Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-01-17
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 17 janvier 1890 17 janvier 1890
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième année.—N° 6,577 CINQ Centimes- , Parle et Départements - CINO Centimes VENDREDI 17 JANVIER 1M 1* -
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JOURNAL RÉPUBLICAIN
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DU PARTI HOIOGENE
La coalition bonaparto - orléano.-
elérïco-boulangiste n'est naturelle-
ment pas satisfaite de son échec de
dimanche, et les partis divers qui s'a-
britent sous la commune équivoque
s'accusent réciproquement d'être cause
de la défaite. Tous les réactionnaires
se retournent, d'un commun accord,
vers les boulangistes et s'écrient :
« Quel besoin avez-vous de vous don-
ner tant de mouvement? Cela allait
tout seul; mais vous êtes venus vous
porter garants du républicanisme des
invalides, et ces certificats délivrés
avec tant de tapage ont produit sur
les électeurs conservateurs un effet
très calmant. » Ce n'est peut-être pas
très exact, car presque partout le
nombre des électeurs a été très sensi-
blement le même, dimanche dernier,
qu'aux élections générales. Ce ne sont
donc pas les abstentions qui ont mo-
difié--le résultat du scrutin, et les can-
didats républicains ont gagné réelle-
ment les voix que les opposants per-
daient; Il y aurait à ce déplacement
une explication bien humaine; il est
inutile de la donner. Nous ne discu-
tons pas celle des coalisés, nous nous
contentons de l'enregistrer.
De leur côté, les boulangistes ne
sont pas embarrassés pour faire aux
réactionnaires un grief de la candida-
ture monarchique qui s'est produite à
Lorient et de l'abandon dans lequel
les royalistes bretons ont laissé « l'in-
génieur révoqué » que le « comité ré-
publicain national » avait désigné
pour remplacer M. Dillon. Cette ma-
lencontreuse candidature monarchique
a surgi juste à point pour prouver une
fois de plus qu'au 33 septembre, les
royalistes, «républicains ralliés" et les
ci républicains d'origine » rassemblés
sous la bannière boulangiste avaient
marché la main dans la main, et pour
montrer avec une indéniable évidence
de quel disparate assemblage était
fait le prétendu « parti républicain
national
Mais iln'apas suffi à cette élection de
Lorient d'obliger les aveugles volon-
taires les plus récalcitrants à faire ces
désagréables constatations. Le pre-
mier tour de scrutin n'ayant pas donné
de résultat, elle devient une cause
d'embarras pour la coalition. Un
néophyte du boulangisme, avec une
ardeur digne de Polyeucte, a eu la dé-
plorable idée de vouloir donner des
conseils à son parti. En appréciant les
résultats des élections de dimanche,
M. Paul Lenglé émettait l'avis que M.
Frédéric Soulié devait a mettre avant
tout M. le comte de Pluvié en de-
meure de se rallier nettement, sincè-
rement, sans arrière-pensée ni porte
de sortie, à cette grande idée : Répu-
blique », et que, dans le cas où il refu-
serait, M. Frédéric Soulié devrait, « la
mort dans l'âme, voter et faire voter
► pour M. Guieysse, candidat républi-
cain. ». Entraîné par la chaleur de son
raisonnement, M. Lenglé ajoutait :
u Si cela n'était pas, si les chefs du
parti républicain national n'indi-
quaient pas eux-mêmes cette voie à
M. Frédéric Soulié, qui a reçu leur
investiture et leur appui, le « boulan-
[ gisme » ne serait plus demain qu'une
branche nouvelle, — et à coup sûr la
moins solide, — de ce vieil arbre
chenu, sous les rameaux duquel se ré-
fugient depuis trop longtemps les
partis d'ancien régime, l'Union con-
servatrice ».
Il était intéressant de savoir ce que
les «républicains d'origines qui ont
adhéré au boulangisme et qui com-
posent le comité directeur du parti ré-
pondraient à M. Lenglé. Mais les jour-
naux officiels qu'ils dirigent n'ont pas
soufflé mot. Ils laissent l'élection de
Lorient tomber dans l'oubli, tout oc-
cupés de l'organisation du banquet
commémoratif du S7 janvier. Un de
nos confrères a voulu obtenir les
explications qui ne venaient pas et il
a interrogé M. Millevoye. Celui-ci a
haussé les épaules à la seule pensée de
faire « avec nos pires adversaires de
la concentration républicaine », et il a
ajouté : « Si M. Guieysse, le candidat
opportuniste de Lorient, consent à
réprouver le procès de la haute cour
et les invalidations dont plusieurs
d'entre nous ont été victimes, alors
nous verrons». Mais, comme lui-même
n'attend pas du candidat républicain
ce désaveu, il est d'avis « que chacun
affronte la bataille électorale avec ses
chances, avec ses partisans, et que les
électeurs reportent leurs voix sur le
candidat qui représente le mieux le
respect du suffrage universel. »
On n'a décidément pas l'habitude,
dans le parti boulangiste, de parler
clair, et les formules les plus entor-
tillées sont celles dont on use le plus
volontiers. Il n'y a néanmoins pas à
douter du sens véritable de l'oracle
rendu par M. Millevoye : c'est bien
sur le candidat monarchiste que les
&999 électeurs de M. Soulié doivent*
suivant lui, reporter leurs voix. Les
boulangistes, sachant que les 3,000
voix obtenues au premier tour par
leur candidat décideront de l'élection,
n'hésitent pas, ayant le choix entre
un monarchiste èt un républicain, à
les offrir au monarchiste. Cela ne peut
guère surprendre, car les boulangistes
n'ont jamais agi autrement ; ils n'ont
été, dans la Chambre comme dans le
pays, que les remorqueurs ou les re-
morqués des partis réactionnaires, et
c'est seulement en continuant à mar-
cher avec ces partis qu'ils peuvent
conserver quelques chances, bien
vagues d'ailleurs. Mais il est piquant
de voir un bonapartiste récemment
converti, comme M. Lenglé, défendre
dans le parti l'idée républicaine et de
constater, non seulement l'isolement
dans lequel on le laisse, mais le dé-
savœu formel que lui infligent les
« républicains » pour lesquels la
Gauche de la Chambre n'a pas de
sièges assez reculés, ni la Montagne
de banquettes assez hautes.
Le XIXe SIECLE publiera demain la 1
» Vie de Paris » par Henry Fouquier.
: LES CORBEAUX
-
Conséquences du conflit anglo-portu-
gais. — Les voyageurs allemands.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 15 janvier.
Nos industriels et commerçants se dis-
posent à profiter de la campagne que les
Portugais ont entreprise contre les produits
anglais.
La Banque d'exportation allemande, de
concert avec quelques grands industriels,
a décidé de faire partir pour Lisbonne,
prochainement, un navire avec des articles
allemands. Une foule de commis-voyageurs
allemands se sont dirigés vers le Portugal
dans ces derniers jours.
LA SANTÉ DU PAPE
L'influenza. — Aggravation.
- (DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 15 janvier.
Le docteur Ceccarelli, qui soigne le pape,
atteint d'influenza depuis quelques jours, a
fait demander aujourd'hui en consultation
plusieurs médecins.
, - On dit ici qu'il y a aggravation dans l'état
de santé du souverain pontife.
OUVERTURE
DU PARLEMENT PRUSSIEN
DISCOURS DU TRONE
Les finances allemandes et prussiennes.
— Les grèves. — La monarchie et la
classe ouvrière.
(D'UN CORRESPONDANT)
Berlin, 15 janvier.
L'ouverture de la session du Landtag
prussien a eu lieu dans la salle Blanche du
château royal.
M. de Bœtticher, ministre d'Etat, a donné
lecture du discours du trône.
Le discours débute par des remercie-
ments adressés, au nom de l'empereur et de
l'impératrice, aux différentes provinces qui
ont donné récemment des preuves de leur
fidélité et de leur dévouement. Il exprime
le deuil profond causé par la perte de l'im-
pératrice Augusta qui a donné tant de preu-
ves de son amour pour le prochain.
Les autres passages du discours sont ainsi
conçus :
a Les finances de l'Empire sont de nou-
veau dans un état satisfaisannt. Il ne faut
cependant pas s'attendre à un excédent de
recettes aussi considérable pour l'année
prochaine, attendu qu'on ne prévoit pas
une diminution des dépenses ; au contraire,
il faut s'attendre à voir les contributions
matriculaires s'accroître dans une najesure
considérable.
» Le budget va être immédiatement sou-
mis aux Chambres. Un projet de loi tendant
à réformer le système d'impôts est en voie
de préparation.
» Ce projet élargit le cadre du projet de
loi présenté l'an dernier, en ce sens que la
réforme de l'impôt sur le revenu et le trans-
fert de l'impôt de prestation aux adminis-
trations communales seront réunis et opé-
rés simultanément. Le gouvernement pro-
posera, en outre, le rachat de quelques
lignes de chemins de fer appartenant à des
compagnies et présentera un projet de loi
tendant à étendre et à améliorer le réseau
des chemins de fer de l'Etat.
La récolte de l'année dernière n'a pas
été bonne; mais, grâce aux institutions
douanières de l'empire, Ir gouvernement
espère que cet événement fâcheux n'aura
pas de conséquences durables pour l'agri-
culture. »
Socialisme d'Etat
Le discours du trône annonce, en outre,
la présentation d'un projet de loi régle-
mentant l'acquisition des propriétés agri-
coles. Il fait ressortir que les grèves ont
nui à la prospérité du commerce, mais que
le roi a eu la satisfaction de voir les patrons
tenir compte des plaintes souvent fondées
des ouvriers et espère que les grèves ne se
reproduiront plus.
Le discours du trône constate à ce sujet
que le gouvernement consacre son atten-
tion à toutes les plaintes et réclamations,
mais prend d'un autre côté des mesures
pour empêcher d'une façon efficace toute
perturbation de la tranquillité et de l'orde
publics.
Les lois concernant l'assurance contre la
maladie, les accidents et les infirmités, join-
tes aux efforts faits pour augmenter les sa-
laires, permettent de penser que les ou-
vriers doivent considérer leur situation
comme mieux garantie qu'elle ne l'était
précédemme
La paix extérieure t-'"
« L'empereur et roi a la joie de constater
que l'Allemagne entretient de bonnes rela-
tions avec toutes les puissances étrangères.»
Après la lecture du discours du trône, M.
de Bœtticher, ministre d'Etat, a déclaré la
session du Landtag, ouverte,
QUESTION BRULANTE
RÉPONSE AU Il MATIN »
Encore le privilège de la Banque de
France. — Ce que valent les infor-
mations du « Matin a et celles
du « XIXe Siècle».— Un peu
de mémoire, s. v. p.
Le journal le Matin conteste l'exactitude
des renseignements que nous avons publiés
sur le projet de renouvellement du privi-
lège de la Banque de France.
Nous maintenons, au contraire, de la fa-
çon la plus absolue l'exactitude de nos
informations.
Notre confrère prétend qu'il a voulu,
par excès de précaution, savoir si par im-
possible quelque incident avait surgi qui
pût faire douter de l'accord ministériel
et du dépôt prochain du projet gouverne-
mental dont nous avons parlé.
Et il ajoute qu' « après avoir pris des ren-
seignements aux sources les plus autori-
sées, il est en mesure de maintenir son in-
formation et de répéter que, sur la ques-
tion de la Banque de France, une unité de
vue parfaite prévaut plus que jamais entre
M. Rouvier et ses collègues
Il est très exact qu'aucun incident n'a
surgi dans le conseil des ministres depuis
la fin de la précédente législature, par l'ex-
cellente raison qu'il n'y a pas été une seule
fois question depuis lors du renouvelle-
ment du privilège de la Banque de France.
Aucune conversation n'a même eu lieu
depuis lors à ce sujet entre le gouverneur
de là Banque et le ministre des finances.
Situation nouvelle
Le seul incident qui se soit produit depuis
lors, ce sont les élections générales.
1 Or, il est bien certain que la situation
n'est plus aujourd'hui ce qu'elle était avant
les élections. Un grand nombre de députés
nouveaux sont entrés dans le Parlement.
Ceux même qui sont revenus ont été réélus
avec un programme nouveau.
Dans plus d'une circonscription, la ques-
tion du privilège de la Banque de France a
été agitée, et tant que cette grosse question
n'aura pas été discutée dans le conseil des
ministres, rien ne permet de prévoir que
les membres du gouvernement soient d'ac-
cord, rien surtout n'autorise à dire que le
dépôt d'un projet de renouvellement est
prochain.
Le nom des Rothschild
En dehors des faits précis et indiscu-
tables que nous venons de rappeler, nous
avons dit qu'il y avait une autre raison
pour laquelle le dépôt d'un pareil projet
ne pouvait pas être prochain. Cette raison,
c'est qu'il est impossible que le renouvelle-
ment du privilège de la Banque de France
puisse être discuté sans que le nom de MM.
de Rothschild soit prononcé, et que MM. de
Rothschild ne se souciaient pas d'attirer
sur eux l'attention tant qu'une solution ne"
serait pas intervenue dans cette affaire de
l'accaparement des cuivres, dans laquelle
ils ont une si grosse respofisabilité
Cette observation parfaitement logique
inspire au Matin des plaisanteries d'un goût
douteux.
La meilleure réponse que nous puissions
lui faire, c'est de rappeler quelle a été son
attitude dans cette question des cuivres.
Chaque jour il vantait sur le mode lyrique
cette combinaison, qu'il qualifiait de gé-
niale, se faisant, avec autant d'inconscience
— nous n'en doutons pas — que de désin-
téressement, le complice de la plus colos-
sale et de la plus criminelle tentative d'es-
croquerip qui ait jamais été tentée contre
l'épargne nationale; il multipliait ses ef-
forts pour amener sa malheureuse clien-
tèle à acheter des actions de la Société des
Métaux et des valeurs de cuivre.
Quand il sentait un peu de résistance, il
invoquait le nom des Rothschild. Il rappe-
lait qu'ils étaient l'âme de l'affaire. Com-
ment une opération d'accaparement à la
tête de laquelle se trouvaient les Rothschild
pouvait-elle ne pas réussir? Si la mémoire
lui faisait défaut, nous pourrions la lui ra-
fraîchir, en plaçant sous ses yeux les arti-
cles quotidiens qu'il publiait à cette épo-
que.
Tandis que le Matin menait cette campa-
gne, le XIXe Siècle étudiait l'opération tant
vantée. Il avertissait l'épargne du danger
qui la menaçait. Il chiffrait exactement les
millions qui seraient engloutis. Il prédisait
le krach des Métaux. Il annonçait la chute
certaine qui attendait le Comptoir d'es-
compte et les pertes considérables que su-
biraient certaines maisons de banque, telles
que la Banque de Paris.
Ces exemples, et d'autres que nous pour-
rions citer,prouvent ce que valent les infor-
mations financières du Matin et ce que va-
lent celles du XIXe Siècle.
Facétie sinistre
Mais, dit encore le Matin, la question du
renouvellement du privilège de la Banque
de France est « une question brûlante »,
tandis que la question de l'accaparement
des cuivres est « une question refroidie
Les malheureux actionnaires du Comptoir
d'escompte qui ont perdu dans le krach des
Métaux tout ou partie de leurs économies,
les administrateurs enfin de cet établisse-
ment, qui sont sur le point d'être traduits en
police correctionnelle après avoir fait l'a-
bandon d'une partie de ce qu'ils possé-
dai ent trouveront peut être que la ques-
tion n'est pas aussi refroidie que cela.
Tel sera peut-être aussi l'avis de M. Thé-
venet, ministre de la justice, qui s'est fait
communiquer, mardi dernier, le dossier
du Comptoir d'escompte et qui doit le ren-
voyer au parquet aujourd'hui ou demain,
après l'avoir mûrement examiné.
TREMBLEMENT DE TERRE
-Klagenfurt, 15 janvier.
Ce soir, vers neuf heures et demie, une as-
sez vive secousse de tremblement de terre
s'étant produite, la panique s'est mise dans le
public très nombreux, réuni au théâtre, qui a
cru à un incendie.
Le calme s'est rétabli cependant assez vite
et sans qu'on ait eu à déplorer aucun accident
de personnes.
CONFLIT ANGLO-PORTUGAIS
Le texte de l'ultimatum anglais
(D'UN CORRESPONDANT)
Lisbonne, 15 janvier.
L'ultimatum signifié par M*. Qlynn Petrgj
ministre d'Angleterre à Lisbonne, était
ainsi conçu :
« Le gouvernement britannique ne peut
considérer comme suffisantes et satisfai-
santes les assurances du gouvernement por-
tugais avec l'interprétation qu'il leur
dOIULQ"
» Le consul britannique par intérim à Mo-
zambique télégraphie, en invoquant l'auto-
torité même du major Serpa-Pinto, que l'ex-
pédition a déjà occupé le Chiré, Katungas
et d'autres localités du territoire de Mako-
lolo ; que ces places ont été fortifiées et ont
reçu des garnisons.
Le gouvernement britannique désire et
insiste pour que les instructions suivantes
soient envoyées immédiatement par télé-
graphe au gouverneur de Mozambique :
« Rappelez aussitôt toutes les forces por-
» tugaises se trouvant actuellement sur le
» Chiré, ainsi que sur le territoire de Ma-
» kololo et dans le Maschonaland.
» Le gouvernement britannique est d'avis
que, faute de cela, les assurances données
par le gouvernement portugais ne sont
qu'illusoires, et M. Petre se verra forcé,
conformément à ses instructions, de quitter
immédiatement Lisbonne avec tous les
membres de la légation, s'il ne recevait pas,
cet après-midi, une réponse satisfaisante,
à bord du navire britannique VEnclxan-
tress, qui attend ses ordres à Vigo. »
La réponse du gouvernement
portugais -
La reponse faite à cet ultimatum par M.
Barros Gomez, ministre des affaires étran-
gères, après avoir fait un exposé de la si-
tuation, conclut ainsi :
« En présence d'une rupture imminente
avec la Grande-Bretagne, et considérant
toutes les conséquences qui pourraient en
résulter, le gouvernement portugais se sou-
met aux exigences formulées dans les deux
dernières notes du gouvernement anglais.
» Tout en réservant, à tout égard, les
droits de la couronne portugaise sur les
territoires sus - mentionnés de l'Afrique,
ainsi qùe le droit qu'elle possède, en vertu
de l'article 12 de la convention de Berlin,
de recourir à un arbitrage pour la solution
de la question en litige, le gouvernement
du roi enverra au gouverneur de Mozam-
bique les ordres que lui impose la Grande-
Bretagne. »
Le nouveau ministère portugais
Le général de division Vasco Guedes de
Carvalho Menezes est nommé ministre de
la guerre.
Jusqu'à son arrivée, M. de Serpa-Pimen-
tel, président du conseil, fera l'intérim du
ministère de la guerre. 1
Les manifestations publiques
Vers une heure, la nuit passée, une ronde
de police, composée de gardes à pied et à
cheval, a cerné un groupe de manifestants
et a procédé à 70 arrestations pour cris de :
« A bas l'Angleterre ! »
Le drapeau anglais brûlé
A Coimbre, à la suite d'une manifestation
patriotique, le drapeau anglais a été brûlé
a la porte d'une caserne, sans que la troupe
intervînt pour l'empêcher.
Une démarche de l'Italie
Il parait que le gouvernement italien fait
des démarches auprès du gouvernement
anglais afin d'induire celui-ci à faire au
Portugal des concessions au moins de for-
me et de nature à satisfaire la dignité de la
nation portugaise.
UNE CONFUSION
Une instruction qui dure neuf mois
Un de nos confrères du matin disait hier
que M. Levasseur, juge d'instruction, dont
nous avons annoncé le décès, était chargé,
entre autres affaires importantes, de l'affaire
des Métaux.
C'est une erreur. Le juge d'instruction au-
quel cette affaire a été confiée au mois d'a-
vril dernier, — il y a neuf mois, — est,
comme nous l'avons dit, M. Prinet.
Ce qui a donné sans doute lieu à cette
confusion, c'est que le liquidateur de la
Société des métaux, nommé par le tribunal
de commerce dans son audience du21 mars,
s'appelait aussi M. Levasseur; mais ce n'était
qu'un homonyme du juge d'instruction qui
vient de mourir.
LE NOUVEAU RÉGIME
AU BRÉSIL
L'insurrection du 18 décembre
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
New-York, 15 janvier.
Les lettres arrivées de Rio-Janeiro par la
malle attestent que la mutinerie militaire
qui a eu lieu dans cette ville le 18 décem-
bre a été beaucoup plus grave que ne le
prétendaient les dépêches officielles, qui
réduisaient cette affaire à un simple tapage
provoqué par des soldats ivres et réprimé
au prix d'une ou deux vies humaines.
Les lettres et journaux apportés par le
courrier annoncent qu'une centaine d'é-
meutiers appartenant a l'armée ont été tués
dans la révolte. De plus, vingt et un des me-
neurs ont été exécutés le lendemain, 19 dé-
cembre.
LES SCANDALES DE LONDRES
Un lord accusé qui cherche à se justi-
fier.
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, 15 janvier.
Le procès en diffamation intenté par
lord Euston à M. Parke, rédacteur de la
North London Press, qui avait accusé lord
Euston d'avoir été mêlé aux scandales de
Cleveland-street, est venu aujourd'hui de-
vant la cour d'assises d'Old Bailey.
M. Parke plaide la non-culpabilité et
cherche à justifier sa publication coiîcer-
nant lord Euston.
Sir Charles Russell, avocat de lord Eus-
ton, a exposé les faits au tribunal. -
M. Lockwood, avocat de M. Pat'Yie, a cité
quatre témoins qui affirment avoir vu lord
Euston visiter plusieurs fois la maison de
Cleveland-street.
Lord Euston, interrogé, renouvelle sa
précédente déclaration qu'il n'est entré
dans cette maison qu'une fois et qu'il en
est sorti aussitôt qu'il en a connu le carac-
tère.
La suite du procès est renvoyée à de-
main.
LES NOUVELLES EXPULSIONS
DE RUSSIE
- Ã. -..-
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 15 janvier.
Par l'ordre du préfet de police de Varsovie,
à la date du 13 janvier, 117 étrangers ont reçu
l'ordre de passer la frontière de Russie en
quarante-huit heures. Dans ce chiffre, il y a
M Prussiens et 38 Autrichiens.
CHRONIQUE
Eh non! la chanson n'est pas morte ;
elle se transforme. Je vous ai déjà parlé
de Jules Jouy, de Pradels, de Bruant;
voici encore un chansonnier qui est sdrti,
lui aussi comme les trois autres, de l'of-
ficine du Chat noir: c'est M. Léon Xan-
roff, dont je viens de recevoir le volume.
Il est clair que ces chansons gagnent à
être entendues chantées par l'auteur dans
le cadre de l'auberge mirifique où elles
sont nées. M. Xanroff les dit fort bien,
avec beaucoup de bonne humeur, sans
prétention ni pose. Mais elles sont encore,
pour la plupart, agréables à lire ; et ceux
qui ne s'ennuient pas d'écouter leur pro-
pre voix peuvent s'en régaler ; car l'édi-
teur a eu l'attention de mettre la musi-
que, et ce sont en général des airs très
faciles, improvisés par M. Xanroff lui-
même, qui, comme Nadaud et d'autres
chansonniers de notre temps, fait à la fois
la musique et les paroles.
Xanroff excelle dans la scie d'atelier.
Rien de plus drôle que sa Devanture.
Un commerçant veut changer contre une
devanture en fer la devanture en bois
qui fermait son magasin. Au moment
où l'ouvrier la met en place, voilà que
passe un agent soucieux des lois.
Il dit: Jdress'eontraventioli,
Faut une autorisation.
Le commerçant fut pour l'avoir
Chez l' commissair' le soir.
- L' commissair' dit : Ça n'me r'gard' pas;
Quand il s'agit d'une devanture,
Faut un ordr' de la préfecture.
J' vous engage à y aller d'ce pas.
L' commerçant, l'lendemain matin,
S'étant mis sur son trente-et-un,
A la préfecture se rendit
Sur le coup de midi.
On lui dit : Ça n' nous r'garde pas;
Quand il s'agit d'une devanture,
C'est l' mair' qui donne sa signature,
A la mairie allez d'ce pas.
Vous voyez d'ici le reste de la chanson :
à la mairie, on lui dit que c'est affaire
d'architecture; l'architecte le renvoie à
l'agent voyer; il ne s'agit plus que de
trouver un dénouement. Oh ! mon Dieu !
il est bien simple :
L'homm' perplexe rentra chez lui,
Mais des voleurs, pendant la nuit,
L' fir'nt passer d'vie à trépas,
Ça l' tira d'embarras.
Une des chansons les plus plaisantes
en ce genre,c'est celle du fiacre qui écrase,
en passant, un tube d'arrosage. L'arro-
seur arrête le cocher, qui se fâche ; l'ar-
roseur appelle un agent, qui se met en
devoir de dresser procès-verbal, si bien
que le fiacre s'arrête et barre la rue :
La voiture d'une porteuse de pain
S'arrête derriér' le sapin,
Roulant cahin, cahant, déambulant
Suivant la rue,
Et derrière elle deux camions,
Chargés d' pierr's de construction,
Roulant cahin, cahant, déambulant, grinçant.
Puis c'est une voiture du Printemps,
puis un grave omnibus, puis un carrosse
à M. RICher.
Musique en tête un régiment,
Prenait la file à ce moment,
Roulant cahin, cahant, déambulant;
Suivant la rue,
Une noce qui le suivait,
Arrête un tramway qui venait
Roulant cahin, cahant, déambulant, grinçant.
Puis c'est un convoi funèbre, puis des
voitures de maître, et l'agent verbalise
toujours. Sa besogne achevée, il fait signe
au cocher de se remettre en marche.
Porteuse, omnibus, régiment,
Tout se remit en mouvement,
Roulant cahin, cahant, déambulant,
Suivant la rue,
S'en allant d'un pas inégal,
Je n' sais où ; mais ça m'est égal,
Roulant cahin, cahant, déambulant, grinçant.
Mais le chef-d'œuvre du genre, c'est le
Fiacre, que Xanroff nous a dit l'autre
jour au Chat noir, mais que nous con-
naissions déjà pour l'avoir entendu chan-
ter à Mlle Félicia Mallet dans je ne sais
quelle pièce, où on l'avait intercalé pour
elle. Il est vrai qu'elle y était exquise. On
ne pouvait dire avec plus de légèreté, de
malice et de finesse ces couplets égril-
lards. Au fait, qu'est-elle devenue, cette
Félicia Mallet? Nous l'avons vue depuis
lors à Cluny, où elle a joué très gentiment
un travesti dans les Pommes du voisin,
de Sardou. Puis elle a disparu. Elle avait
pourtant du talent, celle-là! Mais il n'y a
qu'heur et malheur au théâtre ! J'aime à
croire qu'un de ces jours nous la verrons
surgir à nouveau de l'ombre où elle est
rentrée. M. Léon Xanroff lui a dédié cette
chanson du Fiacre, qui était son triom-
phe. Je ne veux en rien citer ; car elle
forme un tout complet, et il faudrait la
donner tout entière.
Il y a presque toujours dans les chan-
sons de M. Léon Xanroff, comme dans la
plupart de celles qui sortent du Chat
noir, une note de gaieté macabre qui est
très caractéristique. Ces messieurs se plai-
sent à nous montrer, en tirant la langue,
ou la mort qui grimace, ou les plus ef-
froyables maladies qui nous guettent. Si
vous voulez vous rendre compte de la dif-
férence des temps et des goûts, rappelez-
vous la façon dont Nadaud fait parler les
étudiants et les étudiantes de 18.48, et li-
sez le Duo à trois de Xanroff.
Ce sont deux étudiants, l'un en droit,
l'autre en médecine, qui se disputent à
coups de promesses le cœur d'une gigo-
lette, —■ il paraît que gigolette est le mot
qui a remplacé la grisette de notre jeu-
nesse:
— D'préférence'à tous mes clients,
J'vous f'rai, si vot' santé décline,
Essayer mes médicaments ;
J'suis étudiant en médecJ,¡¡e.
j £ mafi? vo^moft pï^SVojftjr
En ma faveur, j'vous l'rai faire
Un testament devant notaire ;.
J'suis étudiant en droit. a
— Si par hasard j'vous perd&g
Avec un' lam' tranchante etfflie
Soigneus'ment j'vous disqtrais;-
J'suis étudiant en méd'cine.
— Sur un ton solennel et froid
J'pronoDc'rai, comme il m'incombe,
, Un beau discours sur votre tombe ;
Je suis étudiant en droit.
, Voilà comme nos jeunes gens s'amu-
sent et blaguent! Brrr! çà vous fait froid.
dans le dos, et l'on en a la chair de poule.,
On arrive, avec cette sorte de plaisante-^
rie^à des effets bien amusants. La ballade
du vitriolé, sur un air de complainte à
porter le diable en terre, est d'une drôle-
rie impayable.
C'est une jeune fille qui se promène,
tragique, dans la rue, regardant les pas-
sants sous le nez. Tout à coup elle s'é-
crie: C'est lui! Et elle jette un flacon de
vitriol au nez de trois messieurs, qui
sont naturellement très vexés:
Ils se mirent à hurler :
On vient de nous vitrioler I
Un agent les flanque dedans
Pour cause de rassemblements.
Deux ayant été reconnus
Par la dam' comme inconnus,
Furent relâchés illico,
Et l'on décora le sergo.
L'affaire vient devant le tribunal ; on
flanque une forte semonce au monsieur
vitriolé, qui avait violé ses serments :
Bref, la demoiselle acquittée,
Par la presse félicitée,
Fit un mariage très chic,
Avec un lord exçentric.
Quantau malheureux monsieur, •
Privé d'la. dame et de ses yeifti
- - Prit une flûte et un caniche, ,'- /,' -'
V Dont il joua sur le boul' Miehe» -
Vous avouerez que c'est rageant 1
Et que c'est pas encourageant
Pour la reproduction
De la population.
Je crois bien que Béranger se serait, en
écoutant ces couplets, voilé la face d'hor-
reur; nous nous pâmons de rire à ces
fantaisies, qui sont moins faciles à réussir
qu'elles n'en ont l'air.
Toutes ces chansons ne sont pas égale-
ment bonnes ; il y en a même de bien vi-i
laines, que je retrancherais volontiers du
volume, qu'elles déparent, car il ne s'y
trouve pas assez d'esprit pour en excuser
la grossièreté et l'inconvenance.
Francisque Sarcey.
GRÈVE D'OUVRIERS
DANS UNE FABRIQUE D'ARMES.
En Autriche-Hongrie. — Augmentation
de salaire. — Les amendes.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Budapest, 15 janvier.
Les ouvriers de la manufacture d'armer
ont informé la direction que si l'augmenta-
tion de salaire qu'ils demandent ne leur est
pas accordée d'ici à samedi prochain, ils
cesseront le travail ce jour-là.
La direction se trouve très embarrassée,
car elle est déjà en retard pour la livraison
des nouveaux fusils et a encouru de ce fait
une première amende de vingt mille francs;
D'autre part, l'augmentation de salaire exi-
gée par les ouvriers ne lui paraît pas ac-
ceptable. Elle se propose de faire venir des
ouvriers d'Autriche si une entente n'inter-
vient pas avant samedi avec les ouvriers
qui travaillent actuellement dans la manu
facture. =
SUICIDE POUR CAUSE D'INFLUENZA
Un remède trop radical
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Mantes, 15 janvier.
Se suicider parce qu'on est influenzé.
voilà un remède par trop radical.
Hier matin, M. Commissaire, garde-par-
ticulier à Breuil, atteint de l'épidémie cou-
rante depuis quelques jours, s'est donné la
mort en se tirant un coup de fusil dans la
bouche.
Le crâne a été horriblement fracassé.
M. Commissaire était âgé de quarante et
un ans. Il laisse trois enfants en bas-âge.
L'ÉLECTION DE S £ INE-ET-OiSÉ
AUDITION DES CANDIDATS
Réunion préparatoire à l'hôtel Conti,
nental. — Six candidats pour un
siège. — Les délégués sénatoriaux
et les orateurs. — Décisions de
-- la - réunion. -
Aucune élection sénatoriale n'aura sou"
levé autant de compétitions et de candida-
tures que l'élection de Seine-et-Oise en
remplacement de M. Léon Say, nommé dé-
puté. A l'heure actuelle, il n'y a pas moins
de six candidats à ce siège vacant : MM. de
Jouvencel, Frédéric Passy et Ferdinand
Dreyfus, anciens députés; Emile Lefèvre,
Goudchaux, Paul Decauville, tous républi-
cains. Peut-être y aura-t-il encore de nou-
velles candidatures d'ici au jour du scru-
tin, le 2 février.
Les électeurs sénatoriaux paraissent assez
embarrassés sur le choix à faire ; c'est pour-
quoi ils ont l'intention de tenir un certain
nombre de réunions d'ici au 2 février. La
première a eu lieu hier dans la grande salle,
des fêtes de l'hôtel Continental, réunion;
nombreuse à laquelle ont assisté cinq cents'
délégués sénatoriaux, parmi lesquels MM.
Hubbard, député, et Maze, sénateur de.
Seine-et-Oise. M. Léon Say était également-
présent.
M. Maret, président du conseil général
est élu président ; les maires des chefs-lieux
d'arrondissement du département sont as-
sesseurs.
MM. Ferdinand Dreyfus, de Jouvence).
Frédéric Passy, Emile Lefèvre, Goudchaus
font connaître leur candidature.
M. Paul Decauville n'est pas présent. Il a
écrit à M. Maret qu'informé de la convoca-
tion d'un autre congrès qui se tiendra le 9^,
sur l'initiative de MM. Barbe et Hubbard, il
veut se tenir à l'écart de ces « scruti ? pré.
maturés » et se réserver pour le 2 février,-
jour où le collège électoral décidera souve-
rainement.
MM. de Jouvencel, Goudchaux, Dreyfus
et Passy sont entendus dans l'ordre fixé par
le sort. x
4 * 71. d%JOU,vei?c<&-m
M. de JouvénceT rappelle son passé polri
tique, consacré à la République depuis qua-
rante ans. t
Il proteste vivement contre l'exclusion
politique dont on youdrait frapper les aD.,
ciens députés.
« Aujourd'hui, dit-il. on cbarcka » rarn^
-
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DU PARTI HOIOGENE
La coalition bonaparto - orléano.-
elérïco-boulangiste n'est naturelle-
ment pas satisfaite de son échec de
dimanche, et les partis divers qui s'a-
britent sous la commune équivoque
s'accusent réciproquement d'être cause
de la défaite. Tous les réactionnaires
se retournent, d'un commun accord,
vers les boulangistes et s'écrient :
« Quel besoin avez-vous de vous don-
ner tant de mouvement? Cela allait
tout seul; mais vous êtes venus vous
porter garants du républicanisme des
invalides, et ces certificats délivrés
avec tant de tapage ont produit sur
les électeurs conservateurs un effet
très calmant. » Ce n'est peut-être pas
très exact, car presque partout le
nombre des électeurs a été très sensi-
blement le même, dimanche dernier,
qu'aux élections générales. Ce ne sont
donc pas les abstentions qui ont mo-
difié--le résultat du scrutin, et les can-
didats républicains ont gagné réelle-
ment les voix que les opposants per-
daient; Il y aurait à ce déplacement
une explication bien humaine; il est
inutile de la donner. Nous ne discu-
tons pas celle des coalisés, nous nous
contentons de l'enregistrer.
De leur côté, les boulangistes ne
sont pas embarrassés pour faire aux
réactionnaires un grief de la candida-
ture monarchique qui s'est produite à
Lorient et de l'abandon dans lequel
les royalistes bretons ont laissé « l'in-
génieur révoqué » que le « comité ré-
publicain national » avait désigné
pour remplacer M. Dillon. Cette ma-
lencontreuse candidature monarchique
a surgi juste à point pour prouver une
fois de plus qu'au 33 septembre, les
royalistes, «républicains ralliés" et les
ci républicains d'origine » rassemblés
sous la bannière boulangiste avaient
marché la main dans la main, et pour
montrer avec une indéniable évidence
de quel disparate assemblage était
fait le prétendu « parti républicain
national
Mais iln'apas suffi à cette élection de
Lorient d'obliger les aveugles volon-
taires les plus récalcitrants à faire ces
désagréables constatations. Le pre-
mier tour de scrutin n'ayant pas donné
de résultat, elle devient une cause
d'embarras pour la coalition. Un
néophyte du boulangisme, avec une
ardeur digne de Polyeucte, a eu la dé-
plorable idée de vouloir donner des
conseils à son parti. En appréciant les
résultats des élections de dimanche,
M. Paul Lenglé émettait l'avis que M.
Frédéric Soulié devait a mettre avant
tout M. le comte de Pluvié en de-
meure de se rallier nettement, sincè-
rement, sans arrière-pensée ni porte
de sortie, à cette grande idée : Répu-
blique », et que, dans le cas où il refu-
serait, M. Frédéric Soulié devrait, « la
mort dans l'âme, voter et faire voter
► pour M. Guieysse, candidat républi-
cain. ». Entraîné par la chaleur de son
raisonnement, M. Lenglé ajoutait :
u Si cela n'était pas, si les chefs du
parti républicain national n'indi-
quaient pas eux-mêmes cette voie à
M. Frédéric Soulié, qui a reçu leur
investiture et leur appui, le « boulan-
[ gisme » ne serait plus demain qu'une
branche nouvelle, — et à coup sûr la
moins solide, — de ce vieil arbre
chenu, sous les rameaux duquel se ré-
fugient depuis trop longtemps les
partis d'ancien régime, l'Union con-
servatrice ».
Il était intéressant de savoir ce que
les «républicains d'origines qui ont
adhéré au boulangisme et qui com-
posent le comité directeur du parti ré-
pondraient à M. Lenglé. Mais les jour-
naux officiels qu'ils dirigent n'ont pas
soufflé mot. Ils laissent l'élection de
Lorient tomber dans l'oubli, tout oc-
cupés de l'organisation du banquet
commémoratif du S7 janvier. Un de
nos confrères a voulu obtenir les
explications qui ne venaient pas et il
a interrogé M. Millevoye. Celui-ci a
haussé les épaules à la seule pensée de
faire « avec nos pires adversaires de
la concentration républicaine », et il a
ajouté : « Si M. Guieysse, le candidat
opportuniste de Lorient, consent à
réprouver le procès de la haute cour
et les invalidations dont plusieurs
d'entre nous ont été victimes, alors
nous verrons». Mais, comme lui-même
n'attend pas du candidat républicain
ce désaveu, il est d'avis « que chacun
affronte la bataille électorale avec ses
chances, avec ses partisans, et que les
électeurs reportent leurs voix sur le
candidat qui représente le mieux le
respect du suffrage universel. »
On n'a décidément pas l'habitude,
dans le parti boulangiste, de parler
clair, et les formules les plus entor-
tillées sont celles dont on use le plus
volontiers. Il n'y a néanmoins pas à
douter du sens véritable de l'oracle
rendu par M. Millevoye : c'est bien
sur le candidat monarchiste que les
&999 électeurs de M. Soulié doivent*
suivant lui, reporter leurs voix. Les
boulangistes, sachant que les 3,000
voix obtenues au premier tour par
leur candidat décideront de l'élection,
n'hésitent pas, ayant le choix entre
un monarchiste èt un républicain, à
les offrir au monarchiste. Cela ne peut
guère surprendre, car les boulangistes
n'ont jamais agi autrement ; ils n'ont
été, dans la Chambre comme dans le
pays, que les remorqueurs ou les re-
morqués des partis réactionnaires, et
c'est seulement en continuant à mar-
cher avec ces partis qu'ils peuvent
conserver quelques chances, bien
vagues d'ailleurs. Mais il est piquant
de voir un bonapartiste récemment
converti, comme M. Lenglé, défendre
dans le parti l'idée républicaine et de
constater, non seulement l'isolement
dans lequel on le laisse, mais le dé-
savœu formel que lui infligent les
« républicains » pour lesquels la
Gauche de la Chambre n'a pas de
sièges assez reculés, ni la Montagne
de banquettes assez hautes.
Le XIXe SIECLE publiera demain la 1
» Vie de Paris » par Henry Fouquier.
: LES CORBEAUX
-
Conséquences du conflit anglo-portu-
gais. — Les voyageurs allemands.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 15 janvier.
Nos industriels et commerçants se dis-
posent à profiter de la campagne que les
Portugais ont entreprise contre les produits
anglais.
La Banque d'exportation allemande, de
concert avec quelques grands industriels,
a décidé de faire partir pour Lisbonne,
prochainement, un navire avec des articles
allemands. Une foule de commis-voyageurs
allemands se sont dirigés vers le Portugal
dans ces derniers jours.
LA SANTÉ DU PAPE
L'influenza. — Aggravation.
- (DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Rome, 15 janvier.
Le docteur Ceccarelli, qui soigne le pape,
atteint d'influenza depuis quelques jours, a
fait demander aujourd'hui en consultation
plusieurs médecins.
, - On dit ici qu'il y a aggravation dans l'état
de santé du souverain pontife.
OUVERTURE
DU PARLEMENT PRUSSIEN
DISCOURS DU TRONE
Les finances allemandes et prussiennes.
— Les grèves. — La monarchie et la
classe ouvrière.
(D'UN CORRESPONDANT)
Berlin, 15 janvier.
L'ouverture de la session du Landtag
prussien a eu lieu dans la salle Blanche du
château royal.
M. de Bœtticher, ministre d'Etat, a donné
lecture du discours du trône.
Le discours débute par des remercie-
ments adressés, au nom de l'empereur et de
l'impératrice, aux différentes provinces qui
ont donné récemment des preuves de leur
fidélité et de leur dévouement. Il exprime
le deuil profond causé par la perte de l'im-
pératrice Augusta qui a donné tant de preu-
ves de son amour pour le prochain.
Les autres passages du discours sont ainsi
conçus :
a Les finances de l'Empire sont de nou-
veau dans un état satisfaisannt. Il ne faut
cependant pas s'attendre à un excédent de
recettes aussi considérable pour l'année
prochaine, attendu qu'on ne prévoit pas
une diminution des dépenses ; au contraire,
il faut s'attendre à voir les contributions
matriculaires s'accroître dans une najesure
considérable.
» Le budget va être immédiatement sou-
mis aux Chambres. Un projet de loi tendant
à réformer le système d'impôts est en voie
de préparation.
» Ce projet élargit le cadre du projet de
loi présenté l'an dernier, en ce sens que la
réforme de l'impôt sur le revenu et le trans-
fert de l'impôt de prestation aux adminis-
trations communales seront réunis et opé-
rés simultanément. Le gouvernement pro-
posera, en outre, le rachat de quelques
lignes de chemins de fer appartenant à des
compagnies et présentera un projet de loi
tendant à étendre et à améliorer le réseau
des chemins de fer de l'Etat.
La récolte de l'année dernière n'a pas
été bonne; mais, grâce aux institutions
douanières de l'empire, Ir gouvernement
espère que cet événement fâcheux n'aura
pas de conséquences durables pour l'agri-
culture. »
Socialisme d'Etat
Le discours du trône annonce, en outre,
la présentation d'un projet de loi régle-
mentant l'acquisition des propriétés agri-
coles. Il fait ressortir que les grèves ont
nui à la prospérité du commerce, mais que
le roi a eu la satisfaction de voir les patrons
tenir compte des plaintes souvent fondées
des ouvriers et espère que les grèves ne se
reproduiront plus.
Le discours du trône constate à ce sujet
que le gouvernement consacre son atten-
tion à toutes les plaintes et réclamations,
mais prend d'un autre côté des mesures
pour empêcher d'une façon efficace toute
perturbation de la tranquillité et de l'orde
publics.
Les lois concernant l'assurance contre la
maladie, les accidents et les infirmités, join-
tes aux efforts faits pour augmenter les sa-
laires, permettent de penser que les ou-
vriers doivent considérer leur situation
comme mieux garantie qu'elle ne l'était
précédemme
La paix extérieure t-'"
« L'empereur et roi a la joie de constater
que l'Allemagne entretient de bonnes rela-
tions avec toutes les puissances étrangères.»
Après la lecture du discours du trône, M.
de Bœtticher, ministre d'Etat, a déclaré la
session du Landtag, ouverte,
QUESTION BRULANTE
RÉPONSE AU Il MATIN »
Encore le privilège de la Banque de
France. — Ce que valent les infor-
mations du « Matin a et celles
du « XIXe Siècle».— Un peu
de mémoire, s. v. p.
Le journal le Matin conteste l'exactitude
des renseignements que nous avons publiés
sur le projet de renouvellement du privi-
lège de la Banque de France.
Nous maintenons, au contraire, de la fa-
çon la plus absolue l'exactitude de nos
informations.
Notre confrère prétend qu'il a voulu,
par excès de précaution, savoir si par im-
possible quelque incident avait surgi qui
pût faire douter de l'accord ministériel
et du dépôt prochain du projet gouverne-
mental dont nous avons parlé.
Et il ajoute qu' « après avoir pris des ren-
seignements aux sources les plus autori-
sées, il est en mesure de maintenir son in-
formation et de répéter que, sur la ques-
tion de la Banque de France, une unité de
vue parfaite prévaut plus que jamais entre
M. Rouvier et ses collègues
Il est très exact qu'aucun incident n'a
surgi dans le conseil des ministres depuis
la fin de la précédente législature, par l'ex-
cellente raison qu'il n'y a pas été une seule
fois question depuis lors du renouvelle-
ment du privilège de la Banque de France.
Aucune conversation n'a même eu lieu
depuis lors à ce sujet entre le gouverneur
de là Banque et le ministre des finances.
Situation nouvelle
Le seul incident qui se soit produit depuis
lors, ce sont les élections générales.
1 Or, il est bien certain que la situation
n'est plus aujourd'hui ce qu'elle était avant
les élections. Un grand nombre de députés
nouveaux sont entrés dans le Parlement.
Ceux même qui sont revenus ont été réélus
avec un programme nouveau.
Dans plus d'une circonscription, la ques-
tion du privilège de la Banque de France a
été agitée, et tant que cette grosse question
n'aura pas été discutée dans le conseil des
ministres, rien ne permet de prévoir que
les membres du gouvernement soient d'ac-
cord, rien surtout n'autorise à dire que le
dépôt d'un projet de renouvellement est
prochain.
Le nom des Rothschild
En dehors des faits précis et indiscu-
tables que nous venons de rappeler, nous
avons dit qu'il y avait une autre raison
pour laquelle le dépôt d'un pareil projet
ne pouvait pas être prochain. Cette raison,
c'est qu'il est impossible que le renouvelle-
ment du privilège de la Banque de France
puisse être discuté sans que le nom de MM.
de Rothschild soit prononcé, et que MM. de
Rothschild ne se souciaient pas d'attirer
sur eux l'attention tant qu'une solution ne"
serait pas intervenue dans cette affaire de
l'accaparement des cuivres, dans laquelle
ils ont une si grosse respofisabilité
Cette observation parfaitement logique
inspire au Matin des plaisanteries d'un goût
douteux.
La meilleure réponse que nous puissions
lui faire, c'est de rappeler quelle a été son
attitude dans cette question des cuivres.
Chaque jour il vantait sur le mode lyrique
cette combinaison, qu'il qualifiait de gé-
niale, se faisant, avec autant d'inconscience
— nous n'en doutons pas — que de désin-
téressement, le complice de la plus colos-
sale et de la plus criminelle tentative d'es-
croquerip qui ait jamais été tentée contre
l'épargne nationale; il multipliait ses ef-
forts pour amener sa malheureuse clien-
tèle à acheter des actions de la Société des
Métaux et des valeurs de cuivre.
Quand il sentait un peu de résistance, il
invoquait le nom des Rothschild. Il rappe-
lait qu'ils étaient l'âme de l'affaire. Com-
ment une opération d'accaparement à la
tête de laquelle se trouvaient les Rothschild
pouvait-elle ne pas réussir? Si la mémoire
lui faisait défaut, nous pourrions la lui ra-
fraîchir, en plaçant sous ses yeux les arti-
cles quotidiens qu'il publiait à cette épo-
que.
Tandis que le Matin menait cette campa-
gne, le XIXe Siècle étudiait l'opération tant
vantée. Il avertissait l'épargne du danger
qui la menaçait. Il chiffrait exactement les
millions qui seraient engloutis. Il prédisait
le krach des Métaux. Il annonçait la chute
certaine qui attendait le Comptoir d'es-
compte et les pertes considérables que su-
biraient certaines maisons de banque, telles
que la Banque de Paris.
Ces exemples, et d'autres que nous pour-
rions citer,prouvent ce que valent les infor-
mations financières du Matin et ce que va-
lent celles du XIXe Siècle.
Facétie sinistre
Mais, dit encore le Matin, la question du
renouvellement du privilège de la Banque
de France est « une question brûlante »,
tandis que la question de l'accaparement
des cuivres est « une question refroidie
Les malheureux actionnaires du Comptoir
d'escompte qui ont perdu dans le krach des
Métaux tout ou partie de leurs économies,
les administrateurs enfin de cet établisse-
ment, qui sont sur le point d'être traduits en
police correctionnelle après avoir fait l'a-
bandon d'une partie de ce qu'ils possé-
dai ent trouveront peut être que la ques-
tion n'est pas aussi refroidie que cela.
Tel sera peut-être aussi l'avis de M. Thé-
venet, ministre de la justice, qui s'est fait
communiquer, mardi dernier, le dossier
du Comptoir d'escompte et qui doit le ren-
voyer au parquet aujourd'hui ou demain,
après l'avoir mûrement examiné.
TREMBLEMENT DE TERRE
-Klagenfurt, 15 janvier.
Ce soir, vers neuf heures et demie, une as-
sez vive secousse de tremblement de terre
s'étant produite, la panique s'est mise dans le
public très nombreux, réuni au théâtre, qui a
cru à un incendie.
Le calme s'est rétabli cependant assez vite
et sans qu'on ait eu à déplorer aucun accident
de personnes.
CONFLIT ANGLO-PORTUGAIS
Le texte de l'ultimatum anglais
(D'UN CORRESPONDANT)
Lisbonne, 15 janvier.
L'ultimatum signifié par M*. Qlynn Petrgj
ministre d'Angleterre à Lisbonne, était
ainsi conçu :
« Le gouvernement britannique ne peut
considérer comme suffisantes et satisfai-
santes les assurances du gouvernement por-
tugais avec l'interprétation qu'il leur
dOIULQ"
» Le consul britannique par intérim à Mo-
zambique télégraphie, en invoquant l'auto-
torité même du major Serpa-Pinto, que l'ex-
pédition a déjà occupé le Chiré, Katungas
et d'autres localités du territoire de Mako-
lolo ; que ces places ont été fortifiées et ont
reçu des garnisons.
Le gouvernement britannique désire et
insiste pour que les instructions suivantes
soient envoyées immédiatement par télé-
graphe au gouverneur de Mozambique :
« Rappelez aussitôt toutes les forces por-
» tugaises se trouvant actuellement sur le
» Chiré, ainsi que sur le territoire de Ma-
» kololo et dans le Maschonaland.
» Le gouvernement britannique est d'avis
que, faute de cela, les assurances données
par le gouvernement portugais ne sont
qu'illusoires, et M. Petre se verra forcé,
conformément à ses instructions, de quitter
immédiatement Lisbonne avec tous les
membres de la légation, s'il ne recevait pas,
cet après-midi, une réponse satisfaisante,
à bord du navire britannique VEnclxan-
tress, qui attend ses ordres à Vigo. »
La réponse du gouvernement
portugais -
La reponse faite à cet ultimatum par M.
Barros Gomez, ministre des affaires étran-
gères, après avoir fait un exposé de la si-
tuation, conclut ainsi :
« En présence d'une rupture imminente
avec la Grande-Bretagne, et considérant
toutes les conséquences qui pourraient en
résulter, le gouvernement portugais se sou-
met aux exigences formulées dans les deux
dernières notes du gouvernement anglais.
» Tout en réservant, à tout égard, les
droits de la couronne portugaise sur les
territoires sus - mentionnés de l'Afrique,
ainsi qùe le droit qu'elle possède, en vertu
de l'article 12 de la convention de Berlin,
de recourir à un arbitrage pour la solution
de la question en litige, le gouvernement
du roi enverra au gouverneur de Mozam-
bique les ordres que lui impose la Grande-
Bretagne. »
Le nouveau ministère portugais
Le général de division Vasco Guedes de
Carvalho Menezes est nommé ministre de
la guerre.
Jusqu'à son arrivée, M. de Serpa-Pimen-
tel, président du conseil, fera l'intérim du
ministère de la guerre. 1
Les manifestations publiques
Vers une heure, la nuit passée, une ronde
de police, composée de gardes à pied et à
cheval, a cerné un groupe de manifestants
et a procédé à 70 arrestations pour cris de :
« A bas l'Angleterre ! »
Le drapeau anglais brûlé
A Coimbre, à la suite d'une manifestation
patriotique, le drapeau anglais a été brûlé
a la porte d'une caserne, sans que la troupe
intervînt pour l'empêcher.
Une démarche de l'Italie
Il parait que le gouvernement italien fait
des démarches auprès du gouvernement
anglais afin d'induire celui-ci à faire au
Portugal des concessions au moins de for-
me et de nature à satisfaire la dignité de la
nation portugaise.
UNE CONFUSION
Une instruction qui dure neuf mois
Un de nos confrères du matin disait hier
que M. Levasseur, juge d'instruction, dont
nous avons annoncé le décès, était chargé,
entre autres affaires importantes, de l'affaire
des Métaux.
C'est une erreur. Le juge d'instruction au-
quel cette affaire a été confiée au mois d'a-
vril dernier, — il y a neuf mois, — est,
comme nous l'avons dit, M. Prinet.
Ce qui a donné sans doute lieu à cette
confusion, c'est que le liquidateur de la
Société des métaux, nommé par le tribunal
de commerce dans son audience du21 mars,
s'appelait aussi M. Levasseur; mais ce n'était
qu'un homonyme du juge d'instruction qui
vient de mourir.
LE NOUVEAU RÉGIME
AU BRÉSIL
L'insurrection du 18 décembre
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
New-York, 15 janvier.
Les lettres arrivées de Rio-Janeiro par la
malle attestent que la mutinerie militaire
qui a eu lieu dans cette ville le 18 décem-
bre a été beaucoup plus grave que ne le
prétendaient les dépêches officielles, qui
réduisaient cette affaire à un simple tapage
provoqué par des soldats ivres et réprimé
au prix d'une ou deux vies humaines.
Les lettres et journaux apportés par le
courrier annoncent qu'une centaine d'é-
meutiers appartenant a l'armée ont été tués
dans la révolte. De plus, vingt et un des me-
neurs ont été exécutés le lendemain, 19 dé-
cembre.
LES SCANDALES DE LONDRES
Un lord accusé qui cherche à se justi-
fier.
(D'UN CORRESPONDANT)
Londres, 15 janvier.
Le procès en diffamation intenté par
lord Euston à M. Parke, rédacteur de la
North London Press, qui avait accusé lord
Euston d'avoir été mêlé aux scandales de
Cleveland-street, est venu aujourd'hui de-
vant la cour d'assises d'Old Bailey.
M. Parke plaide la non-culpabilité et
cherche à justifier sa publication coiîcer-
nant lord Euston.
Sir Charles Russell, avocat de lord Eus-
ton, a exposé les faits au tribunal. -
M. Lockwood, avocat de M. Pat'Yie, a cité
quatre témoins qui affirment avoir vu lord
Euston visiter plusieurs fois la maison de
Cleveland-street.
Lord Euston, interrogé, renouvelle sa
précédente déclaration qu'il n'est entré
dans cette maison qu'une fois et qu'il en
est sorti aussitôt qu'il en a connu le carac-
tère.
La suite du procès est renvoyée à de-
main.
LES NOUVELLES EXPULSIONS
DE RUSSIE
- Ã. -..-
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 15 janvier.
Par l'ordre du préfet de police de Varsovie,
à la date du 13 janvier, 117 étrangers ont reçu
l'ordre de passer la frontière de Russie en
quarante-huit heures. Dans ce chiffre, il y a
M Prussiens et 38 Autrichiens.
CHRONIQUE
Eh non! la chanson n'est pas morte ;
elle se transforme. Je vous ai déjà parlé
de Jules Jouy, de Pradels, de Bruant;
voici encore un chansonnier qui est sdrti,
lui aussi comme les trois autres, de l'of-
ficine du Chat noir: c'est M. Léon Xan-
roff, dont je viens de recevoir le volume.
Il est clair que ces chansons gagnent à
être entendues chantées par l'auteur dans
le cadre de l'auberge mirifique où elles
sont nées. M. Xanroff les dit fort bien,
avec beaucoup de bonne humeur, sans
prétention ni pose. Mais elles sont encore,
pour la plupart, agréables à lire ; et ceux
qui ne s'ennuient pas d'écouter leur pro-
pre voix peuvent s'en régaler ; car l'édi-
teur a eu l'attention de mettre la musi-
que, et ce sont en général des airs très
faciles, improvisés par M. Xanroff lui-
même, qui, comme Nadaud et d'autres
chansonniers de notre temps, fait à la fois
la musique et les paroles.
Xanroff excelle dans la scie d'atelier.
Rien de plus drôle que sa Devanture.
Un commerçant veut changer contre une
devanture en fer la devanture en bois
qui fermait son magasin. Au moment
où l'ouvrier la met en place, voilà que
passe un agent soucieux des lois.
Il dit: Jdress'eontraventioli,
Faut une autorisation.
Le commerçant fut pour l'avoir
Chez l' commissair' le soir.
- L' commissair' dit : Ça n'me r'gard' pas;
Quand il s'agit d'une devanture,
Faut un ordr' de la préfecture.
J' vous engage à y aller d'ce pas.
L' commerçant, l'lendemain matin,
S'étant mis sur son trente-et-un,
A la préfecture se rendit
Sur le coup de midi.
On lui dit : Ça n' nous r'garde pas;
Quand il s'agit d'une devanture,
C'est l' mair' qui donne sa signature,
A la mairie allez d'ce pas.
Vous voyez d'ici le reste de la chanson :
à la mairie, on lui dit que c'est affaire
d'architecture; l'architecte le renvoie à
l'agent voyer; il ne s'agit plus que de
trouver un dénouement. Oh ! mon Dieu !
il est bien simple :
L'homm' perplexe rentra chez lui,
Mais des voleurs, pendant la nuit,
L' fir'nt passer d'vie à trépas,
Ça l' tira d'embarras.
Une des chansons les plus plaisantes
en ce genre,c'est celle du fiacre qui écrase,
en passant, un tube d'arrosage. L'arro-
seur arrête le cocher, qui se fâche ; l'ar-
roseur appelle un agent, qui se met en
devoir de dresser procès-verbal, si bien
que le fiacre s'arrête et barre la rue :
La voiture d'une porteuse de pain
S'arrête derriér' le sapin,
Roulant cahin, cahant, déambulant
Suivant la rue,
Et derrière elle deux camions,
Chargés d' pierr's de construction,
Roulant cahin, cahant, déambulant, grinçant.
Puis c'est une voiture du Printemps,
puis un grave omnibus, puis un carrosse
à M. RICher.
Musique en tête un régiment,
Prenait la file à ce moment,
Roulant cahin, cahant, déambulant;
Suivant la rue,
Une noce qui le suivait,
Arrête un tramway qui venait
Roulant cahin, cahant, déambulant, grinçant.
Puis c'est un convoi funèbre, puis des
voitures de maître, et l'agent verbalise
toujours. Sa besogne achevée, il fait signe
au cocher de se remettre en marche.
Porteuse, omnibus, régiment,
Tout se remit en mouvement,
Roulant cahin, cahant, déambulant,
Suivant la rue,
S'en allant d'un pas inégal,
Je n' sais où ; mais ça m'est égal,
Roulant cahin, cahant, déambulant, grinçant.
Mais le chef-d'œuvre du genre, c'est le
Fiacre, que Xanroff nous a dit l'autre
jour au Chat noir, mais que nous con-
naissions déjà pour l'avoir entendu chan-
ter à Mlle Félicia Mallet dans je ne sais
quelle pièce, où on l'avait intercalé pour
elle. Il est vrai qu'elle y était exquise. On
ne pouvait dire avec plus de légèreté, de
malice et de finesse ces couplets égril-
lards. Au fait, qu'est-elle devenue, cette
Félicia Mallet? Nous l'avons vue depuis
lors à Cluny, où elle a joué très gentiment
un travesti dans les Pommes du voisin,
de Sardou. Puis elle a disparu. Elle avait
pourtant du talent, celle-là! Mais il n'y a
qu'heur et malheur au théâtre ! J'aime à
croire qu'un de ces jours nous la verrons
surgir à nouveau de l'ombre où elle est
rentrée. M. Léon Xanroff lui a dédié cette
chanson du Fiacre, qui était son triom-
phe. Je ne veux en rien citer ; car elle
forme un tout complet, et il faudrait la
donner tout entière.
Il y a presque toujours dans les chan-
sons de M. Léon Xanroff, comme dans la
plupart de celles qui sortent du Chat
noir, une note de gaieté macabre qui est
très caractéristique. Ces messieurs se plai-
sent à nous montrer, en tirant la langue,
ou la mort qui grimace, ou les plus ef-
froyables maladies qui nous guettent. Si
vous voulez vous rendre compte de la dif-
férence des temps et des goûts, rappelez-
vous la façon dont Nadaud fait parler les
étudiants et les étudiantes de 18.48, et li-
sez le Duo à trois de Xanroff.
Ce sont deux étudiants, l'un en droit,
l'autre en médecine, qui se disputent à
coups de promesses le cœur d'une gigo-
lette, —■ il paraît que gigolette est le mot
qui a remplacé la grisette de notre jeu-
nesse:
— D'préférence'à tous mes clients,
J'vous f'rai, si vot' santé décline,
Essayer mes médicaments ;
J'suis étudiant en médecJ,¡¡e.
j £ mafi? vo^moft pï^SVojftjr
En ma faveur, j'vous l'rai faire
Un testament devant notaire ;.
J'suis étudiant en droit. a
— Si par hasard j'vous perd&g
Avec un' lam' tranchante etfflie
Soigneus'ment j'vous disqtrais;-
J'suis étudiant en méd'cine.
— Sur un ton solennel et froid
J'pronoDc'rai, comme il m'incombe,
, Un beau discours sur votre tombe ;
Je suis étudiant en droit.
, Voilà comme nos jeunes gens s'amu-
sent et blaguent! Brrr! çà vous fait froid.
dans le dos, et l'on en a la chair de poule.,
On arrive, avec cette sorte de plaisante-^
rie^à des effets bien amusants. La ballade
du vitriolé, sur un air de complainte à
porter le diable en terre, est d'une drôle-
rie impayable.
C'est une jeune fille qui se promène,
tragique, dans la rue, regardant les pas-
sants sous le nez. Tout à coup elle s'é-
crie: C'est lui! Et elle jette un flacon de
vitriol au nez de trois messieurs, qui
sont naturellement très vexés:
Ils se mirent à hurler :
On vient de nous vitrioler I
Un agent les flanque dedans
Pour cause de rassemblements.
Deux ayant été reconnus
Par la dam' comme inconnus,
Furent relâchés illico,
Et l'on décora le sergo.
L'affaire vient devant le tribunal ; on
flanque une forte semonce au monsieur
vitriolé, qui avait violé ses serments :
Bref, la demoiselle acquittée,
Par la presse félicitée,
Fit un mariage très chic,
Avec un lord exçentric.
Quantau malheureux monsieur, •
Privé d'la. dame et de ses yeifti
- - Prit une flûte et un caniche, ,'- /,' -'
V Dont il joua sur le boul' Miehe» -
Vous avouerez que c'est rageant 1
Et que c'est pas encourageant
Pour la reproduction
De la population.
Je crois bien que Béranger se serait, en
écoutant ces couplets, voilé la face d'hor-
reur; nous nous pâmons de rire à ces
fantaisies, qui sont moins faciles à réussir
qu'elles n'en ont l'air.
Toutes ces chansons ne sont pas égale-
ment bonnes ; il y en a même de bien vi-i
laines, que je retrancherais volontiers du
volume, qu'elles déparent, car il ne s'y
trouve pas assez d'esprit pour en excuser
la grossièreté et l'inconvenance.
Francisque Sarcey.
GRÈVE D'OUVRIERS
DANS UNE FABRIQUE D'ARMES.
En Autriche-Hongrie. — Augmentation
de salaire. — Les amendes.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Budapest, 15 janvier.
Les ouvriers de la manufacture d'armer
ont informé la direction que si l'augmenta-
tion de salaire qu'ils demandent ne leur est
pas accordée d'ici à samedi prochain, ils
cesseront le travail ce jour-là.
La direction se trouve très embarrassée,
car elle est déjà en retard pour la livraison
des nouveaux fusils et a encouru de ce fait
une première amende de vingt mille francs;
D'autre part, l'augmentation de salaire exi-
gée par les ouvriers ne lui paraît pas ac-
ceptable. Elle se propose de faire venir des
ouvriers d'Autriche si une entente n'inter-
vient pas avant samedi avec les ouvriers
qui travaillent actuellement dans la manu
facture. =
SUICIDE POUR CAUSE D'INFLUENZA
Un remède trop radical
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Mantes, 15 janvier.
Se suicider parce qu'on est influenzé.
voilà un remède par trop radical.
Hier matin, M. Commissaire, garde-par-
ticulier à Breuil, atteint de l'épidémie cou-
rante depuis quelques jours, s'est donné la
mort en se tirant un coup de fusil dans la
bouche.
Le crâne a été horriblement fracassé.
M. Commissaire était âgé de quarante et
un ans. Il laisse trois enfants en bas-âge.
L'ÉLECTION DE S £ INE-ET-OiSÉ
AUDITION DES CANDIDATS
Réunion préparatoire à l'hôtel Conti,
nental. — Six candidats pour un
siège. — Les délégués sénatoriaux
et les orateurs. — Décisions de
-- la - réunion. -
Aucune élection sénatoriale n'aura sou"
levé autant de compétitions et de candida-
tures que l'élection de Seine-et-Oise en
remplacement de M. Léon Say, nommé dé-
puté. A l'heure actuelle, il n'y a pas moins
de six candidats à ce siège vacant : MM. de
Jouvencel, Frédéric Passy et Ferdinand
Dreyfus, anciens députés; Emile Lefèvre,
Goudchaux, Paul Decauville, tous républi-
cains. Peut-être y aura-t-il encore de nou-
velles candidatures d'ici au jour du scru-
tin, le 2 février.
Les électeurs sénatoriaux paraissent assez
embarrassés sur le choix à faire ; c'est pour-
quoi ils ont l'intention de tenir un certain
nombre de réunions d'ici au 2 février. La
première a eu lieu hier dans la grande salle,
des fêtes de l'hôtel Continental, réunion;
nombreuse à laquelle ont assisté cinq cents'
délégués sénatoriaux, parmi lesquels MM.
Hubbard, député, et Maze, sénateur de.
Seine-et-Oise. M. Léon Say était également-
présent.
M. Maret, président du conseil général
est élu président ; les maires des chefs-lieux
d'arrondissement du département sont as-
sesseurs.
MM. Ferdinand Dreyfus, de Jouvence).
Frédéric Passy, Emile Lefèvre, Goudchaus
font connaître leur candidature.
M. Paul Decauville n'est pas présent. Il a
écrit à M. Maret qu'informé de la convoca-
tion d'un autre congrès qui se tiendra le 9^,
sur l'initiative de MM. Barbe et Hubbard, il
veut se tenir à l'écart de ces « scruti ? pré.
maturés » et se réserver pour le 2 février,-
jour où le collège électoral décidera souve-
rainement.
MM. de Jouvencel, Goudchaux, Dreyfus
et Passy sont entendus dans l'ordre fixé par
le sort. x
4 * 71. d%JOU,vei?c<&-m
M. de JouvénceT rappelle son passé polri
tique, consacré à la République depuis qua-
rante ans. t
Il proteste vivement contre l'exclusion
politique dont on youdrait frapper les aD.,
ciens députés.
« Aujourd'hui, dit-il. on cbarcka » rarn^
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