Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-05-25
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 25 mai 1890 25 mai 1890
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
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CINQ Centînies - Paris et Départements — CINQ Centimes
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Le président aux fêtes de Montpellier
MA-. ,
UN COMPLOT CONTRE LA RUSSIE
PANAMA
'Affaire de la rue des Mathurins
UN DRAME
A LA GARE SAINT-LAZARE
lltinuvrirc
Les questions sociales sont partout
à l'ordre du jour. En France, la Cham-
bre des députés est déjà saisie d'nne
masse considérable de projets et de
propositions de loi relatives aux ques-
tions ouvrières ; d'autres sont-annon-.
cées, et, toutes les fois qu'on s'exhorte
à écarter les discussions irritan-
tes sur les sujets qui peuvent divi-
ser, on conclut par une exhortation à
légiférer sur les conditions du travail.
Il y a même, à la Chambre, une com-
mission qui porte le titre de « com-
mission de réglementation du tra-
vail » et qui, sous prétexte de pro-
tection ouvrière, pretend en ce mo-
ment imposer le repos obligatoire d'un
jour par semaine. Une loi de 1816
avait déjà édicté cette obligation; elle
interdisait de travailler le dimanche.
Au nom de la liberté, cette loi a été
abrogée voici moins de dix ans. Au
nom du socialisme, on veut la réta-
blir aujourd'hui. Mais, pour échapper
au sôupçon de cléricalisme, on laisse
le jour de repos indéterminé.
En Allemagne, cette même préoccu-
pation des questions sociales se re-
trouve. La législation ouvrière n'est
pas moins en honneur au Reichstag
qu'au Palais-Bourbon; le gouverne-
ment impérial s'efforce d'enrayer par
le socialisme d'Etat les progrès des
idées socialistes. Il a pris l'initiative
de cette récente conférence dans la-
quelle les puissances ont été invitées à
examiner en commun les questions
ouvrières, et il n'est pas inutile de rap-
peler que, tout d'abord, on avait son-
gé à préparer dans cette conférence
une législation internationale du tra-
vail.
De leur côté, les ouvriers réclament
aussi l'intervention du législateur, et
c'est pour déterminer le législateur à
inscrire dans la loi des divers pays la
journée de travail de huit heures,qu'a
été conçue et faite la manifestation du
1er mai.
La tendance est donc presque géné-
rale. Le pouvoir législatif et le pouvoir
exécutif se montrent fort disposés à
intervenir dans la réglementation des
questions ouvrières, et non seulement
les ouvriers acceptent cette interven-
tion, mais ils la réclament et ils cher-
chent à la hâter lorsqu'elle tarde à se
produire.
Il convient cependant de faire une
exception. Les ouvriers anglais ne de-
mandent guère au Parlement de s'oc-
cuper de leurs affaires : ils sechargent
de les faire eux-mêmes. Depuis long-
temps ils ont constitué de puissantes
associations, et, au congrès interna-
tional des mineurs qui vient de s'ou-
vrir à Jolimont, en Belgique, M. Burt,
l'un des délégués anglais "et membre
de la Chambre des communes,pouvait
dire qu'il représentait SOO,000 mineurs
de la Grande-Bretagne, et que ces
associations « pouvaient probablement
apprendre quelque chose » à celles
qui tendent à se former sur le conti-
nent.
Le discours que M. Burt a pronon-
cé en ouvrant le congrès peut déjà,
par lui-même, apprendre beaucoup
de choses à ceux qui croient à l'effica-
cité de l'intervention de l'Etat et qui
sont disposés à s'imaginer qu'ils ne
Sauraient se passer de son contre-
seing sur la réglementation des
questions ouvrières. Parlant de la du-
rée de la journée de travail, M. Burt
a constaté qu'il n'y avait sur ce point
aucune divergence d'opinion. Tous les
délégués s'accordent à reconnaître
qu'il est nécessaire de diminuer le
nombre des heures de travail. Mais
les délégués anglais estiment que « les
ouvriers doivent faire leurs affaires
eux-mêmes et agir avec union, plutôt
que de compter sur l'intervention des
pouvoirs législatifs », et M. Burt
ajoute :
« Autant que je sache, la journée
de huit heures n'existe que là où
elle a été obtenue par l'association.
Si le principe de la journée de huit
heures était inscrit demain dans la
loi, il ne pourrait être mis en pratique
que dans les endroits où il y aurait
une association puissante et vigilante,
qui ferait appliquer la loi et la ren-
drait efficace. ri
Les grèves le délégué anglais ne les
condamne pas « sans restriction ie,
car elles sont, en dernier ressort, la
seule arme efficace ; mais c'est « une
arme à deux tranchants ",et de jeunes
sociétés qui s'y sont précipitées sans
réflexion « se sont trouvées dans une
situation pire qu'avant l'union. Dans
chaque cas particulier, elles auraient
dû essayer de régler les différends
par la conciliation et l'arbitrage. »
M. Burt ne s'est pas posé en péda-
gogue donnant des conseils ou des
instructions aux ouvriers. Il s'est con-
tenté d'exposer les opinions des ou-
vriers anglais, de montrer les résul-
tats qu'ils ont obtenus,et l'on peut dire
que la leçon ressort avec plus de vi-
gueur- que si elle avait été donnée sous
une forme plus prétentieuse. Il a rap-
pelé que les ouvriers anglais « sont
fermement opposés à toute espèce de
violences et d'illégalités, et que leurs
plus grandes victoires ont été gagnées
par la tribune et par la presse ».
Tout ce que, suivant M. Burt, les
ouvriers doivent demander aux Parle-
ments, « c'est de la loyauté, c'est de
mettre l'égalité dans les codes à la
place des privilèges », ce qui n'est
déjà pas peut-être une mince besogne,
et il a terminé ce discours essentielle-
ment pratique, dégagé de toutes les
utopies et de toutes les formules vides
de sens à l'aide desquelles on en-
traîne trop souvent les ouvriers,
par les conseils suivants : « Que les
travailleurs insistent partout pour ob-
tenir la liberté de la parole et le droit
de coalition; qu'ils aient confiance
dans la justice de leur cause; qu'ils
regardent comme leurs pires ennemis,
quels que soient les semblants d'ami-
tié qu'ils affectent, ceux qui leur con-
seillent d'user de menaces, de vio-
lences et de crimes. Ces conseils ne
sont pas seulement imprudents et fu-
nestes, mais, dans un pays libre, ils
sont extrêmement criminels et per-
vers. »
Si, dans les congrès ouvriers, de
telles paroles se faisaient souvent en-
tendre, il serait bien à souhaiter qu'il
s'en réunît souvent. Il est à désirer,
tout au moins, que les conseils de M.
Burt ne soient pas perdus et que les
ouvriers, instruits par l'exemple des
associations anglaises, s'habituent à
prendre eux-mêmes leurs intérêts en
main et à marcher vers une émanci-
pation complète, au lieu de toujours
accepter ou réclamer la tutelle de
l'Etat.
CONSPIRATION ANTI-RUSSE
La découverte du complot. — Cons-
pirateurs prussophiles.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 93 mai.
Le agents de la police secrète russe vien-
nent de découvrir à Berlin un complot
tramé contre le gouvernement impérial
de Russie et destiné à provoquer des trou-
bles dans les provinces baltiques. Le chef
de cette conspiration est le fameux Max
d'Oettingen, autrefois conseiller municipal
de Riga, et qui fut relégué par ordre du
tsar, à cause de ses tendances anti-
russes.
Le nombre des conspirateurs dépasse
deux cents; chaque vendredi ils tenaient
une réunion secrète dans une salle spéciale
du restaurant « Grosser Kurfürst » dans la
rue de Potsdam. C'est là que se trouvent
aussi leurs papiers, les statuts de l'associa-
tion, les pièces ayant trait à la conspiration,
1' M Album Balte », çù sont inscrits tous les
noms des membres de l'association.
Les principaux agitateurs sont, après
d'Oettingen, les deux frères Buchholtz,
dont un a dû fuir de Riga pour ne pas être
arrêté pour crime de haute trahison, et le
professeur Harnack, connu pour ses pam-
phlets contre la Russie et le tsar.
Ces conspirateurs étaient en relations
étroites avec le « Baltischer Hilfsverein »,
(Société baltique de secours) de Dresde qui,
sous ce nom, fait, au moyen d'agents se-
crets, de la propagande anti-russe et prus-
sophile dans les provinces baltiques.
Le gouvernement prussien vient d'être
informé par la Russie de l'existence de cette
société secrète, et on espère qu'il prendra
des mesures pour empêcher son fonction-
nement, qui pourrait jeter du froid dans
les relations de la Russie et de l'Alle-
magne.
TRAHISON D'UN EMPLOYE h OU EH
L'arrestation d'un Italien traître
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Gênes, 23 mai.
Voici le fait qui a motivé l'arrestation
d'un employé dé l'arsenal de la Spezzia :
Le nommé Mastacchi, dessinateur, avait
vendu pour 1,000 francs à un employé du
consulat allemand les plans de défense de
Gênes, qui furent envoyés à Berlin.
Le ministère allemand, après en avoir
pris connaissance, les renvoya au gouver-
nement italien en lui faisant connaître le
détournement commis.
UN ENFANT CUIT
Un remède d'empirique. — Parents
coupables.
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Angers, 33 mai.
Il vient de se passer dans une commune
voisine d'Angers un fait presque unique
dans les- annales judiciaires ou médi-
cales.
Un enfant de Saint-Lambert-la-Potherie,
âgé de treize ans, souffrait de rhumatismes;
sur les conseils d'un herboriste d'Angers,
les parents le ficelèrent nu dans une cou-
verture de laine, dans laquelle ils avaient
préalablement étendu une couche épaisse
de feuilles de lierre fortement chauffées au
four, et l'y laissèrent plusieurs heures. Une
heure après, l'enfant mourait cuit.
La justice est saisie.
VOYAGE PRESIDENTIEL
LE CENTENAIRE DE MONTPELLIER
D'Avignon à Montpellier. - Les ma-
nifestations de Nîmes. — Récep-
tions, discours et récompenses.
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Montpellier, 23 mai.
On ne perd pas de temps, quand on
voyage avec M. Carnot. -
Couchés à une heure passée, il faut être
prêts à partir à sept heures.
Nous allons tout d'abord assister à la
construction d'un pont de bateaux traver-
sant le Rhône. Les pontonniers sont d'une
agilité extraordinaire. En quelques minu-
tes le pont est établi ; le cortège le traverse
et aussitôt, à un signal donné par le clai-
ron, le pont se disloque en quelques mi-
nutes.
dy Nous reprenons le train à la gare du Pont
d'Avignon et, à huit heures et demie, nous
partons pour Nîmes. -
A Nîmes
Une heure après, nous arrivons dans la
cité de M. Numa Gilly. La foule encombre
les abords de la gare, acclamant le prési-
dent avant même qu'il ait paru.
Le préfet, M. Vatin, récemment nommé
préfet du Calvados et non encore installé,
les généraux Condren et Luzeux, les séna-
teurs et les députés du département, — à
l'exception toutefois de MM, de Ramel et
de Bernis — reçoivent M. Carnot sur le
quai de débarquement et le conduisent
dans la salle du buffet toute décorée pour
la circonstance.
M. Lucien Pascal, maire de Nîmes, et M.
Noblemaire, directeur de la compagnie
P.-L.-M., adressent quelques mots de bien-
venue au président de la République qui,
avant de partir, remet la croix de la Légion
d'honneur à M. Vernajoux, ingénieur de la
traction, et seize médailles, dont trois d'ar-
gent, à des agents et sous-agents de la com-
pagnie.
Le président sort de la gare et monte
dans une calèche attelée à la Daumont. Le
cortège se forme aussitôt et se met en mar-
che, tandis qu'un orchestre entonne la Mar-
seillaise.
Une foule considérable est massée le long
du parcours. Des : Vive Carnot 1 Vive la Ré-
publique ! éclatent de toutes parts, entre-
mêlés de quelques rares : Vive Numa
Gilly !
Remise de décorations
On se rend immédiatement à la préfec-
ture, où a lieu « la réception des auto-
rités ».
Là, nouveaux discours du maire, du pré-
sident de la cour d'appel, de l'évêque, du
pasteur protestant, et nouvelle distribu-
tion de récompenses:
M. Carnot remet la croix d'officier de la
Légion d'honneur à M. le commandant Bar-
rois du £ &a de ligne ; la croix de chevalier
à MM. Casai, conseiller général, et Augier,
capitaine au 55 de ligne ;
La médaille militaire à MM. Duval, ad-
judant au 55e de ligne, et de Chorniat, ad-
judant au 19e d'artillerie;
Les palmes académiques à MM. Grégoire,
vice-président du conseil de préfecture;
Prat, Dommergue, Morel, Gazel et Chatel,
membres du corps de l'enseignement;
Brunneaud, chef de bataillon au 556 de li-
gne ; Cormerois, architecte départemental;
Deffer, membre du bureau de bienfai-
sance ; Benoît, conseiller prud'homme ; Sa-
rus et Guérin;
La croix du Mérite agricole à MM. Bou-
zanquet, maire de Vauvert, Pose et Clerc,
agriculteurs, et une vingtaine de médailles
d'honneur.
Une délégation d'ingénieurs et de mi-
neurs de la Grand' Combe dont les ouvriers
n'ont pas pris part aux dernières grèves
vient ensuite saluer M. Carnot. Le président
remet des médailles d'honneur à huit d'en-
tre eux.
Pendant ce temps, M. Arrivière donne,
au nom du président de la République,
1,000 francs au bureau de bienfaisance,
500 francs aux hôpitaux et 300 francs au
nom de Mme Carnot pour l'œuvre des crè-
ches.
Plusieurs dames de la ville ont pris l'ini-
tiative d'offrir à Mme Carnot une collection
de panneaux sortant des plus grandes ma-
nufactures de tapisseries de Nîmes.
A midi, un superbe déjeuner était offert
par le président aux autorités civiles et
militaires, et à une heure précise, le cor-
tège se reformait pour la promenade à
travers la ville.
Aux Arènes
On a été tout d'abord aux Arènes, dont
les gigantesques assises, à-demi ruinées,
étaient garnies de plus de 30,000 specta-
teurs. Des applaudissements enthousiastes
éclatent à l'arrivée du cortège, tandis que
les membres de la société colombophile
l'Espérance font un lâcher monstre de 1,000
pigeons.
On va ensuite visiter l'hôpital et la
fameuse Maison Carrée, — cette gloire de
Nîmes. Entre temps, on inaugure une
nouvelle école professionnelle, et, dare
dare, on rentre à la gare.
Il est plus de deux heures et demie lors-
que le train présidentiel s'éloigne, recueil-
lant encore les échos des acclamations de
la foule.
De Nîmes à Montpellier, on s'arrête plu-
sieurs fois. A toutes les stations, — et no-
tamriient à Lunel, — la population était
accourue pour acclamer le président.
Le train reprend à Nîmes notre confrère
Berthôl-Graivii qui, hier, à Avignon, avait
failli être victime d'un grave accident. Un
cheval de gendarme, effrayé par les péta-
rades, avait renversé notre confrère qui a
été fortement contusionné.
Cet accident n'aura pas de suite et M.
Bcrthol-Graivil pourra continuer le voyage.
A Montpellier
Les rues sont magnifiquement décorées
et encombrées d'une foule énorme qui ac-
clame le président.
A son arrivée à la préfecture, M. Carnot
a reçu les délégués de France et des uni-
versités étrangères, puis, aux acclamations
de la foule, il a remis le drapeau de l'As-
sociation des étudiants.
Le président de l'Association, qui l'a reçu
était entouré par les bannières variées et
pittoresques que portaient, au nombre
d'une quarantaine, les étudiants étrangers,
venus de Russie, de Suisse, d'Angleterre,
des Etats-Unis, de Grèce, de Danemark, de
Suède, d'Italie, d'Espagne, de Belgique, de
Hollande, d'Autriche, de Portugal, de la
République argentine et de Bulgarie.
Plusieurs discours ont été prononcés: par
MM. Chancel, recteur de l'Académie, Croi-
zet, professeur de littérature grecque à
l'Université de Montpellier, Bourgeois, mi-
nistre de l'instruction publique, Gaudensi,
professeur à l'Université de Bologne, au
nom de l'Institut, Gréard, vice-recteur de
l'Académie de Paris, au nom des universi-
tés françaises, et Guy, président de l'Asso-
ciation des étudiants.
M. Carnot a répondu en disant que le
drapeau qu'il remettait aux étudiants se-
rait un nouveau garant de leur zèle au
travail et de leur dévouement à la patrie.
Le président de la République a décerné
à M. Guy les palmes d'officier d'académie.
La fête du sixième centenaire
Après la remise du drapeau a eu lieu la
cérémonie pour fêter le sixième centenaire
de l'Université de Montpellier
Cette cérémonie a eu lieu dans le jardin
public du Peyrou.
M. Carnot, les ministres et les invités ont
pris place sur une estrade entièrement re-
couverte de tentures blanches et rouges.
L'arrivée du président de la République
a été saluée par l'exécution d'un hymne à
la France, de M. de Bornier, musique de
M. Paladihle, par des bans plusieurs fois
répétés et par les cris de : Vive Carnot!
Vive la République!
Plusieurs discours ont été prononcés.
M. Croizet a fait l'historique de l'Univer-
sité de Montpellier. Il a terminé en disant
«qu'animée des sentiments d'un dévouement
commun au service des mêmes espérances,
cette vaillante jeunesse, désormais grou-
pée autour du drapeau qu'elle a reçu des
mains du chef de l'Etat, aidera àhonorer la
France devant l'Europe par des œuvres de
riri y*
M. Gandousi a parlé au nom des délégués
étrangers. Il a établi un parallèle entre
l'Université de droit de Bologne et l'Uni-
versité de médecine de Montpellier, et il
a terminé par ces mots:
« J'apporte au président de la Républi-
que,au nom des nombreux et illustres sa-
vants étrangers qui m'ont chargé d'être
leur interprète, l'expression de tout mon
respect et de toute ma reconnaissance. »
M. Gréard a rappelé que l'Université de
Montpellier ne compte pas moins de quar-
tiers de noblesse que celle de Paris, a évo-
qué les noms de ses professeurs et de ses
étudiants les plus célèbres.
« La part que pendant six cents ans l'U-
niversité de Montpellier a prise à ce grand
labeur de l'humanité pensante garantit
celle que lui réserve l'avenir. Puisse le sep-
tième centenaire, qui commence avec tant
d'éclat, lui apporter un nouveau surcroît
d'honneur et de prospérité ! »
M. Bourgeois, ministre de l'instruction
publique, a prononcé un long discours qui
a provoqué a diverses reprises, de la part
de l'auditoire, les plus vifs et les plus cha-
leureux applaudissements.
Après avoir remercié, au nom du gou-
vernement de la République, les étrangers
qui ont répondu au cordial appel de Mont-
pellier, M. lerniinistre a dit qu'il n'est pas
de fête humaine qui ait de signification plus
élevée que celle à. laquelle il assistait. L^
science universelle vient saluer ici un de
ses bercaux d'où depuis six siècles sont
sortis tant d'hommes d'étude qui ont laissé
de profonds souvenirs. - •
L'orateur a terminé en associant éloquem-
ment dans un même souvenir tous ceux
qui, pendant ces cinq siècles d'eflorts et de
luttes, ont, en concourant à l'éclat de cette
grande Université, bien mérité de leur pa-
trie.
Après la série des discours, des adresses
destinées à prendre place dans les archives
de l'Université de Montpellier ont été re-
mises par les délégués des Universités de
Berlin, Leipzig, Baltimore, Oxford, Prague,
Gand, Liège, Copenhague, Athènes, Ams-
terdam, Groningue, Leyde, Rome, Modène,
Bologne, Christiania, Coimbre, Helsingfors,
Upsal, Stockholm, Bâle, Berne, Lausanne,
Genève, Neufchâtel et Zurich.
Puis les délégués des étudiants étrangers
ont défilé devant le président de la Répu-
blique, qu'ils ont salué en inclinant leurs
bannières respectives.
Dernière heure
Banquet de onze cents couverts à l'hip-
podrome de Montpellier éclairé à l'électri-
cité.
Eloge de la jeunesse des universités par
M. Carnot, répondant à un toast du maire.
LE SÉNAT
Contre la récidive. — Une proposition
de M. Bérenger.
Le Sénat s'est occupé hier d'une intéres-
sante proposition de loi, qui a pour objet
l'aggravation progressive des peines en cas
de récidive et leur atténuation en cas de
premier délit.
M. Bérenger, qui est l'auteur de cette pro-
position en même temps qu'il en était le
rapporteur, a exposé, dans un long et inté-
ressant discours qui a été fort applaudi,
l'économie de la réforme dont il a pris
l'initiative, puis les avantages sociaux qu'on
est fondé à attendre de l'application de cette
réforme.
La récidive, en effet, va toujours crois-
sant chez nous, déterminant par là un pro-
grès inquiétant de la criminalité, laquelle
a presque triplé depuis cinquante ans. Une
action énergique devient donc nécessaire
de la part du législateur. Le moyen qui
paraît devoir être le meilleur, plus efficace
même que l'application dans tous les cas
de la loi de relégation, c'est d'aggraver pro-
gressivement la rigueur de la répression
pour les récidivistes endurcis, pour ceux
qui ne permettent plus d'espérer qu'on les
puisse ramener au bien.
Ces derniers devront être durement con-
damnés et soumis, de plus, dans les pri-
sons, à un régime particulièrement sévère.
On les isolera le plus possible, pour qu'ils
ne puissent corrompre des condamnés
pour fautes légères qu on juge encore pou-
voir rentrer dans la bonne voie. Ces der-
niers doivent être non seulement préservés
de tout contact funeste, mais encore béné-
ficier d'adoucissements qui faciliteront
dans bien des cas leur conversion. Il
pourrait même, pour ceux-ci, être sursis
pendant cinq ans a l'exécution de la peine,
et remise leur en serait faite si aucune faute
nouvelle n'avait été par eux commise pen-
daht ces cinq années.
Telle est la thèse qu'a exposée M. Béren-
ger. Après son discours, les articles de la
proposition ainsi que l'ensemble ont été
adoptés, sans discussion, en première lec-
ture.
Le Sénat est ensuite entré en vacances à
l'occasion de la Pentecôte. Comme la Cham-
bre, il tiendra sa première séance jeudi
prochain 99 mai.
CHRONIQUE
C'est demain la Pentecôte. Nos gami ne
C'est demain la Pentecôte. Nos gamins
vont sortir le samedi soir du lycée ; ils ne
rentreront, j'en ai peur, que le mardi, à
dix heures. Autrefois on n'avait que deux
jours de congé à la Pentecôte ; mais comme
à présent on leur en donne quinze à Pâ-
ques, huit de plus que nous n'avions de
notre temps, il est tout naturel que l'on
allonge aussi de vingt-quatre heures ce-
lui de la Pentecôte. Nos quarante jours
de grandes vacances se sont de même
changés en deux mois; je ne dis rien,
mais je ne puis m'empêcher de rire quand
on me parle de surmenage. Surmenés, ces
gaillards-là! Je vous jure qu'à part peut-
être ceux que le baccalauréat talonne, ils
en prennent fort à leur aise avec les
études et ne songent qu'à jouer, à faire
des niches au maître répétiteur, au pion,
comme ils disent.
Je disais tout à l'heure qu'ils vont sor-
tir; il y en aura de consignés. Car il n'y
a plus à cette heure que la consigne pour
les tenir, les petits gredins; et la plupart
des consignes sont données, non par le
professeur, qui a d'autres moyens d'ac-
tion, mais par le maître d'étude, ou plu-
tôt sur son rapport, puisque le maître
d'étude aujourd'hui est désarmé du drbit
d'infliger les punitions lui-même. Au
-fond, mes amis, ça revient toujours au
même.
C'est quelque chose d'mcomprehensi-
ble. Il faut qu'il y ait là-dedans un fait
d'atavisme. On ne peut pas obtenir de ces
sacrés petits polissons d'enfants qu'ils
aient pour le maître d'étude un brin de
respect ou de sympathie. Les jeunes gens
qui gouvernent les salles d'étude sont,
à Paris tout au moins, et dans les grands
lycées de province, des jeuues gens fort
bien élevés, très instruits, pourvus pres-
que tous de leur licence, qui ont besoin
de travailler pour eux-mêmes et qui ne
demanderaient qu'à vivre en bonne in-
telligence avec les écoliers. Ce seraient les
plus doux des hommes, si on les laissait
tranquilles. Car il leur est impossible de
piocher leur agrégation ou les travaux
d'érudition auxquels ils se livrent sans
un peu de silence. Ce n'est pas eux qui
s'en iraient réveiller le chat qui dort.
Le chat ne dort jamais.
— Mais, petits malheureux, dis-je à
ces petits enragés, vous ne pouvez pas
laisser ce jeune homme tranquille!
":"Mais.cest lui qui ne nous laisse pas
tranquilles! - -
—Je le ërois parbleu bien ! Vous ne
savez que faire pour le déranger, pour
l'agacer, pour lui faire perdre son temps
comme vous perdez le vôtre. Il faudrait
avoir la patience d'un saint pour y ré-
sister. Ah! quel dommage qu'on lui ait
enlevé le droit de vous allonger par-ci
par-là une bonne calotte ! Comme il doit
regretter, quelquefois les vieux us de
l'ancienne Université! Comme la main
doit lui démanger ! Il se défend comme
il peut; il signale votre nom au rap-
port. Mais c'est bien de votre faute;
car c'est vous qui commencez. Pourquoi
commences-tu ?
— Il faut bien faire comme les autres.
— Ah ! oilà le grand mot lâché. Il faut
bien faire comme les autres ! Mais, petit
misérable, si tu fais comme les autres,
c'est que les autres font comme toi. Et
pourquoi faites-vous les uns comme les
autres?
Quel intérêt, quel plaisir avez-vous à
taquiner un homme qui n'est là que pour
assurer à ceux qui veulent travailler la
liberté de le faire et pour les aider dans
ce travail ? Vous voilà bien avancés lors-
que au lieu de sortir comme les cama-
rades le dimanche, vous êtes obligés de
rester en punition dans la boite !
Et il n'ont d'autre agument à faire
valoir sinon que le maître d'étude, c'est
le pion, et que le pion, c'est l'ennemi. La
tradition est ainsi faite, on ne la chan-
gera pas.
Nos pions, puisque pions il y a, ne va-
laient pas de mon temps ceux d'aujour-
d'hui , il s'en faut de beaucoup. J'en
connu de fort vilains. Mais, diantre ! il y
avait alors dans les établissements d'ins-
truction publique une discipline très
sévère. Il ne fallait pas broncher. C'est
que toute mauvaise note se payait au
collège en retenues ou en pensums, et à
la maison paternelle, en gronderies et
parfois même en taloches.
J'ai vu, de mes yeux vu, tel père,grand
industriel, donner au parloir une jolie
danse à monsieur son fils, qui s'était
permis je ne sais quelle incartade déso-
bligeante pour le pion.
La famille commençait déjà à s'en aller;
mais on y gardait encore le sens de l'au-
torité ; on savait y maintenir le respect
de la hiérarchie. Elle venait donc au se-
cours du lycée. Elle le raille aujourd'hui,
ou si elle lui donne raison, c'est pour la
forme seulement ; l'enfant sait bien qu'il
est là le maitre et le roi de la maison.
Si vous croyez que je m'excepte ! Si vous
croyez qu'en étant navré de la veulerie
universelle, je ne suis pas outré de la
mienne ! Si vous croyez que je ne m'en
veux pas de notre faiblesse pour ces mé-
chants galopins ! Car enfin, s'ils traitent
leurs maîtres de si haut, c'est de notre
faute à nous, qui ne les avons pas pliés à
obéir. Ils ne nous respectent plus, ce n'est
pas pour respecter le pion.
Et il paraît que c'est pis encore dans les
petits lycées et dans les collèges de pro-
vince.
-Là, monsieur, me disait un maître ré-
pétiteur qui m'a paru être, à sa conver-
sation. un homme plein de sens, notre
clientèle se compose de deux sortes d'in-
ternes : :
Des enfants de paysans aisés à qui leurs
parents veulent faire donner une éduca-
tion qu'ils n'ont pas eue eux-mêmes ;
Ou des fils de riches industriels, dont
on voudrait bien faire des bacheliers,
mais qu'on envoie chez nous surtout poul
n'en plus avoir la responsabilité.
Les premiers arrivent au collège vers
l'âge de douze ou treize ans. Au bout d'un
certain temps ils ont, au frottement d'une
vie plus civilisée, acquis des manières
moins rudes, un langage plus correct, un
faux vernis de bourgeois. A la maison
paternelle, quand ils y reviennent, on les
regarde comme des êtres supérieurs, on
les consulte. Et eux, tout gonflés de va-
nité, ils traitent leurs parents du haut en
bas. Vous pensez ce qu'ils sont pour leurs
maîtres. Ce ne sont pas toujours de mau-
vais élèves; il en est qui travaillent; ils
veulent devenir clercs de notaire, élèves
pharmaciens, que sais-je ? Mais tous ont
pour le pion un profond mépris. Leur es-
prit est celui du paysan, du propriétaire
terrien. Quand leur ouvrier. je veux dire
quand leur maître est payé, ils ne lui doi-
vent plus rien. Les parents admirent le
futur monsieur; ils se taisent et laissent
faire.
Les fils des grands industriels apportent
au lycée les préjugés de leur classe. Ces
gros messieurs ont au cœur le mépris
des petites gens. Le maître d'étude, c'est
pour eux le fils de l'instituteur qu/ils re-
gardent du haut de leqr fortuné. L'en-
fant a hérité de ce dédain. Que ses notes
soient bonnes ou mauvaises, ij n'en aura -
pas moins son cheval aux vacances, il
Q 6n trouvera pas. moins dans le person*
aeJ-de. son père une foule de flatteurs
empressés à se plier à tous ses caprices.
Si vous comptez sur la famille pour
inspirer à ces gaillards-là le respect des
pions, vous comptez sans votre hôte. La
famille, voyez-vous, en province plus en-
core qu'à Paris, c'est le dissolvant de la
discipline et du respect.
Il n'y a plus, en France, qu'une école
de discipline, une école encore forte, bien
qu'elle soit battue de tou es parts en brè-
che: c'est l'école du régiment. Là, il n'y a
pas à dire : Cadet? mon bel ami. Il faut
obéir sans discussion, ou sinon, au bloc !
Le lycée, par malheur, s'est modelé non
sur le régiment, mais sur la famille.
Et voilà comme nos enfants sont en re-
tenue le jour de la Pentecôte.
Francisque Sarcey.
Le XIX" SIÈCLE ublira demain la
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
MORTE A CENT VINGT-CINQ AmS
Depuis Catherine II. - Le louis do
Napoléon Ier.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 23 mai.
Dans la ville de Samara vient de mourir
une femme, nommée Prygunkova, âgée de
cent vingt-cinq ans. Elle était très bien por-
tante et avait conservé toutes ses facultés ;
elle jouissait surtout d'une mémoire éton-
nante.
Elle se rappelait la grande insurrection
de Pougatscheff, sous 1 impératrice Cathe-
rine II, et que deux cents rebelles furent
pendus sur la grande place de Samara.
Pendant l'invasion de Napoléon Ier en
Russie, elle était à Smolensk, et c'est elle
qui avait servi un jour à déjeuner, à l'em-
pereur, des œufs avec de la viande « cuita
a la mode française M, comme elle racon-
tait volontiers.
Jusqu'à sa mort, elle a gardé un louis de
vingt francs à l'effigie de Napoléon 1er, que
celui-ci lui avait donné.
Son fils, le plus jeune, qui vit encore et a
quatre-vingt-dix-huit ans, se rend chaque
année dans le monastère de Potschajeff, en
Volhynie, où il soigne les ruches et le?
abeilles pour les moines de ce couvent.
h PANAMA,
DEUXIÈME FASCICULE
DU RAPPORT
Exposé. — Etudes géo ogiques. — Les
tremblements de terre. —Conclusion.
La commision d'étude instituée par I<
liquidateur de la Compagnie du canal d(
Panama vient de publier le deuxième fas-
cicule de son rapport.
D'après les indications primitives, on
s'attendait à ce que la commission abor-
dât, dans ce nouveau travail, le rapport
technique sur le canal à écluses.
A la surprise générale, elle nous entre-
tient de la description géologique des ter-
rains traversés par le canal.
Cette étude n'est cependant pas sans in-
térêt.
La commission débute en faisant, dans
les termes suivants, l'exposé de l'utilité de
son travail :
Utilité du travail
« L'un des résultats les plus immédiatSt
» et non le moins important, de la mission
» envoyée dans l'isthme par le liquidateur
» a été de fournir des données certaines
» sur la constitution géologique du terrain
» dans lequel doit être creusé le canal, sur
» la nature des roches à entamer et sur les
» ressources que peut trouver le construc-
» teur dans les fouilles mêmes ou à proxi
» mité des chantiers.
» Ces renseigaements ne sont pas com.
» plets; l'état des lieux ne permettait pas
» de tout voir, et les recherches nécessaires
» pour arriver à la connaissance complète
ip de certaines parties profondes du terrain
» exigeaient une durée plus longue que
» celle de l'existence même de la commis-
» sion d'étude. Mais, sauf ces réserves, la
» délégation qui a visité l'isthme a pu rap-
» porter de très utiles renseignements.
y Les constatations qu'il lui a été donné
» de faire avaient un double intérêt :
» D'une part, le prix des travaux devait
» dépendre à un haut degré de la nature
» des roches rencontrées : Dures et de
» bonne tenue, elles coûtaient cher d'exca-
» vation, mais offraient, par contre, une
a assiette sûre, et économique par consé-
» quent, pour les travaux d'art ; tendres et
» de mauvaise tenue, elles s'entamaient à
» bas prix, mais exigeaient des talus moins
» raides, un plus grand entretien, don-
» naient moins de sécurité et forçaient à
» assurer la stabilité des ouvrages d'art au
» moyen de l'emploi de masses considéra-* -
» bles de maçonnerie. ;
» D'autre part, l'existence ou l'absenca.
CINQ Centînies - Paris et Départements — CINQ Centimes
DM ANCHE 85 MAT1890
1- lui
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Le président aux fêtes de Montpellier
MA-. ,
UN COMPLOT CONTRE LA RUSSIE
PANAMA
'Affaire de la rue des Mathurins
UN DRAME
A LA GARE SAINT-LAZARE
lltinuvrirc
Les questions sociales sont partout
à l'ordre du jour. En France, la Cham-
bre des députés est déjà saisie d'nne
masse considérable de projets et de
propositions de loi relatives aux ques-
tions ouvrières ; d'autres sont-annon-.
cées, et, toutes les fois qu'on s'exhorte
à écarter les discussions irritan-
tes sur les sujets qui peuvent divi-
ser, on conclut par une exhortation à
légiférer sur les conditions du travail.
Il y a même, à la Chambre, une com-
mission qui porte le titre de « com-
mission de réglementation du tra-
vail » et qui, sous prétexte de pro-
tection ouvrière, pretend en ce mo-
ment imposer le repos obligatoire d'un
jour par semaine. Une loi de 1816
avait déjà édicté cette obligation; elle
interdisait de travailler le dimanche.
Au nom de la liberté, cette loi a été
abrogée voici moins de dix ans. Au
nom du socialisme, on veut la réta-
blir aujourd'hui. Mais, pour échapper
au sôupçon de cléricalisme, on laisse
le jour de repos indéterminé.
En Allemagne, cette même préoccu-
pation des questions sociales se re-
trouve. La législation ouvrière n'est
pas moins en honneur au Reichstag
qu'au Palais-Bourbon; le gouverne-
ment impérial s'efforce d'enrayer par
le socialisme d'Etat les progrès des
idées socialistes. Il a pris l'initiative
de cette récente conférence dans la-
quelle les puissances ont été invitées à
examiner en commun les questions
ouvrières, et il n'est pas inutile de rap-
peler que, tout d'abord, on avait son-
gé à préparer dans cette conférence
une législation internationale du tra-
vail.
De leur côté, les ouvriers réclament
aussi l'intervention du législateur, et
c'est pour déterminer le législateur à
inscrire dans la loi des divers pays la
journée de travail de huit heures,qu'a
été conçue et faite la manifestation du
1er mai.
La tendance est donc presque géné-
rale. Le pouvoir législatif et le pouvoir
exécutif se montrent fort disposés à
intervenir dans la réglementation des
questions ouvrières, et non seulement
les ouvriers acceptent cette interven-
tion, mais ils la réclament et ils cher-
chent à la hâter lorsqu'elle tarde à se
produire.
Il convient cependant de faire une
exception. Les ouvriers anglais ne de-
mandent guère au Parlement de s'oc-
cuper de leurs affaires : ils sechargent
de les faire eux-mêmes. Depuis long-
temps ils ont constitué de puissantes
associations, et, au congrès interna-
tional des mineurs qui vient de s'ou-
vrir à Jolimont, en Belgique, M. Burt,
l'un des délégués anglais "et membre
de la Chambre des communes,pouvait
dire qu'il représentait SOO,000 mineurs
de la Grande-Bretagne, et que ces
associations « pouvaient probablement
apprendre quelque chose » à celles
qui tendent à se former sur le conti-
nent.
Le discours que M. Burt a pronon-
cé en ouvrant le congrès peut déjà,
par lui-même, apprendre beaucoup
de choses à ceux qui croient à l'effica-
cité de l'intervention de l'Etat et qui
sont disposés à s'imaginer qu'ils ne
Sauraient se passer de son contre-
seing sur la réglementation des
questions ouvrières. Parlant de la du-
rée de la journée de travail, M. Burt
a constaté qu'il n'y avait sur ce point
aucune divergence d'opinion. Tous les
délégués s'accordent à reconnaître
qu'il est nécessaire de diminuer le
nombre des heures de travail. Mais
les délégués anglais estiment que « les
ouvriers doivent faire leurs affaires
eux-mêmes et agir avec union, plutôt
que de compter sur l'intervention des
pouvoirs législatifs », et M. Burt
ajoute :
« Autant que je sache, la journée
de huit heures n'existe que là où
elle a été obtenue par l'association.
Si le principe de la journée de huit
heures était inscrit demain dans la
loi, il ne pourrait être mis en pratique
que dans les endroits où il y aurait
une association puissante et vigilante,
qui ferait appliquer la loi et la ren-
drait efficace. ri
Les grèves le délégué anglais ne les
condamne pas « sans restriction ie,
car elles sont, en dernier ressort, la
seule arme efficace ; mais c'est « une
arme à deux tranchants ",et de jeunes
sociétés qui s'y sont précipitées sans
réflexion « se sont trouvées dans une
situation pire qu'avant l'union. Dans
chaque cas particulier, elles auraient
dû essayer de régler les différends
par la conciliation et l'arbitrage. »
M. Burt ne s'est pas posé en péda-
gogue donnant des conseils ou des
instructions aux ouvriers. Il s'est con-
tenté d'exposer les opinions des ou-
vriers anglais, de montrer les résul-
tats qu'ils ont obtenus,et l'on peut dire
que la leçon ressort avec plus de vi-
gueur- que si elle avait été donnée sous
une forme plus prétentieuse. Il a rap-
pelé que les ouvriers anglais « sont
fermement opposés à toute espèce de
violences et d'illégalités, et que leurs
plus grandes victoires ont été gagnées
par la tribune et par la presse ».
Tout ce que, suivant M. Burt, les
ouvriers doivent demander aux Parle-
ments, « c'est de la loyauté, c'est de
mettre l'égalité dans les codes à la
place des privilèges », ce qui n'est
déjà pas peut-être une mince besogne,
et il a terminé ce discours essentielle-
ment pratique, dégagé de toutes les
utopies et de toutes les formules vides
de sens à l'aide desquelles on en-
traîne trop souvent les ouvriers,
par les conseils suivants : « Que les
travailleurs insistent partout pour ob-
tenir la liberté de la parole et le droit
de coalition; qu'ils aient confiance
dans la justice de leur cause; qu'ils
regardent comme leurs pires ennemis,
quels que soient les semblants d'ami-
tié qu'ils affectent, ceux qui leur con-
seillent d'user de menaces, de vio-
lences et de crimes. Ces conseils ne
sont pas seulement imprudents et fu-
nestes, mais, dans un pays libre, ils
sont extrêmement criminels et per-
vers. »
Si, dans les congrès ouvriers, de
telles paroles se faisaient souvent en-
tendre, il serait bien à souhaiter qu'il
s'en réunît souvent. Il est à désirer,
tout au moins, que les conseils de M.
Burt ne soient pas perdus et que les
ouvriers, instruits par l'exemple des
associations anglaises, s'habituent à
prendre eux-mêmes leurs intérêts en
main et à marcher vers une émanci-
pation complète, au lieu de toujours
accepter ou réclamer la tutelle de
l'Etat.
CONSPIRATION ANTI-RUSSE
La découverte du complot. — Cons-
pirateurs prussophiles.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 93 mai.
Le agents de la police secrète russe vien-
nent de découvrir à Berlin un complot
tramé contre le gouvernement impérial
de Russie et destiné à provoquer des trou-
bles dans les provinces baltiques. Le chef
de cette conspiration est le fameux Max
d'Oettingen, autrefois conseiller municipal
de Riga, et qui fut relégué par ordre du
tsar, à cause de ses tendances anti-
russes.
Le nombre des conspirateurs dépasse
deux cents; chaque vendredi ils tenaient
une réunion secrète dans une salle spéciale
du restaurant « Grosser Kurfürst » dans la
rue de Potsdam. C'est là que se trouvent
aussi leurs papiers, les statuts de l'associa-
tion, les pièces ayant trait à la conspiration,
1' M Album Balte », çù sont inscrits tous les
noms des membres de l'association.
Les principaux agitateurs sont, après
d'Oettingen, les deux frères Buchholtz,
dont un a dû fuir de Riga pour ne pas être
arrêté pour crime de haute trahison, et le
professeur Harnack, connu pour ses pam-
phlets contre la Russie et le tsar.
Ces conspirateurs étaient en relations
étroites avec le « Baltischer Hilfsverein »,
(Société baltique de secours) de Dresde qui,
sous ce nom, fait, au moyen d'agents se-
crets, de la propagande anti-russe et prus-
sophile dans les provinces baltiques.
Le gouvernement prussien vient d'être
informé par la Russie de l'existence de cette
société secrète, et on espère qu'il prendra
des mesures pour empêcher son fonction-
nement, qui pourrait jeter du froid dans
les relations de la Russie et de l'Alle-
magne.
TRAHISON D'UN EMPLOYE h OU EH
L'arrestation d'un Italien traître
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Gênes, 23 mai.
Voici le fait qui a motivé l'arrestation
d'un employé dé l'arsenal de la Spezzia :
Le nommé Mastacchi, dessinateur, avait
vendu pour 1,000 francs à un employé du
consulat allemand les plans de défense de
Gênes, qui furent envoyés à Berlin.
Le ministère allemand, après en avoir
pris connaissance, les renvoya au gouver-
nement italien en lui faisant connaître le
détournement commis.
UN ENFANT CUIT
Un remède d'empirique. — Parents
coupables.
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Angers, 33 mai.
Il vient de se passer dans une commune
voisine d'Angers un fait presque unique
dans les- annales judiciaires ou médi-
cales.
Un enfant de Saint-Lambert-la-Potherie,
âgé de treize ans, souffrait de rhumatismes;
sur les conseils d'un herboriste d'Angers,
les parents le ficelèrent nu dans une cou-
verture de laine, dans laquelle ils avaient
préalablement étendu une couche épaisse
de feuilles de lierre fortement chauffées au
four, et l'y laissèrent plusieurs heures. Une
heure après, l'enfant mourait cuit.
La justice est saisie.
VOYAGE PRESIDENTIEL
LE CENTENAIRE DE MONTPELLIER
D'Avignon à Montpellier. - Les ma-
nifestations de Nîmes. — Récep-
tions, discours et récompenses.
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Montpellier, 23 mai.
On ne perd pas de temps, quand on
voyage avec M. Carnot. -
Couchés à une heure passée, il faut être
prêts à partir à sept heures.
Nous allons tout d'abord assister à la
construction d'un pont de bateaux traver-
sant le Rhône. Les pontonniers sont d'une
agilité extraordinaire. En quelques minu-
tes le pont est établi ; le cortège le traverse
et aussitôt, à un signal donné par le clai-
ron, le pont se disloque en quelques mi-
nutes.
dy Nous reprenons le train à la gare du Pont
d'Avignon et, à huit heures et demie, nous
partons pour Nîmes. -
A Nîmes
Une heure après, nous arrivons dans la
cité de M. Numa Gilly. La foule encombre
les abords de la gare, acclamant le prési-
dent avant même qu'il ait paru.
Le préfet, M. Vatin, récemment nommé
préfet du Calvados et non encore installé,
les généraux Condren et Luzeux, les séna-
teurs et les députés du département, — à
l'exception toutefois de MM, de Ramel et
de Bernis — reçoivent M. Carnot sur le
quai de débarquement et le conduisent
dans la salle du buffet toute décorée pour
la circonstance.
M. Lucien Pascal, maire de Nîmes, et M.
Noblemaire, directeur de la compagnie
P.-L.-M., adressent quelques mots de bien-
venue au président de la République qui,
avant de partir, remet la croix de la Légion
d'honneur à M. Vernajoux, ingénieur de la
traction, et seize médailles, dont trois d'ar-
gent, à des agents et sous-agents de la com-
pagnie.
Le président sort de la gare et monte
dans une calèche attelée à la Daumont. Le
cortège se forme aussitôt et se met en mar-
che, tandis qu'un orchestre entonne la Mar-
seillaise.
Une foule considérable est massée le long
du parcours. Des : Vive Carnot 1 Vive la Ré-
publique ! éclatent de toutes parts, entre-
mêlés de quelques rares : Vive Numa
Gilly !
Remise de décorations
On se rend immédiatement à la préfec-
ture, où a lieu « la réception des auto-
rités ».
Là, nouveaux discours du maire, du pré-
sident de la cour d'appel, de l'évêque, du
pasteur protestant, et nouvelle distribu-
tion de récompenses:
M. Carnot remet la croix d'officier de la
Légion d'honneur à M. le commandant Bar-
rois du £ &a de ligne ; la croix de chevalier
à MM. Casai, conseiller général, et Augier,
capitaine au 55 de ligne ;
La médaille militaire à MM. Duval, ad-
judant au 55e de ligne, et de Chorniat, ad-
judant au 19e d'artillerie;
Les palmes académiques à MM. Grégoire,
vice-président du conseil de préfecture;
Prat, Dommergue, Morel, Gazel et Chatel,
membres du corps de l'enseignement;
Brunneaud, chef de bataillon au 556 de li-
gne ; Cormerois, architecte départemental;
Deffer, membre du bureau de bienfai-
sance ; Benoît, conseiller prud'homme ; Sa-
rus et Guérin;
La croix du Mérite agricole à MM. Bou-
zanquet, maire de Vauvert, Pose et Clerc,
agriculteurs, et une vingtaine de médailles
d'honneur.
Une délégation d'ingénieurs et de mi-
neurs de la Grand' Combe dont les ouvriers
n'ont pas pris part aux dernières grèves
vient ensuite saluer M. Carnot. Le président
remet des médailles d'honneur à huit d'en-
tre eux.
Pendant ce temps, M. Arrivière donne,
au nom du président de la République,
1,000 francs au bureau de bienfaisance,
500 francs aux hôpitaux et 300 francs au
nom de Mme Carnot pour l'œuvre des crè-
ches.
Plusieurs dames de la ville ont pris l'ini-
tiative d'offrir à Mme Carnot une collection
de panneaux sortant des plus grandes ma-
nufactures de tapisseries de Nîmes.
A midi, un superbe déjeuner était offert
par le président aux autorités civiles et
militaires, et à une heure précise, le cor-
tège se reformait pour la promenade à
travers la ville.
Aux Arènes
On a été tout d'abord aux Arènes, dont
les gigantesques assises, à-demi ruinées,
étaient garnies de plus de 30,000 specta-
teurs. Des applaudissements enthousiastes
éclatent à l'arrivée du cortège, tandis que
les membres de la société colombophile
l'Espérance font un lâcher monstre de 1,000
pigeons.
On va ensuite visiter l'hôpital et la
fameuse Maison Carrée, — cette gloire de
Nîmes. Entre temps, on inaugure une
nouvelle école professionnelle, et, dare
dare, on rentre à la gare.
Il est plus de deux heures et demie lors-
que le train présidentiel s'éloigne, recueil-
lant encore les échos des acclamations de
la foule.
De Nîmes à Montpellier, on s'arrête plu-
sieurs fois. A toutes les stations, — et no-
tamriient à Lunel, — la population était
accourue pour acclamer le président.
Le train reprend à Nîmes notre confrère
Berthôl-Graivii qui, hier, à Avignon, avait
failli être victime d'un grave accident. Un
cheval de gendarme, effrayé par les péta-
rades, avait renversé notre confrère qui a
été fortement contusionné.
Cet accident n'aura pas de suite et M.
Bcrthol-Graivil pourra continuer le voyage.
A Montpellier
Les rues sont magnifiquement décorées
et encombrées d'une foule énorme qui ac-
clame le président.
A son arrivée à la préfecture, M. Carnot
a reçu les délégués de France et des uni-
versités étrangères, puis, aux acclamations
de la foule, il a remis le drapeau de l'As-
sociation des étudiants.
Le président de l'Association, qui l'a reçu
était entouré par les bannières variées et
pittoresques que portaient, au nombre
d'une quarantaine, les étudiants étrangers,
venus de Russie, de Suisse, d'Angleterre,
des Etats-Unis, de Grèce, de Danemark, de
Suède, d'Italie, d'Espagne, de Belgique, de
Hollande, d'Autriche, de Portugal, de la
République argentine et de Bulgarie.
Plusieurs discours ont été prononcés: par
MM. Chancel, recteur de l'Académie, Croi-
zet, professeur de littérature grecque à
l'Université de Montpellier, Bourgeois, mi-
nistre de l'instruction publique, Gaudensi,
professeur à l'Université de Bologne, au
nom de l'Institut, Gréard, vice-recteur de
l'Académie de Paris, au nom des universi-
tés françaises, et Guy, président de l'Asso-
ciation des étudiants.
M. Carnot a répondu en disant que le
drapeau qu'il remettait aux étudiants se-
rait un nouveau garant de leur zèle au
travail et de leur dévouement à la patrie.
Le président de la République a décerné
à M. Guy les palmes d'officier d'académie.
La fête du sixième centenaire
Après la remise du drapeau a eu lieu la
cérémonie pour fêter le sixième centenaire
de l'Université de Montpellier
Cette cérémonie a eu lieu dans le jardin
public du Peyrou.
M. Carnot, les ministres et les invités ont
pris place sur une estrade entièrement re-
couverte de tentures blanches et rouges.
L'arrivée du président de la République
a été saluée par l'exécution d'un hymne à
la France, de M. de Bornier, musique de
M. Paladihle, par des bans plusieurs fois
répétés et par les cris de : Vive Carnot!
Vive la République!
Plusieurs discours ont été prononcés.
M. Croizet a fait l'historique de l'Univer-
sité de Montpellier. Il a terminé en disant
«qu'animée des sentiments d'un dévouement
commun au service des mêmes espérances,
cette vaillante jeunesse, désormais grou-
pée autour du drapeau qu'elle a reçu des
mains du chef de l'Etat, aidera àhonorer la
France devant l'Europe par des œuvres de
riri y*
M. Gandousi a parlé au nom des délégués
étrangers. Il a établi un parallèle entre
l'Université de droit de Bologne et l'Uni-
versité de médecine de Montpellier, et il
a terminé par ces mots:
« J'apporte au président de la Républi-
que,au nom des nombreux et illustres sa-
vants étrangers qui m'ont chargé d'être
leur interprète, l'expression de tout mon
respect et de toute ma reconnaissance. »
M. Gréard a rappelé que l'Université de
Montpellier ne compte pas moins de quar-
tiers de noblesse que celle de Paris, a évo-
qué les noms de ses professeurs et de ses
étudiants les plus célèbres.
« La part que pendant six cents ans l'U-
niversité de Montpellier a prise à ce grand
labeur de l'humanité pensante garantit
celle que lui réserve l'avenir. Puisse le sep-
tième centenaire, qui commence avec tant
d'éclat, lui apporter un nouveau surcroît
d'honneur et de prospérité ! »
M. Bourgeois, ministre de l'instruction
publique, a prononcé un long discours qui
a provoqué a diverses reprises, de la part
de l'auditoire, les plus vifs et les plus cha-
leureux applaudissements.
Après avoir remercié, au nom du gou-
vernement de la République, les étrangers
qui ont répondu au cordial appel de Mont-
pellier, M. lerniinistre a dit qu'il n'est pas
de fête humaine qui ait de signification plus
élevée que celle à. laquelle il assistait. L^
science universelle vient saluer ici un de
ses bercaux d'où depuis six siècles sont
sortis tant d'hommes d'étude qui ont laissé
de profonds souvenirs. - •
L'orateur a terminé en associant éloquem-
ment dans un même souvenir tous ceux
qui, pendant ces cinq siècles d'eflorts et de
luttes, ont, en concourant à l'éclat de cette
grande Université, bien mérité de leur pa-
trie.
Après la série des discours, des adresses
destinées à prendre place dans les archives
de l'Université de Montpellier ont été re-
mises par les délégués des Universités de
Berlin, Leipzig, Baltimore, Oxford, Prague,
Gand, Liège, Copenhague, Athènes, Ams-
terdam, Groningue, Leyde, Rome, Modène,
Bologne, Christiania, Coimbre, Helsingfors,
Upsal, Stockholm, Bâle, Berne, Lausanne,
Genève, Neufchâtel et Zurich.
Puis les délégués des étudiants étrangers
ont défilé devant le président de la Répu-
blique, qu'ils ont salué en inclinant leurs
bannières respectives.
Dernière heure
Banquet de onze cents couverts à l'hip-
podrome de Montpellier éclairé à l'électri-
cité.
Eloge de la jeunesse des universités par
M. Carnot, répondant à un toast du maire.
LE SÉNAT
Contre la récidive. — Une proposition
de M. Bérenger.
Le Sénat s'est occupé hier d'une intéres-
sante proposition de loi, qui a pour objet
l'aggravation progressive des peines en cas
de récidive et leur atténuation en cas de
premier délit.
M. Bérenger, qui est l'auteur de cette pro-
position en même temps qu'il en était le
rapporteur, a exposé, dans un long et inté-
ressant discours qui a été fort applaudi,
l'économie de la réforme dont il a pris
l'initiative, puis les avantages sociaux qu'on
est fondé à attendre de l'application de cette
réforme.
La récidive, en effet, va toujours crois-
sant chez nous, déterminant par là un pro-
grès inquiétant de la criminalité, laquelle
a presque triplé depuis cinquante ans. Une
action énergique devient donc nécessaire
de la part du législateur. Le moyen qui
paraît devoir être le meilleur, plus efficace
même que l'application dans tous les cas
de la loi de relégation, c'est d'aggraver pro-
gressivement la rigueur de la répression
pour les récidivistes endurcis, pour ceux
qui ne permettent plus d'espérer qu'on les
puisse ramener au bien.
Ces derniers devront être durement con-
damnés et soumis, de plus, dans les pri-
sons, à un régime particulièrement sévère.
On les isolera le plus possible, pour qu'ils
ne puissent corrompre des condamnés
pour fautes légères qu on juge encore pou-
voir rentrer dans la bonne voie. Ces der-
niers doivent être non seulement préservés
de tout contact funeste, mais encore béné-
ficier d'adoucissements qui faciliteront
dans bien des cas leur conversion. Il
pourrait même, pour ceux-ci, être sursis
pendant cinq ans a l'exécution de la peine,
et remise leur en serait faite si aucune faute
nouvelle n'avait été par eux commise pen-
daht ces cinq années.
Telle est la thèse qu'a exposée M. Béren-
ger. Après son discours, les articles de la
proposition ainsi que l'ensemble ont été
adoptés, sans discussion, en première lec-
ture.
Le Sénat est ensuite entré en vacances à
l'occasion de la Pentecôte. Comme la Cham-
bre, il tiendra sa première séance jeudi
prochain 99 mai.
CHRONIQUE
C'est demain la Pentecôte. Nos gami ne
C'est demain la Pentecôte. Nos gamins
vont sortir le samedi soir du lycée ; ils ne
rentreront, j'en ai peur, que le mardi, à
dix heures. Autrefois on n'avait que deux
jours de congé à la Pentecôte ; mais comme
à présent on leur en donne quinze à Pâ-
ques, huit de plus que nous n'avions de
notre temps, il est tout naturel que l'on
allonge aussi de vingt-quatre heures ce-
lui de la Pentecôte. Nos quarante jours
de grandes vacances se sont de même
changés en deux mois; je ne dis rien,
mais je ne puis m'empêcher de rire quand
on me parle de surmenage. Surmenés, ces
gaillards-là! Je vous jure qu'à part peut-
être ceux que le baccalauréat talonne, ils
en prennent fort à leur aise avec les
études et ne songent qu'à jouer, à faire
des niches au maître répétiteur, au pion,
comme ils disent.
Je disais tout à l'heure qu'ils vont sor-
tir; il y en aura de consignés. Car il n'y
a plus à cette heure que la consigne pour
les tenir, les petits gredins; et la plupart
des consignes sont données, non par le
professeur, qui a d'autres moyens d'ac-
tion, mais par le maître d'étude, ou plu-
tôt sur son rapport, puisque le maître
d'étude aujourd'hui est désarmé du drbit
d'infliger les punitions lui-même. Au
-fond, mes amis, ça revient toujours au
même.
C'est quelque chose d'mcomprehensi-
ble. Il faut qu'il y ait là-dedans un fait
d'atavisme. On ne peut pas obtenir de ces
sacrés petits polissons d'enfants qu'ils
aient pour le maître d'étude un brin de
respect ou de sympathie. Les jeunes gens
qui gouvernent les salles d'étude sont,
à Paris tout au moins, et dans les grands
lycées de province, des jeuues gens fort
bien élevés, très instruits, pourvus pres-
que tous de leur licence, qui ont besoin
de travailler pour eux-mêmes et qui ne
demanderaient qu'à vivre en bonne in-
telligence avec les écoliers. Ce seraient les
plus doux des hommes, si on les laissait
tranquilles. Car il leur est impossible de
piocher leur agrégation ou les travaux
d'érudition auxquels ils se livrent sans
un peu de silence. Ce n'est pas eux qui
s'en iraient réveiller le chat qui dort.
Le chat ne dort jamais.
— Mais, petits malheureux, dis-je à
ces petits enragés, vous ne pouvez pas
laisser ce jeune homme tranquille!
":"Mais.cest lui qui ne nous laisse pas
tranquilles! - -
—Je le ërois parbleu bien ! Vous ne
savez que faire pour le déranger, pour
l'agacer, pour lui faire perdre son temps
comme vous perdez le vôtre. Il faudrait
avoir la patience d'un saint pour y ré-
sister. Ah! quel dommage qu'on lui ait
enlevé le droit de vous allonger par-ci
par-là une bonne calotte ! Comme il doit
regretter, quelquefois les vieux us de
l'ancienne Université! Comme la main
doit lui démanger ! Il se défend comme
il peut; il signale votre nom au rap-
port. Mais c'est bien de votre faute;
car c'est vous qui commencez. Pourquoi
commences-tu ?
— Il faut bien faire comme les autres.
— Ah ! oilà le grand mot lâché. Il faut
bien faire comme les autres ! Mais, petit
misérable, si tu fais comme les autres,
c'est que les autres font comme toi. Et
pourquoi faites-vous les uns comme les
autres?
Quel intérêt, quel plaisir avez-vous à
taquiner un homme qui n'est là que pour
assurer à ceux qui veulent travailler la
liberté de le faire et pour les aider dans
ce travail ? Vous voilà bien avancés lors-
que au lieu de sortir comme les cama-
rades le dimanche, vous êtes obligés de
rester en punition dans la boite !
Et il n'ont d'autre agument à faire
valoir sinon que le maître d'étude, c'est
le pion, et que le pion, c'est l'ennemi. La
tradition est ainsi faite, on ne la chan-
gera pas.
Nos pions, puisque pions il y a, ne va-
laient pas de mon temps ceux d'aujour-
d'hui , il s'en faut de beaucoup. J'en
connu de fort vilains. Mais, diantre ! il y
avait alors dans les établissements d'ins-
truction publique une discipline très
sévère. Il ne fallait pas broncher. C'est
que toute mauvaise note se payait au
collège en retenues ou en pensums, et à
la maison paternelle, en gronderies et
parfois même en taloches.
J'ai vu, de mes yeux vu, tel père,grand
industriel, donner au parloir une jolie
danse à monsieur son fils, qui s'était
permis je ne sais quelle incartade déso-
bligeante pour le pion.
La famille commençait déjà à s'en aller;
mais on y gardait encore le sens de l'au-
torité ; on savait y maintenir le respect
de la hiérarchie. Elle venait donc au se-
cours du lycée. Elle le raille aujourd'hui,
ou si elle lui donne raison, c'est pour la
forme seulement ; l'enfant sait bien qu'il
est là le maitre et le roi de la maison.
Si vous croyez que je m'excepte ! Si vous
croyez qu'en étant navré de la veulerie
universelle, je ne suis pas outré de la
mienne ! Si vous croyez que je ne m'en
veux pas de notre faiblesse pour ces mé-
chants galopins ! Car enfin, s'ils traitent
leurs maîtres de si haut, c'est de notre
faute à nous, qui ne les avons pas pliés à
obéir. Ils ne nous respectent plus, ce n'est
pas pour respecter le pion.
Et il paraît que c'est pis encore dans les
petits lycées et dans les collèges de pro-
vince.
-Là, monsieur, me disait un maître ré-
pétiteur qui m'a paru être, à sa conver-
sation. un homme plein de sens, notre
clientèle se compose de deux sortes d'in-
ternes : :
Des enfants de paysans aisés à qui leurs
parents veulent faire donner une éduca-
tion qu'ils n'ont pas eue eux-mêmes ;
Ou des fils de riches industriels, dont
on voudrait bien faire des bacheliers,
mais qu'on envoie chez nous surtout poul
n'en plus avoir la responsabilité.
Les premiers arrivent au collège vers
l'âge de douze ou treize ans. Au bout d'un
certain temps ils ont, au frottement d'une
vie plus civilisée, acquis des manières
moins rudes, un langage plus correct, un
faux vernis de bourgeois. A la maison
paternelle, quand ils y reviennent, on les
regarde comme des êtres supérieurs, on
les consulte. Et eux, tout gonflés de va-
nité, ils traitent leurs parents du haut en
bas. Vous pensez ce qu'ils sont pour leurs
maîtres. Ce ne sont pas toujours de mau-
vais élèves; il en est qui travaillent; ils
veulent devenir clercs de notaire, élèves
pharmaciens, que sais-je ? Mais tous ont
pour le pion un profond mépris. Leur es-
prit est celui du paysan, du propriétaire
terrien. Quand leur ouvrier. je veux dire
quand leur maître est payé, ils ne lui doi-
vent plus rien. Les parents admirent le
futur monsieur; ils se taisent et laissent
faire.
Les fils des grands industriels apportent
au lycée les préjugés de leur classe. Ces
gros messieurs ont au cœur le mépris
des petites gens. Le maître d'étude, c'est
pour eux le fils de l'instituteur qu/ils re-
gardent du haut de leqr fortuné. L'en-
fant a hérité de ce dédain. Que ses notes
soient bonnes ou mauvaises, ij n'en aura -
pas moins son cheval aux vacances, il
Q 6n trouvera pas. moins dans le person*
aeJ-de. son père une foule de flatteurs
empressés à se plier à tous ses caprices.
Si vous comptez sur la famille pour
inspirer à ces gaillards-là le respect des
pions, vous comptez sans votre hôte. La
famille, voyez-vous, en province plus en-
core qu'à Paris, c'est le dissolvant de la
discipline et du respect.
Il n'y a plus, en France, qu'une école
de discipline, une école encore forte, bien
qu'elle soit battue de tou es parts en brè-
che: c'est l'école du régiment. Là, il n'y a
pas à dire : Cadet? mon bel ami. Il faut
obéir sans discussion, ou sinon, au bloc !
Le lycée, par malheur, s'est modelé non
sur le régiment, mais sur la famille.
Et voilà comme nos enfants sont en re-
tenue le jour de la Pentecôte.
Francisque Sarcey.
Le XIX" SIÈCLE ublira demain la
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
MORTE A CENT VINGT-CINQ AmS
Depuis Catherine II. - Le louis do
Napoléon Ier.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 23 mai.
Dans la ville de Samara vient de mourir
une femme, nommée Prygunkova, âgée de
cent vingt-cinq ans. Elle était très bien por-
tante et avait conservé toutes ses facultés ;
elle jouissait surtout d'une mémoire éton-
nante.
Elle se rappelait la grande insurrection
de Pougatscheff, sous 1 impératrice Cathe-
rine II, et que deux cents rebelles furent
pendus sur la grande place de Samara.
Pendant l'invasion de Napoléon Ier en
Russie, elle était à Smolensk, et c'est elle
qui avait servi un jour à déjeuner, à l'em-
pereur, des œufs avec de la viande « cuita
a la mode française M, comme elle racon-
tait volontiers.
Jusqu'à sa mort, elle a gardé un louis de
vingt francs à l'effigie de Napoléon 1er, que
celui-ci lui avait donné.
Son fils, le plus jeune, qui vit encore et a
quatre-vingt-dix-huit ans, se rend chaque
année dans le monastère de Potschajeff, en
Volhynie, où il soigne les ruches et le?
abeilles pour les moines de ce couvent.
h PANAMA,
DEUXIÈME FASCICULE
DU RAPPORT
Exposé. — Etudes géo ogiques. — Les
tremblements de terre. —Conclusion.
La commision d'étude instituée par I<
liquidateur de la Compagnie du canal d(
Panama vient de publier le deuxième fas-
cicule de son rapport.
D'après les indications primitives, on
s'attendait à ce que la commission abor-
dât, dans ce nouveau travail, le rapport
technique sur le canal à écluses.
A la surprise générale, elle nous entre-
tient de la description géologique des ter-
rains traversés par le canal.
Cette étude n'est cependant pas sans in-
térêt.
La commission débute en faisant, dans
les termes suivants, l'exposé de l'utilité de
son travail :
Utilité du travail
« L'un des résultats les plus immédiatSt
» et non le moins important, de la mission
» envoyée dans l'isthme par le liquidateur
» a été de fournir des données certaines
» sur la constitution géologique du terrain
» dans lequel doit être creusé le canal, sur
» la nature des roches à entamer et sur les
» ressources que peut trouver le construc-
» teur dans les fouilles mêmes ou à proxi
» mité des chantiers.
» Ces renseigaements ne sont pas com.
» plets; l'état des lieux ne permettait pas
» de tout voir, et les recherches nécessaires
» pour arriver à la connaissance complète
ip de certaines parties profondes du terrain
» exigeaient une durée plus longue que
» celle de l'existence même de la commis-
» sion d'étude. Mais, sauf ces réserves, la
» délégation qui a visité l'isthme a pu rap-
» porter de très utiles renseignements.
y Les constatations qu'il lui a été donné
» de faire avaient un double intérêt :
» D'une part, le prix des travaux devait
» dépendre à un haut degré de la nature
» des roches rencontrées : Dures et de
» bonne tenue, elles coûtaient cher d'exca-
» vation, mais offraient, par contre, une
a assiette sûre, et économique par consé-
» quent, pour les travaux d'art ; tendres et
» de mauvaise tenue, elles s'entamaient à
» bas prix, mais exigeaient des talus moins
» raides, un plus grand entretien, don-
» naient moins de sécurité et forçaient à
» assurer la stabilité des ouvrages d'art au
» moyen de l'emploi de masses considéra-* -
» bles de maçonnerie. ;
» D'autre part, l'existence ou l'absenca.
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