Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-04-13
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 13 avril 1890 13 avril 1890
Description : 1890/04/13 (A19,N6663). 1890/04/13 (A19,N6663).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — N° 6,663 CINQ Centimes - Paris et Département* — qcrr,* 1 Centimes DIMANCHE 13 AVRIL 1890
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JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
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L'EMPRUNT MUNICIPAL
ET LA COMMISSION D'ENQUÊTE
Entre boulangistes et Mai pistes
M. RIBOT
ET LE MINISTRE DU PORTUGAL
Le crime de la rue des Couronnes
CONSERVATEURS
ET « CONCENTRÉS»
La « concentration » recommandée
par M. Paul de Cassagnac n'a pas l'air
de se faire toute seule, et voici que,
parmi les réactionnaires, il s'en ren-
rencontre quelques-uns, et non des
moins qualifiés, pour exprimer une
méfiance absolue sur la valeur des
moyens qu'on leur propose et sur
leurs rapports avec la fin à atteindre.
Le Petit Moniteur, craignant que ses
précédentes déclarations n'aient prêté
à quelque ambiguïté, s'explique en ces
termes sur la politique de « concen-
tration » de VAutorité : « Nous répu-
dions cette politique comme une poli-
tique néfaste et fatale, condamnée
aussi bien par la raison que par l'ex-
périence et par les tristes résultats
qu'elle a produits. Au second tour,
comme au premier, nous nous appli-
querons de tout notre effort et par
tous les moyens en notre pouvoir à
empêcher les électeurs de voter pour
des candidats boulangistes. w
M. Arthur Meyer ne donne pas à sa
Densée cette forme brève et indiscu-
tablement nette. Mais les considéra-
tions auxquelles il se livre sur le bou-
langisme ne manquent pas d'intérêt.
Elles complètent ce qu'avait de brus-
que le ci bonsoir, messieurs" du lende-
main des élections législatives. M. Ar-
thur Meyer finit par s'apercevoir que,
dans la coalition avec les boulangis-
tes, les réactionnaires ont toutes les
chances de jouer un jeu de dupes. Il
ne voit pas la fin de la même façon
que M. P. de Cassagnac, et il s'écrie
avec désespoir : « La fin, c'est Bou-
langer; les boulangistes, c'est Boulan-
ger f le conseil municipal, c'est Bou-
ger!. Il y a une orthodoxie boulan-
giste, et à sa tête un chef indiscutable,
infaillible. » Et encore : « Ils ont vé-
cu, les beaux jours du boulangisme de
droite, de la belle espérance d'un gou-
vernement anonyme, créé à la Cham-
bre par une maj orité de concentra-
tion, dont Boulanger pouvait être le
délégué, avec mandat de consulter le
pays et de faire respecter sa volonté.
Nous sommes arrivés à la phase du
boulangisme de gauche, c'est-à-dire à
un quatrième parti, qui a son préten-
dant, et qui demande à Paris de le
consacrer. Yy
On ne saurait trop féliciter M. Ar-
thur Meyer de sa perspicacité. Le bou-
langisme est bien ce qu'il dit, un parti
qui a son" prétendant", ou plutôt,
c'est un prétendant qui cherche un
parti et qui, jusqu'ici, en flattant les
uns et les autres, en faisant ici des
déclarations modérées et en tenant là
le langage de la démagogie, en offrant
d'une main, le vendredi-saint, le jam-
bon des libres-penseurs, et de l'autre
la morue des catholiques, à essayé de
former autour de lui une coalition des
éléments les plus hétérogènes. Seule-
ment, ce n'est pas d'hier que le bou-
langisme a pour rouage essentiel un
« prétendant". C'était déjà ainsi à
l'époque où M. Arthur Meyer vantait
la politique de la trouée, où il expo-
sait les raffinements de la combinai-
son de la catapulte et où, d'accord
avec M. Paul de Cassagnac, il mettait
les royalistes à la remorque du « co-
mité républicain national ».
A cette époque-là, la presse roya-
liste, — un seul journal excepté, — a
si chaleureusement plaidé la cause du
boulangisme, qu'elle a converti pres-
que tous les monarchistes et qu'elle a
triomphé des scrupules des plus récal-
citrants. Après cette campagne, dont
on n'a pas encore eu le temps d'ou-
blier l'ardeur, il est malaisé de retenir
les hommes qu'on a convertis, et ceux
qui se piqueront d'impartialité se de-
manderont à quel moment leurs capi-
taines se sont trompés, en leur recom-
mandant de voter pour les boulan-
gistes ou en leur prescrivant de se sé-
parer d'eux. Il y a six mois, on leur
démontrait que le meilleur moyen de
bâter le rétablissement de la monar-
chie était de voter pour M. Laisant et
pour M. Naquet, que l'intérêt conser-
vateur était de préférer M. Mermeix à
M. Cochin. Comment les hommes qui
ont suivi ces conseils ne croiraient-ils
pas aujourd'hui que le succès de M.
Crié ou de tel autre candidat « investi »
et concurrent de M. Ferdinand Duval
ou de M. Riant contribuera avec la
dernière efficacité au rétablissement
des sœurs dans les hôpitaux? L'un
n'est pas plus saugrenu que l'autre ne
l'était.
Le programme offert par les con-
servateurs monarchistes et par les
conservateurs de l'Union libérale, dont
les voix doivent, dit-on, se confondre
au second tour, n'est guère plus sé-
duisant que le programme offert par
les boulangistes. Les boulangistes,
eux, n'ont pour tout programme mu-
nicipal et pour tout programme poli-
tique que le cri quelque peu démodé
de « Vive Boulanger! » Les conserva-
teurs, aussi bien les monarchistes que
ceux de l'Union libérale, déclarent de
leur côté qu'ils se contenteront de la
platform : « Des sœurs ! Pas de trai-
tement! » Il faudrait désespérer du
bon sens et du sens pratique des élec-
teurs parisiens, s'ils se laissaient en-
traîner par des formules aussi creuses.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
» Chronicrae », par M. Paul Ginisty.
LE MINISTRE DE PORTUGAL
AU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
La réponse de M. Ribot
Hier, à 3 heures, M. le ministre de Por-
tugal s'est rendu au quai d'Orsay pour de-
mander à M. Ribot de lever les difficultés
qui s'opposeraient à l'admission à la cote
officielle du nouvel emprunt émis par M.
Ephrussi.
M. Ribot a répondu qu'il ne prendrait au-
cune décision sans en avoir, au préalable,
entretenu M. Rouvier, le ministre des fi-
nances ;
Que toutefois, en ce qui le concernait, il
voyait un sérieux obstacle à satisfaire au
désir manifesté officieusement par le mi-
nistre de Portugal, autant par suite d'un
engagement antérieur pris par M. Spuller
envers la Chambre, que par la nécessité de
donner aux tribunaux français la satisfac-
tion que le Portugal leur avait jusqu'ici
refusée, en repoussant la chose jugée en fa-
veur de porteurs français de titres portu-
gais que le gouvernement de Lisbonne
laissait depuis un temps infini en souf-
france.
M. Ephrussi, qui avait incité M. le ministre
de Portugal à faire cette démarche, la voit
donc accueillie par une fin de non-rece-
voir absolue.
M. DJILLON -
Le château de. la Faïencerie. -
Mme Boch et l'entreprise
boulangiste.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Luxembourg, Il avril.
On a annoncé que M. Dillon s'était retiré
à Septfontaines; la vérité est que M. Dillon,
après avoir longuement hésité, a arrêté
son choix sur le château de la Faïencerie,
dans le hameau de Reckenthal, situé à un
kilomètre de Septfontaines.
Ce château appartient à Mme Boch, de la
maison Villero et Boch, grands faïenciers
allemands, très connus dans le duché de
Luxembourg, qui exportent les produits de
leurs usines en Belgique et dans le nord
de la France.
Mme Boch possède une fortune considé-
rable. Elle a, paraît-il, depuis longtemps de
vives sympathies pour l'entreprise boulan-
giste, à laquelle elle avait témoigné son in-
térêt sous des formes diverses.
Dès son intaliation, M. Dillon a fait de
nombreuses visites aux quatre ou cinq per-
sonnages en vue du grand-duché; à tous,
il a déclaré que, « désormais, il s'abstien-
drait complètement de politique ». Cepen-
dant, M. Dillon a été reçu partout avec une
certaine réserve, et les visites qu'il a faites
ne lui ont pas été rendues.
L'ABOLITION DU PASSEPORT
EN ALSACE-LORRAINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, Il avril.
On affirme que l'empereur vient de si-
gner le décret qui supprime la formalité
du passeport à l'entrée en Allejgtagne par
la frontière d'Alsace-Lorraine.
Le décret ne tardera pas à être promul-
gué par le Moniteur officiel de l'empire.
Des instructions ont été déjà transmises
à Strasbourg, et l'administration des che-
mins de fer de l'empire en Alsace-Lorraine
a été informée qu'elle pouvait reprendre
les négociations avec la compagnie fran-
çaise de l'Est pour le rétablissements des
trains supprimés.
LA FRANCE ET L'ITALIE
L'escadre italienne en Corse. — L'ar-
rivée du nouvel ambassadeur
français.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, Il avril.
Il est décidé que l'escadre italienne, après
avoir salué le président de la République
devant Toulon, escortera l'escadre française
jusqu'en Corse.
On assure que l'amiral Lovera di Maria
remettra une lettre du roi d'Italie à M. Car-
not.
La mort du célèbre triumvir de la Répu-
blique romaine, Aurelio Saffi, a été profon-
dément ressentie dans toute l'Italie. La
France républicaine perd en lui un sincère
ami.
M. Billot, le nouvel ambassadeur de
France, est attendu ici demain.
LA DÉFENSE DU TERRITOIRE
SUISSE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berne, 11 avril.
Le Conseil fédéral continue à prendre des
mesures défensives. Il vient de décider la
création de quatre compagnies d'artillerîe de
forteresse, de 200 à 250 hommes, une pour le
Saint-Gothard, deux pour Andermatt, une
pour Airilo.
L'ENQUÊTE
SUR L'EMPRUNT MUNICIPAL
Dernière séance de la commission.-
Les résultats de l'enquête. — L'u-
sage des irréductibles. — Con-
seillers municipaux et
- employés.
C'est aujourd'hui que la commission
d'enquête sur l'affaire de l'emprunt muni-
cipal tient sa dernière séance.
Hier, et les jours précédents, le préfet de
la Seine, le receveur municipal et le direc-
teur des finances ont été entendus.
Sous M. le baron Haussmann
La commission a recherché d'abord où
remontait cet usage qui consistait à ouvrir
un guichet d'irréductibles aux conseillers
municipaux. Elle a constaté que cet abus
avait été inauguré lors du premier em-
prunt municipal,' sous l'administration de
M. le baron Haussmann.
Pendant toute la durée de l'empire, MM.
les conseillers municipaux,qui,comme cha-
cun sait, étaient nommés par l'empereur,
avaient droit à deux cents unités irréduc-
tibles. Aujourd'hui, l'usage est de réserver
aux conseillers municipaux vingt-quatre
formules de six titres chacune, et aux em-
ployés, une formule unique.
Beaucoup de conseillers ignoraient cette
particularité, et cinq ou six seulement, que
nous pourrions nommer, ont, comme M.
Gamard, qui l'a déclaré à la tribune muni-
cipale, pris les vingt-quatre formules,
c'est-à-dire cent quarante-quatre titres ir-
réductibles.
Que sont-ils devenus?
En résumé, les conseillers municipaux
n'ont pris en moyenne qu'une quarantaine
de titres.
Que sont devenus les cent deux titres res-
tants?
L'enquête de la commission s'est portée
spécialement sur ce point : 3,300 titres en-
viron ont été pris par les conseillers muni-
cipaux. Qui donc a pris les 8,320 autres
titres ?
Le bureau du syndic du conseil munici-
pal s'était chargé du soin de prendre les
titres à la caisse municipale; que s'est-il
passé ?
On parle vaguement d'une société finan-
cière qui se serait chargée de l'opération.
La commission sera fixée aujourd'hui
sur le point de savoir si ces faits d'accapa-
rement et d'agiotage doivent être attribués
à certains employés du secrétariat. *
Les employés accapareurs
D'autre part, l'enquête a porté sur les
titres attribués aux employés. Il a été re-
connu que trois employés de l'administra-
tion ont accaparé chacun cent titres, mais
que les autres se sont tenus dans les limites
réglementaires. Ces employés auraient, sans
l'autorisation de leurs camarades qu'ils sa-
vaient ne pas devoir souscrire, mis leurs
noms sur les listes de souscription.
LES « INVESTIS »
Voici la liste officielle des candidats bou-
langistes « estampillés » aux élections mu-
nicipales :
PREMIER ARRONDISSEMENT
Saint- Germ ain-IIA-Lixerrois : Lesage.
Les Halles : Henry Lévy, A. Taillard.
Palais-Royal : Emile Cère.
Place Vendôme : Villeroy.
DEUXIÈME ARRONDISSEMENT
Gaillon : Georges Adam.
Vivienne : Emile Gassier.
Mail : Docteur Légué.
Bonne-Nouvelle : O L.-H. Petit.
TROISIÈME ARRONDISSEMENT
Arts-et-Métiers : Marcant.
Enfants-Rouges : Geninet.
Archives : A. Thibaut.
Sainte-Avoye : Worms.
QUATRIÈME ARRONDISSEMENT
Saint-Merry : Levasseur et Forgues*
Saint-Gervais : L. Pagèze.
Arsenal : De Menorval.
Notre-Dame : Boutet.
CINQUIEME ARRONDISEMENT
Saint-Victor : L. Boiscervoise.
Jardin-des-Plantes : Paul Lenglé.
Val-de-Grâce : Le Couturier, Mordaq.
Sorbonne : Larcher.
SIXIÈME ARRONDISSEMENT
Monnaie : Biot.
Odeon : Autchizky.
Notre-Dame-des-Champs : Bernardin.
Saint-Germain-des-Prés : Poignant.
SEPTIÈME ARRONDISSEMENT
Saint-Thomas-d'Aquin : Bois-Glavy.
Invalides : Raphaël Poggi.
Ecole-Militaire : Le Menuet.
Gros-Caillou : Delagneau.
HUITIÈME ARRONDISSEMENT
Champs-Elysées : E. Dufour,
Roule : Binder.
Madeleine : Mazel.
Europe : Cruchon. ,
NEUVIÈME ARRONDISSEMENT
Saint-Georges : J. Teyssèdre.
Chaussée-d'Antin : Vigier.
Faubourg-Montmartre : Caussade.
Rochechouart : — Barme.
DIXIÈME ARRONDISSEMENT
Saint-Vincent-de-Paul : Germain Dagoné.
Porte-Saint-Denis : Lucien Gouriet.
Porte-Saint-Martin : Henri Tournade.
Hôpital-Saint-Louis : Feltesse.
ONZIÈME ARRONDISSEMENT
Folie-Méricourt : Michelin.
Saint-Ambroise : A. Avezard.
La Roquette : Maës.
Sainte-Marguerite : Massard.
DOUZIÈME ARRONDISSEMENT
Be 1-Air : Marguerittes.
Bercy : Lechapelain.
Picpus : Langlois.
Quinze-Vingts : **
TREIZIÈME ARRONDISSEMENT
Salpêtrière : Baudet.
Croulebarbe : Ch. Caron.
La Gare : L. Caillet.
Maison - Blanche : Paul Couturier, dit
Paul de Sémant.
QUATORZIÈME ARRONDISSEMENT
Montparnasse : Charles Léon.
Santé : Elie May.
Petit-Montrouge : Georges Janin.
Plaisance : Georges Giroux.
-- QUINZIÈME ARRONDISSEMENT
Saint-Lambert : Planteau.
Necker : Thiessée.
Grenelle : L. Cherest.
Javel: Apté.
SEIZIÈME ARRONDISSEMENT
Auteuil : L. de Larmandie.
La Muette : Emile Lebert.
Porte-Dauphine : Desmarest.
Bassins : J. Quinaud.
DIX-SEPTIEME ARRONDISSEMENT
Ternes : H. Galliché.
Plaine-Monceau : Silvy.
Batignolles : Cahu.
Epinettes ; Boulé.
DIX-HUITIÈME ARRONDISSEMENT
Grandes-Carrières : A. Crié.
Goutte-d'Or : Foursin, Breuillé.
Clignancourt : de Susini.
La Chapelle : Docteur Fiaux.
DIX-NEUVIÈME ARRONDISSEMENT
La Villette : Léouzon-le-Duc.
Pont-de-Flandre : C. Prunières.
Amérique : Morin.
Combat : Grebeauval..
VINGTIÈME ARRONDISSEMENT
Belleville : Emile Delhomme.
Saint-Fargeau : Archain.
Père-Lachaise : Henri Place.
Charonne : Rouillon.
DÉCLARATION
DES CANDIDATS BOULANGISTES
En même temps que cette liste d'investis,
les journaux boulangistes publieront la
déclaration suivante, que nous communi-
quons à nos lecteurs à titre de document :
ÉLECTIONS MUNICIPALES
DE LA VILLE DE PARIS
27 avril 1890'
DÉCLARÀTION
Partisans résolus d'une République na-
tionale ouverte à tous les citoyens, défen-
seurs dévoués du suffrage universel, re-
connaissants envers le général Boulanger
du grand mouvement de patriotisme et
d'émancipation politique et sociale dont il
a été l'énergique serviteur, les candidats
dont les noms suivent adhèrent au pro-
gramme minimum ci-dessous :
Revision de la Constitution de 1875 par
une Constituante issue du suffrage univer-
sel.
Referendum populaire pour l'acceptation
de la Constitution nouvelle et pour les gran-
des lois politiques.
Organisation de la République nationale
sur les plus larges bases démocratiques,
permettant l'accomplissement des réformes
sociales qui tiennent aujourd'hui la première
place dans les préoccupations de 1 Europe.
Liberté de la presse, liberté de la parole,
liberté de la pensée, liberté d'association,
liberté de conscience.
Respect absolu du suffrage universel et
de la souveraineté populaire.
Annulation de l'inique sentence de la
haute cour sénatoriale.
Economie et loyauté dans l'administra-
tion de la Ville de Paris.
[Telle est la déclaration que les candidats
ont dû signer avant i de B recevoir l'investi,ture.,
LA CRISE PORIUGAISE
Opinion de quelques journaux
portugais
A ajouter à l'opinion de Os Debates, que
nous avons fait connaître dans notre der-
nier numéro.
0 Commercio de Portugal
Toute réaction occasionne une révolution.
Notre gouvernement, qui prépare la révolu-
tion, occasionnerait-il une intervention étran-
gère ? Peut-être ! Mais, après, qu'arrivera-
t-il?
0 Dia :
La liberté, que nous avions coutume de
considérer comme inscrite sur les drapeaux de
tous les partisans de la monarchie constitu-
tionnelle, n'pst plus que la devise des ennemis
du gouvernement royal.
Diario de Noticias :
Qu'allons-nous devenir en Portugal, si l'op-
pression gouvernementale s'ajoute à l'oppres-
sion anglaise ?
O Seculo :
On va savoir, enfin, ce qu'il en coûte de vio-
lenter l'opinion publique et de vouloir arrêter
l'explosion du sentiment national.
A Folha do Povo :
Maintenant, profitons de cette autre folie du
pouvoir monarchique. Toute rèaction doit
produire une révolution.
A Patria
A partir de ce jour, @ nous ne pouvons plus
signaler les traîtres à l'indignation du peuple !
Nbus ne pouvons plus prouver que M. Carlos
le fermier est le. plus immonde paillasse de
l'ivrognesse reine Victoria I etc , etc.
Le roi a ordonné que la canaille ministé-
rielle vomisse sur nous cette infamie.
L'Histoire sera terrible pour cette famille
d'incestueux, de voleurs, d'assassins, de lâches
dont M. Carlos est le digne représentant.
Le peuple doit savoir ce que font ces his-
trions, ces vendus, ces voleurs, ces bandits
infâmes !
Nous protestons contre la rapine, nous pro-
testons contre le brigandage : si le roi reste
complice, ne lui ménageons pas notre haine
et notre vengeance.
Au résumé, c'est l'Angleterre qui gouverne ;
notre monarque est à la solde des pirates an-
glais. A bas l'Angleterre ! à bas le gouverne-
ment! à bas le roil
Vive la liberté 1
LES AVERTISSEURS D'INCENDIE
Renseignements édifiants. — L'incendie
de la rue Daru.
Tout le monde a été stupéfait du temps
mis l'autre jour par les pompiers pour ar-
river à l'incendie de la rue Daru. C'est, dit-
on, la faute aux avertisseurs. En effet, car
nous avons recueilli à ce sujet des rensei-
gnements édifiants dont nous garantissons
Pexactitude absolue.
Il y a en tout dans Paris 109 avertisseurs !
Vous lisez bien : cent neuf!, inégalement
répartis dans les Ier, 2e, 3e, he, 9e, 10e, 16e,
19e et 6 arrondissements. Les autres ar-
rondissements en sont totalement dépour-
vus.
L'avertisseur le plus rapproché de l'é-
glise russe se trouve place d'Eylau. C'est à
4ui que doivent recourir les habitants du
Poiut-du-Jour !.
L'ARRESTATION D'EYRAUD
Une dépêche de New-York. — Mysté-
rieuse arrestation.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 11 avril.
Les journaux anglais reçoivent de New-
York une dépêche d'après laquelle il y au-
rait des ràisons de croire que les rumeurs
de l'arrestation d'Eyraud reposent sur un
fond de vérité.
Au service central de la police à New-York,
on n'a aucun renseignement précis. On sait
qu'une arrestation importante a été faite à
Pusso del Norte, mais on ne possède au-
cune indication sur l'identité du prison-
nier ni sur ce au'il est devenu.
CHRONIQUE
M. le docteur J. Roussel vient de renou-
veler, en la traitant à nouveau, une thèse
que j'avais déjà vue se produire plus d'une
fois, mais sous forme de boutade seule-
ment et sans cet appareil de démonstra-
tion scientifique dont M. Roussel a cru
devoir s'entourer.
Cette thèse, c'est que Jean-Jacques
Rousseau, lorsqu'il nous conte qu'il a
abandonné et porté au tour les cinq en-
fants qu'il dit avoir eus de Thérèse,
nous trompe et se vante. Il n'a jamais eu
d'enfants, par l'excellente raison qu'il ne
pouvait pas en avoir; il a préféré s'accu-
ser d'un crime que d'avouer un ridi-
cule.
Vous savez sans doute que M.John Grand-
Carteret, un grand admirateur de Jean-
Jacques, s'est avisé, pour élever à son écri-
vain préféré un monument digne de lui,
de demander à tous ceux qui, de notre
temps, se sont occupés du philosophe
genevois, une étude sur quelque partie
de ses ouvrages ou sur un côté de sa vie.
Nombre de journalistes, de savants et de
curieux ont répondu à cet appel. M. John
Grand-Carteret a réuni tous ces travaux
dans un gros volume qu'il a intitulé :
Jean-Jacques Rousseau jugépar les Fran-
çais d'aujourd'hui.
Le livre est naturellement fort mêlé, et
tous les morceaux ne sont pas, il s'en
faut, d'égale valeur. Ils sont amusants à
parcourir parce qu'ils montrent assez
bien, par la diversité même de leurs ap-
préciations, où en est aujourd'hui l'opi-
nion publique sur Jean-Jacques.
C'est dans ce volume qu'a été inséré
et que j'ai lu le mémoire de M. le doc-
teur Roussel.
Il y a un terrain sur lequel je ne puis
le suivre, n'ayant aucun droit à discuter
avec lui un point de médecine. Il prouve
ou cherche à prouver qu'une maladie
dont Jean-Jacques a été affligé jeune et
dont il n'a jamais été bien soigné a pour
conséquence certaine, indéniable, de
frapper l'homme d'impuissance, sans al-
térer en rien les ardeurs de son tempéra-
ment.
Le docteur Roussel use, pour exprimer
cette vérité, de métaphores que je lui
emprunte :
« L'organe peut paraître guéri, il de-
meure inapte à remplir sa fonction créa-
trice : la vie n'habite plus en lui ; les tré-
sors qu'il semble prodiguer ne sont
que de la fausse monnaie. La bourse est
encore pleine , elle peut encore faire de
généreux cadeaux à l'amoureuse men-
diante ; mais les pièces d'argent qui s'en
échappent sont mai frappées. Le côté face
ne porte plus l'image du souverain créa-
teur ; sur le côté pile, le millésime et le
nom du roi sont effacés. »
C'est là qu'en était Jean-Jacques. Il va
sans dire que je laisse au docteur la res-
ponsabilité de ces assertions, que je n'ai
ni le droit ni la compétence de contrôler
ou de réfuter.
On doit comprendre que cet état géné-
ral, une fois qu'il a été constaté par le
malade, qui en a la pleine conscience,
jette chez lui des doutes et des perturba-
tions que je ne puis qu'indiquer.
J'avais été frappé, en lisant et en reli-
sant les Confessions. ah! quel merveil-
leux livre que ces Confessions, dont
Jouaust a tout dernièrement donné une
si jolie édition ! Les deux premiers volumes
comptent parmi les plus frais et les plus
ravissants de notre littérature. J'avais
donc été frappé de voir que dans toutes
ces histoires d'amour que Jean-Jacques
nous conte, il était presque toujours de-
meuré à mi-chemin et n'était allé jus-
qu'au bout que lorsqu'il avait été en
quelque sorte poussé jusqu'en ses der-
niers retranchements. J'avais attribué ces
échappatoires, à l'aide desquelles il se
dérobait aux suites nécessaires de ses
bonnes fortunes, à la timidité orgueil-
leuse qui a été, je crois, le péché mignon
de Jean-Jacques.
J'avais bien remarqué qu'il était timide
et vaniteux ou fier en même temps. Il
craignait,me disais-je,qu'on ne se moquât
de lui; il faisait comme le marquis du
Legs, de Marivaux : il battait en retraite ;
il avait peur.
Oui, sans doute, me répond M. Rous-
sel, il avait peur; ce n'était pas précisé-
ment une peur toute morale : il y avait
beaucoup du physique dans son affaire. Il
avait maintes fois éprouvé des intermit-
tences ou des hâtes excessives, en sorte
qu'il craignait d'être pris au dépourvu,
et, pour n'avoir pas à souffrir dans son
orgueil d'homme trahi par ses organes,
il cherchait un prétexte à fuir la bonne
volonté qu'on lui témoignait. C'est ainsi
que, dans l'aventure célèbre de Juliette,
la courtisane de Venise, il avait, au mo-
ment même où elle se prêtait complai-
samment à son caprice, ergoté sur un
détail de sa personne pour bouder et
s'évader, si bien que la jolie fille lui
avait cinglé au visage le mot resté fa-
meux : «Etudie les mathématiques, mais
laisse les belles filles."
Il avait besoin d'une revanche : « Sa
vanité, dit le docteur Roussel, avait dû
conserver le souvenir des moqueries lan-
cées par les grandes dames près des-
quelles il était resté coi. Il voulut donc
leur prouver que, s'il n'avait pas trouvé
avec elles le mot juste, c'est que leur con-
versation ne l'avait pas intéressé, alors
qu'avec d'autres, comprenant mieux son
langage, le dialogue n'avait pas chômé. »
C'est l'observation scientifique des fan-
faronnades ordinaires aux impuissants
qui a amené le docteur Roussel à consi-
dérer Jean-Jacques sous ce jour nouveau.
Pour qu'on ne dise pas de lui : il était
plus fort en paroles qu'en action, il se
vante précisément des choses qu'il a le
moins faites et qu'il sait ne pouvoir faire.
Pour ne pas être soupçonné d'une im-
puissance dont il ne connait que trop
l'origine et la réalité, il s'attribue unl
paternité féconde, il entreprend de trom-
per l'histoire, illusionnant les autres d'un
récit d'exploits imaginaires. -
Il inventa donc de toutes pièces le ré-
cit romanesque de ses trois premiers en-
fants abandonnés, et il entra dans les
plus minutieux détails, afin que per-
sonne n'en - doutât. Il le raconta à tous
ceux qu'il connaissait: c'est, dit le doc-
teur, qu'il lui fallait, faute de témoins
oculaires pour certifier les faits, sugges-
tionner à des témoins auriculaires une
conviction suffisante pour que des narra-
tions répétées par ces divers témoins pus-
sent transmettre à la postérité et établir
à la hauteur d'une conviction la fable
imaginée.
On pourrait objecter au docteur Rous-
sel que si, en effet, Jean-Jacques n'a eu
d'autre idée que de réagir contre le bruit
de ses trop fréquents mutismes, il aurait
pu annoncer la mort de ses enfants
en bas âge, au lieu de se charger du for..
fait de leur abandon. -'
Mais M. Roussel a réponse à tout.
Jean-Jacques est pour lui un homme
atteint dans une certaine mesure du délire
des grandeurs. « Il entendait, dit-il, être
considéré par la postérité comme un
homme en tous points différent des autres
hommes, inaccessible même aux senti-
ments ordinaires qui dirigent la vie du
vulgaire. »
Vous pouvez voir au reste, dans les
Confessions, qu'il prétendait avoir agi
pour le plus grand bien de ses enfants:
a Je me contenterai de dire, écrivait-
il, qu'en livrant mes enfants à l'éducation
publique, faute de pouvoir les élever moi-
même, en les destinant à devenir ouvriers
et paysans plutôt qu'aventuriers et cou-
reurs de fortune, je crus faire un acte de
citoyen et de père, et je me regardai
comme un membre de la république de
Platon.
» Plus d'une fois, depuis lors, les re-
grets de mon cœur m'ont appris'que je
m'étais trompe ; mais, loin que ma rai-
son m'ait donné le même avertissement-j
j'ai souvent béni le ciel de les avoir ga-
rantis par là du sort de leur père, et de
celui qui les menaçait si j'avais été forcé
de ne les pas abandonner. Si je les avais
laissés à madame d'Epinay, ou à Mme de
Luxembourg, auraient-ils été plus heu-
reux, auraient-ils été du moins élevés en
honnêtes gens? Je l'ignore; mais je suis
sûr qu'on les aurait portés à haïr, peut-
être même à trahir leurs parents. Il vaut
mieux cent fois qu'ils ne les aient pas
r.Ollnll. » •
C'était un grand sophiste que ce Jean-
Jacques,et il était pétri de vanité. Son cas
me rappelle celui que conte si drôlement
Henri Heine :
Il dîne à table d'hôte en Allemagne prdS'
d'un inconnu avec qui il entame la con
versation. Cet inconnu lui paraît fort
triste. Heine le presse de lui dire ce qui
le peine ainsi. L'autre lui conte qu'ayant
été admis à l'honneur de dîner chez le
prince de., il n'a pu se tenir de fourret
dans sa poche un couvert d'argent : c'est
le souvenir de sa mauvaise action qui le
poursuit. !
Ce qu'il y a d'admirable, ajoute Heine;
c'est que ce brave Allemand était le plus
honnête homme du monde et qu'il n'a-
vait jamais volé l'ombre d'une petite
cuillère. Mais il tenait à me faire savoir
qu'il avait dîné à la table d'un prince. -
Francisque Sarcey.
L'EMPRUNT PORTUGAIS
ET SES
GARANTIES ILLUSOIRES
Le budget. — Déficit permanent.
Charges publiques. — Coupons im-
payés. — Les impôts. — La ban-.
queroute.
Nous avons exposé dans nos précédents
articles les raisons générales qui font du
nouvel emprunt portugais un danger pour
l'épargne française.
Il nous reste à établir aujourd'hui
qu'abstraction faite des majorations scan-
daleuses de M. Ephrussi, ainsi que des
graves événements politiques qui s'accom-
plissent en ce moment dans la monarchie
portugaise, les finances de ce pays ne pré-
sentent aucune des garanties que l'on doit
exiger d'un placement sérieux.
Pour arri ver à ce résultat, nous ne nous
livrerons à aucun raisonnement discuta-
table, à aucune supposition douteuse ;
nous emprunterons nos preuves et nos ar-
guments au budget officiel du royaume dû
Portugal.
Examen financier 1
L'étendue du Portugal est de 92,075 kilo-
mètres carrés. Sa population estdeA/708,176
habitants; ce qui représente 51 habitants
par kilomètre carré.
Les charges de la dette publique conver-
tie, dite Dette nouvelle, sont de 2 milliards
78& millions 003,619 fr. 80 c., et celles de la
dette à convertir, de 13 millions W,,885 fr.
8U c.; soit, au total, de deux milliards 797
millions SU«8,505 fr. 8U c.
Cette charge équivaut donc à environ
700 fr. par habitant, y compris les femmes
et les enfants à la mamelle. -
On avouera que c'est énorme pour un
pays aussi peu commerçant, aussi peu in-*'
dustriel que le Portugal; pour un pays
dont les habitants seraient, d'après l'avis-
exprimé par le roi dans ses récents décret.,,
les plus ignorants de l'Europe.
Les dépenses, du budget
s'élèvent à. 250.7U^57 28
et les recettes à. 231.173.776 08
Ce qui laisse un déficit .:
annuel de. 19.540.681 2(3
Mais ce déficit annuel, normal, chroni-
que, serait encore bien plus étendu, si la
Portugal faisait face à toutes les dépenses"
auxquelles il est régulièrement obligé.
Aussi le gouvernement, peu désireux
d'accroître encore ces déficits budgétaires.
a trouvé un moyen fort simple, mais très
original, de limiter ses dépenses : c'est de' -
ne pas payer l'intérêt des sommes qu'il :\. -
empruntées.
LF Yï'W1 : ïï "fi1 f ïï w
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L'EMPRUNT MUNICIPAL
ET LA COMMISSION D'ENQUÊTE
Entre boulangistes et Mai pistes
M. RIBOT
ET LE MINISTRE DU PORTUGAL
Le crime de la rue des Couronnes
CONSERVATEURS
ET « CONCENTRÉS»
La « concentration » recommandée
par M. Paul de Cassagnac n'a pas l'air
de se faire toute seule, et voici que,
parmi les réactionnaires, il s'en ren-
rencontre quelques-uns, et non des
moins qualifiés, pour exprimer une
méfiance absolue sur la valeur des
moyens qu'on leur propose et sur
leurs rapports avec la fin à atteindre.
Le Petit Moniteur, craignant que ses
précédentes déclarations n'aient prêté
à quelque ambiguïté, s'explique en ces
termes sur la politique de « concen-
tration » de VAutorité : « Nous répu-
dions cette politique comme une poli-
tique néfaste et fatale, condamnée
aussi bien par la raison que par l'ex-
périence et par les tristes résultats
qu'elle a produits. Au second tour,
comme au premier, nous nous appli-
querons de tout notre effort et par
tous les moyens en notre pouvoir à
empêcher les électeurs de voter pour
des candidats boulangistes. w
M. Arthur Meyer ne donne pas à sa
Densée cette forme brève et indiscu-
tablement nette. Mais les considéra-
tions auxquelles il se livre sur le bou-
langisme ne manquent pas d'intérêt.
Elles complètent ce qu'avait de brus-
que le ci bonsoir, messieurs" du lende-
main des élections législatives. M. Ar-
thur Meyer finit par s'apercevoir que,
dans la coalition avec les boulangis-
tes, les réactionnaires ont toutes les
chances de jouer un jeu de dupes. Il
ne voit pas la fin de la même façon
que M. P. de Cassagnac, et il s'écrie
avec désespoir : « La fin, c'est Bou-
langer; les boulangistes, c'est Boulan-
ger f le conseil municipal, c'est Bou-
ger!. Il y a une orthodoxie boulan-
giste, et à sa tête un chef indiscutable,
infaillible. » Et encore : « Ils ont vé-
cu, les beaux jours du boulangisme de
droite, de la belle espérance d'un gou-
vernement anonyme, créé à la Cham-
bre par une maj orité de concentra-
tion, dont Boulanger pouvait être le
délégué, avec mandat de consulter le
pays et de faire respecter sa volonté.
Nous sommes arrivés à la phase du
boulangisme de gauche, c'est-à-dire à
un quatrième parti, qui a son préten-
dant, et qui demande à Paris de le
consacrer. Yy
On ne saurait trop féliciter M. Ar-
thur Meyer de sa perspicacité. Le bou-
langisme est bien ce qu'il dit, un parti
qui a son" prétendant", ou plutôt,
c'est un prétendant qui cherche un
parti et qui, jusqu'ici, en flattant les
uns et les autres, en faisant ici des
déclarations modérées et en tenant là
le langage de la démagogie, en offrant
d'une main, le vendredi-saint, le jam-
bon des libres-penseurs, et de l'autre
la morue des catholiques, à essayé de
former autour de lui une coalition des
éléments les plus hétérogènes. Seule-
ment, ce n'est pas d'hier que le bou-
langisme a pour rouage essentiel un
« prétendant". C'était déjà ainsi à
l'époque où M. Arthur Meyer vantait
la politique de la trouée, où il expo-
sait les raffinements de la combinai-
son de la catapulte et où, d'accord
avec M. Paul de Cassagnac, il mettait
les royalistes à la remorque du « co-
mité républicain national ».
A cette époque-là, la presse roya-
liste, — un seul journal excepté, — a
si chaleureusement plaidé la cause du
boulangisme, qu'elle a converti pres-
que tous les monarchistes et qu'elle a
triomphé des scrupules des plus récal-
citrants. Après cette campagne, dont
on n'a pas encore eu le temps d'ou-
blier l'ardeur, il est malaisé de retenir
les hommes qu'on a convertis, et ceux
qui se piqueront d'impartialité se de-
manderont à quel moment leurs capi-
taines se sont trompés, en leur recom-
mandant de voter pour les boulan-
gistes ou en leur prescrivant de se sé-
parer d'eux. Il y a six mois, on leur
démontrait que le meilleur moyen de
bâter le rétablissement de la monar-
chie était de voter pour M. Laisant et
pour M. Naquet, que l'intérêt conser-
vateur était de préférer M. Mermeix à
M. Cochin. Comment les hommes qui
ont suivi ces conseils ne croiraient-ils
pas aujourd'hui que le succès de M.
Crié ou de tel autre candidat « investi »
et concurrent de M. Ferdinand Duval
ou de M. Riant contribuera avec la
dernière efficacité au rétablissement
des sœurs dans les hôpitaux? L'un
n'est pas plus saugrenu que l'autre ne
l'était.
Le programme offert par les con-
servateurs monarchistes et par les
conservateurs de l'Union libérale, dont
les voix doivent, dit-on, se confondre
au second tour, n'est guère plus sé-
duisant que le programme offert par
les boulangistes. Les boulangistes,
eux, n'ont pour tout programme mu-
nicipal et pour tout programme poli-
tique que le cri quelque peu démodé
de « Vive Boulanger! » Les conserva-
teurs, aussi bien les monarchistes que
ceux de l'Union libérale, déclarent de
leur côté qu'ils se contenteront de la
platform : « Des sœurs ! Pas de trai-
tement! » Il faudrait désespérer du
bon sens et du sens pratique des élec-
teurs parisiens, s'ils se laissaient en-
traîner par des formules aussi creuses.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
» Chronicrae », par M. Paul Ginisty.
LE MINISTRE DE PORTUGAL
AU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
La réponse de M. Ribot
Hier, à 3 heures, M. le ministre de Por-
tugal s'est rendu au quai d'Orsay pour de-
mander à M. Ribot de lever les difficultés
qui s'opposeraient à l'admission à la cote
officielle du nouvel emprunt émis par M.
Ephrussi.
M. Ribot a répondu qu'il ne prendrait au-
cune décision sans en avoir, au préalable,
entretenu M. Rouvier, le ministre des fi-
nances ;
Que toutefois, en ce qui le concernait, il
voyait un sérieux obstacle à satisfaire au
désir manifesté officieusement par le mi-
nistre de Portugal, autant par suite d'un
engagement antérieur pris par M. Spuller
envers la Chambre, que par la nécessité de
donner aux tribunaux français la satisfac-
tion que le Portugal leur avait jusqu'ici
refusée, en repoussant la chose jugée en fa-
veur de porteurs français de titres portu-
gais que le gouvernement de Lisbonne
laissait depuis un temps infini en souf-
france.
M. Ephrussi, qui avait incité M. le ministre
de Portugal à faire cette démarche, la voit
donc accueillie par une fin de non-rece-
voir absolue.
M. DJILLON -
Le château de. la Faïencerie. -
Mme Boch et l'entreprise
boulangiste.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Luxembourg, Il avril.
On a annoncé que M. Dillon s'était retiré
à Septfontaines; la vérité est que M. Dillon,
après avoir longuement hésité, a arrêté
son choix sur le château de la Faïencerie,
dans le hameau de Reckenthal, situé à un
kilomètre de Septfontaines.
Ce château appartient à Mme Boch, de la
maison Villero et Boch, grands faïenciers
allemands, très connus dans le duché de
Luxembourg, qui exportent les produits de
leurs usines en Belgique et dans le nord
de la France.
Mme Boch possède une fortune considé-
rable. Elle a, paraît-il, depuis longtemps de
vives sympathies pour l'entreprise boulan-
giste, à laquelle elle avait témoigné son in-
térêt sous des formes diverses.
Dès son intaliation, M. Dillon a fait de
nombreuses visites aux quatre ou cinq per-
sonnages en vue du grand-duché; à tous,
il a déclaré que, « désormais, il s'abstien-
drait complètement de politique ». Cepen-
dant, M. Dillon a été reçu partout avec une
certaine réserve, et les visites qu'il a faites
ne lui ont pas été rendues.
L'ABOLITION DU PASSEPORT
EN ALSACE-LORRAINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, Il avril.
On affirme que l'empereur vient de si-
gner le décret qui supprime la formalité
du passeport à l'entrée en Allejgtagne par
la frontière d'Alsace-Lorraine.
Le décret ne tardera pas à être promul-
gué par le Moniteur officiel de l'empire.
Des instructions ont été déjà transmises
à Strasbourg, et l'administration des che-
mins de fer de l'empire en Alsace-Lorraine
a été informée qu'elle pouvait reprendre
les négociations avec la compagnie fran-
çaise de l'Est pour le rétablissements des
trains supprimés.
LA FRANCE ET L'ITALIE
L'escadre italienne en Corse. — L'ar-
rivée du nouvel ambassadeur
français.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, Il avril.
Il est décidé que l'escadre italienne, après
avoir salué le président de la République
devant Toulon, escortera l'escadre française
jusqu'en Corse.
On assure que l'amiral Lovera di Maria
remettra une lettre du roi d'Italie à M. Car-
not.
La mort du célèbre triumvir de la Répu-
blique romaine, Aurelio Saffi, a été profon-
dément ressentie dans toute l'Italie. La
France républicaine perd en lui un sincère
ami.
M. Billot, le nouvel ambassadeur de
France, est attendu ici demain.
LA DÉFENSE DU TERRITOIRE
SUISSE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berne, 11 avril.
Le Conseil fédéral continue à prendre des
mesures défensives. Il vient de décider la
création de quatre compagnies d'artillerîe de
forteresse, de 200 à 250 hommes, une pour le
Saint-Gothard, deux pour Andermatt, une
pour Airilo.
L'ENQUÊTE
SUR L'EMPRUNT MUNICIPAL
Dernière séance de la commission.-
Les résultats de l'enquête. — L'u-
sage des irréductibles. — Con-
seillers municipaux et
- employés.
C'est aujourd'hui que la commission
d'enquête sur l'affaire de l'emprunt muni-
cipal tient sa dernière séance.
Hier, et les jours précédents, le préfet de
la Seine, le receveur municipal et le direc-
teur des finances ont été entendus.
Sous M. le baron Haussmann
La commission a recherché d'abord où
remontait cet usage qui consistait à ouvrir
un guichet d'irréductibles aux conseillers
municipaux. Elle a constaté que cet abus
avait été inauguré lors du premier em-
prunt municipal,' sous l'administration de
M. le baron Haussmann.
Pendant toute la durée de l'empire, MM.
les conseillers municipaux,qui,comme cha-
cun sait, étaient nommés par l'empereur,
avaient droit à deux cents unités irréduc-
tibles. Aujourd'hui, l'usage est de réserver
aux conseillers municipaux vingt-quatre
formules de six titres chacune, et aux em-
ployés, une formule unique.
Beaucoup de conseillers ignoraient cette
particularité, et cinq ou six seulement, que
nous pourrions nommer, ont, comme M.
Gamard, qui l'a déclaré à la tribune muni-
cipale, pris les vingt-quatre formules,
c'est-à-dire cent quarante-quatre titres ir-
réductibles.
Que sont-ils devenus?
En résumé, les conseillers municipaux
n'ont pris en moyenne qu'une quarantaine
de titres.
Que sont devenus les cent deux titres res-
tants?
L'enquête de la commission s'est portée
spécialement sur ce point : 3,300 titres en-
viron ont été pris par les conseillers muni-
cipaux. Qui donc a pris les 8,320 autres
titres ?
Le bureau du syndic du conseil munici-
pal s'était chargé du soin de prendre les
titres à la caisse municipale; que s'est-il
passé ?
On parle vaguement d'une société finan-
cière qui se serait chargée de l'opération.
La commission sera fixée aujourd'hui
sur le point de savoir si ces faits d'accapa-
rement et d'agiotage doivent être attribués
à certains employés du secrétariat. *
Les employés accapareurs
D'autre part, l'enquête a porté sur les
titres attribués aux employés. Il a été re-
connu que trois employés de l'administra-
tion ont accaparé chacun cent titres, mais
que les autres se sont tenus dans les limites
réglementaires. Ces employés auraient, sans
l'autorisation de leurs camarades qu'ils sa-
vaient ne pas devoir souscrire, mis leurs
noms sur les listes de souscription.
LES « INVESTIS »
Voici la liste officielle des candidats bou-
langistes « estampillés » aux élections mu-
nicipales :
PREMIER ARRONDISSEMENT
Saint- Germ ain-IIA-Lixerrois : Lesage.
Les Halles : Henry Lévy, A. Taillard.
Palais-Royal : Emile Cère.
Place Vendôme : Villeroy.
DEUXIÈME ARRONDISSEMENT
Gaillon : Georges Adam.
Vivienne : Emile Gassier.
Mail : Docteur Légué.
Bonne-Nouvelle : O L.-H. Petit.
TROISIÈME ARRONDISSEMENT
Arts-et-Métiers : Marcant.
Enfants-Rouges : Geninet.
Archives : A. Thibaut.
Sainte-Avoye : Worms.
QUATRIÈME ARRONDISSEMENT
Saint-Merry : Levasseur et Forgues*
Saint-Gervais : L. Pagèze.
Arsenal : De Menorval.
Notre-Dame : Boutet.
CINQUIEME ARRONDISEMENT
Saint-Victor : L. Boiscervoise.
Jardin-des-Plantes : Paul Lenglé.
Val-de-Grâce : Le Couturier, Mordaq.
Sorbonne : Larcher.
SIXIÈME ARRONDISSEMENT
Monnaie : Biot.
Odeon : Autchizky.
Notre-Dame-des-Champs : Bernardin.
Saint-Germain-des-Prés : Poignant.
SEPTIÈME ARRONDISSEMENT
Saint-Thomas-d'Aquin : Bois-Glavy.
Invalides : Raphaël Poggi.
Ecole-Militaire : Le Menuet.
Gros-Caillou : Delagneau.
HUITIÈME ARRONDISSEMENT
Champs-Elysées : E. Dufour,
Roule : Binder.
Madeleine : Mazel.
Europe : Cruchon. ,
NEUVIÈME ARRONDISSEMENT
Saint-Georges : J. Teyssèdre.
Chaussée-d'Antin : Vigier.
Faubourg-Montmartre : Caussade.
Rochechouart : — Barme.
DIXIÈME ARRONDISSEMENT
Saint-Vincent-de-Paul : Germain Dagoné.
Porte-Saint-Denis : Lucien Gouriet.
Porte-Saint-Martin : Henri Tournade.
Hôpital-Saint-Louis : Feltesse.
ONZIÈME ARRONDISSEMENT
Folie-Méricourt : Michelin.
Saint-Ambroise : A. Avezard.
La Roquette : Maës.
Sainte-Marguerite : Massard.
DOUZIÈME ARRONDISSEMENT
Be 1-Air : Marguerittes.
Bercy : Lechapelain.
Picpus : Langlois.
Quinze-Vingts : **
TREIZIÈME ARRONDISSEMENT
Salpêtrière : Baudet.
Croulebarbe : Ch. Caron.
La Gare : L. Caillet.
Maison - Blanche : Paul Couturier, dit
Paul de Sémant.
QUATORZIÈME ARRONDISSEMENT
Montparnasse : Charles Léon.
Santé : Elie May.
Petit-Montrouge : Georges Janin.
Plaisance : Georges Giroux.
-- QUINZIÈME ARRONDISSEMENT
Saint-Lambert : Planteau.
Necker : Thiessée.
Grenelle : L. Cherest.
Javel: Apté.
SEIZIÈME ARRONDISSEMENT
Auteuil : L. de Larmandie.
La Muette : Emile Lebert.
Porte-Dauphine : Desmarest.
Bassins : J. Quinaud.
DIX-SEPTIEME ARRONDISSEMENT
Ternes : H. Galliché.
Plaine-Monceau : Silvy.
Batignolles : Cahu.
Epinettes ; Boulé.
DIX-HUITIÈME ARRONDISSEMENT
Grandes-Carrières : A. Crié.
Goutte-d'Or : Foursin, Breuillé.
Clignancourt : de Susini.
La Chapelle : Docteur Fiaux.
DIX-NEUVIÈME ARRONDISSEMENT
La Villette : Léouzon-le-Duc.
Pont-de-Flandre : C. Prunières.
Amérique : Morin.
Combat : Grebeauval..
VINGTIÈME ARRONDISSEMENT
Belleville : Emile Delhomme.
Saint-Fargeau : Archain.
Père-Lachaise : Henri Place.
Charonne : Rouillon.
DÉCLARATION
DES CANDIDATS BOULANGISTES
En même temps que cette liste d'investis,
les journaux boulangistes publieront la
déclaration suivante, que nous communi-
quons à nos lecteurs à titre de document :
ÉLECTIONS MUNICIPALES
DE LA VILLE DE PARIS
27 avril 1890'
DÉCLARÀTION
Partisans résolus d'une République na-
tionale ouverte à tous les citoyens, défen-
seurs dévoués du suffrage universel, re-
connaissants envers le général Boulanger
du grand mouvement de patriotisme et
d'émancipation politique et sociale dont il
a été l'énergique serviteur, les candidats
dont les noms suivent adhèrent au pro-
gramme minimum ci-dessous :
Revision de la Constitution de 1875 par
une Constituante issue du suffrage univer-
sel.
Referendum populaire pour l'acceptation
de la Constitution nouvelle et pour les gran-
des lois politiques.
Organisation de la République nationale
sur les plus larges bases démocratiques,
permettant l'accomplissement des réformes
sociales qui tiennent aujourd'hui la première
place dans les préoccupations de 1 Europe.
Liberté de la presse, liberté de la parole,
liberté de la pensée, liberté d'association,
liberté de conscience.
Respect absolu du suffrage universel et
de la souveraineté populaire.
Annulation de l'inique sentence de la
haute cour sénatoriale.
Economie et loyauté dans l'administra-
tion de la Ville de Paris.
[Telle est la déclaration que les candidats
ont dû signer avant i de B recevoir l'investi,ture.,
LA CRISE PORIUGAISE
Opinion de quelques journaux
portugais
A ajouter à l'opinion de Os Debates, que
nous avons fait connaître dans notre der-
nier numéro.
0 Commercio de Portugal
Toute réaction occasionne une révolution.
Notre gouvernement, qui prépare la révolu-
tion, occasionnerait-il une intervention étran-
gère ? Peut-être ! Mais, après, qu'arrivera-
t-il?
0 Dia :
La liberté, que nous avions coutume de
considérer comme inscrite sur les drapeaux de
tous les partisans de la monarchie constitu-
tionnelle, n'pst plus que la devise des ennemis
du gouvernement royal.
Diario de Noticias :
Qu'allons-nous devenir en Portugal, si l'op-
pression gouvernementale s'ajoute à l'oppres-
sion anglaise ?
O Seculo :
On va savoir, enfin, ce qu'il en coûte de vio-
lenter l'opinion publique et de vouloir arrêter
l'explosion du sentiment national.
A Folha do Povo :
Maintenant, profitons de cette autre folie du
pouvoir monarchique. Toute rèaction doit
produire une révolution.
A Patria
A partir de ce jour, @ nous ne pouvons plus
signaler les traîtres à l'indignation du peuple !
Nbus ne pouvons plus prouver que M. Carlos
le fermier est le. plus immonde paillasse de
l'ivrognesse reine Victoria I etc , etc.
Le roi a ordonné que la canaille ministé-
rielle vomisse sur nous cette infamie.
L'Histoire sera terrible pour cette famille
d'incestueux, de voleurs, d'assassins, de lâches
dont M. Carlos est le digne représentant.
Le peuple doit savoir ce que font ces his-
trions, ces vendus, ces voleurs, ces bandits
infâmes !
Nous protestons contre la rapine, nous pro-
testons contre le brigandage : si le roi reste
complice, ne lui ménageons pas notre haine
et notre vengeance.
Au résumé, c'est l'Angleterre qui gouverne ;
notre monarque est à la solde des pirates an-
glais. A bas l'Angleterre ! à bas le gouverne-
ment! à bas le roil
Vive la liberté 1
LES AVERTISSEURS D'INCENDIE
Renseignements édifiants. — L'incendie
de la rue Daru.
Tout le monde a été stupéfait du temps
mis l'autre jour par les pompiers pour ar-
river à l'incendie de la rue Daru. C'est, dit-
on, la faute aux avertisseurs. En effet, car
nous avons recueilli à ce sujet des rensei-
gnements édifiants dont nous garantissons
Pexactitude absolue.
Il y a en tout dans Paris 109 avertisseurs !
Vous lisez bien : cent neuf!, inégalement
répartis dans les Ier, 2e, 3e, he, 9e, 10e, 16e,
19e et 6 arrondissements. Les autres ar-
rondissements en sont totalement dépour-
vus.
L'avertisseur le plus rapproché de l'é-
glise russe se trouve place d'Eylau. C'est à
4ui que doivent recourir les habitants du
Poiut-du-Jour !.
L'ARRESTATION D'EYRAUD
Une dépêche de New-York. — Mysté-
rieuse arrestation.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 11 avril.
Les journaux anglais reçoivent de New-
York une dépêche d'après laquelle il y au-
rait des ràisons de croire que les rumeurs
de l'arrestation d'Eyraud reposent sur un
fond de vérité.
Au service central de la police à New-York,
on n'a aucun renseignement précis. On sait
qu'une arrestation importante a été faite à
Pusso del Norte, mais on ne possède au-
cune indication sur l'identité du prison-
nier ni sur ce au'il est devenu.
CHRONIQUE
M. le docteur J. Roussel vient de renou-
veler, en la traitant à nouveau, une thèse
que j'avais déjà vue se produire plus d'une
fois, mais sous forme de boutade seule-
ment et sans cet appareil de démonstra-
tion scientifique dont M. Roussel a cru
devoir s'entourer.
Cette thèse, c'est que Jean-Jacques
Rousseau, lorsqu'il nous conte qu'il a
abandonné et porté au tour les cinq en-
fants qu'il dit avoir eus de Thérèse,
nous trompe et se vante. Il n'a jamais eu
d'enfants, par l'excellente raison qu'il ne
pouvait pas en avoir; il a préféré s'accu-
ser d'un crime que d'avouer un ridi-
cule.
Vous savez sans doute que M.John Grand-
Carteret, un grand admirateur de Jean-
Jacques, s'est avisé, pour élever à son écri-
vain préféré un monument digne de lui,
de demander à tous ceux qui, de notre
temps, se sont occupés du philosophe
genevois, une étude sur quelque partie
de ses ouvrages ou sur un côté de sa vie.
Nombre de journalistes, de savants et de
curieux ont répondu à cet appel. M. John
Grand-Carteret a réuni tous ces travaux
dans un gros volume qu'il a intitulé :
Jean-Jacques Rousseau jugépar les Fran-
çais d'aujourd'hui.
Le livre est naturellement fort mêlé, et
tous les morceaux ne sont pas, il s'en
faut, d'égale valeur. Ils sont amusants à
parcourir parce qu'ils montrent assez
bien, par la diversité même de leurs ap-
préciations, où en est aujourd'hui l'opi-
nion publique sur Jean-Jacques.
C'est dans ce volume qu'a été inséré
et que j'ai lu le mémoire de M. le doc-
teur Roussel.
Il y a un terrain sur lequel je ne puis
le suivre, n'ayant aucun droit à discuter
avec lui un point de médecine. Il prouve
ou cherche à prouver qu'une maladie
dont Jean-Jacques a été affligé jeune et
dont il n'a jamais été bien soigné a pour
conséquence certaine, indéniable, de
frapper l'homme d'impuissance, sans al-
térer en rien les ardeurs de son tempéra-
ment.
Le docteur Roussel use, pour exprimer
cette vérité, de métaphores que je lui
emprunte :
« L'organe peut paraître guéri, il de-
meure inapte à remplir sa fonction créa-
trice : la vie n'habite plus en lui ; les tré-
sors qu'il semble prodiguer ne sont
que de la fausse monnaie. La bourse est
encore pleine , elle peut encore faire de
généreux cadeaux à l'amoureuse men-
diante ; mais les pièces d'argent qui s'en
échappent sont mai frappées. Le côté face
ne porte plus l'image du souverain créa-
teur ; sur le côté pile, le millésime et le
nom du roi sont effacés. »
C'est là qu'en était Jean-Jacques. Il va
sans dire que je laisse au docteur la res-
ponsabilité de ces assertions, que je n'ai
ni le droit ni la compétence de contrôler
ou de réfuter.
On doit comprendre que cet état géné-
ral, une fois qu'il a été constaté par le
malade, qui en a la pleine conscience,
jette chez lui des doutes et des perturba-
tions que je ne puis qu'indiquer.
J'avais été frappé, en lisant et en reli-
sant les Confessions. ah! quel merveil-
leux livre que ces Confessions, dont
Jouaust a tout dernièrement donné une
si jolie édition ! Les deux premiers volumes
comptent parmi les plus frais et les plus
ravissants de notre littérature. J'avais
donc été frappé de voir que dans toutes
ces histoires d'amour que Jean-Jacques
nous conte, il était presque toujours de-
meuré à mi-chemin et n'était allé jus-
qu'au bout que lorsqu'il avait été en
quelque sorte poussé jusqu'en ses der-
niers retranchements. J'avais attribué ces
échappatoires, à l'aide desquelles il se
dérobait aux suites nécessaires de ses
bonnes fortunes, à la timidité orgueil-
leuse qui a été, je crois, le péché mignon
de Jean-Jacques.
J'avais bien remarqué qu'il était timide
et vaniteux ou fier en même temps. Il
craignait,me disais-je,qu'on ne se moquât
de lui; il faisait comme le marquis du
Legs, de Marivaux : il battait en retraite ;
il avait peur.
Oui, sans doute, me répond M. Rous-
sel, il avait peur; ce n'était pas précisé-
ment une peur toute morale : il y avait
beaucoup du physique dans son affaire. Il
avait maintes fois éprouvé des intermit-
tences ou des hâtes excessives, en sorte
qu'il craignait d'être pris au dépourvu,
et, pour n'avoir pas à souffrir dans son
orgueil d'homme trahi par ses organes,
il cherchait un prétexte à fuir la bonne
volonté qu'on lui témoignait. C'est ainsi
que, dans l'aventure célèbre de Juliette,
la courtisane de Venise, il avait, au mo-
ment même où elle se prêtait complai-
samment à son caprice, ergoté sur un
détail de sa personne pour bouder et
s'évader, si bien que la jolie fille lui
avait cinglé au visage le mot resté fa-
meux : «Etudie les mathématiques, mais
laisse les belles filles."
Il avait besoin d'une revanche : « Sa
vanité, dit le docteur Roussel, avait dû
conserver le souvenir des moqueries lan-
cées par les grandes dames près des-
quelles il était resté coi. Il voulut donc
leur prouver que, s'il n'avait pas trouvé
avec elles le mot juste, c'est que leur con-
versation ne l'avait pas intéressé, alors
qu'avec d'autres, comprenant mieux son
langage, le dialogue n'avait pas chômé. »
C'est l'observation scientifique des fan-
faronnades ordinaires aux impuissants
qui a amené le docteur Roussel à consi-
dérer Jean-Jacques sous ce jour nouveau.
Pour qu'on ne dise pas de lui : il était
plus fort en paroles qu'en action, il se
vante précisément des choses qu'il a le
moins faites et qu'il sait ne pouvoir faire.
Pour ne pas être soupçonné d'une im-
puissance dont il ne connait que trop
l'origine et la réalité, il s'attribue unl
paternité féconde, il entreprend de trom-
per l'histoire, illusionnant les autres d'un
récit d'exploits imaginaires. -
Il inventa donc de toutes pièces le ré-
cit romanesque de ses trois premiers en-
fants abandonnés, et il entra dans les
plus minutieux détails, afin que per-
sonne n'en - doutât. Il le raconta à tous
ceux qu'il connaissait: c'est, dit le doc-
teur, qu'il lui fallait, faute de témoins
oculaires pour certifier les faits, sugges-
tionner à des témoins auriculaires une
conviction suffisante pour que des narra-
tions répétées par ces divers témoins pus-
sent transmettre à la postérité et établir
à la hauteur d'une conviction la fable
imaginée.
On pourrait objecter au docteur Rous-
sel que si, en effet, Jean-Jacques n'a eu
d'autre idée que de réagir contre le bruit
de ses trop fréquents mutismes, il aurait
pu annoncer la mort de ses enfants
en bas âge, au lieu de se charger du for..
fait de leur abandon. -'
Mais M. Roussel a réponse à tout.
Jean-Jacques est pour lui un homme
atteint dans une certaine mesure du délire
des grandeurs. « Il entendait, dit-il, être
considéré par la postérité comme un
homme en tous points différent des autres
hommes, inaccessible même aux senti-
ments ordinaires qui dirigent la vie du
vulgaire. »
Vous pouvez voir au reste, dans les
Confessions, qu'il prétendait avoir agi
pour le plus grand bien de ses enfants:
a Je me contenterai de dire, écrivait-
il, qu'en livrant mes enfants à l'éducation
publique, faute de pouvoir les élever moi-
même, en les destinant à devenir ouvriers
et paysans plutôt qu'aventuriers et cou-
reurs de fortune, je crus faire un acte de
citoyen et de père, et je me regardai
comme un membre de la république de
Platon.
» Plus d'une fois, depuis lors, les re-
grets de mon cœur m'ont appris'que je
m'étais trompe ; mais, loin que ma rai-
son m'ait donné le même avertissement-j
j'ai souvent béni le ciel de les avoir ga-
rantis par là du sort de leur père, et de
celui qui les menaçait si j'avais été forcé
de ne les pas abandonner. Si je les avais
laissés à madame d'Epinay, ou à Mme de
Luxembourg, auraient-ils été plus heu-
reux, auraient-ils été du moins élevés en
honnêtes gens? Je l'ignore; mais je suis
sûr qu'on les aurait portés à haïr, peut-
être même à trahir leurs parents. Il vaut
mieux cent fois qu'ils ne les aient pas
r.Ollnll. » •
C'était un grand sophiste que ce Jean-
Jacques,et il était pétri de vanité. Son cas
me rappelle celui que conte si drôlement
Henri Heine :
Il dîne à table d'hôte en Allemagne prdS'
d'un inconnu avec qui il entame la con
versation. Cet inconnu lui paraît fort
triste. Heine le presse de lui dire ce qui
le peine ainsi. L'autre lui conte qu'ayant
été admis à l'honneur de dîner chez le
prince de., il n'a pu se tenir de fourret
dans sa poche un couvert d'argent : c'est
le souvenir de sa mauvaise action qui le
poursuit. !
Ce qu'il y a d'admirable, ajoute Heine;
c'est que ce brave Allemand était le plus
honnête homme du monde et qu'il n'a-
vait jamais volé l'ombre d'une petite
cuillère. Mais il tenait à me faire savoir
qu'il avait dîné à la table d'un prince. -
Francisque Sarcey.
L'EMPRUNT PORTUGAIS
ET SES
GARANTIES ILLUSOIRES
Le budget. — Déficit permanent.
Charges publiques. — Coupons im-
payés. — Les impôts. — La ban-.
queroute.
Nous avons exposé dans nos précédents
articles les raisons générales qui font du
nouvel emprunt portugais un danger pour
l'épargne française.
Il nous reste à établir aujourd'hui
qu'abstraction faite des majorations scan-
daleuses de M. Ephrussi, ainsi que des
graves événements politiques qui s'accom-
plissent en ce moment dans la monarchie
portugaise, les finances de ce pays ne pré-
sentent aucune des garanties que l'on doit
exiger d'un placement sérieux.
Pour arri ver à ce résultat, nous ne nous
livrerons à aucun raisonnement discuta-
table, à aucune supposition douteuse ;
nous emprunterons nos preuves et nos ar-
guments au budget officiel du royaume dû
Portugal.
Examen financier 1
L'étendue du Portugal est de 92,075 kilo-
mètres carrés. Sa population estdeA/708,176
habitants; ce qui représente 51 habitants
par kilomètre carré.
Les charges de la dette publique conver-
tie, dite Dette nouvelle, sont de 2 milliards
78& millions 003,619 fr. 80 c., et celles de la
dette à convertir, de 13 millions W,,885 fr.
8U c.; soit, au total, de deux milliards 797
millions SU«8,505 fr. 8U c.
Cette charge équivaut donc à environ
700 fr. par habitant, y compris les femmes
et les enfants à la mamelle. -
On avouera que c'est énorme pour un
pays aussi peu commerçant, aussi peu in-*'
dustriel que le Portugal; pour un pays
dont les habitants seraient, d'après l'avis-
exprimé par le roi dans ses récents décret.,,
les plus ignorants de l'Europe.
Les dépenses, du budget
s'élèvent à. 250.7U^57 28
et les recettes à. 231.173.776 08
Ce qui laisse un déficit .:
annuel de. 19.540.681 2(3
Mais ce déficit annuel, normal, chroni-
que, serait encore bien plus étendu, si la
Portugal faisait face à toutes les dépenses"
auxquelles il est régulièrement obligé.
Aussi le gouvernement, peu désireux
d'accroître encore ces déficits budgétaires.
a trouvé un moyen fort simple, mais très
original, de limiter ses dépenses : c'est de' -
ne pas payer l'intérêt des sommes qu'il :\. -
empruntées.
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