Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-02-23
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 23 février 1890 23 février 1890
Description : 1890/02/23 (A19,N6614). 1890/02/23 (A19,N6614).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560153r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
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'- Dix-neuvième année. — N° 6,61 h CINQ Centimes — Paris et Départements C>INQ Centimes DIMANCHE 23 FEVRIER tata
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JOURNAL RÉPUBLICAIN
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, LES
ÉLECTIONS AU REICHSTAG
M. GOBLET
.UX ELECTEURS DE SCEAUX
r
s
j. £ la recherche du général Castex
RUE TRONSON-DUCOUDRAY
DANS LES FOURGONS
ALLEMANDS
II serait prématuré de porter un ju-
fgement sur les élections allemandes
et de rechercher quelles modifications
elles peuvent apporter à la politique
de l'empire. Nous ne connaissons en-
core, en effet, qu'un chiffre restreint
de résultats, et les ballottages parais-
sent, en outre, devoir être assez nom-
breux. Il convient donc de réserver
les appréciations. Mais ce que nous
connaissons déjà met en lumière le
progrès constant des idées socialistes,
au moins dans les grandes villes.
Leurs défenseurs' les plus en vue,
Liebknecht, Bebel, Singer, Harm,
Dietz, Grillenberger, ont été réélus
iau premier tour de scrutin, et beau-
coup d'autres peuvent attendre avec
j confiance les résultats du ballottage.
t A Berlin seulement, le nombre des
voix socialistes, qui en 1867 était de
f67, s'est depuis lors accru par une
progression constante. En 1871, il
i était de â,058 ; en 187A, de 11,879; en
1877, de 31,522; en 1878, de 56,1.47;
jen 188A, de 68,535; en 1887, de 9A,259.
Cette fois, les candidats socialistes ont
obtenu dans la capitale de l'empire
105,127 voix, soit un gain nouveau de
30,868 suffrages.
Cette statistique suffit à montrer
que le gouvernement allemand a de
sérieux motifs de s'alarmer du progrès
des idées socialistes et de chercher à
conjurer le péril qui en résulte pour
l'avenir du régime impérial. Mais elle
montre aussi combien les efforts faits
jusqu'ici pour combattre le socialisme
ont été inefficaces. Le socialisme d'Etat
de M. de Bismarck n'a pas affaibli
l'armée du socialisme indépendant, et
les rescrits de l'empereur, publiés au
cours de la période électorale, aussi
¡bien que le renvoi au conseil d'Etat
des projets tendant à « mieux régler
les conditions des classes ouvrières »,
et que l'initiative prise par l'empereur
de réunir en congrès les puissances
européennes pour établir une législa-
tion internationale sur le même suj ets
"ll'ont apporté aucune dérivation au
courant socialiste. Les élections de
Berlin sont, à quelques jours d'inter-
valle, la réponse au discours par le-
quel Guillaume II ouvrait la session
du conseil d'Etat.
Nous ne sommes pas étonnés de
cette réponse, ayant exprimé l'avis
que le langage de l'empereur, aussi
bien que la composition du conseil
dat, n'était pas de nature à dissi-
per les défiances des socialistes.
Nous avons montré aussi les difficul-
tés qui pouvaient faire obstacle à la
réunion du congrès international, et
parmi celles-ci, la plus forte nous pa-
raissait résider dans ce fait que les re-
présentants des puissances se réuni-
raient moins pour examiner la ques-
tion soumise en apparence à leur ap-
préciation, que pour recevoir de l'Al-
lemagne une législation toute faite et
pour reconnaître, au moins indirecte-
ment, la suprématie de l'Allemagne
sur les autres Etats de l'Europe. Il y a
là une question de susceptibilité, voire
même de dignité, qui peut faire réflé-
chir les Etats les plus démocratiques,
ceux pour lesquels c'est non seule-
ment un désir, mais un devoir, d'as-
surer aux travailleurs les meilleures
conditions. ,.
Mais nous ne saurions laisser passer
sans protestation les considérations'
exposées hier par un journal bona-
partiste Pour ce journal, l'empereur
diAllClnagne voulait, en réunissant le
congrès, «former une sorte de syndi-
cat d'intérêts qui l'eût aidé person-
nellement à sortir des difficultés inté-
rieures qu'il se sent impuissant à ré-
soudre personnellement. »
Il estime que la France n'a rien à
faire dans ce congrès et il motive
ainsi son opinion :
« Puisque Bismarck a cru bon, pour
v l'agrandissement de la puissance
» teutonique, de laisser la France
» cuire dans son jus opportuniste et
i) de favoriser son abaissement sous
» l'influence délétère du régime wil-
", -sonien, il ne convient pas que nous
, aidions, sous une forme quelcon-
f" que, à la diminution des embarras
actuels et des difficultés présentes
de l'empire allemand. » -
Par une ironie amère, le journal qui
tient ce langage s'appelle la Patrie. Si
l'Allemagne, non contente de nous
écraser sous une rançon formidable
et de démembrer notre territoire, nous
avait, en plus, imposé le rétablisse-
ment de l'empire ; si elle était allée
tirer Napoléon III de la retraite de
Wilhemshœhe pour le ramener aux
Tuileries, comme les alliés, en 1815,
ramenèrent les Bourbons, ce ne serait
pas trop, pour la remercier de ce ser-
vice, de nous mettre à quatre pattes
devant ou plutôt derrière elle. L'em-
pire, qui a déjà fait si bon marché de
la France et qui l'a, d'un cœur léger,
jetée dans l'aventure la plus folle et la
plus désastreuse, aurait complété son
œuvre en sacrifiant ce que, du moins,
la République a maintenu intact,
l'honneur national. Quelle que soit
notre opinion sur le régime impérial et
sur ses partisans, nous aurions craint
de les calomnier en leur prêtant de
tels sentiments; mais, puisque eux-
mêmes les expriment, puisqu'ils gar-
dent rancune à l'Allemagne, moins
de nous avoir enlevé l'Alsace et la
Lorraine que de ne pas nous avoir
imposé le rétablissement de l'empire,
nous prenons acte de leurs paroles.
Nous savons maintenant comment est
fait leur patriotisme.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
» Chronique », par M. Paul Ginisty.
CONVOCA TI ON D'ÉLECTEURS
Election législative.
Les électeurs de la troisième circonscrip-
tion de Lyon sont convoqués pour le 16
mars, à l'effet d'élire un député en rempla-
cement de M. Thiers, décédé.
Elections sénatoriales
Les collèges sénatoriaux des trjis dépar-
tements de l'Ariège, de l'Eure et du Finis-
tère sont convoqués pour le 16 avril, à l'ef-
fet d'élire chacun un sénateur.
Dans l'Ariège, il s'agit de remplacer M.
Vigarozy, sénateur républicain, décédé.
Dans l'Eure, il y alieu d'élire un troisième
sénateur, par suite de l'attribution à ce dé-
partement du siège d'inamovible transfor-
mé en siège ordinaire à la suite du décès
du marquis de Maleville.
Dans le Finistère, il s'agit d'élire un qua-
trième sénateur par suite de l'attribution à
ce département du siège d'inamovible
transformé en siège ordinaire à la suite du
décès de M. Grandperret.
L'élection dès Basses-Pyrénées
M. Haulon, député républicain de la pre-
mière circonscription de Bayonne, est le
candidat républicain à l'élection sénatoriale
du 2 mars prochain dans les Basses-Pyré-
rées, pour le remplacement de M. Plantié,
sénateur républicain décédé.
LE CAS DU GÉNÉRAL CASTEl
Où est le général?
Aucune note officielle n'est encore par-
venue au ministère de la guerre touchant
le cas du général Hubert-Castex.
Comme le général a quitté Meaux sans
indiquer sa destination nouvelle, il est pré-
sentement recherché.
Le général Castex n'a pas moins de qua-
tre domiciles : à Paris, rue de Sèze; à Nice,
boulevard Dubouchage ; au château de Fou-
quemont (Seine-Inférieure), et dans une
autre propriété dans le Calvados, près de
Livry. C
Dès que son domicile sera connu de l'au-
torité militaire qui a ouvert l'enquête, M.
Hubert-Castex sera mandé devant le com-
mandant en chef du 56 corps, à Orléans, le
général Blot, pour y confirmer ou démen-
tir l'authenticité des paroles à lui attribuées.
C'est seulement après sa déposition et sur
le rapport du général commandant le 56
corps, que le ministre décidera s'il y a lieu
de suivre et si le général Hubert-Castex
sera renvoyé devant un conseil d'enquête
qui pourrait,soitlui infliger une répriman-
de, soit prononcer la non-activité par re-
trait d'emploi.
LES CHARITÉS DE CORNÉLIUS HERZ
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
1 Rome, 21 février.
Le docteur Cornélius Herz, de Francfort,
vient d'envoyer 1,000 francs au maire de Rome
pour être distribués aux ouvriers inoccupés.
LE DUC D'ORLÉANS
Sera-t-il gracié ? — Bruits inexacts.
Les délais d'appel. — La question
devant le conseil des ministres.
Un de nos confrères a annoncé, hier soir,
que le duc d'Orléans venait d'être reconduit
à la frontière. Cette nouvelle est inexacte.
Les délais d'appel expirant aujourd'hui,
le duc d'Orléans appartient désormais à
l'administration pénitentiaire et non plus
à l'administration j udiciaire. ",
M. Constans, ministre de l'intérieur, et
M. Herbette, directeur des prisons, seront
donc seuls appelés à statuer sur le sort du
prince, et il est peu probable que le con-
seil des ministres, qui se réunit ce matin,
ait à s'occuper de la question, M. Carnot
ne devant pas faire aujourd'hui de propo-
sition de grâce.
D'un autre côté, nous croyons savoir que
le duc d'Orléans ne sera pas dirigé sur une
prison de l'Etat, et qu'on le gardera encore
pendant quelques jours à la Conciergerie.
Le motif de cette décision serait de garder
le prisonnier jusqu'au moment où le gou-
vernement jugerait propice de le faire re-
conduire à la frontière. Ce moment pour-
rait bien ne pas être éloigné et il ne serait
pas surprenant que M. Carnot proposât
mardi, au conseil des ministres, la grâcg du
jeune prince.
TRIPLE EXÉCUTION
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTiUUÙER)
Madrid, 21 février.
Trois condamnés à. mort, Sancliez Almagro,,
Martin Gantez.et François Siages, coupablos de
vol et d'assassinat, oat été exécutés à Peaa.-
raudaoù le crime avait été commis.
LES ELECTIONS
ALLEMANDES
PREMIERS RÉSULTATS
La situation électorale. — Les ballot-
tages. — Les socialistes élus. —
Petites statistiques.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 21 février.
On connaît, ce soir, 198 résultats électo-
raux, sur 397. Les candidats élus sont au
nombre de 117, dont 29 députés des partis
gouvernementaux et 88 des partis indépen-
dants, à savoir :
Conservateurs. 15
Parti de l'empire. 7
Nationaux-libéraux. 7
Centre. 50
Progressistes. 10
Socialistes. 1,4
Polonais. 2
Indépendants.. 1
Alsaciens. 8
Démocrates. 3
Il y a 81 ballottages, dans lesquels sont
engagés 77 candidats des partis de l'ancienne
majorité gouvernementale et 95 candidats
indépendants, à savoir :
Conservateurs. 9
Parti de l'empire. 13
Nationaux-libéraux A5
Centre. 13
Progressistes. 31
Socialistes. Ó 37
Guelfes. 1
Polonais. 2
Indépendants. 1
Alsaciens. 1
Démocrates. 9
Les scrutins de ballottage seront fixés, à
ce que l'on croit, au vendredi 28 février.
Le bataillon socialiste au nouveau
Reichstag.
Voici l'énumération des 1A socialistes déjà
élus :
A Hambourg, MM. Bebel, Dietz, Metzger;
à Zwickau, M. Stoll ; à Glauchau, M. Auer ;
à Nuremberg, M: Griilenberger; à Mittweida,
M. Schmidt; à Schneeberg, M. Seyfort; à
Leipzig (campagne), M. Geyer; à Chemnitz,
M. Schippel; à Magdebourg, M. de Vollmar;
à Berlin, MM. Singer et Liebknecht ; à El-
berfeld, M. Harm. ,
Au dernier Reichstag les socialistes n'a-
vaient que Il représentants; on suppose
qu'après les ballottages ils seront une tren-
taine.
LES ÉLECTIONS DE BERLIN
La statistique des votes. — Les progrès
de l'opposition. — Berlin aux
socialistes.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
, Berlin, 21 février.
Le nombre des votants qui ont pris part
aux élections d'hier est de 251,835 sur
352,000. électeurs inscrits. C'est une propor-
tion de 75 0/0 d'électeurs actifs sur l'en-
semble du corps électoral, la plus forte
qui ait encore été atteinte à Berlin.
Cette proportion augmente à chaque élec-
tion générale depuis 1871, où il y eut moins
de 25 0/0 d'électeurs exerçant leur droit.
Cette progression indiqué à la fois les pro-
grés de l'éducation politique du peuple al-
lemand et l'intérêt qu'il porte à l'élection
actuelle.
Aux élections de février 1887, le nombre
des électeurs inscrits était de 315,000; le
nombre des votants fut de 232,168.
Les votes se sont répartis comme suit
entre les divers partis :
En 1887 En 1890
Conservateurs.. 71.753 M). 356
Progressistes. 67.077 75.317
Socialistes. 93.335 127.162
Total 232.168 251.835
Les socialistes ont donc gagné 35,827 voi x,
les progressistes ou radicaux 8,240, tandis
que les conservateurs en ont perdu 22,A00.
Le gain des socialistes est dû, pour une
partie, à la population nouvelle, qui a ac-
cru de plus de 150,000 têtes la population
de la capitale ; mais la perte des conserva-
teurs est une perte sèche, absolue, car la
population des quartiers où l'on votait pour
les candidats du gouvernement est restée
stationnaire, et cependant la diminution
des votes conservateurs a été de 25 0/0.
C'est l'opposition, tant radicale que socia-
liste, qui a hérité de cette désertion, laquelle
provient sans doute de la cessation de l'a-
gitation anti-sémitique et socialiste-chré-
tienne, et de la retraite du pasteur Stœcker,
qui avait amené aux candidats conserva-
teurs, dans les dernières élections, un ap-
point populaire considérable.
Le vote des diverses circonscriptions.
- Les chiffres de 1887. — Les
ballottages.
Dans la première circonscription, M. Trae-
ger, avocat et poète abondant, député pro-
gressiste sortant, a eu 6,673 voix; M. Ziedler,
conservateur, A,690 voix ; M. Schulz, socia-
liste, 3,586 voix.
On a relevé ce fait, qui s'était déjà pro-
duit aux élections précédentes, que ce sont
les sections de vote des quartiers environ-
nant les palais impériaux qui ont donné le
plus de voix aux socialistes.
Il y a ballottage entre le progressiste et le
conservateur. D'après la loi électorale alle-
mande, le ballottage ne se fait qu'entre les
deux candidats qui ont obtenu le plus de
voix.
En 1877, dans cette circonscription, le
candidat progressiste avait obtenu 7,882
voix, le candidat gouvernemental 7,006 et
le socialiste 2,077. Au ballottage, le candi-
dat progressiste l'avait emporté par 9,1A8
voix contre 7,769.
Dans la 2° circonscription, qui compte
90,000 électeurs inscrits, le professeur Vir-
chow a obtenu 17,611 voix; le docteur Ir-
mer, conservateur, 13,573 voix; le socialiste
Janiszewski, ouvrier relieur, qui a fait de
la prison pour la cause socialiste, 19,773
voix, la majorité relative, par conséquent.
Le ballottage aura lieu entre M. Janis-
zewski et M. Virchow.
Il y a trois ans, le même arrondissement
avait donné à Virchow 16,500 voix, au can-
didat conservateur Wolff, 19,100, au socia-
liste Tutzauer, ouvrier maçon, 1.4,700.
Virchow avait triomphé au ballottage par
28,100 voix, contre 21,000 données au con-
servateur.
Dans la 39 circonscription, le célèbre avo-
cat Munckel, progressiste, député sortant,
a eu 11,57h voix, et le socialiste Wildberger,
12,278 voix.
En février 1887, M. Munekol avait obtenu
10,500 voix; le national-libéral, gouverne-
mental, M. Miquel, 7,500, et le candidat so-
cialiste, 9,000. Au ballottage, M. Munckel
avait été élu par 11,000 voix contre 10,000
voix socialistes.
Au hl, arrondissement, qui compte une
centaine de mille électeurs, M. Eugène
Richter, l'orateur et le leader du parti pro-
gressiste, n'a eu que IA,100 voix, tandis que
le socialiste Singer, député sortant, en a
enregistré hO,500, et est élu haut la main.
Signe particulier : M. Singer, chef d'une
grande maison de confection, est un pa-
tron et un capitaliste dans le sens le plus
absolu du mot ; ce qui ne l'a pas empêché
d'avoir la confiance des socialistes, d'avoir
été poursuivi et expulsé pour la cause.
M. Singer a déjà été élu en 188h et en
1887 dans la même circonscription, qui est
une des forteresses du socialisme.
Dans la 5° circonscription, M Baumbach,
progressiste, député sortant, a eu 10,060
voix.
M. Luedtke, candidat conservateur, A.12A
voix.
M. Auerbach, un des plus anciens mem-
bres du parti socialiste au Reichstag, 7,252
voix.
Il y a ballottage entre le progressiste et le
socialiste.
Aux élections précédentes M. Baumbach
avait obtenu 10,000 voix, un conservateur
7,000 et un socialiste h,800. Au tour de bal-
lottage, M. Baumbach avait passé par 12,700
voix contre 8,000 données au candidat con-
servateur.
Pour le 6® arrondissement, le plus peu-
plé de Berlin, qui compte cette fois plus de
100,000 électeurs inscrits, il reste aux so-
cialistes comme à toutes les élections qui
se sont succédé, depuis quinze ans. Lieb-
knecht y est élu à environ A4,000 voix.
Résumé
La capitale de l'empire allemand appar-
tient, on peut le dire, aux socialistes.
Ils ont la majorité absolue sur le nombre
des suffrages exprimés (127,162 sur 231,168,
près de 60 0/0 du total).
L'opposition tout entière, socialistes et
progressistes, compte 202,000 voix, soit 87 0/0
des votants.
Le titre de candidat conservateur dési-
gne un candidat de l'un des trois partis
gouvernementaux : conservateurs, parti de
l'empire, nationaux-libéraux.
La représentation de Berlin est tout en-
tière à l'opposition, ce qui n'est pas nou-
veau. Les deux seuls candidats élus sont
des socialistes. Sur les quatre ballottages, il
en est un que les socialistes ont de grandes
chances de gagner : celui de la troisième
circonscription, avec Wildberger. Dans deux
autres, la deuxième et la cinquième cir-
conscription, les progressistes l'emporte-
ront, à moins, ce qui est possible, que, par
haine des progressistes et sous couleur de
socialisme impérialiste, un certain nombre
de conservateurs ne votent avec les socia-
listes.
Dans la seule circonscription, la lre, où
un conservateur vienne en ballottage, la
victoire du progressiste est assurée.
Le dernier vote de M. de Bismarck
Lorsque M. de Bismarck remit son bulle-
tin de vote au président de sa section, il
lui dit : « C'est la dernière fois que je vous
vois »; et comme celui - ci protestait, il
ajouta : « Que voulez-vous? j'ai soixante-
quinze ans, et les prochaines élections
n'auront lieu que dans cinq ans. »
L'impression au palais impérial et à la
chancellerie.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 21 février.
On ne se dissimule pas, dans l'entourage
impérial, que les résultats électoraux se ré-
sument par de grands progrès des socia-
listes, au détriment des conservateurs et
des nationaux-libéraux, et l'on se rend
compte que les ballottages ne feront qu'ac-
centuer le succès des adversaires du gou-
vernement.
On dit l'empereur absolument stupéfait.
Il avait la plus entière conviction que ses
rescrits produiraient un grand effet sur les
classes ouvrières.
C'est d'abord le vote de Berlin qui a pro-
duit la première impression défavorable
sur l'empereur et ses conseillers. La capi-
tale a répondu aux rescrits impériaux en
augmentant le chiffre des voix socialistes
de 1887.
Un seul conservateur, dans les six cir-
conscriptions de Berlin, est arrivé à être en
ballottage, et son échec au second tour ne
fait pas doute.
Dans toutes les grandes villes et centres
industriels, sauf à Essen, les nationaux-
libéraux cèdent la place aux socialistes.
On calcule, d'après les résultats connus,
que les socialistes seront au moins trente
au Reichstag, gagnant ainsi une vingtaine
de sièges et plus de 500,000 voix depuis les
précédentes élections.
On dit que le chancelier n'est pas trop
mécontent de ces résultats, qui pourraient
ramener l'empereur à la politique qu'il lui
conseillait.
LES ELECTIONS EN ALSACE-
LORRAINE
Le premier succès du socialisme
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Mulhouse, 21 février.
Contrairement, à la première version qui
vous a été télégraphiée, c'est M Hickel, so-
cialiste, qui a été élu à Mulhouse par 8,000
voix environ, et non M. Boch, candidat
protestataire, qui n'a eu que h,000 voix.
Dans la circonscription d'Erstein-Mols-
heim, M. Zorn de Bulach fils, candidat au-
tonomiste, mais prenant la qualification de
national-libéral, a été élu contre M. Sieffer-
mann, député sortant, protestataire.
Le résultat des élections en Alsace-Lor-
raine est le suivant, pour 15 députés :
Protestataires 10
Autonomistes h
Socialiste. 1
Le nombre des abstentions a été considé-
rable.
Le sentiment français dans les
-. élections
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belfort, 21 février.
A Mulhouse, les ouvriers des fabriques
ont voté pour M. Hickel, épiciér, candidat
socialiste, qui, dans sa profession de foi,
avait déclaré que l'Alsace devait être resti-
tuée à la France.
A Strasbourg, sans les abstentions du
parti catholique, qui a préféré s'abstenir
plutôt que de voter pour le socialiste Bebel,
il est certain que l'autonomiste Pétri, le
député sortant, aurait échoué.
Le résultat général des élections de l'Al-
sace-Lorraine prouve que le souvenir de la
France est toujours vivace dans les provin-
ces annexées. Les deux candidats élus sotl..
la désignation d'indépendants - avaient fait
des déclarations donnant satisfaction aux
,..1; "o,ts nrotesttaaires.
CHRONIQUE
Les maîtres répétiteurs du lycée de
Nice m'ont fait l'honneur de m'envoyer
une pétition qu'ils adressent au ministre;
ils invitent leurs collègues à se joindre à
eux, et je ne doute pas que cette pétition
ne se couvre bientôt de signatures.
Je ne veux pas discuter ici tous les
points qu'ils ont touchés dans cette circu-
laire. Aussi bien y en a-t-il que j'ai déjà
traités plus d'une fois ici-même. Il en est
un pourtant qui a piqué vivement ma cu-
riosité, parce qu'il indique dans les esprits
un revirement d'idées que j'attendais de-
puis longtemps avec impatience.
Vous savez quel était, depuis quelques
années, le mot d'ordre. On disait aux
maîtres répétititeurs: Le répétitorat n'est
pas un but; c'est une étape. On le tra-
verse, on n'y séjourne pas. Ce serait la
marque d'un esprit étroit, d'une intelli-
gence bornée, que d'entrer dans ce métier
pour s'en faire un avenir. Ce sont des
fonctions transitoires. Elles sont dures et
pénibles, mais elles sont transitoires;
l'intention formelle du ministre est qu'el-
les soient transitoires. Et l'on en avait
plein la bouche, de ce mot : transitoire.
On traçait un portrait ridicule du maître
d'étude vieilli, aigri, se vengeant sur les
élèves de ses illusions déçues, tournant
au vieux pion. On le mettait en compa-
raison du jeune homme frais émoulu de
ses classes, bon, aimable, l'esprit éveillé,
le cœur ouvert, imposant le travail par
son exemple, plein d'ambitions généreu-
ses, aspirant à monter de la salle d'étude
à la classe. Voilà le vrai maître répéti-
teur! C'est lui qui est, comme dit l'Ecri-
ture, le sel de la terre.
Et, tout en approuvant que l'on fouet-
tât ainsi l'amour-propre des jeunes gens,
afin de tirer d'eux toutes les forces que
la nature y avait mises, je me disais à
part moi, je le disais même aux autres et
l'écrivais dans les journaux :
Pourquoi le répétitorat ne serait-il
pas un métier comme un autre ; un mé-
tier humble sans doute et pénible, mais
n'y en a-t-il que de reluisants dans le
monde?
On parle des vieux maîtres répétiteurs,
qui sont presque tous grincheux ; mais
c'est peut-être qu'on leur a rendu aussi
le métier trop dur. De toutes les profes-
sions connues, il n'y en a pas en ce mo-
ment qui soit plus assujettissante que
celle de pion. Il est peu payé, il ne jouit
que d'une considération médiocre, et il
n'est jamais libre, ni le jour ni la nuit.
Rien d'étonnant s'il tourne à l'aigre. Peut-
être aimerait-il à rester dans le métier,
où il deviendrait excellent, si on le lui
faisait plus supportable.
On prend donc le contre-pied du bon
sens, quand on dit aux maîtres répéti-
teurs : Votre métier est un métier de
chien, nous le savons; mais ce n'est pas
un métier où vous deviez rester. C'est
une épreuve. Dépêchez-vous de vous en
tirer. On aurait mieux fait de leur dire :
Votre métier, jusqu'à ce jour, a été un
métier de chien, ou plutôt un métier dont
les chiens ne voudraient pas. Nous allons
vous le rendre habitable, afin que vous
vous y plaisiez davantage. Il se trouvera
toujours sans doute parmi vous des jeu-
nes gens plus ambitieux pour qui le ré-
pétitorat ne sera qu'un passage ; nous les
aiderons à en sortir, s'ils se montrent
dignes de postes plus relevés. Mais nous
garderons soigneusement les autres, et
nous leur ferons, en retour des services
inappréciables que nous attendons d'eux,
la vie plus confortable et plus douce.
Telles étaient mes réflexions, et je ne
me faisais pas faute de les exprimer.
Mais je luttais contre le courant. Tous les
maîtres répétiteurs avaient été électrisés
par les paroles encourageantes du mi-
nistre : Travaillez ! passez vos examens !
je vous nommerai professeurs f Je neveux
plus de maîtres répétiteurs vieillis dans
le métier. Et ils piochèrent leurs licences,
et ils conquirent leurs grades, et - ils s'en
vinrent, leurs diplômes à la main, som-
mer le ministre de tenir ses promesses, et
le ministre leur répondit : Attendez un
peu, je vous prie! J'ai des boursiers de
licence à placer, et je n'ai pas même de
places pour eux ; ce n'est pas pour en
avoir à vous donner.
En sorte que voici quelle était la situa-
tion :
On n'avait point amélioré les conditions
matérielles et morales du répétitorat,
sous le prétexte que le répétitorat n'était
qu'une épreuve, une étape, un passage,
un surnumérariat, sous ce prétexte, en un
mot, qu'il était transitoire. Et l'on y rete-
nait les maîtres répétiteurs qui avaient à
force de travail obtenu leurs grades, sous
ce prétexte qu'il n'y avait plus de débou-
chés.
C'est alors que les maîtres répétiteurs
et - tous ceux qui ont leurs intérêts à
cœur sont venus à résipiscence. Ils se sont
dit :
« Puisque, par la force même des cho-
ses, on ne peut nous tirer du répétitorat,
mieux vaudrait le rendre possible ; mieux
vaudrait, grâce à quelques réformes, en
faire un métier sortable qui nourrît son
homme et qui, en exigeant de lui un
certain mérite, l'en récompensât de façon
qu'il n'eût plus à souhaiter autre chose. »
C'est cette nouvelle façon de voir que
je trouve dans la pétition des maîtres
répétiteurs de Nice, exprimée sous cette
forme :
« Certains maîtres ne songeraient pas
au professarat et resteraient volontiers
répétiteurs, si on leur assurait dans ces
fonctions une situation de tout point
convenable. Il serait bon, il serait excel-
lent d'encourager par cette promesse les
maîtres vraiment à la hauteur - de leur
tâche à la continuer. Les bons, leg excel-
lents maîtres, anciens, expérimentés, ci,ue
t'oo conserverait ainsi, rendraient à l'in-
ternat d'inappréciables services. Ils ré-
soudraient cette question si importante
pour l'Université de l'éducation de ses
élèves. Ils sauraient élever les enfants.
Un répétiteur trop jeune est inhabile à
cette tâche. Il y faut des maîtres résolus
à s'adonner complètement à cette œuvre,
à lui consacrer toute leur intelligence et
tout leur dévouement, toute une car-
rière de lente et patiente expérience. »
Et justement comme je lisais cette pé-
tition, voici que m'est arrivée une lettre
curieuse d'un de nos maîtres répétiteurs
de l'Ouest. Le signataire me parle de
l'Université, me fait sa biographie et
termine par ces confidences, qui ren-
trent précisément dans le sujet de cet
article :
« Le hasard, dit-il, ou peut-être, car je
n'en sais rien moi-même, une vocation
inconsciente, m'a fait maître répétiteur.
Je suis de seconde classe, dans un lycée
de province; je touche mille francs et ma
trouve très heureux.
» J'ai vingt-six ans, de la santé, pas de
soucis, aucune charge de famille. Je ne
prépare aucune licence parce que je n'é-
prouve pas le besoin de m'élever plus
haut ; mais en revanche je lis beaucoup,
je suis au courant de tout ce qui se passe
dans les sciences, dans les lettres, au théâ-
tre, en France et même, autant que pos-
sible, à l'étranger.
» J'écris parfois des vers dans des feuilles
peu lues, et mes aquarelles sont goûtées
par certains artistes, indulgents par rai-
son. - ,
» J'ai reçu maintes fois des compliments
de la part des professeurs de mes élèves
et je passe pour un disciplinaire doué de
tact.
» J'ai exercé mes fonctions dans plu-
sieurs lycées du Midi, du Centre, de l'Est
et du Nord (du temps où les maîtres
voyageaient), je suis actuellement dans
l'Ouest. J'ai visité tous les beaux sites
de mon pays et suis Breton. J'ai fait aussi
un an de service militaire.
» Fils de fonctionnaire, fonctionnaire
moi-même, je sers l'Etat de mon mieux,
ainsi que presque tous les membres de
ma famille.
» Enfin et surtout je ne désire rien tant
que de rester maître répétiteur; ma posi-
tion me plaît et mon rêve est fini. Je suis
gai quand même et hais les Jérémies et
les pleurnicheurs qui font ravage à notre
époque.
» Eh bien! maintenant que vous me
connaissez, je vous assure qu'il y a dans
la maîtrise d'étude des centaines de jeunes
gens comme moi.
» Ne croyez-vous pas, monsieur Sarcey,
en toute franchise, que si l'on augmen-
tait nos attributions dans le sens de
l'éducation, nous pourrions nous rendra
plus utiles ?
» Ne savez-vous pas, d'ailleurs, que la
plupart de nos élèves se « cassent le nez JI
en entrant dans la vie, parce que, fils
de campagnards très souvent, ils n'oiit
aucune notion de l'existence qui les at-
tend ? Ne pourrions-nous les conseiller?
» D'un autre côté, le jour où l'on éten-
dra, où l'on élèvera le rôle du maître
répétiteur, celui-ci ne tiendra-t-il pas à se
montrer à la hauteur de ses fonctions, à
tous points de vue ?
» Un maître répétiteur content
de son sort.
Je ne serais pas étonné, en effet, qu'il
n'y eût en France beaucoup de jeunes
gens bien élevés pour qui le répétitorat
pût être un avenir souhaitable, à
condition qu'on donnât à ceux qui pren-
draient le métier à cœur des appoin-
tements convenables et un peu de li-
berté.
Cette réforme serait-elle impossible ?
Francisque Sarcey.
M. GOBLET A SES ÉLECTEURS
Adresse des comités républicains.—Un
ordre du jour et une réponse. -
L'élection de Sceaux.
Les comités républicains de la première
circonscription de Sceaux ont adressé à M.
René Goblet l'ordre du jour suivant :
« Les délégués des comités républicains
des vingt-cinq communes des cantons de
Sceaux et de Villejuif, réunis en assemblée
plénière au siège central, le 20 février 1890,
ont voté à l'unanimité l'ordre du jour sui-,
vant:
» Ils déclarent que tous les comités répu-
blicains de la circonscription qui, au con-
grès de Gentilly, sans distinction de nuan-
ces, unis dans un même sentiment de con-
corde et de conciliation, avaient acclamé la
candidature du citoyen René Goblet, ont
montré dans la lutte un complet dévoue-
ment;
» Ils regrettent qu'un grand nombre de
républicains ne les aient pas suivis et se
soient abstenus, puisque la candidature
boulangiste a perdu près de 1,200 voix sur
le vote précédent et qu'il y a eu plus de 2,000
votants de moins qu'au 6 octobre ;
» Ils témoignent leur vive reconnaissance
au citoyen René Goblet d'avoir accepté la
lutte dans des conditions désavantageuses
et d'avoir tenu, bravement et dignement,
le drapeau de la République, au risque
même de se sacrifier personnellement ;
» Ils expriment toute leur gratitude à ca
républicain probe et dévoué, et ils émet-
tent le vœu qu'une circonscription, ferme-
ment républicaine le choisisse prochaine-
ment pour candidat et rende à cet homme
de talent et d'honneur la place qu'il doit
occuper à la Chambre pour les intérêts de
le France et de la RépUblique. »
(Suivent les signatures.)
Réponse de M. Goblet
M. René Goblet a répondu à catte soin-»
munication par la lettre suivante :
« Paris. 21 février.
n Mes chers concitoyens,
* Je n'avais accepté la candidature dans
votre circonscription que parce qu'elle
m'était offerte au nom de tous les républi-
cains, sans distinction.
» Si nos efforts communs ont échoué,
vous en savez la cause. Ce n'est pas nous
qui avons rompu l'accord nécessaire au
ucCèsA mais bien certains républicains qui,
'- Dix-neuvième année. — N° 6,61 h CINQ Centimes — Paris et Départements C>INQ Centimes DIMANCHE 23 FEVRIER tata
-.
..:'" -. t ;':.. ;,¡¡;,,¡.-":' '!" - Il.
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, LES
ÉLECTIONS AU REICHSTAG
M. GOBLET
.UX ELECTEURS DE SCEAUX
r
s
j. £ la recherche du général Castex
RUE TRONSON-DUCOUDRAY
DANS LES FOURGONS
ALLEMANDS
II serait prématuré de porter un ju-
fgement sur les élections allemandes
et de rechercher quelles modifications
elles peuvent apporter à la politique
de l'empire. Nous ne connaissons en-
core, en effet, qu'un chiffre restreint
de résultats, et les ballottages parais-
sent, en outre, devoir être assez nom-
breux. Il convient donc de réserver
les appréciations. Mais ce que nous
connaissons déjà met en lumière le
progrès constant des idées socialistes,
au moins dans les grandes villes.
Leurs défenseurs' les plus en vue,
Liebknecht, Bebel, Singer, Harm,
Dietz, Grillenberger, ont été réélus
iau premier tour de scrutin, et beau-
coup d'autres peuvent attendre avec
j confiance les résultats du ballottage.
t A Berlin seulement, le nombre des
voix socialistes, qui en 1867 était de
f67, s'est depuis lors accru par une
progression constante. En 1871, il
i était de â,058 ; en 187A, de 11,879; en
1877, de 31,522; en 1878, de 56,1.47;
jen 188A, de 68,535; en 1887, de 9A,259.
Cette fois, les candidats socialistes ont
obtenu dans la capitale de l'empire
105,127 voix, soit un gain nouveau de
30,868 suffrages.
Cette statistique suffit à montrer
que le gouvernement allemand a de
sérieux motifs de s'alarmer du progrès
des idées socialistes et de chercher à
conjurer le péril qui en résulte pour
l'avenir du régime impérial. Mais elle
montre aussi combien les efforts faits
jusqu'ici pour combattre le socialisme
ont été inefficaces. Le socialisme d'Etat
de M. de Bismarck n'a pas affaibli
l'armée du socialisme indépendant, et
les rescrits de l'empereur, publiés au
cours de la période électorale, aussi
¡bien que le renvoi au conseil d'Etat
des projets tendant à « mieux régler
les conditions des classes ouvrières »,
et que l'initiative prise par l'empereur
de réunir en congrès les puissances
européennes pour établir une législa-
tion internationale sur le même suj ets
"ll'ont apporté aucune dérivation au
courant socialiste. Les élections de
Berlin sont, à quelques jours d'inter-
valle, la réponse au discours par le-
quel Guillaume II ouvrait la session
du conseil d'Etat.
Nous ne sommes pas étonnés de
cette réponse, ayant exprimé l'avis
que le langage de l'empereur, aussi
bien que la composition du conseil
dat, n'était pas de nature à dissi-
per les défiances des socialistes.
Nous avons montré aussi les difficul-
tés qui pouvaient faire obstacle à la
réunion du congrès international, et
parmi celles-ci, la plus forte nous pa-
raissait résider dans ce fait que les re-
présentants des puissances se réuni-
raient moins pour examiner la ques-
tion soumise en apparence à leur ap-
préciation, que pour recevoir de l'Al-
lemagne une législation toute faite et
pour reconnaître, au moins indirecte-
ment, la suprématie de l'Allemagne
sur les autres Etats de l'Europe. Il y a
là une question de susceptibilité, voire
même de dignité, qui peut faire réflé-
chir les Etats les plus démocratiques,
ceux pour lesquels c'est non seule-
ment un désir, mais un devoir, d'as-
surer aux travailleurs les meilleures
conditions. ,.
Mais nous ne saurions laisser passer
sans protestation les considérations'
exposées hier par un journal bona-
partiste Pour ce journal, l'empereur
diAllClnagne voulait, en réunissant le
congrès, «former une sorte de syndi-
cat d'intérêts qui l'eût aidé person-
nellement à sortir des difficultés inté-
rieures qu'il se sent impuissant à ré-
soudre personnellement. »
Il estime que la France n'a rien à
faire dans ce congrès et il motive
ainsi son opinion :
« Puisque Bismarck a cru bon, pour
v l'agrandissement de la puissance
» teutonique, de laisser la France
» cuire dans son jus opportuniste et
i) de favoriser son abaissement sous
» l'influence délétère du régime wil-
", -sonien, il ne convient pas que nous
, aidions, sous une forme quelcon-
f" que, à la diminution des embarras
actuels et des difficultés présentes
de l'empire allemand. » -
Par une ironie amère, le journal qui
tient ce langage s'appelle la Patrie. Si
l'Allemagne, non contente de nous
écraser sous une rançon formidable
et de démembrer notre territoire, nous
avait, en plus, imposé le rétablisse-
ment de l'empire ; si elle était allée
tirer Napoléon III de la retraite de
Wilhemshœhe pour le ramener aux
Tuileries, comme les alliés, en 1815,
ramenèrent les Bourbons, ce ne serait
pas trop, pour la remercier de ce ser-
vice, de nous mettre à quatre pattes
devant ou plutôt derrière elle. L'em-
pire, qui a déjà fait si bon marché de
la France et qui l'a, d'un cœur léger,
jetée dans l'aventure la plus folle et la
plus désastreuse, aurait complété son
œuvre en sacrifiant ce que, du moins,
la République a maintenu intact,
l'honneur national. Quelle que soit
notre opinion sur le régime impérial et
sur ses partisans, nous aurions craint
de les calomnier en leur prêtant de
tels sentiments; mais, puisque eux-
mêmes les expriment, puisqu'ils gar-
dent rancune à l'Allemagne, moins
de nous avoir enlevé l'Alsace et la
Lorraine que de ne pas nous avoir
imposé le rétablissement de l'empire,
nous prenons acte de leurs paroles.
Nous savons maintenant comment est
fait leur patriotisme.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
» Chronique », par M. Paul Ginisty.
CONVOCA TI ON D'ÉLECTEURS
Election législative.
Les électeurs de la troisième circonscrip-
tion de Lyon sont convoqués pour le 16
mars, à l'effet d'élire un député en rempla-
cement de M. Thiers, décédé.
Elections sénatoriales
Les collèges sénatoriaux des trjis dépar-
tements de l'Ariège, de l'Eure et du Finis-
tère sont convoqués pour le 16 avril, à l'ef-
fet d'élire chacun un sénateur.
Dans l'Ariège, il s'agit de remplacer M.
Vigarozy, sénateur républicain, décédé.
Dans l'Eure, il y alieu d'élire un troisième
sénateur, par suite de l'attribution à ce dé-
partement du siège d'inamovible transfor-
mé en siège ordinaire à la suite du décès
du marquis de Maleville.
Dans le Finistère, il s'agit d'élire un qua-
trième sénateur par suite de l'attribution à
ce département du siège d'inamovible
transformé en siège ordinaire à la suite du
décès de M. Grandperret.
L'élection dès Basses-Pyrénées
M. Haulon, député républicain de la pre-
mière circonscription de Bayonne, est le
candidat républicain à l'élection sénatoriale
du 2 mars prochain dans les Basses-Pyré-
rées, pour le remplacement de M. Plantié,
sénateur républicain décédé.
LE CAS DU GÉNÉRAL CASTEl
Où est le général?
Aucune note officielle n'est encore par-
venue au ministère de la guerre touchant
le cas du général Hubert-Castex.
Comme le général a quitté Meaux sans
indiquer sa destination nouvelle, il est pré-
sentement recherché.
Le général Castex n'a pas moins de qua-
tre domiciles : à Paris, rue de Sèze; à Nice,
boulevard Dubouchage ; au château de Fou-
quemont (Seine-Inférieure), et dans une
autre propriété dans le Calvados, près de
Livry. C
Dès que son domicile sera connu de l'au-
torité militaire qui a ouvert l'enquête, M.
Hubert-Castex sera mandé devant le com-
mandant en chef du 56 corps, à Orléans, le
général Blot, pour y confirmer ou démen-
tir l'authenticité des paroles à lui attribuées.
C'est seulement après sa déposition et sur
le rapport du général commandant le 56
corps, que le ministre décidera s'il y a lieu
de suivre et si le général Hubert-Castex
sera renvoyé devant un conseil d'enquête
qui pourrait,soitlui infliger une répriman-
de, soit prononcer la non-activité par re-
trait d'emploi.
LES CHARITÉS DE CORNÉLIUS HERZ
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
1 Rome, 21 février.
Le docteur Cornélius Herz, de Francfort,
vient d'envoyer 1,000 francs au maire de Rome
pour être distribués aux ouvriers inoccupés.
LE DUC D'ORLÉANS
Sera-t-il gracié ? — Bruits inexacts.
Les délais d'appel. — La question
devant le conseil des ministres.
Un de nos confrères a annoncé, hier soir,
que le duc d'Orléans venait d'être reconduit
à la frontière. Cette nouvelle est inexacte.
Les délais d'appel expirant aujourd'hui,
le duc d'Orléans appartient désormais à
l'administration pénitentiaire et non plus
à l'administration j udiciaire. ",
M. Constans, ministre de l'intérieur, et
M. Herbette, directeur des prisons, seront
donc seuls appelés à statuer sur le sort du
prince, et il est peu probable que le con-
seil des ministres, qui se réunit ce matin,
ait à s'occuper de la question, M. Carnot
ne devant pas faire aujourd'hui de propo-
sition de grâce.
D'un autre côté, nous croyons savoir que
le duc d'Orléans ne sera pas dirigé sur une
prison de l'Etat, et qu'on le gardera encore
pendant quelques jours à la Conciergerie.
Le motif de cette décision serait de garder
le prisonnier jusqu'au moment où le gou-
vernement jugerait propice de le faire re-
conduire à la frontière. Ce moment pour-
rait bien ne pas être éloigné et il ne serait
pas surprenant que M. Carnot proposât
mardi, au conseil des ministres, la grâcg du
jeune prince.
TRIPLE EXÉCUTION
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTiUUÙER)
Madrid, 21 février.
Trois condamnés à. mort, Sancliez Almagro,,
Martin Gantez.et François Siages, coupablos de
vol et d'assassinat, oat été exécutés à Peaa.-
raudaoù le crime avait été commis.
LES ELECTIONS
ALLEMANDES
PREMIERS RÉSULTATS
La situation électorale. — Les ballot-
tages. — Les socialistes élus. —
Petites statistiques.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 21 février.
On connaît, ce soir, 198 résultats électo-
raux, sur 397. Les candidats élus sont au
nombre de 117, dont 29 députés des partis
gouvernementaux et 88 des partis indépen-
dants, à savoir :
Conservateurs. 15
Parti de l'empire. 7
Nationaux-libéraux. 7
Centre. 50
Progressistes. 10
Socialistes. 1,4
Polonais. 2
Indépendants.. 1
Alsaciens. 8
Démocrates. 3
Il y a 81 ballottages, dans lesquels sont
engagés 77 candidats des partis de l'ancienne
majorité gouvernementale et 95 candidats
indépendants, à savoir :
Conservateurs. 9
Parti de l'empire. 13
Nationaux-libéraux A5
Centre. 13
Progressistes. 31
Socialistes. Ó 37
Guelfes. 1
Polonais. 2
Indépendants. 1
Alsaciens. 1
Démocrates. 9
Les scrutins de ballottage seront fixés, à
ce que l'on croit, au vendredi 28 février.
Le bataillon socialiste au nouveau
Reichstag.
Voici l'énumération des 1A socialistes déjà
élus :
A Hambourg, MM. Bebel, Dietz, Metzger;
à Zwickau, M. Stoll ; à Glauchau, M. Auer ;
à Nuremberg, M: Griilenberger; à Mittweida,
M. Schmidt; à Schneeberg, M. Seyfort; à
Leipzig (campagne), M. Geyer; à Chemnitz,
M. Schippel; à Magdebourg, M. de Vollmar;
à Berlin, MM. Singer et Liebknecht ; à El-
berfeld, M. Harm. ,
Au dernier Reichstag les socialistes n'a-
vaient que Il représentants; on suppose
qu'après les ballottages ils seront une tren-
taine.
LES ÉLECTIONS DE BERLIN
La statistique des votes. — Les progrès
de l'opposition. — Berlin aux
socialistes.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
, Berlin, 21 février.
Le nombre des votants qui ont pris part
aux élections d'hier est de 251,835 sur
352,000. électeurs inscrits. C'est une propor-
tion de 75 0/0 d'électeurs actifs sur l'en-
semble du corps électoral, la plus forte
qui ait encore été atteinte à Berlin.
Cette proportion augmente à chaque élec-
tion générale depuis 1871, où il y eut moins
de 25 0/0 d'électeurs exerçant leur droit.
Cette progression indiqué à la fois les pro-
grés de l'éducation politique du peuple al-
lemand et l'intérêt qu'il porte à l'élection
actuelle.
Aux élections de février 1887, le nombre
des électeurs inscrits était de 315,000; le
nombre des votants fut de 232,168.
Les votes se sont répartis comme suit
entre les divers partis :
En 1887 En 1890
Conservateurs.. 71.753 M). 356
Progressistes. 67.077 75.317
Socialistes. 93.335 127.162
Total 232.168 251.835
Les socialistes ont donc gagné 35,827 voi x,
les progressistes ou radicaux 8,240, tandis
que les conservateurs en ont perdu 22,A00.
Le gain des socialistes est dû, pour une
partie, à la population nouvelle, qui a ac-
cru de plus de 150,000 têtes la population
de la capitale ; mais la perte des conserva-
teurs est une perte sèche, absolue, car la
population des quartiers où l'on votait pour
les candidats du gouvernement est restée
stationnaire, et cependant la diminution
des votes conservateurs a été de 25 0/0.
C'est l'opposition, tant radicale que socia-
liste, qui a hérité de cette désertion, laquelle
provient sans doute de la cessation de l'a-
gitation anti-sémitique et socialiste-chré-
tienne, et de la retraite du pasteur Stœcker,
qui avait amené aux candidats conserva-
teurs, dans les dernières élections, un ap-
point populaire considérable.
Le vote des diverses circonscriptions.
- Les chiffres de 1887. — Les
ballottages.
Dans la première circonscription, M. Trae-
ger, avocat et poète abondant, député pro-
gressiste sortant, a eu 6,673 voix; M. Ziedler,
conservateur, A,690 voix ; M. Schulz, socia-
liste, 3,586 voix.
On a relevé ce fait, qui s'était déjà pro-
duit aux élections précédentes, que ce sont
les sections de vote des quartiers environ-
nant les palais impériaux qui ont donné le
plus de voix aux socialistes.
Il y a ballottage entre le progressiste et le
conservateur. D'après la loi électorale alle-
mande, le ballottage ne se fait qu'entre les
deux candidats qui ont obtenu le plus de
voix.
En 1877, dans cette circonscription, le
candidat progressiste avait obtenu 7,882
voix, le candidat gouvernemental 7,006 et
le socialiste 2,077. Au ballottage, le candi-
dat progressiste l'avait emporté par 9,1A8
voix contre 7,769.
Dans la 2° circonscription, qui compte
90,000 électeurs inscrits, le professeur Vir-
chow a obtenu 17,611 voix; le docteur Ir-
mer, conservateur, 13,573 voix; le socialiste
Janiszewski, ouvrier relieur, qui a fait de
la prison pour la cause socialiste, 19,773
voix, la majorité relative, par conséquent.
Le ballottage aura lieu entre M. Janis-
zewski et M. Virchow.
Il y a trois ans, le même arrondissement
avait donné à Virchow 16,500 voix, au can-
didat conservateur Wolff, 19,100, au socia-
liste Tutzauer, ouvrier maçon, 1.4,700.
Virchow avait triomphé au ballottage par
28,100 voix, contre 21,000 données au con-
servateur.
Dans la 39 circonscription, le célèbre avo-
cat Munckel, progressiste, député sortant,
a eu 11,57h voix, et le socialiste Wildberger,
12,278 voix.
En février 1887, M. Munekol avait obtenu
10,500 voix; le national-libéral, gouverne-
mental, M. Miquel, 7,500, et le candidat so-
cialiste, 9,000. Au ballottage, M. Munckel
avait été élu par 11,000 voix contre 10,000
voix socialistes.
Au hl, arrondissement, qui compte une
centaine de mille électeurs, M. Eugène
Richter, l'orateur et le leader du parti pro-
gressiste, n'a eu que IA,100 voix, tandis que
le socialiste Singer, député sortant, en a
enregistré hO,500, et est élu haut la main.
Signe particulier : M. Singer, chef d'une
grande maison de confection, est un pa-
tron et un capitaliste dans le sens le plus
absolu du mot ; ce qui ne l'a pas empêché
d'avoir la confiance des socialistes, d'avoir
été poursuivi et expulsé pour la cause.
M. Singer a déjà été élu en 188h et en
1887 dans la même circonscription, qui est
une des forteresses du socialisme.
Dans la 5° circonscription, M Baumbach,
progressiste, député sortant, a eu 10,060
voix.
M. Luedtke, candidat conservateur, A.12A
voix.
M. Auerbach, un des plus anciens mem-
bres du parti socialiste au Reichstag, 7,252
voix.
Il y a ballottage entre le progressiste et le
socialiste.
Aux élections précédentes M. Baumbach
avait obtenu 10,000 voix, un conservateur
7,000 et un socialiste h,800. Au tour de bal-
lottage, M. Baumbach avait passé par 12,700
voix contre 8,000 données au candidat con-
servateur.
Pour le 6® arrondissement, le plus peu-
plé de Berlin, qui compte cette fois plus de
100,000 électeurs inscrits, il reste aux so-
cialistes comme à toutes les élections qui
se sont succédé, depuis quinze ans. Lieb-
knecht y est élu à environ A4,000 voix.
Résumé
La capitale de l'empire allemand appar-
tient, on peut le dire, aux socialistes.
Ils ont la majorité absolue sur le nombre
des suffrages exprimés (127,162 sur 231,168,
près de 60 0/0 du total).
L'opposition tout entière, socialistes et
progressistes, compte 202,000 voix, soit 87 0/0
des votants.
Le titre de candidat conservateur dési-
gne un candidat de l'un des trois partis
gouvernementaux : conservateurs, parti de
l'empire, nationaux-libéraux.
La représentation de Berlin est tout en-
tière à l'opposition, ce qui n'est pas nou-
veau. Les deux seuls candidats élus sont
des socialistes. Sur les quatre ballottages, il
en est un que les socialistes ont de grandes
chances de gagner : celui de la troisième
circonscription, avec Wildberger. Dans deux
autres, la deuxième et la cinquième cir-
conscription, les progressistes l'emporte-
ront, à moins, ce qui est possible, que, par
haine des progressistes et sous couleur de
socialisme impérialiste, un certain nombre
de conservateurs ne votent avec les socia-
listes.
Dans la seule circonscription, la lre, où
un conservateur vienne en ballottage, la
victoire du progressiste est assurée.
Le dernier vote de M. de Bismarck
Lorsque M. de Bismarck remit son bulle-
tin de vote au président de sa section, il
lui dit : « C'est la dernière fois que je vous
vois »; et comme celui - ci protestait, il
ajouta : « Que voulez-vous? j'ai soixante-
quinze ans, et les prochaines élections
n'auront lieu que dans cinq ans. »
L'impression au palais impérial et à la
chancellerie.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 21 février.
On ne se dissimule pas, dans l'entourage
impérial, que les résultats électoraux se ré-
sument par de grands progrès des socia-
listes, au détriment des conservateurs et
des nationaux-libéraux, et l'on se rend
compte que les ballottages ne feront qu'ac-
centuer le succès des adversaires du gou-
vernement.
On dit l'empereur absolument stupéfait.
Il avait la plus entière conviction que ses
rescrits produiraient un grand effet sur les
classes ouvrières.
C'est d'abord le vote de Berlin qui a pro-
duit la première impression défavorable
sur l'empereur et ses conseillers. La capi-
tale a répondu aux rescrits impériaux en
augmentant le chiffre des voix socialistes
de 1887.
Un seul conservateur, dans les six cir-
conscriptions de Berlin, est arrivé à être en
ballottage, et son échec au second tour ne
fait pas doute.
Dans toutes les grandes villes et centres
industriels, sauf à Essen, les nationaux-
libéraux cèdent la place aux socialistes.
On calcule, d'après les résultats connus,
que les socialistes seront au moins trente
au Reichstag, gagnant ainsi une vingtaine
de sièges et plus de 500,000 voix depuis les
précédentes élections.
On dit que le chancelier n'est pas trop
mécontent de ces résultats, qui pourraient
ramener l'empereur à la politique qu'il lui
conseillait.
LES ELECTIONS EN ALSACE-
LORRAINE
Le premier succès du socialisme
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Mulhouse, 21 février.
Contrairement, à la première version qui
vous a été télégraphiée, c'est M Hickel, so-
cialiste, qui a été élu à Mulhouse par 8,000
voix environ, et non M. Boch, candidat
protestataire, qui n'a eu que h,000 voix.
Dans la circonscription d'Erstein-Mols-
heim, M. Zorn de Bulach fils, candidat au-
tonomiste, mais prenant la qualification de
national-libéral, a été élu contre M. Sieffer-
mann, député sortant, protestataire.
Le résultat des élections en Alsace-Lor-
raine est le suivant, pour 15 députés :
Protestataires 10
Autonomistes h
Socialiste. 1
Le nombre des abstentions a été considé-
rable.
Le sentiment français dans les
-. élections
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belfort, 21 février.
A Mulhouse, les ouvriers des fabriques
ont voté pour M. Hickel, épiciér, candidat
socialiste, qui, dans sa profession de foi,
avait déclaré que l'Alsace devait être resti-
tuée à la France.
A Strasbourg, sans les abstentions du
parti catholique, qui a préféré s'abstenir
plutôt que de voter pour le socialiste Bebel,
il est certain que l'autonomiste Pétri, le
député sortant, aurait échoué.
Le résultat général des élections de l'Al-
sace-Lorraine prouve que le souvenir de la
France est toujours vivace dans les provin-
ces annexées. Les deux candidats élus sotl..
la désignation d'indépendants - avaient fait
des déclarations donnant satisfaction aux
,..1; "o,ts nrotesttaaires.
CHRONIQUE
Les maîtres répétiteurs du lycée de
Nice m'ont fait l'honneur de m'envoyer
une pétition qu'ils adressent au ministre;
ils invitent leurs collègues à se joindre à
eux, et je ne doute pas que cette pétition
ne se couvre bientôt de signatures.
Je ne veux pas discuter ici tous les
points qu'ils ont touchés dans cette circu-
laire. Aussi bien y en a-t-il que j'ai déjà
traités plus d'une fois ici-même. Il en est
un pourtant qui a piqué vivement ma cu-
riosité, parce qu'il indique dans les esprits
un revirement d'idées que j'attendais de-
puis longtemps avec impatience.
Vous savez quel était, depuis quelques
années, le mot d'ordre. On disait aux
maîtres répétititeurs: Le répétitorat n'est
pas un but; c'est une étape. On le tra-
verse, on n'y séjourne pas. Ce serait la
marque d'un esprit étroit, d'une intelli-
gence bornée, que d'entrer dans ce métier
pour s'en faire un avenir. Ce sont des
fonctions transitoires. Elles sont dures et
pénibles, mais elles sont transitoires;
l'intention formelle du ministre est qu'el-
les soient transitoires. Et l'on en avait
plein la bouche, de ce mot : transitoire.
On traçait un portrait ridicule du maître
d'étude vieilli, aigri, se vengeant sur les
élèves de ses illusions déçues, tournant
au vieux pion. On le mettait en compa-
raison du jeune homme frais émoulu de
ses classes, bon, aimable, l'esprit éveillé,
le cœur ouvert, imposant le travail par
son exemple, plein d'ambitions généreu-
ses, aspirant à monter de la salle d'étude
à la classe. Voilà le vrai maître répéti-
teur! C'est lui qui est, comme dit l'Ecri-
ture, le sel de la terre.
Et, tout en approuvant que l'on fouet-
tât ainsi l'amour-propre des jeunes gens,
afin de tirer d'eux toutes les forces que
la nature y avait mises, je me disais à
part moi, je le disais même aux autres et
l'écrivais dans les journaux :
Pourquoi le répétitorat ne serait-il
pas un métier comme un autre ; un mé-
tier humble sans doute et pénible, mais
n'y en a-t-il que de reluisants dans le
monde?
On parle des vieux maîtres répétiteurs,
qui sont presque tous grincheux ; mais
c'est peut-être qu'on leur a rendu aussi
le métier trop dur. De toutes les profes-
sions connues, il n'y en a pas en ce mo-
ment qui soit plus assujettissante que
celle de pion. Il est peu payé, il ne jouit
que d'une considération médiocre, et il
n'est jamais libre, ni le jour ni la nuit.
Rien d'étonnant s'il tourne à l'aigre. Peut-
être aimerait-il à rester dans le métier,
où il deviendrait excellent, si on le lui
faisait plus supportable.
On prend donc le contre-pied du bon
sens, quand on dit aux maîtres répéti-
teurs : Votre métier est un métier de
chien, nous le savons; mais ce n'est pas
un métier où vous deviez rester. C'est
une épreuve. Dépêchez-vous de vous en
tirer. On aurait mieux fait de leur dire :
Votre métier, jusqu'à ce jour, a été un
métier de chien, ou plutôt un métier dont
les chiens ne voudraient pas. Nous allons
vous le rendre habitable, afin que vous
vous y plaisiez davantage. Il se trouvera
toujours sans doute parmi vous des jeu-
nes gens plus ambitieux pour qui le ré-
pétitorat ne sera qu'un passage ; nous les
aiderons à en sortir, s'ils se montrent
dignes de postes plus relevés. Mais nous
garderons soigneusement les autres, et
nous leur ferons, en retour des services
inappréciables que nous attendons d'eux,
la vie plus confortable et plus douce.
Telles étaient mes réflexions, et je ne
me faisais pas faute de les exprimer.
Mais je luttais contre le courant. Tous les
maîtres répétiteurs avaient été électrisés
par les paroles encourageantes du mi-
nistre : Travaillez ! passez vos examens !
je vous nommerai professeurs f Je neveux
plus de maîtres répétiteurs vieillis dans
le métier. Et ils piochèrent leurs licences,
et ils conquirent leurs grades, et - ils s'en
vinrent, leurs diplômes à la main, som-
mer le ministre de tenir ses promesses, et
le ministre leur répondit : Attendez un
peu, je vous prie! J'ai des boursiers de
licence à placer, et je n'ai pas même de
places pour eux ; ce n'est pas pour en
avoir à vous donner.
En sorte que voici quelle était la situa-
tion :
On n'avait point amélioré les conditions
matérielles et morales du répétitorat,
sous le prétexte que le répétitorat n'était
qu'une épreuve, une étape, un passage,
un surnumérariat, sous ce prétexte, en un
mot, qu'il était transitoire. Et l'on y rete-
nait les maîtres répétiteurs qui avaient à
force de travail obtenu leurs grades, sous
ce prétexte qu'il n'y avait plus de débou-
chés.
C'est alors que les maîtres répétiteurs
et - tous ceux qui ont leurs intérêts à
cœur sont venus à résipiscence. Ils se sont
dit :
« Puisque, par la force même des cho-
ses, on ne peut nous tirer du répétitorat,
mieux vaudrait le rendre possible ; mieux
vaudrait, grâce à quelques réformes, en
faire un métier sortable qui nourrît son
homme et qui, en exigeant de lui un
certain mérite, l'en récompensât de façon
qu'il n'eût plus à souhaiter autre chose. »
C'est cette nouvelle façon de voir que
je trouve dans la pétition des maîtres
répétiteurs de Nice, exprimée sous cette
forme :
« Certains maîtres ne songeraient pas
au professarat et resteraient volontiers
répétiteurs, si on leur assurait dans ces
fonctions une situation de tout point
convenable. Il serait bon, il serait excel-
lent d'encourager par cette promesse les
maîtres vraiment à la hauteur - de leur
tâche à la continuer. Les bons, leg excel-
lents maîtres, anciens, expérimentés, ci,ue
t'oo conserverait ainsi, rendraient à l'in-
ternat d'inappréciables services. Ils ré-
soudraient cette question si importante
pour l'Université de l'éducation de ses
élèves. Ils sauraient élever les enfants.
Un répétiteur trop jeune est inhabile à
cette tâche. Il y faut des maîtres résolus
à s'adonner complètement à cette œuvre,
à lui consacrer toute leur intelligence et
tout leur dévouement, toute une car-
rière de lente et patiente expérience. »
Et justement comme je lisais cette pé-
tition, voici que m'est arrivée une lettre
curieuse d'un de nos maîtres répétiteurs
de l'Ouest. Le signataire me parle de
l'Université, me fait sa biographie et
termine par ces confidences, qui ren-
trent précisément dans le sujet de cet
article :
« Le hasard, dit-il, ou peut-être, car je
n'en sais rien moi-même, une vocation
inconsciente, m'a fait maître répétiteur.
Je suis de seconde classe, dans un lycée
de province; je touche mille francs et ma
trouve très heureux.
» J'ai vingt-six ans, de la santé, pas de
soucis, aucune charge de famille. Je ne
prépare aucune licence parce que je n'é-
prouve pas le besoin de m'élever plus
haut ; mais en revanche je lis beaucoup,
je suis au courant de tout ce qui se passe
dans les sciences, dans les lettres, au théâ-
tre, en France et même, autant que pos-
sible, à l'étranger.
» J'écris parfois des vers dans des feuilles
peu lues, et mes aquarelles sont goûtées
par certains artistes, indulgents par rai-
son. - ,
» J'ai reçu maintes fois des compliments
de la part des professeurs de mes élèves
et je passe pour un disciplinaire doué de
tact.
» J'ai exercé mes fonctions dans plu-
sieurs lycées du Midi, du Centre, de l'Est
et du Nord (du temps où les maîtres
voyageaient), je suis actuellement dans
l'Ouest. J'ai visité tous les beaux sites
de mon pays et suis Breton. J'ai fait aussi
un an de service militaire.
» Fils de fonctionnaire, fonctionnaire
moi-même, je sers l'Etat de mon mieux,
ainsi que presque tous les membres de
ma famille.
» Enfin et surtout je ne désire rien tant
que de rester maître répétiteur; ma posi-
tion me plaît et mon rêve est fini. Je suis
gai quand même et hais les Jérémies et
les pleurnicheurs qui font ravage à notre
époque.
» Eh bien! maintenant que vous me
connaissez, je vous assure qu'il y a dans
la maîtrise d'étude des centaines de jeunes
gens comme moi.
» Ne croyez-vous pas, monsieur Sarcey,
en toute franchise, que si l'on augmen-
tait nos attributions dans le sens de
l'éducation, nous pourrions nous rendra
plus utiles ?
» Ne savez-vous pas, d'ailleurs, que la
plupart de nos élèves se « cassent le nez JI
en entrant dans la vie, parce que, fils
de campagnards très souvent, ils n'oiit
aucune notion de l'existence qui les at-
tend ? Ne pourrions-nous les conseiller?
» D'un autre côté, le jour où l'on éten-
dra, où l'on élèvera le rôle du maître
répétiteur, celui-ci ne tiendra-t-il pas à se
montrer à la hauteur de ses fonctions, à
tous points de vue ?
» Un maître répétiteur content
de son sort.
Je ne serais pas étonné, en effet, qu'il
n'y eût en France beaucoup de jeunes
gens bien élevés pour qui le répétitorat
pût être un avenir souhaitable, à
condition qu'on donnât à ceux qui pren-
draient le métier à cœur des appoin-
tements convenables et un peu de li-
berté.
Cette réforme serait-elle impossible ?
Francisque Sarcey.
M. GOBLET A SES ÉLECTEURS
Adresse des comités républicains.—Un
ordre du jour et une réponse. -
L'élection de Sceaux.
Les comités républicains de la première
circonscription de Sceaux ont adressé à M.
René Goblet l'ordre du jour suivant :
« Les délégués des comités républicains
des vingt-cinq communes des cantons de
Sceaux et de Villejuif, réunis en assemblée
plénière au siège central, le 20 février 1890,
ont voté à l'unanimité l'ordre du jour sui-,
vant:
» Ils déclarent que tous les comités répu-
blicains de la circonscription qui, au con-
grès de Gentilly, sans distinction de nuan-
ces, unis dans un même sentiment de con-
corde et de conciliation, avaient acclamé la
candidature du citoyen René Goblet, ont
montré dans la lutte un complet dévoue-
ment;
» Ils regrettent qu'un grand nombre de
républicains ne les aient pas suivis et se
soient abstenus, puisque la candidature
boulangiste a perdu près de 1,200 voix sur
le vote précédent et qu'il y a eu plus de 2,000
votants de moins qu'au 6 octobre ;
» Ils témoignent leur vive reconnaissance
au citoyen René Goblet d'avoir accepté la
lutte dans des conditions désavantageuses
et d'avoir tenu, bravement et dignement,
le drapeau de la République, au risque
même de se sacrifier personnellement ;
» Ils expriment toute leur gratitude à ca
républicain probe et dévoué, et ils émet-
tent le vœu qu'une circonscription, ferme-
ment républicaine le choisisse prochaine-
ment pour candidat et rende à cet homme
de talent et d'honneur la place qu'il doit
occuper à la Chambre pour les intérêts de
le France et de la RépUblique. »
(Suivent les signatures.)
Réponse de M. Goblet
M. René Goblet a répondu à catte soin-»
munication par la lettre suivante :
« Paris. 21 février.
n Mes chers concitoyens,
* Je n'avais accepté la candidature dans
votre circonscription que parce qu'elle
m'était offerte au nom de tous les républi-
cains, sans distinction.
» Si nos efforts communs ont échoué,
vous en savez la cause. Ce n'est pas nous
qui avons rompu l'accord nécessaire au
ucCèsA mais bien certains républicains qui,
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