Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-03-18
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 18 mars 1890 18 mars 1890
Description : 1890/03/18 (A19,N6637). 1890/03/18 (A19,N6637).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560176r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — N° 6,637 CINQ Centimes — Paris et Départements - CINQ Centimes MARDI 18 MARS 1390
nom. J v. ■" -
JOURNAL RÉPUBLICAIN
i RÉDACTION
IX^e4 Rue l^oxitmartTCi
*a*®
DIIICTEUR POLITIQUE
A. - ÉDOUARD PORTALIS
PRIX OE L'ABONREIEIT :
Pals. Mi■■* Ai; lâMii, iiL; ha, 20t.
vipatemute - 71; — U Co; — 24 L
Union Postale - 0L; - 10L; - 831
tm*bo*nementeparîe*td9*l*0t 15 rf» efcafoc «oit
..:. Mme téltgrapbJqi» : XIX. SIÈCLE — PARU
f ADMINÏSTRATÏON <
148, Rue £ £ Qxxtnaartrai
PARIS
IÊ6ISSEURS D'ANNONCES 15 -
MM. LAGRANGE, CERF et (/It..
0, pktce de la fiosru, 0
PRIX OE i'ABOIINEIEHT :
Pula. TrmMÛ, 6L; iii- 111; bu, SOI,
Départements — 7L; - 12 f.; - MI.
UBion Postale - 9L; - 16L; - 831
Lee abonnements partent dot fet 15 do chaque ntofe
Adreeem télégraphique : XIX* SIÈCLE — PARIS
LA CRISE MINISTÉRIELLE
j LE CABINET CONSTITUÉ
LA CONFÉRENCE DE BERLIÏT
* - Les délégués entre eux
!
, SORT DU DUC DE POLIGNAC
LA TOMBOLA DE LA PRESSE .;1
LE PORT DE PARIS
!. Ce n'est pas de Paris port de mer
que je veux vous entretenir. Un jour
prochain peut-être verra la réalisa-
tion de cette vaste conception. Ce
n'est point de cela qu'il s'agit aujour-
d'hui. :'.
Nous voulons parler du port dont
Paris est actuellement doté. Son im-
-t)ÓrtaQ..ce n'est pas mince. M. Bénon
vient de la mettre en relief dans un
remarquable rapport, tout plein de
renseignements intéressants, qu'ils a
présenté ; au conseil municipal.
Le mouvement du port de Paris est,
depuis dix ans, supérieur à celui de
Marseille. Le trafic qui S'opère sur ses
quais dépasse de 3 millions de tonnes
les transactions maritimes des deux
ports réunis de Bordeaux et du Ha-
vre. Le tonnage des marchandises, de
1883 à 1888, a monté de 5,33A,000 ton-
nes à 5,847,000.
Des compagnies se sont formées qui
ont établi des services réguliers de ba-
teaux. Des navires qui jaugent jus-
qu'à 900 tonneaux viennent s'amarrer
-à nos quais. Certains arrivent en
droite ligne, sans avoir rompu charge,
des ports de l'Océan ou de la Méditer-
ranée.
Il est, on le voit, d'une haute im-
portance de faciliter le développe-
ment d'une navigation fluviale déjà si
considérable. C'est le devoir du con-
seil municipal de Paris de se préoccu-
per des conditions qui sont faites aux
transporteurs èt, par suite, à l'indus-
trie et au commerce parisiens.
Or, le service de la navigation à Pa-
ris est encore régi par une ordon-
nance de 18A0. Cinquante ans, c'est
un long espace de temps, si l'on songe
surtout aux progrès que l'industrie
des transports a réalisés au cours de
cette période. Mais ce document admi-
nistratif est encore beaucoup plus an-
tique qu'il ne le paraît à le juger sur
sa date de naissance. Car son auteur,
M. Delessert, en avait emprunté main-
tes dispositions à des ordonnances de
1669 et de 167. On comprend que le
besoin de quelques retouches se fasse
sentir.
D'autre part, le service de la navi-
gation dépend de la préfecture de po-
lice. On devine quels abus ce ratta-
chement porte avec lui. L'exemple du
Laboratoire municipal est une indica-
tion suffisante. Si l'on veut avoir une
idée des procédés en usage dans les
administrations qui tiennent à la pré-
fecture de police, il suffit de lire le
passage suivant, cité par M. Ben )n,
d'une note officielle du chef du ser-
vice de la navigation. Il s'agit d'un
employé, M. D., qui appartient à
l'administration et qu'on vient d'ap-
peler à un nouvea poste :
« M. C. (c'est le chef immédiat du
o fonctionnaire en cause) veillera sur
tf la tenue de M. D., lui imposera les
v égards auxquels le public a droit et,
u dans la mesure du possible, l'empé-
0 cher a d'avoir des rapports de con-
» tentieux ou de commerce avec les
a administrés, de leur emprunter de
» l'argent ou de faire un usage mallion-
» nête des registres de chargements et
*> de déchargements.
» M. C. est chargé sous sa respon-
t, sabilité d'assurer l'exécution rigou-
» reuse du présent ordre, qui sera
» inscrit sur le registre de correspon-
» dance et dont copie sera remise à
» M. D.
N'est-ce point fantastique? Et le
commerçant n'est-il pas bien venu à
demander que le service de la naviga-
tion, avec lequel il a des rapports
constants, soit enlevé à la préfecture
de police où de tels procédes passent
pour tout naturels, et rattaché à la
préfecture de la Seine, au service par
exemple des halles et marchés ?
Mais si les négociants sont mécon-
tents, on le comprend, du fonctionne-
ment du service municipal de la navi-
gation, ils n'ont pas lieu de se mon-
trer plus satisfaits des agissements du
service d'Etat des douanes. Il n'est
vexations auxquelles les transporteurs
ne soient en butte de sa part. Il a
fallu des années et des annees de ré-
clamations pour obtenir l'établisse-
.jnent de deux bureaux de douane à
Bercy et au port Saint-Bernard. Force
Waltjusque-Ià à tous les bateaux, où
.,Mtlils dussent débarauer leurs mar-
chandises, de passer pai* l'unique bu-
reau situé au port Saint-Nicolas.
Autre fait. La douane ne reconnaît
pas Paris comme bureau de sortie par
ta voie fluviale pour l'étranger. D'où
cette conséquence : elle peut exiger
que les marchandises chargées sur nos
quais soient débarquées à Rouen pour
vérification, sauf à être ensuite réem-
barquées.
C'est un exemple; ce n'est qu'un
exemple. Eh bien ! il importe que l'E-
tat impose à son service des douanes
des règles un peu plus pratiques, des
habitudes moins tracassières, comme
il convient qu'il enlève à la préfecture
de police un service qui ressort, par
sa nature même, à la préfecture de la
Seine, et qu'il substitue à des dispo-
sitions qui tombent de vétusté des
règles nouvelles.
Plus que jamais les transports par
eau doivent être encouragés. M. de
Freycinet en donnait, en 1878, dans
son rapport sur les travaux publics
au président de la République, une
raison saisissante :
ci Par leur seule présence, écrivait-il,
les voies navigables contiennent,modè-
rent les taxes des marchandises qui
préfèrent la voie ferrée; elles sont
pour l'exploitant du railway un aver-
tissement dé ne pas dépasser la limite
au-delà de laquelle le commerçant
n'hésiterait pas à sacrifier la régula-
rité à l'économie. A cet égard, les
voies navigables sont bien plus effica-
ces que les voies ferrées concurrentes;
car celles-ci, par cela même qu'elles
luttent entre elles à armes égales,
finissent généralement par s'entendre
plutôt que de s'entraîner dans une
ruine inévitable, tandis que la batelle-
rie et le railway se distribuent natu-
rellement le trafic qui leur est le mieux
approprié. M
Ces raisons n'ont rien perdu de leur
valeur. Elles suffisent à expliquer
pourquoi il est de l'intérêt général
que, sans plus attendre, les pouvoirs
publics prennent toutes les mesures
propres à assurer à un - grand port
fluvial comme celui de Paris le plus
large développement de son trafic.
- A. Millerand.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
» Chronique », par M. Paul Ginistv.
ELECTION LEGISLATIVE
Lyon. - Troisième circonscription
Inscrits : 10,062. - Votants: h.788
MM. Guichard, républicain. 2.08/t voix
Jacquier, anc. dép., rép.. 1. IhO
Bedin, socialiste. 1.190
Divers et nuls. 37A --
(Ballottage.)
Il s'agissait de remplacer M. Edouard
Thiers, républicain, décédé, qui avait été
élu, lors des élections générales, au pre-
mier tour, par 3,952 voix contre 2,623 obte-
nues par M. Francisque Ordinaire, ancien
député, socialiste.
LES FORCES ALLEMANDES
EN HAUTE-ALSACE
La garnison de Mulhouse
(DE NOTRE CORRESPONDANT-PARTICULIER)
Thann, 16 mars.
L'autorité militaire a averti M. Thomann,
maire, que la ville aura à loger deux esca-
drons de cavalerie, dragons, à partir du 28
de ce mois.
La population devra en conséquence pré-
parer des appartements pour recevoir les
troupes, et les propriétaires d'écuries les
locaux pour y loger les chevaux.
Le même fonctionnaire a été pressenti de
la possibilité d'avoir à loger plusieurs bat-
teries d'artillerie, à partir du 15 septembre
prochain.
Toutes ces troupes doivent compléter la
garnison de Mulhouse.
L'ENQUÊTE SUR L'ÉLECTION PICOT
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Dié, 16 mars.
La sous-commission chargée de faire l'en-
quête sur l'élection Picot est arrivée à cinq
heures. Une foule énorme l'attendait à la
gare.
Des cris nombreux de : Vive Picot ! Vive la
République I l'ont accueillie. ,
Les députés entendront demain les déposi-
tions des électeurs de Saint-Dié et se trans-
porteront les jours suivants dans plusieurs
communes environnantes.
CONFÉRENCE INTERNATIONALE
DES CHEMINS DE FER
Les tarifs de transport
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berne, 16 mars.
Hier s'est réunie à Lugano la conférence
internationale des chemins de fer, ayant
pour but de régulariser et de modifier les
tarifs généraux de transport sur les voies
ferrées.
Elle se composait de 35 délégués, repré-
sentant toutes les grandes compagnies eu-
ropéennes.
On comptait parmi les délégués MM. Bon-
neau et Delebecque, représentant les com-
pagnies françaises ; MM. Von Kriener pour
l'Autriche; Efferour pour la Hongrie; Von
der Gulden et Niewenhuysen pour la Hol-
lande; Martigny et Sombatz pour l'Italie;
Blank, Fischer et Von Michels pour l'Alle-
magne. C'est ce dernier qui a été élu prési-
dent de la conférence, dont la durée sera
d'une dizaine de jours.
LE ROI DE HOLLANDE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Amsterdam, 16 mars.
Une nouvelle crise s'est produite dans l'état
du roi. On a les çlus vives inquiétudes au
château de Loo.
CRISE MINISTÉRIELLE
LA SITUATION EXACTE
M-
Les démarches de DIt. de Freycinet. -
Réponses attendues. — Le cabinet
homogène.
M. de Freycinet s'est rendu hier soir à
sept heures à l'Elysée, pour mettre le pré-
sident de la République au courant des ré-
sultats de ses négociations pour la forma-
tion du cabinet, i
Il a annoncé à M. Carnot qu'il ne rece-
vrait qu'aujourd'hui les réponses- définiti-
ves de différents personnages auxquels il
avait offert un portefeuille.
Jusqu'ici, en effet, M. de Freycinet a reçu
l'acceptation officielle de MM. Constàns,
pour l'intérieur; Rouvier, pour les finan-
ces; Bourgeois, pour l'instruction publi-
que; Jules Roche, pour le commerce; De-
velle, pour l'agrieulture; Barbey, pour la
marine, avec M. Etienne au sous-secrétariat
des colonies.
M. de Freycinet attend les réponses de M.
Brisson, auquel il a offert le ministère de
la justice, et de M. Ribot, auquel a été pro-
posé le ministère des affaires étrangères, et
qui ont demandé de prendre le temps de la
réflexion avant de donner une réponse dé-
finitive.
MM. Brisson et Ribot.
L'acceptation de M. Brisson et de M. Ribot
est d'ailleurs des plus .douteuses. Mais leur
refus n'empêcherait nullement la combi-
naison d'aboutir, M. de Freycinet ayant pu
déjà, au cours de ses démarches, s'assurer
d'autres concours.
Les noms des nouveaux ministres n'ont
d'ailleurs dans les circonstances actuelles
qu'une importance secondaire. Ce qui im-
porte, ce n'est pas que M. tel ou tel soit
ministre, c'est que tous les hommes ap-
pelés à faire partie du nouveau cabinet
soient bien d'accord sur la politique à sui-
vre. Un cabinet homogène, dont tous les
membres marcheraient dans la même voie
sous une impulsion unique, vaudrait cer-
tainement mieux qu'un cabinet qui, sans
être homogène, comprendrait les noms les
plus éclatants.
Le cabinet sera probablement constitué
ce soir ou demain dans la matinée, et
pourra par conséquent se présenter de-
main devant la Chambre.
Pour les travaux publics, il est question
de M. Yves Guyot ou de M. Loubet, séna-
teur.
DERNmRE HEURE
M. Brisson a fait connaitre sa réponse
dans la soirée. Il a décliné l'offre de M. de
Freycinet.
M. de Freycinet a fait appel au concours
de M. Fallières, qui a accepté le portefeuille
de la justice. ':
Dans le cas de la non-acceptation de M.
Ribot, le portefeuille des affaires étrangères
serait proposé à un diplomate de carrière
ou à un membre dju Parlement qui a déjà
occupe une grande situation au ministère
des affaires étrangères. , -
CM—I—1
LA CONFÉRENCE DE BERLIN
La presse allemande et les délégués.
La croisade contre le capitalisme. - -
(DE NOTRE CORRESPONDANT SPÉCIAL)
Berlin, 16 mars.
Les délégués à la conférence se sont réu-
nis ce soir à l'hôtel de Rome, sous les
Tilleuls, pour une conversation intime.
Il s'est formé aux abords de l'hôtel quel-
ques groupes de curieux, dont un petit
nombre seulement appartiennent à la classe
ouvrière. Ces rassemblements ne changent
rien en somme, à la physionomie habi-
tuelle de la promenade des Tilleuls.
C'est dans les journaux qu'il faut cher-
cher l'effet produit par la conférence. Tous
ont salué sympathiquement, dès hier, l'ar-
rivée des délégués ; quelques-uns en té-
moignant une courtoisie particulière à
l'égard des délégués français, tous en glo-
rifiant l'initiative généreuse de l'empereur.
Cependant, depuis les dernières élec-
tions, les polémiquas des partis sur la
question sociale révèlent ici une profonde
division et une singulière exaltation des
esprits.
Catilinas aristocrates
Par exemple, la Gazette de la Croix, l'or-
gane ultra-conservateur et piétiste,se mon-,
tre aussi acharnée que les démagogues et
les socialistes les plus violents contre la
société capitaliste, au point que la libérale
Gazette nationble lui reproche de faire de
l' « agitation catilinaire ».
Socialistes de la chaire
Avant-hier, dans une réunion de socia-
listes chrétiens du parti du fameux pasteur
Stœcker, le docteur Wagner, le professeur
d'économie politique bien connu de l'Uni-
versité de Berlin, a prononcé ces paroles :
« Toute politique sociale sera inutile,
tant qu'on ne réussira pas à empêcher la
formation de grandes fortunes qui, dans
les mains de gros spéculateurs tels que
(ici les noms d'une série de tout-puissants
capitalistes européens et américains), israé-
lites ou baptisés) vont en s'accumulant en
raison géométrique. Ces fortunes colossa-
les, voilà le grand danger social! »
Caractère préparatoire de la confé-
rence.
Dans une conversation avec le baron
Greindl, ministre plénipotentiaire de Bel-
gique et premier délégué de la Belgique à
la conférence, M. de Berlepsch, ministre du
commerce de Prusse, président de la con-
férence, a dit que la réunion actuelle n'é-
tait qu'une conférence informatoire, dont
les travaux serviront de base à une législa-
tion ouvrière universelle.
L'accueil fait aux délégués français
Les délégués français, particulièrement
M. Jules Simon, ont été l'objet d'un vérita-
ble empressement de la part du comte de
Bismarck et de M. de Berlepsch.
Le règlement des travaux
Les commissions seront réparties de façon
à ce que, dans chacune d'elles, tous les
Etats se trouvent représentés.
Un rapporteur sera désigné pour chacune
des questions inscrites au programme, et
c'est sur son rapport que la discussion
aura lieu.
-Les délégués seront présentés à, l'empe-
reur, au Château, parleurs ambassadeurs ji
respectifs, mercredi Drochain. J
* L'Ethiopie à Berlin
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 16 mars.
Le gouvernement italien voudrait profi-
ter de la conférence pour faire sanctionner
par l'Europe, d'une manière détournée,
son protectorat sur l'Abyssinie.
- Le Capitan Fracassa, journal officieux,
lance comme bâHon d'essai la nouvelle que
le roi Menelik, pour montrer combien il
tient à observer l'article du traité italo-
éthiopien prohibant la traite des esclaves,
aurait demandé au gouvernement italien
de faire représenter aussi l'Ethiopie par
les délégués italiens à la conférence de
Bruxelles. -
Les délégués du Portugal
)' (D'UN CORRESPONDANT)
- Berlin, 16 mars.
Les représentants du Portugal à la con-
férence de Berlin sont : M. le marquis de
Penafiel, ministre du Portugal à Berlin;
M. Madeira Pinto, directeur général de l'in-
dustrie et du commerce, et M. Batalha-Reis,
consul de Portugal à Newcastle, actuelle-
ment délégué portugais à la conférence anti-
esclavagiste de Bruxelles.
LES DROITS -
SUR LES RAISINS SECS
(DE NOTRR CORRESPONDANT PARTICULIER)
^?rbonne, 16 mars.
Un meeting de deux mIlle personnes, com-
posé d'ouvriers, de producteurs et de com-
inerçants, q. eu lieu aujourd'hui. On a voté une
résolution demandant l'établissement d'un
droit d 30 raisins secs. '-
: - A LA PRINCESSE MARGUERITE
Une adresse de jeunes filles. - La
fiancée du duc d'Orléans.
Voici que les femmes s'en mêlent! Un
certain nombre de jeunes filles de Nantes
ont envoyé la ridicule adresse suivante à
la princesse Marguerite, fille du duc de
Chartres et fiancée, comme on sait, à celui
que les journaux réactionnaires appellent
« le prisonnier de Clairvaux » :
A son altesse royale madame la princesse
Marguerite d'Orléans :
Madame,
Nos frères ont acquitté le premier conscrit
de France, monseigneur le duc d'Orléans. -,
Jeunes filles françaises et bretonnes, nous
voulons, nous aussi, lui faire parvenir nos
hommages respectueux et le témoignage de
notre admiration pour son patriotisme et son
énergie.
Qui parlera en notre nom à ce vaillant
prince, si ce n'est vous,
Madame,
qui dans l'exil avez paru à ses yeux comme un
rayon d'espérance, qui, en prison, avez par-
tagé avec lui les joies austères du devoir ac-
complit r
Vous avez retrouvé votre noble fiancé dans
le palais de votre aïeul saint Louis, et à la ba-
gue des fiançailles qui brille à son doigt vous
avez vu, vous aussi, comme Marguerite de
Provence, une croix. un lys et une marguerite et,
comme le bon roi, il vous a dit ; Hors cet an-
nel point n'ai d'amour.
Daignez agréer,
Madame,
pour le bonheur de votre fiancé, pour le vô-
tre et celui de la France, les vœux de nos
cœurs.
Dire de la princesse Marguerite que « en
prison, elle. a partagé avec le duc, son
fiancé, les joies austères du devoir accom-
pli ». quelle étrange littérature !
x MORT DU DUC DE POLIGNAC
M. le duc Jules-Armand-Jean-Melchior
de Polignac, prince du Saint-Empire, a
succoiabé hier matin à dix heures et de-
mie, à Fage de soixante-treize ans.
Il était le fils aîné du prince Jules de Po-
lignac, dernier président du conseil de
Charles X. -
Il habitait L'hôtel de Crillon, héritage du
duc de Crillon, son beau-père.
Il était le neveu du comte de Polignac,
maréchal de camp, aide de camp du duc
d'Angoulême, gentilhomme d'honneur du
Dauphin.
Cette mort met en deuil les familles de
Croy, de Choiseul-Praslin, Mirés, du Ples-
sis-d'Argentré, de Wolnramm, Lenormand,
de Morando, Pommery, de la Torre y Mier,
Collas des Francs, etc. Ses armes sont :
Face d'argent et de Gueules.
Le jour et l'heure de ses obsèques ne
sont pas encore fixés.
r
SINGULIER ACCIDENT
Coup de feu mystérieux
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belfort, 16 mars.
Un singulier accident s'est produit dans
la soirée d'hier au faubourg de L
Vers quatre heures, un officier, demeu-
rant dans une maison située en face du
lycée, se rendait chez le proviseur et lui
annonçait qu'on venait de tirer du lycée
un coup de revolver dans son apparte-
ment. La balle, après avoir traversé les
vitres et effleuré la joue de la femme de
l'officier, s'était enfouie dans le mur.
Une enquête a été immédiatement ouverte
par la police, mais n'a abouti qu'à cons-
tater qu'aucun élève ne peut être accusé
d'avoir tiré des coups de revolver. Peut-
être un répétiteur ou un homme de service
aura-t-il voulu décharger l'arme, et la ballet
mal dirigée, aura-t-elle accidentellemcn,
été envovée dans la maison voisine.
8,500 KILOMÈTRES A CHEVAL -
Un voyage extraordinaire
{Extrait d'une lettre de notre correspondant
particulier de Saint-Pétersbourg :]
Je vous écrivais, le 5 février dernier, que
M. Pechkof, lieutenant du régiment des
cosaques de l'Amour, était en train de
faire sur son cheval le voyage de Blago-
vestchensk (Sibérie) à Saint-Pétersbourg.
Le 7 novembre, M. Pechkof était à Irkoutsk
et adressait la dépêche suivante à M. Vin-
nikof, son colonel :
« J'ai parcouru ,.451 verstes (1.465 kilo-
mètres) en quarante-neuf jours. Le cheval
a passé sous selle 323 heures. Nous nous
portons bien. »
Une dernière dépêche, datée du 12 mars,
signale l'arrivée à Omsk du lieutenant
Pechkof.
Actuellement, il a fait un peu plus de la
moitié du voyage.
Dans quelques jours, il aura franchi la
Sibérie et entrera en Russie. >'
S'il mène à bien cet extraordinaire
voyage, il aura fait 8,500 kilomètres par des
froids de h0 degrés.
1 CHRONIQUE
M. Bodinier a inauguré cette semaine
les matinées causeries qu'il vient d'insti-
tuer au théâtre d'Application. Ces mati-
nées causeries doivent avoir lieu tous les
mercredis et tous les samedis de chaque
semaine, à trois heures. Delaunay devait
ouvrir la série des mercredistes ; c'est moi
que M. Bodinier avait prié d'inaugurer
celle des samedistes.
J'avoue que lorsque M. Bodinier vint
me parler de ce projet et m'engagea à y
prendre une part de collaboration, je fis
la grimace.
— Ecoutez, lui dis-je, ce n'est pas pour
vous refuser. Je vous promets tout de
suite de vous suivre partout où il vous
plaira de me mener.
Des conférences. mon Dieu! j'en ai
fait par centaines; une de plus, une de
moins, ce n'est pas une affaire. Vous
croyez que mon nom en tête de votre
liste sera un encouragement pour d'autres
plus timorés ; je vous le donne. Vous
choisirez votre jour, et noua convien-
drons du sujet ; voilà qui est entendu.
Permettez-moi de vous dire maintenant
que je crois que vous faites une sottise.
Vous n'avez qu'un assez petit nombre
dé places dans votre salle ; vous serez
donc obligé de les me.ttre assez cher.
— Mais en effet, me dit-il, la place
ressortira au moins à cinq francs, par
abonnement à toute une série; elle sera
de six ou sept francs, prise au bureau,
pour une seule conférence.
— Eh bien ! repris-je, voilà douze ans
qu'à la salle des Capucines nous donnons
des conférences à deux francs les pre-
mières et à vingt sous les secondes, et
que nous ne réussissons pas à constituer
un auditoire. Nous n'avons du monde
que si le sujet de la conférence ou si le
conférencier excite une curiosité particu-
lière, s'il est ce que les Anglais appellent
une great attraction. Gomment voulez-
vous qu'on vienne m'entendre pour six
francs au 18 de la rue Saint-Lazare,
quand on n'y vient pas en plein boule-
vard des Capucines, bien que ça ne coûte
que quarante sousi
Vous n'aurez de public que le jour où
vous produirez des phénomènes : Mlle
Sarah Bernhardt, Mlle Bartet, Worms,
Got, et peut-être, parmi les gens de lettres,
ceux qui sont populaires et qu'on n'a
pas eu encore occasion d'entendre, Fou-
quier, par exemple, Coppéeou Richepirv.
Mais moi, qui diable voulez-vous qui se
dérange et allonge ses six francs pour
m'entendre, puisqu'on m'a entendu par-
tout ? Tenez ! je ne sais pas même si
Brunetière, qui est à coup sûr un des ora-
teurs les plus éloquents que je connaisse,
attirera la foule. Brunetière n'est pas dans
la catégorie des bêtes curieuses. Les gens
qu'il grouperait autour d'une table de
conférencier sont précisément de ceux
qui regretteront de n'avoir pas six francs
à mettre à ce plaisir.
J'ajoutai beaucoup de considérations
qu'il est inutile de reproduire, car c'est
un sujet dont je suis tout plein, l'ayant,
comme on dit à cette heure, vécu tant
d'années. Bodinier m'écoutait paisible-
ment.
— Enfin, me dit-il, vous consentez !
Le reste est mon affaire.
Les jours et les jours passèrent; je n'a-
vais plus entendu parler de rien; je
croyais que Bodinier avait renoncé à son
projet qui me paraissait absurde, et je
dormais sur mes deux oreilles, quand je
reçus au commencement de la semaine
un avertissement d'avoir à me tenir prêt
pour le samedi. J'eus un mouvement de
mauvaise humeur. Que voulez-vous? j'ai
tant de besognessur les bras, qu'une con-
férence de plus, et surtout un samedi où
il me faut écrire le feuilleton du Temps,
est une assez grosse affaire. Et puis la
perspective de parler devant une demi-
douzaine de gens du monde ne me ra-
gaillardissait que médiocrement. Hélas!
j'ai fait beaucoup de conférences en ma
vie devant douze ou quinze auditeurs ;
mais ces auditeurs étaient des amis, des
fidèles, avec qui je causais à cœur ouvert.
Là, qu'allais-je trouver? Quelques fem-
mes venues comme au spectacle, pu-
blic plus rêche et plus inamusable encore
qu'il n'était restreint.
- Delaunay, lui, était de service le pre-
mier mercredi. Mais pour Delaunay, il
n'y avait pas d'inquiétude à concevoir.
Delaunay est un comédien, et le public
apporte aux acteurs célèbres des trésors
de curiosité et d'indulgence. Et puis, il
était sûr d'avoir dans la salle tous ses
élèves, disposés à le soutenir de leur
sympathie et de leurs applaudissements.
Sans compter que Delaunay est précisé-
ment, avec l'élégance de son débit, la
grâce de sa personne, le charme de sa
voix, l'homme de ce public à six francs !
Mais, moi !. ah ! il n'y a pas à dire, j'é-
tais de méchante humeur et je maudis-
sais Bodinier.
—Enfin, me disais-je, c'est une corvée!
Je l'expédierai tant bien que mal, et
après on me laissera tranquille !
Comme j'étais en ces dispositions, le
hasard fit que, la veille, je rencontrai un
clubman que je connaissais un peu, pour
avoir causé plus d'une fois avec lui aux
mardis de la Comédie-Française et aux
premières représentations. Il ne croit
pouvoir faire autrement que de me par-
ler du plaisir qu'il aurait le lendemain
à m'entendre :
— Comment! lui dis-je, vous viendrez,
vous ! allons donc !
— Et pourquoi pas ?
Ma foi! l'écluse étant ouverte, je m'é-
panchai de mes appréhensions, de mes
ennuis. Jamais ça ne prendra, lui
dis-je.
— Mais c'est tout pris, me répondit-il.
Vous ne connaissez pas du tout le monde
auquel Bodinier s'adresse. Ce sont des
gens très riches en général, qui ne s'a-
musent pas toujours et qui ne s'a mu*
sent que par mode. Si la mode est d'aller
à trois heures chez Bodinier écouter ua
monsieur quelconque parlant de n'im-
porte quoi, le prix n'arrêtera personne.
J'ai pris un abonnement aux deux sé-
ries, parce qu'autour de moi, dans le
monde où je vis, d'autres en ont pris
déjà. Je ne dis pas que j'irai chaque
fois, ça dépendra un peu des conféren-
ciers; il ne faudra pas tout de même
qu'ils - nous ennuient trop pour com-
mencer ; mais ça dépendra surtout des
gens que je serai sûr d'y rencontrer. Nous
serons là par compagnie.
Il y a des femmes du monde. vous IX-.
voudrez pas me croire, cela est pourtant.
il y a des femmes du monde qui ne de-
manderaient pas mieux que d'aller à trois
heures, une heure assez souvent vide et
ennuyée, entendre causer de littérature
ou de théâtre, par un homme de goût
s'exprimant bien. Si elles ne vont pas au
boulevard des Capucines, c'est d'abord
qu'à l'heure choisie dans cette boîte, tou-
tes sont encore à table ; c'est aussi que la
salle est inconfortable et triste. Jamaisr
au grand jamais, vous n'aurez dans ces
conditions-là, au boulevard desCapucines,
une femme du monde qui s'amuse. Vous
ne pouvez avoir que de la petite bour-
geoisie.
- Paris se compose de beaucoup de mon*
des très dilIérents, qui vivent aussi sé..
parés les uns des autres que s'ils habi-
taient l'un rue Chaussée-d'Antin, l'autre
à Brest ou à Carcassonne. Chez nous, on
n'a jamais eu l'idée d'aller vous entendre
boulevard des Capucines. Je sais que
vous avez fait beaucoup de conférences ;
jamais je ne suis allé en écouter une.
J'irai samedi, un peu pour vous, si vous
voulez, beaucoup parce que ça sera -chic
d'aller au three o'clock du théâtre d'Ap-
plication.
Il va sans dire que je résume ainsi en
quelques lignes une assez longue conver-
sation. Tout cela me paraissait juste, cu..
rieux et nouveau.
— Je ne demande pas mieux ! lui dis-je
en lui serrant la main. Il y a si long-
temps que je travaille à implanter à
Paris le goût de la conférence ; il serait
plaisant que la chose réussît précisément
à l'heure où j'y comptais le moins !
Et le fait est que la conférence de Delau-
nay a obtenu un succès considérable. Le
fait est que j'ai eu beaucoup plus da
monde que je n'aurais cru. Nous avons,
Delaunay et moi, essuyé les plâtres. Aux
autres, maintenant, d'achever la beF
gne.
Francisque Sarcey.
^s^mÊSSssssssssss
M. BONTOUX REVIENT SUR L'EAU
Les cuivres de France après l'Union
générale. — Avis à tout le monde.
Le vrai peut quelquefois n'être pas vrai-
semblable.
M. Bontoux se remet aux affaires, et,
comme si les leçons du passé étaient
lettre morte pour lui, ignorant sans doute
la chute retentissante de l'Union générale
et l'effondrement non moins retentissant
de l'affaire des Métaux, il fonde la So.
ciété des cuivres de France.
Pourquoi Société des cuivres de France 7
Impossible de le savoir, car la Société a
pour but l'achat et le traitement des mine-
rais et matières métalliques de toute na-
ture ; la vente des produits résultant de
leur traitement; l'achat, la construction de
toutes usines, ateliers, etc.1
Et généralement de faire toutes les opéra-
tions relatives à cette industrie, et même
probablement toutes celles qui ne la con-
cernent pas.
La durée de la Société est de cinquante
ans; le capital, de 500 mille francs, divisé en
mille actions de 500 fr.
Il est, en outre, créé mille parts de fon-
dateurs, naturellement, donnant droit à
h5 0/0 dans les bénéfices et attribuées au
fondateur, en représentation de ses. ap-
ports.
Elle est administrée par MM. Eugène
Bontoux, ingénieur; d'Angelys, proprié-
taire ; le vicomte de Mayol de Luppé, et Plan-
tin Petrus, ancien avoué.
Cette jeune société fera sagement, croyons*
nous, de borner là son histoire et de œ
point faire parler d'elle.
L'ÉGÉRIE DE GUILLAUME Il
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
- Berlin, 16 mars.
Le bruit court que M. Hinzpeter, l'ancien pré-
cepteur de Guillaume II, va être revêtu de
fonctions supérieures ; il serait chargé d'ap-
pliquer le programme ouvrier dont il est
l'instigateur.
Ce qui confirme ce bruit, c'est le retrait de
la candidature que M. Hinzpeter se préparait
à poser dans la première circonscription dû
Berlin, où aura lieu, le 9"1 mai, une élection
complémentaire au Reichstag, par suite de
l'option du député progressiste élu, M. Trae-
ger, pour un siège de province où il a été
également élu en fevrier dernier.
- LA GARNISON DE PARIS
t
Voici les mesures définitivement arrêtées
concernant les mouvements de la garnison
de Paris à l'automne prochain :
Les 56, 2fce, 28e et 1196 régiments d'infan-
terie quitteront Paris le 1er octobre et se
ront remplacés par les 366, 396, 7h6 et l.
d'infanterie.
Les 101e, lOt 1036 et 1014e partiront la
1er septembre et seront relevés parles 115.
117e, 16 et 1306.
Les 153° et 16 régiments régionaux sei
ront - également remplacés en octobre paf,
les 15Ae et 155e.
L'ENTOURAGE £ ?.E L'IMPÉRATRICI
D'ALLEAGNB -1
(DE NOTRE CORRESPONDANT' PARTICULIER)
Berlin, J6 mars.
La comtesse Pauline Dhona, de i amours &
de l'impératrice d'Allemagne, a été victil"
d'un vol de brillants dont la valeur est .ti.'¡
nxcip à 250,000 francs.
C'est le plus important vol de brillants qui
se soit oroduit iusqu'à ce jour en Allemaguef
nom. J v. ■" -
JOURNAL RÉPUBLICAIN
i RÉDACTION
IX^e4 Rue l^oxitmartTCi
*a*®
DIIICTEUR POLITIQUE
A. - ÉDOUARD PORTALIS
PRIX OE L'ABONREIEIT :
Pals. Mi■■* Ai; lâMii, iiL; ha, 20t.
vipatemute - 71; — U Co; — 24 L
Union Postale - 0L; - 10L; - 831
tm*bo*nementeparîe*td9*l*0t 15 rf» efcafoc «oit
..:. Mme téltgrapbJqi» : XIX. SIÈCLE — PARU
f ADMINÏSTRATÏON <
148, Rue £ £ Qxxtnaartrai
PARIS
IÊ6ISSEURS D'ANNONCES 15 -
MM. LAGRANGE, CERF et (/It..
0, pktce de la fiosru, 0
PRIX OE i'ABOIINEIEHT :
Pula. TrmMÛ, 6L; iii- 111; bu, SOI,
Départements — 7L; - 12 f.; - MI.
UBion Postale - 9L; - 16L; - 831
Lee abonnements partent dot fet 15 do chaque ntofe
Adreeem télégraphique : XIX* SIÈCLE — PARIS
LA CRISE MINISTÉRIELLE
j LE CABINET CONSTITUÉ
LA CONFÉRENCE DE BERLIÏT
* - Les délégués entre eux
!
, SORT DU DUC DE POLIGNAC
LA TOMBOLA DE LA PRESSE .;1
LE PORT DE PARIS
!. Ce n'est pas de Paris port de mer
que je veux vous entretenir. Un jour
prochain peut-être verra la réalisa-
tion de cette vaste conception. Ce
n'est point de cela qu'il s'agit aujour-
d'hui. :'.
Nous voulons parler du port dont
Paris est actuellement doté. Son im-
-t)ÓrtaQ..ce n'est pas mince. M. Bénon
vient de la mettre en relief dans un
remarquable rapport, tout plein de
renseignements intéressants, qu'ils a
présenté ; au conseil municipal.
Le mouvement du port de Paris est,
depuis dix ans, supérieur à celui de
Marseille. Le trafic qui S'opère sur ses
quais dépasse de 3 millions de tonnes
les transactions maritimes des deux
ports réunis de Bordeaux et du Ha-
vre. Le tonnage des marchandises, de
1883 à 1888, a monté de 5,33A,000 ton-
nes à 5,847,000.
Des compagnies se sont formées qui
ont établi des services réguliers de ba-
teaux. Des navires qui jaugent jus-
qu'à 900 tonneaux viennent s'amarrer
-à nos quais. Certains arrivent en
droite ligne, sans avoir rompu charge,
des ports de l'Océan ou de la Méditer-
ranée.
Il est, on le voit, d'une haute im-
portance de faciliter le développe-
ment d'une navigation fluviale déjà si
considérable. C'est le devoir du con-
seil municipal de Paris de se préoccu-
per des conditions qui sont faites aux
transporteurs èt, par suite, à l'indus-
trie et au commerce parisiens.
Or, le service de la navigation à Pa-
ris est encore régi par une ordon-
nance de 18A0. Cinquante ans, c'est
un long espace de temps, si l'on songe
surtout aux progrès que l'industrie
des transports a réalisés au cours de
cette période. Mais ce document admi-
nistratif est encore beaucoup plus an-
tique qu'il ne le paraît à le juger sur
sa date de naissance. Car son auteur,
M. Delessert, en avait emprunté main-
tes dispositions à des ordonnances de
1669 et de 167. On comprend que le
besoin de quelques retouches se fasse
sentir.
D'autre part, le service de la navi-
gation dépend de la préfecture de po-
lice. On devine quels abus ce ratta-
chement porte avec lui. L'exemple du
Laboratoire municipal est une indica-
tion suffisante. Si l'on veut avoir une
idée des procédés en usage dans les
administrations qui tiennent à la pré-
fecture de police, il suffit de lire le
passage suivant, cité par M. Ben )n,
d'une note officielle du chef du ser-
vice de la navigation. Il s'agit d'un
employé, M. D., qui appartient à
l'administration et qu'on vient d'ap-
peler à un nouvea poste :
« M. C. (c'est le chef immédiat du
o fonctionnaire en cause) veillera sur
tf la tenue de M. D., lui imposera les
v égards auxquels le public a droit et,
u dans la mesure du possible, l'empé-
0 cher a d'avoir des rapports de con-
» tentieux ou de commerce avec les
a administrés, de leur emprunter de
» l'argent ou de faire un usage mallion-
» nête des registres de chargements et
*> de déchargements.
» M. C. est chargé sous sa respon-
t, sabilité d'assurer l'exécution rigou-
» reuse du présent ordre, qui sera
» inscrit sur le registre de correspon-
» dance et dont copie sera remise à
» M. D.
N'est-ce point fantastique? Et le
commerçant n'est-il pas bien venu à
demander que le service de la naviga-
tion, avec lequel il a des rapports
constants, soit enlevé à la préfecture
de police où de tels procédes passent
pour tout naturels, et rattaché à la
préfecture de la Seine, au service par
exemple des halles et marchés ?
Mais si les négociants sont mécon-
tents, on le comprend, du fonctionne-
ment du service municipal de la navi-
gation, ils n'ont pas lieu de se mon-
trer plus satisfaits des agissements du
service d'Etat des douanes. Il n'est
vexations auxquelles les transporteurs
ne soient en butte de sa part. Il a
fallu des années et des annees de ré-
clamations pour obtenir l'établisse-
.jnent de deux bureaux de douane à
Bercy et au port Saint-Bernard. Force
Waltjusque-Ià à tous les bateaux, où
.,Mtlils dussent débarauer leurs mar-
chandises, de passer pai* l'unique bu-
reau situé au port Saint-Nicolas.
Autre fait. La douane ne reconnaît
pas Paris comme bureau de sortie par
ta voie fluviale pour l'étranger. D'où
cette conséquence : elle peut exiger
que les marchandises chargées sur nos
quais soient débarquées à Rouen pour
vérification, sauf à être ensuite réem-
barquées.
C'est un exemple; ce n'est qu'un
exemple. Eh bien ! il importe que l'E-
tat impose à son service des douanes
des règles un peu plus pratiques, des
habitudes moins tracassières, comme
il convient qu'il enlève à la préfecture
de police un service qui ressort, par
sa nature même, à la préfecture de la
Seine, et qu'il substitue à des dispo-
sitions qui tombent de vétusté des
règles nouvelles.
Plus que jamais les transports par
eau doivent être encouragés. M. de
Freycinet en donnait, en 1878, dans
son rapport sur les travaux publics
au président de la République, une
raison saisissante :
ci Par leur seule présence, écrivait-il,
les voies navigables contiennent,modè-
rent les taxes des marchandises qui
préfèrent la voie ferrée; elles sont
pour l'exploitant du railway un aver-
tissement dé ne pas dépasser la limite
au-delà de laquelle le commerçant
n'hésiterait pas à sacrifier la régula-
rité à l'économie. A cet égard, les
voies navigables sont bien plus effica-
ces que les voies ferrées concurrentes;
car celles-ci, par cela même qu'elles
luttent entre elles à armes égales,
finissent généralement par s'entendre
plutôt que de s'entraîner dans une
ruine inévitable, tandis que la batelle-
rie et le railway se distribuent natu-
rellement le trafic qui leur est le mieux
approprié. M
Ces raisons n'ont rien perdu de leur
valeur. Elles suffisent à expliquer
pourquoi il est de l'intérêt général
que, sans plus attendre, les pouvoirs
publics prennent toutes les mesures
propres à assurer à un - grand port
fluvial comme celui de Paris le plus
large développement de son trafic.
- A. Millerand.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
» Chronique », par M. Paul Ginistv.
ELECTION LEGISLATIVE
Lyon. - Troisième circonscription
Inscrits : 10,062. - Votants: h.788
MM. Guichard, républicain. 2.08/t voix
Jacquier, anc. dép., rép.. 1. IhO
Bedin, socialiste. 1.190
Divers et nuls. 37A --
(Ballottage.)
Il s'agissait de remplacer M. Edouard
Thiers, républicain, décédé, qui avait été
élu, lors des élections générales, au pre-
mier tour, par 3,952 voix contre 2,623 obte-
nues par M. Francisque Ordinaire, ancien
député, socialiste.
LES FORCES ALLEMANDES
EN HAUTE-ALSACE
La garnison de Mulhouse
(DE NOTRE CORRESPONDANT-PARTICULIER)
Thann, 16 mars.
L'autorité militaire a averti M. Thomann,
maire, que la ville aura à loger deux esca-
drons de cavalerie, dragons, à partir du 28
de ce mois.
La population devra en conséquence pré-
parer des appartements pour recevoir les
troupes, et les propriétaires d'écuries les
locaux pour y loger les chevaux.
Le même fonctionnaire a été pressenti de
la possibilité d'avoir à loger plusieurs bat-
teries d'artillerie, à partir du 15 septembre
prochain.
Toutes ces troupes doivent compléter la
garnison de Mulhouse.
L'ENQUÊTE SUR L'ÉLECTION PICOT
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Dié, 16 mars.
La sous-commission chargée de faire l'en-
quête sur l'élection Picot est arrivée à cinq
heures. Une foule énorme l'attendait à la
gare.
Des cris nombreux de : Vive Picot ! Vive la
République I l'ont accueillie. ,
Les députés entendront demain les déposi-
tions des électeurs de Saint-Dié et se trans-
porteront les jours suivants dans plusieurs
communes environnantes.
CONFÉRENCE INTERNATIONALE
DES CHEMINS DE FER
Les tarifs de transport
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berne, 16 mars.
Hier s'est réunie à Lugano la conférence
internationale des chemins de fer, ayant
pour but de régulariser et de modifier les
tarifs généraux de transport sur les voies
ferrées.
Elle se composait de 35 délégués, repré-
sentant toutes les grandes compagnies eu-
ropéennes.
On comptait parmi les délégués MM. Bon-
neau et Delebecque, représentant les com-
pagnies françaises ; MM. Von Kriener pour
l'Autriche; Efferour pour la Hongrie; Von
der Gulden et Niewenhuysen pour la Hol-
lande; Martigny et Sombatz pour l'Italie;
Blank, Fischer et Von Michels pour l'Alle-
magne. C'est ce dernier qui a été élu prési-
dent de la conférence, dont la durée sera
d'une dizaine de jours.
LE ROI DE HOLLANDE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Amsterdam, 16 mars.
Une nouvelle crise s'est produite dans l'état
du roi. On a les çlus vives inquiétudes au
château de Loo.
CRISE MINISTÉRIELLE
LA SITUATION EXACTE
M-
Les démarches de DIt. de Freycinet. -
Réponses attendues. — Le cabinet
homogène.
M. de Freycinet s'est rendu hier soir à
sept heures à l'Elysée, pour mettre le pré-
sident de la République au courant des ré-
sultats de ses négociations pour la forma-
tion du cabinet, i
Il a annoncé à M. Carnot qu'il ne rece-
vrait qu'aujourd'hui les réponses- définiti-
ves de différents personnages auxquels il
avait offert un portefeuille.
Jusqu'ici, en effet, M. de Freycinet a reçu
l'acceptation officielle de MM. Constàns,
pour l'intérieur; Rouvier, pour les finan-
ces; Bourgeois, pour l'instruction publi-
que; Jules Roche, pour le commerce; De-
velle, pour l'agrieulture; Barbey, pour la
marine, avec M. Etienne au sous-secrétariat
des colonies.
M. de Freycinet attend les réponses de M.
Brisson, auquel il a offert le ministère de
la justice, et de M. Ribot, auquel a été pro-
posé le ministère des affaires étrangères, et
qui ont demandé de prendre le temps de la
réflexion avant de donner une réponse dé-
finitive.
MM. Brisson et Ribot.
L'acceptation de M. Brisson et de M. Ribot
est d'ailleurs des plus .douteuses. Mais leur
refus n'empêcherait nullement la combi-
naison d'aboutir, M. de Freycinet ayant pu
déjà, au cours de ses démarches, s'assurer
d'autres concours.
Les noms des nouveaux ministres n'ont
d'ailleurs dans les circonstances actuelles
qu'une importance secondaire. Ce qui im-
porte, ce n'est pas que M. tel ou tel soit
ministre, c'est que tous les hommes ap-
pelés à faire partie du nouveau cabinet
soient bien d'accord sur la politique à sui-
vre. Un cabinet homogène, dont tous les
membres marcheraient dans la même voie
sous une impulsion unique, vaudrait cer-
tainement mieux qu'un cabinet qui, sans
être homogène, comprendrait les noms les
plus éclatants.
Le cabinet sera probablement constitué
ce soir ou demain dans la matinée, et
pourra par conséquent se présenter de-
main devant la Chambre.
Pour les travaux publics, il est question
de M. Yves Guyot ou de M. Loubet, séna-
teur.
DERNmRE HEURE
M. Brisson a fait connaitre sa réponse
dans la soirée. Il a décliné l'offre de M. de
Freycinet.
M. de Freycinet a fait appel au concours
de M. Fallières, qui a accepté le portefeuille
de la justice. ':
Dans le cas de la non-acceptation de M.
Ribot, le portefeuille des affaires étrangères
serait proposé à un diplomate de carrière
ou à un membre dju Parlement qui a déjà
occupe une grande situation au ministère
des affaires étrangères. , -
CM—I—1
LA CONFÉRENCE DE BERLIN
La presse allemande et les délégués.
La croisade contre le capitalisme. - -
(DE NOTRE CORRESPONDANT SPÉCIAL)
Berlin, 16 mars.
Les délégués à la conférence se sont réu-
nis ce soir à l'hôtel de Rome, sous les
Tilleuls, pour une conversation intime.
Il s'est formé aux abords de l'hôtel quel-
ques groupes de curieux, dont un petit
nombre seulement appartiennent à la classe
ouvrière. Ces rassemblements ne changent
rien en somme, à la physionomie habi-
tuelle de la promenade des Tilleuls.
C'est dans les journaux qu'il faut cher-
cher l'effet produit par la conférence. Tous
ont salué sympathiquement, dès hier, l'ar-
rivée des délégués ; quelques-uns en té-
moignant une courtoisie particulière à
l'égard des délégués français, tous en glo-
rifiant l'initiative généreuse de l'empereur.
Cependant, depuis les dernières élec-
tions, les polémiquas des partis sur la
question sociale révèlent ici une profonde
division et une singulière exaltation des
esprits.
Catilinas aristocrates
Par exemple, la Gazette de la Croix, l'or-
gane ultra-conservateur et piétiste,se mon-,
tre aussi acharnée que les démagogues et
les socialistes les plus violents contre la
société capitaliste, au point que la libérale
Gazette nationble lui reproche de faire de
l' « agitation catilinaire ».
Socialistes de la chaire
Avant-hier, dans une réunion de socia-
listes chrétiens du parti du fameux pasteur
Stœcker, le docteur Wagner, le professeur
d'économie politique bien connu de l'Uni-
versité de Berlin, a prononcé ces paroles :
« Toute politique sociale sera inutile,
tant qu'on ne réussira pas à empêcher la
formation de grandes fortunes qui, dans
les mains de gros spéculateurs tels que
(ici les noms d'une série de tout-puissants
capitalistes européens et américains), israé-
lites ou baptisés) vont en s'accumulant en
raison géométrique. Ces fortunes colossa-
les, voilà le grand danger social! »
Caractère préparatoire de la confé-
rence.
Dans une conversation avec le baron
Greindl, ministre plénipotentiaire de Bel-
gique et premier délégué de la Belgique à
la conférence, M. de Berlepsch, ministre du
commerce de Prusse, président de la con-
férence, a dit que la réunion actuelle n'é-
tait qu'une conférence informatoire, dont
les travaux serviront de base à une législa-
tion ouvrière universelle.
L'accueil fait aux délégués français
Les délégués français, particulièrement
M. Jules Simon, ont été l'objet d'un vérita-
ble empressement de la part du comte de
Bismarck et de M. de Berlepsch.
Le règlement des travaux
Les commissions seront réparties de façon
à ce que, dans chacune d'elles, tous les
Etats se trouvent représentés.
Un rapporteur sera désigné pour chacune
des questions inscrites au programme, et
c'est sur son rapport que la discussion
aura lieu.
-Les délégués seront présentés à, l'empe-
reur, au Château, parleurs ambassadeurs ji
respectifs, mercredi Drochain. J
* L'Ethiopie à Berlin
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 16 mars.
Le gouvernement italien voudrait profi-
ter de la conférence pour faire sanctionner
par l'Europe, d'une manière détournée,
son protectorat sur l'Abyssinie.
- Le Capitan Fracassa, journal officieux,
lance comme bâHon d'essai la nouvelle que
le roi Menelik, pour montrer combien il
tient à observer l'article du traité italo-
éthiopien prohibant la traite des esclaves,
aurait demandé au gouvernement italien
de faire représenter aussi l'Ethiopie par
les délégués italiens à la conférence de
Bruxelles. -
Les délégués du Portugal
)' (D'UN CORRESPONDANT)
- Berlin, 16 mars.
Les représentants du Portugal à la con-
férence de Berlin sont : M. le marquis de
Penafiel, ministre du Portugal à Berlin;
M. Madeira Pinto, directeur général de l'in-
dustrie et du commerce, et M. Batalha-Reis,
consul de Portugal à Newcastle, actuelle-
ment délégué portugais à la conférence anti-
esclavagiste de Bruxelles.
LES DROITS -
SUR LES RAISINS SECS
(DE NOTRR CORRESPONDANT PARTICULIER)
^?rbonne, 16 mars.
Un meeting de deux mIlle personnes, com-
posé d'ouvriers, de producteurs et de com-
inerçants, q. eu lieu aujourd'hui. On a voté une
résolution demandant l'établissement d'un
droit d 30 raisins secs. '-
: - A LA PRINCESSE MARGUERITE
Une adresse de jeunes filles. - La
fiancée du duc d'Orléans.
Voici que les femmes s'en mêlent! Un
certain nombre de jeunes filles de Nantes
ont envoyé la ridicule adresse suivante à
la princesse Marguerite, fille du duc de
Chartres et fiancée, comme on sait, à celui
que les journaux réactionnaires appellent
« le prisonnier de Clairvaux » :
A son altesse royale madame la princesse
Marguerite d'Orléans :
Madame,
Nos frères ont acquitté le premier conscrit
de France, monseigneur le duc d'Orléans. -,
Jeunes filles françaises et bretonnes, nous
voulons, nous aussi, lui faire parvenir nos
hommages respectueux et le témoignage de
notre admiration pour son patriotisme et son
énergie.
Qui parlera en notre nom à ce vaillant
prince, si ce n'est vous,
Madame,
qui dans l'exil avez paru à ses yeux comme un
rayon d'espérance, qui, en prison, avez par-
tagé avec lui les joies austères du devoir ac-
complit r
Vous avez retrouvé votre noble fiancé dans
le palais de votre aïeul saint Louis, et à la ba-
gue des fiançailles qui brille à son doigt vous
avez vu, vous aussi, comme Marguerite de
Provence, une croix. un lys et une marguerite et,
comme le bon roi, il vous a dit ; Hors cet an-
nel point n'ai d'amour.
Daignez agréer,
Madame,
pour le bonheur de votre fiancé, pour le vô-
tre et celui de la France, les vœux de nos
cœurs.
Dire de la princesse Marguerite que « en
prison, elle. a partagé avec le duc, son
fiancé, les joies austères du devoir accom-
pli ». quelle étrange littérature !
x MORT DU DUC DE POLIGNAC
M. le duc Jules-Armand-Jean-Melchior
de Polignac, prince du Saint-Empire, a
succoiabé hier matin à dix heures et de-
mie, à Fage de soixante-treize ans.
Il était le fils aîné du prince Jules de Po-
lignac, dernier président du conseil de
Charles X. -
Il habitait L'hôtel de Crillon, héritage du
duc de Crillon, son beau-père.
Il était le neveu du comte de Polignac,
maréchal de camp, aide de camp du duc
d'Angoulême, gentilhomme d'honneur du
Dauphin.
Cette mort met en deuil les familles de
Croy, de Choiseul-Praslin, Mirés, du Ples-
sis-d'Argentré, de Wolnramm, Lenormand,
de Morando, Pommery, de la Torre y Mier,
Collas des Francs, etc. Ses armes sont :
Face d'argent et de Gueules.
Le jour et l'heure de ses obsèques ne
sont pas encore fixés.
r
SINGULIER ACCIDENT
Coup de feu mystérieux
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belfort, 16 mars.
Un singulier accident s'est produit dans
la soirée d'hier au faubourg de L
Vers quatre heures, un officier, demeu-
rant dans une maison située en face du
lycée, se rendait chez le proviseur et lui
annonçait qu'on venait de tirer du lycée
un coup de revolver dans son apparte-
ment. La balle, après avoir traversé les
vitres et effleuré la joue de la femme de
l'officier, s'était enfouie dans le mur.
Une enquête a été immédiatement ouverte
par la police, mais n'a abouti qu'à cons-
tater qu'aucun élève ne peut être accusé
d'avoir tiré des coups de revolver. Peut-
être un répétiteur ou un homme de service
aura-t-il voulu décharger l'arme, et la ballet
mal dirigée, aura-t-elle accidentellemcn,
été envovée dans la maison voisine.
8,500 KILOMÈTRES A CHEVAL -
Un voyage extraordinaire
{Extrait d'une lettre de notre correspondant
particulier de Saint-Pétersbourg :]
Je vous écrivais, le 5 février dernier, que
M. Pechkof, lieutenant du régiment des
cosaques de l'Amour, était en train de
faire sur son cheval le voyage de Blago-
vestchensk (Sibérie) à Saint-Pétersbourg.
Le 7 novembre, M. Pechkof était à Irkoutsk
et adressait la dépêche suivante à M. Vin-
nikof, son colonel :
« J'ai parcouru ,.451 verstes (1.465 kilo-
mètres) en quarante-neuf jours. Le cheval
a passé sous selle 323 heures. Nous nous
portons bien. »
Une dernière dépêche, datée du 12 mars,
signale l'arrivée à Omsk du lieutenant
Pechkof.
Actuellement, il a fait un peu plus de la
moitié du voyage.
Dans quelques jours, il aura franchi la
Sibérie et entrera en Russie. >'
S'il mène à bien cet extraordinaire
voyage, il aura fait 8,500 kilomètres par des
froids de h0 degrés.
1 CHRONIQUE
M. Bodinier a inauguré cette semaine
les matinées causeries qu'il vient d'insti-
tuer au théâtre d'Application. Ces mati-
nées causeries doivent avoir lieu tous les
mercredis et tous les samedis de chaque
semaine, à trois heures. Delaunay devait
ouvrir la série des mercredistes ; c'est moi
que M. Bodinier avait prié d'inaugurer
celle des samedistes.
J'avoue que lorsque M. Bodinier vint
me parler de ce projet et m'engagea à y
prendre une part de collaboration, je fis
la grimace.
— Ecoutez, lui dis-je, ce n'est pas pour
vous refuser. Je vous promets tout de
suite de vous suivre partout où il vous
plaira de me mener.
Des conférences. mon Dieu! j'en ai
fait par centaines; une de plus, une de
moins, ce n'est pas une affaire. Vous
croyez que mon nom en tête de votre
liste sera un encouragement pour d'autres
plus timorés ; je vous le donne. Vous
choisirez votre jour, et noua convien-
drons du sujet ; voilà qui est entendu.
Permettez-moi de vous dire maintenant
que je crois que vous faites une sottise.
Vous n'avez qu'un assez petit nombre
dé places dans votre salle ; vous serez
donc obligé de les me.ttre assez cher.
— Mais en effet, me dit-il, la place
ressortira au moins à cinq francs, par
abonnement à toute une série; elle sera
de six ou sept francs, prise au bureau,
pour une seule conférence.
— Eh bien ! repris-je, voilà douze ans
qu'à la salle des Capucines nous donnons
des conférences à deux francs les pre-
mières et à vingt sous les secondes, et
que nous ne réussissons pas à constituer
un auditoire. Nous n'avons du monde
que si le sujet de la conférence ou si le
conférencier excite une curiosité particu-
lière, s'il est ce que les Anglais appellent
une great attraction. Gomment voulez-
vous qu'on vienne m'entendre pour six
francs au 18 de la rue Saint-Lazare,
quand on n'y vient pas en plein boule-
vard des Capucines, bien que ça ne coûte
que quarante sousi
Vous n'aurez de public que le jour où
vous produirez des phénomènes : Mlle
Sarah Bernhardt, Mlle Bartet, Worms,
Got, et peut-être, parmi les gens de lettres,
ceux qui sont populaires et qu'on n'a
pas eu encore occasion d'entendre, Fou-
quier, par exemple, Coppéeou Richepirv.
Mais moi, qui diable voulez-vous qui se
dérange et allonge ses six francs pour
m'entendre, puisqu'on m'a entendu par-
tout ? Tenez ! je ne sais pas même si
Brunetière, qui est à coup sûr un des ora-
teurs les plus éloquents que je connaisse,
attirera la foule. Brunetière n'est pas dans
la catégorie des bêtes curieuses. Les gens
qu'il grouperait autour d'une table de
conférencier sont précisément de ceux
qui regretteront de n'avoir pas six francs
à mettre à ce plaisir.
J'ajoutai beaucoup de considérations
qu'il est inutile de reproduire, car c'est
un sujet dont je suis tout plein, l'ayant,
comme on dit à cette heure, vécu tant
d'années. Bodinier m'écoutait paisible-
ment.
— Enfin, me dit-il, vous consentez !
Le reste est mon affaire.
Les jours et les jours passèrent; je n'a-
vais plus entendu parler de rien; je
croyais que Bodinier avait renoncé à son
projet qui me paraissait absurde, et je
dormais sur mes deux oreilles, quand je
reçus au commencement de la semaine
un avertissement d'avoir à me tenir prêt
pour le samedi. J'eus un mouvement de
mauvaise humeur. Que voulez-vous? j'ai
tant de besognessur les bras, qu'une con-
férence de plus, et surtout un samedi où
il me faut écrire le feuilleton du Temps,
est une assez grosse affaire. Et puis la
perspective de parler devant une demi-
douzaine de gens du monde ne me ra-
gaillardissait que médiocrement. Hélas!
j'ai fait beaucoup de conférences en ma
vie devant douze ou quinze auditeurs ;
mais ces auditeurs étaient des amis, des
fidèles, avec qui je causais à cœur ouvert.
Là, qu'allais-je trouver? Quelques fem-
mes venues comme au spectacle, pu-
blic plus rêche et plus inamusable encore
qu'il n'était restreint.
- Delaunay, lui, était de service le pre-
mier mercredi. Mais pour Delaunay, il
n'y avait pas d'inquiétude à concevoir.
Delaunay est un comédien, et le public
apporte aux acteurs célèbres des trésors
de curiosité et d'indulgence. Et puis, il
était sûr d'avoir dans la salle tous ses
élèves, disposés à le soutenir de leur
sympathie et de leurs applaudissements.
Sans compter que Delaunay est précisé-
ment, avec l'élégance de son débit, la
grâce de sa personne, le charme de sa
voix, l'homme de ce public à six francs !
Mais, moi !. ah ! il n'y a pas à dire, j'é-
tais de méchante humeur et je maudis-
sais Bodinier.
—Enfin, me disais-je, c'est une corvée!
Je l'expédierai tant bien que mal, et
après on me laissera tranquille !
Comme j'étais en ces dispositions, le
hasard fit que, la veille, je rencontrai un
clubman que je connaissais un peu, pour
avoir causé plus d'une fois avec lui aux
mardis de la Comédie-Française et aux
premières représentations. Il ne croit
pouvoir faire autrement que de me par-
ler du plaisir qu'il aurait le lendemain
à m'entendre :
— Comment! lui dis-je, vous viendrez,
vous ! allons donc !
— Et pourquoi pas ?
Ma foi! l'écluse étant ouverte, je m'é-
panchai de mes appréhensions, de mes
ennuis. Jamais ça ne prendra, lui
dis-je.
— Mais c'est tout pris, me répondit-il.
Vous ne connaissez pas du tout le monde
auquel Bodinier s'adresse. Ce sont des
gens très riches en général, qui ne s'a-
musent pas toujours et qui ne s'a mu*
sent que par mode. Si la mode est d'aller
à trois heures chez Bodinier écouter ua
monsieur quelconque parlant de n'im-
porte quoi, le prix n'arrêtera personne.
J'ai pris un abonnement aux deux sé-
ries, parce qu'autour de moi, dans le
monde où je vis, d'autres en ont pris
déjà. Je ne dis pas que j'irai chaque
fois, ça dépendra un peu des conféren-
ciers; il ne faudra pas tout de même
qu'ils - nous ennuient trop pour com-
mencer ; mais ça dépendra surtout des
gens que je serai sûr d'y rencontrer. Nous
serons là par compagnie.
Il y a des femmes du monde. vous IX-.
voudrez pas me croire, cela est pourtant.
il y a des femmes du monde qui ne de-
manderaient pas mieux que d'aller à trois
heures, une heure assez souvent vide et
ennuyée, entendre causer de littérature
ou de théâtre, par un homme de goût
s'exprimant bien. Si elles ne vont pas au
boulevard des Capucines, c'est d'abord
qu'à l'heure choisie dans cette boîte, tou-
tes sont encore à table ; c'est aussi que la
salle est inconfortable et triste. Jamaisr
au grand jamais, vous n'aurez dans ces
conditions-là, au boulevard desCapucines,
une femme du monde qui s'amuse. Vous
ne pouvez avoir que de la petite bour-
geoisie.
- Paris se compose de beaucoup de mon*
des très dilIérents, qui vivent aussi sé..
parés les uns des autres que s'ils habi-
taient l'un rue Chaussée-d'Antin, l'autre
à Brest ou à Carcassonne. Chez nous, on
n'a jamais eu l'idée d'aller vous entendre
boulevard des Capucines. Je sais que
vous avez fait beaucoup de conférences ;
jamais je ne suis allé en écouter une.
J'irai samedi, un peu pour vous, si vous
voulez, beaucoup parce que ça sera -chic
d'aller au three o'clock du théâtre d'Ap-
plication.
Il va sans dire que je résume ainsi en
quelques lignes une assez longue conver-
sation. Tout cela me paraissait juste, cu..
rieux et nouveau.
— Je ne demande pas mieux ! lui dis-je
en lui serrant la main. Il y a si long-
temps que je travaille à implanter à
Paris le goût de la conférence ; il serait
plaisant que la chose réussît précisément
à l'heure où j'y comptais le moins !
Et le fait est que la conférence de Delau-
nay a obtenu un succès considérable. Le
fait est que j'ai eu beaucoup plus da
monde que je n'aurais cru. Nous avons,
Delaunay et moi, essuyé les plâtres. Aux
autres, maintenant, d'achever la beF
gne.
Francisque Sarcey.
^s^mÊSSssssssssss
M. BONTOUX REVIENT SUR L'EAU
Les cuivres de France après l'Union
générale. — Avis à tout le monde.
Le vrai peut quelquefois n'être pas vrai-
semblable.
M. Bontoux se remet aux affaires, et,
comme si les leçons du passé étaient
lettre morte pour lui, ignorant sans doute
la chute retentissante de l'Union générale
et l'effondrement non moins retentissant
de l'affaire des Métaux, il fonde la So.
ciété des cuivres de France.
Pourquoi Société des cuivres de France 7
Impossible de le savoir, car la Société a
pour but l'achat et le traitement des mine-
rais et matières métalliques de toute na-
ture ; la vente des produits résultant de
leur traitement; l'achat, la construction de
toutes usines, ateliers, etc.1
Et généralement de faire toutes les opéra-
tions relatives à cette industrie, et même
probablement toutes celles qui ne la con-
cernent pas.
La durée de la Société est de cinquante
ans; le capital, de 500 mille francs, divisé en
mille actions de 500 fr.
Il est, en outre, créé mille parts de fon-
dateurs, naturellement, donnant droit à
h5 0/0 dans les bénéfices et attribuées au
fondateur, en représentation de ses. ap-
ports.
Elle est administrée par MM. Eugène
Bontoux, ingénieur; d'Angelys, proprié-
taire ; le vicomte de Mayol de Luppé, et Plan-
tin Petrus, ancien avoué.
Cette jeune société fera sagement, croyons*
nous, de borner là son histoire et de œ
point faire parler d'elle.
L'ÉGÉRIE DE GUILLAUME Il
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
- Berlin, 16 mars.
Le bruit court que M. Hinzpeter, l'ancien pré-
cepteur de Guillaume II, va être revêtu de
fonctions supérieures ; il serait chargé d'ap-
pliquer le programme ouvrier dont il est
l'instigateur.
Ce qui confirme ce bruit, c'est le retrait de
la candidature que M. Hinzpeter se préparait
à poser dans la première circonscription dû
Berlin, où aura lieu, le 9"1 mai, une élection
complémentaire au Reichstag, par suite de
l'option du député progressiste élu, M. Trae-
ger, pour un siège de province où il a été
également élu en fevrier dernier.
- LA GARNISON DE PARIS
t
Voici les mesures définitivement arrêtées
concernant les mouvements de la garnison
de Paris à l'automne prochain :
Les 56, 2fce, 28e et 1196 régiments d'infan-
terie quitteront Paris le 1er octobre et se
ront remplacés par les 366, 396, 7h6 et l.
d'infanterie.
Les 101e, lOt 1036 et 1014e partiront la
1er septembre et seront relevés parles 115.
117e, 16 et 1306.
Les 153° et 16 régiments régionaux sei
ront - également remplacés en octobre paf,
les 15Ae et 155e.
L'ENTOURAGE £ ?.E L'IMPÉRATRICI
D'ALLEAGNB -1
(DE NOTRE CORRESPONDANT' PARTICULIER)
Berlin, J6 mars.
La comtesse Pauline Dhona, de i amours &
de l'impératrice d'Allemagne, a été victil"
d'un vol de brillants dont la valeur est .ti.'¡
nxcip à 250,000 francs.
C'est le plus important vol de brillants qui
se soit oroduit iusqu'à ce jour en Allemaguef
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7560176r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7560176r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7560176r/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7560176r/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7560176r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7560176r
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7560176r/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest