Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-02-17
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 17 février 1890 17 février 1890
Description : 1890/02/17 (A19,N6608). 1890/02/17 (A19,N6608).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75601471
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année.—N" 6,608 ciko Centimes- Paris et Départements - CINQ Centimes
LUNDI 17 Fil
t r :', J YÏY* CKlTI F
i1: A1A û il JEi u 11 Cl
JOURNAL REPUBLICAIN -.
! RÉDACTION
Il 46, Rue Montm artre
* PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
A. - EDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Ptrls ïr«iMit, 6L; iiium, 11L; baa, 201
Départements - 71; - 12 1.; — 24 L
Union Postale - 91; - 161; — 321
abonnement» partent des 1" et 15 de chaque Mail.
Adresse télégraphique : XIX- SIÈCLE — PAM
ADMINISTRAT^
143. Rue Mont
PARIS
BÉGISSEURS D'AIUOIIC
MM. LAG RANGE, CE Ri
e, place de ta Bour»o, 6
PRIX DE L'ABONNERENT :
Paris fois MÛ, 6 f.; Six a»», 11 L; et:1
Départements — 7L; — 12 L; -
Union Postale — 9f.; — 161.; — S
Let abonnements partent des 1*' et 15 de chaque mq
Adresse télégraphique : XIX* SIÈCLE - PARIS
- LA CHIRURGIE
T LA GREFFE ANIMALE
; LA SAINT-CHARLEMAGNE
i L'AFFAIRE GOUFFÉ
tE KRACH DES HUILES
LE DISCOURS
DE GUILLAUME II
L'empereur Guillaume n'a pas perdu
dè temps. C'est le 5 de ce mois que le
Moniteur de l'Empire publiait les res-
crits concernant les mesures à pren-
dre pour" mieux régler les conditions
des classes ouvrières», et moins de dix
jours plus tard, le conseil d'Etat, com-
plété dans l'intervalle, se réunissait
pour entendre les intentions du sou-
verain et recevoir divers projets qui
devront être étudiés avant d'être sou-
mis au pouvoir législatif. Le zèle de
Guillaume II pour l'amélioration de la
condition des ouvriers ne saurait être
mis en doute. Il est même si grand
qu'il ne se borne pas à l'Allemagne et
que l'empereur a pris l'initiative d'une
conférence internationale sur les ques-
tions relatives au travail. Néanmoins,
la rapidité avec laquelle il passe des
paroles à un commencement d'exécu-
tion ressemble presque à de la préci-
pitation, et il n'est pas invraisembla-
ble de supposer que la proximité des
élections législatives, lesquelles au-
ront lieu le S0 février, n'y est pas ab-
solument étrangère.
Dans le discours par lequel l'empe-
reur a ouvert la session du conseil
d'Etat, il n'est question que des réfor-
mes indiquées dans le rescrit au mi-
nistre du commerce et de l'indus-
trie , qui sont essentiellement du
ressort de la législation intérieure. Il
ne pouvait y être question des mesu-
res d'ordre international qui faisaient
l'objet du rescrit au prince de Bis-
marck, car le conseil d'Etat est une
institution prussienne et non pas im-
périal. Cette circonstance est à no-
ter, car si l'on n'en tenait pas compte,
on pourrait interpréter dans le sens
d'une restriction la stricte limitation
des questions proposées par l'empe-
reur à l'activité du conseil d'Etat.
Ce n'est certes pas que ce program-
me, même limité, manque encore
d'ampleur, puisqu'il comporte tout
d'abord « la protection à accorder
aux ouvriers contre l'exploitation ar-
bitraire et sans limites des forces du
travail, les restrictions à apporter au
travail des enfants, en prenant en
considération les principes humani-
taires et les lois de développement natu-
relles,en prenant aussi en considération
la situation importante de la femme
dans la famille au point de vue moral
et économique, aussi bien que le mé-
nage de l'ouvrier, et d'autres questions
intéressant les classes ouvrières »; et
que l'empereur recommande en outre
aux ci hommes compétents » d'exami-
ner jusqu'à quelles limites l'industrie
nationale peut ci supporter une sur-
charge des frais de production résul-
tant de prescriptions plus rigoureuses
en faveur des ouvriers, sans que l'acti-
vité rémunératrice des travailleurs en
soit restreinte par suite de la concur-
rence sur le marché international. »
L'œuvre dont le conseil d'Etat se
trouve chargé est fort délicate, car, à
l'intérieur,, flrs^àgit à la fois de donner
quelque-satisfaction aux socialistes et
de méftâger les intérêts des industriels,
et il est non moins évident qu'il existe
un lien eit7re la solution que ces ques-
tions recevront en Prusse et l'entente
internationale dont l'empereur a pris
l'initiative. L'empereur a insisté lui-mê-
me sur cette corrélation et il ne pa-
raît pas mettre en doute que les puis-
sances seconderont son initiative. Il ne
nous appartient pas dé pré juger la, ré-
ponse des puissances, bien qu'elles pa-
raissent au moins peu empressées de
prendre un parti; mais il nous semble
que l'empereur Guillaume prend, en
cette matière, beaucoup d'initiative
et qu'il complique à plaisir les difficul-
tés de sa tâche. Si une entente inter-
nationale doit s'établir, il semblait na-
turel que la conférence projetée déter-
minât elle-même dans quelles condi-
tions l'accord peut se faire, et que, par
conséquent, elle ne se trouvât gênée
par les actes déjà accomplis d'aucun
des membres de la conférence. En in-
tervertissant cet ordre de choses, l'em-
pereur Guillaume semble inviter seu-
lement les autres Etats à appliquer
une législation élaborée à Berlin. Tout
le monde ne sera peut-être pas très
pressé d'accomplir cet acte de défé-
rence..
De même, au point de vue intérieur,
la composition du conseil d'Etat ne
peut donner de grandes espérances ]
aux socialistes ou simplement aux ou-
vriers. Les nouvelles nominations
n'ont fait que renforcer la catégorie
des grands industriels. On n'y compte,
comme personnalités indépendantes,
que deux députés du Centre. Les ou-
vriers ont vainement demandé d'y
avoir un représentant, et les progres-
sistes, les économistes qui ont créé le
« socialisme de la chaire », en sont
tous tenus à l'écart. Il n'est pas jus-
qu'au choix même des rapporteurs,
dont l'un est un national-libéral,
M. Miquel, et l'autre le fondé de pou-
voirs de M. Krupp, M. Jencke, qui ne
soit de nature à inquiéter les masses
ouvrières, car il est certain que ces
hommes ne sont pas de ceux desquels
les socialistes puissent attendre la réa-
lisation de leurs desiderata. Il est vrai
que l'empereur leur demande moins
leur avis sur le programme qu'il a
adopté que sur les moyens de le mettre
à exécution. Mais même avec cette res-
triction, il y a encore de quoi justifier
l'inquiétude des socialistes.
CONVOCATION D'ÉLECTEURS
Les électeurs de la première circonscription
de l'arrondissement de Fonteoay-Ie-Comte
(Vendre) sont convoqués pour le 9 mars pro-
chain, à l'effet d'élire un député, par suite de
l'invalidation de M. Sabouraud, réaction-
naire.
'- LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
D'AUJOURD'HUI
Invalidations et décès
Neuf élections législatives ont lieu au-
jourd'hui.
A Paris :
Dans la Ire circonscription du 5a arron-
dissement, par suite del'invalidation de M.
Naquet;
Dans la e circonscription du 136 arron-
dissement, par suite de l'invalidation de M.
Paulin Méry.
Dans les première, deuxième et troisième
circonscriptions de l'arrondissement de
Saint-Denis, par suite de l'invalidation de
MM. Revest, Goussot et Laur.
Dans la première circonscription de l'ar-
rondissement de Sceaux, par suite de l'in-
validation de M. de Belleval.
Et dans les département :
Dans l'arrondissement de Mantes (Seine-
et-Oise) en remplacement de M. Lebaudy,
décédé.
Dans l'arrondissement de Castelsarrazin
(Tarn-et-Garonne), en remplacement de M.
Lasserre, décédé.
Dans l'arrondissement d'Ajaccio,par suite
de l'invalidation de M le comte Multedo.
EN ALSACE-LORRAINE
Condamnés pour avoir chanté la
« Marseillaise »
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belfort, 15 février.
Dans son audience d'aujourd'hui, le tri-
bunal correctionnel de Mulhouse a infligé
quarante jours de prison au nommé Ignace
Christin, pour avoir chanté la Marseillaise
et crié : « Vive la France ! » à Altkirch.
Le tribunal des échevins de Mulhouse a
infligé quinze jours de prison au nommé
Wunenburger pour les mêmes motifs.
L'ÉVASION DE MARTIN MULLER
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Stuttgart, 15 février.
Martin Muller, l'auteur de l'attentat contre
le prince héritier de Wurtemberg, déclaré fou
par les aliénistes, a tenté hier de s'évader pen-
dant le transfert de la prison à l'hôpital.
Les gendarmes l'ont arrêté.
Il a été pris d'un accès de folie furieuse dès
son internement.
DÉCOUVERTE D'ANTIQUITÉS
Tombeàux et ossements. — Pièces de
monnaie.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Cannes, 15 février.
Une trouvaille vient d'être faite dans un
terrain appartenant à M. Léandre Amie. En
défonçant la terre pour planter des vignes,
on a mis à découvert de vieux tombeaux
et des ossements humains bien conservés,
ainsi que de très belles urnes funéraires en
poterie et diverses pièces de monnaie très
anciennes. Quelques-unes de ces dernières
datent de l'empereur Commode, qui régna
en l'an 185 de notre ère.
Les amateurs d'antiquités ont de quoi
satisfaire leur curiosité.
UN DUC DE LUYNES
Le favori de Louis XIII
[Un de nos lecteurs nous adresse la note
suivante : ]
On tarie beaucoup, ces jours-ci, du duc
de Luynes ; personne n'a songé à rappeler
qu'un tfeul de l'ami du duc d'Orléans,
Charles le Luynes, a été page de Henri IV,
dont le fils du comte de Paris se déclare le
petit-fils.
AD'abord page, puis attaché à la personne
du\àauphki (Louis XIII) Charles de Luynes
sut gagner la faveur du prince en lui ap-
prenant à dresser des pies-grièches.
C'est sur ses conseils et à la suite de ses
intrigues que Louis XIII exila sa mère,
Marie de Médicis, veuve de Henri IV.
Tout cela n'apprend peut-être pas grand'
chose, mais il m'a paru intéressant de vous
le rappeler.
LE DIVORCE
DU GÉNÉRAL BOULANGER
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 15 février.
Vous pouvez démentir la nouvelle, publiée
par un journal italien, que M. Denis Guibert
se serait rendu au Vatican chargé d'une mis-
sion auprès du pape pour obtenir le divorce
religieux du général Boulanger.
Un avocat consistorial a assuré que le pro-
cès en divorce intenté par le général à Mme
Boulanger a été déjà jugé par la congrégation
du concile, qui s'est prononcée contre l'annu-
lation du mariage. -
Cette sentence est sans appel. Le pape, ce-
pendant, pourrait annuler le jugement de la
congrégation. Mais il est peu probable qu'il
intervienne personnellement dans ce sens.
LA GREFFE ANIMALE
LE NEZ D'UN IOTA IRE
Un accident à l'Exposition. — Le cas du
jeune Schill. — Une audacieuse opé-
ration.—Dévouement maternel.
— Dentistes et charlatans.-
Greffe osseuse. -
Il n'est personne qui ne connaisse, au
moins pour avoir lu le si fin et si charmant
livre d'About, le Nez d'un notaire, l'existence
de cette opération chirurgicalede la rhino-
plastie, grâce à laquelle ce n'est pas un mal
irrémédiable que d'avoir perdu son nez en
un accident quelconque.
Pareil malheur vous arrive-t-il, en effet,
lé chirurgien vous en refait tout simple-
ment un autre, dont il taille les éléments,
soit dans votre propre individu, soit dans
la substance d'une autre personne, s'il s'en
rencontre toutefois d'assez dévouée pour
vous rendre ce léger service.
En même temps que la cicatrisation se
produit, les tissus étrangers se soudent à
ceux au contact desquels ils ont été mis; il
y a greffe.
Cette question si intéressante et si cu-
rieuse de la greffe des tissus humains, dont
on connait du reste l'existence depuis déjà
fort longtemps, vient de réveiller l'attention
à la suite d'un procès en responsabilité in-
tenté ces temps derniers à M. Gavaux, chef
des ateliers de la Société Gramme, par la
famille Schill, dont un des enfants eut le
crâne perforé par la chute d'un cendrier
tombé d'une lampe électrique dans la gale-
rie des ùlachines, à l'Exposition.
',' Le crâne troué
C'est le 19 mai, vers dix heures du soir,
que Paccidènf eut 4ieu, M. et Mme Schill
avaient ramené à leur domiciJe, rue de
Chabrol, leur fils agonisant, et les médecins
appelés en toute hâte désespéraient de son
existence. Cependant, vers deux heures du
matin, le docteur Terrillon, chirurgien des
hôpitaux, que l'on était allé quérir, arriva
et examina le blessé qui n'avait point encore
repris connaissance.
Le crâne était brisé entre le pariétal et
l'occipital, un peu au-dessus de l'origine
des centres moteurs, et sur une surface
d'environ sept centimètres carrés.
Les méninges étaient rompues, la subs-
tance cérébrale s'échappait par leur ou-
verture, et il fallut, après que la plaie eut
été débarrassée des nombreuses esquilles
provenant du bris du crâne, enlever envi-
ron la valeur d'une noix de la substance
cérébrale. Alors seulement, l'on put opérer
un premier pansement.
L'état du blessé
Deux jours ensuite, l'enfant reprenait
connaissance. A ce moment, la substance
cérébrale s'était épanchée au dehors du
crâne, faisant une hernie d'environ la gros-
seur du poing, hernie dans laquelle ne
tarda pas a se déclarer un abcès.
En même temps, durant plusieurs jours,
le patient présenta des alternatives de bien
et de mal, notamment des symptômes pas-
sagers de paralysie du bras et d'aphasie,
symptômes qui disparurent seulement après
l'ouverture de l'abcès.
Cependant, à la surface de la hernie cé-
rébrale s'était formée une serie de pe-
tits bourgeons cicatriciels qui ne pouvaient
du reste amener la cicatrisation de la plaie
en l'absence de tissu épidermique exis-
tant.
L'opération de la greffe était indiquée.
L'opération
Avec un courage et un dévouement au-
dessus de tout éloge, la mère de l'enfant
offrit aussitôt son bras, dans lequel, suc-
cessivement, M. le docteur Terillon dé-
coupa une série "de petits morceaux de
peau, — greffes épidermiques, — qui furent
répartis sur les divers bourgeons cicatri-
ciels.
Dès lors, la réfection des tissus se fit
rapidement, et, trois mois après l'accident,
la guérison était complète. Il n'est resté au
blessé que de faibles troubles cérébraux
et notamment un peu de paresse intellec-
tuelle.
Du reste, la hernie de matière cérébrale a
complètement disparu, partie par affaisse-
ment, partie par contraction des tissus.
Quant à la substance osseuse brisée, elle
ne pouvait se rétablir, et, pour protéger le
cerveau, l'on a dû placer, à la surface du
crâne, au point blessé, un opercule protec-
teur.
Telle est, très fidèlement rapportée, l'his-
toire de cette cure véritablement extraor-
dinaire et dont le succès est uniquement dû
à l'opération de la greffe animale.
La greffe des dents
Du reste, cette opération de la greffe ani-
male n'est point précisément toute nou-
velle, et elle s'effectue par des procédés très
divers.
L'une de ses formes les plus anciennes
est celle de la greffe dentaire, c'est-à-dire
du remplacement d'une dent malade par
une dent saine empruntée à une autre per-
sonne.
En 1631, Ambroise Paré la pratiquait, et
au siècle dernier, c'était à Londres une
opération courante.
On cite, en effet, un certain chirurgien
dentiste, Paul Euralius Jullion, sur les re-
gistres duquel on a trouvé la mention d'une
somme de 130 francs reçue pour la trans-
plantation de plusieurs dents vivantes.
Rats à trompe et coqs à dents
Un autre praticien, John Hunter, a encore
annoncé avoir greffé avec succès des dents
humaines saines dans des crètes de coq.
Cette opération rappelle celle que certains
industriels forains pratiquent sur les rats,
qu'ils transforment en proboscidiens par la
transplantation de leur appendice caudal
sur leur appendice nasal.
Multiples formes de la greffe
De nos jours, les formes de la greffe ani-
male sont des plus diverses; tantôt elle
prend le nom de rhinoplastie (réfection du
nez), tantôt celui de cheitoplastie (réfection
des lèvres, dans le cas du bec-de-lièvre),etc.
Nos chirurgiens ne connaissent plus
d'obstacle en semblable matière ; ils refont
les paupières, et jusqu'à l'iris de l'œil, ain-
si que l'a prouvé M. Masse, professeur à la
Faculté de médecine de Bordeaux, expéri-
mentant sur des lapins, a greffé avec suc-
cès, dans la chambre antérieure de l'œil,
des greffes prises sur la cornée.
Enfin, ce sont les os eux-mêmes, tibias
ou fémurs, qu'ils se chargent de reconsti-
tuer en certaines circonstances par cette
opération.
M. Poncet, professeur à la Faculté de
médecine de Lyon, recommande en effet,
dans le cas de pertes importantes de la
substance du squelette, pertes soit trau-
matiques, soit spontanées, devant compro-
mettre l'usage d'un membre, d'essayer
comme moyen thérapeutique la greffe os-
seuse.
Les fragments destinés à fournir des cen-
tres d'ossification doivent être fort petits —
de 8 à 10 millimètres de long sur 3 à A d'é-
paisseur -.pris dans les parties du sque-
lette où l'ossification est la plus active pos-
sible, et être pourvus de périoste.
Enfin, autre recommandation, il est bon
d'utiliser pour ces greffes le squelette, —
plus tendre, — des nouveau-nés.
La prescription difficile
Cette dernière prescription n'est guère
commode à observer, et si, pour réparer
les membres brisés, il fallait de toute né-
cessité vivisecter les enfants en bas âge, il
est probable que le nombre des estropiés
ne tarderait pas à s'accroître en de nota-
bles proportions.
Heureusement, il est avec la chirurgie
comme avec le ciel des accommodements.
A défaut d'enfants, l'on peut encore s'a-
dresser à de jeunes animaux. Les résultats
sont les mêmes.
Et voici comment et pourquoi l'on ne peut
jamais dire de son prochain, alors qu'on le
rencontre dans la rue, qu'il ne possède
point une cuisse de lapin ou une jambe d'a-
gneau.
La science du scalpel, on le voit, a comme
toute chose, ses côtés de gaieté et d'aimable
fantaisie, et c'est bien à juste titre que l'on
peut, en parlant d'elle, rappeler le mot des
anciens : Utile dulci.
UNE FAILLITE ORIGINALE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vienne, 15 février.
Le célébré serrurier de la cour d'Autriche,
Albert Milde, a dû déposer son bilan. Le pas-
sif-relève à plus de deux millions de francs.
L'émotion est très grande, Albert Milde jouis-
sant d'une grande popularité parmi les Vien-
nois. - -
_-.-.
SAINT-CHARLEWÂGWE ', -,
LE BANQUET ANNUEL
« Redivivus ». — Le banquet des élèves.
— Le banquet des professeurs. —
L'invocation au patron des
écoles.
La Saint-Charlemagne, qui avait failli
disparaître l'an dernier, a retrouvé hier un
regain de la bonne humeur et de la gaieté
d'autrefois. Les élèves ont fêté avec beau-
coup d'entrain la dinde classique et le
Champagne qu'on leur versait avec. ou
plutôt non, sans abondance. Cette solennité
scolaire n'est pas seulement, on le sait, la
fête de l'estomac, mais aussi celle de l'in-
telligence, puisque l'on n'admet au banquet
que ceux qui ont été les premiers dans
leurs classes. Aussi s'en est-on donné à
cœur joie, en se promettant d'être fidèle au
rendez-vous de l'année prochaine, selon le
conseil d'un poète aussi peu connu que
digne de l'être :
A de pareils festins on marque sa serviette 1
Le banquet des professeurs n'a pas été
moins animé partout. Après un an de jeûne,
on était heureux de se retrouver et de se
prouver que ni l'appétit ni l'esprit n'en
avaient trop souffert.
Au lycée Charlemagne
Au lycée Charlemagne notamment, parmi
les anciens professeurs ou élèves invités,
figuraient MM. Rabier, directeur de l'ensei-
gnement secondaire, Cavaignac, Léon Bour-
geois, députés, Eugène Manuel, inspecteur
général, Boissier, de l'Académie française,
Delpech, chef de cabinet du ministre des
affaires étrangères, E. Chasles, Léon Ro-
bert, Zeller, etc.
bert, l'allocution de M. le proviseur, qui re-
A
merciait le ministre et ses conseillers d'a-
voir rendu son ancien lustre à cette fête
universitaire, M. Rabier a répondu avec
beaucoup de verve qu'il comptait sur des
fêtes de ce genre pour resserrer entre tous
les fonctionnaires d'un même établisse-
ment ces liens de solidarité nécessaires à la
prospérité et aux progrès de l'éducation et
des études.
Un peu de poésie
Il n'est pas de bonne fête sans poésie, et
le lycée Charlemagne a la bonne fortune de
compter parmi ses professeurs M. F. Fabié,
qui, par une piquante rencontre, avait, il y
a deux ans, prononcé l'oraison funèbre de
la solennité défunte. Il a fait sa palinodie et
a entonné son « chant de Pâques » avec
beaucoup de bonne grâce. Il s'est réjoui
d'avoir été si mauvais prophète :
J'aurais bien dû penser qu'un saint si popu-
Si grand, si beau, si couronné, j laire,
Le plus brillant du ciel scolaire,
Ne pouvait être détrôné
Par un budget boiteux qui se met en colère.
Et il a terminé par l'invocation accou-
tumée au grand patron des écoles :
Viens à notre aide, ô Charlemagne ;
De plus en plus l'ennui nous gagne
Et fait encor plus soucieux
Le front des jeunes que des vieux.
On récolte ce que l'on sème,
Dit un proverbe. Eh ! non, c'est faux 1
{L'Université, qui les aime,
Verse à tous les jeunes cerveaux
Le vrai savoir — toujours le même;
Puis leur troupe en tous lieux essaime,
Et voilà des hommes nouveaux.
Eh bien ! la plupart sont moroses,
Hantés de spleens et de névroses,
i; Niant les fleurs en plein printemps
Et caducs de cœur à vingt ans\
Prends pitié du temps ou nous sommes
Et surtout des jours à venir,
Saint immortel, viens rajeunir
Ceux qui seront bientôt des hommesl.
Oui, rends-nous le rire et la joie,
Empêche-nous d'être la proie
De tous les diables, noirs et gris,
Qui s'emparent de tant d'esprits !
Foin des pleurards, des pessimistes
Et des prophètes jérémistes,
Des décadents, des suggestifs
Et même des intuitifs,
— Tous quelquefois, souvent fumistes,
Et toujours peu récréatifsI
Exterminateurs des Awares,
Des Sàrrazins et des Saxons,
Sus à ces raffinés barbares 1
Sauve le français des jargons
Sauve surtout l'âme de France,
Autrefois pleine de chansons,
De la morne désespérance
Et de l'ombre où nous enfonçons!
Aux flancs de la borde ennuyeuse
Pousse ton vaillant destrier
Et te souvienne, ô saint iuerrierl
Que ton épée a nom Joyeuse.
Inutile d'ajouter que des vivats enthou-
siastes ont salué ces souhaits si généreux et
si français. Voilà Charlemagne remis en
selle pour plusieurs sénératiQDS
CHRONIQUE
S'il est une question grave, une ques-
tion poignante, c'est assurément celle de
la répression de l'enfance coupable. De la
nature de cette répression dépend toute
une destinée. L'enfant, après la faute qui
l'a mis entre les mains de la justice, se
trouve à une heure décisive de sa vie ; le
traitement auquel il va être soumis amè-
nera son salut ou relèvement moral, ou
causera sa perte définitive. C'est la pé-
riode capitale pour lui.
Un travail important de M. Guillot sur
les prisons de Paris vient de remettre sur
le tapis la très sérieuse discussion des
modes les plus effectifs, non pas seule-
ment de punition, mais d'amélioration
des natures rebelles, viciées, perverties.
Les fonctions de juge d'instruction de M.
Guillot lui permettent de parler en toute
connaissance de cause; il apporte dans
ses études du monde criminel un esprit
philosophique et de la pitié, et rien ne
caractérise mieux ses tendances que le
titre général qu'il a donné à ses enquêtes
sur les bas-fonds de la société : « Paris
qui souffre. » Il ne fait pas de sentimen-
talité, il est fort éloigné des théories qui
excusent les coupables en plaidant leur
inconscience; il croit, au contraire, à leur
responsabilité, mais il voit aussi en eux
dès malheureux, et il se préoccupe de
l'efficacité du châtiment. Ce n'est pas as-
sez, assuréinent,que le châtiment mette un
être malfaisant hors d'état de faire le mal;
les conceptions modernes, s'élevant plus
haut, veulent que la peine soit, en même
temps, un moyen de perfectionnement.
C'est surtout en ce qui concerne
l'enfance que ce souci s'impose. Hélas !
malgré des progrès accomplis depuis
quelques années, que de choses restent à
faire dans 6êJS £ ns !
Quelle que soit fa modération du lan-
gage de M. Guillot, il ne craiût pa§k4e
dire que la prison des Jeunes-Détenus
est, en notre époque, une sorte de mons-
truosité. C'est que, en effet, elle punit
mais elle ne corrige guère.. A de rares
exceptions près, l'enfant en sort plus cor-
rompu qu'il n'était en y entrant et, pour
ainsi parler, fatalement destiné au mal.
Les efforts les mieux intentionnés du
directeur et de ses auxiliaires sont im-
puissants ; c'est le système qui est mau-
vais et qu'il faut changer. Le système
pénal pratiqué à la Petite-Roquette a in-
contestablement une action directe sur
l'accroissement de la criminalité chez les
jeunes gens. « J'ai été à la Petite-Ro-
quette, disait dans ses réponses au juge
d'instruction un assassin qui devait être
condamné à mort : ce n'est pas là qu'on
se purifie, allez ! »
Au reste, l'enfant arrive déjà aux Jeu-
nes-Détenus contaminé par son séjour au
Dépôt. Et c'est là la plus urgente des ré-
formes à.opérer. Entassés dans une salle
pendant plusieurs jours, ces gamins ra-
massés par la police ont là tout le temps,
dans l'oisiveté de l'attente, de s'initier les
uns les autres à toutes les roueries, de
faire leur éducation de prisonniers, d'ap-
prendre tous les moyens de tromper la
surveillance. Les mauvaises semences sont
là vite fécondées, et d'une manière ineffa-
çable. Ils respirent un air pestilentiel qui
les gangrène à jamais. Il ne peut rien y
avoir de plus déplorable que ce séjour
dans ce lieu d'inévitable perdition. Une
semaine passée au Dépôt peut rendre
vaine toute tentative d'amélioration plus
tard.
Comment n'a-t-on pas encore réussi à
modifier les conditions dans lesquelles se
trouve l'enfant après son arrestation ? De
pauvres petits bohèmes, qui ne portaient
point en eux de mauvais instincts, sont
confondus avec des chenapans incorrigi-
bles et subissent la contagion. Il est in-
dispensable qu'on porte au plus tôt re-
mède à cet état de choses.
Le régime cellulaire de la prison des
Jeunes-Détenus avait paru, jadis, le meil-
leur système de correction. L'expérience
a prouvé qu'on s'était fait bien des illu-
sions sur son efficacité. Il pousse l'enfant
à un esprit d'obstination et de révolte, il
le laisse à ses rêveries mauvaises, dans là
tristesse de son isolement.Le sombre décor
qu'il a sous les yeux l'entretient dans des
dispositions farouches ; toute son imagi-
nation ne s'exerce que sur les moyens de
rendre les précautions illusoires, de com-
muniquer avec ses voisins de cellule, et
il arrive à une habileté extraordinaire pour
entretenir des relations avec eux. Ceux
qui ont fini leur peine emportent toujours
de leurs camarades des commissions qui
attestent que la docilité obtenue n'est que
de la sournoiserie.
Le triste spectacle que celui de la classe
faite à ces jeunes prisonniers ! Ils sont en-
fermés dans des sortes de boîtes disposées
de telle sorte qu'ils ne peuvent pas s'aper-
cevoir. On s'est donné bien du mal pour
arriver à cette disposition compliquée et
cruelle. Un peu de soleil, d'air, de lu-
mière, vaudrait mieux que tous ces raffi-
nements de captivité. Non! l'enfant n'a
rien à gagner à être mis en cage (et là,
l'expression peut n'être pas prise au fi-
guré), et cette conception de l'encellule-
ment, qui avait semblé un progrès, n'ap-
parait aujourd'hui que comme un traite-
ment barbare, qui va précisément contre
le but proposé d'amender les natures per-
verses. Ceux qui voient les choses de près
le savent bien.
M. Guillot s'élève, avec une généreuse
raison, contre les punitions employées à
la Petite-Roquette, d'une inutile rigueur.
Le directeur doit bien appliquer les rè-
glements, mais ces règlements n'aboutis-
sent à rien de bon.
Pour les infractions à la discipline, les
jeunes prisonniers sont conduits dans un
cachot où on fait soigneusement l'obscu-
rité. L'enfant reste dans h nuit, couché
sur sa paillasse, livré à lui-même, n'ayant
rien autre chose à faire que de rouler dans
son esprit ses pensées haineuses. Et ce
châtiment dure parfois quinze jours!
Comment croire qu'il puisse exercer. sur
le détenu, condamné à l'inaction, une in-
fluence utile ? Sans doute, il peut le ter-
rasser passagèrement, l'assouplir, mais
en apparence seulement. En réalité, il
l'exaspère, il l'endurcit dans ses ré-
flexions mauvaises. Les corrections cor-
porelles sont depuis longtemps sup-
primées : or, cette privation de mouve-
ment, cette privation de lumière est-elle
autre chose qu'une punition corporelle ?
Elle a une férocité absurde, il faut dire le
mot, elle ne peut servir à rien. Pour l'en-
fant, la solitude est la pire conseillère.
Les règlements ne tiennent pas compte
non plus que, avec l'enfance, il n'y a pas
de système de répression absolu. Ce qui
réussit avec les uns déchaîne, au con-
traire, la nature des autres. Mais,de tou-
tes les imaginations que l'on a eues pour
punir, celle qui consiste à faire la nuit
autour de l'enfant est la plus funeste. En
lui retirant la lumière, on ferme aussi
son âme à une autre clarté. Ce sont là de
vieux errements contre lesquels on ne
saurait trop protester.
La guérison morale de l'enfant doit se
faire, non dans une prison, mais au grand
air. Malheureusement, les colonies péni-
tentiaires agricoles, qui, elles, arrivent
souvent à de décisifs résultats, n'exis-
tent encore que pour les longues peines,
de sorte qu'il est permis de dire,sans para-
doxe,que ce qui peut arriver de meilleur,
actuellement, à un enfant coupable, c'est
d'être condamné pour plusieurs années,
et non à subir seulement une détention
limitée. Son salut est peut-être dans un
rude et sain apprentissage, en pleine cam-
pagne, tandis que la prison fera de lui,
plus tard, presque nécessairement un
malfaiteur.
La prison pour les enfants est une er-
reur, un contre-sens, voilà ce qu'il faut
proclamer. Elle ne fait que les irriter et
les dégrader, et le résulta.. est là," vrai-
ment pt'n fait pour encourager à pour-
suivre le système -actuel. La plupart
des repris de justice, des incorri-
gibles des maisons centrales ou "dl!.
bagne, ont passé par la Petite-Roquette,
« qui semble être entretenue comme une
pépinière de criminels ». Le mot est de
M. Guillot, qui sait à quoi s'en tenir,
d'après ses interrogatoires lui révélant
les antécédents des bandits de toute sorte
auxquels il a affaire. Ce n'est pas entre
les quatre murs d'un cachot, au fond
d'une prison de Paris, qu'on peut espérer
que l'enfant s'amendera ; mais dans un
fortifiant travail, en pleins champs ou
sur mer, sous le clair soleil qu'on n'a pas
le droit de refuser à des êtres aussi jeunes,
même s'ils ont mal commencé leur vie.
* Paul Ginisty.
Le « XIXe Siècle D publiera demain 1%
a Chronique » par M. Francisque Sarcey.
LE
CABRIOLET DE M. THOREL
L'évasion de Louis Napoléon de Ham.
- Un fidèle serviteur et un bon
cabriolet. — Mort d'un
complice.
Une dépêche de Rouen nous a fait sàvoir
hier la mort d'un homme qui joua un rôle
dans l'évasion de Napoléon III, du fort de
Ham, M. Charles Thorel.
M. Thorel racontait volontiers que c'est
dans sa voiture que Louis-Napoléon s'était
évadé et avait gagné la frontière belge. Il
était alors commis-voyageur et parcourait
les départements de la Somme et du Pas-
de-Calais dans un petit cabriolet. Selon les
uns, c'est par hasard, selon les autres, par
connivence,qu'il coopéra à l'évasion du pré-
tendant.
Ce qu'il y a de certain, c'est que le Stft mai
18A6, la veille de cette évasion si habilement
préparée par le docteur Conneau et par
Charles Thélin, le fidèle serviteur du prin-
ce, M. Thorel reçut dans la soirée la visite
de Charles Thélin, qu'il connaissait pour
lui avoir vendu divers objets, et lui louait
son cabriolât pour toute la journée du len-
demain, Thélin ayant besoin, disait-il, de
faire une course dans les environs de
Ham. Il fut convenu, moyennant un prix
d'ailleurs minime, que le cabriolet serait
mis à la disposition du domestique.
L'évasion et le cabriolet
On connaît les détails de l'évasion : les
moustaches du prince coupées, la blouse
bleue, le pantalon sale et usé, la perruque
noire à cheveux longs et la mauvaise cas-
quette. Ainsi vêtu, les mains et le visage
brunis par la peinture, le prince chaussa
des sabots, plaça dans sa bouche une pipe
en terre, et, l'épaule chargée d'une planche,
se mit en devoir de sortir, pendant que
Thélin essayait de détourner l'attention des
gardiens, des ouvriers et des soldats de la
citadelle.
Le succès fut complet. Personne ne re-
connut le prétendant. « Tiens, c'est Ber-
thon ! w dirent deux ouvriers qui l'avaient
rencontré. La dernière issue franchie, Thé-
lin courut chercher à Ham le cabriolet loué
par lui fa veille à M. Thorel, tandis que le
prince, toujours chargé de sa planche, se
dirigeait vers la graud'route de Saint-
Quentin. Il v était a peine arrivé que le
roulement d une voiture l'avertit du retour
de son serviteur. Il s'élança dans le cabrio-
let de M. Thorel, secoua la poussière qui le
couvrait et, pour se donner l'air d'un co«
cher, prit les rênes et le fouet. A deux heures un quart, les deux fugi-
tifs entraient à Valenciennes, et à quatre
heures le convoi de Bruxelles les entraînait
vers la liberté.
On ne connut au château de Ham l'éva-
sion que vers huit heures du soir.
Devenu empereur, Napoléon n'oublia pas
M. Thorel. Il le nomma chevalier de la Lé-
gion d'honneur.
Revenu à Rouen, M. Thorel, qui était né-
gociant, fut candidat officiel et élu conseU.
1er général pour le canton de Grand-Cou-
ronne. Il siégea jusque vers 1860.
M. Thorel avait jsoixaate-dix-huit ans. '-
LUNDI 17 Fil
t r :', J YÏY* CKlTI F
i1: A1A û il JEi u 11 Cl
JOURNAL REPUBLICAIN -.
! RÉDACTION
Il 46, Rue Montm artre
* PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
A. - EDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Ptrls ïr«iMit, 6L; iiium, 11L; baa, 201
Départements - 71; - 12 1.; — 24 L
Union Postale - 91; - 161; — 321
abonnement» partent des 1" et 15 de chaque Mail.
Adresse télégraphique : XIX- SIÈCLE — PAM
ADMINISTRAT^
143. Rue Mont
PARIS
BÉGISSEURS D'AIUOIIC
MM. LAG RANGE, CE Ri
e, place de ta Bour»o, 6
PRIX DE L'ABONNERENT :
Paris fois MÛ, 6 f.; Six a»», 11 L; et:1
Départements — 7L; — 12 L; -
Union Postale — 9f.; — 161.; — S
Let abonnements partent des 1*' et 15 de chaque mq
Adresse télégraphique : XIX* SIÈCLE - PARIS
- LA CHIRURGIE
T LA GREFFE ANIMALE
; LA SAINT-CHARLEMAGNE
i L'AFFAIRE GOUFFÉ
tE KRACH DES HUILES
LE DISCOURS
DE GUILLAUME II
L'empereur Guillaume n'a pas perdu
dè temps. C'est le 5 de ce mois que le
Moniteur de l'Empire publiait les res-
crits concernant les mesures à pren-
dre pour" mieux régler les conditions
des classes ouvrières», et moins de dix
jours plus tard, le conseil d'Etat, com-
plété dans l'intervalle, se réunissait
pour entendre les intentions du sou-
verain et recevoir divers projets qui
devront être étudiés avant d'être sou-
mis au pouvoir législatif. Le zèle de
Guillaume II pour l'amélioration de la
condition des ouvriers ne saurait être
mis en doute. Il est même si grand
qu'il ne se borne pas à l'Allemagne et
que l'empereur a pris l'initiative d'une
conférence internationale sur les ques-
tions relatives au travail. Néanmoins,
la rapidité avec laquelle il passe des
paroles à un commencement d'exécu-
tion ressemble presque à de la préci-
pitation, et il n'est pas invraisembla-
ble de supposer que la proximité des
élections législatives, lesquelles au-
ront lieu le S0 février, n'y est pas ab-
solument étrangère.
Dans le discours par lequel l'empe-
reur a ouvert la session du conseil
d'Etat, il n'est question que des réfor-
mes indiquées dans le rescrit au mi-
nistre du commerce et de l'indus-
trie , qui sont essentiellement du
ressort de la législation intérieure. Il
ne pouvait y être question des mesu-
res d'ordre international qui faisaient
l'objet du rescrit au prince de Bis-
marck, car le conseil d'Etat est une
institution prussienne et non pas im-
périal. Cette circonstance est à no-
ter, car si l'on n'en tenait pas compte,
on pourrait interpréter dans le sens
d'une restriction la stricte limitation
des questions proposées par l'empe-
reur à l'activité du conseil d'Etat.
Ce n'est certes pas que ce program-
me, même limité, manque encore
d'ampleur, puisqu'il comporte tout
d'abord « la protection à accorder
aux ouvriers contre l'exploitation ar-
bitraire et sans limites des forces du
travail, les restrictions à apporter au
travail des enfants, en prenant en
considération les principes humani-
taires et les lois de développement natu-
relles,en prenant aussi en considération
la situation importante de la femme
dans la famille au point de vue moral
et économique, aussi bien que le mé-
nage de l'ouvrier, et d'autres questions
intéressant les classes ouvrières »; et
que l'empereur recommande en outre
aux ci hommes compétents » d'exami-
ner jusqu'à quelles limites l'industrie
nationale peut ci supporter une sur-
charge des frais de production résul-
tant de prescriptions plus rigoureuses
en faveur des ouvriers, sans que l'acti-
vité rémunératrice des travailleurs en
soit restreinte par suite de la concur-
rence sur le marché international. »
L'œuvre dont le conseil d'Etat se
trouve chargé est fort délicate, car, à
l'intérieur,, flrs^àgit à la fois de donner
quelque-satisfaction aux socialistes et
de méftâger les intérêts des industriels,
et il est non moins évident qu'il existe
un lien eit7re la solution que ces ques-
tions recevront en Prusse et l'entente
internationale dont l'empereur a pris
l'initiative. L'empereur a insisté lui-mê-
me sur cette corrélation et il ne pa-
raît pas mettre en doute que les puis-
sances seconderont son initiative. Il ne
nous appartient pas dé pré juger la, ré-
ponse des puissances, bien qu'elles pa-
raissent au moins peu empressées de
prendre un parti; mais il nous semble
que l'empereur Guillaume prend, en
cette matière, beaucoup d'initiative
et qu'il complique à plaisir les difficul-
tés de sa tâche. Si une entente inter-
nationale doit s'établir, il semblait na-
turel que la conférence projetée déter-
minât elle-même dans quelles condi-
tions l'accord peut se faire, et que, par
conséquent, elle ne se trouvât gênée
par les actes déjà accomplis d'aucun
des membres de la conférence. En in-
tervertissant cet ordre de choses, l'em-
pereur Guillaume semble inviter seu-
lement les autres Etats à appliquer
une législation élaborée à Berlin. Tout
le monde ne sera peut-être pas très
pressé d'accomplir cet acte de défé-
rence..
De même, au point de vue intérieur,
la composition du conseil d'Etat ne
peut donner de grandes espérances ]
aux socialistes ou simplement aux ou-
vriers. Les nouvelles nominations
n'ont fait que renforcer la catégorie
des grands industriels. On n'y compte,
comme personnalités indépendantes,
que deux députés du Centre. Les ou-
vriers ont vainement demandé d'y
avoir un représentant, et les progres-
sistes, les économistes qui ont créé le
« socialisme de la chaire », en sont
tous tenus à l'écart. Il n'est pas jus-
qu'au choix même des rapporteurs,
dont l'un est un national-libéral,
M. Miquel, et l'autre le fondé de pou-
voirs de M. Krupp, M. Jencke, qui ne
soit de nature à inquiéter les masses
ouvrières, car il est certain que ces
hommes ne sont pas de ceux desquels
les socialistes puissent attendre la réa-
lisation de leurs desiderata. Il est vrai
que l'empereur leur demande moins
leur avis sur le programme qu'il a
adopté que sur les moyens de le mettre
à exécution. Mais même avec cette res-
triction, il y a encore de quoi justifier
l'inquiétude des socialistes.
CONVOCATION D'ÉLECTEURS
Les électeurs de la première circonscription
de l'arrondissement de Fonteoay-Ie-Comte
(Vendre) sont convoqués pour le 9 mars pro-
chain, à l'effet d'élire un député, par suite de
l'invalidation de M. Sabouraud, réaction-
naire.
'- LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
D'AUJOURD'HUI
Invalidations et décès
Neuf élections législatives ont lieu au-
jourd'hui.
A Paris :
Dans la Ire circonscription du 5a arron-
dissement, par suite del'invalidation de M.
Naquet;
Dans la e circonscription du 136 arron-
dissement, par suite de l'invalidation de M.
Paulin Méry.
Dans les première, deuxième et troisième
circonscriptions de l'arrondissement de
Saint-Denis, par suite de l'invalidation de
MM. Revest, Goussot et Laur.
Dans la première circonscription de l'ar-
rondissement de Sceaux, par suite de l'in-
validation de M. de Belleval.
Et dans les département :
Dans l'arrondissement de Mantes (Seine-
et-Oise) en remplacement de M. Lebaudy,
décédé.
Dans l'arrondissement de Castelsarrazin
(Tarn-et-Garonne), en remplacement de M.
Lasserre, décédé.
Dans l'arrondissement d'Ajaccio,par suite
de l'invalidation de M le comte Multedo.
EN ALSACE-LORRAINE
Condamnés pour avoir chanté la
« Marseillaise »
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belfort, 15 février.
Dans son audience d'aujourd'hui, le tri-
bunal correctionnel de Mulhouse a infligé
quarante jours de prison au nommé Ignace
Christin, pour avoir chanté la Marseillaise
et crié : « Vive la France ! » à Altkirch.
Le tribunal des échevins de Mulhouse a
infligé quinze jours de prison au nommé
Wunenburger pour les mêmes motifs.
L'ÉVASION DE MARTIN MULLER
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Stuttgart, 15 février.
Martin Muller, l'auteur de l'attentat contre
le prince héritier de Wurtemberg, déclaré fou
par les aliénistes, a tenté hier de s'évader pen-
dant le transfert de la prison à l'hôpital.
Les gendarmes l'ont arrêté.
Il a été pris d'un accès de folie furieuse dès
son internement.
DÉCOUVERTE D'ANTIQUITÉS
Tombeàux et ossements. — Pièces de
monnaie.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Cannes, 15 février.
Une trouvaille vient d'être faite dans un
terrain appartenant à M. Léandre Amie. En
défonçant la terre pour planter des vignes,
on a mis à découvert de vieux tombeaux
et des ossements humains bien conservés,
ainsi que de très belles urnes funéraires en
poterie et diverses pièces de monnaie très
anciennes. Quelques-unes de ces dernières
datent de l'empereur Commode, qui régna
en l'an 185 de notre ère.
Les amateurs d'antiquités ont de quoi
satisfaire leur curiosité.
UN DUC DE LUYNES
Le favori de Louis XIII
[Un de nos lecteurs nous adresse la note
suivante : ]
On tarie beaucoup, ces jours-ci, du duc
de Luynes ; personne n'a songé à rappeler
qu'un tfeul de l'ami du duc d'Orléans,
Charles le Luynes, a été page de Henri IV,
dont le fils du comte de Paris se déclare le
petit-fils.
AD'abord page, puis attaché à la personne
du\àauphki (Louis XIII) Charles de Luynes
sut gagner la faveur du prince en lui ap-
prenant à dresser des pies-grièches.
C'est sur ses conseils et à la suite de ses
intrigues que Louis XIII exila sa mère,
Marie de Médicis, veuve de Henri IV.
Tout cela n'apprend peut-être pas grand'
chose, mais il m'a paru intéressant de vous
le rappeler.
LE DIVORCE
DU GÉNÉRAL BOULANGER
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 15 février.
Vous pouvez démentir la nouvelle, publiée
par un journal italien, que M. Denis Guibert
se serait rendu au Vatican chargé d'une mis-
sion auprès du pape pour obtenir le divorce
religieux du général Boulanger.
Un avocat consistorial a assuré que le pro-
cès en divorce intenté par le général à Mme
Boulanger a été déjà jugé par la congrégation
du concile, qui s'est prononcée contre l'annu-
lation du mariage. -
Cette sentence est sans appel. Le pape, ce-
pendant, pourrait annuler le jugement de la
congrégation. Mais il est peu probable qu'il
intervienne personnellement dans ce sens.
LA GREFFE ANIMALE
LE NEZ D'UN IOTA IRE
Un accident à l'Exposition. — Le cas du
jeune Schill. — Une audacieuse opé-
ration.—Dévouement maternel.
— Dentistes et charlatans.-
Greffe osseuse. -
Il n'est personne qui ne connaisse, au
moins pour avoir lu le si fin et si charmant
livre d'About, le Nez d'un notaire, l'existence
de cette opération chirurgicalede la rhino-
plastie, grâce à laquelle ce n'est pas un mal
irrémédiable que d'avoir perdu son nez en
un accident quelconque.
Pareil malheur vous arrive-t-il, en effet,
lé chirurgien vous en refait tout simple-
ment un autre, dont il taille les éléments,
soit dans votre propre individu, soit dans
la substance d'une autre personne, s'il s'en
rencontre toutefois d'assez dévouée pour
vous rendre ce léger service.
En même temps que la cicatrisation se
produit, les tissus étrangers se soudent à
ceux au contact desquels ils ont été mis; il
y a greffe.
Cette question si intéressante et si cu-
rieuse de la greffe des tissus humains, dont
on connait du reste l'existence depuis déjà
fort longtemps, vient de réveiller l'attention
à la suite d'un procès en responsabilité in-
tenté ces temps derniers à M. Gavaux, chef
des ateliers de la Société Gramme, par la
famille Schill, dont un des enfants eut le
crâne perforé par la chute d'un cendrier
tombé d'une lampe électrique dans la gale-
rie des ùlachines, à l'Exposition.
',' Le crâne troué
C'est le 19 mai, vers dix heures du soir,
que Paccidènf eut 4ieu, M. et Mme Schill
avaient ramené à leur domiciJe, rue de
Chabrol, leur fils agonisant, et les médecins
appelés en toute hâte désespéraient de son
existence. Cependant, vers deux heures du
matin, le docteur Terrillon, chirurgien des
hôpitaux, que l'on était allé quérir, arriva
et examina le blessé qui n'avait point encore
repris connaissance.
Le crâne était brisé entre le pariétal et
l'occipital, un peu au-dessus de l'origine
des centres moteurs, et sur une surface
d'environ sept centimètres carrés.
Les méninges étaient rompues, la subs-
tance cérébrale s'échappait par leur ou-
verture, et il fallut, après que la plaie eut
été débarrassée des nombreuses esquilles
provenant du bris du crâne, enlever envi-
ron la valeur d'une noix de la substance
cérébrale. Alors seulement, l'on put opérer
un premier pansement.
L'état du blessé
Deux jours ensuite, l'enfant reprenait
connaissance. A ce moment, la substance
cérébrale s'était épanchée au dehors du
crâne, faisant une hernie d'environ la gros-
seur du poing, hernie dans laquelle ne
tarda pas a se déclarer un abcès.
En même temps, durant plusieurs jours,
le patient présenta des alternatives de bien
et de mal, notamment des symptômes pas-
sagers de paralysie du bras et d'aphasie,
symptômes qui disparurent seulement après
l'ouverture de l'abcès.
Cependant, à la surface de la hernie cé-
rébrale s'était formée une serie de pe-
tits bourgeons cicatriciels qui ne pouvaient
du reste amener la cicatrisation de la plaie
en l'absence de tissu épidermique exis-
tant.
L'opération de la greffe était indiquée.
L'opération
Avec un courage et un dévouement au-
dessus de tout éloge, la mère de l'enfant
offrit aussitôt son bras, dans lequel, suc-
cessivement, M. le docteur Terillon dé-
coupa une série "de petits morceaux de
peau, — greffes épidermiques, — qui furent
répartis sur les divers bourgeons cicatri-
ciels.
Dès lors, la réfection des tissus se fit
rapidement, et, trois mois après l'accident,
la guérison était complète. Il n'est resté au
blessé que de faibles troubles cérébraux
et notamment un peu de paresse intellec-
tuelle.
Du reste, la hernie de matière cérébrale a
complètement disparu, partie par affaisse-
ment, partie par contraction des tissus.
Quant à la substance osseuse brisée, elle
ne pouvait se rétablir, et, pour protéger le
cerveau, l'on a dû placer, à la surface du
crâne, au point blessé, un opercule protec-
teur.
Telle est, très fidèlement rapportée, l'his-
toire de cette cure véritablement extraor-
dinaire et dont le succès est uniquement dû
à l'opération de la greffe animale.
La greffe des dents
Du reste, cette opération de la greffe ani-
male n'est point précisément toute nou-
velle, et elle s'effectue par des procédés très
divers.
L'une de ses formes les plus anciennes
est celle de la greffe dentaire, c'est-à-dire
du remplacement d'une dent malade par
une dent saine empruntée à une autre per-
sonne.
En 1631, Ambroise Paré la pratiquait, et
au siècle dernier, c'était à Londres une
opération courante.
On cite, en effet, un certain chirurgien
dentiste, Paul Euralius Jullion, sur les re-
gistres duquel on a trouvé la mention d'une
somme de 130 francs reçue pour la trans-
plantation de plusieurs dents vivantes.
Rats à trompe et coqs à dents
Un autre praticien, John Hunter, a encore
annoncé avoir greffé avec succès des dents
humaines saines dans des crètes de coq.
Cette opération rappelle celle que certains
industriels forains pratiquent sur les rats,
qu'ils transforment en proboscidiens par la
transplantation de leur appendice caudal
sur leur appendice nasal.
Multiples formes de la greffe
De nos jours, les formes de la greffe ani-
male sont des plus diverses; tantôt elle
prend le nom de rhinoplastie (réfection du
nez), tantôt celui de cheitoplastie (réfection
des lèvres, dans le cas du bec-de-lièvre),etc.
Nos chirurgiens ne connaissent plus
d'obstacle en semblable matière ; ils refont
les paupières, et jusqu'à l'iris de l'œil, ain-
si que l'a prouvé M. Masse, professeur à la
Faculté de médecine de Bordeaux, expéri-
mentant sur des lapins, a greffé avec suc-
cès, dans la chambre antérieure de l'œil,
des greffes prises sur la cornée.
Enfin, ce sont les os eux-mêmes, tibias
ou fémurs, qu'ils se chargent de reconsti-
tuer en certaines circonstances par cette
opération.
M. Poncet, professeur à la Faculté de
médecine de Lyon, recommande en effet,
dans le cas de pertes importantes de la
substance du squelette, pertes soit trau-
matiques, soit spontanées, devant compro-
mettre l'usage d'un membre, d'essayer
comme moyen thérapeutique la greffe os-
seuse.
Les fragments destinés à fournir des cen-
tres d'ossification doivent être fort petits —
de 8 à 10 millimètres de long sur 3 à A d'é-
paisseur -.pris dans les parties du sque-
lette où l'ossification est la plus active pos-
sible, et être pourvus de périoste.
Enfin, autre recommandation, il est bon
d'utiliser pour ces greffes le squelette, —
plus tendre, — des nouveau-nés.
La prescription difficile
Cette dernière prescription n'est guère
commode à observer, et si, pour réparer
les membres brisés, il fallait de toute né-
cessité vivisecter les enfants en bas âge, il
est probable que le nombre des estropiés
ne tarderait pas à s'accroître en de nota-
bles proportions.
Heureusement, il est avec la chirurgie
comme avec le ciel des accommodements.
A défaut d'enfants, l'on peut encore s'a-
dresser à de jeunes animaux. Les résultats
sont les mêmes.
Et voici comment et pourquoi l'on ne peut
jamais dire de son prochain, alors qu'on le
rencontre dans la rue, qu'il ne possède
point une cuisse de lapin ou une jambe d'a-
gneau.
La science du scalpel, on le voit, a comme
toute chose, ses côtés de gaieté et d'aimable
fantaisie, et c'est bien à juste titre que l'on
peut, en parlant d'elle, rappeler le mot des
anciens : Utile dulci.
UNE FAILLITE ORIGINALE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vienne, 15 février.
Le célébré serrurier de la cour d'Autriche,
Albert Milde, a dû déposer son bilan. Le pas-
sif-relève à plus de deux millions de francs.
L'émotion est très grande, Albert Milde jouis-
sant d'une grande popularité parmi les Vien-
nois. - -
_-.-.
SAINT-CHARLEWÂGWE ', -,
LE BANQUET ANNUEL
« Redivivus ». — Le banquet des élèves.
— Le banquet des professeurs. —
L'invocation au patron des
écoles.
La Saint-Charlemagne, qui avait failli
disparaître l'an dernier, a retrouvé hier un
regain de la bonne humeur et de la gaieté
d'autrefois. Les élèves ont fêté avec beau-
coup d'entrain la dinde classique et le
Champagne qu'on leur versait avec. ou
plutôt non, sans abondance. Cette solennité
scolaire n'est pas seulement, on le sait, la
fête de l'estomac, mais aussi celle de l'in-
telligence, puisque l'on n'admet au banquet
que ceux qui ont été les premiers dans
leurs classes. Aussi s'en est-on donné à
cœur joie, en se promettant d'être fidèle au
rendez-vous de l'année prochaine, selon le
conseil d'un poète aussi peu connu que
digne de l'être :
A de pareils festins on marque sa serviette 1
Le banquet des professeurs n'a pas été
moins animé partout. Après un an de jeûne,
on était heureux de se retrouver et de se
prouver que ni l'appétit ni l'esprit n'en
avaient trop souffert.
Au lycée Charlemagne
Au lycée Charlemagne notamment, parmi
les anciens professeurs ou élèves invités,
figuraient MM. Rabier, directeur de l'ensei-
gnement secondaire, Cavaignac, Léon Bour-
geois, députés, Eugène Manuel, inspecteur
général, Boissier, de l'Académie française,
Delpech, chef de cabinet du ministre des
affaires étrangères, E. Chasles, Léon Ro-
bert, Zeller, etc.
bert, l'allocution de M. le proviseur, qui re-
A
merciait le ministre et ses conseillers d'a-
voir rendu son ancien lustre à cette fête
universitaire, M. Rabier a répondu avec
beaucoup de verve qu'il comptait sur des
fêtes de ce genre pour resserrer entre tous
les fonctionnaires d'un même établisse-
ment ces liens de solidarité nécessaires à la
prospérité et aux progrès de l'éducation et
des études.
Un peu de poésie
Il n'est pas de bonne fête sans poésie, et
le lycée Charlemagne a la bonne fortune de
compter parmi ses professeurs M. F. Fabié,
qui, par une piquante rencontre, avait, il y
a deux ans, prononcé l'oraison funèbre de
la solennité défunte. Il a fait sa palinodie et
a entonné son « chant de Pâques » avec
beaucoup de bonne grâce. Il s'est réjoui
d'avoir été si mauvais prophète :
J'aurais bien dû penser qu'un saint si popu-
Si grand, si beau, si couronné, j laire,
Le plus brillant du ciel scolaire,
Ne pouvait être détrôné
Par un budget boiteux qui se met en colère.
Et il a terminé par l'invocation accou-
tumée au grand patron des écoles :
Viens à notre aide, ô Charlemagne ;
De plus en plus l'ennui nous gagne
Et fait encor plus soucieux
Le front des jeunes que des vieux.
On récolte ce que l'on sème,
Dit un proverbe. Eh ! non, c'est faux 1
{L'Université, qui les aime,
Verse à tous les jeunes cerveaux
Le vrai savoir — toujours le même;
Puis leur troupe en tous lieux essaime,
Et voilà des hommes nouveaux.
Eh bien ! la plupart sont moroses,
Hantés de spleens et de névroses,
i; Niant les fleurs en plein printemps
Et caducs de cœur à vingt ans\
Prends pitié du temps ou nous sommes
Et surtout des jours à venir,
Saint immortel, viens rajeunir
Ceux qui seront bientôt des hommesl.
Oui, rends-nous le rire et la joie,
Empêche-nous d'être la proie
De tous les diables, noirs et gris,
Qui s'emparent de tant d'esprits !
Foin des pleurards, des pessimistes
Et des prophètes jérémistes,
Des décadents, des suggestifs
Et même des intuitifs,
— Tous quelquefois, souvent fumistes,
Et toujours peu récréatifsI
Exterminateurs des Awares,
Des Sàrrazins et des Saxons,
Sus à ces raffinés barbares 1
Sauve le français des jargons
Sauve surtout l'âme de France,
Autrefois pleine de chansons,
De la morne désespérance
Et de l'ombre où nous enfonçons!
Aux flancs de la borde ennuyeuse
Pousse ton vaillant destrier
Et te souvienne, ô saint iuerrierl
Que ton épée a nom Joyeuse.
Inutile d'ajouter que des vivats enthou-
siastes ont salué ces souhaits si généreux et
si français. Voilà Charlemagne remis en
selle pour plusieurs sénératiQDS
CHRONIQUE
S'il est une question grave, une ques-
tion poignante, c'est assurément celle de
la répression de l'enfance coupable. De la
nature de cette répression dépend toute
une destinée. L'enfant, après la faute qui
l'a mis entre les mains de la justice, se
trouve à une heure décisive de sa vie ; le
traitement auquel il va être soumis amè-
nera son salut ou relèvement moral, ou
causera sa perte définitive. C'est la pé-
riode capitale pour lui.
Un travail important de M. Guillot sur
les prisons de Paris vient de remettre sur
le tapis la très sérieuse discussion des
modes les plus effectifs, non pas seule-
ment de punition, mais d'amélioration
des natures rebelles, viciées, perverties.
Les fonctions de juge d'instruction de M.
Guillot lui permettent de parler en toute
connaissance de cause; il apporte dans
ses études du monde criminel un esprit
philosophique et de la pitié, et rien ne
caractérise mieux ses tendances que le
titre général qu'il a donné à ses enquêtes
sur les bas-fonds de la société : « Paris
qui souffre. » Il ne fait pas de sentimen-
talité, il est fort éloigné des théories qui
excusent les coupables en plaidant leur
inconscience; il croit, au contraire, à leur
responsabilité, mais il voit aussi en eux
dès malheureux, et il se préoccupe de
l'efficacité du châtiment. Ce n'est pas as-
sez, assuréinent,que le châtiment mette un
être malfaisant hors d'état de faire le mal;
les conceptions modernes, s'élevant plus
haut, veulent que la peine soit, en même
temps, un moyen de perfectionnement.
C'est surtout en ce qui concerne
l'enfance que ce souci s'impose. Hélas !
malgré des progrès accomplis depuis
quelques années, que de choses restent à
faire dans 6êJS £ ns !
Quelle que soit fa modération du lan-
gage de M. Guillot, il ne craiût pa§k4e
dire que la prison des Jeunes-Détenus
est, en notre époque, une sorte de mons-
truosité. C'est que, en effet, elle punit
mais elle ne corrige guère.. A de rares
exceptions près, l'enfant en sort plus cor-
rompu qu'il n'était en y entrant et, pour
ainsi parler, fatalement destiné au mal.
Les efforts les mieux intentionnés du
directeur et de ses auxiliaires sont im-
puissants ; c'est le système qui est mau-
vais et qu'il faut changer. Le système
pénal pratiqué à la Petite-Roquette a in-
contestablement une action directe sur
l'accroissement de la criminalité chez les
jeunes gens. « J'ai été à la Petite-Ro-
quette, disait dans ses réponses au juge
d'instruction un assassin qui devait être
condamné à mort : ce n'est pas là qu'on
se purifie, allez ! »
Au reste, l'enfant arrive déjà aux Jeu-
nes-Détenus contaminé par son séjour au
Dépôt. Et c'est là la plus urgente des ré-
formes à.opérer. Entassés dans une salle
pendant plusieurs jours, ces gamins ra-
massés par la police ont là tout le temps,
dans l'oisiveté de l'attente, de s'initier les
uns les autres à toutes les roueries, de
faire leur éducation de prisonniers, d'ap-
prendre tous les moyens de tromper la
surveillance. Les mauvaises semences sont
là vite fécondées, et d'une manière ineffa-
çable. Ils respirent un air pestilentiel qui
les gangrène à jamais. Il ne peut rien y
avoir de plus déplorable que ce séjour
dans ce lieu d'inévitable perdition. Une
semaine passée au Dépôt peut rendre
vaine toute tentative d'amélioration plus
tard.
Comment n'a-t-on pas encore réussi à
modifier les conditions dans lesquelles se
trouve l'enfant après son arrestation ? De
pauvres petits bohèmes, qui ne portaient
point en eux de mauvais instincts, sont
confondus avec des chenapans incorrigi-
bles et subissent la contagion. Il est in-
dispensable qu'on porte au plus tôt re-
mède à cet état de choses.
Le régime cellulaire de la prison des
Jeunes-Détenus avait paru, jadis, le meil-
leur système de correction. L'expérience
a prouvé qu'on s'était fait bien des illu-
sions sur son efficacité. Il pousse l'enfant
à un esprit d'obstination et de révolte, il
le laisse à ses rêveries mauvaises, dans là
tristesse de son isolement.Le sombre décor
qu'il a sous les yeux l'entretient dans des
dispositions farouches ; toute son imagi-
nation ne s'exerce que sur les moyens de
rendre les précautions illusoires, de com-
muniquer avec ses voisins de cellule, et
il arrive à une habileté extraordinaire pour
entretenir des relations avec eux. Ceux
qui ont fini leur peine emportent toujours
de leurs camarades des commissions qui
attestent que la docilité obtenue n'est que
de la sournoiserie.
Le triste spectacle que celui de la classe
faite à ces jeunes prisonniers ! Ils sont en-
fermés dans des sortes de boîtes disposées
de telle sorte qu'ils ne peuvent pas s'aper-
cevoir. On s'est donné bien du mal pour
arriver à cette disposition compliquée et
cruelle. Un peu de soleil, d'air, de lu-
mière, vaudrait mieux que tous ces raffi-
nements de captivité. Non! l'enfant n'a
rien à gagner à être mis en cage (et là,
l'expression peut n'être pas prise au fi-
guré), et cette conception de l'encellule-
ment, qui avait semblé un progrès, n'ap-
parait aujourd'hui que comme un traite-
ment barbare, qui va précisément contre
le but proposé d'amender les natures per-
verses. Ceux qui voient les choses de près
le savent bien.
M. Guillot s'élève, avec une généreuse
raison, contre les punitions employées à
la Petite-Roquette, d'une inutile rigueur.
Le directeur doit bien appliquer les rè-
glements, mais ces règlements n'aboutis-
sent à rien de bon.
Pour les infractions à la discipline, les
jeunes prisonniers sont conduits dans un
cachot où on fait soigneusement l'obscu-
rité. L'enfant reste dans h nuit, couché
sur sa paillasse, livré à lui-même, n'ayant
rien autre chose à faire que de rouler dans
son esprit ses pensées haineuses. Et ce
châtiment dure parfois quinze jours!
Comment croire qu'il puisse exercer. sur
le détenu, condamné à l'inaction, une in-
fluence utile ? Sans doute, il peut le ter-
rasser passagèrement, l'assouplir, mais
en apparence seulement. En réalité, il
l'exaspère, il l'endurcit dans ses ré-
flexions mauvaises. Les corrections cor-
porelles sont depuis longtemps sup-
primées : or, cette privation de mouve-
ment, cette privation de lumière est-elle
autre chose qu'une punition corporelle ?
Elle a une férocité absurde, il faut dire le
mot, elle ne peut servir à rien. Pour l'en-
fant, la solitude est la pire conseillère.
Les règlements ne tiennent pas compte
non plus que, avec l'enfance, il n'y a pas
de système de répression absolu. Ce qui
réussit avec les uns déchaîne, au con-
traire, la nature des autres. Mais,de tou-
tes les imaginations que l'on a eues pour
punir, celle qui consiste à faire la nuit
autour de l'enfant est la plus funeste. En
lui retirant la lumière, on ferme aussi
son âme à une autre clarté. Ce sont là de
vieux errements contre lesquels on ne
saurait trop protester.
La guérison morale de l'enfant doit se
faire, non dans une prison, mais au grand
air. Malheureusement, les colonies péni-
tentiaires agricoles, qui, elles, arrivent
souvent à de décisifs résultats, n'exis-
tent encore que pour les longues peines,
de sorte qu'il est permis de dire,sans para-
doxe,que ce qui peut arriver de meilleur,
actuellement, à un enfant coupable, c'est
d'être condamné pour plusieurs années,
et non à subir seulement une détention
limitée. Son salut est peut-être dans un
rude et sain apprentissage, en pleine cam-
pagne, tandis que la prison fera de lui,
plus tard, presque nécessairement un
malfaiteur.
La prison pour les enfants est une er-
reur, un contre-sens, voilà ce qu'il faut
proclamer. Elle ne fait que les irriter et
les dégrader, et le résulta.. est là," vrai-
ment pt'n fait pour encourager à pour-
suivre le système -actuel. La plupart
des repris de justice, des incorri-
gibles des maisons centrales ou "dl!.
bagne, ont passé par la Petite-Roquette,
« qui semble être entretenue comme une
pépinière de criminels ». Le mot est de
M. Guillot, qui sait à quoi s'en tenir,
d'après ses interrogatoires lui révélant
les antécédents des bandits de toute sorte
auxquels il a affaire. Ce n'est pas entre
les quatre murs d'un cachot, au fond
d'une prison de Paris, qu'on peut espérer
que l'enfant s'amendera ; mais dans un
fortifiant travail, en pleins champs ou
sur mer, sous le clair soleil qu'on n'a pas
le droit de refuser à des êtres aussi jeunes,
même s'ils ont mal commencé leur vie.
* Paul Ginisty.
Le « XIXe Siècle D publiera demain 1%
a Chronique » par M. Francisque Sarcey.
LE
CABRIOLET DE M. THOREL
L'évasion de Louis Napoléon de Ham.
- Un fidèle serviteur et un bon
cabriolet. — Mort d'un
complice.
Une dépêche de Rouen nous a fait sàvoir
hier la mort d'un homme qui joua un rôle
dans l'évasion de Napoléon III, du fort de
Ham, M. Charles Thorel.
M. Thorel racontait volontiers que c'est
dans sa voiture que Louis-Napoléon s'était
évadé et avait gagné la frontière belge. Il
était alors commis-voyageur et parcourait
les départements de la Somme et du Pas-
de-Calais dans un petit cabriolet. Selon les
uns, c'est par hasard, selon les autres, par
connivence,qu'il coopéra à l'évasion du pré-
tendant.
Ce qu'il y a de certain, c'est que le Stft mai
18A6, la veille de cette évasion si habilement
préparée par le docteur Conneau et par
Charles Thélin, le fidèle serviteur du prin-
ce, M. Thorel reçut dans la soirée la visite
de Charles Thélin, qu'il connaissait pour
lui avoir vendu divers objets, et lui louait
son cabriolât pour toute la journée du len-
demain, Thélin ayant besoin, disait-il, de
faire une course dans les environs de
Ham. Il fut convenu, moyennant un prix
d'ailleurs minime, que le cabriolet serait
mis à la disposition du domestique.
L'évasion et le cabriolet
On connaît les détails de l'évasion : les
moustaches du prince coupées, la blouse
bleue, le pantalon sale et usé, la perruque
noire à cheveux longs et la mauvaise cas-
quette. Ainsi vêtu, les mains et le visage
brunis par la peinture, le prince chaussa
des sabots, plaça dans sa bouche une pipe
en terre, et, l'épaule chargée d'une planche,
se mit en devoir de sortir, pendant que
Thélin essayait de détourner l'attention des
gardiens, des ouvriers et des soldats de la
citadelle.
Le succès fut complet. Personne ne re-
connut le prétendant. « Tiens, c'est Ber-
thon ! w dirent deux ouvriers qui l'avaient
rencontré. La dernière issue franchie, Thé-
lin courut chercher à Ham le cabriolet loué
par lui fa veille à M. Thorel, tandis que le
prince, toujours chargé de sa planche, se
dirigeait vers la graud'route de Saint-
Quentin. Il v était a peine arrivé que le
roulement d une voiture l'avertit du retour
de son serviteur. Il s'élança dans le cabrio-
let de M. Thorel, secoua la poussière qui le
couvrait et, pour se donner l'air d'un co«
cher, prit les rênes et le fouet. A deux heures un quart, les deux fugi-
tifs entraient à Valenciennes, et à quatre
heures le convoi de Bruxelles les entraînait
vers la liberté.
On ne connut au château de Ham l'éva-
sion que vers huit heures du soir.
Devenu empereur, Napoléon n'oublia pas
M. Thorel. Il le nomma chevalier de la Lé-
gion d'honneur.
Revenu à Rouen, M. Thorel, qui était né-
gociant, fut candidat officiel et élu conseU.
1er général pour le canton de Grand-Cou-
ronne. Il siégea jusque vers 1860.
M. Thorel avait jsoixaate-dix-huit ans. '-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.67%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.67%.
- Auteurs similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75601471/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75601471/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75601471/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75601471/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75601471
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75601471
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75601471/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest