Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-03-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 mars 1890 03 mars 1890
Description : 1890/03/03 (A19,N6622). 1890/03/03 (A19,N6622).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
Dix-neuvième année. — Na 6,683
-
CINQ Centimes — paris ?t Départements ->«mo Centimes
LUNDI 3 MARS ISi-J
■ JOURNAL républicain
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Adressa tèlégr.iphlqtuo : XIX* SIÈCLE — PARIS
TRES PROCHAINEMENT
w
Le XIXe SIÈCLE
• v Publiera un grand roman-feuilleton
inédit, spécialement écrit pour ses
lectetirs.
: Lettres apiscopales
t La lecture des lettres épiscopales
est un plaisir austère, mais elle est
instructive. Si ceux que l'on a plai-
samment appelés les évêques laïques
ont pu, en maintes circonstances, être
suspectés de vouloir exercer sur l'E-
glise une sorte de domination illégi-
time et de chercher à mettre les sen-
timents religieux au service des inté-
rêts politiques, le même soupçon ne
pourrait planer sur les intentions des
véritables évêques, lesquels daivejuL
avant tout, — au moins peut-on le
supposer, — se consacrer aux intérêts
religieux. Eh bien, il faut avouer que,
malgré quelques désaveux retentis-
sants infligés par quelques évêques
aux laïques qui voulaient leur faire la
leçon, il n'y a, d'une façon générale,
pas de contradiction entre les uns et les
autres, et que presque tous sont d'ac-
cord pour concevoir de la même fa-
çon le rôle et les droits de l'Eglise et
pour condamner les tendances de la
Société civile. «
Si l'on parcourt les mandements
épiscopaux publiés à l'occasion du Ca-
rême et les divers écrits des chefs du
clergé, on voit de toutes parts les
- mêmes protestations contre les lois ci-
vile. Chacun tient à honneur, tous les
ans, de flétrir de nouveau les lois sco-
laires et de renchérir sur la protesta-
tion de ses voisins contre 4a loi mili-
taire. Mais, tandis que les uns accu-
sent cette loi de vouloir tarir la sour-
ce des vocations ecclésiastiques, d'au-
tres, comme l'évêque de Saint-Flour,
reconnaissent qu'avant même l'appli-
cation de la loi militaire, le recrute-
ment du clergé rencontre de grands
¡obstacles. « Par suite des difficultés
du temps présent et des appréhen-
dions de l'avenir, écrit cet évêque, les
vocations ecclésiastiques sont deve-
nues, d'année en année, plus rares;
le nombre de nos prêtres se trouve,
par conséquent, bien réduit. » Il con-
vient de prendre acte de ces paroles.
Ce n'est pas la loi militaire qui a pu
produire ces effets, et si déjà le recru-
tement du clergé est difficile, c'est
[Sans doute que la carrière ecclésias-
tique paraît moins séduisante aux
jeunes gens, et que la foi s'en va.
Mais d'autres évêques ne se bornent
pas à ces constatations, et, par exem-
iple, M. Péronne, évêque de Beauvais,
ït excite les fidèles aux combats * de la
foi chrétienne". Il veut bien recon-
naître que « nous ne vivons pas pré-
cisément dans ces temps de persécu-
tion violente où la profession pu-
blique de la foi chrétienne comportait
le danger et la perte même de la vie"
et où inscrire son nom sur les regis-
tres de l'Eglise était, comme on l'a
dit, prendre une inscription pour le
martyre. » Mais il paraît que nous
traversons des temps orageux, où l'on
ne peut pratiquer les observances de
la foi sans s'exposer à de vèritables
désagréments. L'évêque de Beauvais ne
se contente pas d'exhorter les fidèles
à braver ces désagréments et à subir
héroïquement les inoffensives persé-
cutions qui ont remplacé celles des
premiers siècles, et que d'ailleurs
l'Eglise a rendues avec usure pendant
longtemps à ses adversaires. Il dénonce
aussi la « tactique perfide des enne-
mis de l'Eglise », qui consiste à « pa-
raître de temps en temps lui faire des
avances de paix ou de trêve et à l'in-
viter à la conciliation, à la concorde,
à l'union. »
Il fait beau voir avec quelle ar-
deur l'évêque de Beauvais repousse
ces avances : « Il leur est facile, s'é-
Crie-t-il, de faire appel entre eux à la
conciliation, à la concentration comb-
me ils disent. Ils n'ont aucun prin-
cipe, aucun symbole, aucune croyan-
ce, aucune conviction. Ils se pas-
sent les uns aux autres les erreurs
les plus contradictoires et les plus
monstrueuses, ils mêlent et confon-
dent les choses les plus opposées. Ils
sont prêts à faire la paix avec tout
le monde. Que leur importent les divi-
sions profondes qui les séparent sur
tous les points, pourvu qu'ils puissent
s'unir contre nous pour combattre et
détruire la vérité ?
» Pour nous, au contraire, continue
l'évêque, qui avons des principes et
des convictions ; pour nous qui croyons
et qui, comme le grand Apôtre, ne
parlons que parce que nous croyons,
nous répondons à ces avances hypo-
crites: Il n'j a ni paix, ni conciliation,
ni transaction possible sur le terrain
\,de& vérités chrétiennes. En effet, la
1
conciliation qu'on vous demande, N.
T. C. F., ce serait de laisser violer
tous vos droits sans réclamer, de lais-
ser répandre l'erreur, afficher le scan-
dai e, accomplir l'iniquité, consommer
les spoliations, attaquer Dieu, outra-
ger Jésus-Christ, détruire le christia-
nisme, ruiner la foi, la moralité, la
conscience; c'est-à-dire qu'ils vous de-
mandent d'être conciliants jusqu'à l'in-
différence, jusqu'à la connivence, ius-
qu'à la complicité, jusqu'au crime. »
Voici du même coup les républicains
et les partisans des droits de la société
civile excommuniés en bonne et due
forme. Ils n'ont aucun principe. C'est
là l'erreur du parti clérical. Ils ont ce
principe que l'Eglise a sa mission, qui
est de s'occuper des choses spirituelles
et de donner ses enseignements à ceux
qui les lui demandent; mais qu'à côté
d'elle il y a la société civile, qui, sans
acception de religion, a sur tous les ci-
toyens les mêmes droits, et à l'égard
de chacun d'eux les mêmes .devoirs.
Sur ce point, comme le disait M. Ribot
dans une circonstance récente, il n'y
a ni modérés ni radicaux. Il y a una-
jûiimité de doclmie eut*** t. lonVm
mes qui ne sont pas inféodés à l'E-
glise.
Nous reconnaissons d'ailleurs que
la même unanimité existe parmi les
hommes qui sont inféodés à l'Eglise.
Pour eux, l'Eglise a tous les droits et
la société civile tous les devoirs et seu-
lement des devoirs. C'est en vertu de
ce principe que naguère M. Freppel
réclamait pour l'Eglise le droit d'inter-
venir dans les élections, et c'est en
vertu de la même théorie que M. Pé-
ronne excite les fidèles de son diocèse
au combat. Entre la théorie de M.
Freppel et de M. Péronne et celle des
défenseurs de la société civile, il n'y
a, comme le dit l'évêque de Beauvais,
pas de conciliation possible ; ce sont
deux principes rivaux. Peut-être ce-
pendant l'Eglise sort-elle du rô,le paci-
ficateur qu'elle s'attribue, en insistant
autant qu'elle le fait sur cet Antago-
nisme. Elle ne cesse de poussairle cri
de guerre contre la société civile et elle
ne sait pas se plaindre de Poppress,ion
dont elle prétend être victimes sans
laisser percer sa colère de n'rtreplus
souveraine lnaitresse. et de ne- plus
opprimer les autres. Ce n'est pas avec
ce système qu'elle ramènera à elle les
esprits ou qu'elle préparé une ère
d'apaisement. v
Le « XIXe Siècle » publiera demain la
« Chronicrue » car M. Francisque Sarcey.
L'AMBASSADE D7 AUTRICHE-HONGR: E
A PARIS j ,
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vienne, 1er mars.
On annonce comme prochain le rappel
du comte Hoyos, ambassadeur d'Autriche à
Paris, et son remplacement par le comte
Agénor de Goluchowski, depuis 1887 mi-
nistre plénipotentiaire à lBucharest.
M. de Goluchowski a été conseiller de
légation à Paris, où il a épousé, en 1885, la
princesse Anna Murât.
Les propos tenus II y a quelques mois
par l'ambassadeur autrichien, dans un in-
terview rapporté par un journal de Paris,
au sujet de la triple alliance et des sympa-
thies de l'Autriche pour la France, ne se-
raient pas étrangers à la résolution prise à
l'égard de ce diplomate.
LE MAIRE DE BERLIN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlinri" mars.
Le conseil municipal de Berlin a réélu hier,
pour douze ans, comme premier bourgmestre,
M. de Forkenbeck, qui remplit ces fonctions
depuis. 1878 et qui a été- président du Reichs-
tag. —— • ■
LA CRISE CE CHANCELLERIE.
A BERLIN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
». Berlin, 1er mars.
D'après les notes publiés dans divers
journaux qui reçoivent des communica-
tions officieuses, la. question de la retraite
de M. de Bismarck a été réglée définitive-
ment mardi, après une longue conférence
entre l'empereur et le chancelier. M. de
Bismarck a retiré sa démission. Le résultat
des élections n'est pour rien dans cette
crise ni dans sa terminaison. Le différend
entre le souverain et le chancelier avait
pour cause et pour origine les rescrits de
l'empereur sur les questions ouvrières.
Changement au ministère des affaires
étrangères
En même temps que l'on annonce que la
retraite de M. de Bismarck est évitée, le
bruit se répand dans les cercles officiels
que le fils du chancelier, le comte Herbert
de Bismarck, aurait donné sa démission de
secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, et
que l'empereur aurait déjà fait choix, pour
son successeur, du prince de Hohenlohe,
le statthalther actuel d'Alsace-Lorraine.
MORT DE M. COLBORNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT)
Le Caire, 1er mars.
M. Colborne, qui faisait partie de l'état-ma-
jor d'Hicks-Pacha pendant la guerre du Sou-
dan. vient de mourir. Il avait servi en Crimée,
aux Indes, en Chine, et avait été décoré par le
khédive.
Son père avait été anobli sous le nom de
lord Seaton pour avoir, à la tête du 50 régi-
ment d'infanterie légère, assuré la victoire de
Waterloo par une attaque décisive au moment
psychologique.
ENSEVELIE VIVANTE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
- Rome, 1er mars.
Une jeune femme a été ensevelie vivante à
Sciaceia, à la suite de léthargie et d'influenza.
Elle est morte étouffée.
L'ÉLECTION DE GIEN
M. LOREAU ET SON AVOCAT
Un tombereau d'outrages. — Le vol
de 35,000 francs de Briare. —
Le républicanisme de M.
Léon Remault.
On n'a pas oublié que la principale rai-
son pour laquelle le sixième bureau de la
Chambre avait proposé l'invalidation de
M. Loreau résidait dans les diffamations
dont M. Portalis avait été l'objet de la part
de M. Loreau et de ses amis.
M. Loreau avait essayé d'abord de
faire passer M. Portalis pour un faussaire.
Ensuite, un journal acheté par M. Lo-
reau, le Républicain de Gien, avait essayé
de faire passer M. Portalis pour un crimi-
nel de droit commun,—on n'a pas oublié le
fameux placard qui a soulevé le dégoût et
l'indignation de la Chambre, placard dans
lequel il était dit que M. Portalis, au lieu
de faire son devoir pendant la guerre, tres-
sait tranquillement des chaussons de lisière
dans la cellule de Troppmann. En même
temps,les agents de M. Loreau parcouraient
les communes en répandant partout le
bruit que M. Portalis était en prison.
Cela résulte aussi bien des débats de la
Chambre que des jugements rendus par le
tr.iiunal dp (Hen et confirmés par la cour
d'Ol'Jé:m:;. D'autreuarf -r-"*
auiuueà cjqjtttiCû u5 Lu. aiiiai que dans ses
journaux, accusait-M. Portalis de vou-
loir détruire l'institution de la, famille;
détruire l'institution de l'armée, détruire.
l'unité française, etc., etc. Des journaux ré-
pandus à profusion disaient que M. Porta-
lis voulait remplacer le mariage civil par
le mariage des chiens (textuel), qu'il avait
été le complice de Bazaine, etc.
Nouvelles diffamations
Son invalidation n'a pas calmé la rage de
diffamation de M. Loreau et de ses amis.
Ne trouvant pas dans toute la presse pa-
risienne un seul journal pour publier con-
tre M. Portalis certaines attaques, M. Loreau
a créé tout spécialement à Paris une feuille
anonyme, qui n'a ni directeur politique ni
rédacteur en chef pour répondre des diffa-
mations qu'elle publie dans chacun de ses
numéros, sous le prétexte de donner sur
le candidat républicain de l'arrondissement
de Gien des notes biographiques. Cette
feuille est distribuée à tous les électeurs,
en même temps que la Liber-té du banquier
juif Pereire, le National, journal boulan-
giste, etc., etc.
Mais tout cela n'est rien. Le comble, le
voici : Après avoir traité M. Portalis de
faussaire, de criminel de droit commun,
d'émule de Troppmann, M.. Loreau fait
maintenant accuser M. Portalis dans le Ré-
publicain de Gien d'être un voleur. Il insi-
nue qu'il aurait bien pu mettre dans sa
poche quelques centaines de. francs, prove-
nant d'une souscription ouverte il y a plu-
sieurs années dans les colonnes du XIXe
Siècle. On peut s'attendre à ce que, d'ici au
9 mars, les agents de M. Loreau accusent
le candidat républicain d'être l'autour du
vol de 35,000 francs commis l'autre matin
à la gare de Briare.
Nous serions curieux de savoir si les
quatre ou cinq modérés qui, de concert
avec les de Béthune, les Falaiseau, les de
Chasseval font cortège à M. Loreau donnent
leur approbation à ces procédés de polé-
mique.
Ce qui est sûr, c'est que ces procédés ont
été déjà flétris par la majorité républicaine
de la Chambre ainsi que par les tribunaux,
et qu'ils le seront de nouveau le 9 mars par
le suffrage universel.
L'avocat de M. Loreau
En attendant, M. Loreau fait venir au-
jourd'hui à Gien M. Léon Renault pour
plaider sa cause. M. Léon Renault a déjà
plaidé pour M. Loreau devant la cour d'Or-
léans, où il comparaissait comme prévenu
de diffamation; il doit aussi plaider pour le
garde Molez, récemment condamné à deux
mois de prison pour menaces envers les
ouvriers.
Il est certain que l'assistance sera nom-
breuse à - cette réunion. Elle a lieu à la
faïencerieÓ Les contre-maîtres ont distribué
aux ouvriers des cartes d'entrée. Ils savent
que cela équivaut à un ordre de présence.
M. Léon Renault, sénateur des Alpes-
Maritimes, est un avocat de talent qui se
fait payer fort cher. Il n'est pas étonnant
qu'il vienne plaider la cause de M. Loreau.
Lui aussi est de ces prétendus conserva-
teurs qui se réclament de la mémoire de
M. Thiers; mais il est bon de rappeler com-
ment ces conservateurs, et notamment M.
Léon Renault, ont traité le premier prési-
dent de notre troisième République; le li-
bérateur du territoire.
Le 17 novembre 1871, M. Thiers avait
nommé M. Léon Renault préfet de police.
Au mois de mai 1873, M. Thiers s'étant
nettement prononcé pour la République, la
République libérale et conservatrice, les
prétendus conservateurs se liguent aus-
sitôt pour le renverser du pouvoir. Ils le
remplacent au pouvoir par le maréchal
de Mac-Mahon, « en attendant, selon les
propres expressions du principal auteur de
la coalition, que l'Assemblée puisse s'en-
tendre sur le choix d'un roi If. Les minis-
tres républicains de M. Thiers furent rem-
placés par MM. le duc de Broglie, Ernoul,
Beulé, Batbie, de la Bouillerie. Tous les
fonctionnaires de M. Thiers donnèrent leur
démission.
Un seul fut non seulement maintenu,
mais promu, choyé, comblé par l'orléanis-
me triomphant, M. Léon Renault. Il passa
cyniquement du côté de l'ennemi.
Il était l'homme de M. Thiers : il devint
l'homme du pire ennemi du libérateur du
territoire, de M. le duc de Broglie.
Aussi la récompense ne se fait-elle pas
longtemps attendre. M. Léon Renault n'é-
tait que préfet de police sous M. Thiers. Il
devient, sous le gouvernement de l'ordre
moral, directeur de la Sûreté générale;
c'est-à-dire que.pour préparer la restaura-
tion monarchique, on lui met la police de
la France entière entre les mains. Alors il
devient le principal agent de la conjura-
tion. Il règle les moindres détails de la
rentrée du roi dans sa bonne-ville de Paris.
Tandis que d'un bout à l'autre du terri-
toire la France républicaine s'organise pour
résister à la restauration, lui stipule les
sommes à distribuer aux soldats du coup
d'Etat. Il dresse la liste de proscription des
républicains. Au mois d'octobre 1873, au
plus fort de la conspiration, le duc de Bro-
glie le nomme chevalier de la Légion d'hon-
neur, en récompense de ce beau zèle. Plus
tard, il est fait officier. Ainsi, la rosette
rouge que ce prétendu républicain porte
avec ostentation sur la poitrine lui a été
donnée par les ennemis de la Républiqu
pour avoir trahi la République.
Est-ce là une croix d'honneur ?
M. Léon Renault ne se dit pas seulement
républicain, il se dit libéral.
Pour juger son libéralisme, il suffit de
se rappeler que, pendant les six années
qu'il est resté à la préfecture de police,
l'état de siège n'a cessé de régner. Pendant
toute cette période, les organes républi-
cains n'ont cessé d'être traqués, poursuivis,
condamnés.
1
DEMISSION DE M. CONSTANS
LE NOUVEAU MINISTRE
Au conseil des ministres. — Les cir-
constances de la démission. — L'im-
pression à la Chambre. — L'opi-
nion générale.
M. Constans, ministre de l'intérieur, a re-
mis hier sa démission au président de la
République.
Voici les détails les plus précis sur cet
événement politique : - , -
Au conseil des ministres qui a eu lieu
hier à l'Elysée, le ministre de l'intérieur
s'est vivement plaint de ne pas avoir été
prévenu des perquisitions faites la veille
dans les bureaux du journal la Presse.
M. Tirard, président du conseil, a reven-
diqué pour Jui seul la resDon.sabiJitÁ ,Jo. -.
-, - C* st moi, a-t-il dit, qui ai prié le
garde des sceaux de faire procéder à ces
perquisitions.
M. Constans répondit qu'il trouvait la
chose d'autant plus étrange qu'il avait fait
déclarer par une note de l'agence Havas
que la circulaire publiée par la Presse était
fausse. C'était donc sa parole mise en
doute par le président du conseil lui-même.
liet inciaent semmait apaise, quand M.
Thévenet proposa la nomination de M. Ma-
zeau, sénateur de la Côte-d'Or, ancien garde
des sceaux, comme premier président de
la cour de cassation, en remplacement de
M. Barbier, atteint par la limite d'âge.
M. Constans fit cette réflexion :
— Je ne suis pas opposé à cette nomina-
tion, mais ne craignez-vous pas de soule-
ver certaines critiques, en prenant pour un
poste de cette importance un personnage
politique en dehors de la carrière?
— Ces critiques se produiront, répliqua
M. Tirard, surtout si elles sont inspirées
par vous. Depuis trois mois, vous ne cessez
d'ameuter vos journaux contre nous.
Une vive discussion s'engagea alors entre
M. Constans et divers membres du cabinet,
discussion dans laquelle on reprochait au
r ministre de l'intérieur d'inspirer certaines
attaques parues dans quelques journaux
contre ses collègues.
— Je ne puis, dit M. Constans, rester plus
longtemps dans un cabinet dont les mem-
bres m'accusent de les faire attaquer. Du
reste, il y a longtemps que j'ai assez des
impertinences de M. Tirard à mon endroit.
Monsieur le président de la République, je
vous offre ma démission.
Une discussion analogue avait d'ailleurs
OU JJPU ONTR». MM Constans et Tirard, au
début de la semaine. - "'-'
w
M. Constans à l'Elysée o. -:
A deux heures, le ministre de l'intérieur
retourna à l'Elysée, où il remit au prési-
dent de la République sa lettre de démis-
sion, qui fut acceptée.
A cinq heures, M. Tirard recevait égale-
ment la lettre de démission de son col-
lègue.
A la Chambre
Les ministres conservèrent le plus grand
secret sur ce qui s'était passé au conseil, et
le ministre de l'intérieur ne reçut le matin
aucun des représentants de la presse.
Ce n'est qu'à trois heures et demie de l'a-
près-midi seulement qu'on apprit la démis-
sion de M. Constans. -
Cette nouvelle produisit la plus vive émo-
tion, et, toute la journée, on ne s'est occu-
pé à la Chambre que de ce gros incident.
Dans le courant de l'après-midi, les mi-
nistres présents à la Chambre, c'est-à-dire
MM. Spuller, Thévenet et Faye, se sont
réunis dans un salon et ont conféré entre
eux. -- ,- - OL. ,--
- DERNIÈRE HEURE
Dans la soirée
Une réunion privée, à laquelle assistaient
les membres du cabinet et plusieurs amis
politiques de M. Tirard, a été tenue chez le
président du conseil. A la suite de cette
délibération, le ministère de l'intérieur a
été offert à M. Bourgeois, qui a accepté. Le
décret de nomination paraîtra ce matin au
Journal ofilciel.
Ajoutons que c'est sur l'invitation de M.
Floquet que M. Bourgeois a accepté l'offre
qui lui était faite. -
M. Constans
Il convient de rappeler que M. Constans,
ministre de l'intérieur depuis le âh février
1889, a rendu des services a la cause répu-
blicaine dans des circonstances que per-
sonnes n'a oubliées.
Ministre de l'intérieur, il a eu de grosses
responsabilités dans la bataille contre le
boulangisme. Les élections générales ont
prouvé qu'il était un sage administrateur
et un ministre souvent heureux.
LE NOUVEAU MINISTRE
M. Léon Bourgeois
Le nouveau ministre de l'intérieur est un
Parisien. Il est jeune, il aura quarante ans
le 39 mai prochain. - ," •»
Docteur on droit, il a débuté, en 1877,
comme secrétaire général de la Marne ;
trois ans après il était sous-préfet de Reims.
Il contribua puissamment à la solution
pacifique de grèves menaçantes. Ses admi-
nistrés. ne l'oublièrent pas, puisqu'ils le
nommèrent député le 26 février 1888, en
remplacement de M. Margaine, nommé sé-
nateur.
Au moment de l'élection, il était préfet
de police ; il avait succédé à M. Gragnon.
Il remplissait ces fonctions lors de la dé-
mission de M. Grévy et de l'élection de M.
Carnot à la présidence de la République.
Quelque temps après avoir été nommé
député, on se rappelle que M. Bourgeois
fut choisi par M. Floquet, président du
conseil et ministre de l'intérieur, comme
sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'in-
térieur. Il se retira avec le cabinet Flo-
quet.
M. Bourgeois connait donc le ministère
de l'intérieur. Il a des qualités d'adminis-
trateur. Il a montré qu'il avait du sang-
froid dans des moments assez difficiles et
assez troublés. C'est encore iln homme ac-
tif et aimable.
CHRONIQUE
Un cri d'alerte, sinon un cri d'alarme,
vient d'être jeté, tout à coup, par M. Na-
poléon Ney. Il estime- que, tandis que
1 Europe est pleine de ferments de dis-
corde, que les nations qui la composent
vivent dans un état d'hostilité perpétuel,
elle pourrait bien être menacée, tout en-
tière, d'un sérieux dangeux. Selon lui, le
monde musulman, si expert en l'art de
la dissimulation, s'agite secrètement, et
plus profondément que jamais, se souve-
nant des prophéties qui annoncent la
venue prochaine d'un sauveur de l'Islam.
M. Ney admet la possibilité d'un formi-
dable mouvement, éclatant inopinément
a la suite d'une mystérieuse entente en-
tre tous les sectateurs du prophète, et il
se demande si dejs éventualités redouta-
bles ne sont pas à cr&mdre. Il entrevoit
même une irrésistible marche en~»vant
d'innombrables légions, soulevées par le
ranatisme, venant d Afrique et d'Asie.
Ce réveil du monde musulman, qui
lui inspire des craintes qu'il croit de son
devoir d'exprimer publiquement, est-il
î^Sâi-îIvS £ laclier tant'd'importance - aux
signes d'un certain bouillonuemnt des
esprits, et ces signes sont-ils des si-
gnes précurseurs? Les .projets hostiles
que prête M. Ney aux prêcheurs de
la guerre sainte se rattachent-ils à un
gigantesque plan d'ensemble ? Ces ques-
tions valent assurément la peine d'être
étudiées de très près; mais, encore qu'on
puisse être ébranlé dans sa quiétude par
les pressantes déclarations d'un homme
très bien informé, d'ordinaire, en ce qui
concerne les choses d'Orient, je ne saurais
me hasarder à me prononcer. Supposer
que l'ère des insurrections musulmanes
est close serait faire preuve d'un opti-
misme peut-être excessif; mais, d'un au-
tre côté, n'est-ce pas tomber dans le pes-
simisme que d'avancer que l'Europe, si
tiraillée qu'elle soit par ses dissensions
intestines, puisse un jour se trouver, par
ce fait, dans une situation critique ?
Je laisse donc à d'autres le soin d'ap-
précier comme il convient la thèse, en
tous cas digne d'attention, de M. Na-
poléon Ney. Pour moi,ce qui m'a par-
ticulièrement intéressé dans tout ceci,'
ce sont les détails curieux qu'il a été
amené à donner sur les confréries mu-
sulmanes d'où partent les mots d'or-
dre qui se répandent du Maroc aux îles
de la Sonde, où l'on forme dès initiés, où
l'on entretient, par de superstitieuses
pratiques, la haine contre les infidèles.
Il n'est pas douteux que ces associations
multiples aient une véritable puissance
d'organisation, qu'elles disposent de
moyens d'information singuliers, que
leur ciotiuij. ""&LJ.d,-, Julu. iticixs pcu. vvut.-
elles réellement plus que fomenter des
révoltes partielles?
Depuis quelques années, ces confréries
ont des affiliés dans certaines grandes
villes d'Europe, et c'est précisément un
point -que M. Ney relève avec insistance,
comme un trait caractéristique du déve-
loppement du « panislamisme ». Une
sorte du bureau central est installé à
Constantinople, mais il y a également,
à Paris, des correspondants secrets qui
renseignent les chefs du mouvement.
Ils manient aussi une arme très moderne,
— le journal, dont ils font un actif ins-
trument de propagande. -
Dans les couvents musulmans de l'A-
frique, si éloignés, si perdus qu'il semble,
on est au fait de tout ce qui se passe dans
les capitales européennes, et ces informa-
tions - déterminent la nature des mots
d'de voyageurs qui revêtent toutes les ap-
parences. Le foyer le plus important du
fanatisme musulman est dans la« zaouia »
des Senoussites, en Tripolitaine, dont le
supérieur, ayant à sa disposition des lé-
gions de courriers qui se répandent par-
tout, — médecins, étudiants, négociants,
ouvriers, mendiants, fous simulés ou il-
luminés inconscients, charmeurs d'oi-
seaux ou de serpents, — est une sorte de
pape musulman.
Il semble un personnage de roman,fait
pour intéresser des imaginations même
occidentales, avec son mystérieux pouvoir
reconnu de l'Egypte au Sondan, obéi, sur
un ordre, par trois millions d'individus
qui le vénèrent sans le connaître, invisi-
ble qu'il est dans sa retraite, véritablement
inaccessible aux profanes. Les porteurs
de ses lettres sont capables de tous les
héroïsmes pour * accomplir strictement
des missions dont ils ne se permettent
pas de demander la raison. Ils sont entre
ses mains « comme le cadavre entre les
mains du laveur des morts Y). C'est le Re-
rinde ac cadaver de la Compagnie de' Jé-
sus. Il dispose de vies humaines sans
qu'on discute ses instructions ; il est tenu
au courant de tout, il a la disposition de
trésors parxiSS- vios
offrndes. C'est un maître absolu.
C'est du roman encore, à ce que l'on
dirait (et c'est la réalité pourtant), que le
système employé pour les affiliations, sa-
vant pétrissage des âmes, qui doit trans-
former les adeptes en esclaves, n'aspirant
nlus cru'à arriver à des degrés d'initia-
tion supérieurs. - -'
Chacune des sociétés secrètes musul-
manes a, comme signe de ralliement, une
prière spéciale, qui s'appelle le « deker »,
et, tout d'abord, une façon particulière
de réciter un verset du Coran. Mais à cha-
que degré d'initiation correspond un
« deker » spécial.
Le premier degré s'obtient par un no-
viciat de mille et un jours, pendant les-
quels l'impétrant est condamné aux plus
basses fonctions de la domesticité, afin
que sa volonté soit entièrement domptée.
Puis, s'il a supporté cette épreuve, il peut
réclamer un titre plus élevé qui se con-
fère dans une cérémonie mystique. Le
chef de la confrérie lui rase la têtfè et re,,,,
çoit SOl1 engagement; il ensuite
d un diadème et le revêt d'un manteau
symbolique. Enfin, il le lia à un. autre
nitie par des liens solides pour indiquer
qu il apparent désormais corps-et y m/* à
la secte et il lui pose des questions TUJ
ont un sens caché;,
- Quels sont tes témoins ? lui deman.
de-t-il, par exemple. 1
- Ma main droite et ma main gauche.
Elles porteront témoignage le jour de la
comparution suprême, par-devant le
Maître de l'univers et les deux anges
écrivant sous son ordre.
— Quelle est la maison sans porte ?
— La maison sans porte, c'est la terre,
région d'illusions trompeuses.
* Telle prière, telle formule doit se ré-
peter mille fois de suit 2. Il arrive, au
bout d'un certain temns, qu > ces exerci-
ces constamment acoom.t):", amènent une
excitation cérébrale, une sorte de Inono-
manie devant laquelle disparaît la fa-
culté de réfléchir. Dès lors, l'initié se soU-,
mettra à tous les ordres, tuera si on lui
commande de tuer, n'osera jamais ha-
sarder une objection, et, où qu'il soit,
exécutera les instructions reçues.
M. Ney assure que le massacre r. H
teurs qui, depuis, tentèrent, en partant
d'Algérie, la traversée du Soudan, fut le
résultat d'un ordre donné par le chef de
la confrérie des Senoussites, ennemi irré-
conciliable de la domination française en
Afrique. -..
Quelqu'un de ses mystérieux courriers
avait porté ses volontés, et des membres
de l'immense association devaient aussi-
tôt se trouver pour les exécuter. La vi-
goureuse discipline de ces sociétés se-
crètes ne permet aucune infraction aux
commandements venus de l'impénétraJIe-.
monastère. Dans son fanatisme, l'affilié
abdique toute initiative.
Ces sociétés secrètes auront-elles le
pouvoir de provoquer ua jour un soulè-
vement général ? La France, en tout cas,
est directement intorc -sée à être biea
renseignée sur leur actuel, et il n'é*
tait pas inutile d'appeler l'attention sur
elles.
"i ,".-r" Paul Giniety.
- < UN ESCROC
Le vol à l'annonce. — 500,000 francs
- - escroqués.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
» - Cannes, Ier mars.
La police vient d'arrêter près de notre
ville un nommé Henri Matté, qui commet-
tait de nombrerses escroqueries dites « à
l'annonce
- Il faisait insérer dans les journaux une
annonce promettant un gain certain d'una.
vingtaine de francs nar jour. Les demandes
affluèrent.
L'escroc faisait verser une somme do
50 fr. Après avoir touché une somme consi-
4.Q.hU\. il prit la fuite.
Il a été arrêté à Menton, au moment où il.
prenait son courrier.
Conduit au bureau de police, il a déclaré
se nommer Matté (Henri), et être âgé de
quarante et un ans.
Il résulte d'une enquête faite que l'on se
trouve en présence d'un fripon de profes-
sion, ayant commis des escroqueries à Pa-*
ris pour la somme fabuleuse de 500,000 fr.,
et à Pau pour une somme très importante,
sous le nom de John Bartels.
La question du timbre des récépissés
de petite vitesse. — L'échec
- probable du projet.
Séance calme et monotone, sous la prési-
dence de M. Peytral. On y a validé sans dé-
bat deux nouveaux élus républicains ;
M. Paul Lebaudy, député de Seine-et-Oise,
oi: M. lo docte--.^ Clruueui, dépntc de la iior-
dogne. On a en outre accordé l'urgence à
une proposition modificative de la loi du
h mars 1889 sur la liquidation judiciaire.
-- Enfin, et surtout, on s'est occunè de la
question du timbre des récépissés de petite
vitesse. Nous avons déjà exposé cette af-
faire. Nos lecteurs se rappellent que la
Chambre dernière avait introduit dans la
budget de 1890 une disposition qui substi-
tuait au droit de timbre fixe et unique dont
sont frappées les expéditions par petite vi-
tesse un nouveau droit gradué, propor-
tionnel à l'importance de ces expéditions.
Le principe de cette réforme était assu-
rément équitable; mais l'application qu'en
avaient faite, dans leur hâte excessive, nos
précédents législateurs était défectueuse au
point de compromettre les intérêts du Tré-,
sor, en même temps que ceux de nos in-
dustriels et commerçants.
1 Aussi la Chambre nouvelle, dans une des
dernières séances de l'année 1889, presque
à la veille du jour où le budget de 1890 ab.
lait devenir exécutoire, se hata-t-eile d'ef-
facer de cette loi de finances cette malen-
contreuse disposition qu'y avait inscrite sa
devancière.
-. Toutefois, comme l'idée de ce droit pro-
portionnel était, prise en soi, juste et bonne
il avait été convenu qu'un nouveau projet
serait déposé par le gouvernement, à reffeff
d'instituer la réforme en question, mais do
façon pratique et rationnelle. sans qu'au.
cun intérêt respectable eu fut lésé.
C'est ce projet qui est venu en discussion
hier. Mais il paraît qu'il n'était guère satis-
faisant, lui non plus, ce projet nouveau.
La preuve, c'est qu'il n'a rencontré, pour
le défendre, que le seul M. Prévet qui eD.
était rapporteur. -
Tous les autres orateurs l'ont combattu :
les uns à fond, comme IIM. Mézières, Ter-
rier et Borie, (fut s'opposaient à ce que la
Chambre passât même à la discussion dea
articles ; les autres avec force réserves et
critiques, non sur le principe même, mais
critiqueds, étails qui leur paraissaient devoir
sur les
être sérieusement amendés : ces derniers
étaient MM. Labussièro, Camille Ptilietan et
Leydet.
Ce sont ces derniers qui l'ont, ea MMÀDZB,
emporté. Le passage aux articles a été or-
donné, mais péniblement, après pointage-
et à neuf voix seulement de majorité : «5c
contre W.
On abo dera lundi l'examen de ces arti.
cles ; m us ce vote préliminaire monta
bien que le projet de la commission n<
sortira des délibérations de la Chambre -
si même il en sol1 — que fortement re
manié.
-
CINQ Centimes — paris ?t Départements ->«mo Centimes
LUNDI 3 MARS ISi-J
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Adressa tèlégr.iphlqtuo : XIX* SIÈCLE — PARIS
TRES PROCHAINEMENT
w
Le XIXe SIÈCLE
• v Publiera un grand roman-feuilleton
inédit, spécialement écrit pour ses
lectetirs.
: Lettres apiscopales
t La lecture des lettres épiscopales
est un plaisir austère, mais elle est
instructive. Si ceux que l'on a plai-
samment appelés les évêques laïques
ont pu, en maintes circonstances, être
suspectés de vouloir exercer sur l'E-
glise une sorte de domination illégi-
time et de chercher à mettre les sen-
timents religieux au service des inté-
rêts politiques, le même soupçon ne
pourrait planer sur les intentions des
véritables évêques, lesquels daivejuL
avant tout, — au moins peut-on le
supposer, — se consacrer aux intérêts
religieux. Eh bien, il faut avouer que,
malgré quelques désaveux retentis-
sants infligés par quelques évêques
aux laïques qui voulaient leur faire la
leçon, il n'y a, d'une façon générale,
pas de contradiction entre les uns et les
autres, et que presque tous sont d'ac-
cord pour concevoir de la même fa-
çon le rôle et les droits de l'Eglise et
pour condamner les tendances de la
Société civile. «
Si l'on parcourt les mandements
épiscopaux publiés à l'occasion du Ca-
rême et les divers écrits des chefs du
clergé, on voit de toutes parts les
- mêmes protestations contre les lois ci-
vile. Chacun tient à honneur, tous les
ans, de flétrir de nouveau les lois sco-
laires et de renchérir sur la protesta-
tion de ses voisins contre 4a loi mili-
taire. Mais, tandis que les uns accu-
sent cette loi de vouloir tarir la sour-
ce des vocations ecclésiastiques, d'au-
tres, comme l'évêque de Saint-Flour,
reconnaissent qu'avant même l'appli-
cation de la loi militaire, le recrute-
ment du clergé rencontre de grands
¡obstacles. « Par suite des difficultés
du temps présent et des appréhen-
dions de l'avenir, écrit cet évêque, les
vocations ecclésiastiques sont deve-
nues, d'année en année, plus rares;
le nombre de nos prêtres se trouve,
par conséquent, bien réduit. » Il con-
vient de prendre acte de ces paroles.
Ce n'est pas la loi militaire qui a pu
produire ces effets, et si déjà le recru-
tement du clergé est difficile, c'est
[Sans doute que la carrière ecclésias-
tique paraît moins séduisante aux
jeunes gens, et que la foi s'en va.
Mais d'autres évêques ne se bornent
pas à ces constatations, et, par exem-
iple, M. Péronne, évêque de Beauvais,
ït excite les fidèles aux combats * de la
foi chrétienne". Il veut bien recon-
naître que « nous ne vivons pas pré-
cisément dans ces temps de persécu-
tion violente où la profession pu-
blique de la foi chrétienne comportait
le danger et la perte même de la vie"
et où inscrire son nom sur les regis-
tres de l'Eglise était, comme on l'a
dit, prendre une inscription pour le
martyre. » Mais il paraît que nous
traversons des temps orageux, où l'on
ne peut pratiquer les observances de
la foi sans s'exposer à de vèritables
désagréments. L'évêque de Beauvais ne
se contente pas d'exhorter les fidèles
à braver ces désagréments et à subir
héroïquement les inoffensives persé-
cutions qui ont remplacé celles des
premiers siècles, et que d'ailleurs
l'Eglise a rendues avec usure pendant
longtemps à ses adversaires. Il dénonce
aussi la « tactique perfide des enne-
mis de l'Eglise », qui consiste à « pa-
raître de temps en temps lui faire des
avances de paix ou de trêve et à l'in-
viter à la conciliation, à la concorde,
à l'union. »
Il fait beau voir avec quelle ar-
deur l'évêque de Beauvais repousse
ces avances : « Il leur est facile, s'é-
Crie-t-il, de faire appel entre eux à la
conciliation, à la concentration comb-
me ils disent. Ils n'ont aucun prin-
cipe, aucun symbole, aucune croyan-
ce, aucune conviction. Ils se pas-
sent les uns aux autres les erreurs
les plus contradictoires et les plus
monstrueuses, ils mêlent et confon-
dent les choses les plus opposées. Ils
sont prêts à faire la paix avec tout
le monde. Que leur importent les divi-
sions profondes qui les séparent sur
tous les points, pourvu qu'ils puissent
s'unir contre nous pour combattre et
détruire la vérité ?
» Pour nous, au contraire, continue
l'évêque, qui avons des principes et
des convictions ; pour nous qui croyons
et qui, comme le grand Apôtre, ne
parlons que parce que nous croyons,
nous répondons à ces avances hypo-
crites: Il n'j a ni paix, ni conciliation,
ni transaction possible sur le terrain
\,de& vérités chrétiennes. En effet, la
1
conciliation qu'on vous demande, N.
T. C. F., ce serait de laisser violer
tous vos droits sans réclamer, de lais-
ser répandre l'erreur, afficher le scan-
dai e, accomplir l'iniquité, consommer
les spoliations, attaquer Dieu, outra-
ger Jésus-Christ, détruire le christia-
nisme, ruiner la foi, la moralité, la
conscience; c'est-à-dire qu'ils vous de-
mandent d'être conciliants jusqu'à l'in-
différence, jusqu'à la connivence, ius-
qu'à la complicité, jusqu'au crime. »
Voici du même coup les républicains
et les partisans des droits de la société
civile excommuniés en bonne et due
forme. Ils n'ont aucun principe. C'est
là l'erreur du parti clérical. Ils ont ce
principe que l'Eglise a sa mission, qui
est de s'occuper des choses spirituelles
et de donner ses enseignements à ceux
qui les lui demandent; mais qu'à côté
d'elle il y a la société civile, qui, sans
acception de religion, a sur tous les ci-
toyens les mêmes droits, et à l'égard
de chacun d'eux les mêmes .devoirs.
Sur ce point, comme le disait M. Ribot
dans une circonstance récente, il n'y
a ni modérés ni radicaux. Il y a una-
jûiimité de doclmie eut*** t. lonVm
mes qui ne sont pas inféodés à l'E-
glise.
Nous reconnaissons d'ailleurs que
la même unanimité existe parmi les
hommes qui sont inféodés à l'Eglise.
Pour eux, l'Eglise a tous les droits et
la société civile tous les devoirs et seu-
lement des devoirs. C'est en vertu de
ce principe que naguère M. Freppel
réclamait pour l'Eglise le droit d'inter-
venir dans les élections, et c'est en
vertu de la même théorie que M. Pé-
ronne excite les fidèles de son diocèse
au combat. Entre la théorie de M.
Freppel et de M. Péronne et celle des
défenseurs de la société civile, il n'y
a, comme le dit l'évêque de Beauvais,
pas de conciliation possible ; ce sont
deux principes rivaux. Peut-être ce-
pendant l'Eglise sort-elle du rô,le paci-
ficateur qu'elle s'attribue, en insistant
autant qu'elle le fait sur cet Antago-
nisme. Elle ne cesse de poussairle cri
de guerre contre la société civile et elle
ne sait pas se plaindre de Poppress,ion
dont elle prétend être victimes sans
laisser percer sa colère de n'rtreplus
souveraine lnaitresse. et de ne- plus
opprimer les autres. Ce n'est pas avec
ce système qu'elle ramènera à elle les
esprits ou qu'elle préparé une ère
d'apaisement. v
Le « XIXe Siècle » publiera demain la
« Chronicrue » car M. Francisque Sarcey.
L'AMBASSADE D7 AUTRICHE-HONGR: E
A PARIS j ,
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vienne, 1er mars.
On annonce comme prochain le rappel
du comte Hoyos, ambassadeur d'Autriche à
Paris, et son remplacement par le comte
Agénor de Goluchowski, depuis 1887 mi-
nistre plénipotentiaire à lBucharest.
M. de Goluchowski a été conseiller de
légation à Paris, où il a épousé, en 1885, la
princesse Anna Murât.
Les propos tenus II y a quelques mois
par l'ambassadeur autrichien, dans un in-
terview rapporté par un journal de Paris,
au sujet de la triple alliance et des sympa-
thies de l'Autriche pour la France, ne se-
raient pas étrangers à la résolution prise à
l'égard de ce diplomate.
LE MAIRE DE BERLIN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlinri" mars.
Le conseil municipal de Berlin a réélu hier,
pour douze ans, comme premier bourgmestre,
M. de Forkenbeck, qui remplit ces fonctions
depuis. 1878 et qui a été- président du Reichs-
tag. —— • ■
LA CRISE CE CHANCELLERIE.
A BERLIN
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
». Berlin, 1er mars.
D'après les notes publiés dans divers
journaux qui reçoivent des communica-
tions officieuses, la. question de la retraite
de M. de Bismarck a été réglée définitive-
ment mardi, après une longue conférence
entre l'empereur et le chancelier. M. de
Bismarck a retiré sa démission. Le résultat
des élections n'est pour rien dans cette
crise ni dans sa terminaison. Le différend
entre le souverain et le chancelier avait
pour cause et pour origine les rescrits de
l'empereur sur les questions ouvrières.
Changement au ministère des affaires
étrangères
En même temps que l'on annonce que la
retraite de M. de Bismarck est évitée, le
bruit se répand dans les cercles officiels
que le fils du chancelier, le comte Herbert
de Bismarck, aurait donné sa démission de
secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, et
que l'empereur aurait déjà fait choix, pour
son successeur, du prince de Hohenlohe,
le statthalther actuel d'Alsace-Lorraine.
MORT DE M. COLBORNE
(DE NOTRE CORRESPONDANT)
Le Caire, 1er mars.
M. Colborne, qui faisait partie de l'état-ma-
jor d'Hicks-Pacha pendant la guerre du Sou-
dan. vient de mourir. Il avait servi en Crimée,
aux Indes, en Chine, et avait été décoré par le
khédive.
Son père avait été anobli sous le nom de
lord Seaton pour avoir, à la tête du 50 régi-
ment d'infanterie légère, assuré la victoire de
Waterloo par une attaque décisive au moment
psychologique.
ENSEVELIE VIVANTE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
- Rome, 1er mars.
Une jeune femme a été ensevelie vivante à
Sciaceia, à la suite de léthargie et d'influenza.
Elle est morte étouffée.
L'ÉLECTION DE GIEN
M. LOREAU ET SON AVOCAT
Un tombereau d'outrages. — Le vol
de 35,000 francs de Briare. —
Le républicanisme de M.
Léon Remault.
On n'a pas oublié que la principale rai-
son pour laquelle le sixième bureau de la
Chambre avait proposé l'invalidation de
M. Loreau résidait dans les diffamations
dont M. Portalis avait été l'objet de la part
de M. Loreau et de ses amis.
M. Loreau avait essayé d'abord de
faire passer M. Portalis pour un faussaire.
Ensuite, un journal acheté par M. Lo-
reau, le Républicain de Gien, avait essayé
de faire passer M. Portalis pour un crimi-
nel de droit commun,—on n'a pas oublié le
fameux placard qui a soulevé le dégoût et
l'indignation de la Chambre, placard dans
lequel il était dit que M. Portalis, au lieu
de faire son devoir pendant la guerre, tres-
sait tranquillement des chaussons de lisière
dans la cellule de Troppmann. En même
temps,les agents de M. Loreau parcouraient
les communes en répandant partout le
bruit que M. Portalis était en prison.
Cela résulte aussi bien des débats de la
Chambre que des jugements rendus par le
tr.iiunal dp (Hen et confirmés par la cour
d'Ol'Jé:m:;. D'autreuarf -r-"*
auiuueà cjqjtttiCû u5 Lu. aiiiai que dans ses
journaux, accusait-M. Portalis de vou-
loir détruire l'institution de la, famille;
détruire l'institution de l'armée, détruire.
l'unité française, etc., etc. Des journaux ré-
pandus à profusion disaient que M. Porta-
lis voulait remplacer le mariage civil par
le mariage des chiens (textuel), qu'il avait
été le complice de Bazaine, etc.
Nouvelles diffamations
Son invalidation n'a pas calmé la rage de
diffamation de M. Loreau et de ses amis.
Ne trouvant pas dans toute la presse pa-
risienne un seul journal pour publier con-
tre M. Portalis certaines attaques, M. Loreau
a créé tout spécialement à Paris une feuille
anonyme, qui n'a ni directeur politique ni
rédacteur en chef pour répondre des diffa-
mations qu'elle publie dans chacun de ses
numéros, sous le prétexte de donner sur
le candidat républicain de l'arrondissement
de Gien des notes biographiques. Cette
feuille est distribuée à tous les électeurs,
en même temps que la Liber-té du banquier
juif Pereire, le National, journal boulan-
giste, etc., etc.
Mais tout cela n'est rien. Le comble, le
voici : Après avoir traité M. Portalis de
faussaire, de criminel de droit commun,
d'émule de Troppmann, M.. Loreau fait
maintenant accuser M. Portalis dans le Ré-
publicain de Gien d'être un voleur. Il insi-
nue qu'il aurait bien pu mettre dans sa
poche quelques centaines de. francs, prove-
nant d'une souscription ouverte il y a plu-
sieurs années dans les colonnes du XIXe
Siècle. On peut s'attendre à ce que, d'ici au
9 mars, les agents de M. Loreau accusent
le candidat républicain d'être l'autour du
vol de 35,000 francs commis l'autre matin
à la gare de Briare.
Nous serions curieux de savoir si les
quatre ou cinq modérés qui, de concert
avec les de Béthune, les Falaiseau, les de
Chasseval font cortège à M. Loreau donnent
leur approbation à ces procédés de polé-
mique.
Ce qui est sûr, c'est que ces procédés ont
été déjà flétris par la majorité républicaine
de la Chambre ainsi que par les tribunaux,
et qu'ils le seront de nouveau le 9 mars par
le suffrage universel.
L'avocat de M. Loreau
En attendant, M. Loreau fait venir au-
jourd'hui à Gien M. Léon Renault pour
plaider sa cause. M. Léon Renault a déjà
plaidé pour M. Loreau devant la cour d'Or-
léans, où il comparaissait comme prévenu
de diffamation; il doit aussi plaider pour le
garde Molez, récemment condamné à deux
mois de prison pour menaces envers les
ouvriers.
Il est certain que l'assistance sera nom-
breuse à - cette réunion. Elle a lieu à la
faïencerieÓ Les contre-maîtres ont distribué
aux ouvriers des cartes d'entrée. Ils savent
que cela équivaut à un ordre de présence.
M. Léon Renault, sénateur des Alpes-
Maritimes, est un avocat de talent qui se
fait payer fort cher. Il n'est pas étonnant
qu'il vienne plaider la cause de M. Loreau.
Lui aussi est de ces prétendus conserva-
teurs qui se réclament de la mémoire de
M. Thiers; mais il est bon de rappeler com-
ment ces conservateurs, et notamment M.
Léon Renault, ont traité le premier prési-
dent de notre troisième République; le li-
bérateur du territoire.
Le 17 novembre 1871, M. Thiers avait
nommé M. Léon Renault préfet de police.
Au mois de mai 1873, M. Thiers s'étant
nettement prononcé pour la République, la
République libérale et conservatrice, les
prétendus conservateurs se liguent aus-
sitôt pour le renverser du pouvoir. Ils le
remplacent au pouvoir par le maréchal
de Mac-Mahon, « en attendant, selon les
propres expressions du principal auteur de
la coalition, que l'Assemblée puisse s'en-
tendre sur le choix d'un roi If. Les minis-
tres républicains de M. Thiers furent rem-
placés par MM. le duc de Broglie, Ernoul,
Beulé, Batbie, de la Bouillerie. Tous les
fonctionnaires de M. Thiers donnèrent leur
démission.
Un seul fut non seulement maintenu,
mais promu, choyé, comblé par l'orléanis-
me triomphant, M. Léon Renault. Il passa
cyniquement du côté de l'ennemi.
Il était l'homme de M. Thiers : il devint
l'homme du pire ennemi du libérateur du
territoire, de M. le duc de Broglie.
Aussi la récompense ne se fait-elle pas
longtemps attendre. M. Léon Renault n'é-
tait que préfet de police sous M. Thiers. Il
devient, sous le gouvernement de l'ordre
moral, directeur de la Sûreté générale;
c'est-à-dire que.pour préparer la restaura-
tion monarchique, on lui met la police de
la France entière entre les mains. Alors il
devient le principal agent de la conjura-
tion. Il règle les moindres détails de la
rentrée du roi dans sa bonne-ville de Paris.
Tandis que d'un bout à l'autre du terri-
toire la France républicaine s'organise pour
résister à la restauration, lui stipule les
sommes à distribuer aux soldats du coup
d'Etat. Il dresse la liste de proscription des
républicains. Au mois d'octobre 1873, au
plus fort de la conspiration, le duc de Bro-
glie le nomme chevalier de la Légion d'hon-
neur, en récompense de ce beau zèle. Plus
tard, il est fait officier. Ainsi, la rosette
rouge que ce prétendu républicain porte
avec ostentation sur la poitrine lui a été
donnée par les ennemis de la Républiqu
pour avoir trahi la République.
Est-ce là une croix d'honneur ?
M. Léon Renault ne se dit pas seulement
républicain, il se dit libéral.
Pour juger son libéralisme, il suffit de
se rappeler que, pendant les six années
qu'il est resté à la préfecture de police,
l'état de siège n'a cessé de régner. Pendant
toute cette période, les organes républi-
cains n'ont cessé d'être traqués, poursuivis,
condamnés.
1
DEMISSION DE M. CONSTANS
LE NOUVEAU MINISTRE
Au conseil des ministres. — Les cir-
constances de la démission. — L'im-
pression à la Chambre. — L'opi-
nion générale.
M. Constans, ministre de l'intérieur, a re-
mis hier sa démission au président de la
République.
Voici les détails les plus précis sur cet
événement politique : - , -
Au conseil des ministres qui a eu lieu
hier à l'Elysée, le ministre de l'intérieur
s'est vivement plaint de ne pas avoir été
prévenu des perquisitions faites la veille
dans les bureaux du journal la Presse.
M. Tirard, président du conseil, a reven-
diqué pour Jui seul la resDon.sabiJitÁ ,Jo. -.
-, - C* st moi, a-t-il dit, qui ai prié le
garde des sceaux de faire procéder à ces
perquisitions.
M. Constans répondit qu'il trouvait la
chose d'autant plus étrange qu'il avait fait
déclarer par une note de l'agence Havas
que la circulaire publiée par la Presse était
fausse. C'était donc sa parole mise en
doute par le président du conseil lui-même.
liet inciaent semmait apaise, quand M.
Thévenet proposa la nomination de M. Ma-
zeau, sénateur de la Côte-d'Or, ancien garde
des sceaux, comme premier président de
la cour de cassation, en remplacement de
M. Barbier, atteint par la limite d'âge.
M. Constans fit cette réflexion :
— Je ne suis pas opposé à cette nomina-
tion, mais ne craignez-vous pas de soule-
ver certaines critiques, en prenant pour un
poste de cette importance un personnage
politique en dehors de la carrière?
— Ces critiques se produiront, répliqua
M. Tirard, surtout si elles sont inspirées
par vous. Depuis trois mois, vous ne cessez
d'ameuter vos journaux contre nous.
Une vive discussion s'engagea alors entre
M. Constans et divers membres du cabinet,
discussion dans laquelle on reprochait au
r ministre de l'intérieur d'inspirer certaines
attaques parues dans quelques journaux
contre ses collègues.
— Je ne puis, dit M. Constans, rester plus
longtemps dans un cabinet dont les mem-
bres m'accusent de les faire attaquer. Du
reste, il y a longtemps que j'ai assez des
impertinences de M. Tirard à mon endroit.
Monsieur le président de la République, je
vous offre ma démission.
Une discussion analogue avait d'ailleurs
OU JJPU ONTR». MM Constans et Tirard, au
début de la semaine. - "'-'
w
M. Constans à l'Elysée o. -:
A deux heures, le ministre de l'intérieur
retourna à l'Elysée, où il remit au prési-
dent de la République sa lettre de démis-
sion, qui fut acceptée.
A cinq heures, M. Tirard recevait égale-
ment la lettre de démission de son col-
lègue.
A la Chambre
Les ministres conservèrent le plus grand
secret sur ce qui s'était passé au conseil, et
le ministre de l'intérieur ne reçut le matin
aucun des représentants de la presse.
Ce n'est qu'à trois heures et demie de l'a-
près-midi seulement qu'on apprit la démis-
sion de M. Constans. -
Cette nouvelle produisit la plus vive émo-
tion, et, toute la journée, on ne s'est occu-
pé à la Chambre que de ce gros incident.
Dans le courant de l'après-midi, les mi-
nistres présents à la Chambre, c'est-à-dire
MM. Spuller, Thévenet et Faye, se sont
réunis dans un salon et ont conféré entre
eux. -- ,- - OL. ,--
- DERNIÈRE HEURE
Dans la soirée
Une réunion privée, à laquelle assistaient
les membres du cabinet et plusieurs amis
politiques de M. Tirard, a été tenue chez le
président du conseil. A la suite de cette
délibération, le ministère de l'intérieur a
été offert à M. Bourgeois, qui a accepté. Le
décret de nomination paraîtra ce matin au
Journal ofilciel.
Ajoutons que c'est sur l'invitation de M.
Floquet que M. Bourgeois a accepté l'offre
qui lui était faite. -
M. Constans
Il convient de rappeler que M. Constans,
ministre de l'intérieur depuis le âh février
1889, a rendu des services a la cause répu-
blicaine dans des circonstances que per-
sonnes n'a oubliées.
Ministre de l'intérieur, il a eu de grosses
responsabilités dans la bataille contre le
boulangisme. Les élections générales ont
prouvé qu'il était un sage administrateur
et un ministre souvent heureux.
LE NOUVEAU MINISTRE
M. Léon Bourgeois
Le nouveau ministre de l'intérieur est un
Parisien. Il est jeune, il aura quarante ans
le 39 mai prochain. - ," •»
Docteur on droit, il a débuté, en 1877,
comme secrétaire général de la Marne ;
trois ans après il était sous-préfet de Reims.
Il contribua puissamment à la solution
pacifique de grèves menaçantes. Ses admi-
nistrés. ne l'oublièrent pas, puisqu'ils le
nommèrent député le 26 février 1888, en
remplacement de M. Margaine, nommé sé-
nateur.
Au moment de l'élection, il était préfet
de police ; il avait succédé à M. Gragnon.
Il remplissait ces fonctions lors de la dé-
mission de M. Grévy et de l'élection de M.
Carnot à la présidence de la République.
Quelque temps après avoir été nommé
député, on se rappelle que M. Bourgeois
fut choisi par M. Floquet, président du
conseil et ministre de l'intérieur, comme
sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'in-
térieur. Il se retira avec le cabinet Flo-
quet.
M. Bourgeois connait donc le ministère
de l'intérieur. Il a des qualités d'adminis-
trateur. Il a montré qu'il avait du sang-
froid dans des moments assez difficiles et
assez troublés. C'est encore iln homme ac-
tif et aimable.
CHRONIQUE
Un cri d'alerte, sinon un cri d'alarme,
vient d'être jeté, tout à coup, par M. Na-
poléon Ney. Il estime- que, tandis que
1 Europe est pleine de ferments de dis-
corde, que les nations qui la composent
vivent dans un état d'hostilité perpétuel,
elle pourrait bien être menacée, tout en-
tière, d'un sérieux dangeux. Selon lui, le
monde musulman, si expert en l'art de
la dissimulation, s'agite secrètement, et
plus profondément que jamais, se souve-
nant des prophéties qui annoncent la
venue prochaine d'un sauveur de l'Islam.
M. Ney admet la possibilité d'un formi-
dable mouvement, éclatant inopinément
a la suite d'une mystérieuse entente en-
tre tous les sectateurs du prophète, et il
se demande si dejs éventualités redouta-
bles ne sont pas à cr&mdre. Il entrevoit
même une irrésistible marche en~»vant
d'innombrables légions, soulevées par le
ranatisme, venant d Afrique et d'Asie.
Ce réveil du monde musulman, qui
lui inspire des craintes qu'il croit de son
devoir d'exprimer publiquement, est-il
î^Sâi-îIvS £ laclier tant'd'importance - aux
signes d'un certain bouillonuemnt des
esprits, et ces signes sont-ils des si-
gnes précurseurs? Les .projets hostiles
que prête M. Ney aux prêcheurs de
la guerre sainte se rattachent-ils à un
gigantesque plan d'ensemble ? Ces ques-
tions valent assurément la peine d'être
étudiées de très près; mais, encore qu'on
puisse être ébranlé dans sa quiétude par
les pressantes déclarations d'un homme
très bien informé, d'ordinaire, en ce qui
concerne les choses d'Orient, je ne saurais
me hasarder à me prononcer. Supposer
que l'ère des insurrections musulmanes
est close serait faire preuve d'un opti-
misme peut-être excessif; mais, d'un au-
tre côté, n'est-ce pas tomber dans le pes-
simisme que d'avancer que l'Europe, si
tiraillée qu'elle soit par ses dissensions
intestines, puisse un jour se trouver, par
ce fait, dans une situation critique ?
Je laisse donc à d'autres le soin d'ap-
précier comme il convient la thèse, en
tous cas digne d'attention, de M. Na-
poléon Ney. Pour moi,ce qui m'a par-
ticulièrement intéressé dans tout ceci,'
ce sont les détails curieux qu'il a été
amené à donner sur les confréries mu-
sulmanes d'où partent les mots d'or-
dre qui se répandent du Maroc aux îles
de la Sonde, où l'on forme dès initiés, où
l'on entretient, par de superstitieuses
pratiques, la haine contre les infidèles.
Il n'est pas douteux que ces associations
multiples aient une véritable puissance
d'organisation, qu'elles disposent de
moyens d'information singuliers, que
leur ciotiuij. ""&LJ.d,-, Julu. iticixs pcu. vvut.-
elles réellement plus que fomenter des
révoltes partielles?
Depuis quelques années, ces confréries
ont des affiliés dans certaines grandes
villes d'Europe, et c'est précisément un
point -que M. Ney relève avec insistance,
comme un trait caractéristique du déve-
loppement du « panislamisme ». Une
sorte du bureau central est installé à
Constantinople, mais il y a également,
à Paris, des correspondants secrets qui
renseignent les chefs du mouvement.
Ils manient aussi une arme très moderne,
— le journal, dont ils font un actif ins-
trument de propagande. -
Dans les couvents musulmans de l'A-
frique, si éloignés, si perdus qu'il semble,
on est au fait de tout ce qui se passe dans
les capitales européennes, et ces informa-
tions - déterminent la nature des mots
d'
parences. Le foyer le plus important du
fanatisme musulman est dans la« zaouia »
des Senoussites, en Tripolitaine, dont le
supérieur, ayant à sa disposition des lé-
gions de courriers qui se répandent par-
tout, — médecins, étudiants, négociants,
ouvriers, mendiants, fous simulés ou il-
luminés inconscients, charmeurs d'oi-
seaux ou de serpents, — est une sorte de
pape musulman.
Il semble un personnage de roman,fait
pour intéresser des imaginations même
occidentales, avec son mystérieux pouvoir
reconnu de l'Egypte au Sondan, obéi, sur
un ordre, par trois millions d'individus
qui le vénèrent sans le connaître, invisi-
ble qu'il est dans sa retraite, véritablement
inaccessible aux profanes. Les porteurs
de ses lettres sont capables de tous les
héroïsmes pour * accomplir strictement
des missions dont ils ne se permettent
pas de demander la raison. Ils sont entre
ses mains « comme le cadavre entre les
mains du laveur des morts Y). C'est le Re-
rinde ac cadaver de la Compagnie de' Jé-
sus. Il dispose de vies humaines sans
qu'on discute ses instructions ; il est tenu
au courant de tout, il a la disposition de
trésors parxiSS- vios
offrndes. C'est un maître absolu.
C'est du roman encore, à ce que l'on
dirait (et c'est la réalité pourtant), que le
système employé pour les affiliations, sa-
vant pétrissage des âmes, qui doit trans-
former les adeptes en esclaves, n'aspirant
nlus cru'à arriver à des degrés d'initia-
tion supérieurs. - -'
Chacune des sociétés secrètes musul-
manes a, comme signe de ralliement, une
prière spéciale, qui s'appelle le « deker »,
et, tout d'abord, une façon particulière
de réciter un verset du Coran. Mais à cha-
que degré d'initiation correspond un
« deker » spécial.
Le premier degré s'obtient par un no-
viciat de mille et un jours, pendant les-
quels l'impétrant est condamné aux plus
basses fonctions de la domesticité, afin
que sa volonté soit entièrement domptée.
Puis, s'il a supporté cette épreuve, il peut
réclamer un titre plus élevé qui se con-
fère dans une cérémonie mystique. Le
chef de la confrérie lui rase la têtfè et re,,,,
çoit SOl1 engagement; il ensuite
d un diadème et le revêt d'un manteau
symbolique. Enfin, il le lia à un. autre
nitie par des liens solides pour indiquer
qu il apparent désormais corps-et y m/* à
la secte et il lui pose des questions TUJ
ont un sens caché;,
- Quels sont tes témoins ? lui deman.
de-t-il, par exemple. 1
- Ma main droite et ma main gauche.
Elles porteront témoignage le jour de la
comparution suprême, par-devant le
Maître de l'univers et les deux anges
écrivant sous son ordre.
— Quelle est la maison sans porte ?
— La maison sans porte, c'est la terre,
région d'illusions trompeuses.
* Telle prière, telle formule doit se ré-
peter mille fois de suit 2. Il arrive, au
bout d'un certain temns, qu > ces exerci-
ces constamment acoom.t):", amènent une
excitation cérébrale, une sorte de Inono-
manie devant laquelle disparaît la fa-
culté de réfléchir. Dès lors, l'initié se soU-,
mettra à tous les ordres, tuera si on lui
commande de tuer, n'osera jamais ha-
sarder une objection, et, où qu'il soit,
exécutera les instructions reçues.
M. Ney assure que le massacre r. H
teurs qui, depuis, tentèrent, en partant
d'Algérie, la traversée du Soudan, fut le
résultat d'un ordre donné par le chef de
la confrérie des Senoussites, ennemi irré-
conciliable de la domination française en
Afrique. -..
Quelqu'un de ses mystérieux courriers
avait porté ses volontés, et des membres
de l'immense association devaient aussi-
tôt se trouver pour les exécuter. La vi-
goureuse discipline de ces sociétés se-
crètes ne permet aucune infraction aux
commandements venus de l'impénétraJIe-.
monastère. Dans son fanatisme, l'affilié
abdique toute initiative.
Ces sociétés secrètes auront-elles le
pouvoir de provoquer ua jour un soulè-
vement général ? La France, en tout cas,
est directement intorc -sée à être biea
renseignée sur leur actuel, et il n'é*
tait pas inutile d'appeler l'attention sur
elles.
"i ,".-r" Paul Giniety.
- < UN ESCROC
Le vol à l'annonce. — 500,000 francs
- - escroqués.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
» - Cannes, Ier mars.
La police vient d'arrêter près de notre
ville un nommé Henri Matté, qui commet-
tait de nombrerses escroqueries dites « à
l'annonce
- Il faisait insérer dans les journaux une
annonce promettant un gain certain d'una.
vingtaine de francs nar jour. Les demandes
affluèrent.
L'escroc faisait verser une somme do
50 fr. Après avoir touché une somme consi-
4.Q.hU\. il prit la fuite.
Il a été arrêté à Menton, au moment où il.
prenait son courrier.
Conduit au bureau de police, il a déclaré
se nommer Matté (Henri), et être âgé de
quarante et un ans.
Il résulte d'une enquête faite que l'on se
trouve en présence d'un fripon de profes-
sion, ayant commis des escroqueries à Pa-*
ris pour la somme fabuleuse de 500,000 fr.,
et à Pau pour une somme très importante,
sous le nom de John Bartels.
La question du timbre des récépissés
de petite vitesse. — L'échec
- probable du projet.
Séance calme et monotone, sous la prési-
dence de M. Peytral. On y a validé sans dé-
bat deux nouveaux élus républicains ;
M. Paul Lebaudy, député de Seine-et-Oise,
oi: M. lo docte--.^ Clruueui, dépntc de la iior-
dogne. On a en outre accordé l'urgence à
une proposition modificative de la loi du
h mars 1889 sur la liquidation judiciaire.
-- Enfin, et surtout, on s'est occunè de la
question du timbre des récépissés de petite
vitesse. Nous avons déjà exposé cette af-
faire. Nos lecteurs se rappellent que la
Chambre dernière avait introduit dans la
budget de 1890 une disposition qui substi-
tuait au droit de timbre fixe et unique dont
sont frappées les expéditions par petite vi-
tesse un nouveau droit gradué, propor-
tionnel à l'importance de ces expéditions.
Le principe de cette réforme était assu-
rément équitable; mais l'application qu'en
avaient faite, dans leur hâte excessive, nos
précédents législateurs était défectueuse au
point de compromettre les intérêts du Tré-,
sor, en même temps que ceux de nos in-
dustriels et commerçants.
1 Aussi la Chambre nouvelle, dans une des
dernières séances de l'année 1889, presque
à la veille du jour où le budget de 1890 ab.
lait devenir exécutoire, se hata-t-eile d'ef-
facer de cette loi de finances cette malen-
contreuse disposition qu'y avait inscrite sa
devancière.
-. Toutefois, comme l'idée de ce droit pro-
portionnel était, prise en soi, juste et bonne
il avait été convenu qu'un nouveau projet
serait déposé par le gouvernement, à reffeff
d'instituer la réforme en question, mais do
façon pratique et rationnelle. sans qu'au.
cun intérêt respectable eu fut lésé.
C'est ce projet qui est venu en discussion
hier. Mais il paraît qu'il n'était guère satis-
faisant, lui non plus, ce projet nouveau.
La preuve, c'est qu'il n'a rencontré, pour
le défendre, que le seul M. Prévet qui eD.
était rapporteur. -
Tous les autres orateurs l'ont combattu :
les uns à fond, comme IIM. Mézières, Ter-
rier et Borie, (fut s'opposaient à ce que la
Chambre passât même à la discussion dea
articles ; les autres avec force réserves et
critiques, non sur le principe même, mais
critiqueds, étails qui leur paraissaient devoir
sur les
être sérieusement amendés : ces derniers
étaient MM. Labussièro, Camille Ptilietan et
Leydet.
Ce sont ces derniers qui l'ont, ea MMÀDZB,
emporté. Le passage aux articles a été or-
donné, mais péniblement, après pointage-
et à neuf voix seulement de majorité : «5c
contre W.
On abo dera lundi l'examen de ces arti.
cles ; m us ce vote préliminaire monta
bien que le projet de la commission n<
sortira des délibérations de la Chambre -
si même il en sol1 — que fortement re
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