Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-02-15
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 15 février 1890 15 février 1890
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuviême année.' — N° 6,606 CINQ Centimes — Paris ël Départements - CINQ Centimes
SAMEDI 15 FÉVRIER 1890
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
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A. - EDOUARD PORTALIS
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L'ÉLECTION DE SAINT-DIE
M. PICOT ENQUÊTÉ
i
CE QUI SE PASSE AU DAHOMEY
La brochure de M. Casimir-Périer
L'AFFAIRE GOUFFÉ
LES ÉLECTIONS
DE DIMANCHE
Six circonscriptions de la Seine
Vont, après-demain, procéder à de
nouvelles élections pour remplacer les
boulangistes dont le succès avait été
dû, le SS- septembre, à des procédés
que la discussion parlementaire a mis
en évidence. Les invalidés se repré-
sentent tous, et l'on sait que, malgré
les velléités de rupture qui se sont
manifestées à diverses reprises entre
les réactionnaires et les boulangistes,
la coalition n'épargnera pas ses efforts
pour les faire réélire, non par sympa-
thie ou par estime pour les personnes,
ainsi que l'expliquait récemment M.
Paul de Cassagnac, mais uniquement
dans l'intention d'infliger un échec à
la République.
C'est précisément cela qui donne
aux élections d'après-demain, comme
à celles qui ont eu lieu le mois der-
nier, une réelle importance. Il n'est
pas question de déplacer la majorité
dans la Chambre. Dès les élections
générales, cette majorité a été acquise
à la République et elle est considéra--
ble; tous les efforts de la coalition
n'arriveront pas à la modifier. Mais il
s'agit de savoir si, après l'échec de là
coalition et après tous les incidents
qui ont prouvé avec la dernière évi-
dence que le boulangisme était seule-
ment un appoint pour les partis réac-
tionnaires, il se trouvera encore des
républicains assez aveuglés pour don-
ner leurs suffrages aux candidats du
u Comité national républicain" et
pour rendre quelque apparence de vi-
talité à un parti dont le commandant
Picot, lequel a quelque raison de sa-
voir à quoi s'en tenir, enregistrait
- hier à la Chambre l'acte de décès.
Les élections partielles qui sont pro-
voquées par les invalidations des dé-
putés de l'opposition donnent au pays
le moyen de revenir sur des entraîne-
ments passagers et en même temps de
protester contre les procédés fraudu-
leux auxquels les candidats de l'oppo-
sition avaient, dans beaucoup de cir-
conscriptions, dû leur succès. Jusqu'ici,
la plupart des élections nouvelles, en
remplaçant les adversaires de la Ré-
publique par des républicains, ont
montré qu'au premier tour de scrutin,
l'opposition avait vaincu par surprise,
et que le suffrage universel n'avait
nullement eu l'intention, bien arrêtée
et réfléchie, de retirer sa confiance au
régime républicain.
Mais les succès dont le parti bou-
langiste était le plus fier étaient ceux
qu'il avait remportés à Paris, de même
que, dans la série des triomphes du
général Boulanger, celui auquel il at-
tachait le plus de prix était l'élection
du 7 janvier. La réélection de ses
candidats dans la Seine le consolerait
dans une large mesure de ses échecs
antérieurs, et cela seul suffit à dicter
à tous les républicains la conduite
qu'ils doivent tenir. --
Dans plusieurs circonscriptions, di-
vers candidats républicains, représen-
tant des nuances d'opinion assez dif-
férentes, posent leur candidature con-
tre le boulangiste. Les républicains de
toute nuance ne peuvent donc éprou-
ver aucune hésitation à voter; ils
doivent, au contraire, s'y trouver ex-
cités par la pensée qu'au second
tour de scrutin la discipline républi-
caine fera du candidat qui aura eu le
plus de suffrages; le candidat unique,
et que tous doivent avoir le même
désir que le bénéfice de cette situation
soit acquise à l'homme qui représente
le plus exactement leurs opinions.
Dans d'autres circonscriptions, au
contraire, un seul candidat républi-
cain soutient la lutte contre le candi-
dat de la coalition opposante. Il est
maintenant trop tard pour que de
nouvelles candidatures soient posées,
et les républicains qui ne partagent
pas toutes les idées du candidat qui
porte le drapeau de la République
n'ont, dès maintenant, que le choix
entre une abstention qui équivaudrait
à une défection,ou le sacrifice de quel-
ques-unes de leurs idées particulières
à l'intérêt commun.
Certains des candidats qui se trou-
Vent dans cette situation ont été, de
la part de quelques républicains, l'ob-
jet de vives attaaues. Ni le talent de
M. Goblet, par exemple, ni les servi-
ces considérables qu'il a rendus à la
République, ni son libéralisme, ni les
efforts qu'il n'a cessé de faire dans la -
dernière législature pour effacer les
divisions des républicains, ne lui ont
épargné des attaques aussi violentes
qu'injustes. Mais ceux qui l'ont com-
battu n'ont pas donné à leurs attaques
la seule sanction qu'elles compor-
taient : ils ne lui ont pas suscité de
rival. La question est donc de savoir
s'ils vont oublier leurs rancunes dans
l'intérêt de la République ou s'ils vont,
directement ou indirectement, aider
au succès de son concurrent boulan-
giste.
Nous nous refusons à croire qu'ils
se détermineront pour ce dernier parti,
et ce que nous disons pour l'arrondis-
sement de Sceaux, nous le dirons
aussi pour toutes les circonscrip tions
où la lutte est engagée entre deux can-
didats. Par la force même des choses,
l'un de ces candidats représente la
coalition de tous les adversaires de la.
République; l'autre représente non pas
telle ou telle fraction du parti répu-
blicai-n,mais la République elle-même.
L'insuccès de quelques-uns d'entre
eux peut galvaniser pour un temps
le cadavre du boulangisme et rendre à
la coalition quelque audace. Leur
triomphe, au contraire, enlève à l'op-
position toutes ses espérances, même
tout prétexte pour chercher à fomen-
ter une nouvelle agitation dans le
pays. Entre ces deux conséquences il
n'y a pas d'hésitation possible, et nous
avons la ferme conviction qu'aucun
républicain n'hésitera.
Le « XIXe Siècle » publiera demain la
a Chronique a par M. Francisque Sarcey.
CONVOCATION D'ÉLECTEURS
Cinq arrondissements
Le Journal officiel public ce matin un dé-
cret convoquant pour le 9 mars prochain
les électeurs, à l'effet d'élire des députés
dans les arrondissements suivants :
Gien, en remplacement de M. Loreau, in-
validé ;
Première circonscription de Toulouse,
en remplacement de M. Constans, démis-
sionnaire;
Deuxième circonscription de Toulouse,
en remplacement de M. Calvinhac, inva-
lidé;
Loches; en remplacement de M. Arribat,
décédé;
Chinon, en remplacement de M. Dela-
haye, invalidé.
UNE NOUVELLE ÉPIDÉMIE là
La « noda ». — Un fléau d'origine
allemande.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER) --
Rome, 13 février.
Les médecins ont constate. c'ans ces der-
niers jours, des cas déjà asse- nombreux
d'une affection singulière, que l'on craint
de voir se développer et se multiplier com-
me l'influenza.
Ce mal, qui débute par un violent rhume
de cerveau et de vives quintes d'éternue-
ment, amène, au bout de deux jours, une
raideur et une espèce d'ankylose de la
nuque qui devient le siège du mal ; cette
raideur prend le caractère d'une espèce de
paralysie et peut arriver à la catalepsie et
à la mort.
Cette maladie, d'une rapidité foudroyante
dans sa marche, est désignée populaire-
ment sous le nom de noda. Elle parait être
la même que la genickstarre (tétanos de la
nuque), dont il y a eu plusieurs épidémies
en Allemagne dans ces dernières années.
LES JOYAUX D'AUGUSTA
Distribution par testament
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 13 février.
Les joyaux de l'impératrice Augusta vien-
nent d'être partagés entre les personnes
désignées dans son testament.
A l'exception de deux parures léguées à
la couronne, la plus grande partie a été re-
mise à la grande-duchessse de Bade.
L'imperatrice régnante a hérité d'une
rangée de grandes perles avec fermoir en
gros brillants.
L'impératrice Frédéric a reçu un collier
et des boucles d'oreilles en diamants avec
perles en forme de poires et un bracelet
avec portrait miniature de la reine Adé-
laïde d'Angleterre.
D'autres joyaux de grand prix ont été re-
mis à la reine Victoria et à vingt-deux du-
chesses et princesses de maisons régnantes.
Il ne manquait dans cette riche collec-
tion qu'un simple bracelet en or, donné par
Guillaume lor a l'impératrice lors de ses
fiançailles. Il a été placé, selon le vœu de la
défunte, dans son tombeau.
DANS LE MIDI
Crises municipales. — Tumulte à
Bessèges.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Nîmes, 13 février.
Le conseil municipal de Bessèges marche
sur les traces du conseil de Nîmes. La
séance d'hier a été marquée par une scène
scandaleuse.
Depuis longtemps des dissentiments exis-
tent entre les modérés et les socialistes.
Hier, M. Bracourt, socialiste, a proposé un
vote de blâme contre le maire. Celui-ci
s'est refusé à le mettre aux voix. Une dis-
cussion orageuse et violente de part et
d'autre s'est produite. Le maire a levé la
séance en se couvrant et la police a fait
évacuer la salle du public. Plusieurs con-
seillers refusant de sortir, le gaz a été
éteint. Un brouhaha indescriptible s'en est
suivi. Devant la mairie, des groupes se
sont aussitôt formés, que la police a eu
beaucoup de peine à disperser.
A Beaucaire, une crise municipale a éga-
lement éclaté. Le maire, réactionnaire,
vient de donner sa démission.
L'ELECTION DE SAINT-DIE
M. PICOT SOUMIS A L'ENQUÊTE
Le concurrent de M. Jules Ferry.—
L'intervention de M. Albert
Ferry. — Le discours de
M. Viger, rapporteur.
La demande d'en-
quête.-Le vote.
L'élection de M. le commandant Picot,
élu contre M. Jules Ferry dans la première
circonscription de l'arrondissement de St-
Dié, a été discutée hier à la Chambre.
Le bureau compétent concluait à l'inva-
lidation, et nous avons exposé les motifs
essentiels de cette décision en résumant,
dans notre avant-dernier numéro, le remar-
quable rapport présenté par M. Viger, dé-
puté du Loiret.
Bornons-nous à rappeler que cette élec-
tion de Saint-Dié était signalée comme
ayant été viciée par de graves et nombreux
faits de corruption, par la presssion exer-
cée sur les ouvriers, en fin par des violen-
ces tout à fait extraordinaires contre les
personnes, — sans parler d'autres violen-
ces, fort repréhensibles, dans la polémique
électorale.
M. Picot est venu essaver de se défendre
contre toutes ces accusations. C'est un
grand et gros homme à la moustache et
aux cheveux grisonnants, dont la figure est
à la fois plate et boursouflée. Sa parole est
pâteuse et zézayante. Ses facultés d'impro-
visation doivent être, en outre, assez mé-
diocres : Aussi avait-il pris la précaution
d'écrire son discours a l'avance. Mais,
comme il avait, d'autre part, omis de clas-
ser méthodiquement ses petite papiers, il
a dû s'arrêter au beau milieu de sa dé-
monstration pour chercher fiévreusement
le feuillet sauveur.
Le plaidoyer de M. Picot a d'ailleurs rap-
pelé de tous points ceux des réactionnaires
ou des boulangistes contre lesquels des
griefs analogues avaient précédemment été
relevés. Les faits dQ corruption ? Il les a
niés ou atténués de son mieux, prétendant
n'avoir distribué que de rares et maigres
aumônes à quelques malheureux. On l'ac-
cusait surtout d'avoir tenté d'acheter le con-
cours d'un boulanger du nom d'Absalon :
il s'est énergiquement défendu de toute
manœuvre déloyale envers ce brave ci-
toyen dont le nom semble pris dans l'his-
toire sainte.
Enfin M. Picot a répudié toute attache
boulangiste et a terminé par une sorte de
profession de foi constitutionnelle et mo-
dérée, du genre de celle à l'aide de laquelle
M. Loreau avait essayé d'amadouer la
Chambre.
M. Albert Ferry
C'est M. Albert Ferry, député républicain
de l'autre circonscription de Saint-Dié, qui
a répondu à M. Picot.
— On voit bien que M. Jules Ferry est
votre cousin ! lui a crié la Droite dès son
apparition à la tribune.
M. Viger, rapporteur. — M. Albert Ferry
n'est pas le parent de M. Jules Ferry. (Mouve-
ment.)
M, Albert Ferry. - L'interruptiou qui vient
d'être faite me fournit l'occasion de déclarer,
pour ceux de nos nouveaux collègues dont je
ne suis pas connu, que, malgré la similitude de
noms et malgré l'habitation dans la même
ville, je ne tiens par aucun lien de parenté
au candidat qui a été battu le 29 septembre.
Rien de personnel, donc, dans mon interven-
tion.
Cette première question une fois réglée,M.
Albert Ferry a longuement établi que l'é-
lection de M. Picot était due aux efforts
combinés des boulangistes et des cléricaux,
qui, longtemps avant l'ouverture de la pé-
riode électorale, avaient commencé à tra-
vailler de concert.
Ces alliés avaient une première fois es-
sayé leurs forces communes contre le parti
républicain le 28 juillet, c'est-à-dire lors
des élections pour le renouvellement par-
tiel des conseils généraux et d'arrondisse-
ment. Ils avaient réussi à faire élire deux
droitiers, tout de même qu'aux élections
législatives du 23 septembre ils parvinrent
à faire nommer M. Picot avec 175 voix de
majorité seulement.
M. Albert Ferry a minutieusement dressé
l'édifiant catalogue des actes de pression et
de corruption commis par ces coalisés et
par M. Picot lui-même. De leurs violences
il a donné un exemple suffisant, en rap-
portant les menaces de mort qui furent
proférées et les attaques à coups de pierres
qui furent dirigées contre M. Jules Ferry
et ses amis. Nous avons emprunté, on se le
rappelle, le récit de ces tristes histoires au
rapport de M. Viger.
Et quels étaient certains de ces personna-
ges qui « travaillaient" en vue du succès de
M. Picot ? L'orateur a fourni à cet égard de
bien piquants détails, en parlant d'une soi-
rée qui eut lieu au château d'un gentil-
homme vosgien ami de M. Picot, M. de
Lesseux, —soirée où furent passés en re-
vue les agents électoraux du candidat anti-
républicain. Citons cet amusant passage du
discours de M. A. Ferry :
Il y a eu chez M. de Lesseux une soirée, et
l'on peut se faire une idée du personnel qui
s'y rencontra. L'un des invités a mis dans sa
poche la vaisselle seigneuriale. Et quel était
cet homme? Un condamné pour vol simple,
pour outrage public à la pudeur, enfin pour
tentative de viol et attentat à la pudeur, à
cinq ans de prison.
Il était des familiers de M. de Lesseux, et
quand on lui a demandé pourquoi il avait
emporté la vaisselle, il répondit : CI Je n'ai
commis ce dernier méfait qu'après avoir bu
outre mesure et quand j'ai vu que plusieurs
individus en prenaient. » (Exclamations et
rires.)
Et ce sont ces gens que nous trouverons
tout à l'heure criant : A bas les voleurs 1
— La Chambre, a conclu l'orateur, inva-
lidera une élection obtenue grâce à de pa-
reils collaborateurs, grâce sutout aux
moyens que vous savez !
M. Viger
L'honorable rapporteur est revenu avec
une précision tout à fait accablante sur les
faits de corruption reprochés à M. Picot.
Citons à ce propos un passage du discours
du député du Loiret, en faisant préalable-
ment remarquer que M. Didier, dont il est
parlé dans les lignes qui suivent, est un
des- chefs du boulangisme vosgien et le
principal agent électoral de M. Picot :
M. Viger rapporteur. — Il y a quelque
chose de plus grave : ce sont les dons d'ar-
gent. -
On vous a dit que M. Picot, le lendemain de
son entrevue avec, le bureau du comité bou-
langiste, avait donné une somme de 3,000 fr.
Il a donné davantage. Dans un copie-lettres
de M. Didier, il est question d'une somme de
3,000 francs pour pousser aux affaires.
Dans la perquisition que le parquet a faite
chez Didier, il a trouvé un livre où étaient
inscrites les sommes que Didier donnait Jour
par jour au nom de Picot, avec des annota-
tions comme celle-ci : Ordre de M. Picot.
Donc le fait ne pourrait être nié.
Puis, en dehors d'un don de mille francs
aux comités de Senones et de Saint-Dié pour
des distributions de secours, il y a également
des pièces qui émanent de l'instruction judi-
ciaire ouverte par le juge de paix.
Ce sont des dépositions reçues sous la foi du
serment ; elles sont au nombre de 83 et on y
signale des dons de sommes de 5 10 et même
20 francs. Et un juge de paix ajoute qu'il
ne lui est pas possihle d'obtenir plus d'aveux,
parce que les agents de M. Picot sont allés
trouver ceux auxquels ils avaient donné de
l'argent, en leur taisant défense de le recon-
naître.
Passons maintenant, toujours d'après M.
Viger, aux faits de pression et d'intimida-
tion :
Il y a un adjoint qui va chez son lancier
et qui lui dit : Il Si vous votez pour Jules Fer-
ry, qui est franc-maçon, vous serez damné;
et si vous ne votez pas pour Picot, je le dirai
à votre curé qui vous excommuniera. » (Ri-
res ).
Voici un sieur Roussel qui dépose qu'on est
venu lui dire de voter pour Picot, et qu'un in-
dividu dont il était le débiteur lui avait remis
un bulletin numérote, en lui disant qu'il avait
pris note du numéro et qu'il saurait bien re-
connaître s'il avait voté comme il fallait.
Un procès-verbal de gendarmerie rapporte
que deux agents de M. Picot, dont un nommé
Petitdemange, ont menacé des électeurs, ont
payé à boire à d'autres, en disant : « Si vous
ne votez pas pour M. Picot, comme le règne
de Boulanger va venir, vous perdrez vos pla-
ces. » Or, ce Petitdemange avait été rayé des
cadres de l'armée comme n'ayant pas opté
pour la France.
Et M. le rapporteur a conclu en ces ter-
mes :
Ce n'était pas seulement M. Jules Ferry que
l'on combattait, mais tous les républicains,
depuis le? plus modérés du Centre-Gauche
jusqu'à ces vaillants de l'Extrême-Gauchc qui
ont maintenu avec tant de fermeté, aux der-
nières élections, le drapeau de la République.
Je n'ajouterai rien. Vous êtes des juges, vous
ferez justice ! (Applaudissements a gauche. —
Aux voix I)
La fin du débat
Après le discours applaudi de M. Viger,
M. Ernest Roche, député boulangiste de
Paris, a réclamé en quelques mots la vali-
dation de M. Picot, d'abord, a-t-il dit, par
respect des décisions du suffrage univer-
sel, ensuite parce que l'annulation de son
élection serait faite au profit de M Jules
Ferry, au nom duquel M. Roche a accolé
diverses épithètes d'une rare vivacité.
Comprenant que cette intervention bou-
langiste achevait de le perdre, M. Picot
s'est empressé de se dégager « des paroles
violentes qui venaient d'être prononcées »
et de proclamer « que la lutte entre M. Jules
Ferry et lui n'avait eu qu'un caractère
local ».
M. Chautemps est alors venu réclamer
l'enquête parlementaire sur l'élection de
Saint-Dié, et M. le rapporteur Viger a dé-
claré ne pas s'opposer à l'enquête, afin de
rendre la lumière plus complète sur tant
de manœuvres inavouables.
Dans ces conditions, c'est naturellement
l'enquête qui a prévalu. Elle a été ordon-
née par 318 voix contre 191.
[La. Chambre a encore, dans sa séance d'hier,
voté, par 38A voix contre 12, une proposition
de M. Maujan tendant à la création d'une édi-
tion populaire à cinq centimes des parties du
Journal officiel contenant le compte rendu des
débats parlementaire. Elle a, après un court
débat, décidé d'ajourner la discussion du nou-
veau projet relatif au timbre des récépissés
de petite vitesse. M. Barbey, ministre de la
marine, répondant à une question de M. Du
may, a annoncé le prompt rapatriement des
hommes libérables de l'infanterie de marine
appartenant à la classe 188A. La prochaine
séance a été renvoyée à jeudi prochain 20 fé-
vrier.]
MORT D'UN DÈPUTÉ
M.Bully, député républicain de l'Eure, a suc-
combé hier à Paris, aux suites d'une bronchite
capillaire dont il avait été atteint il y a huit
jours.
Il avait soixante-six ans.
Ses obsèques auront lieu demaiu à midi, à
Saint-Augustin.
CE QUI SE PASSE
AU SENEGAL
Le cas du lieutenant gouverneur Bayol.
— Blessure d'amour-propre. — Une
véritable expédition. — Prenez
garde f
Nous avons annoncé que de graves évé-
nements se passaient au Sénégal et dans le
royaume de Dahomey.
Il se confirme, malheureusement, en dé-
pit de tous les démentis, qu'un détache-
ment de la colonne du Haut-Fleuve a été
entamé.
Le lieutenant-gouverneur au Sénégal,M. le
docteur Bayol, demandait, il y a quelques
semaines, un renfort de trois cents hommes
pour assurer le respect d" drapeau fran-
çais. Ce renfort lui a été acerr lé, sur un
ordre formel du sous-secrétaire d'Etat aux
colonies. Or, avant que M. Etienne signât
cet ordre, le ministre de la marine était
informé d'un incident des plus graves dont
M. Bayol a été la victime. M. Bayol, dans
une incursion faite au royaume de Daho-
mey, aurait été fait prisonnier. Nous avons
dit cela il y a quelques jours; mais ce que
nous n'avions pas dit, c'est que le roi Kon-
gor, après l'avoir fait déshabiller, l'aurait
fait ligotter, lui aurait mis le pied sur la
gorge et lui aurait fait demander grâce.Dans
ces conditions, il ne faut pas trop en vou-
loir au lieutenant gouverneur de s'être
exécuté. Mais M. Bayol, blessé profondé-
ment dans son amour-propre, en deman-
dant les trois cents hommes de renfort,
n'a-t-il pas obéi à un sentiment naturel de
vengeance? Et s'il avait réfléchi, nous en-
traînerait-il dans une aventure dont il est
impossible aujourd'hui de prévoir les con-
séquences? - .- -
Nous voilà lancés dans une aifaire grosse
d'inconnu, hérissee de dangers, et nous
craignons fort que les trois cents tirailleurs
sénégalais qui vont à Cotonou — pour ré-
tablir lé canne, disent les officieux ; pour
souffler la tempête, dirons-nous,—soient re-
connus d'ici avant peu bien insuffisants
CONDAMNATION D'UN HAUT
FONCTIONNAIRE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Budapest, 13 février.
John Kokan, qui a rempli autrefois les fonc-
tions de secrétaire général du ministère du
commerce, était accusé d'avoir volé A2,000 flo-
rins à la caisse des expositions de Bruxelles et
de Barcelone.
Il vient d'être condamné à quatre ans et de-
mi de prison.
LAVIEDEPARIS
Il n'est guère possible, aujourd'hui en-
core, — car dans quelques jours on n'y
pensera plus, — de ne pas dire un mot
de l'aventure de M. le duc d'Orléans. Et,
comme on a tout raconté, je voudrais,
négligeant les commentaires politiques,
ne m'arrêter qu'à deux points qui tou-
chent à la vie de Paris. Ces points sont :
d'une part, le grossissement considérable
que certaines habitudes assez récentes
du journalisme donnent à toutes choses,
et aussi les compromissions où les pas-
sions politiques et sociales entraînent, de
la plus singulière façon, les classes aristo-
cratiques de Paris.
Nous passons, en Erance, pour être un
peuple très sage, d'esprit moyen, et nous
nous moquons volontiers, à Paris sur-
tout, des Méridionaux qui, dit-on, exagè-
rent toutes choses. En réalité, cette opi-
nion est assez juste. Nous sommes rai-
sonnables au fond et même, parfois, notre
sagesse se manifeste par l'indifférence.
La ville de Paris, prise dans son ensem-
ble n'a-t-elle pas été tout à fait indiffé-
rente à l'incident de ces jours-ci? J'ai
suivi ces choses avec une" curiosité attris-
tée, en philosophe, si vous voulez, et
aussi en politique, passionnément dési-
reux d'arriver à faire comprendre à mes
amis même qu'il fallait abroger les lois
d'exception, et désolé que, désormais ou
pour longtemps au moins, il nous soit
interdit de réaliser ce beau projet, — et
interdit par qui? Par ceux-là mêmes au
profit de qui nous l'avions conçu, dans
notre amour de l'égalité ! Eh bien i avec
la plus entière bonne foi, je puis affirmer
n'avoir trouvé nulle part trace d'une émo-
tion populaire réelle et ayant un peu de
profondeur. Qu'on ait arrêté ou non M. le
duc d'Orléans, c'est une chose profondé-
ment indifférente, je le jurerais, à qua-
tre-vingt-dix-neuf Français sur cent.
Et cependant, à en juger par certains
journaux, Paris aurait l'air d'être en feu !
La mauvaise tenue d'un quarteron d'avo-
cats peu respectueux de la majesté du
tribunal, la manifestation de cinquante
jeunes gens à la mode appuyés par quel-
ques douzaines d'horribles camelots, ont
pu passer, pour les lecteurs naïfs et éloi-
gnés, pour une expression de la volonté
ou des sentiments de Paris. C'est à faire
pitié, quand on connaît les dessous de
ces choses-là. Le reportage — que j'aime
beaucoup : j'en sais l'utilité et les diffi-
cultés, car j'en ai fait, comme mes cama-
rades - a précisément ce grand inconvé-
nient de donner une importance exces-
sive à tout. Je me souviens encore, quoi-
qu'il y ait bel âge de cela, du crime de
Troppmann.Ce misérable, on le sait,avait
tué une famille et avait enterré ses vic-
times dans un champ désert.
Or, un journal s'imagina de donner à
ses lecteurs le portrait. devinez de qui
ou de quoi? le portrait de la bêche avec
laquelle Troppmann avait creusé le sol,
bêche qui naturellement, ressemblait à
toutes -- les bêches -- du -- monde ! - Par de pa-
reils moyens on excite la8 badauderie.
Ou dirait que La Fontaine, dans ses fa-
bles, avait prévu cette maladie de nos
esprits quand il écrivit l'apologue des
« Bâtons flottants M. On nous fait croire à
un tas de choses qui n'existent pas, ou
du moins auxquelles on donne des pro-
portions tout à fait follement grossies.
Une bousculade devient une émeute
et vingt-cinq braillards représentent
une « imposante manifestation ». Qui-
conque veut avoir une idée juste et
impartiale, des choses duit commen-
cer par rabattre les trois quarts au
moins des récits qu'on en fait. Et puis-
que les Parisiens aiment à se moquer des
Marseillais, qu'ils aient l'esprit de faire
ce qu'on doit faire pour les histoires
qu'ils racontent et ne se laissent pas
tromper par des a blagueurs » qui ne
sont pas tous du Midi.
La seconde observation que je voulais
faire est relative à la facilité bizarre avec
laquelle les « gens bien u, comme on dit,
oublient leurs habitudes aristocratiques,
quand il s'agit de satisfaire leurs pas-
sions. On ne se douterait jamais que les
habitués des cercles élégants sont de si
bons démocrates. Certes, ce n'est pas moi
qui les en blâmerais. Seulement, quand
ils se rapprochent des porteurs de blouses,
ce sont des porteurs de blouses blanches,
je veux dire de ces camelots, à la solde et
à la main de qui en a besoin, avant-garde
boulangiste, sans emploi depuis quelque
temps. La fréquentation de ces messieurs
n'est pas sans inconvénient, et je n'hésite
pas à trouver que, dans les derniers inci-
deuts, la compromission me semble avoir
été tout à fait funeste.
On n'a peut-être pas assez remarqué
ce qui s'est passé aux abords du Palais
de Justice, alors que la « manifestation »
s'y agitait. Un officier d'artillerie, pas-
sant par là, est croisé par des soldats qui
ne le saluent pas, ainsi que le veut le rè-
glement militaire. L'officier s'approche
des soldats et veut prendre leur -numéro
matricule pour faire son rapport à la
place. Sur quoi, nous dit le Temps, -
dont le dire a été confirmé, sans ré-
flexion peut-être, par quelques journaux
monarchistes. — la foule prend parti
pour les soldats indisciplinés, entoure
l'officier, le menace, le bouscule, le force
à chercher un refuge derrière la grille
du Palais de Justice. Certes, je ne veux
pas croire que les « conservateurs » qui
faisaient du désordre dans la rue aient
été jusqu'à menacer un officier de notre
armée faisant son devoir. Mais, dans une
manifestation commune, nous rencon-
trons et les camelots, probablement payés
ou poussés là par leur amour instinctif
du désordre, et les hommes qui nous ac-
cusent, nous les vrais conservateurs, de
ne pas respecter la discipline dans l'ar-
mée.
C'est là le fait grave dans cette affaire-J
de voir que c'est à l'idée militaire qu'on
s'en prend. Des hommes qui devraient
avoir mieux ou plus que le respect de.
l'armée, sa superstition, qui sont dévoués
à une maison dont les princes n'ont été
populaires que comme soldats, ce qui a
donné à l'un d'eux, à M. le duc d'Au..-
male, une situation tout à fait à part
dans le pays, ont eu cette mauvaise for-
tune, pour la première fois qu'ils mani
testaient dans la rue, de coudoyer. d'ab04
minables camelots mettant une cocarde
à leur casquette pour se faire passer
pour des conscrits, et d'être mêlés à cetté
foule qui insultait un officier. Il y a là,
je pense, de quoi faire réfléchir. Et, danst
les mille incidents de ces derniers jours,1
j'ai noté celui-ci, parce que je crois que
c'est celui qui a le plus de valeur, celui
qui porte en lui une leçon dont on peut;
profiter encore.
Henry Fouquier.
LA BANQUE D'ESCOMPTE
ET LE
SARAGOSSE A LA MÉDITERRANÉE
L'émission. — Absence de garanties.
Rapport de l'arbitre. — Il faut
rendre l'argent.
Nos lecteurs se rappellent que, vers la fia -
de l'année dernière, la Banque d'escompte
lança, avec force réclames et promesses 6"
garanties-les plus sérieuses, une émission
d'obligations des chemins de fer de Sra.
gosse à la Méditerranée. 1
L'émission clôturée et huit millions en
caisses, le conseil d'administration de la
Banque d'escompte s'avisa que les condi-
tions de sécurité promises par les fonda-
teurs de la compagnie et énumérées eit
bonne place sur les prospectus pourraient
bien ne pas exister.
Il refusa net de se dessaisir des som.
mes versées par les souscripteurs français,
et, après un référé resté sans effet, saisit la
tribunal de commerce de la Seine d'une de-
mande tendant à la nomination d'un expert,
sur le rapport duquel il serait ultérieure-,
ment statué.
Dans son audience du 9 décembre der-
nier, le tribunal avait commis M. Bineau da
Villiers, avec mission de se rendre en Es-,
pagne et de faire un rapport sur la situa-
tion de la compagnie et sur l'existence
réelle des garanties affectées aux obliga.'
taires. -.
On annonce aujourd'hui que M. Bineau.
de Villiers aurait déposé un rapport con-
cluant en faveur de la Banque d'escompte
et donnant absolument raison aux craintes
que le conseil d'administration avait for-
mulées.
Dans ces conditions, il ne reste plus à la
Banque d'escompte qu'à restituer aux obli-*
gataires les fonds qu'ils ont versés pour usa
souscription qui ne réunit plus les garan-
ties- promises, fonds qui sont restés déjà
trop longtemps improductifs'dans ses,cais-
ses -
Nous pensons donc que le conseil d'ad-
ministration n'hésitera pas à procéder, dans
un délai très rapproché, - à cette énuitabli
mesure. -
LES REMONTES
UNE BROCHURE DE M. ÇASIMIR4
PERIER
Critique contre le service de la remonte;
— Deux systèmes d'achats. - A.Van.
tages et inconvénients.
M. Casimir-Perier, qui a été sous-secré-
taire d'Etat au ministère de la guerre, vient
de publier, contre le service de la remonta
des chevaux destinés à la cavalerie et à l'ar-
tillerie, une brochure autour de laquelle on
a fait grand bruit, même avant qu'elle pa-,
rû t.
Qu'il y ait des abus dans ce service, cela
n'est pas douteux, car on ne trouverait pas
une seule de nos administrations publiques
qui n'en soit pavée.
Qu'un législateur s'efforce de les faire dis-
paraître et les signale à ses collègues, rien
de mieux, et nous serons des premiers à le
soutenir dans sa généreuse entreprise.
Mais l'exagération nous semble ici pluS
nuisible.que l'exposé des faits.
Or, l'honorable vice-président de la Cham-
bre est allé beaucoup plus loin qu'il ne fal-
lait pour le succès de sa thèse : tout en na
voulant mettre en càuse qu'une institution,
il fait retomber ses griefs sur toute une ca-
tégorie d'officiers dont le rôle est des plus
difficiles et des plus délicats.
Cela dit, nous abordons immédiatement
le fond de la protestation de M. Casimir-
Perier contre le service de la remonte, pro-
testation qui prend son origine dans l'op-
position du personnel de ce service aux
réformes qu'avait présentées l'honorable
député de l'Aube quand il présidait la corn*
mission mixte des remontes. -
Une expérience
Voici, en résumé, où en est le conflit.
Les achats pour la remonte de la cava-
lerie et de l'artillerie se faisaient jadis avec
des chevaux de cinq à six ans qui pou-J
vaient immédiatement être versés dans les
escadrons et les batteries.
Aujourd'hui, on a établi, concurremment
avec ce système, celui des achats de che-
vaux de trois à cinq ans, que l'on garda
dans des dépôts de transition jusqu'au
jour ou ils peuvent être remis aux trou-
pes.
On s'est aperçu en effet, en pratiquant
l'ancien régime d'achat, que l'on se trou-
vait dans l'obligation de subir les préten-
tions des marchands, que l'on ne se pro<
curait que des chevaux de second ordre,,
en raison de l'insuffisance des prix d'achat
fixés par le budget, et que l'on ne pouvait
souvent éviter l'un ou l'autre inconvénient
qu'en ayant recours aux produits étran
g ers.
On s'est alors décidé à engager peu à peu
l'éleveur, surtout le petit éleveur, à pro-
duire le cheval de selle en lui assurant, paç
des achats de plus en plus nombreux, qu'il
pourrait avantageusement et sûrement sa
débarrasser de son produit à l'époque où i.
y trouve tout intérêt.
Cette expérience suit une marche pro",
gressive qui permet d'en prévoir les heu^,
reux résultats.
Etait-ce le moment de l'attaquer?
Une mesure nécessaire
A coup sûr, l'innovation n'est pas sa
inconvénient.
SAMEDI 15 FÉVRIER 1890
JOURNAL RÉPUBLICAIN
RÉDACTION
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A. - EDOUARD PORTALIS
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L'ÉLECTION DE SAINT-DIE
M. PICOT ENQUÊTÉ
i
CE QUI SE PASSE AU DAHOMEY
La brochure de M. Casimir-Périer
L'AFFAIRE GOUFFÉ
LES ÉLECTIONS
DE DIMANCHE
Six circonscriptions de la Seine
Vont, après-demain, procéder à de
nouvelles élections pour remplacer les
boulangistes dont le succès avait été
dû, le SS- septembre, à des procédés
que la discussion parlementaire a mis
en évidence. Les invalidés se repré-
sentent tous, et l'on sait que, malgré
les velléités de rupture qui se sont
manifestées à diverses reprises entre
les réactionnaires et les boulangistes,
la coalition n'épargnera pas ses efforts
pour les faire réélire, non par sympa-
thie ou par estime pour les personnes,
ainsi que l'expliquait récemment M.
Paul de Cassagnac, mais uniquement
dans l'intention d'infliger un échec à
la République.
C'est précisément cela qui donne
aux élections d'après-demain, comme
à celles qui ont eu lieu le mois der-
nier, une réelle importance. Il n'est
pas question de déplacer la majorité
dans la Chambre. Dès les élections
générales, cette majorité a été acquise
à la République et elle est considéra--
ble; tous les efforts de la coalition
n'arriveront pas à la modifier. Mais il
s'agit de savoir si, après l'échec de là
coalition et après tous les incidents
qui ont prouvé avec la dernière évi-
dence que le boulangisme était seule-
ment un appoint pour les partis réac-
tionnaires, il se trouvera encore des
républicains assez aveuglés pour don-
ner leurs suffrages aux candidats du
u Comité national républicain" et
pour rendre quelque apparence de vi-
talité à un parti dont le commandant
Picot, lequel a quelque raison de sa-
voir à quoi s'en tenir, enregistrait
- hier à la Chambre l'acte de décès.
Les élections partielles qui sont pro-
voquées par les invalidations des dé-
putés de l'opposition donnent au pays
le moyen de revenir sur des entraîne-
ments passagers et en même temps de
protester contre les procédés fraudu-
leux auxquels les candidats de l'oppo-
sition avaient, dans beaucoup de cir-
conscriptions, dû leur succès. Jusqu'ici,
la plupart des élections nouvelles, en
remplaçant les adversaires de la Ré-
publique par des républicains, ont
montré qu'au premier tour de scrutin,
l'opposition avait vaincu par surprise,
et que le suffrage universel n'avait
nullement eu l'intention, bien arrêtée
et réfléchie, de retirer sa confiance au
régime républicain.
Mais les succès dont le parti bou-
langiste était le plus fier étaient ceux
qu'il avait remportés à Paris, de même
que, dans la série des triomphes du
général Boulanger, celui auquel il at-
tachait le plus de prix était l'élection
du 7 janvier. La réélection de ses
candidats dans la Seine le consolerait
dans une large mesure de ses échecs
antérieurs, et cela seul suffit à dicter
à tous les républicains la conduite
qu'ils doivent tenir. --
Dans plusieurs circonscriptions, di-
vers candidats républicains, représen-
tant des nuances d'opinion assez dif-
férentes, posent leur candidature con-
tre le boulangiste. Les républicains de
toute nuance ne peuvent donc éprou-
ver aucune hésitation à voter; ils
doivent, au contraire, s'y trouver ex-
cités par la pensée qu'au second
tour de scrutin la discipline républi-
caine fera du candidat qui aura eu le
plus de suffrages; le candidat unique,
et que tous doivent avoir le même
désir que le bénéfice de cette situation
soit acquise à l'homme qui représente
le plus exactement leurs opinions.
Dans d'autres circonscriptions, au
contraire, un seul candidat républi-
cain soutient la lutte contre le candi-
dat de la coalition opposante. Il est
maintenant trop tard pour que de
nouvelles candidatures soient posées,
et les républicains qui ne partagent
pas toutes les idées du candidat qui
porte le drapeau de la République
n'ont, dès maintenant, que le choix
entre une abstention qui équivaudrait
à une défection,ou le sacrifice de quel-
ques-unes de leurs idées particulières
à l'intérêt commun.
Certains des candidats qui se trou-
Vent dans cette situation ont été, de
la part de quelques républicains, l'ob-
jet de vives attaaues. Ni le talent de
M. Goblet, par exemple, ni les servi-
ces considérables qu'il a rendus à la
République, ni son libéralisme, ni les
efforts qu'il n'a cessé de faire dans la -
dernière législature pour effacer les
divisions des républicains, ne lui ont
épargné des attaques aussi violentes
qu'injustes. Mais ceux qui l'ont com-
battu n'ont pas donné à leurs attaques
la seule sanction qu'elles compor-
taient : ils ne lui ont pas suscité de
rival. La question est donc de savoir
s'ils vont oublier leurs rancunes dans
l'intérêt de la République ou s'ils vont,
directement ou indirectement, aider
au succès de son concurrent boulan-
giste.
Nous nous refusons à croire qu'ils
se détermineront pour ce dernier parti,
et ce que nous disons pour l'arrondis-
sement de Sceaux, nous le dirons
aussi pour toutes les circonscrip tions
où la lutte est engagée entre deux can-
didats. Par la force même des choses,
l'un de ces candidats représente la
coalition de tous les adversaires de la.
République; l'autre représente non pas
telle ou telle fraction du parti répu-
blicai-n,mais la République elle-même.
L'insuccès de quelques-uns d'entre
eux peut galvaniser pour un temps
le cadavre du boulangisme et rendre à
la coalition quelque audace. Leur
triomphe, au contraire, enlève à l'op-
position toutes ses espérances, même
tout prétexte pour chercher à fomen-
ter une nouvelle agitation dans le
pays. Entre ces deux conséquences il
n'y a pas d'hésitation possible, et nous
avons la ferme conviction qu'aucun
républicain n'hésitera.
Le « XIXe Siècle » publiera demain la
a Chronique a par M. Francisque Sarcey.
CONVOCATION D'ÉLECTEURS
Cinq arrondissements
Le Journal officiel public ce matin un dé-
cret convoquant pour le 9 mars prochain
les électeurs, à l'effet d'élire des députés
dans les arrondissements suivants :
Gien, en remplacement de M. Loreau, in-
validé ;
Première circonscription de Toulouse,
en remplacement de M. Constans, démis-
sionnaire;
Deuxième circonscription de Toulouse,
en remplacement de M. Calvinhac, inva-
lidé;
Loches; en remplacement de M. Arribat,
décédé;
Chinon, en remplacement de M. Dela-
haye, invalidé.
UNE NOUVELLE ÉPIDÉMIE là
La « noda ». — Un fléau d'origine
allemande.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER) --
Rome, 13 février.
Les médecins ont constate. c'ans ces der-
niers jours, des cas déjà asse- nombreux
d'une affection singulière, que l'on craint
de voir se développer et se multiplier com-
me l'influenza.
Ce mal, qui débute par un violent rhume
de cerveau et de vives quintes d'éternue-
ment, amène, au bout de deux jours, une
raideur et une espèce d'ankylose de la
nuque qui devient le siège du mal ; cette
raideur prend le caractère d'une espèce de
paralysie et peut arriver à la catalepsie et
à la mort.
Cette maladie, d'une rapidité foudroyante
dans sa marche, est désignée populaire-
ment sous le nom de noda. Elle parait être
la même que la genickstarre (tétanos de la
nuque), dont il y a eu plusieurs épidémies
en Allemagne dans ces dernières années.
LES JOYAUX D'AUGUSTA
Distribution par testament
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 13 février.
Les joyaux de l'impératrice Augusta vien-
nent d'être partagés entre les personnes
désignées dans son testament.
A l'exception de deux parures léguées à
la couronne, la plus grande partie a été re-
mise à la grande-duchessse de Bade.
L'imperatrice régnante a hérité d'une
rangée de grandes perles avec fermoir en
gros brillants.
L'impératrice Frédéric a reçu un collier
et des boucles d'oreilles en diamants avec
perles en forme de poires et un bracelet
avec portrait miniature de la reine Adé-
laïde d'Angleterre.
D'autres joyaux de grand prix ont été re-
mis à la reine Victoria et à vingt-deux du-
chesses et princesses de maisons régnantes.
Il ne manquait dans cette riche collec-
tion qu'un simple bracelet en or, donné par
Guillaume lor a l'impératrice lors de ses
fiançailles. Il a été placé, selon le vœu de la
défunte, dans son tombeau.
DANS LE MIDI
Crises municipales. — Tumulte à
Bessèges.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Nîmes, 13 février.
Le conseil municipal de Bessèges marche
sur les traces du conseil de Nîmes. La
séance d'hier a été marquée par une scène
scandaleuse.
Depuis longtemps des dissentiments exis-
tent entre les modérés et les socialistes.
Hier, M. Bracourt, socialiste, a proposé un
vote de blâme contre le maire. Celui-ci
s'est refusé à le mettre aux voix. Une dis-
cussion orageuse et violente de part et
d'autre s'est produite. Le maire a levé la
séance en se couvrant et la police a fait
évacuer la salle du public. Plusieurs con-
seillers refusant de sortir, le gaz a été
éteint. Un brouhaha indescriptible s'en est
suivi. Devant la mairie, des groupes se
sont aussitôt formés, que la police a eu
beaucoup de peine à disperser.
A Beaucaire, une crise municipale a éga-
lement éclaté. Le maire, réactionnaire,
vient de donner sa démission.
L'ELECTION DE SAINT-DIE
M. PICOT SOUMIS A L'ENQUÊTE
Le concurrent de M. Jules Ferry.—
L'intervention de M. Albert
Ferry. — Le discours de
M. Viger, rapporteur.
La demande d'en-
quête.-Le vote.
L'élection de M. le commandant Picot,
élu contre M. Jules Ferry dans la première
circonscription de l'arrondissement de St-
Dié, a été discutée hier à la Chambre.
Le bureau compétent concluait à l'inva-
lidation, et nous avons exposé les motifs
essentiels de cette décision en résumant,
dans notre avant-dernier numéro, le remar-
quable rapport présenté par M. Viger, dé-
puté du Loiret.
Bornons-nous à rappeler que cette élec-
tion de Saint-Dié était signalée comme
ayant été viciée par de graves et nombreux
faits de corruption, par la presssion exer-
cée sur les ouvriers, en fin par des violen-
ces tout à fait extraordinaires contre les
personnes, — sans parler d'autres violen-
ces, fort repréhensibles, dans la polémique
électorale.
M. Picot est venu essaver de se défendre
contre toutes ces accusations. C'est un
grand et gros homme à la moustache et
aux cheveux grisonnants, dont la figure est
à la fois plate et boursouflée. Sa parole est
pâteuse et zézayante. Ses facultés d'impro-
visation doivent être, en outre, assez mé-
diocres : Aussi avait-il pris la précaution
d'écrire son discours a l'avance. Mais,
comme il avait, d'autre part, omis de clas-
ser méthodiquement ses petite papiers, il
a dû s'arrêter au beau milieu de sa dé-
monstration pour chercher fiévreusement
le feuillet sauveur.
Le plaidoyer de M. Picot a d'ailleurs rap-
pelé de tous points ceux des réactionnaires
ou des boulangistes contre lesquels des
griefs analogues avaient précédemment été
relevés. Les faits dQ corruption ? Il les a
niés ou atténués de son mieux, prétendant
n'avoir distribué que de rares et maigres
aumônes à quelques malheureux. On l'ac-
cusait surtout d'avoir tenté d'acheter le con-
cours d'un boulanger du nom d'Absalon :
il s'est énergiquement défendu de toute
manœuvre déloyale envers ce brave ci-
toyen dont le nom semble pris dans l'his-
toire sainte.
Enfin M. Picot a répudié toute attache
boulangiste et a terminé par une sorte de
profession de foi constitutionnelle et mo-
dérée, du genre de celle à l'aide de laquelle
M. Loreau avait essayé d'amadouer la
Chambre.
M. Albert Ferry
C'est M. Albert Ferry, député républicain
de l'autre circonscription de Saint-Dié, qui
a répondu à M. Picot.
— On voit bien que M. Jules Ferry est
votre cousin ! lui a crié la Droite dès son
apparition à la tribune.
M. Viger, rapporteur. — M. Albert Ferry
n'est pas le parent de M. Jules Ferry. (Mouve-
ment.)
M, Albert Ferry. - L'interruptiou qui vient
d'être faite me fournit l'occasion de déclarer,
pour ceux de nos nouveaux collègues dont je
ne suis pas connu, que, malgré la similitude de
noms et malgré l'habitation dans la même
ville, je ne tiens par aucun lien de parenté
au candidat qui a été battu le 29 septembre.
Rien de personnel, donc, dans mon interven-
tion.
Cette première question une fois réglée,M.
Albert Ferry a longuement établi que l'é-
lection de M. Picot était due aux efforts
combinés des boulangistes et des cléricaux,
qui, longtemps avant l'ouverture de la pé-
riode électorale, avaient commencé à tra-
vailler de concert.
Ces alliés avaient une première fois es-
sayé leurs forces communes contre le parti
républicain le 28 juillet, c'est-à-dire lors
des élections pour le renouvellement par-
tiel des conseils généraux et d'arrondisse-
ment. Ils avaient réussi à faire élire deux
droitiers, tout de même qu'aux élections
législatives du 23 septembre ils parvinrent
à faire nommer M. Picot avec 175 voix de
majorité seulement.
M. Albert Ferry a minutieusement dressé
l'édifiant catalogue des actes de pression et
de corruption commis par ces coalisés et
par M. Picot lui-même. De leurs violences
il a donné un exemple suffisant, en rap-
portant les menaces de mort qui furent
proférées et les attaques à coups de pierres
qui furent dirigées contre M. Jules Ferry
et ses amis. Nous avons emprunté, on se le
rappelle, le récit de ces tristes histoires au
rapport de M. Viger.
Et quels étaient certains de ces personna-
ges qui « travaillaient" en vue du succès de
M. Picot ? L'orateur a fourni à cet égard de
bien piquants détails, en parlant d'une soi-
rée qui eut lieu au château d'un gentil-
homme vosgien ami de M. Picot, M. de
Lesseux, —soirée où furent passés en re-
vue les agents électoraux du candidat anti-
républicain. Citons cet amusant passage du
discours de M. A. Ferry :
Il y a eu chez M. de Lesseux une soirée, et
l'on peut se faire une idée du personnel qui
s'y rencontra. L'un des invités a mis dans sa
poche la vaisselle seigneuriale. Et quel était
cet homme? Un condamné pour vol simple,
pour outrage public à la pudeur, enfin pour
tentative de viol et attentat à la pudeur, à
cinq ans de prison.
Il était des familiers de M. de Lesseux, et
quand on lui a demandé pourquoi il avait
emporté la vaisselle, il répondit : CI Je n'ai
commis ce dernier méfait qu'après avoir bu
outre mesure et quand j'ai vu que plusieurs
individus en prenaient. » (Exclamations et
rires.)
Et ce sont ces gens que nous trouverons
tout à l'heure criant : A bas les voleurs 1
— La Chambre, a conclu l'orateur, inva-
lidera une élection obtenue grâce à de pa-
reils collaborateurs, grâce sutout aux
moyens que vous savez !
M. Viger
L'honorable rapporteur est revenu avec
une précision tout à fait accablante sur les
faits de corruption reprochés à M. Picot.
Citons à ce propos un passage du discours
du député du Loiret, en faisant préalable-
ment remarquer que M. Didier, dont il est
parlé dans les lignes qui suivent, est un
des- chefs du boulangisme vosgien et le
principal agent électoral de M. Picot :
M. Viger rapporteur. — Il y a quelque
chose de plus grave : ce sont les dons d'ar-
gent. -
On vous a dit que M. Picot, le lendemain de
son entrevue avec, le bureau du comité bou-
langiste, avait donné une somme de 3,000 fr.
Il a donné davantage. Dans un copie-lettres
de M. Didier, il est question d'une somme de
3,000 francs pour pousser aux affaires.
Dans la perquisition que le parquet a faite
chez Didier, il a trouvé un livre où étaient
inscrites les sommes que Didier donnait Jour
par jour au nom de Picot, avec des annota-
tions comme celle-ci : Ordre de M. Picot.
Donc le fait ne pourrait être nié.
Puis, en dehors d'un don de mille francs
aux comités de Senones et de Saint-Dié pour
des distributions de secours, il y a également
des pièces qui émanent de l'instruction judi-
ciaire ouverte par le juge de paix.
Ce sont des dépositions reçues sous la foi du
serment ; elles sont au nombre de 83 et on y
signale des dons de sommes de 5 10 et même
20 francs. Et un juge de paix ajoute qu'il
ne lui est pas possihle d'obtenir plus d'aveux,
parce que les agents de M. Picot sont allés
trouver ceux auxquels ils avaient donné de
l'argent, en leur taisant défense de le recon-
naître.
Passons maintenant, toujours d'après M.
Viger, aux faits de pression et d'intimida-
tion :
Il y a un adjoint qui va chez son lancier
et qui lui dit : Il Si vous votez pour Jules Fer-
ry, qui est franc-maçon, vous serez damné;
et si vous ne votez pas pour Picot, je le dirai
à votre curé qui vous excommuniera. » (Ri-
res ).
Voici un sieur Roussel qui dépose qu'on est
venu lui dire de voter pour Picot, et qu'un in-
dividu dont il était le débiteur lui avait remis
un bulletin numérote, en lui disant qu'il avait
pris note du numéro et qu'il saurait bien re-
connaître s'il avait voté comme il fallait.
Un procès-verbal de gendarmerie rapporte
que deux agents de M. Picot, dont un nommé
Petitdemange, ont menacé des électeurs, ont
payé à boire à d'autres, en disant : « Si vous
ne votez pas pour M. Picot, comme le règne
de Boulanger va venir, vous perdrez vos pla-
ces. » Or, ce Petitdemange avait été rayé des
cadres de l'armée comme n'ayant pas opté
pour la France.
Et M. le rapporteur a conclu en ces ter-
mes :
Ce n'était pas seulement M. Jules Ferry que
l'on combattait, mais tous les républicains,
depuis le? plus modérés du Centre-Gauche
jusqu'à ces vaillants de l'Extrême-Gauchc qui
ont maintenu avec tant de fermeté, aux der-
nières élections, le drapeau de la République.
Je n'ajouterai rien. Vous êtes des juges, vous
ferez justice ! (Applaudissements a gauche. —
Aux voix I)
La fin du débat
Après le discours applaudi de M. Viger,
M. Ernest Roche, député boulangiste de
Paris, a réclamé en quelques mots la vali-
dation de M. Picot, d'abord, a-t-il dit, par
respect des décisions du suffrage univer-
sel, ensuite parce que l'annulation de son
élection serait faite au profit de M Jules
Ferry, au nom duquel M. Roche a accolé
diverses épithètes d'une rare vivacité.
Comprenant que cette intervention bou-
langiste achevait de le perdre, M. Picot
s'est empressé de se dégager « des paroles
violentes qui venaient d'être prononcées »
et de proclamer « que la lutte entre M. Jules
Ferry et lui n'avait eu qu'un caractère
local ».
M. Chautemps est alors venu réclamer
l'enquête parlementaire sur l'élection de
Saint-Dié, et M. le rapporteur Viger a dé-
claré ne pas s'opposer à l'enquête, afin de
rendre la lumière plus complète sur tant
de manœuvres inavouables.
Dans ces conditions, c'est naturellement
l'enquête qui a prévalu. Elle a été ordon-
née par 318 voix contre 191.
[La. Chambre a encore, dans sa séance d'hier,
voté, par 38A voix contre 12, une proposition
de M. Maujan tendant à la création d'une édi-
tion populaire à cinq centimes des parties du
Journal officiel contenant le compte rendu des
débats parlementaire. Elle a, après un court
débat, décidé d'ajourner la discussion du nou-
veau projet relatif au timbre des récépissés
de petite vitesse. M. Barbey, ministre de la
marine, répondant à une question de M. Du
may, a annoncé le prompt rapatriement des
hommes libérables de l'infanterie de marine
appartenant à la classe 188A. La prochaine
séance a été renvoyée à jeudi prochain 20 fé-
vrier.]
MORT D'UN DÈPUTÉ
M.Bully, député républicain de l'Eure, a suc-
combé hier à Paris, aux suites d'une bronchite
capillaire dont il avait été atteint il y a huit
jours.
Il avait soixante-six ans.
Ses obsèques auront lieu demaiu à midi, à
Saint-Augustin.
CE QUI SE PASSE
AU SENEGAL
Le cas du lieutenant gouverneur Bayol.
— Blessure d'amour-propre. — Une
véritable expédition. — Prenez
garde f
Nous avons annoncé que de graves évé-
nements se passaient au Sénégal et dans le
royaume de Dahomey.
Il se confirme, malheureusement, en dé-
pit de tous les démentis, qu'un détache-
ment de la colonne du Haut-Fleuve a été
entamé.
Le lieutenant-gouverneur au Sénégal,M. le
docteur Bayol, demandait, il y a quelques
semaines, un renfort de trois cents hommes
pour assurer le respect d" drapeau fran-
çais. Ce renfort lui a été acerr lé, sur un
ordre formel du sous-secrétaire d'Etat aux
colonies. Or, avant que M. Etienne signât
cet ordre, le ministre de la marine était
informé d'un incident des plus graves dont
M. Bayol a été la victime. M. Bayol, dans
une incursion faite au royaume de Daho-
mey, aurait été fait prisonnier. Nous avons
dit cela il y a quelques jours; mais ce que
nous n'avions pas dit, c'est que le roi Kon-
gor, après l'avoir fait déshabiller, l'aurait
fait ligotter, lui aurait mis le pied sur la
gorge et lui aurait fait demander grâce.Dans
ces conditions, il ne faut pas trop en vou-
loir au lieutenant gouverneur de s'être
exécuté. Mais M. Bayol, blessé profondé-
ment dans son amour-propre, en deman-
dant les trois cents hommes de renfort,
n'a-t-il pas obéi à un sentiment naturel de
vengeance? Et s'il avait réfléchi, nous en-
traînerait-il dans une aventure dont il est
impossible aujourd'hui de prévoir les con-
séquences? - .- -
Nous voilà lancés dans une aifaire grosse
d'inconnu, hérissee de dangers, et nous
craignons fort que les trois cents tirailleurs
sénégalais qui vont à Cotonou — pour ré-
tablir lé canne, disent les officieux ; pour
souffler la tempête, dirons-nous,—soient re-
connus d'ici avant peu bien insuffisants
CONDAMNATION D'UN HAUT
FONCTIONNAIRE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Budapest, 13 février.
John Kokan, qui a rempli autrefois les fonc-
tions de secrétaire général du ministère du
commerce, était accusé d'avoir volé A2,000 flo-
rins à la caisse des expositions de Bruxelles et
de Barcelone.
Il vient d'être condamné à quatre ans et de-
mi de prison.
LAVIEDEPARIS
Il n'est guère possible, aujourd'hui en-
core, — car dans quelques jours on n'y
pensera plus, — de ne pas dire un mot
de l'aventure de M. le duc d'Orléans. Et,
comme on a tout raconté, je voudrais,
négligeant les commentaires politiques,
ne m'arrêter qu'à deux points qui tou-
chent à la vie de Paris. Ces points sont :
d'une part, le grossissement considérable
que certaines habitudes assez récentes
du journalisme donnent à toutes choses,
et aussi les compromissions où les pas-
sions politiques et sociales entraînent, de
la plus singulière façon, les classes aristo-
cratiques de Paris.
Nous passons, en Erance, pour être un
peuple très sage, d'esprit moyen, et nous
nous moquons volontiers, à Paris sur-
tout, des Méridionaux qui, dit-on, exagè-
rent toutes choses. En réalité, cette opi-
nion est assez juste. Nous sommes rai-
sonnables au fond et même, parfois, notre
sagesse se manifeste par l'indifférence.
La ville de Paris, prise dans son ensem-
ble n'a-t-elle pas été tout à fait indiffé-
rente à l'incident de ces jours-ci? J'ai
suivi ces choses avec une" curiosité attris-
tée, en philosophe, si vous voulez, et
aussi en politique, passionnément dési-
reux d'arriver à faire comprendre à mes
amis même qu'il fallait abroger les lois
d'exception, et désolé que, désormais ou
pour longtemps au moins, il nous soit
interdit de réaliser ce beau projet, — et
interdit par qui? Par ceux-là mêmes au
profit de qui nous l'avions conçu, dans
notre amour de l'égalité ! Eh bien i avec
la plus entière bonne foi, je puis affirmer
n'avoir trouvé nulle part trace d'une émo-
tion populaire réelle et ayant un peu de
profondeur. Qu'on ait arrêté ou non M. le
duc d'Orléans, c'est une chose profondé-
ment indifférente, je le jurerais, à qua-
tre-vingt-dix-neuf Français sur cent.
Et cependant, à en juger par certains
journaux, Paris aurait l'air d'être en feu !
La mauvaise tenue d'un quarteron d'avo-
cats peu respectueux de la majesté du
tribunal, la manifestation de cinquante
jeunes gens à la mode appuyés par quel-
ques douzaines d'horribles camelots, ont
pu passer, pour les lecteurs naïfs et éloi-
gnés, pour une expression de la volonté
ou des sentiments de Paris. C'est à faire
pitié, quand on connaît les dessous de
ces choses-là. Le reportage — que j'aime
beaucoup : j'en sais l'utilité et les diffi-
cultés, car j'en ai fait, comme mes cama-
rades - a précisément ce grand inconvé-
nient de donner une importance exces-
sive à tout. Je me souviens encore, quoi-
qu'il y ait bel âge de cela, du crime de
Troppmann.Ce misérable, on le sait,avait
tué une famille et avait enterré ses vic-
times dans un champ désert.
Or, un journal s'imagina de donner à
ses lecteurs le portrait. devinez de qui
ou de quoi? le portrait de la bêche avec
laquelle Troppmann avait creusé le sol,
bêche qui naturellement, ressemblait à
toutes -- les bêches -- du -- monde ! - Par de pa-
reils moyens on excite la8 badauderie.
Ou dirait que La Fontaine, dans ses fa-
bles, avait prévu cette maladie de nos
esprits quand il écrivit l'apologue des
« Bâtons flottants M. On nous fait croire à
un tas de choses qui n'existent pas, ou
du moins auxquelles on donne des pro-
portions tout à fait follement grossies.
Une bousculade devient une émeute
et vingt-cinq braillards représentent
une « imposante manifestation ». Qui-
conque veut avoir une idée juste et
impartiale, des choses duit commen-
cer par rabattre les trois quarts au
moins des récits qu'on en fait. Et puis-
que les Parisiens aiment à se moquer des
Marseillais, qu'ils aient l'esprit de faire
ce qu'on doit faire pour les histoires
qu'ils racontent et ne se laissent pas
tromper par des a blagueurs » qui ne
sont pas tous du Midi.
La seconde observation que je voulais
faire est relative à la facilité bizarre avec
laquelle les « gens bien u, comme on dit,
oublient leurs habitudes aristocratiques,
quand il s'agit de satisfaire leurs pas-
sions. On ne se douterait jamais que les
habitués des cercles élégants sont de si
bons démocrates. Certes, ce n'est pas moi
qui les en blâmerais. Seulement, quand
ils se rapprochent des porteurs de blouses,
ce sont des porteurs de blouses blanches,
je veux dire de ces camelots, à la solde et
à la main de qui en a besoin, avant-garde
boulangiste, sans emploi depuis quelque
temps. La fréquentation de ces messieurs
n'est pas sans inconvénient, et je n'hésite
pas à trouver que, dans les derniers inci-
deuts, la compromission me semble avoir
été tout à fait funeste.
On n'a peut-être pas assez remarqué
ce qui s'est passé aux abords du Palais
de Justice, alors que la « manifestation »
s'y agitait. Un officier d'artillerie, pas-
sant par là, est croisé par des soldats qui
ne le saluent pas, ainsi que le veut le rè-
glement militaire. L'officier s'approche
des soldats et veut prendre leur -numéro
matricule pour faire son rapport à la
place. Sur quoi, nous dit le Temps, -
dont le dire a été confirmé, sans ré-
flexion peut-être, par quelques journaux
monarchistes. — la foule prend parti
pour les soldats indisciplinés, entoure
l'officier, le menace, le bouscule, le force
à chercher un refuge derrière la grille
du Palais de Justice. Certes, je ne veux
pas croire que les « conservateurs » qui
faisaient du désordre dans la rue aient
été jusqu'à menacer un officier de notre
armée faisant son devoir. Mais, dans une
manifestation commune, nous rencon-
trons et les camelots, probablement payés
ou poussés là par leur amour instinctif
du désordre, et les hommes qui nous ac-
cusent, nous les vrais conservateurs, de
ne pas respecter la discipline dans l'ar-
mée.
C'est là le fait grave dans cette affaire-J
de voir que c'est à l'idée militaire qu'on
s'en prend. Des hommes qui devraient
avoir mieux ou plus que le respect de.
l'armée, sa superstition, qui sont dévoués
à une maison dont les princes n'ont été
populaires que comme soldats, ce qui a
donné à l'un d'eux, à M. le duc d'Au..-
male, une situation tout à fait à part
dans le pays, ont eu cette mauvaise for-
tune, pour la première fois qu'ils mani
testaient dans la rue, de coudoyer. d'ab04
minables camelots mettant une cocarde
à leur casquette pour se faire passer
pour des conscrits, et d'être mêlés à cetté
foule qui insultait un officier. Il y a là,
je pense, de quoi faire réfléchir. Et, danst
les mille incidents de ces derniers jours,1
j'ai noté celui-ci, parce que je crois que
c'est celui qui a le plus de valeur, celui
qui porte en lui une leçon dont on peut;
profiter encore.
Henry Fouquier.
LA BANQUE D'ESCOMPTE
ET LE
SARAGOSSE A LA MÉDITERRANÉE
L'émission. — Absence de garanties.
Rapport de l'arbitre. — Il faut
rendre l'argent.
Nos lecteurs se rappellent que, vers la fia -
de l'année dernière, la Banque d'escompte
lança, avec force réclames et promesses 6"
garanties-les plus sérieuses, une émission
d'obligations des chemins de fer de Sra.
gosse à la Méditerranée. 1
L'émission clôturée et huit millions en
caisses, le conseil d'administration de la
Banque d'escompte s'avisa que les condi-
tions de sécurité promises par les fonda-
teurs de la compagnie et énumérées eit
bonne place sur les prospectus pourraient
bien ne pas exister.
Il refusa net de se dessaisir des som.
mes versées par les souscripteurs français,
et, après un référé resté sans effet, saisit la
tribunal de commerce de la Seine d'une de-
mande tendant à la nomination d'un expert,
sur le rapport duquel il serait ultérieure-,
ment statué.
Dans son audience du 9 décembre der-
nier, le tribunal avait commis M. Bineau da
Villiers, avec mission de se rendre en Es-,
pagne et de faire un rapport sur la situa-
tion de la compagnie et sur l'existence
réelle des garanties affectées aux obliga.'
taires. -.
On annonce aujourd'hui que M. Bineau.
de Villiers aurait déposé un rapport con-
cluant en faveur de la Banque d'escompte
et donnant absolument raison aux craintes
que le conseil d'administration avait for-
mulées.
Dans ces conditions, il ne reste plus à la
Banque d'escompte qu'à restituer aux obli-*
gataires les fonds qu'ils ont versés pour usa
souscription qui ne réunit plus les garan-
ties- promises, fonds qui sont restés déjà
trop longtemps improductifs'dans ses,cais-
ses -
Nous pensons donc que le conseil d'ad-
ministration n'hésitera pas à procéder, dans
un délai très rapproché, - à cette énuitabli
mesure. -
LES REMONTES
UNE BROCHURE DE M. ÇASIMIR4
PERIER
Critique contre le service de la remonte;
— Deux systèmes d'achats. - A.Van.
tages et inconvénients.
M. Casimir-Perier, qui a été sous-secré-
taire d'Etat au ministère de la guerre, vient
de publier, contre le service de la remonta
des chevaux destinés à la cavalerie et à l'ar-
tillerie, une brochure autour de laquelle on
a fait grand bruit, même avant qu'elle pa-,
rû t.
Qu'il y ait des abus dans ce service, cela
n'est pas douteux, car on ne trouverait pas
une seule de nos administrations publiques
qui n'en soit pavée.
Qu'un législateur s'efforce de les faire dis-
paraître et les signale à ses collègues, rien
de mieux, et nous serons des premiers à le
soutenir dans sa généreuse entreprise.
Mais l'exagération nous semble ici pluS
nuisible.que l'exposé des faits.
Or, l'honorable vice-président de la Cham-
bre est allé beaucoup plus loin qu'il ne fal-
lait pour le succès de sa thèse : tout en na
voulant mettre en càuse qu'une institution,
il fait retomber ses griefs sur toute une ca-
tégorie d'officiers dont le rôle est des plus
difficiles et des plus délicats.
Cela dit, nous abordons immédiatement
le fond de la protestation de M. Casimir-
Perier contre le service de la remonte, pro-
testation qui prend son origine dans l'op-
position du personnel de ce service aux
réformes qu'avait présentées l'honorable
député de l'Aube quand il présidait la corn*
mission mixte des remontes. -
Une expérience
Voici, en résumé, où en est le conflit.
Les achats pour la remonte de la cava-
lerie et de l'artillerie se faisaient jadis avec
des chevaux de cinq à six ans qui pou-J
vaient immédiatement être versés dans les
escadrons et les batteries.
Aujourd'hui, on a établi, concurremment
avec ce système, celui des achats de che-
vaux de trois à cinq ans, que l'on garda
dans des dépôts de transition jusqu'au
jour ou ils peuvent être remis aux trou-
pes.
On s'est aperçu en effet, en pratiquant
l'ancien régime d'achat, que l'on se trou-
vait dans l'obligation de subir les préten-
tions des marchands, que l'on ne se pro<
curait que des chevaux de second ordre,,
en raison de l'insuffisance des prix d'achat
fixés par le budget, et que l'on ne pouvait
souvent éviter l'un ou l'autre inconvénient
qu'en ayant recours aux produits étran
g ers.
On s'est alors décidé à engager peu à peu
l'éleveur, surtout le petit éleveur, à pro-
duire le cheval de selle en lui assurant, paç
des achats de plus en plus nombreux, qu'il
pourrait avantageusement et sûrement sa
débarrasser de son produit à l'époque où i.
y trouve tout intérêt.
Cette expérience suit une marche pro",
gressive qui permet d'en prévoir les heu^,
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