Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-11-04
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 04 novembre 1886 04 novembre 1886
Description : 1886/11/04 (A17,N5412). 1886/11/04 (A17,N5412).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Dix-septième année. - NI 541.
Prix du numéro : Paris et Départements : 15 centimes
Jeudi 4 novembre 1886
-
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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6, place de la Bourse, 6
Nous appelons Vattention de nos lec-
teurs sur notre tableau de la Bourse, qui
vient d'être entièrement modifié. Il est
maintenant plus complet que dans aucun
autre journal, il contient toutes les va-
leurs journellement cotées. Parmi les
innovations que nous y avons intro-
duites , nous signalerons, notamment,
l'indication des intérêts et dividendes
réservés ou garantis aux actions des
Compagnies de chemins de fer par les
dernières conventions. Nous avons éga-
lement spécifié les obligations qui jouis-
sent de garanties, et les remboursements
différents de cinq cents francs.
BULLETIN
La Chambre des députés reprend au-
jourd'hui le cours de ses séances par la
discussion du budget. S'il n'est rien changé
aux habitudes prises, cette discussion va
être interrompue, dès le second jour, par
le congé du vendredi. Il serait désirable
que la Chambre renoncât à ce chômage
bi-hebdomadaire, que rien ne saurait jus-
tifier dans les circonstances présentes. Le
temps presse, les débats sur le budget
paraissant devoir être longs autant que
passionnés. On peut s'attendre à ce que la
Droite prolonge, autant qu'il sera en son
pouvoir, la discussion ; elle usera et abu-
sera du droit qu'elle a de soulever, à pro-
pos du budget, toutes les questions d'or-
dre politique et économique ; elle multi-
pliera les incidents, cela n'est pas douteux,
et nous verrons ses orateurs refaire les
discours, vingt fois faits, sur la politique
coloniale, sur l'enseignement primaire,etc.
A ce jeu, la discussion menace de s'éterni-
ser, et si, par surcroît, la Chambre ne siège
que cinq jours par semaine, elle se trou-
vera acculée aux derniers jours du mois
de décembre sans avoir achevé le vote de
la loi de finances. Nous insistons donc,
une fois de plus, pour que l'on revienne
à l'ancien usage de siéger le vendredi, au
moins jusqu'à la fin de la session extraor-
dinaire.
Une dépêche de New-York nous fait
connaître les résultats définitifs du scru-
tin qui vient d'avoir lieu pour l'élection
du maire de New-York. M. Hewitt est élu
par 90,296 voix. Ses deux concurrents, M.
George et M. Roosevelt, ont obtenu, l'un
67,000 voix, l'autre 60,000, en chiffres
ronds.
M. Hewitt, candidat des démocrates, est
un homme qui jouit, aux Etats-Unis, de
l'universelle considération. Il appartient
au parti actuellement au pouvoir et est
l'ami du président récemment élu, M.
Cleveland.
M. Henry George, candidat des socialis-
tes, est un écrivain des plus distingués et
l'auteur d'un livre intitulé : Progress and
Poverty, qui a eu un immense succès dans
tous les Etats de l'Union américaine. Aussi
bien, les idées socialistes, dont M. George
est le défenseur ardent autant que con-
vaincu, n'empruntent rien aux doctrines
révolutionnaires dont les émeutiers exo-
tiques de Chicago se sont constitués les
apôtres. Dans l'ordre économique, M.
George est libre-échangiste, à l'inverse de
son heureux concurrent, qui appartient à
l'école protectionniste.
Quant au troisième candidat, M. Roose-
velt, il est républicain.
La victoire du parti démocratique sur le
parti républicain, dans l'élection de New-
York, est décisive : entre les concurrents
de l'un et l'autre parti, il y a un écart de
trente mille voix. Il ne faudrait cependant
pas donner à ce succès de M. Hewit, une
signification qu'il n'a pas, à ne considérer
que les principes politiques des deux can-
didats. Les mots « démocrate » et « répu-
blicain » n'ont plus le sens tranché qu'on
pouvait leur donner avant la guerre de
Sécession de 1861 entre les Etats du Nord
et du Sud, c'est-à-dire entre les abolition-
nistes et les esclavagistes. Les démocrates
ne représentent plus, aujourd'hui, les idées
antilibérales, antihumaines qui les ont
poussés à une guerre fratricide de quatre
années.
La dernière revision de la Constitution a
également enlevé toute raison d'être à
l'opposition du parti qui avait pris pour
devise l'autonomie des Etats.
Enfin, l'avènement au pouvoir de M. Cle-
veland, un démocrate, a rendu un peu
vaine la querelle qui divise les républi-
cains et les démocrates sur la question de
la réforme des services publics. M. Cleve-
land, en effet, a rompu définitivement
avec l'usage traditionnel en vertu duquel
un nouveau président congédiait tous les
fonctionnaires publics, pour faire place à
sa clientèle personnelle. M. Cleveland a
usé très sobrement de ce droit « d'épura-
tion », comme nous disons en France, en
sorte que les républicains n'ont pas, de
ce chef, de grief à articuler contre le parti
démocratique. Sur le terrain économique,
il n'y a pas, non plus, de nuance aussi
marquée qu'autrefois. Il y a des protec-
tionnistes et des libre-échangistes dans
les deux camps, suivant qu'il s'agit de pro-
ducteurs ou d'industriels, c'est-à-dire sui-
vant les régions.
Peut-être faut-il chercher l'explication
de la victoire remportée à New-York par
M. Hewitt uniquement dans ce fait, que le
démocrate représentait les idées protec-
tionnistes chères aux grands industriels de
l'Etat de New-York.
Ajoutons que les élections pour les
Chambres législatives d'Etats ont donné
des résultats favorables au parti républi-
cain dans un grand nombre d'Etats. On
peut, dès à présent, prévoir que, dans le
prochain Congrès, la majorité démocrati-
que se trouvera réduite de façon sensible.
Louis HENRIQTJE.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Le conseil d'aujourd'hui
Le conseil qui se tient le jeudi a lieu, ha-
bituellement, au ministère des affaires étran-
gères, sous la présidence de M. de Freycinet.
Le conseil d'aujourd'hui se tiendra, par
exception, à l'Elysée, sous la présidence de
M. Grévy.
Le successeur de M. Baïhaut
M. de Freycinet a vu, hier, dans la matinée,
un certain nombre de personnages politiques.
lia conféré notamment avec M.Devès, sénateur
du Cantal, et M. Adolphe Cochery, député du
Loiret. Le président du conseil a également
conféré avec quelques-uns de ses collègues ;
mais le successeur de M. Baïhaut au minis-
tère des travaux publics n'est pas encore dé-
signé.
MM. Devès et Cochery ont refusé l'un et
l'autre, pour des raisons diverses, le porte-
feuille des travaux publics.
Le nom de M. Edouard Millaud, sénateur du
Rhône, a alors été mis en en avant. M. Edouard
Millaud, rapporteur général du budget et
membre de l'Union républicaine du Sénat, a
les plus grandes chances de devenir le succes-
seur de M. Baïhaut.
Toutefois, M. Millaud, absent de Paris et
consulté par dépêche, n'a pas encore fait con-
naître son acceptation. Il est même possible
que sa réponse ne soit pas encore connue à
l'heure où se tiendra le conseil des mi-
nistres.
En attendant qu'une solution soit inter-
venue, M. Baïhaut, qui occupe toujours le
ministère des travaux publics, continue à ex-
pédier les affaires courantes ; il continue éga-
lement les négociations commencées avec les
Compagnies de chemins de fer au sujet du
Métropolitain, et s'occupe activement de don-
ner une solution à quelques affaires qu'il dé-
sire voir résolues d'une façon définitive avant
son départ et, entre autres, à la question rela-
tive à la gare du Midi, à Bordeaux.
Le résident général en Tunisie
La nomination de M. Bihourd, directeur des
affaires départementales au ministère de l'in-
térieur, au poste de résident général en Tu-
nisie, est désormais certaine. Son successeur
sera probablement M. Bourgeois, préfet de la
Haute-Garonne, qui a été secrétaire général
de la préfecture de la Seine.
M. Bihourd, absent de Paris, n'a pu lui-
même poser sa candidature ; mais sa nomi-
nation est en principe décidée par le gouver -
nement.
L'Exposition de 1889
Nous recevons la communication suivante :
« Extrait sommaire des procès-verbaux de
la chambre de commerce de Paris :
» La chambre offre à M. le ministre du
commerça et de l'industrie son concours le
plus actif et le plus dévoué pour toutes les
questions touchant à l'Exposition de 1889, et,
désireuse de contribuer au succès de cette
grande manifestation nationale, elle reven-
dique l'honneur d'agir, en cette circonstance,
au nom du commerce, qu'elle représente.
» En conséquence, communication officielle
sera demandée à M. le ministre de tous do-
cuments permettant à la chambre d'éclairer
les intéressés, de diriger leurs efforts et d'ap-
précier leurs observations.
» En ce qui concerne particulièrement la
classification adoptée, la chambre signale à
M. le ministre les réclamations du commerce
des spiritueux, obligé à exposer dans deux
classes différentes les liqueurs sucrées et les
autres boissons alcooliques, qui, dans tous les
pays, font l'objet d'un seul et même com-
merce. »
L'élection du Nord
Dans une réunion tenue hier à Lille, les
délégués républicains ont adhéré à la can-
didature de M. Trystram aux élections législa-
tives du 21 novembre, en remplacement de
M. DeleUs, décédé.
Les agriculteurs du Nord
M. le président de la République a reçu,
hier, une délégation de la Société des agri-
culteurs de la Somme, présentés par M. Léon
Cohn, préfet de ce département.
L'objet de la démarche de la Société était
de demander à M. le président de la Républi-
que d'être favorable à l'augmentation des
droits d'entrée sur les blés, pour les porter
de 3 à 5 francs, avec un droit correspondant
sur les farines.
M. Grévy a répondu qu'il prendrait des me-
sures pour aider l'agriculture nationale dans
sa lutte contre la concurrence étrangère.
M. de Freycinet a reçu ensuite la déléga-
tion des agriculteurs de la Somme, qui lui a
été présentée par le préfet et par M. Dauphin,
sénateur.
La délégation a appelé l'attention du
président du conseil sur la situation de l'a-
griculture et sur la nécessité qu'il y a, selon
elle, d'établir le droit fixe de 5 francs.
Le président du conseil a répondu qu'il
soumettrait au conseil des ministres les ob-
servations de la Société et que, à la Chambre,
dans la discusion sur le droit de douanes, la
question serait examinée avec le plus grand
soin.
Mouvement dans l'administration des
finances
Par décret du président de la République,
rendu sur la proposition du ministre des
finances :
M. Sanson, trésorleur-payeur général à
Dijon (Côte-d'Or), est nommé trésorier-payeur
général du département de Seine-et-Oise, en
remplacement de M. Gaillard, admis, sur sa
demande, à faire valoir ses droits à la retraite.
M. Pouy, trésorier-payeur général à An-
goulême (Charente), est nommé trésorier-
payeur général du département de la Côte-
d'Or.
M. Guéroult, trésorier-payeur général à
Vesoul (Haute-Saône) est nommé trésorier-
payeur général du département de la Cha-
rente.
M. Tournus, trésorier-payeur général à
Foix (Ariège), est nommé trésorier-payeur gé-
néral du département de la Haute-Saône.
M. Ayet, receveur particulier des finances
à Lure (Haute-Saône), est nommé trésorier-
payeur général du département de l'Ariège.
QUESTIONS DU JOUR
L'Exposition de 1889
Plusieurs de nos confrères reprodui-
sent une lettre adressée au Lloyd Post
par son correspondant de Paris, à la
suite d'une conversation avec M. Loc-
kroy. L'entretien aurait roulé sur la date
fixée pour notre Exposition universelle,
et le journaliste étranger aurait dit à
notre ministre du commerce ce qui a été
répété souvent déjà, à savoir que l'an-
née 1889 n'était pas heureusement choi-
sie et que, par considération pour les
monarchies de l'Europe, la France au-
rait été plus habile en ne leur propo-
sant point de s'associer, en quelque
sorte, à la célébration d'un anniversaire
de révolution.
SUM. Lockroy a répondu, d'après le récit
de notre confrère, qu'il ne fallait pas
confondre l'Exposition universelle avec
les fêtes purement nationales du Cente-
naire de 1789 ; que c'était une rencon-
tre fortuite, due à ce que nous avons
coutume, depuis 1867, d'ouvrir une Ex-
position universelle tous les onze ans ;
qu'il ne s'agit donc nullement de frois-
ser les sentiments dynastiques des pays
voisins; que, d'ailleurs, les fêtes du
Centenaire seront en grande partie cé-
lébrées avant l'ouverture de l'Exposi-
tion, et que, dans tous les cas, elles se-
ront organisées partie dans des quar-
tiers éloignés du Champ de Mars, partie
à Versailles; enfin, que l'Exposition aura
un caractère exclusivement artistique,
industriel et commercial. « Je vous au-
torise, aurait ajouté le ministre du com-
merce, à faire usage de cette déclara-
tion. Elle ne contient pas ma façon de
voir personnelle ; mais elle a été sanc-
tionnée en conseil de cabinet par une
résolution formelle, et, dans un temps
donné, elle pourra être faite par voie
diplomatique aux puissances. »
Il n'est pas probable que le rédacteur
du Lloyd Post ait dénaturé les explica-
tions qu'il déclare tenir de M. Lockroy
lui-même. D'ailleurs, elles n'ont pas lieu
de nous étonner, parce qu'elles n'offrent
rien d'invraisemblable, si ce n'est, peut-
être, pour ce qui est dit que la date de l'Ex-
position aurait été fixée à 1889 par un
simple hasard, une pure coïncidence.
On a tenu un langage tout contraire lors-
que le projet d'Exposition universelle
pour 1889 a été conçu, et le sentiment
qui parut dominer chez ses partisans,
c'est que l'Exposition servirait à donner
plus d'éclat aux fêtes du Centenaire.
Tout le monde ne se rangeait pas à
cette idée, et j'aurais bien préféré, pour
ma part, qu'on ne mêlât point une Expo-
sition universelle à la grande fête du
Centenaire. Si l'on voulait une Exposi-
tion, on pouvait bien l'organiser pour
1890, par exemple, et laisser à la célé-
bration du Centenaire son caractère
uniquement national et républicain. La
fête aurait été plus belle ; elle aurait eu
un caractère de grandeur qui lui man-
quera sensiblement peut-être. Et, d'au-
tre part, dans les cours européennes,
on ne nous aurait pas fait si grise mine.
Mais il n'est plus temps de critiquer
quand les décisions sont prises.
Cela dit, nous ne saurions qu'approu-
ver les explications que M. Lockroy a
fournies à notre confrère étranger. Il
est certain que le meilleur parti à pren-
dre est de ne pas mêler à l'Exposition
la célébration du Centenaire, et l'on fera
surtout, un acte de bonne politique en
célébrant le Centenaire avant l'ouver-
ture de l'Exposition. Ce sera la fête de
la Liberté, notre fête à nous, à laquelle
s'associeront de cœur les républicains
des deux mondes. Pour l'Exposition,
c'est une autre affaire : il ne saurait
y avoir place que pour l'agriculture,
l'industrie, le commerce et les arts ; on
n'y verra point paraître la politique.
Quant à nous, Français, peu nous im-
portent les divers régimes que les au-
tres peuples se sont donnés ou qu'ils
supportent. Nous ne songeons qu'à
créer, entre eux et nous, de bons rap-
ports réciproques ; et comment pour-
rions-nous chercher un autre but ?
EUG. LIÉBERT.
wl->
LE BUDGET
La Chambre va commencer aujourd'hui
la discussion du budget de 1887. Pour la
première fois, la représentation issue des
élections générales des 4 et 18 octobre 1887
va être appelée à examiner notre situation
financière et à faire connaître ses opinions
sur la direction qu'elle entend imprimer
aux finances publiques. Le débat qui va
s'ouvrir a donc quelque chose de solennel,
et il intéresse à un haut degré toute la po-
pulation ; car les finances publiques, c'est
l'argent du contribuable, et, suivant que la
Chambre calcule ses décisions et agit avec
prudence, ou qu'elle se laisse aller à des en-
traînements irréfléchis et se livre à des
expériences insuffisamment préparées, le
contribuable peut espérer des dégrève-
ments de taxes ou redouter des surcroîts
d'impôts.
Il faut bien reconnaître que la discussion
va s'ouvrir dans des conditions qui ne sont
pas précisément favorables. La Chambre,
encore inexpérimentée, composée, au
moins pour un tiers, d'hommes auxquels
le mécanisme de nos budgets est peu fami-
lier, aurait eu besoin d'être guidée, à ses
débuts, et d'avoir dans ses guides une con-
fiance entière. Au lieu de cela, elle se
trouve placée entre deux guides qui veu-
lent l'entraîner dans des voies diamétrale-
ment opposées. D'une part, est le gouver-
nement, qui a élaboré son projet de bud-
get et préparé un ensemble de mesures
étroitement liées entre elles, qui, toutes,
concourent à l'équilibre budgétaire. De
l'autre côté, se tient la commission du
budget, qui a substitué son projet particu-
lier à celui du gouvernement, repoussé les
mesures proposées par celui-ci, et imaginé
un ensemble d'autres mesures qui lui pa-
raissent propres à établir le budget en
équilibre.
Chaque année, il se produit bien quel-
ques divergences d'opinion entre le gou-
vernement et la commission du budget.
L'un demande des crédits que la seconde
refuse, et la Chambre est appelée à pronon-
cer entre les deux parties. Mais cette di-
vergence porte sur quelques chapitres
spéciaux; l'écart est de quelques centaines
de mille francs; il prend plutôt sa source
dans le désir de la commission d'engager
indirectement des questions extra-budgé-
taires, que dans les vues générales sur la
politique financière et, si des difficultés se
sont tout d'abord élevées sur ce dernier
point, l'accord s'est fait entre le gouverne-
ment et la commission avant le dépôt du
rapport général. Cette année, il n'en va
pas ainsi : le désaccord entre le gouverne-
ment et la portion active de la commission
s'est manifesté dès le début; il a persisté
jusqu'à la fin, et la Chambre, après avoir
entendu le pour et le contre, le gouverne-
ment et la commission, devra prononcer
entre eux.
Nous avons trop souvent signalé les
questions en litige pendant l'élaboration
du budget, pour qu'il puisse paraître néces-
saire de les préciser de nouveau et de
tracer une vue d'ensemble des deux sys-
tèmes de budget en présence. Nous ne
voulons retenir que quelques points prin-
cipaux. Cela paraît d'autant plus suffisant
que, suivant la décision qui sera prise sur
l'un ou l'autre d'entre eux, le reste du sys-
tème auquel ils se rattachent suivra ou
sera écarté, car il n'y a pas de transaction
possible, et un budget qui serait formé
partie des propositions du gouvernement,
partie de celles de la commission, serait
d'un « ordre composite » invraisemblable.
Le premier point sur lequel nous vou-
lons insister, c'est le budget extraordinaire.
Le gouvernement, dans son désir de pré-
senter au pays un état limpide et sincère
de la situation financière, en opérait la
suppression. D'après le projet du gouver-
nement, il n'y avait plus qu'un seul bud-
get, portant d'un côté les ressources, met-
tant en regard les dépenses, et ne laissant
à celles-ci aucun moyen indirect de s'en-
fler, grâce à la complaisance du budget
d'emprunt. La commission du budget a,
au contraire, rétabli le budget extraordi-
naire.
Le rapporteur général reconnaît bien
qu'à diverses reprises le vœu a été émis
de voir supprimer le budget extraordi-
naire. Mais, à son avis, ce qu'on a de-
mandé, c'était la suppression des dépen-
ses faites directement par l'Etat pour les
travaux publics, et non pas un changement
dans le mode de comptabilité. Le rappor-
teur général estime que le ministre fait
exactement le contraire de ce qui a été de-
mandé, car il ne renonce pas aux dépenses
de grands travaux publics, mais il veut
substituer, pour en assurer l'exécution, les
ressources de l'impôt aux ressources de
l'emprunt. Et le rapport ajoute : « Vouloir
supprimer le budget extraordinaire, c'est
se condamner à réduire d'abord, puis à
suspendre prochainement tous les grands
travaux publics dont ne pourront ou
ne voudront pas se charger les grandes
Compagnies de chemins de fer. C'est,
d'une manière générale, s'interdire toute
dépense qui ne pourrait rentrer dans le
cadre du budget ordinaire. » Il nous sem-
ble — et nous ne craignons guère d'être
démentis, ni par le ministère actuel, ni
par aucun des prédécesseurs de M. Sadi
Carnot — que.c'est précisément cette in-
terdiction des dépenses qui a été réclamée
et que les ministres des finances se sont
successivement engagés à édicter dès que
les circonstances le permettraient. C'est
précisément pour atteindre ce but, que la
coûteuse expérience des constructions de
chemins de fer par l'Etat a été arrêtée,
et que les conventions ont été conclues avec
les Compagnies de chemins de fer. Ces
Compagnies ont accepté, sous certaines
conditions, la charge de construire de nou-
velles lignes ; mais, étant avant tout des
commerçants, elles n'acceptent pas de con-
struire des lignes absolument improducti-
ves. Avec le raisonnement indiqué dans le
rapport général, c'est pour pouvoir con-
struire ces lignes qu'il faudrait maintenir
le budget extraordinaire, ce qui ne paraît
pas absolument urgent. Quant aux autres
grands travaux de ports, de rivières et de
canaux, le budget en assure l'exécution et
pourvoit aux dépenses au moyen des res-
sources ordinaires. Il ne semble donc pas
que le projet du gouvernement fassecourir
de risque au développement utile de l'ou-
tillage national. Il ne fait qu'empêcher les
opérations stériles et improductives, ce
qui, généralement, ne paraît pas une ten-
dance blâmable.
Un autre point sur lequel les divergen-
ces se sont accusées, c'est l'impôt sur le
revenu. La commission, ayant repoussé
les remaniements de taxes proposés par le
gouvernement, a eu recours à cet Impôt
pour combler les vides du budget. Elle
propose de l'appliquer à partir du 1er juil-
let 1887 et compte en retirer, pour ce se-
mestre, 15 millions. Nous ne voulons pas
examiner le fond même de la question.
Cet impôt peut être défendu par de bon-
nes raisons. Mais une considération qui
domine toutes les autres a déjà été pré-
sentée contre l'application immédiate que
la commission propose d'en faire. C'est
qu'à l'heure actuelle, quand il ne reste
que deux mois pour le vote du budget par
les deux Chambres, on s'expose à des re-
tards funestes dans la promulgation de la
loi, en introduisant des changements aussi
considérables et sur lesquels l'opinion est
aussi partagée qu'elle l'est sur celui-ci.
Cette réforme a besoin d'être étudiée avec
prudence ; elle ne peut être introduite
dans la loi brusquement et quelque peu à
l'aventure.
Nous ne voulons examiner aujourd'hui
ni les questions qui se rattachent à l'amor-
tissement, supprimé par le gouvernement,
et rétabli — d'une façon quelque peu fic-
tive — par la commission, ni les divers
autres points sur lesquels le gouverne-
ment et la commission se sont trouvés en
désaccord. S'il fallait suivre, point par
point, les développements du rapport gé-
néral de la commission, il y aurait bien
des assertions douteuses à discuter. Ce-
pendant, nous croyons devoir relever un
chiffre, un seul, de la longue énumération
des recettes destinées à couvrir les dé-
penses prévues de l'exercice 1887. C'est
l'évaluation des droits sur les sucres. Le
projet du gouvernement la porte à 168 mil-
lions 306,300 francs. La commission es-
time que cette évaluation est exagérée et
constate que « l'on est, dès à présent, ex-
posé à un déficit certain de 49,306,300
francs ». Cependant, dans les tableaux
budgétaires, elle inscrit l'évaluation du
gouvernement et ne se préoccupe pas de
combler par d'autres ressources le « défi-
cit certain » qu'elle a signalé.
C'est dire que tout le travail de la com-
mission a consisté, après des hésitations
sans nombre, après des bouleversements
fondamentaux, àsubstituer le « déficit cer-
tain « à l'équilibre probable du projet du
gouvernement. Ce résultat ne peut échap-
per à la Chambre, et comme elle est infor-
mée des erreurs danslesquelles la commis-
sion est tombée, des circonstances au milieu
desquelles les décisions les plus graves ont
été prises par des majorités qui ne repré-
sentaient même pas une minorité nor-
male, il nous paraît difficile qu'elle ac-
corde à ce guide incertain une bien grande
confiance, et nous pensons que le gouver-
nement n'aura pas un bien grand effort à
accomplir pour faire écarter le projet de
la commission, et pour faire adopter le
projet mûrement étudié qu'il avait pré-
senté et qu'il n'a cessé de défendre.
S'il était nécessaire de montrer combien
l'engagement conditionnel d'un an engen-
dre d'abus, d'injustices et d'illégalités dans
son application et par ses conséquences,
nous en trouverions une nouvelle preuve,
à défaut d'autres, dans la décision minis-
térielle qui ouvre, pour le 15 janvier pro-
chain, les examens des candidats au grade
de sous-lieutenant de réserve. Cette déci-
sion, il convient de le dire tout d'abord,
n'innove rien. Elle ne fait que reproduire
un système qui se pratique depuis longues
années déjà. Cela dit, étudions-en les dis-
positions.
Dans le premier trimestre de l'an pro-
chain, des épreuves seront subies par cer-
taines catégories d'engagés conditionnels
d'un an qui aspirent au grade d'officier de
réserve. La mesure, à son point de départ,
est des plus légales, puisque, conformé-
ment à la loi, nos cadres d'officiers auxi-
liaires se recrutent en grande partie parmi
les sous-officiers au moment où ils passent
dans la réserve. Or, les seuls anciens en-
gagés conditionnels d'un an autorisés à
concourir sont ceux qui ont obtenu les ga-
lons de sous-officier. On y a bien ajouté,
en forçant quelque peu le texte de la loi,
les anciens engagés conditionnels d'un an
qui ont mérité la note très bien en quit-
tant les rangs de l'armée, mais ne nous ar-
rêtons pas à cette petite irrégularité.
Voyons, maintenant, comment se fait,
suivant les armes, l'application du prin-
cipe.
Dans l'infanterie et dans les sections
d'infirmiers, le droit aux propositions et
aux concours n'est admis qu'en faveur des
anciens engagés conditionnels d'un an qui
ont été incorporés en novembre 1881 et
qui viennent, en conséquence, de passer
dans la réserve active.
Dans l'artillerie, cette faveur est éten-
due aux anciens engagés conditionnels
d'un an qui ont été incorporés en 1882, en
1883, en 1884, aussi bien qu'en 1881, bien
que la loi spécifie expressément que nul
engagé conditionnel d'un an ne peut être
promu sous-lieutenant de réserve, tant
qu'il est en disponibilité, à moins qu'il
n'ait fait une seconde année de service
dans l'armée ou dans une école militaire.
L'illégalité est flagrante. Elle mène droit
à une injustice, car elle place les officiers
de réserve de l'infanterie en état d'infério-
rité vis-à-vis de ceux de l'artillerie, puis-
qu'elle donne à ceux-ci l'avantage d'une
ancienneté d'une, deux et trois années
dans le grade de sous-lieutenant, avantage
que rien ne justifie.
Mais ce n'est pas tout. La cavalerie, qui
a des engagés conditionnels d'un an, ne
veut pas y prendre un seul officier de ré-
serve. Ceux-ci sont donc autorisés à se
présenter, pour obtenir le grade de sous-
lieutenant, dans l'artillerie ainsi que dans
le train, cette dernière arme n'ayant pas
du tout d'engagés conditionnels d'un an.
Et naturellement, la faveur octroyée, sans
aucun motif, aux engagésjconditionnels de
l'artillerie s'applique à ceux de la cavale-
rie. Seulement les régiments d'artillerie
et les escadrons du train doivent, autant
que possible, mettre ces candidats parti-
culiers à même d'acquérir les connais-
sances qui leur sont nécessaires pour su-
bir avec succès les épreuves. Il semble
que Ion aurait du moins pu avoir la
même prévenance à l'égard des anciens
engagés conditionnels d'un an de l'infan-
terie qui, ayant quitté l'armée depuis
quatre années, ne sont plus tout à fait au
courant des détails du métier. Mais on
n'y a pas songé jusqu'à présent, et ils se
préparent comme ils peuvent.
- Quand nous aurons dit que le génie ne
reçoit ni un engagé conditionnel ni un
officier de réserve de cette catégorie, nous
aurons ajouté à tous les arguments qui
précèdent une nouvelle preuve de la né-
cessité pour le législateur de reviser au
plus tôt une institution qui peut aboutir
à des expédients aussi iniques et illégaux.
CHRONIQUE
A mitraille!
Ce n'était pas assez des fusils à répé-
tition, des canons-revolvers, des mi-
trailleuses-arrosoirs et des torpilles au-
tomobiles. Ce n'était pas assez de ces
obus monstres et de ces bombes as-
phyxiantes qui, après avoir servi de
thème à l'imagination scientifico-fantai-
siste de l'inimitable auteur de De la Terre
à la Lune et des Cinq cents millions de
la Bégum, sont en train de passer dans
la pratique des nations militaires. Ce
n'était pas assez de ces projectiles « dis-
coïdes », inventés, il y a quelque trois
ou quatre ans, par un certain capitaine
Chapel, et dont on pourrait, à ce qu'on
prétend, obtenir, ni plus ni moins que
du fameux boomerang australien, des
trajectoires spontanées d'écharpe ou de
revers, de véritables « effets à revenir ».
Ce n'était même pas assez de la pers-
pective prochaine — où d'aucuns vou-
laient voir le plus clair et le plus pré-
cieux résultat des progrès de la naviga-
tion aérienne — d'une pluie de cartou-
ches de dynamite soudainement déversée
du sein des nuages sur l'armée enne-
mie par l'équipage d'une escadre de
ballons dirigeables.
Tout cela laissait encore singulière-
ment à désirer, et l'infatigable génie de
la destruction n'avait pas dit son det-
nier mot.
Ces machines meurtrières, dont je
viens d'esquisser l'incomplète énuméra-
tion, et auxquelles les plus sceptiques
devront reconnaître un certain mérite,
avaient, toutes, cependant, un défaut.
Elles ne fonctionnaient pas toutes seu-
les ! Il leur fallait des servants, des
auxiliaires, des metteurs en œuvre,
chose évidemment fort préjudiciable à
la civilisation.
Il paraît qu'un inventeur américain,
M. Maxim, l'homme peut-être qui a
poussé le plus loin l'art de tuer le pau-
vre monde, vient de remédier à cet in-
convénient, en créant, grâce à l'utilisa-
tion de la force de recul, des engins au-
tomatiques.
*
* -tr
Voici, d'après les revues spéciales,
quel est le principe essentiel de l'une
des nouvelles mitrailleuses Maxim. Il en
est, du reste, de plusieurs types :
Les cartouches destinées à l'alimenta-
tion de l'arme sont insérées, l'une à la
suite de l'autre, sur une bande de toile
(canvas-belt), longue de six mètres, où
elles sont fixées séparément par des pat-
tes à œillet, suivant une disposition qui
rappelle les ceintures-cartouchières dont
font usage beaucoup de vieux chasseurs.
Chaque bande contient 333 cartouches.
On finira, bien entendu, par en fabriquer
de plus longues, d'un kilomètre peut-
être, portant des milliers de cartouches,
sinon même « sans fin », comme le pa-
pier des presses rotatives.
Lorsqu'on veut commencer le feu, on
introduit le bout d'une de ces bandes
dans la culasse. Dès que le premier coup
est tiré, le recul ramenant le canon en
arrière, vient actionner un mécanisme
qui expulse l'étui vide (provenant du
coup antérieurement tiré), cueille dans
la bande distributrice une nouvelle car-
touche chargée, la glisse dans le ton-
nerre et l'enflamme en agissant sur le
percuteur. Le feu peut continuer ainsi
sans interruption jusqu'à ce que la file
des cartouches soit à bout. Pendant ce
temps-là, libre à l'unique artilleur-qui
peut être manchot, car la manœuvre
n'exige que l'emploi d'une seule main-
libre à l'artilleur, si cela lui plaît, de
« griller » un papelito ou de vaquer à ses
petites affaires. Il lui est même loisible,
à l'aide d'un levier qui se meut sur un
cadran placé sur le côté du canon, de
régler à l'avance la vitesse du tir. Cette
vitesse peut aller jusqu'à deux cents
coups à la minute - d'aucuns disent
même six cents, soit dix à la seconde,—
et cela sans danger, puisque (tout ayant
été prévu) un appareil hydraulique donne
le moyen d'empêcher un échauffement
trop rapide.
On ne dit pas si l'homicide engin se
graisse et se nettoie tout seul, son ser-
vice fini, ni si, une fois épuisé le stock
des cartouches cousues sur la bande de
toile qu'on lui fourre ainsi dans le ven-
tre, il est en état de s'en aller spontané-
ment, d'un tour de roues délibéré, vers
le fourgon voisin, s'approvisionner de
plus belle, sauf à retourner ensuite, sans
le concours d'aucun servant, reprendre
son poste et recommencer sa besogne.
Cette lacune est vraiment fâcheuse.
*
**
Si nous en croyons M. le lieutenant-
colonel Hennebert, un homme « de la
partie » (et non des moins compétents),
les expériences auxquelles vient d'être
soumis ce self-acting machine gun au-
raient été absolument concluantes.
J'en suis ravi. Savez-vous que voilà
un ingénieux instrument de propagande
internationale, qui va rendre de grands
services, surtout à la marine ! On con-
naît l'importance du problème de la pro-
tection des navires de guerre contre
l'attaque des torpilleurs, lesquels mar-
chent à la vitesse de 25 nœuds. Or, le
nouveau canon satisfait à toutes les
conditions d'une défense rationnelle.
Plus besoin de vigies attentives, ju-
chées dans les haubans ou sur les bas-
tingages ; plus besoin de crinolines Bul-
livant ni de ceintures de chasteté aux
mailles métalliques ; plus besoin de fa-
naux électriques fouillant l'horizon de
leur étincelante prunelle. Placez-moi
seulement, tout autour du cuirassé au
mouillage, à l'endroit précis où com-
mence la zone dangereuse, un chapelet
serré de flotteurs, invisiblement reliés,
par des conducteurs immergés, à un
appareil électrique actionnant une bat-
terie de mitrailleuses Maxim préalable-
ment amorcees. vous pouvez, dès lors,
donner campo aux hommes de quart. Le
plus insidieux des torpilleurs ne se sera
pas plus tôt engagé au milieu du réseau
des flotteurs que, crac! au premier choc,
voilà nos trente ou quarante mitrail-
leuses de bâbord ou de tribord qui,
sans dire gare, électriquement, toutes
seules, se mettent à cracher « en éven-
tail » deux ou trois cents « pruneaux »
d'acier à la minute, jusqu'à complète
pulvérisation de l'intrus. Moyennant
quoi, capitaine et matelots pourront
dormir du sommeil de l'innocence et ne
se réveiller que juste à point pour arrê-
ter une canonnade devenue inutile, dé-
brayer le mécanisme et remettre les
choses en état.
Avec les canons Maxim à répétition,
je ne vois plus guère que les torpilleurs
sous-marins — les bateaux-poissons !
— qui puissent tenir le rôle. Qu'en
pense l'amiral Aube ?
*
+ *
C'est égal ! Une mitrailleuse qui se
re.monte et qui marche toute seule
Prix du numéro : Paris et Départements : 15 centimes
Jeudi 4 novembre 1886
-
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MM. LAGRANGE, CERF ET ClE
6, place de la Bourse, 6
Nous appelons Vattention de nos lec-
teurs sur notre tableau de la Bourse, qui
vient d'être entièrement modifié. Il est
maintenant plus complet que dans aucun
autre journal, il contient toutes les va-
leurs journellement cotées. Parmi les
innovations que nous y avons intro-
duites , nous signalerons, notamment,
l'indication des intérêts et dividendes
réservés ou garantis aux actions des
Compagnies de chemins de fer par les
dernières conventions. Nous avons éga-
lement spécifié les obligations qui jouis-
sent de garanties, et les remboursements
différents de cinq cents francs.
BULLETIN
La Chambre des députés reprend au-
jourd'hui le cours de ses séances par la
discussion du budget. S'il n'est rien changé
aux habitudes prises, cette discussion va
être interrompue, dès le second jour, par
le congé du vendredi. Il serait désirable
que la Chambre renoncât à ce chômage
bi-hebdomadaire, que rien ne saurait jus-
tifier dans les circonstances présentes. Le
temps presse, les débats sur le budget
paraissant devoir être longs autant que
passionnés. On peut s'attendre à ce que la
Droite prolonge, autant qu'il sera en son
pouvoir, la discussion ; elle usera et abu-
sera du droit qu'elle a de soulever, à pro-
pos du budget, toutes les questions d'or-
dre politique et économique ; elle multi-
pliera les incidents, cela n'est pas douteux,
et nous verrons ses orateurs refaire les
discours, vingt fois faits, sur la politique
coloniale, sur l'enseignement primaire,etc.
A ce jeu, la discussion menace de s'éterni-
ser, et si, par surcroît, la Chambre ne siège
que cinq jours par semaine, elle se trou-
vera acculée aux derniers jours du mois
de décembre sans avoir achevé le vote de
la loi de finances. Nous insistons donc,
une fois de plus, pour que l'on revienne
à l'ancien usage de siéger le vendredi, au
moins jusqu'à la fin de la session extraor-
dinaire.
Une dépêche de New-York nous fait
connaître les résultats définitifs du scru-
tin qui vient d'avoir lieu pour l'élection
du maire de New-York. M. Hewitt est élu
par 90,296 voix. Ses deux concurrents, M.
George et M. Roosevelt, ont obtenu, l'un
67,000 voix, l'autre 60,000, en chiffres
ronds.
M. Hewitt, candidat des démocrates, est
un homme qui jouit, aux Etats-Unis, de
l'universelle considération. Il appartient
au parti actuellement au pouvoir et est
l'ami du président récemment élu, M.
Cleveland.
M. Henry George, candidat des socialis-
tes, est un écrivain des plus distingués et
l'auteur d'un livre intitulé : Progress and
Poverty, qui a eu un immense succès dans
tous les Etats de l'Union américaine. Aussi
bien, les idées socialistes, dont M. George
est le défenseur ardent autant que con-
vaincu, n'empruntent rien aux doctrines
révolutionnaires dont les émeutiers exo-
tiques de Chicago se sont constitués les
apôtres. Dans l'ordre économique, M.
George est libre-échangiste, à l'inverse de
son heureux concurrent, qui appartient à
l'école protectionniste.
Quant au troisième candidat, M. Roose-
velt, il est républicain.
La victoire du parti démocratique sur le
parti républicain, dans l'élection de New-
York, est décisive : entre les concurrents
de l'un et l'autre parti, il y a un écart de
trente mille voix. Il ne faudrait cependant
pas donner à ce succès de M. Hewit, une
signification qu'il n'a pas, à ne considérer
que les principes politiques des deux can-
didats. Les mots « démocrate » et « répu-
blicain » n'ont plus le sens tranché qu'on
pouvait leur donner avant la guerre de
Sécession de 1861 entre les Etats du Nord
et du Sud, c'est-à-dire entre les abolition-
nistes et les esclavagistes. Les démocrates
ne représentent plus, aujourd'hui, les idées
antilibérales, antihumaines qui les ont
poussés à une guerre fratricide de quatre
années.
La dernière revision de la Constitution a
également enlevé toute raison d'être à
l'opposition du parti qui avait pris pour
devise l'autonomie des Etats.
Enfin, l'avènement au pouvoir de M. Cle-
veland, un démocrate, a rendu un peu
vaine la querelle qui divise les républi-
cains et les démocrates sur la question de
la réforme des services publics. M. Cleve-
land, en effet, a rompu définitivement
avec l'usage traditionnel en vertu duquel
un nouveau président congédiait tous les
fonctionnaires publics, pour faire place à
sa clientèle personnelle. M. Cleveland a
usé très sobrement de ce droit « d'épura-
tion », comme nous disons en France, en
sorte que les républicains n'ont pas, de
ce chef, de grief à articuler contre le parti
démocratique. Sur le terrain économique,
il n'y a pas, non plus, de nuance aussi
marquée qu'autrefois. Il y a des protec-
tionnistes et des libre-échangistes dans
les deux camps, suivant qu'il s'agit de pro-
ducteurs ou d'industriels, c'est-à-dire sui-
vant les régions.
Peut-être faut-il chercher l'explication
de la victoire remportée à New-York par
M. Hewitt uniquement dans ce fait, que le
démocrate représentait les idées protec-
tionnistes chères aux grands industriels de
l'Etat de New-York.
Ajoutons que les élections pour les
Chambres législatives d'Etats ont donné
des résultats favorables au parti républi-
cain dans un grand nombre d'Etats. On
peut, dès à présent, prévoir que, dans le
prochain Congrès, la majorité démocrati-
que se trouvera réduite de façon sensible.
Louis HENRIQTJE.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Le conseil d'aujourd'hui
Le conseil qui se tient le jeudi a lieu, ha-
bituellement, au ministère des affaires étran-
gères, sous la présidence de M. de Freycinet.
Le conseil d'aujourd'hui se tiendra, par
exception, à l'Elysée, sous la présidence de
M. Grévy.
Le successeur de M. Baïhaut
M. de Freycinet a vu, hier, dans la matinée,
un certain nombre de personnages politiques.
lia conféré notamment avec M.Devès, sénateur
du Cantal, et M. Adolphe Cochery, député du
Loiret. Le président du conseil a également
conféré avec quelques-uns de ses collègues ;
mais le successeur de M. Baïhaut au minis-
tère des travaux publics n'est pas encore dé-
signé.
MM. Devès et Cochery ont refusé l'un et
l'autre, pour des raisons diverses, le porte-
feuille des travaux publics.
Le nom de M. Edouard Millaud, sénateur du
Rhône, a alors été mis en en avant. M. Edouard
Millaud, rapporteur général du budget et
membre de l'Union républicaine du Sénat, a
les plus grandes chances de devenir le succes-
seur de M. Baïhaut.
Toutefois, M. Millaud, absent de Paris et
consulté par dépêche, n'a pas encore fait con-
naître son acceptation. Il est même possible
que sa réponse ne soit pas encore connue à
l'heure où se tiendra le conseil des mi-
nistres.
En attendant qu'une solution soit inter-
venue, M. Baïhaut, qui occupe toujours le
ministère des travaux publics, continue à ex-
pédier les affaires courantes ; il continue éga-
lement les négociations commencées avec les
Compagnies de chemins de fer au sujet du
Métropolitain, et s'occupe activement de don-
ner une solution à quelques affaires qu'il dé-
sire voir résolues d'une façon définitive avant
son départ et, entre autres, à la question rela-
tive à la gare du Midi, à Bordeaux.
Le résident général en Tunisie
La nomination de M. Bihourd, directeur des
affaires départementales au ministère de l'in-
térieur, au poste de résident général en Tu-
nisie, est désormais certaine. Son successeur
sera probablement M. Bourgeois, préfet de la
Haute-Garonne, qui a été secrétaire général
de la préfecture de la Seine.
M. Bihourd, absent de Paris, n'a pu lui-
même poser sa candidature ; mais sa nomi-
nation est en principe décidée par le gouver -
nement.
L'Exposition de 1889
Nous recevons la communication suivante :
« Extrait sommaire des procès-verbaux de
la chambre de commerce de Paris :
» La chambre offre à M. le ministre du
commerça et de l'industrie son concours le
plus actif et le plus dévoué pour toutes les
questions touchant à l'Exposition de 1889, et,
désireuse de contribuer au succès de cette
grande manifestation nationale, elle reven-
dique l'honneur d'agir, en cette circonstance,
au nom du commerce, qu'elle représente.
» En conséquence, communication officielle
sera demandée à M. le ministre de tous do-
cuments permettant à la chambre d'éclairer
les intéressés, de diriger leurs efforts et d'ap-
précier leurs observations.
» En ce qui concerne particulièrement la
classification adoptée, la chambre signale à
M. le ministre les réclamations du commerce
des spiritueux, obligé à exposer dans deux
classes différentes les liqueurs sucrées et les
autres boissons alcooliques, qui, dans tous les
pays, font l'objet d'un seul et même com-
merce. »
L'élection du Nord
Dans une réunion tenue hier à Lille, les
délégués républicains ont adhéré à la can-
didature de M. Trystram aux élections législa-
tives du 21 novembre, en remplacement de
M. DeleUs, décédé.
Les agriculteurs du Nord
M. le président de la République a reçu,
hier, une délégation de la Société des agri-
culteurs de la Somme, présentés par M. Léon
Cohn, préfet de ce département.
L'objet de la démarche de la Société était
de demander à M. le président de la Républi-
que d'être favorable à l'augmentation des
droits d'entrée sur les blés, pour les porter
de 3 à 5 francs, avec un droit correspondant
sur les farines.
M. Grévy a répondu qu'il prendrait des me-
sures pour aider l'agriculture nationale dans
sa lutte contre la concurrence étrangère.
M. de Freycinet a reçu ensuite la déléga-
tion des agriculteurs de la Somme, qui lui a
été présentée par le préfet et par M. Dauphin,
sénateur.
La délégation a appelé l'attention du
président du conseil sur la situation de l'a-
griculture et sur la nécessité qu'il y a, selon
elle, d'établir le droit fixe de 5 francs.
Le président du conseil a répondu qu'il
soumettrait au conseil des ministres les ob-
servations de la Société et que, à la Chambre,
dans la discusion sur le droit de douanes, la
question serait examinée avec le plus grand
soin.
Mouvement dans l'administration des
finances
Par décret du président de la République,
rendu sur la proposition du ministre des
finances :
M. Sanson, trésorleur-payeur général à
Dijon (Côte-d'Or), est nommé trésorier-payeur
général du département de Seine-et-Oise, en
remplacement de M. Gaillard, admis, sur sa
demande, à faire valoir ses droits à la retraite.
M. Pouy, trésorier-payeur général à An-
goulême (Charente), est nommé trésorier-
payeur général du département de la Côte-
d'Or.
M. Guéroult, trésorier-payeur général à
Vesoul (Haute-Saône) est nommé trésorier-
payeur général du département de la Cha-
rente.
M. Tournus, trésorier-payeur général à
Foix (Ariège), est nommé trésorier-payeur gé-
néral du département de la Haute-Saône.
M. Ayet, receveur particulier des finances
à Lure (Haute-Saône), est nommé trésorier-
payeur général du département de l'Ariège.
QUESTIONS DU JOUR
L'Exposition de 1889
Plusieurs de nos confrères reprodui-
sent une lettre adressée au Lloyd Post
par son correspondant de Paris, à la
suite d'une conversation avec M. Loc-
kroy. L'entretien aurait roulé sur la date
fixée pour notre Exposition universelle,
et le journaliste étranger aurait dit à
notre ministre du commerce ce qui a été
répété souvent déjà, à savoir que l'an-
née 1889 n'était pas heureusement choi-
sie et que, par considération pour les
monarchies de l'Europe, la France au-
rait été plus habile en ne leur propo-
sant point de s'associer, en quelque
sorte, à la célébration d'un anniversaire
de révolution.
SUM. Lockroy a répondu, d'après le récit
de notre confrère, qu'il ne fallait pas
confondre l'Exposition universelle avec
les fêtes purement nationales du Cente-
naire de 1789 ; que c'était une rencon-
tre fortuite, due à ce que nous avons
coutume, depuis 1867, d'ouvrir une Ex-
position universelle tous les onze ans ;
qu'il ne s'agit donc nullement de frois-
ser les sentiments dynastiques des pays
voisins; que, d'ailleurs, les fêtes du
Centenaire seront en grande partie cé-
lébrées avant l'ouverture de l'Exposi-
tion, et que, dans tous les cas, elles se-
ront organisées partie dans des quar-
tiers éloignés du Champ de Mars, partie
à Versailles; enfin, que l'Exposition aura
un caractère exclusivement artistique,
industriel et commercial. « Je vous au-
torise, aurait ajouté le ministre du com-
merce, à faire usage de cette déclara-
tion. Elle ne contient pas ma façon de
voir personnelle ; mais elle a été sanc-
tionnée en conseil de cabinet par une
résolution formelle, et, dans un temps
donné, elle pourra être faite par voie
diplomatique aux puissances. »
Il n'est pas probable que le rédacteur
du Lloyd Post ait dénaturé les explica-
tions qu'il déclare tenir de M. Lockroy
lui-même. D'ailleurs, elles n'ont pas lieu
de nous étonner, parce qu'elles n'offrent
rien d'invraisemblable, si ce n'est, peut-
être, pour ce qui est dit que la date de l'Ex-
position aurait été fixée à 1889 par un
simple hasard, une pure coïncidence.
On a tenu un langage tout contraire lors-
que le projet d'Exposition universelle
pour 1889 a été conçu, et le sentiment
qui parut dominer chez ses partisans,
c'est que l'Exposition servirait à donner
plus d'éclat aux fêtes du Centenaire.
Tout le monde ne se rangeait pas à
cette idée, et j'aurais bien préféré, pour
ma part, qu'on ne mêlât point une Expo-
sition universelle à la grande fête du
Centenaire. Si l'on voulait une Exposi-
tion, on pouvait bien l'organiser pour
1890, par exemple, et laisser à la célé-
bration du Centenaire son caractère
uniquement national et républicain. La
fête aurait été plus belle ; elle aurait eu
un caractère de grandeur qui lui man-
quera sensiblement peut-être. Et, d'au-
tre part, dans les cours européennes,
on ne nous aurait pas fait si grise mine.
Mais il n'est plus temps de critiquer
quand les décisions sont prises.
Cela dit, nous ne saurions qu'approu-
ver les explications que M. Lockroy a
fournies à notre confrère étranger. Il
est certain que le meilleur parti à pren-
dre est de ne pas mêler à l'Exposition
la célébration du Centenaire, et l'on fera
surtout, un acte de bonne politique en
célébrant le Centenaire avant l'ouver-
ture de l'Exposition. Ce sera la fête de
la Liberté, notre fête à nous, à laquelle
s'associeront de cœur les républicains
des deux mondes. Pour l'Exposition,
c'est une autre affaire : il ne saurait
y avoir place que pour l'agriculture,
l'industrie, le commerce et les arts ; on
n'y verra point paraître la politique.
Quant à nous, Français, peu nous im-
portent les divers régimes que les au-
tres peuples se sont donnés ou qu'ils
supportent. Nous ne songeons qu'à
créer, entre eux et nous, de bons rap-
ports réciproques ; et comment pour-
rions-nous chercher un autre but ?
EUG. LIÉBERT.
wl->
LE BUDGET
La Chambre va commencer aujourd'hui
la discussion du budget de 1887. Pour la
première fois, la représentation issue des
élections générales des 4 et 18 octobre 1887
va être appelée à examiner notre situation
financière et à faire connaître ses opinions
sur la direction qu'elle entend imprimer
aux finances publiques. Le débat qui va
s'ouvrir a donc quelque chose de solennel,
et il intéresse à un haut degré toute la po-
pulation ; car les finances publiques, c'est
l'argent du contribuable, et, suivant que la
Chambre calcule ses décisions et agit avec
prudence, ou qu'elle se laisse aller à des en-
traînements irréfléchis et se livre à des
expériences insuffisamment préparées, le
contribuable peut espérer des dégrève-
ments de taxes ou redouter des surcroîts
d'impôts.
Il faut bien reconnaître que la discussion
va s'ouvrir dans des conditions qui ne sont
pas précisément favorables. La Chambre,
encore inexpérimentée, composée, au
moins pour un tiers, d'hommes auxquels
le mécanisme de nos budgets est peu fami-
lier, aurait eu besoin d'être guidée, à ses
débuts, et d'avoir dans ses guides une con-
fiance entière. Au lieu de cela, elle se
trouve placée entre deux guides qui veu-
lent l'entraîner dans des voies diamétrale-
ment opposées. D'une part, est le gouver-
nement, qui a élaboré son projet de bud-
get et préparé un ensemble de mesures
étroitement liées entre elles, qui, toutes,
concourent à l'équilibre budgétaire. De
l'autre côté, se tient la commission du
budget, qui a substitué son projet particu-
lier à celui du gouvernement, repoussé les
mesures proposées par celui-ci, et imaginé
un ensemble d'autres mesures qui lui pa-
raissent propres à établir le budget en
équilibre.
Chaque année, il se produit bien quel-
ques divergences d'opinion entre le gou-
vernement et la commission du budget.
L'un demande des crédits que la seconde
refuse, et la Chambre est appelée à pronon-
cer entre les deux parties. Mais cette di-
vergence porte sur quelques chapitres
spéciaux; l'écart est de quelques centaines
de mille francs; il prend plutôt sa source
dans le désir de la commission d'engager
indirectement des questions extra-budgé-
taires, que dans les vues générales sur la
politique financière et, si des difficultés se
sont tout d'abord élevées sur ce dernier
point, l'accord s'est fait entre le gouverne-
ment et la commission avant le dépôt du
rapport général. Cette année, il n'en va
pas ainsi : le désaccord entre le gouverne-
ment et la portion active de la commission
s'est manifesté dès le début; il a persisté
jusqu'à la fin, et la Chambre, après avoir
entendu le pour et le contre, le gouverne-
ment et la commission, devra prononcer
entre eux.
Nous avons trop souvent signalé les
questions en litige pendant l'élaboration
du budget, pour qu'il puisse paraître néces-
saire de les préciser de nouveau et de
tracer une vue d'ensemble des deux sys-
tèmes de budget en présence. Nous ne
voulons retenir que quelques points prin-
cipaux. Cela paraît d'autant plus suffisant
que, suivant la décision qui sera prise sur
l'un ou l'autre d'entre eux, le reste du sys-
tème auquel ils se rattachent suivra ou
sera écarté, car il n'y a pas de transaction
possible, et un budget qui serait formé
partie des propositions du gouvernement,
partie de celles de la commission, serait
d'un « ordre composite » invraisemblable.
Le premier point sur lequel nous vou-
lons insister, c'est le budget extraordinaire.
Le gouvernement, dans son désir de pré-
senter au pays un état limpide et sincère
de la situation financière, en opérait la
suppression. D'après le projet du gouver-
nement, il n'y avait plus qu'un seul bud-
get, portant d'un côté les ressources, met-
tant en regard les dépenses, et ne laissant
à celles-ci aucun moyen indirect de s'en-
fler, grâce à la complaisance du budget
d'emprunt. La commission du budget a,
au contraire, rétabli le budget extraordi-
naire.
Le rapporteur général reconnaît bien
qu'à diverses reprises le vœu a été émis
de voir supprimer le budget extraordi-
naire. Mais, à son avis, ce qu'on a de-
mandé, c'était la suppression des dépen-
ses faites directement par l'Etat pour les
travaux publics, et non pas un changement
dans le mode de comptabilité. Le rappor-
teur général estime que le ministre fait
exactement le contraire de ce qui a été de-
mandé, car il ne renonce pas aux dépenses
de grands travaux publics, mais il veut
substituer, pour en assurer l'exécution, les
ressources de l'impôt aux ressources de
l'emprunt. Et le rapport ajoute : « Vouloir
supprimer le budget extraordinaire, c'est
se condamner à réduire d'abord, puis à
suspendre prochainement tous les grands
travaux publics dont ne pourront ou
ne voudront pas se charger les grandes
Compagnies de chemins de fer. C'est,
d'une manière générale, s'interdire toute
dépense qui ne pourrait rentrer dans le
cadre du budget ordinaire. » Il nous sem-
ble — et nous ne craignons guère d'être
démentis, ni par le ministère actuel, ni
par aucun des prédécesseurs de M. Sadi
Carnot — que.c'est précisément cette in-
terdiction des dépenses qui a été réclamée
et que les ministres des finances se sont
successivement engagés à édicter dès que
les circonstances le permettraient. C'est
précisément pour atteindre ce but, que la
coûteuse expérience des constructions de
chemins de fer par l'Etat a été arrêtée,
et que les conventions ont été conclues avec
les Compagnies de chemins de fer. Ces
Compagnies ont accepté, sous certaines
conditions, la charge de construire de nou-
velles lignes ; mais, étant avant tout des
commerçants, elles n'acceptent pas de con-
struire des lignes absolument improducti-
ves. Avec le raisonnement indiqué dans le
rapport général, c'est pour pouvoir con-
struire ces lignes qu'il faudrait maintenir
le budget extraordinaire, ce qui ne paraît
pas absolument urgent. Quant aux autres
grands travaux de ports, de rivières et de
canaux, le budget en assure l'exécution et
pourvoit aux dépenses au moyen des res-
sources ordinaires. Il ne semble donc pas
que le projet du gouvernement fassecourir
de risque au développement utile de l'ou-
tillage national. Il ne fait qu'empêcher les
opérations stériles et improductives, ce
qui, généralement, ne paraît pas une ten-
dance blâmable.
Un autre point sur lequel les divergen-
ces se sont accusées, c'est l'impôt sur le
revenu. La commission, ayant repoussé
les remaniements de taxes proposés par le
gouvernement, a eu recours à cet Impôt
pour combler les vides du budget. Elle
propose de l'appliquer à partir du 1er juil-
let 1887 et compte en retirer, pour ce se-
mestre, 15 millions. Nous ne voulons pas
examiner le fond même de la question.
Cet impôt peut être défendu par de bon-
nes raisons. Mais une considération qui
domine toutes les autres a déjà été pré-
sentée contre l'application immédiate que
la commission propose d'en faire. C'est
qu'à l'heure actuelle, quand il ne reste
que deux mois pour le vote du budget par
les deux Chambres, on s'expose à des re-
tards funestes dans la promulgation de la
loi, en introduisant des changements aussi
considérables et sur lesquels l'opinion est
aussi partagée qu'elle l'est sur celui-ci.
Cette réforme a besoin d'être étudiée avec
prudence ; elle ne peut être introduite
dans la loi brusquement et quelque peu à
l'aventure.
Nous ne voulons examiner aujourd'hui
ni les questions qui se rattachent à l'amor-
tissement, supprimé par le gouvernement,
et rétabli — d'une façon quelque peu fic-
tive — par la commission, ni les divers
autres points sur lesquels le gouverne-
ment et la commission se sont trouvés en
désaccord. S'il fallait suivre, point par
point, les développements du rapport gé-
néral de la commission, il y aurait bien
des assertions douteuses à discuter. Ce-
pendant, nous croyons devoir relever un
chiffre, un seul, de la longue énumération
des recettes destinées à couvrir les dé-
penses prévues de l'exercice 1887. C'est
l'évaluation des droits sur les sucres. Le
projet du gouvernement la porte à 168 mil-
lions 306,300 francs. La commission es-
time que cette évaluation est exagérée et
constate que « l'on est, dès à présent, ex-
posé à un déficit certain de 49,306,300
francs ». Cependant, dans les tableaux
budgétaires, elle inscrit l'évaluation du
gouvernement et ne se préoccupe pas de
combler par d'autres ressources le « défi-
cit certain » qu'elle a signalé.
C'est dire que tout le travail de la com-
mission a consisté, après des hésitations
sans nombre, après des bouleversements
fondamentaux, àsubstituer le « déficit cer-
tain « à l'équilibre probable du projet du
gouvernement. Ce résultat ne peut échap-
per à la Chambre, et comme elle est infor-
mée des erreurs danslesquelles la commis-
sion est tombée, des circonstances au milieu
desquelles les décisions les plus graves ont
été prises par des majorités qui ne repré-
sentaient même pas une minorité nor-
male, il nous paraît difficile qu'elle ac-
corde à ce guide incertain une bien grande
confiance, et nous pensons que le gouver-
nement n'aura pas un bien grand effort à
accomplir pour faire écarter le projet de
la commission, et pour faire adopter le
projet mûrement étudié qu'il avait pré-
senté et qu'il n'a cessé de défendre.
S'il était nécessaire de montrer combien
l'engagement conditionnel d'un an engen-
dre d'abus, d'injustices et d'illégalités dans
son application et par ses conséquences,
nous en trouverions une nouvelle preuve,
à défaut d'autres, dans la décision minis-
térielle qui ouvre, pour le 15 janvier pro-
chain, les examens des candidats au grade
de sous-lieutenant de réserve. Cette déci-
sion, il convient de le dire tout d'abord,
n'innove rien. Elle ne fait que reproduire
un système qui se pratique depuis longues
années déjà. Cela dit, étudions-en les dis-
positions.
Dans le premier trimestre de l'an pro-
chain, des épreuves seront subies par cer-
taines catégories d'engagés conditionnels
d'un an qui aspirent au grade d'officier de
réserve. La mesure, à son point de départ,
est des plus légales, puisque, conformé-
ment à la loi, nos cadres d'officiers auxi-
liaires se recrutent en grande partie parmi
les sous-officiers au moment où ils passent
dans la réserve. Or, les seuls anciens en-
gagés conditionnels d'un an autorisés à
concourir sont ceux qui ont obtenu les ga-
lons de sous-officier. On y a bien ajouté,
en forçant quelque peu le texte de la loi,
les anciens engagés conditionnels d'un an
qui ont mérité la note très bien en quit-
tant les rangs de l'armée, mais ne nous ar-
rêtons pas à cette petite irrégularité.
Voyons, maintenant, comment se fait,
suivant les armes, l'application du prin-
cipe.
Dans l'infanterie et dans les sections
d'infirmiers, le droit aux propositions et
aux concours n'est admis qu'en faveur des
anciens engagés conditionnels d'un an qui
ont été incorporés en novembre 1881 et
qui viennent, en conséquence, de passer
dans la réserve active.
Dans l'artillerie, cette faveur est éten-
due aux anciens engagés conditionnels
d'un an qui ont été incorporés en 1882, en
1883, en 1884, aussi bien qu'en 1881, bien
que la loi spécifie expressément que nul
engagé conditionnel d'un an ne peut être
promu sous-lieutenant de réserve, tant
qu'il est en disponibilité, à moins qu'il
n'ait fait une seconde année de service
dans l'armée ou dans une école militaire.
L'illégalité est flagrante. Elle mène droit
à une injustice, car elle place les officiers
de réserve de l'infanterie en état d'infério-
rité vis-à-vis de ceux de l'artillerie, puis-
qu'elle donne à ceux-ci l'avantage d'une
ancienneté d'une, deux et trois années
dans le grade de sous-lieutenant, avantage
que rien ne justifie.
Mais ce n'est pas tout. La cavalerie, qui
a des engagés conditionnels d'un an, ne
veut pas y prendre un seul officier de ré-
serve. Ceux-ci sont donc autorisés à se
présenter, pour obtenir le grade de sous-
lieutenant, dans l'artillerie ainsi que dans
le train, cette dernière arme n'ayant pas
du tout d'engagés conditionnels d'un an.
Et naturellement, la faveur octroyée, sans
aucun motif, aux engagésjconditionnels de
l'artillerie s'applique à ceux de la cavale-
rie. Seulement les régiments d'artillerie
et les escadrons du train doivent, autant
que possible, mettre ces candidats parti-
culiers à même d'acquérir les connais-
sances qui leur sont nécessaires pour su-
bir avec succès les épreuves. Il semble
que Ion aurait du moins pu avoir la
même prévenance à l'égard des anciens
engagés conditionnels d'un an de l'infan-
terie qui, ayant quitté l'armée depuis
quatre années, ne sont plus tout à fait au
courant des détails du métier. Mais on
n'y a pas songé jusqu'à présent, et ils se
préparent comme ils peuvent.
- Quand nous aurons dit que le génie ne
reçoit ni un engagé conditionnel ni un
officier de réserve de cette catégorie, nous
aurons ajouté à tous les arguments qui
précèdent une nouvelle preuve de la né-
cessité pour le législateur de reviser au
plus tôt une institution qui peut aboutir
à des expédients aussi iniques et illégaux.
CHRONIQUE
A mitraille!
Ce n'était pas assez des fusils à répé-
tition, des canons-revolvers, des mi-
trailleuses-arrosoirs et des torpilles au-
tomobiles. Ce n'était pas assez de ces
obus monstres et de ces bombes as-
phyxiantes qui, après avoir servi de
thème à l'imagination scientifico-fantai-
siste de l'inimitable auteur de De la Terre
à la Lune et des Cinq cents millions de
la Bégum, sont en train de passer dans
la pratique des nations militaires. Ce
n'était pas assez de ces projectiles « dis-
coïdes », inventés, il y a quelque trois
ou quatre ans, par un certain capitaine
Chapel, et dont on pourrait, à ce qu'on
prétend, obtenir, ni plus ni moins que
du fameux boomerang australien, des
trajectoires spontanées d'écharpe ou de
revers, de véritables « effets à revenir ».
Ce n'était même pas assez de la pers-
pective prochaine — où d'aucuns vou-
laient voir le plus clair et le plus pré-
cieux résultat des progrès de la naviga-
tion aérienne — d'une pluie de cartou-
ches de dynamite soudainement déversée
du sein des nuages sur l'armée enne-
mie par l'équipage d'une escadre de
ballons dirigeables.
Tout cela laissait encore singulière-
ment à désirer, et l'infatigable génie de
la destruction n'avait pas dit son det-
nier mot.
Ces machines meurtrières, dont je
viens d'esquisser l'incomplète énuméra-
tion, et auxquelles les plus sceptiques
devront reconnaître un certain mérite,
avaient, toutes, cependant, un défaut.
Elles ne fonctionnaient pas toutes seu-
les ! Il leur fallait des servants, des
auxiliaires, des metteurs en œuvre,
chose évidemment fort préjudiciable à
la civilisation.
Il paraît qu'un inventeur américain,
M. Maxim, l'homme peut-être qui a
poussé le plus loin l'art de tuer le pau-
vre monde, vient de remédier à cet in-
convénient, en créant, grâce à l'utilisa-
tion de la force de recul, des engins au-
tomatiques.
*
* -tr
Voici, d'après les revues spéciales,
quel est le principe essentiel de l'une
des nouvelles mitrailleuses Maxim. Il en
est, du reste, de plusieurs types :
Les cartouches destinées à l'alimenta-
tion de l'arme sont insérées, l'une à la
suite de l'autre, sur une bande de toile
(canvas-belt), longue de six mètres, où
elles sont fixées séparément par des pat-
tes à œillet, suivant une disposition qui
rappelle les ceintures-cartouchières dont
font usage beaucoup de vieux chasseurs.
Chaque bande contient 333 cartouches.
On finira, bien entendu, par en fabriquer
de plus longues, d'un kilomètre peut-
être, portant des milliers de cartouches,
sinon même « sans fin », comme le pa-
pier des presses rotatives.
Lorsqu'on veut commencer le feu, on
introduit le bout d'une de ces bandes
dans la culasse. Dès que le premier coup
est tiré, le recul ramenant le canon en
arrière, vient actionner un mécanisme
qui expulse l'étui vide (provenant du
coup antérieurement tiré), cueille dans
la bande distributrice une nouvelle car-
touche chargée, la glisse dans le ton-
nerre et l'enflamme en agissant sur le
percuteur. Le feu peut continuer ainsi
sans interruption jusqu'à ce que la file
des cartouches soit à bout. Pendant ce
temps-là, libre à l'unique artilleur-qui
peut être manchot, car la manœuvre
n'exige que l'emploi d'une seule main-
libre à l'artilleur, si cela lui plaît, de
« griller » un papelito ou de vaquer à ses
petites affaires. Il lui est même loisible,
à l'aide d'un levier qui se meut sur un
cadran placé sur le côté du canon, de
régler à l'avance la vitesse du tir. Cette
vitesse peut aller jusqu'à deux cents
coups à la minute - d'aucuns disent
même six cents, soit dix à la seconde,—
et cela sans danger, puisque (tout ayant
été prévu) un appareil hydraulique donne
le moyen d'empêcher un échauffement
trop rapide.
On ne dit pas si l'homicide engin se
graisse et se nettoie tout seul, son ser-
vice fini, ni si, une fois épuisé le stock
des cartouches cousues sur la bande de
toile qu'on lui fourre ainsi dans le ven-
tre, il est en état de s'en aller spontané-
ment, d'un tour de roues délibéré, vers
le fourgon voisin, s'approvisionner de
plus belle, sauf à retourner ensuite, sans
le concours d'aucun servant, reprendre
son poste et recommencer sa besogne.
Cette lacune est vraiment fâcheuse.
*
**
Si nous en croyons M. le lieutenant-
colonel Hennebert, un homme « de la
partie » (et non des moins compétents),
les expériences auxquelles vient d'être
soumis ce self-acting machine gun au-
raient été absolument concluantes.
J'en suis ravi. Savez-vous que voilà
un ingénieux instrument de propagande
internationale, qui va rendre de grands
services, surtout à la marine ! On con-
naît l'importance du problème de la pro-
tection des navires de guerre contre
l'attaque des torpilleurs, lesquels mar-
chent à la vitesse de 25 nœuds. Or, le
nouveau canon satisfait à toutes les
conditions d'une défense rationnelle.
Plus besoin de vigies attentives, ju-
chées dans les haubans ou sur les bas-
tingages ; plus besoin de crinolines Bul-
livant ni de ceintures de chasteté aux
mailles métalliques ; plus besoin de fa-
naux électriques fouillant l'horizon de
leur étincelante prunelle. Placez-moi
seulement, tout autour du cuirassé au
mouillage, à l'endroit précis où com-
mence la zone dangereuse, un chapelet
serré de flotteurs, invisiblement reliés,
par des conducteurs immergés, à un
appareil électrique actionnant une bat-
terie de mitrailleuses Maxim préalable-
ment amorcees. vous pouvez, dès lors,
donner campo aux hommes de quart. Le
plus insidieux des torpilleurs ne se sera
pas plus tôt engagé au milieu du réseau
des flotteurs que, crac! au premier choc,
voilà nos trente ou quarante mitrail-
leuses de bâbord ou de tribord qui,
sans dire gare, électriquement, toutes
seules, se mettent à cracher « en éven-
tail » deux ou trois cents « pruneaux »
d'acier à la minute, jusqu'à complète
pulvérisation de l'intrus. Moyennant
quoi, capitaine et matelots pourront
dormir du sommeil de l'innocence et ne
se réveiller que juste à point pour arrê-
ter une canonnade devenue inutile, dé-
brayer le mécanisme et remettre les
choses en état.
Avec les canons Maxim à répétition,
je ne vois plus guère que les torpilleurs
sous-marins — les bateaux-poissons !
— qui puissent tenir le rôle. Qu'en
pense l'amiral Aube ?
*
+ *
C'est égal ! Une mitrailleuse qui se
re.monte et qui marche toute seule
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