Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-11-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 03 novembre 1886 03 novembre 1886
Description : 1886/11/03 (A17,N5411). 1886/11/03 (A17,N5411).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75600416
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Dix-seotïème année. — N' 5411
Prix du numéro : Paris et Départements : 15 centimes
Mercredi 3 novembre 1886
LE XIXE SIECLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
1 S, rue Cadet, 16
Directeur politique :
A.-EDOUARD PORTALIS
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS -.
Trois mois -16 »»
Six mois. 32 »»
Un an 6 £ »»
PARIS
Trois mois. of 3 »»
Six mois. 25 ), »
Un an. 50 »»
Supplément pr l'Étranger (Europe) 1 fr. par trimestre
Les abonnemtspartent des 1er et 15 de chaque mois
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
16, rue Cadet, IE3
EN VENTE A LONDRES
- Et Abonnements pour l'Angleterre
Au bureau du XIXe Siècle
76, Finsbury Pavement, E. C.
RÉGISSEURS r~AJ~T~Ct~o~~
MM. LAGRANGE, CERF ET CIE
6, place de la Bourse, 6
AVIS
Nous appelons Vattention de nos lec-
teurs sur notre tableau de la Bourse, qui
vient d'être entièrement nwdifié. Il est
maintenant plus complet que dans aucun
autre journal, il contient toutes les va-
leurs journellement cotées. Parmi les
innovations que nous y avons intro-
duites, nous signalerons y notamment,
l'indication des intérêts et dividendes
réservés ou garantis aux actions des
Compagnies de chemins de fer par les
dernières conventions. Nous avons éga-
lement spécifié les obligations qui jouis-
sent de garanties, et les remboursements
différents de cinq cents francs.
BULLETIN
Les régents de Bulgarie font contre for-
tune bon cœur : ils se débattent au milieu
de difficultés chaque jour grandissantes.
La Sobranié, élue suivant les désirs du
gouvernement bulgare, reflète exactement
les sentiments d'hostilité à la Russie qui
animent deux des régents. Dans une des
dernières séances, elle s'est livrée à des
manifestations bruyantes contre les parti-
sans de la politique russe, et le nom de
M. Karaveloff, le troisième régent, a été
accueilli par des huées et les cris de :
« Mort au traître 1 »
Les relations entre le général Kaulbars
et le gouvernement bulgare sont toujours
à la veille d'être rompues. Le réprésentant
du tsar a menacé une dernière fois de
quitter la Bulgarie avec tous les représen-
tants de la Russie, s'il se produisait un
acte quelconque portant « atteinte aux
droits des sujets russes ». Autant dire que,
demain, nous pouvons apprendre que le
général Kaulbars est parti ; ce qui advien-
drait après son départ est facile à prévoir.
Le gouvernement, dans cette situation
critique, à la merci du moindre incident,
du plus léger attentat, paraît résolu à
pousser les choses à l'extrême en restant
dans la légalité. Il est à la recherche d'un
candidat à la couronne de Bulgarie, qui
consente à endosser les responsabilités de
la politique de casse-cou qui est suivie à
Sofia et à Tirnova depuis quelques se-
maines. D'après une dépêche du Stan-
dard, le gouvernement bulgare aurait eu
l'intention de proposer le prince Valde-
mar comme candidat au trône de Bulgarie.
Il espérait que ce choix, ratifié par la So-
branié, serait accepté aussi par la Russie.
La tsarine ne pourrait, en effet, que se
montrer favorable à la personne du prince
Valdemar, son frère. Le tsar aurait peut-
être, lui, des raisons particulières de ne
pas partager cette manière de voir si, par
ailleurs, cette nouvelle ne reposait sur
des données absolument inexactes. Il est
possible que les régents de Sofia aient
offert la couronne au prince Valdemar;
mais il est presque certain que celui-ci,
sur les conseils de son frère, le roi de
Grèce, est résolu de ne pas accepter ce
cadeau de la main de qui n'a pas le droit
de le lui offrir. On sait, en effet, que le
tsar ne reconnaît la validité ni des élec-
tions bulgares ni des actes de la Sobranié.
Il est vraisemblable qu'aucun prétendant
ne se soumettra à l'aléa d'une élection dé-
clarée caduque par avance, et que les ré-
gents s'agiteront dans le vide jusqu'à ce
qu'un événement quelconque les force à
céder la place.
C'est ce que doit attendre la Russie, qui
se tient prête à profiter du premier pré-
texte venu pour délivrer la Bulgarie du
gouvernement instable qui la conduit à la
ruine.
L'Angleterre suit la question bulgare
avec une attention qui trahit ses inquié-
tudes. Les efforts de la diplomatie britan-
nique tendent visiblement à réagir, à
Constantinople, contre l'influence des
agents russes. Le cabinet de Londres ne
se dissimule pas que le sultan est gagné
à la politique du tsar ; il n'ignore pas que
les projets d'Alexandre III ont reçu l'ap-
probation tacite, sinon expresse, de l'em-
pereur Guillaume.
Le Times va jusqu'à dire « que l'envoi
de navires russses à Varna a été ordonné
par le tsar lui-même, après qu'il eût con-
féré avec le comte Schouvaloff, qui venait
de Berlin ». Aussi bien, l'objectif de la po-
litique anglaise est de détacher le sultan
de l'alliance russo-turque. Le Times re-
proche aigrement au cabinet Gladstone-
Granville d'avoir abandonné la politique
traditionnelle de l'Angleterre avec la Tur-
quie, et dit en propres termes : « L'on ne
peut actuellement rompre l'arrangement
russo-turc qu'en revenant à l'ancienne
politique, c'est-à-dire en considérant la
Turquie comme une puissance militaire
dont l'alliance doit être recherchée. »
Telle est la mission de sir William
Withe, le nouvel ambassadeur d'Angle-
terre à Constantinople. Mais tout donne
à penser que, malgré son habileté, ce di-
plomate ne réussira pasà reprendre, dans
les conseils de la Porte, l'influence que la
politique de son prédécesseur a compro-
mise sans retour.
LOUIS HENRIQUE.
» ———mmmmmmm 1* ■
INFORMATIONS P ARTICULItRES
Conseil des ministres
Les ministres se sont réunis hier matin à
l'Elysée, sous la présidence de M. Jules
Grévy.
M. Baïhaut, qui, comme on le sait, est dé-
missionnaire, n'assistait pas au conseil, ainsi
que M. Demôle, qui est actuellement dans le
département de Saône-et-Loire.
Le ministre de l'intérieur a fait savoir
qu'il convoquerait, peur le lundi 8 novembre
prochain, les conseils généraux, à l'effet d'é-
lire les quatre conseillers qui doivent faire
partie, dans chaque département, du conseil
de l'enseignement primaire créé par la nou-
velle loi du 30 octobre 1886.
Le ministre de la guerre a communiqué
au conseil les renseignements qu'il a reçus
du général Jamont au sujet du malheureux
événement survenu à Phu-No, au Tonkin, et
que nous racontons plus loin.
Le général Jamont a fait savoir qu'une co-
lonne de 35 tirailleurs tonkinois, commandée
par un lieutenant et un sergent français,
avait été surprise par les pirates le 10 sep-
tembre dernier, et que, sur les 35 hommes
composant la colonne, 17 seulement étaient
revenus.
Le général Jamont ajoute que deux forts
détachements de troupes françaises ont été
envoyés à Phu-No pour atteindre et disper-
ser les pirates.
La démission de M. Baïhaut
La démission de M. Baïhaut, ministre des
travaux publics, est définitivement acceptée
et le choix de son successeur sera arrêté dans
le conseil de jeudi.
Plusieurs noms ont été mis en avant, no-
tamment ceux de MM. Jules Roche, Adolphe
Cochery, Reymond, Félix Faure, Devès, Sieg-
fried.
Hier soir, M. Cochery paraissait avoir quel-
que chance, mais rien n'est définitif.
On faisait remarquer, d'ailleurs, que M.
Cochery s'était montré l'adversaire résolu de
l'Exposition universelle de 1889 et du Métro-
politain. De plus, M. Cochery n'a jamais perdu
l'occasion de manifester son opposition au
cabinet présidé par M. de Freycinet.
Dans ces conditions, il semble difficile que
la candidature de M. Cochery puisse être ac-
ceptée par le conseil des ministres.
Il est certain, d'autre part, que le succes-
seur de M. Baïhaut sera choisi parmi les hom-
mes politiques qui appartiennent à la nuance
du démissionnaire, et parmi eux, les candida-
tures les plus probables sont celles de MM.
Devès et Reymond.
Le résident général à Tunis
M. Patenôtre a définitivement refusé la
succession de M. Cambon.
Parmi les candidats au poste de résident
général à Tunis, on cite les noms de MM.
Bihourd, directeur des affaires départementa-
les au ministère de l'intérieur ; de Lanessan,
délégué général aux colonies ; Glaize, préfet
de la Loire-Inférieure. On prononce égale-
ment les noms de quelques autres préfets.
La colonie française, à Tunis, accueillerait
favorablement la nomination de M. de Lanes-
san. Toutefois, ce dernier, actuellement ab-
sent de Paris, n'a pris aucune part aux dé-
marches faites en sa faveur auprès du gou-
vernement.
Le conseil des ministres s'inspirera,
croyons-nous, pour le choix du nouveau
résident, des titres réels des divers candi-
dats.
L'un des titres les plus sérieux de M. de
Lanessan est, évidemment, le rapport très
complet rédigé récemment par notre délé-
gué général aux colonies, sur la situation ac-
tuelle de la Tunisie, et qui trace, pour ainsi
dire, la ligne de conduite du représentant de
la France à Tunis.
Les ministres plénipotentiaires
Aux termes d'un décret que M. de Freyci-
net a soumis, hier, à la signature du président
de la République, les ministres plénipoten-
tiaires de 28 classe dont les noms suivent
sont élevés à la i ro classe de leur grade :
MM. Mollard, directeur du protocole ;
De Balloy, représentant de France en Perse ;
De Coutouly, représentant de France à Bu-
charest.
Barrère, représentant de France à Stock-
holm ;
D'Aunay, représentant de France au Caire ;
Francis Charmes, directeur des affaires po-
litiques.
Convocations d'électeurs
Le Journal officiel publie ce matin :
1° Un décret convoquant les électeurs du
département des Hautes-Alpes, à l'effet d'élire
un député, le 28 novembre courant;
2° Un décret convoquant les électeurs du
canton de Grignon (Drôme), le 21 novembre
courant, à l'efl'et d'élire leur représentant au
conseil général ;
3° Un décret convoquant les électeurs du
canton de Combourg (Ille-et-Vilaine), le 21
novembre courant, à l'effet d'élire leur re-
présentant au conseil général.
QUESTIONS DU JOUR
Le parti révolutionnaire
Le Cri du Peuple ne revient pas de
l'échec qu'a subi M. Duc-Quercy, son
candidat pour le conseil municipal dans
le quartier de l'Hôpital-Saint-Louis. Nous
avons donné, lundi, les résultats de ce
scrutin, qui n'a abouti qu'à un ballot-
tage, et auquel ont pris part 4,900 élec-
teurs seulement sur plus de 8,000 ins-
crits. M. Duc-Quercy, on s'en souvient,
n'est venu qu'au quatrième rang avec
900 voix. Le reste des suffrages s'est ré-
parti entre MM. Debertrand et Dupont,
l'un qualifié, par le Cri du Peuple, de
candidat industriel et l'autre, de candi-
dat opportuniste; enfin, M. Faillet, socia-
liste, et M. Murât, radical. Les amis de
M. Duc-Quercy comptaient bien sur un
ballottage, mais ils le croyaient assuré
du succès pour le second tour. Illusions
perdues! Aujourd'hui, M. Duc-Quercy
retire sa candidature, seul parti raison-
nable qu'il eût à prendre.
Maintenant, le Cri du Peuple s'em-
porte en accusations véhémentes contre
les électeurs qui ont trahi la eause ré-
volutionnaire socialiste. Son irritation
n'était pas pour nous surprendre, mais
nous n'en avons pas moins lu avec cu-
riosité ses commentaires et ses récits. Il
en résulte, de son propre aveu, que la
politique du Cri du Peuple n'est pas en
bonne odeur dans le dixième arrondis-
sement de Paris : « Tout l'effort de
l'attaque, limité à un seul candidat sur
cinq, portait contre Duc, en sa qualité
de rédacteur du Cri du Peuple. Il était
traité comme l'ennemi, l'unique ennemi,
et, par système, tantôt l'un, tantôt l'autre
des rédacteurs du Cri du Peuple était
invectivé. Le groupe se répandait en
imprécations violentes contre le Cri du
Peuple, journal indigne, infâme, etc.»
C'est à la candidature socialiste du ci-
toyen Faillet que le journal de M. Duc-
Quercy s'en prend avec le plus d'amer-
tume ; la déclaration qui a paru en
tête du numéro d'hier se termine par
la notification de la rupture du parti
vraiment révolutionnaire avec les socia-
listes pâles tels que le citoyen Faillet :
« Nous cessons, dès aujourd'hui, toutes
relations avec ceux qui se sont mis
eux-mêmes hors de la communion révo-
lutionnaire. »
Il est désirable que le Cri du Peuple
persévère dans cette résolution du pre-
mier moment, car il fera cesser ainsi
toute équivoque sur les forces dont le
parti révolutionnaire socialiste dispose.
Son programme est, d'ailleurs, très net,
et nous ne saurions que reconnaître la
clarté des principes émis dans le manifeste
qui vient d'être affiché dans le quartier
de l'Hôpital-Saint-Louis. Il y est dé-
claré : « Que les producteurs ne sau-
raient être libres qu'autant qu'ils seront
en possession des' moyens de produc-
tion (terres, usines, navires, banque,
crédit, etc.) ; que cette appropriation
collective ne peut sortir que de l'action
révolutionnaire de la classe productive,
ou prolétariat, organisée en parti poli-
tique distinct ; qu'une pareille organi-
sation doit être poursuivie par tous
les moyens dont dispose le proléta-
riat, etc., etc. » Je ne me charge point
d'expliquer comment se sont formées
de pareilles conceptions dans les cer-
veaux d'hommes qui prétendent avoir
étudié à fond la question sociale et qui
devraient savoir distinguer, au moins,
le possible de l'impossible, le chiméri-
que du réel. Mais nous aurons toujours
des excentriques parmi nous; seule-
ment, on peut compter que leur troupe
ne grossira guère, car il n'y a que des.,
esprits exaltés ou dévoyés qui se puis-
sent laisser entraîner dans cette folie.
Les électeurs parisiens ont bien mon-
tré ce qu'ils en pensent, non seulement
ceux du quartier de l'Hôpital-Saint-
Louis, mais aussi, pour le rappeler en
passant, ceux du quartier Notre-Dame,
où il ne s'est même pas présenté de
candidat révolutionnaire, et où les suf-
frages se sont partagés entre des hom-
mes dont la politique n'a rien de com-
mun avec les revendications de M.
Duc-Quercy. Voilà des faits dont la si-
gnification est incontestable, et dont il
ne faut pas oublier de rapprocher les
éloquentes protestations des syndicats
ouvriers, auxquelles a donné lieu l'in-
trusion des révolutionnaires socialistes
qui, sans mandats ou avec des mandats
de complaisance, ont accaparé la tri-
bune au congrès de Lyon.
En résumé, il y aura toujours des so-
cialistes, parce qu'il y aura toujours
des questions sociales à étudier. Mais
une ligne de démarcation bien tran-
chée doit séparer les socialistes répu-
blicains des socialistes révolutionnaires.
Avec les uns, nous marcherons vers le
progrès, dirigés par la réflexion, l'ob-
servation, l'étude, les efforts calculés,
le travail ininterrompu ; mais il n'y a
qu'utopie et menace de guerre civile du
côté des autres, qui appellent le prolé-
tariat aux armes pour s'emparer des
« moyens de production », ainsi qu'on
l'a vu tout à l'heure. C'est ce qui de-
vient plus clair de jour en jour.
EUG. LIÉBERT.
LA DÉMISSION
DU MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS
La démission de M. Baïhaut, ministre
des travaux publics, qui est aujourd'hui
un fait accompli, provoque, de divers côtés,
des commentaires assez surprenants. Per-
sonne n'ignore — et le fait^ été confirmé
de nouveau ces jours-ci — que M. Baïhaut
avait, dès le mois de septembre, remis sa
démission à M. de Freycinet, en la moti-
vant sur des raisons de santé, et que si
depuis lors il avait, sur les instances du
président du conseil, conservé son porte-
teuille, le caractère provisoire de cette si-
tuation n'avait pas été modifié. Est-ce aux
raisons de santé ou à d'autres motifs d'or-
dre personnel qu'il faut attribuer le véri-
table motif de cette démission ? On a fait
courir, à ce propos, bien des racontars, et
un journal républicain faisait, hier soir,
encore une allusion fort transparente à
l'intention qu'aurait M. Baïhaut de se re-
tirer de la politique, pour chercher ailleurs
l'emploi de. ses mérites d'ingénieur. Il ne
nous convient pas d'examiner si ces bruits
divers ont quelque fondement, ou jusqu'à
quel point ils méritent créance. Tout ce
que nous voulons retenir, c'est que la dé-
mission du ministre des travaux publics
n'est pas un événement politique, et qu'elle
n'a pas, au point de vue de la stabilité du
cabinet, la portée que certains journaux
lui ont attribuée.
S'il fallait en croire certains de nos con-
frères, le départ de M. Baïhaut ne serait
que le précurseur de celui d'autres mem-
bres du cabinet, dont la conduite serait
dictée par un sentiment « d'impuissance,
de lassitude et de dégoût », et qui, « ex-
posés chaque jour aux attaques les plus
perfides et les plus violentes » de la part du
parti radical, en seraient venus à ne savoir
même plus « s'ils plaisaient encore à leur
propre parti ». Cette façon d'écrire l'his-
toire dénote une certaine imagination.
Mais, jusqu'ici, on chercherait vainement
sur quels faits ces appréciations sont fon-
dées. Si, dernièrement, M. Sadi Carnot a
voulu se retirer, ce n'était pas à la suite
d'un conflit avec une fraction de la majo-
rité ; mais bien à cause d'un désaccord
avec une majorité de hasard qui s'est for-
mée dans la commission du budget. Les
velléités de retraite de M. Sarrien n'avaient
pas, non plus, de causes bien graves. Il y
avait eu, dans le vote de l'ordre du jour,
un malentendu, que le ministre de l'inté-
rieur aurait certainement empêché de se
produire, avec quelques explications plus
nettes données à la tribune, au lieu de
parler de sa place, au milieu du bruit.
Quant à M. Baïhaut, il n'a certes pas à se
plaindre de la Chambre, qui a clos toutes
les interpellations sur Decazeville confor-
mément à ses désirs ; et, depuis la fin de
cette affaire, aucun incident ne s'est pro-
duit qui ait pu provoquer son « dégoût » -
Quant aux relations des membres du
cabinet qui appartiennent à l'Union des
Gauches avec leur groupe, nous n'avons
pas à rechercher jusqu'à quel point elles
sont cordiales. Nous ne pouvons nous em-
pêcher, cependant, de remarquer que si le
groupe laisse entendre à ses adhérents mi-
nistres qu'ils ont cessé de lui plaire , ce
groupe indique en même temps qu'il a
une étrange façon de comprendre les né-
cessités de l'heure présente et de se plier
aux besoins de la situation créée par les
élections générales du 4 octobre. L'Union
des Gauches s'imagine-t-elle que l'heure
est venue de renoncer aux ministères
« d'ordre composite », et de former un ca-
binet exclusivement composé de membres
pris dans son sein? Elle doit, mieux que
personne, savoir quelle garantie de durée
ce cabinet présenterait. Si l'homogénéité
ministérielle n'est pas possible, un cabinet
ne peut durer qu'à la condition que les di-
vers partis se fassent de mutuelles con-
cessions. Or, si les radicaux font à leurs
collègues des concessions en n'allant pas
jusqu'au bout de leur programme, la
fraction moins avancée doit faire aussi
une concession en allant un peu au delà
de ses propres désirs. Il faut établir une
moyenne et subir ce qu'on ne peut pas
empêcher. Tout le monde doit compren-
dre la nécessité de ces compromis, et, loin
dé témoigner quelque hostilité aux hom-
mes qui acceptent la tâche délicate de né-
gocier ces concessions et de les mener à
bien, l'Union des Gauches devrait leur en
savoir gré et les soutenir dans leur en-
treprise, car il est de son intérêt que le
cabinet actuel dure. S'il venait à tomber,
il n'est pas certain qu'elle trouverait dans
le cabinet suivant les avantages dont elle
dispose avec celui-ci, et elle serait encore
bien obligée de lui prêter son appui.
Ces considérations d'ordre général, dans
lesquelles sont entrés certains de nos con-
frères et auxquelles nous nous sommes
laissé entrainer à leur suite, ne sont, du
reste, que théoriques. Les journaux de
l'Union ont saisi, pour les développer, l'oc-
casion que leur offrait la démission de M.
Baïhaut. Mais cette occasion n'est, en réa-
lité, qu'un prétexte. La retraite du minis-
tre des travaux publics ne compromet pas,
semble-t-il, la force du cabinet. Mo, de
Freycinet saura tenir compte, dans le
choix de son successeur, des nécessités
qui résultent de la situation des partis. Il
y aura un nom de changé ; mais cela ne
peut influer ni sur la direction politique
du cabinet, ni sur l'accord du ministère
avec la majorité de la Chambre.
LA VIE DE PARIS
Les Parisiens, avec des sentiments
assez divers, se sont maintes fois occu-
pés des Félibres de ma Provence. Les
uns ont goûté nos poètes, parfois même
fait l'effort nécessaire pour entendre
quelque chose de leur langue ; les au-
tres ont mal compris l'attachement des
Félibres à leur idiome et ont été, ce
qui est absurde, jusqu'à voir dans cet
attachement une tendance à je ne sais
quel séparatisme antinational. Des ex-
plications ont souvent été données sur
ces choses, et nous y avons gagné que
la littérature provençale a été connue à
Paris, presque à la mode, et que les
noms de nos poètes sont entrés dans
les oreilles françaises ; trois noms sur-
tout, charmants et retentissants tous
les trois, Mistral, Roumanille, Aubanel.
Hélas ! ils ne restent plus que deux, de
la Société du Félibrige. Teodor Aubanel
est mort avant-hier.
Aubanel avait cinquante-sept ans. Il
était né à Avignon, fils d'un imprimeur
qui a édité, ainsi qu'Aubanel lui-même,
la plupart des œuvres écrites en proven-
çal. Souvent, dans les compliments et
les brindas que les Félibres échangent
volontiers entre eux en leurs assemblées
et banquets, on a appelé Aubanel le Pé-
trarque provençal. Il a eu cela, tout
au moins, de commun avec le poète ita-
lien, que l'amour a inspiré la première
et la plus considérable de ses œuvres,
la Grenade entr'ouverte. Et il a eu cela
de plus que lui, que cet amour n'a pas
été, comme l'amour de Pétrarque pour
Laure, une passion où la littérature fût
pour beaucoup, si ce n'est pour tout;
mais une passion réelle, profonde, pour
une jeune fille qui se fit religieuse, —
j'ignore pourquoi. Aubanel, désespéré,
quitta Avignon, voyagea longtemps. Puis
il rentra au foyer paternel et se mit à
écrire ses poésies, qui portent pour épi-
graphe ces paroles si vraies : « Qui
chante son mal, le guérit. »
La Grenade entr'ouverte — cette gre-
nade symbolique, c'est le cœur même
du poète d'où coulent des gouttes de
sang, rouges comme les graines du gre-
nadier — est une suite de petits poè-
mes, reliés par le souvenir d'un amour
unique. Le recueil se compose de deux
parties, également tristes, reliées par un
intermède. Je me sers à dessein de ce
mot cher à Heine, parce que, dans cette
œuvre, le poète provençal, aussi bien
que le « Prussien libéré» ont bu aux mê-
mes sources des élégiaques latins. La
publication de la Grenade entr'ouverte
fit la renommée d'Aubanel, renommée
restreinte d'abord, qui grandit ensuite
sans effort, quand Mistral devint célèbre
dans le public de Paris, amenant avec
lui à la gloire ses compagnons du Féli-
brige. Mais la Grenade n'est pas la seule
œuvre d'Aubanel. Il a multiplié les pe-
tits poèmes, paraissant dans YAlmanach
provençal, souvent pièces de circons-
tance, compliments et épithalames.
Et nombre de ces pièces ont été réu-
nies dans un volume, les Filles d'Avi-
gnon, où, consolé de ses désespéran-
ces, le poète se donne tout entier à
chanter la beauté, dans un sentiment
tout païen. Il aime, dit-il dans sa pré-
face, le soleil et les femmes, et le so-
leil et les femmes se retrouvent dans
chacun de ses vers.
Une des pièces de ce recueil, peu ré-
pandu, tiré pour les amis, est célèbre
parmi les Provençaux. C'est l' « Hymne
à la Vénus d'Arles », sorte de prière du
poète païen à la beauté pure de la
forme. Je vais la dire ici, car peut-on
mieux parler d'un regretté poète qu'en
le citant ?
« Tu es belle, ô Vénus d'Arles, à
rendre fou ! Ta tête est fière et douce,
et tendrement ton cou s'incline. Respi-
rant le rire et les baisers, que va nous
dire ta fraîche bouche en fleur? Les
amours ont noué avec grâce, d'un ruban,
des longs cheveux sur ton front, frisés
par petites ondes. 0 blanche Vénus
d'Arles ! ô reine provençale ! aucun
manteau ne cache tes épaules superbes :
on voit que tu es déesse et fille du ciel
bleu; ta belle poitrine nous fascine, et
l'œil, plein de rayonnements, se pâme
de plaisir devant les pommes de ton
sein, si rondes et si pures. — Que tu
es belle ! Venez, peuples, venez boire à
ces beaux seins jumeaux, l'amour et la
beauté ! Oh ! sans la beauté, que de-
viendrait le monde? Au soleil, tout ce
qui est beau ; que tout ce qui est laid se
cache ! Montre-nous tes bras nus, ton
sein nu, tes flancs nus : montre-toi
toute nue, ô divine Vénus ! la beauté te
revêt mieux que ta robe blanche ; laisse
à tes pieds tomber la robe qui s'enroule
à tes hanches, voilant tout ce que tu as
de plus beau. Abandonne ton ventre
aux baisers du soleil ! Comme le lierre
s'enlace à l'écorce d'un arbre, laisse-
moi, en mes embrassements, étreindre
en plein ton marbre ; laisse ma bouche
ardente et mes doigts frémissants courir
amoureux partout, sur la blancheur de
ton corps. 0 douce Vénus d'Arles ! ô fée
de jeunesse ! Ta beauté, qui rayonne sur
toute la Provence, fait belles nos filles
et sains nos garçons. Sous cette chair
brune, ô Vénus ! il y a ton sang tou-
jours vif, toujours chaud ! Et voilà pour-
quoi, la poitrine découverte, s'en vont
nos jeunes filles alertes; et voilà pour-
quoi nos gais jeunes gens sont forts aux
luttes des taureaux, de l'amour, de la
mort. Et voilà pourquoi je t'aime, — et
ta beauté immortelle, — et pourquoi
moi, chrétien, je te chante, ô grande
païenne ! »
- J'ai donné ce morceau, qui passe pour
une des belles pages de l'œuvre d'Au-
banel. Parfois, l'expression est un peu
vive. Mais il ne s'agit que de littérature,
et on le sent. Peut-être même me dira-
t-on que, dans la traduction, on le sent
trop ? Il y a, en effet, un éternel malen-
tendu entre les admirateurs de la poésie
desFélibres et le gros du public français,
qui ne connaît pas leur langue. Celui-ci,
volontiers, accorde qu'il y a du mouve-
ment, de l'émotion, de la grâce dans
nos poètes ; mais, après tout, il ne
trouve pas que ces mérites y soient si
éclatants que nous le disons. C'est que
l'expresion est pour les trois quarts
dans la beauté de la poésie provençale,
expression intraduisible neuf fois sur
dix. Les images, par exemple, sont
presque toujours résumées en un seul
vocable, qui manque au français. C'est
ce qui fait que le Félibrige restera un
phénomène littéraire restreint. Il faut,
pour goûter les Provençaux, pour leur
donner un rang digne d'eux, — quand
on ne connaît pas leur langue — s'en
remettre et s'en confier à d'autres Pro-
vençaux. Et on n'aime pas toujours à
nous croire sur parole, pauvres gens du
Midi ! Pourtant, je demande qu'on me
croie quand je dis combien profond et
légitime est le deuil de la mort d'Au-
banel. C'était un passionné de son pays,
de son art, et nul peut-être n'avait mieux
écouté le conseil d'André Chénier, à qui
il ressemble :
Sur des pensers nouveaux, faisons des vers
[antiques.
HENRY FouQurER,
— ——
COULISSES PARLEMENTAIRES
La commission du budget. — La caisse
d'épargne postale.
M. Sadi Carnot, ministre des finances, et
M. Peytral, sous-secrétaire d'Etat, ont été
entendus, hier, par la commission du bud-
get, au sujet des conclusions du rapport de
M. Camille Dreyfus sur le budget du minis-
tère des finances.
L'entretien de MM. Sadl Carnot et Peytral
avec la commission a duré environ quatre
heures et porté sur des points de détail qui
ne présentent aucun intérêt particulier.
*
**
M. Granet, ministre des postes et télégra-
phes, déposera prochainement sur le bureau
de la Chambre un projet de loi relatif à l'ac-
quisition d'un hôtel pour l'installation de la
caisse d'épargne postale, qui est, depuis sa
création, provisoirement installée au minis-
tère.
t
-—————————— ————————————-
L'AFFAIRE DE BULGARIE
(SERVICE HAVAS ET DÉPÊCHES PARTICULIÈRES)
La situation. — Les régents. — Une note du
« Messager du gouvernement ». — Le conseil
de l'Angleterre.
Tirnova, 2 novembre, 2 h. après-midi.
Le général Kaulbars se plaint qu'un sujet
russe, fonctionnaire bulgare, ait été maltraité
par le préfet de Sofia, et il demande que ce-
lui-ci fasse des excuses publiques ou bien
qu'il soit révoqué.
Le drogman du consulat de Russie à Rous-
tchouk, qui était arrivé en cette ville pour
assister aux séances de la Sobranié, a reçu
du général Kaulbars l'ordre de repartir im-
médiatement.
La situation ne s'est pas modifiée. Le gou-
vernement et l'Assemblée persévèrent dans
l'idée de procéder à l'élection d'un prince.
La Sobranié ne tient pas séance aujour-
d'hui.
Sofia, 2 novembre (par Pirot).
On donne comme imminente la démission
des deux régents Moutkouroff et Stambou-
loff, qui seraient remplacés par Siaveikoff et
Zankoff. Karaveloff forait partie de la nou-
velle combinaison.
Saint-Pétersbourg, 2 novembre.
Le Messager du gouvernement publie la
note suivante :
« Comme on l'a déjà annoncé précédem-
ment dans le Messager du gouvernement, l'at-
teinte portée aux droits des sujets russes à
Varna èt dans quelques autres localités de la
Bulgarie, a donné lieu à l'envoi du croiseur
le Souvenir du Mercure et du clipper le Za-
biaka, devant Varna.
» Malgré la présence de nos navires de
guerre, les actes constituant une atteinte aux
droits de nos nationaux n'ont pas cessé, et le
ministère des affaires étrangères a, pour cette
raison , chargé le major-général Kaulbars ,
d'inviter le gouvernement bulgare actuel à
prendre les mesures les plus énergiques en
vue de mettre un terme à cet état de choses.
» Le ministère des affaires étrangères ajou-
tait que, si le général Kaulbars ne recevait
pas, dans un délaide trois jours, une réponse
satisfaisante, il devait quitter la Bulgarie avec
tous les représentants diplomatiques et con-
sulaires de la Russie.
» En réponse à la note adressée dans le
sens ci-dessus indiqué à M. Natchévitch, mi-
nistre des affaires étrangères de Bulgarie, par
le général Kaulbars, le ministre bulgare a dé-
claré que le ministère de l'intérieur de Bul-
garie avait enjoint à toutes les autorités lo-
cales, en les menaçant de peines sévères , de
prendre les mesures les plus efficaces pour
prévenir tout attentat contre les sujets russes
ou les autres personnes placées sous la pro-
tection de la Russie.
» Dans la même note, M. Natchévitch priait
le général Kaulbars de lui communiquer les
noms et adresses des sujets russes, ou des
personnes placées sous la protection de la
Russie, qui avaient été l'objet d'offenses de
la part de la population bulgare, afin que les
coupables pussent être découverts et livrés à
la justice.
» Le général Kaulbars, jugeant tout à fait
superflu de se conformer au désir de M. Nat-
chévitch, vu qu'il lui paraissait impossible
que les attentats contre les sujets russes ne
fussent pas complètement connus du gouver-
nementbulgare, dontles représentants étaient
eux-mêmes les principaux instigateurs et les
complices des attentats en question, le géné- -
ral Kaulbars a préféré faire savoir à M. Nat-
chévitch qu'il ne croyait pas pouvoir se con-
former au désir exprimé par ce fonctionnaire;
mais que, si un nouvel acte portant atteinte
aux droits des sujets russes se produisait sur
le territoire bulgare, il serait obligé d'agir
conformément à sa précédente déclaration,
c'est-à-dire de quitter la Bulgarie avec tous
les représentants de la Russie.
» La réponse ci-dessus mentionnée du gé-
néral Kaulbars a été approuvée par l'empe-
reur. »
Londres, 2 novembre.
Le cabinet anglais a donné le conseil au
gouvernement bulgare de se soumettre sans
conditions au tsar, de manière à éviter l'oc-
cupation de la Bulgarie, en déclarant qu'il
est incapable de faire face à la situation,
et en rejetant la responsabilité sur les puis- *
sances signataires du traité de Berlin.
NOUVELLES DE L'ETRANGER
(SERVICJ: HAVAS ET DÉPÊCHES PARTICULIÈRES)
L'ambassadeur de France à Saint-
Pétersbourg ,
Saint-Pétersbourg, 2 novembre. — Le Jour-
nal de Saint-Pétersbourg annonce que le
choix de M. de Laboulaye comme ambassa-
deur de France est agréé par la cour de Saint-
Pétersbourg et ajoute :
« On ne pouvait remettre en meilleures
mains le soin d'entretenir les bonnes rela-
tions qui existent entre la Russie et la
France, et qui ont pour base leurs intérêts
communs. »
La France et la Chine. — Le mariage de
l'empereur
Londres, 2 novembre. — On mande de Pékin
au Times, à la date du 18 octobre, que la lé-
gation de France déploie une activité extrême
pour amener le gouvernement chinois à re-
connaître le protectorat de la France sur les
chrétiens du Céleste-Empire. En échange, des
concessions seraient faites à la Chine sur
certains points en litige concernant les affai-
res du Tonkin.
D'après la dépêche du Times, le gouverne-
ment chinois, désappointé par la politique
hésitante du Vatican, ne serait pas éloigné
de céder aux instances des diplomates fran-
çais, qui cherchent à emporter la position
avant le retour du marquis Tseng.
Le mariage de l'empereur, qui devait
avoir lieu à sa majorité, c'est-à-dire très
prochainement, serait, parait-il, ajourné à
deux ans.
La question d'Egypte
Londres, 2 novembre. — Au conseil de cabi-
net tenu hier, lord Iddesleigh aurait été à
même de fournir à ses collègues des informa-
tions très satisfaisantes au sujet de l'Egyte,
particulièrement en ce qui concerne l'attitude
de la Porte et les dispositions du gouverne-
ment français.
On a lieu de croire qu'une circulaire expo-
sant la situation financière de l'Egypte sera
sous peu adressée aux puissances.'
Le correspondant du Times à Vienne men-
tionne le bruit que la Turquie, soutenue par
la France et la Russie, prendrait l'initiative
d'une intervention diplomatique ayant pour
objet d'obtenir de l'Angleterre l'engagement
d'évacuer l'Egypte à une date déterminée. Le
concours prêté à la Porte par la Russie eu
cette circonstance serait le prix des complai-
sances de la Porte du côté de la Bulgarie.
Le correspondant du Times ajoute : (c Pour
que cette combinaison réussisse, il faut le
consentement du prince de Bismarck. La
Porte paraît croire que le chancelier sacri-
fiera volontiers la Bulgarie, dans l'espoir que
l'alliance franco-russe sera détournée vers
un but qui ne touche pas aux intérêts immé-
diats de l'Allemagne.
» En d'autres termes, si la Russie est lais-
sée libre d'agir comme elle l'entend en Bul-
garie , l'alliance qu'elle formera avec la
France et la Turquie ne devra être dange-
reuse que pour l'Angleterre. »
L'organe de la Cité paraît assez disposé à
croire à l'entente des trois puissances. «Mais,
ajoute-t-il, si la Porte est entrée dans la
combinaison avec l'idée de rétablir son auto-
rité sur le Nil, elle poursuit la plus chiméri-
que des illusions. Jamais l'Europe ne consen-
tira à ce que les Etats du khédive redevien-
nent un pachalik de l'empire ottoman. »
Le Standard répète que l'Angleterre n'év
Prix du numéro : Paris et Départements : 15 centimes
Mercredi 3 novembre 1886
LE XIXE SIECLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
1 S, rue Cadet, 16
Directeur politique :
A.-EDOUARD PORTALIS
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS -.
Trois mois -16 »»
Six mois. 32 »»
Un an 6 £ »»
PARIS
Trois mois. of 3 »»
Six mois. 25 ), »
Un an. 50 »»
Supplément pr l'Étranger (Europe) 1 fr. par trimestre
Les abonnemtspartent des 1er et 15 de chaque mois
ADMINISTRATION
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
16, rue Cadet, IE3
EN VENTE A LONDRES
- Et Abonnements pour l'Angleterre
Au bureau du XIXe Siècle
76, Finsbury Pavement, E. C.
RÉGISSEURS r~AJ~T~Ct~o~~
MM. LAGRANGE, CERF ET CIE
6, place de la Bourse, 6
AVIS
Nous appelons Vattention de nos lec-
teurs sur notre tableau de la Bourse, qui
vient d'être entièrement nwdifié. Il est
maintenant plus complet que dans aucun
autre journal, il contient toutes les va-
leurs journellement cotées. Parmi les
innovations que nous y avons intro-
duites, nous signalerons y notamment,
l'indication des intérêts et dividendes
réservés ou garantis aux actions des
Compagnies de chemins de fer par les
dernières conventions. Nous avons éga-
lement spécifié les obligations qui jouis-
sent de garanties, et les remboursements
différents de cinq cents francs.
BULLETIN
Les régents de Bulgarie font contre for-
tune bon cœur : ils se débattent au milieu
de difficultés chaque jour grandissantes.
La Sobranié, élue suivant les désirs du
gouvernement bulgare, reflète exactement
les sentiments d'hostilité à la Russie qui
animent deux des régents. Dans une des
dernières séances, elle s'est livrée à des
manifestations bruyantes contre les parti-
sans de la politique russe, et le nom de
M. Karaveloff, le troisième régent, a été
accueilli par des huées et les cris de :
« Mort au traître 1 »
Les relations entre le général Kaulbars
et le gouvernement bulgare sont toujours
à la veille d'être rompues. Le réprésentant
du tsar a menacé une dernière fois de
quitter la Bulgarie avec tous les représen-
tants de la Russie, s'il se produisait un
acte quelconque portant « atteinte aux
droits des sujets russes ». Autant dire que,
demain, nous pouvons apprendre que le
général Kaulbars est parti ; ce qui advien-
drait après son départ est facile à prévoir.
Le gouvernement, dans cette situation
critique, à la merci du moindre incident,
du plus léger attentat, paraît résolu à
pousser les choses à l'extrême en restant
dans la légalité. Il est à la recherche d'un
candidat à la couronne de Bulgarie, qui
consente à endosser les responsabilités de
la politique de casse-cou qui est suivie à
Sofia et à Tirnova depuis quelques se-
maines. D'après une dépêche du Stan-
dard, le gouvernement bulgare aurait eu
l'intention de proposer le prince Valde-
mar comme candidat au trône de Bulgarie.
Il espérait que ce choix, ratifié par la So-
branié, serait accepté aussi par la Russie.
La tsarine ne pourrait, en effet, que se
montrer favorable à la personne du prince
Valdemar, son frère. Le tsar aurait peut-
être, lui, des raisons particulières de ne
pas partager cette manière de voir si, par
ailleurs, cette nouvelle ne reposait sur
des données absolument inexactes. Il est
possible que les régents de Sofia aient
offert la couronne au prince Valdemar;
mais il est presque certain que celui-ci,
sur les conseils de son frère, le roi de
Grèce, est résolu de ne pas accepter ce
cadeau de la main de qui n'a pas le droit
de le lui offrir. On sait, en effet, que le
tsar ne reconnaît la validité ni des élec-
tions bulgares ni des actes de la Sobranié.
Il est vraisemblable qu'aucun prétendant
ne se soumettra à l'aléa d'une élection dé-
clarée caduque par avance, et que les ré-
gents s'agiteront dans le vide jusqu'à ce
qu'un événement quelconque les force à
céder la place.
C'est ce que doit attendre la Russie, qui
se tient prête à profiter du premier pré-
texte venu pour délivrer la Bulgarie du
gouvernement instable qui la conduit à la
ruine.
L'Angleterre suit la question bulgare
avec une attention qui trahit ses inquié-
tudes. Les efforts de la diplomatie britan-
nique tendent visiblement à réagir, à
Constantinople, contre l'influence des
agents russes. Le cabinet de Londres ne
se dissimule pas que le sultan est gagné
à la politique du tsar ; il n'ignore pas que
les projets d'Alexandre III ont reçu l'ap-
probation tacite, sinon expresse, de l'em-
pereur Guillaume.
Le Times va jusqu'à dire « que l'envoi
de navires russses à Varna a été ordonné
par le tsar lui-même, après qu'il eût con-
féré avec le comte Schouvaloff, qui venait
de Berlin ». Aussi bien, l'objectif de la po-
litique anglaise est de détacher le sultan
de l'alliance russo-turque. Le Times re-
proche aigrement au cabinet Gladstone-
Granville d'avoir abandonné la politique
traditionnelle de l'Angleterre avec la Tur-
quie, et dit en propres termes : « L'on ne
peut actuellement rompre l'arrangement
russo-turc qu'en revenant à l'ancienne
politique, c'est-à-dire en considérant la
Turquie comme une puissance militaire
dont l'alliance doit être recherchée. »
Telle est la mission de sir William
Withe, le nouvel ambassadeur d'Angle-
terre à Constantinople. Mais tout donne
à penser que, malgré son habileté, ce di-
plomate ne réussira pasà reprendre, dans
les conseils de la Porte, l'influence que la
politique de son prédécesseur a compro-
mise sans retour.
LOUIS HENRIQUE.
» ———mmmmmmm 1* ■
INFORMATIONS P ARTICULItRES
Conseil des ministres
Les ministres se sont réunis hier matin à
l'Elysée, sous la présidence de M. Jules
Grévy.
M. Baïhaut, qui, comme on le sait, est dé-
missionnaire, n'assistait pas au conseil, ainsi
que M. Demôle, qui est actuellement dans le
département de Saône-et-Loire.
Le ministre de l'intérieur a fait savoir
qu'il convoquerait, peur le lundi 8 novembre
prochain, les conseils généraux, à l'effet d'é-
lire les quatre conseillers qui doivent faire
partie, dans chaque département, du conseil
de l'enseignement primaire créé par la nou-
velle loi du 30 octobre 1886.
Le ministre de la guerre a communiqué
au conseil les renseignements qu'il a reçus
du général Jamont au sujet du malheureux
événement survenu à Phu-No, au Tonkin, et
que nous racontons plus loin.
Le général Jamont a fait savoir qu'une co-
lonne de 35 tirailleurs tonkinois, commandée
par un lieutenant et un sergent français,
avait été surprise par les pirates le 10 sep-
tembre dernier, et que, sur les 35 hommes
composant la colonne, 17 seulement étaient
revenus.
Le général Jamont ajoute que deux forts
détachements de troupes françaises ont été
envoyés à Phu-No pour atteindre et disper-
ser les pirates.
La démission de M. Baïhaut
La démission de M. Baïhaut, ministre des
travaux publics, est définitivement acceptée
et le choix de son successeur sera arrêté dans
le conseil de jeudi.
Plusieurs noms ont été mis en avant, no-
tamment ceux de MM. Jules Roche, Adolphe
Cochery, Reymond, Félix Faure, Devès, Sieg-
fried.
Hier soir, M. Cochery paraissait avoir quel-
que chance, mais rien n'est définitif.
On faisait remarquer, d'ailleurs, que M.
Cochery s'était montré l'adversaire résolu de
l'Exposition universelle de 1889 et du Métro-
politain. De plus, M. Cochery n'a jamais perdu
l'occasion de manifester son opposition au
cabinet présidé par M. de Freycinet.
Dans ces conditions, il semble difficile que
la candidature de M. Cochery puisse être ac-
ceptée par le conseil des ministres.
Il est certain, d'autre part, que le succes-
seur de M. Baïhaut sera choisi parmi les hom-
mes politiques qui appartiennent à la nuance
du démissionnaire, et parmi eux, les candida-
tures les plus probables sont celles de MM.
Devès et Reymond.
Le résident général à Tunis
M. Patenôtre a définitivement refusé la
succession de M. Cambon.
Parmi les candidats au poste de résident
général à Tunis, on cite les noms de MM.
Bihourd, directeur des affaires départementa-
les au ministère de l'intérieur ; de Lanessan,
délégué général aux colonies ; Glaize, préfet
de la Loire-Inférieure. On prononce égale-
ment les noms de quelques autres préfets.
La colonie française, à Tunis, accueillerait
favorablement la nomination de M. de Lanes-
san. Toutefois, ce dernier, actuellement ab-
sent de Paris, n'a pris aucune part aux dé-
marches faites en sa faveur auprès du gou-
vernement.
Le conseil des ministres s'inspirera,
croyons-nous, pour le choix du nouveau
résident, des titres réels des divers candi-
dats.
L'un des titres les plus sérieux de M. de
Lanessan est, évidemment, le rapport très
complet rédigé récemment par notre délé-
gué général aux colonies, sur la situation ac-
tuelle de la Tunisie, et qui trace, pour ainsi
dire, la ligne de conduite du représentant de
la France à Tunis.
Les ministres plénipotentiaires
Aux termes d'un décret que M. de Freyci-
net a soumis, hier, à la signature du président
de la République, les ministres plénipoten-
tiaires de 28 classe dont les noms suivent
sont élevés à la i ro classe de leur grade :
MM. Mollard, directeur du protocole ;
De Balloy, représentant de France en Perse ;
De Coutouly, représentant de France à Bu-
charest.
Barrère, représentant de France à Stock-
holm ;
D'Aunay, représentant de France au Caire ;
Francis Charmes, directeur des affaires po-
litiques.
Convocations d'électeurs
Le Journal officiel publie ce matin :
1° Un décret convoquant les électeurs du
département des Hautes-Alpes, à l'effet d'élire
un député, le 28 novembre courant;
2° Un décret convoquant les électeurs du
canton de Grignon (Drôme), le 21 novembre
courant, à l'efl'et d'élire leur représentant au
conseil général ;
3° Un décret convoquant les électeurs du
canton de Combourg (Ille-et-Vilaine), le 21
novembre courant, à l'effet d'élire leur re-
présentant au conseil général.
QUESTIONS DU JOUR
Le parti révolutionnaire
Le Cri du Peuple ne revient pas de
l'échec qu'a subi M. Duc-Quercy, son
candidat pour le conseil municipal dans
le quartier de l'Hôpital-Saint-Louis. Nous
avons donné, lundi, les résultats de ce
scrutin, qui n'a abouti qu'à un ballot-
tage, et auquel ont pris part 4,900 élec-
teurs seulement sur plus de 8,000 ins-
crits. M. Duc-Quercy, on s'en souvient,
n'est venu qu'au quatrième rang avec
900 voix. Le reste des suffrages s'est ré-
parti entre MM. Debertrand et Dupont,
l'un qualifié, par le Cri du Peuple, de
candidat industriel et l'autre, de candi-
dat opportuniste; enfin, M. Faillet, socia-
liste, et M. Murât, radical. Les amis de
M. Duc-Quercy comptaient bien sur un
ballottage, mais ils le croyaient assuré
du succès pour le second tour. Illusions
perdues! Aujourd'hui, M. Duc-Quercy
retire sa candidature, seul parti raison-
nable qu'il eût à prendre.
Maintenant, le Cri du Peuple s'em-
porte en accusations véhémentes contre
les électeurs qui ont trahi la eause ré-
volutionnaire socialiste. Son irritation
n'était pas pour nous surprendre, mais
nous n'en avons pas moins lu avec cu-
riosité ses commentaires et ses récits. Il
en résulte, de son propre aveu, que la
politique du Cri du Peuple n'est pas en
bonne odeur dans le dixième arrondis-
sement de Paris : « Tout l'effort de
l'attaque, limité à un seul candidat sur
cinq, portait contre Duc, en sa qualité
de rédacteur du Cri du Peuple. Il était
traité comme l'ennemi, l'unique ennemi,
et, par système, tantôt l'un, tantôt l'autre
des rédacteurs du Cri du Peuple était
invectivé. Le groupe se répandait en
imprécations violentes contre le Cri du
Peuple, journal indigne, infâme, etc.»
C'est à la candidature socialiste du ci-
toyen Faillet que le journal de M. Duc-
Quercy s'en prend avec le plus d'amer-
tume ; la déclaration qui a paru en
tête du numéro d'hier se termine par
la notification de la rupture du parti
vraiment révolutionnaire avec les socia-
listes pâles tels que le citoyen Faillet :
« Nous cessons, dès aujourd'hui, toutes
relations avec ceux qui se sont mis
eux-mêmes hors de la communion révo-
lutionnaire. »
Il est désirable que le Cri du Peuple
persévère dans cette résolution du pre-
mier moment, car il fera cesser ainsi
toute équivoque sur les forces dont le
parti révolutionnaire socialiste dispose.
Son programme est, d'ailleurs, très net,
et nous ne saurions que reconnaître la
clarté des principes émis dans le manifeste
qui vient d'être affiché dans le quartier
de l'Hôpital-Saint-Louis. Il y est dé-
claré : « Que les producteurs ne sau-
raient être libres qu'autant qu'ils seront
en possession des' moyens de produc-
tion (terres, usines, navires, banque,
crédit, etc.) ; que cette appropriation
collective ne peut sortir que de l'action
révolutionnaire de la classe productive,
ou prolétariat, organisée en parti poli-
tique distinct ; qu'une pareille organi-
sation doit être poursuivie par tous
les moyens dont dispose le proléta-
riat, etc., etc. » Je ne me charge point
d'expliquer comment se sont formées
de pareilles conceptions dans les cer-
veaux d'hommes qui prétendent avoir
étudié à fond la question sociale et qui
devraient savoir distinguer, au moins,
le possible de l'impossible, le chiméri-
que du réel. Mais nous aurons toujours
des excentriques parmi nous; seule-
ment, on peut compter que leur troupe
ne grossira guère, car il n'y a que des.,
esprits exaltés ou dévoyés qui se puis-
sent laisser entraîner dans cette folie.
Les électeurs parisiens ont bien mon-
tré ce qu'ils en pensent, non seulement
ceux du quartier de l'Hôpital-Saint-
Louis, mais aussi, pour le rappeler en
passant, ceux du quartier Notre-Dame,
où il ne s'est même pas présenté de
candidat révolutionnaire, et où les suf-
frages se sont partagés entre des hom-
mes dont la politique n'a rien de com-
mun avec les revendications de M.
Duc-Quercy. Voilà des faits dont la si-
gnification est incontestable, et dont il
ne faut pas oublier de rapprocher les
éloquentes protestations des syndicats
ouvriers, auxquelles a donné lieu l'in-
trusion des révolutionnaires socialistes
qui, sans mandats ou avec des mandats
de complaisance, ont accaparé la tri-
bune au congrès de Lyon.
En résumé, il y aura toujours des so-
cialistes, parce qu'il y aura toujours
des questions sociales à étudier. Mais
une ligne de démarcation bien tran-
chée doit séparer les socialistes répu-
blicains des socialistes révolutionnaires.
Avec les uns, nous marcherons vers le
progrès, dirigés par la réflexion, l'ob-
servation, l'étude, les efforts calculés,
le travail ininterrompu ; mais il n'y a
qu'utopie et menace de guerre civile du
côté des autres, qui appellent le prolé-
tariat aux armes pour s'emparer des
« moyens de production », ainsi qu'on
l'a vu tout à l'heure. C'est ce qui de-
vient plus clair de jour en jour.
EUG. LIÉBERT.
LA DÉMISSION
DU MINISTRE DES TRAVAUX PUBLICS
La démission de M. Baïhaut, ministre
des travaux publics, qui est aujourd'hui
un fait accompli, provoque, de divers côtés,
des commentaires assez surprenants. Per-
sonne n'ignore — et le fait^ été confirmé
de nouveau ces jours-ci — que M. Baïhaut
avait, dès le mois de septembre, remis sa
démission à M. de Freycinet, en la moti-
vant sur des raisons de santé, et que si
depuis lors il avait, sur les instances du
président du conseil, conservé son porte-
teuille, le caractère provisoire de cette si-
tuation n'avait pas été modifié. Est-ce aux
raisons de santé ou à d'autres motifs d'or-
dre personnel qu'il faut attribuer le véri-
table motif de cette démission ? On a fait
courir, à ce propos, bien des racontars, et
un journal républicain faisait, hier soir,
encore une allusion fort transparente à
l'intention qu'aurait M. Baïhaut de se re-
tirer de la politique, pour chercher ailleurs
l'emploi de. ses mérites d'ingénieur. Il ne
nous convient pas d'examiner si ces bruits
divers ont quelque fondement, ou jusqu'à
quel point ils méritent créance. Tout ce
que nous voulons retenir, c'est que la dé-
mission du ministre des travaux publics
n'est pas un événement politique, et qu'elle
n'a pas, au point de vue de la stabilité du
cabinet, la portée que certains journaux
lui ont attribuée.
S'il fallait en croire certains de nos con-
frères, le départ de M. Baïhaut ne serait
que le précurseur de celui d'autres mem-
bres du cabinet, dont la conduite serait
dictée par un sentiment « d'impuissance,
de lassitude et de dégoût », et qui, « ex-
posés chaque jour aux attaques les plus
perfides et les plus violentes » de la part du
parti radical, en seraient venus à ne savoir
même plus « s'ils plaisaient encore à leur
propre parti ». Cette façon d'écrire l'his-
toire dénote une certaine imagination.
Mais, jusqu'ici, on chercherait vainement
sur quels faits ces appréciations sont fon-
dées. Si, dernièrement, M. Sadi Carnot a
voulu se retirer, ce n'était pas à la suite
d'un conflit avec une fraction de la majo-
rité ; mais bien à cause d'un désaccord
avec une majorité de hasard qui s'est for-
mée dans la commission du budget. Les
velléités de retraite de M. Sarrien n'avaient
pas, non plus, de causes bien graves. Il y
avait eu, dans le vote de l'ordre du jour,
un malentendu, que le ministre de l'inté-
rieur aurait certainement empêché de se
produire, avec quelques explications plus
nettes données à la tribune, au lieu de
parler de sa place, au milieu du bruit.
Quant à M. Baïhaut, il n'a certes pas à se
plaindre de la Chambre, qui a clos toutes
les interpellations sur Decazeville confor-
mément à ses désirs ; et, depuis la fin de
cette affaire, aucun incident ne s'est pro-
duit qui ait pu provoquer son « dégoût » -
Quant aux relations des membres du
cabinet qui appartiennent à l'Union des
Gauches avec leur groupe, nous n'avons
pas à rechercher jusqu'à quel point elles
sont cordiales. Nous ne pouvons nous em-
pêcher, cependant, de remarquer que si le
groupe laisse entendre à ses adhérents mi-
nistres qu'ils ont cessé de lui plaire , ce
groupe indique en même temps qu'il a
une étrange façon de comprendre les né-
cessités de l'heure présente et de se plier
aux besoins de la situation créée par les
élections générales du 4 octobre. L'Union
des Gauches s'imagine-t-elle que l'heure
est venue de renoncer aux ministères
« d'ordre composite », et de former un ca-
binet exclusivement composé de membres
pris dans son sein? Elle doit, mieux que
personne, savoir quelle garantie de durée
ce cabinet présenterait. Si l'homogénéité
ministérielle n'est pas possible, un cabinet
ne peut durer qu'à la condition que les di-
vers partis se fassent de mutuelles con-
cessions. Or, si les radicaux font à leurs
collègues des concessions en n'allant pas
jusqu'au bout de leur programme, la
fraction moins avancée doit faire aussi
une concession en allant un peu au delà
de ses propres désirs. Il faut établir une
moyenne et subir ce qu'on ne peut pas
empêcher. Tout le monde doit compren-
dre la nécessité de ces compromis, et, loin
dé témoigner quelque hostilité aux hom-
mes qui acceptent la tâche délicate de né-
gocier ces concessions et de les mener à
bien, l'Union des Gauches devrait leur en
savoir gré et les soutenir dans leur en-
treprise, car il est de son intérêt que le
cabinet actuel dure. S'il venait à tomber,
il n'est pas certain qu'elle trouverait dans
le cabinet suivant les avantages dont elle
dispose avec celui-ci, et elle serait encore
bien obligée de lui prêter son appui.
Ces considérations d'ordre général, dans
lesquelles sont entrés certains de nos con-
frères et auxquelles nous nous sommes
laissé entrainer à leur suite, ne sont, du
reste, que théoriques. Les journaux de
l'Union ont saisi, pour les développer, l'oc-
casion que leur offrait la démission de M.
Baïhaut. Mais cette occasion n'est, en réa-
lité, qu'un prétexte. La retraite du minis-
tre des travaux publics ne compromet pas,
semble-t-il, la force du cabinet. Mo, de
Freycinet saura tenir compte, dans le
choix de son successeur, des nécessités
qui résultent de la situation des partis. Il
y aura un nom de changé ; mais cela ne
peut influer ni sur la direction politique
du cabinet, ni sur l'accord du ministère
avec la majorité de la Chambre.
LA VIE DE PARIS
Les Parisiens, avec des sentiments
assez divers, se sont maintes fois occu-
pés des Félibres de ma Provence. Les
uns ont goûté nos poètes, parfois même
fait l'effort nécessaire pour entendre
quelque chose de leur langue ; les au-
tres ont mal compris l'attachement des
Félibres à leur idiome et ont été, ce
qui est absurde, jusqu'à voir dans cet
attachement une tendance à je ne sais
quel séparatisme antinational. Des ex-
plications ont souvent été données sur
ces choses, et nous y avons gagné que
la littérature provençale a été connue à
Paris, presque à la mode, et que les
noms de nos poètes sont entrés dans
les oreilles françaises ; trois noms sur-
tout, charmants et retentissants tous
les trois, Mistral, Roumanille, Aubanel.
Hélas ! ils ne restent plus que deux, de
la Société du Félibrige. Teodor Aubanel
est mort avant-hier.
Aubanel avait cinquante-sept ans. Il
était né à Avignon, fils d'un imprimeur
qui a édité, ainsi qu'Aubanel lui-même,
la plupart des œuvres écrites en proven-
çal. Souvent, dans les compliments et
les brindas que les Félibres échangent
volontiers entre eux en leurs assemblées
et banquets, on a appelé Aubanel le Pé-
trarque provençal. Il a eu cela, tout
au moins, de commun avec le poète ita-
lien, que l'amour a inspiré la première
et la plus considérable de ses œuvres,
la Grenade entr'ouverte. Et il a eu cela
de plus que lui, que cet amour n'a pas
été, comme l'amour de Pétrarque pour
Laure, une passion où la littérature fût
pour beaucoup, si ce n'est pour tout;
mais une passion réelle, profonde, pour
une jeune fille qui se fit religieuse, —
j'ignore pourquoi. Aubanel, désespéré,
quitta Avignon, voyagea longtemps. Puis
il rentra au foyer paternel et se mit à
écrire ses poésies, qui portent pour épi-
graphe ces paroles si vraies : « Qui
chante son mal, le guérit. »
La Grenade entr'ouverte — cette gre-
nade symbolique, c'est le cœur même
du poète d'où coulent des gouttes de
sang, rouges comme les graines du gre-
nadier — est une suite de petits poè-
mes, reliés par le souvenir d'un amour
unique. Le recueil se compose de deux
parties, également tristes, reliées par un
intermède. Je me sers à dessein de ce
mot cher à Heine, parce que, dans cette
œuvre, le poète provençal, aussi bien
que le « Prussien libéré» ont bu aux mê-
mes sources des élégiaques latins. La
publication de la Grenade entr'ouverte
fit la renommée d'Aubanel, renommée
restreinte d'abord, qui grandit ensuite
sans effort, quand Mistral devint célèbre
dans le public de Paris, amenant avec
lui à la gloire ses compagnons du Féli-
brige. Mais la Grenade n'est pas la seule
œuvre d'Aubanel. Il a multiplié les pe-
tits poèmes, paraissant dans YAlmanach
provençal, souvent pièces de circons-
tance, compliments et épithalames.
Et nombre de ces pièces ont été réu-
nies dans un volume, les Filles d'Avi-
gnon, où, consolé de ses désespéran-
ces, le poète se donne tout entier à
chanter la beauté, dans un sentiment
tout païen. Il aime, dit-il dans sa pré-
face, le soleil et les femmes, et le so-
leil et les femmes se retrouvent dans
chacun de ses vers.
Une des pièces de ce recueil, peu ré-
pandu, tiré pour les amis, est célèbre
parmi les Provençaux. C'est l' « Hymne
à la Vénus d'Arles », sorte de prière du
poète païen à la beauté pure de la
forme. Je vais la dire ici, car peut-on
mieux parler d'un regretté poète qu'en
le citant ?
« Tu es belle, ô Vénus d'Arles, à
rendre fou ! Ta tête est fière et douce,
et tendrement ton cou s'incline. Respi-
rant le rire et les baisers, que va nous
dire ta fraîche bouche en fleur? Les
amours ont noué avec grâce, d'un ruban,
des longs cheveux sur ton front, frisés
par petites ondes. 0 blanche Vénus
d'Arles ! ô reine provençale ! aucun
manteau ne cache tes épaules superbes :
on voit que tu es déesse et fille du ciel
bleu; ta belle poitrine nous fascine, et
l'œil, plein de rayonnements, se pâme
de plaisir devant les pommes de ton
sein, si rondes et si pures. — Que tu
es belle ! Venez, peuples, venez boire à
ces beaux seins jumeaux, l'amour et la
beauté ! Oh ! sans la beauté, que de-
viendrait le monde? Au soleil, tout ce
qui est beau ; que tout ce qui est laid se
cache ! Montre-nous tes bras nus, ton
sein nu, tes flancs nus : montre-toi
toute nue, ô divine Vénus ! la beauté te
revêt mieux que ta robe blanche ; laisse
à tes pieds tomber la robe qui s'enroule
à tes hanches, voilant tout ce que tu as
de plus beau. Abandonne ton ventre
aux baisers du soleil ! Comme le lierre
s'enlace à l'écorce d'un arbre, laisse-
moi, en mes embrassements, étreindre
en plein ton marbre ; laisse ma bouche
ardente et mes doigts frémissants courir
amoureux partout, sur la blancheur de
ton corps. 0 douce Vénus d'Arles ! ô fée
de jeunesse ! Ta beauté, qui rayonne sur
toute la Provence, fait belles nos filles
et sains nos garçons. Sous cette chair
brune, ô Vénus ! il y a ton sang tou-
jours vif, toujours chaud ! Et voilà pour-
quoi, la poitrine découverte, s'en vont
nos jeunes filles alertes; et voilà pour-
quoi nos gais jeunes gens sont forts aux
luttes des taureaux, de l'amour, de la
mort. Et voilà pourquoi je t'aime, — et
ta beauté immortelle, — et pourquoi
moi, chrétien, je te chante, ô grande
païenne ! »
- J'ai donné ce morceau, qui passe pour
une des belles pages de l'œuvre d'Au-
banel. Parfois, l'expression est un peu
vive. Mais il ne s'agit que de littérature,
et on le sent. Peut-être même me dira-
t-on que, dans la traduction, on le sent
trop ? Il y a, en effet, un éternel malen-
tendu entre les admirateurs de la poésie
desFélibres et le gros du public français,
qui ne connaît pas leur langue. Celui-ci,
volontiers, accorde qu'il y a du mouve-
ment, de l'émotion, de la grâce dans
nos poètes ; mais, après tout, il ne
trouve pas que ces mérites y soient si
éclatants que nous le disons. C'est que
l'expresion est pour les trois quarts
dans la beauté de la poésie provençale,
expression intraduisible neuf fois sur
dix. Les images, par exemple, sont
presque toujours résumées en un seul
vocable, qui manque au français. C'est
ce qui fait que le Félibrige restera un
phénomène littéraire restreint. Il faut,
pour goûter les Provençaux, pour leur
donner un rang digne d'eux, — quand
on ne connaît pas leur langue — s'en
remettre et s'en confier à d'autres Pro-
vençaux. Et on n'aime pas toujours à
nous croire sur parole, pauvres gens du
Midi ! Pourtant, je demande qu'on me
croie quand je dis combien profond et
légitime est le deuil de la mort d'Au-
banel. C'était un passionné de son pays,
de son art, et nul peut-être n'avait mieux
écouté le conseil d'André Chénier, à qui
il ressemble :
Sur des pensers nouveaux, faisons des vers
[antiques.
HENRY FouQurER,
— ——
COULISSES PARLEMENTAIRES
La commission du budget. — La caisse
d'épargne postale.
M. Sadi Carnot, ministre des finances, et
M. Peytral, sous-secrétaire d'Etat, ont été
entendus, hier, par la commission du bud-
get, au sujet des conclusions du rapport de
M. Camille Dreyfus sur le budget du minis-
tère des finances.
L'entretien de MM. Sadl Carnot et Peytral
avec la commission a duré environ quatre
heures et porté sur des points de détail qui
ne présentent aucun intérêt particulier.
*
**
M. Granet, ministre des postes et télégra-
phes, déposera prochainement sur le bureau
de la Chambre un projet de loi relatif à l'ac-
quisition d'un hôtel pour l'installation de la
caisse d'épargne postale, qui est, depuis sa
création, provisoirement installée au minis-
tère.
t
-—————————— ————————————-
L'AFFAIRE DE BULGARIE
(SERVICE HAVAS ET DÉPÊCHES PARTICULIÈRES)
La situation. — Les régents. — Une note du
« Messager du gouvernement ». — Le conseil
de l'Angleterre.
Tirnova, 2 novembre, 2 h. après-midi.
Le général Kaulbars se plaint qu'un sujet
russe, fonctionnaire bulgare, ait été maltraité
par le préfet de Sofia, et il demande que ce-
lui-ci fasse des excuses publiques ou bien
qu'il soit révoqué.
Le drogman du consulat de Russie à Rous-
tchouk, qui était arrivé en cette ville pour
assister aux séances de la Sobranié, a reçu
du général Kaulbars l'ordre de repartir im-
médiatement.
La situation ne s'est pas modifiée. Le gou-
vernement et l'Assemblée persévèrent dans
l'idée de procéder à l'élection d'un prince.
La Sobranié ne tient pas séance aujour-
d'hui.
Sofia, 2 novembre (par Pirot).
On donne comme imminente la démission
des deux régents Moutkouroff et Stambou-
loff, qui seraient remplacés par Siaveikoff et
Zankoff. Karaveloff forait partie de la nou-
velle combinaison.
Saint-Pétersbourg, 2 novembre.
Le Messager du gouvernement publie la
note suivante :
« Comme on l'a déjà annoncé précédem-
ment dans le Messager du gouvernement, l'at-
teinte portée aux droits des sujets russes à
Varna èt dans quelques autres localités de la
Bulgarie, a donné lieu à l'envoi du croiseur
le Souvenir du Mercure et du clipper le Za-
biaka, devant Varna.
» Malgré la présence de nos navires de
guerre, les actes constituant une atteinte aux
droits de nos nationaux n'ont pas cessé, et le
ministère des affaires étrangères a, pour cette
raison , chargé le major-général Kaulbars ,
d'inviter le gouvernement bulgare actuel à
prendre les mesures les plus énergiques en
vue de mettre un terme à cet état de choses.
» Le ministère des affaires étrangères ajou-
tait que, si le général Kaulbars ne recevait
pas, dans un délaide trois jours, une réponse
satisfaisante, il devait quitter la Bulgarie avec
tous les représentants diplomatiques et con-
sulaires de la Russie.
» En réponse à la note adressée dans le
sens ci-dessus indiqué à M. Natchévitch, mi-
nistre des affaires étrangères de Bulgarie, par
le général Kaulbars, le ministre bulgare a dé-
claré que le ministère de l'intérieur de Bul-
garie avait enjoint à toutes les autorités lo-
cales, en les menaçant de peines sévères , de
prendre les mesures les plus efficaces pour
prévenir tout attentat contre les sujets russes
ou les autres personnes placées sous la pro-
tection de la Russie.
» Dans la même note, M. Natchévitch priait
le général Kaulbars de lui communiquer les
noms et adresses des sujets russes, ou des
personnes placées sous la protection de la
Russie, qui avaient été l'objet d'offenses de
la part de la population bulgare, afin que les
coupables pussent être découverts et livrés à
la justice.
» Le général Kaulbars, jugeant tout à fait
superflu de se conformer au désir de M. Nat-
chévitch, vu qu'il lui paraissait impossible
que les attentats contre les sujets russes ne
fussent pas complètement connus du gouver-
nementbulgare, dontles représentants étaient
eux-mêmes les principaux instigateurs et les
complices des attentats en question, le géné- -
ral Kaulbars a préféré faire savoir à M. Nat-
chévitch qu'il ne croyait pas pouvoir se con-
former au désir exprimé par ce fonctionnaire;
mais que, si un nouvel acte portant atteinte
aux droits des sujets russes se produisait sur
le territoire bulgare, il serait obligé d'agir
conformément à sa précédente déclaration,
c'est-à-dire de quitter la Bulgarie avec tous
les représentants de la Russie.
» La réponse ci-dessus mentionnée du gé-
néral Kaulbars a été approuvée par l'empe-
reur. »
Londres, 2 novembre.
Le cabinet anglais a donné le conseil au
gouvernement bulgare de se soumettre sans
conditions au tsar, de manière à éviter l'oc-
cupation de la Bulgarie, en déclarant qu'il
est incapable de faire face à la situation,
et en rejetant la responsabilité sur les puis- *
sances signataires du traité de Berlin.
NOUVELLES DE L'ETRANGER
(SERVICJ: HAVAS ET DÉPÊCHES PARTICULIÈRES)
L'ambassadeur de France à Saint-
Pétersbourg ,
Saint-Pétersbourg, 2 novembre. — Le Jour-
nal de Saint-Pétersbourg annonce que le
choix de M. de Laboulaye comme ambassa-
deur de France est agréé par la cour de Saint-
Pétersbourg et ajoute :
« On ne pouvait remettre en meilleures
mains le soin d'entretenir les bonnes rela-
tions qui existent entre la Russie et la
France, et qui ont pour base leurs intérêts
communs. »
La France et la Chine. — Le mariage de
l'empereur
Londres, 2 novembre. — On mande de Pékin
au Times, à la date du 18 octobre, que la lé-
gation de France déploie une activité extrême
pour amener le gouvernement chinois à re-
connaître le protectorat de la France sur les
chrétiens du Céleste-Empire. En échange, des
concessions seraient faites à la Chine sur
certains points en litige concernant les affai-
res du Tonkin.
D'après la dépêche du Times, le gouverne-
ment chinois, désappointé par la politique
hésitante du Vatican, ne serait pas éloigné
de céder aux instances des diplomates fran-
çais, qui cherchent à emporter la position
avant le retour du marquis Tseng.
Le mariage de l'empereur, qui devait
avoir lieu à sa majorité, c'est-à-dire très
prochainement, serait, parait-il, ajourné à
deux ans.
La question d'Egypte
Londres, 2 novembre. — Au conseil de cabi-
net tenu hier, lord Iddesleigh aurait été à
même de fournir à ses collègues des informa-
tions très satisfaisantes au sujet de l'Egyte,
particulièrement en ce qui concerne l'attitude
de la Porte et les dispositions du gouverne-
ment français.
On a lieu de croire qu'une circulaire expo-
sant la situation financière de l'Egypte sera
sous peu adressée aux puissances.'
Le correspondant du Times à Vienne men-
tionne le bruit que la Turquie, soutenue par
la France et la Russie, prendrait l'initiative
d'une intervention diplomatique ayant pour
objet d'obtenir de l'Angleterre l'engagement
d'évacuer l'Egypte à une date déterminée. Le
concours prêté à la Porte par la Russie eu
cette circonstance serait le prix des complai-
sances de la Porte du côté de la Bulgarie.
Le correspondant du Times ajoute : (c Pour
que cette combinaison réussisse, il faut le
consentement du prince de Bismarck. La
Porte paraît croire que le chancelier sacri-
fiera volontiers la Bulgarie, dans l'espoir que
l'alliance franco-russe sera détournée vers
un but qui ne touche pas aux intérêts immé-
diats de l'Allemagne.
» En d'autres termes, si la Russie est lais-
sée libre d'agir comme elle l'entend en Bul-
garie , l'alliance qu'elle formera avec la
France et la Turquie ne devra être dange-
reuse que pour l'Angleterre. »
L'organe de la Cité paraît assez disposé à
croire à l'entente des trois puissances. «Mais,
ajoute-t-il, si la Porte est entrée dans la
combinaison avec l'idée de rétablir son auto-
rité sur le Nil, elle poursuit la plus chiméri-
que des illusions. Jamais l'Europe ne consen-
tira à ce que les Etats du khédive redevien-
nent un pachalik de l'empire ottoman. »
Le Standard répète que l'Angleterre n'év
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Auteurs similaires France France /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "France" or dc.contributor adj "France")Les Monuments historiques de la France : bulletin des diverses sections de la Commission des monuments historiques et de la Commission supérieure des monuments naturels et des sites /ark:/12148/bd6t5377978f.highres Annales de la Société des architectes de l'Est et Annuaire du bâtiment : Ardennes, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Vosges /ark:/12148/bd6t543240573.highresGournay Gournay /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Gournay" or dc.contributor adj "Gournay")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75600416/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75600416/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75600416/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75600416/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75600416
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75600416
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75600416/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest