Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1890-01-05
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 05 janvier 1890 05 janvier 1890
Description : 1890/01/05 (A19,N6565). 1890/01/05 (A19,N6565).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75601048
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
Dix-neuvième annee. — N° 6,565
CINQ Centimes ** paris et Départements - CINQ Centimes
DIMANCHE 5 JANVIER 1800
LE XIX" SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
j RÉDACTION
Il <12, nUE3, Montnûartra
PARIS .,
DIRECTEUR POLITIQUE
A.-EDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris Treiimois, 6f.; Six mois, Il L; Osu, 201.
Départements — 71.; — 12 ù; — 24t
Union Postale - 91.; — 16 L; — 32 L
1m abonnements partent .-., 15 de chaque mois.
Adresse télégraphique : XIXe SIÉCL £ — PARIS
ADMINISTRATION
1148, Eue Montixiartrâ
PARIS ,
BtSISSEU RS D'ANNONCES
KII LAG RANGE, CERF et (11
6, place de la Bonne, 6
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris trois mois, 6f.; Six nuis, 11/.; Obio, 20 f.
Départements — 7L; — 12 f., — 24 f.
Union Postale — 9 f.; — tG L; — 32 f.
Le, abonnement. partent as. 1 "et 15cte chaque mois
Adresse télégraphique : XIX. MICLE — PARIS
LES
ELECTIONS DANS LA SEINE
CANDIDATS SUR LES RANGS
-. Sur Tadmimstration de la marine
A LA PORTE- SAINT- MARTIN
L'INFLUENZA
REVENDICATIONS
ÉPISCOPALES
En recevant le clergé de son dio-
cèse, M. Freppel, évêque d'Angers et
député du Finistère, a prononcé un
discours. On pouvait croire qu'il se
bornerait à remercier ses collabora-
teurs ecclésiastiques de leurs souhaits
• de bonne année et à leur adresser
- quelques recommandations spéciales
sur l'exercice de leur ministère. Il n'en
a rien été. M. Freppel a complètement
oublié qu'il était évêque, pour se sou-
venir seulement qu'il était député, et
député de l'opposition, et c'est un dis-
cours politique qu'il a prononcé dans
le « salon d'honneur » du palais épis-
copal.
Rien n'a trouvé grâce devant le pré-
lat député, pas même l'Exposition
universelle, qui s'est ouverte et ter-
minée" sans que le nom de la divine
Providence ait été même prononcé JI,
C'eût été, sans doute, un beau spec-
tacle que celui d'une procession reli-
gieuse.escaladant, cardinaux en tête,
les derniers échelons de la tour Eiffel
pour, de là, asperger d'eau bénite le
Champ-de-Mars. Mais, question déco-
rative à part, il est assez difficile de
saisir le lien qui peut bien exister en-
tre une exposition commerciale et in-
dustrielle et la « divine Providence Yt. 1
Les réactionnaires n'ont cessé de dé-
noncer les ciscandales)j du Champ-de-
Mars. Il s'est trouvé, - et en grand
nombre, — parmi eux et parmi les
boulangistes, d'austères moralistes
pour flétrir les divertissements exoti-
ques de l'Exposition. Les collections
de divinités indoues, et l'archéologie
préhistorique, et les sciences anthro-
pologiques ont, à des titres divers,
excité leur fureur. Pourquoi les au-
raient-ils bénies? Pourquoi auraient-
ils béni des solennités destinées à fê-
ter le centenaire d'une révolution
qu'ils condamnent dans son principe
et dont ils déplorent chaque jour les
conséquences?
N'esL-ce pas encore à blâmer les
conséquences de la Révolution que
M. Freppel a consacré la majeure par-
tie de son discours? Dans la rapide
revue qu'il a passée des événements
politiques de l'année, tout lui est mo-
tif de tristesse et de regret. La loi mi-
litaire « suffirait à elle seule pour
attacher un douloureux souvenir à
l'année 1889, parce qu'il n'a pas été
porté d'atteinte plus directe à l'Eglise
de France depuis le siècle dernier ; loi
néfaste qui va créer à la nation, et en
pare perte, des charges - plus lourdes
que dans n'importe quel autre pays"
Puis c'est la suppression, déjà vieille
de quelques années, des aumôniers
militaires ; puis la laïcisation des hô-
pitaux,œuvre de" passions sectaires »;
puis encore" la transformation des
ecoles chrétiennes en écoles sans reli-
gion M, et l'exclusion du clergé des
commissions hospitalières et des bu-
reaux de bienfaisance : toutes choses
qui arrachent à l'évêque d'Angers ce
- cri : « La situation intérieure reste
pour nous pleine de tristesse et d'in-
quiétude! » -
Nous ne le suivrons pas sur le ter-
rain de la politique extérieure, où il
n'a fait d'ailleurs qu'une courte ex-
cursion et où il semble vouloir oppo-
ser au groupement des intérêts un
groupement des opinions religieuses.
Cette diplomatie est contemporaine
des croisades. Il y avait alors le pape
et le Turc. D'autres puissances se sont
élevées depuis lors. Nous ne faisons
plus de guerres de religion, mais
nous ne faisons plus, aussi, des
questions religieuses la base d'accords
Internationaux ; et la diplomatie épis-
- copale n'a qu'un tort, celui de venir
trop tard dans un monde trop vieux
et d'avoir été ruinée, il y a deux siè-
cles, par un prince de l'Eglise, par le
cardinal de Richelieu, l'allié des pro-
testants contre la - catholique maison
d'Autriche.
: Mais, pour en revenir à la politique
Intérieure, M. Freppel signale avec
amertume le contraste entre les actes
qu'il énumère et les paroles de conci-
liation, le désir qu'on exprime de dé-
terminer l'apaisement dans les es-
prits. « Au moins, dit-il, faudrait-il
qu'on pût découvrir$ous ces mots
quelque semblant de réalité t" C'est
précisément ce qu'il ne découvre pas.
Au contraire, un nouvel acte de guerre
lui apparaît, plus violent encore que
les autres, dans la suspension de trai-
tement d'un certain nombre de prê-
tres à cause de leur ingérence dans
les élections.
Donc, l'apaisement dont on parle
n'est qu'un leurre ; la conciliation
qu'on propose est irréalisable. Si M.
Freppel ne le dit pas, il est évident
qu'il le pense et peut-être n'a-t-il pas
absolument tort. La société civile pré-
tend, en effet, être maîtresse chez elle
et n'abandonner au prêtre que le do-
maine spirituel. Elle veut l'enfermer
entre les murs de son église et ne lui
laisser au dehors que ses droits de
simple citoyen. Le parti clérical, au
contraire, se réclame d'une autorité
supérieure à l'humanité pour diriger
les affaires humaines et pour imposer
partout sa volonté. Entre ces deux
opinions, le conflit est irréductible. Il
ne peut pas y avoir d'apaisement,
parce qu'il ne peut pas y avoir de
transaction. Le parti clérical et l'E-
glise ne peuvent se contenter de quel-
ques concessions. Pour qu'ils soient
satisfaits, pour qu'ils se considèrent
comme libres, il faut que tout s'incline
devant eux et qu'ils exercent une sou-
veraineté incontestée. Le temps où ils
pouvaient avoir cette satisfaction est
passé et ne reviendra plus, et ceux
qui chercheraient, par des demi-me-
sures et par des moyennes, à concilier
les intérêts rivaux, perdraient leur
temps.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
» Chronique », par M.-Paul Ginisty.
LES ÉLECTEURS DE LA MANCHE
Le siège de M. du Mesnildot. — L'élec-
tion sénatoriale.
Le décret convoquant les électeurs de
l'arrondissement de Valognes pour le 36
janvier prochain, à l'effet de procéder au
remplacement de M. du Mesnildot, député
invalidé, réactionnaire, paraît ce matin
au Journal officiel.
Nous avons dit déjà que les électeurs de
l'arrondissement de Valognes n'avaient pas
été convoqués pour le 12 janvier, en même
temps que les électeurs des six autres cir-
conscriptions dont les députés ont été in-
validés, parce que le gouvernement dési-
rait éviter la coïncidence des deux scru-
tins dans un même département.
On sait que le sénateur qu'il s'agit de
remplacer est M. le général de Chabron,
inamovible, réactionnaire, dont le siège a
été attribué à la Manche par voie de ti-
rage au sort.
BISMARCK AU PARLEMENT ALLEMAND
La loi contre les socialistes. — Pas
de concessions.
(DB RÇPTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
- Berlin, 3 janvier.
Le chancelier prendra décidément la pa-
role dans la discussion de la loi contre les
socialistes.
Il déclarera qu'il ne consent à aucune
concession. ,
Le Landtag prussien se reunira le jeudi
15 janvier.
On croit que la session sera ouverte par
l'empereur en personne.
UN NOUVEAU FIANCÉ
POUR MARGUERITE DE PRUSSE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 3 janvier.
On parle beaucoup, ici, des prochaines
fiançailles de la princesse Marguerite de
Prusse, sœur de Guillaume II, avec le
prince de Naples, héritier de la couronne
d'Italie, dont l'union avec la princesse Clé-
mentine de Belgique a rencontré des diffi-
cultés insurmontables.
Ce mariage allemand est le rêve et serait
l'œuvre de M. Crispi.
Le prince italien est âgé de dix-neuf ans
et demi, la princesse Marguerite de dix-
sept ans.
L'ADMINISTRATION AUSTRO-HONGROISE
Les éloges de M. Tisza. — Un détour-
nement par jour.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Buda-Pesth, 3 janvier.
M. Tisza, président du conseil, a pu faire,
à l'occasion du Jour de l'An, l'éloge de son
administration. Or, d'après une statisti-
que des plus sérieuses, il n'y a pas eu,
l'année dernière, moins de 391 détourne-
ments dans les différentes branches de
notre administration.
Dans 213 cas, les sommes détournées
sont de 1,000 francs, et dans 78 cas, les
détournements varient entre 1,000 francs
et 2 millions.
Dans l'année, le total des détournements
a été de 7 millions.
Il faut constater que c'est précisément
depuis que M. Tisza est à la tête de nos
affaires, que la démoralisation et la cor-
ruption sont entrées dans l'administra-
tion.
LES OBSÈQUES DE L'IMPÉRATRICE
DU BRESIL
Le transport à Lisbonne
f» Utf C;OBRUPONDAIRJ
Oporto, 3 janvier.
La dépouille de dona Térésa a été trans-
portée à midi, de l'hôtel à l'église Lapa, où
un service funèbre a été célébré par le
cardinal-évêque, en présence des membres
de toute la famille impériale, à l'exception
de dom Pedro, et d'une assistance nom-
breuse. Le duc d'Oporto représentait la
famille royale de Portugal.
Mardi, la bière renfermant le corps de
doua Térésa sera transportée à Lisbonne,
LES ELECTIONS
DANS LA SEINE
LES CANDIDATURES CONNUES
Six députés invalidés. — Concurrents
nouveaux et anciens. — La statis-
tique des candidats. — Les
élections dernières et le
prochain scrutin
A la veille de la publication du décret de
convocation des électeurs des diverses cir-
conscriptions de la Seine dont les repré-
sentants ont été invalidés, il était intéres-
sant de rechercher quelle était la situation
élec orale dans ces circonscriptions et de
noter les candidatures qui vont se pro-
duire à cette occasion. -
Les invalidés, tous boulangistes, se re-
présentent; mais ils ne se représentent
pas tous contre les mêmes adversaires, et,
partant, les conditions de la lutte électo-
rale vont être modifiées en de notables
proportions.
Voici, par circonscriptions électorales,
l'état comparé des candidatures aux" sep-
tembre et 6 octobre 1889 et au prochain
scrutin qui aura lieu dans le courant de
janvier.
Les invalidés de Paris
A Paris même, il y a deux sièges à pour-
voir : le premier.dans le cinquième arron-
dissement, où fut élu M. Naquet ; le second,
dans le treizième, où M. Paulin Méry avait
obtenu la majorité des suffrages.
Cinquième arrondissement
Dans la première circonscription du cin-
quième arrondissement (quartiers de St-
Victor et de la Sorbonne), les candidats
actuellement en présence sont : M. le doc-
teur Bourneville, ancien député, républi-
cain radical ; M. Paul Delombre, publicis-
te, républicain opportuniste; M. Lechape-
lain, ex-maitre répétiteur à l'institution
Sainte-Barbe, républicain radical indé-
pendant.
M. Delattre, ex-conseiller municipal et
ancien député de Saint-Denis, qui avait
été sollicité de présenter sa candidature,
a décliné cette offre, conformément aux
règles de la discipline républicaine.
Au 22 septembre, M. le docteur Bourne-
ville avait obtenu 2,770 voix; M. Delom-
bre, 2,113; M. Combomoreii, blanquiste,
et M. Naquet ,583,
Au 6 octobre, M. Bourneville avait A,7A5
voix, contre A,830 à M. Naquet.
Treizième arrondissement
Dads la deuxième circonscription du
treizième arrondissement (quartiers de la
Maison-Blanche et de la Gare), !e seul can-
didat des républicains est M. Basly.
Ses adversaires boulangistes ont déjà
commencé la campagne électorale et adres-
sent à tous les électeurs la circulaire sui-
vante destinée à être approuvée par des
signatures :
« Les soussignés, électeurs de la 29 cir-
conscription du treizième arrondissement,
sans distinction de parti, déclarent, par
respect du suffrage universel, adhérer à la
candidature du citoyen Paulin Méry, dé-
puté invalidé. »
Au 22 septembre, les votes dans cette
circonscription s'étaient répartis ainsi :
M. Rousselle, conseiller municipal, répu-
blicain radical, 1,3A2 voix; M. Navarre,
conseiller municipal, radical socialiste,
1 163; M. Basly, socialiste, 3,629; M. le doc-
teur Paulin Méry, boulangiste, J.,87 i M.
Mayol de Luppé, bonapartiste, 703 ; M. Mi-
chel, collectiviste, 321, et M. Paulet, 2.
Au 6 octobre, M. Paulin Méry obtenait
5,806 voix et M. Basly 5,78A.
L-S invalidés de la banlieue
Quatre députés de la banlieue ont été
invalidés. Ce sont ceux des cantons de
Saint-Denis, député M. Revest; Pantin, dé-
puté M. Goussot; Neuilly, député M. Laur,
et Sceaux et VYIejiiif, député M. de Belle-
val.
Canton de Saint-Denis
A Saint-Denis, M. Revest aura cette fois
pour concurrents M. Lourdet, industriel,
candidat républicain opportuniste, et très
probablement un candidat du parti ré-
volutionnaire.
Le 22 septembre, M. Revest avait été élu
par 8,867 voix contre l!()J!t à M. Pernin, ra-
dical socialiste; 1,519 a M. le docteur Bas-
set, radical socialiste,et 981 à M. Dain, pos-
sibiliste.
Nous devons encore rappeler qu'aux
élections pour le renouvellement par moi-
tié des conseillers d'arrondissement qui
a eu lieu le 10 novembre dernier, les
candidats boulangistes obtinrent 5,295 et
5,266 voix, contre 6,073 et 6,03 aux candi-
dats républicains, subissant ainsi une perte
d'environ 2,800 voix.
Canton de Pantin
Dans le canton de Pantin, le seul candi-
dat républicain officiellement connu est
M. Rigaut, ancien député de l'Aisne et ré-
publicain opportuniste.
M. Rigaut, qui avait déjà fait acte de
candidat à l'époque du premier tour de
scrutin aux dernières élections, s'était re-
tiré devant M. Delizy.
On anqpnce encore comme très proba-
bles les candidatures de MM. Péan, con-
seiller général de la Seine, républicain ra-
dical ; Pouillet, conseiller d'arrondisse-
ment, opportuniste ; Gabriel Marchi, ad-
joint au maire de -- Bondy, révisionniste;
Caumeau, possibiliste.
Le scrutin du se ptembre a donné dans
ce canton les résultats suivants : MM. Péan,
radical, 1,959 voix; Delizy, 1,800; Kuhn,
possibiliste, 755 ; Gabriel Marchi, révision-
niste, 1,M9; Féline, blanquiste, ; Pel-
lerin,326, et Goussot, boulangiste, 3,05A.
Au scrutin de ballottage, M. Goussot fut
élu par A,810 voix contre h,*lh à M. Péan.
Aux élections du 10 novembre pour le
renouvellement de conseillers d'arrondis-
sement, les candidats républicains dans le
canton de Pantin furent élus par 3,509
voix et 3.A69, contre 2,3A8 et 2,3A2 aux can-
didats boulangistes.
Du 6 octobre au 10 novembre, ces der-
niers ont donc perdu près de 2,500 voix.
Canton de Neuilly
M. Laur, dans le canton de Neuilly, n'a
encore aucun concurrent déclaré.
MM. Anatole de la Forge, le major La-
bordére et Andrieux, à qui successivement
la candidature a été offerte, ont tous re-
fusé.
On parle encore de l'acceptation vpossi-
ble de M. Goudchaux, banquier, républi-
cain opportuniste, qui habite Neuilly.
M. Antoiue. on le sait, ne se représente
P.N -
Le 22 septembre, les divers concurrents
obtinrent : MM. Antoine, ex-député de
Metz, candidat républicain, 6,hk9 voix ;
Allairo, conseiller général de la Seine, ré-
publicain révisionniste, I,I; général
Henrion-Bertier, maire de Neuilly, 2,506;
Noizet, possibiliste, 99.4, et Laur, boulan-
giste, 9,1A5.
Le second tour donna les résultats sui-
vants : MM. Antoine, 8,359; Laur, 10,7M.
Cantons de Sceaux et de Villejuif
Dans l'arrondissement de Sceaux, M.
Goblet seul doit entreprendre la lutte con-
tre M. de Belleval.
M. Levêque, devant M. Goblet, a retiré
sa candidature; M. Benjamin Raspail, candi-
dat républicain aux dernières élections,
se retire définitivement de la lutte.
Au23 septembre, les suffrages dans cette
circonscription se sont répartis de la ma-
nière suivante : MM. Benjamin Raspail, ré-
publicain radical; 8,3A7; de Belleval, bou-
langiste, 10,A8A; prince de Polignac, mo-
narchiste-boulangiste, 1,AlA? Gondry du
Jardinet, monarchiste, 1,117, et Durand,
possibiliste, 1,089.
Enfin, le 6 octobre, M de BelleVal fut
élu par 12,195 voix contre 9,325 à M. Ben-
jamin Raspail.
Les dernières élections
Au scrutin du 10 novembre pour l'élec-
tion de conseillers d'arrondissement, les
quatre candidats républicains dans le can-
ton de Sceaux obtinrent respectivement
3,513, 3,160, 2,912 et 1,99A voix, contre 1,036
et 967 aux candidats boulangistes.
Dans le canton de Villejuif, les deux can-
didats républicains ont réuni A,581 et A,575
suffrages, contre 2,5AA et 2,532.
Dans l'arrondissement tout entier, les
boulangistes, d'un scrutin à l'autre, c'est-
à-dire dans l'espace d'un mois, ont donc
perdu environ 8,700 partisans.
LA CRISE MINISTÉRIELLE
EN, ESPAGNE
(D'UN CORRESPONDANT)
Madrid, 3 janvier.
La crise ministérielle, - annoncée depuis
longtemps, a éclaté aujourd nui. -
Après un conseil des ministres au cours
duquel on n'a pu arriver à s'entendre, M.
Sagasta s'est rendu chez la Régente et lui a
remis la démission des ministres, y com-
pris la steune.
La Régente a prié M. Sagasta de revenir
aujourd'hui au Palais pour conférer au
sujet de la crise, qui est de nature absolu-
ment politique.
On croit généralement, non seulement à
une-crise gouvernementale, mais encore à
une crise pour le pays et surtout pour le
parti libéral.
L'ADMINISTRATION
DE LA MARINE
Une nouvelle vexation. — Motif de
sentiment et raison d'économie. —
Une prochaine séparation. -
Une admin stration qui ns
veut pas être regrettée..
L'administration de la marine parait re-
chercher définitivement toutes les occa-
sions d'être désagréable aux divers person-
nels militaires qui se trouvent dans la pé-
nible obligation de passer par ses exigences,
ses fantaisies, ses caprices et ses vexa-
tions.
On a pu lire dernièrement que le géné-
ral de division Bichot, de l'infanterie de
marine, commandant les troupes d'occu-
pation de l'Indo-Chiue, s'est momentané-
ment absenté de Hanoï pour aller jusqu'à
Saïgon, où il se proposait de visiter les
troupes de Cochinchinè, qui relèvent de
son commandement, et de recevoir en mê-
me temps sa femme et ses enfants, qui
viennent d'Europe le retrouver auTonkin.
Jusque-là, rien de particulier dans cet
incident, puisque, tous les jours, nos offi-
ciers et nos fonctionnaires civils ou mili-
taires sont rejoints au Tonkin, comme
dans l'Annam et en Cochinchine, par leurs
familles.
Mais, alors que le transport des femmes
et des enfants avait été jusqu'ici effectué
gratuitement pour les uns et pour les au-
tres, l'administration de la marine vient
de 8 décider dernièrement que, vu la situa-
tion militaire au Tonkin. et dans l'intérêt
des officiers, elle leur défendait désormais
d'appeler à eux leur femme ou leurs en-
fants.
-En conséquence,les officiers ne peuvent
plus faire venir leurs familles jusque là-
bas? croira-t-on et dira-t-on.
Pas le moins du monde.
Ce motif de sentimentalité ne couvre en
réalité qu'une économie de transport faite
au détriment des officiers appartenant aux
troupes de la marine, ni plus ni moins.
La preuve en est que la femme et les en-
fants du général Bichot sont allés le re-
joindre.
Et ce qui caractérise bien la mesure
prise par l'administration de la marine,
c'est que le prix de leur traversée, se mon-
tant à quelques milliers de francs, a été
payé à cette administration elle-même,
car le transport de la famille du général
Bichot s'est effectué sur un bâtiment de
l'Etat!
Il convient de faire remarquer que M.
Eugène Etienne, sous-secrétaire d'Etat aux
colonies, dès qu'il eut connaissance de la
décision prise par l'administration de la
marine à l'égard de la femme et des en-
fants du commandant des troupes d'occu-
cation d'Indo-Chine, s'empressa de faire
l'offre du passage gratuit, en portant le
prix de ce transport au compte des dépenses
de l'administration coloniale, comme il est
de coutume pour tous les fonctionnaires
voyageant à titre régulier. Cet officier gé-
néral a décliné l'offre, si gracieuse qu'elle
fut. Dour des raisons Qu'il est - facile de
comprendre. -
Et voilà comment sont traités, par une
administration routinière et tracassière au
suprême degré, les malheureux qui se
trouvent sous son joug et qui n'appar-
tiennent pas à ce que l'on peut appeler le
personnel de la marine proprement dit.
Elle ne peut leur pàrdGUner leurs aspira-
tions à s'en dégager. Ce vG&u sera pour-
tant exaucé bientôt, et, ou npus nous
trompons fort, c'est sans aucun i-Sgret
que les troupes d'infanterie et d'artilleri
de marine se sépareront enfin d'un dépar-
tement ministériel auquel oil?s ont pour-
tant apporté quelque gloire au TpnluQ et
en Cochinchine, comme à Madagascar et
au Sénégal, en un mot comme dans toute.?
les expéditions d'outre-mer où elles ont
lUis une si large place.
CHRONIQUE
Le hasard a fait que je me suis trouvé
ces jours-ci avec un vieux notaire de
province, qui a depuis assez longtemps
vendu sa charge et pris sa retraite. Il y
avait bien longtemps que je ne l'avais
vu, et, après quelques minutes passées à
nous rappeler nos vieux souvenirs de
jeunesse :
— Vous vous êtes, me dit-il, beaucoup
occupé dans le temps de l'acte Torrens.
C'est un peu à votre intervention que
nous devons de l'avoir vu appliquer en
Tunisie.
— Vraiment? lui dis-je ravi; je suis
pour quelque chose dans ce bon succès?
— Mais oui; vos articles ont été repro-
duits par la presse locale, distribués à
tout le monde; ils étaient fort clairs
et très probants. Ils ont préparé l'opi-
nion. Quel dommage que le journalisme
ne prenne pas plus souvent en main les
questions économiques, qui intéressent
tout le monde ! Tenez ! il y a la question
du notariat en province.
— En province? Pourquoi en province
plutôt qu'à Paris?
— C'est qu'à Paris, et eu général dans
les grands centres, les notaires sont des
gens capables, très au courant de leur
métier, et qui sont d'ailleurs merveilleu-
sement secondés par une cléricature très
chèrement payée. Mais en province, et
principalement dans le Midi, nombre de
notaires sont, vous pouvez m'en croire,
plus qu'insuffisants. Cette insuffisance,
et je me sers là d'un terme édulcoré, on
ne saurait s'en faire une idée quand on
ne l'a pas constatée de ses yeux. Leurs
actes, c'est-à-dire les documents qui
contiennent des titres de famille, sont
criblés de renvois et de ratures. C'est
un griffonnage où vous croiriez recon-
naître la composition d'un cancre de col-
lège.
Et comme je marquais quelque éton-
nement à cette assertion :
— C'est, me dit-il, le contraire qui se-
rait surprenant, étant donnée la façon
dont se recrute le personnel du nota-
riat.
Tout sujet qui justifie d'un stage de
six ans dans une étude de notaire peut
se mettre sur l,es rangs pour acheter une
charge. Six ans, c'est évidemment plus
qu'il n'en faudrait pour apprendre le
métier. Mais ce stage est le plus souvent
constaté par des certificats de complai-
sance, que la Chambre des notaires tient
aisément pour bons. Et la raison en est
simple : les notaires, qui vivent sous le
régime de la concurrence, ont tout intérêt
à n'admettre dans leur corporation que
des gens faciles à combattre ou même à
abattre. Se donner un concurrent sérieux
et capable, ce serait se donner un maître.
Ainsi donc, le candidat, muni de son
certificat de stage vrai ou faux, est sûr à
l'avance d'être admis par la chambre de
discipline. Il ne lui reste plus qu'à verser
le prix de la charge. Or, le plus souvent,
il n'en possède pas le premier sou. Il
attend, pour payer son étude, d'avoir
réalisé des économies, ou mieux encore
il compte sur un beau mariage.
Si le mariage manque, la faillite est
à peu près certaine au bout de trois ou
quatre années. Mais il faut toujours
mettre les choses au mieux : notre nou-
veau notaire a palpé, sous forme de dot,
le prix de son étude, ou partie de ce
prix. C'est sans doute une amélioration
notable dans sa position. Mais songez-
vous à ce qui arrive?
C'est le plus souvent un jeune homme,
qu'a grisé une fortune inespérée. Il est
plein d'ambition ; il a peu d'espérances ;
il veut gagner vite et de quoi faire grande
figure dans le pays, Il se lance à corps
perdu dans des spéculations douteuses ;
pour se concilier un crédit que ne lui don-
nerait pas une gestion sage et prudente,
il affiche un luxe auquel ne pourraient
satisfaire les bénéfices licites qu'il réalise;
il creuse jour à jour l'abîme où il ne tar-
dera pas à s'engloutir.
Il joue à la Bourse avec l'argent de ses
clients ; il désintéresse ses créanciers avec
celui qu'il a pris à la Banque au taux du
commerce, et bientôt, ne pouvant plus
faire face à ses engagements, il est acculé
à une impasse : il ne lui reste plus que
deux issues, la cour d'assises ou le sui-
cide.
— Nous lisons, en effet, de temps a au-
tre, dans les journaux, des histoires de
notaires qui ont levé le pied. Mais enfin,
c'est le petit nombre, c'est l'exception.
Il y a encore de bons notaires, qui sont
honnêtes.
— Honnêtes, oui, me dit-il ? il y en a,
et beaucoup heureusement. Mais bons,
c'est une autre affaire. Si vous entendez
par bon notaire un homme qui repré-
sente bien, qui a l'air importât et di-
gne, oh ! oui. il y a de b04 notaires et
beaucoup. Ils arriventplupart d'un
grand centre; ils ont d'excellentes re-
commandations, l'usage du monde. Ils
savent, selon le* pays» affecter l'air sé-
rieux et solennel, ou un gentil bon-gar-
çonnisme. Ils savent ou se roidir dans
l'empois d'une cravate blanche, ou se dé-
penser en poignées de mains, et même, à
l'occasion, trinquer le verre en main an
cabaret, avec le client.
Mais leur instruction est toute de sur-
face et ne va pas plus loin. Les clients
qui remettent leurs intérêts entre leurs
mains sont leurrés dans leur confiance,
La plupart des notaires sont incapables
de lutter avec les agents de l'enregistre-
ment, qui les mettent en coupe réglée.
LCb actes et les contrats sont indignement
rédigés ¿' deviennent des nids à procès.
Vous ne le ciOiriez Pas, mais je suis sûr
de ce que j'avance : ,il est peu , de , nota-
re,, dans les petits pa.ys,oale de rédi-
ger un acte sans l'aide d'un tui wIUiâire#
Les conventions qu'ils transcrivent son
souvent impraticables ou illégales.
- Si le mal est si grand, comment n'a
t-on pas songé à y porter remède ?
- Le conseil d'Etat s'est ému de cette
déplorable situation. Une loi, ou plutôt
un décret, est à l'étude. Mais ce décret,
dont les journaux ont résumé le texte.
nestmeiùepas un palliatif : c'est unè e
superfetation. Ce décret est le double
d'une ordonnance royale qui date de
1843d. Elle défendait aux notaires, soua
les peines les plus graves, de trafiquc -
des fonds de leurs clients.
Un décret nouveau, édictant les mê-
mes peines, tombera vite, comme le
premier, à l'état de lettre morte. L'or-
donnance de 18A3, qui était excellente
en soi, n'a jamais été exécutée. Le décret
nouveau ira la rejoindre au pays des
vieilles lunes.
Voyez-vous t le notariat ne pourra
trouver de régénération que dans la
régime de la liberté.
- Diantre! mais le régime * en
berté, ça m'a tout l'air V-: , im-
pression du notariat. C'es i.ôk K
façon de régénérer les eeaa que do :
exterminer.
, - La suppression, non; pas précisé-
ment. C'est bien quelque chose comme
cela. D'après la législa ion actuelle, un
grand nombre d'actes ne peuvent ètrl)
passés que de vaut, notaire : ainsi les con-
trats de mariage, les donations entr
vifs, les actes portant hypothéqué.
Eh bien! il faudrait qu'en principe,
tous les actes, ent.endez-le bien, tous 103
actes intéressant la yjUî civile des citoyens
français pussent être rédigés sous seing
privé.
Les signataires de ces actes passés
sous seing privé seraient simplement re-
connus devant un magistrat, — le juge
de paix, par exemple, — 1er J. rédige- =
rait un court prooès-verba a la suite d/2
l'acte dûment signé et enregistré, et il eu
ordonnerait le dépôt au greffe de son tri-
bunal.
Tous ces actes seraient reliés tous les
six mois et figureraient sous un numéro
d'ordre, comme cela se pratique en ma.
tière d'actes' de l'état civil. Le greffier
dépositaire délivrerait, moyennant un a
faible rétribution, des grosses ou dss
expéditions des actes à lui confiés.
C'est le principe de.la liberté aes tran-
sactions passant dans la pratique des
faits.
De cette façon, tous les actes sous seing
privé seront susceptibles de devenir des
actes publics ; tous les actes sous-seing
privé acquerront Fautïté itïcité et lafOi.
exécutoire que la législation leur avail
jusqu'à présent refusée.
Chaque citoyen français sera lui-mëma
son propre notaire.
- Et les notaires, qu'en faites-voui
dans ce système?
— Ceux qui voudront pourront s'en
servir. Croyez que les û otaires auront
encore une forte cliente. Ce que je tue,
c'est l'homme d'affaires, le courtier vé-
reux, auquel le client a recours par éco,.
nomie. Celui-Jà dispar^ tra, et ii n'y aura
point de regret à avoir v. ? sa perte. Quant
au notaire, qui voudra pourra s'en servir
ou s'en passer à son gré. Est-ce que co
n'est pas là la liberté* vraie ?
— Eh bien ! lui dis-je en riant, j'aurais
voulu savoir ce que vous auriez pensé da
votre système avant d'avoir vendu votre
étude et d'en avoir touché le prix.
Francis qu* Sarooy.
LE GROUPE. CilGDE
Les « ralliés » à la rechercha d'un
nom. — Singulier patronage.
L' Amide l'Ordre, un journal bonapartiste
de Caen, a publié-la note suivante:
M. Cunéo d'Ornano et plusieurs de ses col-
lègues forment, à la Chambre des députés, ua
nouveau groupe, dont la jaoin reste à choish,
et qui représentera la politique des bonapar-
tistes ralliés à l'idée de la « République ou-
verte » du général Boulanger.
Parmi les membres qui se sont déjà tait ins-
crire, nous relevons les noms de MM. gnîs.
rand, Robert Mitchell, duSaussay. Mariuà Mar-
tin, Haussman, Gauthier (de Cl&guy), de Bar,
Mége, de Monsaulnin, marquis de ViHeoeuvo.
commandant Picot, Vilfn, Godelle, Brincard,
Des jardins (Aisne), Bourlon de Rouvre, Anu-
gat, comte Caffarelli, Jaluzot, Pasqulcr, etc.
Ce groupe a eu l'approbation de LL. AA. IL
le prince Napoléon et le prince Victor et du
général Boulanger.
« Le nom de ce groupe reste à choisir If.
dit la note. Il nous semble cependant que
le nom de « groupe Gqne" est tout indi-
qué pour désigner cet assemblage étrange
« approuvé » par une aussi bizarre tri-
nité. - v
LA DÉCOllATION VIOLETTE
Une statistique. - Rosettes et palmes
de l'instruction publique.
Un de nos lecteurs, qui a du * ievaps à
perdre, nous adresse une statistique assez
amusante concernant les décorés de l'ins-
truction publique, dont nous avons pu-
blié la liste ayant-hier.
Il y a eu, nous dit-il,Sfrvofficiers de l'ins-
truction publique, 588 officiers d'cadémiet
soit un total de 828 nouveaux décorés qui
ont obtenu la rosette ou les pair es vio-
lettes.
On compte, ajoute notre co»rc ,r
que chaque nouveau décoré reç-
achète une moyenne de 6 rubans, soit L-
total, pour les 828 décorés, de h,968 rubans
ou rosettes violettes.
Chaque décoration demande 6 centimè-
tres de ruban ; il a donc fallu A9 mètres 68
centimètres de ruban.
En Un, chaque ruban ou rosette coûtant
une moyenD de M) centimes, c'est un to-
tal de 1.987 franco SQ centimes que les nou-
veaux promus de l'instruction publique
ont rapporté aux marchands de décorai^
iions.
Voilà qui met le mètre de ruban a un
prix « couséqueat n. comme dit notre lec<
teur.
CINQ Centimes ** paris et Départements - CINQ Centimes
DIMANCHE 5 JANVIER 1800
LE XIX" SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
j RÉDACTION
Il <12, nUE3, Montnûartra
PARIS .,
DIRECTEUR POLITIQUE
A.-EDOUARD PORTALIS
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris Treiimois, 6f.; Six mois, Il L; Osu, 201.
Départements — 71.; — 12 ù; — 24t
Union Postale - 91.; — 16 L; — 32 L
1m abonnements partent .-., 15 de chaque mois.
Adresse télégraphique : XIXe SIÉCL £ — PARIS
ADMINISTRATION
1148, Eue Montixiartrâ
PARIS ,
BtSISSEU RS D'ANNONCES
KII LAG RANGE, CERF et (11
6, place de la Bonne, 6
PRIX DE L'ABONNEMENT :
Paris trois mois, 6f.; Six nuis, 11/.; Obio, 20 f.
Départements — 7L; — 12 f., — 24 f.
Union Postale — 9 f.; — tG L; — 32 f.
Le, abonnement. partent as. 1 "et 15cte chaque mois
Adresse télégraphique : XIX. MICLE — PARIS
LES
ELECTIONS DANS LA SEINE
CANDIDATS SUR LES RANGS
-. Sur Tadmimstration de la marine
A LA PORTE- SAINT- MARTIN
L'INFLUENZA
REVENDICATIONS
ÉPISCOPALES
En recevant le clergé de son dio-
cèse, M. Freppel, évêque d'Angers et
député du Finistère, a prononcé un
discours. On pouvait croire qu'il se
bornerait à remercier ses collabora-
teurs ecclésiastiques de leurs souhaits
• de bonne année et à leur adresser
- quelques recommandations spéciales
sur l'exercice de leur ministère. Il n'en
a rien été. M. Freppel a complètement
oublié qu'il était évêque, pour se sou-
venir seulement qu'il était député, et
député de l'opposition, et c'est un dis-
cours politique qu'il a prononcé dans
le « salon d'honneur » du palais épis-
copal.
Rien n'a trouvé grâce devant le pré-
lat député, pas même l'Exposition
universelle, qui s'est ouverte et ter-
minée" sans que le nom de la divine
Providence ait été même prononcé JI,
C'eût été, sans doute, un beau spec-
tacle que celui d'une procession reli-
gieuse.escaladant, cardinaux en tête,
les derniers échelons de la tour Eiffel
pour, de là, asperger d'eau bénite le
Champ-de-Mars. Mais, question déco-
rative à part, il est assez difficile de
saisir le lien qui peut bien exister en-
tre une exposition commerciale et in-
dustrielle et la « divine Providence Yt. 1
Les réactionnaires n'ont cessé de dé-
noncer les ciscandales)j du Champ-de-
Mars. Il s'est trouvé, - et en grand
nombre, — parmi eux et parmi les
boulangistes, d'austères moralistes
pour flétrir les divertissements exoti-
ques de l'Exposition. Les collections
de divinités indoues, et l'archéologie
préhistorique, et les sciences anthro-
pologiques ont, à des titres divers,
excité leur fureur. Pourquoi les au-
raient-ils bénies? Pourquoi auraient-
ils béni des solennités destinées à fê-
ter le centenaire d'une révolution
qu'ils condamnent dans son principe
et dont ils déplorent chaque jour les
conséquences?
N'esL-ce pas encore à blâmer les
conséquences de la Révolution que
M. Freppel a consacré la majeure par-
tie de son discours? Dans la rapide
revue qu'il a passée des événements
politiques de l'année, tout lui est mo-
tif de tristesse et de regret. La loi mi-
litaire « suffirait à elle seule pour
attacher un douloureux souvenir à
l'année 1889, parce qu'il n'a pas été
porté d'atteinte plus directe à l'Eglise
de France depuis le siècle dernier ; loi
néfaste qui va créer à la nation, et en
pare perte, des charges - plus lourdes
que dans n'importe quel autre pays"
Puis c'est la suppression, déjà vieille
de quelques années, des aumôniers
militaires ; puis la laïcisation des hô-
pitaux,œuvre de" passions sectaires »;
puis encore" la transformation des
ecoles chrétiennes en écoles sans reli-
gion M, et l'exclusion du clergé des
commissions hospitalières et des bu-
reaux de bienfaisance : toutes choses
qui arrachent à l'évêque d'Angers ce
- cri : « La situation intérieure reste
pour nous pleine de tristesse et d'in-
quiétude! » -
Nous ne le suivrons pas sur le ter-
rain de la politique extérieure, où il
n'a fait d'ailleurs qu'une courte ex-
cursion et où il semble vouloir oppo-
ser au groupement des intérêts un
groupement des opinions religieuses.
Cette diplomatie est contemporaine
des croisades. Il y avait alors le pape
et le Turc. D'autres puissances se sont
élevées depuis lors. Nous ne faisons
plus de guerres de religion, mais
nous ne faisons plus, aussi, des
questions religieuses la base d'accords
Internationaux ; et la diplomatie épis-
- copale n'a qu'un tort, celui de venir
trop tard dans un monde trop vieux
et d'avoir été ruinée, il y a deux siè-
cles, par un prince de l'Eglise, par le
cardinal de Richelieu, l'allié des pro-
testants contre la - catholique maison
d'Autriche.
: Mais, pour en revenir à la politique
Intérieure, M. Freppel signale avec
amertume le contraste entre les actes
qu'il énumère et les paroles de conci-
liation, le désir qu'on exprime de dé-
terminer l'apaisement dans les es-
prits. « Au moins, dit-il, faudrait-il
qu'on pût découvrir$ous ces mots
quelque semblant de réalité t" C'est
précisément ce qu'il ne découvre pas.
Au contraire, un nouvel acte de guerre
lui apparaît, plus violent encore que
les autres, dans la suspension de trai-
tement d'un certain nombre de prê-
tres à cause de leur ingérence dans
les élections.
Donc, l'apaisement dont on parle
n'est qu'un leurre ; la conciliation
qu'on propose est irréalisable. Si M.
Freppel ne le dit pas, il est évident
qu'il le pense et peut-être n'a-t-il pas
absolument tort. La société civile pré-
tend, en effet, être maîtresse chez elle
et n'abandonner au prêtre que le do-
maine spirituel. Elle veut l'enfermer
entre les murs de son église et ne lui
laisser au dehors que ses droits de
simple citoyen. Le parti clérical, au
contraire, se réclame d'une autorité
supérieure à l'humanité pour diriger
les affaires humaines et pour imposer
partout sa volonté. Entre ces deux
opinions, le conflit est irréductible. Il
ne peut pas y avoir d'apaisement,
parce qu'il ne peut pas y avoir de
transaction. Le parti clérical et l'E-
glise ne peuvent se contenter de quel-
ques concessions. Pour qu'ils soient
satisfaits, pour qu'ils se considèrent
comme libres, il faut que tout s'incline
devant eux et qu'ils exercent une sou-
veraineté incontestée. Le temps où ils
pouvaient avoir cette satisfaction est
passé et ne reviendra plus, et ceux
qui chercheraient, par des demi-me-
sures et par des moyennes, à concilier
les intérêts rivaux, perdraient leur
temps.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
» Chronique », par M.-Paul Ginisty.
LES ÉLECTEURS DE LA MANCHE
Le siège de M. du Mesnildot. — L'élec-
tion sénatoriale.
Le décret convoquant les électeurs de
l'arrondissement de Valognes pour le 36
janvier prochain, à l'effet de procéder au
remplacement de M. du Mesnildot, député
invalidé, réactionnaire, paraît ce matin
au Journal officiel.
Nous avons dit déjà que les électeurs de
l'arrondissement de Valognes n'avaient pas
été convoqués pour le 12 janvier, en même
temps que les électeurs des six autres cir-
conscriptions dont les députés ont été in-
validés, parce que le gouvernement dési-
rait éviter la coïncidence des deux scru-
tins dans un même département.
On sait que le sénateur qu'il s'agit de
remplacer est M. le général de Chabron,
inamovible, réactionnaire, dont le siège a
été attribué à la Manche par voie de ti-
rage au sort.
BISMARCK AU PARLEMENT ALLEMAND
La loi contre les socialistes. — Pas
de concessions.
(DB RÇPTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
- Berlin, 3 janvier.
Le chancelier prendra décidément la pa-
role dans la discussion de la loi contre les
socialistes.
Il déclarera qu'il ne consent à aucune
concession. ,
Le Landtag prussien se reunira le jeudi
15 janvier.
On croit que la session sera ouverte par
l'empereur en personne.
UN NOUVEAU FIANCÉ
POUR MARGUERITE DE PRUSSE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 3 janvier.
On parle beaucoup, ici, des prochaines
fiançailles de la princesse Marguerite de
Prusse, sœur de Guillaume II, avec le
prince de Naples, héritier de la couronne
d'Italie, dont l'union avec la princesse Clé-
mentine de Belgique a rencontré des diffi-
cultés insurmontables.
Ce mariage allemand est le rêve et serait
l'œuvre de M. Crispi.
Le prince italien est âgé de dix-neuf ans
et demi, la princesse Marguerite de dix-
sept ans.
L'ADMINISTRATION AUSTRO-HONGROISE
Les éloges de M. Tisza. — Un détour-
nement par jour.
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Buda-Pesth, 3 janvier.
M. Tisza, président du conseil, a pu faire,
à l'occasion du Jour de l'An, l'éloge de son
administration. Or, d'après une statisti-
que des plus sérieuses, il n'y a pas eu,
l'année dernière, moins de 391 détourne-
ments dans les différentes branches de
notre administration.
Dans 213 cas, les sommes détournées
sont de 1,000 francs, et dans 78 cas, les
détournements varient entre 1,000 francs
et 2 millions.
Dans l'année, le total des détournements
a été de 7 millions.
Il faut constater que c'est précisément
depuis que M. Tisza est à la tête de nos
affaires, que la démoralisation et la cor-
ruption sont entrées dans l'administra-
tion.
LES OBSÈQUES DE L'IMPÉRATRICE
DU BRESIL
Le transport à Lisbonne
f» Utf C;OBRUPONDAIRJ
Oporto, 3 janvier.
La dépouille de dona Térésa a été trans-
portée à midi, de l'hôtel à l'église Lapa, où
un service funèbre a été célébré par le
cardinal-évêque, en présence des membres
de toute la famille impériale, à l'exception
de dom Pedro, et d'une assistance nom-
breuse. Le duc d'Oporto représentait la
famille royale de Portugal.
Mardi, la bière renfermant le corps de
doua Térésa sera transportée à Lisbonne,
LES ELECTIONS
DANS LA SEINE
LES CANDIDATURES CONNUES
Six députés invalidés. — Concurrents
nouveaux et anciens. — La statis-
tique des candidats. — Les
élections dernières et le
prochain scrutin
A la veille de la publication du décret de
convocation des électeurs des diverses cir-
conscriptions de la Seine dont les repré-
sentants ont été invalidés, il était intéres-
sant de rechercher quelle était la situation
élec orale dans ces circonscriptions et de
noter les candidatures qui vont se pro-
duire à cette occasion. -
Les invalidés, tous boulangistes, se re-
présentent; mais ils ne se représentent
pas tous contre les mêmes adversaires, et,
partant, les conditions de la lutte électo-
rale vont être modifiées en de notables
proportions.
Voici, par circonscriptions électorales,
l'état comparé des candidatures aux" sep-
tembre et 6 octobre 1889 et au prochain
scrutin qui aura lieu dans le courant de
janvier.
Les invalidés de Paris
A Paris même, il y a deux sièges à pour-
voir : le premier.dans le cinquième arron-
dissement, où fut élu M. Naquet ; le second,
dans le treizième, où M. Paulin Méry avait
obtenu la majorité des suffrages.
Cinquième arrondissement
Dans la première circonscription du cin-
quième arrondissement (quartiers de St-
Victor et de la Sorbonne), les candidats
actuellement en présence sont : M. le doc-
teur Bourneville, ancien député, républi-
cain radical ; M. Paul Delombre, publicis-
te, républicain opportuniste; M. Lechape-
lain, ex-maitre répétiteur à l'institution
Sainte-Barbe, républicain radical indé-
pendant.
M. Delattre, ex-conseiller municipal et
ancien député de Saint-Denis, qui avait
été sollicité de présenter sa candidature,
a décliné cette offre, conformément aux
règles de la discipline républicaine.
Au 22 septembre, M. le docteur Bourne-
ville avait obtenu 2,770 voix; M. Delom-
bre, 2,113; M. Combomoreii, blanquiste,
et M. Naquet ,583,
Au 6 octobre, M. Bourneville avait A,7A5
voix, contre A,830 à M. Naquet.
Treizième arrondissement
Dads la deuxième circonscription du
treizième arrondissement (quartiers de la
Maison-Blanche et de la Gare), !e seul can-
didat des républicains est M. Basly.
Ses adversaires boulangistes ont déjà
commencé la campagne électorale et adres-
sent à tous les électeurs la circulaire sui-
vante destinée à être approuvée par des
signatures :
« Les soussignés, électeurs de la 29 cir-
conscription du treizième arrondissement,
sans distinction de parti, déclarent, par
respect du suffrage universel, adhérer à la
candidature du citoyen Paulin Méry, dé-
puté invalidé. »
Au 22 septembre, les votes dans cette
circonscription s'étaient répartis ainsi :
M. Rousselle, conseiller municipal, répu-
blicain radical, 1,3A2 voix; M. Navarre,
conseiller municipal, radical socialiste,
1 163; M. Basly, socialiste, 3,629; M. le doc-
teur Paulin Méry, boulangiste, J.,87 i M.
Mayol de Luppé, bonapartiste, 703 ; M. Mi-
chel, collectiviste, 321, et M. Paulet, 2.
Au 6 octobre, M. Paulin Méry obtenait
5,806 voix et M. Basly 5,78A.
L-S invalidés de la banlieue
Quatre députés de la banlieue ont été
invalidés. Ce sont ceux des cantons de
Saint-Denis, député M. Revest; Pantin, dé-
puté M. Goussot; Neuilly, député M. Laur,
et Sceaux et VYIejiiif, député M. de Belle-
val.
Canton de Saint-Denis
A Saint-Denis, M. Revest aura cette fois
pour concurrents M. Lourdet, industriel,
candidat républicain opportuniste, et très
probablement un candidat du parti ré-
volutionnaire.
Le 22 septembre, M. Revest avait été élu
par 8,867 voix contre l!()J!t à M. Pernin, ra-
dical socialiste; 1,519 a M. le docteur Bas-
set, radical socialiste,et 981 à M. Dain, pos-
sibiliste.
Nous devons encore rappeler qu'aux
élections pour le renouvellement par moi-
tié des conseillers d'arrondissement qui
a eu lieu le 10 novembre dernier, les
candidats boulangistes obtinrent 5,295 et
5,266 voix, contre 6,073 et 6,03 aux candi-
dats républicains, subissant ainsi une perte
d'environ 2,800 voix.
Canton de Pantin
Dans le canton de Pantin, le seul candi-
dat républicain officiellement connu est
M. Rigaut, ancien député de l'Aisne et ré-
publicain opportuniste.
M. Rigaut, qui avait déjà fait acte de
candidat à l'époque du premier tour de
scrutin aux dernières élections, s'était re-
tiré devant M. Delizy.
On anqpnce encore comme très proba-
bles les candidatures de MM. Péan, con-
seiller général de la Seine, républicain ra-
dical ; Pouillet, conseiller d'arrondisse-
ment, opportuniste ; Gabriel Marchi, ad-
joint au maire de -- Bondy, révisionniste;
Caumeau, possibiliste.
Le scrutin du se ptembre a donné dans
ce canton les résultats suivants : MM. Péan,
radical, 1,959 voix; Delizy, 1,800; Kuhn,
possibiliste, 755 ; Gabriel Marchi, révision-
niste, 1,M9; Féline, blanquiste, ; Pel-
lerin,326, et Goussot, boulangiste, 3,05A.
Au scrutin de ballottage, M. Goussot fut
élu par A,810 voix contre h,*lh à M. Péan.
Aux élections du 10 novembre pour le
renouvellement de conseillers d'arrondis-
sement, les candidats républicains dans le
canton de Pantin furent élus par 3,509
voix et 3.A69, contre 2,3A8 et 2,3A2 aux can-
didats boulangistes.
Du 6 octobre au 10 novembre, ces der-
niers ont donc perdu près de 2,500 voix.
Canton de Neuilly
M. Laur, dans le canton de Neuilly, n'a
encore aucun concurrent déclaré.
MM. Anatole de la Forge, le major La-
bordére et Andrieux, à qui successivement
la candidature a été offerte, ont tous re-
fusé.
On parle encore de l'acceptation vpossi-
ble de M. Goudchaux, banquier, républi-
cain opportuniste, qui habite Neuilly.
M. Antoiue. on le sait, ne se représente
P.N -
Le 22 septembre, les divers concurrents
obtinrent : MM. Antoine, ex-député de
Metz, candidat républicain, 6,hk9 voix ;
Allairo, conseiller général de la Seine, ré-
publicain révisionniste, I,I; général
Henrion-Bertier, maire de Neuilly, 2,506;
Noizet, possibiliste, 99.4, et Laur, boulan-
giste, 9,1A5.
Le second tour donna les résultats sui-
vants : MM. Antoine, 8,359; Laur, 10,7M.
Cantons de Sceaux et de Villejuif
Dans l'arrondissement de Sceaux, M.
Goblet seul doit entreprendre la lutte con-
tre M. de Belleval.
M. Levêque, devant M. Goblet, a retiré
sa candidature; M. Benjamin Raspail, candi-
dat républicain aux dernières élections,
se retire définitivement de la lutte.
Au23 septembre, les suffrages dans cette
circonscription se sont répartis de la ma-
nière suivante : MM. Benjamin Raspail, ré-
publicain radical; 8,3A7; de Belleval, bou-
langiste, 10,A8A; prince de Polignac, mo-
narchiste-boulangiste, 1,AlA? Gondry du
Jardinet, monarchiste, 1,117, et Durand,
possibiliste, 1,089.
Enfin, le 6 octobre, M de BelleVal fut
élu par 12,195 voix contre 9,325 à M. Ben-
jamin Raspail.
Les dernières élections
Au scrutin du 10 novembre pour l'élec-
tion de conseillers d'arrondissement, les
quatre candidats républicains dans le can-
ton de Sceaux obtinrent respectivement
3,513, 3,160, 2,912 et 1,99A voix, contre 1,036
et 967 aux candidats boulangistes.
Dans le canton de Villejuif, les deux can-
didats républicains ont réuni A,581 et A,575
suffrages, contre 2,5AA et 2,532.
Dans l'arrondissement tout entier, les
boulangistes, d'un scrutin à l'autre, c'est-
à-dire dans l'espace d'un mois, ont donc
perdu environ 8,700 partisans.
LA CRISE MINISTÉRIELLE
EN, ESPAGNE
(D'UN CORRESPONDANT)
Madrid, 3 janvier.
La crise ministérielle, - annoncée depuis
longtemps, a éclaté aujourd nui. -
Après un conseil des ministres au cours
duquel on n'a pu arriver à s'entendre, M.
Sagasta s'est rendu chez la Régente et lui a
remis la démission des ministres, y com-
pris la steune.
La Régente a prié M. Sagasta de revenir
aujourd'hui au Palais pour conférer au
sujet de la crise, qui est de nature absolu-
ment politique.
On croit généralement, non seulement à
une-crise gouvernementale, mais encore à
une crise pour le pays et surtout pour le
parti libéral.
L'ADMINISTRATION
DE LA MARINE
Une nouvelle vexation. — Motif de
sentiment et raison d'économie. —
Une prochaine séparation. -
Une admin stration qui ns
veut pas être regrettée..
L'administration de la marine parait re-
chercher définitivement toutes les occa-
sions d'être désagréable aux divers person-
nels militaires qui se trouvent dans la pé-
nible obligation de passer par ses exigences,
ses fantaisies, ses caprices et ses vexa-
tions.
On a pu lire dernièrement que le géné-
ral de division Bichot, de l'infanterie de
marine, commandant les troupes d'occu-
pation de l'Indo-Chiue, s'est momentané-
ment absenté de Hanoï pour aller jusqu'à
Saïgon, où il se proposait de visiter les
troupes de Cochinchinè, qui relèvent de
son commandement, et de recevoir en mê-
me temps sa femme et ses enfants, qui
viennent d'Europe le retrouver auTonkin.
Jusque-là, rien de particulier dans cet
incident, puisque, tous les jours, nos offi-
ciers et nos fonctionnaires civils ou mili-
taires sont rejoints au Tonkin, comme
dans l'Annam et en Cochinchine, par leurs
familles.
Mais, alors que le transport des femmes
et des enfants avait été jusqu'ici effectué
gratuitement pour les uns et pour les au-
tres, l'administration de la marine vient
de 8 décider dernièrement que, vu la situa-
tion militaire au Tonkin. et dans l'intérêt
des officiers, elle leur défendait désormais
d'appeler à eux leur femme ou leurs en-
fants.
-En conséquence,les officiers ne peuvent
plus faire venir leurs familles jusque là-
bas? croira-t-on et dira-t-on.
Pas le moins du monde.
Ce motif de sentimentalité ne couvre en
réalité qu'une économie de transport faite
au détriment des officiers appartenant aux
troupes de la marine, ni plus ni moins.
La preuve en est que la femme et les en-
fants du général Bichot sont allés le re-
joindre.
Et ce qui caractérise bien la mesure
prise par l'administration de la marine,
c'est que le prix de leur traversée, se mon-
tant à quelques milliers de francs, a été
payé à cette administration elle-même,
car le transport de la famille du général
Bichot s'est effectué sur un bâtiment de
l'Etat!
Il convient de faire remarquer que M.
Eugène Etienne, sous-secrétaire d'Etat aux
colonies, dès qu'il eut connaissance de la
décision prise par l'administration de la
marine à l'égard de la femme et des en-
fants du commandant des troupes d'occu-
cation d'Indo-Chine, s'empressa de faire
l'offre du passage gratuit, en portant le
prix de ce transport au compte des dépenses
de l'administration coloniale, comme il est
de coutume pour tous les fonctionnaires
voyageant à titre régulier. Cet officier gé-
néral a décliné l'offre, si gracieuse qu'elle
fut. Dour des raisons Qu'il est - facile de
comprendre. -
Et voilà comment sont traités, par une
administration routinière et tracassière au
suprême degré, les malheureux qui se
trouvent sous son joug et qui n'appar-
tiennent pas à ce que l'on peut appeler le
personnel de la marine proprement dit.
Elle ne peut leur pàrdGUner leurs aspira-
tions à s'en dégager. Ce vG&u sera pour-
tant exaucé bientôt, et, ou npus nous
trompons fort, c'est sans aucun i-Sgret
que les troupes d'infanterie et d'artilleri
de marine se sépareront enfin d'un dépar-
tement ministériel auquel oil?s ont pour-
tant apporté quelque gloire au TpnluQ et
en Cochinchine, comme à Madagascar et
au Sénégal, en un mot comme dans toute.?
les expéditions d'outre-mer où elles ont
lUis une si large place.
CHRONIQUE
Le hasard a fait que je me suis trouvé
ces jours-ci avec un vieux notaire de
province, qui a depuis assez longtemps
vendu sa charge et pris sa retraite. Il y
avait bien longtemps que je ne l'avais
vu, et, après quelques minutes passées à
nous rappeler nos vieux souvenirs de
jeunesse :
— Vous vous êtes, me dit-il, beaucoup
occupé dans le temps de l'acte Torrens.
C'est un peu à votre intervention que
nous devons de l'avoir vu appliquer en
Tunisie.
— Vraiment? lui dis-je ravi; je suis
pour quelque chose dans ce bon succès?
— Mais oui; vos articles ont été repro-
duits par la presse locale, distribués à
tout le monde; ils étaient fort clairs
et très probants. Ils ont préparé l'opi-
nion. Quel dommage que le journalisme
ne prenne pas plus souvent en main les
questions économiques, qui intéressent
tout le monde ! Tenez ! il y a la question
du notariat en province.
— En province? Pourquoi en province
plutôt qu'à Paris?
— C'est qu'à Paris, et eu général dans
les grands centres, les notaires sont des
gens capables, très au courant de leur
métier, et qui sont d'ailleurs merveilleu-
sement secondés par une cléricature très
chèrement payée. Mais en province, et
principalement dans le Midi, nombre de
notaires sont, vous pouvez m'en croire,
plus qu'insuffisants. Cette insuffisance,
et je me sers là d'un terme édulcoré, on
ne saurait s'en faire une idée quand on
ne l'a pas constatée de ses yeux. Leurs
actes, c'est-à-dire les documents qui
contiennent des titres de famille, sont
criblés de renvois et de ratures. C'est
un griffonnage où vous croiriez recon-
naître la composition d'un cancre de col-
lège.
Et comme je marquais quelque éton-
nement à cette assertion :
— C'est, me dit-il, le contraire qui se-
rait surprenant, étant donnée la façon
dont se recrute le personnel du nota-
riat.
Tout sujet qui justifie d'un stage de
six ans dans une étude de notaire peut
se mettre sur l,es rangs pour acheter une
charge. Six ans, c'est évidemment plus
qu'il n'en faudrait pour apprendre le
métier. Mais ce stage est le plus souvent
constaté par des certificats de complai-
sance, que la Chambre des notaires tient
aisément pour bons. Et la raison en est
simple : les notaires, qui vivent sous le
régime de la concurrence, ont tout intérêt
à n'admettre dans leur corporation que
des gens faciles à combattre ou même à
abattre. Se donner un concurrent sérieux
et capable, ce serait se donner un maître.
Ainsi donc, le candidat, muni de son
certificat de stage vrai ou faux, est sûr à
l'avance d'être admis par la chambre de
discipline. Il ne lui reste plus qu'à verser
le prix de la charge. Or, le plus souvent,
il n'en possède pas le premier sou. Il
attend, pour payer son étude, d'avoir
réalisé des économies, ou mieux encore
il compte sur un beau mariage.
Si le mariage manque, la faillite est
à peu près certaine au bout de trois ou
quatre années. Mais il faut toujours
mettre les choses au mieux : notre nou-
veau notaire a palpé, sous forme de dot,
le prix de son étude, ou partie de ce
prix. C'est sans doute une amélioration
notable dans sa position. Mais songez-
vous à ce qui arrive?
C'est le plus souvent un jeune homme,
qu'a grisé une fortune inespérée. Il est
plein d'ambition ; il a peu d'espérances ;
il veut gagner vite et de quoi faire grande
figure dans le pays, Il se lance à corps
perdu dans des spéculations douteuses ;
pour se concilier un crédit que ne lui don-
nerait pas une gestion sage et prudente,
il affiche un luxe auquel ne pourraient
satisfaire les bénéfices licites qu'il réalise;
il creuse jour à jour l'abîme où il ne tar-
dera pas à s'engloutir.
Il joue à la Bourse avec l'argent de ses
clients ; il désintéresse ses créanciers avec
celui qu'il a pris à la Banque au taux du
commerce, et bientôt, ne pouvant plus
faire face à ses engagements, il est acculé
à une impasse : il ne lui reste plus que
deux issues, la cour d'assises ou le sui-
cide.
— Nous lisons, en effet, de temps a au-
tre, dans les journaux, des histoires de
notaires qui ont levé le pied. Mais enfin,
c'est le petit nombre, c'est l'exception.
Il y a encore de bons notaires, qui sont
honnêtes.
— Honnêtes, oui, me dit-il ? il y en a,
et beaucoup heureusement. Mais bons,
c'est une autre affaire. Si vous entendez
par bon notaire un homme qui repré-
sente bien, qui a l'air importât et di-
gne, oh ! oui. il y a de b04 notaires et
beaucoup. Ils arriventplupart d'un
grand centre; ils ont d'excellentes re-
commandations, l'usage du monde. Ils
savent, selon le* pays» affecter l'air sé-
rieux et solennel, ou un gentil bon-gar-
çonnisme. Ils savent ou se roidir dans
l'empois d'une cravate blanche, ou se dé-
penser en poignées de mains, et même, à
l'occasion, trinquer le verre en main an
cabaret, avec le client.
Mais leur instruction est toute de sur-
face et ne va pas plus loin. Les clients
qui remettent leurs intérêts entre leurs
mains sont leurrés dans leur confiance,
La plupart des notaires sont incapables
de lutter avec les agents de l'enregistre-
ment, qui les mettent en coupe réglée.
LCb actes et les contrats sont indignement
rédigés ¿' deviennent des nids à procès.
Vous ne le ciOiriez Pas, mais je suis sûr
de ce que j'avance : ,il est peu , de , nota-
re,, dans les petits pa.ys,oale de rédi-
ger un acte sans l'aide d'un tui wIUiâire#
Les conventions qu'ils transcrivent son
souvent impraticables ou illégales.
- Si le mal est si grand, comment n'a
t-on pas songé à y porter remède ?
- Le conseil d'Etat s'est ému de cette
déplorable situation. Une loi, ou plutôt
un décret, est à l'étude. Mais ce décret,
dont les journaux ont résumé le texte.
nestmeiùepas un palliatif : c'est unè e
superfetation. Ce décret est le double
d'une ordonnance royale qui date de
1843d. Elle défendait aux notaires, soua
les peines les plus graves, de trafiquc -
des fonds de leurs clients.
Un décret nouveau, édictant les mê-
mes peines, tombera vite, comme le
premier, à l'état de lettre morte. L'or-
donnance de 18A3, qui était excellente
en soi, n'a jamais été exécutée. Le décret
nouveau ira la rejoindre au pays des
vieilles lunes.
Voyez-vous t le notariat ne pourra
trouver de régénération que dans la
régime de la liberté.
- Diantre! mais le régime * en
berté, ça m'a tout l'air V-: , im-
pression du notariat. C'es i.ôk K
façon de régénérer les eeaa que do :
exterminer.
, - La suppression, non; pas précisé-
ment. C'est bien quelque chose comme
cela. D'après la législa ion actuelle, un
grand nombre d'actes ne peuvent ètrl)
passés que de vaut, notaire : ainsi les con-
trats de mariage, les donations entr
vifs, les actes portant hypothéqué.
Eh bien! il faudrait qu'en principe,
tous les actes, ent.endez-le bien, tous 103
actes intéressant la yjUî civile des citoyens
français pussent être rédigés sous seing
privé.
Les signataires de ces actes passés
sous seing privé seraient simplement re-
connus devant un magistrat, — le juge
de paix, par exemple, — 1er J. rédige- =
rait un court prooès-verba a la suite d/2
l'acte dûment signé et enregistré, et il eu
ordonnerait le dépôt au greffe de son tri-
bunal.
Tous ces actes seraient reliés tous les
six mois et figureraient sous un numéro
d'ordre, comme cela se pratique en ma.
tière d'actes' de l'état civil. Le greffier
dépositaire délivrerait, moyennant un a
faible rétribution, des grosses ou dss
expéditions des actes à lui confiés.
C'est le principe de.la liberté aes tran-
sactions passant dans la pratique des
faits.
De cette façon, tous les actes sous seing
privé seront susceptibles de devenir des
actes publics ; tous les actes sous-seing
privé acquerront Fautïté itïcité et lafOi.
exécutoire que la législation leur avail
jusqu'à présent refusée.
Chaque citoyen français sera lui-mëma
son propre notaire.
- Et les notaires, qu'en faites-voui
dans ce système?
— Ceux qui voudront pourront s'en
servir. Croyez que les û otaires auront
encore une forte cliente. Ce que je tue,
c'est l'homme d'affaires, le courtier vé-
reux, auquel le client a recours par éco,.
nomie. Celui-Jà dispar^ tra, et ii n'y aura
point de regret à avoir v. ? sa perte. Quant
au notaire, qui voudra pourra s'en servir
ou s'en passer à son gré. Est-ce que co
n'est pas là la liberté* vraie ?
— Eh bien ! lui dis-je en riant, j'aurais
voulu savoir ce que vous auriez pensé da
votre système avant d'avoir vendu votre
étude et d'en avoir touché le prix.
Francis qu* Sarooy.
LE GROUPE. CilGDE
Les « ralliés » à la rechercha d'un
nom. — Singulier patronage.
L' Amide l'Ordre, un journal bonapartiste
de Caen, a publié-la note suivante:
M. Cunéo d'Ornano et plusieurs de ses col-
lègues forment, à la Chambre des députés, ua
nouveau groupe, dont la jaoin reste à choish,
et qui représentera la politique des bonapar-
tistes ralliés à l'idée de la « République ou-
verte » du général Boulanger.
Parmi les membres qui se sont déjà tait ins-
crire, nous relevons les noms de MM. gnîs.
rand, Robert Mitchell, duSaussay. Mariuà Mar-
tin, Haussman, Gauthier (de Cl&guy), de Bar,
Mége, de Monsaulnin, marquis de ViHeoeuvo.
commandant Picot, Vilfn, Godelle, Brincard,
Des jardins (Aisne), Bourlon de Rouvre, Anu-
gat, comte Caffarelli, Jaluzot, Pasqulcr, etc.
Ce groupe a eu l'approbation de LL. AA. IL
le prince Napoléon et le prince Victor et du
général Boulanger.
« Le nom de ce groupe reste à choisir If.
dit la note. Il nous semble cependant que
le nom de « groupe Gqne" est tout indi-
qué pour désigner cet assemblage étrange
« approuvé » par une aussi bizarre tri-
nité. - v
LA DÉCOllATION VIOLETTE
Une statistique. - Rosettes et palmes
de l'instruction publique.
Un de nos lecteurs, qui a du * ievaps à
perdre, nous adresse une statistique assez
amusante concernant les décorés de l'ins-
truction publique, dont nous avons pu-
blié la liste ayant-hier.
Il y a eu, nous dit-il,Sfrvofficiers de l'ins-
truction publique, 588 officiers d'cadémiet
soit un total de 828 nouveaux décorés qui
ont obtenu la rosette ou les pair es vio-
lettes.
On compte, ajoute notre co»rc ,r
que chaque nouveau décoré reç-
achète une moyenne de 6 rubans, soit L-
total, pour les 828 décorés, de h,968 rubans
ou rosettes violettes.
Chaque décoration demande 6 centimè-
tres de ruban ; il a donc fallu A9 mètres 68
centimètres de ruban.
En Un, chaque ruban ou rosette coûtant
une moyenD de M) centimes, c'est un to-
tal de 1.987 franco SQ centimes que les nou-
veaux promus de l'instruction publique
ont rapporté aux marchands de décorai^
iions.
Voilà qui met le mètre de ruban a un
prix « couséqueat n. comme dit notre lec<
teur.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.56%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.56%.
- Auteurs similaires Guilbert Anaxagore Guilbert Anaxagore /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Guilbert Anaxagore" or dc.contributor adj "Guilbert Anaxagore")Poème sur les désastres du chemin de fer, le 8 mai 1842, de retour pour Paris, rive gauche, 5 heures et demie du soir / par A. Guilbert... /ark:/12148/bpt6k6441883m.highres Les Sergents de la Rochelle. Organisation des carbonari, leur jugement, leur mort et les dernières paroles qu'ils ont prononcées,... par Anaxagore Guilbert,... /ark:/12148/bpt6k6125734r.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75601048/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75601048/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75601048/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75601048/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75601048
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75601048
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75601048/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest