Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-02-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 26 février 1890 26 février 1890
Description : 1890/02/26 (A19,N6617). 1890/02/26 (A19,N6617).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
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L'AMNISTIE DEVANT LA CHAMBRE
ET DEVANT LE CONSEIL MUNICIPAL
LES BOELANGISTES
[ET LES ELECTIONS DE MAI
Les incendies d'hier soir
IAFFA IRE GOUFFÉ
Runin lnir
La dernière législature a montré
dans toute leur nudité les inconvé-
nients et les dangers de la méthode
des groupes. Ce fractionnement de la
majorité a eu pour conséquence de
supprimer la majorité elle-même. Les
coteries rivales cherchaient sans relâ-
che à se susciter réciproquement des
embarras. Elles empêchaient les minis-
k tères de vivre, et, lorsqu'elles avaient
réussi à les renverser, elles empê-
chaient encore la solution de la crise,
parce que les compétitions person-
nelles entraient en jeu et que chaque
groupe menaçait de combattre le mi-
nistère en préparation si la part du
lion ne lui était pas faite dans la dis-
tribution des portefeuilles. Dans ce
fractionnement du parti républicain,
toutes les velléités d'entente et d'union
ge sont trouvées anéanties, et, au con-
traire, c'est la division et l'antagonis-
ïne des opinions qui. se sont accen-
tués, chaque groupe voulant affirmer
son existence et obliger les autres à
çapituler devant lui.
C'est à cette méthode qu'il faut attri-
buer — en très grande partie tout au
moins — l'impuissance de la dernière
législature et le mécontentement gé-
néral qui en a été la conséquence.
Aussi a-t-elle été sévèrement jugée.
Aux dernières élections, le corps élec-
toral a exigé des candidats des enga-
gements formels. Il n'a pas, dans la
plupart des cas, voté pour des modérés
ou pour des radicaux : il a voté pour
les candidats de la République, pour
ceux qui promettaient de travailler à
faire et à maintenir l'union entre tous
les républicains, et, s'il a opéré au se-
cond tour la concentration qui a as-
suré le succès des républicains sur
leurs adversaires, c'est que les candi-
dats avaient annoncé l'intention bien
arrêtée de ne pas être, une fois élus,
les hommes d'un parti dans la Répu-
blique, d'oublier toutes les anciennes
divisions.
Certains hommes ont pu voir avec
regret s'établir cette tendance à l'uni-
fication du parti républicain. Ils ont
invoqué les souvenirs historiques pour
prouver qu'il était nécessaire qu'il
y eût dans un Etat deux partis,
whig et tory ici, libéral et cléri-
cal ailleurs, conservateur et progres-
siste autre part, se servant récipro-
quement de régulateur et empêchant
les bonds trop brusques ou les écarts
trop violents dans un sens comme
dans l'autre. Mais ces hommes n'ont
pas voulu voir que, dans les pays où
cet équilibre existe, la situation est
très différente de celle qui nous est
faite à nous-mêmes. Il n'y a pas chez
eux la coalition considérable, qui existe
chez nous, d'adversaires du gouver-
nement établi.
Le gouvernement n'y est pas, comme
chez nous, obligé de lutter sans cesse
pour se maintenir; il ne se trouve pas
remis en question chaque fois que le
scrutin s'ouvre, et l'on n'y voit pas
les adversaires les plus notoires du
régime établi, prendre tous les dégui-
sements et se livrer aux manœuvres
les plus déloyales, dans le seul but de
parvenir à faire une nouvelle révolu-
tion et à jeter le pays dans l'anar-
chie.
Cette situation est la nôtre, et, quels
qu'en soient les inconvénients, il faut
bien les subir, puisque nous ne pou-
vons pas les éviter. De même, il faut
bien accepter les devoirs qu'elle nous
impose, puisque l'oubli de ces devoirs
peut compromettre, non pas l'avenir
d'un parti dans la République, mais
bien l'existence de la République elle-
même.
La majorité de la Chambre nouvelle
Ta compris et elle a résisté à toutes les
tentatives des hommes qui ne vou-
laient pas rompre avec le passé et
dont la conception politique était de
reconstituer les anciens groupes. Elle
a, au contraire, accueilli avec fa-
veur l'initiative, prise par M. de La-
nessan et par quelques-uns de ses
collègues, de réunions plénières dans
lesquelles on chercherait, non plus
l'occasion de se dresser des embûches
les uns aux autres, mais au contraire
le moyen de s'unir pour donner des
satisfactions au uavs et pour réaliser
quelques-unes des réformes qu'il al-
tend.
On lira plus loin la lettre par la-
quelle M. de Lanessan et ses collègues
viennent d'inviter les membres du
gouvernement à la réunion plénière
qui doit se tenir demain. On verra
aussi que les ministres ont accepté
cette invitation et qu'ils se proposent
de prendre à la réunion une part ac-
tive, en y apportant non pas la rési-
gnation passive de commis venant
prendre les instructions de leurs chefs,
mais en y exposant les idées du gouver-
nement sur les questions économiques
et les principes de la politique finan-
cière qui a présidé à la confection du
budget et qu'il se propose d'appliquer
pour remédier aux inconvénients de la
situation présente.
Nous ne voulons rien exagérer, et
nous sommes fort disposés à croire
qu'avant que cet instrument nouveau
des réunions plénières rende tous les
services qu'on en peut attendre, on
aura besoin de s'habituer à son ma-
niement. Mais tandis qu'avec la mé-
thode ancienne, le gouvernement était
prisonnier des groupes et que les ordres
du jour de chacun d'eux prenaient
les allures d'un ultimatum, le procédé
nouveau établit des relations plus cor-
diales entre le gouvernement et la ma-
jorité; il crée entre celle-ci et celui-là
un échange d'idées, et, en permettant
des deux parts que l'on s'explique et
que l'on discute, il offre un moyen
d'arriver à une entente qui peut être
très profitable au parti républicain.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
» Vie de Paris » par Henry Fouquier.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
A Nice
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Nice, M février.
• Je puis vous affirmer que M. Borriglione
abandonnera la circonscription de Nice-
campagne pour se porter dans Nice-ville
contre le baron Raiberti.
A Toulouse
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Toulouse, 2A février.
M. Leygues, candidat radical aux pro-
chaines élections, aura pour concurrent,au
siège vacant par la nomination de M. Cons-
tans comme sénateur, M. Sirven, ancien
maire de Toulouse, républicain opportu-
niste.
LE FUTUR
AMBASSADEUR FRANÇAIS A ROME
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 2A février.
Certains journaux croient que M. Barrère
sera nommé ambassadeur à Rome, et ajou-
tent qu'il sera fort bien accueilli.
LE DÉPUTÉ SOCIALISTE
D'ALSACE - LORRAINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Mulhouse, SA février.
Voici la biographie de M. Hickel, le can-
didat socialiste élu à Mulhouse, telle qu'il
l'a donnée lui-même :
Hickel est Alsacien, né à Bischwiller (Bas-
Rhin), en 18A8. Il a servi comme mobile au
siège de Strasbourg. Fait prisonnier, il fut
interné à Rastadt.
Il exerce actuellement le métier de char-
pentier. Sa femme tient une épicerie dans le
faubourg de Dornach.
Le nouveau député socialiste a pour pro-
gramme : Abandon de la protestation contre
l'annexion; augmentation des salaires; dé-
grèvements ; taxes progressives sur les re-
venus.
Hickel n'est pas un orateur. Il suit docile-
ment le mot d'ordre du chef du parti so-
cialiste.
EFFONDREMENT D'UN CIRQUE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Nîmes, 2A février.
Un cirque installé sur la place de Generac
s'est effondré hier soir, pendant la représenta-
tion. Quatre cents personnes avaient pris place
sur les gradins. Une vive panique se produi-
sit. Quand l'émotion fut calmée, on constata
qu'aucun accident grave n'était arrivé.
LA LANGUE FRANÇAISE
AU CANADA
Déclaration de la Chambre des députés
canadienne
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Montréal, fUi février.
La Chambre des communes du Canada,à
Ottawa, a repoussé la proposition de la
suppression du français comme langue of-
ficielle concurremment avec l'anglais.
Cette proposition était formulée par un
bill proposé par un M. Mac-Carthy et motivé
ainsi : « Attendu qu'il importe, dans l'inté-
rêt de l'unité nationale de la Puissance du
Canada qu'il y ait unité du langage dans le
peuple.
Le gouvernement a combattu catégori-
quement cette proposition, et la Chambre a
voté, par 1A8 voix contre 50, la résolution
suivante, qui en est la négation formelle :
"CeUeChambre,ayant égard au long usage
de la langue française dans l'ancien Canada,
et aux conventions passées à ce sujet et in-
corporées dans la Constitution de l'Amé-
rique anglaise, ne-peut accepter les décla-
rations contenues dans le bill de M. Mac-
Carthey à cet égard. »
VOYAGE PRÉSIDENTIEL
Les députés de l'Algérie ont été reçus hier
par M. Carnot.
lis venaient, au nom de la colonie qu'ils re-
présentent, demander au président de la Ré-
publique de prolonger jusqu'en Algérie le
voyage qu'il doit faire, au printemps, dans le
Midi et sur le littoral méditerranéen.
M. Carnot n'a pu donner aux représentants
algériens aucune réponse définitive. ,.
r L'AMNISTIE
A LA CHAMBRE
La proposition Moreau. — La question
de la prise en considération. —
M. Thévenet et M. Maujan.
— Le rejet de l'amnistie.
L'incident auquel devait donner lieu la
question de l'amnistie s'est produit, à la
Chambre, au début de la séance d'hier.
Mais il n'a duré que peu d'instants, et tout
s'est passé le plus tranquillement du mon-
de. On pouvait aisément prévoir qu'il en
serait ainsi. Alors, en effet, qu'aucune me-
sure de grâce n'avait été prise en faveur
du jeune duc d'Orléans, les partisans de
l'amnistie ne pouvaient invoquer, à l'ap-
pui de leur thèse, une comparaison qui
eût été de nature à passionner le débat.
M. Emile Moreau, député du Nord, auteur
de la proposition relative à l'amnistie, s'est
donc borné à venir combattre les conclu-
sions de la commission d'initiative tendant
à la non-prise en considération de cette
proposition : il ne s'agissait, en effet, que
d'une simple prise en considération, ainsi
que nous l'avons déjà expliqué.
— La commission, a dit M. Moreau, de-
mande seulement au gouvernement d'ac-
corder des grâces ou des diminutions de
peines. Mais la grâce n'est pas la même
chose que l'amnistie. Elle ne supprime pas
le casier judiciaire, elle ne rend pas les
droits politiques.
Et l'orateur a conclu en ces termes :
J'espère que la Chambre ne suivra pas sa
commission d'initiative. Elle se souviendra
que nous sommes au 2A février et qu'il y a
lieu pour elle, à pareille date, de se montrer
plus clémente- envers le suffrage universel.
Elle se rappellera la période électorale qui
vient de s'écouler et les reproches que l'on a
faits alors aux Chambres précédentes.
Les ouvriers disaient : On n'a rien fait pour
nous. La commission d'initiative leur dit au-
jourd'hui : Nous ne vous écouterons pas. Je
suis, moi, persuadé que la Chambre repous-
sera les conclusions de la commission d'ini-
tiative et qu'elle votera la prise en considéra-
tion. (Très bien I très bien 1 à gauche.)
Le rapporteur, M. Hély d'Oissel, a main-
tenu les conclusions de la commission,sous
prétexte que les amnisties avaient été nom-
breuses depuis six ou sept ans et que la
dernière datait de six mois environ, puis-
qu'elle avait été décidée à l'occasion du
1A juillet 1889.
« Il serait fâcheux, a-il ajouté, de renou-
veler périodiquement une pareille mesure :
ce serait lui donner un caractère normal
qui aboutirait à l'énervement de la jus-
tice. »
Riposte de M. Moreau :
On vous a demandé tout récemment, a-t-il
dit, le rappel des lois de 1886, et, manifestant
une certaine déférence pour la Droite, vous
avez discuté la question. Je demande que vous
soyez aussi bienveillants pour les ouvriers
que pour les princes, et que vous les écoutiez
à leur tour. (Très bien! très bien! à gauche.)
L'avis du gouvernement
M. Thévenet s'est, en quelques mots, fort
nettement prononcé contre l'amnistie.
M. Thévenet, ministre de la justice, garde
des sceaux. - Le gouvernement tient à donner
à la Chambre quelques renseignements de fait
qui pourront l'éclairer sur la proposition qui
lui est soumise.
Au mois de juillet dernier, à l'occasion du
Centenaire de 1789, une loi d'amnistie a été
votée par le Parlement. Elle a compris tous
les faits de grève. Elle n'a laissé en dehors que
deux catégories de condamnés pour faits de
droit commun. Ainsi donc, je le répète, dès le
mois de juillet dernier, tous les faits de grève
ont été aministiés.
Depuis le mois de juillet, d'autres grèves se
sont produites dans le département du Nord,
et d'autres condamnations ont été prononcées.
On a demandé do nouveau l'amnistie et, quand
la proposition a été déposéè, j'ai dit que le
gouvernement s'opposait au vote d'une nou-
velle loi d'amnistie, mais qu'il demanderait au
président de la République d'user de la plus
large clémence.
Cette parole a été tenue, tous les condamnés
ont été graciés, sauf un seul qui a été exclu
parce qu'il avait commis des délits de droit
commun et que son dossier judiciaire comp-
tait sept condamnations.
Aujourd'hui le gouvernement n'a pas à
changer dé langage. Les mesures de clémence
qui avaient été promises ont été prises le plus
largement possible. Quant à voter une nou-
velle amnistie, le gouvernement ne pense pas
qu'une mesure aussi solennelle puisse etre
appliquée à des faits aussi peu importants et
aussi récents. (Très bieni très bien! sur un
grand nombre de bancs.)
M. Maujan a répliqué au ministre avec
vivacité et non sans éloquence.
M. Maujan. — Il s'agit d'une loi visant les
ouvriers qui ont été victimes des injustices
sociales et des sollicitations de la faim, d'hom-
mes qui, malgré l'ajournement des réformes,
restent fidèles à la cause républicaine dont ils
attendent leur émancipation. (Applaudisse-
ments à gauche.)
Je sais bien que ce ne sont pas des prison-
niers éclatants (Très bien ! très bien 1 sur les
mêmes bancs); ce sont de simples prétendants
à l'existence (Nouveaux applaudissements) et
leurs menus de prison n'appartiendront ja-
mais à l'histoire (Rires). Mais ils ont laissé fem-
mes et enfants, et leur situation de famille
nous tient au cœur.
Je n'insiste pas. Je dis seulement que, si on
se montre rigoureux aujourd'hui pour eux, il
deviendrait impossible de se montrer indul-
gent demain pour d'autres. (Très bien 1 très
bien 1 à 1 extreme gau. he.) Le pays ne com-
prendrait pas qu'il y eût deux justices, et si
vous croyez devoir faire fléchir les lois de la
République malgré l'attitude provocatrice de
la réaction (Bruit à droite.), il y aurait certai-
nement ici une majorité républicaine qui ne
vous suivrait pas dans cette voie. (Applaudis-
sements à gauche.)
Cette dernière phrase de M. Maujan a
causé une assez vive impression. Le dé-
puté de la Seine a de plus, comme on vient
de voir, quelque peu touché aux questions
brûlantes. Mais on a voté aussitôt après sa
déclaration.
Les conclusions de la commission d'ini-
tiative ont été adoptées par 335 voix contre
190, c'est-à-dire que l'amnistie a été repous-
sée.
L'AMNISTIE
DEVANT LE CONSEIL MUNICIPAL
La proposition de M. Vaillant. — Dis-
cussion et adoption de la proposition.
Le conseil municipal s'est longuement
occupé, lui aussi, de l'amnistie à accorder
aux grévistes de Montceau-Les-Mines et de
Decazeville. C'est M. Vaillant qui a ouvert
le feu par le dépôt du vœu suivant :
, Le conseil,
Considérant que dans une République tout
prétendant ou aspirant au trône ou à la dicta-
ture doit être puni comme ennemi publie, s'il
ne peut être supprimé;
Protestant contre tout acte de clémence ou
de grâce du gouvernement envers un préten-
dant quand des républicains sont condamnés
pour délits de réunion et de presse, quand
des grévistes de Montceau-les-Mines et de De-
cazeville sont encore en prison et Cyvoct au
bagne,
Emet le vceu
D'une amnistie immédiate pour tous délits
de réunion et de presse et pour tous faits de
grève et faits connexes.
Signé : Vaillant, Chauviére, Charles Longuet,
Daumas.
« Alors qu'il a été question un moment
de gracier un prétendant, avait dit M. Vail-
lant au début, on voit encore dans les pri-
sons de la République des hommes qui
n'ont commis d'autre faute que de combat-
tre pour les idées républicaines. »
M. Cochin répond :
Il s'agit d'appliquer la grâce à plusieurs
condamnés : à l'un pour avoir voulu servir
son pays comme soldat. (Protestations).
M. Faillet. — C'est une ficelle, vous le savez
bien.
M. Cochin. — A d'autres qui sont coupa-
bles d'avoir troublé leur pays et entravé la li-
berté du travail par des délits et par des
crimes de droit commun (Protestations).
Pour le Français, pour le soldat qui est à la
Conciergerie, M. Vaillant n'a que des rigueurs
implacables, et même des menaces ; il réclame
la clémence pour les autres, qui sont des cri-
minels.
Je n'admets pas le parallèle.
H. Lavy. — Nous estimons que les mineurs
frappés sont dignes de clémence.
M. Riant. — Pour avoir assassiné.
1H. Lavy. — Il y a plusieurs façon d'assassi-
ner. On tue un homme d'un seul coup, ou
bien on le fait mourir à la longue, de misère
et de faim.
Ils ont laissé un jour s'échapper l'exaspéra-
tion que le malheur avait fait germer en eux.
M. Daumas. — Exaspération justifiée.
M. CbaDTière. — Et par des traitements
que personne d'entre vous n'aurait supportés.
M. Lavy. — M. le duc d'Orléans ne pourrait
se mettre dans le même cas. Il n'est pas ex-
posé à mourir de faim.
Nous savons, au contraire, qu'il est loin de
subir un tel supplice.
M. Cattiaux. — Il vit très largement.
Et M. Lavy demande au conseil de voter
l'amnistie pour tous les faits de grève et
pour tous les faits connexes.
H. Gaulrès. — Je dépose la proposition
suivante : -
« Les soussignés demandent l'ordre du jour
sur la question de grâce à accorder ou à re-
fuser au duc d'Orléans et autres condamnés.
« Signé : Gaufrés, Simoneau. »
M. le président. - L'ordre du jour pur et
simple est demandé. D'un autre côté, je suis
saisi de la proposition d'amnistie déposée par
M. Vaillant.
M. le préfet de la Seine. — Le conseil
sait que la proposition d'amnistie est d'ordre
politique et que, par conséquent, elle est ab-
solument en dehors de ses attributions. Je
fais donc toutes réserves à raison de la léga--
lité de ce vote.
L'ordre du jour pur et simple est mis
aux voix et n'est pas adopté. Reste la pro-
position de M. Vaillant. La division est de-
mandée.
La première partie de cette proposition :
« Emet le vœu d'une amnistie immédiate
pour tous délits de réunion et de presse et
pour tous faits de grève », est adoptée par
h3 voix contre.
M. Longuet demande la parole pour pré-
senter quelques observations.
9V. Charles Longuet. — M. Léon Donnat
et quelques-uns de nos collègues ont demandé
la division en se fondant sur ceci : qu'ils ac-
ceptent une amnistie politique, mais non une
amnistie pour crimes de droit commun, et
que, précisément la seconde partie de la pro-
position contenue dans ces mots : « faits con-
nexes », comporte une amnistie pour crimes
non politiques.
Et M. Longuet démontre que les crimes
de droit commun occasionnés par des faits
politiques constituent bien des crimes po-
litiques.
« Nous avons parmi nos collègues, ajoute
l'orateur, des hommes qui sont l'honneur
de notre parti et qui ont été condamnés
dans ces conditions. Je puis bien citer no-
tre ami Alphonse Humbert, sans crainte
d'effaroucher sa modestie, puisqu'il n'est
pas en ce moment dans la salle. »
M. Longuet rappelle le procès de Mont-
ceau-les-Mines. Il rappelle également le
procès de Cyvoct, condamné pour délit de
presse; l'affaire de Decazeville et l'assassi-
nat de M. Wattrin.
Finalement, M. Longuet s'oppose à la
distinction entre les faits politiques et les
faits connexes.
— Je demande, au contraire, cette dis-
tinction, dit M. Donnât. Je ne puis consi-
dérer les assassins de M. Wattrin comme
des républicains ni comme des citoyens
français.
Enfin, on vote sur la seconde partie de la
proposition de M. Vaillant. Elle est adoptée
par 35 voix contre 13.
LE CAS DU GÉNÉRAL CASTEX
Le conseil d'enquête chargé d'examiner Je
cas du général Hubert-Castex se réunira ce
matin.
RÉUNION DES GAUCHES
Lettre de M. de Lanessan. — Program-
me économique et financier du
ministère.
Conformément à la résolution votée par
eux le 29 janvier, les membres de la ma-
jorité républicaine tiendront demain mer-
credi une nouvelle réunion plénière,
réunion à laquelle assistera le gouverne-
ment.
M. de Lanessan et plusieurs de ses col-
lègues ont en effet adressé à M. le prési-
dent du conseil une lettre dont voici le
texte :
Monsieur le président,
Dans la première réunion plénière qu'elle
a tenue, la majorité républicaine a nettement
manifesté sa résolution de maintenir l'union
des députés républicains et de s'entendre avec
le gouvernement pour le secqnder dans la
voie des réformes démocratiques.
En conséquence, nous avons l'honneur de
vous prier d'assister avec vos collègues à la
réunion plénière qui aura lieu le mercredi 96
courant, à trois heures Uu soir, dans la
galerie des fêtes de la présidence de la
Chambre.
Les discussions ne seront naturellement
suivies d'aucun vote.
Veuillez agréer, etc.
Ont signé : MM. de Lanessan, Loekroy,
A. Proust, Jamais, Rivet.
M. Tirard, président du conseil, a déjà
prévenu les signataires que le gouverne-
ment se ferait un plaisir et un devoir de
répondre à la convocation de la majorité
répuhlicaine.
Il a même fait pressentir à M. de Lanes-
san que le gouvernement profiterait de
l'occasion pour s'expliquer sur certains
points de son programme économique et
financier.
CHRONIQUE
La diplomatie et l'étude des questions
militaires laissent des loisirs au général
Tcheng-ki-Tong, le secrétaire de l'am-
bassade de Chine. Il faut le croire, du
moins, car on ne vit jamais général écrire
autant et sur des sujets si variés.
Le général Tcheng-ki-Tong est devenu,
depuis quelques années, une physiono-
mie très parisienne, et il se pique, en ef-
fet, de n'être étranger à rien de ce qui
nous intéresse. Ce Chinois emploie même
avec quelque affectation des expressions
boulevardières, de façon à prouver qu'il
entend même les finesses de cet argot
spécial, et il est au courant de tous les
« potins M. Au reste, il n'attend point
qu'on s'émerveille de cette assimilation
de nos mœurs : il sait très bien prendre
les devants et confesser, — ce qui est la
vérité, — qu'il est un homme étonnant.
On le voit partout, il donne son mot
sur tout. Il fait des conférences, il rédige
des articles, il a toujours un livre sous
presse, il fréquente les salons mondains,
on lit sans cesse son nom dans les jour-
naux. Même s'il n'était pas Chinois, il se
singulariserait par son universelle et un
peu encombrante activité.
Mais, encore que par son goût pour le
bruit et le mouvement il semble s'être
complètement « européanisé », il tient à
attester qu'il reste Chinois et qu'il est
très satisfait de l'être. Il se plaît à nous
donner des leçons, sous le prétexte de
nous décrire les coutumes et la vie intime
de son pays. On sent qu'il nous traite de
haut et qu'il prend un peu en pitié notre
civilisation. Les arriérés, les barbares,
c'est nous, évidemment. Il a déclaré qu'il
ne trouvait nulle part rien de compara-
ble à la hiérarchie compliquée du manda-
rinat,et il part de là pour juger nos insti-
tutions, avec un peu d'aigreur, parfois,
sous l'enveloppement de la forme. On
dirait vraiment qu'il ne nous aime guère,
au fond.
Au reste, il a la bonne fortune de
demeurer à la mode. On s'extasie de ses
critiques, on se pâme de ses plaisanteries
un peu perfides, on paraît ravi de ses
remarques légèrement fielleuses.On ne se
lasse point de l'entendre faire notre pro-
cès, et cela semble très piquant qu'il pro-
clame en toutes choses la supériorité de
la Chine — fût-ce en se moquant de ses
auditeurs.
Ah ! la Chine, selon lui, est vraiment
« un pays charmant » ! Il le dit, et, avec
quelque badauderie, on ajoute foi, gra-
vement, à tout ce qu'il raconte.
Aujourd'hui, il nous parle des plaisirs
de son pays, et il laisse entendre que,
nous autres, nous ne savons même pas
nous amuser. Il prend une à une chacune
de nos distractions habituelles et la com-
pare avec dédain aux distractions chi-
noises, décentes, discrètes, l'affinées. 0
rare continence ! Il nous affirme que, dans
l'empire du Milieu, on n'a jamais vu un
étudiant s'adonner à d'autres délasse-
ments qu'à celui des luttes poétiques et.
des excursions à la campagne! Joue-t-on
à des jeux de hasard, on préfère à tout les
loteries organisées pour des oeuvres de
bienfaisance. Idylliques divertissements !
Les Chinois auraient horreur des combats
de taureaux que nous avons admis chez
nous. Ils se contentent de combats de
grillons, qui ne coûtent point la vie au
vaincu, car il est déclaré tel s'il est seule-
ment renversé par son adversaire. Et cc
sont cent autres passe-temps tout aussi
innocents, tendant à nous persuader que
chez cel heureux Célestes les passions
humaines ne font pas de ravages. Cet op-
timisme déterminé est an peu extraordi-
naire, tout de même.
Il y a aussi les prestidigitateurs, qui
sont en grand honneur. Mais là, le géné-
ral Tcheng-ki-Tong se moque décidé-
ment de notre candeur. Ne lui parlez pas
des Robert-Houdin et des Dicksonn ! Ce
sont des écoliers à côté des sorciers chi-
nois. Et il raconte ce tour comme une
chose toute naturelle :
Des curieux demandent à un de ces
magiciens de produire des pêches, bien
que l'on soit en plein hiver. Le prestidi-
gitateur feint d'abord de se récrier, puis
il se résigne à se prêter au désir exprimé.
Il tresse un rouleau de ruban qu'il jette
en l'air, et l'on voit surgir une échelle
« qui se prolonge à une hauteur pvodi-
gieuse dans l'espace »; un enfant, son
auxiliaire, y monte, grimpe, grimpe, si
bien « qu'il disparaît dans les nuages ».
Quelques instants s'écoulent, puis c'est
une pluie de pêches, dont se peuvent ré-
galer les assistants.
Mais, subitement, ceux-ci poussent
un cri d'effroi : au lieu de fruits, ce sont
les membres de l'enfant qui viennent de
tomber, le bras, les jambes, le tronc, la
tête. Le prestidigitateur simule un
grand chagrin. Le désir des spectateurs
était excessif, s'écrie-t-il : « Les gardiens
du céleste jardin où l'enfant a été cueillir
les pêches se sont vengés et l'ont tué. »
Cependant, il ramasse les membres, tout
sanglants, et il les enferme dans une
boîte. d'où l'on entend bientôt un éclat
de rire résonner. On l'ouvre et l'enfant est
parfaitement vivant, si bien qu'il se hâté
de faire, en quêtant, le tour de l' « hono-
rable société ».
Faire sortir d'un ruban une échelle qui
monte jusque dans les nuages ! Et le gé-
néral Tcheng-ki-Tong nous narre tout
cela avec un beau sang-froid. C'est un
peu inquiétant pour la véracité des au-
tres récits.
Le général n'oublie pas non plus de
nous parler de la vie galante et des demi-
mondaines chinoises. Mais ne vous atten-
dez pas à de piquantes révélations. Dans
ce vertueux empire, les « belles-petites"
elles-mêmes sont despersonnespleines-de
mérite et dé décence. Des garçons de res-
taurant vont bien les chercher et elles se
rendentsans difficulté à l'invitation de con-
vives en belle humeur, dînant dans uni
salle réservée. Mais elles se bornent à dir<
des vers ou à chanter des chansons, et le
fèteur chinois n'est pas assez malappris
pour leur demander autre chose. Tout au
plus hasarde-t-il quelque compliment.
Heureux pays, où les cocottes même ont
des principes et ne permettent que d'in-
nocents et poétiques badinages avec ellesi
S'il y a des Chinoises moins farouches,
ajoute le général Tcheng-ki-Tong, c'est
qu elles ont été perverties par les Euro-
péens, et il ne manque pas cette nouvelle
occasion de se scandaliser de notre bruta-
lité et de notre grossièreté.
Il en est de même pour tous les ordres
d'idées. C'est toujours le continuel éloge
de la modération, de la convenance, de
la « respectabilité » chinoise, avec le coup
de patte obligé à notre adresse. Le ta-
bleau est trop flatteur pour qu'il ne s'y
mêle point un peu démystification. Nous
savons, du reste, par d'autres récits, que
cette vieille Chine pourrie mêle à sa ai-a-
vité hiératique une effroyable corrup-
tion. M. Jules Arène et le regretté M. Ja-
metel, pour ne parler que d'eux, noua
ont suffisamment édifiés là-dessus. Le
général Tcheng-ki-Tong se gausse de
nous depuis longtemps, en pincè-sans-
rire qu'il est, et satisfait trop facilement
ses petites rancunes. Le moment est
peut-être venu de lui laisser entendre que
les meilleures plaisanteries sont celles qui
n'ont qu'une courte durée.
Paul Ginisty.
LES ÉLECTIONS OE MAI
Le choix des candidats. — Entre boulis-
tes et boulangistes. — Difficulté
de s'entendre.
La répartition des candidats boulangistes
dans les 80 quartiers de Paris se trouve re-
tardée par une complication qui ne se ré-
soudra pas sans résistances et sans mécon-
tentements.
Le « comité du parti national" a pour-
suivi et conclu avec le « comité révolution-
naire w un traité d'alliance olietisive et dé-
fensive en vue du renouvellement pro-
chain du conseil municipal de Paris.
Les bases de l'entente sont les sui vantes :
le « comité national » présentera soixante-
dix candidats, le "loIIJitë révolutionnaire n
— Boulé et C!0 — en présentera dix. Et les
troupes de chaque comité voteront avec
discipline pour les candidats de l'autre.
Mais, et c'est cette clause qui jette le désarroi
dans les sous-comités boulanyisies le « co-
mité révolutionnaire" choisit sans disccs*
SION ses dix quartiers.
Cette clause s'explique p'ar lacomposiîlon
si disparate du corps éleetorai parisien. Si
l'on attribuait à M. Boulé et. autres grévistes
de sa trempe des quartiers aristocratiques
et bourgeois, peut-être ne parviendrait-on
pas à vaincre les répugnances des braves-
rentiers orléanistes et des prudents oro-
priétaires bonapartistes. M. de Cassation," y
perdrait ses adjurations, et il aurait beau
assimiler les candidats révolutionnaires
boulangistes à des" catapultes" ou à des
« pieds de table », les Lons bourgeois réac-
tionnaires, qui trouvent sans danger d'en-
voer des Laur à la Chambre,hésiteraient à
envoyer des Boulé à l'Hôtel de Vilie.
Les révolutionnaires « boulistes » ont donc
exigé le choix des quartiers. Ils prennent
les Epinettes dans le dix-septième arron-
dissement; Gvenclle dans le quinzième ; le
Combat et les Carrières-d'An«erique dans lQ
dix-neuvième, etc.
Mais (c'est ici que l'opération ne va plus
toute seule) les comités locaux avaient déjà
choisi leurs hommes. Ils se rebiffent contre
l'ukase du « comité oational », et cette ré-
sistance est d'autant plus violente que les-
dits quartiers revendiqués par les révolu-
tionnaires sont précisément les plus favora-
bles aux boulangistes. -
Les candidats locaux, qui avaient déjà
leur petite affaire faite,se démènent comme
des enragés. Le « comité national" est
obligé de composer, de se livrer à des trocs
de sièges qui lui suscitent mille difficultés,
La liste municipale esquissée il y a dix:
jours va donc être remaniée pour trouver
des compensations à tous les déçus.
Ajoutons que le dernier succès des bou-
langistes a surexcité, pour la prochaine
bataille, l'acharnement du parti.
Cependant leurs illusions seront déçues,
car le Paris proprement dit ne partage pas
les emballements extra-muros.
Le maximum que puisse espérer le bou-
langisme, c'est d'amener à l'Hôtel de Ville
8 boulistes révolutionnaires et lâ boulan-
gistes.
En ajoutant 6 réactionnaires ennemis de
la compromission, l'opposition ne comp-,
tera pas plus de âtf conseillers contre 5k. ':,
MORT DE MADAME DE CARLOTY 1
Congestion cérébrale. — Les deux
cassettes.
Mme la comtesse de Carloty, née Sarah
Moorcock, a succombé hier matin à une
congestion cérébrale.
Quand la concierge, qui lui donnait des
soins, est entrée hier dans la chambre à
coucher, elle a trouvé Mme de Carloty as-
sise sur son fauteuil, inanimée, tenant suri
ses genoux une cassette renfermant 80,000
francs en or; tout près d'elle était un autre
coffret renfermant une liasse d'obligations
qu'on évalue à 50,000 francs.
Mme de Carloty avait quatre vingt-un
ans.
En l'absence de tout membre de sa fa"
mille, le juge de paix de son arrondisse-
ment a apposé les scellés.
AUX SOCIALISTES ALLEMANDS
Voici le texte d'un télégramme adressé hier
par M. Vaillant au comité parlementaire de la
démocratie socialiste allemande :
« Les citoyens délégués au congrès interna.
tional de Paris, réunis pour organiser la ma-
nifestation du 1er mai pour la journée de huit
heures, envoient aux socialistes allemands
leurs félicitations fraternelles et l'expression,
de leur joie de l'admirable victoire socialiste
allemande. j
» Le président de séance,
Edouard VAILLANT. *>
UNE RECHUTE DU PETIT ROI
D'ESPAGNE >
(D'UN CORRESPONDANT) :
Madrid, V* février.
Depuis hier, le roi, iegérement enrhumé!:
garde la chambre.
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L'AMNISTIE DEVANT LA CHAMBRE
ET DEVANT LE CONSEIL MUNICIPAL
LES BOELANGISTES
[ET LES ELECTIONS DE MAI
Les incendies d'hier soir
IAFFA IRE GOUFFÉ
Runin lnir
La dernière législature a montré
dans toute leur nudité les inconvé-
nients et les dangers de la méthode
des groupes. Ce fractionnement de la
majorité a eu pour conséquence de
supprimer la majorité elle-même. Les
coteries rivales cherchaient sans relâ-
che à se susciter réciproquement des
embarras. Elles empêchaient les minis-
k tères de vivre, et, lorsqu'elles avaient
réussi à les renverser, elles empê-
chaient encore la solution de la crise,
parce que les compétitions person-
nelles entraient en jeu et que chaque
groupe menaçait de combattre le mi-
nistère en préparation si la part du
lion ne lui était pas faite dans la dis-
tribution des portefeuilles. Dans ce
fractionnement du parti républicain,
toutes les velléités d'entente et d'union
ge sont trouvées anéanties, et, au con-
traire, c'est la division et l'antagonis-
ïne des opinions qui. se sont accen-
tués, chaque groupe voulant affirmer
son existence et obliger les autres à
çapituler devant lui.
C'est à cette méthode qu'il faut attri-
buer — en très grande partie tout au
moins — l'impuissance de la dernière
législature et le mécontentement gé-
néral qui en a été la conséquence.
Aussi a-t-elle été sévèrement jugée.
Aux dernières élections, le corps élec-
toral a exigé des candidats des enga-
gements formels. Il n'a pas, dans la
plupart des cas, voté pour des modérés
ou pour des radicaux : il a voté pour
les candidats de la République, pour
ceux qui promettaient de travailler à
faire et à maintenir l'union entre tous
les républicains, et, s'il a opéré au se-
cond tour la concentration qui a as-
suré le succès des républicains sur
leurs adversaires, c'est que les candi-
dats avaient annoncé l'intention bien
arrêtée de ne pas être, une fois élus,
les hommes d'un parti dans la Répu-
blique, d'oublier toutes les anciennes
divisions.
Certains hommes ont pu voir avec
regret s'établir cette tendance à l'uni-
fication du parti républicain. Ils ont
invoqué les souvenirs historiques pour
prouver qu'il était nécessaire qu'il
y eût dans un Etat deux partis,
whig et tory ici, libéral et cléri-
cal ailleurs, conservateur et progres-
siste autre part, se servant récipro-
quement de régulateur et empêchant
les bonds trop brusques ou les écarts
trop violents dans un sens comme
dans l'autre. Mais ces hommes n'ont
pas voulu voir que, dans les pays où
cet équilibre existe, la situation est
très différente de celle qui nous est
faite à nous-mêmes. Il n'y a pas chez
eux la coalition considérable, qui existe
chez nous, d'adversaires du gouver-
nement établi.
Le gouvernement n'y est pas, comme
chez nous, obligé de lutter sans cesse
pour se maintenir; il ne se trouve pas
remis en question chaque fois que le
scrutin s'ouvre, et l'on n'y voit pas
les adversaires les plus notoires du
régime établi, prendre tous les dégui-
sements et se livrer aux manœuvres
les plus déloyales, dans le seul but de
parvenir à faire une nouvelle révolu-
tion et à jeter le pays dans l'anar-
chie.
Cette situation est la nôtre, et, quels
qu'en soient les inconvénients, il faut
bien les subir, puisque nous ne pou-
vons pas les éviter. De même, il faut
bien accepter les devoirs qu'elle nous
impose, puisque l'oubli de ces devoirs
peut compromettre, non pas l'avenir
d'un parti dans la République, mais
bien l'existence de la République elle-
même.
La majorité de la Chambre nouvelle
Ta compris et elle a résisté à toutes les
tentatives des hommes qui ne vou-
laient pas rompre avec le passé et
dont la conception politique était de
reconstituer les anciens groupes. Elle
a, au contraire, accueilli avec fa-
veur l'initiative, prise par M. de La-
nessan et par quelques-uns de ses
collègues, de réunions plénières dans
lesquelles on chercherait, non plus
l'occasion de se dresser des embûches
les uns aux autres, mais au contraire
le moyen de s'unir pour donner des
satisfactions au uavs et pour réaliser
quelques-unes des réformes qu'il al-
tend.
On lira plus loin la lettre par la-
quelle M. de Lanessan et ses collègues
viennent d'inviter les membres du
gouvernement à la réunion plénière
qui doit se tenir demain. On verra
aussi que les ministres ont accepté
cette invitation et qu'ils se proposent
de prendre à la réunion une part ac-
tive, en y apportant non pas la rési-
gnation passive de commis venant
prendre les instructions de leurs chefs,
mais en y exposant les idées du gouver-
nement sur les questions économiques
et les principes de la politique finan-
cière qui a présidé à la confection du
budget et qu'il se propose d'appliquer
pour remédier aux inconvénients de la
situation présente.
Nous ne voulons rien exagérer, et
nous sommes fort disposés à croire
qu'avant que cet instrument nouveau
des réunions plénières rende tous les
services qu'on en peut attendre, on
aura besoin de s'habituer à son ma-
niement. Mais tandis qu'avec la mé-
thode ancienne, le gouvernement était
prisonnier des groupes et que les ordres
du jour de chacun d'eux prenaient
les allures d'un ultimatum, le procédé
nouveau établit des relations plus cor-
diales entre le gouvernement et la ma-
jorité; il crée entre celle-ci et celui-là
un échange d'idées, et, en permettant
des deux parts que l'on s'explique et
que l'on discute, il offre un moyen
d'arriver à une entente qui peut être
très profitable au parti républicain.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
» Vie de Paris » par Henry Fouquier.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
A Nice
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Nice, M février.
• Je puis vous affirmer que M. Borriglione
abandonnera la circonscription de Nice-
campagne pour se porter dans Nice-ville
contre le baron Raiberti.
A Toulouse
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Toulouse, 2A février.
M. Leygues, candidat radical aux pro-
chaines élections, aura pour concurrent,au
siège vacant par la nomination de M. Cons-
tans comme sénateur, M. Sirven, ancien
maire de Toulouse, républicain opportu-
niste.
LE FUTUR
AMBASSADEUR FRANÇAIS A ROME
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 2A février.
Certains journaux croient que M. Barrère
sera nommé ambassadeur à Rome, et ajou-
tent qu'il sera fort bien accueilli.
LE DÉPUTÉ SOCIALISTE
D'ALSACE - LORRAINE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Mulhouse, SA février.
Voici la biographie de M. Hickel, le can-
didat socialiste élu à Mulhouse, telle qu'il
l'a donnée lui-même :
Hickel est Alsacien, né à Bischwiller (Bas-
Rhin), en 18A8. Il a servi comme mobile au
siège de Strasbourg. Fait prisonnier, il fut
interné à Rastadt.
Il exerce actuellement le métier de char-
pentier. Sa femme tient une épicerie dans le
faubourg de Dornach.
Le nouveau député socialiste a pour pro-
gramme : Abandon de la protestation contre
l'annexion; augmentation des salaires; dé-
grèvements ; taxes progressives sur les re-
venus.
Hickel n'est pas un orateur. Il suit docile-
ment le mot d'ordre du chef du parti so-
cialiste.
EFFONDREMENT D'UN CIRQUE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Nîmes, 2A février.
Un cirque installé sur la place de Generac
s'est effondré hier soir, pendant la représenta-
tion. Quatre cents personnes avaient pris place
sur les gradins. Une vive panique se produi-
sit. Quand l'émotion fut calmée, on constata
qu'aucun accident grave n'était arrivé.
LA LANGUE FRANÇAISE
AU CANADA
Déclaration de la Chambre des députés
canadienne
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Montréal, fUi février.
La Chambre des communes du Canada,à
Ottawa, a repoussé la proposition de la
suppression du français comme langue of-
ficielle concurremment avec l'anglais.
Cette proposition était formulée par un
bill proposé par un M. Mac-Carthy et motivé
ainsi : « Attendu qu'il importe, dans l'inté-
rêt de l'unité nationale de la Puissance du
Canada qu'il y ait unité du langage dans le
peuple.
Le gouvernement a combattu catégori-
quement cette proposition, et la Chambre a
voté, par 1A8 voix contre 50, la résolution
suivante, qui en est la négation formelle :
"CeUeChambre,ayant égard au long usage
de la langue française dans l'ancien Canada,
et aux conventions passées à ce sujet et in-
corporées dans la Constitution de l'Amé-
rique anglaise, ne-peut accepter les décla-
rations contenues dans le bill de M. Mac-
Carthey à cet égard. »
VOYAGE PRÉSIDENTIEL
Les députés de l'Algérie ont été reçus hier
par M. Carnot.
lis venaient, au nom de la colonie qu'ils re-
présentent, demander au président de la Ré-
publique de prolonger jusqu'en Algérie le
voyage qu'il doit faire, au printemps, dans le
Midi et sur le littoral méditerranéen.
M. Carnot n'a pu donner aux représentants
algériens aucune réponse définitive. ,.
r L'AMNISTIE
A LA CHAMBRE
La proposition Moreau. — La question
de la prise en considération. —
M. Thévenet et M. Maujan.
— Le rejet de l'amnistie.
L'incident auquel devait donner lieu la
question de l'amnistie s'est produit, à la
Chambre, au début de la séance d'hier.
Mais il n'a duré que peu d'instants, et tout
s'est passé le plus tranquillement du mon-
de. On pouvait aisément prévoir qu'il en
serait ainsi. Alors, en effet, qu'aucune me-
sure de grâce n'avait été prise en faveur
du jeune duc d'Orléans, les partisans de
l'amnistie ne pouvaient invoquer, à l'ap-
pui de leur thèse, une comparaison qui
eût été de nature à passionner le débat.
M. Emile Moreau, député du Nord, auteur
de la proposition relative à l'amnistie, s'est
donc borné à venir combattre les conclu-
sions de la commission d'initiative tendant
à la non-prise en considération de cette
proposition : il ne s'agissait, en effet, que
d'une simple prise en considération, ainsi
que nous l'avons déjà expliqué.
— La commission, a dit M. Moreau, de-
mande seulement au gouvernement d'ac-
corder des grâces ou des diminutions de
peines. Mais la grâce n'est pas la même
chose que l'amnistie. Elle ne supprime pas
le casier judiciaire, elle ne rend pas les
droits politiques.
Et l'orateur a conclu en ces termes :
J'espère que la Chambre ne suivra pas sa
commission d'initiative. Elle se souviendra
que nous sommes au 2A février et qu'il y a
lieu pour elle, à pareille date, de se montrer
plus clémente- envers le suffrage universel.
Elle se rappellera la période électorale qui
vient de s'écouler et les reproches que l'on a
faits alors aux Chambres précédentes.
Les ouvriers disaient : On n'a rien fait pour
nous. La commission d'initiative leur dit au-
jourd'hui : Nous ne vous écouterons pas. Je
suis, moi, persuadé que la Chambre repous-
sera les conclusions de la commission d'ini-
tiative et qu'elle votera la prise en considéra-
tion. (Très bien I très bien 1 à gauche.)
Le rapporteur, M. Hély d'Oissel, a main-
tenu les conclusions de la commission,sous
prétexte que les amnisties avaient été nom-
breuses depuis six ou sept ans et que la
dernière datait de six mois environ, puis-
qu'elle avait été décidée à l'occasion du
1A juillet 1889.
« Il serait fâcheux, a-il ajouté, de renou-
veler périodiquement une pareille mesure :
ce serait lui donner un caractère normal
qui aboutirait à l'énervement de la jus-
tice. »
Riposte de M. Moreau :
On vous a demandé tout récemment, a-t-il
dit, le rappel des lois de 1886, et, manifestant
une certaine déférence pour la Droite, vous
avez discuté la question. Je demande que vous
soyez aussi bienveillants pour les ouvriers
que pour les princes, et que vous les écoutiez
à leur tour. (Très bien! très bien! à gauche.)
L'avis du gouvernement
M. Thévenet s'est, en quelques mots, fort
nettement prononcé contre l'amnistie.
M. Thévenet, ministre de la justice, garde
des sceaux. - Le gouvernement tient à donner
à la Chambre quelques renseignements de fait
qui pourront l'éclairer sur la proposition qui
lui est soumise.
Au mois de juillet dernier, à l'occasion du
Centenaire de 1789, une loi d'amnistie a été
votée par le Parlement. Elle a compris tous
les faits de grève. Elle n'a laissé en dehors que
deux catégories de condamnés pour faits de
droit commun. Ainsi donc, je le répète, dès le
mois de juillet dernier, tous les faits de grève
ont été aministiés.
Depuis le mois de juillet, d'autres grèves se
sont produites dans le département du Nord,
et d'autres condamnations ont été prononcées.
On a demandé do nouveau l'amnistie et, quand
la proposition a été déposéè, j'ai dit que le
gouvernement s'opposait au vote d'une nou-
velle loi d'amnistie, mais qu'il demanderait au
président de la République d'user de la plus
large clémence.
Cette parole a été tenue, tous les condamnés
ont été graciés, sauf un seul qui a été exclu
parce qu'il avait commis des délits de droit
commun et que son dossier judiciaire comp-
tait sept condamnations.
Aujourd'hui le gouvernement n'a pas à
changer dé langage. Les mesures de clémence
qui avaient été promises ont été prises le plus
largement possible. Quant à voter une nou-
velle amnistie, le gouvernement ne pense pas
qu'une mesure aussi solennelle puisse etre
appliquée à des faits aussi peu importants et
aussi récents. (Très bieni très bien! sur un
grand nombre de bancs.)
M. Maujan a répliqué au ministre avec
vivacité et non sans éloquence.
M. Maujan. — Il s'agit d'une loi visant les
ouvriers qui ont été victimes des injustices
sociales et des sollicitations de la faim, d'hom-
mes qui, malgré l'ajournement des réformes,
restent fidèles à la cause républicaine dont ils
attendent leur émancipation. (Applaudisse-
ments à gauche.)
Je sais bien que ce ne sont pas des prison-
niers éclatants (Très bien ! très bien 1 sur les
mêmes bancs); ce sont de simples prétendants
à l'existence (Nouveaux applaudissements) et
leurs menus de prison n'appartiendront ja-
mais à l'histoire (Rires). Mais ils ont laissé fem-
mes et enfants, et leur situation de famille
nous tient au cœur.
Je n'insiste pas. Je dis seulement que, si on
se montre rigoureux aujourd'hui pour eux, il
deviendrait impossible de se montrer indul-
gent demain pour d'autres. (Très bien 1 très
bien 1 à 1 extreme gau. he.) Le pays ne com-
prendrait pas qu'il y eût deux justices, et si
vous croyez devoir faire fléchir les lois de la
République malgré l'attitude provocatrice de
la réaction (Bruit à droite.), il y aurait certai-
nement ici une majorité républicaine qui ne
vous suivrait pas dans cette voie. (Applaudis-
sements à gauche.)
Cette dernière phrase de M. Maujan a
causé une assez vive impression. Le dé-
puté de la Seine a de plus, comme on vient
de voir, quelque peu touché aux questions
brûlantes. Mais on a voté aussitôt après sa
déclaration.
Les conclusions de la commission d'ini-
tiative ont été adoptées par 335 voix contre
190, c'est-à-dire que l'amnistie a été repous-
sée.
L'AMNISTIE
DEVANT LE CONSEIL MUNICIPAL
La proposition de M. Vaillant. — Dis-
cussion et adoption de la proposition.
Le conseil municipal s'est longuement
occupé, lui aussi, de l'amnistie à accorder
aux grévistes de Montceau-Les-Mines et de
Decazeville. C'est M. Vaillant qui a ouvert
le feu par le dépôt du vœu suivant :
, Le conseil,
Considérant que dans une République tout
prétendant ou aspirant au trône ou à la dicta-
ture doit être puni comme ennemi publie, s'il
ne peut être supprimé;
Protestant contre tout acte de clémence ou
de grâce du gouvernement envers un préten-
dant quand des républicains sont condamnés
pour délits de réunion et de presse, quand
des grévistes de Montceau-les-Mines et de De-
cazeville sont encore en prison et Cyvoct au
bagne,
Emet le vceu
D'une amnistie immédiate pour tous délits
de réunion et de presse et pour tous faits de
grève et faits connexes.
Signé : Vaillant, Chauviére, Charles Longuet,
Daumas.
« Alors qu'il a été question un moment
de gracier un prétendant, avait dit M. Vail-
lant au début, on voit encore dans les pri-
sons de la République des hommes qui
n'ont commis d'autre faute que de combat-
tre pour les idées républicaines. »
M. Cochin répond :
Il s'agit d'appliquer la grâce à plusieurs
condamnés : à l'un pour avoir voulu servir
son pays comme soldat. (Protestations).
M. Faillet. — C'est une ficelle, vous le savez
bien.
M. Cochin. — A d'autres qui sont coupa-
bles d'avoir troublé leur pays et entravé la li-
berté du travail par des délits et par des
crimes de droit commun (Protestations).
Pour le Français, pour le soldat qui est à la
Conciergerie, M. Vaillant n'a que des rigueurs
implacables, et même des menaces ; il réclame
la clémence pour les autres, qui sont des cri-
minels.
Je n'admets pas le parallèle.
H. Lavy. — Nous estimons que les mineurs
frappés sont dignes de clémence.
M. Riant. — Pour avoir assassiné.
1H. Lavy. — Il y a plusieurs façon d'assassi-
ner. On tue un homme d'un seul coup, ou
bien on le fait mourir à la longue, de misère
et de faim.
Ils ont laissé un jour s'échapper l'exaspéra-
tion que le malheur avait fait germer en eux.
M. Daumas. — Exaspération justifiée.
M. CbaDTière. — Et par des traitements
que personne d'entre vous n'aurait supportés.
M. Lavy. — M. le duc d'Orléans ne pourrait
se mettre dans le même cas. Il n'est pas ex-
posé à mourir de faim.
Nous savons, au contraire, qu'il est loin de
subir un tel supplice.
M. Cattiaux. — Il vit très largement.
Et M. Lavy demande au conseil de voter
l'amnistie pour tous les faits de grève et
pour tous les faits connexes.
H. Gaulrès. — Je dépose la proposition
suivante : -
« Les soussignés demandent l'ordre du jour
sur la question de grâce à accorder ou à re-
fuser au duc d'Orléans et autres condamnés.
« Signé : Gaufrés, Simoneau. »
M. le président. - L'ordre du jour pur et
simple est demandé. D'un autre côté, je suis
saisi de la proposition d'amnistie déposée par
M. Vaillant.
M. le préfet de la Seine. — Le conseil
sait que la proposition d'amnistie est d'ordre
politique et que, par conséquent, elle est ab-
solument en dehors de ses attributions. Je
fais donc toutes réserves à raison de la léga--
lité de ce vote.
L'ordre du jour pur et simple est mis
aux voix et n'est pas adopté. Reste la pro-
position de M. Vaillant. La division est de-
mandée.
La première partie de cette proposition :
« Emet le vœu d'une amnistie immédiate
pour tous délits de réunion et de presse et
pour tous faits de grève », est adoptée par
h3 voix contre.
M. Longuet demande la parole pour pré-
senter quelques observations.
9V. Charles Longuet. — M. Léon Donnat
et quelques-uns de nos collègues ont demandé
la division en se fondant sur ceci : qu'ils ac-
ceptent une amnistie politique, mais non une
amnistie pour crimes de droit commun, et
que, précisément la seconde partie de la pro-
position contenue dans ces mots : « faits con-
nexes », comporte une amnistie pour crimes
non politiques.
Et M. Longuet démontre que les crimes
de droit commun occasionnés par des faits
politiques constituent bien des crimes po-
litiques.
« Nous avons parmi nos collègues, ajoute
l'orateur, des hommes qui sont l'honneur
de notre parti et qui ont été condamnés
dans ces conditions. Je puis bien citer no-
tre ami Alphonse Humbert, sans crainte
d'effaroucher sa modestie, puisqu'il n'est
pas en ce moment dans la salle. »
M. Longuet rappelle le procès de Mont-
ceau-les-Mines. Il rappelle également le
procès de Cyvoct, condamné pour délit de
presse; l'affaire de Decazeville et l'assassi-
nat de M. Wattrin.
Finalement, M. Longuet s'oppose à la
distinction entre les faits politiques et les
faits connexes.
— Je demande, au contraire, cette dis-
tinction, dit M. Donnât. Je ne puis consi-
dérer les assassins de M. Wattrin comme
des républicains ni comme des citoyens
français.
Enfin, on vote sur la seconde partie de la
proposition de M. Vaillant. Elle est adoptée
par 35 voix contre 13.
LE CAS DU GÉNÉRAL CASTEX
Le conseil d'enquête chargé d'examiner Je
cas du général Hubert-Castex se réunira ce
matin.
RÉUNION DES GAUCHES
Lettre de M. de Lanessan. — Program-
me économique et financier du
ministère.
Conformément à la résolution votée par
eux le 29 janvier, les membres de la ma-
jorité républicaine tiendront demain mer-
credi une nouvelle réunion plénière,
réunion à laquelle assistera le gouverne-
ment.
M. de Lanessan et plusieurs de ses col-
lègues ont en effet adressé à M. le prési-
dent du conseil une lettre dont voici le
texte :
Monsieur le président,
Dans la première réunion plénière qu'elle
a tenue, la majorité républicaine a nettement
manifesté sa résolution de maintenir l'union
des députés républicains et de s'entendre avec
le gouvernement pour le secqnder dans la
voie des réformes démocratiques.
En conséquence, nous avons l'honneur de
vous prier d'assister avec vos collègues à la
réunion plénière qui aura lieu le mercredi 96
courant, à trois heures Uu soir, dans la
galerie des fêtes de la présidence de la
Chambre.
Les discussions ne seront naturellement
suivies d'aucun vote.
Veuillez agréer, etc.
Ont signé : MM. de Lanessan, Loekroy,
A. Proust, Jamais, Rivet.
M. Tirard, président du conseil, a déjà
prévenu les signataires que le gouverne-
ment se ferait un plaisir et un devoir de
répondre à la convocation de la majorité
répuhlicaine.
Il a même fait pressentir à M. de Lanes-
san que le gouvernement profiterait de
l'occasion pour s'expliquer sur certains
points de son programme économique et
financier.
CHRONIQUE
La diplomatie et l'étude des questions
militaires laissent des loisirs au général
Tcheng-ki-Tong, le secrétaire de l'am-
bassade de Chine. Il faut le croire, du
moins, car on ne vit jamais général écrire
autant et sur des sujets si variés.
Le général Tcheng-ki-Tong est devenu,
depuis quelques années, une physiono-
mie très parisienne, et il se pique, en ef-
fet, de n'être étranger à rien de ce qui
nous intéresse. Ce Chinois emploie même
avec quelque affectation des expressions
boulevardières, de façon à prouver qu'il
entend même les finesses de cet argot
spécial, et il est au courant de tous les
« potins M. Au reste, il n'attend point
qu'on s'émerveille de cette assimilation
de nos mœurs : il sait très bien prendre
les devants et confesser, — ce qui est la
vérité, — qu'il est un homme étonnant.
On le voit partout, il donne son mot
sur tout. Il fait des conférences, il rédige
des articles, il a toujours un livre sous
presse, il fréquente les salons mondains,
on lit sans cesse son nom dans les jour-
naux. Même s'il n'était pas Chinois, il se
singulariserait par son universelle et un
peu encombrante activité.
Mais, encore que par son goût pour le
bruit et le mouvement il semble s'être
complètement « européanisé », il tient à
attester qu'il reste Chinois et qu'il est
très satisfait de l'être. Il se plaît à nous
donner des leçons, sous le prétexte de
nous décrire les coutumes et la vie intime
de son pays. On sent qu'il nous traite de
haut et qu'il prend un peu en pitié notre
civilisation. Les arriérés, les barbares,
c'est nous, évidemment. Il a déclaré qu'il
ne trouvait nulle part rien de compara-
ble à la hiérarchie compliquée du manda-
rinat,et il part de là pour juger nos insti-
tutions, avec un peu d'aigreur, parfois,
sous l'enveloppement de la forme. On
dirait vraiment qu'il ne nous aime guère,
au fond.
Au reste, il a la bonne fortune de
demeurer à la mode. On s'extasie de ses
critiques, on se pâme de ses plaisanteries
un peu perfides, on paraît ravi de ses
remarques légèrement fielleuses.On ne se
lasse point de l'entendre faire notre pro-
cès, et cela semble très piquant qu'il pro-
clame en toutes choses la supériorité de
la Chine — fût-ce en se moquant de ses
auditeurs.
Ah ! la Chine, selon lui, est vraiment
« un pays charmant » ! Il le dit, et, avec
quelque badauderie, on ajoute foi, gra-
vement, à tout ce qu'il raconte.
Aujourd'hui, il nous parle des plaisirs
de son pays, et il laisse entendre que,
nous autres, nous ne savons même pas
nous amuser. Il prend une à une chacune
de nos distractions habituelles et la com-
pare avec dédain aux distractions chi-
noises, décentes, discrètes, l'affinées. 0
rare continence ! Il nous affirme que, dans
l'empire du Milieu, on n'a jamais vu un
étudiant s'adonner à d'autres délasse-
ments qu'à celui des luttes poétiques et.
des excursions à la campagne! Joue-t-on
à des jeux de hasard, on préfère à tout les
loteries organisées pour des oeuvres de
bienfaisance. Idylliques divertissements !
Les Chinois auraient horreur des combats
de taureaux que nous avons admis chez
nous. Ils se contentent de combats de
grillons, qui ne coûtent point la vie au
vaincu, car il est déclaré tel s'il est seule-
ment renversé par son adversaire. Et cc
sont cent autres passe-temps tout aussi
innocents, tendant à nous persuader que
chez cel heureux Célestes les passions
humaines ne font pas de ravages. Cet op-
timisme déterminé est an peu extraordi-
naire, tout de même.
Il y a aussi les prestidigitateurs, qui
sont en grand honneur. Mais là, le géné-
ral Tcheng-ki-Tong se moque décidé-
ment de notre candeur. Ne lui parlez pas
des Robert-Houdin et des Dicksonn ! Ce
sont des écoliers à côté des sorciers chi-
nois. Et il raconte ce tour comme une
chose toute naturelle :
Des curieux demandent à un de ces
magiciens de produire des pêches, bien
que l'on soit en plein hiver. Le prestidi-
gitateur feint d'abord de se récrier, puis
il se résigne à se prêter au désir exprimé.
Il tresse un rouleau de ruban qu'il jette
en l'air, et l'on voit surgir une échelle
« qui se prolonge à une hauteur pvodi-
gieuse dans l'espace »; un enfant, son
auxiliaire, y monte, grimpe, grimpe, si
bien « qu'il disparaît dans les nuages ».
Quelques instants s'écoulent, puis c'est
une pluie de pêches, dont se peuvent ré-
galer les assistants.
Mais, subitement, ceux-ci poussent
un cri d'effroi : au lieu de fruits, ce sont
les membres de l'enfant qui viennent de
tomber, le bras, les jambes, le tronc, la
tête. Le prestidigitateur simule un
grand chagrin. Le désir des spectateurs
était excessif, s'écrie-t-il : « Les gardiens
du céleste jardin où l'enfant a été cueillir
les pêches se sont vengés et l'ont tué. »
Cependant, il ramasse les membres, tout
sanglants, et il les enferme dans une
boîte. d'où l'on entend bientôt un éclat
de rire résonner. On l'ouvre et l'enfant est
parfaitement vivant, si bien qu'il se hâté
de faire, en quêtant, le tour de l' « hono-
rable société ».
Faire sortir d'un ruban une échelle qui
monte jusque dans les nuages ! Et le gé-
néral Tcheng-ki-Tong nous narre tout
cela avec un beau sang-froid. C'est un
peu inquiétant pour la véracité des au-
tres récits.
Le général n'oublie pas non plus de
nous parler de la vie galante et des demi-
mondaines chinoises. Mais ne vous atten-
dez pas à de piquantes révélations. Dans
ce vertueux empire, les « belles-petites"
elles-mêmes sont despersonnespleines-de
mérite et dé décence. Des garçons de res-
taurant vont bien les chercher et elles se
rendentsans difficulté à l'invitation de con-
vives en belle humeur, dînant dans uni
salle réservée. Mais elles se bornent à dir<
des vers ou à chanter des chansons, et le
fèteur chinois n'est pas assez malappris
pour leur demander autre chose. Tout au
plus hasarde-t-il quelque compliment.
Heureux pays, où les cocottes même ont
des principes et ne permettent que d'in-
nocents et poétiques badinages avec ellesi
S'il y a des Chinoises moins farouches,
ajoute le général Tcheng-ki-Tong, c'est
qu elles ont été perverties par les Euro-
péens, et il ne manque pas cette nouvelle
occasion de se scandaliser de notre bruta-
lité et de notre grossièreté.
Il en est de même pour tous les ordres
d'idées. C'est toujours le continuel éloge
de la modération, de la convenance, de
la « respectabilité » chinoise, avec le coup
de patte obligé à notre adresse. Le ta-
bleau est trop flatteur pour qu'il ne s'y
mêle point un peu démystification. Nous
savons, du reste, par d'autres récits, que
cette vieille Chine pourrie mêle à sa ai-a-
vité hiératique une effroyable corrup-
tion. M. Jules Arène et le regretté M. Ja-
metel, pour ne parler que d'eux, noua
ont suffisamment édifiés là-dessus. Le
général Tcheng-ki-Tong se gausse de
nous depuis longtemps, en pincè-sans-
rire qu'il est, et satisfait trop facilement
ses petites rancunes. Le moment est
peut-être venu de lui laisser entendre que
les meilleures plaisanteries sont celles qui
n'ont qu'une courte durée.
Paul Ginisty.
LES ÉLECTIONS OE MAI
Le choix des candidats. — Entre boulis-
tes et boulangistes. — Difficulté
de s'entendre.
La répartition des candidats boulangistes
dans les 80 quartiers de Paris se trouve re-
tardée par une complication qui ne se ré-
soudra pas sans résistances et sans mécon-
tentements.
Le « comité du parti national" a pour-
suivi et conclu avec le « comité révolution-
naire w un traité d'alliance olietisive et dé-
fensive en vue du renouvellement pro-
chain du conseil municipal de Paris.
Les bases de l'entente sont les sui vantes :
le « comité national » présentera soixante-
dix candidats, le "loIIJitë révolutionnaire n
— Boulé et C!0 — en présentera dix. Et les
troupes de chaque comité voteront avec
discipline pour les candidats de l'autre.
Mais, et c'est cette clause qui jette le désarroi
dans les sous-comités boulanyisies le « co-
mité révolutionnaire" choisit sans disccs*
SION ses dix quartiers.
Cette clause s'explique p'ar lacomposiîlon
si disparate du corps éleetorai parisien. Si
l'on attribuait à M. Boulé et. autres grévistes
de sa trempe des quartiers aristocratiques
et bourgeois, peut-être ne parviendrait-on
pas à vaincre les répugnances des braves-
rentiers orléanistes et des prudents oro-
priétaires bonapartistes. M. de Cassation," y
perdrait ses adjurations, et il aurait beau
assimiler les candidats révolutionnaires
boulangistes à des" catapultes" ou à des
« pieds de table », les Lons bourgeois réac-
tionnaires, qui trouvent sans danger d'en-
voer des Laur à la Chambre,hésiteraient à
envoyer des Boulé à l'Hôtel de Vilie.
Les révolutionnaires « boulistes » ont donc
exigé le choix des quartiers. Ils prennent
les Epinettes dans le dix-septième arron-
dissement; Gvenclle dans le quinzième ; le
Combat et les Carrières-d'An«erique dans lQ
dix-neuvième, etc.
Mais (c'est ici que l'opération ne va plus
toute seule) les comités locaux avaient déjà
choisi leurs hommes. Ils se rebiffent contre
l'ukase du « comité oational », et cette ré-
sistance est d'autant plus violente que les-
dits quartiers revendiqués par les révolu-
tionnaires sont précisément les plus favora-
bles aux boulangistes. -
Les candidats locaux, qui avaient déjà
leur petite affaire faite,se démènent comme
des enragés. Le « comité national" est
obligé de composer, de se livrer à des trocs
de sièges qui lui suscitent mille difficultés,
La liste municipale esquissée il y a dix:
jours va donc être remaniée pour trouver
des compensations à tous les déçus.
Ajoutons que le dernier succès des bou-
langistes a surexcité, pour la prochaine
bataille, l'acharnement du parti.
Cependant leurs illusions seront déçues,
car le Paris proprement dit ne partage pas
les emballements extra-muros.
Le maximum que puisse espérer le bou-
langisme, c'est d'amener à l'Hôtel de Ville
8 boulistes révolutionnaires et lâ boulan-
gistes.
En ajoutant 6 réactionnaires ennemis de
la compromission, l'opposition ne comp-,
tera pas plus de âtf conseillers contre 5k. ':,
MORT DE MADAME DE CARLOTY 1
Congestion cérébrale. — Les deux
cassettes.
Mme la comtesse de Carloty, née Sarah
Moorcock, a succombé hier matin à une
congestion cérébrale.
Quand la concierge, qui lui donnait des
soins, est entrée hier dans la chambre à
coucher, elle a trouvé Mme de Carloty as-
sise sur son fauteuil, inanimée, tenant suri
ses genoux une cassette renfermant 80,000
francs en or; tout près d'elle était un autre
coffret renfermant une liasse d'obligations
qu'on évalue à 50,000 francs.
Mme de Carloty avait quatre vingt-un
ans.
En l'absence de tout membre de sa fa"
mille, le juge de paix de son arrondisse-
ment a apposé les scellés.
AUX SOCIALISTES ALLEMANDS
Voici le texte d'un télégramme adressé hier
par M. Vaillant au comité parlementaire de la
démocratie socialiste allemande :
« Les citoyens délégués au congrès interna.
tional de Paris, réunis pour organiser la ma-
nifestation du 1er mai pour la journée de huit
heures, envoient aux socialistes allemands
leurs félicitations fraternelles et l'expression,
de leur joie de l'admirable victoire socialiste
allemande. j
» Le président de séance,
Edouard VAILLANT. *>
UNE RECHUTE DU PETIT ROI
D'ESPAGNE >
(D'UN CORRESPONDANT) :
Madrid, V* février.
Depuis hier, le roi, iegérement enrhumé!:
garde la chambre.
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