enregistrement des béné-
fices qui avaient été reahsés et qui avaient
dû être déclarés,conformément à la loi,par
la Société Abadie et Cie.
M. Vignon fit donc mander le directeur
général de l'enregistrement à son cabinet,
au ministère des finances, et lui exposa
le petit service qu'il attendait de lui.
M. Tiphaigne lit passer une note de ser-
vice au directeur de l'enregistrement de la
Seine qui, n'ayant reçu depuis plusieurs
panées aucune déclaration ni aucun verse-
ment de la Société Abadie et Cie, et crai-
gnant d'être pris en faute, chargea immé-
diatement deux inspecteurs de s'enquérir
de la situation de cette société.
Ces inspecteurs ne tardèrent pas à dé-
couvrir le pot-aux-roses, et c'est ainsi que
M. Vignon apporta en dot à son beau-père
une note à payer de quelques centaines de
mille francs.
M. Rouvier n'était donc pour rien dans
cette affaire. Quant à M. Vignon, loin d'a-
voir voulu frauder le fisc — comme l'insi-
nuaient méchamment le Journal des Fonc-
tionnaires et l'Autorité — il lui a au con-
traire fourni l'occasion d'une importante
rentrée.
TROIS « BRUITS »
Des bruits bizarres ont circulé hier soir :
1® La saisie du Daily News, à cause d'un
article des plus gallophobes;
2° L'arrestation d'anarchistes ;
30 La mise en liberté du duc d'Orléans.
Nous notons ces trois bruits et nous ne
les donnons que pour ce qu'ils valent.
LES DBQITS OE PAilS
Réunion de conseillers municipaux. —
Une déclaration.
Hier, à l'Hôtel de Ville, un certain nom-
bre de conseillers municipaux appartenant
au groupe des Droits de Paris se sont réu-
nis et ont. rédigé une déclaration dont voici
un passage :
Les services du conseil municipal sont dé-
sorganisés. Les employés maintenus à leur
poste, le sont à titre provisoire. Les chefs des
services adininitratifs ont reçu l'ordre de ne
fournir aucun renseignement aux élus de la
population parisienne.
La conséquence de cette tentative serait
d'entraver absolument tout le travail du con-
seil municipal et de rendre plus illusoire en-
core que par le passé le contrôle des dépenses
communales.
Ce contrôle est cependant l'objet même du
mandat qui nous est confié par les électeurs
de Paris, et que nous sommes absolument ré-
solus à exercer.
Pour arriver A ce résultat, la nécessité s'im-
pose de grouper tous les conseillers mu-
uicipaux qui revendiquent pour la Ville de
Paris le droit de gérer elle-même les aff tires
locales qui ne touchent pas à l'unité de la pa-
trie.
Le bureau est ainsi composé : président,
M. Darlot; secrétaire, M. Lucipia; ques-
teur, M. Viguier.
CHRONIQUE
t
La Société protectrice des animaux a
tenu avant-hier, au Cirque d'Hiver, son
assemblée générale annuelle. Il parait
que l'assemblée était fort nombreuse et
que tous les gradins du vaste amphi-
théâtre étaient chargés d'une foule énor-
me, qu'avait attirée la question à l'ordre
du jour la question des taureaux.
M. Pelvey, qui est le président de la
société, a annoncé, au milieu d'applau-
dissements enthousiastes, qu'une loi al-
lait être proposée au Parlement contre le
spectacle qui en ce moment fait fureur.
Il a ajouté qu'une agitation à la mode
anglaise allait être organisée par la So-
ciété protectrice des animaux. « Les so-
ciétaires, a-t-il dit, sont invités à faire
tous leurs efforts pour recueillir le plus
grand nombre d'approbations contre la
tauromachie qui déshonore Paris. »
Voilà de bien gros mots. Les combats
de taureaux, tels que la police les auto-
rise et les règle, n'ont rien de déshono-
rant, à ce qu'il me semble. On a retran-
ché de ce spectacle le seul détail qui pou-
vait donner lieu à des scènes répugnantes.
On n'a plus permis aux picadores de
paraître dans l'arène.
On a eu raison. 11 n'était pas bien joli
de voir un taureau, rendu furieux, en-
foncer ses cornes dans les flancs d'un
pauvre cheval qui s'abattait sur le sable.
Les entrailles s'échappaient avec le sang.
Les femmes poussaient des cris d'hor-
reur; elles n'en regardaient pas moins,
inquiètes et curieuses. Elles se seraient
peu à peu habituées à regarder sans
frémir ces horribles agonies de bêtes
éventrées. On a paré au danger, en écar-
tant les chevaux de l'arène.
Que reste-t-il à présent?
Un spectacle où se déploient l'agilité de
l'homme, sa force et sa grâce. Il est cer-
tain que ceux qui descendent dans l'arène
courent quelques risques, car ils peuvent
toujours recevoir un mauvais coup. Mais
le péril est beaucoup moins grave qu'il
n'en a l'air, et tous ceux qui ont suivi
ces jeux savent avec quelle prestesse
ils se jouent du taureau et lui échappent
en sautant par-dessus les barrières.
Il faut qu'il n'y ait pas grand'chose à
craindre, car, dans le Midi, ce ne sont pas
des hommes du métier, ce sont des jeu-
nes gens de la ville qui se donnent le
plaisir d'agacer les taureaux et de trom-
per leurs attaques par des feintes rapides.
J'ai vu des gamins de quatorze ou quinze
ans se pendre à la queue du taureau,
tourner avec lui, tandis que les camara-
des autour de lui pouffaient de rire. On
dit qu'il y a des taureaux très sournois et
très méchants. Je n'en ai jamais vu que
de stupides et paternes. Ils fonçaient à
l'aveugle sur l'ennemi, et s'arrêtaient de-
vant une simple ticelle tendue, comme en
face d'un obstacle qu'il leur était impos-
sible de franchir. De l'autre côté, les ga-
mins faisaient la nique à la bête, fichée
en terre sur ses quatre pattes, et qui avait
l'air de ne rien comprendre à ce qui se
passait autour d'elle.
Si des amateurs se jouent ainsi des fu-
reurs du taureau, que doitril en être de
gens dont c'est la profession, qui se sou-
tiennent les uns les autres? Ajoutez que,
pour plus de sûreté, on a la précaution
de garnir de boules les cornes pointues
de l'animal. Ce serait bien le diable s'il se
produisait un accident.
Aussi n'y en a-t-il guère. Ou peut affir-
mer, sans craindre d'être démenti, quil
y a plus de bras cassés, de têtes fendues
dans un cirque ou dans un steepie-chase
que rue Pergolèse. On laisse les forains se
livrer à leurs exercices périlleux de gym-
nastique; on n'empêche point les jockeys
qui veulent se casser le cou, de sauter
des barrières sur la piste d'un hippo-
drome : il n'y a pas de raison pour qu'on
veille davantage sur la sécurité des tore-
ros, qui sont infiniment moins exposés.
C'est à eux, puisqu'il leur a plu de des-
cendre dans l'arène pour gagner de l'ar-
gent et de la gloire, d'éviter comme ils
peuvent la corne de la bête.
Il est vrai que ce n'est point sur les
gens que s'apitoie la Société protectrice
des animaux; elle garde sa tendresse
pour ce pauvre taureau si méchamment
molesté par des hommes qui lui plan-
tent des flèches dans le cou. « Et songez
qu'ensuite, s'écrie-t-elle douloureuse-
ment, on met la pauvre bête à mort ! »
Je la plains, en effet, de mourir ainsi,
à la fleur de son âge et contre son gré.
Mais quoi! eût-elle eu grand avantage à
passer bœuf et à s'engraisser dans les
prés d'un éleveur adhérent de la Société
protectrice des animaux ? Je ferai remar-
quer à M. Pelvey que l'on ne demande
point au jeune veau s'il lui plaît de de-
venir bœuf ou de grandir sous la forme
évidemment plus réjouissante de tau-
reau. On se paisse de son assentiment, et
quand il est à point, on jie s'informe pas
s'il lui agrée mieux de rester à l'étable ou
de s'en aller à l'abattoir recevoir, en com-
pagnie, sur le front un énorme coup de
maillet.
Le bœuf n'est donc pas mieux traité
que le taureau; il pourrait se réclamer,
lui aussi, de la Société protectrice des
animaux, car la perspective de figurer
sur la table de M. Pelvey sous forme de
rôti ne doit lui être, quand on le remet
aux mains du boucher, qu'une consola-
tion médiocre. M. Pelvey me répondra
qu'au moins le bœuf, on l'assomme d'un
seul coup; tandis que le taureau, on le
tire par la queue et on lui enfonce dans
le cou et sur le front des pointes qui le
piquent et le font saigner.
Que voulez-vous ? J'aurai toujours bien
de la peine à pleurer sur le triste sort
d'un taureau qu'on tire par la queue.
J'ai vu des bœufs qu'on menait à l'abat-
toir à grands coups de fouet; et, quand
ils refusaient d'avancer, d'énormes chiens
leur sautaient aux jambes, qu'ils met-
taient en sang. Ce spectacle, qui laisse
froids les membres de la Société protec-
trice des animaux, m'a toujours paru in-
finiment plus pitoyable que celui du tau-
reau secouant de son cou les petits dra-
peaux qu'on y a fichés.
- J'ai aussi une compassion profonde
pour les écrivisses que je vois s'agiter vi-
vantes encore dans le court-bouillon où
elles cuisent et revêtent une belle couleur
rouge. Elles ne paraissent point avoir le
sentiment de la couleur, et je m'étonne
que M. Pelvey ne présente pas au Parle-
ment une loi contre les cuisinières.
Je n'aime pas beaucoup, moi non plus,
les courses de taureaux, mais c'est pour
d'autres raisons.
La première, c'est que je ne m'y amuse
pas du tout; il me semble qu'il n'y a
guère de spectacle plus monotone. C'est
toujours la même chose, et qui a vu une
course en a vu dix. Mais je trouve fort
bon que ceux qui s'y amusent ypuissent
aller si bon leur semble. C'est une mode
à cette heure, et le feu y est. Je crois
qu'elle ne durera guère; mais tant qu'elle
durera, laissons les gens prendre leur
plaisir où ils le trouvent. -
La seconde, c'est que ce genre de spec-
tacle, qui n'occupe que les yeux, fait tort
à ceux où l'esprit trouve un divertisse-
ment plus noble. Je ne vois pas sans dé-
plaisir tant d'honnêtes gens s'entasser
dans un cirque pour voir une douzaine
d'Espagnols courir autour d'un taureau
et se sauver quand il fonce. Je me dis qu'ils
auront moins de curiosité à écouter le
soir une pièce de Meilhac ou de Dumas.
C'est à mon sens une concurrence bête,
qui est très fâcheuse et peut porter pré-
judice au théâtre, que j'aime par-dessus
tout.
Voilà mes raisons de ne pas vouloir
beaucoup de bien à la plaza de toros.
Mais de là à pétitionner pour qu'on la
supprime par arrêté de police, il y a
loin.
La Société protectrice des animaux est
animée des meilleures intentions du
monde, mais il y a un peu de sentimen-
talité nigaude dans son fait.
Francisque Sarcey.
AU DAHOMEY
Les malades sous un climat malsain
On annonce de Kotonou que le comman-
dant Fournier a demandé un renfort de
personnel médical, le nombre des malades
augmentant avec rapidité en cette saison
redoutable. Sur un équipage de 108 hom-
mes, il y aurait une trentaine de marins
alités à bord du Kerguelen.
Un médecin principal de la marine sera
envoyé aux ordres du commandant Four-
nier pour diriger le service de santé.
Au Sénégal
Comme si ce n'était pas assez d u Daho-
mey, voici que des lettres particulières in-
forment que les marabouts prêchent la ré-
volte au Sénégal. Des troupes viennent
d'être envoyées en aide à la colonne du
Soudan.
Nous avions malheureusement prévu ce
qui arrive. Les noirs n'ignorent pas que
nous avons dû dégarnir le Sénégal pour
l'expédition du Dahomey. Et ils en profi-
tent. Nous n'avons plus qu'à attendre les
événements.
Déjà, une colonne commandée par le co-
lonel d'infanterie de marine Dodds, est en
route pour châtier des tributs Djollofl. Il
opérera entre Dakar et les possessions an-
glaises de Sainte-Marie de Bahllrst.
LES ACCAPAREURS
CONDMNts
AFFAIRES "ES MÉTAUX -
LE KRACH DU COMPTOIR
- D'ESCOMPTE
Le jugement de la 11° chambre. —
Condamnation de MM. Secrétan,
EmUe Laveissière et Edouard
Hentsch. — Acquittement de
M. Joubert.- Le sort des
par des civiles.
Le jugement rendu hier, à une heure,
par la 11° chambre correctionnelle est bien
celui que devaient attendre les lecteurs du
x/xe Siècle,tenus au courant de la marche
longtemps ténébreuse de cette affaire,
éclairée pour tous par le double krach de
la Socié é des Métaux et du Comptoir d'es-
compte, et finalement mise en plein jour,
dans tous ses détails, par les débats devant
le tribunal.
Celui-ci frappe de la peine la plus forte
M. Secrétan, l'ambitieux inventeur, l'Icare
de la spéculation sur les cuivres. M. Emile
Laveissière vient ensuite dans l'ordre des
responsabilités, et reçoit une juste puni-
tion. M. Edouard Hentsch, ce sera l'avis
unanime, se trouve f Irt ménagé par les
juges- de la onzième chambre, quoique les
considérants qti précédent sa condamna-
tion aient jugé sévèrement ses actes. Enfin
l'acquittement de M. Joubert, prononcé
par le tribunal, était prévu ; il paraissait
en effet justifié. -
1. uant aux autres prévenus, MM. Georges
Laveissière, Hontsch fils, Arbel et Lécuyer,
administrateurs de la Société des Métaux,
cités directement par les parties civiles, ils
bénéficient de la chose jugée, une pre-
mière juridiction ayant, sur l'intervention
des mêmes parties, prononcé en leur fa-
veur une décision favorable.
Le jugement
La lecture du jugement, faite par le pré
sident, M. Flandin, a duré plus de, trois
quarts d'heure. Le public venu pour l'écou-
ter était nombreux, mais aucun d s préve-
nus n'était présent. Les défenseurs eux-
mêmes étaient représentés à la barre par
des secrétaires.
Naturellement, l'important document dé-
bute par l'exposé de la prévention et un
historique complet de l'affaire. C'est donc
le récit de la création de la Société des Mé-
taux, en 1881, par M .VI. Secrétan et Laveis-
sière, que nous entendons tout d'abord.
La Société procède par une marche cor-
recte, mais voici, dit ie tribunal :
que dans le courant de l'année 1887, Se-
crétan ne se contentant plus des résultats que
pouvait lui faire espérer une exploitation in-
dustrielle normale et bien achalandée, à la-
quelle ses fonctions de directeur lui impo-
saient-le devoir de se livrer exclusivement, se
jeta avec une témérité coupable dans une
vaste opération de spéculation dont le but
était de s'emparer des cours du marché dit
cuivre, fonctionnant spécialement à Londres,
mais exerçant son influence sur toutes les
places et notamment sur celle de Paris, pour
donner à ces cours une hausse qui devait être
la source abondante de bénéfices considéra-
bles ;
Que, pour l'exécution de son plan, Secrétan
employa sans retard et concurremment deux
moyens : d'un côté, l'achat pour plusieurs an-
nées de tout le minerai de cuivre qu'il lui se-
rait possible de réaliser, en passant des mar-
chés avec toutes celles des mines du globe qui
consentiraient à s'unir à lui ; de l'autre, l'ap-
pel au crédit, en premier lieu sous la forme
d'un syndicat composé d'une partie de la
haute banque de Paris, qui devait, en dehors
du capital de la Société des Métaux, lui appor-
ter des prêts successifs s'élevant au total à
plus de cinquante millions; en second lieu,
nous la .Jorme discrète d'un compte spécial,
.¡.de m compte S, qui lui était ouvert ar
Compton <1 - ompte devenu son banquier,
grâce à une em -ut.- entre lui et le directeur
de cet établissement, uenfert-Rochereau, le*
quel faisait également partie du conseil d'ad-
ministration de la Société des Métaux.
Mécomptes-
Le tribunal constate le succès qu'eut d'a^
bord l'opération, la hausse subite du cuivre
passant du cours do 38 et M livres à celui
de tJO ; puis il donne à son tour son appré-,
ciation sur les causes de la catastrophe :
Attendu, néanmoins, que les espérances que
Secrétan avait mises dans cette vaste entre-
prise ne donnéreut pas les résultats qu'il en
attendait; que le marché du cuivre, écrasé
sous le poids de cours exagérés et faussés, ne
peut prendre à Secrétan que des quautités de
métal hors de proportion avec le stock consi-
dérable accumulé à la Société des Métaux,poup
l'écoulement duquel il eût fallu trouver des
débouchés exceptionnels;
Qu'il advint que la consommation préféra
ne plus acheter de cuivre, lui substituer rem-
ploi d'autres métaux ou refondre de vieux
cuivres plutôt que de subir les cours imposés
par Secrétan ;
Qu'à la fin de l'année de 1888, le Comptoir
d'escompte se trouva progressivement engagé
et à découvert pour des sommes si impor-
tantes que l'effondrement de cet établissement
de premier ordre devint imminent et allait
suivre de près celui de la Société des Métaux,
lorsqu'un événement imprévu, la mort du
directeur du Comptoir d'escompte, M. Deftfert-
Rochereau, survenue le 5 mars 1889, précipita
la chute des deux sociétés.
On voit donc que, pour le tribunal, la
suicide de M. Denfert-Rochereau ne fut nut.
lement, comme on l'a soutenu à la barre,
la cause déterminante du krach. Ce n'était
qu'une question de semaines, de jours
peut-être.
L'aocaparement
Après cet aperçu général. le tribunal ezow
mine la prévention au point de vue de l'ap
pûcation de l'article M9 du Code pénal qui
punit la tentative d'accaparement.
L'article A19 n'est pas, comme on l'a à
tort prétendu, tombé eu désuétude; il n'a
été abrogé ni explicitement ni implicite-
ment; les tribunaux en font à certains in
tervalles l'application.
Les manœuvres qui y sont indiquées ont-
el es été employées par M. Secrétan? La
réponse du juge est affirmative, sauf sur le
point des opérations à terme qui avaient
été reprochées à M. Secrétan et sur les-
quelles il dit ceci :
Attendu que pour les transactions de subs-
tances de première nécessité, telles que le
cuivre qui occupe dans la consommation un
rang important, les opérations à terme tien-
nent une place considérable., que la loi du
88 mars 1885 a reconnu l'existence légale de
tous marchés à terme., qu'ainsi S crétan,
acheteur tantôt au comptant, tantôt a terme,
sans qu'il soit possible de spécifier, a l aida
des documents versés à l'information, le dé-
tail et la nature de ces achats, a pu légale-
ment, aussitôt après ces mêmes achats, et suc-
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