Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-01-22
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 22 janvier 1890 22 janvier 1890
Description : 1890/01/22 (A19,N6582). 1890/01/22 (A19,N6582).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année. — N" 6,583
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SCANDALES A LA CHAMBRE
: Expulsion de trois députés
LES EMPLOYÉS DES TÉLÉPHONES
La bande Mme en cour d'assises
EXPLOSION D'UN OBUS
LE BOUCAN
Les boulangistes, aidés de la Droite,
ont montré hier, une fois de plus,
comment ils entendent l'opposition et
comment ils pratiquent le respect de
la loi. Lorsque nous les accusions na-
guère de vouloir se faire des fauteurs
de troubles, lorsque nous leurs disions
que leur programme politique consis-
tait simplement dans la violence et le
boucan, ils protestaient hautement.
Ils voulaient, disaient-ils, convaincre
le pays de la supériorits du régime
qu'ils défendaient sur les autres ré-
gimes ; mais cette conviction, ils de-
vaient la déterminer par la persua-
sion, et, comme leurs alliés de la
Droite, ils rejetaient avec la plus
profonde horreur la pensée de faire
du boucan.
Ces .protestations ne nous inspi-
raient qu'une médiocre confiance. Nous
avions vu l'attitude de la coalition
dans la dernière Chambre ; nous nous
rappelions les scènes de scandale
provoquées par M. Laguerre, par M.
Le Hérissé, les expulsions qu'ils avaient
contraint la majorité de prononcer
contre eux, et ce passé n'était pas
pour nous donner des gages de leur
sagesse future.
Notre scepticisme n'était pas dé-
placé, et la séance d'hier nous a prouvé
que les protestations de sagesse n'é-
taient qu'une tentative de mystifica-
tions jointe à toutes celles que nous
connaissions déjà et que nous avons
dévoilées. Depuis que la Chambre
nouvelle siège, le parti boulangiste
n'avait pu s'affirmer qu'en joignant
ses voix à celles de la Droite; mais il
avait décliné tous les débats dans les-
quels il aurait pu faire valoir ses rai-
sons et exposer ses doctrines. Les
hommes qui le composent se vantent
de n'être pas des parlementaires et le
raisonnement n'est pas leur fort. Ils
s'étaient distingués en diverses cir-
constances, par la violence de leurs
apostrophes, par l'inutilité de leurs
interruptions. Ils avaient, de ce fait,
collectionné une série déjà respecta-
ble de rappels à l'ordre. Mais c'était
peu pour leur ardeur : il leur tardait
de trouver une occasion plus propice
à des exercices plus violents.
Cette occasion s'est présentée hier.
M. Joffrin a demandé la parole, et les
boulangistes, comme la Droite, ont
voulu prendre leur revanche du vote
par lequel la maj orité républicaine
avait statué sur l'élection de- Clignan-
court. Entre les alliés de la Droite et
de l'Extrême-Gauche, le complot a
été bien vite ourdi d'empêcher le dé-
puté de Montmartre de prendre la
parole. Des incidents se sont produits.
Au rappel à l'ordre prononcé contre
M. Déroulède a succédé l'application
de la censure, puis de la censure avec
exclusion temporaire; puis il a fallu
pour mettre la décision de la Chambre
à exécution, suspendre la séance et
faire expulser le député de la Charente
manu militari. Cette tentative d'obs-
truction terminée, M. Millevoye a pro-
cédé à une seconde édition et il a fallu,
recommencer avec lui la même série
d'opérations. Puis ç'a été le tour de
M. Laguerre, avec lequel il a fallu re-
passer par la même succession d'inci-
dents. Cette fois, les boulangistes ont
lâché pied. Ils sont sortis en masse,
suivis par la majeure partie de la
Droite, et la séance a pu reprendre son
cours.
Nous comprenons fort bien que le
parti boulangiste et la Droite aient
éprouvé une vive irritation de la dé-
cision par laquelle M. Joffrin a été
proclamé élu à Paris. Nous compre-
nons que les alliés aient protesté et
fait tous leurs efforts pour empêcher
cette décision d'être ratifiée par la
Chambre; mais, aujourd'hui, l'agita-
tion dont ils donnent le spectacle n'a
plus de motif. Après la commission
de recensement, la Chambre a vérifié
l'élection de Clignancourt. La Droite
et le parti boulangiste ont eu la tri-
bune libre pour faire valoir leurs rai-
sons, et ils ont usé de cette liberté.
Non seulement ils ont eu la parole,
mais ils ont eu le bulletin de vote, et,
avec une unanimité touchante, ils en
ont usé en faveur du général Boulan-
ger. Ils ont été en minorité, et il sem-
ble évident que sur cette question,
comme sur toutes les autres, sous tous
les régimes, la minorité a épuisé son
droit le jour où la majorité s'est pro-
noncée. Le seul parti pour lequel cette
théorie parût contestable était, jus-
qu'ici, le parti anarchiste. S'il n'en
était pas ainsi, la loi n'aurait aucune
puissance, et, sous prétexte qu'elle
blâme les décisions du pouvoir légis-
latif, il y aurait toujours une partie
du pays qui refuserait de s'y sou-
mettre.
En provoquant les incidents d'hier,
les boulangistes et la Droite n'avaient
assurément pas la pensée que leur
agitation pût avoir des résultats pra-
tiques. Ils ont fait de la violence pour
l'amour de l'art et du boucan parce
que leur tempérament les porte au
boucan. Ils ont voulu faire contre le
régime parlementaire de la propa-
gande par le fait. Mais cette propa-
gande se retournera contre eux. Dans
quelques semaines vont avoir lieu des
élections motivées par l'invalidation
de plusieurs membres du parti. Ceux
qui les avaient élus, par mécontente-
ment des agitations stériles dont la
Chambre précédente avait donné le
spectacle et parce que les boulangistes
se présentaient comme les garants de.
l'ordre et de la stabilité, feront bien
de ne pas oublier l'attitude du parti
boulangiste depuis les élections et de
conserver précieusement le souvenir
des incidents d'hier. Nous serions fort
étonnés si, au jour du scrutin, le parti
boulangiste ne trouvait pas, dans une
défaite plus éclatante encore que celle
du lâ janvier, la preuve de la désap-
probation du suffrage universel.
BANOUE DE FRANCE
Question mal posée. — Le krach des
cuivres.
Le Temps a publié hier soir une note sur
la Banque de France qui ne fait que confir-
mer les renseignements que nous avons
donnés, mais qui appelle une observation
Voici le passage essentiel de cette note ;
On se rappelle que, au mois de mars der-
nier, lors du krach du Comptoir d'escompte,
le ministre des finances dut faire appel au
concours de la Banque de France pour pré-
venir un ébranlement général qui eût com-
promis l'ensemble du marché français et le
crédit même de l'Etat.
La Banque se mit complètement à la dispo-
sition du gouvernement.
Au lendemain de cette intervention, qui per-
mit de constater une fois de plus l'importance
des services que peut rendre à la chose publi-
que notre premier établissement de crédit, la
question du renouvellement du privilège vint
à se poser.
Des pourparlers spéciaux s'ouvrirent, qui
aboutirent à une entente sur les bases suivan-
tes: d'une part, la durée du privilège était
augmentée; d'autre- part, l'Etat acquérait un
droit de prélèvement sur les bénéfices de la
Banque.
, Un projet de convention fut préparé en con-
séquence; l'expiration des pouvoirs de la
Chambr-e survint avant qu'une convention dé-
finitive pfit être signée.
Par ce fait, le gouvernement et la Banque
ont repris leur entière liberté d'action. Un
échange de lettres entre les deux parties con-
tractantes a constaté qu'elles sont l'une et
l'autre dégagées.
Depuis cette époque, aucune négociation
nouvelle n'a eu lieu, et ce n'est pas à la veille
de l'assemblée des actionnaires de la Banque
de France qu'un contrat eût pu être élabore.
Il n'y a donc rien d'exact dans les notes aux-
quelles nous avons fait allusion.
Feut-etre n'était-il pas très opportun de
rappeler,comme un argument en faveur du
renouvellement du privilège de la Banque
de France, le rôle joué parcet établissement
dans l'affaire du Comptoir d'escompte.
La Banque de France a bien, en'effet,
avancé cent millions contre la remise du
portefeuille du Comptoir d'escompte, afin
d'empêcher que le krach des cuivres né
dégénérât en un désastre général ; mais ce
krach des cuivres était la conséquence de
l'accaparement dont la Banque de France
avait facilité, on s'en souvient, les opéra-
tions, en warrantant au Comptoir d'es-
compte, dans des conditions absolument
inusitées, jusqu'à 60,000 tonnes de cuivre.
Il semblerait, d'après cette note du Temps,
que le renouvellement du privilège de la
Banque de France devrait être en quelque
sorte le prix d'un service rendu.
Il ne nous paraît pas possible de laisser
poser ainsi la question.
COMPTOIR D'ESCOMPTE
Nouvelle entrevue au ministère
de la justice.
On sait que M. Thévenet, garde des sceaux,
a eu, dans l'après-midi de vendredi, une
entrevue avec MM. Banaston, procureur de
la République, et Prinet, juge d'instruction,
au sujet de l'affaire du Comptoir d'escompte.
Aussitôt après cette conférence, le dossier,
qui avait été communiqué au ministre de
la justice, a été remis a un substitut, qui
est chargé de faire le rapport.
M. Banaston, procureur de la République,
a, dans la soirée d'hier, rendu une nou-
velle visite à M. Thévenet, au sujet de l'af-
faire du Comptoir.
M. Prinet, souffrant, n'assistait pa$ à cette
seconde entrevue.
COMPLOT CONTRE LE TSAR
Suicide du colonel de la garde impériale
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vienne, S0 janvier.
On affirme ici qu'il est exact qu'un vaste
complot contre la vie du tsar a été décou-
vert à Saint-Pétersbourg. Un grand nombre
d'officiers et de fonctionnaires de la cour
ont été arrêtés. Le colonel Voleikoff, de la
garde impériale, qui était à la tête de cette
conspiration, s'est suicidé.
MORT D'UN GRAND INDUSTRIEL
Berne, 90 janvier.
Un des plus grands industriels dé la
Suisse, M. Charles Mercier, membre du jury
de l'Exposition, décoré récemment par le
gouvernement français,. vient de mourir
dçg suites de l'influenza, à Lausanne.
GROS TUMULTES
A LA CHAMBRE
M. JOFFRIN ET LES BOULANGISTES
L'interpellation de M. Lachize. — M. Jof-
frin à la tribune. — Les protestations
des boulangistes et de la Droite. —
MM. Déroulède, Millevoye et La-
guerre successivement expulsés. •
— L'intervention de la force
armée. - M. Joffrin a parlé.
Nous avons eu hier — à six heures pas-
sées — un gros scandale parlementaire. l Les
boulangistes ont voulu empêcher M. Joffrin
de faire son début à la tribune. Et, pendant
deux grandes heures, il y a eu, de ce chef,
des scènes violentes et tumultueuses au
point de rendre presque, impossible toute
description. C'est la i première fois que la
Chambre actuelle assistait à un tel spectacle.
Mais les anciens députés ont pu se croire
revenus aux plus chaudes journées de la
législature dernière.
C'est une interpellation de M. Lachize,
député socialiste du Rhône, qui a mis le feu
aux poudres. Cette interpellation, qui avait
subi, vers la fin de la précédente session,
l'ajournement à un mois, était inscrite à
l'ordre du jour d'hier: Elle portait sur l'an-
nulation des crédits votés par le conseil
municipal de Paris en faveur des grévistes
du Rhône et du Nord.
M. Lachize s'était plaint, en peu de mots,
de cette annulation, et M. Constans avait,
avec une égale concision, répondu que, le
conseil municipal étant sorti de la limite de
ses attributions et ayant manifestement
violé la loi, le gouvernement avait cru de-
voir intervenir — comme il le referait, et
avec non moins d'énergie, en pareille occu-
rence.
M. Antide Boyer avait protesté contre ces
déclarations; puis M. Joffrin demandait la
parole.
n ne parlera pas !
C'est l'apparition à la tribune du député
de Clignancourt qui a déchaîné la tempête,
— une tempête telle que M. Casimir-Perier,
qui présidait hier, a été longtemps impuis-
sant à la calmer.
Jugez-en par le début de l'incident :
M. le président.- La parole est à M. Joffrin.
(Bruit sur quelques, bancs à l'extrémité gau-
che de la salle.)
Voix diverses à l'extréme gauche. - Ecoutez
le commissaire du gouvernement I II n'est pas
député. (Bruit.)
H. ,"in.- Je suis député des républi-
cains. (Bruit.)
M. Déroulède prononce des paroles qui
se perdent dans le bruit. (Bruit à gauche.)
M. le président. — Monsieur Déroulède, si
vous persistez à interrompre, je serai obligé
de vous rappeler à l'ordre.
M. DIIgné de la Fauconnerie. — Au nom
du suffrage universel, vous n'avez pas le droit
de parler. (Interruptions à gauche.) ,
M. le président. — Monsieur Du gué de la
Fauconnerie, je vous rappelle à l'ordre. -
M. Cunéo «l'Ornant». — Vous laissez en-
vahir la uhambre, (Interruptions à gauche.—
A l'ordre 1)
M. le président. — Je vous prie de respec-
ter les décisions de la Chambre. (Applaudisse-
ments à gauche).. - .:
IM. Cunéo d'Ornano. — Le suffrage univer-
sel est au-dessus: de vous. (Interruptions à
gauche.)
M. le président. — Monieür Cunéo d'Or-
nano, je vous rappelle à l'ordre.
M. Déroulède prononce de nouveau des
paroles qui se perdént au milieu du bruit.
(Agitation.) -
Ce qu'était cette agitation, vous ne pouvez
vous en faire une idée. Toute la Chambre
était debout, et les interpellations les plus
vioientes s'échangeaient entre les membresde
la majorité et ceux du groupé boulangiste.
MM. Maujan, Beauquier, Bouge, d'autres en-
core, en venaient presque aux mains avec
MM. Déroulède, Boudeau, Jourde et con-
sorts.
Quant à ces « paroles perdues au milieu
du bruit », mentionnées par le pudique
compte rendu analytique, on devine ce
qu'elles peuvent être :
— Allez-vdus-en ! Vous n'êtes pas député!
Vous n'êtes pas élu! C'est une infamie ! Ca-
chez-vous! Cache-toi ! Vous souillez la tri-
bune! A la porte! Tu ne parleras pas !
Ainsi criaient les boulangistes, parmi
lesquels se distinguaient MM. Millevoye,
Boudeau, Jourde, Pierre Richard, et sur-
tout M. Déroulède, véritable maître de
chœur. A droite aussi, on donnait de la
voix, et ferme. MM. Dugué, Cuneo, Jolibois,
de Bernis, etc., faisaient rage.
M. Déroulède censuré, puis exclu
Au bout d'un grand quart d'heure, M. le
président Périer propose la censure contre
M. Déroulède, pour injures et menaces en-
vers un collègue. Le député d'Angoulême a
la parole pour s'expliquer.
— Je ne parlerai pas tant que cet individu
(M. Joffrin) sera ici ! clame-t-il.
La censure simple est prononcée au milieu
d'un tapage infernal et qui va durer long-
temps encore, — disons-le une fois pour
toutes.
M. Joffrin n'a pas quitté la tribune. M. Dé-
roulède continue de plus belle.
M. le président. — Mon devoir est tracé.
Je donne lecture de l'article ISA du règlement
qui est ainsi concu : « La censure avec exclu-
sion temporaire est prononcée contre tout dé-
puté qui aura résiste à la censure simple. »
En présence de la résistance de M. Dérou-
lède, je mets aux voix la censure avec exclu-
sion temporaire. (Très bien 1 très bien 1 à gau-
che et au centre. — Bruit.)
La Chambre, consultée, prononce contre M.
Déroulède la censure avec exclusion tempo-
raire.
M. le président. — J'invite M. Déroulède à
se retirer. (Très bien ! très bien ! à gauche et
au centre. — M. Déroulède reste à son banc.)
Je vais suspendre la séance, elle sera reprise
dans un quart d'heure. (Applaudissements à
gauche.)
La séance est suspendue à six heures vingt
minutes.
M. Déroulède a donc refusé de se sou-
mettre au règlement,— renouvelant ainsi
un coup que les boulangistes ont fait plu-
sieurs fois dans l'ancienne Chambre.
Il s'est assis à son banc, entouré de tous
ses amis, et pendant que plusieurs mem-
bres de la Droite venaient le féliciter, le
président, qui s'était couvert avant de sus-
pendre la séance, s'était retiré.
L'évacuation des tribunes était ordonnée
afin que la force armée pût, sans scandale
public, remplir son office.
Les choses se sont d'ailleurs passées en
douceur. Le colonel commandant les forces
militaires de la Chambre s'est présenté et a
touché M. Déroulède au bras, le sommant
de se retirer. Le député boulangiste a alors
obtempéré.
L'exclusion de M. Millevoye
La séance était reprise v SPT)t heures moiaa
lsvjesÉtt et M. Perier. (tonnait. de nouveau
la parole à M. Joffrin.
Mais le tapage recommence, M. Millevoye
reprenant le rôle précédemment joué par
M. Déroxilède.
SI. Millevoye. — Il ne parlera pas! (Bruit).
II. le président. — Monsieur Millevoye, je
vous rappelle à l'érdre.
M. Millevoye. — Je ne puis accepter ce
rappel à l'ordre: je représente mon pays,
moi !
M. le président. — Je vous rappelle à l'or-
dre avec inscription au procès-verbal.
M. Millevoye. — Je demande à m'expliquer
sur le rappel a l'ordre.
Et M. Millevoye continue. La majorité est
exaspérée. « Odieuse comédie ! » crie M. Me-
sureur, auquel le député boulangiste an-
nonce qu'il demandera raison de cette apos-
trophe. (Il y a eu en effet échange de té-
moins par la suite.)
La censure est réclamée. M. Millevoye
aggrave son cas par la violence de ses
propos. -,
M. l«Hciett Millevoye. - De quoi suis-je
accusé? C'est, au moment où M. Joffrin. mon-
tait à la tribune, d'avoir crié : « Il n'est pas le
représentant du suffrage universel, il n'a pas
le droit de siéger ici. »
Voilà tout mon crime. (Très bien! très bien!
à droite. — Bruit.)
Il paraît qu'il est grave. (Rires et exclama-
tions à droite.)
Il y en a un qui est plus grave, c'est d'avoir
validé M. Joffrin. (Applaudissements à droite
et sur quelques bancs a l'extrême. gauche de
la salle. — Vives réclamations au centre et à
gauche.)
J'estime que ces interruptions sont injurieu-
ses pour le suffrage universel dont vous êtes
sortis, et que, lorsque nous le défendons, vous
devriez être unanimes à nous approuver, et
que. vous devriez être à nos côtés. (Bruit.)
M. Joffrin ne peut pas parler, il ne doit pas
parler. (Applaudissements à droite. - Vives
protestations au centre et à gauche.)
On retire la parole au député de la Somme
et le président propose de lui appliquer la
censure, doublée, cette fois, de l'exclusion
temporaire qui, comme pour M. Déroulède,
est prononcée par la majorité entière.
Nouveau refus de se retirer. Nouvelle sus-
pension de séance. Nouyelle intervention du
colonel Elie — toujours suivant le même
cérémonial — et nouvelle reprise de la
séance à sept heures et quart.
Le tour de M. Laguerre
Cette fois, c'est M. Laguerre qui va don-
ner, se conformant toujours au très simple
procédé dont ont usé avant lui MM. Dérou-
lède et Mille voyé.
Après un petit intermède de M. Cunéo
d'Ornano, le président donne encore la pa-
role à M. Joffrin qui, derechef, remonte à
la tribune. - '- - - -.
M. Laguerre se lève, les bras croises, dé-
clarant qu'il ne laissera pas parler M. Jof-
frin, qui, dit-il, siège à la Chambre contre
tout droit. On lui applique la censure sim-
ple, puis, sur son insistance, la censure
avec exclusion.
- Je, ne m'en irai qu'après M. Joffrin! dé-
clare M. Laguerre.
Donc nouveau refus d'obéissance, séance
suspendue, force armée, etc., etc. Voir ci-
dessus.
Tous les députés boulangistes vont-ils,
l'un:après l'autre, continuer cette scène, et
la Chambre va-t-elle siéger jusqu'aux heu-
res les plus avancées de la nuit pour pou-
voir entendre M. Joffrin après élimination
préalable de tous les tapageurs?
Mais cette censure avec exclusion est
une peine très grave, et très dispendieuse
aussi. Elle entraîne, pour ceux qui en sont
frappés, l'interdiction d'assister à quinze
séances, puis la privation de moitié de l'in-
demnité pendant deux mois (750 fr.), sans
préjudice des frais d'impression et d'affi-
chage de l'extrait du procès-verbal men-
tionnant la pénalité prononcée.
Les boulangistes jugent donc préférable
d'arrêter les frais et de se retirer en masse.
Ils se trouvent assez frappés en la personne
de trois de. leurs chefs.
La fin de l'incident
Il est près de huit heures. M. Joffrin peut,
cette fois, parler, — non sans être encore
assez interrompu par les quelques droitiers
demeurés présents. MM. Jolibois et Galpin
se font administrer des rappels à l'ordre ;
mais le plus gros de la bagarre est apaisé.
On n'entend guère le député de Clignan-
court, car son mal si cruel lui rend assez
pénible l'usage de la parole. On comprend
vaguement qu'il proteste contre les scan-
dales qui viennent d'avoir lieu, qu'il fait de
virulentes sorties contre le parti boulan-
giste et son chef, qu'enfin il s'associe à M.
Lachize pour regretter l'annulation du vote
du conseil municipal en faveur des gré-
vistes.
Car c'est toujours de cette interpellation
qu'il s'agit. On l'avait bien perdue de vue,
au milieu du charivari de tout à l'heure,
cette interpellation ! Elle a été, après quel-
ques observations non écoutées de MM.
Couturier, de Bernis et Antide Boyer,
terminée par l'adoption, à 392 voix contre
52, de l'ordre du jour pur et simple.
Cette petite fête a pris fin vers les huit
heures et demie. Souhaitons qu'elle ne re-
commence pas de longtemps.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
n Vie da Paris » par Henry Fouquier.
M. MARTINEAU
ET LE COMITÉ BOULANGISTE
Deux lettres
C'est plus qu'une cassure: la brouille est
complète entre M. Martineau et le comité
bouhingiste. Voici les deux lettres que M.
Martineau vient d'adresser à MM. Laisant
et Castelin : -
Paris, 90 janvier 1890
A M. Laisant, député de la Seine, vice-président
du comité national
Monsieur,
J'ai lu dans les journaux votre lettre peu ai-
mable, dont il eût été correct de m'adresser
l'original. Je n'y veux répondre qu'un mot :
Est-ce que ce n'est pas vous, vieux républi-
cain qui donnez des leçons aux jeunes, qui êtes
allé, il n'y a pas bien longtemps, offrir vos ser-
vices au prince Napoléon?
Recevez mes salutations.
MARTINEAU
Paris, 80 janvier.
A M. Castelin, député, directeur de la COCARDE
Monsieur,
Votre article à mon sujet dans la Cocarde
d'hier est moins intéressant que ne le serait
la réponse à la question :
Est-ce que ce n est pas vous qui, depuis vo-
tre départ de la Lanterne, avez fait pour le
compte du général Boulanger la surveillance
intime du parti bôulangiste?
Recevez mes salutations.
MARTINEAU.
M. Castelin répond : « A sotte question,
pas de rCDonse. n
CHRONIQUE
La Mort alimente terriblement la chro-
nique, depuis quelque temps. Voici en-
core une figure caractéristique qui vient
de disparaître : M. Eugène Piot, un des
anciens intimes de Théophile Gautier, le
collectionneur érudit et impeccable qui,
généreusement, a laissé à l'Etat les plus
importants de ses trésors artistiquès, fai-
sant ainsi du public son héritier.
Si je veux parler de cet homme excel-
lent et distingué, que j'ai connu et aimé,
c'est qu'il incarnait le type, de plus en
plus rare aujourd'hui, du collectionneur
désintéressé, jouissant simplement de la
contemplation des objets rares qu'il avait
laborieusement et patiemment réunis, et
savourant leur possession uniquement
pour les sensations exquises qu'ils lui
donnaient.
Les amateurs ressemblent furieuse-
ment, actuellement, à des spéculateurs.
Les merveilles qu'ils acquièrent, avec un
goût sûr, constituent un placement, et
ils n'en oublient jamais la valeur mar-
chande. Les conversations des connais-
seurs les plus éclairés ont, trop souvent,
je ne sais quoi de décevant ; leur admi-
ration se traduit par des chiffres, et les
formules qu'ils emploient le plus volon-
tiers sont celles que leur fournit l'arith-
métique. Cette constante supputation du
prix des choses, cette arrière-pensée qu'on
sent chez eux de l'espoir d'une w opéra-
tion M heureuse à un moment donné, ce
sang-froid se mêlant à leurs émotions es-
thétiques, déconcertent un peu, de la
part de ceux qui font profession d'aimer
le Beau sous toutes ses formes, de savoir
le découvrir et l'apprécier. Leurs sacri-
fices pour l'achat d'une rareté désirée ne
vont point sans un calcul, et ils songent
volontiers à la Vente qu'ils organiseront
quelque jour et qui les dédommagera de
leurs peines. Ils ne se considèrent, fré-
quemment, que comme les détenteurs
passagers de ces précieuses choses.
M. Piot n'était pas de cette école trop
moderne. Il aimait ses collections pour
eUes-mêmes avec passion. Devenu assez
sceptique, retiré un peu du monde, très
fin avec son parler lent, tout à fait phi-
losophe, il n'estimait plus d'autres joies
que celles de se délecter les -yeux de ses
chères curiosités. S'il a senti venir la mort,
le mot qui a dû lui monter aux lèvres a
sans doute été, comme le cri fameux d'un
illustre amateur du dix-septième siècle :
r( II faut donc quitter tout cela! »
Je le vois encore, dans son grand ap-
partement d'une vieille maison de la rue
Saint-Fiacre, et, plus reCeInmènt, dans
son hôtel de la rue de Courcelles, passant
des semaines entières sans sortir, et, vêtu
d'un gilet de chasse, Son éternelle ciga-
rette à la bouche, flânant devant ses vi-
trines, ayant d'intimes conversations avec
tous ses trésors, jetant un regard atten-
dri à son tableau de Raphaël, souriant à
ses figures de Tanagra, si délicates, qu'il
avait été lui-même chercher en Grèce ja-
dis dans des fouilles, s'arrêtant devant sa
Vierge de Luca délia Robbia. Ou bien, il
ouvrait sa bibliothèque et il en tirait quel-
qu'un de ses merveilleux manuscrits ara-
bes qu'il examinait avec d'infinies pré-
cautions, ou encore il prenait entre ses
mains ce casque italien en forme de che-
velure, dont il était' particulièrement
énris. ;
Rien n'existait plus guère, pour lui, en
dehors de son petit Louvre. Il laissait les
piles de journaux s'amonceler sur sa
table, sans avoir la tentation d'en rompre
la bande ; et, pour n'être pas tout à fait
ignorant de ce qui se passait, cet homme
d'un profond savoir, d'une vaste érudi-
tion, se faisait dire les nouvelles, en gros,
par une femme de charge.
En dehors du subtil connaisseur, c'est
vraiment une admirable physionomie qui
s'en va. On pouvait voir en lui la plus
souriante figure du collectionneur, sans
ostentation, sans mise en scène, sans la
gloriole de tant d'autres. Simple et ac-
cueillant, il faisait de bonne grâce les
honneurs de ses merveilles à ceux qui y
pouvaient prêter un intérêt sérieux, mais
il se souciait peu des compliments, et il
raillait ceux qui n'ont de belles choses
que pour en faire étalage. Il n'eût pas été
collectionneur, par exemple, s'il ne se fût
malicieusement amusé des petites mésa-
ventures arrivées à des curieux impru-
dents ou naïfs, quand on les lui appre-
nait.
Il ne se faisait pas faute non plus de se
moquer doucement de quelques légères
erreurs des conservateurs des musées de
l'Etat ou de leur timidité en certaines oc-
casions; et ses yeux, le plus souvent à
demi clos, pétillaient tout à coup quand
il racontait, par exemple, l'histoire de ce
vase d'or avec émaux translucides, pro-
posé pour une somme dérisoire au musée
de Cluny, que M. du Sommerard avait
laissé échapper en déclarant qu'il n'é-
tait point authentique : c'était tout bon-
nement une inestimable merveille, que le
baron Pichon, prévenu, se hâta d'acqué-
rir. Il était plein de ces anecdotes, qu'il
narrait très plaisamment, de sa voix un
peu traînante.
Il avait des idées intéressantes sur l'or-
ganisation des musées, et je l'entends en-
core soutenir, sans jamais s'animer exté-
rieurement, cette thèse, qui lui tenait au
cœur, que tout n'y était pas pour le mieux :
« Un homme désireux de s'instruire, di-
sait-il, va au Louvre : que trouve-t-il
dans les salles? Des gardiens galonnés qui
veillent au bon ordre et qui, les braves
gens qu'ils sont, n'ont aucune prétention
artistique. Quant aux conservateurs, in-
visibles, inaccessibles au bon public! Ils
trônent dans la majesté secrète de leur
sanctuaire, gardant longtemps auprès
d'eux les pièces récemment acquises,avant
de les exposer. Un visiteur veut un ren-
seignement? Il ne peut le trouver que
dans un catalogue mal tenu au courant
et coûtant cher. Je voudrais, au eoii-J
traire, des employés capables de gÜiüét
les recherches, un bureau ouvert où on
obtiendrait facilement toutes les indican
tions que l'on réclamerait, et,ennn,se!on
les moyens de jce visiteur, plusieurs cata-
logues, à tous les prix, mis à sa disposi-
tion.. Les richesses, du musée seraient
ainsi vraiment vulgarisées. » Sur ce der-
nier point, les catalogues abrégés, M. Piot
avait commencé à obtenir satisfaction.
Mais il y aurait encore bien à faire pour
arriver à un résultat tout à fait pratique.
M. Piot, en dépit de sa haute compé-
tence sur les choses d'art, et d'illustres
amitiés littéraires, n'avait que peu écrit;
mais la courte collection de son Cabinet
de l'amateur contient de précieux docu-
ments. C'est là qu'il avait reproduit una
plaquette rarissime, la Confession du bro-
canteur, qui montrait que l'on ccuuiaissait
déjà, au commencement du dix-roitiéme
siècle, toutes les roueries du « truquage M
et que, en fait de duperies, notre époque,
singulièrement ingénieuse sur ce point,
cependant, n'a eu qu'à suivre les exem-
ples d'autrefois. -
L importance des dons faits par M. Piot
à l'Etat, les prix fondés par lui dans son
testament, lesressourœs -qu'il met à la
disposition de l'Institut pour encourager
de -jeunes talents, attirent aujourd'hui
l'attention sur son nom; mais, même sang
ces générosité posthumes, ne lui eùt-on
pas du de brosser son portrait en quel-
ques traits rapides? N'était-ce pas pres-
que un original, aujourd'hui, que cet
amateur qui s'entourait de tant de pré.
cieux objets simplement pour être ravi
et charmé de leur présence, pour goûter
des satisfactions raffinées, — sans mettre,
mentalement, une étiquette vénale au-
dessous de chacun d'eux, et sans songer
à des combinaisons financières basées sur
ses heureuses découvertes, dont il n'at-
tendait rien autre chose qu'un délicat
plaisir?
Paul Ginisty.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Les scrutins du 16 février,
Le ministre de l'intérieur a définitive!!
ment fixé au dimanche 16 février prochain
la date des élections rendues néeèssairc
dans le département de la Seine par les iin-
validations de MM. Naquet, Laur, Paulin
Méry, Goussot, Revest et de Belleval.
C'est également au 16 février que sont
fixées les élections législatives en remplace-
ment de MM. le comte Multedo, député in-
validé de la Corse; Lasserrë, député de
Tarn-et-Garonne, décédé, et Lebaudy, dé,
puté de Scine-et-Oise, décédé.
La date de l'élection qui aura lieu dans
l'arrondissement de Loches (Indre-et-Loircf
en remplacement de M. Arribat, ùécédè, efi
de celle qui aura lieu en remplacement d
M. Constans dans la Haute-Garonne n'est pas
encore fixée.
- L'ÉLECTION DE VaLOGNES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Lô, 30 janvier.
Contrairement à ce
Contrairement à ce qu'il avait déclaré Iiii7
même, M. Du Mesnildot, réactionnaire inv,
lidé, se représente dans l'arrondissement
de Valognes.
M. de Lagorsse, on le sait, est le candide
des républicains.
L'élection a lieu dimanche prochain.
UN DOMPTEUR DÉVORÉ
Une scène épouvantable. — A coups de
griffes et de crocs. - Panique des
spectateurs.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 20 janvier.
On télégraphie de Vicence qu'avant-hier
soir, dans une ménagerie, un dompteur de
dix-sept ans entra dans une cage qui ren-
fermait plusieurs lions, pour leur faire exé-
cuter les sauts aceoutumés.
Un lion se lança sur le dompteur, le ter-
rassa et se mit à lui fouiller le ventre et les
épaules avec ses crocs.
La scène a été épouvantable, les speeta-i
teurs fuyaient en hurlant. Peu s'en est fallu
qu'il n'arrivât d'autres malheurs.
Le jeune dompteur, transporté à l'hGp
tal, est mort peu après.
[Voilà qui fera mentir la légende que tous
les dompteurs meurent de vieillesse.]
LES FUNÉRAILLES
DE M. MARIANI
Les funérailles de demain
(D'UN CORRESPONDANT)
Rome, 20 janvier.
Le corps de M. Mariani a été exposé en
chapelle ardente au palais Farnèse. A par-
tir de midi, le public a été admis à défiler
devant le lit de parade où repose le corps
de l'ambassadeur défunt.
La foule est considérable. Dans la cha.
pelle ardente, le service d'honneur est fait
par une demi-compagnie de pompiers en
grande tenue.
Deux huissiers du ministère des affaires
étrangères et deux religieuses veillent au
chevet du mort.
M. Marchand, conseiller d'ambassade, est
trop malade pour pouvoir assister aux fu-
nérailles de l'ambassadeur de France ; mais
il va sensiblement mieux depuis deux
jours. -
La presse italienne et les ministres
aux obsèques
Toute la presse italienne a consacré des
articles élogieux au diplomate défunt et fait
ressortir les services qu'il a rendus et ceux
qu'il pouvait rendre encore en vue des bon-
nes relations de la France et de l'Italie.
Aux obsèques, qui auront lieu demain,
le comité directeur et son président, le dé-
puté Bonghi, représenteront l'Association
de la presse ; MM. Bizzoni, de la Capitale, et
Popovick, du Diritto, représenteront le Cer-
cle des journalistes.
Trois ministres resteront à Rome pour
assister aux funérailles de M. Mariani. Ld
grand-maître des cérémonies reste aussi à
Rome pour l'égler ces funérailles» -
CINQ Centimes — Paris et Départements CINQ Centimes
MERCFySDI m JANVIER 1800
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SCANDALES A LA CHAMBRE
: Expulsion de trois députés
LES EMPLOYÉS DES TÉLÉPHONES
La bande Mme en cour d'assises
EXPLOSION D'UN OBUS
LE BOUCAN
Les boulangistes, aidés de la Droite,
ont montré hier, une fois de plus,
comment ils entendent l'opposition et
comment ils pratiquent le respect de
la loi. Lorsque nous les accusions na-
guère de vouloir se faire des fauteurs
de troubles, lorsque nous leurs disions
que leur programme politique consis-
tait simplement dans la violence et le
boucan, ils protestaient hautement.
Ils voulaient, disaient-ils, convaincre
le pays de la supériorits du régime
qu'ils défendaient sur les autres ré-
gimes ; mais cette conviction, ils de-
vaient la déterminer par la persua-
sion, et, comme leurs alliés de la
Droite, ils rejetaient avec la plus
profonde horreur la pensée de faire
du boucan.
Ces .protestations ne nous inspi-
raient qu'une médiocre confiance. Nous
avions vu l'attitude de la coalition
dans la dernière Chambre ; nous nous
rappelions les scènes de scandale
provoquées par M. Laguerre, par M.
Le Hérissé, les expulsions qu'ils avaient
contraint la majorité de prononcer
contre eux, et ce passé n'était pas
pour nous donner des gages de leur
sagesse future.
Notre scepticisme n'était pas dé-
placé, et la séance d'hier nous a prouvé
que les protestations de sagesse n'é-
taient qu'une tentative de mystifica-
tions jointe à toutes celles que nous
connaissions déjà et que nous avons
dévoilées. Depuis que la Chambre
nouvelle siège, le parti boulangiste
n'avait pu s'affirmer qu'en joignant
ses voix à celles de la Droite; mais il
avait décliné tous les débats dans les-
quels il aurait pu faire valoir ses rai-
sons et exposer ses doctrines. Les
hommes qui le composent se vantent
de n'être pas des parlementaires et le
raisonnement n'est pas leur fort. Ils
s'étaient distingués en diverses cir-
constances, par la violence de leurs
apostrophes, par l'inutilité de leurs
interruptions. Ils avaient, de ce fait,
collectionné une série déjà respecta-
ble de rappels à l'ordre. Mais c'était
peu pour leur ardeur : il leur tardait
de trouver une occasion plus propice
à des exercices plus violents.
Cette occasion s'est présentée hier.
M. Joffrin a demandé la parole, et les
boulangistes, comme la Droite, ont
voulu prendre leur revanche du vote
par lequel la maj orité républicaine
avait statué sur l'élection de- Clignan-
court. Entre les alliés de la Droite et
de l'Extrême-Gauche, le complot a
été bien vite ourdi d'empêcher le dé-
puté de Montmartre de prendre la
parole. Des incidents se sont produits.
Au rappel à l'ordre prononcé contre
M. Déroulède a succédé l'application
de la censure, puis de la censure avec
exclusion temporaire; puis il a fallu
pour mettre la décision de la Chambre
à exécution, suspendre la séance et
faire expulser le député de la Charente
manu militari. Cette tentative d'obs-
truction terminée, M. Millevoye a pro-
cédé à une seconde édition et il a fallu,
recommencer avec lui la même série
d'opérations. Puis ç'a été le tour de
M. Laguerre, avec lequel il a fallu re-
passer par la même succession d'inci-
dents. Cette fois, les boulangistes ont
lâché pied. Ils sont sortis en masse,
suivis par la majeure partie de la
Droite, et la séance a pu reprendre son
cours.
Nous comprenons fort bien que le
parti boulangiste et la Droite aient
éprouvé une vive irritation de la dé-
cision par laquelle M. Joffrin a été
proclamé élu à Paris. Nous compre-
nons que les alliés aient protesté et
fait tous leurs efforts pour empêcher
cette décision d'être ratifiée par la
Chambre; mais, aujourd'hui, l'agita-
tion dont ils donnent le spectacle n'a
plus de motif. Après la commission
de recensement, la Chambre a vérifié
l'élection de Clignancourt. La Droite
et le parti boulangiste ont eu la tri-
bune libre pour faire valoir leurs rai-
sons, et ils ont usé de cette liberté.
Non seulement ils ont eu la parole,
mais ils ont eu le bulletin de vote, et,
avec une unanimité touchante, ils en
ont usé en faveur du général Boulan-
ger. Ils ont été en minorité, et il sem-
ble évident que sur cette question,
comme sur toutes les autres, sous tous
les régimes, la minorité a épuisé son
droit le jour où la majorité s'est pro-
noncée. Le seul parti pour lequel cette
théorie parût contestable était, jus-
qu'ici, le parti anarchiste. S'il n'en
était pas ainsi, la loi n'aurait aucune
puissance, et, sous prétexte qu'elle
blâme les décisions du pouvoir légis-
latif, il y aurait toujours une partie
du pays qui refuserait de s'y sou-
mettre.
En provoquant les incidents d'hier,
les boulangistes et la Droite n'avaient
assurément pas la pensée que leur
agitation pût avoir des résultats pra-
tiques. Ils ont fait de la violence pour
l'amour de l'art et du boucan parce
que leur tempérament les porte au
boucan. Ils ont voulu faire contre le
régime parlementaire de la propa-
gande par le fait. Mais cette propa-
gande se retournera contre eux. Dans
quelques semaines vont avoir lieu des
élections motivées par l'invalidation
de plusieurs membres du parti. Ceux
qui les avaient élus, par mécontente-
ment des agitations stériles dont la
Chambre précédente avait donné le
spectacle et parce que les boulangistes
se présentaient comme les garants de.
l'ordre et de la stabilité, feront bien
de ne pas oublier l'attitude du parti
boulangiste depuis les élections et de
conserver précieusement le souvenir
des incidents d'hier. Nous serions fort
étonnés si, au jour du scrutin, le parti
boulangiste ne trouvait pas, dans une
défaite plus éclatante encore que celle
du lâ janvier, la preuve de la désap-
probation du suffrage universel.
BANOUE DE FRANCE
Question mal posée. — Le krach des
cuivres.
Le Temps a publié hier soir une note sur
la Banque de France qui ne fait que confir-
mer les renseignements que nous avons
donnés, mais qui appelle une observation
Voici le passage essentiel de cette note ;
On se rappelle que, au mois de mars der-
nier, lors du krach du Comptoir d'escompte,
le ministre des finances dut faire appel au
concours de la Banque de France pour pré-
venir un ébranlement général qui eût com-
promis l'ensemble du marché français et le
crédit même de l'Etat.
La Banque se mit complètement à la dispo-
sition du gouvernement.
Au lendemain de cette intervention, qui per-
mit de constater une fois de plus l'importance
des services que peut rendre à la chose publi-
que notre premier établissement de crédit, la
question du renouvellement du privilège vint
à se poser.
Des pourparlers spéciaux s'ouvrirent, qui
aboutirent à une entente sur les bases suivan-
tes: d'une part, la durée du privilège était
augmentée; d'autre- part, l'Etat acquérait un
droit de prélèvement sur les bénéfices de la
Banque.
, Un projet de convention fut préparé en con-
séquence; l'expiration des pouvoirs de la
Chambr-e survint avant qu'une convention dé-
finitive pfit être signée.
Par ce fait, le gouvernement et la Banque
ont repris leur entière liberté d'action. Un
échange de lettres entre les deux parties con-
tractantes a constaté qu'elles sont l'une et
l'autre dégagées.
Depuis cette époque, aucune négociation
nouvelle n'a eu lieu, et ce n'est pas à la veille
de l'assemblée des actionnaires de la Banque
de France qu'un contrat eût pu être élabore.
Il n'y a donc rien d'exact dans les notes aux-
quelles nous avons fait allusion.
Feut-etre n'était-il pas très opportun de
rappeler,comme un argument en faveur du
renouvellement du privilège de la Banque
de France, le rôle joué parcet établissement
dans l'affaire du Comptoir d'escompte.
La Banque de France a bien, en'effet,
avancé cent millions contre la remise du
portefeuille du Comptoir d'escompte, afin
d'empêcher que le krach des cuivres né
dégénérât en un désastre général ; mais ce
krach des cuivres était la conséquence de
l'accaparement dont la Banque de France
avait facilité, on s'en souvient, les opéra-
tions, en warrantant au Comptoir d'es-
compte, dans des conditions absolument
inusitées, jusqu'à 60,000 tonnes de cuivre.
Il semblerait, d'après cette note du Temps,
que le renouvellement du privilège de la
Banque de France devrait être en quelque
sorte le prix d'un service rendu.
Il ne nous paraît pas possible de laisser
poser ainsi la question.
COMPTOIR D'ESCOMPTE
Nouvelle entrevue au ministère
de la justice.
On sait que M. Thévenet, garde des sceaux,
a eu, dans l'après-midi de vendredi, une
entrevue avec MM. Banaston, procureur de
la République, et Prinet, juge d'instruction,
au sujet de l'affaire du Comptoir d'escompte.
Aussitôt après cette conférence, le dossier,
qui avait été communiqué au ministre de
la justice, a été remis a un substitut, qui
est chargé de faire le rapport.
M. Banaston, procureur de la République,
a, dans la soirée d'hier, rendu une nou-
velle visite à M. Thévenet, au sujet de l'af-
faire du Comptoir.
M. Prinet, souffrant, n'assistait pa$ à cette
seconde entrevue.
COMPLOT CONTRE LE TSAR
Suicide du colonel de la garde impériale
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vienne, S0 janvier.
On affirme ici qu'il est exact qu'un vaste
complot contre la vie du tsar a été décou-
vert à Saint-Pétersbourg. Un grand nombre
d'officiers et de fonctionnaires de la cour
ont été arrêtés. Le colonel Voleikoff, de la
garde impériale, qui était à la tête de cette
conspiration, s'est suicidé.
MORT D'UN GRAND INDUSTRIEL
Berne, 90 janvier.
Un des plus grands industriels dé la
Suisse, M. Charles Mercier, membre du jury
de l'Exposition, décoré récemment par le
gouvernement français,. vient de mourir
dçg suites de l'influenza, à Lausanne.
GROS TUMULTES
A LA CHAMBRE
M. JOFFRIN ET LES BOULANGISTES
L'interpellation de M. Lachize. — M. Jof-
frin à la tribune. — Les protestations
des boulangistes et de la Droite. —
MM. Déroulède, Millevoye et La-
guerre successivement expulsés. •
— L'intervention de la force
armée. - M. Joffrin a parlé.
Nous avons eu hier — à six heures pas-
sées — un gros scandale parlementaire. l Les
boulangistes ont voulu empêcher M. Joffrin
de faire son début à la tribune. Et, pendant
deux grandes heures, il y a eu, de ce chef,
des scènes violentes et tumultueuses au
point de rendre presque, impossible toute
description. C'est la i première fois que la
Chambre actuelle assistait à un tel spectacle.
Mais les anciens députés ont pu se croire
revenus aux plus chaudes journées de la
législature dernière.
C'est une interpellation de M. Lachize,
député socialiste du Rhône, qui a mis le feu
aux poudres. Cette interpellation, qui avait
subi, vers la fin de la précédente session,
l'ajournement à un mois, était inscrite à
l'ordre du jour d'hier: Elle portait sur l'an-
nulation des crédits votés par le conseil
municipal de Paris en faveur des grévistes
du Rhône et du Nord.
M. Lachize s'était plaint, en peu de mots,
de cette annulation, et M. Constans avait,
avec une égale concision, répondu que, le
conseil municipal étant sorti de la limite de
ses attributions et ayant manifestement
violé la loi, le gouvernement avait cru de-
voir intervenir — comme il le referait, et
avec non moins d'énergie, en pareille occu-
rence.
M. Antide Boyer avait protesté contre ces
déclarations; puis M. Joffrin demandait la
parole.
n ne parlera pas !
C'est l'apparition à la tribune du député
de Clignancourt qui a déchaîné la tempête,
— une tempête telle que M. Casimir-Perier,
qui présidait hier, a été longtemps impuis-
sant à la calmer.
Jugez-en par le début de l'incident :
M. le président.- La parole est à M. Joffrin.
(Bruit sur quelques, bancs à l'extrémité gau-
che de la salle.)
Voix diverses à l'extréme gauche. - Ecoutez
le commissaire du gouvernement I II n'est pas
député. (Bruit.)
H. ,"in.- Je suis député des républi-
cains. (Bruit.)
M. Déroulède prononce des paroles qui
se perdent dans le bruit. (Bruit à gauche.)
M. le président. — Monsieur Déroulède, si
vous persistez à interrompre, je serai obligé
de vous rappeler à l'ordre.
M. DIIgné de la Fauconnerie. — Au nom
du suffrage universel, vous n'avez pas le droit
de parler. (Interruptions à gauche.) ,
M. le président. — Monsieur Du gué de la
Fauconnerie, je vous rappelle à l'ordre. -
M. Cunéo «l'Ornant». — Vous laissez en-
vahir la uhambre, (Interruptions à gauche.—
A l'ordre 1)
M. le président. — Je vous prie de respec-
ter les décisions de la Chambre. (Applaudisse-
ments à gauche).. - .:
IM. Cunéo d'Ornano. — Le suffrage univer-
sel est au-dessus: de vous. (Interruptions à
gauche.)
M. le président. — Monieür Cunéo d'Or-
nano, je vous rappelle à l'ordre.
M. Déroulède prononce de nouveau des
paroles qui se perdént au milieu du bruit.
(Agitation.) -
Ce qu'était cette agitation, vous ne pouvez
vous en faire une idée. Toute la Chambre
était debout, et les interpellations les plus
vioientes s'échangeaient entre les membresde
la majorité et ceux du groupé boulangiste.
MM. Maujan, Beauquier, Bouge, d'autres en-
core, en venaient presque aux mains avec
MM. Déroulède, Boudeau, Jourde et con-
sorts.
Quant à ces « paroles perdues au milieu
du bruit », mentionnées par le pudique
compte rendu analytique, on devine ce
qu'elles peuvent être :
— Allez-vdus-en ! Vous n'êtes pas député!
Vous n'êtes pas élu! C'est une infamie ! Ca-
chez-vous! Cache-toi ! Vous souillez la tri-
bune! A la porte! Tu ne parleras pas !
Ainsi criaient les boulangistes, parmi
lesquels se distinguaient MM. Millevoye,
Boudeau, Jourde, Pierre Richard, et sur-
tout M. Déroulède, véritable maître de
chœur. A droite aussi, on donnait de la
voix, et ferme. MM. Dugué, Cuneo, Jolibois,
de Bernis, etc., faisaient rage.
M. Déroulède censuré, puis exclu
Au bout d'un grand quart d'heure, M. le
président Périer propose la censure contre
M. Déroulède, pour injures et menaces en-
vers un collègue. Le député d'Angoulême a
la parole pour s'expliquer.
— Je ne parlerai pas tant que cet individu
(M. Joffrin) sera ici ! clame-t-il.
La censure simple est prononcée au milieu
d'un tapage infernal et qui va durer long-
temps encore, — disons-le une fois pour
toutes.
M. Joffrin n'a pas quitté la tribune. M. Dé-
roulède continue de plus belle.
M. le président. — Mon devoir est tracé.
Je donne lecture de l'article ISA du règlement
qui est ainsi concu : « La censure avec exclu-
sion temporaire est prononcée contre tout dé-
puté qui aura résiste à la censure simple. »
En présence de la résistance de M. Dérou-
lède, je mets aux voix la censure avec exclu-
sion temporaire. (Très bien 1 très bien 1 à gau-
che et au centre. — Bruit.)
La Chambre, consultée, prononce contre M.
Déroulède la censure avec exclusion tempo-
raire.
M. le président. — J'invite M. Déroulède à
se retirer. (Très bien ! très bien ! à gauche et
au centre. — M. Déroulède reste à son banc.)
Je vais suspendre la séance, elle sera reprise
dans un quart d'heure. (Applaudissements à
gauche.)
La séance est suspendue à six heures vingt
minutes.
M. Déroulède a donc refusé de se sou-
mettre au règlement,— renouvelant ainsi
un coup que les boulangistes ont fait plu-
sieurs fois dans l'ancienne Chambre.
Il s'est assis à son banc, entouré de tous
ses amis, et pendant que plusieurs mem-
bres de la Droite venaient le féliciter, le
président, qui s'était couvert avant de sus-
pendre la séance, s'était retiré.
L'évacuation des tribunes était ordonnée
afin que la force armée pût, sans scandale
public, remplir son office.
Les choses se sont d'ailleurs passées en
douceur. Le colonel commandant les forces
militaires de la Chambre s'est présenté et a
touché M. Déroulède au bras, le sommant
de se retirer. Le député boulangiste a alors
obtempéré.
L'exclusion de M. Millevoye
La séance était reprise v SPT)t heures moiaa
lsvjesÉtt et M. Perier. (tonnait. de nouveau
la parole à M. Joffrin.
Mais le tapage recommence, M. Millevoye
reprenant le rôle précédemment joué par
M. Déroxilède.
SI. Millevoye. — Il ne parlera pas! (Bruit).
II. le président. — Monsieur Millevoye, je
vous rappelle à l'érdre.
M. Millevoye. — Je ne puis accepter ce
rappel à l'ordre: je représente mon pays,
moi !
M. le président. — Je vous rappelle à l'or-
dre avec inscription au procès-verbal.
M. Millevoye. — Je demande à m'expliquer
sur le rappel a l'ordre.
Et M. Millevoye continue. La majorité est
exaspérée. « Odieuse comédie ! » crie M. Me-
sureur, auquel le député boulangiste an-
nonce qu'il demandera raison de cette apos-
trophe. (Il y a eu en effet échange de té-
moins par la suite.)
La censure est réclamée. M. Millevoye
aggrave son cas par la violence de ses
propos. -,
M. l«Hciett Millevoye. - De quoi suis-je
accusé? C'est, au moment où M. Joffrin. mon-
tait à la tribune, d'avoir crié : « Il n'est pas le
représentant du suffrage universel, il n'a pas
le droit de siéger ici. »
Voilà tout mon crime. (Très bien! très bien!
à droite. — Bruit.)
Il paraît qu'il est grave. (Rires et exclama-
tions à droite.)
Il y en a un qui est plus grave, c'est d'avoir
validé M. Joffrin. (Applaudissements à droite
et sur quelques bancs a l'extrême. gauche de
la salle. — Vives réclamations au centre et à
gauche.)
J'estime que ces interruptions sont injurieu-
ses pour le suffrage universel dont vous êtes
sortis, et que, lorsque nous le défendons, vous
devriez être unanimes à nous approuver, et
que. vous devriez être à nos côtés. (Bruit.)
M. Joffrin ne peut pas parler, il ne doit pas
parler. (Applaudissements à droite. - Vives
protestations au centre et à gauche.)
On retire la parole au député de la Somme
et le président propose de lui appliquer la
censure, doublée, cette fois, de l'exclusion
temporaire qui, comme pour M. Déroulède,
est prononcée par la majorité entière.
Nouveau refus de se retirer. Nouvelle sus-
pension de séance. Nouyelle intervention du
colonel Elie — toujours suivant le même
cérémonial — et nouvelle reprise de la
séance à sept heures et quart.
Le tour de M. Laguerre
Cette fois, c'est M. Laguerre qui va don-
ner, se conformant toujours au très simple
procédé dont ont usé avant lui MM. Dérou-
lède et Mille voyé.
Après un petit intermède de M. Cunéo
d'Ornano, le président donne encore la pa-
role à M. Joffrin qui, derechef, remonte à
la tribune. - '- - - -.
M. Laguerre se lève, les bras croises, dé-
clarant qu'il ne laissera pas parler M. Jof-
frin, qui, dit-il, siège à la Chambre contre
tout droit. On lui applique la censure sim-
ple, puis, sur son insistance, la censure
avec exclusion.
- Je, ne m'en irai qu'après M. Joffrin! dé-
clare M. Laguerre.
Donc nouveau refus d'obéissance, séance
suspendue, force armée, etc., etc. Voir ci-
dessus.
Tous les députés boulangistes vont-ils,
l'un:après l'autre, continuer cette scène, et
la Chambre va-t-elle siéger jusqu'aux heu-
res les plus avancées de la nuit pour pou-
voir entendre M. Joffrin après élimination
préalable de tous les tapageurs?
Mais cette censure avec exclusion est
une peine très grave, et très dispendieuse
aussi. Elle entraîne, pour ceux qui en sont
frappés, l'interdiction d'assister à quinze
séances, puis la privation de moitié de l'in-
demnité pendant deux mois (750 fr.), sans
préjudice des frais d'impression et d'affi-
chage de l'extrait du procès-verbal men-
tionnant la pénalité prononcée.
Les boulangistes jugent donc préférable
d'arrêter les frais et de se retirer en masse.
Ils se trouvent assez frappés en la personne
de trois de. leurs chefs.
La fin de l'incident
Il est près de huit heures. M. Joffrin peut,
cette fois, parler, — non sans être encore
assez interrompu par les quelques droitiers
demeurés présents. MM. Jolibois et Galpin
se font administrer des rappels à l'ordre ;
mais le plus gros de la bagarre est apaisé.
On n'entend guère le député de Clignan-
court, car son mal si cruel lui rend assez
pénible l'usage de la parole. On comprend
vaguement qu'il proteste contre les scan-
dales qui viennent d'avoir lieu, qu'il fait de
virulentes sorties contre le parti boulan-
giste et son chef, qu'enfin il s'associe à M.
Lachize pour regretter l'annulation du vote
du conseil municipal en faveur des gré-
vistes.
Car c'est toujours de cette interpellation
qu'il s'agit. On l'avait bien perdue de vue,
au milieu du charivari de tout à l'heure,
cette interpellation ! Elle a été, après quel-
ques observations non écoutées de MM.
Couturier, de Bernis et Antide Boyer,
terminée par l'adoption, à 392 voix contre
52, de l'ordre du jour pur et simple.
Cette petite fête a pris fin vers les huit
heures et demie. Souhaitons qu'elle ne re-
commence pas de longtemps.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
n Vie da Paris » par Henry Fouquier.
M. MARTINEAU
ET LE COMITÉ BOULANGISTE
Deux lettres
C'est plus qu'une cassure: la brouille est
complète entre M. Martineau et le comité
bouhingiste. Voici les deux lettres que M.
Martineau vient d'adresser à MM. Laisant
et Castelin : -
Paris, 90 janvier 1890
A M. Laisant, député de la Seine, vice-président
du comité national
Monsieur,
J'ai lu dans les journaux votre lettre peu ai-
mable, dont il eût été correct de m'adresser
l'original. Je n'y veux répondre qu'un mot :
Est-ce que ce n'est pas vous, vieux républi-
cain qui donnez des leçons aux jeunes, qui êtes
allé, il n'y a pas bien longtemps, offrir vos ser-
vices au prince Napoléon?
Recevez mes salutations.
MARTINEAU
Paris, 80 janvier.
A M. Castelin, député, directeur de la COCARDE
Monsieur,
Votre article à mon sujet dans la Cocarde
d'hier est moins intéressant que ne le serait
la réponse à la question :
Est-ce que ce n est pas vous qui, depuis vo-
tre départ de la Lanterne, avez fait pour le
compte du général Boulanger la surveillance
intime du parti bôulangiste?
Recevez mes salutations.
MARTINEAU.
M. Castelin répond : « A sotte question,
pas de rCDonse. n
CHRONIQUE
La Mort alimente terriblement la chro-
nique, depuis quelque temps. Voici en-
core une figure caractéristique qui vient
de disparaître : M. Eugène Piot, un des
anciens intimes de Théophile Gautier, le
collectionneur érudit et impeccable qui,
généreusement, a laissé à l'Etat les plus
importants de ses trésors artistiquès, fai-
sant ainsi du public son héritier.
Si je veux parler de cet homme excel-
lent et distingué, que j'ai connu et aimé,
c'est qu'il incarnait le type, de plus en
plus rare aujourd'hui, du collectionneur
désintéressé, jouissant simplement de la
contemplation des objets rares qu'il avait
laborieusement et patiemment réunis, et
savourant leur possession uniquement
pour les sensations exquises qu'ils lui
donnaient.
Les amateurs ressemblent furieuse-
ment, actuellement, à des spéculateurs.
Les merveilles qu'ils acquièrent, avec un
goût sûr, constituent un placement, et
ils n'en oublient jamais la valeur mar-
chande. Les conversations des connais-
seurs les plus éclairés ont, trop souvent,
je ne sais quoi de décevant ; leur admi-
ration se traduit par des chiffres, et les
formules qu'ils emploient le plus volon-
tiers sont celles que leur fournit l'arith-
métique. Cette constante supputation du
prix des choses, cette arrière-pensée qu'on
sent chez eux de l'espoir d'une w opéra-
tion M heureuse à un moment donné, ce
sang-froid se mêlant à leurs émotions es-
thétiques, déconcertent un peu, de la
part de ceux qui font profession d'aimer
le Beau sous toutes ses formes, de savoir
le découvrir et l'apprécier. Leurs sacri-
fices pour l'achat d'une rareté désirée ne
vont point sans un calcul, et ils songent
volontiers à la Vente qu'ils organiseront
quelque jour et qui les dédommagera de
leurs peines. Ils ne se considèrent, fré-
quemment, que comme les détenteurs
passagers de ces précieuses choses.
M. Piot n'était pas de cette école trop
moderne. Il aimait ses collections pour
eUes-mêmes avec passion. Devenu assez
sceptique, retiré un peu du monde, très
fin avec son parler lent, tout à fait phi-
losophe, il n'estimait plus d'autres joies
que celles de se délecter les -yeux de ses
chères curiosités. S'il a senti venir la mort,
le mot qui a dû lui monter aux lèvres a
sans doute été, comme le cri fameux d'un
illustre amateur du dix-septième siècle :
r( II faut donc quitter tout cela! »
Je le vois encore, dans son grand ap-
partement d'une vieille maison de la rue
Saint-Fiacre, et, plus reCeInmènt, dans
son hôtel de la rue de Courcelles, passant
des semaines entières sans sortir, et, vêtu
d'un gilet de chasse, Son éternelle ciga-
rette à la bouche, flânant devant ses vi-
trines, ayant d'intimes conversations avec
tous ses trésors, jetant un regard atten-
dri à son tableau de Raphaël, souriant à
ses figures de Tanagra, si délicates, qu'il
avait été lui-même chercher en Grèce ja-
dis dans des fouilles, s'arrêtant devant sa
Vierge de Luca délia Robbia. Ou bien, il
ouvrait sa bibliothèque et il en tirait quel-
qu'un de ses merveilleux manuscrits ara-
bes qu'il examinait avec d'infinies pré-
cautions, ou encore il prenait entre ses
mains ce casque italien en forme de che-
velure, dont il était' particulièrement
énris. ;
Rien n'existait plus guère, pour lui, en
dehors de son petit Louvre. Il laissait les
piles de journaux s'amonceler sur sa
table, sans avoir la tentation d'en rompre
la bande ; et, pour n'être pas tout à fait
ignorant de ce qui se passait, cet homme
d'un profond savoir, d'une vaste érudi-
tion, se faisait dire les nouvelles, en gros,
par une femme de charge.
En dehors du subtil connaisseur, c'est
vraiment une admirable physionomie qui
s'en va. On pouvait voir en lui la plus
souriante figure du collectionneur, sans
ostentation, sans mise en scène, sans la
gloriole de tant d'autres. Simple et ac-
cueillant, il faisait de bonne grâce les
honneurs de ses merveilles à ceux qui y
pouvaient prêter un intérêt sérieux, mais
il se souciait peu des compliments, et il
raillait ceux qui n'ont de belles choses
que pour en faire étalage. Il n'eût pas été
collectionneur, par exemple, s'il ne se fût
malicieusement amusé des petites mésa-
ventures arrivées à des curieux impru-
dents ou naïfs, quand on les lui appre-
nait.
Il ne se faisait pas faute non plus de se
moquer doucement de quelques légères
erreurs des conservateurs des musées de
l'Etat ou de leur timidité en certaines oc-
casions; et ses yeux, le plus souvent à
demi clos, pétillaient tout à coup quand
il racontait, par exemple, l'histoire de ce
vase d'or avec émaux translucides, pro-
posé pour une somme dérisoire au musée
de Cluny, que M. du Sommerard avait
laissé échapper en déclarant qu'il n'é-
tait point authentique : c'était tout bon-
nement une inestimable merveille, que le
baron Pichon, prévenu, se hâta d'acqué-
rir. Il était plein de ces anecdotes, qu'il
narrait très plaisamment, de sa voix un
peu traînante.
Il avait des idées intéressantes sur l'or-
ganisation des musées, et je l'entends en-
core soutenir, sans jamais s'animer exté-
rieurement, cette thèse, qui lui tenait au
cœur, que tout n'y était pas pour le mieux :
« Un homme désireux de s'instruire, di-
sait-il, va au Louvre : que trouve-t-il
dans les salles? Des gardiens galonnés qui
veillent au bon ordre et qui, les braves
gens qu'ils sont, n'ont aucune prétention
artistique. Quant aux conservateurs, in-
visibles, inaccessibles au bon public! Ils
trônent dans la majesté secrète de leur
sanctuaire, gardant longtemps auprès
d'eux les pièces récemment acquises,avant
de les exposer. Un visiteur veut un ren-
seignement? Il ne peut le trouver que
dans un catalogue mal tenu au courant
et coûtant cher. Je voudrais, au eoii-J
traire, des employés capables de gÜiüét
les recherches, un bureau ouvert où on
obtiendrait facilement toutes les indican
tions que l'on réclamerait, et,ennn,se!on
les moyens de jce visiteur, plusieurs cata-
logues, à tous les prix, mis à sa disposi-
tion.. Les richesses, du musée seraient
ainsi vraiment vulgarisées. » Sur ce der-
nier point, les catalogues abrégés, M. Piot
avait commencé à obtenir satisfaction.
Mais il y aurait encore bien à faire pour
arriver à un résultat tout à fait pratique.
M. Piot, en dépit de sa haute compé-
tence sur les choses d'art, et d'illustres
amitiés littéraires, n'avait que peu écrit;
mais la courte collection de son Cabinet
de l'amateur contient de précieux docu-
ments. C'est là qu'il avait reproduit una
plaquette rarissime, la Confession du bro-
canteur, qui montrait que l'on ccuuiaissait
déjà, au commencement du dix-roitiéme
siècle, toutes les roueries du « truquage M
et que, en fait de duperies, notre époque,
singulièrement ingénieuse sur ce point,
cependant, n'a eu qu'à suivre les exem-
ples d'autrefois. -
L importance des dons faits par M. Piot
à l'Etat, les prix fondés par lui dans son
testament, lesressourœs -qu'il met à la
disposition de l'Institut pour encourager
de -jeunes talents, attirent aujourd'hui
l'attention sur son nom; mais, même sang
ces générosité posthumes, ne lui eùt-on
pas du de brosser son portrait en quel-
ques traits rapides? N'était-ce pas pres-
que un original, aujourd'hui, que cet
amateur qui s'entourait de tant de pré.
cieux objets simplement pour être ravi
et charmé de leur présence, pour goûter
des satisfactions raffinées, — sans mettre,
mentalement, une étiquette vénale au-
dessous de chacun d'eux, et sans songer
à des combinaisons financières basées sur
ses heureuses découvertes, dont il n'at-
tendait rien autre chose qu'un délicat
plaisir?
Paul Ginisty.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Les scrutins du 16 février,
Le ministre de l'intérieur a définitive!!
ment fixé au dimanche 16 février prochain
la date des élections rendues néeèssairc
dans le département de la Seine par les iin-
validations de MM. Naquet, Laur, Paulin
Méry, Goussot, Revest et de Belleval.
C'est également au 16 février que sont
fixées les élections législatives en remplace-
ment de MM. le comte Multedo, député in-
validé de la Corse; Lasserrë, député de
Tarn-et-Garonne, décédé, et Lebaudy, dé,
puté de Scine-et-Oise, décédé.
La date de l'élection qui aura lieu dans
l'arrondissement de Loches (Indre-et-Loircf
en remplacement de M. Arribat, ùécédè, efi
de celle qui aura lieu en remplacement d
M. Constans dans la Haute-Garonne n'est pas
encore fixée.
- L'ÉLECTION DE VaLOGNES
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Lô, 30 janvier.
Contrairement à ce
Contrairement à ce qu'il avait déclaré Iiii7
même, M. Du Mesnildot, réactionnaire inv,
lidé, se représente dans l'arrondissement
de Valognes.
M. de Lagorsse, on le sait, est le candide
des républicains.
L'élection a lieu dimanche prochain.
UN DOMPTEUR DÉVORÉ
Une scène épouvantable. — A coups de
griffes et de crocs. - Panique des
spectateurs.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 20 janvier.
On télégraphie de Vicence qu'avant-hier
soir, dans une ménagerie, un dompteur de
dix-sept ans entra dans une cage qui ren-
fermait plusieurs lions, pour leur faire exé-
cuter les sauts aceoutumés.
Un lion se lança sur le dompteur, le ter-
rassa et se mit à lui fouiller le ventre et les
épaules avec ses crocs.
La scène a été épouvantable, les speeta-i
teurs fuyaient en hurlant. Peu s'en est fallu
qu'il n'arrivât d'autres malheurs.
Le jeune dompteur, transporté à l'hGp
tal, est mort peu après.
[Voilà qui fera mentir la légende que tous
les dompteurs meurent de vieillesse.]
LES FUNÉRAILLES
DE M. MARIANI
Les funérailles de demain
(D'UN CORRESPONDANT)
Rome, 20 janvier.
Le corps de M. Mariani a été exposé en
chapelle ardente au palais Farnèse. A par-
tir de midi, le public a été admis à défiler
devant le lit de parade où repose le corps
de l'ambassadeur défunt.
La foule est considérable. Dans la cha.
pelle ardente, le service d'honneur est fait
par une demi-compagnie de pompiers en
grande tenue.
Deux huissiers du ministère des affaires
étrangères et deux religieuses veillent au
chevet du mort.
M. Marchand, conseiller d'ambassade, est
trop malade pour pouvoir assister aux fu-
nérailles de l'ambassadeur de France ; mais
il va sensiblement mieux depuis deux
jours. -
La presse italienne et les ministres
aux obsèques
Toute la presse italienne a consacré des
articles élogieux au diplomate défunt et fait
ressortir les services qu'il a rendus et ceux
qu'il pouvait rendre encore en vue des bon-
nes relations de la France et de l'Italie.
Aux obsèques, qui auront lieu demain,
le comité directeur et son président, le dé-
puté Bonghi, représenteront l'Association
de la presse ; MM. Bizzoni, de la Capitale, et
Popovick, du Diritto, représenteront le Cer-
cle des journalistes.
Trois ministres resteront à Rome pour
assister aux funérailles de M. Mariani. Ld
grand-maître des cérémonies reste aussi à
Rome pour l'égler ces funérailles» -
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