Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-04-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 avril 1890 26 avril 1890
Description : 1890/04/26 (A19,N6676). 1890/04/26 (A19,N6676).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560215d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
IDix-nouviéme année. - NI, 8,676 CINQ Centimes - Paris et Départements - CINQ Centimes SAMEDI 26 AVRIL 1890
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JOURNAL RÉPUBLICAIN
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TRES PROCHAINEMENT
Le XIX- SIÈCLE
Publiera un grand roman-feuilleton
Inédit, spécialement écrit pour ses
lecteurs.
Protégés le la Droite
La circulaire que le comité central
de l'Union libérale vient d'adresser à
ses adhérents n'est pas faite pour
changer l'opinion que nous avons déjà
exprimée sur les intentions de ce
groupe. Il veut donner des satisfac-
tions à la Droite ; il veut l'aider dans
la poursuite de quelques-uns de ses
desiderata. Puis, quand il lui aura
donné ce gage de bonne volonté, il se
retournera vers les réactionnaires de
la Chambre et il leur dira : « Vous
voyez bien que vos préventions n'é-
taient pas justifiées et que vos ran-
cunes vous égaraient. Vous devez être
convaincus, maintenant, que nous
sommes d'accord avec vous. Aidez-
nous à prendre le pouvoir et nous
gouvernerons à votre gré. Nous ferons
vos affaires mieux que vous ne les fe-
riez vous-mêmes. »
L'Union libérale n'a même pas at-
tendu d'être au pouvoir pour faire les
affaires de la Droite, et le passage le
plus saillant de sa circulaire est celui
où elle engage ses adhérents à soute-
nir "certains candidats rattachés aux
opinions de droite par leur passé, qui
ne formulent pas de profession de foi
politique", Cette gracieuseté valait
bien un remerciement. Le comité con-
servateur n'a pas manqué aux règles
de la courtoisie, et, dans sa circulaire
d'hier, on lit ces lignes : « Un certain
nombre de candidats rattachés aux
opinions de gauche par leur passé se
présentent sans formuler de profes-
sion de foi politique. Ils se déclarent
les adversaires de l'intolérance en
matière religieuse ; ils se séparent
des radicaux et les combattent. A dé-
faut de candidat conservateur, le co-
mité engage ses amis à voter pour
eux. y»
De part et d'autre, c'est la théorie
du drapeau dans la poche que l'on
approuve. Tous les républicains ont
dénoncé à maintes reprises la manœu-
vre des monarchistes, dissimulant
dans tous les scrutins leurs opinions
politiques pour faire seulement éta-
lage de leurs opinions conservatrices,
et nous avons un vague souvenir que
le Journal des Débats lui-même a par-
fois flétri ces procédés — à une épo-
que, il est vrai, ou l'Union libérale
n'était pas encore inventée. Aujour-
d'hui, c'est l'Union libérale qui exhorte
les réactionnaires à cacher leurs opi-
nions politiques et qui leur promet ses
suffrages en récompense de leur dis-
simulation. L'Union libérale affecte
de croire que la politique n'a aucun
rôle à jouer au conseil municipal, et
c'est l'argument qu'elle invoque pour
justifier son langage. Est-ce que l'U-
nion conservatrice ignore que le re-
nouvellement des sénateurs de la
Seine aura lieu dans six mois et que
les conseillers municipaux de Paris
prendront part deux fois à cette élec-
tion, en élisant d'abord des délégués
sénatoriaux comme conseillers muni-
cipaux et en votant eux-mêmes com-
me conseillers généraux ? Et si elle le
sait, peut-elle soutenir que les hom-
mes « rattachés aux opinions de
droite », comme M. Ferdinand Duval,
voteront pour des candidats républi-
cains ?
Du côté des réactionnaires comme
de celui de l'Union libérale, on pré-
tend qu'il s'agit d'arracher Paris à la
domination tyrannique d'une admi-
nistration sectaire, et c'est le thème
que l'on développe sans relâche. Sous
cette dénomination, les monarchistes
comprennent à peu près tous les ré-
publicains. Quant à l'Union libérale,
elle affecte de déclarer la guerre aux
« radicaux autonomistes ». Mais ce
n'est qu'une apparence. Si l'on vou-
lait fournir aux modérés un moyen de
secouer l'oppression sous laquelle on
gémit de les voir écrasés, il faudrait
leur donner partout le moyen de bri-
ser leurs fers, il faudrait prendre ses
dispositions pour qu'une majorité
conservatrice pût se former dans le
prochain conseil. Or, l'Union libérale
présente quinze candidats et l'Union
conservatrice aussi quinze candidats.
Comme, dans deux quartiers, il y a à
la fois un candidat libéral et un can-
didat conservateur, ces trente candi-
dats ne peuvent aspirer qu'à occuper
vingt-huit sièges. Dans une assemblée
de quatre-vingts membres, ils sont
donc réduits à n'être jamais qu'une
minorité. -'
Si l'on examine les deux listes, on
voit en outre que la plupart de ces
candidats se présentent dans les quar-
tiers dont les conseillers sortants n'ap-
partiennent pas à l'opinion « radicale
autonomiste ». On engage la lutte con-
tre les hommes qui ont fait preuve
d'une certaine modération, qui n'ont
pas fait de politique au conseil muni-
cipal. C'est leur modération relative
qui leur vaut d'être combattus, parce
qu'on pense que les quartiers qui les
avaient nommés ne comptent pas une
majorité d'électeurs" radicaux auto-
nomistes » et que, par conséquent, on
y a quelques chances de succès. Quant
aux quartiers qui ont élu des « radi-
caux autonomistes », ni la Droite ni
l'Union libérale ne s'y aventurent.
Elles les abandonnent à leur mal-
heureux sort, et les modérés qui
les habitent ont le choix entre les
deux termes de ce dilemme : ou
s'abstenir, ou porter leurs voix sur
les boulangistes, dont les promesses
se confondent en quelques points
avec celles de l'Union libérale et des
réactionnaires. Cette dernière solution
n'est pas pour effrayer les conserva-
teurs,auxquels il est arrivé plus d'une
fois de voter pour les boulangistes et
même de les préférer à des conserva-
teurs comme M. Cochin. La première
convient mieux aux hommes de l'U-
nion libérale qui, par haine du radi-
calisme, ont laissé passer M. Naquet
dans le cinquième arrondissement.
Mais les deux solutions arrivent au
même but. L'Union libérale comme les
conservateurs comptent sur les bou-
langistes pour compléter la majorité.
Le Soleil a déjà eu la franchise de re-
commander certains d'entre eux aux
suffrages de ses amis. L'Union libérale
est moins franche : elle feint une ver-
tueuse indignation contre la pensée
d'entrer dans la coalition. Du reste,ce
qu'elle laisse voir de ses intentions suf-
fit. Elle jette la division parmi les ré-
publicains et elle fait ouvertement les
affaires de la Droite. C'en est assez
pour caractériser ses sentiments ré-
publicains.
Le « XIXe Siècle » publiera demain la 1
a Chronique » par M. Francisque Sarcey.
ENTRE DOUANIER ALLEMAND
ET DOUANIERS FRANÇAIS
Un douanier allemand en goguette. -
Par la fenêtre. — Une enquête
ouverte.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Metz, SA avril.
Des indiscrétions venues de l'autre côté
de la frontière,sur le fait d'une violation de
territoire commise par un douanier alle-
mand, viennent de provoquer, de la part
de l'administration, une enquête qui abou-
tira vraisemblablement à la révocation du
coupable.
Voici les faits :
Un douanier de service sur les bords de
la Seille, en Lorraine, s'était avisé, la se-
maine dernière, de franchir ce petit cours
d'eau, qui sert de démarcation frontière,
pour se rendre dans l'auberge la plus voi-
sine, s'y désaltérer.
Pendant qu'il se faisait servir, son fusil
entre les jambes, survinrent deux doua-
niers français qui, au lieu d'expulser leur
collègue, lui déclarèrent qu'il était leur
hôte. Aussi se mit-on à boire gaiement, en
parlant politique. Il faut supposer que
douaniers français et douanier allemand
n'avaient pas les JUêmes opinions, car la
discussion s'envenima et le douanier alle-
mand voulut ponctuer ses arguments à
l'aide de voies de fait. Ses interlocuteurs,
indignés, lui ripostèrent de la même fa-
çon et, finalement, le jetèrent par la fenê-
tre, Huste au moment ou deux gendar-
mes arrivaient. Ceux-ci n'ont pas jugé
devoir dresser procès-verbal, le douanier
allemand ayant disparu. Tant bien que
mal, et absolument ivre, il était parvenu à
retourner sur le territoire allemand, lais-
sant à l'auberge sabre et fusil qui lui ont
été restitués le lendemain.
Aujourd'hui, le douanier victime de cette
mésaventure est suspendu de ses fonctions.
L'histoire amuse beaucoup ici.
PERQUISITIONS A TROYES
Le i er mai. — Chez les ouvriers.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Troyes, SA avril.
Les préliminaires de la journée du 1er mai
ont commencé à Troyes aujourd'hui. Ce
matin, à onze heures, le parquet a opéré
des perquisitions à la Bibliothèque popu-
laire, lieu de réunion des socialistes, et
chez les citoyens Corgeron, Pedron et Ro-
zier, ouvriers.
A la bibliothèque, on a saisi des copies
de lettres et des papiers divers ; au domi-
cile des trois personnes susnommées, on a
saisi des papiers et des registres concernant
les comités.
Ces procédés ont provoqué en ville une
surprise et une émotion considérables.
BATAILLES DANS LA RUE
Deux manifestations qui se battent. -
Nombreux blessés.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Chicago, flh avril.
L'Union des charpentiers faisait hier soir
une manifestation dans la rue. Les mani-
festants ont rencontré une autre manifes-
tation. En moins de deux minutes, les
deux troupes en sont venues aux mains,
et il en est résulté une lutte des plus sé-
rieuses.
La police est venue séparer les combat-
tants, mais n'a pu y parvenir sans engager
une nouvelle lutte, dans laquelle il y a eu
de nombreux blessés.
Deux officiers ont dû être portés à l'hô-
pital.
Une cinquantaine d'arrestations ont été
opérées.
On croit que ce n'est là que le commen-
cement de désordres plus graves,
LE DAHOMEY
ÉVACUATION NÉCESSAIRE
Investissement de Kotonou. — La mau-
vaisè foi de l'administration des
colonies. — Six mois de blocus.
, L'expédition de Wyddah. —
La captivité de M. Bayol
à Abomey.
Le mois dernier, seul dans la presse, le
X/Xe Siècle annonça que Kotonou était cer-
né par plusieurs milliers d'hommes du
Dahomey.
Immédiatement, l'administration cen-
trale des colonies, qui venait d'interdire
toute communication télégraphique avec la
côte, nous donna un démenti avec la mau-
vaise foi qui est la caractéristique de toute
expédition du genre de celle qu'elle tentait
et à laquelle elle est loin de renoncer, mal-
gré les déboires déjà essuyés et les avertis-
sements de l'opinion publique, qui se mon-
tre absolument réfractaire à une marche
militaire sur Abomey. -
Lorsque le sous-secrétaire d'Etat des co-
lonies fut appelé à s'expliquer à la tribune
de la Chambre sur l'expédition projetée, il
déclara qu'il n'y avait aucune crainte à
avoir, que les troupes à la disposition de
M. Bayol étaient plus que suffisantes pour
avoir raison du roi Kongor.
Depuis lors, 600 hommes ont été envoyés
du Sénégal à Kotonou. M. Bayol a été rap-
pelé, le blocus de la côte dénoncé, et sans
les cinq navires de guerre placés sous les
orqres du commandrit Fournier, Kotonou
serait assiégé. Nos canonnières seules tien-
nent à distance de la place les hordes de
Kongor. C'est ce que M. Etienne appelle
avoir raison de ce dernier.
Légéreté et insouciance
La vérité est, lorsque cette question fut
posée à la Chambre, que personne ne con-
naissait un traître mot de cette affaire, qui
a été engagée avec une légèreté, une in-
souciance sans pareilles. Jamais le cabinet
n'avait été appelé à délibérer sur une si-
tuation inconnue de tous les ministres.
M. Tirard, auquel il faut remonter pour
connaître exactement l'origine et les cau-
ses de l'expédition du Dahomey, ne s'oc-
cupait point des colonies, bien qu'il en fût
le ministre responsable. Il se reposait de
ce soin sur M. Etienne qui, lui-même, s'en
décharge sans doute sur un chef de divi-
sion quelconque, lequel s'en rapporte à
son tour à un chef de bureau, qui a
toute confiance dans un commis-expédi-
tionnaire.
L'examen des faits qui ont amené cette
nouvelle guerre coloniale, qui coûtera à la
France 60 millions et un millier d'hommes,
sans accroître ses ressources, car nous
abandonnerons le Dahomey comme les
Anglais ont évacué le pays des Ashantees,
est la condamnation de l'expédition proje-
tée.
Retour en arrière
Depuis nombre d'années, notre protecto-
rat sur la côte du Dahomey dépend de l'ad-
ministration du Sénégal, et rien n'entra-
vait les transactions commerciales qu'en-
tretenaient sur cette côte trois maisons (te
Marseille qui avaient avec les autorités de
l'intérieur les meilleurs rapports. La poli-
tique ne jouait aucun rôle dans leurs af-
faires et chacun s'en trouvait bien.
L'année dernière, il plut au sous-secré-
taire d'Etat, pour des raisons restées inex-
pliquées, de déclarer l'autonomie adminis-
trative de notre protectorat de la côte du
Dahomey, et d'autoriser le lieutenant-gou-
verneur, M. Bayol, de correspondre direc-
tement avec l'administration centrale des
colonies à Paris.
Perdant ainsi le contre-poids si utile
qu'il trouvait auprès des autorités de Saint-
Louis du Sénégal fort au courant des
questions de la côte occidentale d'Afrique,
et n'ayant plus qu'à s'adresser aux autori-
tés de la rue Royale absolument ignoran-
tes des véritables intérêts de nos colonies,
M. Bayol, dont l'indépendance n'était plus
dès lors contrôlée, fut désireux de ne pas
rester confiné sur une langue de terre pla-
cée entre la mer et des lagunes. C'était
tout son domaine qu'il voulut naturelle-
ment agrandir.
Il profita d'une razzia opérée par les gens
du Dahomey sur des noirs dépendant plus
ou moins du territoire de Porto-Novo, po til-
demander à M. Etienne l'autorisation de
faire des représentations aux autorités d'A-
bomey. Gléglé, le roi défunt, les laissa sans
réponse.
Réception. nègre
M. Bayol résolut alors de se rendre à Abo-
mey, résidence du roi, à cinquante lieues
dans les terres. M. Etienne y consentit. Ce
que devait amener ce voyage, on le sait
aujourd'hui ; mais ce qu'on ignore, c'est la
façon dont M. Bayol et l'administrateur co-
lonial qui l'accompagnait furent reçus.
Après quelques pourparlers qui n'amenè-
rent aucun résultat, M. Bayol comprit qu'il
s'était jeté dans un guêpier dont il fallait
sortir a tout prix. Il était trop tard.
Les vexations commencèrent. Nos com-
patriotes étaient devenus des jouets entre les
mains de ces noirs féroces, aucune humi-
liation ne leur fut épargnée. Le compagnon
de M. Bayol se vit forcé de danser devant
le roi.
Leur vie était chaque jour menacée. A
force de concessions, qui constituent une
véritable renonciation de notre part aux
avantages que nous concèdent des traités
antérieurs, M. Bayol put quitter Abomey.
Le voyage de retour fut une fuite.
Telles sont les causes dont devait sortir la
guerre. Rien ne fut pressenti, rien n'a été
ordonné. Tout a été laissé au hasard, au-
cune conséquence n'a été prévue. Pour un
peu, M. Bayol subissait à Abomey le sort du
commandant Rivière à Hanoï.
Dès son retour à la côte, M. Bayol de-
manda des renforts. Pourquoi, si ce n'est
la conséquence de son voyage à Abomey?
Les Dahoméens, en vertu de conventions
aussi récentes qu'ignorées, allaient donc
venir prendre possession des points que
nous occupions sur la côte? Toujours est-il
que A00 hommes quittèrent précipitamment
le Sénégal à destination de Kotonou.
Ce qu'on n'a pas dit
C'est alors que M. Etienne fit à la tribune
de la Chambre la déclaration que l'on sait.
Mais ce qu'il n'a pas dit, c'est que le Daho-
mey est inhabitable, que le pays est impra-
ticable jusqu'au mois de septembre, épo-
que à laquelle il sera seulement possible
d'entreprendre une expédition dans l'inté-
rieur, si tant est que la Chambre com-
mette la folie de voter une intervention
militaire,
Mais, aussitôt arrivé à Abomey, il faudra
abandonner cette bourgade environnée de
marais pestilentiels,et évacuer le pays con-
quis,qui redeviendra inhabitabledèsle mois
de décembre. C'est donc seulement en pc-
tobre et novembre qu'une marche militaire
pourrait être entreprise. Jusque-là il n'y a
rien à faire qu'à se repentir des lourdes
fautes commises si imprudemment par une
administration coloniale à la tête de la-
quelle sont des gens dont le moindre dé-
faut est de ne connaître aucune de nos pos-
sessions.
Le premier soin du conseil des ministres
a donc été, dès qu'il a connu la situation et
les ordres donnés imprudemment par M.
Etienne ou ses sous-ordres, de confier au
ministère de la marine la direction d'opé-
rations militaires engagées avec une si cou-
pable légèreté, que des ordres partis du ca-
binet du sous-secrétaire d'Etat il résultait,
sans que personne se soit préoccupé de l'é-
poque de la saison si fatale à nos soldats et
des dépenses qu'une expédition exigerait,
que non seulement l'état de guerre avec le
Dahomey était déclaré, mais encore que la
marche de nos troupes sur Wyddah était
décidée.
C'est cet ordre parti de Paris qui fut
cause, dès qu'il a été connu sur la côte du
Dahomey, de l'arrestation et de l'empri-
sonnement de sept de nos compatriotes, du
sort desquels on a l'air de se désintéresser
aujourd'hui, bien que ce fait soit le seul de
nature à justifier notre intervention ar-
mée.
Plus d' ventures
La marche sur Wyddah fut arrêtée à
temps pour éviter de plus graves compli-
cations, et le blocus établi. Il n'y a rien à
faire au delà. Si une demande de crédits
est déposée à la rentrée des Chambres, elle
sera repoussée. Le pays ne veut plus d'a-
ventures coloniales, notamment dans un
pays inhabitable où la population euro-
péenne n'a jamais dépassé cent quarante
Européens de toutes nationalités, y compris
les missions religieuses, et parmi lesquels
on ne compte que trente-trois Français éta-
blis sur la côte, dont une expédition mili-
taire achèverait de ruiner les affaires com-
merciales, alors qu'elles étaient fort pros-
pères avant l'intervention néfaste du sous-
secrétaire d'Etat des colonies.
LES EMBELLISSEMENTS
DE BERLIN
Les ordres de Guillaume II
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, âh avril.
Il paraît qu'avant son départ pour Brème,
l'empereur Guillaume aurait eu de fré-
quents entretiens avec des notables de Ber-
lin au sujet des embellissements et de l'as-
sainissement de la capitale.
Il les aurait même étonnés par sa com-
pétence et ses idées entièrement neuves sur
les moyens pratiques d'arriver à cette trans-
formation de la capitale.
On démolirait les vieux quartiers du cen-
tre, dont les terrains rapporteront beau-
coup, et l'on construirait sur les terrains
sablonneux et de peu de valeur qui entou-
rent la ville des maisons hygiéniques et
peu coûteuses" pour la population ou-
vrière.
Du reste, une réforme radicale s'impose.
La situation hygiénique est déplorable ; cet
hiver, la mortalité a été très forte.
En outre, depuis plus de viugtans le gou-
vernement s'est efforcé d'attirer le plus
grand nombre possible d'habitants, pour
augmenter l'importance de la capitale. Il en
est résulté une très grande agglomération
et une pauvreté encore plus grande.
Guillaume, en construisant ces maisons
ouvrières, espère-t-il dénicher le socia-
lisme de Berlin ?
Pour le moment, la première difficulté
est de se procurer les sommes nécessaires
à la réalisation de ce plan. Cette difficulté
n'est pas mince, si l'on ne veut pas déchaî-
ner la spéculation qui aggravera le mal et
rendra inabordables les 0 loyers, déjà très
chers à Berlin.
LETTRE A UN INVESTI
Dans le Gros-Caillou. — Les calomnies
de M. Drumont.
Fidèle a sa manie epistolaire, le général
Boulanger vient encore une fois d'adresser
une lettre à son « cher Delagneau », candi-
dat investi pour le quartier du Gros-Cail-
lou.
Nous passerions bien volontiers cette let-
tre sous silence, si les dernières phrases ne
nous paraissaient pas intéressantes:
Je demande aux électeurs de ne pas se laisser
tromper par la fausse candidature revisioniste
de votre concurrent Drumont.
Tous ceux qui ont approuvé mon programme
de Tours doivent combattre avec la dernière
énergie la candidature' de ce sectaire, dont
tous les efforts tendent à réveiller les haines
religieuses et à mettre certains citoyens hors
la loi.
Tous ceux qui m'honorent de leur confiance,
tous ceux qui ont pour moi de la sympathie,
ne peuvent oublier le dernier livre de M.
Drumont et les basses calomnies dont il
abreuve le chef du parti national.
Ils me vengeront en votant pour vous.
Tout ne parait pas, d'ailleurs, marcher
sur des roulettes, dans ce quartier, pour
M. Delagneau.
MM. Sellier, candidat andrieusiste, etVol-
land, candidat boulangiste dissident, sont
résolus à se désister, s'il y a lieu, au se-
cond tour, en faveur de M. Drumont.
BISMARCK A BERL N
(D'UN CORRESPONDANT)
Berlin, 2A avril.
Le prince de Bismarck doit venir la semaine
prochaine à Berlin. On ne sait pas encore
s'il ira siéger à la Chambre des seigneurs
ou si son arrivée a pour but de donner à
l'empereur des explications sur les papiers
et documents qu'on lui réclame.
Les Nouvelles de Hambourg, qui sont ac-
tuellement l'organe personnel de M. de
Bismarck, disent que l'ancien chancelier
n'a nullement l'intention d'engager une po-
lémique contre le général de Caprivi ; elles
déclarent que le prince a pour son succes-
seur la plus haute estime et qu'il désire
sincèrement rester son ami.
- ——
LEGS D'UN POLONAIS
Le Novo'ié FVCJTUU; annonce que M.Grabovski,
Polonais, mort récemment à Paris, a légué ;
1* La somme de lûG.OOO francs pour la créa-
tion en Pologne d'un monumeut à l'empe-
reur Alexandre ll, en sa qualité de bienfaiteur
des paysans polonais, et 2e 500,000 francs pour
la création à Paris d'un journal slavophile qui
devra paraître en quatre langues : polonais,
russe, tchèque et croato-serbe.
LAVIEDE PARIS
Tout retardant à Paris de plus en plus,
depuis l'heure du dîner jusqu'au retour
de la campagne, la vie mondaine ne com-
mence guère à présent qu'après le Jour
de l'An et se continue au moins jus-
qu'après le Grand-Prix, date sacrée après
laquelle, vous le savez, un homme très
comme il faut peut se promener dans
Paris avec un chapeau autre que le ridi-
cule chapeau haute forme, si bien appelé
« tuyau de poêle" par l'argot populaire.
On revient des champs fin décembre et on
n'y retourne qu'après juin. Il est vrai que
le temps qu'il fait n'est pas encourageant
pour aller voir les lilas. Mais, quoi qu'il
en soit, et quand bien même il ferait le
beau temps qu'on devrait avoir, c'est en
mai que les fêtes abondent et que les
salons s'ouvrent le plus volontiers. La
« saison » bat son plein, comme on dit;
et on n'entend parler que des fêtes don-
nées ici ou là, des dîners, des réceptions,
des comédies de société, sans parler des
concerts qui sévissent avec fureur.
Toutes ces choses, nous les apprenons
par les gazettes. Les « gens du monde M,
qui crient comme des blaireaux quand
on raconte des histoires qu'ils voudraient
tenir secrètes, sont les beaux premiers à
solliciter d'ordinaire, dans les journaux.
des indiscrétions qui flattent leur vanité,
cette vanité qui est leur péché mignon le
plus ordinaire. Il y a des gens, gentle-
men mâtinés de reporters, qu'on invite à
dîner, au bal, aux réceptions de tout or-
dre, parce qu'on sait qu'ils font métier de
porter des notes aux journaux, et on les
choyé pour avoir une bonne presse ! Cette
fureur des « gens du monde » à faire
parler d'eux, cette soif de réclame qu'ils
ont, est une des choses les plus ridicules
que je connaisse. Qu'est-ce que ça peut
bien faire aux lecteurs d'un journal que
Mme X. ait bien chanté, que le poète
X. ait bien déclamé, qu'on ait mangé
des esturgeons ici et des poulardes là?
Car on entre dans les plus petits détails
et on ne nous fait grâce de rien. Je com-
prends qu'on critique un acteur, le pu-
blic ayant intérêt à savoir, pour ses pro-
pres plaisirs, s'il est bon ou mauvais.
Mais un amateur, qu'il ne connaîtra ja-
mais ? Sans compter que l'on ne peut
guère dire la vérité et mettre dans le
journal que le cuisinier de M. X. est
exécrable, ou bien, comme disait Céli-
mène, que si tout est bon dans ses dîners,
il faudrait qu'il ne s'y servît pas :
Car c'est un méchant plat que sa docte per-
[sonne,
Et qui gâte, à mon goût, tous les dîners qu'il
fdonne.
On ne peut pas davantage dire que le
poète Z. est un raseur avec ses élégies,
et que la belle Mme Y. chante d'une
façon odieuse et massacre à bouche que
veux-tu les plus beaux airs du réper-
toire.
J'aurai au moins le courage de dire que
la plupart des plaisirs qu'on nous offre
dans le monde sont extrêmement assom-
mants. Je comprends la danse. Il y a des
jeunes gens et des jeunes femmes qui ai-
ment cet exercice, laissant les Turcs (et
aussi quelques Français qui pensent com-
me moi) estimer que l'on doit regarder
danser et ne pas s'en donner la fatigue soi-
même. Mais enfin,il y a un certain entraî-
nement dans une valse bien tournée, avec
une jolie femme dont on respire la bonne
odeur de plus près que ne le permet-
traient les convenances, n'était la conven-
tion du bal. En plus, j'adore la conversa-
tion, celle des femmes, bien entendu, car
celle des hommes ne vaut guère d'être
écoutée et suivie qu'une fois sur dix dans
le monde. On apprend, en effet, quelque
chose avec des hommes supérieurs ou
avec des hommes spéciaux. Les premiers
sont rares dans les salons, et les seconds,
au lieu de parler de leurs affaires et de ce
qu'ils savent, ont la manie de parler art,
littérature ou politique, où ils se mon-
trent presque toujours parfaitement im-
béciles. Pour les femmes, c'est autre
chose. Leur conversation a toujours
un attrait, parce qu'elles ont des tour-
nures d'esprit tout à fait à elles et
qu'elles excellent à mettre de l'esprit
ou de la* grâce dans les banalités. Et
puis, on peut leur tenir des propos ga-
lants et leur parler d'amour, ce qui est
toujours un régal supérieur. J'admets
donc la danse ; j'adore la causerie, — et
je hais d'autant les prétendus amuse-
ments mondains qui suppriment tout
justement ce que le monde peut a-, oir
d'agréable.
Je crois que j'ai témoigné déjà de mon
horreur pour les déclamations des poètes
et pour cette odieuse musique, au nom de
laquelle on impose silence aux douces
causeries pour vous forcer à écouter un
air qu'on sait par cœur, qu'on a entendu
bien chanter au théâtre, et qui est, neuf
fois sur dix, braillé sans méthode et sans
goût par une femme amateur. Mais je vais
jusqu'à garder la même méchante hu-
meur devant la comédie de société, qui
fait fureur en ce moment-ci. Elle n'est
vraiment amusante que pour ceux qui la
jouent, et les spectateurs sont de vérita-
bles victimes.
Il est très intéressant pour des jeunes
gens et pour des jeunes femmes de répé-
ter une comédie. Les artistes sérieux in-
terviennent parfois, soit pour donner des
conseils et régler la mise en scène, soit
même pour se mêler aux amateurs. En
ce cas, les « gens du monde », hommes
et femmes, les femmes surtout, satisfont
leur manie de se frotter au monde des
théâtres. De toutes façons, les répétitions
sont des occasions de rires, de galante-
ries, de fliriaiions qui finissent parfois,
bien ou mal, — comme vous voudrez, —
par quelque accident d'amour. Mais les
pauvres spectateurs? Croyez-vous que ce
soit agréable de s'entasser dans un salon,
où l'on finit par être à. peu près aussi mai
que dans un théâtre, pour entendre jouer
une vieille pièce qu'on a vue cent fois,
avec bien plus de talent dans le jeu des
acteurs, avec l'illusion nécessaire de la
scène véritable ?
On dit à cela que ce goût de la comédie
de société est un goût ancien, très fran-
çais, qui remonte à un siècle au moins,
et que nos pères y trouvaient, comme
spectateurs, beaucoup de plaisir. Et, de
la maison de Voltaire et de Mme d'Epinay
à celle de M. de Rémusat, on cite des en-
droits où la comédie de société a fleuri. Je
le crois bien! Mais notez qu'on jouait là,
le plus souvent, des œuvres inédites et
que cette récréation se donnait à la cam-
pagne, dans la vie de château, qui est
tout à fait autre. Les plaisirs qui s'ex-
pliquent à la campagne, où l'on vit en-
semble, où l'on a tout loisir de causer, ne
se peuvent assimiler à ceux de Paris, où
l'on se réunit à onze heures pour partir à
deux. Dans la plupart de ces représenta-
tions, qu'on fait annoncer et raconter
dans les journaux, je ne vois qu'une cor-
vée abominable pour ceux qui y assistent
et une très peu respectable satisfaction
de vanité pour ceux qui en sont les ac-
teurs et les organisateurs. Aussi, quand
on raille un peu cette parodie bourgeoise
de la vie de château du dernier siècle, je
ne crains pas de me mettre du côté des
rieurs.
Henry Fouquier.
LE
VOYAGE DU PRESIDENT
A NICE
Superbe réception. — Que de fleurs)
que de fleurs ! — Foule énorme et
accueil chaleureux. — La récep-
tion.
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Nice, M avril.
Toute la ville est pavoisée, un grand arc
de triomphe s'élève sur la place Cassini.
La place Masséna est splendidement dé-
corée de massifs de verdure et de fleurs,
de guirlandes de feuillage; les grands ai-
gles rouges des armes de Nice; suspendus
en l'air, tiennent ces guirlandes dans leurs
serres.
En face du Casino municipal, on a cons-
truit une grande tribune avec charpente en
fer, élégamment décorée. M. Carnot assis-
tera au défilé des troupes dans l'élégant pa.
villon du milieu, orné de draperies de ve-
lours rouge frangé d'or, avec les armes de
Nice et de Paris et des écussons nationaux
partout.
Beaucoup de maisons particulières et
d'établissements sont décorés de feuillage;
tous les Italiens ont pavoisé.
Une foule immense était échelonnée jus-
qu'à la préfecture de Nice. A la place Mas-
séna, des sociétés formaient la haie en face
de la tribune présidentielle où se trouvaient
les autorités, les consuls et des dames en
grande toilette. Les terrasses du Casino
étaient bondées de danres.
Le grand-duc Nicolas, le grand-duc de
Saxe-Cobourg-Gotha, la princesse et le
prince royal de Suède occupaient un pa-
villon sur la place Cassini où le maire et le
conseil municipal sont venus recevoir M.
Carnot à midi A5, pendant que les canons
tonnaient, que les cloches sonnaient et que
de longues acclamations se faisaient enten-
dre.
Le maire, comte de Malaussena, a sou..
haité la bienvenue.
Corbeilles de fleurs
Le président remercie, et le maire lui
offre alors un coussin d'œillets rouges avec
les armes de Nice et des palmes de réséda,
au nom de la municipalité. Ce coussin a
deux mètres de largeur.
Les dames de la halle offrent un bouquet
de lm60 de camélias blancs, avec une étoile
en camélias rouges et une bordure en
bluets et myosotis.
Une petite fille a offert un bouquet au
président qui l'a embrassée à plusieurs re-
prises, puis le défilé des troupes a com-
mencé, le général de Garnier des Garets en
tête.
Le défilé des troupes
Les troupes ont passé en colonnes à dis-
tance entière par sections.
Les batteries d'artillerie de montagne ont
été très remarquées avec leurs canons dé-
montés, dont les différentes pièces étaient
chargées à dos de mulet.
Le 6e, le 7e et le 23° bataillon de chasseurs
alpins ont eu un grand succès avec leurs
bérets, leurs guêtres à l'italienne serrées
par un ruban enroulé sur le mollet et leur
grande ceinture de laine bleue sur laquelle
tranche leur ceinturon. Ces corps ont été
particulièrement acclamés par la foule. M.
Carnot a témoigné à plusieurs reprises sa
satisfaction de l'attitude martiale des trou-
pes. d'fil' d t. 1.
Le défilé des corporations a eu lieu en-
suite.
Les huissiers de la mairie avaient toutes
les peines du monde à maintenir la foule,
heureuse de voir de plus près le chef dQ
l'Etat.
La Société d'Alsace-Lorraine marchait en
tête ; son président, M. Elbel, a présenté ses
vœux à M. Carnot pour la prospérité de la
France et de la République.
La municipalité tout entière a adopté
l'écharpe aux couleurs de la ville - blanc
et rouge ; les huissiers de la municipalité
ont revêtu l'ancien costume, composé d'un
habit rouge bordé d'aigles sur fond blanc
et d'un chapeau monté. Le trompette de la
ville porte en sautoir sa trompette avec
drapeau blanc et armoiries.
- Tous - les yachts italiens et anglais en rade
de Villefranche et dans le port d" Nice se.,,
pavoisés.
Tous les trains, depuis V utimille et Fre-
jus, sont doublés et encombrés do vo' u-
geurs.
On remarque, parmi les ;:ccÍëté e-ci
tes. la société suisse « Hef.ve ia » Y i » so-
ciété des médaillés du Torikm et de Mada-
cascar.
Le président du cercle italien Circolo
Oberdanh a prononcé quelques paroles vi-
brantes d'emphase italienne en saluant le
premier citoyen de la France républicaine
et en faisant des vœux pour l'union des
nations sœurs. Il a terminé en criant :
Vive la France! vive l'Italie! vive l'alliance
latine 1 1
La foule devenant de plus en plus eo
H E Kfll |H H IBS IHv ^1^1' B9H
GËBr*9^ ^9^» ^^9 mBm ^IISBB^L. BSH ^BSiSI H3M H3S HSBBHH
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TRES PROCHAINEMENT
Le XIX- SIÈCLE
Publiera un grand roman-feuilleton
Inédit, spécialement écrit pour ses
lecteurs.
Protégés le la Droite
La circulaire que le comité central
de l'Union libérale vient d'adresser à
ses adhérents n'est pas faite pour
changer l'opinion que nous avons déjà
exprimée sur les intentions de ce
groupe. Il veut donner des satisfac-
tions à la Droite ; il veut l'aider dans
la poursuite de quelques-uns de ses
desiderata. Puis, quand il lui aura
donné ce gage de bonne volonté, il se
retournera vers les réactionnaires de
la Chambre et il leur dira : « Vous
voyez bien que vos préventions n'é-
taient pas justifiées et que vos ran-
cunes vous égaraient. Vous devez être
convaincus, maintenant, que nous
sommes d'accord avec vous. Aidez-
nous à prendre le pouvoir et nous
gouvernerons à votre gré. Nous ferons
vos affaires mieux que vous ne les fe-
riez vous-mêmes. »
L'Union libérale n'a même pas at-
tendu d'être au pouvoir pour faire les
affaires de la Droite, et le passage le
plus saillant de sa circulaire est celui
où elle engage ses adhérents à soute-
nir "certains candidats rattachés aux
opinions de droite par leur passé, qui
ne formulent pas de profession de foi
politique", Cette gracieuseté valait
bien un remerciement. Le comité con-
servateur n'a pas manqué aux règles
de la courtoisie, et, dans sa circulaire
d'hier, on lit ces lignes : « Un certain
nombre de candidats rattachés aux
opinions de gauche par leur passé se
présentent sans formuler de profes-
sion de foi politique. Ils se déclarent
les adversaires de l'intolérance en
matière religieuse ; ils se séparent
des radicaux et les combattent. A dé-
faut de candidat conservateur, le co-
mité engage ses amis à voter pour
eux. y»
De part et d'autre, c'est la théorie
du drapeau dans la poche que l'on
approuve. Tous les républicains ont
dénoncé à maintes reprises la manœu-
vre des monarchistes, dissimulant
dans tous les scrutins leurs opinions
politiques pour faire seulement éta-
lage de leurs opinions conservatrices,
et nous avons un vague souvenir que
le Journal des Débats lui-même a par-
fois flétri ces procédés — à une épo-
que, il est vrai, ou l'Union libérale
n'était pas encore inventée. Aujour-
d'hui, c'est l'Union libérale qui exhorte
les réactionnaires à cacher leurs opi-
nions politiques et qui leur promet ses
suffrages en récompense de leur dis-
simulation. L'Union libérale affecte
de croire que la politique n'a aucun
rôle à jouer au conseil municipal, et
c'est l'argument qu'elle invoque pour
justifier son langage. Est-ce que l'U-
nion conservatrice ignore que le re-
nouvellement des sénateurs de la
Seine aura lieu dans six mois et que
les conseillers municipaux de Paris
prendront part deux fois à cette élec-
tion, en élisant d'abord des délégués
sénatoriaux comme conseillers muni-
cipaux et en votant eux-mêmes com-
me conseillers généraux ? Et si elle le
sait, peut-elle soutenir que les hom-
mes « rattachés aux opinions de
droite », comme M. Ferdinand Duval,
voteront pour des candidats républi-
cains ?
Du côté des réactionnaires comme
de celui de l'Union libérale, on pré-
tend qu'il s'agit d'arracher Paris à la
domination tyrannique d'une admi-
nistration sectaire, et c'est le thème
que l'on développe sans relâche. Sous
cette dénomination, les monarchistes
comprennent à peu près tous les ré-
publicains. Quant à l'Union libérale,
elle affecte de déclarer la guerre aux
« radicaux autonomistes ». Mais ce
n'est qu'une apparence. Si l'on vou-
lait fournir aux modérés un moyen de
secouer l'oppression sous laquelle on
gémit de les voir écrasés, il faudrait
leur donner partout le moyen de bri-
ser leurs fers, il faudrait prendre ses
dispositions pour qu'une majorité
conservatrice pût se former dans le
prochain conseil. Or, l'Union libérale
présente quinze candidats et l'Union
conservatrice aussi quinze candidats.
Comme, dans deux quartiers, il y a à
la fois un candidat libéral et un can-
didat conservateur, ces trente candi-
dats ne peuvent aspirer qu'à occuper
vingt-huit sièges. Dans une assemblée
de quatre-vingts membres, ils sont
donc réduits à n'être jamais qu'une
minorité. -'
Si l'on examine les deux listes, on
voit en outre que la plupart de ces
candidats se présentent dans les quar-
tiers dont les conseillers sortants n'ap-
partiennent pas à l'opinion « radicale
autonomiste ». On engage la lutte con-
tre les hommes qui ont fait preuve
d'une certaine modération, qui n'ont
pas fait de politique au conseil muni-
cipal. C'est leur modération relative
qui leur vaut d'être combattus, parce
qu'on pense que les quartiers qui les
avaient nommés ne comptent pas une
majorité d'électeurs" radicaux auto-
nomistes » et que, par conséquent, on
y a quelques chances de succès. Quant
aux quartiers qui ont élu des « radi-
caux autonomistes », ni la Droite ni
l'Union libérale ne s'y aventurent.
Elles les abandonnent à leur mal-
heureux sort, et les modérés qui
les habitent ont le choix entre les
deux termes de ce dilemme : ou
s'abstenir, ou porter leurs voix sur
les boulangistes, dont les promesses
se confondent en quelques points
avec celles de l'Union libérale et des
réactionnaires. Cette dernière solution
n'est pas pour effrayer les conserva-
teurs,auxquels il est arrivé plus d'une
fois de voter pour les boulangistes et
même de les préférer à des conserva-
teurs comme M. Cochin. La première
convient mieux aux hommes de l'U-
nion libérale qui, par haine du radi-
calisme, ont laissé passer M. Naquet
dans le cinquième arrondissement.
Mais les deux solutions arrivent au
même but. L'Union libérale comme les
conservateurs comptent sur les bou-
langistes pour compléter la majorité.
Le Soleil a déjà eu la franchise de re-
commander certains d'entre eux aux
suffrages de ses amis. L'Union libérale
est moins franche : elle feint une ver-
tueuse indignation contre la pensée
d'entrer dans la coalition. Du reste,ce
qu'elle laisse voir de ses intentions suf-
fit. Elle jette la division parmi les ré-
publicains et elle fait ouvertement les
affaires de la Droite. C'en est assez
pour caractériser ses sentiments ré-
publicains.
Le « XIXe Siècle » publiera demain la 1
a Chronique » par M. Francisque Sarcey.
ENTRE DOUANIER ALLEMAND
ET DOUANIERS FRANÇAIS
Un douanier allemand en goguette. -
Par la fenêtre. — Une enquête
ouverte.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Metz, SA avril.
Des indiscrétions venues de l'autre côté
de la frontière,sur le fait d'une violation de
territoire commise par un douanier alle-
mand, viennent de provoquer, de la part
de l'administration, une enquête qui abou-
tira vraisemblablement à la révocation du
coupable.
Voici les faits :
Un douanier de service sur les bords de
la Seille, en Lorraine, s'était avisé, la se-
maine dernière, de franchir ce petit cours
d'eau, qui sert de démarcation frontière,
pour se rendre dans l'auberge la plus voi-
sine, s'y désaltérer.
Pendant qu'il se faisait servir, son fusil
entre les jambes, survinrent deux doua-
niers français qui, au lieu d'expulser leur
collègue, lui déclarèrent qu'il était leur
hôte. Aussi se mit-on à boire gaiement, en
parlant politique. Il faut supposer que
douaniers français et douanier allemand
n'avaient pas les JUêmes opinions, car la
discussion s'envenima et le douanier alle-
mand voulut ponctuer ses arguments à
l'aide de voies de fait. Ses interlocuteurs,
indignés, lui ripostèrent de la même fa-
çon et, finalement, le jetèrent par la fenê-
tre, Huste au moment ou deux gendar-
mes arrivaient. Ceux-ci n'ont pas jugé
devoir dresser procès-verbal, le douanier
allemand ayant disparu. Tant bien que
mal, et absolument ivre, il était parvenu à
retourner sur le territoire allemand, lais-
sant à l'auberge sabre et fusil qui lui ont
été restitués le lendemain.
Aujourd'hui, le douanier victime de cette
mésaventure est suspendu de ses fonctions.
L'histoire amuse beaucoup ici.
PERQUISITIONS A TROYES
Le i er mai. — Chez les ouvriers.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Troyes, SA avril.
Les préliminaires de la journée du 1er mai
ont commencé à Troyes aujourd'hui. Ce
matin, à onze heures, le parquet a opéré
des perquisitions à la Bibliothèque popu-
laire, lieu de réunion des socialistes, et
chez les citoyens Corgeron, Pedron et Ro-
zier, ouvriers.
A la bibliothèque, on a saisi des copies
de lettres et des papiers divers ; au domi-
cile des trois personnes susnommées, on a
saisi des papiers et des registres concernant
les comités.
Ces procédés ont provoqué en ville une
surprise et une émotion considérables.
BATAILLES DANS LA RUE
Deux manifestations qui se battent. -
Nombreux blessés.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Chicago, flh avril.
L'Union des charpentiers faisait hier soir
une manifestation dans la rue. Les mani-
festants ont rencontré une autre manifes-
tation. En moins de deux minutes, les
deux troupes en sont venues aux mains,
et il en est résulté une lutte des plus sé-
rieuses.
La police est venue séparer les combat-
tants, mais n'a pu y parvenir sans engager
une nouvelle lutte, dans laquelle il y a eu
de nombreux blessés.
Deux officiers ont dû être portés à l'hô-
pital.
Une cinquantaine d'arrestations ont été
opérées.
On croit que ce n'est là que le commen-
cement de désordres plus graves,
LE DAHOMEY
ÉVACUATION NÉCESSAIRE
Investissement de Kotonou. — La mau-
vaisè foi de l'administration des
colonies. — Six mois de blocus.
, L'expédition de Wyddah. —
La captivité de M. Bayol
à Abomey.
Le mois dernier, seul dans la presse, le
X/Xe Siècle annonça que Kotonou était cer-
né par plusieurs milliers d'hommes du
Dahomey.
Immédiatement, l'administration cen-
trale des colonies, qui venait d'interdire
toute communication télégraphique avec la
côte, nous donna un démenti avec la mau-
vaise foi qui est la caractéristique de toute
expédition du genre de celle qu'elle tentait
et à laquelle elle est loin de renoncer, mal-
gré les déboires déjà essuyés et les avertis-
sements de l'opinion publique, qui se mon-
tre absolument réfractaire à une marche
militaire sur Abomey. -
Lorsque le sous-secrétaire d'Etat des co-
lonies fut appelé à s'expliquer à la tribune
de la Chambre sur l'expédition projetée, il
déclara qu'il n'y avait aucune crainte à
avoir, que les troupes à la disposition de
M. Bayol étaient plus que suffisantes pour
avoir raison du roi Kongor.
Depuis lors, 600 hommes ont été envoyés
du Sénégal à Kotonou. M. Bayol a été rap-
pelé, le blocus de la côte dénoncé, et sans
les cinq navires de guerre placés sous les
orqres du commandrit Fournier, Kotonou
serait assiégé. Nos canonnières seules tien-
nent à distance de la place les hordes de
Kongor. C'est ce que M. Etienne appelle
avoir raison de ce dernier.
Légéreté et insouciance
La vérité est, lorsque cette question fut
posée à la Chambre, que personne ne con-
naissait un traître mot de cette affaire, qui
a été engagée avec une légèreté, une in-
souciance sans pareilles. Jamais le cabinet
n'avait été appelé à délibérer sur une si-
tuation inconnue de tous les ministres.
M. Tirard, auquel il faut remonter pour
connaître exactement l'origine et les cau-
ses de l'expédition du Dahomey, ne s'oc-
cupait point des colonies, bien qu'il en fût
le ministre responsable. Il se reposait de
ce soin sur M. Etienne qui, lui-même, s'en
décharge sans doute sur un chef de divi-
sion quelconque, lequel s'en rapporte à
son tour à un chef de bureau, qui a
toute confiance dans un commis-expédi-
tionnaire.
L'examen des faits qui ont amené cette
nouvelle guerre coloniale, qui coûtera à la
France 60 millions et un millier d'hommes,
sans accroître ses ressources, car nous
abandonnerons le Dahomey comme les
Anglais ont évacué le pays des Ashantees,
est la condamnation de l'expédition proje-
tée.
Retour en arrière
Depuis nombre d'années, notre protecto-
rat sur la côte du Dahomey dépend de l'ad-
ministration du Sénégal, et rien n'entra-
vait les transactions commerciales qu'en-
tretenaient sur cette côte trois maisons (te
Marseille qui avaient avec les autorités de
l'intérieur les meilleurs rapports. La poli-
tique ne jouait aucun rôle dans leurs af-
faires et chacun s'en trouvait bien.
L'année dernière, il plut au sous-secré-
taire d'Etat, pour des raisons restées inex-
pliquées, de déclarer l'autonomie adminis-
trative de notre protectorat de la côte du
Dahomey, et d'autoriser le lieutenant-gou-
verneur, M. Bayol, de correspondre direc-
tement avec l'administration centrale des
colonies à Paris.
Perdant ainsi le contre-poids si utile
qu'il trouvait auprès des autorités de Saint-
Louis du Sénégal fort au courant des
questions de la côte occidentale d'Afrique,
et n'ayant plus qu'à s'adresser aux autori-
tés de la rue Royale absolument ignoran-
tes des véritables intérêts de nos colonies,
M. Bayol, dont l'indépendance n'était plus
dès lors contrôlée, fut désireux de ne pas
rester confiné sur une langue de terre pla-
cée entre la mer et des lagunes. C'était
tout son domaine qu'il voulut naturelle-
ment agrandir.
Il profita d'une razzia opérée par les gens
du Dahomey sur des noirs dépendant plus
ou moins du territoire de Porto-Novo, po til-
demander à M. Etienne l'autorisation de
faire des représentations aux autorités d'A-
bomey. Gléglé, le roi défunt, les laissa sans
réponse.
Réception. nègre
M. Bayol résolut alors de se rendre à Abo-
mey, résidence du roi, à cinquante lieues
dans les terres. M. Etienne y consentit. Ce
que devait amener ce voyage, on le sait
aujourd'hui ; mais ce qu'on ignore, c'est la
façon dont M. Bayol et l'administrateur co-
lonial qui l'accompagnait furent reçus.
Après quelques pourparlers qui n'amenè-
rent aucun résultat, M. Bayol comprit qu'il
s'était jeté dans un guêpier dont il fallait
sortir a tout prix. Il était trop tard.
Les vexations commencèrent. Nos com-
patriotes étaient devenus des jouets entre les
mains de ces noirs féroces, aucune humi-
liation ne leur fut épargnée. Le compagnon
de M. Bayol se vit forcé de danser devant
le roi.
Leur vie était chaque jour menacée. A
force de concessions, qui constituent une
véritable renonciation de notre part aux
avantages que nous concèdent des traités
antérieurs, M. Bayol put quitter Abomey.
Le voyage de retour fut une fuite.
Telles sont les causes dont devait sortir la
guerre. Rien ne fut pressenti, rien n'a été
ordonné. Tout a été laissé au hasard, au-
cune conséquence n'a été prévue. Pour un
peu, M. Bayol subissait à Abomey le sort du
commandant Rivière à Hanoï.
Dès son retour à la côte, M. Bayol de-
manda des renforts. Pourquoi, si ce n'est
la conséquence de son voyage à Abomey?
Les Dahoméens, en vertu de conventions
aussi récentes qu'ignorées, allaient donc
venir prendre possession des points que
nous occupions sur la côte? Toujours est-il
que A00 hommes quittèrent précipitamment
le Sénégal à destination de Kotonou.
Ce qu'on n'a pas dit
C'est alors que M. Etienne fit à la tribune
de la Chambre la déclaration que l'on sait.
Mais ce qu'il n'a pas dit, c'est que le Daho-
mey est inhabitable, que le pays est impra-
ticable jusqu'au mois de septembre, épo-
que à laquelle il sera seulement possible
d'entreprendre une expédition dans l'inté-
rieur, si tant est que la Chambre com-
mette la folie de voter une intervention
militaire,
Mais, aussitôt arrivé à Abomey, il faudra
abandonner cette bourgade environnée de
marais pestilentiels,et évacuer le pays con-
quis,qui redeviendra inhabitabledèsle mois
de décembre. C'est donc seulement en pc-
tobre et novembre qu'une marche militaire
pourrait être entreprise. Jusque-là il n'y a
rien à faire qu'à se repentir des lourdes
fautes commises si imprudemment par une
administration coloniale à la tête de la-
quelle sont des gens dont le moindre dé-
faut est de ne connaître aucune de nos pos-
sessions.
Le premier soin du conseil des ministres
a donc été, dès qu'il a connu la situation et
les ordres donnés imprudemment par M.
Etienne ou ses sous-ordres, de confier au
ministère de la marine la direction d'opé-
rations militaires engagées avec une si cou-
pable légèreté, que des ordres partis du ca-
binet du sous-secrétaire d'Etat il résultait,
sans que personne se soit préoccupé de l'é-
poque de la saison si fatale à nos soldats et
des dépenses qu'une expédition exigerait,
que non seulement l'état de guerre avec le
Dahomey était déclaré, mais encore que la
marche de nos troupes sur Wyddah était
décidée.
C'est cet ordre parti de Paris qui fut
cause, dès qu'il a été connu sur la côte du
Dahomey, de l'arrestation et de l'empri-
sonnement de sept de nos compatriotes, du
sort desquels on a l'air de se désintéresser
aujourd'hui, bien que ce fait soit le seul de
nature à justifier notre intervention ar-
mée.
Plus d' ventures
La marche sur Wyddah fut arrêtée à
temps pour éviter de plus graves compli-
cations, et le blocus établi. Il n'y a rien à
faire au delà. Si une demande de crédits
est déposée à la rentrée des Chambres, elle
sera repoussée. Le pays ne veut plus d'a-
ventures coloniales, notamment dans un
pays inhabitable où la population euro-
péenne n'a jamais dépassé cent quarante
Européens de toutes nationalités, y compris
les missions religieuses, et parmi lesquels
on ne compte que trente-trois Français éta-
blis sur la côte, dont une expédition mili-
taire achèverait de ruiner les affaires com-
merciales, alors qu'elles étaient fort pros-
pères avant l'intervention néfaste du sous-
secrétaire d'Etat des colonies.
LES EMBELLISSEMENTS
DE BERLIN
Les ordres de Guillaume II
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, âh avril.
Il paraît qu'avant son départ pour Brème,
l'empereur Guillaume aurait eu de fré-
quents entretiens avec des notables de Ber-
lin au sujet des embellissements et de l'as-
sainissement de la capitale.
Il les aurait même étonnés par sa com-
pétence et ses idées entièrement neuves sur
les moyens pratiques d'arriver à cette trans-
formation de la capitale.
On démolirait les vieux quartiers du cen-
tre, dont les terrains rapporteront beau-
coup, et l'on construirait sur les terrains
sablonneux et de peu de valeur qui entou-
rent la ville des maisons hygiéniques et
peu coûteuses" pour la population ou-
vrière.
Du reste, une réforme radicale s'impose.
La situation hygiénique est déplorable ; cet
hiver, la mortalité a été très forte.
En outre, depuis plus de viugtans le gou-
vernement s'est efforcé d'attirer le plus
grand nombre possible d'habitants, pour
augmenter l'importance de la capitale. Il en
est résulté une très grande agglomération
et une pauvreté encore plus grande.
Guillaume, en construisant ces maisons
ouvrières, espère-t-il dénicher le socia-
lisme de Berlin ?
Pour le moment, la première difficulté
est de se procurer les sommes nécessaires
à la réalisation de ce plan. Cette difficulté
n'est pas mince, si l'on ne veut pas déchaî-
ner la spéculation qui aggravera le mal et
rendra inabordables les 0 loyers, déjà très
chers à Berlin.
LETTRE A UN INVESTI
Dans le Gros-Caillou. — Les calomnies
de M. Drumont.
Fidèle a sa manie epistolaire, le général
Boulanger vient encore une fois d'adresser
une lettre à son « cher Delagneau », candi-
dat investi pour le quartier du Gros-Cail-
lou.
Nous passerions bien volontiers cette let-
tre sous silence, si les dernières phrases ne
nous paraissaient pas intéressantes:
Je demande aux électeurs de ne pas se laisser
tromper par la fausse candidature revisioniste
de votre concurrent Drumont.
Tous ceux qui ont approuvé mon programme
de Tours doivent combattre avec la dernière
énergie la candidature' de ce sectaire, dont
tous les efforts tendent à réveiller les haines
religieuses et à mettre certains citoyens hors
la loi.
Tous ceux qui m'honorent de leur confiance,
tous ceux qui ont pour moi de la sympathie,
ne peuvent oublier le dernier livre de M.
Drumont et les basses calomnies dont il
abreuve le chef du parti national.
Ils me vengeront en votant pour vous.
Tout ne parait pas, d'ailleurs, marcher
sur des roulettes, dans ce quartier, pour
M. Delagneau.
MM. Sellier, candidat andrieusiste, etVol-
land, candidat boulangiste dissident, sont
résolus à se désister, s'il y a lieu, au se-
cond tour, en faveur de M. Drumont.
BISMARCK A BERL N
(D'UN CORRESPONDANT)
Berlin, 2A avril.
Le prince de Bismarck doit venir la semaine
prochaine à Berlin. On ne sait pas encore
s'il ira siéger à la Chambre des seigneurs
ou si son arrivée a pour but de donner à
l'empereur des explications sur les papiers
et documents qu'on lui réclame.
Les Nouvelles de Hambourg, qui sont ac-
tuellement l'organe personnel de M. de
Bismarck, disent que l'ancien chancelier
n'a nullement l'intention d'engager une po-
lémique contre le général de Caprivi ; elles
déclarent que le prince a pour son succes-
seur la plus haute estime et qu'il désire
sincèrement rester son ami.
- ——
LEGS D'UN POLONAIS
Le Novo'ié FVCJTUU; annonce que M.Grabovski,
Polonais, mort récemment à Paris, a légué ;
1* La somme de lûG.OOO francs pour la créa-
tion en Pologne d'un monumeut à l'empe-
reur Alexandre ll, en sa qualité de bienfaiteur
des paysans polonais, et 2e 500,000 francs pour
la création à Paris d'un journal slavophile qui
devra paraître en quatre langues : polonais,
russe, tchèque et croato-serbe.
LAVIEDE PARIS
Tout retardant à Paris de plus en plus,
depuis l'heure du dîner jusqu'au retour
de la campagne, la vie mondaine ne com-
mence guère à présent qu'après le Jour
de l'An et se continue au moins jus-
qu'après le Grand-Prix, date sacrée après
laquelle, vous le savez, un homme très
comme il faut peut se promener dans
Paris avec un chapeau autre que le ridi-
cule chapeau haute forme, si bien appelé
« tuyau de poêle" par l'argot populaire.
On revient des champs fin décembre et on
n'y retourne qu'après juin. Il est vrai que
le temps qu'il fait n'est pas encourageant
pour aller voir les lilas. Mais, quoi qu'il
en soit, et quand bien même il ferait le
beau temps qu'on devrait avoir, c'est en
mai que les fêtes abondent et que les
salons s'ouvrent le plus volontiers. La
« saison » bat son plein, comme on dit;
et on n'entend parler que des fêtes don-
nées ici ou là, des dîners, des réceptions,
des comédies de société, sans parler des
concerts qui sévissent avec fureur.
Toutes ces choses, nous les apprenons
par les gazettes. Les « gens du monde M,
qui crient comme des blaireaux quand
on raconte des histoires qu'ils voudraient
tenir secrètes, sont les beaux premiers à
solliciter d'ordinaire, dans les journaux.
des indiscrétions qui flattent leur vanité,
cette vanité qui est leur péché mignon le
plus ordinaire. Il y a des gens, gentle-
men mâtinés de reporters, qu'on invite à
dîner, au bal, aux réceptions de tout or-
dre, parce qu'on sait qu'ils font métier de
porter des notes aux journaux, et on les
choyé pour avoir une bonne presse ! Cette
fureur des « gens du monde » à faire
parler d'eux, cette soif de réclame qu'ils
ont, est une des choses les plus ridicules
que je connaisse. Qu'est-ce que ça peut
bien faire aux lecteurs d'un journal que
Mme X. ait bien chanté, que le poète
X. ait bien déclamé, qu'on ait mangé
des esturgeons ici et des poulardes là?
Car on entre dans les plus petits détails
et on ne nous fait grâce de rien. Je com-
prends qu'on critique un acteur, le pu-
blic ayant intérêt à savoir, pour ses pro-
pres plaisirs, s'il est bon ou mauvais.
Mais un amateur, qu'il ne connaîtra ja-
mais ? Sans compter que l'on ne peut
guère dire la vérité et mettre dans le
journal que le cuisinier de M. X. est
exécrable, ou bien, comme disait Céli-
mène, que si tout est bon dans ses dîners,
il faudrait qu'il ne s'y servît pas :
Car c'est un méchant plat que sa docte per-
[sonne,
Et qui gâte, à mon goût, tous les dîners qu'il
fdonne.
On ne peut pas davantage dire que le
poète Z. est un raseur avec ses élégies,
et que la belle Mme Y. chante d'une
façon odieuse et massacre à bouche que
veux-tu les plus beaux airs du réper-
toire.
J'aurai au moins le courage de dire que
la plupart des plaisirs qu'on nous offre
dans le monde sont extrêmement assom-
mants. Je comprends la danse. Il y a des
jeunes gens et des jeunes femmes qui ai-
ment cet exercice, laissant les Turcs (et
aussi quelques Français qui pensent com-
me moi) estimer que l'on doit regarder
danser et ne pas s'en donner la fatigue soi-
même. Mais enfin,il y a un certain entraî-
nement dans une valse bien tournée, avec
une jolie femme dont on respire la bonne
odeur de plus près que ne le permet-
traient les convenances, n'était la conven-
tion du bal. En plus, j'adore la conversa-
tion, celle des femmes, bien entendu, car
celle des hommes ne vaut guère d'être
écoutée et suivie qu'une fois sur dix dans
le monde. On apprend, en effet, quelque
chose avec des hommes supérieurs ou
avec des hommes spéciaux. Les premiers
sont rares dans les salons, et les seconds,
au lieu de parler de leurs affaires et de ce
qu'ils savent, ont la manie de parler art,
littérature ou politique, où ils se mon-
trent presque toujours parfaitement im-
béciles. Pour les femmes, c'est autre
chose. Leur conversation a toujours
un attrait, parce qu'elles ont des tour-
nures d'esprit tout à fait à elles et
qu'elles excellent à mettre de l'esprit
ou de la* grâce dans les banalités. Et
puis, on peut leur tenir des propos ga-
lants et leur parler d'amour, ce qui est
toujours un régal supérieur. J'admets
donc la danse ; j'adore la causerie, — et
je hais d'autant les prétendus amuse-
ments mondains qui suppriment tout
justement ce que le monde peut a-, oir
d'agréable.
Je crois que j'ai témoigné déjà de mon
horreur pour les déclamations des poètes
et pour cette odieuse musique, au nom de
laquelle on impose silence aux douces
causeries pour vous forcer à écouter un
air qu'on sait par cœur, qu'on a entendu
bien chanter au théâtre, et qui est, neuf
fois sur dix, braillé sans méthode et sans
goût par une femme amateur. Mais je vais
jusqu'à garder la même méchante hu-
meur devant la comédie de société, qui
fait fureur en ce moment-ci. Elle n'est
vraiment amusante que pour ceux qui la
jouent, et les spectateurs sont de vérita-
bles victimes.
Il est très intéressant pour des jeunes
gens et pour des jeunes femmes de répé-
ter une comédie. Les artistes sérieux in-
terviennent parfois, soit pour donner des
conseils et régler la mise en scène, soit
même pour se mêler aux amateurs. En
ce cas, les « gens du monde », hommes
et femmes, les femmes surtout, satisfont
leur manie de se frotter au monde des
théâtres. De toutes façons, les répétitions
sont des occasions de rires, de galante-
ries, de fliriaiions qui finissent parfois,
bien ou mal, — comme vous voudrez, —
par quelque accident d'amour. Mais les
pauvres spectateurs? Croyez-vous que ce
soit agréable de s'entasser dans un salon,
où l'on finit par être à. peu près aussi mai
que dans un théâtre, pour entendre jouer
une vieille pièce qu'on a vue cent fois,
avec bien plus de talent dans le jeu des
acteurs, avec l'illusion nécessaire de la
scène véritable ?
On dit à cela que ce goût de la comédie
de société est un goût ancien, très fran-
çais, qui remonte à un siècle au moins,
et que nos pères y trouvaient, comme
spectateurs, beaucoup de plaisir. Et, de
la maison de Voltaire et de Mme d'Epinay
à celle de M. de Rémusat, on cite des en-
droits où la comédie de société a fleuri. Je
le crois bien! Mais notez qu'on jouait là,
le plus souvent, des œuvres inédites et
que cette récréation se donnait à la cam-
pagne, dans la vie de château, qui est
tout à fait autre. Les plaisirs qui s'ex-
pliquent à la campagne, où l'on vit en-
semble, où l'on a tout loisir de causer, ne
se peuvent assimiler à ceux de Paris, où
l'on se réunit à onze heures pour partir à
deux. Dans la plupart de ces représenta-
tions, qu'on fait annoncer et raconter
dans les journaux, je ne vois qu'une cor-
vée abominable pour ceux qui y assistent
et une très peu respectable satisfaction
de vanité pour ceux qui en sont les ac-
teurs et les organisateurs. Aussi, quand
on raille un peu cette parodie bourgeoise
de la vie de château du dernier siècle, je
ne crains pas de me mettre du côté des
rieurs.
Henry Fouquier.
LE
VOYAGE DU PRESIDENT
A NICE
Superbe réception. — Que de fleurs)
que de fleurs ! — Foule énorme et
accueil chaleureux. — La récep-
tion.
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Nice, M avril.
Toute la ville est pavoisée, un grand arc
de triomphe s'élève sur la place Cassini.
La place Masséna est splendidement dé-
corée de massifs de verdure et de fleurs,
de guirlandes de feuillage; les grands ai-
gles rouges des armes de Nice; suspendus
en l'air, tiennent ces guirlandes dans leurs
serres.
En face du Casino municipal, on a cons-
truit une grande tribune avec charpente en
fer, élégamment décorée. M. Carnot assis-
tera au défilé des troupes dans l'élégant pa.
villon du milieu, orné de draperies de ve-
lours rouge frangé d'or, avec les armes de
Nice et de Paris et des écussons nationaux
partout.
Beaucoup de maisons particulières et
d'établissements sont décorés de feuillage;
tous les Italiens ont pavoisé.
Une foule immense était échelonnée jus-
qu'à la préfecture de Nice. A la place Mas-
séna, des sociétés formaient la haie en face
de la tribune présidentielle où se trouvaient
les autorités, les consuls et des dames en
grande toilette. Les terrasses du Casino
étaient bondées de danres.
Le grand-duc Nicolas, le grand-duc de
Saxe-Cobourg-Gotha, la princesse et le
prince royal de Suède occupaient un pa-
villon sur la place Cassini où le maire et le
conseil municipal sont venus recevoir M.
Carnot à midi A5, pendant que les canons
tonnaient, que les cloches sonnaient et que
de longues acclamations se faisaient enten-
dre.
Le maire, comte de Malaussena, a sou..
haité la bienvenue.
Corbeilles de fleurs
Le président remercie, et le maire lui
offre alors un coussin d'œillets rouges avec
les armes de Nice et des palmes de réséda,
au nom de la municipalité. Ce coussin a
deux mètres de largeur.
Les dames de la halle offrent un bouquet
de lm60 de camélias blancs, avec une étoile
en camélias rouges et une bordure en
bluets et myosotis.
Une petite fille a offert un bouquet au
président qui l'a embrassée à plusieurs re-
prises, puis le défilé des troupes a com-
mencé, le général de Garnier des Garets en
tête.
Le défilé des troupes
Les troupes ont passé en colonnes à dis-
tance entière par sections.
Les batteries d'artillerie de montagne ont
été très remarquées avec leurs canons dé-
montés, dont les différentes pièces étaient
chargées à dos de mulet.
Le 6e, le 7e et le 23° bataillon de chasseurs
alpins ont eu un grand succès avec leurs
bérets, leurs guêtres à l'italienne serrées
par un ruban enroulé sur le mollet et leur
grande ceinture de laine bleue sur laquelle
tranche leur ceinturon. Ces corps ont été
particulièrement acclamés par la foule. M.
Carnot a témoigné à plusieurs reprises sa
satisfaction de l'attitude martiale des trou-
pes. d'fil' d t. 1.
Le défilé des corporations a eu lieu en-
suite.
Les huissiers de la mairie avaient toutes
les peines du monde à maintenir la foule,
heureuse de voir de plus près le chef dQ
l'Etat.
La Société d'Alsace-Lorraine marchait en
tête ; son président, M. Elbel, a présenté ses
vœux à M. Carnot pour la prospérité de la
France et de la République.
La municipalité tout entière a adopté
l'écharpe aux couleurs de la ville - blanc
et rouge ; les huissiers de la municipalité
ont revêtu l'ancien costume, composé d'un
habit rouge bordé d'aigles sur fond blanc
et d'un chapeau monté. Le trompette de la
ville porte en sautoir sa trompette avec
drapeau blanc et armoiries.
- Tous - les yachts italiens et anglais en rade
de Villefranche et dans le port d" Nice se.,,
pavoisés.
Tous les trains, depuis V utimille et Fre-
jus, sont doublés et encombrés do vo' u-
geurs.
On remarque, parmi les ;:ccÍëté e-ci
tes. la société suisse « Hef.ve ia » Y i » so-
ciété des médaillés du Torikm et de Mada-
cascar.
Le président du cercle italien Circolo
Oberdanh a prononcé quelques paroles vi-
brantes d'emphase italienne en saluant le
premier citoyen de la France républicaine
et en faisant des vœux pour l'union des
nations sœurs. Il a terminé en criant :
Vive la France! vive l'Italie! vive l'alliance
latine 1 1
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