Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-05-28
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 28 mai 1890 28 mai 1890
Description : 1890/05/28 (A19,N6708). 1890/05/28 (A19,N6708).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — N# 6,708
CIRO Centimes - paris et Départements - CXNO Centimes
MERCREDI-98 MAI 1&JJ
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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Une question de H. de Montfort
L'AMIRAL DUPERRÉ
Hévolte des fous furieux de Bicêtre
LES SOCIALISTES EN PRISON
ET LE DUC D'ORLÉANS
Le crime de la rue de Provence. — Le
drame de la rue des Mathurins.
LES HUIT HEURES
Le congrès international des mi-
neurs, réuni à Jolimont, vient de
terminer ses travaux. Il a voté à l'u-
nanimité, moins les neuf voix des
trades-unionistes anglais, une réso-
lution réclamant l'intervention légis-
lative pour la journée de huit heures ;
et s'il n'a .pas adopté dès maintenant
une proposition de grève universelle
des charbonnages pour le 1er mai 1891,
il a du moins décidé que la. question
de la grève universelle serait soumise
à une sorte de plébiscite général des
mineurs et que, suivant les résultats
de ce plébiscite, le nouveau congrès,
qui se réunira le lor avril prochain,
prendrait une détermination défini-
tive. Malgré les sages paroles pronon-
cées par l'un des délégués anglais,
M. Burt, dans la séance d'ouverture
du congrès, malgré les exemples si-
gnificatifs qu'il avait cités, malgré les
motifs très sérieux qu'il avait invo-
qués pour prouver que l'intervention
de l'Etat et des pouvoirs législatifs n'a
pas l'efficacité qu'on se plaît à lui ac-
corder, le seul résultat du congrès
paraît donc être de sommer les pou-
voirs législatifs d'intervenir dans les
questions ouvrières, et de préparer,
po tr le cas où la sommation resterait
sans effet, une nouvelle manifestation
analogue à celle qui s'est produite le
Ier mai de cette année.
Quant à la constitution d'associa-
tions ouvrières capables de faire les
affaires des ouvriers et de discuter
avec autorité les questions relati-
ves aux rapports du capital avec le
travail, aucun des délégués ne paraît
s'en être occupé: Tous attendent leur
protection de l'Etat, sans songer à se
protéger eux--mêmes; tous acceptent
la théorie de l'Etat-providence, con-
tre laquelle cependant M. Burt les
avait mis en sarde en disant : « Au-
tant que je sache, la journée de huit
heures n'existe que là où elle a été
obtenue par l'association. Si le prin-
cipe de la journée de huit heures était
Inscrit demain dans la loi, il ne pour-
rait être mis en pratique que dans les
endroits où il y aurait une association
puissante et vigilante qui ferait ap-
pliquer la loi et la rendrait effi-
cace. »
Ces mêmes considérations viennent
d'être développées par M. Bradlaugh
dans un fort intéressant article de re-
vue. Pas plus que M. Burt, M. Brad-
laugh ne peut être tenu pour suspect.
Si, au lieu d'appartenir à la Chambre
des communes, il siégeait au Palais-
Bourbon, il aurait sa place à l'ex-
trême-gauche, et la lutte qu'il a entre-
prise pour obtenir l'abolition du ser-
ment a fait à son nom une grande
notoriété. S'étant prononcé contre la
fixation uniforme- de la journée de
travail à huit heures, il a été vivement
attaqué par les socialistes, et l'article
qu'il vient de publier est une réponse
a ces attaques.
Comme M. Burt, il trouve désirable
que la journée de travail soit aussi
courte que possible. « Quelques heu-
res de repos, dit-il, en dehors du temps
consacré au sommeil et aux repas,
sont nécessaires pour le bien-être ma-
tériel et moral de l'ouvrier. » Mais il
ne croit pas qu'une limite uniforme
puisse convenir à toutes les industries.
« Je soutiens, dit-il, que c'est par l'ac-
cord entre les représentants des ou-
vriers,— réunis entre eux par - une or-
ganisation quelconque, — et les pa-
trons qui les emploient, que les condi-
tions du travail peuvent être le mieux
réglées dans chaque industrie. » Mais
la réglementation par la loi trouve en
M. Bradlaugh un adversaire résolu.
« Je m'y oppose de toutes mes forces,
dit-il. Lorsqu'il s'agit d'adultes, le
Parlement ne doit pas,— excepté pour
prévenir les crises ou pour interdire
ce qui peut être un danger pour la vie
ou pour la santé,—intervenir lorsque
les citoyens peuvent se protéger eux-
mêmes.
Les socialistes de tous les pays
recourent à deux arguments pour ré-
clamer la limitation de la journée de
travail: D'une part, ils soutiennent que
cette limitation n'est pas inconciliable
avec une augmentation de produc-
tion, parce que l'ouvrier moins fatigué
pourra travailler avec plus d'ardeur,
ft d'autre part, ils font valoir que
cette limitation permettra aux ou-
vriers sans travail de trouver à s'em-
ployer. Si le premier argument a une
valeur, il est bien évident que les pa-
trons et les ouvriers se mettront faci-
lement d'accord. Mais si la réduction
de la journée de travail ne limite pas
la production, celle-ci se trouve limi-
tée par l'écoulement des produits fa-
briqués, et, dans ce cas, les ouvriers
qui n'ont pas de travail dans l'état
actuel des choses n'en auront guère
plus lorsque cette situation sera mo-
difiée.
M. Bradlaugh cite, pour le prouver,
l'exemple de l'Australie, où la journée
de huit heures est établie et que les
partisans de la limitation prennent
toujours pour modèle. Cette limita-
tion y a été imposée aux patrons par
les associations ouvrières et non par
la loi. Or, bien que l'Australie se
trouve dans des conditions particu-
lières et que les ouvriers n'y aient
pas à craindre, comme ailleurs, la
concurrence des ouvriers étrangers, la
limitation de la journée à huit heures
n'empêche pas que beaucoup de bras
restent sans emploi, qu'il y ait, en
Australie comme en Angleterre, des
meetings d'ouvriers sans ouvrage, et
que le gouvernement colonial ait été
obligé de prendre des mesures pour
leur venir en aide.
Enfin, il n'est pas inutile d'ajouter
et M. Bradlaugh lui-même constate
que là où la journée de huit heures
est établie, comme dans l'Etat de Vic-
toria et dans celui de New-South-
Wales, les ouvriers peuvent faire des
heures supplémentaires payées à part,
et que même un grand nombre d'entre
eux sont payés à l'heure et non à la
journée. Que deviennent dès lors et
les revendications fondées sur l'aug-
mentation du bien-être matériel et
moral, et les théories appuyées sur
l'accroissement de force productive
fourni par la moindre durée de l'ef-
fort, et même le sentiment généreux
qui, en réduisant la part des uns,
veut faire une part aux autres? Il ne
reste, en réalité, sous une forme plus
ou moins indirecte, qu'une question
d'augmentation de salaire, c'est-à-
dire une question dans laquelle l'Etat
n'a aucun droit d'intervenir et dont
l £ solution doit être exclusivement
laissée aux intéressés.
Le XIX* SIECLE publiera damai a la
» Vie 43 Paria. par Henry Pouquier.
PLAISANTERIE MACABRE
Un de nos confrères, mauvais plaisant s'il en
fut, a trouvé spirituel de faire courir le bruit
(par téléphone) que M. Francisque Sarcey
était mort subitement hier soir.
Rassurons. notre éminent collaborateur :
Aucun de nos confrères n'a cru à cette ma-
cabre fumisterie.
GUILLAUME Il ET BISMARCK
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 36 mai.
Toutes les dépêches adressées aux jour-
naux étrangers concernant M. de Bismarck
sont soumises à la censure. Un certain
nombre de ces télégrammes, adressés
hier, ont été refusés.
L'empereur est tellement furieux contre
les indiscrétions de l'ex-chancelier, qu'il
faut s'attendre à de graves décisions.
SINGULIER MARIAGE
Un jeune homme qui épouse sa
nourrice
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, le 26 mai
Un mariage rare dans l'histoire des peu-
ples se célébrait, l'autre jour, dans la« Drei-
faltigkeitskirche » (église de la Trinité), à
Berlin.
Un jeune sujet russe de bonne famille et
as"ez riche, des provinces baltiques, du
nom de Geiger, épousait sa nourrice. La
jeune fiancée avait dix-sept ans quand elle
avait nourri son futur, qui est a présent
âgé de vingt ans.
Il paraît que la famille de ce dernier n'est
pas très contente de son choix, mais qu il
avait juré que son amour pour sa future
date de loin et a pris son commencement
quand lui-même a commencé à téter.
Ne pouvant, à ce qu'il raconte, vaincre
les préjugée de sa famille et n'étant pas
majeur, il s'est enfui en Allemagne, à Ber-
lin, avec sa bien-aimée, où, grâce à une
forte somme d'argent, leur union à l'état
civil et à l'église fut célébrée sans en-
combre.
CRISE AGRICOLE DANS LES ROMAGN:S
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 26 mai.
M. Caldesi, député de la gauche, a pré-
sidé hier une réunion de syndics des com-
munes de la province de Lugo, affligée par
la crise agricole, qui a décidé d'envoyer
un télégramme au roi pour demander
l'exécution des travaux d'un canal qui
pourraient occuper les ouvriers sans tra-
vail.
Jeudi prochain, doit avoir lieu aussi à
Ravenne une grande réunion des représen-
tants de la province, afin d'envoyer au si
une délégation au roi pour lui exposer la
triste situation du pays.
Un concert d bienfaisance qui devait
avoir lieu hier à Lugo, au bénéfice des fa-
milles des victimes de Conseiice, a été in-
terdit par crainte de maniiestations.
ÉRUPTION DE L'ETNA
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 26 mai.
Une dépêche de Catane annonce une immi-
nente eruption de l'Etna..
Le volcan est depuis plusieurs jours très
actif.
Les populations sont très alarmées.
L'ARMÉE COLONIALE
La QUESTION DE M. DE MONTFORT
Un débat intéressant. — L'organisation
actuelle et nos possessions loin-
taines. — Une réforme à faire.—
Officiers et fonctionnaires.
La question que M. de Montfort va poser
au ministre de la guerre peut, si, comme
nous l'espérons, la Chambre en comprend
bien la portée, soulever un débat capable
de hâter la formation de notre armée colo-
niale.
Avec l'organisation actuelle, la garde de
nos possessions lointaines est devenue très
difficile, pour ne pas dire impossible.
Le service de cinq ans permettait encore,
quoique dans des conditions défectueuses,
le fonctionnement du service colonial par
nos troupes de marine; avec celui de trois
ans, il faut y renoncer.
Depuis le vote de la nouvelle loi de re-
crutement, des dispositions transitoires ont
été prises au ministère de la marine.
ét La classe 1886, qui compte déjà quarante-
deux mois de présence effective, est gardée
jusqu'au 1er novembre prochain ; enfin des
engagements avec prime, puur trois, quatre
et cinq ans, engagements qui, six mois
aprèi,peuvent être suivis de rengagements
toujours avec prime, sont reçus au titre
des troupes de la marine.
Tout cela n'einpê^Ke pas nos relèves
d'être devenues de plus en plus difficiles. Il
va falloir libérer, dans les bataillons que
nous avons au loin, les hommes qui ont
pius de trois ans de service; par qui les
rempiacera-t-on ?
En janvier dernier, le Ie* régiment de
marche en Annam et le 2® au Toukin rece-
vaient chacun 500 hommes de renfort ap-
partenant tous à la classe qui venait d'être
anoelée sous les draneaux.
Incorporés - en novembre, ces malheu-
reux, à peine habillés et armés, s'étaient vu
retirer les fusils qu'ils avaient dequis quel-
ques jours entre les mains; on les dirigeait
sur Touion, et, le lur décembre, te Vinh-
Long les emportait vers llndo-Chine.
L'arrivée la-bas de ces troupes de recrues
inspira de tristes réflexions. Qu'aurait-on
pu faire s'il avait fallu marcher immédia-
tement avec des hommes aussi peu ins-
truits, dont beaucoup étaient incapables de
nettoyer leurs armes et dont aucun n'avait
effectué un seul tir?
Jeunes et vieux soldats
Ce qu'il nous faut aux colonies, c'est une
troupe de vieux soldats, d'hommes faits,
entraînés, rompus à la fatigue et acclima-
tés.
Lorsqu'après un an de séjour en
France, c'est le cas généra), nos troupiers
d'infanterie de marine arrivent aux colo-
nies, ils sont encore trop jeunes et trop ac-
cessibles aux maladies des pays ehauas
Le conscrit de ving-deux ans résiste
mieux que l'engagé volontaire de dix-neuf
ans, mais lui-même est bien inférieur au
légionnaire de vingt-cinq à trente ans, à
l'homme fait ayant atteint sa croissance et
sur lequel fièvres, dyssenterie, etc., ont
beaucoup moins de prie.
Sans doute en 1885 nous avions au Ton-
kin d'admirables bataillons d'infanterie de
marine. Mais n'oublions pas que, depuis
près de trois ans, pas un homme n'avait
été libéré ni renvoyé à la fin de sa période
coloniale ; seuls les malades et les biessés
grièvement rentraient en France, et les IjiO
a 150 hommes que comprenait une compa-
gnie étaient le produit de la sélection des h
ou 500 qui, depuis trois ans, avaient passé
par ses cadres.
Une trompe semblable était sans rivale, et
nos « marsouins » narguaient la ligne, nar-
guaient les zouaves et les turcos; la légion
eule éta t comparable aux débloqueurs de
Tuyen-Quan.
Aujouid nui, les choses ont bien changé;
partout, en indo-Chine, le nombre des non-
valeurs atteint ou dépasse celui des dispo-
nibles. Entreprend-on une marche un peu
rude, au bout de quelques jours, nos effec-
tifs fondent.
Nous n'eu citerons qu'un exemple entre
cent : Une colonne de huit cents hommes,
obérant l'hiver dernier dans une région
montagneuse, ne comprenait qu'un faibie
noyau de trouves européennes, un seul pe-
loton de soixante-dix hommes, composé de
soldats d'inianterie de marine et de légion-
naires.
Après deux mois de marches e: de com-
bats, combats peu meurtriers, où le peloton
ue perdit que deux hommes, mais marches
fort pénibles, quoique interrompues par
des jours de repos, 30 hommes d'infanterie
de marine sur Ub restaient malades dans
uifféreuts postes ; deux moururent d'épui-
sement, et à la fin, sur les 15 valides, plu-
sieurs n'auraient pu aller bien loin.
Parmi les 95 légionnaires, tous près de
la trentaine, il n'y eut que deux malades,
ies plus jeunes justement, pauvres petits
paysans alsaciens, déserteurs de régiments
allemands.
Ce qu'il faut faire
Quand donc cessera-t-on d'envoyer aux
colonies des hommes fournis par le recru-
tement?
Ils ne rendent que bien peu de services.
Et le jour prochain où nos possessions ne
seront plus gardées que par des engagés
volontaires et solides, disons le mot, par
des mercenaires, elles seront bien gardées.
Ce jour-là personne n'aura à se plaindre ;
on n'entendra plus dans les familles ces
cris qui vont jusqu'au désespoir: «Mon
fils est au Toukin !» ou : « Mon fils est au
Sénégal ! » Il ne faut pas se le dissimuler :
c'est là surtout ce q.iÏ rend nos coiouies
impopulaires. On les regarde comme le
tombeau des jeunes recrues Or, pour
qu'elles se relèvent dans l'esprit public,
envoyons-y des volontaires, et que ces vo-
lontaires y trouvent de sérieux vantages.
Il faudra de l'argent, mais l'argent ainsi
dépensé ne le bera-t-il pas mieux que celui
qu'eng.outissent aujourd'hui les frais d'nô-
pitaux et iea transports de malades?
Nous avons en ce moment, et ce chiffre
peut être réduit, 12,00u hommes de troupes
européennes en Indo-Chine, sur lesquels
7,0Qd appartiennent à la marine.
Toutes les autl'e colonies sont gardées
par 25 compagnies d'infanterie et 5 batte-
ries d'artilierie de marine, soit A,000
hommes.
Il nous faut donc 15,000 soldats euro-
péens pour garder nos colonies. Mettons
la moitié en plus, car les nécessités de l'in-
struction, les congés à accorder tous les
deux ou trois ans, obligeront à la formation
-de dépôts en France ou eu Algérie. On voit
dès lors qu'avec !U,,Ow vieux soldats nous
pouvons parfaitement faire face à un ser-
vj.ce dont l'infanterie et l'artillerie de ma-
rine sont incapables actuellement.
La légion étrangère peut être, en ce qui
concerne la troupe, le noyau de ce nou-
veau corps. Quant aux cadres, l'infanterie
de marine surtout en fournira d'excel-
lents.
Nos officiers
Une fois habitués- au service colonial,
il y a beaucoup d'officiers qui ne suppor-
tent qu'avec impatience la vie de garnison
en France. Ceux-là on peut en être cer-
tain, demanderont a encadrer ces nouvel-
les troupes.
Ces officiers, servant aussi bien dans les
corps européens que dans les corps indi-
gènes que nous sommes obligés de conser-
ver, se contenteront, comme nos fonction-
naires, de longs congés accordés tous les
deux ou trois ans, à l'expiration desquels
les plus fatigués reprendraient leur service
dans les dépôts.
C'est qu'en effet un roulement établi entre
nos officiers coloniaux et nos officiers de
France serait funeste.
On ne se fait pas du jour au lendemain
à un climat étranger et à des moeurs nou-
velles.
Pour l'officier surtout, il faut un acclima-
tement moral qui demande du temps.
Ayons des officiers coloniaux rompus,
comme la plupart de ceux de l'infanterie de
marine, au service d'outre-mer, habitués à
vivre au milieu d'une population étrangère
qui nous semble peut-être étrange, mais
dont il faut comprendre les moeurs au lieu
de prétendre les réformer d'un seul coup
et en peu de temps, dont il faut respecter
même les préjugés, au lieu d'en rire et de
nous rendre ainsi détestables.
Ayons de officiers habitués au frottement
avec nos fonctionnaires civils et compre-
nant que chacun concourt au même but
par des voies différentes, des officiers sa-
chant bien qu'ils sont faits pour les colo-
nies et non les colonies faites pour eux, et
dès lors les malheureux conflits qui écla-
tent à chaque instant entre civils et mili-
taires, les haines qui peuvent naître au
cœur des indigènes, pour éclater plus tard
en révoltas, tout cela aura pris fin.
Lire à la seconde page « Le Krach
italien et le Crédit lyonnais. » -
hi-VOuTE A oloEiHt
Une scene de loLe furieuse. - Les
agents et la troupe. — L'ordre
rétabli. — Tout brisé.
Avant-hier dimanche, au moment du
repas du soir, les pensionnaires de la
Ire section de la 5e division de Bicêtre se
sont révoltés et une scène des plus étrange
s'est produite. Cest dans ce service que
sont internés quatorze fous furieux séques-
trés par ordre de la préfecture.
Profitant de l'ouverture de leur cage par
les gardiens qui ve taient apporter le repas
du soir, ces fous furieux se sont élancés au
dehors avec une furiè indesciiptible, cas-
sant, brisant tout sur leur passage et se-
mant la terreur dans l'hospice.
Aussitôt prévenu, le. directeur perdit
quelque temps à se demander ce qu'il fal-
lait laire. 11 se décida enfin à envoyer
chercher le commissaire de police de Uen-
Ully, M. Remongin, qui arriva immédiate-
ment avec plusieurs agents. Mais leur nom-
bre était insignifiant, et il n'é ait pas facile
de capturer ces pauvres diabies, qui cou-
raient. éperdus à travers les cours de Bi-
cêtre. Ce qui le prouve, c'est que deux gar-
diens ont été grièvement blessés.
L'un d'eux a eu le bras cassé.
Et pendant ce temps les tous des trois
autres divisions contemplaient cette scène
derrière leurs grillages, en poussant des
cris épouvantables.
Enfin, une compagnie du e de ligne dé-
tachée au fort de Bicêtre vient prêter
main forte aux agents de police. Baïonnette
au canon, les soldats gardent les issues tan-
dis que de leurs camarades arrosent les
fous a l'aide de tuyaux de pompes à incen-
die.
Ce moyen — la peur horrible de la dou-
che — semble réussir ; quelques fous rou-
lent à terre; ils sont aussitôt reconduits
tremblants da is leur cabanon par les sol-
dats, dont quelques-uns reçoivent des bles-
sures, sans gravité, d'ailleurs.
A six heures un quart, le calme était ré-
tabli dans l'hospice. Mais quel désordre
dans les cours et dans les salles: tous les
objets, effets, vaisse le, tables, tuyaux de
poéie, etc., tout ce qui a pu être atteint
était brisé, les morceaux épars gisant à
terre.
De mémoire d'homme pareille scène
ne s'était produite à Bicêtre.
UNE CURIOSITÉ AD.dll,IST nATIVE
Ce qu'a remarqué le maître de police.
- Le sexe dit féminin et le sexe dit
masculin.— Sous le", charmilles.
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 26 mai.
Comme curiosité, je vous envoie la der-
nière ordonnance du graud-maître de po-
lice de la ville d'Omsk (Sibérie occiden-
tale) :
a Depuis quelque temps, dit cette ordon-
nance, nous avons remarqué que les bon-
nes et femmes de chambre, en un mot les
domestiques qui appartiennent au sexe dit
féminin, sortent le soir quand il commence
à faire sombre, sorties qui prennent de
grandes proportions pendant la belle sai-
son, car nous avons remarqué que ledit
sexe féminin n'est jamais seul dans les bos-
quets qui ornent les places de la ville, ainsi
que dans les recoins sombres des rues,mais
toujours accompagné d'un autre sexe diffé-
rent du sexe fémiain et que nous appelons
vulgo sexe masculin.
» Là ils prennent des poses qui n'ont rien
de classique ni de plastique et qui offensent
gravement la morale et le bon Dieu lui-
même, qui doit être fort mécontent que
dea choses pareilles se passent sous le ciel
ouvert et sous ses yeux.
» Donc, au nom de la morale publique
et pour ne pas fâcher inutilement le bon
Dieu, nous ordonnons, au nom du Tsar,
que les gentilshommes, fonctionnaires et
marchands qui ont des domestiques du
sexe dit féminin ne les laissent pas sortir
le soir, quand le crépuscule commence;
dans le cas contraire, où chose pareille ar-
riverait, ce sont les maîtres de ce sexe dit
féminin qui seroert punis par nous pour
outrage public, atteinte à la morale et à la
reiigion, et 'tapage nocturne, n'importe
l'heure du jour où ce fait se produira, »
Après ccla, si la vertu et la morale des
habitants d'Omsk ne sont pas sauvegardées
c'est à désespérer du sexe dit féminin de
cette ville sibérienne.
CHRONIQUE
Il faut tout voir. Et c'est pourquoi j'ac-
compagnais hier, dans une tournée dans
l'enfer de Paris, dont les réalités dépas-
sent assurément les cycles tragiques de
l'Enfer du Dante, un homme pour qui
l'horrible, dans la grande ville de toutes
les splendeurs et de toutes les houes n'a
plus de secrets. Tandis que lui, que ses
fonctions appellent souvent dans ces mi-
lieux infâmes, interrogeait avec une im-
passibilité d'habitude, je pouvais dire,
comme le poète : « Et moi qui à regarder
me tenais attentif, je vis des âmes fan-
geuses dans ce bourbier. »
Les outranciers de pittoresque ont dé-
crit souvent les bouges de la rue Galande,
Je" Château-Rouge » et le «Père-Lunette »,
où le sinistre personnel des consomma-
teurs a fini par ressembler un peu à des
figurants, savamment recrutés pour l'é-
tonnement des curieux. Mais il existe là
un autre établissement dont la célébrité
n'a pas dépasse les ponts et qui est reste
le pur domaine d'une foule d'êtres bizar-
res et sordides : c'est un cabaret qui pré-
sente cette particularité que, formant un
long boyau, il est, avec ses doubles iseues,
comme un couloir entre la rue Galande
et la rue des Deux-Portes. Ces disposi -
tions sont appréciées par une clientèle
qui éprouve souvent le besoin de passer
très vivement d'une rue à l'autre.
Le décor n'offre rien de très hlXnaY-
comme on pense. Aux murs, gras et hu-
mides, sont pendues les pancartes tra-
ditionnelles, portant qu' «« on paye en
servant» et qu'il n'y a pas de consomma-
tions au-dessous de 16 centimes.
Là, à une table, devant un verre d'eau-
de-vie, est assise une grande créature,
aux cheveux très noirs, au nez écrasé,
comme par un coup de poing. Quel âge ?
On peut lui attribuer de quarante à cin-
quante ans. Il paraît qu'elle a vingt-huit
ans. Une hideuse tache de vin coupe la
moitié de son visage. On l'appelle du so-
briquet élégant de « la Limace". Elle est
repoussante, — et elle vit pourtant de
son corps, officiellement, étant dûment
en règle avec la police des mœurs. Pour
le moment, installée devant le verre de
tord-boyaux, elle parait songeuse, très
absorbée dans une rêverie. La rêverie de
la Limace ! qu'est-ce que cela peut
être?
Mon compagnon lui met la main sur
l'épaule, s'ainuse à la faire causer, après
m'avoir dit ; « Vous allez voir. » Elle aè
dresse d'instinct, en femme qui a eu af-
faire avee- l'autorité; puis, reconnaissant
celui qui lui parle, elle se rassied tran-
quillement, très à l'aise :
- Vous avez de ses nouvelles ? lui de-
mande-t-il.
— Oui, il est arrivé depuis deux mois.
Il paraît qu'il a des fièvres. C'est que
c'est loin, vous savez ! Et puis, ils ne sont
pas si bien nourris que ça (sic). Mais il
se conduit bien. On lui permet de m'é-
crire tous les mois. Je lui réponds, en
lui envoyant un peu de galletoase.
Il, c'est un affreux gredin, un ancien
ami de Gamahut qui, après avoir abrégé
les jours d'une vieille rentière en la frao-
pant sur la tête avec un marteau, a dû
abandonner le lucratif métier de soute-
neur qu'il exerçait avec honneur dans
le quartier Maubert.pour aller faire de la
colonisation malgré lui.
La Limace se tourne vers moi : « - Par-
bleu, vous le connaissez bien, il a fait as-
sez causer de lui. Pauvre chéri 1 En voilà
un qui n'a pas eu de chance. Ce que
c'est que les mauvaises connaissances.
Lui qui était doux comme un mou-
ton. »
Elle s'arrête un moment, attendrie,
sincèrement émue, puis, faisant claquer
son ongle sur ses dents : «—Pas plus de
méchanceté que ça 1 » Et, mise sur la
pente des souvenirs, elle ajoute : «Et
honnête, fort comme il l'était. Demandez
s'il est jamais rien arrivé aux. qui al-
laient avec moi ! » Et elle se déchaîne, fu-
rieuse, contre ses complices qui Font en
traîné, qui ont tout fait.
En veine de causerie, elle raconte la
nuit qui a sui vi le crime. « On ne se cou-
chait jamais avant deux heures du ma-
tin, n'est-ce pas?. » Un soir, vers neuf
heures,so n Julot vint la chercher sur le
trottoir : « Allons, oust! à la piaule, viens
te pagnioter. — Qu'est ce qu'il y a ? —
Ça ne te regarde pas. » Elle suit le misé-
rable qui tremble, qui a des sueurs
froides. « — T'es malade ? — Non, laisse-
moi! » Et il met la tête sous les draps,
ne pouvant s'endormir. Elle, fatiguée,
heureuse d'une nuit de congé, elle s'as-
soupit. Tout à coup, elle se réveille. Ju-
lot est debout sur le Jit, hagard, s'é-
criant : « Tiens, v'la la vieille qui entre.
oh ! la Butte !. J'vas me rendre ! »
La Limace le secoue, le raisonne, lui
demande ce qui se passe. — « Hein?
s'écrie Julot, j'ai parlé ? Qu'est-ce que
j'ai dit? Tais-toi ou je t'étrangle ! » Et il
se recroqueville dans le lit, se faisan
tout petit,ramassant les couvertures par-
dessus lui, comme pour ne pas « voir ».
Le lendemain matin, il questionne la
Limace, il exige qu'elle lui raconte tout
ce qui lui est échappé. Puis il part. Dans
l'après-midi il était « fait iy. En argot,
cela veut dire arrêté.
La Limace ne savait rien. Bien qu'elle
ait fait « du ballon » (de la prison) pour
cette affaire, elle fut reconnue inno-
cente.
Les malheurs de son « petit homme » ne
l'ont pas empêchée de lui demeurer
fidèle. En dépit des offres, elle ne lui a
pas donné de successeur. Elle exerce son
métier sans acolyte, et dans son monde,
on a un grand respect pour elle. Elle
songe à aller le rejoindre là-bas. « On
serait heureux comme des notaires »,
dit-elle. C'est le voyage qui l'inquiète un
peu, seulement ; et puis elle ne sait pas
comment s'y prendre pour obtenir l'au-
torisation. Mais elle ira, elle l'a proJ
mis. d'abord elle ne peut plus se pas-
ser de hii.
Mais un vieux sinistre, avec sa bouche
sans dents, vient s'asseoir près d'elle, et la
reluque, sans souci de notre présence.
Nous nous éloignons. La Limace doit
songer aux affaires. Si elle veut aller
retrouver Julot, il faut qu'elle « tra-
vaille ».
Dire que ça aime, ces créatures-là.
Ça aime !
Paul Ginisty.
LES
SOCIALISTES EN PRISON
A Vienne. — Les privilèges de Ga-
brielle Bompard. — La vermine
pénitentiaire. — Une enquête à
faire. — L'égalité devant
la loi.
Il nous revient de Vienne (Isère) que les
socialistes arrêtés à la suite des troubles
du 1er mai, sous l'inculpation fantastique
de nous ne savons plus quel prétendu
complot, sont soumis, en prison a un ré-
gime exceptionnellement rigoureux, pour
ne pas dire exceptionnellement cruel.
D'après les rac ntars qui circulent dans
la population ouvrière, la nourriture dis-
tribuée aux détenus consiste en : deux sou-
pes maigres par jour, parfois une goutte de
lait. Un point, c'est tout. Impossible, d'ail-
leurs, à ces-malheureux, qui, n'ayant pas mis
un seul huissier à malle, ne doivent évidem-
ment pas avoir - droit aux faveurs dont on
accable Gabrielle Bompard, d'acheter à la
cantine de quoi améliorer un tant soit peu
la pitance réglementaire : l'argent que leur
envoient leurs parents et leurs amis serait,
en effet, retenu au passage et ne parvien-
drait jamais à destination. Personne ne
doute qu'ils ne retrouventla somme iutacte
à leur sortie, après le procès : il sera bien
temps, en vérité!
On ajoute qu'ils couchent dans des sous-
sols humides, où foisonne la vermine.
Aussi, certains d'entre eux seraient-ils, à
ce qu'il parait, dans un état de santé dé-
plorable.
Qu'y a-t-il de réellement fondé dans ces
légendes ? Nous n'en savons rien, mais
c'est déjà trop qu'elles puissent circuler et
trouver créance dans la foule.
Il y a urgence à faire la lumière là-dessus
voire même à faire justice si, par hasard,
quelqucsemployés subalternes— car nous ne
voulons pas porter plus haut nos soupçons
— de l'administration pénitentiaire s'é-
taient permis des excès de zèie bientôt dé-
j générés en abus de pouvoir.
Personne ne songe à réclamer pour les
socialistes détenus les potages à la tortue
[ et les carpes à la Join ville de la Concier-
gerie, non plus que le tapis de haute lisse
de Clairvaux. Mais est modus in i-ebtts, ètsi,
dans notre pays de France, l'égalité devant
la loi pajratt condamnée à n'être jusqu'à
nouvel ordre qu'un mot vain et vide, ii ne
faut pas, au moins», que^ l'humanité, même
à l'ombre des prisons. d'Etat, y perde ja.
mais ses droits.
L'AMIRAL DUPERRÉ
Le plaidoyer du « Gaulois ». — Le
devoir d'un courtisan. — La fidélité
au malheur. — Duperré et
Jurien de la Gravière
Le Gaulois, qui aime les paradoxes, s'a-
venture à prendre ouvertement la défense
de l'amiral Duperré.
Le Gaulois trouve tout naturel qu'un
soldat ait justement choisi le moment aigu
de l'année terrible pour sacrifier le devoir
patriotique au devoir dynastique; il trouve
tout naturel qu'au lieu d'aller risquer sa
précieuse peau à côté de ses frères d'armes
qui combattaient héroïquement pour dé-
fendre la France envahie, il ait tenu à
continuer, dans la sécurité de l'exil, ses
services de courtisan auprès de l'impéra-
trice détrônée et proscrite. Pour un peu, il
lui ferait un titre de gloire de sa « fidélité'
au malheur ».
A l'opinion publique, juge en dernier res-
sort, de voir ai la fidélité, comme le reste, ne
doit pas avoir son opportunisme et son à-
propos, si la vertu la plus authentique ne
peut pas, suivant les circonstances, dégéné-
rer en une sorte de trahisoii, et si c'est un
mérite poar un officier d'avoir, en une
heur traaiaue et douloureuse, alors crue
l'ennemi foulait le soi national, préféré une
femme, - fût-ce même une femme « au-
guste » et malheureuse,— à la patrie ago-
nisante.
Il noue parait, en tout cas, que si « Char-
lot n, comme on l'appelle familièrement
dans la marine, était allé, comme les cama-
rades, affronter à son rang la mitraille
allemande qui allait bientôt pleuvoir sur
Paris, mieux encore qu'en restant à s'amu-
ser, loin du péril, dans les antichambres de
Chislehurst, il eut fait preuve de « fidé-
lité au malheur ».
Le cas de l'amiral Jurien de la Gravière
A prendre le Gaulois au mot, il faudrait
donc clouer au pilori et dénoncer comme
le plus odieux des ingrats l'amiral Jurien de
la Graviére,qui,lui aussi,avait été des fami-
liers des Tuileries, qui, lui aussi, était atta-
ché à l'empereur et a l'impératrice par les
liens du dévouement et de la reconnais-
sance, qui, lui aussi, après le U Séptembre,
crut ut voir rendre un hommage suprême
aux exiles, niais qui, estimant, dans sa
haute conscience ue l'honneur militaire.
que, quand le cation tonne, ce serait un
crime de, promener au-dejà des frontières
violées la « fidélité au malheur", n'hésita
pas quand même à mettre sou épée au ser-
vice du gouvernement de la Défense natio-
nale.
Il se peut que le Gaulois place de ce chef
dans son cœur l'amiral Duperré au-dessus
de l'amiral Jurien de la Graviére. Mais nous
doutons fortqu'ii yaitbeaucoup de Français,
à quelque parti qu'ils appartiennent, qui
consentent a souscrire à cette appréciation
impie; nous doutons fort surtout que l'im-
partiale histoire la ratifie jamais.
Babemus confitentem reum.
Au surplus, le Gaulois s'empresse d'a-
jouter, sponte sud, que l'amiral Duperré
avait renoncé de fait à la marine, pour res-
ter auprès des souverains en exil. Il sentait
donc lui-même que sa place n'était plus au
milieu de ceux qu'il avait si singulièrement
abandonnés au milieu du danger! Nous
n'avons jamais dit autre chose;
L'amiral Duperré avait eu, au surplus, -
c'est le Gaulois qui l'affirme, et nous de*
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MERCREDI-98 MAI 1&JJ
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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Une question de H. de Montfort
L'AMIRAL DUPERRÉ
Hévolte des fous furieux de Bicêtre
LES SOCIALISTES EN PRISON
ET LE DUC D'ORLÉANS
Le crime de la rue de Provence. — Le
drame de la rue des Mathurins.
LES HUIT HEURES
Le congrès international des mi-
neurs, réuni à Jolimont, vient de
terminer ses travaux. Il a voté à l'u-
nanimité, moins les neuf voix des
trades-unionistes anglais, une réso-
lution réclamant l'intervention légis-
lative pour la journée de huit heures ;
et s'il n'a .pas adopté dès maintenant
une proposition de grève universelle
des charbonnages pour le 1er mai 1891,
il a du moins décidé que la. question
de la grève universelle serait soumise
à une sorte de plébiscite général des
mineurs et que, suivant les résultats
de ce plébiscite, le nouveau congrès,
qui se réunira le lor avril prochain,
prendrait une détermination défini-
tive. Malgré les sages paroles pronon-
cées par l'un des délégués anglais,
M. Burt, dans la séance d'ouverture
du congrès, malgré les exemples si-
gnificatifs qu'il avait cités, malgré les
motifs très sérieux qu'il avait invo-
qués pour prouver que l'intervention
de l'Etat et des pouvoirs législatifs n'a
pas l'efficacité qu'on se plaît à lui ac-
corder, le seul résultat du congrès
paraît donc être de sommer les pou-
voirs législatifs d'intervenir dans les
questions ouvrières, et de préparer,
po tr le cas où la sommation resterait
sans effet, une nouvelle manifestation
analogue à celle qui s'est produite le
Ier mai de cette année.
Quant à la constitution d'associa-
tions ouvrières capables de faire les
affaires des ouvriers et de discuter
avec autorité les questions relati-
ves aux rapports du capital avec le
travail, aucun des délégués ne paraît
s'en être occupé: Tous attendent leur
protection de l'Etat, sans songer à se
protéger eux--mêmes; tous acceptent
la théorie de l'Etat-providence, con-
tre laquelle cependant M. Burt les
avait mis en sarde en disant : « Au-
tant que je sache, la journée de huit
heures n'existe que là où elle a été
obtenue par l'association. Si le prin-
cipe de la journée de huit heures était
Inscrit demain dans la loi, il ne pour-
rait être mis en pratique que dans les
endroits où il y aurait une association
puissante et vigilante qui ferait ap-
pliquer la loi et la rendrait effi-
cace. »
Ces mêmes considérations viennent
d'être développées par M. Bradlaugh
dans un fort intéressant article de re-
vue. Pas plus que M. Burt, M. Brad-
laugh ne peut être tenu pour suspect.
Si, au lieu d'appartenir à la Chambre
des communes, il siégeait au Palais-
Bourbon, il aurait sa place à l'ex-
trême-gauche, et la lutte qu'il a entre-
prise pour obtenir l'abolition du ser-
ment a fait à son nom une grande
notoriété. S'étant prononcé contre la
fixation uniforme- de la journée de
travail à huit heures, il a été vivement
attaqué par les socialistes, et l'article
qu'il vient de publier est une réponse
a ces attaques.
Comme M. Burt, il trouve désirable
que la journée de travail soit aussi
courte que possible. « Quelques heu-
res de repos, dit-il, en dehors du temps
consacré au sommeil et aux repas,
sont nécessaires pour le bien-être ma-
tériel et moral de l'ouvrier. » Mais il
ne croit pas qu'une limite uniforme
puisse convenir à toutes les industries.
« Je soutiens, dit-il, que c'est par l'ac-
cord entre les représentants des ou-
vriers,— réunis entre eux par - une or-
ganisation quelconque, — et les pa-
trons qui les emploient, que les condi-
tions du travail peuvent être le mieux
réglées dans chaque industrie. » Mais
la réglementation par la loi trouve en
M. Bradlaugh un adversaire résolu.
« Je m'y oppose de toutes mes forces,
dit-il. Lorsqu'il s'agit d'adultes, le
Parlement ne doit pas,— excepté pour
prévenir les crises ou pour interdire
ce qui peut être un danger pour la vie
ou pour la santé,—intervenir lorsque
les citoyens peuvent se protéger eux-
mêmes.
Les socialistes de tous les pays
recourent à deux arguments pour ré-
clamer la limitation de la journée de
travail: D'une part, ils soutiennent que
cette limitation n'est pas inconciliable
avec une augmentation de produc-
tion, parce que l'ouvrier moins fatigué
pourra travailler avec plus d'ardeur,
ft d'autre part, ils font valoir que
cette limitation permettra aux ou-
vriers sans travail de trouver à s'em-
ployer. Si le premier argument a une
valeur, il est bien évident que les pa-
trons et les ouvriers se mettront faci-
lement d'accord. Mais si la réduction
de la journée de travail ne limite pas
la production, celle-ci se trouve limi-
tée par l'écoulement des produits fa-
briqués, et, dans ce cas, les ouvriers
qui n'ont pas de travail dans l'état
actuel des choses n'en auront guère
plus lorsque cette situation sera mo-
difiée.
M. Bradlaugh cite, pour le prouver,
l'exemple de l'Australie, où la journée
de huit heures est établie et que les
partisans de la limitation prennent
toujours pour modèle. Cette limita-
tion y a été imposée aux patrons par
les associations ouvrières et non par
la loi. Or, bien que l'Australie se
trouve dans des conditions particu-
lières et que les ouvriers n'y aient
pas à craindre, comme ailleurs, la
concurrence des ouvriers étrangers, la
limitation de la journée à huit heures
n'empêche pas que beaucoup de bras
restent sans emploi, qu'il y ait, en
Australie comme en Angleterre, des
meetings d'ouvriers sans ouvrage, et
que le gouvernement colonial ait été
obligé de prendre des mesures pour
leur venir en aide.
Enfin, il n'est pas inutile d'ajouter
et M. Bradlaugh lui-même constate
que là où la journée de huit heures
est établie, comme dans l'Etat de Vic-
toria et dans celui de New-South-
Wales, les ouvriers peuvent faire des
heures supplémentaires payées à part,
et que même un grand nombre d'entre
eux sont payés à l'heure et non à la
journée. Que deviennent dès lors et
les revendications fondées sur l'aug-
mentation du bien-être matériel et
moral, et les théories appuyées sur
l'accroissement de force productive
fourni par la moindre durée de l'ef-
fort, et même le sentiment généreux
qui, en réduisant la part des uns,
veut faire une part aux autres? Il ne
reste, en réalité, sous une forme plus
ou moins indirecte, qu'une question
d'augmentation de salaire, c'est-à-
dire une question dans laquelle l'Etat
n'a aucun droit d'intervenir et dont
l £ solution doit être exclusivement
laissée aux intéressés.
Le XIX* SIECLE publiera damai a la
» Vie 43 Paria. par Henry Pouquier.
PLAISANTERIE MACABRE
Un de nos confrères, mauvais plaisant s'il en
fut, a trouvé spirituel de faire courir le bruit
(par téléphone) que M. Francisque Sarcey
était mort subitement hier soir.
Rassurons. notre éminent collaborateur :
Aucun de nos confrères n'a cru à cette ma-
cabre fumisterie.
GUILLAUME Il ET BISMARCK
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 36 mai.
Toutes les dépêches adressées aux jour-
naux étrangers concernant M. de Bismarck
sont soumises à la censure. Un certain
nombre de ces télégrammes, adressés
hier, ont été refusés.
L'empereur est tellement furieux contre
les indiscrétions de l'ex-chancelier, qu'il
faut s'attendre à de graves décisions.
SINGULIER MARIAGE
Un jeune homme qui épouse sa
nourrice
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, le 26 mai
Un mariage rare dans l'histoire des peu-
ples se célébrait, l'autre jour, dans la« Drei-
faltigkeitskirche » (église de la Trinité), à
Berlin.
Un jeune sujet russe de bonne famille et
as"ez riche, des provinces baltiques, du
nom de Geiger, épousait sa nourrice. La
jeune fiancée avait dix-sept ans quand elle
avait nourri son futur, qui est a présent
âgé de vingt ans.
Il paraît que la famille de ce dernier n'est
pas très contente de son choix, mais qu il
avait juré que son amour pour sa future
date de loin et a pris son commencement
quand lui-même a commencé à téter.
Ne pouvant, à ce qu'il raconte, vaincre
les préjugée de sa famille et n'étant pas
majeur, il s'est enfui en Allemagne, à Ber-
lin, avec sa bien-aimée, où, grâce à une
forte somme d'argent, leur union à l'état
civil et à l'église fut célébrée sans en-
combre.
CRISE AGRICOLE DANS LES ROMAGN:S
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 26 mai.
M. Caldesi, député de la gauche, a pré-
sidé hier une réunion de syndics des com-
munes de la province de Lugo, affligée par
la crise agricole, qui a décidé d'envoyer
un télégramme au roi pour demander
l'exécution des travaux d'un canal qui
pourraient occuper les ouvriers sans tra-
vail.
Jeudi prochain, doit avoir lieu aussi à
Ravenne une grande réunion des représen-
tants de la province, afin d'envoyer au si
une délégation au roi pour lui exposer la
triste situation du pays.
Un concert d bienfaisance qui devait
avoir lieu hier à Lugo, au bénéfice des fa-
milles des victimes de Conseiice, a été in-
terdit par crainte de maniiestations.
ÉRUPTION DE L'ETNA
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 26 mai.
Une dépêche de Catane annonce une immi-
nente eruption de l'Etna..
Le volcan est depuis plusieurs jours très
actif.
Les populations sont très alarmées.
L'ARMÉE COLONIALE
La QUESTION DE M. DE MONTFORT
Un débat intéressant. — L'organisation
actuelle et nos possessions loin-
taines. — Une réforme à faire.—
Officiers et fonctionnaires.
La question que M. de Montfort va poser
au ministre de la guerre peut, si, comme
nous l'espérons, la Chambre en comprend
bien la portée, soulever un débat capable
de hâter la formation de notre armée colo-
niale.
Avec l'organisation actuelle, la garde de
nos possessions lointaines est devenue très
difficile, pour ne pas dire impossible.
Le service de cinq ans permettait encore,
quoique dans des conditions défectueuses,
le fonctionnement du service colonial par
nos troupes de marine; avec celui de trois
ans, il faut y renoncer.
Depuis le vote de la nouvelle loi de re-
crutement, des dispositions transitoires ont
été prises au ministère de la marine.
ét La classe 1886, qui compte déjà quarante-
deux mois de présence effective, est gardée
jusqu'au 1er novembre prochain ; enfin des
engagements avec prime, puur trois, quatre
et cinq ans, engagements qui, six mois
aprèi,peuvent être suivis de rengagements
toujours avec prime, sont reçus au titre
des troupes de la marine.
Tout cela n'einpê^Ke pas nos relèves
d'être devenues de plus en plus difficiles. Il
va falloir libérer, dans les bataillons que
nous avons au loin, les hommes qui ont
pius de trois ans de service; par qui les
rempiacera-t-on ?
En janvier dernier, le Ie* régiment de
marche en Annam et le 2® au Toukin rece-
vaient chacun 500 hommes de renfort ap-
partenant tous à la classe qui venait d'être
anoelée sous les draneaux.
Incorporés - en novembre, ces malheu-
reux, à peine habillés et armés, s'étaient vu
retirer les fusils qu'ils avaient dequis quel-
ques jours entre les mains; on les dirigeait
sur Touion, et, le lur décembre, te Vinh-
Long les emportait vers llndo-Chine.
L'arrivée la-bas de ces troupes de recrues
inspira de tristes réflexions. Qu'aurait-on
pu faire s'il avait fallu marcher immédia-
tement avec des hommes aussi peu ins-
truits, dont beaucoup étaient incapables de
nettoyer leurs armes et dont aucun n'avait
effectué un seul tir?
Jeunes et vieux soldats
Ce qu'il nous faut aux colonies, c'est une
troupe de vieux soldats, d'hommes faits,
entraînés, rompus à la fatigue et acclima-
tés.
Lorsqu'après un an de séjour en
France, c'est le cas généra), nos troupiers
d'infanterie de marine arrivent aux colo-
nies, ils sont encore trop jeunes et trop ac-
cessibles aux maladies des pays ehauas
Le conscrit de ving-deux ans résiste
mieux que l'engagé volontaire de dix-neuf
ans, mais lui-même est bien inférieur au
légionnaire de vingt-cinq à trente ans, à
l'homme fait ayant atteint sa croissance et
sur lequel fièvres, dyssenterie, etc., ont
beaucoup moins de prie.
Sans doute en 1885 nous avions au Ton-
kin d'admirables bataillons d'infanterie de
marine. Mais n'oublions pas que, depuis
près de trois ans, pas un homme n'avait
été libéré ni renvoyé à la fin de sa période
coloniale ; seuls les malades et les biessés
grièvement rentraient en France, et les IjiO
a 150 hommes que comprenait une compa-
gnie étaient le produit de la sélection des h
ou 500 qui, depuis trois ans, avaient passé
par ses cadres.
Une trompe semblable était sans rivale, et
nos « marsouins » narguaient la ligne, nar-
guaient les zouaves et les turcos; la légion
eule éta t comparable aux débloqueurs de
Tuyen-Quan.
Aujouid nui, les choses ont bien changé;
partout, en indo-Chine, le nombre des non-
valeurs atteint ou dépasse celui des dispo-
nibles. Entreprend-on une marche un peu
rude, au bout de quelques jours, nos effec-
tifs fondent.
Nous n'eu citerons qu'un exemple entre
cent : Une colonne de huit cents hommes,
obérant l'hiver dernier dans une région
montagneuse, ne comprenait qu'un faibie
noyau de trouves européennes, un seul pe-
loton de soixante-dix hommes, composé de
soldats d'inianterie de marine et de légion-
naires.
Après deux mois de marches e: de com-
bats, combats peu meurtriers, où le peloton
ue perdit que deux hommes, mais marches
fort pénibles, quoique interrompues par
des jours de repos, 30 hommes d'infanterie
de marine sur Ub restaient malades dans
uifféreuts postes ; deux moururent d'épui-
sement, et à la fin, sur les 15 valides, plu-
sieurs n'auraient pu aller bien loin.
Parmi les 95 légionnaires, tous près de
la trentaine, il n'y eut que deux malades,
ies plus jeunes justement, pauvres petits
paysans alsaciens, déserteurs de régiments
allemands.
Ce qu'il faut faire
Quand donc cessera-t-on d'envoyer aux
colonies des hommes fournis par le recru-
tement?
Ils ne rendent que bien peu de services.
Et le jour prochain où nos possessions ne
seront plus gardées que par des engagés
volontaires et solides, disons le mot, par
des mercenaires, elles seront bien gardées.
Ce jour-là personne n'aura à se plaindre ;
on n'entendra plus dans les familles ces
cris qui vont jusqu'au désespoir: «Mon
fils est au Toukin !» ou : « Mon fils est au
Sénégal ! » Il ne faut pas se le dissimuler :
c'est là surtout ce q.iÏ rend nos coiouies
impopulaires. On les regarde comme le
tombeau des jeunes recrues Or, pour
qu'elles se relèvent dans l'esprit public,
envoyons-y des volontaires, et que ces vo-
lontaires y trouvent de sérieux vantages.
Il faudra de l'argent, mais l'argent ainsi
dépensé ne le bera-t-il pas mieux que celui
qu'eng.outissent aujourd'hui les frais d'nô-
pitaux et iea transports de malades?
Nous avons en ce moment, et ce chiffre
peut être réduit, 12,00u hommes de troupes
européennes en Indo-Chine, sur lesquels
7,0Qd appartiennent à la marine.
Toutes les autl'e colonies sont gardées
par 25 compagnies d'infanterie et 5 batte-
ries d'artilierie de marine, soit A,000
hommes.
Il nous faut donc 15,000 soldats euro-
péens pour garder nos colonies. Mettons
la moitié en plus, car les nécessités de l'in-
struction, les congés à accorder tous les
deux ou trois ans, obligeront à la formation
-de dépôts en France ou eu Algérie. On voit
dès lors qu'avec !U,,Ow vieux soldats nous
pouvons parfaitement faire face à un ser-
vj.ce dont l'infanterie et l'artillerie de ma-
rine sont incapables actuellement.
La légion étrangère peut être, en ce qui
concerne la troupe, le noyau de ce nou-
veau corps. Quant aux cadres, l'infanterie
de marine surtout en fournira d'excel-
lents.
Nos officiers
Une fois habitués- au service colonial,
il y a beaucoup d'officiers qui ne suppor-
tent qu'avec impatience la vie de garnison
en France. Ceux-là on peut en être cer-
tain, demanderont a encadrer ces nouvel-
les troupes.
Ces officiers, servant aussi bien dans les
corps européens que dans les corps indi-
gènes que nous sommes obligés de conser-
ver, se contenteront, comme nos fonction-
naires, de longs congés accordés tous les
deux ou trois ans, à l'expiration desquels
les plus fatigués reprendraient leur service
dans les dépôts.
C'est qu'en effet un roulement établi entre
nos officiers coloniaux et nos officiers de
France serait funeste.
On ne se fait pas du jour au lendemain
à un climat étranger et à des moeurs nou-
velles.
Pour l'officier surtout, il faut un acclima-
tement moral qui demande du temps.
Ayons des officiers coloniaux rompus,
comme la plupart de ceux de l'infanterie de
marine, au service d'outre-mer, habitués à
vivre au milieu d'une population étrangère
qui nous semble peut-être étrange, mais
dont il faut comprendre les moeurs au lieu
de prétendre les réformer d'un seul coup
et en peu de temps, dont il faut respecter
même les préjugés, au lieu d'en rire et de
nous rendre ainsi détestables.
Ayons de officiers habitués au frottement
avec nos fonctionnaires civils et compre-
nant que chacun concourt au même but
par des voies différentes, des officiers sa-
chant bien qu'ils sont faits pour les colo-
nies et non les colonies faites pour eux, et
dès lors les malheureux conflits qui écla-
tent à chaque instant entre civils et mili-
taires, les haines qui peuvent naître au
cœur des indigènes, pour éclater plus tard
en révoltas, tout cela aura pris fin.
Lire à la seconde page « Le Krach
italien et le Crédit lyonnais. » -
hi-VOuTE A oloEiHt
Une scene de loLe furieuse. - Les
agents et la troupe. — L'ordre
rétabli. — Tout brisé.
Avant-hier dimanche, au moment du
repas du soir, les pensionnaires de la
Ire section de la 5e division de Bicêtre se
sont révoltés et une scène des plus étrange
s'est produite. Cest dans ce service que
sont internés quatorze fous furieux séques-
trés par ordre de la préfecture.
Profitant de l'ouverture de leur cage par
les gardiens qui ve taient apporter le repas
du soir, ces fous furieux se sont élancés au
dehors avec une furiè indesciiptible, cas-
sant, brisant tout sur leur passage et se-
mant la terreur dans l'hospice.
Aussitôt prévenu, le. directeur perdit
quelque temps à se demander ce qu'il fal-
lait laire. 11 se décida enfin à envoyer
chercher le commissaire de police de Uen-
Ully, M. Remongin, qui arriva immédiate-
ment avec plusieurs agents. Mais leur nom-
bre était insignifiant, et il n'é ait pas facile
de capturer ces pauvres diabies, qui cou-
raient. éperdus à travers les cours de Bi-
cêtre. Ce qui le prouve, c'est que deux gar-
diens ont été grièvement blessés.
L'un d'eux a eu le bras cassé.
Et pendant ce temps les tous des trois
autres divisions contemplaient cette scène
derrière leurs grillages, en poussant des
cris épouvantables.
Enfin, une compagnie du e de ligne dé-
tachée au fort de Bicêtre vient prêter
main forte aux agents de police. Baïonnette
au canon, les soldats gardent les issues tan-
dis que de leurs camarades arrosent les
fous a l'aide de tuyaux de pompes à incen-
die.
Ce moyen — la peur horrible de la dou-
che — semble réussir ; quelques fous rou-
lent à terre; ils sont aussitôt reconduits
tremblants da is leur cabanon par les sol-
dats, dont quelques-uns reçoivent des bles-
sures, sans gravité, d'ailleurs.
A six heures un quart, le calme était ré-
tabli dans l'hospice. Mais quel désordre
dans les cours et dans les salles: tous les
objets, effets, vaisse le, tables, tuyaux de
poéie, etc., tout ce qui a pu être atteint
était brisé, les morceaux épars gisant à
terre.
De mémoire d'homme pareille scène
ne s'était produite à Bicêtre.
UNE CURIOSITÉ AD.dll,IST nATIVE
Ce qu'a remarqué le maître de police.
- Le sexe dit féminin et le sexe dit
masculin.— Sous le", charmilles.
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 26 mai.
Comme curiosité, je vous envoie la der-
nière ordonnance du graud-maître de po-
lice de la ville d'Omsk (Sibérie occiden-
tale) :
a Depuis quelque temps, dit cette ordon-
nance, nous avons remarqué que les bon-
nes et femmes de chambre, en un mot les
domestiques qui appartiennent au sexe dit
féminin, sortent le soir quand il commence
à faire sombre, sorties qui prennent de
grandes proportions pendant la belle sai-
son, car nous avons remarqué que ledit
sexe féminin n'est jamais seul dans les bos-
quets qui ornent les places de la ville, ainsi
que dans les recoins sombres des rues,mais
toujours accompagné d'un autre sexe diffé-
rent du sexe fémiain et que nous appelons
vulgo sexe masculin.
» Là ils prennent des poses qui n'ont rien
de classique ni de plastique et qui offensent
gravement la morale et le bon Dieu lui-
même, qui doit être fort mécontent que
dea choses pareilles se passent sous le ciel
ouvert et sous ses yeux.
» Donc, au nom de la morale publique
et pour ne pas fâcher inutilement le bon
Dieu, nous ordonnons, au nom du Tsar,
que les gentilshommes, fonctionnaires et
marchands qui ont des domestiques du
sexe dit féminin ne les laissent pas sortir
le soir, quand le crépuscule commence;
dans le cas contraire, où chose pareille ar-
riverait, ce sont les maîtres de ce sexe dit
féminin qui seroert punis par nous pour
outrage public, atteinte à la morale et à la
reiigion, et 'tapage nocturne, n'importe
l'heure du jour où ce fait se produira, »
Après ccla, si la vertu et la morale des
habitants d'Omsk ne sont pas sauvegardées
c'est à désespérer du sexe dit féminin de
cette ville sibérienne.
CHRONIQUE
Il faut tout voir. Et c'est pourquoi j'ac-
compagnais hier, dans une tournée dans
l'enfer de Paris, dont les réalités dépas-
sent assurément les cycles tragiques de
l'Enfer du Dante, un homme pour qui
l'horrible, dans la grande ville de toutes
les splendeurs et de toutes les houes n'a
plus de secrets. Tandis que lui, que ses
fonctions appellent souvent dans ces mi-
lieux infâmes, interrogeait avec une im-
passibilité d'habitude, je pouvais dire,
comme le poète : « Et moi qui à regarder
me tenais attentif, je vis des âmes fan-
geuses dans ce bourbier. »
Les outranciers de pittoresque ont dé-
crit souvent les bouges de la rue Galande,
Je" Château-Rouge » et le «Père-Lunette »,
où le sinistre personnel des consomma-
teurs a fini par ressembler un peu à des
figurants, savamment recrutés pour l'é-
tonnement des curieux. Mais il existe là
un autre établissement dont la célébrité
n'a pas dépasse les ponts et qui est reste
le pur domaine d'une foule d'êtres bizar-
res et sordides : c'est un cabaret qui pré-
sente cette particularité que, formant un
long boyau, il est, avec ses doubles iseues,
comme un couloir entre la rue Galande
et la rue des Deux-Portes. Ces disposi -
tions sont appréciées par une clientèle
qui éprouve souvent le besoin de passer
très vivement d'une rue à l'autre.
Le décor n'offre rien de très hlXnaY-
comme on pense. Aux murs, gras et hu-
mides, sont pendues les pancartes tra-
ditionnelles, portant qu' «« on paye en
servant» et qu'il n'y a pas de consomma-
tions au-dessous de 16 centimes.
Là, à une table, devant un verre d'eau-
de-vie, est assise une grande créature,
aux cheveux très noirs, au nez écrasé,
comme par un coup de poing. Quel âge ?
On peut lui attribuer de quarante à cin-
quante ans. Il paraît qu'elle a vingt-huit
ans. Une hideuse tache de vin coupe la
moitié de son visage. On l'appelle du so-
briquet élégant de « la Limace". Elle est
repoussante, — et elle vit pourtant de
son corps, officiellement, étant dûment
en règle avec la police des mœurs. Pour
le moment, installée devant le verre de
tord-boyaux, elle parait songeuse, très
absorbée dans une rêverie. La rêverie de
la Limace ! qu'est-ce que cela peut
être?
Mon compagnon lui met la main sur
l'épaule, s'ainuse à la faire causer, après
m'avoir dit ; « Vous allez voir. » Elle aè
dresse d'instinct, en femme qui a eu af-
faire avee- l'autorité; puis, reconnaissant
celui qui lui parle, elle se rassied tran-
quillement, très à l'aise :
- Vous avez de ses nouvelles ? lui de-
mande-t-il.
— Oui, il est arrivé depuis deux mois.
Il paraît qu'il a des fièvres. C'est que
c'est loin, vous savez ! Et puis, ils ne sont
pas si bien nourris que ça (sic). Mais il
se conduit bien. On lui permet de m'é-
crire tous les mois. Je lui réponds, en
lui envoyant un peu de galletoase.
Il, c'est un affreux gredin, un ancien
ami de Gamahut qui, après avoir abrégé
les jours d'une vieille rentière en la frao-
pant sur la tête avec un marteau, a dû
abandonner le lucratif métier de soute-
neur qu'il exerçait avec honneur dans
le quartier Maubert.pour aller faire de la
colonisation malgré lui.
La Limace se tourne vers moi : « - Par-
bleu, vous le connaissez bien, il a fait as-
sez causer de lui. Pauvre chéri 1 En voilà
un qui n'a pas eu de chance. Ce que
c'est que les mauvaises connaissances.
Lui qui était doux comme un mou-
ton. »
Elle s'arrête un moment, attendrie,
sincèrement émue, puis, faisant claquer
son ongle sur ses dents : «—Pas plus de
méchanceté que ça 1 » Et, mise sur la
pente des souvenirs, elle ajoute : «Et
honnête, fort comme il l'était. Demandez
s'il est jamais rien arrivé aux. qui al-
laient avec moi ! » Et elle se déchaîne, fu-
rieuse, contre ses complices qui Font en
traîné, qui ont tout fait.
En veine de causerie, elle raconte la
nuit qui a sui vi le crime. « On ne se cou-
chait jamais avant deux heures du ma-
tin, n'est-ce pas?. » Un soir, vers neuf
heures,so n Julot vint la chercher sur le
trottoir : « Allons, oust! à la piaule, viens
te pagnioter. — Qu'est ce qu'il y a ? —
Ça ne te regarde pas. » Elle suit le misé-
rable qui tremble, qui a des sueurs
froides. « — T'es malade ? — Non, laisse-
moi! » Et il met la tête sous les draps,
ne pouvant s'endormir. Elle, fatiguée,
heureuse d'une nuit de congé, elle s'as-
soupit. Tout à coup, elle se réveille. Ju-
lot est debout sur le Jit, hagard, s'é-
criant : « Tiens, v'la la vieille qui entre.
oh ! la Butte !. J'vas me rendre ! »
La Limace le secoue, le raisonne, lui
demande ce qui se passe. — « Hein?
s'écrie Julot, j'ai parlé ? Qu'est-ce que
j'ai dit? Tais-toi ou je t'étrangle ! » Et il
se recroqueville dans le lit, se faisan
tout petit,ramassant les couvertures par-
dessus lui, comme pour ne pas « voir ».
Le lendemain matin, il questionne la
Limace, il exige qu'elle lui raconte tout
ce qui lui est échappé. Puis il part. Dans
l'après-midi il était « fait iy. En argot,
cela veut dire arrêté.
La Limace ne savait rien. Bien qu'elle
ait fait « du ballon » (de la prison) pour
cette affaire, elle fut reconnue inno-
cente.
Les malheurs de son « petit homme » ne
l'ont pas empêchée de lui demeurer
fidèle. En dépit des offres, elle ne lui a
pas donné de successeur. Elle exerce son
métier sans acolyte, et dans son monde,
on a un grand respect pour elle. Elle
songe à aller le rejoindre là-bas. « On
serait heureux comme des notaires »,
dit-elle. C'est le voyage qui l'inquiète un
peu, seulement ; et puis elle ne sait pas
comment s'y prendre pour obtenir l'au-
torisation. Mais elle ira, elle l'a proJ
mis. d'abord elle ne peut plus se pas-
ser de hii.
Mais un vieux sinistre, avec sa bouche
sans dents, vient s'asseoir près d'elle, et la
reluque, sans souci de notre présence.
Nous nous éloignons. La Limace doit
songer aux affaires. Si elle veut aller
retrouver Julot, il faut qu'elle « tra-
vaille ».
Dire que ça aime, ces créatures-là.
Ça aime !
Paul Ginisty.
LES
SOCIALISTES EN PRISON
A Vienne. — Les privilèges de Ga-
brielle Bompard. — La vermine
pénitentiaire. — Une enquête à
faire. — L'égalité devant
la loi.
Il nous revient de Vienne (Isère) que les
socialistes arrêtés à la suite des troubles
du 1er mai, sous l'inculpation fantastique
de nous ne savons plus quel prétendu
complot, sont soumis, en prison a un ré-
gime exceptionnellement rigoureux, pour
ne pas dire exceptionnellement cruel.
D'après les rac ntars qui circulent dans
la population ouvrière, la nourriture dis-
tribuée aux détenus consiste en : deux sou-
pes maigres par jour, parfois une goutte de
lait. Un point, c'est tout. Impossible, d'ail-
leurs, à ces-malheureux, qui, n'ayant pas mis
un seul huissier à malle, ne doivent évidem-
ment pas avoir - droit aux faveurs dont on
accable Gabrielle Bompard, d'acheter à la
cantine de quoi améliorer un tant soit peu
la pitance réglementaire : l'argent que leur
envoient leurs parents et leurs amis serait,
en effet, retenu au passage et ne parvien-
drait jamais à destination. Personne ne
doute qu'ils ne retrouventla somme iutacte
à leur sortie, après le procès : il sera bien
temps, en vérité!
On ajoute qu'ils couchent dans des sous-
sols humides, où foisonne la vermine.
Aussi, certains d'entre eux seraient-ils, à
ce qu'il parait, dans un état de santé dé-
plorable.
Qu'y a-t-il de réellement fondé dans ces
légendes ? Nous n'en savons rien, mais
c'est déjà trop qu'elles puissent circuler et
trouver créance dans la foule.
Il y a urgence à faire la lumière là-dessus
voire même à faire justice si, par hasard,
quelqucsemployés subalternes— car nous ne
voulons pas porter plus haut nos soupçons
— de l'administration pénitentiaire s'é-
taient permis des excès de zèie bientôt dé-
j générés en abus de pouvoir.
Personne ne songe à réclamer pour les
socialistes détenus les potages à la tortue
[ et les carpes à la Join ville de la Concier-
gerie, non plus que le tapis de haute lisse
de Clairvaux. Mais est modus in i-ebtts, ètsi,
dans notre pays de France, l'égalité devant
la loi pajratt condamnée à n'être jusqu'à
nouvel ordre qu'un mot vain et vide, ii ne
faut pas, au moins», que^ l'humanité, même
à l'ombre des prisons. d'Etat, y perde ja.
mais ses droits.
L'AMIRAL DUPERRÉ
Le plaidoyer du « Gaulois ». — Le
devoir d'un courtisan. — La fidélité
au malheur. — Duperré et
Jurien de la Gravière
Le Gaulois, qui aime les paradoxes, s'a-
venture à prendre ouvertement la défense
de l'amiral Duperré.
Le Gaulois trouve tout naturel qu'un
soldat ait justement choisi le moment aigu
de l'année terrible pour sacrifier le devoir
patriotique au devoir dynastique; il trouve
tout naturel qu'au lieu d'aller risquer sa
précieuse peau à côté de ses frères d'armes
qui combattaient héroïquement pour dé-
fendre la France envahie, il ait tenu à
continuer, dans la sécurité de l'exil, ses
services de courtisan auprès de l'impéra-
trice détrônée et proscrite. Pour un peu, il
lui ferait un titre de gloire de sa « fidélité'
au malheur ».
A l'opinion publique, juge en dernier res-
sort, de voir ai la fidélité, comme le reste, ne
doit pas avoir son opportunisme et son à-
propos, si la vertu la plus authentique ne
peut pas, suivant les circonstances, dégéné-
rer en une sorte de trahisoii, et si c'est un
mérite poar un officier d'avoir, en une
heur traaiaue et douloureuse, alors crue
l'ennemi foulait le soi national, préféré une
femme, - fût-ce même une femme « au-
guste » et malheureuse,— à la patrie ago-
nisante.
Il noue parait, en tout cas, que si « Char-
lot n, comme on l'appelle familièrement
dans la marine, était allé, comme les cama-
rades, affronter à son rang la mitraille
allemande qui allait bientôt pleuvoir sur
Paris, mieux encore qu'en restant à s'amu-
ser, loin du péril, dans les antichambres de
Chislehurst, il eut fait preuve de « fidé-
lité au malheur ».
Le cas de l'amiral Jurien de la Gravière
A prendre le Gaulois au mot, il faudrait
donc clouer au pilori et dénoncer comme
le plus odieux des ingrats l'amiral Jurien de
la Graviére,qui,lui aussi,avait été des fami-
liers des Tuileries, qui, lui aussi, était atta-
ché à l'empereur et a l'impératrice par les
liens du dévouement et de la reconnais-
sance, qui, lui aussi, après le U Séptembre,
crut ut voir rendre un hommage suprême
aux exiles, niais qui, estimant, dans sa
haute conscience ue l'honneur militaire.
que, quand le cation tonne, ce serait un
crime de, promener au-dejà des frontières
violées la « fidélité au malheur", n'hésita
pas quand même à mettre sou épée au ser-
vice du gouvernement de la Défense natio-
nale.
Il se peut que le Gaulois place de ce chef
dans son cœur l'amiral Duperré au-dessus
de l'amiral Jurien de la Graviére. Mais nous
doutons fortqu'ii yaitbeaucoup de Français,
à quelque parti qu'ils appartiennent, qui
consentent a souscrire à cette appréciation
impie; nous doutons fort surtout que l'im-
partiale histoire la ratifie jamais.
Babemus confitentem reum.
Au surplus, le Gaulois s'empresse d'a-
jouter, sponte sud, que l'amiral Duperré
avait renoncé de fait à la marine, pour res-
ter auprès des souverains en exil. Il sentait
donc lui-même que sa place n'était plus au
milieu de ceux qu'il avait si singulièrement
abandonnés au milieu du danger! Nous
n'avons jamais dit autre chose;
L'amiral Duperré avait eu, au surplus, -
c'est le Gaulois qui l'affirme, et nous de*
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