Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-03-05
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 05 mars 1890 05 mars 1890
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — Nd 6,6fiA CINO CôIltlUlGS - Paris et Départements - CltTO Cntitnes < MERCREDI 5 MARS 1890
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JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
rl48, Rue MontNMrtM
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DIBECTEUR POLITIQUE
fA.. ÉDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABONREIERT :
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Union Postale - 91.; - tel; - Di.
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A*- télégraphique : XIX- SIÈCLE — PAJUII
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PARIS -«'
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L.. abonnements partent dot 1" et 15 de chaque moit
AdnaM tuéuevmque : XIX. SIÈCLE - PARIS *
TRES PROCHAINEMENT
Le XIXe SIÈCLE
- Publiera un grand roman-feuilleton
Inédit, spécialement écrit pour ses
lecteurè.
L'intcrpcllatin. d' nier
La séance d'hier a été la première
séance véritablement politique de la
législature. Les partis se sont ren-
contrés et se sont expliqués sur leurs
programmes, sur leur conception de la
méthode de gouvernement, et nous
avons vu défiler à la tribune la plu-
part des hommes qui ont quelque au-
torité sur les diverses fractions de la
Chambre et qui représentent les di-
verses nuances de l'opinion publique.
L'impression que nous rapportons de
cette séance est très complexe et, par
bien des côtés, très satisfaisante. Du
discours de M. de Cassagnac et de
l'accueil que la Droite a. -fait aux pa-
roles de cet orateur il résulte, en effet,
que nous en avons fini avec la comé-
die des dispositions conciliantes de
l'opposition. La Droite reprend net-
tement son attitude irréconcilia-
ble. Elle ne s'est pas retranchée,
hier, dans une abstention équivoque.
Elle n'a pas affecté de croire que le
débat ne l'intéressait pas et que
c'était une affaire de famille entre
les républicains. Elle a fait une dé-
claration de guerre et elle a voté con-
tre le gouvernement. Nous nous en
félicitons, parce que nous n'avons ja-
mais cru à la sincérité des déclara-
tions conservatrices des candidats
réactionnaires, parce que nous n'a-
vons jamais cru à la sincérité du dé-
sir d'apaisement exprimé à diverses
reprises par certains députés, et que,
du moment où nous sommes en pré-
sence d'adversaires, nous aimons
mieux les voir à visage découvert que
masqués. -
Une autre impression satisfaisante
nous vient du discours de M. Ribot,
qui s'est nettement prononcé contre
la politique de conciliation avec la
Droite et qui a très franchement re-
connu la nécessité pour le parti répu-
blicain de s'unir dans toutes ses frac-
tions, afin de donner au pays les satis-
factions qu'il réclame, en réalisant
des réformes démocratiques.
Il résulte de la séance qu'il y a très
certainement, dans la Chambre nou-
velle, une majorité républicaine dési-
reuse de se mettre d'accord sur des
réformes pratiques, de faire aboutir
ces réformes, et non moins décidée à
ajourner l'examen des questions sur
lesquelles il paraît évident par avance
qu'il n'y a pas de majorité dans. la
Chambre, que les opinions sont en-
core divisées dans le pays, et autour
desquelles on ne pourrait créer qu'une
agitation aussi stérile que dange-
reuse.
L'élimination de ces questions rend
sans doute les programmes moins
brillants. Elle oblige la Chambre à
avoir des ambitions assez modestes.
Elle ouvre néanmoins devant elle un
programme de réformes pratiques
dont le nouveau ministre de l'inté-
rieur, M. Léon Bourgeois, a indiqué
quelques points, et qui a reçu de la
majorité républicaine tout entière un
accueil très favorable. Si cette série
de réformes pratiques était accomplie
durant la législature, on ne pourrait
pas dire que la Chambre n'a rien fait
ni qu'elle a négligé les intérêts de la
démocratie, car ce sont surtout les
classes ouvrières, les petits et les hum-
bles, comme l'a dit M. Bourgeois, qui
en recueilleraient le bénéfice.
De la séance - d'hier on peut encore
conclure que la majorité nouvelle a
mis à profit l'expérience du passé et
que, respectueuse de la volonté si clai-
rement exprimée par le corps électoral,
elle est unanime à désirer faire l'éco-
nomie de toutes les crises ministérielles
dont la nécessité n'est pas absolument
démontrée. Les radicaux ont fait sur
ce point des déclarations identiques à
celles des modérés, et l'on ne pourrait
que s'en féliciter si l'expression de ce
commun désir n'avait elle-même ré-
vélé certaines divergences de vues
entre diverses fractions de la majo-
rité , les unes demandant au gouver-
nement de se placer résolûment à la
tête du parti républicain pour mar-
cher en avant,les autres plus disposées
à, lui demander de prendre la direc-
tion du parti républicain pour prati-
quer une politique de résistance contre
des aspirations qu'elles considèrent
comme trop impatientes.
La majorité, qu'après le discours de
M. Ribot on pouvait croire très unie
pour la réalisation des réformes, a
laissé entrevoir, après la déclaration
de M. Cavaignac, l'indice de divisions
gui seraient funestes si elles venaient
à s'accentuer; car la Chambre se trou-
verait, comme sa devancière, divisée
en trois tronçons, et les mêmes causes
produiraient les mêmes déplorables
conséquences.
Une divergence de même nature s'est
indiquée entre les membres du cabi-
net. Tandis que M. Tirard et, après lui
et avec beaucoup plus d'énergie, M.
Bourgeois reconnaissaient que la place
du gouvernement était à la tête de la
majorité et que c'était lui qui, comme
le demandait M. Ribot, devait, par
son initiative et par son ardeur, en-
traîner le parti républicain dans la
voie des réformes, M. Thévenet, sur la
question spéciale de la loi sur la presse,
dégageait la responsabilité du gou-
vernement, se dérobait à une expli-
cation et laissait entendre que 1
Chambre ferait elle-même de cette
loi ce qu'elle voudrait.
Cette contradiction de la dernière
heure n'a pas été étrangère à la dé-
termination de la majorité républi-
caine. Elle n'a pas voulu renverser le
cabinet, et M. Tirard a obtenu le vote
de l'ordre du jour auquel le gouverne-
ment s'était rallié. Mais la majorité
n'est que de quarante-neuf voix, et il y
a eu environ cent cinquante absten-
tions. Ce vote ne donne pas au gouver-
nément l'autorité dont il aurait besoin
pour prendre à l'égard de la majorité
républicaine le rôle directeur qui lui
appartient, et, malgré les symptômes
satisfaisants que nous avons enre-
gistrés, le résultat de la journée est
fâcheux. La majorité s'est arrêtée à
des demi-mesures. Elle n'a pas indi-
qué avec précision son sentiment et
elle a affaibli le cabinet. Mieux valait
une solution franche, quelle qu'elle
fût.
Le XIXe SIïiCLE publiera demain la
» Vie de Paris » par Henry Fouquier.
ÉLECTION LÉGISLATIVE DE DIMANCHE
BASSES-PYRENEES
Arrondissement de Mauléon
Inscrits : 13,930. — Votants : 12,258
Suffrages exprimés.. 12.189
MM. Etchéverry, réact. inv. 6.213 ELU
Berdoly, répub.5.976
Lors des élections générales, M. Etché-
verry avait été élu au premier tour de scru-
tin par 6,85A voix contre 5,876 à M. Ber-
doly, conseiller général républicain.
Rappelons qu'une élection sénatoriale a
lieu dimanche prochain dans le même dé-
partement, en remplacement de M. Plantié,
républicain, décédé.
Le candidat républicain est M. Haulon,
député de la première circonscription de
Bayonne.
L'ESPION ITALIEN DE NICE
Qui est-il?
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 3 mars.
Les journaux de Rome, parlant de l'ar-
restation d'un espion italien à Nice, disent
qu'il y a seulement deux officiers du nom
de Della Croce dans l'armée italienne : l'un
est lieutenant-colonel d'artillerie, l'autre
médecin-major. Or, ni l'un ni l'autre n'ont
quitté l'Italie.
Mlle BEBEL ÉTUDIANTE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Zurich, 3 mars.
Le fameux député socialiste allemand Bebel
vient de faire inscrire sa fille comme élève à
la Faculté de philosophie de l'Université de
notre ville.
UNE GRÈVE GÉNÉHALE
Augmentations de salaires
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 3 mars.
On annonce, comme devant éclater vers
la fin de mars, une grève générale des mi-
neurs.
La Fédération des mineurs a résolu de
demander une augmentation de salaire de
10 0/0 et déclare que le concours de tous
les mineurs anglais lui est acquis.
D'après les adhésions des centres ou-
vriers déjà parvenues à la Fédération,
300,000 ouvriers seront en grève le 15 mars.
Une réunion générale de tous les patrons
charbonniers de l'Angleterre aura lieu
après-demain à l'hôtel Métropole.
UN JUIF DÉCORÉ PAR LÉON XIII
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 3 mars.
Le pape vient de conférer l'ordre Pro Eccle-
sia et pontifier au baron Brentano, archiviste à
la cour d'Autriche; au professeur Vocasek, de
Kœniggraetz, et à M. Théodore English, inspec-
teur général des chemins de fer autrichiens.
Le baron Brentano est juif.
UNE DÉCLARA I ION DE GUILLAUME Il
Les limites de l'intervention de l'Etat
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 3 mars.
A la clôture des travaux du conseil d'Etat
prussien, l'empereur Guillaume, en remer-
ciant les membres de cette assemblée, a
dit :
« Combattez publiquement l'idée que nous
nous soyons réunis pour trouver la pana-
cée de tous les abus et de toutes les souf-
frances sociales. Nous nous efforçons seu-
lement de trouver les moyens d'effectuer
des améliorations, et de déterminer jus-
qu'où la protection des travailleurs peut et
doit aller. »
LES GALÉRIENS ITALIENS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 3 mars.
Il reste 8,000 galériens dans le cas. d'être mis
en liberté, en exécution du nouveau code pé-
nal. La cour de cassation est appelée à déci-
der de leur sort. Pour résister à cette invasion
quelque peu dangereuse, il faudra une loi.
CHRONIQUE
Voici un procès vraiment « fin de siè-
cle ». Il n'en peut guère être de plus ty-
pique. C'est en Amérique, iL est vrai,
pays où l'excentricité fleurit sous toutes
ses formes, qu'il est en instance ; mais il
aurait bien pu être engagé ailleurs, car
le courant d'idées qu'il trahit n'est pas
essentiellement « yankee ». Il atteste
vraiment la fin du vieux monde.
Vous vous souvenez de cette curieuse
scène de l'Immortel, de M. Alphonse
Daudet: Le vieil Astier-Réhu,stupéfait des
procédés de struggleforlifeur de son fils,
lui octroie tout à coup sa malédiction,
d'un geste furieux. Mais Paul Astier ne
s'émeut pas pour si peu. « Oh! dit-il,
maudire, bénir, c'est des affaires qui ne
se font plus dans les familles! »
Un certain docteur Russel vient de s'a-
viser qu'il en était de même pour ce châ-
timent, jadis si redoutable, de l'Eglise,
— l'excommunication. Il a trouvé que
cette peine terrible, c'était aussi une
chose « qui ne se faisait plus M.
Je ne sais pour quelle raison, et cela
importe assez peu, car l'intérêt n'est pas
là, un évêque avait cru devoir lancer
contre M. Russel ces foudres canoniques
et fulminer l'anathème contre lui, argu-
ment suprême dans quelque discussion.
Il imaginait sans doute que M. Russel
allait demeurer écrasé, confondu, atterré.
Songez que l'Eglise n'a rien de plus for-
midable à sa disposition, que ce mot seul
fait trembler les fidèles, et que, dans le
mouvement qui a établi l'unification de
l'Italie, il a décontenancé sérieusement
des hommes politiques qui avaient mani-
festé une singulière. indépendance d'es-
prit.
- Mais M. Russel n'a pas l'air d'un mon-
sieur qui s'attarde à faire du sentiment.
Il a considéré cette pénalité mystique
comme une mauvaise plaisanterie, il l'a
assimilée à une dénonciation calomnieuse
de nature à lui nuire dans ses affaires, et,
avec tranquillité, il a assigné l'évêque de-
vant les tribunaux, en lui réclamant
d'assez coquets dommages-intérêts.
Les juges auront peut-être été assez
étonnés d'avoir à statuer sur cette cause
extraordinaire, selon toutes les règles de
la procédure. Mais on imagine aisément
la stupeur de l'évêque, en se voyant assi-
gné comme le premier venu, en consta-
tant l'effet inattendu de ses menaces spi-
rituelles, traitées tout simplement de
diffamation. Les temps nouveaux sont
proches ! L'Eglise fera bien, décidément,
d'user avec plus de modération de ses
sanctions, si elle veut qu'elles conservent
quelque prestige. -
On peut attendre avec quelque curio-
sité le résultat du procès. Quel pendant,
violemment moderne, à donner au ta-
bleau célèbre de Jean-Paul Laurens !
D'un côté, l'excommunié des âges de foi
subissant avec épouvante la peine la
plus cruelle, abandonné de tous, inspi-
rant l'horreur, n'osant même plus atten-
dre des secours du ciel; de l'autre, un
avocat retors, passant, d'un geste élé-
gant, sa main soignée dans ses favoris,
tandis qu'il plaide devant un tribunal
au nom d'un bon Américain très positif,
lequel escompte d'avance le nombre de
dollars qu'il obtiendra de la justice, à
titre de réparation des paroles sacrées pro-
noncées par l'évêque. Ce serait là un
sujet de tableau tout à fait instructif en
ce qui concerne l'esprit pratique de notre
temps.
En attendant, le docteur Russe], sans
avoir rien modifié à son existence, vaque
à ses occupations, fait ses trois repas par
jour et dort avec sérénité. Cette aventure
prouve qu'il est toujours dangereux
d'employer, avec un solennel fracas, des
armes qui n'ont pas une efficacité cer-
taine. Que l'évêque soit ou non con-
damné, il ne se tirera pas indemne du
cas délicat dans lequel il s'est mis et où
il n'a pas laissé de compromettre son
autorité morale : il suffit qu'il ait provo-
qué cette ironique réponse au déchaîne-
ment de sa religieuse colère.
Il faut être de son époque. Bien qu'un
dictionnaire de droit canonique, d'é-
dition récente, que j'ai sous les yeux, af-
firme gravement que l'excommunié ne
peut plus frayer avec personne que dans
des circonstances déterminées, il ne s'en
porte pas plus mal aujourd'hui, et, dès
lors, une peine qui produit dans la réa-
lité si peu d'effet frise le ridicule. L'E-
glise devrait, dans son intérêt même, ne
pas recourir à un vieil arsenal de pénali-
tés pour ainsi dire romanesques, puis-
qu'elle n'a aucun moyen de les faire exé-
cuter, et se montrer plus tolérante, puis-
qu'elle est bien obligée de l'être. C'est la
moralité qui ressort de cette singulière
histoire, qui a eu un dénouement si vé-
ritablement bouffon, au détriment de
l'évêque un peu attardé, dont les fou-
dres ont raté comme un pistolet de théâ-
tre.
Elle n'était pas sans une sombre poé-
sie, cette malédiction formidable qui re-
tranchait un être du nombre des vivants,
qui l'abîmait sous son poids. Mais on ne
ressuscite pas le passé.
J'ai vu de près, pourtant, un jour, un
excommunié tragiquei Mais c'était un
fou. Vit-il toujours, si cela est vivre, dans
cet asile d'aliénés dont j'emportai une
poignante impression, accompagnant un
médecin qui faisait sa visite, blasé sur
les troublants spectacles de cet enfer, et
qui, cependant, s'arrêtait encore avec
curiosité devant ce malheureux, en
constatant l'incurable bouleversement
de son cerveau, hanté par la folie reli-
gieuse? C'était un ancien prêtre qui
n'avait pas été un saint, mais sans être
responsable déjà, sans doute, de ses ex-
travagances, et qu'on avait du interner à
la fin. Il me semble apercevoir encore ce
visago étrange, cruellement ravagé,
éclairé par des yeux d'une inquiétante
mobilité. -
Il s'imaginait avoir été frappé du plus
grand châtiment de l'Eglise pour avoir,
avait-il dit, célébré la messe en mettant
à l'envers les ornements sacrés. Cette
chimère le poursuivait, et, par un inex-
plicable travail de son esprit en délire, il
déclarait accepter la peine, en observer
les rigueurs scrupuleusement, sans, tou-
tefois, en être fort affecté. Le docteur
avait grand'peine à l'interroger ; il se dé-
robait, en répondant, par signes, qu'il
n'avait pas le droit de communiquer avec
lui. Il se tenait toujours à l'écart, ne con-
sentant à manger que si on lui servait
dans un coin sa nourriture, contenue
dans une vieille gamelle. Alors, on l'en-
tendait murmurer, avec une sorte de
rire, ces mots qui revenaient sans cesse :
« J'obéis, j'obéis, mais ça m'est bien égal,
bien égal. » Oh ! ces phrases de fous f Il
semble que leurs paroles aient un son
particulier, quelque chose de fêlé, un ac-
cent qui les rend inoubliables, dans ce
qu'elles ont de mystérieux. Il se penchait,
pour boire, sur le ruisseau de la cour, ne
cachait pas sa répulsion, mais paraissait
bientôt triompher de son dégoût, en re-
prenant son éternel refrain : « Ça m'est
bien égal. bien égal ! »
Que se passait-il dans cette pauvre tête
de fou, par quels étonnants raisonne-
ments dans 1 absurde acceptait-il, avec
je ne sais quel dédain hautain, avec un
orgueil farouche, les épreuves qu'il s'im-
posait? Quels souvenirs d'anciennes su-
perstitions domptaient ses révoltes?
Il était lamentable, ce dément! Mais
c'était un excommunié — imaginaire. Le
docteur Russel, qui a toute sa raison, a
pris beaucoup plus philosophiquement
les choses. Non seulement « ça lui est
égal", mais il prend gaillardement sa
revanche contre des rigueurs qui glissent
sur son âme endurcie. Une physionomie
diablement moderne, que celle de ce doc-
teur qui répond à des malédictions sa-
crées par du papier timbré! -
Paul Ginisty.
MORT D'IHI JOURNALISTE
M. Arnous-Rivière.
Nous apprenons la mort d'un journaliste
aussi connu à Paris qu'en province, M. Ar-
nous-Rivière, qui a succombé subitement,
hier matin, à une maladie de cœur dont il
souffrait depuis longtemps. - -
Fils du baron Arnotis de Rivière, ancien
conseiller général de la Loire-Inférieure,
décédé il y a trois ou quatre ans, Arnous-
Rivière était né à Nantes en 1832.
Sa vie fut des plus agitées. Nous rappel-
lerons seulement qu'il avait été sous-lieu-
.tenant aux dragons de l'impératrice. Démis-
sionnaire, il s'engagea pendant la guerre
franco-allemande et fut décoré pour sa
conduite
Il avait collaboré à divers journaux de
Paris et à un grand nombre de journaux
de province. Lors des événements qui pré-
cédèrent l'établissement du protectorat
français en Tunisie, il avait été envoyé à
Tunis comme correspondant par le Journal
des Débats.
Arnous-Rivière a écrit un roman, La mé-
prise du cœur, un épisode du roman de sa
vie, écrit dans un style clair et simple. Il en
avait tiré une pièce qui réussit peu.
Arnous-Rivière, qui avait posséd é une
assez grosse fortune, meurt pauvre, lais-
sant une veuve et deux enfants.
Ceux qui l'ont connu n'oublieront pas
qu'Arnous fut un garçon très brave et très
bon, qui eut le tort d'être trop bohème à
une époque où la bohème n'est plus excu-
sée.
LA CONFÉRENCE DU TRAVAIL A BERLIN
L'avortement prévu. — La faute
du comte de Bismarck.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 3 mars.
On dit que l'empereur Guillaume est très
découragé, à raison des restrictions que
divers gouvernements ont apportées au
programme de la conférence. Il ne se fait
plus d'illusions sur l'avortement de celle-ci
et aurait reproché au comte Herbert de Bis-
marck, fils du chancelier, secrétaire d'Etat
pour les affaires étrangères, de n'avoir pas
apporté tout le zèle désirable dans les né-
gociations entamées, particulièrement avec
l'Angleterre.
Les délégués belges
Bruxelles, 3 mars.
Le gouvernement belge vient de choisir
les délégués qui le représenteront à la con-
férence internationale du travail de Berlin.
Ce sont M. le baron Greindl, ministre de
Belgique à Berlin, et M. Victor Jacobs, mi-
nistre d'Etat, membre de la Chambre des
représentants.
M. Beernaert, chef du cabinet, a fait part,
samedi soir, de ces nominations au comte
d'Alveasleben, ministre d'Allemagne à
Bruxelles.
Un troisième délégué, dont le choix n'est
pas encore arrêté, leur sera probablement
adjoint.
LES SCANDALES DU WEST-ZND
A LA CHAMBRE DES LORDS
Déclaration de lord Salisbury
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, 3 mars.
Lord Salisbury, mis en cause dans la der-
nière Chambre des communes, parle député
Labouchère, à propos des scandales de Cle-
veland-Street, a fait aujourd'hui une décla-
ration à ce sujet à la Chambre des lords,
dont il fait partie.
Il a raconté qu'il avait, en effet, parlé à
un M. Probyn, ami de lord Arthur Somer-
set, des charges qui pesaient sur ce dernier
à cet égard ; mais il nie lui avoir dit qu'on
allait lancer le lendemain contre ce dernier
un mandat d'arrêt; il affirme avoir ignoré,
à ce moment-là, que son arrestation fût
décidée-
Aucun membre de la Chambre des lords
n'ayant interpellé lord Salisbury au sujet
de sa déclaration, l'incident a été clos.
LA POLITIQUE
RÉPUBLICAINE
L'INTERPELLATION D'HIER
Les questions de M. Dreyfus. — Les
deux réponses du gouvernement.
Le président du conseil et le mi-
nistre de l'intérieur. — M. Ri-
bot et M. Clémenceau. — La
liberté de la presse. —
L'ordre du jour Bar-
thou. - Le maintien
du ministère.
L'interpellation annoncée s'est produite
hier et la Chambre l'a discutée séance te-
nante. Le débat a été long — il a duré près
de quatre heures, — touffu, complexe,
mais fort intéressant en somme, au moins
en certaines de ses parties. Les leaders des
divers groupes politiques y ont, en effet,
trouvé l'occasion d'exprimer le sentiment
et les opinions des partis au nom desquels
ils parlaient.
C'est, comme on sait, M. Camille Dreyfus
qui a amorcé cette discussion, — la pre-
mière grande discussion politique qu'ait
vue la Chambre nouvelle. La demande d'in-
terpellation de l'honorable député de la
Seine visait la « politique générale du ca-
binet, et, en particulier, les causes qui ont
amené la retraite de M. le ministre de
l'intérieur. »
M. Dreyfus a brièvement posé la ques-
tion.
— La démission de M. Constans, a-t-il dit
en substance, nécessite des explications.
Elle rie saurait avoir pour cause essentiel-
le des dissentiments personnels. Les rai-
sons de cette retraite ne sauraient manquer
d'être afférentes à la politique générale du
cabinet. Il est donc indispensable, mainte-
nant plus que jamais, que le gouvernement
nous fasse connaître quelle orientation il
entend donner à cette politique, qu'il nous
dise s'il se propose de gouverner avec une
fraction seulement de la majorité et en s'ap-
puyant sur la Droite,ou bien d'aller à gau-
che avec la majorité tout entière. Dans cette
seconde hypothèse, il lui faudrait marcher
résolument dans la voie des réformes, des
réformes ficales surtout, et, à cet égard, le
budget récemment déposé nous a vivement
déçus.
M. Dreyfus a, en outre, fait une allusion
à la participation, — qu'il a blâmée, — de
la France à la conférence de Berlin. Mais
on a généralement estimé que ce point eût
dû être réservé, étant étranger au débat
actuel. Cette affaire de la conférence de
Berlin sera d'ailleurs l'objet d'une autre
interpellation, et disons tout de suite, à ce
propos, que cette interpellation, dont l'au-
teur est M. Laur, sera discutée jeudi pro-
chain, et non pas aujourd'hui meme,
ainsi qu'on l'avait décidé tout d'abord.
M. Tirard à la tribune
M. le président du conseil est venu ré-
pondre aussitôt. Il s'est borné, en ce qui
concerne le départ de M. Constans, aux
quelques mots que voici :
Je suis obligé de déclarer, et c'est la vérité
absolue, qu'il n'est apparu ni à moi ni à mes
collègues que nous fussions séparés du minis-
tre de l'intérieur par aucun dissentiment po-
litique.
Il est exact qu'à la suite d'un échange d'ob-
servations entre le ministre de l'intérieur et
celui qui est à cette tribune, le ministre de
l'intérieur a donné sa démission. Je l'ai re-
gretté profondément. (Bruit sur divers bancs.
— Rires ironiques à l'extrême gauche.)
Mais je tiens à déclarer, puisqu'on m'y for-
ce, que je conteste absolument le récit de la
scène on plutôt des quelques observations qui
ont été échangées entre M. le ministre de
l'intérieur et celui qui vous parle.
Cette inexactitude tient peut-être à ce que
j'ai toujours observé une discrétion et une ré-
serve absolues sur tout ce qui se passe dans le
sein du conseil des ministres Mais je déclare
que le récit qui en a été fait est absolument
inexact.
M. Tirard a passe ensuite aux explica-
tions demandées sur la politique du cabi-
net :
« Dans deux déclarations successives,
a-t-il dit, nous avons affirmé devant le
Parlement la volonté du gouvernement
d'être le lien entre les diverses fractions de
la majorité républicaine et de réaliser, avec
son concours, les desiderata exprimés par
le suffrage universel lors de sa récente con-
sultation. C'est la politique que nous
avons suivie et que nous suivrons encore si
vous nous continuez votre confiance.
M On nous a reproché de ne pas entrer
suffisamment dans la voie des réformes.
Notre projet de budget est pourtant très
réformateur, puisqu'il propose, entre au-
tres améliorations fort importantes, la sup-
pression du budget extraordinaire. La
Chambre sera d'ailleurs bientôt en mesure
d'étudier beaucoup d'autres lois utiles et
pratiques,- cela dans peu de temps, quand
sera terminée la phase d'études prépara-
toires qui est inévitable au début de toute
législature nouvelle.
» Les réformes que nous poursuivrons
sont celles su lesquellesla majorité républi-
caine tout entière peut se mettre d'accord.
Nous avons écarté les autres comme stériles
et dangereuses. Le grand débat économi-
que sur nos tarifs de douanes viendra en-
suite, quand aura pris fin l'importante
enquête généra e qui se poursuit actuel-
lement. Nous le perdons pas non plus de
vue ce qui peut améliorer la situation des
classes laborieuses. »
Tout ce discours était un peu vague et la
Chambre en a montré quelque dépit. La
phrase que voici a été, en outre, assez mal
interprétée, comme le prouvent le « mou-
vements divers , que mentionne le compte
rendu :
M. le ministre de l'intérieur vous fera con-
naître tout à l'heure l'orientation qu'il entend
imprimer à son administration, mais j'ai le
droit de dire qu'elle ne constituera pas une
innovation. Si nous avons accepté les indica-
tions qu'ils nous a données, c'est qu'elles
constituaient depuis longtemps notre pro-
gramme. (Mouvements divers.)
M. Tirard a conclu en posant nettement
la question de confiance. L'impression gé-
nérale était assez indécise quand il est des-
cendu de la tribune.
M. Barthou
Nous glisserons rapidement sur l'orateur
qui l'y a remplacé, M. Barthou, député ré-
publicain des Basses-Pyrénées. Non que ce
nouveau, qui est un des plus jeunes mem-
bres de l'Assemblée, manque de talent : il
a fait montre au contraire, dans cette redou-
table épreuve d'un premier début à la tri-
bune, d'une facilité de parole et d'une élé-
gance de langage qui ne sont pas commu-
nes.
Seulement, M. Barthou n'a pas dissipé les
brumes qui voilaient toute cette première
partie de la discussion. Il a surtout tenu à
dire qu'il regrettait de ne point voir la
gouvernement donner à la majorité nou-
velle la direction qu'elle attendait de lui.
afin de faciliter à * cette majorité l'accom^
plissement d'un mandat qui se résume en
ces deux mots : union et réformes.
M. Barthou a demandé, en outre, au mi.
nistère d'affirmer avec la plus entière net-
teté qu'il ne compte s'appuyer que sur la
majorité républicaine, qu'il répudie toute
idée d'alliance avec une opposition qui n'a
pas désarmé,et qu'il veut le maintien de tou-
tes les conquêtes réalisées par le parti dé-
mocratique.
Le nouveau ministre de l'intérieur
C'est à ces diverses interrogations de M.
Barthou que M. Léon Bourgeois, le minis-
tre d'hier, s'est surtout préoccupé de ré-
pondre. Il l'a fait dans un discours dont la
plus grande partie de la majorité a appré-
cié et applaudi la netteté et la décision.
— Le gouvernement, a-t-il dit, a le d.
voir de dégager la majorité de la Chambre
actuelle.
Et c'est à établir le terrain sur lequel
cette majorité peut se faire que s'est appli-
qué M. Bourgeois dans les paroles qua
voici :
M. le ministre de l'intérieur. — Les dé-
putés républi ains ont reçu des mandats di-
vers; il y a entre eux des nuances, mais il y
a aussi des points communs. Et c'est sur ces
points communs que peut, que doit se consti-
tuer une majorité.
Voici le premier de ces points communs :
Les députés républicains ont reçu le man-
dat de défendre non seulement nos institu-
tions, mais l'ensemble des réformes démocra-
tiques déjà conquises par la République, de ne
pas laisser s'affaiblir dans leurs mains les lois
récemment votées: la loi scolaire, la loi mili-
taire. (Applaudissements à gauche.)
Us ont reçu un autre mandat, celui da
donner au gouvernement plus de force et Jo
stabilité, d'éviter les crises qui l'affaiblissent
au dedans et au dehors. Pour que ces crises
fussent plus rares, que fallait-il? Il fallait qua
les plus avancés des républicains, sans renon-
cer à leurs espérances, consentissent à ajour-
ner lus réformes pour lesquelles il n'existait'
pas encore de majorité, mais à la condition:
qu'en échange de leur sacritice on marchât
résolûment dans la voie des réformes poize
lesquelles il y a une majorité.
Je dis plus : ils avaient le droit de deman-"
der au gouvernement de se mettre à la tête
de ce mouvement, de provoquer ces réformes.
(Très bien ! très bienli
Voilà la signification qui se dégage des élec-
tions. Voilà les points qui doivent .êtt'e ie
lien de la majorité qu'il s'agit, de dégager.
(Très bien ! très bien 1)
Je sais bien qu'on a affirmé que les élections
générales avaient par-dessus tout pour signi-
fication le désir de l'apaisement. L'apaisement,
c'est un mot qu'on a souvent mis en avant
Oui, l'apaisement est désirable.
Mais est-ce donc de nous que dépeud l'apai-
sement ? -
Voix à droite. — Oui!
M. le ministre de l'intérieur. - Il me suf-
fit de rappeler les faits. A côté de conversa-
tions de couloirs, d'articles de journaux dans
lesquels on annonçait qu'on allait cesser una
attitude inconstitutionnelle, révolutionnaira
(Bruit à droite); à côté de ces déclarations
dont nous ne suspectons pas la sincérité, il y
a eu des actes, et nous avons le souvenir de
récentes élections partielles où nous avons eu
le spectacle des mêmes alliances, des mêmes
coalitions contre la République elle-même.'
servies par les mêmes outrages et les mêmes
calomnies.
Faut-il vous citer un exemple récent? S'il est
un point sur lequel l'apaisement est à l'ordre
du jour, c'est la question religieuse. Or, il y a
quelques semaines, un des chefs les plus au
torisés de la Droite n'a-t-ii pas soutenu à caita,
tribune que le prêtre pouvait montrer une at-'
titude hostile aux institutions mêmes qui nous
régissent? (Très bien! très bien! à gauche. —
Interruptions à droite.)
M. Freppel. — Je n'ai pas dit cela, vous
argumentez à côté, comme M. Ribot.
M. le ministre de l'intérieur. — Je sais
heureux que vous fassiez ce rapprochement;
c'est la preuve que dans ces sortes de ques-
tions les plus modérés se regardeat comme
obligés de venir à la tribune riposter à. cer-
taines attaques, et défendre la suprématie de
l'Etat contre les tentatives des partis hostiles.
(Très bien ! très bien ! à gauche.)
Je dis qu'il est nécessaire, quand on exa-
mine la question d'apaisement, de distinguer
entre la masse des électeurs qui ne sont pas
encore venus à la République, mais qui n'ent
seraient pas éloignés, et les partis qui les di-
rigent. Les partis, eux, n'ont pas desarmé ;
nous ne pouvons pas désarmer contre eux?
(Très bien-! très bien I)
— Le précédent ministre de l'intérieur, sl
ajouté M. Bourgeois, a énergiquement dé-*
fendu les institutions républicaines. J'en-
tends continuer cette tâche. Je défendrai
mes fonctionnaires, mais j'exigerai d'eux:
aussi un attachement, non seulement exté-
rieur, mais loyal et sincère à nos institua
tiens républicaines.
Et après avoir énuméré les principales ré4(
formes qu'il compte proposer aux Cham-
bres, dans le domaine de son département
particulier de l'intérieur, M. Bourgeois a
proclamé la volonté du gouvernement da
se placer au milieu de l'armée républi-
caine, à égale distance des deux ailes et
sans exclure personne, pour marcher en1*
avant dans la voie des réformes. »
Le succès du ministre de l'intérieur a étaj
très vif : après son discours, on a compri
que l'issue de la journée n'était plus guèret
douteuse et l'existence du cabinet a cess
de sembler compromise. «
M. - Paul -- de Cassagnac >
Le député du Gers a parlé longuement
tâchant de se montrer ironique plutôt que
violent, et battant les buissons à son ordi":
naire. -,
C'est à essayer d'établir que le nouveau?
ministre de l'intérieur venait de s'affirmeci
comme le véritable chef du cabinet, qu'il af
consacré le principal de son effort : M. let
président du conseil, a-t-il dit, n'a décid,
ment pas de chance avec ses ministres de
l'intérieur : ce sont eux qui sont les vrais
chefs du cabinet, qu'il ne préside que no.
minalement. »
M. de Cassagnac a donc affecté- de ne ré*
pondre qu'au seul M. Bourgeois. Il a, de ce
chef, longuement déclamé, essayant de me-".
nacer la majorité des retours offensifs dut
boulangisme. Il a aussi protesté contre lq
prétendue persécution religieuse. Mais
nous 'n'insisterons pas sur ces vieilles ren
gaines.
La seule déclaration de M. de Cassagnaaf
qui mérite d'être retenue est celle qUEf
nous résumerons ainsi : « Vous nous avezk
invalidés en masse, vous continuez d'op-1
primer nos consciences. Donc, entre vousf
et nous, il ne saurait plus être questionj
d'une entente, à laquelle certains des nôtres^
avaient pensé. Si vous aviez été tolérants
et modérés, il n'y aurait plus aujourd'hui
d'opposition à la République. Cette opposi-;
tion, c'est vous qui l'avez reformée. Elle ira
sans cesse grandissant dans le pays, sur-
l
¡
:1
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
rl48, Rue MontNMrtM
PANB
DIBECTEUR POLITIQUE
fA.. ÉDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABONREIERT :
Parti. TTMBM, 6L; SiaÉ, Ht; Itay 301
Départements - 7L; - 121; - 24 L
Union Postale - 91.; - tel; - Di.
&« abo-wn"to poMM dee la et 15 de olaGqae moi*
A*- télégraphique : XIX- SIÈCLE — PAJUII
ADMINISTRATION J
I4S, Rue à £ oxrtmartr<$
PARIS -«'
etoissEURS D'US «ONCES
MM. LAGRANGE, CER!I M C*
! ..,.,.
PRIX DE L'ABONN£RElff :
Tr»»»*, 6L; iii. lit., lia, Ml»
Départements - 7L; - 12 f.; - 241
Uaion Postale — 91.; - 16 f.; - Ut
L.. abonnements partent dot 1" et 15 de chaque moit
AdnaM tuéuevmque : XIX. SIÈCLE - PARIS *
TRES PROCHAINEMENT
Le XIXe SIÈCLE
- Publiera un grand roman-feuilleton
Inédit, spécialement écrit pour ses
lecteurè.
L'intcrpcllatin. d' nier
La séance d'hier a été la première
séance véritablement politique de la
législature. Les partis se sont ren-
contrés et se sont expliqués sur leurs
programmes, sur leur conception de la
méthode de gouvernement, et nous
avons vu défiler à la tribune la plu-
part des hommes qui ont quelque au-
torité sur les diverses fractions de la
Chambre et qui représentent les di-
verses nuances de l'opinion publique.
L'impression que nous rapportons de
cette séance est très complexe et, par
bien des côtés, très satisfaisante. Du
discours de M. de Cassagnac et de
l'accueil que la Droite a. -fait aux pa-
roles de cet orateur il résulte, en effet,
que nous en avons fini avec la comé-
die des dispositions conciliantes de
l'opposition. La Droite reprend net-
tement son attitude irréconcilia-
ble. Elle ne s'est pas retranchée,
hier, dans une abstention équivoque.
Elle n'a pas affecté de croire que le
débat ne l'intéressait pas et que
c'était une affaire de famille entre
les républicains. Elle a fait une dé-
claration de guerre et elle a voté con-
tre le gouvernement. Nous nous en
félicitons, parce que nous n'avons ja-
mais cru à la sincérité des déclara-
tions conservatrices des candidats
réactionnaires, parce que nous n'a-
vons jamais cru à la sincérité du dé-
sir d'apaisement exprimé à diverses
reprises par certains députés, et que,
du moment où nous sommes en pré-
sence d'adversaires, nous aimons
mieux les voir à visage découvert que
masqués. -
Une autre impression satisfaisante
nous vient du discours de M. Ribot,
qui s'est nettement prononcé contre
la politique de conciliation avec la
Droite et qui a très franchement re-
connu la nécessité pour le parti répu-
blicain de s'unir dans toutes ses frac-
tions, afin de donner au pays les satis-
factions qu'il réclame, en réalisant
des réformes démocratiques.
Il résulte de la séance qu'il y a très
certainement, dans la Chambre nou-
velle, une majorité républicaine dési-
reuse de se mettre d'accord sur des
réformes pratiques, de faire aboutir
ces réformes, et non moins décidée à
ajourner l'examen des questions sur
lesquelles il paraît évident par avance
qu'il n'y a pas de majorité dans. la
Chambre, que les opinions sont en-
core divisées dans le pays, et autour
desquelles on ne pourrait créer qu'une
agitation aussi stérile que dange-
reuse.
L'élimination de ces questions rend
sans doute les programmes moins
brillants. Elle oblige la Chambre à
avoir des ambitions assez modestes.
Elle ouvre néanmoins devant elle un
programme de réformes pratiques
dont le nouveau ministre de l'inté-
rieur, M. Léon Bourgeois, a indiqué
quelques points, et qui a reçu de la
majorité républicaine tout entière un
accueil très favorable. Si cette série
de réformes pratiques était accomplie
durant la législature, on ne pourrait
pas dire que la Chambre n'a rien fait
ni qu'elle a négligé les intérêts de la
démocratie, car ce sont surtout les
classes ouvrières, les petits et les hum-
bles, comme l'a dit M. Bourgeois, qui
en recueilleraient le bénéfice.
De la séance - d'hier on peut encore
conclure que la majorité nouvelle a
mis à profit l'expérience du passé et
que, respectueuse de la volonté si clai-
rement exprimée par le corps électoral,
elle est unanime à désirer faire l'éco-
nomie de toutes les crises ministérielles
dont la nécessité n'est pas absolument
démontrée. Les radicaux ont fait sur
ce point des déclarations identiques à
celles des modérés, et l'on ne pourrait
que s'en féliciter si l'expression de ce
commun désir n'avait elle-même ré-
vélé certaines divergences de vues
entre diverses fractions de la majo-
rité , les unes demandant au gouver-
nement de se placer résolûment à la
tête du parti républicain pour mar-
cher en avant,les autres plus disposées
à, lui demander de prendre la direc-
tion du parti républicain pour prati-
quer une politique de résistance contre
des aspirations qu'elles considèrent
comme trop impatientes.
La majorité, qu'après le discours de
M. Ribot on pouvait croire très unie
pour la réalisation des réformes, a
laissé entrevoir, après la déclaration
de M. Cavaignac, l'indice de divisions
gui seraient funestes si elles venaient
à s'accentuer; car la Chambre se trou-
verait, comme sa devancière, divisée
en trois tronçons, et les mêmes causes
produiraient les mêmes déplorables
conséquences.
Une divergence de même nature s'est
indiquée entre les membres du cabi-
net. Tandis que M. Tirard et, après lui
et avec beaucoup plus d'énergie, M.
Bourgeois reconnaissaient que la place
du gouvernement était à la tête de la
majorité et que c'était lui qui, comme
le demandait M. Ribot, devait, par
son initiative et par son ardeur, en-
traîner le parti républicain dans la
voie des réformes, M. Thévenet, sur la
question spéciale de la loi sur la presse,
dégageait la responsabilité du gou-
vernement, se dérobait à une expli-
cation et laissait entendre que 1
Chambre ferait elle-même de cette
loi ce qu'elle voudrait.
Cette contradiction de la dernière
heure n'a pas été étrangère à la dé-
termination de la majorité républi-
caine. Elle n'a pas voulu renverser le
cabinet, et M. Tirard a obtenu le vote
de l'ordre du jour auquel le gouverne-
ment s'était rallié. Mais la majorité
n'est que de quarante-neuf voix, et il y
a eu environ cent cinquante absten-
tions. Ce vote ne donne pas au gouver-
nément l'autorité dont il aurait besoin
pour prendre à l'égard de la majorité
républicaine le rôle directeur qui lui
appartient, et, malgré les symptômes
satisfaisants que nous avons enre-
gistrés, le résultat de la journée est
fâcheux. La majorité s'est arrêtée à
des demi-mesures. Elle n'a pas indi-
qué avec précision son sentiment et
elle a affaibli le cabinet. Mieux valait
une solution franche, quelle qu'elle
fût.
Le XIXe SIïiCLE publiera demain la
» Vie de Paris » par Henry Fouquier.
ÉLECTION LÉGISLATIVE DE DIMANCHE
BASSES-PYRENEES
Arrondissement de Mauléon
Inscrits : 13,930. — Votants : 12,258
Suffrages exprimés.. 12.189
MM. Etchéverry, réact. inv. 6.213 ELU
Berdoly, répub.5.976
Lors des élections générales, M. Etché-
verry avait été élu au premier tour de scru-
tin par 6,85A voix contre 5,876 à M. Ber-
doly, conseiller général républicain.
Rappelons qu'une élection sénatoriale a
lieu dimanche prochain dans le même dé-
partement, en remplacement de M. Plantié,
républicain, décédé.
Le candidat républicain est M. Haulon,
député de la première circonscription de
Bayonne.
L'ESPION ITALIEN DE NICE
Qui est-il?
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 3 mars.
Les journaux de Rome, parlant de l'ar-
restation d'un espion italien à Nice, disent
qu'il y a seulement deux officiers du nom
de Della Croce dans l'armée italienne : l'un
est lieutenant-colonel d'artillerie, l'autre
médecin-major. Or, ni l'un ni l'autre n'ont
quitté l'Italie.
Mlle BEBEL ÉTUDIANTE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Zurich, 3 mars.
Le fameux député socialiste allemand Bebel
vient de faire inscrire sa fille comme élève à
la Faculté de philosophie de l'Université de
notre ville.
UNE GRÈVE GÉNÉHALE
Augmentations de salaires
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 3 mars.
On annonce, comme devant éclater vers
la fin de mars, une grève générale des mi-
neurs.
La Fédération des mineurs a résolu de
demander une augmentation de salaire de
10 0/0 et déclare que le concours de tous
les mineurs anglais lui est acquis.
D'après les adhésions des centres ou-
vriers déjà parvenues à la Fédération,
300,000 ouvriers seront en grève le 15 mars.
Une réunion générale de tous les patrons
charbonniers de l'Angleterre aura lieu
après-demain à l'hôtel Métropole.
UN JUIF DÉCORÉ PAR LÉON XIII
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 3 mars.
Le pape vient de conférer l'ordre Pro Eccle-
sia et pontifier au baron Brentano, archiviste à
la cour d'Autriche; au professeur Vocasek, de
Kœniggraetz, et à M. Théodore English, inspec-
teur général des chemins de fer autrichiens.
Le baron Brentano est juif.
UNE DÉCLARA I ION DE GUILLAUME Il
Les limites de l'intervention de l'Etat
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 3 mars.
A la clôture des travaux du conseil d'Etat
prussien, l'empereur Guillaume, en remer-
ciant les membres de cette assemblée, a
dit :
« Combattez publiquement l'idée que nous
nous soyons réunis pour trouver la pana-
cée de tous les abus et de toutes les souf-
frances sociales. Nous nous efforçons seu-
lement de trouver les moyens d'effectuer
des améliorations, et de déterminer jus-
qu'où la protection des travailleurs peut et
doit aller. »
LES GALÉRIENS ITALIENS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 3 mars.
Il reste 8,000 galériens dans le cas. d'être mis
en liberté, en exécution du nouveau code pé-
nal. La cour de cassation est appelée à déci-
der de leur sort. Pour résister à cette invasion
quelque peu dangereuse, il faudra une loi.
CHRONIQUE
Voici un procès vraiment « fin de siè-
cle ». Il n'en peut guère être de plus ty-
pique. C'est en Amérique, iL est vrai,
pays où l'excentricité fleurit sous toutes
ses formes, qu'il est en instance ; mais il
aurait bien pu être engagé ailleurs, car
le courant d'idées qu'il trahit n'est pas
essentiellement « yankee ». Il atteste
vraiment la fin du vieux monde.
Vous vous souvenez de cette curieuse
scène de l'Immortel, de M. Alphonse
Daudet: Le vieil Astier-Réhu,stupéfait des
procédés de struggleforlifeur de son fils,
lui octroie tout à coup sa malédiction,
d'un geste furieux. Mais Paul Astier ne
s'émeut pas pour si peu. « Oh! dit-il,
maudire, bénir, c'est des affaires qui ne
se font plus dans les familles! »
Un certain docteur Russel vient de s'a-
viser qu'il en était de même pour ce châ-
timent, jadis si redoutable, de l'Eglise,
— l'excommunication. Il a trouvé que
cette peine terrible, c'était aussi une
chose « qui ne se faisait plus M.
Je ne sais pour quelle raison, et cela
importe assez peu, car l'intérêt n'est pas
là, un évêque avait cru devoir lancer
contre M. Russel ces foudres canoniques
et fulminer l'anathème contre lui, argu-
ment suprême dans quelque discussion.
Il imaginait sans doute que M. Russel
allait demeurer écrasé, confondu, atterré.
Songez que l'Eglise n'a rien de plus for-
midable à sa disposition, que ce mot seul
fait trembler les fidèles, et que, dans le
mouvement qui a établi l'unification de
l'Italie, il a décontenancé sérieusement
des hommes politiques qui avaient mani-
festé une singulière. indépendance d'es-
prit.
- Mais M. Russel n'a pas l'air d'un mon-
sieur qui s'attarde à faire du sentiment.
Il a considéré cette pénalité mystique
comme une mauvaise plaisanterie, il l'a
assimilée à une dénonciation calomnieuse
de nature à lui nuire dans ses affaires, et,
avec tranquillité, il a assigné l'évêque de-
vant les tribunaux, en lui réclamant
d'assez coquets dommages-intérêts.
Les juges auront peut-être été assez
étonnés d'avoir à statuer sur cette cause
extraordinaire, selon toutes les règles de
la procédure. Mais on imagine aisément
la stupeur de l'évêque, en se voyant assi-
gné comme le premier venu, en consta-
tant l'effet inattendu de ses menaces spi-
rituelles, traitées tout simplement de
diffamation. Les temps nouveaux sont
proches ! L'Eglise fera bien, décidément,
d'user avec plus de modération de ses
sanctions, si elle veut qu'elles conservent
quelque prestige. -
On peut attendre avec quelque curio-
sité le résultat du procès. Quel pendant,
violemment moderne, à donner au ta-
bleau célèbre de Jean-Paul Laurens !
D'un côté, l'excommunié des âges de foi
subissant avec épouvante la peine la
plus cruelle, abandonné de tous, inspi-
rant l'horreur, n'osant même plus atten-
dre des secours du ciel; de l'autre, un
avocat retors, passant, d'un geste élé-
gant, sa main soignée dans ses favoris,
tandis qu'il plaide devant un tribunal
au nom d'un bon Américain très positif,
lequel escompte d'avance le nombre de
dollars qu'il obtiendra de la justice, à
titre de réparation des paroles sacrées pro-
noncées par l'évêque. Ce serait là un
sujet de tableau tout à fait instructif en
ce qui concerne l'esprit pratique de notre
temps.
En attendant, le docteur Russe], sans
avoir rien modifié à son existence, vaque
à ses occupations, fait ses trois repas par
jour et dort avec sérénité. Cette aventure
prouve qu'il est toujours dangereux
d'employer, avec un solennel fracas, des
armes qui n'ont pas une efficacité cer-
taine. Que l'évêque soit ou non con-
damné, il ne se tirera pas indemne du
cas délicat dans lequel il s'est mis et où
il n'a pas laissé de compromettre son
autorité morale : il suffit qu'il ait provo-
qué cette ironique réponse au déchaîne-
ment de sa religieuse colère.
Il faut être de son époque. Bien qu'un
dictionnaire de droit canonique, d'é-
dition récente, que j'ai sous les yeux, af-
firme gravement que l'excommunié ne
peut plus frayer avec personne que dans
des circonstances déterminées, il ne s'en
porte pas plus mal aujourd'hui, et, dès
lors, une peine qui produit dans la réa-
lité si peu d'effet frise le ridicule. L'E-
glise devrait, dans son intérêt même, ne
pas recourir à un vieil arsenal de pénali-
tés pour ainsi dire romanesques, puis-
qu'elle n'a aucun moyen de les faire exé-
cuter, et se montrer plus tolérante, puis-
qu'elle est bien obligée de l'être. C'est la
moralité qui ressort de cette singulière
histoire, qui a eu un dénouement si vé-
ritablement bouffon, au détriment de
l'évêque un peu attardé, dont les fou-
dres ont raté comme un pistolet de théâ-
tre.
Elle n'était pas sans une sombre poé-
sie, cette malédiction formidable qui re-
tranchait un être du nombre des vivants,
qui l'abîmait sous son poids. Mais on ne
ressuscite pas le passé.
J'ai vu de près, pourtant, un jour, un
excommunié tragiquei Mais c'était un
fou. Vit-il toujours, si cela est vivre, dans
cet asile d'aliénés dont j'emportai une
poignante impression, accompagnant un
médecin qui faisait sa visite, blasé sur
les troublants spectacles de cet enfer, et
qui, cependant, s'arrêtait encore avec
curiosité devant ce malheureux, en
constatant l'incurable bouleversement
de son cerveau, hanté par la folie reli-
gieuse? C'était un ancien prêtre qui
n'avait pas été un saint, mais sans être
responsable déjà, sans doute, de ses ex-
travagances, et qu'on avait du interner à
la fin. Il me semble apercevoir encore ce
visago étrange, cruellement ravagé,
éclairé par des yeux d'une inquiétante
mobilité. -
Il s'imaginait avoir été frappé du plus
grand châtiment de l'Eglise pour avoir,
avait-il dit, célébré la messe en mettant
à l'envers les ornements sacrés. Cette
chimère le poursuivait, et, par un inex-
plicable travail de son esprit en délire, il
déclarait accepter la peine, en observer
les rigueurs scrupuleusement, sans, tou-
tefois, en être fort affecté. Le docteur
avait grand'peine à l'interroger ; il se dé-
robait, en répondant, par signes, qu'il
n'avait pas le droit de communiquer avec
lui. Il se tenait toujours à l'écart, ne con-
sentant à manger que si on lui servait
dans un coin sa nourriture, contenue
dans une vieille gamelle. Alors, on l'en-
tendait murmurer, avec une sorte de
rire, ces mots qui revenaient sans cesse :
« J'obéis, j'obéis, mais ça m'est bien égal,
bien égal. » Oh ! ces phrases de fous f Il
semble que leurs paroles aient un son
particulier, quelque chose de fêlé, un ac-
cent qui les rend inoubliables, dans ce
qu'elles ont de mystérieux. Il se penchait,
pour boire, sur le ruisseau de la cour, ne
cachait pas sa répulsion, mais paraissait
bientôt triompher de son dégoût, en re-
prenant son éternel refrain : « Ça m'est
bien égal. bien égal ! »
Que se passait-il dans cette pauvre tête
de fou, par quels étonnants raisonne-
ments dans 1 absurde acceptait-il, avec
je ne sais quel dédain hautain, avec un
orgueil farouche, les épreuves qu'il s'im-
posait? Quels souvenirs d'anciennes su-
perstitions domptaient ses révoltes?
Il était lamentable, ce dément! Mais
c'était un excommunié — imaginaire. Le
docteur Russel, qui a toute sa raison, a
pris beaucoup plus philosophiquement
les choses. Non seulement « ça lui est
égal", mais il prend gaillardement sa
revanche contre des rigueurs qui glissent
sur son âme endurcie. Une physionomie
diablement moderne, que celle de ce doc-
teur qui répond à des malédictions sa-
crées par du papier timbré! -
Paul Ginisty.
MORT D'IHI JOURNALISTE
M. Arnous-Rivière.
Nous apprenons la mort d'un journaliste
aussi connu à Paris qu'en province, M. Ar-
nous-Rivière, qui a succombé subitement,
hier matin, à une maladie de cœur dont il
souffrait depuis longtemps. - -
Fils du baron Arnotis de Rivière, ancien
conseiller général de la Loire-Inférieure,
décédé il y a trois ou quatre ans, Arnous-
Rivière était né à Nantes en 1832.
Sa vie fut des plus agitées. Nous rappel-
lerons seulement qu'il avait été sous-lieu-
.tenant aux dragons de l'impératrice. Démis-
sionnaire, il s'engagea pendant la guerre
franco-allemande et fut décoré pour sa
conduite
Il avait collaboré à divers journaux de
Paris et à un grand nombre de journaux
de province. Lors des événements qui pré-
cédèrent l'établissement du protectorat
français en Tunisie, il avait été envoyé à
Tunis comme correspondant par le Journal
des Débats.
Arnous-Rivière a écrit un roman, La mé-
prise du cœur, un épisode du roman de sa
vie, écrit dans un style clair et simple. Il en
avait tiré une pièce qui réussit peu.
Arnous-Rivière, qui avait posséd é une
assez grosse fortune, meurt pauvre, lais-
sant une veuve et deux enfants.
Ceux qui l'ont connu n'oublieront pas
qu'Arnous fut un garçon très brave et très
bon, qui eut le tort d'être trop bohème à
une époque où la bohème n'est plus excu-
sée.
LA CONFÉRENCE DU TRAVAIL A BERLIN
L'avortement prévu. — La faute
du comte de Bismarck.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 3 mars.
On dit que l'empereur Guillaume est très
découragé, à raison des restrictions que
divers gouvernements ont apportées au
programme de la conférence. Il ne se fait
plus d'illusions sur l'avortement de celle-ci
et aurait reproché au comte Herbert de Bis-
marck, fils du chancelier, secrétaire d'Etat
pour les affaires étrangères, de n'avoir pas
apporté tout le zèle désirable dans les né-
gociations entamées, particulièrement avec
l'Angleterre.
Les délégués belges
Bruxelles, 3 mars.
Le gouvernement belge vient de choisir
les délégués qui le représenteront à la con-
férence internationale du travail de Berlin.
Ce sont M. le baron Greindl, ministre de
Belgique à Berlin, et M. Victor Jacobs, mi-
nistre d'Etat, membre de la Chambre des
représentants.
M. Beernaert, chef du cabinet, a fait part,
samedi soir, de ces nominations au comte
d'Alveasleben, ministre d'Allemagne à
Bruxelles.
Un troisième délégué, dont le choix n'est
pas encore arrêté, leur sera probablement
adjoint.
LES SCANDALES DU WEST-ZND
A LA CHAMBRE DES LORDS
Déclaration de lord Salisbury
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, 3 mars.
Lord Salisbury, mis en cause dans la der-
nière Chambre des communes, parle député
Labouchère, à propos des scandales de Cle-
veland-Street, a fait aujourd'hui une décla-
ration à ce sujet à la Chambre des lords,
dont il fait partie.
Il a raconté qu'il avait, en effet, parlé à
un M. Probyn, ami de lord Arthur Somer-
set, des charges qui pesaient sur ce dernier
à cet égard ; mais il nie lui avoir dit qu'on
allait lancer le lendemain contre ce dernier
un mandat d'arrêt; il affirme avoir ignoré,
à ce moment-là, que son arrestation fût
décidée-
Aucun membre de la Chambre des lords
n'ayant interpellé lord Salisbury au sujet
de sa déclaration, l'incident a été clos.
LA POLITIQUE
RÉPUBLICAINE
L'INTERPELLATION D'HIER
Les questions de M. Dreyfus. — Les
deux réponses du gouvernement.
Le président du conseil et le mi-
nistre de l'intérieur. — M. Ri-
bot et M. Clémenceau. — La
liberté de la presse. —
L'ordre du jour Bar-
thou. - Le maintien
du ministère.
L'interpellation annoncée s'est produite
hier et la Chambre l'a discutée séance te-
nante. Le débat a été long — il a duré près
de quatre heures, — touffu, complexe,
mais fort intéressant en somme, au moins
en certaines de ses parties. Les leaders des
divers groupes politiques y ont, en effet,
trouvé l'occasion d'exprimer le sentiment
et les opinions des partis au nom desquels
ils parlaient.
C'est, comme on sait, M. Camille Dreyfus
qui a amorcé cette discussion, — la pre-
mière grande discussion politique qu'ait
vue la Chambre nouvelle. La demande d'in-
terpellation de l'honorable député de la
Seine visait la « politique générale du ca-
binet, et, en particulier, les causes qui ont
amené la retraite de M. le ministre de
l'intérieur. »
M. Dreyfus a brièvement posé la ques-
tion.
— La démission de M. Constans, a-t-il dit
en substance, nécessite des explications.
Elle rie saurait avoir pour cause essentiel-
le des dissentiments personnels. Les rai-
sons de cette retraite ne sauraient manquer
d'être afférentes à la politique générale du
cabinet. Il est donc indispensable, mainte-
nant plus que jamais, que le gouvernement
nous fasse connaître quelle orientation il
entend donner à cette politique, qu'il nous
dise s'il se propose de gouverner avec une
fraction seulement de la majorité et en s'ap-
puyant sur la Droite,ou bien d'aller à gau-
che avec la majorité tout entière. Dans cette
seconde hypothèse, il lui faudrait marcher
résolument dans la voie des réformes, des
réformes ficales surtout, et, à cet égard, le
budget récemment déposé nous a vivement
déçus.
M. Dreyfus a, en outre, fait une allusion
à la participation, — qu'il a blâmée, — de
la France à la conférence de Berlin. Mais
on a généralement estimé que ce point eût
dû être réservé, étant étranger au débat
actuel. Cette affaire de la conférence de
Berlin sera d'ailleurs l'objet d'une autre
interpellation, et disons tout de suite, à ce
propos, que cette interpellation, dont l'au-
teur est M. Laur, sera discutée jeudi pro-
chain, et non pas aujourd'hui meme,
ainsi qu'on l'avait décidé tout d'abord.
M. Tirard à la tribune
M. le président du conseil est venu ré-
pondre aussitôt. Il s'est borné, en ce qui
concerne le départ de M. Constans, aux
quelques mots que voici :
Je suis obligé de déclarer, et c'est la vérité
absolue, qu'il n'est apparu ni à moi ni à mes
collègues que nous fussions séparés du minis-
tre de l'intérieur par aucun dissentiment po-
litique.
Il est exact qu'à la suite d'un échange d'ob-
servations entre le ministre de l'intérieur et
celui qui est à cette tribune, le ministre de
l'intérieur a donné sa démission. Je l'ai re-
gretté profondément. (Bruit sur divers bancs.
— Rires ironiques à l'extrême gauche.)
Mais je tiens à déclarer, puisqu'on m'y for-
ce, que je conteste absolument le récit de la
scène on plutôt des quelques observations qui
ont été échangées entre M. le ministre de
l'intérieur et celui qui vous parle.
Cette inexactitude tient peut-être à ce que
j'ai toujours observé une discrétion et une ré-
serve absolues sur tout ce qui se passe dans le
sein du conseil des ministres Mais je déclare
que le récit qui en a été fait est absolument
inexact.
M. Tirard a passe ensuite aux explica-
tions demandées sur la politique du cabi-
net :
« Dans deux déclarations successives,
a-t-il dit, nous avons affirmé devant le
Parlement la volonté du gouvernement
d'être le lien entre les diverses fractions de
la majorité républicaine et de réaliser, avec
son concours, les desiderata exprimés par
le suffrage universel lors de sa récente con-
sultation. C'est la politique que nous
avons suivie et que nous suivrons encore si
vous nous continuez votre confiance.
M On nous a reproché de ne pas entrer
suffisamment dans la voie des réformes.
Notre projet de budget est pourtant très
réformateur, puisqu'il propose, entre au-
tres améliorations fort importantes, la sup-
pression du budget extraordinaire. La
Chambre sera d'ailleurs bientôt en mesure
d'étudier beaucoup d'autres lois utiles et
pratiques,- cela dans peu de temps, quand
sera terminée la phase d'études prépara-
toires qui est inévitable au début de toute
législature nouvelle.
» Les réformes que nous poursuivrons
sont celles su lesquellesla majorité républi-
caine tout entière peut se mettre d'accord.
Nous avons écarté les autres comme stériles
et dangereuses. Le grand débat économi-
que sur nos tarifs de douanes viendra en-
suite, quand aura pris fin l'importante
enquête généra e qui se poursuit actuel-
lement. Nous le perdons pas non plus de
vue ce qui peut améliorer la situation des
classes laborieuses. »
Tout ce discours était un peu vague et la
Chambre en a montré quelque dépit. La
phrase que voici a été, en outre, assez mal
interprétée, comme le prouvent le « mou-
vements divers , que mentionne le compte
rendu :
M. le ministre de l'intérieur vous fera con-
naître tout à l'heure l'orientation qu'il entend
imprimer à son administration, mais j'ai le
droit de dire qu'elle ne constituera pas une
innovation. Si nous avons accepté les indica-
tions qu'ils nous a données, c'est qu'elles
constituaient depuis longtemps notre pro-
gramme. (Mouvements divers.)
M. Tirard a conclu en posant nettement
la question de confiance. L'impression gé-
nérale était assez indécise quand il est des-
cendu de la tribune.
M. Barthou
Nous glisserons rapidement sur l'orateur
qui l'y a remplacé, M. Barthou, député ré-
publicain des Basses-Pyrénées. Non que ce
nouveau, qui est un des plus jeunes mem-
bres de l'Assemblée, manque de talent : il
a fait montre au contraire, dans cette redou-
table épreuve d'un premier début à la tri-
bune, d'une facilité de parole et d'une élé-
gance de langage qui ne sont pas commu-
nes.
Seulement, M. Barthou n'a pas dissipé les
brumes qui voilaient toute cette première
partie de la discussion. Il a surtout tenu à
dire qu'il regrettait de ne point voir la
gouvernement donner à la majorité nou-
velle la direction qu'elle attendait de lui.
afin de faciliter à * cette majorité l'accom^
plissement d'un mandat qui se résume en
ces deux mots : union et réformes.
M. Barthou a demandé, en outre, au mi.
nistère d'affirmer avec la plus entière net-
teté qu'il ne compte s'appuyer que sur la
majorité républicaine, qu'il répudie toute
idée d'alliance avec une opposition qui n'a
pas désarmé,et qu'il veut le maintien de tou-
tes les conquêtes réalisées par le parti dé-
mocratique.
Le nouveau ministre de l'intérieur
C'est à ces diverses interrogations de M.
Barthou que M. Léon Bourgeois, le minis-
tre d'hier, s'est surtout préoccupé de ré-
pondre. Il l'a fait dans un discours dont la
plus grande partie de la majorité a appré-
cié et applaudi la netteté et la décision.
— Le gouvernement, a-t-il dit, a le d.
voir de dégager la majorité de la Chambre
actuelle.
Et c'est à établir le terrain sur lequel
cette majorité peut se faire que s'est appli-
qué M. Bourgeois dans les paroles qua
voici :
M. le ministre de l'intérieur. — Les dé-
putés républi ains ont reçu des mandats di-
vers; il y a entre eux des nuances, mais il y
a aussi des points communs. Et c'est sur ces
points communs que peut, que doit se consti-
tuer une majorité.
Voici le premier de ces points communs :
Les députés républicains ont reçu le man-
dat de défendre non seulement nos institu-
tions, mais l'ensemble des réformes démocra-
tiques déjà conquises par la République, de ne
pas laisser s'affaiblir dans leurs mains les lois
récemment votées: la loi scolaire, la loi mili-
taire. (Applaudissements à gauche.)
Us ont reçu un autre mandat, celui da
donner au gouvernement plus de force et Jo
stabilité, d'éviter les crises qui l'affaiblissent
au dedans et au dehors. Pour que ces crises
fussent plus rares, que fallait-il? Il fallait qua
les plus avancés des républicains, sans renon-
cer à leurs espérances, consentissent à ajour-
ner lus réformes pour lesquelles il n'existait'
pas encore de majorité, mais à la condition:
qu'en échange de leur sacritice on marchât
résolûment dans la voie des réformes poize
lesquelles il y a une majorité.
Je dis plus : ils avaient le droit de deman-"
der au gouvernement de se mettre à la tête
de ce mouvement, de provoquer ces réformes.
(Très bien ! très bienli
Voilà la signification qui se dégage des élec-
tions. Voilà les points qui doivent .êtt'e ie
lien de la majorité qu'il s'agit, de dégager.
(Très bien ! très bien 1)
Je sais bien qu'on a affirmé que les élections
générales avaient par-dessus tout pour signi-
fication le désir de l'apaisement. L'apaisement,
c'est un mot qu'on a souvent mis en avant
Oui, l'apaisement est désirable.
Mais est-ce donc de nous que dépeud l'apai-
sement ? -
Voix à droite. — Oui!
M. le ministre de l'intérieur. - Il me suf-
fit de rappeler les faits. A côté de conversa-
tions de couloirs, d'articles de journaux dans
lesquels on annonçait qu'on allait cesser una
attitude inconstitutionnelle, révolutionnaira
(Bruit à droite); à côté de ces déclarations
dont nous ne suspectons pas la sincérité, il y
a eu des actes, et nous avons le souvenir de
récentes élections partielles où nous avons eu
le spectacle des mêmes alliances, des mêmes
coalitions contre la République elle-même.'
servies par les mêmes outrages et les mêmes
calomnies.
Faut-il vous citer un exemple récent? S'il est
un point sur lequel l'apaisement est à l'ordre
du jour, c'est la question religieuse. Or, il y a
quelques semaines, un des chefs les plus au
torisés de la Droite n'a-t-ii pas soutenu à caita,
tribune que le prêtre pouvait montrer une at-'
titude hostile aux institutions mêmes qui nous
régissent? (Très bien! très bien! à gauche. —
Interruptions à droite.)
M. Freppel. — Je n'ai pas dit cela, vous
argumentez à côté, comme M. Ribot.
M. le ministre de l'intérieur. — Je sais
heureux que vous fassiez ce rapprochement;
c'est la preuve que dans ces sortes de ques-
tions les plus modérés se regardeat comme
obligés de venir à la tribune riposter à. cer-
taines attaques, et défendre la suprématie de
l'Etat contre les tentatives des partis hostiles.
(Très bien ! très bien ! à gauche.)
Je dis qu'il est nécessaire, quand on exa-
mine la question d'apaisement, de distinguer
entre la masse des électeurs qui ne sont pas
encore venus à la République, mais qui n'ent
seraient pas éloignés, et les partis qui les di-
rigent. Les partis, eux, n'ont pas desarmé ;
nous ne pouvons pas désarmer contre eux?
(Très bien-! très bien I)
— Le précédent ministre de l'intérieur, sl
ajouté M. Bourgeois, a énergiquement dé-*
fendu les institutions républicaines. J'en-
tends continuer cette tâche. Je défendrai
mes fonctionnaires, mais j'exigerai d'eux:
aussi un attachement, non seulement exté-
rieur, mais loyal et sincère à nos institua
tiens républicaines.
Et après avoir énuméré les principales ré4(
formes qu'il compte proposer aux Cham-
bres, dans le domaine de son département
particulier de l'intérieur, M. Bourgeois a
proclamé la volonté du gouvernement da
se placer au milieu de l'armée républi-
caine, à égale distance des deux ailes et
sans exclure personne, pour marcher en1*
avant dans la voie des réformes. »
Le succès du ministre de l'intérieur a étaj
très vif : après son discours, on a compri
que l'issue de la journée n'était plus guèret
douteuse et l'existence du cabinet a cess
de sembler compromise. «
M. - Paul -- de Cassagnac >
Le député du Gers a parlé longuement
tâchant de se montrer ironique plutôt que
violent, et battant les buissons à son ordi":
naire. -,
C'est à essayer d'établir que le nouveau?
ministre de l'intérieur venait de s'affirmeci
comme le véritable chef du cabinet, qu'il af
consacré le principal de son effort : M. let
président du conseil, a-t-il dit, n'a décid,
ment pas de chance avec ses ministres de
l'intérieur : ce sont eux qui sont les vrais
chefs du cabinet, qu'il ne préside que no.
minalement. »
M. de Cassagnac a donc affecté- de ne ré*
pondre qu'au seul M. Bourgeois. Il a, de ce
chef, longuement déclamé, essayant de me-".
nacer la majorité des retours offensifs dut
boulangisme. Il a aussi protesté contre lq
prétendue persécution religieuse. Mais
nous 'n'insisterons pas sur ces vieilles ren
gaines.
La seule déclaration de M. de Cassagnaaf
qui mérite d'être retenue est celle qUEf
nous résumerons ainsi : « Vous nous avezk
invalidés en masse, vous continuez d'op-1
primer nos consciences. Donc, entre vousf
et nous, il ne saurait plus être questionj
d'une entente, à laquelle certains des nôtres^
avaient pensé. Si vous aviez été tolérants
et modérés, il n'y aurait plus aujourd'hui
d'opposition à la République. Cette opposi-;
tion, c'est vous qui l'avez reformée. Elle ira
sans cesse grandissant dans le pays, sur-
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