Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-02-21
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 21 février 1890 21 février 1890
Description : 1890/02/21 (A19,N6612). 1890/02/21 (A19,N6612).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560151x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — N® 6,61 & IÏ16S Pdrid 6i DépdrUlXiôntfl Centimes VENDREDI 31 FEVHIBR1S90
■■■-. - - - - ;■■ - - y i v~\-t ■ ■ ; -
JOURNAL REPUBLICAIN
REDACTION
î 14B, Rue Morit= artxe
PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
A. - EDOUARD PORTALIS
PRIX OE L'ABONNE MEUT :
Fftrif TTMMM, 61; Shaiii, lit; Oio, 201
Départements — 7i.; — 12 f.; — 24 L
Union Postale — 9L; - 16 L; — 321
l*iabonneitenU partent de»\m et 15de chaque 810Ï8.
Adremo télégraphique : XIX. BtÊcxm — PARIS
ADMINISTRATION 14S; R-u© 2 £ oxrtxxisirtr
PARIS
aCeissEURS d'annoncés
Nil. LAGRANGE, CERF a t
6, place de ta Bouree, 9
PRIX DE L'ABONNEIKRT :
Paris. Ttnimh, OL; ShaM, 11 L; fcât 20fA
Départements — 7L; — 12 L; « 24
Union Postale — 9f.; — 16 L; — 32 Cf
L.. abomwmnts partent des 1" et 15 de chaque ntojp
Adrwse ttttgrvphiqa» : XIX* SZÊGLB — FAUX» )
S,
LETTRE DE RUSSIE
- La bannière du général Saussier
UN RAPPORT DE M. DE FREYCIHET
M. Lissaqaray contre M. Las Cases
L'AFFAIRE GOUFFÉ
EAUX DE SOURCE
La Chambre aborddra, au début de
sa séance d'aujourd'hui, l'examen du
projet de loi qui a pour objet de dé-
clarer d'utilité publique les travaux à
exécuter par la Ville de Paris pour le
captage, la dérivation et l'adduction
à Paris des eaux des sources de la
Vigne et de Verneuil.
La question de l'eau a pris, de nos
jours, une importance considérable et
bien justifiée. Ne se proposât-on que
de donner aux plus humbles, avec la
faéitité; le goût des ablutions fré-
quentes, on ferait œuvre utile, même
morale. L'épithète n'est point exa-
gérée. La propreté aussi est une vertu.
- Que dans toutes les maisons, les pau-
vres comme les riches, l'eau puisse
être distribuée en abondance, c'est
une amélioration d'apparence mo-
deste, plus efficace que beaucoup de
réformes aux retentissantes allures.
Mais il ne suffit pas que. l'eau soit
donnée avec prodigalité. La quantité
est nécessaire; la qualité ne l'est pas
moins. Si l'on peut, pour le lavage des
rues et des maisons, pour les usages
industriels, employer indifféremment
toutes les eaux de rivière, il en va au-
trement dès qu'il s'agit de pourvoir
aux soins de propreté personnelle, à
l'alimentation ou à la boisson.
Pas d'auxiliaires plus habituels ni
plus perfides pour les maladies épidé-
miques que les cours d'eau. Ces.routes
qui marchent entraînent avec "elieS
nombre de germes cholériques et ty-
Phoïdiques. Dans un remarquable
rapport au président de la - Répu-
blique, que nous reproduisons plus
loin, le ministre de la guerre établit
que la pureté des eaux potables est la
première des conditions à remplir
pour arrêter les progrès de la fièvre
typhoïde dans les établissements mi-
litaires. Il expose les efforts persis-
tants qui ont été faits et les résultats
auxquels on est arrivé. Ils sont des
plus satisfaisants.
Eh bien! ce que l'on tente avec
tant de raison pour protéger la vie
de nos soldats, il n'est pas moins né-
cessaire de le réaliser dans nos cités.
On connaît la situation qui est faite
sous ce rapport à la ville de Paris.
Aucun de ses habitants n'a perdu le
souvenir des notes périodiques où la
direction des travaux fait savoir à la
population que, pendant un espace de
temps variable, la population d'un ou
plusieurs arrondissements sera mise
au régime de l'eau de Seine.
C?est qu'en effet l'eau de source
nous est fournie dans des proportions
absolument insuffisantes. Les sources
de la Dhuis ont été dérivées depuis
1865; celles de la Vanne depuis 187.4.
Pour une population de 8 millions
300,000 habitants, 112,000 mètres cu-
bes par jour, — c'est, note M. Berger
dans son rapport, la quantité moyenne
distribuée, — sont tout à fait insuffi-
sants. Cela ne représente pas tout à
fait.49 litres par habitant et par vingt-
quatre heures. Or, la quantité néces-
saire, au dire de tous les hommes
compétents, n'est pas inférieure à 130
litres par tête. Les Parisiens ne re-
çoivent donc pas à cette heure la moi-
tié de la quantité d'eau de source dont
ils auraient besoin.
Comment améliorer une situation si
défectueuse? On s'en préoccupe de-
puis longtemps. Plusieurs solutions
ont été étudiées. On avait proposé de
capter des eaux souterraines de la
vallée de l'Yonne, non loin de Sens.
Le comité consultatif d'hygiène de
France a mis son holà, déclarant que
tes eaux étaient habituellement char-
gées de matières suspectes.
On a passé en revue un certain
nombre de sources,toutes situées à des
distances assez considérables de Pa-
ris. Ainsi que l'a, en effet, remarqué
Belgrand, l'éminent prédécesseur de
M. Alphand, la ville de Paris est en-
tourée de terrains gypsifères qui sa-
turent de sulfate de chaux l'eau des
sources et la dénaturent.
On pouvait hésiter entre la Brie ou
la Bourgogne à l'est, et la basse Nor-
mandie à l'ouest. Après un long et
minutieux examen par les ingénieurs
de la Ville, leur choix s'est définitive-
ment arrêté sur les sources de la Vigne
et dè Verneuil, situées dans la vallée
de l'Avre, au milieu des départements
de l'Eure et d'Eure-et-Loir. La pu-
reté de leurs eaux est tout à fait re-
marquable. L'altitude moyenne des
sources est de 160 mètres. L'aqueduc
de dérivation sera long de Iffi kilo-
mètres et viendra aboutir à Montre-
tout où sera établi le réservoir de dis-
tribution.
:' Les crédits nécessaires pour mener
à bien ces travaux sont évalués à 35
millions. La Ville de Paris les prendra
sur l'emprunt de â50 millions autorisé
par la loi du 13 juillet 1886.
Voici tantôt deux ans que les Cham-
bres ont été saisies du projet de loi
portant déclaration d'utilité publique.
Si le Parlement ne s'est pas prononcé
plus rapidement sur une question si
urgente, il faut en rechercher la prin-
cipale cause dans l'opposition très
vive que les habitants de la vallée de
l'Avre ont faite à l'exécution du
projet.
Elle s'est traduite, au moment des
études faites sur place par des agents
de la Ville de Paris, par des scènes de
violence. Les opposants n'ont pas en-
core perdu tout espoir. Ils lutteront
jusqu'au bout. Nous entendrons au-
jourd'hui leurs représentants à la tri-
bune. ,'-
Quelle que soit l'éloquence qu'ils
déploient, et MM. Deschanel, Tërrier
et autres ne sont point des adversaires
à dédaigner, il est permis de penser
qu'ils ne combattent plus que pour
l'honneur.
La Ville de Paris, d'ailleurs, n'en-
tend point s'installer, comme en pays
conquis, dans les territoires dont elle
dérive les eaux par mesure d'utilité
publique. Le projet de loi prévoit de
très larges indemnités destinées à
compenser le préjudice qui pourrait
être causé aux agriculteurs, industriels
et ouvriers de la région.
L'affaire ne date point d'hier ; elle a
été mûrement étudiée; Paris en attend
la solution avec une légitime impa-
tience. Le Parlement ne voudra pas
plus longtemps la retarder.. Il ne nrê-
tera point l'oreille à la plaisanterie
d'un goût douteux qui consiste à in-
sinuer qu'il serait de bonne guerre
de répondre au vote du 16 février en
privant Paris d'eau potable.
-- Les maïis& qui ont déniché cet ar-
gument inattendu n'ont pas. songé que
les premiers punis seraient les dépu-
tés de province soumis,. comme nous
tous, au régime de l'eau de Seine, Voilà
de quoi donner à réfléchir.
A. Millerand.
Le XIX" SIECLE publiera demain la
» Vie de Paris » par Henrv Foucruier.
LA GRÈCE ET LA CRÈTE
Réveil imminent de la question
crétoise.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Athènes, 19 février.
On donne le démenti le plus absolu aux dé-
clarations faites au Parlement anglais tou-
chant lasituation de l'île de Crète.La situation
y est, au contraire, déplorable. Le mois
d'avril ne se passera pas sans de graves
événements. La révolte est inévitable.
Une manifestation significative vient d'a-
voir lieu ici. Le prince royal de Grèce et
plusieurs officiers russes en uniforme, ainsi
que le ministre de Russie, M. Onou, ont
assisté à une soirée donnée par les étu-
diants au bénéfice des familles crétoises
éprouvées par la dernière insurrection.
Il est constant que le gouvernement fait
de grands préparatifs militaires en vue des
événements prochain. Si le ministère Tri-
coupis veut résister à l'opinion publique,
il sera renversé. ,',
SUICIDE D UN BRAVE
Un vieux soldat décoré. — Le régiment
perdu. — Un coup de revolver.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Versailles, 19 février.
Un vieux soldat retraité du 1er génie,
qui avait été deux fois décoré pour faits de
guerre, vient de se suicider.
Zimmermann était né à Lallaye, près de
Vallée (Bas-Rhin). Toute sa carrière mili-
taire, il l'avait faite dans le 1er génie. A la
suite de brillants faits d'armes,-il avait as-
sisté à toutes les guerres de ces trente der-
nières années, — il avait été successivement
décoré de la médaille militaire et de la
croix de la Légion d'honneur. Sur la fin de
sa carrière, il avait été nommé casernier du
1er rrénip.
Il y a peu de temps, il venait d'atteindre
sa soixante-douzième année, on dut le
mettre à la retraite. Zimmermann se retira
le 1er octobre de l'année dernière à Bois-
d'Arcy (Seine-et-Oise).
Ce brave soldat ne pouvait se consoler
d'avoir quitté le régiment ; ce regret ajouté
à des pertes d'argent l'avait si fortement
affecté qu'à diverses reprises il avait ma-
nifesté son intention d'en finir avec la vie
Hier matin, il se leva -sans bruit, sans
donner l'éveil à sa femme qui couchait
dans la même chambre que lui ; quelques
secondes après, un coup de revolver se
faisait entendre. Zimmermann venait de se
tuer.
Il s'était tué net : la balle avait perforé le
cœur.
UN NOUVEAU CONFLIT
ANGLO-PORTUGAIS
(D'UN CORRESPONDANT)
Lisbonne, 19 février.
Le journal Seculo publie une dépêche de
Loanda, sur la côte occidentale d'Afrique, en
date du 15 février, annonçant qu'un échange
de communications d'un caractère très éner-
gique a lieu actuellement entre le consul
d'Angleterre et le gouvernement de la colonie.
La dépêche ne dit rien "sur les causes de ce
nouveau conflit, qui s'ouvre de l'autre cote du
continent africain alors que le conflit sur la
côte du Mozambique n'est pas encore réglé.,
A PROPOS DISE BANNIÈRE
UN INCIDENT ÉCLAIRCI
L'étendard offert au général Saussier.
- Une affaire travestie. - - M. Noto-
vich et le Cercle patriotique
pétersbourgeois - moscovite. ,
— Les faits exacts.
[Nous avons reçu de notre correspondant
de Saint-Pétersbourg la lettre suivante :]
Les journaux de Paris se sont beaucoup
occupés, voici une quinzaine de jours, du
refus fait par M. le général Saussier d'ac-
cepter une bannière d'honneur qui lui était
offerte par un groupe de jeunes patriotes
moscovites et que lui présentait, au nom
de ceux-ci, un journaliste-explorateur
russe en ce moment à Paris, M. Noto-
vich.
A la suite de cette affaire, une assez vive
polémique s'engagea dans divers organes
de la presse française et russe, polémique
qui eut pour effet immédiat de travestir
fortement la portée exacte des faits, ainsi
que le caractère du mandataire à Paris de la
jeunesse de Moscou. Ce dernier, notamment,
fut représenté comme un aventurier sans
mandat, et c'est un journal de Saint-Péters-
bourg, le Nouveau Temps, que dirige M.
Souvorine, qui contribua le plus à répandre
cette opinion,en attaquant personnellement
M. Notovich, qu'il désigna même comme
étant un « agent de la triple alliance ».
Ces attaques, M. Notovich les a vivement
démenties par une longue lettre que vien-
nent de publier les journaux russes, et dans
laquelle son auteur établit d'une manière
très nette l'état exact des faits qui ont sou-
levé toute cette affaire.
Le Cercle patriotique
Quoi qu'on en ait dit et insinué, il existe
bien à Moscou un Cercle patriotique pé-
tersbourgeois-moscovite, dont les membres
se sont donné pour but, par la publication
de brochures et d'articles, et aussi par une
active propagande personnelle, de démon-
trer aux sociétés russe et française la né-
cessité d'un rapprochement le plus étroit
possible contre l'ennemi commun.
Mais, la loi russe ne permettant pas à de
semblables sociétés d'exister au grand jour,
le Cercle patriotique est forcément une
sorte d'association secrète. Cette dernière
circonstance explique pourquoi, après le
refus de M. le général Saussier, quand l'on
a affirmé que la jeunesse moscovite était
absolument étrangère à l'envoi du drapeau,
aucun démenti n'a pu être donné. Il ne pou-
vait, en effet, en être autrement, toute dé-
marche de ce genre devant fatalement com-
Dromettre de nombreuses personnes.
Mais le Cercle patriotique pétersbour-
geois-moscovite existe si bien que ce sont
ses membres qui, en 1886, envoyèrent à M.
Deroulède, par l'intermédiaire de M. Noto-
vich, une cruche d'argent en guise de té-
moignage amical, et que c'est encore ce
même Cercle patriotique qui voulut jadis
adresser, toujours par le même manda-
taire, un sabre d'honneur au général Bou-
langer. Même en cette dernière circons-
tance, c'est M. Souvorine, le directeur du
Nouveau Temps, qui fut le premier insti-
gateur de cette démarche dans laquelle il
voyait personnellement un moyen commode
de remercier le général Boulanger de la
communication de précieux documents
que celui-ci lui avait adressés lors du procès
intenté au Nouveau Temps par le colonel
Wuillaume.
Du reste, à propos de cette offre d'un sa-
bre d'honneur au général Boulanger, M. No-
tovich fut sommé par l'administration russe
d'avoir à donner les noms de ses cama-
rades du Cercle patriotique. Il s'y refusa,
naturellement, et ce fut M. Souvorine jqui
rédigea lui-même la lettre que M. Notovich
dut écrire à ce sujet.
Ce dernier incident ne laisse pas de jeter
un jour tout particulier sur la bonne foi de
M. Souvorine quand le Nouveau Temps,
son journal, est venu affirmer que le Cercle
patriotique pétersbourgeois-moscovite n'é-
tait qu'un mythe.
Ce qu'est M. Notovich
M. Notovich, que le Nouveau Temps a
traité avec tant de désinvolture, est, il n'est
pas mauvais de le rappeler, un ancien col-
laborateur de ce journal, auquel il appar-
tenait il n'y a pas encore bien longtemps.
De plus, il est le frère du directeur actuel
des Novosti, un des plus importants orga-
nes de la presse russe, et en ces dernières
années il fit dans l'Asie centrale de très in-
téressants voyages d'exploration, au cours
desquels il a récolté de superbes collec-
tions dont une grande partie ont été don-
nées par lui à notre musée ethnographique
du Trocadéro, ce qui lui a valu d'être, il y
a peu, honoré des palmes académiques.
Actuellement encore, M. Notovich est à la
veille de repartir pour l'Asie, où il veut aller
à la recherche d'une route commerciale
entre le Thibet et le Tonkin.
Histoire d'une bannière
Mais revenons à l'histoire de l'étendard
franco-russe. Cette bannière, sur laquelle
sont écrits en lettres d'or les mots : Al-
liance franco-russe, Vive la France! ne fu
point apportée en France par M. Notovich.
C'est un artiste français de grande valeur
dont personne n'a oublié les relations inti-
mes et amicales avec un de nos hommes d'E-
tat mort aujourd'hui, et qui, tout dernière-
ment encore, faisait beaucoup parler de
lui à propos du fameux décret de Moscou,
qui accepta, lors de son séjour à Moscou,
en novembre dernier, de rapporter à Paris
la bannière et d'aller la présenter au géné-
ral Saussier avec une lettre signée de M. No-
tovich au nom de ses collègues du Cercle
patriotique, comme témoignage des sym-
pathies mutuelles des deux nations.
La mission acceptée fut accomplie fidèle-
ment, et le mandataire, à qui M. le général
Saussier avait répondu, en informa M. No-
tovich. Celui-ci vint à Paris et rendit alors
une visite au général, qui lui fit savoir que
sa position officielle l'obligeait, à son grand
regret, à ne point accepter le cadeau que
lui envoyaient les patriotes russes.
Epilogue
On sait le reste. La bannière a été rendue
à ses propriétaires, qui ont décidé de l'of-
frir à une société patriotique de Paris.
Tel est, par le menu, le récit de cet inci-
cident, sur lequel des racontars assez fan-
taisistes avaient été imaginés.
LA MORT D'ANDRASSY
Hommages et condoléances
(p'ui* CORRESPONDANT)
Buda-Pesth, 19 février.
L'empereur François-Joseph a adressé à
la comtesse Andrassy Une lettre autographe
dans laquelle il s'exprime de la manière
suivante:
« Je regrette le serviteur aimé et dévoué
qui a été pendant de longues années, grâce
à son esprit élevé, un des meilleurs con-
seillers de l'empire, l'homme d'Etat dont
toute la monarchie n'oubliera jamais les
services éminents. et vraiment patrioti-
ques. »
La comtesse Andrassy a reçu, entre au-
tres, des télégrammes de condoléance de la
reine-régente d'Espagne et du prince de
Bismarck.
Au Parlement hongrois
A la Chambre des magnats, le président a
fait ressortir les services inoubliables que
le défaut a rendus en contribuant à la con-
clusion du traité de Berlin et à la réalisa-
tion de l'alliance austro-allemande, qui a
eu pour conséquence la triple alliance et a
assuré la paix de l'Europe.
La Chambre des députés a résolu, sur la
proposition de M. Tisza, président du con-
seil, d'ajourner ses séances à lundi et d'as-
sister en corps aux obsèques.
Le ministre a, en outre, déposé un projet
de loi tendant à élever un monument au
comte Andrassy.
Cette proposition a été adoptée à l'unani-
mité.
Le corps du comte Andrassy sera exposé
demain dans le vestibule de l'Académie.
Les obsèques auront lieu vendredi ; le Par-
lement, les ministres et les notabilités y as-
sisteront en corps.
„ UNE INTERPELLATION
On assure que M. de Bernis, député du Gard,
a l'intention d'interpeller M. le ministre de
l'intérieur au sujet des graves dissensions qui
existent entre le conseil municipal et M. Pas-
cal, maire de Nîmes, et des désordres qui
éclatent à chaque séance, désordres que M. dé
Bernis attribue à l'attitude de M. Pascal.
■■■M——————
LE PROCÈS ROCH FORT-WEIDON
Une transaction
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 19 février.
M. Henri Rochefort a transigé avec Mme
Georgina Weldon au sujet du procès en
diffamation que cette célèbre excentrique et
plaideuse acharnée avait intenté au direc-
teur de Y Intransigeant.
Cette plainte en diffamation, portée de-
vant les tribunaux anglais, était autorisée
par les commentaires, peu flatteuses pour
Georgina Weldon, avec lesquels M. Henri
Bochefort avait apprécié le verdict d'un ju-
ry anglais qui avait condamné M. Gounod
à 350,000 de dommages-intérêts — toujours
pour diffamation — à son ancienne amie
et disciple.
D'après l'arrangement intervenu entre
les parties devant la cour, M. Roçhefort
paye 250 livres sterling (6,250 fr.) et les
frais à Georgina Weldon, et lui fait d'am-
ples eses.
rilMIOTC DA D DITOlnTIMr
RUINI^II. I HII » M I mu T TVIFTT
L'Allemagne et le téléphone. — De
Bâle à Mulhouse. — La vengeance
d'un Suisse.
[Un de nos lecteurs nous adresse la très
amusante lettre qui suit :]
Vous avez annoncé, dans votre numéro
d'hier, que l'Allemagne allait établir des
lignes téléphoniques de Berlin à Vienne et
à Bruxelles. Il existait précédemment des
lignes téléphoniques entre diverses villes
de l'empire allemand et d'autres villes des
pays voisins. Elles avaient été supprimées
il y a environ dix-huit mois, à la suite
d'un petit incident qu'il n'est peut-être pas
indifférent de rappeler.
Un jeune homme d'une très honorable
famille de Bâle était allé passer son diman-
che à Mulhouse. Un peu gai en sortant du
café, le jeune homme se mit à chanter dans
la rue a pleins poumons la Marseillaise.
Aussitôt empoigné, malgré ses protesta-
tions de citoyen suisse, il est mis au violon
où il passa la nuit. Le lendemain matin,
grâce aux démarches du consul suisse, ami
de sa famille, il était remis en liberté.
Il s'empressa naturellement de quitter une
ville si inhospitalière.
Aussitôt arrivé à Bâle, il se rend au bu-
reau téléphonique, où il demande Ja com-
munication pour Mulhouse, puis à ce bu-
reau :
— Monsieur le kreisdirector.
Au bout d'un quart d'heure : —Allo ! -
Allo! — Que voulez-vous ? — C'est vous,
M. le kreisdirector? — Oui, que voulez-
vous?
—Eh bien, m. pour l'Allemagne et vive
la France !
Immédiatement, le fil est supprimé entre
Mulhouse et Bâle, et afin que pareille his-
toire ne pût se renouveler, le soir même,
la direction des télégraphes de Berlin fai-
sait supprimer toutes les lignes téléphoni-
ques internationales.
LES FEMMES ÉLECTEURS
Une résolution devant la Chambre
des communes
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULI ER)
Londres, 19 février.
La résolution suivante sera déposée le
h mars prochain sur le bureau de la Cham-
bre des communes par Me Larren, au nom
des membres favorables à la loi accordant
l'électorat aux femmes :
Il est à la fois injurieux pour les femmes de
se heurter à un empêchement légal qui leur
interdit de prendre part au vote dans les
élections législatives, et contraire au principe
d'une juste représentation, si bien défini par
,les lois spéciales maintenant en vigueur et
réglant les élections pour les conseils de ville
ou de comté.
Nous rappellerons à ce sujet que deux da-
mes siègent dans le conseil du comté de
Londres.
UN PROFESSEUR MILLIONNAIRE
Fait trop rare
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 19 février.
Le professeur d'histoire ecclésiastique
Charles de Hase, qui est mort il y a quel-
ques jours, a laissé une fortune estimée à
3 millions.
Ce n'est ni à son cours à l'Université, ni
au produit de ses ouvrages qu'il dut ses ri-
chesses ; il avait eu l'heureuse idée de s'as-
socier avec des éditeurs connus, et sa part
d'association lui rapporta pendant nombre
d'années une centaine de mille francs.
Comme étudiant, l'historien millionnaire
avait connu la misère; il vivait d'une pen-
sion annuelle de quelques centaines de
francs.
CHRONIQUE
-
L'exposition culinaire vient d'ouvrir.
Je ne vous en donnerai pas de nouvelles,
par l'excellente raison que je n'y suis pas
allé. Il paraît qu'on y voit des pièces
montées admirables, entre autres une
cathédrale de Chartres en nougat,à moins
que ce ne soit en galantine. Si c'est ça
qui fait faire un pas à l'art de la cui-
sine!
La cuisine ne me paraît pas être un art
aussi abstrus qu'on veut nous le faire
croire. De bonnes matières premières, du
soin, du temps et le goût de la chose,
il n'en fallait pas davantage à nos mères
pour nous confectionner des plats à se
lécher les doigts. Il n'y a rien de bon au
monde comme un haricot de mouton,
comme une potée aux choux, comme un
gigot aux haricots. Je ne crois pas qu'il
faille être grand clerc en cuisine pour
réussir ces mets nationaux. Il suffit d'avoir
de bon mouton et des haricots tendres
et de passer autour de son fourneau, en
y mettant son âme, tout le temps néces-
saire. Je me rappelle les dîners que j'ai
faits en province, il y a trente ou qua-
rante ans, chez de bons petits ménages
bourgeois où la femme mettait elle-même
la main à la pâte et apportait avec or-
gueil le plat fumant : c'était exquis !
Les cuisinières,à cette heure, vont ache-
ter des conserves et vous bâclent un
dîner en trois quarts d'heure ! On ne
peut plus manger que chez les million-
naires qui se paient des cuisiniers avec
appointements de chefs de division.Toutes
nos ménagères savaient autrefois le petit
nombre de règles dont se compose la cui-
sine ordinaire, et elles la faisaient bonne,
parce qu'elles la faisaient avec soin et
avec goût.
Il n'y a pourtant guère de sujet sur
lequel on ait plus écrit. Je recevais
l'autre jour un gros volume qui a pour
titre : Bibliographie gastronomique, par
Paul. Vicaire. C'est un index par ordre
alphabétique de tous les ouvrages qui ont
traité de la cuisine. Eh bien ! le vo-
lume, qui a le format des dictionnaires
et qui est imprimé sur deux colonnes,
n'a guère moins de mille pages. Notre
ami Paul Ginisty a écrit pour ce travail
une préface bien vive et bien plaisante.
Je me suis amusé à parcourir ce dic-
tionnaire ; car ce n'est pas un index tout
sec, donnant simplement le titre des ou-
vrages et le nom de leurs auteurs: M. Vi-
caire en fait une courte analyse et en
relate les particularités I&* plua aigniHcâ-
tives.
Nous nous plaignons que nos cuisi-
nières fassent danser l'anse du panier, et
nous nous imaginons volontiers que les
domestiques d'autrefois ne connaissaient
pas ces pratiques. Il est vrai qu'il y a
deux siècles la chose ne s'appelait point :
faire danser l'anse du panier, mais bien :
ferrer la mule. En 1713, il courait un vo-
lume qui avait pour titre : la Méthode
des cuisinières ou l'Art de bien ferrer la
mule. C'est un dialogue entre deux cui-
sinières, dont l'une, la plus vieille natu-
rellement, donne des conseils à l'autre et
la forme :
Je juge à vos discours
Que vous ne savez pas la moitié des bons tours.
Une maîtresse a beau donner dans la lésine,
On peut avec profit gouverner sa cuisine;
Mais il faut s'entremettre; il faut agir, cher-
[cher,
Tâcher de rencontrer un honnête boucher,
Qui vendant à la main ou vendant à la livre,
Outre le droit commun donne le sou pour
}livre !
Le sou pour livre, le fameux sou pour
livre ! Qui nous eût dit que nous le re-
trouverions aux abords du dix-huitième
siècle ! - 1
La vieille ajoute encore ;
Quand j'allais au marché, loin d'y mettre du
[mien,
Sans peine je gagnais mon petit entretien ;
Même de mes profits, puisqu'il faut tout vous
(dire,
Je sçavais en deux mois remplir ma tirelire.
La tirelire a été remplacée par la Caisse
d'épargne; l'art de ferrer la mule par
l'art de faire danser l'anse du panier.
C'est toujours , comme dit Molière : queus-
si-queumi, et le bourgeois, le pau-
vre bourgeois, ressemble à ce Géronte du
Légataire, dont Crispin disait si gai-
ment :
Le bonhomme a bon dos,
Et l'on peut hardiment le ronger jusqu'aux os]
Vous pensez si, ayant ce dictionnaire
sous la main, j'ai couru aux noms que je
connaissais, à Charles Monselet, d'abord :
à tout seigneur tout honneur. J'ai été
émerveillé du nombre d'ouvrages que la
cuisine a inspirés à ce pauvre Monselet,
qui n'était pourtant pas un fin mangeur.
Mais la légende s'était établie et il fallait
la soutenir ! et il publiait coup sur coup,
la Cuisinière poétique, YAlmanach des
gourmands, le Double almanach gour-
mandy le Triple almanach gourmand, la
Gastronomie, les Mois gastronomiques.
Mais, parmi tous ces ouvrages, celui qui
m'a le plus amusé, parce qu'il m'a rap-
pelé le Monselet que j'ai connu, jeune et
bohême, c'est une plaquette composée de
douze sonnets et qui a pour titre : les
Potages Feyeux. Il paraît que la maison
Feyeux faisait distribuer au coin des rues
ou donnait à ses clients cet opuscule, où
Monselet célébrait en rimes riches les
mérites de la maison. Les titres de ces
douze sonnets sont bien drôles : Tapioca
Feyeux, Couscoussou des Arabes, Farine
de petits pois, Crème de riz, Purée Riche-
lieu, Purée Crécy, etc.
C'était le temps où Chavette, notre
joyeux Chavette,rédigeait des prospectus
en vers pour un insecticide ; le négociant
le payait en boîtes à tuer les punaises.
Léo Lespès, qui n'était pas encore Thi-
mothée Trimm et qui signait : « Napo-
léon Lespès, fusilier au 556 de ligne »,
écrivait une pièce de. vers sous ce titre :
Physiologie culinaire du 556 et il ajoutait
en Dost-soristum à ses vers cette note
f touchante en sa simplicité : « Les per-
sonnes qui désireront garder ces vers
voudront bien faire parvenir à l'auteur le
prix modique qui y est fixé, pour couvrir
les frais d'impression. »
Ce prix était en effet des plus modi-
ques : cinq centis, un sou. Si j&maiâ
Léo Iap n^avàit faîi que des spécula*'
tioos comme celierîàjs il n'aurait pas;
ébloui le boulevard par la richesse
voyante de ses gilets légendaires.
Le baron Brisse a été l'une des plus
belles fourchettes de notre époque. J'ai
vu le temps où l'on ne jurait que par lui.
C'était dans ses Trois cent soixante-cinq'
menus que l'on allait chercher des inspi-
rations et des renseignements. L'ouvrage
en valait d'autres. Fouquier nous disait;
l'autre jour qu'il n'y a jamais eu qu'une
féerie, et qu'on refait sans cesse la même
sous différents noms. Il en est de même à
peu près des livres de cuisine. C'est tou-
jours la Cuisinière bourgeoise; il n'y a
guère que le nom de l'auteur qui change :
c'est un jour Alexandre Dumas, un autre
jour le baron Brisse ou Monselet.
Le premier en date de tous ces livres de
cuisine, c'est le Viandier de Guillaume
Tirel, dit Taillevent, premier queux dm
roi Charles V, qui l'écrivit en 1375. Ce
livre est devenu très rare. Le baron Pi-*
chon, un de nos grands bibliophiles, a
l'inestimable bonheur d'en posséder un
exemplaire dans sa. bibliothèque : il l'a
bel et bien payé en vente publique
1,950 francs. Il parait que nos palais se-
raient quelque peu étonnés, si l'on nous
servait les plats qui ravissaient d'aise
nos aïeux. Vous trouverez dans le dic-
tionnaire de M. Vicaire une ou deux de
ces recettes : c'est à faire frémir la naturel
Il fallait qu'on eût en ce temps-là un ter-,
rible goût pour les épices et les condij
ments. Nos écrevisses à la bordelaise sont
un mets innocent et simple en regard des,
compositions savantes et compliquées que
recommande le maître-queux du roir-
Charles V. Les livres de cuisine deviennent
plus humains à mesure qu'ils se rappro-
chent de cette Cuisinière bourgeoise qui)
est devenue un livre classique et qui date.
de 17A6. Il paraît qu'elle en est aujour-
d'hui à sa vingt-sixième édition, où ph
tôt à son vingt-sixième auteur : car d'édlJ
tion en édition, elle s'augmente ou s'allège.
de quelque recette. Mais combien chaqu
édition compte-t-elle d'exemplaires? Je
ne sais que la grammaire de Noël et*
Chapsal qurpourraiMlutter contre la Cui
siniere bouffyeoise. ,
Aux 1700, us M~a
eé devsi* cuisinierV.. a composa
un livre qui est,vâit le titre, une méthode (
très facile pour bien apprendre aux en- )
fants a lie^ en làlln et en français. Et cette ;
méthode, il l'a ap^él^e dénoua saugrenu
de Rôti-Cochon. Savez-vous pourquoi?
C'est que tous les exemples mis sous les
yeux des enfants sont empruntés au vo-
cabulaire de la cuisine et de la gourman-
dise.-- Ainsi vous avez une image qui re-
présente un glorieux jambon et, au-de:
sous, cette sentence qui sert de modèle
de lecture :
« Le jambon de pourceau bien mayencé
est bon à manger, non pas sans boire." j
Autre :
Le paté de venaison et les craquelins
Ne sont pas faits pour les eufants mutins. -
Prose et vers, tout y était, comme vou
voyez!
Puisque la science de gueule a de tout
temps tenu dans notre littérature une sil
grande place, ne nous étonnons pas que
les cuisiniers fassent aujourd'hui des!
expositions et convoquent le public à des
tournois de haulte graisse.
Francisque Sircey.
LE DUC D'ORLÉANS
Les visites du prince. — Le conseil
des ministres de ce matin.
Sur l'invitation de M. le préfet de police,
le duc d'Orléans a décidé de ne plus rece-<
voir désormais que quatre personnes : Mme
la duchesse de Chartres, la princesse Mar-
guerite, sa fille, M. Bocher et le duc da;
Luynes.
Les journaux royalistes ont fait courir le
bruit que le prince devait être gracié et re!
conduit à la frontière aujourd'hui même. j
Inutile de dire qu'il n'en est rien.
La vérité, c'est que le conseil des minis-
très, qui se réunit ce matin à l'Elysée, aura
à statuer sur la situation du duc d'Orléans,
les délais d'appel expirant le février.
La discussion préalable sera sans dou'
assez longue, les ministres étant encore di-\ •
visés d'opinion sur ce point, ce qui ne sau- i
rait causer aucune surprise ni préjudicier;
en rien au droit souverain que le chef de ¡
l'Etat possède en cette matière. 1
Il n'est pas sans intérêt de faire remar!
quer que la grâce peut intervenir sansî
qu'une demande ait été, à cet effet, adres-,
sée au président de la République.
A défaut d'autre précédent, nous pou-i
vous citer celui de Mlle Louise Miche.
graciée malgré elle, il y a quelques Çr
nées.
LES SOCIALISTES ALLEMANDS
• ET L'ALSACE-LORRAINE
(D'UN CORRESPONDANT)
Mayence, 19 février.
Dans une réunion tenue à Bingen-sur-ïe*
Rhin, M. Joest, le chef du parti socialiste de
la Hesse, a discuté avec apreté les dépen-
ses militaires ordonnées par l'empereur et
votées par le Reichstag.
« Pour mettre fin à ces dépenses, s'est-il :
écrié, il faut de toute nécessité rendre à la
France les deux provinces qu'on lui a enle-
vées.
Continuant son discours et parlant de la
possibilité de rétablir une paix durable
entre la France et l'Allemagne par la resti-
tution de l'Alsace et de la Lorraine, l'ora-
teur a dit que, par les traits les plus dis-
tinctifs de leur caractère, les Français
étaient bien supérieurs aux Allemands, et il
s'est écrié : « Les ouvriers français sont nos -
frères; le bourgeois allemand est notre.
ennemi, ».
■■■-. - - - - ;■■ - - y i v~\-t ■ ■ ; -
JOURNAL REPUBLICAIN
REDACTION
î 14B, Rue Morit= artxe
PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
A. - EDOUARD PORTALIS
PRIX OE L'ABONNE MEUT :
Fftrif TTMMM, 61; Shaiii, lit; Oio, 201
Départements — 7i.; — 12 f.; — 24 L
Union Postale — 9L; - 16 L; — 321
l*iabonneitenU partent de»\m et 15de chaque 810Ï8.
Adremo télégraphique : XIX. BtÊcxm — PARIS
ADMINISTRATION
PARIS
aCeissEURS d'annoncés
Nil. LAGRANGE, CERF a t
6, place de ta Bouree, 9
PRIX DE L'ABONNEIKRT :
Paris. Ttnimh, OL; ShaM, 11 L; fcât 20fA
Départements — 7L; — 12 L; « 24
Union Postale — 9f.; — 16 L; — 32 Cf
L.. abomwmnts partent des 1" et 15 de chaque ntojp
Adrwse ttttgrvphiqa» : XIX* SZÊGLB — FAUX» )
S,
LETTRE DE RUSSIE
- La bannière du général Saussier
UN RAPPORT DE M. DE FREYCIHET
M. Lissaqaray contre M. Las Cases
L'AFFAIRE GOUFFÉ
EAUX DE SOURCE
La Chambre aborddra, au début de
sa séance d'aujourd'hui, l'examen du
projet de loi qui a pour objet de dé-
clarer d'utilité publique les travaux à
exécuter par la Ville de Paris pour le
captage, la dérivation et l'adduction
à Paris des eaux des sources de la
Vigne et de Verneuil.
La question de l'eau a pris, de nos
jours, une importance considérable et
bien justifiée. Ne se proposât-on que
de donner aux plus humbles, avec la
faéitité; le goût des ablutions fré-
quentes, on ferait œuvre utile, même
morale. L'épithète n'est point exa-
gérée. La propreté aussi est une vertu.
- Que dans toutes les maisons, les pau-
vres comme les riches, l'eau puisse
être distribuée en abondance, c'est
une amélioration d'apparence mo-
deste, plus efficace que beaucoup de
réformes aux retentissantes allures.
Mais il ne suffit pas que. l'eau soit
donnée avec prodigalité. La quantité
est nécessaire; la qualité ne l'est pas
moins. Si l'on peut, pour le lavage des
rues et des maisons, pour les usages
industriels, employer indifféremment
toutes les eaux de rivière, il en va au-
trement dès qu'il s'agit de pourvoir
aux soins de propreté personnelle, à
l'alimentation ou à la boisson.
Pas d'auxiliaires plus habituels ni
plus perfides pour les maladies épidé-
miques que les cours d'eau. Ces.routes
qui marchent entraînent avec "elieS
nombre de germes cholériques et ty-
Phoïdiques. Dans un remarquable
rapport au président de la - Répu-
blique, que nous reproduisons plus
loin, le ministre de la guerre établit
que la pureté des eaux potables est la
première des conditions à remplir
pour arrêter les progrès de la fièvre
typhoïde dans les établissements mi-
litaires. Il expose les efforts persis-
tants qui ont été faits et les résultats
auxquels on est arrivé. Ils sont des
plus satisfaisants.
Eh bien! ce que l'on tente avec
tant de raison pour protéger la vie
de nos soldats, il n'est pas moins né-
cessaire de le réaliser dans nos cités.
On connaît la situation qui est faite
sous ce rapport à la ville de Paris.
Aucun de ses habitants n'a perdu le
souvenir des notes périodiques où la
direction des travaux fait savoir à la
population que, pendant un espace de
temps variable, la population d'un ou
plusieurs arrondissements sera mise
au régime de l'eau de Seine.
C?est qu'en effet l'eau de source
nous est fournie dans des proportions
absolument insuffisantes. Les sources
de la Dhuis ont été dérivées depuis
1865; celles de la Vanne depuis 187.4.
Pour une population de 8 millions
300,000 habitants, 112,000 mètres cu-
bes par jour, — c'est, note M. Berger
dans son rapport, la quantité moyenne
distribuée, — sont tout à fait insuffi-
sants. Cela ne représente pas tout à
fait.49 litres par habitant et par vingt-
quatre heures. Or, la quantité néces-
saire, au dire de tous les hommes
compétents, n'est pas inférieure à 130
litres par tête. Les Parisiens ne re-
çoivent donc pas à cette heure la moi-
tié de la quantité d'eau de source dont
ils auraient besoin.
Comment améliorer une situation si
défectueuse? On s'en préoccupe de-
puis longtemps. Plusieurs solutions
ont été étudiées. On avait proposé de
capter des eaux souterraines de la
vallée de l'Yonne, non loin de Sens.
Le comité consultatif d'hygiène de
France a mis son holà, déclarant que
tes eaux étaient habituellement char-
gées de matières suspectes.
On a passé en revue un certain
nombre de sources,toutes situées à des
distances assez considérables de Pa-
ris. Ainsi que l'a, en effet, remarqué
Belgrand, l'éminent prédécesseur de
M. Alphand, la ville de Paris est en-
tourée de terrains gypsifères qui sa-
turent de sulfate de chaux l'eau des
sources et la dénaturent.
On pouvait hésiter entre la Brie ou
la Bourgogne à l'est, et la basse Nor-
mandie à l'ouest. Après un long et
minutieux examen par les ingénieurs
de la Ville, leur choix s'est définitive-
ment arrêté sur les sources de la Vigne
et dè Verneuil, situées dans la vallée
de l'Avre, au milieu des départements
de l'Eure et d'Eure-et-Loir. La pu-
reté de leurs eaux est tout à fait re-
marquable. L'altitude moyenne des
sources est de 160 mètres. L'aqueduc
de dérivation sera long de Iffi kilo-
mètres et viendra aboutir à Montre-
tout où sera établi le réservoir de dis-
tribution.
:' Les crédits nécessaires pour mener
à bien ces travaux sont évalués à 35
millions. La Ville de Paris les prendra
sur l'emprunt de â50 millions autorisé
par la loi du 13 juillet 1886.
Voici tantôt deux ans que les Cham-
bres ont été saisies du projet de loi
portant déclaration d'utilité publique.
Si le Parlement ne s'est pas prononcé
plus rapidement sur une question si
urgente, il faut en rechercher la prin-
cipale cause dans l'opposition très
vive que les habitants de la vallée de
l'Avre ont faite à l'exécution du
projet.
Elle s'est traduite, au moment des
études faites sur place par des agents
de la Ville de Paris, par des scènes de
violence. Les opposants n'ont pas en-
core perdu tout espoir. Ils lutteront
jusqu'au bout. Nous entendrons au-
jourd'hui leurs représentants à la tri-
bune. ,'-
Quelle que soit l'éloquence qu'ils
déploient, et MM. Deschanel, Tërrier
et autres ne sont point des adversaires
à dédaigner, il est permis de penser
qu'ils ne combattent plus que pour
l'honneur.
La Ville de Paris, d'ailleurs, n'en-
tend point s'installer, comme en pays
conquis, dans les territoires dont elle
dérive les eaux par mesure d'utilité
publique. Le projet de loi prévoit de
très larges indemnités destinées à
compenser le préjudice qui pourrait
être causé aux agriculteurs, industriels
et ouvriers de la région.
L'affaire ne date point d'hier ; elle a
été mûrement étudiée; Paris en attend
la solution avec une légitime impa-
tience. Le Parlement ne voudra pas
plus longtemps la retarder.. Il ne nrê-
tera point l'oreille à la plaisanterie
d'un goût douteux qui consiste à in-
sinuer qu'il serait de bonne guerre
de répondre au vote du 16 février en
privant Paris d'eau potable.
-- Les maïis& qui ont déniché cet ar-
gument inattendu n'ont pas. songé que
les premiers punis seraient les dépu-
tés de province soumis,. comme nous
tous, au régime de l'eau de Seine, Voilà
de quoi donner à réfléchir.
A. Millerand.
Le XIX" SIECLE publiera demain la
» Vie de Paris » par Henrv Foucruier.
LA GRÈCE ET LA CRÈTE
Réveil imminent de la question
crétoise.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Athènes, 19 février.
On donne le démenti le plus absolu aux dé-
clarations faites au Parlement anglais tou-
chant lasituation de l'île de Crète.La situation
y est, au contraire, déplorable. Le mois
d'avril ne se passera pas sans de graves
événements. La révolte est inévitable.
Une manifestation significative vient d'a-
voir lieu ici. Le prince royal de Grèce et
plusieurs officiers russes en uniforme, ainsi
que le ministre de Russie, M. Onou, ont
assisté à une soirée donnée par les étu-
diants au bénéfice des familles crétoises
éprouvées par la dernière insurrection.
Il est constant que le gouvernement fait
de grands préparatifs militaires en vue des
événements prochain. Si le ministère Tri-
coupis veut résister à l'opinion publique,
il sera renversé. ,',
SUICIDE D UN BRAVE
Un vieux soldat décoré. — Le régiment
perdu. — Un coup de revolver.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Versailles, 19 février.
Un vieux soldat retraité du 1er génie,
qui avait été deux fois décoré pour faits de
guerre, vient de se suicider.
Zimmermann était né à Lallaye, près de
Vallée (Bas-Rhin). Toute sa carrière mili-
taire, il l'avait faite dans le 1er génie. A la
suite de brillants faits d'armes,-il avait as-
sisté à toutes les guerres de ces trente der-
nières années, — il avait été successivement
décoré de la médaille militaire et de la
croix de la Légion d'honneur. Sur la fin de
sa carrière, il avait été nommé casernier du
1er rrénip.
Il y a peu de temps, il venait d'atteindre
sa soixante-douzième année, on dut le
mettre à la retraite. Zimmermann se retira
le 1er octobre de l'année dernière à Bois-
d'Arcy (Seine-et-Oise).
Ce brave soldat ne pouvait se consoler
d'avoir quitté le régiment ; ce regret ajouté
à des pertes d'argent l'avait si fortement
affecté qu'à diverses reprises il avait ma-
nifesté son intention d'en finir avec la vie
Hier matin, il se leva -sans bruit, sans
donner l'éveil à sa femme qui couchait
dans la même chambre que lui ; quelques
secondes après, un coup de revolver se
faisait entendre. Zimmermann venait de se
tuer.
Il s'était tué net : la balle avait perforé le
cœur.
UN NOUVEAU CONFLIT
ANGLO-PORTUGAIS
(D'UN CORRESPONDANT)
Lisbonne, 19 février.
Le journal Seculo publie une dépêche de
Loanda, sur la côte occidentale d'Afrique, en
date du 15 février, annonçant qu'un échange
de communications d'un caractère très éner-
gique a lieu actuellement entre le consul
d'Angleterre et le gouvernement de la colonie.
La dépêche ne dit rien "sur les causes de ce
nouveau conflit, qui s'ouvre de l'autre cote du
continent africain alors que le conflit sur la
côte du Mozambique n'est pas encore réglé.,
A PROPOS DISE BANNIÈRE
UN INCIDENT ÉCLAIRCI
L'étendard offert au général Saussier.
- Une affaire travestie. - - M. Noto-
vich et le Cercle patriotique
pétersbourgeois - moscovite. ,
— Les faits exacts.
[Nous avons reçu de notre correspondant
de Saint-Pétersbourg la lettre suivante :]
Les journaux de Paris se sont beaucoup
occupés, voici une quinzaine de jours, du
refus fait par M. le général Saussier d'ac-
cepter une bannière d'honneur qui lui était
offerte par un groupe de jeunes patriotes
moscovites et que lui présentait, au nom
de ceux-ci, un journaliste-explorateur
russe en ce moment à Paris, M. Noto-
vich.
A la suite de cette affaire, une assez vive
polémique s'engagea dans divers organes
de la presse française et russe, polémique
qui eut pour effet immédiat de travestir
fortement la portée exacte des faits, ainsi
que le caractère du mandataire à Paris de la
jeunesse de Moscou. Ce dernier, notamment,
fut représenté comme un aventurier sans
mandat, et c'est un journal de Saint-Péters-
bourg, le Nouveau Temps, que dirige M.
Souvorine, qui contribua le plus à répandre
cette opinion,en attaquant personnellement
M. Notovich, qu'il désigna même comme
étant un « agent de la triple alliance ».
Ces attaques, M. Notovich les a vivement
démenties par une longue lettre que vien-
nent de publier les journaux russes, et dans
laquelle son auteur établit d'une manière
très nette l'état exact des faits qui ont sou-
levé toute cette affaire.
Le Cercle patriotique
Quoi qu'on en ait dit et insinué, il existe
bien à Moscou un Cercle patriotique pé-
tersbourgeois-moscovite, dont les membres
se sont donné pour but, par la publication
de brochures et d'articles, et aussi par une
active propagande personnelle, de démon-
trer aux sociétés russe et française la né-
cessité d'un rapprochement le plus étroit
possible contre l'ennemi commun.
Mais, la loi russe ne permettant pas à de
semblables sociétés d'exister au grand jour,
le Cercle patriotique est forcément une
sorte d'association secrète. Cette dernière
circonstance explique pourquoi, après le
refus de M. le général Saussier, quand l'on
a affirmé que la jeunesse moscovite était
absolument étrangère à l'envoi du drapeau,
aucun démenti n'a pu être donné. Il ne pou-
vait, en effet, en être autrement, toute dé-
marche de ce genre devant fatalement com-
Dromettre de nombreuses personnes.
Mais le Cercle patriotique pétersbour-
geois-moscovite existe si bien que ce sont
ses membres qui, en 1886, envoyèrent à M.
Deroulède, par l'intermédiaire de M. Noto-
vich, une cruche d'argent en guise de té-
moignage amical, et que c'est encore ce
même Cercle patriotique qui voulut jadis
adresser, toujours par le même manda-
taire, un sabre d'honneur au général Bou-
langer. Même en cette dernière circons-
tance, c'est M. Souvorine, le directeur du
Nouveau Temps, qui fut le premier insti-
gateur de cette démarche dans laquelle il
voyait personnellement un moyen commode
de remercier le général Boulanger de la
communication de précieux documents
que celui-ci lui avait adressés lors du procès
intenté au Nouveau Temps par le colonel
Wuillaume.
Du reste, à propos de cette offre d'un sa-
bre d'honneur au général Boulanger, M. No-
tovich fut sommé par l'administration russe
d'avoir à donner les noms de ses cama-
rades du Cercle patriotique. Il s'y refusa,
naturellement, et ce fut M. Souvorine jqui
rédigea lui-même la lettre que M. Notovich
dut écrire à ce sujet.
Ce dernier incident ne laisse pas de jeter
un jour tout particulier sur la bonne foi de
M. Souvorine quand le Nouveau Temps,
son journal, est venu affirmer que le Cercle
patriotique pétersbourgeois-moscovite n'é-
tait qu'un mythe.
Ce qu'est M. Notovich
M. Notovich, que le Nouveau Temps a
traité avec tant de désinvolture, est, il n'est
pas mauvais de le rappeler, un ancien col-
laborateur de ce journal, auquel il appar-
tenait il n'y a pas encore bien longtemps.
De plus, il est le frère du directeur actuel
des Novosti, un des plus importants orga-
nes de la presse russe, et en ces dernières
années il fit dans l'Asie centrale de très in-
téressants voyages d'exploration, au cours
desquels il a récolté de superbes collec-
tions dont une grande partie ont été don-
nées par lui à notre musée ethnographique
du Trocadéro, ce qui lui a valu d'être, il y
a peu, honoré des palmes académiques.
Actuellement encore, M. Notovich est à la
veille de repartir pour l'Asie, où il veut aller
à la recherche d'une route commerciale
entre le Thibet et le Tonkin.
Histoire d'une bannière
Mais revenons à l'histoire de l'étendard
franco-russe. Cette bannière, sur laquelle
sont écrits en lettres d'or les mots : Al-
liance franco-russe, Vive la France! ne fu
point apportée en France par M. Notovich.
C'est un artiste français de grande valeur
dont personne n'a oublié les relations inti-
mes et amicales avec un de nos hommes d'E-
tat mort aujourd'hui, et qui, tout dernière-
ment encore, faisait beaucoup parler de
lui à propos du fameux décret de Moscou,
qui accepta, lors de son séjour à Moscou,
en novembre dernier, de rapporter à Paris
la bannière et d'aller la présenter au géné-
ral Saussier avec une lettre signée de M. No-
tovich au nom de ses collègues du Cercle
patriotique, comme témoignage des sym-
pathies mutuelles des deux nations.
La mission acceptée fut accomplie fidèle-
ment, et le mandataire, à qui M. le général
Saussier avait répondu, en informa M. No-
tovich. Celui-ci vint à Paris et rendit alors
une visite au général, qui lui fit savoir que
sa position officielle l'obligeait, à son grand
regret, à ne point accepter le cadeau que
lui envoyaient les patriotes russes.
Epilogue
On sait le reste. La bannière a été rendue
à ses propriétaires, qui ont décidé de l'of-
frir à une société patriotique de Paris.
Tel est, par le menu, le récit de cet inci-
cident, sur lequel des racontars assez fan-
taisistes avaient été imaginés.
LA MORT D'ANDRASSY
Hommages et condoléances
(p'ui* CORRESPONDANT)
Buda-Pesth, 19 février.
L'empereur François-Joseph a adressé à
la comtesse Andrassy Une lettre autographe
dans laquelle il s'exprime de la manière
suivante:
« Je regrette le serviteur aimé et dévoué
qui a été pendant de longues années, grâce
à son esprit élevé, un des meilleurs con-
seillers de l'empire, l'homme d'Etat dont
toute la monarchie n'oubliera jamais les
services éminents. et vraiment patrioti-
ques. »
La comtesse Andrassy a reçu, entre au-
tres, des télégrammes de condoléance de la
reine-régente d'Espagne et du prince de
Bismarck.
Au Parlement hongrois
A la Chambre des magnats, le président a
fait ressortir les services inoubliables que
le défaut a rendus en contribuant à la con-
clusion du traité de Berlin et à la réalisa-
tion de l'alliance austro-allemande, qui a
eu pour conséquence la triple alliance et a
assuré la paix de l'Europe.
La Chambre des députés a résolu, sur la
proposition de M. Tisza, président du con-
seil, d'ajourner ses séances à lundi et d'as-
sister en corps aux obsèques.
Le ministre a, en outre, déposé un projet
de loi tendant à élever un monument au
comte Andrassy.
Cette proposition a été adoptée à l'unani-
mité.
Le corps du comte Andrassy sera exposé
demain dans le vestibule de l'Académie.
Les obsèques auront lieu vendredi ; le Par-
lement, les ministres et les notabilités y as-
sisteront en corps.
„ UNE INTERPELLATION
On assure que M. de Bernis, député du Gard,
a l'intention d'interpeller M. le ministre de
l'intérieur au sujet des graves dissensions qui
existent entre le conseil municipal et M. Pas-
cal, maire de Nîmes, et des désordres qui
éclatent à chaque séance, désordres que M. dé
Bernis attribue à l'attitude de M. Pascal.
■■■M——————
LE PROCÈS ROCH FORT-WEIDON
Une transaction
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 19 février.
M. Henri Rochefort a transigé avec Mme
Georgina Weldon au sujet du procès en
diffamation que cette célèbre excentrique et
plaideuse acharnée avait intenté au direc-
teur de Y Intransigeant.
Cette plainte en diffamation, portée de-
vant les tribunaux anglais, était autorisée
par les commentaires, peu flatteuses pour
Georgina Weldon, avec lesquels M. Henri
Bochefort avait apprécié le verdict d'un ju-
ry anglais qui avait condamné M. Gounod
à 350,000 de dommages-intérêts — toujours
pour diffamation — à son ancienne amie
et disciple.
D'après l'arrangement intervenu entre
les parties devant la cour, M. Roçhefort
paye 250 livres sterling (6,250 fr.) et les
frais à Georgina Weldon, et lui fait d'am-
ples eses.
rilMIOTC DA D DITOlnTIMr
RUINI^II. I HII » M I mu T TVIFTT
L'Allemagne et le téléphone. — De
Bâle à Mulhouse. — La vengeance
d'un Suisse.
[Un de nos lecteurs nous adresse la très
amusante lettre qui suit :]
Vous avez annoncé, dans votre numéro
d'hier, que l'Allemagne allait établir des
lignes téléphoniques de Berlin à Vienne et
à Bruxelles. Il existait précédemment des
lignes téléphoniques entre diverses villes
de l'empire allemand et d'autres villes des
pays voisins. Elles avaient été supprimées
il y a environ dix-huit mois, à la suite
d'un petit incident qu'il n'est peut-être pas
indifférent de rappeler.
Un jeune homme d'une très honorable
famille de Bâle était allé passer son diman-
che à Mulhouse. Un peu gai en sortant du
café, le jeune homme se mit à chanter dans
la rue a pleins poumons la Marseillaise.
Aussitôt empoigné, malgré ses protesta-
tions de citoyen suisse, il est mis au violon
où il passa la nuit. Le lendemain matin,
grâce aux démarches du consul suisse, ami
de sa famille, il était remis en liberté.
Il s'empressa naturellement de quitter une
ville si inhospitalière.
Aussitôt arrivé à Bâle, il se rend au bu-
reau téléphonique, où il demande Ja com-
munication pour Mulhouse, puis à ce bu-
reau :
— Monsieur le kreisdirector.
Au bout d'un quart d'heure : —Allo ! -
Allo! — Que voulez-vous ? — C'est vous,
M. le kreisdirector? — Oui, que voulez-
vous?
—Eh bien, m. pour l'Allemagne et vive
la France !
Immédiatement, le fil est supprimé entre
Mulhouse et Bâle, et afin que pareille his-
toire ne pût se renouveler, le soir même,
la direction des télégraphes de Berlin fai-
sait supprimer toutes les lignes téléphoni-
ques internationales.
LES FEMMES ÉLECTEURS
Une résolution devant la Chambre
des communes
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULI ER)
Londres, 19 février.
La résolution suivante sera déposée le
h mars prochain sur le bureau de la Cham-
bre des communes par Me Larren, au nom
des membres favorables à la loi accordant
l'électorat aux femmes :
Il est à la fois injurieux pour les femmes de
se heurter à un empêchement légal qui leur
interdit de prendre part au vote dans les
élections législatives, et contraire au principe
d'une juste représentation, si bien défini par
,les lois spéciales maintenant en vigueur et
réglant les élections pour les conseils de ville
ou de comté.
Nous rappellerons à ce sujet que deux da-
mes siègent dans le conseil du comté de
Londres.
UN PROFESSEUR MILLIONNAIRE
Fait trop rare
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 19 février.
Le professeur d'histoire ecclésiastique
Charles de Hase, qui est mort il y a quel-
ques jours, a laissé une fortune estimée à
3 millions.
Ce n'est ni à son cours à l'Université, ni
au produit de ses ouvrages qu'il dut ses ri-
chesses ; il avait eu l'heureuse idée de s'as-
socier avec des éditeurs connus, et sa part
d'association lui rapporta pendant nombre
d'années une centaine de mille francs.
Comme étudiant, l'historien millionnaire
avait connu la misère; il vivait d'une pen-
sion annuelle de quelques centaines de
francs.
CHRONIQUE
-
L'exposition culinaire vient d'ouvrir.
Je ne vous en donnerai pas de nouvelles,
par l'excellente raison que je n'y suis pas
allé. Il paraît qu'on y voit des pièces
montées admirables, entre autres une
cathédrale de Chartres en nougat,à moins
que ce ne soit en galantine. Si c'est ça
qui fait faire un pas à l'art de la cui-
sine!
La cuisine ne me paraît pas être un art
aussi abstrus qu'on veut nous le faire
croire. De bonnes matières premières, du
soin, du temps et le goût de la chose,
il n'en fallait pas davantage à nos mères
pour nous confectionner des plats à se
lécher les doigts. Il n'y a rien de bon au
monde comme un haricot de mouton,
comme une potée aux choux, comme un
gigot aux haricots. Je ne crois pas qu'il
faille être grand clerc en cuisine pour
réussir ces mets nationaux. Il suffit d'avoir
de bon mouton et des haricots tendres
et de passer autour de son fourneau, en
y mettant son âme, tout le temps néces-
saire. Je me rappelle les dîners que j'ai
faits en province, il y a trente ou qua-
rante ans, chez de bons petits ménages
bourgeois où la femme mettait elle-même
la main à la pâte et apportait avec or-
gueil le plat fumant : c'était exquis !
Les cuisinières,à cette heure, vont ache-
ter des conserves et vous bâclent un
dîner en trois quarts d'heure ! On ne
peut plus manger que chez les million-
naires qui se paient des cuisiniers avec
appointements de chefs de division.Toutes
nos ménagères savaient autrefois le petit
nombre de règles dont se compose la cui-
sine ordinaire, et elles la faisaient bonne,
parce qu'elles la faisaient avec soin et
avec goût.
Il n'y a pourtant guère de sujet sur
lequel on ait plus écrit. Je recevais
l'autre jour un gros volume qui a pour
titre : Bibliographie gastronomique, par
Paul. Vicaire. C'est un index par ordre
alphabétique de tous les ouvrages qui ont
traité de la cuisine. Eh bien ! le vo-
lume, qui a le format des dictionnaires
et qui est imprimé sur deux colonnes,
n'a guère moins de mille pages. Notre
ami Paul Ginisty a écrit pour ce travail
une préface bien vive et bien plaisante.
Je me suis amusé à parcourir ce dic-
tionnaire ; car ce n'est pas un index tout
sec, donnant simplement le titre des ou-
vrages et le nom de leurs auteurs: M. Vi-
caire en fait une courte analyse et en
relate les particularités I&* plua aigniHcâ-
tives.
Nous nous plaignons que nos cuisi-
nières fassent danser l'anse du panier, et
nous nous imaginons volontiers que les
domestiques d'autrefois ne connaissaient
pas ces pratiques. Il est vrai qu'il y a
deux siècles la chose ne s'appelait point :
faire danser l'anse du panier, mais bien :
ferrer la mule. En 1713, il courait un vo-
lume qui avait pour titre : la Méthode
des cuisinières ou l'Art de bien ferrer la
mule. C'est un dialogue entre deux cui-
sinières, dont l'une, la plus vieille natu-
rellement, donne des conseils à l'autre et
la forme :
Je juge à vos discours
Que vous ne savez pas la moitié des bons tours.
Une maîtresse a beau donner dans la lésine,
On peut avec profit gouverner sa cuisine;
Mais il faut s'entremettre; il faut agir, cher-
[cher,
Tâcher de rencontrer un honnête boucher,
Qui vendant à la main ou vendant à la livre,
Outre le droit commun donne le sou pour
}livre !
Le sou pour livre, le fameux sou pour
livre ! Qui nous eût dit que nous le re-
trouverions aux abords du dix-huitième
siècle ! - 1
La vieille ajoute encore ;
Quand j'allais au marché, loin d'y mettre du
[mien,
Sans peine je gagnais mon petit entretien ;
Même de mes profits, puisqu'il faut tout vous
(dire,
Je sçavais en deux mois remplir ma tirelire.
La tirelire a été remplacée par la Caisse
d'épargne; l'art de ferrer la mule par
l'art de faire danser l'anse du panier.
C'est toujours , comme dit Molière : queus-
si-queumi, et le bourgeois, le pau-
vre bourgeois, ressemble à ce Géronte du
Légataire, dont Crispin disait si gai-
ment :
Le bonhomme a bon dos,
Et l'on peut hardiment le ronger jusqu'aux os]
Vous pensez si, ayant ce dictionnaire
sous la main, j'ai couru aux noms que je
connaissais, à Charles Monselet, d'abord :
à tout seigneur tout honneur. J'ai été
émerveillé du nombre d'ouvrages que la
cuisine a inspirés à ce pauvre Monselet,
qui n'était pourtant pas un fin mangeur.
Mais la légende s'était établie et il fallait
la soutenir ! et il publiait coup sur coup,
la Cuisinière poétique, YAlmanach des
gourmands, le Double almanach gour-
mandy le Triple almanach gourmand, la
Gastronomie, les Mois gastronomiques.
Mais, parmi tous ces ouvrages, celui qui
m'a le plus amusé, parce qu'il m'a rap-
pelé le Monselet que j'ai connu, jeune et
bohême, c'est une plaquette composée de
douze sonnets et qui a pour titre : les
Potages Feyeux. Il paraît que la maison
Feyeux faisait distribuer au coin des rues
ou donnait à ses clients cet opuscule, où
Monselet célébrait en rimes riches les
mérites de la maison. Les titres de ces
douze sonnets sont bien drôles : Tapioca
Feyeux, Couscoussou des Arabes, Farine
de petits pois, Crème de riz, Purée Riche-
lieu, Purée Crécy, etc.
C'était le temps où Chavette, notre
joyeux Chavette,rédigeait des prospectus
en vers pour un insecticide ; le négociant
le payait en boîtes à tuer les punaises.
Léo Lespès, qui n'était pas encore Thi-
mothée Trimm et qui signait : « Napo-
léon Lespès, fusilier au 556 de ligne »,
écrivait une pièce de. vers sous ce titre :
Physiologie culinaire du 556 et il ajoutait
en Dost-soristum à ses vers cette note
f touchante en sa simplicité : « Les per-
sonnes qui désireront garder ces vers
voudront bien faire parvenir à l'auteur le
prix modique qui y est fixé, pour couvrir
les frais d'impression. »
Ce prix était en effet des plus modi-
ques : cinq centis, un sou. Si j&maiâ
Léo Iap n^avàit faîi que des spécula*'
tioos comme celierîàjs il n'aurait pas;
ébloui le boulevard par la richesse
voyante de ses gilets légendaires.
Le baron Brisse a été l'une des plus
belles fourchettes de notre époque. J'ai
vu le temps où l'on ne jurait que par lui.
C'était dans ses Trois cent soixante-cinq'
menus que l'on allait chercher des inspi-
rations et des renseignements. L'ouvrage
en valait d'autres. Fouquier nous disait;
l'autre jour qu'il n'y a jamais eu qu'une
féerie, et qu'on refait sans cesse la même
sous différents noms. Il en est de même à
peu près des livres de cuisine. C'est tou-
jours la Cuisinière bourgeoise; il n'y a
guère que le nom de l'auteur qui change :
c'est un jour Alexandre Dumas, un autre
jour le baron Brisse ou Monselet.
Le premier en date de tous ces livres de
cuisine, c'est le Viandier de Guillaume
Tirel, dit Taillevent, premier queux dm
roi Charles V, qui l'écrivit en 1375. Ce
livre est devenu très rare. Le baron Pi-*
chon, un de nos grands bibliophiles, a
l'inestimable bonheur d'en posséder un
exemplaire dans sa. bibliothèque : il l'a
bel et bien payé en vente publique
1,950 francs. Il parait que nos palais se-
raient quelque peu étonnés, si l'on nous
servait les plats qui ravissaient d'aise
nos aïeux. Vous trouverez dans le dic-
tionnaire de M. Vicaire une ou deux de
ces recettes : c'est à faire frémir la naturel
Il fallait qu'on eût en ce temps-là un ter-,
rible goût pour les épices et les condij
ments. Nos écrevisses à la bordelaise sont
un mets innocent et simple en regard des,
compositions savantes et compliquées que
recommande le maître-queux du roir-
Charles V. Les livres de cuisine deviennent
plus humains à mesure qu'ils se rappro-
chent de cette Cuisinière bourgeoise qui)
est devenue un livre classique et qui date.
de 17A6. Il paraît qu'elle en est aujour-
d'hui à sa vingt-sixième édition, où ph
tôt à son vingt-sixième auteur : car d'édlJ
tion en édition, elle s'augmente ou s'allège.
de quelque recette. Mais combien chaqu
édition compte-t-elle d'exemplaires? Je
ne sais que la grammaire de Noël et*
Chapsal qurpourraiMlutter contre la Cui
siniere bouffyeoise. ,
Aux 1700, us M~a
eé devsi* cuisinierV.. a composa
un livre qui est,vâit le titre, une méthode (
très facile pour bien apprendre aux en- )
fants a lie^ en làlln et en français. Et cette ;
méthode, il l'a ap^él^e dénoua saugrenu
de Rôti-Cochon. Savez-vous pourquoi?
C'est que tous les exemples mis sous les
yeux des enfants sont empruntés au vo-
cabulaire de la cuisine et de la gourman-
dise.-- Ainsi vous avez une image qui re-
présente un glorieux jambon et, au-de:
sous, cette sentence qui sert de modèle
de lecture :
« Le jambon de pourceau bien mayencé
est bon à manger, non pas sans boire." j
Autre :
Le paté de venaison et les craquelins
Ne sont pas faits pour les eufants mutins. -
Prose et vers, tout y était, comme vou
voyez!
Puisque la science de gueule a de tout
temps tenu dans notre littérature une sil
grande place, ne nous étonnons pas que
les cuisiniers fassent aujourd'hui des!
expositions et convoquent le public à des
tournois de haulte graisse.
Francisque Sircey.
LE DUC D'ORLÉANS
Les visites du prince. — Le conseil
des ministres de ce matin.
Sur l'invitation de M. le préfet de police,
le duc d'Orléans a décidé de ne plus rece-<
voir désormais que quatre personnes : Mme
la duchesse de Chartres, la princesse Mar-
guerite, sa fille, M. Bocher et le duc da;
Luynes.
Les journaux royalistes ont fait courir le
bruit que le prince devait être gracié et re!
conduit à la frontière aujourd'hui même. j
Inutile de dire qu'il n'en est rien.
La vérité, c'est que le conseil des minis-
très, qui se réunit ce matin à l'Elysée, aura
à statuer sur la situation du duc d'Orléans,
les délais d'appel expirant le février.
La discussion préalable sera sans dou'
assez longue, les ministres étant encore di-\ •
visés d'opinion sur ce point, ce qui ne sau- i
rait causer aucune surprise ni préjudicier;
en rien au droit souverain que le chef de ¡
l'Etat possède en cette matière. 1
Il n'est pas sans intérêt de faire remar!
quer que la grâce peut intervenir sansî
qu'une demande ait été, à cet effet, adres-,
sée au président de la République.
A défaut d'autre précédent, nous pou-i
vous citer celui de Mlle Louise Miche.
graciée malgré elle, il y a quelques Çr
nées.
LES SOCIALISTES ALLEMANDS
• ET L'ALSACE-LORRAINE
(D'UN CORRESPONDANT)
Mayence, 19 février.
Dans une réunion tenue à Bingen-sur-ïe*
Rhin, M. Joest, le chef du parti socialiste de
la Hesse, a discuté avec apreté les dépen-
ses militaires ordonnées par l'empereur et
votées par le Reichstag.
« Pour mettre fin à ces dépenses, s'est-il :
écrié, il faut de toute nécessité rendre à la
France les deux provinces qu'on lui a enle-
vées.
Continuant son discours et parlant de la
possibilité de rétablir une paix durable
entre la France et l'Allemagne par la resti-
tution de l'Alsace et de la Lorraine, l'ora-
teur a dit que, par les traits les plus dis-
tinctifs de leur caractère, les Français
étaient bien supérieurs aux Allemands, et il
s'est écrié : « Les ouvriers français sont nos -
frères; le bourgeois allemand est notre.
ennemi, ».
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.16%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.16%.
- Auteurs similaires France France /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "France" or dc.contributor adj "France")La Vierge dans l'art et la tradition populaire des Pyrénées : exposition France-Espagne organisée au château-fort de Lourdes par le Touring-club de France... et le Comité local du Musée pyrénéen... Avril-octobre 1958 / [catalogue par François Faure, François Pitangue et Margalide Le Bondidier ; avant-propos par Raymond Ritter ; préface par Georges-Henri Rivière] /ark:/12148/bd6t54644490c.highres Phares du sud de la Mer Rouge et leur installation / par J. Bénard, de la maison Barbier, Bénard et Turenne /ark:/12148/bd6t54644592j.highresMavidal Jérôme Mavidal Jérôme /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Mavidal Jérôme" or dc.contributor adj "Mavidal Jérôme") Laurent Émile Laurent Émile /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Laurent Émile" or dc.contributor adj "Laurent Émile") Lataste Lodoïs Lataste Lodoïs /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Lataste Lodoïs" or dc.contributor adj "Lataste Lodoïs")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7560151x/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7560151x/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7560151x/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7560151x/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7560151x
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7560151x
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7560151x/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest