Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-04-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 avril 1890 14 avril 1890
Description : 1890/04/14 (A19,N6664). 1890/04/14 (A19,N6664).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-nmmime ann<*e7 — N® 0,66* clNg Centimes-- Parlset Départements — cmO-c-ènfimes LUNDI 11 AVRIL 1890 -.
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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Evangile loipte
Nous avons enfin le document éla-
boré dans ces grandes assises de Jer-
sey et la liste complète des «investis ».
Liste déjà inexacte pour trois quar-
tiers, car M. Bois-Glavy se retire
devant un candidat bonapartiste ; M.
Maurice Binder, dans le quartier du
Roule, décline l'investiture; enfin, M.
Worms, désigné comme candidat dans
le quartier Sainte-Avoye, annonce
qu'il n'a jamais songé à poser sa can-
didature et il laisse clairement enten-
dre que s'il était candidat, ce n'est pas
du boulangisme qu'il se réclamerait.
Voilà donc trois quartiers à pourvoir
et il sera intéressant de savoir si le
comité opposera des candidats à M.
Binder et au bonapartiste qui va lut-
ter, dans le quartier Saint-Thomas-
d'Aquin, contre M. Ferdinand Duval.
Quant au reste de la liste, il ne
manque pas de saveur. On y a placé
quelques « fonctionnaires révoqués e,,
manière délicate de leur donner — s'il
plaît aux électeurs — la compensa-
tion après laquelle ils courent vaine-
ment depuis si longtemps ; on y a placé
aussi les refusés du suffrage universel
à Paris et en province. Il en est venu
de la Haute-Vienne et de la Seine-In-
férieure, de la Vienne et de la Haute-
Garonne; les publicistes ignorés de
Paris coudoient les journalistes sans
journal de province. On a fini par re-
fuser l'investiture à l'ancien bourreau
de la Nouvelle-Calédonie; mais, s'il
faut en croire les racontars, certains
candidats de ce parti des « honnêtes
gens » exercent professionnellement la
plus aimable hospitalité. Mais quel
est, dans cette macédoine, l'homme
qui connaît les intérêts du quartier
qu'il aspire à représenter, l'homme
qui a qualité pour prendre en main les
affaires de Paris et pour faire, en un
mot, la besogne de conseiller muni-
cipal ?
C'est bien, du reste, des affaires de
Paris qu'il est question ! On a vu la
déclaration des candidats investis. Elle
justifie au-delà de tout ce qu'on pouvait
attendre la douloureuse exclamation
de M. Arthur Meyer : « La fin, c'est
Boulanger ! les boulangistes, c'est Bou-
langer! le conseil municipal, c'est Bou-
langer ! » Les candidats délivrent un
brevet de civisme au général Boulan-
ger; ils lui engagent leur foi, et ce
parti de liberté commence par rétablir
le serment politique. Pour être brève,
cette déclaration n'est pas moins vaste.
En dix alinéas, elle défait et refait nos
institutions politiques. Elle institue le
referendum et elle annule le verdict de
la haute cour; elle revise la constitution
et elle nous dote de toutes les libertés.
Encore n'est-ce là qu'un ci programme
minimum ». Elle introduit même dans
notre organisation politique une ré-
forme à laquelle le comité de Jersey
n'a peut-être pas songé : elle fait du
conseil municipal de Paris une sorte
d'assemblée politique suprême, quel-
que chose comme la cour de cassation
parlementaire qui annule, s'il lui con-
vient, et sans être gênée par la légis-
lation ou par la jurisprudence, les dé-
cisions du Sénat et de la Chambre.
Ces deux Assemblées ne représentent
que la France. M. Girou, M. Thiessé,
M. Grébeauval et M. Cruchon aspirent
à représenter Paris et à faire marcher
la France.
Mais le programme municipal? Il
est court : « Economie et loyauté dans
l'administration de la Ville de Paris. »
Il n'est pas un parti qui n'en dise au-
tant ; il n'y en a pas un qui promette
la déloyauté et le gaspillage. Mais on
aimerait à savoir quelles sont les idées
municipales des boulangistes. Les réac-
tionnaires ont réclamé le rétablisse-
ment des sœurs dans les hôpitaux et
des subventions aux écoles libres. Les
boulangistes sont-ils disposés à don-
ner satisfaction sur ces points aux
réactionnaires? Ceux-ci peuvent-ils,
comme nous le disions hier, compter
Sur M. Crié et sur M. Fiaux plus que
sur M." Ferdinand Duval et sur M. Co-
chin pour détruire l'œuvre de laïcisa-
tion des précédentes assemblées mu-
nicipales ?
Dans une ville comme Paris, les in-
térêts démocratiques sont grands et
ils exigent des satisfactions immédia-
tes. Il ne suffit pas de leur promettre
ci l'organisation de la République na-
tionale sur les plus larges bases démo-
cratiques, permettant l'accomplisse-
ment des réformes sociales, qui tien-
nent. auj ourd'hui la première place
dans les préoccupations de l'Europe. »
Ce galimatias ne peut donner à la dé-
mocratie que des espérances bien va-
gues et bien lointaines. Elle aimerait
sans doute à savoir si les candidats
qui sollicitent ses suffrages ont des
idées sur les questions qui la préoccu-
pent le plus, comme les grands tra-
vaux, les logements à bon marché,
l'amélioration des moyens de commu-
nication, l'amélioration des services
d'assistance publique, le traitement
des malades à domicile, et tant d'au-
tres sujets qui touchent tous ceux qui
vivent de leur travail, qui redoutent
le chômage et la maladie.
Mais qu'importe tout cela? Il s'agit
de caser « les révoqués »; il s'agit de
faire plébisciter le général Boulan-
ger par Paris et de faire confirmer
par la foule anonyme des électeurs
le brevet de civisme qui porte déjà
quatre-vingts signatures, dont deux
erronées. Quant au reste, cela n'est
rien. Une fois que Paris aura nommé
le conseil municipal qu'on lui propose,
toutes les difficultés auront disparu.
Nous vivrons dans un Eden. Décidé-
ment M. Arthur Meyer a raison : « La
fin , c'est Boulanger ! » Boulanger
n'est pas seulement un « prétendant »
ou le pape d'une orthodoxie nou-
velle. Il est Dieu; il est tout. Les Pa-
risiens finiront peut-être par trou-
ver que cette divinité nouvelle est en-
combrante, et ils renverront ses pon-
tifes à leurs encensoirs.
Le « XIX" Siècle D publiera demain la
« Chronique » par M. Francisque Sarcey.
LA QUESTION DES PASSEPORTS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 12 avril.
On assure que la publication du décret abo-
lissant l'obligation du passeport à la frontière
d'Alsace-Lorraine est ajournée jusqu'après le
retour de l'empereur de sa retraite à laWart-
bourg, c'est-à-dire après le 17 avril. On se de-
mande si les méditations de Guillaume II dans
la cellule de Luther ne le feront pas changer
d'avis.
L'EXPÉDITION RÉSOLUE
AU DAHOMEY
A la suite d'un accord intervenu entre
les membres du cabinet, le gouvernement
a décidé de saisir, dès la rentrée, la Cham-
bre d'une demande de crédits pour l'envoi
d'une colonne expéditionnaire de quatre
mille hommes au Dahomey.
LE MARQUIS TSENG
Mort d'un ambassadeur
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 12 avril.
Un dépêche de Pékin, en date d'aujour-
d'hui, annonce la mort du marquis
Tseng, le diplomate chinois qui représenta
la Chine auprès de l'Angleterre et de la
France pendant la période de 1879 à 188h,
qui fut si mouvementée et si épineuse, à
raison des affaires du Tonkin et des hosti-
lités dans la mer de Chine.
On se souvient que le marquis Tseng
tint tête avec une astuce et une opiniâtreté
de premier ordre aux différents ministres
des affaires étrangères qui se succédèrent
durant ce temps en France. Lorsque la
paix eut été conclue, par derrière le mar-
quis Tseng, entre Pékin et Paris directe-
ment, ce diplomate fut rappelé en Chine, où
il vient de terminer sa vie dans une dis-
grâce apparente.
Tseng appartenait à une des très rares
familles chinoises qui possèdent un titre de
noblesse héréditaire et historique. Ce titre
étant le second dans la hiérarchie, on le
qualifiait, en français, dans ses papiers di-
plomatiques, par le titre correspondant de
« marquis » j de là cette appellation qui
parut bizarre avant que l'habitude en eût
fait oublier l'étrangeté.
LA REINE VICTORIA EN SAVOIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Aix-les-Bains, 12 avril.
La revue des troupes de la garnison de
Chambéry, que le général Berge devait passer
aujourd'hui en l'honneur de la reine d'An-
gleterre, a été renvoyée à demain à cause du
temps horrible qu'il fait.
La neige tombe.
UN TIGRE ÉCHAPPÉ DE SA CAGE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 12 avril.
La représentation de la ménagerie Wom-
brœll, à Arwington, a été brusquement inter-
rompue hier soir. Le dompteur nègre Earnie
voulait faire monter un tigre sur le dos d'un
cheval. Mais le cheval rua si fort qu'il brisa la
cage.
Ld tigre, quoique retenu par une chaîne, se
faufila à travers l'ouverture et essaya de
monter sur les gradins, d'où le public s'en-
fuit en poussant des cris épouvantables.
Au bout de quelques minutes, les employés
du cirque réussirent à faire rentrer le tigre
dans une autre cage, avant qu'il eût pu blesser
personne.
SUR LA FRONTIÈRE
Mesures militaires compensatrices
Le Mémorial diplomatique annonce dans
son dernier numéro des mesures militaires
de compensation que le ministère de la
guerre a décidé de prendre sur la frontière
de l'Est,pour renforcer le 66 corps et pour
tenir la défensive à la hauteur des forces
de première ligne que les Allemands ont
disposées en Alsace-Lorraine,et qui vien-
nent d'être accrues dans des proportions
très marquées par la création d'un nou-
veau corps d'armée ayant son siège à Metz
et le renforcement des garnisons d'Alsace-
Lorraine.
LA CONFÉRENCE DE MADRID
La répression de la falsification
(D'UN CORRESPONDANT)
Madrid, 13 avril.
La conférence internationale relative à la
propriété industrielle a adopté hier, par
10 voix contre A, le projet d'arrangement
concernant les fausses indications d'ori-
gine. ,. ,
Ce projet, présenté par les délégués fran-
çais tend à autoriser les Etats contractants
à saisir, à l'importation, tous les produits
portant une indication mensongère de pro-
venance.
La conférence internationale a discuté
aussi sous quelle forme doivent avoir lieu
les expositions internationales et la déli-
vrance des certificats de protection légale.
LES « NON INVESTIS »
BOULANGISTES MÉCONTENTS
ET INDISCIPLINÉS
La division s'accentue. — Une fédéra-
tion de mécontents. — Investis et
non investis.—Candidats quand
même. — Une protestation
énergique.
Ainsi que nous l'avions fait prévoir, l'ap-
parition de la fameuse liste des candidats
« investis a soulevé dans le camp bou-
langiste un tolle général et y a semé la dis-
corde.
Les troupes sont désorganisées ; les co-
mités sont furieux. Sans nul doute, leurs
imprécations et leurs reproches iront se
perdre dans les flots qui se brisent sur le
rocher de Jersey. -
Cependant, le comité boulangiste a cons-
cience du danger auquel il court. Il use de
toute son autorité, de toute son influence,
pour obliger les candidats « non investis"
a ne pas se présenter. Il parle de discipline
ou d'union nécessaire, afin de triompher
le 97 avril, mais il se butte contre une dé-
cision inébranlable : les non investis » -
à part quelques-uns — ne veulent pas cé-
der devant ce semblant d'ultimatum qui les
considère, en cas de refus, « comme des
Martineau », traîtres à la personne du gé-
néral Boulanger.
Le quartier de Clignancourt, qui tient
tant au cœur des boulangistes, va être aussi
la proie de la division entre candidats ; car,
malgré les dénégations, à la vérité bien
peu épergiques, de la Presse et de M. de
Susini, MM. le docteur Lunel et Rabuel res-
tent bel et bien candidats.
Liste des candidats « non investis"
A l'heure qu'il est, soixante-deux comi-
tés se sont insurgés ouvertement contre la
décision prise par le comité boulangiste
réuni à Jersey, et vont très prochainement
se fondre en une fédération de boulan-
gistes indépendants, destinée à porter om-
brage à la Ligue des patriotes et à ce co-
mité central du suffrage universel.
Vingt-trois candidats maintiennent éner..
giquement leur candidature. Voici leurs
noms :
Quatrième arrondissement. — Quar-
tier Saint-Merri : M. Levasseur.
Cinquième arrondissement. — Quar-
tier du Jardin-des-Plantes : M. Girard. —
Quartier de laSorbonne : M. Rollin. — Quar-
tier Saint-Victor : M. Versigny.
Sixième arrondissement. — Quartier
de l'Odéon : M. Poujade, publiciste.
Septième arrondissement. — Quartier
de l'Ecole-Militaire : MM. Coulon, fonc-
tionnaire révoqué, et Lacroix-Mie. —
Quartier du Gros-Caillou : MM. Sellier et
Volland.
Neuvième arrondissement. — Quar-
tier Rochechouart : MM. Beauchamp et Sur-
couf.
Dixième arrondissement. — Quartier
Saint-Vincent-de-Paul : M. Jules Râteau, pu-
bliciste.
Quatorzième arrondissement.- Quar-
tier de la Santé : M. Mérianne, fonction-
naire révoqué.
Quartier de Montparnasse : MM. Pelletier
et Williême.
Quinzième arrondissement. — Quar-
tier de Grenelle : M. Millant.
Quartier Necker : M.Mauchaussat.
Seizième arrondissement. — Quartier
d'Auteuil : M. Barbier.
Dix-septième arrondissement. — Quar-
tier des Epinettes : MM. Gilles et Morin.
Dix-huitième arrondissement.— Quar-
tier de la Goutte-d'Or : M. Bernheim, an-
cien secrétaire du général Boulanger.
Quartier Clignancourt : MM. le docteur
Lunel et Lucien Rabuel.
Un document
A titre de curiosité, nous insérons la
communication suivante, qui nous est par-
venue et qui montre en quel état d'esprit
se trouvent certains comités boulangistes :
« Les électeurs républicains révisionnis-
tes du quartier d'Auteuil-Poïnt-du-Jour,
membres du comité républicain national et
de l'ancienne Ligue des patriotes, protes-
tent énergiquement contre les tendances
autoritaires, les intrigues et les influences
personnelles qui ont caché au chef du parti
national les vœux des comités réunis et
les besoins du quartier.
"Ils prétendent rester dans la vérité répu-
blicaine et révisionniste en repoussant la
candidature exotique et mort-née du
comte de Larmandie.
"Ils déclarent persister dans leur résolu-
tion, affirmée à maintes reprises, de soute-
nir la candidature démocratique du ci-
toyen Barbier. »
L'AFFAIRE
DE L'EMPRUNT MUNICIPAL
La commission d'enquête. - Le taux
des emprunts antérieurs.
Certains journaux reprochent à la com-
mission spéciale de l'emprunt municipal
d'avoir fixé à 376 francs le taux de l'émis-
sion, qu'ils comparent aux taux d'émission
des emprunts précédents.
Voici quels sont les chiffres d'émission
des emprunts antérieurs de la Ville de Pa-
ris :
En 185A : hOO fr., remboursables à 500 fr.;
— 13 août 1860 (lre émission) au taux de
A75 fr. (986,000 titres furent offerts au pu-
blic, qui laissa non souscrits 122,000 ti-
tres ).
Pour l'écoulement de ces derniers titres,
le préfet de la Seine traita avec le Crédit
mobilier d'une souscription ferme de 22,000
titres avec garantie du surplus. La sous-
cription, réduite ainsi à 100,000 titres, fut
ouverte le 31 octobre 1850 à .450 fr. le titre,
qui, deux mois auparavant, avait été émis
à h75 fr.
L'emprunt de 1865 fut émis au taux de
£ 50 fr.,rembour. à.,. 500 fr.
de 1869 à 3A5 — à MX) —
de 1871 à 275 — à.. AQ0 —
de 1875 à kW — à. 500-
de 1876 à A05 — à. 500 -
de 1886, lre émission à 375, rembour. à.. hOO -
- 2e — à38A — à.. A00 —
- 3° — à 380 — à.. hOQ —
- h" — à 376 — à.. AGO -
Si la commission spéciale a fixé le taux
d'émission du dernier emprunt à 376 fr.,
c'est que le premier coupon n'était payable
au'au bout de six mois, tandis que ceux
des deux émissions précédentes l'étaient
au bout de quinze jours.
C'est là un des points qui seront mis en
pleine lumière dans le rapport de la com-
mission d'enquête, qui saura établir en ou-
tre, il faut l'espérer, les responsabilités en-
courues par les agents, s'il y a lieu , et voir
s'il y a eu accaparement et agiotage.
La commission a terminé ses travaux
hier.
M. Strauss, président, a été nommé rap-
porteur.
Il lira son rapport demain, au début de
la séance du conseil municipal.
La vraie question
Mais pour bien préciser la question qui
préoccupe surtout l'opinion publique, nous
croyons devoir publier une des nombreuses
lettres que nous avons encore reçues :
Paris, le 12 avril 1890.
Monsieur,
Permettez-moi un mot au sujet de la fa-
meuse question de l'emprunt municipal.
Ne vous semble t-il pas que tout ce qui a
été dit jusqu'à présent tend I simplement à dé-
tourner l'attention du public du point vérita-
blement intéressant?
La totalité de l'emprunt était, paraît-il, de
940,000 titres environ.
Le public n'a pu obtenir aux guichets que
15,000 titres. Il en a été attribué au nom des
conseillers municipaux 11,520 (dont 3,200 sont
allés à leur véritable destination et 8,320 on
ne sait où).
On dit aussi qu'il y a eu plusieurs milliers
de titres de distribués aux employés plus ou
moins huppés de l'administration.
Mais tout cela ne représente qu'une quaran-
taine de mille titres tout au plus. Et les 200
autres mille titres, qui les a eus ? (Je dis :
200,000). Aucun des articles de journaux que
j'ai lu n'en dit un mot. Pourquoi ?
Je sais qu'il y a eu un grand nombre de
souscription, par correspondance, mais on peut
affirmer sans crainte qu'il est loin d'être de
200,000.
Recherchons donc ce que sont devenus les
8,320 titres dont vous parlez. Mais n'oublions
pas les 200,000 dont personne ne parle.
Agréez, etc.
LE KRACH PORTUGAIS
La baisse se précipite. — Le nouvel
emprunt. — Prix exagéré.
Les incidents de chaque jour viennent
confirmer nos appréciations sur le nouvel
emprunt portugais et démontrer combien
nos arguments sont positifs et fondés.
C'est ainsi que le monde de la Bourse, si
sceptique et si difficile à convaincre, en ar-
rive à partager pleinement notre avis sur
l'état des finances portugaises.
L'attention avait été jusqu'ici peu portée
de ce côté, et M. Michel Ephrussi avait pu
faire coter impunément des cours fantai-
sistes qui justifiaient assez bien le prix
auquel il entendait faire souscrire l'em-
prunt qu'il avait pris ferme.
Malheureureusement pour lui, les événe-
ments de Lisbonne ont éclaté en même
temps que nous commencions à éclairer
nos lecteurs sur la valeur réelle de la sol-
vabilité portugaise.
Il en est résulté une première dégringo-
lade de 1 fr. 15 sur le 3 0/0 à 63 50 et de
2 fr. sur le h 1 /2 à US3.
Puis vendredi, malgré les efforts des inté-
ressés dans l'emprunt et de M. Ephrussi
particulièrement, le 3 0/0 a subi un nouvel
effondrement de 20 c. à 63 30 et le h 1/2 de
11 fr. à Ja.
Hier samedi, cette chute s'est préci-
pitée et le 3 0/0 a perdu à nouveau W c. à
62 90 et le h 1/a, 10 fr. à A62.
A l'heure actuelle, rien ne fait prévoir où
pourra s'arrêter cette baisse rapide, mais
parfaitement justifiée, et rien n'indique
quel cours on aura touché le jour où s'ou-
vriront les guichets de souscription.
Donc, c'est dans ces circonstances péril-
leuses et difficiles que M. Ephrussi a la
prétention de faire prendre à notre épar-
gne des titres de rente portugaise à h36 50
pour du h 0/0, ce qui les met à la parité de
65 U7 pour du 3 0/0, alors que le 3 0/0
portugais vaut en Bourse 62 90, alors qu'il
ne vaudra peut-être pas 62 fr. demain.
Et quand nous disons que le 3 0/0 por-
tugais vaut 62 fr., c'est le prix marchand
que nous voulons dire, le prix auquel on
peut s'en défaire ;car, pour nous, les fonds
portugais ne valent rien et doivent être
bannis de tous les portefeuilles sérieux.
LE 1er MAI EN ALLEMAGNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 12 avril.
Les ouvriers et employés des chemins de
fer de Berlin ont décidé de chômer le 1er mai.
Ils ont également décidé la réunion d'un
congrès de tous les employés et ouvriers des
chemins de fer allemands, qui se tiendra le
mois prochain.
L'AFFAIRE PANITZA
Le plan de la conspiration d'après
l'accusation.
(D'UN CORRESPONDANT)
Sofia, 12 avril.
La commission d'enquête sur l'affaire
Panitza a terminé ses travaux. Le procès
commencera à la fin d'avril. Les accusés
sont au nombre de quinze, dont sept offi-
ciers et huit civils.
D'après les bruits qui circulent sur les
résulats de l'instruction, le plan préparé
lors du passage à Sofia du prince russe
Dolgoroukow aurait été le suivant :
Tandis que le lieutenant Rizoff, qui est
au nombre des accusés, aurait été de ser-
vice de garde au palais, deux autres offi-
ciers, le capitaine Moloff, et le lieutenant
Kissimoff, déguisés en soldats, seraient en-
trés dans la chambre à coucher du prince
Ferdinand et l'auraient arrêté.
Au même instant, les autres conspirar-
teurs devaient arrêter les ministres et les
commandants des régiments de la garnison
de Sofia.
STANLEY EN BELGIQUE
(D'UN CORRESPONDANT)
Bruxelles, 12 mars.
Le roi Léopold vient de fixer définitive-
ment au jeudi U avril prochain la date de
la réception officielle de Stanley.
Quant à la réception qui sera faite à l'ex-
plorateur à son arrivée, elle sera très bril-
lante. Le roi, le comte de Flandre et le
prince Baudoin se rendront à la gare du
Miui, ainsi que les ministres, des membres
du corps diplomatique, des députés, des
sénateurs et des officiers supérieurs.
CHRONIQUE
Une drôle de petite note a paru, ces
jours-ci, dans les courriers de théâtres.
La direction d'une scène, — subvention-
née, s'il vous plaît, — faisait demander
aux échos, par la voie de la presse, l'a-
dresse de l'auteur d'un manuscrit dé-
posé jadis au secrétariat. Le hasard a-t-il
fait que, en une heure de désœuvrement,
on a jeté les yeux sur ce rouleau de pa-
pier dont les feuillets avaient eu le temps
de jaunir? S'est-on avisé tout à coup
que ce manuscrit, longtemps laissé
vierge dans un carton poussiéreux, était
un chef-d'œuvre ? Ce sont les mystères
des cabinets directoriaux. Il y a des lé-
gendes qui ont cours. Telle pièce, qui eut
trois cents représentations autrefois,
ne vit le feu de la rampe que par suite
d'une circonstance imprévue. « Monsieur
le directeur" travaillait dans son bureau.
Je ne sais quel geste, d'une excessive ani-
mation (il lisait sans doute la lettre d'un
écrivain qui réclamait l'accomplissement
d'une promesse), lui fit renverser sa
lampe. Il sonna son garçon de bureau,
pour qu'il réparât l'accident. Le garçon
de bureau n'était pas à son poste, et le
directeur, en attendant, pour se garantir
de l'invasion de l'huile répandue, prit,
dans une armoire à sa portée les pre-
miers papiers qu'il trouva. Puis il se re-
mit au travail. Cependant, machinale-
ment, ses yeux se portèrent sur ce tam-
pon improvisé, qui laissait voir une
grosse écriture, sur le papier taché, de-
venu transparent au contact gras de
l'huile. Il lut une phrase, puis deux, et
il s'intéressa soudain à sa lecture, au
point qu'il se saisit d'une serviette et
qu'il essuya délicatement les feuillets
maculés. C'était une comédie, dont il
avait, selon son habitude, négligé de
prendre connaissance, et qu'il avait jetée
aux oubliettes.
— Tiens, tiens, se dit-il, mais c'est très
bien, cette machine-là !
Le lendemain, la comédie, miraculeu-
sement sauvée, était reçue, et, trois se-
maines plus tard, elle commençait une
série de fructueuses recettes. C'est une
histoire célèbre.
L'aventure récente du manuscrit dont
on réclame inopinément l'auteur évo-
que assez joliment les petites misères
des pauvres rimeurs qui, avec de vaines
illusions, vont confier à un théâtre le
fruit de leurs veilles, sans s'être préala-
blement pourvus d'utiles influences.
La première période, c'est la période
de l'espoir ingénu. Le cher manuscrit
représente tant de préoccupations, l'oeu-
vre a été si longuement caressée ! Il sem-
ble impossible à celui qui l'a amoureuse-
ment écrite qu'elle ne soit pas au moins
digne d'attention. Et l'auteur attend avec
sérénité, tout entier à ses rêves de gloire.
Toutefois, le temps commence à lui
peser. Hé, mais ! c'est que, au train dont
vont les choses, il lui faudra faire fond
sur d'autres combinaisons. Certes, il
n'admet pas encore qu'on ait pu l'ou-
blier. Seulement, il lui semble utile de
rafraîchir la mémoire du directeur de
qui dépendent ses destinées ; et c'est la
période des démarches, des longues sta-
tions dans les antichambres, des récla-
mations encore timides. Quelquefois,
comme dit la chanson,
On l'reçoit d'une façon êharmante.
Mais du diable si on sait de quoi il
parle ! Il ne se veut point décourager ; il
revient à la charge, il rapporte un second
exemplaire de sa pièce. Il est très possi-
ble qu'il reçoive des compliments. C'est
une menue monnaie qui se donne facile-
ment. C'est alors qu'il commence à
soupçonner la mélancolique vérité, à sa-
voir qu'on ne l'a pas lu et qu'on ne le
lira jamais. Et, peu à peu désabusé, il
entre dans la troisième période , celle - de
la résignation.
S'il a le feu sacré et la volonté tenace,
il renouvelle ailleurs ses tentatives. Si-
non, il abandonne ses rêves et il cherche
une carrière plus positive et où il y ait
moins de déboires.
Qu'est-il devenu, l'auteur de cet acte
auquel une attention inattendue est tout
à coup prêtée? Peut-être, ayant délaissé
depuis longtemps la Muse, est-il, quel-
que part, un percepteur modèle ou un
parfait conservateur des hypothèques et
bénit-il les premières épreuves qui l'ont
fait renoncer à temps à une aventureuse
existence. Peut-être a-t-il même perdu la
mémoire de ses ambitions de jeunesse et,
à l'instar de l'héroïne du sonnet d'Arvers,
ses yeux étant tombés sur cette commu-
nication envoyée par le théâtre aux cour-
riéristes ;
Il lira cette note, — et ne comprendra pas !
Ne sera-ce pas la sagesse, pour lui,
même s'il comprend, de continuer à gar-
der le silence ? A quoi bon se rejeter tar-
divement dans l'enfer du théâtre? A quoi
bon connaître à nouveau toutes ces émo-
tions, toutes ces inquiétudes dont il était
délivré? La réalité pourrait-elle lui ren-
dre la fraîcheur de ses espérances d'an-
tan? Les joies qui viennent trop tard ne
sont plus des joies.
Mais tous les auteurs in joués ne sont
pas des philosophes, qui se désintéres-
sent d'un essai de jeunesse et qui n'y
songent plus, comme ce poète d'un mo-
ment, qui a disparu sans donner de ses
nouvelles, si bien qu'on ne sait où le re-
trouver quand on a besoin de lui. Un des
types les plus mélancoliques du monde
théâtral est l'infortuné qui a déposé des
manuscrits partout sans jamais obtenir
de réponse favorable, et qui, aigri, quin-
teux, finissant par se croire réellement
persécuté, s'imagine reconnaître dans les
pièces annoncées, avant même qu'elles
aient vu le feu de la rampe, une idée de
lui, dont on s'est servi, ou revendique un
titre comme sa propriété, prétendant en
'interdire l'emploi à tous les écrivains
présents et futurs. Il accuse tout le monde,
de plagiat, il est persuadé qu'on a abusé.
de ses envois, que tous les auteurs, grands
et petits, ne s'alimentent que sur son pro-'
pre fonds. Le pauvre homme, que cet éter-
nel réclamant, qui accable les journaux
de lettres, insérées parfois par pitié! —
et, de fait, son ridicule peut être excusé
par toutes ses déceptions. M. Alexandre
Dumas fils, qui n'échappa pas lui-même
à ces revendications singulières, a es-
quissé, dans ses Nouveaux entr'actes,'
cette physionomie lamentable, avec une
ironie qui se mêlait peut-être de quelque
attendrissement, car il n'oubliait pas que
ce fiel est fait de beaucoup de souffrances
et que, s'il y a toujours un rare mérite à
savoir se résigner aux déboires, il faufr
quelque chose comme de l'héroïsme (juanct'
il s'agit de ceux du théâtre. Ce seul mot
résume tant de tentations ! N
Paul Ginisty.
LE PARI MUTUEL
L'uniforme militaire. — Sur les hippo-
dromes. — Aux agences de jeu. —
Une interdiction nécessaire.
L'autorité militaire a, paraît-il, l'inten.
tion d'inviter formellement les officiers et
assimilés à s'abstenir de fréquenter, en
uniforme, lés pelouses des sociétés hippie
ques; cette détermination serait provo-
quée, affirme-t-on, par des abus regretta-
bles qui se sont produits sur quelques hip-
podromes.
Pour que cette mesure soit efficace et
complète, il serait bon que l'autorité mili-
taire prononçât, comme elle le fait à l'é-
gard de certains cafés et cabarets, l'inter-
diction absolue à tous les militaires de
pénétrer dans les établissements du pari
mutuel. Quelques-uns de ces établisse-
ments, situés à proximité des casernes,
sont trop souvent visités, en effet, par les
sous-officiers et les soldats. Il est du de-
voir du commandement de préserver les
hommes de troupe contre cet entraînement
au j..
AFFAIRE MERMEIX
LE VOLUME DE LA HAUTE COUR
MM. Mermeix, Kerviche et Warrion
devant le jury. — Un acquit-
tement général.
Thémis est femme, et le prouve quelque.
fois par de ces entêtements bizarres fami
liers au sexe à qui nous devons générale-
ment notre mère. Elle s'était mis en tête
de faire condamner pour vol, pour vot
tout cru, le directeur de la Cocarde, M. Ter*
rail-Mermeix, qui, dans son journal, avait,
avant le terme, publié les dépositions faites
devant la commission des neuf de la haute
cour.
Elle y a d'abord réussi, et on se rappelles
que M. Mermeix, après un mise ausecretl
qui a duré onze jours, fut finalement tra.
duit devant les juges de la 10e chambre et
unique prévenu, condamné cependant,pour.
complicité de vol par recel, à quatre mois
de prison et 500 francs d'amende.
Au cours de cette audience, dont nous
avons donné un compte rendu développé
dans notre numéro du 11 septembre, un
des collaborateurs de M. Mermeix, M. Ker-i
viche, était venu dire : « Pardon, c'est mo
qui, ayant reçu d'un tiers un des volume
sortis de l'imprimerie du Sénat, l'ai remis?
à mon rédacteur en chef. Il a tenu ce .vo';
lume un quart d'heure entre les mains et
jugeant les documents qu'il renfermait
extrêmement intéressants, éminemment
utiles à la cause boulangiste qu'il défen-
dait, il a aussitôt décidé de les publier, ce
qui a été fait. » s
Naturellement, le président de la lOe-chani4
bre avait voulu connaitre quelle était la*
personne qui avait apporté le document à
M. Kerviche, et voici,à ce sujet, ce qu'avaie
répondu ce dernier :
— Le 27 juillet dernier, un homme est en-
tré, vers onze heures du matin, au journaL efi
m'a dit : « Monsieur, vous appartenez à la
Cocarde? — Parfaitement. — J'ai un dossieis
qui pourrait intéresser vos lecteurs! », et, eu*
même temps, il sortit de sous son habit une
paquet que je pris. Je lui demandai s'il n'a..,:
vait pas autre chose à me dire. Il ajouta sim
plement ceci : « Je suis boulangiste et je veu
être utile à la cause ». Il ne réclama rien, ner
reçut rien.
Malgré cette déposition, le tribunal fra!
pa M. Mermeix, comme nous l'avons dit. jl
Apparait M. Warrion
Quatre jours après, le parquet recevait1
une lettre de M. Warrion, employé de MJ
Mouillot, imprimeur du Sénat, qui décla
rait être l'auteur de la soustraction du voi;
lume. M. Warrion avait été déjà arrêté une
première fois au sujet de cette affaire. IL
fut de nouveau incarcéré, et, après ins-
truction, l'affaire revenait hier, mais cette
fois devant le jury. Le procès s'était élevé à
la hauteur d'une cause criminelle, à raison,
de la qualité d'homme à gages du principal
coupable ou présumé tel.
Avant de se décider à faire cette déclara-
tion, M. Warrion était allé à la recherche
de M. Mermeix — qu'il ne connaissait pas
même de vue- dans une réunion publique
qui était tenue avenue Lowendal, à 1$
brasserie Européenne. :
M. Rau, avocat général, qui occupait hie
le siège du ministère public et qui parle
des choses du journalisme un peu comma
un aveugle parle des couleurs, s'étonnait
que l'accusé Warrion ne fût pas retourné
la Cocarde pour voir M. Mermeix.
M. Warrion, qui est du bâtiment, lui a
répondu que, pour peu que quelque acti-
vité régnât dans un journal, on n'arrivait
pas auprès du directeur.
De même le président, M. le conseiller
Godin, demandant à M. Warrion sa profes-
sion et celui-ci ayant répondu : « ficeleur »
— Alors, c'est vous qui mettiez les jour-
naux sous bande? a répliqué le magistrat.
Ce n'est pas ça du tout.
Ces petites ignorances ne seraient rien;
mais ce qui a été plus grave, c'est qu'à
l'audience d'hier,comme devant le tribunal
correctionnel, les représentants de la ma-
gistrature ont eu l'entendement absolument
fermé aux explications, aux déclarations
identiques que les représentants les plus
divers, mais tous autorisés, de la grande.
presse parisienne, ont formulées devant
eux, après l'interrogatoire des accusés.
L'interrogatoire
Ceux-ci, notons-le, n'étaient pas au banc
des prévenus libres: on les avait fait asseoir
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Evangile loipte
Nous avons enfin le document éla-
boré dans ces grandes assises de Jer-
sey et la liste complète des «investis ».
Liste déjà inexacte pour trois quar-
tiers, car M. Bois-Glavy se retire
devant un candidat bonapartiste ; M.
Maurice Binder, dans le quartier du
Roule, décline l'investiture; enfin, M.
Worms, désigné comme candidat dans
le quartier Sainte-Avoye, annonce
qu'il n'a jamais songé à poser sa can-
didature et il laisse clairement enten-
dre que s'il était candidat, ce n'est pas
du boulangisme qu'il se réclamerait.
Voilà donc trois quartiers à pourvoir
et il sera intéressant de savoir si le
comité opposera des candidats à M.
Binder et au bonapartiste qui va lut-
ter, dans le quartier Saint-Thomas-
d'Aquin, contre M. Ferdinand Duval.
Quant au reste de la liste, il ne
manque pas de saveur. On y a placé
quelques « fonctionnaires révoqués e,,
manière délicate de leur donner — s'il
plaît aux électeurs — la compensa-
tion après laquelle ils courent vaine-
ment depuis si longtemps ; on y a placé
aussi les refusés du suffrage universel
à Paris et en province. Il en est venu
de la Haute-Vienne et de la Seine-In-
férieure, de la Vienne et de la Haute-
Garonne; les publicistes ignorés de
Paris coudoient les journalistes sans
journal de province. On a fini par re-
fuser l'investiture à l'ancien bourreau
de la Nouvelle-Calédonie; mais, s'il
faut en croire les racontars, certains
candidats de ce parti des « honnêtes
gens » exercent professionnellement la
plus aimable hospitalité. Mais quel
est, dans cette macédoine, l'homme
qui connaît les intérêts du quartier
qu'il aspire à représenter, l'homme
qui a qualité pour prendre en main les
affaires de Paris et pour faire, en un
mot, la besogne de conseiller muni-
cipal ?
C'est bien, du reste, des affaires de
Paris qu'il est question ! On a vu la
déclaration des candidats investis. Elle
justifie au-delà de tout ce qu'on pouvait
attendre la douloureuse exclamation
de M. Arthur Meyer : « La fin, c'est
Boulanger ! les boulangistes, c'est Bou-
langer! le conseil municipal, c'est Bou-
langer ! » Les candidats délivrent un
brevet de civisme au général Boulan-
ger; ils lui engagent leur foi, et ce
parti de liberté commence par rétablir
le serment politique. Pour être brève,
cette déclaration n'est pas moins vaste.
En dix alinéas, elle défait et refait nos
institutions politiques. Elle institue le
referendum et elle annule le verdict de
la haute cour; elle revise la constitution
et elle nous dote de toutes les libertés.
Encore n'est-ce là qu'un ci programme
minimum ». Elle introduit même dans
notre organisation politique une ré-
forme à laquelle le comité de Jersey
n'a peut-être pas songé : elle fait du
conseil municipal de Paris une sorte
d'assemblée politique suprême, quel-
que chose comme la cour de cassation
parlementaire qui annule, s'il lui con-
vient, et sans être gênée par la légis-
lation ou par la jurisprudence, les dé-
cisions du Sénat et de la Chambre.
Ces deux Assemblées ne représentent
que la France. M. Girou, M. Thiessé,
M. Grébeauval et M. Cruchon aspirent
à représenter Paris et à faire marcher
la France.
Mais le programme municipal? Il
est court : « Economie et loyauté dans
l'administration de la Ville de Paris. »
Il n'est pas un parti qui n'en dise au-
tant ; il n'y en a pas un qui promette
la déloyauté et le gaspillage. Mais on
aimerait à savoir quelles sont les idées
municipales des boulangistes. Les réac-
tionnaires ont réclamé le rétablisse-
ment des sœurs dans les hôpitaux et
des subventions aux écoles libres. Les
boulangistes sont-ils disposés à don-
ner satisfaction sur ces points aux
réactionnaires? Ceux-ci peuvent-ils,
comme nous le disions hier, compter
Sur M. Crié et sur M. Fiaux plus que
sur M." Ferdinand Duval et sur M. Co-
chin pour détruire l'œuvre de laïcisa-
tion des précédentes assemblées mu-
nicipales ?
Dans une ville comme Paris, les in-
térêts démocratiques sont grands et
ils exigent des satisfactions immédia-
tes. Il ne suffit pas de leur promettre
ci l'organisation de la République na-
tionale sur les plus larges bases démo-
cratiques, permettant l'accomplisse-
ment des réformes sociales, qui tien-
nent. auj ourd'hui la première place
dans les préoccupations de l'Europe. »
Ce galimatias ne peut donner à la dé-
mocratie que des espérances bien va-
gues et bien lointaines. Elle aimerait
sans doute à savoir si les candidats
qui sollicitent ses suffrages ont des
idées sur les questions qui la préoccu-
pent le plus, comme les grands tra-
vaux, les logements à bon marché,
l'amélioration des moyens de commu-
nication, l'amélioration des services
d'assistance publique, le traitement
des malades à domicile, et tant d'au-
tres sujets qui touchent tous ceux qui
vivent de leur travail, qui redoutent
le chômage et la maladie.
Mais qu'importe tout cela? Il s'agit
de caser « les révoqués »; il s'agit de
faire plébisciter le général Boulan-
ger par Paris et de faire confirmer
par la foule anonyme des électeurs
le brevet de civisme qui porte déjà
quatre-vingts signatures, dont deux
erronées. Quant au reste, cela n'est
rien. Une fois que Paris aura nommé
le conseil municipal qu'on lui propose,
toutes les difficultés auront disparu.
Nous vivrons dans un Eden. Décidé-
ment M. Arthur Meyer a raison : « La
fin , c'est Boulanger ! » Boulanger
n'est pas seulement un « prétendant »
ou le pape d'une orthodoxie nou-
velle. Il est Dieu; il est tout. Les Pa-
risiens finiront peut-être par trou-
ver que cette divinité nouvelle est en-
combrante, et ils renverront ses pon-
tifes à leurs encensoirs.
Le « XIX" Siècle D publiera demain la
« Chronique » par M. Francisque Sarcey.
LA QUESTION DES PASSEPORTS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 12 avril.
On assure que la publication du décret abo-
lissant l'obligation du passeport à la frontière
d'Alsace-Lorraine est ajournée jusqu'après le
retour de l'empereur de sa retraite à laWart-
bourg, c'est-à-dire après le 17 avril. On se de-
mande si les méditations de Guillaume II dans
la cellule de Luther ne le feront pas changer
d'avis.
L'EXPÉDITION RÉSOLUE
AU DAHOMEY
A la suite d'un accord intervenu entre
les membres du cabinet, le gouvernement
a décidé de saisir, dès la rentrée, la Cham-
bre d'une demande de crédits pour l'envoi
d'une colonne expéditionnaire de quatre
mille hommes au Dahomey.
LE MARQUIS TSENG
Mort d'un ambassadeur
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 12 avril.
Un dépêche de Pékin, en date d'aujour-
d'hui, annonce la mort du marquis
Tseng, le diplomate chinois qui représenta
la Chine auprès de l'Angleterre et de la
France pendant la période de 1879 à 188h,
qui fut si mouvementée et si épineuse, à
raison des affaires du Tonkin et des hosti-
lités dans la mer de Chine.
On se souvient que le marquis Tseng
tint tête avec une astuce et une opiniâtreté
de premier ordre aux différents ministres
des affaires étrangères qui se succédèrent
durant ce temps en France. Lorsque la
paix eut été conclue, par derrière le mar-
quis Tseng, entre Pékin et Paris directe-
ment, ce diplomate fut rappelé en Chine, où
il vient de terminer sa vie dans une dis-
grâce apparente.
Tseng appartenait à une des très rares
familles chinoises qui possèdent un titre de
noblesse héréditaire et historique. Ce titre
étant le second dans la hiérarchie, on le
qualifiait, en français, dans ses papiers di-
plomatiques, par le titre correspondant de
« marquis » j de là cette appellation qui
parut bizarre avant que l'habitude en eût
fait oublier l'étrangeté.
LA REINE VICTORIA EN SAVOIE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Aix-les-Bains, 12 avril.
La revue des troupes de la garnison de
Chambéry, que le général Berge devait passer
aujourd'hui en l'honneur de la reine d'An-
gleterre, a été renvoyée à demain à cause du
temps horrible qu'il fait.
La neige tombe.
UN TIGRE ÉCHAPPÉ DE SA CAGE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 12 avril.
La représentation de la ménagerie Wom-
brœll, à Arwington, a été brusquement inter-
rompue hier soir. Le dompteur nègre Earnie
voulait faire monter un tigre sur le dos d'un
cheval. Mais le cheval rua si fort qu'il brisa la
cage.
Ld tigre, quoique retenu par une chaîne, se
faufila à travers l'ouverture et essaya de
monter sur les gradins, d'où le public s'en-
fuit en poussant des cris épouvantables.
Au bout de quelques minutes, les employés
du cirque réussirent à faire rentrer le tigre
dans une autre cage, avant qu'il eût pu blesser
personne.
SUR LA FRONTIÈRE
Mesures militaires compensatrices
Le Mémorial diplomatique annonce dans
son dernier numéro des mesures militaires
de compensation que le ministère de la
guerre a décidé de prendre sur la frontière
de l'Est,pour renforcer le 66 corps et pour
tenir la défensive à la hauteur des forces
de première ligne que les Allemands ont
disposées en Alsace-Lorraine,et qui vien-
nent d'être accrues dans des proportions
très marquées par la création d'un nou-
veau corps d'armée ayant son siège à Metz
et le renforcement des garnisons d'Alsace-
Lorraine.
LA CONFÉRENCE DE MADRID
La répression de la falsification
(D'UN CORRESPONDANT)
Madrid, 13 avril.
La conférence internationale relative à la
propriété industrielle a adopté hier, par
10 voix contre A, le projet d'arrangement
concernant les fausses indications d'ori-
gine. ,. ,
Ce projet, présenté par les délégués fran-
çais tend à autoriser les Etats contractants
à saisir, à l'importation, tous les produits
portant une indication mensongère de pro-
venance.
La conférence internationale a discuté
aussi sous quelle forme doivent avoir lieu
les expositions internationales et la déli-
vrance des certificats de protection légale.
LES « NON INVESTIS »
BOULANGISTES MÉCONTENTS
ET INDISCIPLINÉS
La division s'accentue. — Une fédéra-
tion de mécontents. — Investis et
non investis.—Candidats quand
même. — Une protestation
énergique.
Ainsi que nous l'avions fait prévoir, l'ap-
parition de la fameuse liste des candidats
« investis a soulevé dans le camp bou-
langiste un tolle général et y a semé la dis-
corde.
Les troupes sont désorganisées ; les co-
mités sont furieux. Sans nul doute, leurs
imprécations et leurs reproches iront se
perdre dans les flots qui se brisent sur le
rocher de Jersey. -
Cependant, le comité boulangiste a cons-
cience du danger auquel il court. Il use de
toute son autorité, de toute son influence,
pour obliger les candidats « non investis"
a ne pas se présenter. Il parle de discipline
ou d'union nécessaire, afin de triompher
le 97 avril, mais il se butte contre une dé-
cision inébranlable : les non investis » -
à part quelques-uns — ne veulent pas cé-
der devant ce semblant d'ultimatum qui les
considère, en cas de refus, « comme des
Martineau », traîtres à la personne du gé-
néral Boulanger.
Le quartier de Clignancourt, qui tient
tant au cœur des boulangistes, va être aussi
la proie de la division entre candidats ; car,
malgré les dénégations, à la vérité bien
peu épergiques, de la Presse et de M. de
Susini, MM. le docteur Lunel et Rabuel res-
tent bel et bien candidats.
Liste des candidats « non investis"
A l'heure qu'il est, soixante-deux comi-
tés se sont insurgés ouvertement contre la
décision prise par le comité boulangiste
réuni à Jersey, et vont très prochainement
se fondre en une fédération de boulan-
gistes indépendants, destinée à porter om-
brage à la Ligue des patriotes et à ce co-
mité central du suffrage universel.
Vingt-trois candidats maintiennent éner..
giquement leur candidature. Voici leurs
noms :
Quatrième arrondissement. — Quar-
tier Saint-Merri : M. Levasseur.
Cinquième arrondissement. — Quar-
tier du Jardin-des-Plantes : M. Girard. —
Quartier de laSorbonne : M. Rollin. — Quar-
tier Saint-Victor : M. Versigny.
Sixième arrondissement. — Quartier
de l'Odéon : M. Poujade, publiciste.
Septième arrondissement. — Quartier
de l'Ecole-Militaire : MM. Coulon, fonc-
tionnaire révoqué, et Lacroix-Mie. —
Quartier du Gros-Caillou : MM. Sellier et
Volland.
Neuvième arrondissement. — Quar-
tier Rochechouart : MM. Beauchamp et Sur-
couf.
Dixième arrondissement. — Quartier
Saint-Vincent-de-Paul : M. Jules Râteau, pu-
bliciste.
Quatorzième arrondissement.- Quar-
tier de la Santé : M. Mérianne, fonction-
naire révoqué.
Quartier de Montparnasse : MM. Pelletier
et Williême.
Quinzième arrondissement. — Quar-
tier de Grenelle : M. Millant.
Quartier Necker : M.Mauchaussat.
Seizième arrondissement. — Quartier
d'Auteuil : M. Barbier.
Dix-septième arrondissement. — Quar-
tier des Epinettes : MM. Gilles et Morin.
Dix-huitième arrondissement.— Quar-
tier de la Goutte-d'Or : M. Bernheim, an-
cien secrétaire du général Boulanger.
Quartier Clignancourt : MM. le docteur
Lunel et Lucien Rabuel.
Un document
A titre de curiosité, nous insérons la
communication suivante, qui nous est par-
venue et qui montre en quel état d'esprit
se trouvent certains comités boulangistes :
« Les électeurs républicains révisionnis-
tes du quartier d'Auteuil-Poïnt-du-Jour,
membres du comité républicain national et
de l'ancienne Ligue des patriotes, protes-
tent énergiquement contre les tendances
autoritaires, les intrigues et les influences
personnelles qui ont caché au chef du parti
national les vœux des comités réunis et
les besoins du quartier.
"Ils prétendent rester dans la vérité répu-
blicaine et révisionniste en repoussant la
candidature exotique et mort-née du
comte de Larmandie.
"Ils déclarent persister dans leur résolu-
tion, affirmée à maintes reprises, de soute-
nir la candidature démocratique du ci-
toyen Barbier. »
L'AFFAIRE
DE L'EMPRUNT MUNICIPAL
La commission d'enquête. - Le taux
des emprunts antérieurs.
Certains journaux reprochent à la com-
mission spéciale de l'emprunt municipal
d'avoir fixé à 376 francs le taux de l'émis-
sion, qu'ils comparent aux taux d'émission
des emprunts précédents.
Voici quels sont les chiffres d'émission
des emprunts antérieurs de la Ville de Pa-
ris :
En 185A : hOO fr., remboursables à 500 fr.;
— 13 août 1860 (lre émission) au taux de
A75 fr. (986,000 titres furent offerts au pu-
blic, qui laissa non souscrits 122,000 ti-
tres ).
Pour l'écoulement de ces derniers titres,
le préfet de la Seine traita avec le Crédit
mobilier d'une souscription ferme de 22,000
titres avec garantie du surplus. La sous-
cription, réduite ainsi à 100,000 titres, fut
ouverte le 31 octobre 1850 à .450 fr. le titre,
qui, deux mois auparavant, avait été émis
à h75 fr.
L'emprunt de 1865 fut émis au taux de
£ 50 fr.,rembour. à.,. 500 fr.
de 1869 à 3A5 — à MX) —
de 1871 à 275 — à.. AQ0 —
de 1875 à kW — à. 500-
de 1876 à A05 — à. 500 -
de 1886, lre émission à 375, rembour. à.. hOO -
- 2e — à38A — à.. A00 —
- 3° — à 380 — à.. hOQ —
- h" — à 376 — à.. AGO -
Si la commission spéciale a fixé le taux
d'émission du dernier emprunt à 376 fr.,
c'est que le premier coupon n'était payable
au'au bout de six mois, tandis que ceux
des deux émissions précédentes l'étaient
au bout de quinze jours.
C'est là un des points qui seront mis en
pleine lumière dans le rapport de la com-
mission d'enquête, qui saura établir en ou-
tre, il faut l'espérer, les responsabilités en-
courues par les agents, s'il y a lieu , et voir
s'il y a eu accaparement et agiotage.
La commission a terminé ses travaux
hier.
M. Strauss, président, a été nommé rap-
porteur.
Il lira son rapport demain, au début de
la séance du conseil municipal.
La vraie question
Mais pour bien préciser la question qui
préoccupe surtout l'opinion publique, nous
croyons devoir publier une des nombreuses
lettres que nous avons encore reçues :
Paris, le 12 avril 1890.
Monsieur,
Permettez-moi un mot au sujet de la fa-
meuse question de l'emprunt municipal.
Ne vous semble t-il pas que tout ce qui a
été dit jusqu'à présent tend I simplement à dé-
tourner l'attention du public du point vérita-
blement intéressant?
La totalité de l'emprunt était, paraît-il, de
940,000 titres environ.
Le public n'a pu obtenir aux guichets que
15,000 titres. Il en a été attribué au nom des
conseillers municipaux 11,520 (dont 3,200 sont
allés à leur véritable destination et 8,320 on
ne sait où).
On dit aussi qu'il y a eu plusieurs milliers
de titres de distribués aux employés plus ou
moins huppés de l'administration.
Mais tout cela ne représente qu'une quaran-
taine de mille titres tout au plus. Et les 200
autres mille titres, qui les a eus ? (Je dis :
200,000). Aucun des articles de journaux que
j'ai lu n'en dit un mot. Pourquoi ?
Je sais qu'il y a eu un grand nombre de
souscription, par correspondance, mais on peut
affirmer sans crainte qu'il est loin d'être de
200,000.
Recherchons donc ce que sont devenus les
8,320 titres dont vous parlez. Mais n'oublions
pas les 200,000 dont personne ne parle.
Agréez, etc.
LE KRACH PORTUGAIS
La baisse se précipite. — Le nouvel
emprunt. — Prix exagéré.
Les incidents de chaque jour viennent
confirmer nos appréciations sur le nouvel
emprunt portugais et démontrer combien
nos arguments sont positifs et fondés.
C'est ainsi que le monde de la Bourse, si
sceptique et si difficile à convaincre, en ar-
rive à partager pleinement notre avis sur
l'état des finances portugaises.
L'attention avait été jusqu'ici peu portée
de ce côté, et M. Michel Ephrussi avait pu
faire coter impunément des cours fantai-
sistes qui justifiaient assez bien le prix
auquel il entendait faire souscrire l'em-
prunt qu'il avait pris ferme.
Malheureureusement pour lui, les événe-
ments de Lisbonne ont éclaté en même
temps que nous commencions à éclairer
nos lecteurs sur la valeur réelle de la sol-
vabilité portugaise.
Il en est résulté une première dégringo-
lade de 1 fr. 15 sur le 3 0/0 à 63 50 et de
2 fr. sur le h 1 /2 à US3.
Puis vendredi, malgré les efforts des inté-
ressés dans l'emprunt et de M. Ephrussi
particulièrement, le 3 0/0 a subi un nouvel
effondrement de 20 c. à 63 30 et le h 1/2 de
11 fr. à Ja.
Hier samedi, cette chute s'est préci-
pitée et le 3 0/0 a perdu à nouveau W c. à
62 90 et le h 1/a, 10 fr. à A62.
A l'heure actuelle, rien ne fait prévoir où
pourra s'arrêter cette baisse rapide, mais
parfaitement justifiée, et rien n'indique
quel cours on aura touché le jour où s'ou-
vriront les guichets de souscription.
Donc, c'est dans ces circonstances péril-
leuses et difficiles que M. Ephrussi a la
prétention de faire prendre à notre épar-
gne des titres de rente portugaise à h36 50
pour du h 0/0, ce qui les met à la parité de
65 U7 pour du 3 0/0, alors que le 3 0/0
portugais vaut en Bourse 62 90, alors qu'il
ne vaudra peut-être pas 62 fr. demain.
Et quand nous disons que le 3 0/0 por-
tugais vaut 62 fr., c'est le prix marchand
que nous voulons dire, le prix auquel on
peut s'en défaire ;car, pour nous, les fonds
portugais ne valent rien et doivent être
bannis de tous les portefeuilles sérieux.
LE 1er MAI EN ALLEMAGNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 12 avril.
Les ouvriers et employés des chemins de
fer de Berlin ont décidé de chômer le 1er mai.
Ils ont également décidé la réunion d'un
congrès de tous les employés et ouvriers des
chemins de fer allemands, qui se tiendra le
mois prochain.
L'AFFAIRE PANITZA
Le plan de la conspiration d'après
l'accusation.
(D'UN CORRESPONDANT)
Sofia, 12 avril.
La commission d'enquête sur l'affaire
Panitza a terminé ses travaux. Le procès
commencera à la fin d'avril. Les accusés
sont au nombre de quinze, dont sept offi-
ciers et huit civils.
D'après les bruits qui circulent sur les
résulats de l'instruction, le plan préparé
lors du passage à Sofia du prince russe
Dolgoroukow aurait été le suivant :
Tandis que le lieutenant Rizoff, qui est
au nombre des accusés, aurait été de ser-
vice de garde au palais, deux autres offi-
ciers, le capitaine Moloff, et le lieutenant
Kissimoff, déguisés en soldats, seraient en-
trés dans la chambre à coucher du prince
Ferdinand et l'auraient arrêté.
Au même instant, les autres conspirar-
teurs devaient arrêter les ministres et les
commandants des régiments de la garnison
de Sofia.
STANLEY EN BELGIQUE
(D'UN CORRESPONDANT)
Bruxelles, 12 mars.
Le roi Léopold vient de fixer définitive-
ment au jeudi U avril prochain la date de
la réception officielle de Stanley.
Quant à la réception qui sera faite à l'ex-
plorateur à son arrivée, elle sera très bril-
lante. Le roi, le comte de Flandre et le
prince Baudoin se rendront à la gare du
Miui, ainsi que les ministres, des membres
du corps diplomatique, des députés, des
sénateurs et des officiers supérieurs.
CHRONIQUE
Une drôle de petite note a paru, ces
jours-ci, dans les courriers de théâtres.
La direction d'une scène, — subvention-
née, s'il vous plaît, — faisait demander
aux échos, par la voie de la presse, l'a-
dresse de l'auteur d'un manuscrit dé-
posé jadis au secrétariat. Le hasard a-t-il
fait que, en une heure de désœuvrement,
on a jeté les yeux sur ce rouleau de pa-
pier dont les feuillets avaient eu le temps
de jaunir? S'est-on avisé tout à coup
que ce manuscrit, longtemps laissé
vierge dans un carton poussiéreux, était
un chef-d'œuvre ? Ce sont les mystères
des cabinets directoriaux. Il y a des lé-
gendes qui ont cours. Telle pièce, qui eut
trois cents représentations autrefois,
ne vit le feu de la rampe que par suite
d'une circonstance imprévue. « Monsieur
le directeur" travaillait dans son bureau.
Je ne sais quel geste, d'une excessive ani-
mation (il lisait sans doute la lettre d'un
écrivain qui réclamait l'accomplissement
d'une promesse), lui fit renverser sa
lampe. Il sonna son garçon de bureau,
pour qu'il réparât l'accident. Le garçon
de bureau n'était pas à son poste, et le
directeur, en attendant, pour se garantir
de l'invasion de l'huile répandue, prit,
dans une armoire à sa portée les pre-
miers papiers qu'il trouva. Puis il se re-
mit au travail. Cependant, machinale-
ment, ses yeux se portèrent sur ce tam-
pon improvisé, qui laissait voir une
grosse écriture, sur le papier taché, de-
venu transparent au contact gras de
l'huile. Il lut une phrase, puis deux, et
il s'intéressa soudain à sa lecture, au
point qu'il se saisit d'une serviette et
qu'il essuya délicatement les feuillets
maculés. C'était une comédie, dont il
avait, selon son habitude, négligé de
prendre connaissance, et qu'il avait jetée
aux oubliettes.
— Tiens, tiens, se dit-il, mais c'est très
bien, cette machine-là !
Le lendemain, la comédie, miraculeu-
sement sauvée, était reçue, et, trois se-
maines plus tard, elle commençait une
série de fructueuses recettes. C'est une
histoire célèbre.
L'aventure récente du manuscrit dont
on réclame inopinément l'auteur évo-
que assez joliment les petites misères
des pauvres rimeurs qui, avec de vaines
illusions, vont confier à un théâtre le
fruit de leurs veilles, sans s'être préala-
blement pourvus d'utiles influences.
La première période, c'est la période
de l'espoir ingénu. Le cher manuscrit
représente tant de préoccupations, l'oeu-
vre a été si longuement caressée ! Il sem-
ble impossible à celui qui l'a amoureuse-
ment écrite qu'elle ne soit pas au moins
digne d'attention. Et l'auteur attend avec
sérénité, tout entier à ses rêves de gloire.
Toutefois, le temps commence à lui
peser. Hé, mais ! c'est que, au train dont
vont les choses, il lui faudra faire fond
sur d'autres combinaisons. Certes, il
n'admet pas encore qu'on ait pu l'ou-
blier. Seulement, il lui semble utile de
rafraîchir la mémoire du directeur de
qui dépendent ses destinées ; et c'est la
période des démarches, des longues sta-
tions dans les antichambres, des récla-
mations encore timides. Quelquefois,
comme dit la chanson,
On l'reçoit d'une façon êharmante.
Mais du diable si on sait de quoi il
parle ! Il ne se veut point décourager ; il
revient à la charge, il rapporte un second
exemplaire de sa pièce. Il est très possi-
ble qu'il reçoive des compliments. C'est
une menue monnaie qui se donne facile-
ment. C'est alors qu'il commence à
soupçonner la mélancolique vérité, à sa-
voir qu'on ne l'a pas lu et qu'on ne le
lira jamais. Et, peu à peu désabusé, il
entre dans la troisième période , celle - de
la résignation.
S'il a le feu sacré et la volonté tenace,
il renouvelle ailleurs ses tentatives. Si-
non, il abandonne ses rêves et il cherche
une carrière plus positive et où il y ait
moins de déboires.
Qu'est-il devenu, l'auteur de cet acte
auquel une attention inattendue est tout
à coup prêtée? Peut-être, ayant délaissé
depuis longtemps la Muse, est-il, quel-
que part, un percepteur modèle ou un
parfait conservateur des hypothèques et
bénit-il les premières épreuves qui l'ont
fait renoncer à temps à une aventureuse
existence. Peut-être a-t-il même perdu la
mémoire de ses ambitions de jeunesse et,
à l'instar de l'héroïne du sonnet d'Arvers,
ses yeux étant tombés sur cette commu-
nication envoyée par le théâtre aux cour-
riéristes ;
Il lira cette note, — et ne comprendra pas !
Ne sera-ce pas la sagesse, pour lui,
même s'il comprend, de continuer à gar-
der le silence ? A quoi bon se rejeter tar-
divement dans l'enfer du théâtre? A quoi
bon connaître à nouveau toutes ces émo-
tions, toutes ces inquiétudes dont il était
délivré? La réalité pourrait-elle lui ren-
dre la fraîcheur de ses espérances d'an-
tan? Les joies qui viennent trop tard ne
sont plus des joies.
Mais tous les auteurs in joués ne sont
pas des philosophes, qui se désintéres-
sent d'un essai de jeunesse et qui n'y
songent plus, comme ce poète d'un mo-
ment, qui a disparu sans donner de ses
nouvelles, si bien qu'on ne sait où le re-
trouver quand on a besoin de lui. Un des
types les plus mélancoliques du monde
théâtral est l'infortuné qui a déposé des
manuscrits partout sans jamais obtenir
de réponse favorable, et qui, aigri, quin-
teux, finissant par se croire réellement
persécuté, s'imagine reconnaître dans les
pièces annoncées, avant même qu'elles
aient vu le feu de la rampe, une idée de
lui, dont on s'est servi, ou revendique un
titre comme sa propriété, prétendant en
'interdire l'emploi à tous les écrivains
présents et futurs. Il accuse tout le monde,
de plagiat, il est persuadé qu'on a abusé.
de ses envois, que tous les auteurs, grands
et petits, ne s'alimentent que sur son pro-'
pre fonds. Le pauvre homme, que cet éter-
nel réclamant, qui accable les journaux
de lettres, insérées parfois par pitié! —
et, de fait, son ridicule peut être excusé
par toutes ses déceptions. M. Alexandre
Dumas fils, qui n'échappa pas lui-même
à ces revendications singulières, a es-
quissé, dans ses Nouveaux entr'actes,'
cette physionomie lamentable, avec une
ironie qui se mêlait peut-être de quelque
attendrissement, car il n'oubliait pas que
ce fiel est fait de beaucoup de souffrances
et que, s'il y a toujours un rare mérite à
savoir se résigner aux déboires, il faufr
quelque chose comme de l'héroïsme (juanct'
il s'agit de ceux du théâtre. Ce seul mot
résume tant de tentations ! N
Paul Ginisty.
LE PARI MUTUEL
L'uniforme militaire. — Sur les hippo-
dromes. — Aux agences de jeu. —
Une interdiction nécessaire.
L'autorité militaire a, paraît-il, l'inten.
tion d'inviter formellement les officiers et
assimilés à s'abstenir de fréquenter, en
uniforme, lés pelouses des sociétés hippie
ques; cette détermination serait provo-
quée, affirme-t-on, par des abus regretta-
bles qui se sont produits sur quelques hip-
podromes.
Pour que cette mesure soit efficace et
complète, il serait bon que l'autorité mili-
taire prononçât, comme elle le fait à l'é-
gard de certains cafés et cabarets, l'inter-
diction absolue à tous les militaires de
pénétrer dans les établissements du pari
mutuel. Quelques-uns de ces établisse-
ments, situés à proximité des casernes,
sont trop souvent visités, en effet, par les
sous-officiers et les soldats. Il est du de-
voir du commandement de préserver les
hommes de troupe contre cet entraînement
au j..
AFFAIRE MERMEIX
LE VOLUME DE LA HAUTE COUR
MM. Mermeix, Kerviche et Warrion
devant le jury. — Un acquit-
tement général.
Thémis est femme, et le prouve quelque.
fois par de ces entêtements bizarres fami
liers au sexe à qui nous devons générale-
ment notre mère. Elle s'était mis en tête
de faire condamner pour vol, pour vot
tout cru, le directeur de la Cocarde, M. Ter*
rail-Mermeix, qui, dans son journal, avait,
avant le terme, publié les dépositions faites
devant la commission des neuf de la haute
cour.
Elle y a d'abord réussi, et on se rappelles
que M. Mermeix, après un mise ausecretl
qui a duré onze jours, fut finalement tra.
duit devant les juges de la 10e chambre et
unique prévenu, condamné cependant,pour.
complicité de vol par recel, à quatre mois
de prison et 500 francs d'amende.
Au cours de cette audience, dont nous
avons donné un compte rendu développé
dans notre numéro du 11 septembre, un
des collaborateurs de M. Mermeix, M. Ker-i
viche, était venu dire : « Pardon, c'est mo
qui, ayant reçu d'un tiers un des volume
sortis de l'imprimerie du Sénat, l'ai remis?
à mon rédacteur en chef. Il a tenu ce .vo';
lume un quart d'heure entre les mains et
jugeant les documents qu'il renfermait
extrêmement intéressants, éminemment
utiles à la cause boulangiste qu'il défen-
dait, il a aussitôt décidé de les publier, ce
qui a été fait. » s
Naturellement, le président de la lOe-chani4
bre avait voulu connaitre quelle était la*
personne qui avait apporté le document à
M. Kerviche, et voici,à ce sujet, ce qu'avaie
répondu ce dernier :
— Le 27 juillet dernier, un homme est en-
tré, vers onze heures du matin, au journaL efi
m'a dit : « Monsieur, vous appartenez à la
Cocarde? — Parfaitement. — J'ai un dossieis
qui pourrait intéresser vos lecteurs! », et, eu*
même temps, il sortit de sous son habit une
paquet que je pris. Je lui demandai s'il n'a..,:
vait pas autre chose à me dire. Il ajouta sim
plement ceci : « Je suis boulangiste et je veu
être utile à la cause ». Il ne réclama rien, ner
reçut rien.
Malgré cette déposition, le tribunal fra!
pa M. Mermeix, comme nous l'avons dit. jl
Apparait M. Warrion
Quatre jours après, le parquet recevait1
une lettre de M. Warrion, employé de MJ
Mouillot, imprimeur du Sénat, qui décla
rait être l'auteur de la soustraction du voi;
lume. M. Warrion avait été déjà arrêté une
première fois au sujet de cette affaire. IL
fut de nouveau incarcéré, et, après ins-
truction, l'affaire revenait hier, mais cette
fois devant le jury. Le procès s'était élevé à
la hauteur d'une cause criminelle, à raison,
de la qualité d'homme à gages du principal
coupable ou présumé tel.
Avant de se décider à faire cette déclara-
tion, M. Warrion était allé à la recherche
de M. Mermeix — qu'il ne connaissait pas
même de vue- dans une réunion publique
qui était tenue avenue Lowendal, à 1$
brasserie Européenne. :
M. Rau, avocat général, qui occupait hie
le siège du ministère public et qui parle
des choses du journalisme un peu comma
un aveugle parle des couleurs, s'étonnait
que l'accusé Warrion ne fût pas retourné
la Cocarde pour voir M. Mermeix.
M. Warrion, qui est du bâtiment, lui a
répondu que, pour peu que quelque acti-
vité régnât dans un journal, on n'arrivait
pas auprès du directeur.
De même le président, M. le conseiller
Godin, demandant à M. Warrion sa profes-
sion et celui-ci ayant répondu : « ficeleur »
— Alors, c'est vous qui mettiez les jour-
naux sous bande? a répliqué le magistrat.
Ce n'est pas ça du tout.
Ces petites ignorances ne seraient rien;
mais ce qui a été plus grave, c'est qu'à
l'audience d'hier,comme devant le tribunal
correctionnel, les représentants de la ma-
gistrature ont eu l'entendement absolument
fermé aux explications, aux déclarations
identiques que les représentants les plus
divers, mais tous autorisés, de la grande.
presse parisienne, ont formulées devant
eux, après l'interrogatoire des accusés.
L'interrogatoire
Ceux-ci, notons-le, n'étaient pas au banc
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