Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-04-06
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 06 avril 1890 06 avril 1890
Description : 1890/04/06 (A19,N6656). 1890/04/06 (A19,N6656).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. - N" 6,650 CINQ Centimes — Paris et Départements - CINQ Centimes DIMANCHE 6 AVRIL 1090
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VAVENTURE DU DAHOMEYj
L'EMPRUNT MUNICIPAL
gf LA COMMISSION D'ENQUÊTE
LES BOULANGISTES A JERSEY
UNE PREMIÈRE AU CIRQUE D'HIVER
MYSTÉRIEUSE DISPARITION
L'INVESTITURE
Les membres du « comité républi-
cain national » sont arrivés à Jersey,
at, comme la simplicité est de règle
dans ce parti, les journaux amis sont
remplis de dépêches relatant les ma-
nifestations imposantes qui se sont
produites partout sur le passage du
train. Le comité va se trouver au
grand complet ou peu s'en faut. Le
seul membre dont on ait à constater
l'abstention est M. Turquet. « Ce n'est
qu'un absent M, dira-t-on; mais cet
absent est une des chevilles ouvrières
du parti. C'est l'inventeur et l'organi-
sateur du plébiscite du 96 juillet der-
nier, le promoteur des quatre-vingts
candidatures du général Boulanger
aux élections départementales; et puis-
qu'il s'agit, en ce moment, de recom-
mencer une campagne électorale ,
l'homme qui fut considéré comme le
ministre de l'intérieur du parti devait
être le premier appelé à donner son
avis. Il reste à l'écart. Est-ce donc
qu'il y a eu une crise ministérielle ?
Ce parti, qui nous promettait tant de
Stabilité, n'est-il donc pas capable de
se soustraire lui-même aux discordes
intestines?
On n'en saurait guère douter après
tous les incidents qui se produisent à
chaque instant, après les récrimina-
tions des diverses fractions du parti
les unes contre les autres et après les
compétitions qui se sont produites
pour les candidatures municipales. Ces
compétitions ne sont pas seulement
affaire personnelle ; elles sont surtout
l'indice du conflit entre les partis très
différents qui cherchent à se parer de
l'étiquette boulangiste pour s'épar-
gner l'embarras d'avoir à s'expliquer
sur leurs véritables intentions.
Mais il paraît qu'on est devenu pru-
dent et même un peu soupçonneux
dans le parti" républicain national».
On a ci assez de ces gens qui viennent
au boulangisme pour se faire élire et
qui, d'un cœur léger, lui tournent le
dos après, sous prétexte d'indépen-
dance », et voilà que, maintenant, il
faut montrer patte blanche ou arbo-
rer l'œillet rouge pour entendre pro-
noncer le dignus intrare. C'est donc
pour délivrer des brevets de boulan-
gisme que le comité se réunit, et ceux-
là seuls serônt considérés comme bou-
langistes authentiques qui auront reçu
l'investiture. Les autres ne seront
qu'une vulgaire contrefaçon dont les
électeurs devront se méfier.
Donc, on veut qu'il soit bien établi
que c'en est fini des équivoques, que
les monarchistes n'ont plus rien de
commun avec le parti, que l'on se sé-
pare des indépendants qui veulent
taire du « boulangisme sans Boulan-
ger ", et de tous les intrus dont na-
guère on recherchait le concours avec
tant d'empressement. La, réunion de
Jersey ne donnera l'investiture que
dans des conditions de prudence qui
n'ont pas toujours présidé à l'apposi-
tion de l'estampille, et nous voulons
penser qu'elle commencera par impo-
ser aux aspirants candidats l'obliga-
tion d'engager leur foi au général
Boulanger.
Nous voulons bien admettre que
c'est un programme politique. Mais
les, Parisiens ne seraient peut-être
pas fâchés de connaître le pro-
gramme municipal des candidats
du -général. Du moment où tous
sont au même titre les porte-pa-
role du parti, tous doivent soute-
nir les mêmes idées. Les uns ne peu-
vent pas se réclamer de l'autonomie
communale, de la mairie centrale, etc.,
pendant que les autres les repousse-
ront. Mais ce qui reste de ce malheu-
reux parti est tellement embarrassé
dans les équivoques, qu'il semble pres-
que impossible que nous sachions ce
qu'il veut. On a beau excommunier
officiellement les alliés de jadis, on
sait bien que, sans leur concours, il
n'y a rien à tenter. Si les candidats
du général se présentent en autono-
mistes, la clientèle monarchique éprou-
vera des répugnances bien difficiles à
surmonter. S'ils se présentent avec un
programme moins accentué, les blan-
quistes se sépareront. Si l'on se pré-
sente ici avec un programme modéré
et là avec un programme socialiste, on
çxcitera partout la méfiance.
L'embarras va être grand à Jersey
pour tourner ces difficultés, et il sera
d'autant plus grand qu'en réalité le
but que l'on poursuit n'est pas du
tout de doter Paris d'un conseil muni-
cipal apte à traiter les affaires muni-
cipales. Ce qu'on veut, c'est relever le
parti de l'échec piteux dés élections
législatives, et l'investiture n'a été ima-
ginée que comme un moyen de re-
commencer le plébiscite par procura-
tion du sa septembre. ci En votant pour
mes candidats, écrira le général Bou-
langer, vous votez pour moi », et si
les résultats de ce plébiscite parisien
étaient tels qu'on les espère à Jersey,
ce serait pour le parti un moyen de se
relever de son abaissement, ou du
moins de faire encore quelque temps
illusion à ceux qui n'examinent les
faits que superficiellement.
Quoi qu'il en soit, la méthode nou-
velle de l'investiture, aussi bien que
les incidents survenus entre les bou-
langistes purs et les indépendants,
comme M. Andrieux, qui veulent du
« boulangisme sans Boulanger », met-
tent en évidence le caractère personnel
de la campagne qui se prépare. Il n'est
plus possible de dire avec la plus lé-
gère apparence de justesse que la lutte
est entre deux conceptions différentes
de la République et que les questions
de personnes ne sont rien. Sur un
champ de bataille plus limité qu'au
33 septembre, la lutte va s'engager
entre l'esprit dictatorial et l'esprit ré-
publicain.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la 1
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
LE VOYAGE DU PRÉSIDENT
Les Italiens de Marseille
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Marseille, h avril.
La Société chorale italienne a décidé
spontanément de prendre part, avec sa
bannière, à la grande manifestation popu-
laire qui s'organise ici pour recevoir le pré-
sident de la République.
On attend avec impatience le retour du
maire, M. Barer, pour savoir s'il a obtenu
du gouvernement le transfert à Marseille
de la Faculté des lettres, qui est présente-
ment à Aix.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
- Toulon, h avril.
Le gouvernement a refusé d'accepter que
le nom du cuirassé le Magenta, qui portera
le président de la République, fût changé
en celui de Carnot.
Ce qui est vrai, c'est que le nom de Car-
not sera donné à l'un des trois cuirassés
dont la construction commencera en 1891.
LES DERNIÈRES ÉVoLUTIONS
DE M. CRISPI
Une demande à M. Ribot. — L'escadre
italienne et M. Carnot.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, h avril.
On assure que M. Crispi va faire deman-
der à Paris à M. Ribot, ministre des affai-
res étrangères, s'il serait agréable au gou-
vernement français que quelques bâtiments
de l'escadre italienne aillent saluer le pré-
sident de la République lors de son voyage
à Toulon.
Il serait peut-être agréable aussi aux
officiers de la flotte italienne de visiter en
détail les défenses du port et de la ville.1
M. Crispi, très inquiet de l'opposition
organisée contre lui par le triumvirat
Nicotera-Magliani-Tajani, vient de recourir
à une manœuvre dont M. Depretis usa au-
trefois avec succès. Il a chargé le minis-
tre de l'instruction publique, M. Boselli,
qui est l'ami intime de M. Magliani, d'offrir
à ce dernier un portefeuille à son choix.
M. Magliani refuse et réplique qu'il a avant
tout à combattre une politique extérieure
et financière qui compromet et ruine l'Ita-
lie.
LES
BOULANGISTES A JERSEY
Deux séances. — M. Henri Rochefort.
— Les élections municipales et le
désaccord complet. — Pas
d'investiture.
(DE NOTRE CORRESPONDANT SPÉCIAL)
Jersey, A avril.
Le comité boulangiste s'est réuni ce ma-
tin, à neuf heures et demie, à l'hôtel de la
Pomme-d'Or, sous la présidence du général
Boulanger.
Etaient présents : MM. Naquet, Laguerre,
Déroulède, Laisant, Le Hérissé, Laur, Le
Senne, de Belleval, Saint-Martin, Revest,
Léouzon-Leduc, Richard, May, Jourde, Bar-
rés, de Susini, Le Veillé, Laporte, Argeiiès,
Mermeix, Aimel, Thiessé, Planteau, Castelin,
de Ménorval, membres du comité.
M. Henri Rochefort étant arrivé à onze
heures et demie, la séance a été levée et
l'on est passé dans la salle à manger.
A deux heures et demie, nouvelle séance
qui a duré jusqu'à sept heures et demie.
Les boulangistes diront peut-être que les
séances ont été des plus calmes; mes ren-
seignements particuliers me permettent de
vous dire que les membres du comité, en
dépit des efforts du général Boulanger,
n'ont pu se mettre d'accord. La liste des
candidats à « investir" a soulevé de vives
et nombreuses discussions ; on n'a pu s'en-
tendre sur le choix des noms proposés ;
M. Déroulède, notamment, était fort en
colère.
Le désaccord est si complet qu'il est pro-
bable que, à part un très petit nombre de
candidats boulangistes qui n'auront pas
contre eux de concurrents de la même opi-
nion, le général Boulanger « n'investira n
personne et laissera aux électeurs le soin
de se prononcer entre les candidats bou-
langistes qui se présenteront dans un
même quartier.
Les membres du comité partiront de-
main pour Granville où ils passeront la
nuit. Ils seront de retour à Paris dimaaehe
matin,
UN NOUVEAU TONKIN
LA VÉRITÉ
D'APRÈS NOS RENSEIGNEMENTS
PARTICULIERS
Les officiers et les soldats tués et blessés.
, - Huttes en feuilles de palmier. —
L'expédition des Achantees. —
Paroles d'un militaire.—L'a-
gent consulaire allemand
et le roi de Dahomey.
L'expédition du Dahomey a été accueillie,
dès le début, avec défiance et non sans re-
gret par l'opinion publique. Les nouvelles
parvenues depuis lors ne sont pas. faites
pour modifier l'impression ressentie. On a
le sentiment que cette nouvelle aventure
sans gloire et sans profit aurait pu être évi-
tée avec un peu de sagesse, de prudence, de
connaissance du milieu dans lequel on
opérait,et on déplore qu'elle ait commencé,
parce qu'on ignore comment elle se termi-
nera.
C'est une véritable eampagne de guerre
qui a été entreprise, et il suffit, pour s'en
rendre compte, de rappeler sommairement
les combats soutenus par nos troupes dé-
puis le SI février dernier, époque à la-
quelle M. Bayol, après avoir reçu des ren-
forts du Sénégal, fit signifier au Yégovan
de Kotonou l'intention du gouvernement
français d'appliquer le traité de 1878, qui
nous cédait un morceau du territoire.
Les opérations
Sur le refus du Yégoyan, le lieutenant-
colonel Terrillon attaque le village, s'en
empare, s'y fortifie et repousse les assauts
de l'ennemi. On mit le feu à la maison du
roi et l'on envoya sous bonne escorte à
Porto-Novo le Yégovan et sa famille, qui
avaient été faits prisonniers. Dans cette
affaire, nous avions eu quatre blessés.
Le 23 février, les Dahoméens, venus de
Ahidah, Aurékété, Godomey et Abomé-
Kalavy, nous attaquent à une heure de
l'après-midi. Ils sont repoussés; nous avons
eu deux blessés.
Le 27, dans la nuit, on apprend que l'en-
nemi se masse dans le bois de Kotonou. Le
Sané et YEmeraude tirent, le premier du
large, le second de la lagune.
Le surlendemain,le lieutenant-colonel Ter-
rillon dirige une reconnaissance sur Zobo,
dans la lagune Denham, point qui com-
mande la route de Kotonou-Godomey. Deux
compagnies de tirailleurs et les gardes ci-
vils embarqués dans des pirogues débar-
quent à Zobo ; 800 hommes de l'armée de
Dahomey veulent s'y opposer, mais nos feux
de salve les dispersent rapidement. Nos
pertes sort de un tué et trois blessés.
Dans la nuit du h mars, à cinq heures du
matin, après un violent ouragan, l'ennemi
attaque nos postes avec une grande bra-
voure; il arrive presque à la factorerie
Régis et cherche à enlever un de nos ca-
nons. Mais nos feux de salve et une charge
à la baïonnette l'arrêtent une première
fois ; une seconde tentative ne lui réussit
pas mieux; il se décide alors à se replier.
Ce jour-là, nous avons eu neuf tués et dix-
neuf blessés, dont un officier.
Le 25, une reconnaissance était dirigée
de Kotonou vers Godomey. Les Dahoméens,
gardiens de la place, se sont enfuis. Une
compagnie de tirailleurs et une section
d'infanterie ont poussé une pointe sur Go-
domey-ville et ont reçu, à l'improviste, de
nombreux coups de feu. L'ennemi, caché
dans les broussailles, s'est enfui rapide-
ment. Dans cette affaire, le lieutenant Tif-
fon a été blessé à la main droite et le lieute-
nant indigène Biramandao à la poitrine ;
quatre soldats d'infanterie de marine,
huit tirailleurs sénégalais sont, en outre,
blessés, et il y a eu cinq tués.
Vers la même époque, le lieutenant-colo-
nel Terrillon prenait en personne la direc-
tion d'une petite colonne, traversait le lac
Denham et remontait, sur la canonnière
de rivière l'Emeraude et des pirogues,
l'Onémé, jusqu'à proximité des localités
occupées par l'ennemi. Dès sa mise à terre,
la colonne a bousculé les Dahoméens et
brûlé tous les villages où ils étaient établis.
Malheureusement, dans cette affaire, le ca-
pitaine d'infanterie de marine Oudard, des
tirailleurs gabonais,a été tué,et le sous-lieu-
tenant Mousset est mort des suites d'une
insolation.
Le climat
Là s'arrêtent nos renseignements sur
Porto-Novo. Ils suffisent pour constater
que les combats que nous venons d'énumé-
rer ont été autre chose que de simples es-
carmouches. Ce qui est plus grave, c'est
que nous n'avons pas fait un pas vers une
solution pacifique depuis le début des opé-
rations ; bien au contraire, il est question
d'occuper Whyddah et de faire de nouvelles
démonstrations militaires.
Hélas! nos troupes pourront, comme
toujours, se montrer héroïques; on pourra
pendant longtemps brûler les villages des
Dahoméens, leurs huttes en feuilles de pal-
mier ne leur coûtent guère à reconstruire.
Ils les abandonnent souvent sous le pre-
mier prétexte venu. On en a vu mettre le
feu à leurs villages parce qu'un cas de pe-
tite vérole s'y était déclaré.
Ce qu'ilsesavent bien, c'est que nous ne
pouvons pas abandonner la côte; ce qu'ils
savent bien encore, c'est qu'une expédition
jusqu'à Abomey, le plus joli repaire de
bandits qui existe, est difficile. Derrière
leurs forêts inondées, défendus par leurs
marécages, par un soleil de feu, par le cli-
mat le plus malsain, le plus meurtrier pour
l'Européen de toute l'Afrique, ils nous' nar-
guent et se rient de nos efforts.
Nous n'exagerons pas pour les besoins
de la cause et nous pouvons affirmer que
récemment, un militaire de marque qui
connaît admirablement ces pays, déclarait
qu'il ne fallait pas songer à envoyer des
Européens y faire la guerre, car ils y mour-
raient tous. M. Jules Roche sait à quel brave
soldat nous faisons allusion.
L'insolation qui a proqué la mort du
lieutenant Mousset,survenue après un voya-
ge en pirogue, corrobore cette manière de
voir.
Difficultés et dangers
C'est pure folie, au dire des gens qui
connaissent la côte des Esclaves, d'entre-
prendre des expéditions de cette nature,et
nous aurions bien dû ..nous inspirer de
l'expérience acquise par les Anglais, il y a
quelques années, dans leur expédition
contre les Achantees. Nos voisins, qui sa-
vent cependant la valeur de l'argent, ont
dépensé 28 millions dans cette affaire et ils
sont aussi avancés qu'ils l'étaient au pre-
mier jour.
Seulement, tandis que les Achantees sont
de mœurs douces et paisible.. les Daho- J
méens passent avec raison pour le peuple
le plus belliqueux, le plus guerrier du con-
tinent africain.
Les esprits aventureux qui ont inventé la
guerre avec le Dahomey ignorent sans
doute que ce pays a été de tout temps et
est encore le centre le plus actif de l'escla-
vage et que, par le fait seul de notre désac-
cord avec son roi, nous avons contre nous
tous les marchands de chair humaine du
continent noir, qui feront passer à nos en-
nemis, plus qu'il ne leur en faudra, des
armes perfectionnées et de la poudre.
Nous aurions tort également d'oublier
que l'agent consulaire allemand de Grand-
Popo est le seul Européen auquel le roi Gle-
Glé ait consenti un sauf-conduit qui lui
permet de circuler librement dans tout le
royaume.
A la façon dont les choses sont conduites,
il est évident que c'est la conquête du Da-
homey qui commence et que les gloires et
les lauriers de ceux qui ont fait le Tonkin
troublent la cervelle de leurs successeurs.
On attend l'occasion d'engager une action
décisive ; au besoin, on la fera naître, et il
faudra envoyer des troupes.
Cependant, la Chambre est en vacances,
et en répondant à l'interpellation de M. De-
loncle sur les événements du Dahomey, le
sous-secrétaire d'Etat des colonies répon-
dait : « Le jour où le gouvernement croira
devoir étendre son action, il s'en expli-
quera devant les Chambres. »
Nous craignons que les événements ne
marchent trop vite et qu'on ne nous engage,
sans l'autorisation du Parlement qu'on
sait bien ne pouvoir obtenir, dans une
aventure lamentable. Ce serait grave.
[Nous apprenons que le gouvernement vient
de prendre la décision suivante : M. le lieute-
nant-gouverneur Bayol- a reçu l'ordre télégra-
phique de remettre le service des établisse-
ments français du golfe de Benin à M. Ballot,
administrateur principal des colonies et rési-
dent de France à Kotonou et Porto-Novo. M.
Bayol retournera au centre de son administra-
tion par le paquebot français de la côte occi-
dentale d'Afrique qui touche à Kotonou vers
le 10 avril. Le gouvernement a encore décidé
d'empêcher tout débarquement d'armes sur
la côte du Dahomey. Enfin, l'expédition sur
Whyddah, que le XIXe Siècle annonçait il y a
douze jours, est aujourd'hui absolument dé-
cidée. La nouvelle est officielle. Nous entrons
en pleine aventure.]
LE COUP
DE L'IRRÉDUCTIBLE
Nouvelle lettre, nouvelle protesta -
tion. — Les conservateurs accusés
par M. de Cassagnac de tripo-
tage et de concussion.
Nous avons reçu hier la nouvelle lettre
qui suit sur l'emprunt municipal :
Paris, h avril.
Monsieur le directeur,
On n'en dira jamais assez sur cette scanda-
leuse affaire de l'emprunt municipal. La sta-
tistique que vous donnez aujourd'hui est
exacte en un sens ; mais au lieu de dire qu'il
a été reçu 800 souscripteurs par bureau, c'est
200 titres distribués par bureau qu'il faut met-
tre. Cela, je puis vous l'affirmer, c'est la stricte
vérité. Mon concierge a fait queue pour moi à
la mairie des Batignolles de sept heures du
matin à deux heures de l'après-midi, sans pou-
voir réussir à entrer. Sur 1,000 personnes en-
viron qui faisaient queue, 50 à peine sont par-
venues à passer. Or, ces 50 personnes n'ont
pas toutes souscrit par 6. Beaucoup n'ont pris
qu'une ou 2 ou 3 obligations, d'autres que des
quarts. En portant à 200 le total des titres ac-
cordés à ces souscripteurs, on est, je crois,
bien dans la vérité. Du reste, les employés de
la mairie ont eux-mêmes annoncé, quand on
a fermé les portes, qu'ils n'avaient eu que 200
titres à distribuer.
Au Crédit lyonnais, place de la Bourse, où
j'avais également mis quelqu'un pour faire
queue à ma place, résultats absolument iden-
tiques. Comme client de la maison, j'avais
quelque droit à être privilégié: je n'ai même
pas pu arriver à souscrire aux réductibles.
De sorte que, après avoir passé ma journée
à courir d'un bureau à l'autre et avoir dé-
pensé de l'argent à payer des personnes qui
faisaient queue pour moi, je suis rentré le
soir brisé de fatigue, sans avoir pu obtenir
un seul titre.
Et maintenant, Monsieur, la vérité sur le
chiffre exact des souscriptions est facile à éta-
blir. 200 titres distribués par bureau, voilà le
chiffre réel.
Cela fait pour les 20 mairies. h.000
Crédit lyonnais.,..,. h.000
Société générale. U.000
Crédit industriel.,. U.000
Total. Of 16.000
Je mettrais ma main au feu, monsieur, que
c'est l'exacte vérité. 16,000 irréductibles et au-
tant à peu près de réductibles, voilà tout ce
qui a été accordé au public. C'est donc environ
200,000 titres qui n'ont pas été souscrits et que
les meneurs de l'affaire se sont partagés.
Veuillez agréer, etc.
Tripoteurs et concussionnaires
Ce qu'il y a de tout à fait amusant, c'est
la figure que doivent faire les journaux
conservateurs, maintenant que l'on com-
mence à savoir les noms des conseillers qui
se sont fait attribuer des souscriptions irré-
ductibles, afin de gagner une belle prime
sur le dos du bon électeur.
VAutorité, notamment, sera drôle à lire
ce matin. Hier, elle écrivait : « Cette fois,
MM. les conseillers municipaux sont pris la
main dans le sac, en flagrant délit de tri-
potage. Ces honnêtes républicains, si cha-
touilleux et si susceptibles en matière de
probité, sont de simples concussionnaires. »
Or, à l'heure même où le journal conserva-
teur imprimait ces lignes, deux des conser-
vateurs les plus conservateurs du conseil
municipal déclaraient qu'ils avaient parti-
cipé à ce qu'on appelle désormais le « coup
de l'irréductible ».
L'un, M. Gamard, conseiller du quar-
tier Gaillon, dit qu'il a eu pour sa part
cent obligations, alors que tant de sim-
ples citoyens, comme le signataire de
la lettre qui précéde, n'ont rien pu sous-
crire du tout après avoir fait pendant toute
une journée le pied de grue. Un autre,
M. Georges Berry, avoue qu'il en aurait
bien voulu cent, mais qu'il est arrivé trop
tard et qu'il n'a pu en avoir que vingt. S'il
n'a pas tripoté, comme dit L'Autorité, sur
une plus grande échelle, ce n'est pas l'en-
vie qui lui a manqué. D'autres conserva-
teurs, d'ailleurs, ont tripoté pour lui.
M. Paul de Cassagnac doit donc se mordre
les doigts et trouver qu'on s'est un peu hâté
dans son journal d'accuser de « tripotage »
et de traiter de "concussionnaires" ceux
qui ont fait le coup de l'irréductible, puis-
que parmi ceux-là et en première ligne se
trouvent précisément des conservateurs
chers à son coeur.
La nomination d'une commission d'en-
quête est un8 première satisfaction donnée
à l'opinion publique. Espérons qu'elle ne
suivra pas les orremeats 48 la, commission
d'enquête sur les affaires Wilson, et qu'elle
fera la lumière complète.
Le rôle de la presse
On nous permettra, en terminant, de faire
remarquer que la presse, contre laquelle
certains membres des corps élus proposent
de faire des lois pour empêcher que les
journalistes les appellent « tripoteurs », a
donné dans cette circonstance aux élus du
conseil municipal l'exemple du désintéres-
sement. Elle a prêté à l'emprunt le plus
large et le plus utile concours. On peut
même dire que c'est à ce concours qu'est
due la prime qui a été encaissée par cer-
tains conseillers municipaux. Et cependant,
nous n'avons pas entendu dire qu'aucun
journal ait demandé ni obtenu des sous-
criptions irréductibles.
CHRONIQUE
Avouez que ce doit être tout de" même
bien enrageant pour ce pauvre Bornier I
Voilà un homme qui travaille trois ans à
écrire un drame historique en vers, et
qui mène à bonne fin cette grande entre-
prise. Pour les œuvres de ce genre, il n'y
a en France que deux théâtres possibles :
la Comédie-Française et l'Odéon. Il a été,
durant ce long labeur, inquiété, pour-
suivi de cette idée que s'il subit un refus
dans l'un et l'autre de ces deux théâtres,
son ouvrage lui restera pour compte.
Rien ne l'a découragé ni rebuté. Il a foi
au grand art.
Il apporte son drame rue Richelieu;
il le lit au comité. Il a la chance qu'on le
reçoive avec acclamation. Il se croit pour
le coup au bout de ses peines ; car le di-
recteur lui fixe une date et, pour preu-
ve de sa bonne volonté, commande par
avance les costumes et les décors. Bor-
nier nage dans la joie. Quelques-uns de
ces légers incidents, qui sont si fréquents
dans la vie théâtrale, retardent la mise au
tableau des répétitions. Il n'en prend
point souci ; l'affaire est, comme on dit,
dans le sac.
Et, là-dessus, voilà que paraissent dans
les journaux, comme c'est l'habitude à
présent, des notes qui apprennent au pu-
blic que la Comédie-Française prépare un
Mahomet. Les reporters, qui tiennent
toujours à donner les nouvelles les plus
fraîches et les plus précises, publient des
détails sur la pièce, dont ils ne savent
pas le premier mot. Ils content, urbi et
orbi, que Mahomet est trompé par sa
femme et qu'il s'en venge ou qu'il par-
donne, je ne sais pas au juste.
Il y a des journaux à Constantinople
comme à Paris, et, comme il y a des jour-
naux, il y a aussi des journalistes, c'est-
à-dire des- gens qui doivent trouver tous
les jours un sujet d'article. Vous pensez
si les journalistes du Bosphore se jetè-
rent sur cette nouvelle, qui leur arrivait
de Paris. C'était de la manne qui leur tom-
bait du ciel.
Mahomet serait trompé en plein théâ-
tre! Sur ce thème, il y avait vingt, trente
et cent articles à faire, les uns indignés,
les autres gouailleurs, les autres navrés,
les autres indifférents. On pouvait, selon
son goût, plaider les droits imprescripti-
bles de l'art ou soutenir qu'il fallait, sur-
tout au théâtre, respecter les croyances
religieuses de tout un peuple. C'était de
la copie toute faite, et la copie a beau
être en langue turque, c'est toujours de
la copie.
Le Divan s'éveilla au bruit. Je ne suis
pas dans les secrets de Sa Hautesse et je
ne sais de turc que ce que Molière nous
en a appris dans le Bourgeois gentil-
homme. C'est peu de chose, comme vous
voyez. J'imagine pourtant que le com-
mandeur des croyants n'aurait jamais eu
l'idée de se plaindre si l'on n'eût pas fait
tout ce tapage. Des Mahomet, il y en a
déjà sur tous les théâtres du monde, une
bonne demi-douzaine, sans compter celui
de Voltaire.
Aucun sultan n'y a pris garde, par
l'excellente raison qu'aucun sultan ne les
a connus. Les uns se sont joués à Paris,
les autres à Berlin ou à New-York; que
vouliez-vous que cela fît aux musulmans,
qui ne savent pas plus l'anglais ou l'alle-
mand que le français, qui ne vont point
au spectacle, qui vivent tous dans la pro-
fonde ignorance de nos représentations
théâtrales ?
S'ils eussent pu se scandaliser, c'est
lorsqu'on a tourné en ridicule et les
muphtis et les muezzins dans nombre de
nos opérettes; car l'opérette se fourre
partout. On l'a jouée à Constantinople, à
Alger, à Bagdad, et j'imagine que ces
plaisanteries ont dû, aidées de la musique
qui est la langue générale de l'humanité,
passer sous les yeux des bons Turcs. Ils
n'en ont fait que rire, sans doute.
Il n'y a pas apparence qu'on leur eût
jamais porté le Mahomet de Bornier, non
plus que le Mahomet de Voltaire, non
plus que tous les autres Mahomet en
vers. Aussi Bornier n'avait-il jamais pu
supposer qu'en écrivant son Mahomet, il
mettrait en mouvement l'ambassade de
Turquie et créerait un conflit diploma-
tique.
Mais voilà! on avait trop parlé. Cette
idée que Mahomet pût être sur un théâtre
représenté, comme un simple Georges
Dandin, victime de malheurs conjugaux,
ne manqua pas d'offenser son successeur.
L'ambassadeur turc fut chargé de de-
mander des explications au ministre des
affaires étrangères, qui en référa à son
collègue le ministre de l'instruction pu-
blique.
C'était, en ce temps-là, M. Lockroy, qui
se fit donner la pièce, dans la louable
intention de la lire lui-même et de se
rendre compte par ses yeux de la diffi-
culté. Quand Lockroy vit débucher dans
son cabinet cet énorme manuscrit tout
hérissé d'alexandrins, il s'écria, si j'en
crois la légende :
— Lire ces cinq actes! j'aimerais mieux
avoir la guerre avec la Turquie.
Et il passa le manuscrit à l'un, de ses
secrétaires. C'est ici que la chose s'em-
brouille. Bornier affirme que jamais, au
grand jamais, Mahomet n'a été trompé
dans sa pièce. On conte que, d'après le
rapport du courageux secrétaire, le pro-
phète l'était dès le premier acte; que
Lockroy, toujours conciliant, aurait dit
à Bornier : « Voyons ! faites une conces-
sion ! Retardez ça jusqu'au quatrième! et
que Bornier aurait fait ce sacrifice à son
pays, et qu'en effet Mahomet traversait
trois actes sans l'ombre d'un accroc à son
honneur.
Vous pensez Lien que je donne .toutes
ces légendes pour ce qu'elles;, valent. La
vérité, c'est que, décidément, ça ne mar-
chait pas tout seul. L'affaire, en traînant.
s'envenimait. L'ambassadeur de Turquie
avait pris la chose à cœur, et il insistait
près des ministres. Il leur représentait la
colère dont ne manqueraient pas d'être
animés contre la France les Arabes de l'Al-
gérie et les musulmans du Congo, sou-
mis à notre domination, si l'on s'obsti-
nait à jouer rue Richelieu, à Paris, le
Mahomet de M. Henri de Bornier. Il mon.
trait tout le monde musulman soulevé
d'indignation; du coup, nous perdions
toutes nos colonies.
Et notre influence en Orient? Notre in-
fluence séculaire? C'en était fait de notre
influence séculaire. Et les journaux qui
avaient par leurs commérages éveillé.
ces susceptibilités ne se faisaient pas
faute d'insister sur l'horrible danger
qu'il y avait pour notre patrie, pour
notre chère patrie, à jeter de gaieté da
cœur la Turquie dans les bras de l'Alle.,
magne !
Pauvre Bornier ! Devait-il rager en
écoutant et en lisant toutes ces sottises!
C'étaient des sottises en effet ; mais la
question, une fois posée sur ce terrain,
devait être résolue contre lui. Nos mi-
nistres pouvaient penser tout ce que bon
leur semblait de l'intervention du Grand
Turc dans cette mince affaire. Il n'y avait
pas moyen de la négliger, du moment
qu'elle s'était produite. Il était trop clair
que dès qu'un souverain, avec qui nous
nous trouvons en rapports d'amitié, de-
mandait l'interdiction d'une pièce sur un
de nos théâtres subventionnés, il ne res-
tait qu'à s'incliner, quelque opinion que
l'on eût de cette fantaisie musulmane.
Bornier a donc été égorgé sur l'autel de
la diplomatie. Il est fort ennuyé et très
chagrin, cela se conçoit. Mais voilà ce que
c'est que de trop parler : trop parler
nuit, dit le proverbe. C'est là que conduit
l'information à outrance. Sans les jour-
naux et leurs racontars, on eût affiché et
joué Mahomet; la pièce, qui certaine-
ment est très sérieuse, partant de la main
de M. Henri de Bornier, n'aurait excité
aucun scandale, et le Grand Turc n'eût
pas eu l'idée de se déranger ni de déran-
ger ses ambassadeurs pour cette platée
d'alexandrins.
Le mal est fait à cette heure. Il n'y a
plus à y revenir. Nous lirons Mahomet ;
mais ce ne sera plus la même chose, sur-
tout, hélas! pour le malheureux au-
teur.
Francisque Sarcey.
L'EMPRUNT MUNICIPAL
LA COMMISSION D'ENQUÊTE
L'affaire devant le conseil municipal. -
Les éclaircissements nécessaires. —
La proposition Strauss. — No-
mination d'une commission
d'enquête.
(Il était évident que la note communiquée aux
journauxpar l'agence Havas au sujet de la der-
nière émission de l'emprunt de la Ville ne
pouvait être considérée comme une réponse
suffisante aux plaintes qui se sont élevees de
diverses parts à ce sujet. Ce sentiment s'es fait
jour au conseil et dès l'ouverture de la séance,
un incident a été soulevé. Il a donné lieu à
un débat suivi d'une résolution qui nous pa-
raît la plus sage que pût prendre le conseil
dans ces délicates circonstances. Nous croyons
devoir reproduire intégralement cette partie
de la séance :]
L'affaire de l'emprunt
M. Charles Longuet. — Messieurs, j'ai
deposé, à notre dernière séance,une propo-
sition improvisée, ce qui explique qu'elle
n'ait pas été très exactement reproduite au
compte rendu, puisque je ne l'avais pas ré-
digée.
Voici ce que je lis au Bulletin munici-
pal : .t t 1 b d
« Les soussignés invitent le bureau du
conseil à publier un exposé des conditions
dans lesquelles s'est faite la dernière émis-
sion de l'emprunt de la Ville. »
Ce ne sont pas exactement les termes que
j'ai eu l'intention d'employer. Je demandais
qu'on fît au public un exposé complet de
tous les incidents qui ont pu accompagner
l'émission récente de l'emprunt.
M. Vaillant. — Très bien! C'est cela.
M. Charles Longuet. — Ceci dit, ma se-
conde rectification s'explique tout naturel-
lement.
Je vois que M. le président a dit,à la suite
de l'échange d'observations qui a été motivé
par mon intervention :
« L'incident est clos. »
J'estime, quant à moi, que l'incident ne
peut être clos de cette façon. Nous allons
être, au surplus, appelés à donner une
sanction pratique à mes observations, car
l'un de mes collègues va déposer une propo-
sition à laquelle je m'associe par avance et
que j'ai signée.
Je suis d'avis que nous devons ainsi sta-
tuer aujourd'hui même,en adoptant la mo..
tion que va vous soumettre M. Strauss.
M. Deville. — Pourquoi ne mettez-vous
pas l'autorité du préfet en cause?
M. Charles Longuet. — Je mets toui le
monde collectivement en cause, moi-
même comme tous, et je crois que nous
devons tous, individuellement et - collecti
vement, donner tous les éclaircissements
nécessaires au public dans le plus bref dé-
lai possible.
J'ajoute que je verrais un grand avantage
à ce que, dès aujourd'hui, un débat fût en-
gagé au sujet des accusations dont le carac-
tère calomnieux pourrait être immédiate-
ment démontré par la production de cçrs
teins chiffres et de certains sorns.
JOURNAL REPUBLICAIN
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VAVENTURE DU DAHOMEYj
L'EMPRUNT MUNICIPAL
gf LA COMMISSION D'ENQUÊTE
LES BOULANGISTES A JERSEY
UNE PREMIÈRE AU CIRQUE D'HIVER
MYSTÉRIEUSE DISPARITION
L'INVESTITURE
Les membres du « comité républi-
cain national » sont arrivés à Jersey,
at, comme la simplicité est de règle
dans ce parti, les journaux amis sont
remplis de dépêches relatant les ma-
nifestations imposantes qui se sont
produites partout sur le passage du
train. Le comité va se trouver au
grand complet ou peu s'en faut. Le
seul membre dont on ait à constater
l'abstention est M. Turquet. « Ce n'est
qu'un absent M, dira-t-on; mais cet
absent est une des chevilles ouvrières
du parti. C'est l'inventeur et l'organi-
sateur du plébiscite du 96 juillet der-
nier, le promoteur des quatre-vingts
candidatures du général Boulanger
aux élections départementales; et puis-
qu'il s'agit, en ce moment, de recom-
mencer une campagne électorale ,
l'homme qui fut considéré comme le
ministre de l'intérieur du parti devait
être le premier appelé à donner son
avis. Il reste à l'écart. Est-ce donc
qu'il y a eu une crise ministérielle ?
Ce parti, qui nous promettait tant de
Stabilité, n'est-il donc pas capable de
se soustraire lui-même aux discordes
intestines?
On n'en saurait guère douter après
tous les incidents qui se produisent à
chaque instant, après les récrimina-
tions des diverses fractions du parti
les unes contre les autres et après les
compétitions qui se sont produites
pour les candidatures municipales. Ces
compétitions ne sont pas seulement
affaire personnelle ; elles sont surtout
l'indice du conflit entre les partis très
différents qui cherchent à se parer de
l'étiquette boulangiste pour s'épar-
gner l'embarras d'avoir à s'expliquer
sur leurs véritables intentions.
Mais il paraît qu'on est devenu pru-
dent et même un peu soupçonneux
dans le parti" républicain national».
On a ci assez de ces gens qui viennent
au boulangisme pour se faire élire et
qui, d'un cœur léger, lui tournent le
dos après, sous prétexte d'indépen-
dance », et voilà que, maintenant, il
faut montrer patte blanche ou arbo-
rer l'œillet rouge pour entendre pro-
noncer le dignus intrare. C'est donc
pour délivrer des brevets de boulan-
gisme que le comité se réunit, et ceux-
là seuls serônt considérés comme bou-
langistes authentiques qui auront reçu
l'investiture. Les autres ne seront
qu'une vulgaire contrefaçon dont les
électeurs devront se méfier.
Donc, on veut qu'il soit bien établi
que c'en est fini des équivoques, que
les monarchistes n'ont plus rien de
commun avec le parti, que l'on se sé-
pare des indépendants qui veulent
taire du « boulangisme sans Boulan-
ger ", et de tous les intrus dont na-
guère on recherchait le concours avec
tant d'empressement. La, réunion de
Jersey ne donnera l'investiture que
dans des conditions de prudence qui
n'ont pas toujours présidé à l'apposi-
tion de l'estampille, et nous voulons
penser qu'elle commencera par impo-
ser aux aspirants candidats l'obliga-
tion d'engager leur foi au général
Boulanger.
Nous voulons bien admettre que
c'est un programme politique. Mais
les, Parisiens ne seraient peut-être
pas fâchés de connaître le pro-
gramme municipal des candidats
du -général. Du moment où tous
sont au même titre les porte-pa-
role du parti, tous doivent soute-
nir les mêmes idées. Les uns ne peu-
vent pas se réclamer de l'autonomie
communale, de la mairie centrale, etc.,
pendant que les autres les repousse-
ront. Mais ce qui reste de ce malheu-
reux parti est tellement embarrassé
dans les équivoques, qu'il semble pres-
que impossible que nous sachions ce
qu'il veut. On a beau excommunier
officiellement les alliés de jadis, on
sait bien que, sans leur concours, il
n'y a rien à tenter. Si les candidats
du général se présentent en autono-
mistes, la clientèle monarchique éprou-
vera des répugnances bien difficiles à
surmonter. S'ils se présentent avec un
programme moins accentué, les blan-
quistes se sépareront. Si l'on se pré-
sente ici avec un programme modéré
et là avec un programme socialiste, on
çxcitera partout la méfiance.
L'embarras va être grand à Jersey
pour tourner ces difficultés, et il sera
d'autant plus grand qu'en réalité le
but que l'on poursuit n'est pas du
tout de doter Paris d'un conseil muni-
cipal apte à traiter les affaires muni-
cipales. Ce qu'on veut, c'est relever le
parti de l'échec piteux dés élections
législatives, et l'investiture n'a été ima-
ginée que comme un moyen de re-
commencer le plébiscite par procura-
tion du sa septembre. ci En votant pour
mes candidats, écrira le général Bou-
langer, vous votez pour moi », et si
les résultats de ce plébiscite parisien
étaient tels qu'on les espère à Jersey,
ce serait pour le parti un moyen de se
relever de son abaissement, ou du
moins de faire encore quelque temps
illusion à ceux qui n'examinent les
faits que superficiellement.
Quoi qu'il en soit, la méthode nou-
velle de l'investiture, aussi bien que
les incidents survenus entre les bou-
langistes purs et les indépendants,
comme M. Andrieux, qui veulent du
« boulangisme sans Boulanger », met-
tent en évidence le caractère personnel
de la campagne qui se prépare. Il n'est
plus possible de dire avec la plus lé-
gère apparence de justesse que la lutte
est entre deux conceptions différentes
de la République et que les questions
de personnes ne sont rien. Sur un
champ de bataille plus limité qu'au
33 septembre, la lutte va s'engager
entre l'esprit dictatorial et l'esprit ré-
publicain.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la 1
« Chronique », par M. Paul Ginisty.
LE VOYAGE DU PRÉSIDENT
Les Italiens de Marseille
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Marseille, h avril.
La Société chorale italienne a décidé
spontanément de prendre part, avec sa
bannière, à la grande manifestation popu-
laire qui s'organise ici pour recevoir le pré-
sident de la République.
On attend avec impatience le retour du
maire, M. Barer, pour savoir s'il a obtenu
du gouvernement le transfert à Marseille
de la Faculté des lettres, qui est présente-
ment à Aix.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
- Toulon, h avril.
Le gouvernement a refusé d'accepter que
le nom du cuirassé le Magenta, qui portera
le président de la République, fût changé
en celui de Carnot.
Ce qui est vrai, c'est que le nom de Car-
not sera donné à l'un des trois cuirassés
dont la construction commencera en 1891.
LES DERNIÈRES ÉVoLUTIONS
DE M. CRISPI
Une demande à M. Ribot. — L'escadre
italienne et M. Carnot.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, h avril.
On assure que M. Crispi va faire deman-
der à Paris à M. Ribot, ministre des affai-
res étrangères, s'il serait agréable au gou-
vernement français que quelques bâtiments
de l'escadre italienne aillent saluer le pré-
sident de la République lors de son voyage
à Toulon.
Il serait peut-être agréable aussi aux
officiers de la flotte italienne de visiter en
détail les défenses du port et de la ville.1
M. Crispi, très inquiet de l'opposition
organisée contre lui par le triumvirat
Nicotera-Magliani-Tajani, vient de recourir
à une manœuvre dont M. Depretis usa au-
trefois avec succès. Il a chargé le minis-
tre de l'instruction publique, M. Boselli,
qui est l'ami intime de M. Magliani, d'offrir
à ce dernier un portefeuille à son choix.
M. Magliani refuse et réplique qu'il a avant
tout à combattre une politique extérieure
et financière qui compromet et ruine l'Ita-
lie.
LES
BOULANGISTES A JERSEY
Deux séances. — M. Henri Rochefort.
— Les élections municipales et le
désaccord complet. — Pas
d'investiture.
(DE NOTRE CORRESPONDANT SPÉCIAL)
Jersey, A avril.
Le comité boulangiste s'est réuni ce ma-
tin, à neuf heures et demie, à l'hôtel de la
Pomme-d'Or, sous la présidence du général
Boulanger.
Etaient présents : MM. Naquet, Laguerre,
Déroulède, Laisant, Le Hérissé, Laur, Le
Senne, de Belleval, Saint-Martin, Revest,
Léouzon-Leduc, Richard, May, Jourde, Bar-
rés, de Susini, Le Veillé, Laporte, Argeiiès,
Mermeix, Aimel, Thiessé, Planteau, Castelin,
de Ménorval, membres du comité.
M. Henri Rochefort étant arrivé à onze
heures et demie, la séance a été levée et
l'on est passé dans la salle à manger.
A deux heures et demie, nouvelle séance
qui a duré jusqu'à sept heures et demie.
Les boulangistes diront peut-être que les
séances ont été des plus calmes; mes ren-
seignements particuliers me permettent de
vous dire que les membres du comité, en
dépit des efforts du général Boulanger,
n'ont pu se mettre d'accord. La liste des
candidats à « investir" a soulevé de vives
et nombreuses discussions ; on n'a pu s'en-
tendre sur le choix des noms proposés ;
M. Déroulède, notamment, était fort en
colère.
Le désaccord est si complet qu'il est pro-
bable que, à part un très petit nombre de
candidats boulangistes qui n'auront pas
contre eux de concurrents de la même opi-
nion, le général Boulanger « n'investira n
personne et laissera aux électeurs le soin
de se prononcer entre les candidats bou-
langistes qui se présenteront dans un
même quartier.
Les membres du comité partiront de-
main pour Granville où ils passeront la
nuit. Ils seront de retour à Paris dimaaehe
matin,
UN NOUVEAU TONKIN
LA VÉRITÉ
D'APRÈS NOS RENSEIGNEMENTS
PARTICULIERS
Les officiers et les soldats tués et blessés.
, - Huttes en feuilles de palmier. —
L'expédition des Achantees. —
Paroles d'un militaire.—L'a-
gent consulaire allemand
et le roi de Dahomey.
L'expédition du Dahomey a été accueillie,
dès le début, avec défiance et non sans re-
gret par l'opinion publique. Les nouvelles
parvenues depuis lors ne sont pas. faites
pour modifier l'impression ressentie. On a
le sentiment que cette nouvelle aventure
sans gloire et sans profit aurait pu être évi-
tée avec un peu de sagesse, de prudence, de
connaissance du milieu dans lequel on
opérait,et on déplore qu'elle ait commencé,
parce qu'on ignore comment elle se termi-
nera.
C'est une véritable eampagne de guerre
qui a été entreprise, et il suffit, pour s'en
rendre compte, de rappeler sommairement
les combats soutenus par nos troupes dé-
puis le SI février dernier, époque à la-
quelle M. Bayol, après avoir reçu des ren-
forts du Sénégal, fit signifier au Yégovan
de Kotonou l'intention du gouvernement
français d'appliquer le traité de 1878, qui
nous cédait un morceau du territoire.
Les opérations
Sur le refus du Yégoyan, le lieutenant-
colonel Terrillon attaque le village, s'en
empare, s'y fortifie et repousse les assauts
de l'ennemi. On mit le feu à la maison du
roi et l'on envoya sous bonne escorte à
Porto-Novo le Yégovan et sa famille, qui
avaient été faits prisonniers. Dans cette
affaire, nous avions eu quatre blessés.
Le 23 février, les Dahoméens, venus de
Ahidah, Aurékété, Godomey et Abomé-
Kalavy, nous attaquent à une heure de
l'après-midi. Ils sont repoussés; nous avons
eu deux blessés.
Le 27, dans la nuit, on apprend que l'en-
nemi se masse dans le bois de Kotonou. Le
Sané et YEmeraude tirent, le premier du
large, le second de la lagune.
Le surlendemain,le lieutenant-colonel Ter-
rillon dirige une reconnaissance sur Zobo,
dans la lagune Denham, point qui com-
mande la route de Kotonou-Godomey. Deux
compagnies de tirailleurs et les gardes ci-
vils embarqués dans des pirogues débar-
quent à Zobo ; 800 hommes de l'armée de
Dahomey veulent s'y opposer, mais nos feux
de salve les dispersent rapidement. Nos
pertes sort de un tué et trois blessés.
Dans la nuit du h mars, à cinq heures du
matin, après un violent ouragan, l'ennemi
attaque nos postes avec une grande bra-
voure; il arrive presque à la factorerie
Régis et cherche à enlever un de nos ca-
nons. Mais nos feux de salve et une charge
à la baïonnette l'arrêtent une première
fois ; une seconde tentative ne lui réussit
pas mieux; il se décide alors à se replier.
Ce jour-là, nous avons eu neuf tués et dix-
neuf blessés, dont un officier.
Le 25, une reconnaissance était dirigée
de Kotonou vers Godomey. Les Dahoméens,
gardiens de la place, se sont enfuis. Une
compagnie de tirailleurs et une section
d'infanterie ont poussé une pointe sur Go-
domey-ville et ont reçu, à l'improviste, de
nombreux coups de feu. L'ennemi, caché
dans les broussailles, s'est enfui rapide-
ment. Dans cette affaire, le lieutenant Tif-
fon a été blessé à la main droite et le lieute-
nant indigène Biramandao à la poitrine ;
quatre soldats d'infanterie de marine,
huit tirailleurs sénégalais sont, en outre,
blessés, et il y a eu cinq tués.
Vers la même époque, le lieutenant-colo-
nel Terrillon prenait en personne la direc-
tion d'une petite colonne, traversait le lac
Denham et remontait, sur la canonnière
de rivière l'Emeraude et des pirogues,
l'Onémé, jusqu'à proximité des localités
occupées par l'ennemi. Dès sa mise à terre,
la colonne a bousculé les Dahoméens et
brûlé tous les villages où ils étaient établis.
Malheureusement, dans cette affaire, le ca-
pitaine d'infanterie de marine Oudard, des
tirailleurs gabonais,a été tué,et le sous-lieu-
tenant Mousset est mort des suites d'une
insolation.
Le climat
Là s'arrêtent nos renseignements sur
Porto-Novo. Ils suffisent pour constater
que les combats que nous venons d'énumé-
rer ont été autre chose que de simples es-
carmouches. Ce qui est plus grave, c'est
que nous n'avons pas fait un pas vers une
solution pacifique depuis le début des opé-
rations ; bien au contraire, il est question
d'occuper Whyddah et de faire de nouvelles
démonstrations militaires.
Hélas! nos troupes pourront, comme
toujours, se montrer héroïques; on pourra
pendant longtemps brûler les villages des
Dahoméens, leurs huttes en feuilles de pal-
mier ne leur coûtent guère à reconstruire.
Ils les abandonnent souvent sous le pre-
mier prétexte venu. On en a vu mettre le
feu à leurs villages parce qu'un cas de pe-
tite vérole s'y était déclaré.
Ce qu'ilsesavent bien, c'est que nous ne
pouvons pas abandonner la côte; ce qu'ils
savent bien encore, c'est qu'une expédition
jusqu'à Abomey, le plus joli repaire de
bandits qui existe, est difficile. Derrière
leurs forêts inondées, défendus par leurs
marécages, par un soleil de feu, par le cli-
mat le plus malsain, le plus meurtrier pour
l'Européen de toute l'Afrique, ils nous' nar-
guent et se rient de nos efforts.
Nous n'exagerons pas pour les besoins
de la cause et nous pouvons affirmer que
récemment, un militaire de marque qui
connaît admirablement ces pays, déclarait
qu'il ne fallait pas songer à envoyer des
Européens y faire la guerre, car ils y mour-
raient tous. M. Jules Roche sait à quel brave
soldat nous faisons allusion.
L'insolation qui a proqué la mort du
lieutenant Mousset,survenue après un voya-
ge en pirogue, corrobore cette manière de
voir.
Difficultés et dangers
C'est pure folie, au dire des gens qui
connaissent la côte des Esclaves, d'entre-
prendre des expéditions de cette nature,et
nous aurions bien dû ..nous inspirer de
l'expérience acquise par les Anglais, il y a
quelques années, dans leur expédition
contre les Achantees. Nos voisins, qui sa-
vent cependant la valeur de l'argent, ont
dépensé 28 millions dans cette affaire et ils
sont aussi avancés qu'ils l'étaient au pre-
mier jour.
Seulement, tandis que les Achantees sont
de mœurs douces et paisible.. les Daho- J
méens passent avec raison pour le peuple
le plus belliqueux, le plus guerrier du con-
tinent africain.
Les esprits aventureux qui ont inventé la
guerre avec le Dahomey ignorent sans
doute que ce pays a été de tout temps et
est encore le centre le plus actif de l'escla-
vage et que, par le fait seul de notre désac-
cord avec son roi, nous avons contre nous
tous les marchands de chair humaine du
continent noir, qui feront passer à nos en-
nemis, plus qu'il ne leur en faudra, des
armes perfectionnées et de la poudre.
Nous aurions tort également d'oublier
que l'agent consulaire allemand de Grand-
Popo est le seul Européen auquel le roi Gle-
Glé ait consenti un sauf-conduit qui lui
permet de circuler librement dans tout le
royaume.
A la façon dont les choses sont conduites,
il est évident que c'est la conquête du Da-
homey qui commence et que les gloires et
les lauriers de ceux qui ont fait le Tonkin
troublent la cervelle de leurs successeurs.
On attend l'occasion d'engager une action
décisive ; au besoin, on la fera naître, et il
faudra envoyer des troupes.
Cependant, la Chambre est en vacances,
et en répondant à l'interpellation de M. De-
loncle sur les événements du Dahomey, le
sous-secrétaire d'Etat des colonies répon-
dait : « Le jour où le gouvernement croira
devoir étendre son action, il s'en expli-
quera devant les Chambres. »
Nous craignons que les événements ne
marchent trop vite et qu'on ne nous engage,
sans l'autorisation du Parlement qu'on
sait bien ne pouvoir obtenir, dans une
aventure lamentable. Ce serait grave.
[Nous apprenons que le gouvernement vient
de prendre la décision suivante : M. le lieute-
nant-gouverneur Bayol- a reçu l'ordre télégra-
phique de remettre le service des établisse-
ments français du golfe de Benin à M. Ballot,
administrateur principal des colonies et rési-
dent de France à Kotonou et Porto-Novo. M.
Bayol retournera au centre de son administra-
tion par le paquebot français de la côte occi-
dentale d'Afrique qui touche à Kotonou vers
le 10 avril. Le gouvernement a encore décidé
d'empêcher tout débarquement d'armes sur
la côte du Dahomey. Enfin, l'expédition sur
Whyddah, que le XIXe Siècle annonçait il y a
douze jours, est aujourd'hui absolument dé-
cidée. La nouvelle est officielle. Nous entrons
en pleine aventure.]
LE COUP
DE L'IRRÉDUCTIBLE
Nouvelle lettre, nouvelle protesta -
tion. — Les conservateurs accusés
par M. de Cassagnac de tripo-
tage et de concussion.
Nous avons reçu hier la nouvelle lettre
qui suit sur l'emprunt municipal :
Paris, h avril.
Monsieur le directeur,
On n'en dira jamais assez sur cette scanda-
leuse affaire de l'emprunt municipal. La sta-
tistique que vous donnez aujourd'hui est
exacte en un sens ; mais au lieu de dire qu'il
a été reçu 800 souscripteurs par bureau, c'est
200 titres distribués par bureau qu'il faut met-
tre. Cela, je puis vous l'affirmer, c'est la stricte
vérité. Mon concierge a fait queue pour moi à
la mairie des Batignolles de sept heures du
matin à deux heures de l'après-midi, sans pou-
voir réussir à entrer. Sur 1,000 personnes en-
viron qui faisaient queue, 50 à peine sont par-
venues à passer. Or, ces 50 personnes n'ont
pas toutes souscrit par 6. Beaucoup n'ont pris
qu'une ou 2 ou 3 obligations, d'autres que des
quarts. En portant à 200 le total des titres ac-
cordés à ces souscripteurs, on est, je crois,
bien dans la vérité. Du reste, les employés de
la mairie ont eux-mêmes annoncé, quand on
a fermé les portes, qu'ils n'avaient eu que 200
titres à distribuer.
Au Crédit lyonnais, place de la Bourse, où
j'avais également mis quelqu'un pour faire
queue à ma place, résultats absolument iden-
tiques. Comme client de la maison, j'avais
quelque droit à être privilégié: je n'ai même
pas pu arriver à souscrire aux réductibles.
De sorte que, après avoir passé ma journée
à courir d'un bureau à l'autre et avoir dé-
pensé de l'argent à payer des personnes qui
faisaient queue pour moi, je suis rentré le
soir brisé de fatigue, sans avoir pu obtenir
un seul titre.
Et maintenant, Monsieur, la vérité sur le
chiffre exact des souscriptions est facile à éta-
blir. 200 titres distribués par bureau, voilà le
chiffre réel.
Cela fait pour les 20 mairies. h.000
Crédit lyonnais.,..,. h.000
Société générale. U.000
Crédit industriel.,. U.000
Total. Of 16.000
Je mettrais ma main au feu, monsieur, que
c'est l'exacte vérité. 16,000 irréductibles et au-
tant à peu près de réductibles, voilà tout ce
qui a été accordé au public. C'est donc environ
200,000 titres qui n'ont pas été souscrits et que
les meneurs de l'affaire se sont partagés.
Veuillez agréer, etc.
Tripoteurs et concussionnaires
Ce qu'il y a de tout à fait amusant, c'est
la figure que doivent faire les journaux
conservateurs, maintenant que l'on com-
mence à savoir les noms des conseillers qui
se sont fait attribuer des souscriptions irré-
ductibles, afin de gagner une belle prime
sur le dos du bon électeur.
VAutorité, notamment, sera drôle à lire
ce matin. Hier, elle écrivait : « Cette fois,
MM. les conseillers municipaux sont pris la
main dans le sac, en flagrant délit de tri-
potage. Ces honnêtes républicains, si cha-
touilleux et si susceptibles en matière de
probité, sont de simples concussionnaires. »
Or, à l'heure même où le journal conserva-
teur imprimait ces lignes, deux des conser-
vateurs les plus conservateurs du conseil
municipal déclaraient qu'ils avaient parti-
cipé à ce qu'on appelle désormais le « coup
de l'irréductible ».
L'un, M. Gamard, conseiller du quar-
tier Gaillon, dit qu'il a eu pour sa part
cent obligations, alors que tant de sim-
ples citoyens, comme le signataire de
la lettre qui précéde, n'ont rien pu sous-
crire du tout après avoir fait pendant toute
une journée le pied de grue. Un autre,
M. Georges Berry, avoue qu'il en aurait
bien voulu cent, mais qu'il est arrivé trop
tard et qu'il n'a pu en avoir que vingt. S'il
n'a pas tripoté, comme dit L'Autorité, sur
une plus grande échelle, ce n'est pas l'en-
vie qui lui a manqué. D'autres conserva-
teurs, d'ailleurs, ont tripoté pour lui.
M. Paul de Cassagnac doit donc se mordre
les doigts et trouver qu'on s'est un peu hâté
dans son journal d'accuser de « tripotage »
et de traiter de "concussionnaires" ceux
qui ont fait le coup de l'irréductible, puis-
que parmi ceux-là et en première ligne se
trouvent précisément des conservateurs
chers à son coeur.
La nomination d'une commission d'en-
quête est un8 première satisfaction donnée
à l'opinion publique. Espérons qu'elle ne
suivra pas les orremeats 48 la, commission
d'enquête sur les affaires Wilson, et qu'elle
fera la lumière complète.
Le rôle de la presse
On nous permettra, en terminant, de faire
remarquer que la presse, contre laquelle
certains membres des corps élus proposent
de faire des lois pour empêcher que les
journalistes les appellent « tripoteurs », a
donné dans cette circonstance aux élus du
conseil municipal l'exemple du désintéres-
sement. Elle a prêté à l'emprunt le plus
large et le plus utile concours. On peut
même dire que c'est à ce concours qu'est
due la prime qui a été encaissée par cer-
tains conseillers municipaux. Et cependant,
nous n'avons pas entendu dire qu'aucun
journal ait demandé ni obtenu des sous-
criptions irréductibles.
CHRONIQUE
Avouez que ce doit être tout de" même
bien enrageant pour ce pauvre Bornier I
Voilà un homme qui travaille trois ans à
écrire un drame historique en vers, et
qui mène à bonne fin cette grande entre-
prise. Pour les œuvres de ce genre, il n'y
a en France que deux théâtres possibles :
la Comédie-Française et l'Odéon. Il a été,
durant ce long labeur, inquiété, pour-
suivi de cette idée que s'il subit un refus
dans l'un et l'autre de ces deux théâtres,
son ouvrage lui restera pour compte.
Rien ne l'a découragé ni rebuté. Il a foi
au grand art.
Il apporte son drame rue Richelieu;
il le lit au comité. Il a la chance qu'on le
reçoive avec acclamation. Il se croit pour
le coup au bout de ses peines ; car le di-
recteur lui fixe une date et, pour preu-
ve de sa bonne volonté, commande par
avance les costumes et les décors. Bor-
nier nage dans la joie. Quelques-uns de
ces légers incidents, qui sont si fréquents
dans la vie théâtrale, retardent la mise au
tableau des répétitions. Il n'en prend
point souci ; l'affaire est, comme on dit,
dans le sac.
Et, là-dessus, voilà que paraissent dans
les journaux, comme c'est l'habitude à
présent, des notes qui apprennent au pu-
blic que la Comédie-Française prépare un
Mahomet. Les reporters, qui tiennent
toujours à donner les nouvelles les plus
fraîches et les plus précises, publient des
détails sur la pièce, dont ils ne savent
pas le premier mot. Ils content, urbi et
orbi, que Mahomet est trompé par sa
femme et qu'il s'en venge ou qu'il par-
donne, je ne sais pas au juste.
Il y a des journaux à Constantinople
comme à Paris, et, comme il y a des jour-
naux, il y a aussi des journalistes, c'est-
à-dire des- gens qui doivent trouver tous
les jours un sujet d'article. Vous pensez
si les journalistes du Bosphore se jetè-
rent sur cette nouvelle, qui leur arrivait
de Paris. C'était de la manne qui leur tom-
bait du ciel.
Mahomet serait trompé en plein théâ-
tre! Sur ce thème, il y avait vingt, trente
et cent articles à faire, les uns indignés,
les autres gouailleurs, les autres navrés,
les autres indifférents. On pouvait, selon
son goût, plaider les droits imprescripti-
bles de l'art ou soutenir qu'il fallait, sur-
tout au théâtre, respecter les croyances
religieuses de tout un peuple. C'était de
la copie toute faite, et la copie a beau
être en langue turque, c'est toujours de
la copie.
Le Divan s'éveilla au bruit. Je ne suis
pas dans les secrets de Sa Hautesse et je
ne sais de turc que ce que Molière nous
en a appris dans le Bourgeois gentil-
homme. C'est peu de chose, comme vous
voyez. J'imagine pourtant que le com-
mandeur des croyants n'aurait jamais eu
l'idée de se plaindre si l'on n'eût pas fait
tout ce tapage. Des Mahomet, il y en a
déjà sur tous les théâtres du monde, une
bonne demi-douzaine, sans compter celui
de Voltaire.
Aucun sultan n'y a pris garde, par
l'excellente raison qu'aucun sultan ne les
a connus. Les uns se sont joués à Paris,
les autres à Berlin ou à New-York; que
vouliez-vous que cela fît aux musulmans,
qui ne savent pas plus l'anglais ou l'alle-
mand que le français, qui ne vont point
au spectacle, qui vivent tous dans la pro-
fonde ignorance de nos représentations
théâtrales ?
S'ils eussent pu se scandaliser, c'est
lorsqu'on a tourné en ridicule et les
muphtis et les muezzins dans nombre de
nos opérettes; car l'opérette se fourre
partout. On l'a jouée à Constantinople, à
Alger, à Bagdad, et j'imagine que ces
plaisanteries ont dû, aidées de la musique
qui est la langue générale de l'humanité,
passer sous les yeux des bons Turcs. Ils
n'en ont fait que rire, sans doute.
Il n'y a pas apparence qu'on leur eût
jamais porté le Mahomet de Bornier, non
plus que le Mahomet de Voltaire, non
plus que tous les autres Mahomet en
vers. Aussi Bornier n'avait-il jamais pu
supposer qu'en écrivant son Mahomet, il
mettrait en mouvement l'ambassade de
Turquie et créerait un conflit diploma-
tique.
Mais voilà! on avait trop parlé. Cette
idée que Mahomet pût être sur un théâtre
représenté, comme un simple Georges
Dandin, victime de malheurs conjugaux,
ne manqua pas d'offenser son successeur.
L'ambassadeur turc fut chargé de de-
mander des explications au ministre des
affaires étrangères, qui en référa à son
collègue le ministre de l'instruction pu-
blique.
C'était, en ce temps-là, M. Lockroy, qui
se fit donner la pièce, dans la louable
intention de la lire lui-même et de se
rendre compte par ses yeux de la diffi-
culté. Quand Lockroy vit débucher dans
son cabinet cet énorme manuscrit tout
hérissé d'alexandrins, il s'écria, si j'en
crois la légende :
— Lire ces cinq actes! j'aimerais mieux
avoir la guerre avec la Turquie.
Et il passa le manuscrit à l'un, de ses
secrétaires. C'est ici que la chose s'em-
brouille. Bornier affirme que jamais, au
grand jamais, Mahomet n'a été trompé
dans sa pièce. On conte que, d'après le
rapport du courageux secrétaire, le pro-
phète l'était dès le premier acte; que
Lockroy, toujours conciliant, aurait dit
à Bornier : « Voyons ! faites une conces-
sion ! Retardez ça jusqu'au quatrième! et
que Bornier aurait fait ce sacrifice à son
pays, et qu'en effet Mahomet traversait
trois actes sans l'ombre d'un accroc à son
honneur.
Vous pensez Lien que je donne .toutes
ces légendes pour ce qu'elles;, valent. La
vérité, c'est que, décidément, ça ne mar-
chait pas tout seul. L'affaire, en traînant.
s'envenimait. L'ambassadeur de Turquie
avait pris la chose à cœur, et il insistait
près des ministres. Il leur représentait la
colère dont ne manqueraient pas d'être
animés contre la France les Arabes de l'Al-
gérie et les musulmans du Congo, sou-
mis à notre domination, si l'on s'obsti-
nait à jouer rue Richelieu, à Paris, le
Mahomet de M. Henri de Bornier. Il mon.
trait tout le monde musulman soulevé
d'indignation; du coup, nous perdions
toutes nos colonies.
Et notre influence en Orient? Notre in-
fluence séculaire? C'en était fait de notre
influence séculaire. Et les journaux qui
avaient par leurs commérages éveillé.
ces susceptibilités ne se faisaient pas
faute d'insister sur l'horrible danger
qu'il y avait pour notre patrie, pour
notre chère patrie, à jeter de gaieté da
cœur la Turquie dans les bras de l'Alle.,
magne !
Pauvre Bornier ! Devait-il rager en
écoutant et en lisant toutes ces sottises!
C'étaient des sottises en effet ; mais la
question, une fois posée sur ce terrain,
devait être résolue contre lui. Nos mi-
nistres pouvaient penser tout ce que bon
leur semblait de l'intervention du Grand
Turc dans cette mince affaire. Il n'y avait
pas moyen de la négliger, du moment
qu'elle s'était produite. Il était trop clair
que dès qu'un souverain, avec qui nous
nous trouvons en rapports d'amitié, de-
mandait l'interdiction d'une pièce sur un
de nos théâtres subventionnés, il ne res-
tait qu'à s'incliner, quelque opinion que
l'on eût de cette fantaisie musulmane.
Bornier a donc été égorgé sur l'autel de
la diplomatie. Il est fort ennuyé et très
chagrin, cela se conçoit. Mais voilà ce que
c'est que de trop parler : trop parler
nuit, dit le proverbe. C'est là que conduit
l'information à outrance. Sans les jour-
naux et leurs racontars, on eût affiché et
joué Mahomet; la pièce, qui certaine-
ment est très sérieuse, partant de la main
de M. Henri de Bornier, n'aurait excité
aucun scandale, et le Grand Turc n'eût
pas eu l'idée de se déranger ni de déran-
ger ses ambassadeurs pour cette platée
d'alexandrins.
Le mal est fait à cette heure. Il n'y a
plus à y revenir. Nous lirons Mahomet ;
mais ce ne sera plus la même chose, sur-
tout, hélas! pour le malheureux au-
teur.
Francisque Sarcey.
L'EMPRUNT MUNICIPAL
LA COMMISSION D'ENQUÊTE
L'affaire devant le conseil municipal. -
Les éclaircissements nécessaires. —
La proposition Strauss. — No-
mination d'une commission
d'enquête.
(Il était évident que la note communiquée aux
journauxpar l'agence Havas au sujet de la der-
nière émission de l'emprunt de la Ville ne
pouvait être considérée comme une réponse
suffisante aux plaintes qui se sont élevees de
diverses parts à ce sujet. Ce sentiment s'es fait
jour au conseil et dès l'ouverture de la séance,
un incident a été soulevé. Il a donné lieu à
un débat suivi d'une résolution qui nous pa-
raît la plus sage que pût prendre le conseil
dans ces délicates circonstances. Nous croyons
devoir reproduire intégralement cette partie
de la séance :]
L'affaire de l'emprunt
M. Charles Longuet. — Messieurs, j'ai
deposé, à notre dernière séance,une propo-
sition improvisée, ce qui explique qu'elle
n'ait pas été très exactement reproduite au
compte rendu, puisque je ne l'avais pas ré-
digée.
Voici ce que je lis au Bulletin munici-
pal : .t t 1 b d
« Les soussignés invitent le bureau du
conseil à publier un exposé des conditions
dans lesquelles s'est faite la dernière émis-
sion de l'emprunt de la Ville. »
Ce ne sont pas exactement les termes que
j'ai eu l'intention d'employer. Je demandais
qu'on fît au public un exposé complet de
tous les incidents qui ont pu accompagner
l'émission récente de l'emprunt.
M. Vaillant. — Très bien! C'est cela.
M. Charles Longuet. — Ceci dit, ma se-
conde rectification s'explique tout naturel-
lement.
Je vois que M. le président a dit,à la suite
de l'échange d'observations qui a été motivé
par mon intervention :
« L'incident est clos. »
J'estime, quant à moi, que l'incident ne
peut être clos de cette façon. Nous allons
être, au surplus, appelés à donner une
sanction pratique à mes observations, car
l'un de mes collègues va déposer une propo-
sition à laquelle je m'associe par avance et
que j'ai signée.
Je suis d'avis que nous devons ainsi sta-
tuer aujourd'hui même,en adoptant la mo..
tion que va vous soumettre M. Strauss.
M. Deville. — Pourquoi ne mettez-vous
pas l'autorité du préfet en cause?
M. Charles Longuet. — Je mets toui le
monde collectivement en cause, moi-
même comme tous, et je crois que nous
devons tous, individuellement et - collecti
vement, donner tous les éclaircissements
nécessaires au public dans le plus bref dé-
lai possible.
J'ajoute que je verrais un grand avantage
à ce que, dès aujourd'hui, un débat fût en-
gagé au sujet des accusations dont le carac-
tère calomnieux pourrait être immédiate-
ment démontré par la production de cçrs
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