Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-04-15
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 15 avril 1890 15 avril 1890
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. = N° 6,665
CINQ Centimes - Paris et Départements - CINQ Centimes
MARDI 15 AVRIL 1890
ÎHj ï 1 Jj Hï
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
J42. Rua ^dlorLtrjaaxtx'ô
PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
A, - ÉDOUARD PORTALIS
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L'EMPRUNT PORTUGAIS
Le général Boulanger à M. Crie
LES ÉLECTIONS D'HIER
UN CHAHUT AU QUARTIER LATIN
Ballon perdu et retrouvé
Prainjaetrii
Le souci de l'avenir est à coup sûr
un sentiment des plus naturels et
des plus communs. Le petit employé de
commerce, l'ouvrier qui gagne péni-
blement, au jour le jour, de quoi vi-
vre et soutenir les siens est souvent
obsédé de cette préoccupation : que
deviendra-t-il » le jour oû l'outil lui
tombera des mains, où il verra se fer-
mer devant lui les portes auxquelles
il ira frapper en quête de travail? S'il
pouvait être sûr que ce jour-là, après
avoir consumé vingt ou trente ans de
sa vie en un dur labeur, il aura un
petit pécule, quelques rentes qui lui
donnent au moins la possibilité de vi-
vre sans tendre la main, quelle sécu-
rité pour lui et quel repos d'esprit !
Mais comment les conquérir ?
Les philanthropes sont merveilleux,
qui recommandent au malheureux d'é-
pargner pour ses vieux jours. Le con-
seil est bon à donner et se prête aux
développements oratoires. Il est moins
facile A, nettre en pratique.
Que l'on demande aux intéressés un
effort personnel lorsqu'il est possible,
je le veux; mais c'est ici que l'inter-
vention de l'Etat, des pouvoirs publics,
est particulièrement nécessaire et lé-
gitime. Ce n'est pas d'aujourd'hui, au
reste, que l'on se préoccupe du sort
des invalides du travail. Ne méritent-
ils pas autant que les victimes de la
guerre la sollicitude d'un gouverne-
ment démocratique? -
La Révolution l'avait compris, et la
création d'une caisse des invalides du
travail fut mise à l'étude par la Con-
vention nationnale. La question, non
résolue, n'a pas cessé depuis lors d'être
examinée. Un député, M. Bérard,
vient d'en faire l'objet d'une proposi-
tion de loi intéressante. Il se borne à
assurer la retraite des ouvriers de
l'agriculture et de l'industrie. Si ce
n'est pas tout le problème, c'en est
certainement la plus importante et la
plus délicate partie. L'auteur du pro-
jet commence par rappeler les précé-
dents.
Il existe actuellement une Caisse na-
tionale des retraites pour la vieillesse.
C'est à la seconde République qu'il
faut rapporter l'honneur de sa fonda-
tion. La loi qui l'institua date du 18 juin
1850. Elle est gérée par la Caisse des
dépôts et consignations, sous la ga-
rantie de l'Etat.
Le taux de l'intérêt de capitalisation
a varié de 5 à A 0/0. Le maximum des
pensions s'est élevé de 600 à 1,500 fr.
Une pension de 1,500 francs est déjà
relativement considérable. Aussi avait-
on, par cette élévation de tarifs, dé-
naturé le caractère de l'institution.
Ce n'étaient plus les travailleurs ma-
nuels qui y portaient leurs épargnes,
mais des capitalistes moyens, à la re-
cherche d'avantageux placements.
En 1879, une proposition sur les re-
traites ouvrières fut déposée par M.
Martin Nadaud et un certain nombre
de ses collègues républicains. L'idée-
mère du projet était de constituer un
capital au profit des travailleurs par
une triple série de prélèvements : tan-
dis que le salaire eût été grevé d'une
retenue obligatoire de W centimes par
jour, le patron et l'Etat auraient four-
ni par journée d'ouvrier chacun 10 cen-
times.
Cette proposition, naturellement fort
ritiquée, aboutit cependant à un ré-
sultat. La loi du 10 juillet 1886 modi-
fia sensiblement celle du 18 juin 1850.
En même temps que le versement le
plus faible que pût recevoir la Caisse
des retraites était abaissé de 5 francs
à 1 franc, le maximum des pensions
qu'elle servait était limité à 1, fr.
D'autres dispositions étaient prises,
qui, dans certains cas, augmentaient,
par l'intervention de l'Etat qui accor-
dait une subvention, le montant de la
pension, tel qu'il aurait dû résulter
du calcul strict des versements opé-
rés.
Malgré ces améliorations, la Caisse
des retraites n'a pas encore réussi à se
créer une clientèle sérieuse d'ouvriers
agricoles et industriels. La moyenne
des pensions qu'elle sert est de 87 fr.:
entre quatre et cinq sous par jour. On
comprend que l'enthousiasme soit mo-
déré.
Aussi, M. Bérard propose-t-il une
combinaison nouvelle. En voici l'éco-
nomie : il demande à l'ouvrier de ver-
ser, depuis l'âge de quinze ans, un
franc par mois. Etant donnés les chan-
ces de vie et de mort, le taux de capi-
talisation des intérêts, il calcule que
chaque bénéficiaire aurait droit, à
soixante ans, à une pension viagère
d'environ âA5 francs.
Interviendraient alors la commune,
le département et l'Etat, qui verse-
raient une subvention dans la propor-
tion de 1/6, S/6 et 3/6, de façon à
porter la pension de SA5 à 365 francs.
Les détails du projet peuvent assu-
rément être critiqués. La conception
nous paraît des plus intéressantes. Les
communes ne subiraient qu'une ag-
gravation de charges apparente. Ce
serait beaucoup plutôt un déplacement
de dépenses qu'une dépense nouvelle.
De même pour les départements, qui
contribuent auj ourd'hui pour une
bonne part de leur budget a rentre-
tien d'asiles et de dépôts de mendi-
cité. La dépense changerait de forme,
voilà tout. C'est ainsi qu'à Paris l'As-
sistance publique paie un secours à
domicile à nombre de vieillards qu'elle
ne peut, faute de place, recueillir
dans ses hospices.
Quant à l'Etat, il s'imposerait de ce
fait une dépense nouvelle assez sé-
rieuse. M. Bérard l'évalue à 18 mil-
lions. Mais, outre qu'il s'agit vraiment
pour l'Etat républicain d'un devoir
social à remplir, il ne serait pas sans
doute très difficile de trouver une éco-
nomie égale dans la réorganisation
d'un service public.
C'est ainsi que, depuis de longues
années, on critique vivement le sys-
tème de la loi de 1853 qui règle les
pensions de retraite des fonction-
naires. Elles coûtent au budget plus
de 30 millions. Personne ne mécon-
naît que la perspective d'une retraite
médiocre, mais certaine, au bout de
vingt-cinq ou trente ans de service,
est pour beaucoup de jeunes Français
la raison décisive qui les jette dans le
fonctionnarisme.
Donner à chaque citoyen cette
même sécurité, auj ourd'hui réservée
aux seuls fonctionnaires, aurait donc
la doublé utilité d'assurer à d'hon-
nêtes travailleurs le repos et la di-
gnité de leur vieillesse, et de diminuer
l'engouement qui précipite trop de
jeunes gens vers les fonctions publi-
ques, vers le mandarinat sous toutes
ses formes. Ce serait faire d'une pierre
deux coups. A. Millerand.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
» Chronique", par M. Paul Ginisty.
AU DAHOMEY
Rectification officieuse
En dépit de la rectification du journal
le Temps, nous maintenons de tous points
l'information que nous avons publiée hier,
relative au dépôt par le gouvernement, dès
la rentrée, d'une demande de crédit pour
l'envoi de renforts au Dahomey.
LES VARIATIONS DE GUILLAUME Il
Le rapprochement avec la France ren-
voyé aux calendes
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 13 avril.
Je vous confirme ma dépêche d'hier.
L'abrogation de la mesure des passeports
est ajournée.
Le décret, dit-on, avait été signé; l'empe-
reur devait se rendre de Wiesbaden en
Lorraine pour chasser le coq de bruyère,
et le décret aurait paru pendant son séjour
dans le pays annexé. Mais soudain tout est
remis en question.
D'ailleurs, on murmure tout bas que les
prétendus projets de conciliation avec la
France n'existent nullement; qu'au con-
traire, l'empereur songe à resserrer encore
la triple alliance.
On va plus loin, et l'on annonce que
l'empereur Guillaume ira la semaine pro-
ehaine consulter M. de Bismarck à Fried-
richsruhe.
L'ère des surprises n'est pas close.
LES DERNIÈRES AGITATIONS
DE M. CRISPI.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 13 avril.
L'expulsion des journalistes pourrait bien
être, pour M. Crispi, le chant du cygne. La
presse italienne est presque unanime à le
blâmer. Le refus fait à M. Lavalette de le
laisser communiquer avec l'ambassade fran-
çaise a stupéfié tout le monde.
On assure que M. Magliani a reçu, depuis
hier, de nouvelles adhésions de députés qui
commencent à trouver que M. Crispi dépasse
réellement la mesure.
C'est décidément le l avril qu'aura lieu le
banquet de Naples.
LE VOYAGE DU PRÉSIDENT
(D'UN CORRESPONDANT)
Cannes, 13 avril.
Le commandant Chamoin est arrivé hier
soir et s'est mis en rapport avec la muni-
cipalité.
Rien n'a encore été arrêté au sujet de l'ar-
rivée du président de la République ; mais il
paraît probable qu'il ne s'arrêtera que quel-
ques minutes à la gare pour y recevoir les
autorités.
MORT D'UN ANCIEN CONSUL
DE RUSSIE
M. François-Antoine Pontio, ancien vice-
consul de Russie à Nice, a été frappé hier,
chez son avoué, rue Saint-Lazare, 50, ou il
était allé régler des affaires d'intérêt, d'une
attaque d'apoplexie foudroyante.
M. Pontio était âgé de soixante-trois ans.
L'EMPRUNT PORTUGAIS
Le délit d'escroquerie. — La réponse de
M. Ribot aux porteurs de l'emprunt
de 1832. — L'emprunt Ephrussi
ne sera pas admis à la cote.
Nos lecteurs savent que le prospectus
d'émission de l'emprunt portugais, lancé
par M. Michel Ephrussi, porte que les
formalités seront remplies pour l'admission
à la cote officielle.
Ceci est plus qu'une contre-vérité: c'est
une manœuvre tombant directement sous
le coup de l'article M)5 du Code pénal,
c'est-à-dire une de ces manœuvres qui
constituent le délit d'escroquerie.
L'admission à la cote du nouvel emprunt
portugais ne sera pas obtenue et ne peut
pas l'etre. -
Pour l'admission à la cote des emprunts
étrangers, il faut l'autorisation du ministre
des affaires étrangères, et le ministre des
affaires étrangères, M. Ribot, ne donnera
pas, ne peut pas donner cette autorisa-
tion.
Au quai d'Orsay
On sait qu'une démarche a été faite ven-
dredi dernier à trois heures par le ministre
du Portugal auprès de M. Ribot, pour sol-
liciter l'admission à la cote du nouvel em-
prunt émis par M. Ephrussi. On sait aussi
que M. Ribot a répondu au ministre du
Portugal qu'il voyait les plus sérieux obs-
tacles à déférer au désir du gouvernement
portugais. Ces obstacles viennent des
engagements pris antérieurement par M.
Spuller et de la nécessité de respecter les
décisions des tribunaux français.
On a voulu contester l'exactitude de ces
renseignements, notamment en ce qui con-
cerne les promesses faites par M.Spuller, et
une note a paru à ce sujet dans cer-
tains journaux, notamment dans le Temps.
Mais un groupe de souscripteurs de l'em-
prunt portugais de 183,2, dont les titres sont
en souffrance depuis 1833, doivent aujour-
d'hui même, à ce qu'on nous assure, adres-
ser une protestation,par ministère d'huis-
sier au Temps et aux autres journaux qui
ont publié cette note.
Un gouvernement banqueroutier
En résumé, la question que le ministre
des affaires étrangères et le ministre des
finances ont à résoudre est la suivante :
En 1832, le gouvernement portugais a
contracté à Paris un emprunt de quarante
millions de francs, par l'intermédiaire de
deux banquiers qui jouaient à peu près le
même rôle que joue aujourd'hui M. Michel
Ephrussi. Les trois premiers semestres d'in-
térêt furent payés. La quatrième série d'o-
bligations de 1,250 titres désignés par le
sort fut remboursée en septembre 1833,
conformément au contrat, et depuis lors,le
gouvernement portugais, en dépit de toutes
les réclamations, a complètement suspendu
le service de cet emprunt.
Nous ne reviendrons pas sur les circons-
tances dans lesquelles cette suspension a
eu lieu. Bornons-nous à rappeler qu'en
1879, le Comptoir d'escompte ayant annoncé
un emprunt portugais, les porteurs de
l'emprunt de 1832 firent immédiatement
placarder des affiches disant que les capi-
talistes français ne pouvaient pas souscrire
à un emprunt contracté par un gouverne-
ment non seulement obéré, mais déloyal,
qui faisait banqueroute à ses engage-
ments.
Que fit le gouvernement portugais? Il fit
un procès en diffamation à ceux qui l'ac-
cusaient de déloyauté et de banqueroute;
mais, par un jugement rendu le 8 janvier
1880, le tribunal correctionnel de la Seine
acquitta les prévenus, déclarant ainsi qu'on
ne diffamait pas le gouvernement du Por-
tugal en disant sur son compte la vérité,et
lui donnant le plus joli soufflet judiciaire
que gouvernement ait jamais reçu.
Ce jugement a été confirmé par la cour.
Quelques mois après, le 12 juillet 1880, la
Chambre des députés, saisie de cette af-
faire par voie de pétition, vota à l'unani-
mité les conclusions du rapport de M.
Marion, aujourd'hui sénateur, disant que
le gouvernement portugais, s'il ne donnait
pas satisfaction aux souscripteurs de 1832,
« manquerait à la probité la plus vulgaire
et s'exposerait à perdre tout crédit en Eu-
rope. »
Enfin, en juin 1889, M. Spuller, ministre
des affaires étrangères, a renouvelé, paraît-
il, la promesse qu'aucun emprunt portu-
gais ne serait plus admis à la cote officielle
de la Bourse de Paris jusqu'à ce que la
question de l'emprunt de 1832 ait été ré-
glée.
Un précédent
Dans ces conditions, il est bien évident
que l'autorisation sollicitée par le ministre
du Portugal pour l'admission à la cote de
l'emprunt Ephrussi ne peut pas être accor-
dée.
Elle le peut d'autant moins qu'il existe un
précédent.
En 1889, M. Rouvier a refusé à M. Henri
Germain, président du Crédit lyonnais, la
cote officielle pour un emprunt du gouver-
ment chilien, lequel se trouvait alors, vis-
à-vis des Français porteurs de bons péru-
viens, dans une situation analogue à celle
où se trouve aujourd'hui le gouvernement
portugais.
Ce que M. Rouvier a refusé en 1889 à
M. Germain pour le gouvernement chilien,
M. Rouvier ne peut pas l'accorder en 1890
à M. Ephrussi pour le gouvernement por-
tugais.
L'admission à la cote serait un scandale
auquel M. Ribot est incapable de prêter
les mains.
UN BALLON PERDU
Ascension périlleuse.—Le nouveau gaz.
Hier avait lieu une ascension libre au
parc aérostatique des Buttes-Chaumont,
organisée par l'Ecole des aèrostatiers de
France.
Le Lazare-Carnot. monté par M. Ernest
Guirault, fondateur de la société, avait été
gonflé avec le nouveau gaz hydrogène ex-
périmenté sur les ballons militaires et per-
mettant de donner le plus petit volume
aux aérostats ; c'est ainsi que le Lazare-
Carnot ne cube que 150 mètres et porte
60 à 80 kilogr. environ.
Le temps était superbe, mais un vent
violent soufrait.
Dès son départ, le ballon fut projeté sur
le toit d'une maison voisine, rue Bolivar;
la nacelle se retourna, mais M. Guirault se
cramponna et ne fut atteint que d'une lé-
gère contusion à la tête.
Dans l'après-midi, le Lazare-Carnot pla-
nait au-dessus d'Asnières et de Bezons.
M. Guirault, voyant un terrain plat, pensa
à la descente et ouvrit la soupape.
Il atterrit bientôt et cria à des paysans
de saisir son ancre; mais, soit que ces
derniers n'aient pas entendu ou qu'ils
aient été pris de peur, ils n'en firent rien.
La nacelle toucha violemment le sol, et l'aé-
ronaute fut projeté à deux mètres dans les
terres.
Quand il se releva, le ballon, délesté tout
d'un coup de 50 kilogrammes, avait fait un
bond gigantesque dans les airs et dispa-
rut.
Dernière heure
Une dépêche reçue dans la soirée à Paris
annonce que, vers sept heures du soir, un
ballon est tombé sur le territoire de Mou-
chy-Saint-Eloi, près Creil. Il n'y avait per-
sonne dans la nacelle. L'aérostat a été re-
misé dans la cour de l'adjoint au maire.
MEETING D'ÉTUDIANTS
Association scolaire ibérique
(D'UN CORRESPONDANT)
Madrid, 13 avril.
Ce soir a eu lieu, à Madrid, un meeting
des étudiants portugais et espagnols. Des
discours ont été prononcés de part et d'au-
tre en faveur de la fraternité.
Des résolutions ont été adoptées à l'una-
nimité, tendant à la formation d'une asso-
ciation scolaire ibérique.
Les étudiants portugais, qui ont reçu ici
un accueil enthousiaste, partent pour Lis-
bonne.
LES ELECTIONS D'HIER
POUR LA CHAMBRE ET POUR LE SÉNAT
Deux élections législatives et trois élec-
tions sénatoriales ont eu lieu hier. Voici les
résultats des élections législatives :
GIRONDE
ARRONDISSEMENT DE BLAYE
Inscrits : 18,352. — Votants : 16,005
MM. Froin, bonap., invalidé.. 7.978 Elu
Théophile Goujon, rép. 7.930
[M. Froin avait été élu aux élections du 22
septembre par 7,35,4 voix contre 7,208 à M. Gou-
jon. ]
PYRÉNÉES (BASSES-)
LRE CIRCONSCRIPTION DE BAYONNE
Inscrits : 12,135
M. le docteur Lafont, rép. 6.373 Elu
(Il s'agissait de remplacer M. Haulon, répu-
blicain, nommé récemment sénateur du dé-
partement, et élu aux élections du 22 septem-
bre par h,883 voix contre 3,828 à M. de Labor-
de-Noguez, député sortant, réactionnaire, et
667 à M. Schmitt, boulangiste. M. le docteur
Lafont n'avait pas de concurrent. M. Andrieux,
à qui la candidature avait été offerte par
quelques électeurs, l'avait déelinée.]
ÉLECTIONS SÉNATORIALES
Ariège
(Premier tour de scrutin)
Votants : 628. — Majorité absolue: 305
MM. Vergnies, conseiller d'ar-
rondissement, républicain 911 voix
Bordes-Pagès, républicain 122
Trinque. 112
Charles Meunier, anc. c.
mun. de Paris, radical. 100
Deramond, républicain. 63
Bulletins blancs. 20
(Deuxième tour de scrutin)
MM. Bordes-Pagès, républicain 293 voix
Vergnies, républicain. 28A
Meunier, républicain. 98
Deramond, républicain. 1A
(Troisième tour de scrutin) -.
MM. Bordes-Pagès. 331 Elu
Vergnies 288
[Il s'agissait de remplacer M. Vigarosy, séna-
teur républicain, décédé. Lors du renouvelle-
ment de janvier 1885, au premier tour de scru-
tin, M. Vigarosy avait été élu par 322 voix ; M.
Frézoul, également candidat républicain, ob-
tenait 290 voix. Les candidats de la liste réac-
tionnaire, MM. Aclocque et Vayron, réunis-
saient 169 et 1A6 voix. Au second tour de scru-
tin, un certain nombre de candidatures répu-
blicaines dissidentes s'étant effacées, M. Fré-
zoul l'emportait par A08 voix contre 185.]
Eure
Inscrits : 1,060. — Votants : 1,051
MM. Milliard, avocat, anc. dép.. 591 Elu
Marquis de Chambray, c.
gén. réact JJ60
(Il s'agissait de remplacer M. le marquis de
Malleville, sénateur républicain, décédé, dont
le siège d'inamovible a été transformé en
siège départemental et attribué par le sort
au département de l'Eure. Au renouvellement
de 1895, MM. le comte d'Osmoy et le général
Lecointe, républicains, ont été élus par 537 et
533 voix contre MM. le duc de Broglie et Albert
Fouquet réactionnaires, qui obtenaient 523 et
5 vOix.j Finistère
Inscrits : 1,219 — Votants : 1,21 h
MM. Astor, maire de Quimper,
cons. gén., républicain. 65/» Elu
Chevillotte, ancien député
réactionnaire. 560
[Il s'agissait de remplacer M. Grandperret,
sénateur bonapartiste, décédé, dont le siège
d'inamovible a été transformé en siège dépar-
temental et attribué par le sort au départe-
ment du Finistère. Au renouvellement de
1885, MM. Soubigou, Le Guen, de Raismes, l'a-
miral Balna du Frétay, réactionnaires, ont
été élus tous les cinq au premier tour de scru-
tin, le premier par 602 voix, le dernier par 590
voix. La liste républicaine portait MM. Astor,
Drouillard, Bourgeois et Lebreton. M. Astor
arrivait en tête avec 580 voix ; les autres obte-
naient entre 576 et 566 suffrages.]
Les vacances au Sénat
Il reste encore à pourvoir, dans un délai
assez rapproché, aux quatre autres sièges
sénatoriaux vacants qui appartiennent aux
départements de Lot-et-Garonne,de la Som-
me, de Vaucluse et de l'Yonne.
Lorsque ces vacances seront comblées,
nous serons arrivés à peu près au moment
à partir duquel il n'y aura plus d'élections
sénatoriales jusqu'à la fin de l'année.
En effet, aux termes de l'article 23 la loi
organique du 2 août 1875, si la vacance d'un
siège sénatorial survient dans les six mois
qui précèdent le renouvellement triennal,
il n'y est pourvu qu'au moment de ce re-
nouvellement.
Or, le renouvellement triennal du Sénat
doit se faire au début de janvier 1891. Par
conséquent, à partir du 30 juin prochain,
il n'y aura plus d'élections sénatoriales
partielles pour les sièges qui seraient deve-
nus vacants postérieurement à cette date.
Toutes ces élections, même celles s'appli-
quant à des sièges de la série non sortante,
devront être ajournées jusqu'en janvier
1891.
CHRONIQUE
Voici Mermeix acquitté. Cette solu-
tion ne faisait doute pour personne.
Aussi le parquet eût-il agi sagement en
ne s'obstinant pas à une poursuite qui
devait nécessairement, fatalement, abou-
tir à un acquittement,qui pour lui serait
un échec.
Mermeix avait assigné un certain nom-
bre de ses confrères pour lui servir de
témoins à décharge. Nous étions là une
vingtaine dje journalistes, enfermés dans
la salle des témoins, attendant notre
tour. Nous étions tous du même avis.
Mermeix, en publiant avant le jour mar-
qué par la loi le dossier de la haute
cour, avait commis une contravention,
punissable d'une amende; et cette amende,
la loi pourra en augmenter le chiffre, si
l'on veut réprimer ces indiscrétions. Mais
le traduire aux assises pour ce fait, où
l'on affectait de voir une complicité de
vol et un recel; mais réclamer contre lui
une peine qui ne pouvait être moindre
que six mois de prison et qui entraînait
la perte des droits civils et politiques,
c'était une absurdité monstrueuse.
Je ne sais pas ce que ces messieurs de
la cour ont demandé à mes confrères
qui ont passé avant moi, puisque chacun
de nous, son interrogatoire fini, partait
et retournait à ses affaires. J'imagine
qu'on leur a posé les mêmés questions
et qu'ils ont fait, chacun selon son carac-
tère et son tempérament, les mêmes ré-
ponses.
Le procureur général et le président
avaient l'air, se regardant l'un l'autre et
se renvoyant la balle, de prendre en pitié
notre profonde démoralisation : ainsi
tous excusent le vol. et ce mot vol pre-
nait dans leur bouche des sonorités voi-
lées et navrantes.
Mais, sacristi ! il y a vol et vol. La fem-
me qui à l'octroi passe un lapin en fraude
dans son cabas commet un vol, cela ne
fait pas de doute. Un vol fait à l'Etat
n'en est pas moins un vol.,Si elle me sert
le lapin en gibelotte, je me rends com-
plice de ce vol, et je me fais le recéleur
du lapin volé. J'ai tort, cela est évident;
mais ce n'est pas une raison pour lui in-
fliger à elle six mois de Saint-Lazare et
m'envoyer, moi, fabriquer des chaussons
de lisière à Clairvaux.
La question était fort mal posée.
Il ne s'agissait pas de savoir si le dos-
sier avait été volé. Rien n'était, parbleu,
plus évident. Il est clair que ce n'était
pas le directeur de l'imprimerie du Sé-
nat qui avait fait cadeau de l'exemplaire
à Mermeix. Cet exemplaire avait dû être
soustrait, et Mermeix ne s'était pas in-
quiété de la provenance ; il avait publié
le document tombé entre ses mains. Il
avait commis une illégalité, cela n'était
pas moins évident. On n'avait pas besoin
de nous demander notre avis sur le fait
en lui-même.
Mais ce que nous n'acceptions pas,
c'étaient les conséquences juridiques que
l'on voulait donner à ce fait en le qua-
lifiant de vol, et en accusant Mermeix de
complicité.
Nous nous révoltions tous.
Nous faisions remarquer que chaque
profession avait ses nécessités,auxquelles
devaient fatalement se plier ceux qui
l'exerçaient. Une des nécessités du jour-
nalisme moderne, c'est l'information à
outrance, l'information rapide, instanta-
née et, autant que possible, précise. Cette
nécessité de l'information est imposée à
tout journal, sous peine de vie, par le
goût même du public. Le public ne lit
plus guère d'article pour le plaisir d'y
goûter une prose plus ou moins spiri-
tuelle. Il veut des faits, et des faits vrais ;
les faits du jour au jour le jour. Tout
journal qui ne se soumet pas à ces exi-
gences toutes nouvelles est un journal
condamné.
Eh bien ! quand un document inédit
et important tombe aux mains d'un di-
recteur de journal, il n'y a loi qui tienne,
il le publie, en se disant : Ça coûtera ce
que ça coûtera, on paiera l'amende et
allons de l'avant! Il le publie, parce qu'é-
tant journaliste, il ne peut pas faire au-
trement, parce que l'information est de-
venue une des conditions nécessaires de
la vie du journal.
Et comme, après beaucoup d'autres de
mes confrères, j'exposais cette idée, j'eus
l'imprudence d'ajouter : Il en va de
même dans toutes les professions, et la
vôtre même, messieurs, n'est pas exempte
de ces nécessités fâcheuses qui forcent
l'homme le plus honnête à tenir moins
de compte de la morale ordinaire.
— Précisez, monsieur, me dit l'avocat
général, m'interrompant.
— Ce serait bien délicat à dire.
— Non, monsieur, il faut préciser.
Ah! quelle envie j'avais de faire ce
que me demandait l'avocat général! Je
me suis tenu à quatre pour ne point ré-
pondre à son aimable invitation. Je lui
aurais dit :
— Eh bien, monsieur, quand un
juge d'instruction garde durant trois
mois, en prison préventive et au secret,
une femme accusée d'un crime dont il n'a
pas les preuves ; quand il la soumet tous
les jours à des interrogatoires captieux
qui sont une vraie torture morale ; quand
il force la malheureuse, qui est enceinte,
d'avouer un crime qu'elle n'a pas com-
mis, afin d'obtenir la permission d'ac-
coucher dans un lit, nous autres, journa-
listes, nous trouvons cette conduite abo-
minable, nous fulminons contre le juge
d'instruction des articles virulents, nous
nous écrions, comme vous le faisiez tout
à l'heure en parlant de la presse : Quelle
démoralisation dans la magistrature !
Et cependant, monsieur le procureur
général, ce collègue qui a foulé aux pieds
l'humanité et la pudeur pour arriver à
une épouvantées gaffe, ce \ll&Iue-là,
vous vous serrez tous autour de lui, vous
acceptez la main qu'il vous tend, vous
ne lui en voulez pas d'avoir fait son m
tier, qui est le vôtre.
C'est qu'une des nécessités de votre
métier, ce sans quoi votre métier n'exis-*
terait pas, c'est la découverte du crimi
nel, quand il y a un crime commis. La
nécessité de le découvrir coûte que
coûte, par n'importe quel moyen, s'im-
pose à vous, et vous vous pliez à cette
condition nécessaire. Vous faites comme
nous, journalistes, pour qui l'informa-
tion rapide est une nécessité aussi. Voua
y sacrifiez tout.
Et ne venez pas me dire qu'au moins £
vous, c'est par amour désintéressé de la
vérité et de la justice, tandis que nous,
c'est pour achalander le journal et ga-
gner plus d'argent. Oui, sans doute, nous
songeons au tirage, comme vous songez
à l'avancement.
Tout cela me bouillonnait dans la tête,'
tandis que M. le procureur général me
disait de sa voix douce et engageante :
— Précisez, il faut préciser.
Mais je me suis rappelé à temps la fa-
ble où Florian nous montre un cuisinier,
son grand couteau derrière le dos, appe-
lant un dindon : Petit! petit!
Je n'ai pas voulu être le dindon de la
farce. Je me suis méfié. S'il m'avait échap-
pé, dans Je feu de l'improvisation, un mot
malsonnant, le président aurait pu m'in-
terrompre et laisser tomber les paroles
sacramentelles:
— La cour attend les réquisitions du
ministère public.
Merci bien, et très obligé!
J'ai tiré ma révérence. Au journal, je
suis chez nous ; la liberté de la presse est
une bonne chose!
Francisque Sarcey.
PROTESTATION D'UN NON « INVESTI»
Une lettre de M. Arthur Bollain. - Les
abus du comité national. ,
[Nous avons reçu l'intéressante lettre sui-
vante, qui montre que l'accord persiste dans
le camp boulangiste :]
Paris, 13 avril 1890.
Monsieur le directeur,
Je lis mon nom dans la liste que vous
avez publiée hier des candidats révision-
nistes « non investis ».
Je suis en effet de ceux qui résisteront
aux prétentions du comité national et
prendront énergiquement la défense du
suffrage universel, que ses prétendus éman-
cipateurs d'hier veulent rejeter en tutelle
aujourd'hui.
Il ne faudrait pas croire que cette déci
sion, prise également par nombre de mesf
amis, candidats indépendants comme moi.
soit la résultante d'une colère faite de jalou-
sie et de déception. Nous ne sommes pa3
investis, mais veuillez croire que nous na
demandions pas à l'être. Notre prétentioD.
la mienne tout au moins, était que le co.,
mité national devait se tenir coi au pre-'
mier tour de scrutin et attendre respect
tueuseinent le verdict des électeurs.
Le parlementarisme sectaire de quelquee
uns a décidé qu'il en serait autrement.
Aujourd'hui, le comité national commet
de gaieté de cœur les abus qu'il flétrissait
jadis avec une vigueur qui fit sa popula-
rité. Les frères et amis, les courtiers élec-
toraux sont casés aux bons endroits où la
victoire semble assurée, et la candidature
officielle la plus vexatoire essaie de faire
pression sur l'esprit de nos amis, hésitant
entre leurs principes et une prétendue dis
cipline qu'on les conjure d'observer. *
Les électeurs résisteront. Si la masse éle torale se laisse quelquefois berner quand
il ne s'agit que d'élections politiques, elle
a la prétention d'être indépendante quand
ses intérêts particuliers sont en jeu et qu'if
s'agit de nommer noa plus des politiciens,
mais des administrateurs.
Cette indépendance, les électeurs l'ont
prouvée aux dernières élections des con-
seils généraux. Ils en donneront une se-
conde preuve le 27 avril prochain, et cela
d'autant plus volontiers,que ceux-là mêmes -
qui se recommandent des faibles et des
travailleurs et font risette au blanquisme
pour se donner des airs de socialistes à
tous crins, n'offrent à la masse électorale
parisienne qu'un programme purement
politique.
Ce programme est une véritable décla.
ration de guerre, un programme de combat
dans lequel les questions municipales n'o
cupent qu'une place bien humble et véri-t
tablement trop effacée. -,
Nous avons donc raison de nous insurger
contre ces prétentions, contre cette candi
dature officielle pour laquelle on n'avait
point jadis assez d'anathèmes. et qui est la
négation même du programme révision-
niste, basé sur le suffrage universel libre et
indépendant.
Veuillez agréer, monsieur le directeur,
l'assurance de ma considération distin
guée.
ARTHUR ROLLAIN.
ENNEMIS RECONCILIES
DANS LE DIX-HUITIÈME
A la salle d'Orient. — L'investi Crié. —
Susini et Rabuel. — Sus au docteur -
Lunel ! — Scène touchante.
Le café de l'Orient, rue de Clichy, a offert
hier aux électeurs du dix-huitième arron-
dissement, un bien touchant spectacle. On y
a vu, — moyennant la modique somme da
quatre sous,—le candidat «non investi »Ra-*
buel se jeter dans les bras de « l'investi
de Susini et offrir à celui-ci, en guise d'ho-
locauste, le concours de sa parole et l'in-
fluence qu'il a dans le quartier de Clignan-
court en faveur de sa candidature. Et cette
scène de désintéressement se passait sou^
l'œil présidentiel de M. Naquet et au milieu
d'applaudissements frénétiques d'une as*
semblée en délire.
Toutefois, la réunion n'avait pas été or
ganisée dans ce but-là; le désistement de
M. Rabuel ayant été imprévu ; il s'agissait
tout uniquement de discuter les mérites de
M. Crié, candidat aux Grandes-Carrières,
dont l'investiture ne fait plus de doute a
personne depuis qu'il a reçu la lettre sui-
vante du général Boulanger :
Saint-Hélier, 8 avril 1890.
Mon cher Crié,
Le comité républicain national TOUS a désJd
CINQ Centimes - Paris et Départements - CINQ Centimes
MARDI 15 AVRIL 1890
ÎHj ï 1 Jj Hï
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
J42. Rua ^dlorLtrjaaxtx'ô
PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
A, - ÉDOUARD PORTALIS
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L'EMPRUNT PORTUGAIS
Le général Boulanger à M. Crie
LES ÉLECTIONS D'HIER
UN CHAHUT AU QUARTIER LATIN
Ballon perdu et retrouvé
Prainjaetrii
Le souci de l'avenir est à coup sûr
un sentiment des plus naturels et
des plus communs. Le petit employé de
commerce, l'ouvrier qui gagne péni-
blement, au jour le jour, de quoi vi-
vre et soutenir les siens est souvent
obsédé de cette préoccupation : que
deviendra-t-il » le jour oû l'outil lui
tombera des mains, où il verra se fer-
mer devant lui les portes auxquelles
il ira frapper en quête de travail? S'il
pouvait être sûr que ce jour-là, après
avoir consumé vingt ou trente ans de
sa vie en un dur labeur, il aura un
petit pécule, quelques rentes qui lui
donnent au moins la possibilité de vi-
vre sans tendre la main, quelle sécu-
rité pour lui et quel repos d'esprit !
Mais comment les conquérir ?
Les philanthropes sont merveilleux,
qui recommandent au malheureux d'é-
pargner pour ses vieux jours. Le con-
seil est bon à donner et se prête aux
développements oratoires. Il est moins
facile A, nettre en pratique.
Que l'on demande aux intéressés un
effort personnel lorsqu'il est possible,
je le veux; mais c'est ici que l'inter-
vention de l'Etat, des pouvoirs publics,
est particulièrement nécessaire et lé-
gitime. Ce n'est pas d'aujourd'hui, au
reste, que l'on se préoccupe du sort
des invalides du travail. Ne méritent-
ils pas autant que les victimes de la
guerre la sollicitude d'un gouverne-
ment démocratique? -
La Révolution l'avait compris, et la
création d'une caisse des invalides du
travail fut mise à l'étude par la Con-
vention nationnale. La question, non
résolue, n'a pas cessé depuis lors d'être
examinée. Un député, M. Bérard,
vient d'en faire l'objet d'une proposi-
tion de loi intéressante. Il se borne à
assurer la retraite des ouvriers de
l'agriculture et de l'industrie. Si ce
n'est pas tout le problème, c'en est
certainement la plus importante et la
plus délicate partie. L'auteur du pro-
jet commence par rappeler les précé-
dents.
Il existe actuellement une Caisse na-
tionale des retraites pour la vieillesse.
C'est à la seconde République qu'il
faut rapporter l'honneur de sa fonda-
tion. La loi qui l'institua date du 18 juin
1850. Elle est gérée par la Caisse des
dépôts et consignations, sous la ga-
rantie de l'Etat.
Le taux de l'intérêt de capitalisation
a varié de 5 à A 0/0. Le maximum des
pensions s'est élevé de 600 à 1,500 fr.
Une pension de 1,500 francs est déjà
relativement considérable. Aussi avait-
on, par cette élévation de tarifs, dé-
naturé le caractère de l'institution.
Ce n'étaient plus les travailleurs ma-
nuels qui y portaient leurs épargnes,
mais des capitalistes moyens, à la re-
cherche d'avantageux placements.
En 1879, une proposition sur les re-
traites ouvrières fut déposée par M.
Martin Nadaud et un certain nombre
de ses collègues républicains. L'idée-
mère du projet était de constituer un
capital au profit des travailleurs par
une triple série de prélèvements : tan-
dis que le salaire eût été grevé d'une
retenue obligatoire de W centimes par
jour, le patron et l'Etat auraient four-
ni par journée d'ouvrier chacun 10 cen-
times.
Cette proposition, naturellement fort
ritiquée, aboutit cependant à un ré-
sultat. La loi du 10 juillet 1886 modi-
fia sensiblement celle du 18 juin 1850.
En même temps que le versement le
plus faible que pût recevoir la Caisse
des retraites était abaissé de 5 francs
à 1 franc, le maximum des pensions
qu'elle servait était limité à 1, fr.
D'autres dispositions étaient prises,
qui, dans certains cas, augmentaient,
par l'intervention de l'Etat qui accor-
dait une subvention, le montant de la
pension, tel qu'il aurait dû résulter
du calcul strict des versements opé-
rés.
Malgré ces améliorations, la Caisse
des retraites n'a pas encore réussi à se
créer une clientèle sérieuse d'ouvriers
agricoles et industriels. La moyenne
des pensions qu'elle sert est de 87 fr.:
entre quatre et cinq sous par jour. On
comprend que l'enthousiasme soit mo-
déré.
Aussi, M. Bérard propose-t-il une
combinaison nouvelle. En voici l'éco-
nomie : il demande à l'ouvrier de ver-
ser, depuis l'âge de quinze ans, un
franc par mois. Etant donnés les chan-
ces de vie et de mort, le taux de capi-
talisation des intérêts, il calcule que
chaque bénéficiaire aurait droit, à
soixante ans, à une pension viagère
d'environ âA5 francs.
Interviendraient alors la commune,
le département et l'Etat, qui verse-
raient une subvention dans la propor-
tion de 1/6, S/6 et 3/6, de façon à
porter la pension de SA5 à 365 francs.
Les détails du projet peuvent assu-
rément être critiqués. La conception
nous paraît des plus intéressantes. Les
communes ne subiraient qu'une ag-
gravation de charges apparente. Ce
serait beaucoup plutôt un déplacement
de dépenses qu'une dépense nouvelle.
De même pour les départements, qui
contribuent auj ourd'hui pour une
bonne part de leur budget a rentre-
tien d'asiles et de dépôts de mendi-
cité. La dépense changerait de forme,
voilà tout. C'est ainsi qu'à Paris l'As-
sistance publique paie un secours à
domicile à nombre de vieillards qu'elle
ne peut, faute de place, recueillir
dans ses hospices.
Quant à l'Etat, il s'imposerait de ce
fait une dépense nouvelle assez sé-
rieuse. M. Bérard l'évalue à 18 mil-
lions. Mais, outre qu'il s'agit vraiment
pour l'Etat républicain d'un devoir
social à remplir, il ne serait pas sans
doute très difficile de trouver une éco-
nomie égale dans la réorganisation
d'un service public.
C'est ainsi que, depuis de longues
années, on critique vivement le sys-
tème de la loi de 1853 qui règle les
pensions de retraite des fonction-
naires. Elles coûtent au budget plus
de 30 millions. Personne ne mécon-
naît que la perspective d'une retraite
médiocre, mais certaine, au bout de
vingt-cinq ou trente ans de service,
est pour beaucoup de jeunes Français
la raison décisive qui les jette dans le
fonctionnarisme.
Donner à chaque citoyen cette
même sécurité, auj ourd'hui réservée
aux seuls fonctionnaires, aurait donc
la doublé utilité d'assurer à d'hon-
nêtes travailleurs le repos et la di-
gnité de leur vieillesse, et de diminuer
l'engouement qui précipite trop de
jeunes gens vers les fonctions publi-
ques, vers le mandarinat sous toutes
ses formes. Ce serait faire d'une pierre
deux coups. A. Millerand.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
» Chronique", par M. Paul Ginisty.
AU DAHOMEY
Rectification officieuse
En dépit de la rectification du journal
le Temps, nous maintenons de tous points
l'information que nous avons publiée hier,
relative au dépôt par le gouvernement, dès
la rentrée, d'une demande de crédit pour
l'envoi de renforts au Dahomey.
LES VARIATIONS DE GUILLAUME Il
Le rapprochement avec la France ren-
voyé aux calendes
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 13 avril.
Je vous confirme ma dépêche d'hier.
L'abrogation de la mesure des passeports
est ajournée.
Le décret, dit-on, avait été signé; l'empe-
reur devait se rendre de Wiesbaden en
Lorraine pour chasser le coq de bruyère,
et le décret aurait paru pendant son séjour
dans le pays annexé. Mais soudain tout est
remis en question.
D'ailleurs, on murmure tout bas que les
prétendus projets de conciliation avec la
France n'existent nullement; qu'au con-
traire, l'empereur songe à resserrer encore
la triple alliance.
On va plus loin, et l'on annonce que
l'empereur Guillaume ira la semaine pro-
ehaine consulter M. de Bismarck à Fried-
richsruhe.
L'ère des surprises n'est pas close.
LES DERNIÈRES AGITATIONS
DE M. CRISPI.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 13 avril.
L'expulsion des journalistes pourrait bien
être, pour M. Crispi, le chant du cygne. La
presse italienne est presque unanime à le
blâmer. Le refus fait à M. Lavalette de le
laisser communiquer avec l'ambassade fran-
çaise a stupéfié tout le monde.
On assure que M. Magliani a reçu, depuis
hier, de nouvelles adhésions de députés qui
commencent à trouver que M. Crispi dépasse
réellement la mesure.
C'est décidément le l avril qu'aura lieu le
banquet de Naples.
LE VOYAGE DU PRÉSIDENT
(D'UN CORRESPONDANT)
Cannes, 13 avril.
Le commandant Chamoin est arrivé hier
soir et s'est mis en rapport avec la muni-
cipalité.
Rien n'a encore été arrêté au sujet de l'ar-
rivée du président de la République ; mais il
paraît probable qu'il ne s'arrêtera que quel-
ques minutes à la gare pour y recevoir les
autorités.
MORT D'UN ANCIEN CONSUL
DE RUSSIE
M. François-Antoine Pontio, ancien vice-
consul de Russie à Nice, a été frappé hier,
chez son avoué, rue Saint-Lazare, 50, ou il
était allé régler des affaires d'intérêt, d'une
attaque d'apoplexie foudroyante.
M. Pontio était âgé de soixante-trois ans.
L'EMPRUNT PORTUGAIS
Le délit d'escroquerie. — La réponse de
M. Ribot aux porteurs de l'emprunt
de 1832. — L'emprunt Ephrussi
ne sera pas admis à la cote.
Nos lecteurs savent que le prospectus
d'émission de l'emprunt portugais, lancé
par M. Michel Ephrussi, porte que les
formalités seront remplies pour l'admission
à la cote officielle.
Ceci est plus qu'une contre-vérité: c'est
une manœuvre tombant directement sous
le coup de l'article M)5 du Code pénal,
c'est-à-dire une de ces manœuvres qui
constituent le délit d'escroquerie.
L'admission à la cote du nouvel emprunt
portugais ne sera pas obtenue et ne peut
pas l'etre. -
Pour l'admission à la cote des emprunts
étrangers, il faut l'autorisation du ministre
des affaires étrangères, et le ministre des
affaires étrangères, M. Ribot, ne donnera
pas, ne peut pas donner cette autorisa-
tion.
Au quai d'Orsay
On sait qu'une démarche a été faite ven-
dredi dernier à trois heures par le ministre
du Portugal auprès de M. Ribot, pour sol-
liciter l'admission à la cote du nouvel em-
prunt émis par M. Ephrussi. On sait aussi
que M. Ribot a répondu au ministre du
Portugal qu'il voyait les plus sérieux obs-
tacles à déférer au désir du gouvernement
portugais. Ces obstacles viennent des
engagements pris antérieurement par M.
Spuller et de la nécessité de respecter les
décisions des tribunaux français.
On a voulu contester l'exactitude de ces
renseignements, notamment en ce qui con-
cerne les promesses faites par M.Spuller, et
une note a paru à ce sujet dans cer-
tains journaux, notamment dans le Temps.
Mais un groupe de souscripteurs de l'em-
prunt portugais de 183,2, dont les titres sont
en souffrance depuis 1833, doivent aujour-
d'hui même, à ce qu'on nous assure, adres-
ser une protestation,par ministère d'huis-
sier au Temps et aux autres journaux qui
ont publié cette note.
Un gouvernement banqueroutier
En résumé, la question que le ministre
des affaires étrangères et le ministre des
finances ont à résoudre est la suivante :
En 1832, le gouvernement portugais a
contracté à Paris un emprunt de quarante
millions de francs, par l'intermédiaire de
deux banquiers qui jouaient à peu près le
même rôle que joue aujourd'hui M. Michel
Ephrussi. Les trois premiers semestres d'in-
térêt furent payés. La quatrième série d'o-
bligations de 1,250 titres désignés par le
sort fut remboursée en septembre 1833,
conformément au contrat, et depuis lors,le
gouvernement portugais, en dépit de toutes
les réclamations, a complètement suspendu
le service de cet emprunt.
Nous ne reviendrons pas sur les circons-
tances dans lesquelles cette suspension a
eu lieu. Bornons-nous à rappeler qu'en
1879, le Comptoir d'escompte ayant annoncé
un emprunt portugais, les porteurs de
l'emprunt de 1832 firent immédiatement
placarder des affiches disant que les capi-
talistes français ne pouvaient pas souscrire
à un emprunt contracté par un gouverne-
ment non seulement obéré, mais déloyal,
qui faisait banqueroute à ses engage-
ments.
Que fit le gouvernement portugais? Il fit
un procès en diffamation à ceux qui l'ac-
cusaient de déloyauté et de banqueroute;
mais, par un jugement rendu le 8 janvier
1880, le tribunal correctionnel de la Seine
acquitta les prévenus, déclarant ainsi qu'on
ne diffamait pas le gouvernement du Por-
tugal en disant sur son compte la vérité,et
lui donnant le plus joli soufflet judiciaire
que gouvernement ait jamais reçu.
Ce jugement a été confirmé par la cour.
Quelques mois après, le 12 juillet 1880, la
Chambre des députés, saisie de cette af-
faire par voie de pétition, vota à l'unani-
mité les conclusions du rapport de M.
Marion, aujourd'hui sénateur, disant que
le gouvernement portugais, s'il ne donnait
pas satisfaction aux souscripteurs de 1832,
« manquerait à la probité la plus vulgaire
et s'exposerait à perdre tout crédit en Eu-
rope. »
Enfin, en juin 1889, M. Spuller, ministre
des affaires étrangères, a renouvelé, paraît-
il, la promesse qu'aucun emprunt portu-
gais ne serait plus admis à la cote officielle
de la Bourse de Paris jusqu'à ce que la
question de l'emprunt de 1832 ait été ré-
glée.
Un précédent
Dans ces conditions, il est bien évident
que l'autorisation sollicitée par le ministre
du Portugal pour l'admission à la cote de
l'emprunt Ephrussi ne peut pas être accor-
dée.
Elle le peut d'autant moins qu'il existe un
précédent.
En 1889, M. Rouvier a refusé à M. Henri
Germain, président du Crédit lyonnais, la
cote officielle pour un emprunt du gouver-
ment chilien, lequel se trouvait alors, vis-
à-vis des Français porteurs de bons péru-
viens, dans une situation analogue à celle
où se trouve aujourd'hui le gouvernement
portugais.
Ce que M. Rouvier a refusé en 1889 à
M. Germain pour le gouvernement chilien,
M. Rouvier ne peut pas l'accorder en 1890
à M. Ephrussi pour le gouvernement por-
tugais.
L'admission à la cote serait un scandale
auquel M. Ribot est incapable de prêter
les mains.
UN BALLON PERDU
Ascension périlleuse.—Le nouveau gaz.
Hier avait lieu une ascension libre au
parc aérostatique des Buttes-Chaumont,
organisée par l'Ecole des aèrostatiers de
France.
Le Lazare-Carnot. monté par M. Ernest
Guirault, fondateur de la société, avait été
gonflé avec le nouveau gaz hydrogène ex-
périmenté sur les ballons militaires et per-
mettant de donner le plus petit volume
aux aérostats ; c'est ainsi que le Lazare-
Carnot ne cube que 150 mètres et porte
60 à 80 kilogr. environ.
Le temps était superbe, mais un vent
violent soufrait.
Dès son départ, le ballon fut projeté sur
le toit d'une maison voisine, rue Bolivar;
la nacelle se retourna, mais M. Guirault se
cramponna et ne fut atteint que d'une lé-
gère contusion à la tête.
Dans l'après-midi, le Lazare-Carnot pla-
nait au-dessus d'Asnières et de Bezons.
M. Guirault, voyant un terrain plat, pensa
à la descente et ouvrit la soupape.
Il atterrit bientôt et cria à des paysans
de saisir son ancre; mais, soit que ces
derniers n'aient pas entendu ou qu'ils
aient été pris de peur, ils n'en firent rien.
La nacelle toucha violemment le sol, et l'aé-
ronaute fut projeté à deux mètres dans les
terres.
Quand il se releva, le ballon, délesté tout
d'un coup de 50 kilogrammes, avait fait un
bond gigantesque dans les airs et dispa-
rut.
Dernière heure
Une dépêche reçue dans la soirée à Paris
annonce que, vers sept heures du soir, un
ballon est tombé sur le territoire de Mou-
chy-Saint-Eloi, près Creil. Il n'y avait per-
sonne dans la nacelle. L'aérostat a été re-
misé dans la cour de l'adjoint au maire.
MEETING D'ÉTUDIANTS
Association scolaire ibérique
(D'UN CORRESPONDANT)
Madrid, 13 avril.
Ce soir a eu lieu, à Madrid, un meeting
des étudiants portugais et espagnols. Des
discours ont été prononcés de part et d'au-
tre en faveur de la fraternité.
Des résolutions ont été adoptées à l'una-
nimité, tendant à la formation d'une asso-
ciation scolaire ibérique.
Les étudiants portugais, qui ont reçu ici
un accueil enthousiaste, partent pour Lis-
bonne.
LES ELECTIONS D'HIER
POUR LA CHAMBRE ET POUR LE SÉNAT
Deux élections législatives et trois élec-
tions sénatoriales ont eu lieu hier. Voici les
résultats des élections législatives :
GIRONDE
ARRONDISSEMENT DE BLAYE
Inscrits : 18,352. — Votants : 16,005
MM. Froin, bonap., invalidé.. 7.978 Elu
Théophile Goujon, rép. 7.930
[M. Froin avait été élu aux élections du 22
septembre par 7,35,4 voix contre 7,208 à M. Gou-
jon. ]
PYRÉNÉES (BASSES-)
LRE CIRCONSCRIPTION DE BAYONNE
Inscrits : 12,135
M. le docteur Lafont, rép. 6.373 Elu
(Il s'agissait de remplacer M. Haulon, répu-
blicain, nommé récemment sénateur du dé-
partement, et élu aux élections du 22 septem-
bre par h,883 voix contre 3,828 à M. de Labor-
de-Noguez, député sortant, réactionnaire, et
667 à M. Schmitt, boulangiste. M. le docteur
Lafont n'avait pas de concurrent. M. Andrieux,
à qui la candidature avait été offerte par
quelques électeurs, l'avait déelinée.]
ÉLECTIONS SÉNATORIALES
Ariège
(Premier tour de scrutin)
Votants : 628. — Majorité absolue: 305
MM. Vergnies, conseiller d'ar-
rondissement, républicain 911 voix
Bordes-Pagès, républicain 122
Trinque. 112
Charles Meunier, anc. c.
mun. de Paris, radical. 100
Deramond, républicain. 63
Bulletins blancs. 20
(Deuxième tour de scrutin)
MM. Bordes-Pagès, républicain 293 voix
Vergnies, républicain. 28A
Meunier, républicain. 98
Deramond, républicain. 1A
(Troisième tour de scrutin) -.
MM. Bordes-Pagès. 331 Elu
Vergnies 288
[Il s'agissait de remplacer M. Vigarosy, séna-
teur républicain, décédé. Lors du renouvelle-
ment de janvier 1885, au premier tour de scru-
tin, M. Vigarosy avait été élu par 322 voix ; M.
Frézoul, également candidat républicain, ob-
tenait 290 voix. Les candidats de la liste réac-
tionnaire, MM. Aclocque et Vayron, réunis-
saient 169 et 1A6 voix. Au second tour de scru-
tin, un certain nombre de candidatures répu-
blicaines dissidentes s'étant effacées, M. Fré-
zoul l'emportait par A08 voix contre 185.]
Eure
Inscrits : 1,060. — Votants : 1,051
MM. Milliard, avocat, anc. dép.. 591 Elu
Marquis de Chambray, c.
gén. réact JJ60
(Il s'agissait de remplacer M. le marquis de
Malleville, sénateur républicain, décédé, dont
le siège d'inamovible a été transformé en
siège départemental et attribué par le sort
au département de l'Eure. Au renouvellement
de 1895, MM. le comte d'Osmoy et le général
Lecointe, républicains, ont été élus par 537 et
533 voix contre MM. le duc de Broglie et Albert
Fouquet réactionnaires, qui obtenaient 523 et
5 vOix.j Finistère
Inscrits : 1,219 — Votants : 1,21 h
MM. Astor, maire de Quimper,
cons. gén., républicain. 65/» Elu
Chevillotte, ancien député
réactionnaire. 560
[Il s'agissait de remplacer M. Grandperret,
sénateur bonapartiste, décédé, dont le siège
d'inamovible a été transformé en siège dépar-
temental et attribué par le sort au départe-
ment du Finistère. Au renouvellement de
1885, MM. Soubigou, Le Guen, de Raismes, l'a-
miral Balna du Frétay, réactionnaires, ont
été élus tous les cinq au premier tour de scru-
tin, le premier par 602 voix, le dernier par 590
voix. La liste républicaine portait MM. Astor,
Drouillard, Bourgeois et Lebreton. M. Astor
arrivait en tête avec 580 voix ; les autres obte-
naient entre 576 et 566 suffrages.]
Les vacances au Sénat
Il reste encore à pourvoir, dans un délai
assez rapproché, aux quatre autres sièges
sénatoriaux vacants qui appartiennent aux
départements de Lot-et-Garonne,de la Som-
me, de Vaucluse et de l'Yonne.
Lorsque ces vacances seront comblées,
nous serons arrivés à peu près au moment
à partir duquel il n'y aura plus d'élections
sénatoriales jusqu'à la fin de l'année.
En effet, aux termes de l'article 23 la loi
organique du 2 août 1875, si la vacance d'un
siège sénatorial survient dans les six mois
qui précèdent le renouvellement triennal,
il n'y est pourvu qu'au moment de ce re-
nouvellement.
Or, le renouvellement triennal du Sénat
doit se faire au début de janvier 1891. Par
conséquent, à partir du 30 juin prochain,
il n'y aura plus d'élections sénatoriales
partielles pour les sièges qui seraient deve-
nus vacants postérieurement à cette date.
Toutes ces élections, même celles s'appli-
quant à des sièges de la série non sortante,
devront être ajournées jusqu'en janvier
1891.
CHRONIQUE
Voici Mermeix acquitté. Cette solu-
tion ne faisait doute pour personne.
Aussi le parquet eût-il agi sagement en
ne s'obstinant pas à une poursuite qui
devait nécessairement, fatalement, abou-
tir à un acquittement,qui pour lui serait
un échec.
Mermeix avait assigné un certain nom-
bre de ses confrères pour lui servir de
témoins à décharge. Nous étions là une
vingtaine dje journalistes, enfermés dans
la salle des témoins, attendant notre
tour. Nous étions tous du même avis.
Mermeix, en publiant avant le jour mar-
qué par la loi le dossier de la haute
cour, avait commis une contravention,
punissable d'une amende; et cette amende,
la loi pourra en augmenter le chiffre, si
l'on veut réprimer ces indiscrétions. Mais
le traduire aux assises pour ce fait, où
l'on affectait de voir une complicité de
vol et un recel; mais réclamer contre lui
une peine qui ne pouvait être moindre
que six mois de prison et qui entraînait
la perte des droits civils et politiques,
c'était une absurdité monstrueuse.
Je ne sais pas ce que ces messieurs de
la cour ont demandé à mes confrères
qui ont passé avant moi, puisque chacun
de nous, son interrogatoire fini, partait
et retournait à ses affaires. J'imagine
qu'on leur a posé les mêmés questions
et qu'ils ont fait, chacun selon son carac-
tère et son tempérament, les mêmes ré-
ponses.
Le procureur général et le président
avaient l'air, se regardant l'un l'autre et
se renvoyant la balle, de prendre en pitié
notre profonde démoralisation : ainsi
tous excusent le vol. et ce mot vol pre-
nait dans leur bouche des sonorités voi-
lées et navrantes.
Mais, sacristi ! il y a vol et vol. La fem-
me qui à l'octroi passe un lapin en fraude
dans son cabas commet un vol, cela ne
fait pas de doute. Un vol fait à l'Etat
n'en est pas moins un vol.,Si elle me sert
le lapin en gibelotte, je me rends com-
plice de ce vol, et je me fais le recéleur
du lapin volé. J'ai tort, cela est évident;
mais ce n'est pas une raison pour lui in-
fliger à elle six mois de Saint-Lazare et
m'envoyer, moi, fabriquer des chaussons
de lisière à Clairvaux.
La question était fort mal posée.
Il ne s'agissait pas de savoir si le dos-
sier avait été volé. Rien n'était, parbleu,
plus évident. Il est clair que ce n'était
pas le directeur de l'imprimerie du Sé-
nat qui avait fait cadeau de l'exemplaire
à Mermeix. Cet exemplaire avait dû être
soustrait, et Mermeix ne s'était pas in-
quiété de la provenance ; il avait publié
le document tombé entre ses mains. Il
avait commis une illégalité, cela n'était
pas moins évident. On n'avait pas besoin
de nous demander notre avis sur le fait
en lui-même.
Mais ce que nous n'acceptions pas,
c'étaient les conséquences juridiques que
l'on voulait donner à ce fait en le qua-
lifiant de vol, et en accusant Mermeix de
complicité.
Nous nous révoltions tous.
Nous faisions remarquer que chaque
profession avait ses nécessités,auxquelles
devaient fatalement se plier ceux qui
l'exerçaient. Une des nécessités du jour-
nalisme moderne, c'est l'information à
outrance, l'information rapide, instanta-
née et, autant que possible, précise. Cette
nécessité de l'information est imposée à
tout journal, sous peine de vie, par le
goût même du public. Le public ne lit
plus guère d'article pour le plaisir d'y
goûter une prose plus ou moins spiri-
tuelle. Il veut des faits, et des faits vrais ;
les faits du jour au jour le jour. Tout
journal qui ne se soumet pas à ces exi-
gences toutes nouvelles est un journal
condamné.
Eh bien ! quand un document inédit
et important tombe aux mains d'un di-
recteur de journal, il n'y a loi qui tienne,
il le publie, en se disant : Ça coûtera ce
que ça coûtera, on paiera l'amende et
allons de l'avant! Il le publie, parce qu'é-
tant journaliste, il ne peut pas faire au-
trement, parce que l'information est de-
venue une des conditions nécessaires de
la vie du journal.
Et comme, après beaucoup d'autres de
mes confrères, j'exposais cette idée, j'eus
l'imprudence d'ajouter : Il en va de
même dans toutes les professions, et la
vôtre même, messieurs, n'est pas exempte
de ces nécessités fâcheuses qui forcent
l'homme le plus honnête à tenir moins
de compte de la morale ordinaire.
— Précisez, monsieur, me dit l'avocat
général, m'interrompant.
— Ce serait bien délicat à dire.
— Non, monsieur, il faut préciser.
Ah! quelle envie j'avais de faire ce
que me demandait l'avocat général! Je
me suis tenu à quatre pour ne point ré-
pondre à son aimable invitation. Je lui
aurais dit :
— Eh bien, monsieur, quand un
juge d'instruction garde durant trois
mois, en prison préventive et au secret,
une femme accusée d'un crime dont il n'a
pas les preuves ; quand il la soumet tous
les jours à des interrogatoires captieux
qui sont une vraie torture morale ; quand
il force la malheureuse, qui est enceinte,
d'avouer un crime qu'elle n'a pas com-
mis, afin d'obtenir la permission d'ac-
coucher dans un lit, nous autres, journa-
listes, nous trouvons cette conduite abo-
minable, nous fulminons contre le juge
d'instruction des articles virulents, nous
nous écrions, comme vous le faisiez tout
à l'heure en parlant de la presse : Quelle
démoralisation dans la magistrature !
Et cependant, monsieur le procureur
général, ce collègue qui a foulé aux pieds
l'humanité et la pudeur pour arriver à
une épouvantées gaffe, ce \ll&Iue-là,
vous vous serrez tous autour de lui, vous
acceptez la main qu'il vous tend, vous
ne lui en voulez pas d'avoir fait son m
tier, qui est le vôtre.
C'est qu'une des nécessités de votre
métier, ce sans quoi votre métier n'exis-*
terait pas, c'est la découverte du crimi
nel, quand il y a un crime commis. La
nécessité de le découvrir coûte que
coûte, par n'importe quel moyen, s'im-
pose à vous, et vous vous pliez à cette
condition nécessaire. Vous faites comme
nous, journalistes, pour qui l'informa-
tion rapide est une nécessité aussi. Voua
y sacrifiez tout.
Et ne venez pas me dire qu'au moins £
vous, c'est par amour désintéressé de la
vérité et de la justice, tandis que nous,
c'est pour achalander le journal et ga-
gner plus d'argent. Oui, sans doute, nous
songeons au tirage, comme vous songez
à l'avancement.
Tout cela me bouillonnait dans la tête,'
tandis que M. le procureur général me
disait de sa voix douce et engageante :
— Précisez, il faut préciser.
Mais je me suis rappelé à temps la fa-
ble où Florian nous montre un cuisinier,
son grand couteau derrière le dos, appe-
lant un dindon : Petit! petit!
Je n'ai pas voulu être le dindon de la
farce. Je me suis méfié. S'il m'avait échap-
pé, dans Je feu de l'improvisation, un mot
malsonnant, le président aurait pu m'in-
terrompre et laisser tomber les paroles
sacramentelles:
— La cour attend les réquisitions du
ministère public.
Merci bien, et très obligé!
J'ai tiré ma révérence. Au journal, je
suis chez nous ; la liberté de la presse est
une bonne chose!
Francisque Sarcey.
PROTESTATION D'UN NON « INVESTI»
Une lettre de M. Arthur Bollain. - Les
abus du comité national. ,
[Nous avons reçu l'intéressante lettre sui-
vante, qui montre que l'accord persiste dans
le camp boulangiste :]
Paris, 13 avril 1890.
Monsieur le directeur,
Je lis mon nom dans la liste que vous
avez publiée hier des candidats révision-
nistes « non investis ».
Je suis en effet de ceux qui résisteront
aux prétentions du comité national et
prendront énergiquement la défense du
suffrage universel, que ses prétendus éman-
cipateurs d'hier veulent rejeter en tutelle
aujourd'hui.
Il ne faudrait pas croire que cette déci
sion, prise également par nombre de mesf
amis, candidats indépendants comme moi.
soit la résultante d'une colère faite de jalou-
sie et de déception. Nous ne sommes pa3
investis, mais veuillez croire que nous na
demandions pas à l'être. Notre prétentioD.
la mienne tout au moins, était que le co.,
mité national devait se tenir coi au pre-'
mier tour de scrutin et attendre respect
tueuseinent le verdict des électeurs.
Le parlementarisme sectaire de quelquee
uns a décidé qu'il en serait autrement.
Aujourd'hui, le comité national commet
de gaieté de cœur les abus qu'il flétrissait
jadis avec une vigueur qui fit sa popula-
rité. Les frères et amis, les courtiers élec-
toraux sont casés aux bons endroits où la
victoire semble assurée, et la candidature
officielle la plus vexatoire essaie de faire
pression sur l'esprit de nos amis, hésitant
entre leurs principes et une prétendue dis
cipline qu'on les conjure d'observer. *
Les électeurs résisteront. Si la masse éle
il ne s'agit que d'élections politiques, elle
a la prétention d'être indépendante quand
ses intérêts particuliers sont en jeu et qu'if
s'agit de nommer noa plus des politiciens,
mais des administrateurs.
Cette indépendance, les électeurs l'ont
prouvée aux dernières élections des con-
seils généraux. Ils en donneront une se-
conde preuve le 27 avril prochain, et cela
d'autant plus volontiers,que ceux-là mêmes -
qui se recommandent des faibles et des
travailleurs et font risette au blanquisme
pour se donner des airs de socialistes à
tous crins, n'offrent à la masse électorale
parisienne qu'un programme purement
politique.
Ce programme est une véritable décla.
ration de guerre, un programme de combat
dans lequel les questions municipales n'o
cupent qu'une place bien humble et véri-t
tablement trop effacée. -,
Nous avons donc raison de nous insurger
contre ces prétentions, contre cette candi
dature officielle pour laquelle on n'avait
point jadis assez d'anathèmes. et qui est la
négation même du programme révision-
niste, basé sur le suffrage universel libre et
indépendant.
Veuillez agréer, monsieur le directeur,
l'assurance de ma considération distin
guée.
ARTHUR ROLLAIN.
ENNEMIS RECONCILIES
DANS LE DIX-HUITIÈME
A la salle d'Orient. — L'investi Crié. —
Susini et Rabuel. — Sus au docteur -
Lunel ! — Scène touchante.
Le café de l'Orient, rue de Clichy, a offert
hier aux électeurs du dix-huitième arron-
dissement, un bien touchant spectacle. On y
a vu, — moyennant la modique somme da
quatre sous,—le candidat «non investi »Ra-*
buel se jeter dans les bras de « l'investi
de Susini et offrir à celui-ci, en guise d'ho-
locauste, le concours de sa parole et l'in-
fluence qu'il a dans le quartier de Clignan-
court en faveur de sa candidature. Et cette
scène de désintéressement se passait sou^
l'œil présidentiel de M. Naquet et au milieu
d'applaudissements frénétiques d'une as*
semblée en délire.
Toutefois, la réunion n'avait pas été or
ganisée dans ce but-là; le désistement de
M. Rabuel ayant été imprévu ; il s'agissait
tout uniquement de discuter les mérites de
M. Crié, candidat aux Grandes-Carrières,
dont l'investiture ne fait plus de doute a
personne depuis qu'il a reçu la lettre sui-
vante du général Boulanger :
Saint-Hélier, 8 avril 1890.
Mon cher Crié,
Le comité républicain national TOUS a désJd
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