Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-12-01
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 01 décembre 1886 01 décembre 1886
Description : 1886/12/01 (A17,N5439). 1886/12/01 (A17,N5439).
Droits : Consultable en ligne
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Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Dix-septième annee — N' 5439 - - --- Prix du numéro : Paris et Départements : 15 centimes Mercredi 4" décembre 1886
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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A.-EDOUARD PORTALIS
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DU JOURNAL
LE XIXe SIÈCLE
Ayis aux Actionnaires
MM. les Actionnaires sont convoqués
en assemblée générale extraordinaire
pour le 14 décembre 1886, à dix heures
du matin, au siège social, 16, rue Cadet.
ORDRE DU JOUR :
Communication du Conseil d'administra-
tion, relative à la situation de la Société et
aux objets compris aux articles 19 et 48
des statuts.
LE CONSEIL D'ADMINISTRATION.
BULLETIN
La Chambre a terminé, hier, la discus-
sion du budget du ministère des affaires
étrangères. Le chapitre spécial au protec-
torat de Madagascar a donné lieu à un dé-
bat qui a occupé la plus grande partie de
la séance.
M. de Mahy, député de la Réunion, a
provoqué des explications de M. le prési-
dent du conseil au sujet de l'attitude que
le gouvernement compte prendre vis-à-vis
des Hovas.
On lira plus loin la réponse de M. le pré-
sident du conseil, qui nous paraît avoir été
ce qu'elle pouvait être.
Tel n'a pas été, cependant, le sentiment
de la Droite, qui s'est abstenue en masse
au moment du vote. Le crédit n'a été, en
effet, voté que par 285 voix contre 103. Ces
cent trois opposants , qui appartiennent à
l'Extrême-Gauche et à la Gauche radicale,
semblent avoir obéi aux préoccupations
dont l'honorable M. Georges Perin s'est
fait l'écho à la tribune. Ils ont vu ou ont
cru voir, dans les paroles de M. le prési-
dent du conseil la menace d'une expédi-
tion plus ou moins prochaine contre les
Hovas. Le moyen de rendre inutile une
nouvelle démonstration armée n'est pas
celui qu'ont employé les membres de la
Chambre qui ont repoussé la demande de
crédit, ni même ceux qui, suivant le con-
seil de M. de Cassagnac, se sont abstenus
de prendre part au vote.
Il est regrettable que la Chambre n'ait
pas, hier, comme l'année dernière à pa-
reille époque, souligné par la quasi-unani-
mité de son vote les déclarations du gou-
vernement.
Après l'adoption du crédit afférent au
protectorat de Madagascar, la Chambre a
commencé la discussion du budget de la
guerre.
Le Sénat a continué l'examen du projet
, de loi sur le régime des aliénés.
La presse anglaises accueilli avec une
mauvaise humeur marquée les déclara-
tions énergiques faites, ces jours derniers,
à la tribune, par M. de Freycinet. au su-
jet de l'Egypte. Les journaux de Londres
commentent le discours à leur façon et y ré-
pondent par des déclamations sonores qui,
fort heureusement, n'engagent et ne peu-
vent engager que leurs auteurs. Nous
avons donné, hier, quelques extraits des
principaux organes de la presse anglaise ;
la note y était quelque peu adoucie. Elle
est plus accentuée aujourd'hui. Le Mor-
ning Post, entre autres, se montre parti-
culièrement acrimonieux. Il termine une
longue appréciation du discours de M. de
Freycinet par les observations suivantes :
« Personne, en France, ne saurait être
plus impatient devoir cette question égyp-
tienne réglée que ne l'est le gouvernement
anglais lui-même, et la France peut être
assurée qu'aucune pression de sa part ou
de la part de quelque autre puissance, pour
en hâter la solution, n'exercera autant
d'influence sur le résultat final, que les
charges qu'on est obligé d'imposer à nos
contribuables. Mais, ni le gouvernement
anglais, ni le peuple anglais ne céderont,
dans quelque circonstance que ce soit, à
des menaces ou à de l'intimidation relati-
vement au moment opportun de l'éva-
cuation d'un pays pour lequel l'Angleterre
a fait des sacrifices immenses d'hommes
et d'argent. »
Il est impossible de dire plus claire-
ment que l'évacuation n'aurait jamais lieu,
si le Morning Post avait voix au chapitre.
Mais cette opinion, si nettement exprimée,
est celle du Morning Post, sans plus, et
nous ne pensons pas que le gouvernement
anglais, dans les réponses qu'il aura à
faire à la France et aux puissances inté-
ressées, soit assez mal avisé pour s'inspi-
rer du langage imprudent de quelques
journaux.
L'arrogance de certains organes de la
presse anglaise, à l'égard de la France,
contraste singulièrement avec les cajole-
ries intéressées qu'ils prodiguent à l'Italie.
Le même Morning Post ne trouve pas de
termes assez élogieux pour apprécier le
discours du comte Robilant sur la politi-
que extérieure de l'Italie. Il pousse la
flatterie à l'égard du gouvernement italien
jusqu'à en faire l'arbitre de l'Europe : « Le
sort de la paix ou de la guerre est dans
les mains de l'Italie, qui dispose d'une
armée puissante et disciplinée et d'une des
plus belles flottes du monde, etc. »
Le Globe met encore moins de discré-
tion dans ses invites à l'alliance anglaise.
Le mot n'y est pas, mais l'idée s'y trouve
exprimée en termes aussi clairs que pos-
sible :
« Une franche amitié avec l'Italie, qui
est une puissance méditerranéenne, n'a
jamais eu plus de prix pour l'Angleterre
que dans les circonstances actuelles, et
l'histoire ainsi que les sentiments sont
d'accord pour resserrer les liens entre les
deux Etats. »
La France ne serait-elle plus une puis-
sance méditerranéenne au même titre que
l'Italie? Si oui, pourquoi l'Angleterre au-
rait-elle plus d'intérêt à gagner l'amitié
de l'Italie qu'à compromettre ses bonnes
relations avec la France ?
Les déconvenues des Italiens à Mas-
souah, où ils s'étaient laissé entraîner par
les Anglais, les déceptions de toute sorte
qu'ils ont éprouvées en Afrique quand ils
se sont mis à la remorque de leurs nou-
veaux amis ont dû leur inspirer quelque
défiance sur la valeur de l'alliance an-
glaise. Ils sont trop avisés pour se laisser
tromper par les séductions de la politique
britannique et ils connaissent trop bien
l'histoire de la Grande-Bretagne pour ne
pas comprendre que l'Italie ne peut pas
être, à la fois, partie contractante dans
l'alliance des trois empereurs et liée à
l'Angleterre par des relations d'amitié
étroite.
LOUIS HENRIQUE.
INFORMATIONS PARTICULIERES
Conseil des ministres
Les ministres ont tenu conseil hier matin à
l'Elysée, sous la présidence de M. Jules
Grévy.
M. Granet, ministre des postes et télégra-
phes, encore indisposé, n'assistait pas à la
délibération.
M. Sarrien, ministre de l'intérieur, a rendu
compte des faits qui se sont produits diman-
che dans la salle du Tivoli-Vauxhall.
M. Sarrien a soumis à la signature du pré-
sident de la République un décret aux termes
duquel le conseil municipal de Beaumetz-les-
Loges (Pas-de-Calais) est dissous. Ce conseil
municipal, divisé en deux parties égales, n'a-
vait pu arriver à établir son budget.
M. Goblet, ministre de l'instruction publi-
que et des beaux-arts, a entretenu ses collè-
gues d'une délibération de la commission des
monuments historiques au sujet du Mont-
Saint-Michel, dont l'état de dégradation exige
des réparations immédiates.
Les ministres se sont ensuite occupés de
leurs budgets respectifs et des amendements
déposés à chacun d'eux.
Le ministère du commerce et de l'industrie
On a annoncé qu'un certain nombre de dé-
putés appartenant à la Droite de la Chambre
avaient résolu, d'accord en cela avec quel-
ques députés républicains, de demander la
suppression du ministère du commerce et de
l'industrie ou son rattachement au ministère
de l'agriculture.
Il est à peine nécessaire de faire remarquer
combien cette proposition serait ridicule. S'il
avait jamais été , question de supprimer un
ministère, ce n'est pas au moment où les
questions relatives au commerce et à l'indus-
trie ont pris dans notre pays une importance
si capitale, qu'il serait possible de se priver
de ce département qui, en outre, est chargé,
comme on sait, de l'organisation et du fonc-
tionnement de l'Exposition de 1889.
Notre résident à Tunis
M. Massicault, le nouveau résident général
de France à Tunis, est attendu vendredi pro-
chain à Paris, venant de Lyon. Il ira prendre
possession de son poste dans la première
quinzaine du mois de décembre.
Convocation d'électeurs
Les électeurs du canton d'Aubigny (Pas-de-
Calais) sont convoqués pour le dimanche 19
décembre, à l'effet de nommer leur représen-
tant au conseil général.
Les électeurs des cantons de Lavoulte (Ar-
dèche), de La-Ferté-Vidame (Eure-et-Loir), de
Mauvezin (Gers), de Pouance (Maine-et-Loire)
et de Boulogne (Nord), sont également convo-
qués pour le 19 décembre, pour nommer leurs
représentants au conseil d'arrondissement.
QUESTIONS DU JOUR
M. CLÉMENCEAU
M. Clémenceau, selon toute probabi-
lité , n'échappera pas plus à la respon-
sabilité d'une présidence du conseil que
n'y a échappé M. Gambetta. Son in-
fluence agrandi dans la Chambre. Quand
on est devenu un chef de parti impor-
tant au sein d'une République parlemen-
taire, quand on y tient même souvent
le sort des cabinets dans sa main, on
doit s'attendre à être un jour sommé de
prendre le gouvernement en charge.
Suivant le cours naturel des choses, M.
Clémenceau est donc destiné à devenir
premier ministre. Il a sans doute des
idées arrêtées sur de tels devoirs et un
si grand rôle; mais nous ne les connais-
sons pas, et nous constatons simple-
ment que M. Clémenceau se trouve au-
jourd'hui dans la situation d'un homme
d'Etat qui doit se préparer à la direc-
tion des affaires publiques. Il y a donc
tout lieu de penser qu'il y songe , car il
serait imprudent s'il ne s'y préparait
point. Sa conduite, ses discours, ses vo-
tes en deviennent plus intéressants à
observer. C'est ce que l'on fait, et ceux
qui ont suivi avec attention l'honorable
chef de l'Extrême-Gauche, depuis l'ou-
verture de la session d'automne, ne se
sont pas livrés à cette étude sans quel-
que surprise.
M. Clémenceau, en effet, n'a cessé de
se poser en ami du cabinet ; il semble
avoir admis comme une incontestable
vérité que le ministère Freycinet est
celui dont la composition répond le
mieux à la situation politique ; que la
Chambre ne le renverserait point sans
qu'il en résultât des embarras fort gra-
ves, et enfin que, si un tel accident
arrivait, il faudrait sans doute, en atten-
dant une future consultation du suffrage
universel, trouver le moyen de former
quelque autre ministère mixte aussi
lIapproché que possible du modèle offert
par - le cabinet actuel. Ce serait sans
doute une œuvre difficile, attendu que
l'impossibilité de trouver pour la prési-
dence du conseil un second Freycinet
est presque évidente. Il est donc vrai-
semblable, car il n'y a pas une seule
bonne raison en faveur du contraire,
que M. Clémenceau ne doit pas désirer
la chute de M. de Freycinet, et qu'au
contraire il doit la considérer comme
une éventualité regrettable et embar-
rassante. Mais c'est ici que l'on aura
quelque peine à comprendre la conduite
du chef de l'Extrême-Gauche à l'endroit
du président du conseil.
Cette conduite diffère, en effet, quant
aux paroles et quant aux actes. M. Clé-
menceau, qui se montra toujours si
agressif envers les chefs des précédents
ministères, n'a jamais témoigné, au
moins durant ce ministère-ci, que des
sentiments aimables et presque affec-
tueux à M. le président du conseil, qui,
d'ailleurs, ne demeure pas en reste de
politesse. M. Clémenceau lui parle en
ami, l'écoute en ami, l'applaudit en
ami ; seulement, — et c'est ici que
beaucoup de gens sont surpris de ce
léger écart de logique, — il ne vote pas
toujours en ami. Que de fois n'a-t-il pas
montré de combien d'estime il entou-
rait le président du conseil et combien
de regret il éprouverait si M. de Freyci-
net prenait de travers les contradictions
émanant de ses plus loyaux soutiens,
des hommes dévoués de l'Extrême-
Gauche! Mais, si l'on passe au vote, il
arrive assez fréquemment, comme par
un changement soudain de scène, que
M. Clémenceau met dans l'urne un bul-
letin contraire au gouvernement. C'est
ce qu'il a fait avant-hier pour le budget
des protectorats, après que M. de Frey-
cinet eut clairement résumé son dis-
cours par ces paroles : « Si la Chambre
exprimait sa volonté d'évacuer le Ton-
kin, le ministère ne saurait s'y asso-
cier. » Or, sans aller jusqu'à la patrio-
tique déclaration du président de la
Gauche radicale, M. Clémenceau n'au-
rait-il pas pu s'abstenir, au moins?
C'eût été un moyen de réserver son
opinion, sans danger pour le cabinet, et
je ne crois pas, au contraire, que les
soixante-douze républicains qui, dans
ce vote, ont emboîté le pas au parti
Jolibois - La Rochefoucauld - Cassagnac
auraient eu de quoi se féliciter si, par
hasard, ils se fussent trouvés en un peu
plus grand nombre et qu'ils eussent
assommé le ministère en compagnie avee
ces messieurs de la Droite.
Nous connaissons la théorie qu'on a
cru pouvoir tirer naguère des fréquen-
tes déclarations d'amitié adressées par
le chef de l'Extrême-Gauche à l'honora-
ble président du conseil. Elles sem-
blaient équivaloir à cette idée : « Nous
sommes de si bons amis, que nous ne
pouvons pas nous fâcher avec vous, et
quand nous votons contre vous, ce n'est
qu'un avertissement qui n'a pas d'autre
conséquence. D'ailleurs, de qui rece-
vrait-on de bons avertissements si ce
n'était de bons amis? Aucun ministère
ne nous est plus cher que le vôtre, te-
nez-vous-le pour dit, et tablez là-dessus
pour ne pas vous fâcher quand il nous
arrive de renverser vos projets. » Je
ne sais trop si l'on doit traiter ce rai-
sonnement de consolateur ; mais ne
trouvez-vous pas que le ministère est
allé déjà jusqu'au bout dans la voie de
l'abnégation? Ne pensez-vous pas que,
s'il y persistait, il ne lui resterait bien-
tôt plus ombre d'autorité ni de dignité ?
Et dans un scrutin tel que celui de lundi,
quand la Chambre vote sur l'expresse
déclaration du président du conseil qui
annonce la démission du cabinet s'il
n'obtient pas la majorité, croyez-vous
que des députés qui se déclarent amis
et protecteurs du cabinet aient mérité
de conserver ce titre quand ils ont voté
contre lui, avec tous les réactionnaires,
au risque de le mettre en pièces ?
Il faut prendre garde ici à la péril-
leuse théorie que nous voy .ns poindre.
Si nous tentions de lire entre les lignes,
nous trouverions à peu près ceci comme
idée dominante dans la politique pré-
sente de l'Extrême-Gauche : « Le mi-
nistère actuel nous convient parce que
le Parlement actuel n'en saurait pro-
duire un autre qui nous convînt mieux.
Nous sommes donc ses amis et nous
lui ferons autant d'amabilités qu'il dé-
pendra de nous ; seulement, nous ne lui
ferons aucun sacrifice. — Mais, dira le
président du conseil, que voulez-vous
que le cabinet devienne et que lui ser-
vira votre amitié si vous le mettez en
minorité à tout moment ? — Ces minori-
tés ne compteront pas, puisque, lorsque
nous voterons contre vous, nous décla-
rerons que vous n'en conservez pas
moins notre bienveillance. — Mais quel
crédit nous restera-t-il si nous n'avons
plus de majorité ? Qui comprendra, qui
approuvera un pareil revirement du ré-
gime parlementaire, un tel mépris des
lois constitutionnelles? Que devien-
drions-nous ? Des commis chargés d'en-
registrer et d'exécuter les ordres les
plus contradictoires, au gré des fluctua-
tions de la Chambre. » Sur ces der-
nières questions, qui découlent pourtant
du cœur même du sujet, nous n'avons
jusqu'ici entendu aucune réponse ; mais
cela ne les empêche pas de se poser de
façon si formelle et si claire, qu'elles
nécessiteront de nettes explications au
public.
Est-ce le régime conventionnel que
l'on rêve à l'Extrême-Gauche ? Il fau-
drait faire une révolution constitution-
nelle, alors ; mais qui s'y prêtera? D'au-
tre part, ce qui est certain, c'est qu'on
jouerait avec le suffrage universel une
partie redoutable, en essayant de reve-
nir au régime conventionnel par n'im-
porte quels détours. Mais, pour nous
en tenir au cabinet actuel, qu'en veut-on
faire? Sans sortir de la période des mo-
ments prochains, une question, entre
plusieurs autres, commence à piquer la
curiosité publique. Si, selon l'hypothèse
probable, M. Clémenceau était appelé,
dans quelque temps, à la présidence du
conseil, s'accommoderait-il pour lui-
même de la politique qu'il trouve bonne
pour M. de Freycinet? et accueillerait-
il avec un sourire reconnaissant les dé-
putés républicains qui, votant contre
lui en vingt importantes occasions, le
complimenteraient à peu près ainsi :
« Cher ministre, nos votes n'altèrent
en rien notre estime ; ils ne comptent
pas contre vous ; au contraire, nous ne
vous en aimons que davantage et nous
tenons, par-dessus tout, à vous conser-
ver dans la présidence du conseil! »
J'aimerais bien savoir ce que répon-
drait M. Clémenceau à une députation
de cette sorte, et je pense pouvoir ex-
primer ce simple désir sans être taxé
de journaliste trop indiscret. Quoi qu'il
en soit, on ne trouvera point qu'en
adoptant la pratique où il paraît se
complaire à l'égard du ministère actuel,
l'honorable chef de l'Extrême-Gauche
travaille, pour l'avenir, à faciliter sa pro-
pre tâche.
EUG. LIÉBERT
LES CREDITS DE MADAGASCAR
La discussion qui s'est engagée à la
Chambre, à propos des crédits de Mada-
gascar, a été conduite d'une façon tout
autre que celle des crédits du Tonkin.
Pour ces derniers, le débattait entre les
partisans de l'évacuation immédiate ou
progressive et les partisans du statu quo.
Pour Madagascar, le débat s'est établi en-
tre les partisans de l'état de choses créé
par le traité du 17 décembre 1885 et les
partisans d'une action plus énergique. Si
les adversaires de la politique coloniale
ont mis leurs bulletins blancs dans l'urne,
ils l'ont fait silencieusement. Une seule
protestation s'est fait entendre à la tribune,
celle de M. Georges Perin, qui a combattu
les crédits demandés pour Madagascar
par des raisons analogues à celles qu'il
avait invoquées, la veille, contre le Ton-
kin.
Les motifs allégués par M. de Mahy et
par M. Freppel pour engager le gouverne-
ment à modifier sa politique à l'égard des
Hovas témoignent assurément chez les
honorables orateurs un très vif souci de
la dignité de la France, et leur émotion
serait parfaitement justifiée, si les faits
étaient tels qu'ils les croyaient. Mais il faut
reconnaître que les explications très nettes
de M. de Freycinet ont singulièrement
réduit l'importance des incidents signalés
par eux et qu'elles ne laissent planer au-
cune inquiétude sur notre situation à Ma-
dagascar. Il est certain que les Hovas
n'ont pas toujours eu l'intention de respec-
ter scrupuleusement le traité du 17 dé-
cembre. La lettre de MM. Miot et Patri-
monio, qui, sous prétexte de commenter
ce traité, en affaiblissait la portée jusqu'à
en faire un instrument sans valeur, four-
nissait aux Malgaches un moyen, qu'ils
n'étaient pas disposés à négliger, d'éluder
les stipulations du traité.
Mais le gouvernement français et le ré-
sident général ont montré qu'ils étaient
résolus à faire respecter la signature de la
France, et la fermeté de leur attitude a
convaincu les Hovas de l'inutilité de leur s
efforts. Le revirement qui s'est opéré chez
nos protégés est dépeint d'une façon sai-
sissante dans une dépêche de M. Le Myre
de Vilers, du mois d'octobre : « Lors de
mon arrivée, nous étions à peine tolérés ;
ensuite, nous avons été respectés ; nous
commençons maintenant à être redoutés. »
Depuis lors, rien dans la conduite du
gouvernement français ou de son repré-
sentant n'a pu modifier ces heureuses
dispositions. Notre conduite a été telle, au
contraire, qu'elle n'a pu que confirmer les
Hovas dans notre volonté de faire respec-
ter le traité, et les plus récents télégram-
mes du résident général montrent, en
effet, que la situation est en voie de pro-
grès et écarte toute pensée d'inquiétude.
Les paroles prononcées hier par le pré-
sident du conseil ne sont pas de nature à
faire concevoir aux Hovas l'espérance d'un
changement dans l'attitude de la France.
M. de Freycinet a affirmé une fois de plus
ses intentions bienveillantes ; mais il a fait
entendre en même temps des avertisse-
ments qui, pour être donnés sous une
forme bourtoise, ne sont pas moins nets,
et il a très clairement déclaré que s'il ac-
ceptait l'hypothèse d'une certaine lenteur
dans les progrès de notre établissement à
Madagascar, s'il comprenait que le traité
ne pût que progressivement arriver à pro-
duire^son plein effet, il n'admettait pas la
pensée d'un recul ni même d'une lenteur
trop considérable, et que, si les moyens
moraux ne dennaient pas des résultats sa-
tisfaisants dans un délai donné, il n'hési-
terait pas à recourir à d'autres moyens.
La Chambre a donné son adhésion à ces
vues. Une majorité un peu plus considé-
rable que celle qui avait voté la veille les
crédits du Tonkin s'est formée pour voter
les crédits de Madacascar. La Droite, qui,
la veille, s'était jointe à la minorité, s'est
abstenue cette fois, montrant ainsi que si
elle n'allait pas, en ce moment, jusqu'à
prêter son concours au gouvernement,
elle ne le lui refusait cependant pas systé-
matiquement, mais qu'elle se tenait sur
la réserve. Si cette attitude n'a pas une
grande importance au point de vue politi-
que, en ce qui concerne le classement des
partis dans la Chambre, elle est signifi-
cative quant aux affaires de Madagascar.
Le jour où les éventualités indiquées par
M. de Freycinet viendraient à se réaliser,
ceux qui se sont abstenus hier sortiraient
de leur réserve et n'hésiteraient sans
doute pas à prêter leur appui au gouver-
nement. Mais nous avons le ferme espoir
que ces prévisions ne se réaliseront pas,
et que les Hovas, comme ceux qui vou-
draient les exciter contre nous, se tien-
dront pour avertis par les déclarations
très fermes et très précises du gouverne-
ment, et par l'accueil que la Chambre a
fait à ces déclarations.
LA VIE DE PARIS
-
J'entends dire sur le boulevard :
« Avez-vous lu le procès de lady Camp-
bell ? Voilà qui est fort amusant ! « En
réalité, ce procès est une triste chose.
Mais, il faut bien le reconnaître, les An-
glais sont si désagréables avec nous,
qu'on ne peut se défendre de ce senti-
ment, mauvais en soi, mais bien excu-
sable, qui nous fait trouver quelque plai-
sir à leurs maux. Nous avons donné les
dépêches qui tiennent le public au cou-
rant de ce procès, que personne n'ignore-
ra en Europe. Mais ceci ne peut pas nous
empêcher de résumer le débat, aussi
honnêtement que faire se pourra.
Lord Campbell est un fort grand per-
sonnage dans le monde. Il est le fils du
duc d'Argyll, dont les aïeux furent les
maîtres de l'Ecosse. Son père occupe
ou a occupé en Angleterre les plus hau-
tes charges publiques et de cour.
Le frère de lord Campbell est le mar-
quis de Lorne, gendre de la reine Vic-
toria et qui fut gouverneur du Canada.
Il y a quatre ou cinq ans, lord Campbell
rencontra dans le monde une jeune Ecos-
saisse, miss Blood, assez riche, mais
surtout merveilleusement belle. Il en de-
vint amoureux et l'épousa. Mais cette
union, qui devait être si malheureuse et
de si courte durée, fut retardée à plu-
sieurs reprises. Lord Campbell dut ex-
pliquer « délicatement» à sa fiancée que
son état de santé ne lui permettait pas
de se marier. Et même, le mariage con-
clu, il ne put être consommé qu'assez
tardivement. Lady Campbell resta Mlle
Blood plus longtemps qu'il n'est ordi-
naire entre amoureux.
Encore le mari n'avait-il pas assez at-
tendu ! Atteint d'un mal que les Anglais
appellent peut-être encore « le mal fran-
çais », il le communiqua à sa jeune
femme ; le médecin de celle-ci dut lui
révéler la triste vérité, qui n'est point
niée, car toutes ces choses ont été ra-
contées, avec une extrême crudité, de-
vant les juges de la Cour des divorces,
sans huis clos. Frappée dans ses illu-
sions et dans sa personne, lady Camp-
bell. obtint une séparation de corps.
C'est à partir de ce moment que son
mari, très vexé, chercha à rassembler
les éléments d'une demande en divorce
qui pût tourner à son avantage. Il sur-
veilla sa femme, qui avait pris, de son
côté, une certaine liberté d'allures. Un
beau jour même, peu au courant de
nos lois, il écrivit au président de notre
conseil municipal, pendant un séjour de
lady Campbell à Paris, pour lui deman-
der de faire enfermer sa femme à Saint-
Lazare. Excusez du peu! Entre temps,
il accusait lady Campbell d'avoir pris son
médecin pour amant. Mais celui-ci, de
son côté, accusait lord Campbell d'agir
ainsi pour se venger de la loyauté qu'il
avait mise à éclairer sa cliente sur son
état, établissait qu'il n'avait eu avec elle
que des - intimités professionnelles et
faisait un bon procès au mari.
Lord Campbell, d'ailleurs, veut absolu-
ment qu'il soit établi qu'il est un mari
trompé, et il est possible qu'il y réus-
sise. Il a assigné, comme complices de
sa femme, le duc de Marlborough suivi
de quatre-z-officiers, comme dans la
chanson. Parmi ceux-ci, figure le capi-
taine des pompiers de Londres, qui a
déjà paru dans un procès de ce genre,
bel homme, paraît-il, qui pourrait dire
à peu près comme le héros de Racine :
Allumant plus de feux que je n'en èteiqnis !
Et à l'appui de ses 'accusations, lord
Campbell appelle en témoignage la do-
mesticité et quelques-unes de ces fem-
mes, amies des familles, qu'on a déjà
vues jouer un rôle si singulier dans le
procès de sir Charles Dilke. Les laquais,
qui avaient toujours l'œil au trou de la
serrure ou au carreau des cabs, préten-
dent que lady Campbell a été familière
avec les gentlemen de son entourage.
Mais on établit, d'autre part, par la dé-
position d'une dame qui aimait fort à
fourrer son nez partout, que lord Camp-
bell était aimable avec une jolie bonne.
Sur quoi, la jolie bonne, effrontément,
apporte à la barre un certificat de mé-
decin — un de ces certificats qui ont
rendu célèbre et ridicule une actrice
de Paris — d'où il résulte que lord
Campbell a gardé avec elle une - réserve
qu'il eût bien fait d'avoir toujours !
Tel est ce prodigieux scandale, qui
touche aux plus nobles familles de l'An-
gleterre et à la cour même de sa
gracieuse Majesté. A Londres, l'op-
position s'en empare, trouvant là une
revanche du procès de sir Charles
Dilke, procès qui sera d'ailleurs revisé.
Et ce scandale remet sur le tapis bien
d'autres histoires, les révélations de la
Pall-Mall Gazette, d'autres cancans en-
core, plus ou moins avérés, mais d'où
il résulte certainement que les mœurs
de la gentry anglaise ne valent pas
mieux, pour le moins, que celles des
autres pays. Pour moi, je pense que les
hommes sont à peu près les mêmes par-
tout. La richesse, l'oisiveté, qu'elles
viennent, comme dans les aristocraties,
de la source des héritages, ou, comme
dans les démocraties, des fortunes ra-
pidement faites, ont partout des résul-
tats très semblables. Les civilisations
avancées sont toujours un peu pour-
ries. Parallèlement à la grande culture
intellectuelle, à l'amour des arts, à une
certaine moralité même qui empêche
surtout les crimes violents, on voit naî-
tre et se développer l'amour du luxe,
des plaisirs, la curiosité des sensations
raffinées surtout. Cela est fatal et c'est
l'histoire universelle de toutes les civi-
lisations. Nous devrions donc nous at-
trister de tout scandale qui se fait jour
en Europe, en nous disant philosophi-
quement : hodie tibi cras, mihi. L'in-
dulgence serait prudence.
Cependant, je le répète, tous ces
épouvantables scandales qui éclatent
successivement en Angleterre, entre-
coupés d'actes de violence populaire et
de désordres assez graves, nous font
plus de plaisir que de peine. Il faut en
chercher la raison ailleurs que dans no-
tre tempérament, qui est, en général,
bienveillant. C'est que les Anglais, si
grands par tant de côtés ou si intéres-
sants, ont deux défauts qui répugnent à
nos mœurs et à notre esprit. On ne sau-
rait dire chez eux, ce qui l'emporte de
l'orgueil ou de l'hypocrisie, qui se met-
tent d'accord pour attribuer aux autres
nations toutes sortes de défauts et de
vices ! On l'a vu au procès de sir Charles
Dilke. Quand il s'est agi de désigner des
habitudes fâcheuses attribuées, à tort
peut-être, à l'homme d'Etat, les avocats,
sans vergogne, ont qualifié ces habitu-
des de « vices français ». Les Anglais
ne font jamais autrement. La répression
dans l'Inde leur paraît naturelle; au Ton-
kin, ils nous accusent de cruauté, parce
qu'on fusille les pirates. Ils disent vo-
lontiers que Paris est une Babylone, une
Gomorrhe et une Sodome. Et il n'est
personne qui ne sache que les mœurs
anglaises sont très corrompues et qui
n'abonde en anecdotes pour le démon-
trer. Ils crient contre notre littérature,
trop libre, j'en conviens. Mais on n'i-
gnore pas que les livres obscènes, fa-
briqués en Belgique ou en Allemagne,
n'ont pas de débit égal, dans le monde
entier, au débit de l'Angleterre. Et sur
tout cela, les Anglais, contrairement à
nous qui nous vantons presque de cer-
tains défauts, jettent un voile pudique,
un rideau, derrière lequel les acteurs
sont plus libres que sur la scène. Aussi
on rit quand le rideau se déchire et,
pour parler comme l'Evangile à propos
du peuple qui le lit le plus et le pratique
le moins, on est content quand la' paille
que les Anglais ont dans l'œil grossit à
l'égal de la poutre qu'ils voient toujours
,- dans l'œil d'autrui !
HENRY FOUQUIER
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Adoption du budget des affaires étrangères. -
Les crédits pour Madagascar. — Discussion
du budget de la guerre.
Les créoles de la Réunion peuvent se flatter
d'avoir, en M. de Mahy, un champion ardent
et dévoué de leurs intérêts. Si les riches ter-
res de Madagascar, sur lesquelles Ils fixent
depuis si longtemps des regards de convoi-
tise, ne deviennent pas leur proie, ce n'est
pas la faute de leur représentant.
Ils n'auront pas davantage à s'en prendre
à M. Freppel. L'évêque et le député-colon ont
fait valoir les droits de la France sur la -
grande île africaine avec une âpreté, un
acharnement qui surprendraient, si l'on ne
savait à quelles préoccupations de deux Dr-
dres complètement différents Ils obéissent.
Dès le début, M. de Mahy se montre vio-
lent :
Toutes les correspondances, dit-il, qui nous ar-
rivent de Madagascar depuis le vote du traité du
17 décembre, représentent la situation de la France
comme s'étant constamment empirée depuis cette
date.
Les derniers courriers nous représentent cette
situation comme devenue très mauvaise. Ils con-
firment pleinement tous les faits apportés hier à
la tribune par M. Boissy-d'Anglas. Presque toutes
ces correspondances laissent percer la pensée
que les choses, là-bas, sont conduites, inconsciem-
ment sans doute, de telle sorte que l'on aboutira,
à un moment donné, à l'abandon volontaire ou
forcé de nos droits sur la grande île.
Cette persuasion, qu'à un moment donné tout
finira par un abandon, trouble nos nationaux, les
inquiète, favorise la résistance du premier mi-
nistre hova et les entreprises de nos ennemis.
Elle est entretenue en Europe par tous les adver-
saires de notre expansion coloniale ; elle est pro-
pagée par la presse, notamment par la presse an-
glaise.
- Cette persuasion vient en partie d'une notion
erronée, d'une idée fausse dont notre gouverne-
ment s'est inspiré dans les négociations de ce
traité et dans laquelle il paraît vouloir persévé-
rer.
Cette idée fausse consiste à considérer que la
mission de la France à Madagascar n'est pas de
travailler pour elle-même, que c'est en quelque
sorte une mission providentielle dont nous serions
chargés en vue de faire de cette petite peuplade
hova, peuplade barbare et sans moralité, un vrai
peuple ; de créer une hégémonie hova et de don-
ner aux Hovas, qui sont un million d'àmes au plus,
toutes les populations de Madagascar, populations
de trois millions d'âmes.
Cette idée, je le répète, est fausse, et j'espère
que notre gouvernement n'y persévérera pas
plus longtemps. Mais il n'en résulte pas moins,
dans l'exécution du traité, des difficultés considé-
rables.
L orateur, à l'appui de ce qu'il avance, cite
une série de faits qui en semblent la confir-
mation.
Il rappelle la malheureuse lettre de nos
plénipotentiaires, l'amiral Miot et Patrimonlo;
il déplore que l'escorte de notre résident gé-
néral soit si faible; il affirme que les Hovas
arrêtent sous les yeux de nos soldats des
Sakalaves ou d'autres Indigènes qui nous sont
alliés et les réduisent en esclavage;- il prétend
que des troupes hovas ont été transportées à
prix réduit par nos navires de guerre ou par
les paquebots des Messageries maritimes ; il
demande au président du conseil des explica-
tions, et à la Chambre, un vote favorable aux
intérêts de Madagascar.
M. de Freycinet répond à M. de Mahy :
DISCOURS DE M. DE FREYCINET
Je remercie M. de Mahy de m'avoir fourni l'oc-
casion de dire nettement à cette tribune quelle
est la politique que nous avons suivie et que
nous continuerons à suivre à Madagascar.
il m'a demandé où en était l'exécution du
'traité, et particulièrement quelle conduite nous
ternatietné, dions tenir par rapport à la lettre de MM.
Miot et Patrimonio, dont le gouvernement hova
se servirait pour éluder partiellement le traité
du 17 décembre.
Ma réponse sera très simple et j'espère que la
Chambre la trouvera péremptoire.
Aussitôt notre résident général arrivé à Tana-
narive, c'est-à-dire au mois de mai dernier, nous
l'avons chargé de réclamer des Hovas l'exécution
intégrale du 'traité.
Cette communication a été faite le mois sui-
vant: des pourparlers ont eu lieu : le gourverne-
! ment hova opposait à l'action de M. Le Myre de
Vilers une assez vive résistance et paraissait dis
posé à se retrancher derrière la lettre de MM. Miot
et Patrimonio.
Le 11 août, j'ai envoyé au résident général une
dépêche résumant l'attitude que nous comptions
garder dans cette question.
J'y déclarais nettement que le gouvernement
français ne se considérait pas comme lié par la
lettre de MM. l'amiral Miot et Patrimonio, lettre
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SOCIÉTÉ ANONYME
DU JOURNAL
LE XIXe SIÈCLE
Ayis aux Actionnaires
MM. les Actionnaires sont convoqués
en assemblée générale extraordinaire
pour le 14 décembre 1886, à dix heures
du matin, au siège social, 16, rue Cadet.
ORDRE DU JOUR :
Communication du Conseil d'administra-
tion, relative à la situation de la Société et
aux objets compris aux articles 19 et 48
des statuts.
LE CONSEIL D'ADMINISTRATION.
BULLETIN
La Chambre a terminé, hier, la discus-
sion du budget du ministère des affaires
étrangères. Le chapitre spécial au protec-
torat de Madagascar a donné lieu à un dé-
bat qui a occupé la plus grande partie de
la séance.
M. de Mahy, député de la Réunion, a
provoqué des explications de M. le prési-
dent du conseil au sujet de l'attitude que
le gouvernement compte prendre vis-à-vis
des Hovas.
On lira plus loin la réponse de M. le pré-
sident du conseil, qui nous paraît avoir été
ce qu'elle pouvait être.
Tel n'a pas été, cependant, le sentiment
de la Droite, qui s'est abstenue en masse
au moment du vote. Le crédit n'a été, en
effet, voté que par 285 voix contre 103. Ces
cent trois opposants , qui appartiennent à
l'Extrême-Gauche et à la Gauche radicale,
semblent avoir obéi aux préoccupations
dont l'honorable M. Georges Perin s'est
fait l'écho à la tribune. Ils ont vu ou ont
cru voir, dans les paroles de M. le prési-
dent du conseil la menace d'une expédi-
tion plus ou moins prochaine contre les
Hovas. Le moyen de rendre inutile une
nouvelle démonstration armée n'est pas
celui qu'ont employé les membres de la
Chambre qui ont repoussé la demande de
crédit, ni même ceux qui, suivant le con-
seil de M. de Cassagnac, se sont abstenus
de prendre part au vote.
Il est regrettable que la Chambre n'ait
pas, hier, comme l'année dernière à pa-
reille époque, souligné par la quasi-unani-
mité de son vote les déclarations du gou-
vernement.
Après l'adoption du crédit afférent au
protectorat de Madagascar, la Chambre a
commencé la discussion du budget de la
guerre.
Le Sénat a continué l'examen du projet
, de loi sur le régime des aliénés.
La presse anglaises accueilli avec une
mauvaise humeur marquée les déclara-
tions énergiques faites, ces jours derniers,
à la tribune, par M. de Freycinet. au su-
jet de l'Egypte. Les journaux de Londres
commentent le discours à leur façon et y ré-
pondent par des déclamations sonores qui,
fort heureusement, n'engagent et ne peu-
vent engager que leurs auteurs. Nous
avons donné, hier, quelques extraits des
principaux organes de la presse anglaise ;
la note y était quelque peu adoucie. Elle
est plus accentuée aujourd'hui. Le Mor-
ning Post, entre autres, se montre parti-
culièrement acrimonieux. Il termine une
longue appréciation du discours de M. de
Freycinet par les observations suivantes :
« Personne, en France, ne saurait être
plus impatient devoir cette question égyp-
tienne réglée que ne l'est le gouvernement
anglais lui-même, et la France peut être
assurée qu'aucune pression de sa part ou
de la part de quelque autre puissance, pour
en hâter la solution, n'exercera autant
d'influence sur le résultat final, que les
charges qu'on est obligé d'imposer à nos
contribuables. Mais, ni le gouvernement
anglais, ni le peuple anglais ne céderont,
dans quelque circonstance que ce soit, à
des menaces ou à de l'intimidation relati-
vement au moment opportun de l'éva-
cuation d'un pays pour lequel l'Angleterre
a fait des sacrifices immenses d'hommes
et d'argent. »
Il est impossible de dire plus claire-
ment que l'évacuation n'aurait jamais lieu,
si le Morning Post avait voix au chapitre.
Mais cette opinion, si nettement exprimée,
est celle du Morning Post, sans plus, et
nous ne pensons pas que le gouvernement
anglais, dans les réponses qu'il aura à
faire à la France et aux puissances inté-
ressées, soit assez mal avisé pour s'inspi-
rer du langage imprudent de quelques
journaux.
L'arrogance de certains organes de la
presse anglaise, à l'égard de la France,
contraste singulièrement avec les cajole-
ries intéressées qu'ils prodiguent à l'Italie.
Le même Morning Post ne trouve pas de
termes assez élogieux pour apprécier le
discours du comte Robilant sur la politi-
que extérieure de l'Italie. Il pousse la
flatterie à l'égard du gouvernement italien
jusqu'à en faire l'arbitre de l'Europe : « Le
sort de la paix ou de la guerre est dans
les mains de l'Italie, qui dispose d'une
armée puissante et disciplinée et d'une des
plus belles flottes du monde, etc. »
Le Globe met encore moins de discré-
tion dans ses invites à l'alliance anglaise.
Le mot n'y est pas, mais l'idée s'y trouve
exprimée en termes aussi clairs que pos-
sible :
« Une franche amitié avec l'Italie, qui
est une puissance méditerranéenne, n'a
jamais eu plus de prix pour l'Angleterre
que dans les circonstances actuelles, et
l'histoire ainsi que les sentiments sont
d'accord pour resserrer les liens entre les
deux Etats. »
La France ne serait-elle plus une puis-
sance méditerranéenne au même titre que
l'Italie? Si oui, pourquoi l'Angleterre au-
rait-elle plus d'intérêt à gagner l'amitié
de l'Italie qu'à compromettre ses bonnes
relations avec la France ?
Les déconvenues des Italiens à Mas-
souah, où ils s'étaient laissé entraîner par
les Anglais, les déceptions de toute sorte
qu'ils ont éprouvées en Afrique quand ils
se sont mis à la remorque de leurs nou-
veaux amis ont dû leur inspirer quelque
défiance sur la valeur de l'alliance an-
glaise. Ils sont trop avisés pour se laisser
tromper par les séductions de la politique
britannique et ils connaissent trop bien
l'histoire de la Grande-Bretagne pour ne
pas comprendre que l'Italie ne peut pas
être, à la fois, partie contractante dans
l'alliance des trois empereurs et liée à
l'Angleterre par des relations d'amitié
étroite.
LOUIS HENRIQUE.
INFORMATIONS PARTICULIERES
Conseil des ministres
Les ministres ont tenu conseil hier matin à
l'Elysée, sous la présidence de M. Jules
Grévy.
M. Granet, ministre des postes et télégra-
phes, encore indisposé, n'assistait pas à la
délibération.
M. Sarrien, ministre de l'intérieur, a rendu
compte des faits qui se sont produits diman-
che dans la salle du Tivoli-Vauxhall.
M. Sarrien a soumis à la signature du pré-
sident de la République un décret aux termes
duquel le conseil municipal de Beaumetz-les-
Loges (Pas-de-Calais) est dissous. Ce conseil
municipal, divisé en deux parties égales, n'a-
vait pu arriver à établir son budget.
M. Goblet, ministre de l'instruction publi-
que et des beaux-arts, a entretenu ses collè-
gues d'une délibération de la commission des
monuments historiques au sujet du Mont-
Saint-Michel, dont l'état de dégradation exige
des réparations immédiates.
Les ministres se sont ensuite occupés de
leurs budgets respectifs et des amendements
déposés à chacun d'eux.
Le ministère du commerce et de l'industrie
On a annoncé qu'un certain nombre de dé-
putés appartenant à la Droite de la Chambre
avaient résolu, d'accord en cela avec quel-
ques députés républicains, de demander la
suppression du ministère du commerce et de
l'industrie ou son rattachement au ministère
de l'agriculture.
Il est à peine nécessaire de faire remarquer
combien cette proposition serait ridicule. S'il
avait jamais été , question de supprimer un
ministère, ce n'est pas au moment où les
questions relatives au commerce et à l'indus-
trie ont pris dans notre pays une importance
si capitale, qu'il serait possible de se priver
de ce département qui, en outre, est chargé,
comme on sait, de l'organisation et du fonc-
tionnement de l'Exposition de 1889.
Notre résident à Tunis
M. Massicault, le nouveau résident général
de France à Tunis, est attendu vendredi pro-
chain à Paris, venant de Lyon. Il ira prendre
possession de son poste dans la première
quinzaine du mois de décembre.
Convocation d'électeurs
Les électeurs du canton d'Aubigny (Pas-de-
Calais) sont convoqués pour le dimanche 19
décembre, à l'effet de nommer leur représen-
tant au conseil général.
Les électeurs des cantons de Lavoulte (Ar-
dèche), de La-Ferté-Vidame (Eure-et-Loir), de
Mauvezin (Gers), de Pouance (Maine-et-Loire)
et de Boulogne (Nord), sont également convo-
qués pour le 19 décembre, pour nommer leurs
représentants au conseil d'arrondissement.
QUESTIONS DU JOUR
M. CLÉMENCEAU
M. Clémenceau, selon toute probabi-
lité , n'échappera pas plus à la respon-
sabilité d'une présidence du conseil que
n'y a échappé M. Gambetta. Son in-
fluence agrandi dans la Chambre. Quand
on est devenu un chef de parti impor-
tant au sein d'une République parlemen-
taire, quand on y tient même souvent
le sort des cabinets dans sa main, on
doit s'attendre à être un jour sommé de
prendre le gouvernement en charge.
Suivant le cours naturel des choses, M.
Clémenceau est donc destiné à devenir
premier ministre. Il a sans doute des
idées arrêtées sur de tels devoirs et un
si grand rôle; mais nous ne les connais-
sons pas, et nous constatons simple-
ment que M. Clémenceau se trouve au-
jourd'hui dans la situation d'un homme
d'Etat qui doit se préparer à la direc-
tion des affaires publiques. Il y a donc
tout lieu de penser qu'il y songe , car il
serait imprudent s'il ne s'y préparait
point. Sa conduite, ses discours, ses vo-
tes en deviennent plus intéressants à
observer. C'est ce que l'on fait, et ceux
qui ont suivi avec attention l'honorable
chef de l'Extrême-Gauche, depuis l'ou-
verture de la session d'automne, ne se
sont pas livrés à cette étude sans quel-
que surprise.
M. Clémenceau, en effet, n'a cessé de
se poser en ami du cabinet ; il semble
avoir admis comme une incontestable
vérité que le ministère Freycinet est
celui dont la composition répond le
mieux à la situation politique ; que la
Chambre ne le renverserait point sans
qu'il en résultât des embarras fort gra-
ves, et enfin que, si un tel accident
arrivait, il faudrait sans doute, en atten-
dant une future consultation du suffrage
universel, trouver le moyen de former
quelque autre ministère mixte aussi
lIapproché que possible du modèle offert
par - le cabinet actuel. Ce serait sans
doute une œuvre difficile, attendu que
l'impossibilité de trouver pour la prési-
dence du conseil un second Freycinet
est presque évidente. Il est donc vrai-
semblable, car il n'y a pas une seule
bonne raison en faveur du contraire,
que M. Clémenceau ne doit pas désirer
la chute de M. de Freycinet, et qu'au
contraire il doit la considérer comme
une éventualité regrettable et embar-
rassante. Mais c'est ici que l'on aura
quelque peine à comprendre la conduite
du chef de l'Extrême-Gauche à l'endroit
du président du conseil.
Cette conduite diffère, en effet, quant
aux paroles et quant aux actes. M. Clé-
menceau, qui se montra toujours si
agressif envers les chefs des précédents
ministères, n'a jamais témoigné, au
moins durant ce ministère-ci, que des
sentiments aimables et presque affec-
tueux à M. le président du conseil, qui,
d'ailleurs, ne demeure pas en reste de
politesse. M. Clémenceau lui parle en
ami, l'écoute en ami, l'applaudit en
ami ; seulement, — et c'est ici que
beaucoup de gens sont surpris de ce
léger écart de logique, — il ne vote pas
toujours en ami. Que de fois n'a-t-il pas
montré de combien d'estime il entou-
rait le président du conseil et combien
de regret il éprouverait si M. de Freyci-
net prenait de travers les contradictions
émanant de ses plus loyaux soutiens,
des hommes dévoués de l'Extrême-
Gauche! Mais, si l'on passe au vote, il
arrive assez fréquemment, comme par
un changement soudain de scène, que
M. Clémenceau met dans l'urne un bul-
letin contraire au gouvernement. C'est
ce qu'il a fait avant-hier pour le budget
des protectorats, après que M. de Frey-
cinet eut clairement résumé son dis-
cours par ces paroles : « Si la Chambre
exprimait sa volonté d'évacuer le Ton-
kin, le ministère ne saurait s'y asso-
cier. » Or, sans aller jusqu'à la patrio-
tique déclaration du président de la
Gauche radicale, M. Clémenceau n'au-
rait-il pas pu s'abstenir, au moins?
C'eût été un moyen de réserver son
opinion, sans danger pour le cabinet, et
je ne crois pas, au contraire, que les
soixante-douze républicains qui, dans
ce vote, ont emboîté le pas au parti
Jolibois - La Rochefoucauld - Cassagnac
auraient eu de quoi se féliciter si, par
hasard, ils se fussent trouvés en un peu
plus grand nombre et qu'ils eussent
assommé le ministère en compagnie avee
ces messieurs de la Droite.
Nous connaissons la théorie qu'on a
cru pouvoir tirer naguère des fréquen-
tes déclarations d'amitié adressées par
le chef de l'Extrême-Gauche à l'honora-
ble président du conseil. Elles sem-
blaient équivaloir à cette idée : « Nous
sommes de si bons amis, que nous ne
pouvons pas nous fâcher avec vous, et
quand nous votons contre vous, ce n'est
qu'un avertissement qui n'a pas d'autre
conséquence. D'ailleurs, de qui rece-
vrait-on de bons avertissements si ce
n'était de bons amis? Aucun ministère
ne nous est plus cher que le vôtre, te-
nez-vous-le pour dit, et tablez là-dessus
pour ne pas vous fâcher quand il nous
arrive de renverser vos projets. » Je
ne sais trop si l'on doit traiter ce rai-
sonnement de consolateur ; mais ne
trouvez-vous pas que le ministère est
allé déjà jusqu'au bout dans la voie de
l'abnégation? Ne pensez-vous pas que,
s'il y persistait, il ne lui resterait bien-
tôt plus ombre d'autorité ni de dignité ?
Et dans un scrutin tel que celui de lundi,
quand la Chambre vote sur l'expresse
déclaration du président du conseil qui
annonce la démission du cabinet s'il
n'obtient pas la majorité, croyez-vous
que des députés qui se déclarent amis
et protecteurs du cabinet aient mérité
de conserver ce titre quand ils ont voté
contre lui, avec tous les réactionnaires,
au risque de le mettre en pièces ?
Il faut prendre garde ici à la péril-
leuse théorie que nous voy .ns poindre.
Si nous tentions de lire entre les lignes,
nous trouverions à peu près ceci comme
idée dominante dans la politique pré-
sente de l'Extrême-Gauche : « Le mi-
nistère actuel nous convient parce que
le Parlement actuel n'en saurait pro-
duire un autre qui nous convînt mieux.
Nous sommes donc ses amis et nous
lui ferons autant d'amabilités qu'il dé-
pendra de nous ; seulement, nous ne lui
ferons aucun sacrifice. — Mais, dira le
président du conseil, que voulez-vous
que le cabinet devienne et que lui ser-
vira votre amitié si vous le mettez en
minorité à tout moment ? — Ces minori-
tés ne compteront pas, puisque, lorsque
nous voterons contre vous, nous décla-
rerons que vous n'en conservez pas
moins notre bienveillance. — Mais quel
crédit nous restera-t-il si nous n'avons
plus de majorité ? Qui comprendra, qui
approuvera un pareil revirement du ré-
gime parlementaire, un tel mépris des
lois constitutionnelles? Que devien-
drions-nous ? Des commis chargés d'en-
registrer et d'exécuter les ordres les
plus contradictoires, au gré des fluctua-
tions de la Chambre. » Sur ces der-
nières questions, qui découlent pourtant
du cœur même du sujet, nous n'avons
jusqu'ici entendu aucune réponse ; mais
cela ne les empêche pas de se poser de
façon si formelle et si claire, qu'elles
nécessiteront de nettes explications au
public.
Est-ce le régime conventionnel que
l'on rêve à l'Extrême-Gauche ? Il fau-
drait faire une révolution constitution-
nelle, alors ; mais qui s'y prêtera? D'au-
tre part, ce qui est certain, c'est qu'on
jouerait avec le suffrage universel une
partie redoutable, en essayant de reve-
nir au régime conventionnel par n'im-
porte quels détours. Mais, pour nous
en tenir au cabinet actuel, qu'en veut-on
faire? Sans sortir de la période des mo-
ments prochains, une question, entre
plusieurs autres, commence à piquer la
curiosité publique. Si, selon l'hypothèse
probable, M. Clémenceau était appelé,
dans quelque temps, à la présidence du
conseil, s'accommoderait-il pour lui-
même de la politique qu'il trouve bonne
pour M. de Freycinet? et accueillerait-
il avec un sourire reconnaissant les dé-
putés républicains qui, votant contre
lui en vingt importantes occasions, le
complimenteraient à peu près ainsi :
« Cher ministre, nos votes n'altèrent
en rien notre estime ; ils ne comptent
pas contre vous ; au contraire, nous ne
vous en aimons que davantage et nous
tenons, par-dessus tout, à vous conser-
ver dans la présidence du conseil! »
J'aimerais bien savoir ce que répon-
drait M. Clémenceau à une députation
de cette sorte, et je pense pouvoir ex-
primer ce simple désir sans être taxé
de journaliste trop indiscret. Quoi qu'il
en soit, on ne trouvera point qu'en
adoptant la pratique où il paraît se
complaire à l'égard du ministère actuel,
l'honorable chef de l'Extrême-Gauche
travaille, pour l'avenir, à faciliter sa pro-
pre tâche.
EUG. LIÉBERT
LES CREDITS DE MADAGASCAR
La discussion qui s'est engagée à la
Chambre, à propos des crédits de Mada-
gascar, a été conduite d'une façon tout
autre que celle des crédits du Tonkin.
Pour ces derniers, le débattait entre les
partisans de l'évacuation immédiate ou
progressive et les partisans du statu quo.
Pour Madagascar, le débat s'est établi en-
tre les partisans de l'état de choses créé
par le traité du 17 décembre 1885 et les
partisans d'une action plus énergique. Si
les adversaires de la politique coloniale
ont mis leurs bulletins blancs dans l'urne,
ils l'ont fait silencieusement. Une seule
protestation s'est fait entendre à la tribune,
celle de M. Georges Perin, qui a combattu
les crédits demandés pour Madagascar
par des raisons analogues à celles qu'il
avait invoquées, la veille, contre le Ton-
kin.
Les motifs allégués par M. de Mahy et
par M. Freppel pour engager le gouverne-
ment à modifier sa politique à l'égard des
Hovas témoignent assurément chez les
honorables orateurs un très vif souci de
la dignité de la France, et leur émotion
serait parfaitement justifiée, si les faits
étaient tels qu'ils les croyaient. Mais il faut
reconnaître que les explications très nettes
de M. de Freycinet ont singulièrement
réduit l'importance des incidents signalés
par eux et qu'elles ne laissent planer au-
cune inquiétude sur notre situation à Ma-
dagascar. Il est certain que les Hovas
n'ont pas toujours eu l'intention de respec-
ter scrupuleusement le traité du 17 dé-
cembre. La lettre de MM. Miot et Patri-
monio, qui, sous prétexte de commenter
ce traité, en affaiblissait la portée jusqu'à
en faire un instrument sans valeur, four-
nissait aux Malgaches un moyen, qu'ils
n'étaient pas disposés à négliger, d'éluder
les stipulations du traité.
Mais le gouvernement français et le ré-
sident général ont montré qu'ils étaient
résolus à faire respecter la signature de la
France, et la fermeté de leur attitude a
convaincu les Hovas de l'inutilité de leur s
efforts. Le revirement qui s'est opéré chez
nos protégés est dépeint d'une façon sai-
sissante dans une dépêche de M. Le Myre
de Vilers, du mois d'octobre : « Lors de
mon arrivée, nous étions à peine tolérés ;
ensuite, nous avons été respectés ; nous
commençons maintenant à être redoutés. »
Depuis lors, rien dans la conduite du
gouvernement français ou de son repré-
sentant n'a pu modifier ces heureuses
dispositions. Notre conduite a été telle, au
contraire, qu'elle n'a pu que confirmer les
Hovas dans notre volonté de faire respec-
ter le traité, et les plus récents télégram-
mes du résident général montrent, en
effet, que la situation est en voie de pro-
grès et écarte toute pensée d'inquiétude.
Les paroles prononcées hier par le pré-
sident du conseil ne sont pas de nature à
faire concevoir aux Hovas l'espérance d'un
changement dans l'attitude de la France.
M. de Freycinet a affirmé une fois de plus
ses intentions bienveillantes ; mais il a fait
entendre en même temps des avertisse-
ments qui, pour être donnés sous une
forme bourtoise, ne sont pas moins nets,
et il a très clairement déclaré que s'il ac-
ceptait l'hypothèse d'une certaine lenteur
dans les progrès de notre établissement à
Madagascar, s'il comprenait que le traité
ne pût que progressivement arriver à pro-
duire^son plein effet, il n'admettait pas la
pensée d'un recul ni même d'une lenteur
trop considérable, et que, si les moyens
moraux ne dennaient pas des résultats sa-
tisfaisants dans un délai donné, il n'hési-
terait pas à recourir à d'autres moyens.
La Chambre a donné son adhésion à ces
vues. Une majorité un peu plus considé-
rable que celle qui avait voté la veille les
crédits du Tonkin s'est formée pour voter
les crédits de Madacascar. La Droite, qui,
la veille, s'était jointe à la minorité, s'est
abstenue cette fois, montrant ainsi que si
elle n'allait pas, en ce moment, jusqu'à
prêter son concours au gouvernement,
elle ne le lui refusait cependant pas systé-
matiquement, mais qu'elle se tenait sur
la réserve. Si cette attitude n'a pas une
grande importance au point de vue politi-
que, en ce qui concerne le classement des
partis dans la Chambre, elle est signifi-
cative quant aux affaires de Madagascar.
Le jour où les éventualités indiquées par
M. de Freycinet viendraient à se réaliser,
ceux qui se sont abstenus hier sortiraient
de leur réserve et n'hésiteraient sans
doute pas à prêter leur appui au gouver-
nement. Mais nous avons le ferme espoir
que ces prévisions ne se réaliseront pas,
et que les Hovas, comme ceux qui vou-
draient les exciter contre nous, se tien-
dront pour avertis par les déclarations
très fermes et très précises du gouverne-
ment, et par l'accueil que la Chambre a
fait à ces déclarations.
LA VIE DE PARIS
-
J'entends dire sur le boulevard :
« Avez-vous lu le procès de lady Camp-
bell ? Voilà qui est fort amusant ! « En
réalité, ce procès est une triste chose.
Mais, il faut bien le reconnaître, les An-
glais sont si désagréables avec nous,
qu'on ne peut se défendre de ce senti-
ment, mauvais en soi, mais bien excu-
sable, qui nous fait trouver quelque plai-
sir à leurs maux. Nous avons donné les
dépêches qui tiennent le public au cou-
rant de ce procès, que personne n'ignore-
ra en Europe. Mais ceci ne peut pas nous
empêcher de résumer le débat, aussi
honnêtement que faire se pourra.
Lord Campbell est un fort grand per-
sonnage dans le monde. Il est le fils du
duc d'Argyll, dont les aïeux furent les
maîtres de l'Ecosse. Son père occupe
ou a occupé en Angleterre les plus hau-
tes charges publiques et de cour.
Le frère de lord Campbell est le mar-
quis de Lorne, gendre de la reine Vic-
toria et qui fut gouverneur du Canada.
Il y a quatre ou cinq ans, lord Campbell
rencontra dans le monde une jeune Ecos-
saisse, miss Blood, assez riche, mais
surtout merveilleusement belle. Il en de-
vint amoureux et l'épousa. Mais cette
union, qui devait être si malheureuse et
de si courte durée, fut retardée à plu-
sieurs reprises. Lord Campbell dut ex-
pliquer « délicatement» à sa fiancée que
son état de santé ne lui permettait pas
de se marier. Et même, le mariage con-
clu, il ne put être consommé qu'assez
tardivement. Lady Campbell resta Mlle
Blood plus longtemps qu'il n'est ordi-
naire entre amoureux.
Encore le mari n'avait-il pas assez at-
tendu ! Atteint d'un mal que les Anglais
appellent peut-être encore « le mal fran-
çais », il le communiqua à sa jeune
femme ; le médecin de celle-ci dut lui
révéler la triste vérité, qui n'est point
niée, car toutes ces choses ont été ra-
contées, avec une extrême crudité, de-
vant les juges de la Cour des divorces,
sans huis clos. Frappée dans ses illu-
sions et dans sa personne, lady Camp-
bell. obtint une séparation de corps.
C'est à partir de ce moment que son
mari, très vexé, chercha à rassembler
les éléments d'une demande en divorce
qui pût tourner à son avantage. Il sur-
veilla sa femme, qui avait pris, de son
côté, une certaine liberté d'allures. Un
beau jour même, peu au courant de
nos lois, il écrivit au président de notre
conseil municipal, pendant un séjour de
lady Campbell à Paris, pour lui deman-
der de faire enfermer sa femme à Saint-
Lazare. Excusez du peu! Entre temps,
il accusait lady Campbell d'avoir pris son
médecin pour amant. Mais celui-ci, de
son côté, accusait lord Campbell d'agir
ainsi pour se venger de la loyauté qu'il
avait mise à éclairer sa cliente sur son
état, établissait qu'il n'avait eu avec elle
que des - intimités professionnelles et
faisait un bon procès au mari.
Lord Campbell, d'ailleurs, veut absolu-
ment qu'il soit établi qu'il est un mari
trompé, et il est possible qu'il y réus-
sise. Il a assigné, comme complices de
sa femme, le duc de Marlborough suivi
de quatre-z-officiers, comme dans la
chanson. Parmi ceux-ci, figure le capi-
taine des pompiers de Londres, qui a
déjà paru dans un procès de ce genre,
bel homme, paraît-il, qui pourrait dire
à peu près comme le héros de Racine :
Allumant plus de feux que je n'en èteiqnis !
Et à l'appui de ses 'accusations, lord
Campbell appelle en témoignage la do-
mesticité et quelques-unes de ces fem-
mes, amies des familles, qu'on a déjà
vues jouer un rôle si singulier dans le
procès de sir Charles Dilke. Les laquais,
qui avaient toujours l'œil au trou de la
serrure ou au carreau des cabs, préten-
dent que lady Campbell a été familière
avec les gentlemen de son entourage.
Mais on établit, d'autre part, par la dé-
position d'une dame qui aimait fort à
fourrer son nez partout, que lord Camp-
bell était aimable avec une jolie bonne.
Sur quoi, la jolie bonne, effrontément,
apporte à la barre un certificat de mé-
decin — un de ces certificats qui ont
rendu célèbre et ridicule une actrice
de Paris — d'où il résulte que lord
Campbell a gardé avec elle une - réserve
qu'il eût bien fait d'avoir toujours !
Tel est ce prodigieux scandale, qui
touche aux plus nobles familles de l'An-
gleterre et à la cour même de sa
gracieuse Majesté. A Londres, l'op-
position s'en empare, trouvant là une
revanche du procès de sir Charles
Dilke, procès qui sera d'ailleurs revisé.
Et ce scandale remet sur le tapis bien
d'autres histoires, les révélations de la
Pall-Mall Gazette, d'autres cancans en-
core, plus ou moins avérés, mais d'où
il résulte certainement que les mœurs
de la gentry anglaise ne valent pas
mieux, pour le moins, que celles des
autres pays. Pour moi, je pense que les
hommes sont à peu près les mêmes par-
tout. La richesse, l'oisiveté, qu'elles
viennent, comme dans les aristocraties,
de la source des héritages, ou, comme
dans les démocraties, des fortunes ra-
pidement faites, ont partout des résul-
tats très semblables. Les civilisations
avancées sont toujours un peu pour-
ries. Parallèlement à la grande culture
intellectuelle, à l'amour des arts, à une
certaine moralité même qui empêche
surtout les crimes violents, on voit naî-
tre et se développer l'amour du luxe,
des plaisirs, la curiosité des sensations
raffinées surtout. Cela est fatal et c'est
l'histoire universelle de toutes les civi-
lisations. Nous devrions donc nous at-
trister de tout scandale qui se fait jour
en Europe, en nous disant philosophi-
quement : hodie tibi cras, mihi. L'in-
dulgence serait prudence.
Cependant, je le répète, tous ces
épouvantables scandales qui éclatent
successivement en Angleterre, entre-
coupés d'actes de violence populaire et
de désordres assez graves, nous font
plus de plaisir que de peine. Il faut en
chercher la raison ailleurs que dans no-
tre tempérament, qui est, en général,
bienveillant. C'est que les Anglais, si
grands par tant de côtés ou si intéres-
sants, ont deux défauts qui répugnent à
nos mœurs et à notre esprit. On ne sau-
rait dire chez eux, ce qui l'emporte de
l'orgueil ou de l'hypocrisie, qui se met-
tent d'accord pour attribuer aux autres
nations toutes sortes de défauts et de
vices ! On l'a vu au procès de sir Charles
Dilke. Quand il s'est agi de désigner des
habitudes fâcheuses attribuées, à tort
peut-être, à l'homme d'Etat, les avocats,
sans vergogne, ont qualifié ces habitu-
des de « vices français ». Les Anglais
ne font jamais autrement. La répression
dans l'Inde leur paraît naturelle; au Ton-
kin, ils nous accusent de cruauté, parce
qu'on fusille les pirates. Ils disent vo-
lontiers que Paris est une Babylone, une
Gomorrhe et une Sodome. Et il n'est
personne qui ne sache que les mœurs
anglaises sont très corrompues et qui
n'abonde en anecdotes pour le démon-
trer. Ils crient contre notre littérature,
trop libre, j'en conviens. Mais on n'i-
gnore pas que les livres obscènes, fa-
briqués en Belgique ou en Allemagne,
n'ont pas de débit égal, dans le monde
entier, au débit de l'Angleterre. Et sur
tout cela, les Anglais, contrairement à
nous qui nous vantons presque de cer-
tains défauts, jettent un voile pudique,
un rideau, derrière lequel les acteurs
sont plus libres que sur la scène. Aussi
on rit quand le rideau se déchire et,
pour parler comme l'Evangile à propos
du peuple qui le lit le plus et le pratique
le moins, on est content quand la' paille
que les Anglais ont dans l'œil grossit à
l'égal de la poutre qu'ils voient toujours
,- dans l'œil d'autrui !
HENRY FOUQUIER
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Adoption du budget des affaires étrangères. -
Les crédits pour Madagascar. — Discussion
du budget de la guerre.
Les créoles de la Réunion peuvent se flatter
d'avoir, en M. de Mahy, un champion ardent
et dévoué de leurs intérêts. Si les riches ter-
res de Madagascar, sur lesquelles Ils fixent
depuis si longtemps des regards de convoi-
tise, ne deviennent pas leur proie, ce n'est
pas la faute de leur représentant.
Ils n'auront pas davantage à s'en prendre
à M. Freppel. L'évêque et le député-colon ont
fait valoir les droits de la France sur la -
grande île africaine avec une âpreté, un
acharnement qui surprendraient, si l'on ne
savait à quelles préoccupations de deux Dr-
dres complètement différents Ils obéissent.
Dès le début, M. de Mahy se montre vio-
lent :
Toutes les correspondances, dit-il, qui nous ar-
rivent de Madagascar depuis le vote du traité du
17 décembre, représentent la situation de la France
comme s'étant constamment empirée depuis cette
date.
Les derniers courriers nous représentent cette
situation comme devenue très mauvaise. Ils con-
firment pleinement tous les faits apportés hier à
la tribune par M. Boissy-d'Anglas. Presque toutes
ces correspondances laissent percer la pensée
que les choses, là-bas, sont conduites, inconsciem-
ment sans doute, de telle sorte que l'on aboutira,
à un moment donné, à l'abandon volontaire ou
forcé de nos droits sur la grande île.
Cette persuasion, qu'à un moment donné tout
finira par un abandon, trouble nos nationaux, les
inquiète, favorise la résistance du premier mi-
nistre hova et les entreprises de nos ennemis.
Elle est entretenue en Europe par tous les adver-
saires de notre expansion coloniale ; elle est pro-
pagée par la presse, notamment par la presse an-
glaise.
- Cette persuasion vient en partie d'une notion
erronée, d'une idée fausse dont notre gouverne-
ment s'est inspiré dans les négociations de ce
traité et dans laquelle il paraît vouloir persévé-
rer.
Cette idée fausse consiste à considérer que la
mission de la France à Madagascar n'est pas de
travailler pour elle-même, que c'est en quelque
sorte une mission providentielle dont nous serions
chargés en vue de faire de cette petite peuplade
hova, peuplade barbare et sans moralité, un vrai
peuple ; de créer une hégémonie hova et de don-
ner aux Hovas, qui sont un million d'àmes au plus,
toutes les populations de Madagascar, populations
de trois millions d'âmes.
Cette idée, je le répète, est fausse, et j'espère
que notre gouvernement n'y persévérera pas
plus longtemps. Mais il n'en résulte pas moins,
dans l'exécution du traité, des difficultés considé-
rables.
L orateur, à l'appui de ce qu'il avance, cite
une série de faits qui en semblent la confir-
mation.
Il rappelle la malheureuse lettre de nos
plénipotentiaires, l'amiral Miot et Patrimonlo;
il déplore que l'escorte de notre résident gé-
néral soit si faible; il affirme que les Hovas
arrêtent sous les yeux de nos soldats des
Sakalaves ou d'autres Indigènes qui nous sont
alliés et les réduisent en esclavage;- il prétend
que des troupes hovas ont été transportées à
prix réduit par nos navires de guerre ou par
les paquebots des Messageries maritimes ; il
demande au président du conseil des explica-
tions, et à la Chambre, un vote favorable aux
intérêts de Madagascar.
M. de Freycinet répond à M. de Mahy :
DISCOURS DE M. DE FREYCINET
Je remercie M. de Mahy de m'avoir fourni l'oc-
casion de dire nettement à cette tribune quelle
est la politique que nous avons suivie et que
nous continuerons à suivre à Madagascar.
il m'a demandé où en était l'exécution du
'traité, et particulièrement quelle conduite nous
ternatietné, dions tenir par rapport à la lettre de MM.
Miot et Patrimonio, dont le gouvernement hova
se servirait pour éluder partiellement le traité
du 17 décembre.
Ma réponse sera très simple et j'espère que la
Chambre la trouvera péremptoire.
Aussitôt notre résident général arrivé à Tana-
narive, c'est-à-dire au mois de mai dernier, nous
l'avons chargé de réclamer des Hovas l'exécution
intégrale du 'traité.
Cette communication a été faite le mois sui-
vant: des pourparlers ont eu lieu : le gourverne-
! ment hova opposait à l'action de M. Le Myre de
Vilers une assez vive résistance et paraissait dis
posé à se retrancher derrière la lettre de MM. Miot
et Patrimonio.
Le 11 août, j'ai envoyé au résident général une
dépêche résumant l'attitude que nous comptions
garder dans cette question.
J'y déclarais nettement que le gouvernement
français ne se considérait pas comme lié par la
lettre de MM. l'amiral Miot et Patrimonio, lettre
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