Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-12-10
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 10 décembre 1886 10 décembre 1886
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Dix-septième année — N° 5448
Prix du numéro : Paris e Départements : 15 centimes
Vendredi to décembre 4686
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SOMMAIRE
BULLETIN. — Louis Henrique.
INFORMATIONS.
LE FUTUR CABINET.
LA VIE DE PARIS. - Henry Fouquier.
SÉA.NCE DE LA CHAMBRE. — Paul Gros.
SÉANCE DU SÉNAT. — R. C.
COULISSES PARLEMENTAIRES.
L'AFFAIRE DE BULGARIE.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER.
NOUVELLES COLONIALES.
ECHOS. — Brichanteau.
RBVUE DE LA PRESSE. — P. -P. Dejuinne.
GAZESTTE DES TRIBUNAUX. — Ma Gervasy.
BULLETIN DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.
LA BOURGEOISIE FRANÇAISE.-Marcel Fouquier.
COUHRIER DE LA BOURSE. — Paul Ambroise.
ACTES ET DOCUMENTS OFFICIELS.
FAITS DIVERS.
BIBLIOGRAPHIE.
COURRIER DES THÉÂTRES. — Yorick.
Avis ET COMMUNICATIONS.
LE SPORT DU .TOUR. — Turba.
FAILLITES.
■CHRONIQUE SCIENTIFIQUE. Dr V. du Claux.
BULLETIN
La Chambre des députés, après une
courte séance, s'est ajournée à samedi,
malgré l'opposition de la Droite.
Le Sénat poursuit la discussion de la
loi sur les aliénés.
L'honorable M. Goblet a ouvert dès hier
matin des pourparlers avec divers mem-
bres du Parlement pour la formation du
cabinet. La crise ministérielle est définiti-
vement close, et le nouveau ministère sera
constitué dans la journée, sans doute.
Le gouvernement britannique s'apprête
à prendre des mesures coercitives contre
les fermiers irlandais. Il y a été invité in-
directement par les libéraux unionistes
qui, dans un banquet offert à lord Har-
tington, ont promis leur appui au cabinet
conservateur pour le règlement de la ques-
tion irlandaise. Dès le lendemain, dans un
autre banquet, lord Salisbury a donné la
réplique aux libéraux unionistes et scellé
avec eux le pacte d'alliance qui a eu pour
premier effet le renversement de M. Glads-
tone. Lord Salisbury s'est appliqué à res-
serrer les liens qui unissent les libéraux
aux conservateurs, en promettant d'élimi-
ner des discussions parlementaires toutes
les questions sur lesquelles il y a diver-
gence d'opinions entre les partisans de
lord Hartington et le gouvernement. Il ne
saurait être question de remettre sur le
tapis, directement ou indirectement, le
home rule irlandais.
Les défenseurs de l'unité de l'empire bri-
tannique peuvent être rassurés ; ni lord Sa-
lisbury, ni ses alliés du parti libéral n'en-
tendent permettre à M. Gladstone de poser
de nouveau ce grave problème. Si telle est
l'intention de l'ancien premier ministre, il
se heurtera à une coalition des conserva-
teurs et des libéraux unionistes, qui le met-
tront dans l'impossibilité de donner suite
à ses projets. Quant aux parnellistes, lord
Salisbury compte bien les rendre impuis-
sants, en modifiant le règlement de la
Chambre des communes. Grâce à ces mo-
difications, dont la forme paraît être déjà
arrêtée dans l'esprit du premier ministre
anglais, les partisans de M. Parnell, mal-
gré les recrues qu'ils ont faites aux der-
nières élections, ne pourront plus renou-
veler avec succès leurs tentatives d'obs-
truction. Ne pouvant supprimer ses ad-
versaires, lord Salisbury compte bien leur
fermer la bouche : c'est plus simple.
Quant aux Irlandais, qui se sont insur-
gés contre les landlords, ils n'ont à atten-
dre aucun répit ; le langage de lord Salis-
bury est, sur ce point, aussi explicite qu'il
pouvait l'être : « L'action sévère de la loi,
appliquée avec fermeté et persévérance,
peut seule délivrer le peuple de ses dé-
ceptions. »
Lord Salisbury est entré dans l'examen
détaillé des procédés employés par la Li-
gue nationale pour organiser une sorte
de grève des fermiers irlandais. « Sous
prétexte de zèle politique, on fait, a-t-il
dit, des tentatives pour exciter les classes
les plus nombreuses contre la minorité de
la population ; on veut persuader au peu-
ple de se dérober à ses engagements en-
vers la loi et lui faire exprimer ses opi-
nions politiques par le refus de payer ses
dettes La loi agraire prescrit que les te-
nanciers doivent ou payer leurs fermages
ou quitter leurs fermes ; mais des hom-
mes instruits, des membres du Parlement
et, je regrette de le dire, des prêtres
même, conseillent au peuple de refuser le
paiement complet et, si leur offre n'est
pas acceptée, de disposer de leur argent
d'une autre façon. Ce n'est là. qu'une
fraude. »
Lord Salisbury n'a pas dit quels moyens
il emploiera pour supprimer cette fraude ;
mais il est trop facile de voir qu'il est
résolu à avoir recours aux remèdes vio-
lents.
Cette politique de coercition n'a pas
réussi jusqu'ici au gouvernement britan-
nique; elle n'a pas empêché M. Parnell
d'accomplir son œuvre et de voir grossir
d'années en années le nombre de ses par-
tisans ; elle n'empêchera pas davantage
les Irlandais de persévérer dans leur poli-
tique de revendications sociales.
Le gouvernement britannique a pu
faire obstac'e à l'autonomie parlementaire
de l'Irlande, qu'il considérait comme le
commencement de la dislocation de l'em-
pire ; mais il avait le devoir de chercher
dans une plus équitable réglementation
du droit de proprieté la solution du conflit
qui se prépare. Il ne l'a pas cherchée ; il
se trompe. L'événement lui prouvera que
la maxime sur laquelle a été édifiée
l'unité de l'Allemagne ne suffit pas à ex-
pliquer une effroyable iniquité sociale. La
force ne prime plus le droit.
LOUIS HENRIQUB.
INPORMATIONS PARTICULIERES
Formation du nouveau cabinet
M. Goblet a commencé, hier matin, les dé-
marches pour la formation du nouveau cabi-
net.
Le nouveau président du conseil a, tout
d'abord, rencontré des difficultés, mais, grâce
à son esprit de décision, on peut assurer que
tout sera terminé aujourd'hui.
On a dit avec raison, depuis hier, que plu-
sieurs des ministres démissionnaires pou-
vaient être considérés comme rentrant dans
la nouvelle combinaison.
Effectivement, MM. Lockroy, Granet, Aube,
Boulanger ont accepté les offres du nouveau
président du conseil.
C'est par eux, d'ailleurs, que M. Goblet a
commencé ses visites, hier matin.
De la part du général Boulanger, chez le-
quel il se rendit d'abord et auquel il offrit
de conserver le portefeuille de la guerre, M.
Gobi-1 reçut pour ainsi dire une acceptation
définitive.
Cependant, le général Boulanger pose deux
conditions :
1° L'acceptation de son projet de réorga-
nisation de l'armée ;
2° Le soutien de sa demande, de crédit de
300 millions pour l'armement. Ces conditions
ont été accepté-s en principe, sauf à en ré-
férer aux membres du futur cabinet, dont
l'acceptation ne paraît pas devoir être dou-
teuse.
De la part de M. Lockroy, chez lequel il se
rendit deux fois dans la matinée. M. Goblet
reçut aussi une réponse affirmative. Il eut
d'ailleurs avec lui une nouvelle entrevue
dans la soirée.
Pour M. Granet et pour M. l'amiral Aube,
les démarches faites près d'eux par M. Goblet
ont également abouti.
M. Millau3, enfin, a aussi accepté de garder
le portefeuille des travaux publics.
M. Dauphin, président de la commission
sénatoriale des finances, à qui le portefeuille
des finances a été offert, a répondu télégra-
phiquement à M. Goblet qu'il croyait de son
devoir de ne pas se récuser et qu'il aban-
donnerait son poste de premier président à
la cour d'Amiens.
Quant au portefeuille des affaires étrangères,
il a été offert à M. Duclerc, qui a déjà occupé
ce poste en 1882.
M. Duclerc n'a pas fait connaître immédia-
tement sa réponse; son âge et sa santé le
font hésiter à accepter l'offre qui lui a été
faite.
Le cabinet Goblet paraît devoir être com-
posé de la façon suivante :
Présidence du conseil et intérieur, M.
Goblet ;
Affaires étrangères, M. Duclerc ou M. De-
crais ;
Finances, M. Dauphin ;
Justice, M. Sarrien ;
Travaux publics, M. Millaud ;
Commerce et industrie, M. Lockroy ;
Postes et télégraphes, M. Granet ;
Guerre, M. le général Boulanger;
Marine. M. l'amiral Aube ;
Instruction publique, M. Develle.
Les décrets nommant les nouveaux minis-
tres paraîtront demain matin au Journal of-
ficiel.
Une note sera envoyée dans la journée à
l'agence Havas, dès que le portefeuille de
l'agriculture sera définitivement pourvu d'un
titulaire.
Ajoutons que, par un décret spécial, l'ad-
ministration des cultes sera rattachée au mi-
nistère de l'intérieur.
LE FUTUR CABINET
Il paraît que pour certains groupes,
l'expérience que nous venons de faire
du désarroi parlementaire n'est pas suf-
fisante, car nous n'en sommes pas sor-
tis, qu'ils rêvent de nous y replonger.
Le cabinet n'est pas encore constitué, et
déjà il est pris à partie. Comme on ne
connaît encore exactement ni les noms
des collaborateurs que M. Goblet s'ad-
joindra, ni le programme que le cabinet
présentera, nous serions curieux de sa-
voir sur quoi on se fonde pour porter
ces jugements anticipés. Sur rien, évi-
demment. Il n'en est pas moins établi,
pour certaines personnes, que le futur
cabinet « n'entreprendra aucune des ré-
formes inscrites dans le programme ré-
publicain, même les plus urgentes, celles
sur lesquelles la majorité est d'accord,
celles qui, suivant une expression célè-
bre, sont non seulement mûres, mais
pourries. »
Il est également entendu d'avance
que le cabinet ne sera qu'une « mauvaise
doublure» du cabinet Freycinet et que
M. Goblet ne sera qu'une sorte de
marionnette dont M. de Freycinet, dis-
simulé dans la coulisse, tirera les fi-
celles.
Voilà ce qui se dit dans certains jour-
naux républicains ; c'est ainsi que cer-
tains républicains comprennent la
concentration et font abnégation de
leurs préférences personnelles en fa-
veur des intérêts essentiels de la Répu-
blique. Encore ne tenons-nous pas
compte d'attaques plus violentes, parce
qu'ellles portent leur réfutation dans
leur violence même et qu'il n'est per-
sonne qui puisse prendre au sérieux le
rapprochement entre Louis XVIII et
M. Goblet, tous deux ramenés au pou-
voir dans les fourgons de l'étranger. On
comprend l'opinion de ceux qui dési-
raient que M. Floquet fût appelé à la
présidence du conseil, bien que « logi-
quement et parlementairement », l'ho-
norable président de la Chambre ne fût
pas « le seul homme ayant qualité pour
couper le nœud gordien ». Parlemen-
tairement et logiquement, l'homme dé-
signé pour cette besogne est le chef
de la majorité qui a renversé le minis-
tère.
Mais où prendre ce chef dans la majo-
rité de vendredi dernier ? En observant
les usages logiques et parlementaires,
on serait arrivé au résultat le plus fan-
taisiste, à un cabinet composé, pour les
deux tiers, de droitiers, et, pour le reste,
de membres de l'Extrême-Gauche. Cette
hypothèse ne supportant même pas
l'examen, il fallait bien se rejeter sur un
homme politique en situation de refor-
mer, par son ascendant, par l'autorité
de sa parole et de son passé, la majorité
qui s'était disloquée. Il fallait tenir
compte de toutes les nécessités de
l'heure présente. Nous n'avons pas à re-
chercher pour quelles raisons M. Flo-
quet a cru devoir décliner la mission
qui lui était offerte de dénouer les diffi-
cultés de la situation. On ne peut, tou-
tefois, que le louer du patriotisme qui l'a
déterminé à joindre ses instances à
celles de M. le président de la Républi-
que pour obtenir l'acceptation de M, Go-
blet. Nous ne voyons, du reste, pas
comment la responsabilité du refus du
président de la Chambre retomberait
sur M. Goblet, lequel n'a certainement
par cherché à faire échouer la forma-
tion d'un ministère dont M. Floquet au-
rait été le chef.
Quant aux autres reproches anticipés
qui sont adressés au cabinet, ils ne re-
posent sur rien de plus sérieux. Pour
juger un ministère, il faut l'avoir vu à
l'oeuvre ; il faut au moins connaître son
programme. Nous ne connaissons jus-
qu'ici que la personne de M. Goblet,
lequel, dans les divers séjours qu'il a
faits au pouvoir, ne s'est pas montré
indifférent aux réformes libérales. N'eût-
il affirmé ses convictions profondément
républicaines que par les discours qu'il a
consacrés à la séparation des Eglises et
de l'Etat, n'eût-il fait que la loi sur l'or-
ganisation de l'enseignement primaire,
comme ministre de l'instruction publi-
que, et mis, avec la résolution que l'on
sait, une barrière aux empiétements du
clergé sur le domaine de la politique,
il nous semble que ce seraient des ti-
tres assez sérieux pour lui concilier les
sympathies des républicains, libéraux et
radicaux.
Il n'est ni plus juste ni plus exact de
prétendre que le cabinet sera la « mau-
vaise doublure » du cabinet précédent.
Rien dans la conduite de M. de Freyei-
net ne nous paraît de nature à motiver
le soupçon de gouvernement occulte.
Tout démontre, au contraire, que M. de
Freycinet ne se dérobe jamais aux res-
ponsabilités du pouvoir, et, d'autre part,
ce serait mal connaître M. Goblet, que
de le croire homme à assumer la res-
ponsabilité sans avoir la réalité du pou-
voir.
Nous ne pouvons donc admettre
que ces reproches inconsidérés aient
une influence sur les sentiments de la
Chambre à l'égard du cabinet. Nous
sommes persuadés, au contraire, que la
majorité, instruite, par l'expérience, des
dangers que présentent les changements
ministériels provoqués par un moment
d'oubli des règles de la concentration,
verra avec satisfaction la crise se dé-
nouer d'une façon plus prompte qu'on
ne pouvait l'espérer. La majorité com-
prendra que la situation a des exigences
auxquelles elle ne peut se soustraire,
puisqu'il ne tient pas à elle de modifier
les circonstances. Tous les républicains
verront qu'ils doivent soutenir M. Goblet
dans la tâche qu'il a assumée de former
un cabinet, et s'unir étroitement pour
assurer l'existence de ce cabinet. Il faut
que les compétitions ou les rancunes
personnelles s'inclinent devant le seul
intérêt qui mérite d'être considéré à
l'heure actuelle, l'intérêt de la Républi-
que, et nous voulons penser que, dans le
parti républicain, il ne se trouvera per-
sonne pour manquer à ce devoir.
• +»
Bien qu'il ne convienne pas d'attribuer
une importance exagérée aux arguments
de tribune qu'ont invoqués les orateurs
du gouvernement impérial allemand pour
faire triompher, lors de la discussion pu-
blique devant le Reichstag, le projet de
loi tendant à l'augmentation de l'armée
permanente et du budget militaire ; bien
que le vieux maréchal de Moltke n'ait fait
qu'agiter une fois de plus devant les re-
présentants de l'Allemagne le spectre des
revendications de la France ; bien qu'il ait
eu recours de nouveau à des comparai-
sons mensongères et à des allégations
pessimistes qui, lui ayant réussi à plu-
sieurs reprises depuis 1870, ne peuvent
manquer d'assurer encore le succès de ses
propositions ; bien que nous soyons blasés
sur - ces excitations à la haine teutonne
contre notre pays, nous n'en devons pas
moins relever une phrase qui, paraît-il,
aurait été prononcée par « le grand taci-
turne » au cours de son récent discours et
qui ne nous a pas été transmise par le
télégraphe.
S'il faut en croire l'affirmation d'un
journal militaire d'ordinaire fort bien ren-
seigné, le maréchal de Moltke, envisa-
geant les dépenses nouvelles que doit en-
trainer l'accroissement des forces de l'Al-
lemagne, aurait dit qu' « au point de vue
financier, le papier des cartouches est en-
core la meilleure des valeurs. »
Ce mot fait le pendant de la célèbre dé-
claration du prince de Bismarck en vertu
de laquelle « la force prime le droit ». Il
est vrai que, si le grand-chancelier n'a pas
eu tout à fait le mérite de l'invention; si
déjà bien avant lui quelques hommes
d'Etat avaient exprimé, en d'autres termes,
la même pensée ; si Marius, notamment,
avait dit un jour que « la voix des armes
empêche d'entendre la voix des lois », le
chef du grand état-major de Berlin a fait
preuve, au contraire, d'autant d'esprit
pratique que d'originalité en s'exprimant
de cette façon. Il était impossible de mon-
trer plus de brutalité et de cupidité.
En parlant ainsi, le maréchal de Moltke
faisait coup double. Il nous menaçait d'une
part, et d'autre part, il faisait appel aux
instincts de convoitise que le souvenir de
nos riches dépouilles entretient chez tout
le peuple allemand et, en particulier, chez
les officiers.
On.n'a pas oublié, de l'autre côté du Rhin,
que, soit comme contributions de guerre
levées pendant les opérations, soit comme
prirde.la'paix, nous avons payé la somme
formidable de 5,800,000,000 de francs.
On sait, dans le corps des officiers alle-
mands, qu'une partie de cette rançon a
constitué le plus riche fonds des invalides
qui existe au monde, qu'un capital de
garantie en a été tiré pour l'assurance à
vie des chefs de l'armée, que les généraux
se sont partagé plus de quarante millions
de francs à titre de dotation.
C'est dans ces considérations intéres-
sées, et non point ailleurs, que prennent
leur source et que s'alimentent les pré-
tendues méfiances de l'Allemagne contre
la France, car la bourgeoisie et le peuple
allemands n'ont point plus le désir de faire
la guerre que la démocratie française.
Il est temps, ennn, de signaler au monde
civilisé les menées et les tendances de
cette aristocratie militaire germaine qui
se croit encore au temps de la féodalité,
à cette époque où les seigneurs châte-
lains ne vivaient que de rapines et d'as-
servissement.
La comparaison si délicate qu'a établie
le maréchal de Moltke entre le papier des
cartouches et les billets de banque est tout
entière inspirée par ce sentiment, de
même que l'opposition formulée par le
prince de Bismark entre la force et le
droit.
L'une et l'autre pourraient se traduire
ainsi : « Nous vous enverrons du plomb,
et, en échange, vous nous donnerez l'or de
votre épargne et les plus belles de vos pro-
vinces. »
La menace est intentionnelle, voulue,
directe. Jamais, en aucun temps, et en
pleine paix, on n'avait osé prononcer du
haut d'une tribune publique une phrase
aussi comminatoire à l'adresse d'un peu-
ple voisin.
Nous voici prévenus.
Que l'avertissement ne soit pas perdu 1
LA VIE DE PARIS
Il y a eertainement, aujourd'hui, un
grand nombre de Parisiens qui ont été
fort préoccupés de la question de sa-
voir si M. Goblet constituerait son mi-
nistère facilement ou non, vite ou lon-
guement. Je ne blâme pas l'inquiétude
de ceux qui ont des intérêts à ces cho-
ses, ni même ceux qu'elles intéressent
par pure curiosité. Mais, quand j'ai par-
couru les journaux, pleins de listes mi-
nistérielles, de renseignements confi-
dentiels, je ne me suis arrêté que
sur un, pour lire et relire un simple
fait-divers. Le fait-divers, le voici : Un
ouvrier ciseleur, âgé de cinquante ans,
M. J. S. s'est pendu dans sa chambre,
en laissant à côté de lui la lettre sui-
vante, adressée à son fils : « Mon fils, je
ne trouve plus d'ouvrage, je suis trop
vieux. Pour vivre, il me faudrait ou
mendier ou voler. Je ne veux faire ni
l'un ni l'autre: Je me tue. Mon fils, con-
duis-toi bien, reste honnête homme.
Pardon et adieu. » Et c'est tout ! Pas
une plainte, pas un mot de révolte. La
résignation sublime d'un vaincu qui ne
veut pas survivre à la défaite.
J'ai souvent, ici, parlé du suicide.
C'est un lieu commun et aussi un éter-
nel problème de morale, sur lequel tout
a été dit. Il y a peu d'idées dont on
n'ai fait aussi souvent et aussi bien le
tour. La seule chose que j'en veuille dire
encore, c'est que si quelque bon apô-
tre venait nous affirmer que ce pauvre
ciseleur a commis un acte de lâcheté, il
faudrait qu'il fût bien aveugle, bien es-
clave d'une idée systématique. J'estime,
pour mon fait, que le suicide est tou-
jours, ou presque toujours, un acte de
courage, surtout quand il n'est pas ins-
piré par une passion violente et qu'il
est sans compensation. Dans le pre-
mier cas, en effet, la passion l'emporte
sur l'ordinaire terreur de la mort ; dans
le second, le suicide devient une sorte
de forme particulière de l'ambition et
de la gloire, et l'homme qui se tue,
comme il est arrivé pour certains héros
anciens, est sûr d'entrer dans l'histoire
en entrant dans la mort. Mais combien
différent est le cas de cet ouvrier obs-
cur ! Son suicide devait rester ignoré,
comme son nom sera oublié. Il ne pou-
vait, en aucun cas, compter sur rien au-
tre qu'un mot indifférent des reporters ;
puis la fosse commune.
Cependant, il est mort, pour ne pas
voler et pour ne pas mendier. L'horreur
du vol est un sentiment heureusement
assez universel et qui part d'une idée
tellement indiscutable de justice, qu'il
n'y a pas à le louer. Mais l'horreur de
la mendicité, qui est extrêmement
grande chez le peuple contemporain des
villes, est presque nouvelle. Je dirais
volontiers que c'est, comme l'idée du
duel, un préjugé acquis depuis peu, un
de ces préjugés dont on a raison de
penser qu'ils valent mieux que les idées
d'une logique absolue. Dans les villes,
l'ouvrier trouve un déshonneur à la
mendicité. Ceci ne serait juste, après
tout, que si la société était ainsi faite
que tout homme y trouvât à vivre en
travaillant.
La mendicité n'a pas paru déshono-
rante dans les temps antiques, au moyen
âge, et elle n'est pas mal vue dans les
campagnes. Le mendiant se réclame sans
grand embarras de la solidarité humaine
et de la charité chrétienne ; et, quant à
moi, je ne vois pas de quel droit on
mépriserait un homme parce que, le
voufant, il n'arrive pas, pour une raison
quelconque, à gagner sa vie. Le men-
diant, dans les campagnes, est considéré
comme appartenant à la communauté.
Quoique très avare, le paysan lui laisse
prendre une sorte de dîme, demandée
sans embarras et assez volontiers con-
sentie. Dans bien des pays, le mendiant
est une sorte de serviteur intermittant,
qui fait les commissions de ferme à
ferme et qu'on ne malmène jamais.
Chez l'ouvrier des villes, un autre
sentiment se fait jour, un grand senti-
ment de la dignité humaine. Et, je le
répète, ce que ce sentiment peut avoir
de mal fondé en pure raison ne doit pas
empêcher de le trouver heureux et res-
pectable. Mais n'y a-t-il pas autre chose
dans l'horreur de l'ouvrier de Paris pour
la mendicité ? J'imagine que si l'homme
qui est tombé dans la misère sans qu'il
en soit de sa faute, que si la victime du
chômage, de la maladie, de la vieillesse
répugne à s'adresser à la charité publi-
que, c'est qu'il a par-dessus tout peur
d'être confondu avec les industriels de
la mendicité, les paresseux, les ivro-
gnes, les exploiteurs de la pitié des
passants. Et dans ce sentiment, n'y à-t-il
pas une indication de ce que nous pour-
rions faire ?
Quand un homme de cœur, un hon-
nête homme, se tue à Paris, dans la
ville civilisée et raffinée entre toutes,
parce qu'il va mourir de faim et qu'il
ne veut ni commettre un acte crimi-
nel selon les lois, ni un acte auquel ré-
pugne sa conscience, il se pose, à mon
sens, un problème terrible et urgent
plus que la plupart de ceux dont on
s'occupe à grand bruit. Un fait pareil ne
devrait pas pouvoir se passer, voilà le
cri de la conscience publique. Et, d'un
autre côté, comment l'empêcher ?
On peut encourager la prévoyance
du travailleur et en favoriser l'exercice,
aider les caisses de secours mutuels, les
caisses d'épargne, les assurances ; bref,
tous les moyens qui constituent un re-
venu à l'ouvrier par des retenues. Mais
on ne peut guère imposer la prévoyance.
Il y aura donc toujours un certain nom-
bre d'ouvriers qui se trouveront dans la
situation de celui dont j'ai dit la mort.
Ne serait-il pas possible, si on ne veut pas
engager l'Etat dans un système qui mè-
nerait trop loin s'il devait être la provi-
dence de tous les citoyens, ne serait-il
pas possible, pour les municipalités, de
réserver un certain nombre des travaux
que tout le monde peut faire, même les
vieillards, pour les gens qui se trouvent
sans moyen de gagner de quoi manger ?
Je ne sais pas comment se pratique l'ins-
titution du workhouse en Angleterre ;
mais je me suis laissé dire que, grâce à
ces maisons, tout homme pauvre qui
voulait se soumettre à une certaine dis-
cipline et travailler était mis à l'abri de
la faim et du froid, et sans qu'il en
coûtât par trop à ceux qui administrent
les workhouses.
La main-d'œuvre, en toutes choses,
est si élevée, qu'un homme qui travaille,
même sans spécialité, quatre ou @ cinq
heures par jour, gagne bien ou à peu
près ce qu'il faut pour la vie stricte. Et,
en même temps que le workhouse sou-
lage les misères réelles, il permet d'être
sévère pour les misères fausses, pour
les paresseux, pour les pauvres « in-
dustriels », qui sont la plaie de Paris.
Car, en l'état, la mendicité est à la fois
une honte pour l'opinion populaire et
un délit. Mais que voulez-vous répondre
cependant à un homme qui vous de-
mande à manger, s'il est prouvé que cet
homme a fait tout le possible pour ac-
quérir le morceau de pain dont il a be-
soin ? Je ne voudrais pas, comme cer-
tains philosophes l'ont fait, célébrer les
douceurs de l'état sauvage. Mais il est
bon de remarquer que la civilisation,
en donnant à 1 homme toutes sortes de
droits précieux et supérieurs, lui retire
le droit de la bête, la pâture sur un
fonds commun, le domicile pris sur la
nature, tout ce qu'ont les races animales
avant de disparaître. Nous ne pouvons
pas admettre, cependant, que des hom-
mes soient réduits à la situation du
fauve qui meurt faute de pouvoir obéir
à la loi naturelle. Occupons-nous donc
à la fois de faire justice de la mendicité
et de soulager la misère. Voilà qui vau-
drait la peine qu'on s'en occupât !
HENRY FOUQUIEP.
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Modifications au règlement. — Dénonciation du
traité de commerce avec l'Italie.
La séance d'hier n'a guère duré plus d'une
demi-heure.
M. Gaulier a déposé sur le bureau de la
Chambre une proposition ayant pour objet
de modifier l'article 103 du règlement.
Le paragraphe 2 de l'article 103 du règlement
de la Chambre, a dit M. Gautier, est ainsi conçu :
« Les ministres, les commissaires du gouverne-
ment et les rapporteurs chargés de soutenir la
discussion des projets de loi ne sont point as-
sujettis au tour d'inscription et obtiennent la pa-
role quand ils la réclament. »
Je propose d'ajouter à ce paragraphe les lignes
suivantes : « Toutefois, l'intervention dans un dé-
bat d'un ou de plusieurs orateurs du gouverne-
ment ne suffit pas pour engager la responsabilité
ministérielle, la question de confiance ne pouvant
jamais être posée que dans des termes explicites
et formels.
« Quand, soit par les déclarations des ministres,
soit par les termes d'un ordre du jour, le vote a
ce caractère de gravité exceptionnelle, il ne peut
avoir lieu qu'après une suspension de dix minu-
tes et à la tribune. »
Mais la déclaration d'urgence sur la propo-
sition de modification à l'article 103 du règle-
ment n'a pas été adoptée.
Un grand nombre de voix demandaient à ce
moment le renvoi de la séance à samedi.
Mais M. Dellisse est d'un avis contraire, et,
bien que la Chambre ne veuille pas repren-
dre la discussion du budget tant qu'il n'y aura
pas de ministère constitué, il déclare qu'une
foule de questions pourraient être étudiées
utilement dès aujourd'hui. Il y a des affaires
d'une gravité exceptionnelle, dit-il, notam-
ment celle relative au traité de commerce
avec l'Italie.
C'est M. Hanotaux qui lui répond en ces
termes :
J'appartiens à la députation d'un département
qui est particulièrement intéressé au vote de la
proposition dont a parlé M. Dellisse.
C'est vous dire que nous désirerions vivement,
mes collègues et moi, que le vote sur la prise en
considération eût lieu le plus tôt possible.
Nous avons cependant attendu jusqu'à ce que
le budget fût terminé. Des circonstances que
vous connaissez, et dont nous n'avons pas la res-
ponsabilité, ont fait qu'il n'y a pas en ce moment
de gouvernement sur ces bancs. Or, on ne peut
demander, dans l'état actuel de nos rapports avec
l'Italie, que nous délibérions sur ce traité en
l'absence des ministres.
J'ai donc le regret, au nom même des intérêts
que défend M. Dellisse, de m'opposer en ce mo-
ment à la prise en considération de sa proposi-
tion.
Après cette réplique fort juste, la motion de
M. Dellisse n'avait plus de raison d'être. A la
majorité de 320 voix contre 204, sur 524 vo-
tants, elle a donc été repoussée.
M. Gaussorgues propose alors à la Chambre,
de mettre en tête de l'ordre du jour de sa-
medi les propositions tendant à dégrever de
l'impôt foncier les terrains phylloxérés. Sa
proposition est adoptée.
Une autre, de M. Cunéo d'Ornano, deman-
dant qu'on ajoute à l'ordre du jour de samedi,
pour le cas où le budget ne pourrait venir, sa
proposition et celle de M. le comte Duchâtel,
sur la liberté d'association, n'est, au contraire,
pas adoptée.
Et la Chambre s'ajourne enfin à samedi.
PAUL GROS.
SÉANCE DU SÉNAT
La loi sur les aliénés
L'ordre du jour appelait, hier, la suite de la
discussion sur les aliénés.
M. Boulanger fit remarquer, sur l'article 54,
que, dans un autre article, la commission
fait supporter par le Trésor les honoraires
de l'administrateur provisoire, tandis que
l'article 54 les fait prélever très justement
sur les biens des aliénés. Il est nécessaire de
mettre d'accord ces deux articles.
Puis il demanda le renvoi de l'article 54 à
la commission.
Après quelques observations de MM. La-
combe, Delsol et de Gavardie, le renvoi ne
fut pas ordonné.
L'article 54 fut adopté, ainsi que les articles
55 à 60 inclus et le reste de la discussion ren-
voyé à une prochaine séance.
M. Blavier déposa alors un projet de réso-
lution, pour lequel il demanda l'urgence, ten-
dant à dénoncer le traité de commerce entre
la France et l'Italie.
Et M. Le Royer ayant déclaré qu'il serait sta-
tué plus tard sur l'urgence du projet, le Sénat
s'est ajourné à samedi, deux heures.
R. C.
COULISSES PARLEMENTAIRES
La commission de l'armée
La commission de l'armée s'est réunie hier.
Après quelques observations échangées sur
la disjonction des titres, la question a été
renvoyée à une séance spéciale.
La commission a adopté le chapitre 8, com-
prenant les dispositions transitoires sous les
articles 86, 87, 88, 89, 90, 91, 92, 93 et 94.
Un amendement de M. Maillard, demandant
le droit de vote pour les militaires, a été re-
poussé.
La commission a décidé que si la Chambre
se prorogeait, elle continuerait néanmoins à
siéger jusqu'au 25 décembre.
L'AFFAIRE DE BULGARIE
(SBRVICB HAVAS ft DÉPÊCHES PAMICUUÈMS)
La délégation bulgare. — La situation commer-
ciale à Odessa
Vienne, 9 décembre.
La députation bulgare a été reçue cette
après-midi par le comte Kalnoky.
L'entretien a duré une heure un quart.
Londres, 9 décembre.
Le correspondant du Standard à Saint-Pé-
tersbourg dit tenir de bonne source que la
députation bulgare n'a aucune chance d'être
reçue par le tsar.
On mande d'Odessa au Daily News :
« L'horizon politique se présente sous des
couleurs si sombres que, dans leurs contrats
pour les expéditions du printemps, plusieurs
grandes maisons d'exportation refusent d'ac-
cepter les navires portant le pavillon britan-
nique. »
0-M
NOUVELLES DE L'ETRANGER
(SDVlCII HAVAS trr DÉPËCHK8 PARTICULIÈRIS)
La question d'Egypte
Londres, 9 décembre. — Le comité du cabi
net sur les affaires égyptiennes s'est réuni
cette après-midi au Foreign-Office.
Le marquis de Salisbury et lord Iddesleigh
y assistaient.
Londres, 9 décembre. — D'après des rensei-
gnements puisés à des sources sûres, lord
Iddesleigh aurait reçu une note de la Porte
exprimant nettement son désir de discuter la
question de l'évacuation de l'Egypte.
Lord Iddesleigh aurait répondu qu'il pren-
drait cette note en considération.
Le Caire, 9 décembre. — M. d'Aunay a dé-
claré aux commissaires anglais de la dette
que le gouvernement français ne pourrait pas
entrer en arrangement sur les réformes pro-
jetées dans l'administration égyptienne, avant
qu'une date eût été fixée pour l'évacuation.
En Allemagne t Le septennat militaire ; un
manuel franco-germano-russe ; la visite
du régent de Bavière à Berlin.
Berlin, 9 décembre. — La commission spé-
ciale a commencé aujourd'hui la discussion
du projet de loi du septennat militaire.
Le ministre de la guerre a déclaré à cette
occasion, d'après le compte rendu publié par
la Gazette nationale, que le projet est très
urgent parce que, le 1er avril prochain, com-
mencera l'année de la mobilisation. SI le
projet n'est pas voté avant le 1er janvier, on
met l'administration militaire dans l'impes-
sibilité de procéder aux modifications néces-
saires au cours de l'année de la mobilisation.
Le ministre ne veut pas faire intervenir des
questions purement politiques, parce qu'il
est à même de défendre le projet avec des
motifs exclusivement militaires.
M. Bronsart de Schellendorf a dit, en outre,
que les qualités militaires des troupes dé-
pendaient principalement de l'habitude du
maniement de 1 arme qu'elles ont entre les
mains.
Dans tous les cas, l'Allemagne doit pouvoir
compter sur ses propres forces.
Après avoir fait un tableau de l'armée et
de la répartition des forces militaires de l'Al-
lemagne, de la Russie et de l'Autriche, le mi-
Prix du numéro : Paris e Départements : 15 centimes
Vendredi to décembre 4686
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adresser au Secrétaire de la Rédaction
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ment expire le 15 décembre sont priés de
It renouveler s'ils ne veulent pas éprouver
de" retard dans la réception du journal.
SOMMAIRE
BULLETIN. — Louis Henrique.
INFORMATIONS.
LE FUTUR CABINET.
LA VIE DE PARIS. - Henry Fouquier.
SÉA.NCE DE LA CHAMBRE. — Paul Gros.
SÉANCE DU SÉNAT. — R. C.
COULISSES PARLEMENTAIRES.
L'AFFAIRE DE BULGARIE.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER.
NOUVELLES COLONIALES.
ECHOS. — Brichanteau.
RBVUE DE LA PRESSE. — P. -P. Dejuinne.
GAZESTTE DES TRIBUNAUX. — Ma Gervasy.
BULLETIN DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.
LA BOURGEOISIE FRANÇAISE.-Marcel Fouquier.
COUHRIER DE LA BOURSE. — Paul Ambroise.
ACTES ET DOCUMENTS OFFICIELS.
FAITS DIVERS.
BIBLIOGRAPHIE.
COURRIER DES THÉÂTRES. — Yorick.
Avis ET COMMUNICATIONS.
LE SPORT DU .TOUR. — Turba.
FAILLITES.
■CHRONIQUE SCIENTIFIQUE. Dr V. du Claux.
BULLETIN
La Chambre des députés, après une
courte séance, s'est ajournée à samedi,
malgré l'opposition de la Droite.
Le Sénat poursuit la discussion de la
loi sur les aliénés.
L'honorable M. Goblet a ouvert dès hier
matin des pourparlers avec divers mem-
bres du Parlement pour la formation du
cabinet. La crise ministérielle est définiti-
vement close, et le nouveau ministère sera
constitué dans la journée, sans doute.
Le gouvernement britannique s'apprête
à prendre des mesures coercitives contre
les fermiers irlandais. Il y a été invité in-
directement par les libéraux unionistes
qui, dans un banquet offert à lord Har-
tington, ont promis leur appui au cabinet
conservateur pour le règlement de la ques-
tion irlandaise. Dès le lendemain, dans un
autre banquet, lord Salisbury a donné la
réplique aux libéraux unionistes et scellé
avec eux le pacte d'alliance qui a eu pour
premier effet le renversement de M. Glads-
tone. Lord Salisbury s'est appliqué à res-
serrer les liens qui unissent les libéraux
aux conservateurs, en promettant d'élimi-
ner des discussions parlementaires toutes
les questions sur lesquelles il y a diver-
gence d'opinions entre les partisans de
lord Hartington et le gouvernement. Il ne
saurait être question de remettre sur le
tapis, directement ou indirectement, le
home rule irlandais.
Les défenseurs de l'unité de l'empire bri-
tannique peuvent être rassurés ; ni lord Sa-
lisbury, ni ses alliés du parti libéral n'en-
tendent permettre à M. Gladstone de poser
de nouveau ce grave problème. Si telle est
l'intention de l'ancien premier ministre, il
se heurtera à une coalition des conserva-
teurs et des libéraux unionistes, qui le met-
tront dans l'impossibilité de donner suite
à ses projets. Quant aux parnellistes, lord
Salisbury compte bien les rendre impuis-
sants, en modifiant le règlement de la
Chambre des communes. Grâce à ces mo-
difications, dont la forme paraît être déjà
arrêtée dans l'esprit du premier ministre
anglais, les partisans de M. Parnell, mal-
gré les recrues qu'ils ont faites aux der-
nières élections, ne pourront plus renou-
veler avec succès leurs tentatives d'obs-
truction. Ne pouvant supprimer ses ad-
versaires, lord Salisbury compte bien leur
fermer la bouche : c'est plus simple.
Quant aux Irlandais, qui se sont insur-
gés contre les landlords, ils n'ont à atten-
dre aucun répit ; le langage de lord Salis-
bury est, sur ce point, aussi explicite qu'il
pouvait l'être : « L'action sévère de la loi,
appliquée avec fermeté et persévérance,
peut seule délivrer le peuple de ses dé-
ceptions. »
Lord Salisbury est entré dans l'examen
détaillé des procédés employés par la Li-
gue nationale pour organiser une sorte
de grève des fermiers irlandais. « Sous
prétexte de zèle politique, on fait, a-t-il
dit, des tentatives pour exciter les classes
les plus nombreuses contre la minorité de
la population ; on veut persuader au peu-
ple de se dérober à ses engagements en-
vers la loi et lui faire exprimer ses opi-
nions politiques par le refus de payer ses
dettes La loi agraire prescrit que les te-
nanciers doivent ou payer leurs fermages
ou quitter leurs fermes ; mais des hom-
mes instruits, des membres du Parlement
et, je regrette de le dire, des prêtres
même, conseillent au peuple de refuser le
paiement complet et, si leur offre n'est
pas acceptée, de disposer de leur argent
d'une autre façon. Ce n'est là. qu'une
fraude. »
Lord Salisbury n'a pas dit quels moyens
il emploiera pour supprimer cette fraude ;
mais il est trop facile de voir qu'il est
résolu à avoir recours aux remèdes vio-
lents.
Cette politique de coercition n'a pas
réussi jusqu'ici au gouvernement britan-
nique; elle n'a pas empêché M. Parnell
d'accomplir son œuvre et de voir grossir
d'années en années le nombre de ses par-
tisans ; elle n'empêchera pas davantage
les Irlandais de persévérer dans leur poli-
tique de revendications sociales.
Le gouvernement britannique a pu
faire obstac'e à l'autonomie parlementaire
de l'Irlande, qu'il considérait comme le
commencement de la dislocation de l'em-
pire ; mais il avait le devoir de chercher
dans une plus équitable réglementation
du droit de proprieté la solution du conflit
qui se prépare. Il ne l'a pas cherchée ; il
se trompe. L'événement lui prouvera que
la maxime sur laquelle a été édifiée
l'unité de l'Allemagne ne suffit pas à ex-
pliquer une effroyable iniquité sociale. La
force ne prime plus le droit.
LOUIS HENRIQUB.
INPORMATIONS PARTICULIERES
Formation du nouveau cabinet
M. Goblet a commencé, hier matin, les dé-
marches pour la formation du nouveau cabi-
net.
Le nouveau président du conseil a, tout
d'abord, rencontré des difficultés, mais, grâce
à son esprit de décision, on peut assurer que
tout sera terminé aujourd'hui.
On a dit avec raison, depuis hier, que plu-
sieurs des ministres démissionnaires pou-
vaient être considérés comme rentrant dans
la nouvelle combinaison.
Effectivement, MM. Lockroy, Granet, Aube,
Boulanger ont accepté les offres du nouveau
président du conseil.
C'est par eux, d'ailleurs, que M. Goblet a
commencé ses visites, hier matin.
De la part du général Boulanger, chez le-
quel il se rendit d'abord et auquel il offrit
de conserver le portefeuille de la guerre, M.
Gobi-1 reçut pour ainsi dire une acceptation
définitive.
Cependant, le général Boulanger pose deux
conditions :
1° L'acceptation de son projet de réorga-
nisation de l'armée ;
2° Le soutien de sa demande, de crédit de
300 millions pour l'armement. Ces conditions
ont été accepté-s en principe, sauf à en ré-
férer aux membres du futur cabinet, dont
l'acceptation ne paraît pas devoir être dou-
teuse.
De la part de M. Lockroy, chez lequel il se
rendit deux fois dans la matinée. M. Goblet
reçut aussi une réponse affirmative. Il eut
d'ailleurs avec lui une nouvelle entrevue
dans la soirée.
Pour M. Granet et pour M. l'amiral Aube,
les démarches faites près d'eux par M. Goblet
ont également abouti.
M. Millau3, enfin, a aussi accepté de garder
le portefeuille des travaux publics.
M. Dauphin, président de la commission
sénatoriale des finances, à qui le portefeuille
des finances a été offert, a répondu télégra-
phiquement à M. Goblet qu'il croyait de son
devoir de ne pas se récuser et qu'il aban-
donnerait son poste de premier président à
la cour d'Amiens.
Quant au portefeuille des affaires étrangères,
il a été offert à M. Duclerc, qui a déjà occupé
ce poste en 1882.
M. Duclerc n'a pas fait connaître immédia-
tement sa réponse; son âge et sa santé le
font hésiter à accepter l'offre qui lui a été
faite.
Le cabinet Goblet paraît devoir être com-
posé de la façon suivante :
Présidence du conseil et intérieur, M.
Goblet ;
Affaires étrangères, M. Duclerc ou M. De-
crais ;
Finances, M. Dauphin ;
Justice, M. Sarrien ;
Travaux publics, M. Millaud ;
Commerce et industrie, M. Lockroy ;
Postes et télégraphes, M. Granet ;
Guerre, M. le général Boulanger;
Marine. M. l'amiral Aube ;
Instruction publique, M. Develle.
Les décrets nommant les nouveaux minis-
tres paraîtront demain matin au Journal of-
ficiel.
Une note sera envoyée dans la journée à
l'agence Havas, dès que le portefeuille de
l'agriculture sera définitivement pourvu d'un
titulaire.
Ajoutons que, par un décret spécial, l'ad-
ministration des cultes sera rattachée au mi-
nistère de l'intérieur.
LE FUTUR CABINET
Il paraît que pour certains groupes,
l'expérience que nous venons de faire
du désarroi parlementaire n'est pas suf-
fisante, car nous n'en sommes pas sor-
tis, qu'ils rêvent de nous y replonger.
Le cabinet n'est pas encore constitué, et
déjà il est pris à partie. Comme on ne
connaît encore exactement ni les noms
des collaborateurs que M. Goblet s'ad-
joindra, ni le programme que le cabinet
présentera, nous serions curieux de sa-
voir sur quoi on se fonde pour porter
ces jugements anticipés. Sur rien, évi-
demment. Il n'en est pas moins établi,
pour certaines personnes, que le futur
cabinet « n'entreprendra aucune des ré-
formes inscrites dans le programme ré-
publicain, même les plus urgentes, celles
sur lesquelles la majorité est d'accord,
celles qui, suivant une expression célè-
bre, sont non seulement mûres, mais
pourries. »
Il est également entendu d'avance
que le cabinet ne sera qu'une « mauvaise
doublure» du cabinet Freycinet et que
M. Goblet ne sera qu'une sorte de
marionnette dont M. de Freycinet, dis-
simulé dans la coulisse, tirera les fi-
celles.
Voilà ce qui se dit dans certains jour-
naux républicains ; c'est ainsi que cer-
tains républicains comprennent la
concentration et font abnégation de
leurs préférences personnelles en fa-
veur des intérêts essentiels de la Répu-
blique. Encore ne tenons-nous pas
compte d'attaques plus violentes, parce
qu'ellles portent leur réfutation dans
leur violence même et qu'il n'est per-
sonne qui puisse prendre au sérieux le
rapprochement entre Louis XVIII et
M. Goblet, tous deux ramenés au pou-
voir dans les fourgons de l'étranger. On
comprend l'opinion de ceux qui dési-
raient que M. Floquet fût appelé à la
présidence du conseil, bien que « logi-
quement et parlementairement », l'ho-
norable président de la Chambre ne fût
pas « le seul homme ayant qualité pour
couper le nœud gordien ». Parlemen-
tairement et logiquement, l'homme dé-
signé pour cette besogne est le chef
de la majorité qui a renversé le minis-
tère.
Mais où prendre ce chef dans la majo-
rité de vendredi dernier ? En observant
les usages logiques et parlementaires,
on serait arrivé au résultat le plus fan-
taisiste, à un cabinet composé, pour les
deux tiers, de droitiers, et, pour le reste,
de membres de l'Extrême-Gauche. Cette
hypothèse ne supportant même pas
l'examen, il fallait bien se rejeter sur un
homme politique en situation de refor-
mer, par son ascendant, par l'autorité
de sa parole et de son passé, la majorité
qui s'était disloquée. Il fallait tenir
compte de toutes les nécessités de
l'heure présente. Nous n'avons pas à re-
chercher pour quelles raisons M. Flo-
quet a cru devoir décliner la mission
qui lui était offerte de dénouer les diffi-
cultés de la situation. On ne peut, tou-
tefois, que le louer du patriotisme qui l'a
déterminé à joindre ses instances à
celles de M. le président de la Républi-
que pour obtenir l'acceptation de M, Go-
blet. Nous ne voyons, du reste, pas
comment la responsabilité du refus du
président de la Chambre retomberait
sur M. Goblet, lequel n'a certainement
par cherché à faire échouer la forma-
tion d'un ministère dont M. Floquet au-
rait été le chef.
Quant aux autres reproches anticipés
qui sont adressés au cabinet, ils ne re-
posent sur rien de plus sérieux. Pour
juger un ministère, il faut l'avoir vu à
l'oeuvre ; il faut au moins connaître son
programme. Nous ne connaissons jus-
qu'ici que la personne de M. Goblet,
lequel, dans les divers séjours qu'il a
faits au pouvoir, ne s'est pas montré
indifférent aux réformes libérales. N'eût-
il affirmé ses convictions profondément
républicaines que par les discours qu'il a
consacrés à la séparation des Eglises et
de l'Etat, n'eût-il fait que la loi sur l'or-
ganisation de l'enseignement primaire,
comme ministre de l'instruction publi-
que, et mis, avec la résolution que l'on
sait, une barrière aux empiétements du
clergé sur le domaine de la politique,
il nous semble que ce seraient des ti-
tres assez sérieux pour lui concilier les
sympathies des républicains, libéraux et
radicaux.
Il n'est ni plus juste ni plus exact de
prétendre que le cabinet sera la « mau-
vaise doublure » du cabinet précédent.
Rien dans la conduite de M. de Freyei-
net ne nous paraît de nature à motiver
le soupçon de gouvernement occulte.
Tout démontre, au contraire, que M. de
Freycinet ne se dérobe jamais aux res-
ponsabilités du pouvoir, et, d'autre part,
ce serait mal connaître M. Goblet, que
de le croire homme à assumer la res-
ponsabilité sans avoir la réalité du pou-
voir.
Nous ne pouvons donc admettre
que ces reproches inconsidérés aient
une influence sur les sentiments de la
Chambre à l'égard du cabinet. Nous
sommes persuadés, au contraire, que la
majorité, instruite, par l'expérience, des
dangers que présentent les changements
ministériels provoqués par un moment
d'oubli des règles de la concentration,
verra avec satisfaction la crise se dé-
nouer d'une façon plus prompte qu'on
ne pouvait l'espérer. La majorité com-
prendra que la situation a des exigences
auxquelles elle ne peut se soustraire,
puisqu'il ne tient pas à elle de modifier
les circonstances. Tous les républicains
verront qu'ils doivent soutenir M. Goblet
dans la tâche qu'il a assumée de former
un cabinet, et s'unir étroitement pour
assurer l'existence de ce cabinet. Il faut
que les compétitions ou les rancunes
personnelles s'inclinent devant le seul
intérêt qui mérite d'être considéré à
l'heure actuelle, l'intérêt de la Républi-
que, et nous voulons penser que, dans le
parti républicain, il ne se trouvera per-
sonne pour manquer à ce devoir.
• +»
Bien qu'il ne convienne pas d'attribuer
une importance exagérée aux arguments
de tribune qu'ont invoqués les orateurs
du gouvernement impérial allemand pour
faire triompher, lors de la discussion pu-
blique devant le Reichstag, le projet de
loi tendant à l'augmentation de l'armée
permanente et du budget militaire ; bien
que le vieux maréchal de Moltke n'ait fait
qu'agiter une fois de plus devant les re-
présentants de l'Allemagne le spectre des
revendications de la France ; bien qu'il ait
eu recours de nouveau à des comparai-
sons mensongères et à des allégations
pessimistes qui, lui ayant réussi à plu-
sieurs reprises depuis 1870, ne peuvent
manquer d'assurer encore le succès de ses
propositions ; bien que nous soyons blasés
sur - ces excitations à la haine teutonne
contre notre pays, nous n'en devons pas
moins relever une phrase qui, paraît-il,
aurait été prononcée par « le grand taci-
turne » au cours de son récent discours et
qui ne nous a pas été transmise par le
télégraphe.
S'il faut en croire l'affirmation d'un
journal militaire d'ordinaire fort bien ren-
seigné, le maréchal de Moltke, envisa-
geant les dépenses nouvelles que doit en-
trainer l'accroissement des forces de l'Al-
lemagne, aurait dit qu' « au point de vue
financier, le papier des cartouches est en-
core la meilleure des valeurs. »
Ce mot fait le pendant de la célèbre dé-
claration du prince de Bismarck en vertu
de laquelle « la force prime le droit ». Il
est vrai que, si le grand-chancelier n'a pas
eu tout à fait le mérite de l'invention; si
déjà bien avant lui quelques hommes
d'Etat avaient exprimé, en d'autres termes,
la même pensée ; si Marius, notamment,
avait dit un jour que « la voix des armes
empêche d'entendre la voix des lois », le
chef du grand état-major de Berlin a fait
preuve, au contraire, d'autant d'esprit
pratique que d'originalité en s'exprimant
de cette façon. Il était impossible de mon-
trer plus de brutalité et de cupidité.
En parlant ainsi, le maréchal de Moltke
faisait coup double. Il nous menaçait d'une
part, et d'autre part, il faisait appel aux
instincts de convoitise que le souvenir de
nos riches dépouilles entretient chez tout
le peuple allemand et, en particulier, chez
les officiers.
On.n'a pas oublié, de l'autre côté du Rhin,
que, soit comme contributions de guerre
levées pendant les opérations, soit comme
prirde.la'paix, nous avons payé la somme
formidable de 5,800,000,000 de francs.
On sait, dans le corps des officiers alle-
mands, qu'une partie de cette rançon a
constitué le plus riche fonds des invalides
qui existe au monde, qu'un capital de
garantie en a été tiré pour l'assurance à
vie des chefs de l'armée, que les généraux
se sont partagé plus de quarante millions
de francs à titre de dotation.
C'est dans ces considérations intéres-
sées, et non point ailleurs, que prennent
leur source et que s'alimentent les pré-
tendues méfiances de l'Allemagne contre
la France, car la bourgeoisie et le peuple
allemands n'ont point plus le désir de faire
la guerre que la démocratie française.
Il est temps, ennn, de signaler au monde
civilisé les menées et les tendances de
cette aristocratie militaire germaine qui
se croit encore au temps de la féodalité,
à cette époque où les seigneurs châte-
lains ne vivaient que de rapines et d'as-
servissement.
La comparaison si délicate qu'a établie
le maréchal de Moltke entre le papier des
cartouches et les billets de banque est tout
entière inspirée par ce sentiment, de
même que l'opposition formulée par le
prince de Bismark entre la force et le
droit.
L'une et l'autre pourraient se traduire
ainsi : « Nous vous enverrons du plomb,
et, en échange, vous nous donnerez l'or de
votre épargne et les plus belles de vos pro-
vinces. »
La menace est intentionnelle, voulue,
directe. Jamais, en aucun temps, et en
pleine paix, on n'avait osé prononcer du
haut d'une tribune publique une phrase
aussi comminatoire à l'adresse d'un peu-
ple voisin.
Nous voici prévenus.
Que l'avertissement ne soit pas perdu 1
LA VIE DE PARIS
Il y a eertainement, aujourd'hui, un
grand nombre de Parisiens qui ont été
fort préoccupés de la question de sa-
voir si M. Goblet constituerait son mi-
nistère facilement ou non, vite ou lon-
guement. Je ne blâme pas l'inquiétude
de ceux qui ont des intérêts à ces cho-
ses, ni même ceux qu'elles intéressent
par pure curiosité. Mais, quand j'ai par-
couru les journaux, pleins de listes mi-
nistérielles, de renseignements confi-
dentiels, je ne me suis arrêté que
sur un, pour lire et relire un simple
fait-divers. Le fait-divers, le voici : Un
ouvrier ciseleur, âgé de cinquante ans,
M. J. S. s'est pendu dans sa chambre,
en laissant à côté de lui la lettre sui-
vante, adressée à son fils : « Mon fils, je
ne trouve plus d'ouvrage, je suis trop
vieux. Pour vivre, il me faudrait ou
mendier ou voler. Je ne veux faire ni
l'un ni l'autre: Je me tue. Mon fils, con-
duis-toi bien, reste honnête homme.
Pardon et adieu. » Et c'est tout ! Pas
une plainte, pas un mot de révolte. La
résignation sublime d'un vaincu qui ne
veut pas survivre à la défaite.
J'ai souvent, ici, parlé du suicide.
C'est un lieu commun et aussi un éter-
nel problème de morale, sur lequel tout
a été dit. Il y a peu d'idées dont on
n'ai fait aussi souvent et aussi bien le
tour. La seule chose que j'en veuille dire
encore, c'est que si quelque bon apô-
tre venait nous affirmer que ce pauvre
ciseleur a commis un acte de lâcheté, il
faudrait qu'il fût bien aveugle, bien es-
clave d'une idée systématique. J'estime,
pour mon fait, que le suicide est tou-
jours, ou presque toujours, un acte de
courage, surtout quand il n'est pas ins-
piré par une passion violente et qu'il
est sans compensation. Dans le pre-
mier cas, en effet, la passion l'emporte
sur l'ordinaire terreur de la mort ; dans
le second, le suicide devient une sorte
de forme particulière de l'ambition et
de la gloire, et l'homme qui se tue,
comme il est arrivé pour certains héros
anciens, est sûr d'entrer dans l'histoire
en entrant dans la mort. Mais combien
différent est le cas de cet ouvrier obs-
cur ! Son suicide devait rester ignoré,
comme son nom sera oublié. Il ne pou-
vait, en aucun cas, compter sur rien au-
tre qu'un mot indifférent des reporters ;
puis la fosse commune.
Cependant, il est mort, pour ne pas
voler et pour ne pas mendier. L'horreur
du vol est un sentiment heureusement
assez universel et qui part d'une idée
tellement indiscutable de justice, qu'il
n'y a pas à le louer. Mais l'horreur de
la mendicité, qui est extrêmement
grande chez le peuple contemporain des
villes, est presque nouvelle. Je dirais
volontiers que c'est, comme l'idée du
duel, un préjugé acquis depuis peu, un
de ces préjugés dont on a raison de
penser qu'ils valent mieux que les idées
d'une logique absolue. Dans les villes,
l'ouvrier trouve un déshonneur à la
mendicité. Ceci ne serait juste, après
tout, que si la société était ainsi faite
que tout homme y trouvât à vivre en
travaillant.
La mendicité n'a pas paru déshono-
rante dans les temps antiques, au moyen
âge, et elle n'est pas mal vue dans les
campagnes. Le mendiant se réclame sans
grand embarras de la solidarité humaine
et de la charité chrétienne ; et, quant à
moi, je ne vois pas de quel droit on
mépriserait un homme parce que, le
voufant, il n'arrive pas, pour une raison
quelconque, à gagner sa vie. Le men-
diant, dans les campagnes, est considéré
comme appartenant à la communauté.
Quoique très avare, le paysan lui laisse
prendre une sorte de dîme, demandée
sans embarras et assez volontiers con-
sentie. Dans bien des pays, le mendiant
est une sorte de serviteur intermittant,
qui fait les commissions de ferme à
ferme et qu'on ne malmène jamais.
Chez l'ouvrier des villes, un autre
sentiment se fait jour, un grand senti-
ment de la dignité humaine. Et, je le
répète, ce que ce sentiment peut avoir
de mal fondé en pure raison ne doit pas
empêcher de le trouver heureux et res-
pectable. Mais n'y a-t-il pas autre chose
dans l'horreur de l'ouvrier de Paris pour
la mendicité ? J'imagine que si l'homme
qui est tombé dans la misère sans qu'il
en soit de sa faute, que si la victime du
chômage, de la maladie, de la vieillesse
répugne à s'adresser à la charité publi-
que, c'est qu'il a par-dessus tout peur
d'être confondu avec les industriels de
la mendicité, les paresseux, les ivro-
gnes, les exploiteurs de la pitié des
passants. Et dans ce sentiment, n'y à-t-il
pas une indication de ce que nous pour-
rions faire ?
Quand un homme de cœur, un hon-
nête homme, se tue à Paris, dans la
ville civilisée et raffinée entre toutes,
parce qu'il va mourir de faim et qu'il
ne veut ni commettre un acte crimi-
nel selon les lois, ni un acte auquel ré-
pugne sa conscience, il se pose, à mon
sens, un problème terrible et urgent
plus que la plupart de ceux dont on
s'occupe à grand bruit. Un fait pareil ne
devrait pas pouvoir se passer, voilà le
cri de la conscience publique. Et, d'un
autre côté, comment l'empêcher ?
On peut encourager la prévoyance
du travailleur et en favoriser l'exercice,
aider les caisses de secours mutuels, les
caisses d'épargne, les assurances ; bref,
tous les moyens qui constituent un re-
venu à l'ouvrier par des retenues. Mais
on ne peut guère imposer la prévoyance.
Il y aura donc toujours un certain nom-
bre d'ouvriers qui se trouveront dans la
situation de celui dont j'ai dit la mort.
Ne serait-il pas possible, si on ne veut pas
engager l'Etat dans un système qui mè-
nerait trop loin s'il devait être la provi-
dence de tous les citoyens, ne serait-il
pas possible, pour les municipalités, de
réserver un certain nombre des travaux
que tout le monde peut faire, même les
vieillards, pour les gens qui se trouvent
sans moyen de gagner de quoi manger ?
Je ne sais pas comment se pratique l'ins-
titution du workhouse en Angleterre ;
mais je me suis laissé dire que, grâce à
ces maisons, tout homme pauvre qui
voulait se soumettre à une certaine dis-
cipline et travailler était mis à l'abri de
la faim et du froid, et sans qu'il en
coûtât par trop à ceux qui administrent
les workhouses.
La main-d'œuvre, en toutes choses,
est si élevée, qu'un homme qui travaille,
même sans spécialité, quatre ou @ cinq
heures par jour, gagne bien ou à peu
près ce qu'il faut pour la vie stricte. Et,
en même temps que le workhouse sou-
lage les misères réelles, il permet d'être
sévère pour les misères fausses, pour
les paresseux, pour les pauvres « in-
dustriels », qui sont la plaie de Paris.
Car, en l'état, la mendicité est à la fois
une honte pour l'opinion populaire et
un délit. Mais que voulez-vous répondre
cependant à un homme qui vous de-
mande à manger, s'il est prouvé que cet
homme a fait tout le possible pour ac-
quérir le morceau de pain dont il a be-
soin ? Je ne voudrais pas, comme cer-
tains philosophes l'ont fait, célébrer les
douceurs de l'état sauvage. Mais il est
bon de remarquer que la civilisation,
en donnant à 1 homme toutes sortes de
droits précieux et supérieurs, lui retire
le droit de la bête, la pâture sur un
fonds commun, le domicile pris sur la
nature, tout ce qu'ont les races animales
avant de disparaître. Nous ne pouvons
pas admettre, cependant, que des hom-
mes soient réduits à la situation du
fauve qui meurt faute de pouvoir obéir
à la loi naturelle. Occupons-nous donc
à la fois de faire justice de la mendicité
et de soulager la misère. Voilà qui vau-
drait la peine qu'on s'en occupât !
HENRY FOUQUIEP.
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Modifications au règlement. — Dénonciation du
traité de commerce avec l'Italie.
La séance d'hier n'a guère duré plus d'une
demi-heure.
M. Gaulier a déposé sur le bureau de la
Chambre une proposition ayant pour objet
de modifier l'article 103 du règlement.
Le paragraphe 2 de l'article 103 du règlement
de la Chambre, a dit M. Gautier, est ainsi conçu :
« Les ministres, les commissaires du gouverne-
ment et les rapporteurs chargés de soutenir la
discussion des projets de loi ne sont point as-
sujettis au tour d'inscription et obtiennent la pa-
role quand ils la réclament. »
Je propose d'ajouter à ce paragraphe les lignes
suivantes : « Toutefois, l'intervention dans un dé-
bat d'un ou de plusieurs orateurs du gouverne-
ment ne suffit pas pour engager la responsabilité
ministérielle, la question de confiance ne pouvant
jamais être posée que dans des termes explicites
et formels.
« Quand, soit par les déclarations des ministres,
soit par les termes d'un ordre du jour, le vote a
ce caractère de gravité exceptionnelle, il ne peut
avoir lieu qu'après une suspension de dix minu-
tes et à la tribune. »
Mais la déclaration d'urgence sur la propo-
sition de modification à l'article 103 du règle-
ment n'a pas été adoptée.
Un grand nombre de voix demandaient à ce
moment le renvoi de la séance à samedi.
Mais M. Dellisse est d'un avis contraire, et,
bien que la Chambre ne veuille pas repren-
dre la discussion du budget tant qu'il n'y aura
pas de ministère constitué, il déclare qu'une
foule de questions pourraient être étudiées
utilement dès aujourd'hui. Il y a des affaires
d'une gravité exceptionnelle, dit-il, notam-
ment celle relative au traité de commerce
avec l'Italie.
C'est M. Hanotaux qui lui répond en ces
termes :
J'appartiens à la députation d'un département
qui est particulièrement intéressé au vote de la
proposition dont a parlé M. Dellisse.
C'est vous dire que nous désirerions vivement,
mes collègues et moi, que le vote sur la prise en
considération eût lieu le plus tôt possible.
Nous avons cependant attendu jusqu'à ce que
le budget fût terminé. Des circonstances que
vous connaissez, et dont nous n'avons pas la res-
ponsabilité, ont fait qu'il n'y a pas en ce moment
de gouvernement sur ces bancs. Or, on ne peut
demander, dans l'état actuel de nos rapports avec
l'Italie, que nous délibérions sur ce traité en
l'absence des ministres.
J'ai donc le regret, au nom même des intérêts
que défend M. Dellisse, de m'opposer en ce mo-
ment à la prise en considération de sa proposi-
tion.
Après cette réplique fort juste, la motion de
M. Dellisse n'avait plus de raison d'être. A la
majorité de 320 voix contre 204, sur 524 vo-
tants, elle a donc été repoussée.
M. Gaussorgues propose alors à la Chambre,
de mettre en tête de l'ordre du jour de sa-
medi les propositions tendant à dégrever de
l'impôt foncier les terrains phylloxérés. Sa
proposition est adoptée.
Une autre, de M. Cunéo d'Ornano, deman-
dant qu'on ajoute à l'ordre du jour de samedi,
pour le cas où le budget ne pourrait venir, sa
proposition et celle de M. le comte Duchâtel,
sur la liberté d'association, n'est, au contraire,
pas adoptée.
Et la Chambre s'ajourne enfin à samedi.
PAUL GROS.
SÉANCE DU SÉNAT
La loi sur les aliénés
L'ordre du jour appelait, hier, la suite de la
discussion sur les aliénés.
M. Boulanger fit remarquer, sur l'article 54,
que, dans un autre article, la commission
fait supporter par le Trésor les honoraires
de l'administrateur provisoire, tandis que
l'article 54 les fait prélever très justement
sur les biens des aliénés. Il est nécessaire de
mettre d'accord ces deux articles.
Puis il demanda le renvoi de l'article 54 à
la commission.
Après quelques observations de MM. La-
combe, Delsol et de Gavardie, le renvoi ne
fut pas ordonné.
L'article 54 fut adopté, ainsi que les articles
55 à 60 inclus et le reste de la discussion ren-
voyé à une prochaine séance.
M. Blavier déposa alors un projet de réso-
lution, pour lequel il demanda l'urgence, ten-
dant à dénoncer le traité de commerce entre
la France et l'Italie.
Et M. Le Royer ayant déclaré qu'il serait sta-
tué plus tard sur l'urgence du projet, le Sénat
s'est ajourné à samedi, deux heures.
R. C.
COULISSES PARLEMENTAIRES
La commission de l'armée
La commission de l'armée s'est réunie hier.
Après quelques observations échangées sur
la disjonction des titres, la question a été
renvoyée à une séance spéciale.
La commission a adopté le chapitre 8, com-
prenant les dispositions transitoires sous les
articles 86, 87, 88, 89, 90, 91, 92, 93 et 94.
Un amendement de M. Maillard, demandant
le droit de vote pour les militaires, a été re-
poussé.
La commission a décidé que si la Chambre
se prorogeait, elle continuerait néanmoins à
siéger jusqu'au 25 décembre.
L'AFFAIRE DE BULGARIE
(SBRVICB HAVAS ft DÉPÊCHES PAMICUUÈMS)
La délégation bulgare. — La situation commer-
ciale à Odessa
Vienne, 9 décembre.
La députation bulgare a été reçue cette
après-midi par le comte Kalnoky.
L'entretien a duré une heure un quart.
Londres, 9 décembre.
Le correspondant du Standard à Saint-Pé-
tersbourg dit tenir de bonne source que la
députation bulgare n'a aucune chance d'être
reçue par le tsar.
On mande d'Odessa au Daily News :
« L'horizon politique se présente sous des
couleurs si sombres que, dans leurs contrats
pour les expéditions du printemps, plusieurs
grandes maisons d'exportation refusent d'ac-
cepter les navires portant le pavillon britan-
nique. »
0-M
NOUVELLES DE L'ETRANGER
(SDVlCII HAVAS trr DÉPËCHK8 PARTICULIÈRIS)
La question d'Egypte
Londres, 9 décembre. — Le comité du cabi
net sur les affaires égyptiennes s'est réuni
cette après-midi au Foreign-Office.
Le marquis de Salisbury et lord Iddesleigh
y assistaient.
Londres, 9 décembre. — D'après des rensei-
gnements puisés à des sources sûres, lord
Iddesleigh aurait reçu une note de la Porte
exprimant nettement son désir de discuter la
question de l'évacuation de l'Egypte.
Lord Iddesleigh aurait répondu qu'il pren-
drait cette note en considération.
Le Caire, 9 décembre. — M. d'Aunay a dé-
claré aux commissaires anglais de la dette
que le gouvernement français ne pourrait pas
entrer en arrangement sur les réformes pro-
jetées dans l'administration égyptienne, avant
qu'une date eût été fixée pour l'évacuation.
En Allemagne t Le septennat militaire ; un
manuel franco-germano-russe ; la visite
du régent de Bavière à Berlin.
Berlin, 9 décembre. — La commission spé-
ciale a commencé aujourd'hui la discussion
du projet de loi du septennat militaire.
Le ministre de la guerre a déclaré à cette
occasion, d'après le compte rendu publié par
la Gazette nationale, que le projet est très
urgent parce que, le 1er avril prochain, com-
mencera l'année de la mobilisation. SI le
projet n'est pas voté avant le 1er janvier, on
met l'administration militaire dans l'impes-
sibilité de procéder aux modifications néces-
saires au cours de l'année de la mobilisation.
Le ministre ne veut pas faire intervenir des
questions purement politiques, parce qu'il
est à même de défendre le projet avec des
motifs exclusivement militaires.
M. Bronsart de Schellendorf a dit, en outre,
que les qualités militaires des troupes dé-
pendaient principalement de l'habitude du
maniement de 1 arme qu'elles ont entre les
mains.
Dans tous les cas, l'Allemagne doit pouvoir
compter sur ses propres forces.
Après avoir fait un tableau de l'armée et
de la répartition des forces militaires de l'Al-
lemagne, de la Russie et de l'Autriche, le mi-
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