Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-10-01
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1886 01 octobre 1886
Description : 1886/10/01 (A17,N5378). 1886/10/01 (A17,N5378).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7560008k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Dix-septième année. — N" 5378 Prix du numéro : Paris et départements : 15 centimes Vendredi in octobre i88&
LE XIX' SIECLE
J'UhAL
JQURNAL RÉPUBLICAIN
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de 2 heures à minuit
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ïnrecteur politique :
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6, pïme de la Bourse9 6
SOMMAIRE
BULLETIN. — Louis Henrique.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES.
LE DISCOURS DE TOULOUSE ET LA PRESSE.
LE-CONGRÈS INTERNATIONAL DE BORDEAUX. —
André Balz.
LA VIE DE PARIS. — Henry Fouquier.
LE VOYAGÉ DE M. DE FRETCINET.
MINISTRES EN VOYAGE.
COULISSES PARLEMENTAIRES.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER.
NOUVELLES COLONIALES.
ECHOS DU JOUR. — Brichanteau.
BULLETIN MILITAIRE ET MARITIME.
LA PRESSE AU JOUR LE JOUR.- P.-P. Dejuinne.
UN DISCOURS DE M. JULES ROCHE.
ECOLE POLYTECHNIQUE.
GAZETTE DU PALAIS. — Me Gervasy.
COURRIER DE LA BOURSE. — Paul Ambroise.
LA TEMPÉRATURE.
FAITS DIVERS.
SPORT DU JOUR. — Turba.
COURRIER DES THÉÂTRES. — Yorick.
PETITES NOUVELLES.
AVIS ET COMMUNICATIONS.
FAILLITES.
BULLETIN
M. le président du conseil a prononcé
hier à Montpellier un discours dont on
lira plus loin une analyse télégraphique.
A l'heure où nos dépêches nous arrivent,
nous ne pouvons que consigner ici l'excel-
lente impression produite par cette allo-
cution.
La question des bureaux de placement,
qui était tombée dans l'oubli, est de nou-
veau à l'ordre du jour. Dans une réunion
tenue dans la salle Rivoli et à laquelle as-
sistaient un grand nombre de garçons de
café, d'hôtel et de restaurant, « les travail-
leurs de l'alimentation », comme ils s'ap-
pellent, rompant définitivement avec les
manifestations bruyantes du mois dernier,
ont sagement discuté les intérêts de leur
corporation et pris, sans tapage, sans tu-
multe, des résolutions très sensées.
La Ligue pour la suppression des bu-
reaux de placement a cependant le tort de
croire que l'intervention du Parlement est
nécessaire et qu'une loi peut ordonner hic
et nunc la fermeture des offices de place-
ment. C'est, selon nous, une erreur. Une
pareille loi serait attentatoire au principe
de la liberté du travail.
La véritable voie à suivre en pareille
matière est de laisser les bureaux se fer-
mer tout seuls, faute d'affaires. Que les
travailleurs de l'alimentation cessent de
s'adresser aux placiers, et ceux-ci n'auront
plus qu'une chose à faire, renoncer à une
industrie qui sera devenue improductive.
On attendait avec quelque curiosité la
réponse que le gouvernement hongrois
ferait aux diverses interpellations annon-
cées depuis plusieurs jours au sujet de
l'affaire de Bulgarie. C'est hier que M.
Tisza a fait connaître les vues du gouver-
nement austro-hongrois.
Les questions posées se réduisaient à
ceci :
1° Le gouvernement a-t-il eu connais-
sance du coup d'Etat qui a renversé le
prince de Bulgarie et l'a-t-il favorisé ?
2° Que pense-t-il de la fédération des
Etats balkaniques ?
3° Est-il disposé à laisser la Russie éta-
blir son protectorat en Bulgarie ?
M. Tisza a nié formellement que l'Autri-
che-Hongrie ait prêté les mains à la révo-
lution de Sofia et soit intervenue auprès du
gouvernement provisoire pour protéger
les auteurs du coup d'Etat.
Quant à la fédération des petits peuples
de la péninsule des Balkans, c'est une idée
qui est chère à M. Tisza. Il a rappelé dans
sa réponse que depuis 1868 il n'a pas
cessé de croire que, s'il se produisait des
changements dans la région des Balkans,
les intérêts de l'Autriche-Hongrie exige-
raient, d'après son opinion personnelle,
que les populations qui habitent ces pays
devinssent des Etats indépendants. Son
opinion n'a pas varié depuis 1868, et il a
donné l'assurance que la politique du gou-
vernement doit tendre à faire obstacle à
l'établissement d'un protectorat ou à l'in-
fluence d'une seule puissance étrangère.
M. Tisza est revenu sur cette idée avec
une précision qui doit être remarquée. « La
Turquie, a-t-il dit en substance, peut seule
revendiquer sur la Bulgarie les droits
qu'elle tient du traité de Berlin; si elle
n'use pas de ces droits, aucune autre
puissance n'est autorisée à prendre, dans
la péninsule des Balkans, l'initiative d'une
action armée isolée, non plus qu'à placer
cette région sous son protectorat. En gé-
néral toute modification dans la situa-
tion politique ou dans les conditions d'é-
quilibre des pays balkaniques ne peut
avoir lieu qu'en vertu d'un accord des
puissances signataires du traité de Berlin».
Cet exposé de principes ne peut man-
quer de produire une vive impression à
Saint-Pétersbourg. L'attitude prise par le
général Kaulbars à Sofia, la pression qu'il
exerce sur le gouvernement provisoire, les
termes hautains de la note officielle adres-
sée aux régents, les exigences qu'elle for-
mule, tout cet ensemble de circonstances
prouve surabondamment qu'il n'entre
point dans les vues du tsar de se confor-
mer à la politique dont M. Tisza vient de
formuler le programme.
La Russie est aussi peu disposée a favo-
riser une fédération des Etats balkaniques
qu'à soumettre ses actes à la ratification
d'un congrès européen.
Ces divergences entre la politique russe
et les déclarations du ministère hongrois
n'étonneront personne ; mais elles se mani-
festent aujourd'hui d'une façon si nette
qu'il est permis d'envisager avec quelque
appréhension l'issue d'un conflit qui va
chaque jour s'aggravant.
Louis HENRIQUE.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Le prochain conseil des ministres
M. de Freycinet devant rentrer à Paris lundi
prochain, les ministres tiendront conseil le
lendemain au quai d'Orsay.
La commission de contrôle de l'Exposition
Le décret nommant la commission de con-
trôle et des finances de l'Exposition de 1889
sera prochainement publié au Journal offi-
ciel.
Parmi les membres qui en feront partie se
trouvent MM. Clémenceau, Dautresme, Jules
Roche, de Heredia, Dreyfus, députés ; MM.
Adrien Hébrard, Teisserenc de Bort, Dietz-
Monnin, Tirard, sénateurs ; M. Christophle,
gouverneur du Crédit foncier, président de
la Société de garantie.
Notre ambassadeur à Saint-Pétersbourg
Il est inexact que le successeur de M. le gé-
néral Appert, à l'ambassade de France à Saint-
Pétersbourg, soit définitivement désigné.
Aucune décision n'a encore été prise, et la
question du remplacement du général Ap-
pert ne sera sérieusement envisagée qu'après
le retour du tsar à Saint-Pétersbourg.
D'après une dépêche de Paris adressée au
Times, il serait question de M. Andrieux pour
ce poste.
La rentrée des Chambres
Le Journal officiel publie ce matin le texte
du décret convoquant les Chambres pour le.
14 octobre.
Voici le texte de ce décret :
Le président de la République,
Vu l'article 2 de la loi constitutionnelle du
10 juillet 1876,
Décrèt,
Article premier. — Le Sénat et la Chambre
des députés sont convoqués en session extra-
ordinaire pour le 14 octobre i886.
Art. 2. — Le président du conseil ministre
des affaires étrangères et le ministre de l'in-
térieur sont chargés de l'exécution du pré-
sent décret.
Fait à Mont-sous-Vaudrey, le 28 septembre
1886.
JULES GRÉVY.
Par le président de la République :
Le président du conseil ministre
des affaires étrangères,
C. DE FaEYCTNET.
Le ministre de l'intérieur,
SARRIEN.
Nomination dans le service des postes
et télégraphes
Un décret du président de la République, en
date du 22 septembre 1886, nomme M. Tra-
vers, inspecteur des postes et télégraphes,
directeur départemental dans le même ser-
vice.
A la suite de ce décret, M. Travers a été mis
à la disposition du département des affaires
étrangères, en qualité de directeur des postes
et télégraphes de l'Annam et du Tonkin.
C'est à cet agent supérieur, un des plus
distingués de l'administration, que la Rouma-
nie doit l'organisation de son service postal.
Le vice-amiral Peyron
On sait que M. le vice-amiral Peyron, an-
cien ministre de la marine, est désigné pour
prendre le commandement de l'escadre d'évo-
lutions.
Le vice-amiral Krantz, préfet maritime de
Toulon, vient d'informer le ministre de la
marine qu'il mettait le cuirassé le Trident à
a disposition du vice-amiral Peyron.
LE DISCOURS DE TOULOUSE
ET LA PRESSE
L'accueil fait par la presse au discours
de M. de Freycinet correspond, tout na-
turellement, aux diverses opinions. S'il
fallait établir un classement, ont pour-
rait faire trois catégories : 1° les satis-
faits, 2° les mécontents, 3° les fron-
deurs. Nous constatons avec plaisir que
la première catégorie comprend la très
grande majorité des organes républi-
cains, et que le discours de Toulouse
n'est de leur part l'objet que d'un petit
nombre de réserves, lesquelles portent
plutôt sur les procédés d'application que
sur les idées énoncées. Cet accord dans
l'adhésion est par lui-même un symp-
tôme très heureux, car il montre que la
politique d'union pratiquée depuis le
7 janvier par M. de Freycinet et préco-
nisée dans le discours de Toulouse a
recruté des partisans dans tous les
groupes de la majorité, que tous com-
prennent la nécessité de maintenir cette
union, et il fait prévoir que tous vont
revenir dans la Chambre animés du dé-
sir de ne rien négliger pour la conser-
ver et la fortifier.
Le groupe des frondeurs ne se com-
pose pas, comme on pourrait le croire,
de journaux radicaux. A sa tête on re-
marque le Journal des Débats, qui raille
la rhétorique de M. de Freycinet et ne
voit dans son discours que d'agréables
variations exécutées par un artiste de
talent sur un thème connu.
Quant à la presse réactionnaire, il est
presque superflu de dire qu'elle appar-
tient tout entière à la section des mé-
contents, dans laquelle viennent se ran-
ger aussi les feuilles révolutionnaires.
Avant même d'avoir le texte du dis-
cours de Toulouse, les journaux de
Droite le tenaient pour un tissu de ba-
nalités. Après l'avoir lu , ils répètent à
l'envi : « Des mots, des mots, des
mots ! « Les uns lui reprochent d'avoir
parlé de certaines questions, comme les
lois sociales ; les autres, de n'avoir pas
adressé au moins quelques paroles
bienveillantes aux agriculteurs; d'au-
tres, d'être resté muet sur le budget et
sur Madagascar, et tous de n'avoir pas
fait connaître les solutions qu'il compte
donner à toutes les questions politiques,
économiques ou sociales.
C'est montrer beaucoup d'exigences
et demander à un discours plus d'en-
gagement que n'en saurait prendre
même le plus complet des programmes.
Or, comme nous le disions hier, ce n'est
pas un programme de gouvernement
que M. de Freycinet a voulu tracer. De
tels programmes ne seraient pas à leur
place dans un banquet. Quand on a be-
soin de les faire, c'est devant le Parle-
ment qu'on les expose, lui laissant la
liberté de dire si les idées qui y sont
contenues correspondent aux opinions
de la majorité. Mais il serait incorrect
pour un chef de gouvernement d'expo-
ser un programme dans une réunion
extraparlementaire, de quelque nature
qu'elle fût, et de s'autoriser de l'adhé-
sion plus ou moins explicite qu'il aurait
recueillie sous forme d'applaudissements
ou d'éloges dans la presse, pour cher-
cher à l'imposer au Parlement. Ce serait
une sorte de procédé plébiscitaire; ce
serait une atteinte directe à la sincérité
du régime établi par la Constitution.
Le caractère de M. de Freycinet
écarte tout soupçon d'avoir voulu pro-
voquer la sorte de plébiscite que nous
venons d'indiquer. On n'a pas le droit
de croire qu'il ait cherché à se faire
une réclame personnelle, dont il n'a, du
reste, aucun besoin. Son ambition a été
plus haute et plus désintéressée. Il a
voulu provoquer dans le pays une ma-
nifestation en faveur de l'union des ré-
publicains ; il a voulu que cette mani-
festation se produisît à la veille de la
rentrée, afin qu'elle fût encore présente
a tous les esprits lorsque le Parlement
reprendrait ses travaux et que tous les
députés eussent la notion très nette
que pour répondre au sentiment du
pays ils devaient écarter toutes les cau-
ses de troubles et se consacrer exclu-
sivement aux travaux utiles. Or, quel
travail est plus utile, plus immédiate-
ment utile, que le vote du budget ? Si
ce travail n'est pas conduit avec une ra-
pidité suffisante, si la Chambre veut se
jeter dans la recherche de systèmes qui
à l'heure actuelle auraient l'inconvé-
nient capital de nous mener directe-
ment aux douzièmes provisoires, le ca-
binet exposera ses craintes à la Cham-
bre; il discutera les systèmes proposés ;
il s'efforcera de faire adopter ceux qu'il
croit bons e qeJwre rejeter les autres.
Mais c'est besogne parlementaire, et l'on
ne voit guère le président du conseil
faisant enjoindre à la Chambre par les
convives du banquet de Toulouse d'a-
voir à voter le budget et de prendre,
pour le boucler, telle ressource au lieu
de telle autre.
En ce qui concerne Madagascar, il
faut croire que les réactionnaires n'ont
pas lu bien attentivement le texte du
discours, car l'allusion qui y est faite est
bien transparente. Personne ne s'y est
trompé, et nous ne croyons pas que les
Hovas s'y trompent davantage. Les in-
convénients que nous verrions à une
trop grande précision au sujet des ques-
tions intérieures disparaissent lorsque!
s'agit des questions extérieures. Pour
celles-ci, la parole du gouvernement, où
qu'elle soit prononcée, a une valeur
constante. Aussi M. de Freycinet n'a-t-il
pas hésité, quoi qu'en disent les réac-
tionnaires, à affirmer les intentions de
la France, intentions à la fois pacifiques
et fermes, absolument éloignées d'au-
cun sacrifice de ses droits. Ce langage,
conforme à la dignité de la France, a
fait à l'étranger une excellente impres-
sion qui est reflétée par les commen-
taires des journaux.
Sur les questions intérieures, nous ne
faisons pas difficulté de reconnaître que
le discours de Toulouse est parfois un
peu vague. Mais on ne saurait en faire
un reproche à M. de Freycinet. C'est la
situation même où il se trouve qui lui
en impose l'obligation. La Chambre n'a
pas pour vertu dominante l'homogénéi-
té. Il faut savoir faire des sacrifices à
la nécessité supérieure de l'union. Le
gouvernement lui en fait ; les républi-
cains lui en ont fait aussi. Ils se mon-
trent prêts à continuer. Le gouverne-
ment les y exhorte et le pays les en
adjure. De telles exhortations n'ont
rien de banal, car elles répondent à un
besoin essentiel et elles mettent la
Chambre en face de responsabilités qui
pèseraient sur elle si elle n'y conformait
pas sa conduite.
Le Congrès international de Bordeaux
Il est assez difficile de porter un juge-
ment d'ensemble sur les travaux du con-
grès de l'enseignement technique, indus-
triel et commercial. Les séances générales
n'ont pas brillé précisément par la clarté
et la méthode. Les orateurs se succé-
daient 'avec de longs mémoires, pleins
d'intérêt sans doute, mais qu'on a pu lire
ou qu'on pourrait lire avec plus de fruit
et a. tête reposée dans les revues spéciales.
Pas d'ordre du jour possible avec un pa-
reil système. Chacun lit son petit papier,
sans s'inquiéter du voisin, et, au lieu de
discussions concentrées sur une question
bien précise, on n'a qu'une suite de lectu-
res sans lien entre elles sur les sujets les
plus divers.
AussiM.Laussedat, qui présidait le con-
grès, a-t-il eu fort à faire pour introduire
un peu d'ordre et de logique au milieu de
ces exposés diffus. Il a demandé d'abord
aux orateurs de s'en tenir à une rapide ana-
lyse de leurs mémoires. Mais il est tou-
jours délicat d'imposer aux auteurs la mu-
tilation de leurs propres œuvres. Un père
est toujours père. lia fallu en venir à un re-
mède plus énergique. Réduit à recourir à
la clepsydre antique, l'excellent colonel a
fini par décider qu'il ne serait accordé que
dix minutes à chacun des orateurs ins-
crits.
C'est évidemment dans les séances des
sections qu'on a le plus et le mieux tra-
vaillé. Malheureusement, les reporters qui
ne pèchent pas d'ordinaire par excès de
discrétion et qui nous avaient si bien dé-
crit « la promenade sur la Garonne et le
lunch arrosé des meilleurs vins duMédoc »,
ne nous ont fourni sur ces travaux que des
notes par trop laconiques. La Société phi-
lomatique se chargera, sans aucun
doute, de combler cette lacune en faisant
publier in extenso les délibérations du
congrès.
Il nous a semblé aussi que les délégués
ministériels qui, selon le vieux cliché, ho-
noraient l'assemblée de leur présence,
avaient gardé une attitude bien effacée.
L'instruction publique, les beaux-arts, la
marine, les travaux publics, le commerce,
étaient représentés sur l'estrade officielle
par des administrateurs ou des savants
fort distingués. La plupart ont eu la mo-
destie de se confondre dans la foule des
auditeurs. Nous aurions souhaité les voir
prendre une part plus active aux débats.
Ils devaient à l'assemblée d'exposer sur
tant de questions délicates les vues des
différents ministères qui, en les déléguant,
n'avaient pas voulu, nous en sommes
sûrs, les condamner au rôle de figurants.
Ce qui ressort en première ligne de ces
longues délibérations, c'est que l'ensei-
gnement technique industriel et commer-
cial ne peut avoir une vie vraiment digne
de ce nom, vila vitalis, que s'il est mis
une. bonne fois dans ses meubles. Il n'est
plus possible désormais de le confondre
avec «l'enseignement spécial» appelé,
sous le nom d'enseignement classique
français, à de tout autres destinées. Il ne
faut pas davantage le confondre avec l'en-
seignement primaire. Les écoles profes-
sionnelles ou commerciales doivent avoir
à l'avenir une existence indépendante et
se développer, selon les besoins variés
des régions, sous la tutelle des comités
locaux et sous la haute direction des mi-
nistères compétents.
Sur la proposition de M. Lescarret, le
congrès s'est prononcé pour que des no-
tions d'économie politique soient intro-
duites dans les diverses branches de l'en-
seignement à partir de l'école primaire
inclusivement- Nous aurions sur ce point
quelques réserves à faire. Au moment où,
de toutes parts, un cri s'élève contre la
surcharge des programmes, il serait im-
prudent de les alourdir encore. L'ensei-
gnement primaire n'a pas' moins souffert
que l'enseignement secondaire de la fu-
reur encyclopédique qui s'est déchaînée
depuis quelque temps. On veut apprendre
tout à tous. Il est urgent de réagir contre
ces fâcheuses tendances. Nous voudrions
qu'aucune matière nouvelle ne fût intro-
duite dans les programmes avant qu'on
n'en eût supprimé une autre. Nous som-
mes pour le système des substitutions
contre le système d'arrimage si spirituel-
lement raillé par M. Frary. L'économie po-
litique aura une place d'honneur dans les
écoles professionnelles ou commerciales.
A l'école primaire, elle serait rejetée au
dernier plan ; on risquerait de donner aux
enfants des notions vagues ou fausses et
de les condamner à désapprendre plus
tard ce qu'ils auraient d'abord mal appris.
Il est un autre vœu adopté par le con-
grès et qui nous inspire également quel-
que défiance. Une campagne assez vigou-
reuse a été menée en ces derniers temps,
en vue d'obtenir, au profit d'une certaine
catégorie d'étudiants, le maintien plus ou
moins déguisé du volontariat d'un an. Par
une pente toute naturelle, on en est venu
à se demander pourquoi le commerce et
l'industrie seraient moins bien traités que
les carrières libérales. Y a-t-il encore,
après tout, des carrières libérales ? Où
commencent-elles, où finissent-elles ? Aussi
le congrès a-t-il émis ce double vœu :
« 1° Que le ministre du commerce ob-
tienne du ministre de la guerre que les
élèves diplômés des écoles commerciales
soient assimilés, en ce qui concerne le ser-
vice militaire, aux élèves des écoles qui
jouissent du bénéfice du volontariat ;
» 2° Que, dans le cas où une nouvelle loi
viendrait modifier les dispositions actuel-
les de la loi du 28 juillet 1872, les élèves
des écoles de commerce jouissent des
mêmes privilèges que les élèves des écoles
de l'Etat, auxquels il serait fait remise
d'une partie du temps de service. »
Demain, les Sociétés agricoles, sous pré-
texte que l'agriculture, comme la Vénus
de Milo, manque plus que jamais de bras,
viendront nous faire des réclamations tout
aussi justifiées. A leur tour, les chambres
syndicales ouvrières n'auront pas de peine
à nous démontrer qu'en trois ans de ser-
vice militaire l'ouvrier se rouille et se
gâte la main et qu'il importe, pour le bon
renom de la fabrication française, de les
assimiler aux commerçants et aux profes-
seurs. Voilà certes des tendances inquié-
tantes. Sous l'ancien régime aussi, le ser-
vice de la milice était obligatoire en prin-
cipe. Mais, sous les prétextes les plus di-
vers, nobles, prêtres, commerçants, fabri-
cants, agriculteurs, artisans même, étaient
parvenus à s'en dispenser. Il n'y restait que
les pauvres diables sans appui qui n'avaient
pas réussi à apitoyer sur leurs misères les
intendants des '« provinces. Nous souhai-
tons, nous, que le gouvernement ne mette.
pas la main dans l'engrenage des privi-
lèges. Les charges militaires seront d'au-
tant moins lourdes pour chacun, qu'elles
pèseront également sur tous. L'exception
commence, il est vrai, par confirmer la
règle ; mais elle finit par l'absorber.
ANDRÉ BALZ.
Dans son discours de Toulouse, M. de
Freycinet a mis l'achèvement de notre or-
ganisation militaire au premier rang des
réformes qui s'imposent au Parlement. Il
n'est peut-être pas, en effet, de question
qu'il soit plus urgent de résoudre sans re-
tard, car il est impossible que les jeunes
gens appelés par leur âge, soit à bénéficier
de l'engagement conditionnel d'un an, soit
à faire partie du contingent annuel, soient
tenus plus longtemps dans l'incertitude
sur la situation qui leur sera faite par la
prochaine loi du recrutement. Ces hésita-
tions sont peut-être plus dommageables
aux intérêts privés et à l'Intérêt général
qu'une loi même défectueuse, mais dont
les exigences et les charges seraient solide-
ment assises. Il faut donc en finir. Déjà la
Chambre, par deux délibérations, en 1884
et en 1885, a prononcé la suppression de
l'engagement conditionnel d'un an et a ré-
duit à trois ans le maximum de la durée
du service actif; puis le Sénat a arrêté le
projet. Eh bien, ce système ne peut se pro-
longer ni se renouveler. Il importe que
l'on aboutisse.
D'après ce qui nous a été affirmé, M. de
Mahy, président de la commission des
Trente-Trois, est fermement résolu à hâter
les travaux de cette commission. D'autre
part, le ministre de la guerre ne manquera
pas d'activer le zèle des députés en appe-
lant leur attention sur l'impossibilité de
faire encore durer l'indécision de l'admi-
nistration militaire. On peut donc espérer
que le rapporteur général sera prochaine-
ment choisi et qu'il déposera avant la fin
de l'année le projet préparé par la commis-
sion. Nous pensons bien que l'on ne re-
tombera pas dans la faute commise, voici
trois ans, de séparer les rapports et de dés-
unir les diverses parties organiques du
nouveau code, car c'est cette succession
sans liens apparents qui a entravé et reculé
de quatre années au moins la réforme que
l'on se proposait d'effectuer dans le cou-
rant de la dernière législature. Si la Cham-
bre, le Sénat et le gouvernement le veulent
bien, la nouvelle loi pourra être appliquée
dès le 1er janvier 1887.
LA VIE DE PARIS
C'est une tendance ordinaire de beau-
coup de gens d'attribuer à la littérature
une influence fâcheuse sur les mœurs
du temps. La chose n'est pas nouvelle.
On en a fait des chansons, et tout le
monde connaît le refrain :
C'est la faute à Rousseau,
C'est la faute à Voltaire i
Il y a infiniment à dire là-dessus, et
rien n'est plus délicat que de savoir au
juste discerner; en pareille matière, la
cause de l'effet et l'effet de la cause.
Nos mœurs sont-elles ce qu'elles sont
parce que les littérateurs les ont créées
telles, ou bien ceux-ci les dépeignent-ils
seulement comme ils les observent au-
tour d'eux? Une demi-douzaine de ro-
manciers et de poètes, détraqués eux-
mêmes ou faisant semblant de l'être,
ont-ils encouragé les névrosés et névro-
sées qui nous entourent, nous gênent,
nous inquiètent, ou bien la névrose est-
elle née spontanément parmi nous, etles
romanciers se contentent-ils de la pein-
dre, photographes plutôt qu'artistes
créateurs et instigateurs du mal? Ceci
n'est pas bien aisé à déterminer. Il me
semble qu'il y a lieu de croire à une in-
fluence réciproque de la littérature sur
les mœurs et des mœurs sur la littéra-
ture, influence qu'il est bien peu aisé de
mesurer.
En tout cas, il arrive parfois que la
littérature, surtout les romans popu-
laires, ont une grande action sur les
cervelles jeunes ou faibles, et cette ac-
tion est souvent dangereuse. Combien
d'hommes ont été les hommes du livre
qu'ils ont trop lu ou qu'ils ont lu le pre-
mier ! C'est ce qui a fait dire à un sage
qu'il fallait redouter l'homme d'un seul
livre. Dans les hautes classes, ce goût
d'imitation pour les héros dont on nous
conte les aventures a donné lieu à bien
des phénomènes curieux. Je ne parle
pas seulement des petites filles qui ont
aimé leur cousin comme Virginie aimait
Paul, et qui ont fait avec lui des pro-
menades dangereuses en souvenir du
retour de la ferme des Pamplousses.
Mais Balzae, qui a été un grand poète,
un créateur puissant bien plus qu'un
observateur, Balzac a façonné à sa
mode un nombre de gens incroyable. Je
ne sais pas s'il avait vu Bixiou, Rasti-
gnac et Rubempré tels qu'il les a dé-
peints : mais il y a eu des Bixious, des
Rstigacs et desRubemprés qui ont tout
fait pour ressembler au modèle du ro-
mancier. Ceci, d'ailleurs, n'a qu'une
importance relative quand il s'agit d'une
mode mondaine.
Mais l'influence du roman sur les
gens qui lisent peu, ne comparent guère
et gardent une certaine naïveté, est
considérable. Ce serait une belle tâche
pour nos romanciers populaires de vou-
loir que cette influence soit toujours
bonne. Encore faut-il noter que des li-
vres inoffensif font parfois du mal
dans des têtes mal disposées. C'est le
cas de ces deux malheureux dont nous
avons raconté la condamnation hier, et
qui ont eu l'idée extraordinaire de se
défendre en racontant leur crime sous
la forme d'un roman dans lequel ils
comparaissaient eux-mêmes sous les
noms d'OEU clé-Faucon et du Grand-
Serpent. (Èil-de-Faucon et le Grand-
Serpent 1 mais ce sont les héros du Der-
nier des Mohicans, un livre tellement
innocent, qu'on nous permettait de le
lire dès le collège. Je ne sais rien de
plus honnête que cette peinture des
mœurs indiennes; et Gustave Aymard
— qui fut notre Fenimore Cooper —
n'a pas mis plus de vice dans ses récits
mexicains que l'auteur américain dans
ses histoires du Far-West et du Canada.
Il est certain que ces souvenirs des ro-
mans d'aventures, qui pourraient tout
au plus pousser des jeunes gens à fuir
la maison paternelle et à s'embarquer
pour les pays lointains, comme Robin-
son Crusoë après ses lectures de voya-
ges, ne peuvent mener deux hommes de
dix-sept et dix-huit ans à tuer une pau-
vre fille de quinze ans! Le roman d'a-
ventures n'a été là, pour - ainsi - dire, que
pour donner une enveloppe à des senti-
ments mauvais qu'il ne pouvait faire
naître. C'est à d'autres lectures, si on
veut que la littérature soit de la partie,
qu'il faut attribuer la dépravation d'es-
prit qui a causé le crime. On dirait que
ces deux garçons ont pris dans l'école
moderne le goût des analyses de soi-
même poussées jusqu'à une minutie
dangereuse et cette idée de la fatalité
pathologique des passions qui est une
des causes ordinaires des détraque-
ments d'existence.
Car, si l'on regarde bien au fond du
roman grossier qu'ils ont rédigé dans
leur prison, on y trouve la recher-
che des sensations, en dehors de toute
critique de la raison et de toute in-
tervention du sentiment, ce qui est
la formule même de bien des gens de
notre temps, vrais malades. Ces ef-
froyables curieux n'ont même pas abusé
de la fille qu'ils ont tuée, après l'a-
voir condamnée à mort dans une dé-
libération froide à laquelle a pris part
un autre* jeune homme, qui s'appe-
lait le Roseau-Pliant et qui méritait
ce nom par la lâcheté de son carac-
tère. Car ce Roseau-Pliant a su le pro-
jet du crime et n'a rien fait pour le pré-
venir et pour s'y opposer. Le viol, cir-
constance aggravante peut-être pour la
justice, serait une circonstance atté-
nuante pour le moraliste. La possession
violente, brutale, d'une femme est un
crime détestable ; mais la passion qui y
peut pousser est une passion normale.
Ici, au contraire, nous voyons des ga-
mins qui s'estiment eux-mêmes assez
flétris, usés, finis avant d'avoir com-
menté à vivre, qu'il leur faut un meur-
tre pour retrouver une sensation. Sem-
blables aux tyrans des légendes an-
ciennes qui, vieillis, cherchaient une
jeunesse nouvelle en se baignànt dans
le sang des vierges! Et ces gamins
— on ne peut s'empêcher de les appeler
ainsi — ont je ne sais quel instinct
des rapports du physique et du moral.
Ils savent que leur dépravation hâtive
a créé leurs imaginations monstrueuses.
Ils raisonnent sur les causes et les effets.
C'est effroyable.
Que la littérature soit pour quelque
chose là-dedans, c'est possible. Mais il
ne faudrait pas trop l'accuser, car on
n'y est que trop disposé. Je crois plutôt
que le grand ennemi de la raison et de
l'honnêteté dans les classes laborieuses,
c'est l'alcoolisme, qui, par hérédité, pré-
dispose les cerveaux à des faiblesses
sans pareilles. Les têtes un peu solides
résistent à la lecture, même des livres
mauvais. Et quant à ceux dont on re-
trouve la trace dans l'affaire dont je
parle, ils sont excellents en soi et de
nature à développer plutôt l'héroïsme et
le goût des sensations nobles que la rai-
son approuve et qui sont comme la fleur
de nos jeunes imaginations 1
HENRY FOUQUIER.
Le Yojagt fle M. de Freycinet
Réception officielle
Montpellier, 30 septembre.
M. le président du conseil a reçu ce matin
officiellement, à l'hôtel de la Préfecture.
Il se tenait debout dans le grand salon
d'honneur, ayant à ses côtés MM. Griffe, Com-
bescure, Gaston Bazille, sénateurs ; MM. Vér-
nière, Salis, Deandreis, Galtier, Razimbaud,
députés ; M. Rabel, directeur du cabinet du
ministre des affaires étrangères ; M. Férra-
bouc, son secrétaire particulier ; les préfets
des Bouches-du-Rhône, du Gard et des Pyré-
nées-Orientales ; M. Cassagneau, secrétaire
général de la préfecture, et les sous-préfets et
conseillers de préfecture du département.
M. Pointu-Norès, préfet de l'eérault, faisait
les présentations.
Le général Berge, commandant du 16e corps
d'armée, est entré le premier, entouré du
général de division Borson, des généraux de
brigade Becker et d'Arbo, qui étaient accom-
pagnés de leurs états-majors.
Tous les officiers de la garnison étaient
présents. Le salon, quoique très vaste, pou-
vait à grand'peine les contenir.
Quand ils ont eu fait cercle, le générai
Berge s'est exprimé en ces termes :
« J'ai l'honneur, monsieur le président du
conseil, de vous présenter les officiers de la
garnison de Montpellier. Je puis vous garan-
tir leurs sentiments de profond respect pour
la personne du président de la République et
pour la vôtre. Je puis vous garantir égalè-
lement leurs sentiments de dévouement ab-
solu pour les devoirs quotidiens d'une car-
rière qui est toujours laborieuse et quelque-
fois pénible. J'ajoute en leur nom, monsieur
le président du conseil, que leur dévouement
serait Inépuisable et sans bornes si l'honnètir
ou la gloire de la République était en jeu. »
Le président du conseil a répondu au gé-
néral Berge:
«'Je vous remercie des sentiments patrioti-
ques que vous venez de m'exprimer. Je n'eu
suis pas surpris, car ce sont les sentiments
de l'armée tout entière. < ;..
» La France sait qu'elle peut se reposer A~
avec confiance sur cette armée, qui est celle -
du devoir, de la loi et de nos institutions.
Ene suit ses progrès avec amour et elle volt
en elle le rempart de son honneur. Si elle
avait, Un jour, besoin de faire appel à son
dévouement, elle pourrait compter sur le
16* corps et sur le chef qui le commande avec
tant de distinction.
» Je vous prie d'être mon interprète auprès
de vos officiers. »
Montpellier, 30 septembre.
M. de Cabrières, évêque de Montpellier,
est venu ensuite, accompagné de tout son
clergé. Il a dit :
« J'ai l'honneur de présenter à Votre Excel-
lence MM. les grands-vicaires, les chanoines,
les curés de la ville et quelques autres mem-
bres du clergé diocésain. Ces messieurs sont,
comme moi, pénétrés du vif sentiment de ce
qUe nous devons à l'Eglise et à la France.
» Nous sommes fiers d'être les fils et les
ministres d'une société religieuse à la mis-
sion et à l'autorité de laquelle nous croyons
pleinement. Nous le sommes aussi d'être les
enfants et les serviteurs d'un pays célèbre
dans le monde entier par ses gloires militai-
res , littéraires, scientifiques et artistiques, et
dont la longue histoire est comme la légende
héroïque du désintéressement et de l'hon-
neur.
» Placés en dehors des partis politiques, non
par indifférence, mais par état, nous nous es-
timerions heureux si nous pouvions amener
tous nos concitoyens à estimer et à conser-
ver pieusement les croyances qui ont fait la
grandeur de notre nation dans le passé et
qui, nous en sommes certains, assureraient
son influence et sa prospérité dans l'avenir.
» Agréez, monsieur le président du conseil,
nos plus respectueux hommages. »
LE XIX' SIECLE
J'UhAL
JQURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
l'adresser a à Secrétaire de la Rédaetioa
de 2 heures à minuit
[16, ru.e Cadets 16
ïnrecteur politique :
;A..-EDOUARD PORTALIS
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
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Six mois. 3S »»
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PARIS
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ET DANS SES SUCCURSALES
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6, pïme de la Bourse9 6
SOMMAIRE
BULLETIN. — Louis Henrique.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES.
LE DISCOURS DE TOULOUSE ET LA PRESSE.
LE-CONGRÈS INTERNATIONAL DE BORDEAUX. —
André Balz.
LA VIE DE PARIS. — Henry Fouquier.
LE VOYAGÉ DE M. DE FRETCINET.
MINISTRES EN VOYAGE.
COULISSES PARLEMENTAIRES.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER.
NOUVELLES COLONIALES.
ECHOS DU JOUR. — Brichanteau.
BULLETIN MILITAIRE ET MARITIME.
LA PRESSE AU JOUR LE JOUR.- P.-P. Dejuinne.
UN DISCOURS DE M. JULES ROCHE.
ECOLE POLYTECHNIQUE.
GAZETTE DU PALAIS. — Me Gervasy.
COURRIER DE LA BOURSE. — Paul Ambroise.
LA TEMPÉRATURE.
FAITS DIVERS.
SPORT DU JOUR. — Turba.
COURRIER DES THÉÂTRES. — Yorick.
PETITES NOUVELLES.
AVIS ET COMMUNICATIONS.
FAILLITES.
BULLETIN
M. le président du conseil a prononcé
hier à Montpellier un discours dont on
lira plus loin une analyse télégraphique.
A l'heure où nos dépêches nous arrivent,
nous ne pouvons que consigner ici l'excel-
lente impression produite par cette allo-
cution.
La question des bureaux de placement,
qui était tombée dans l'oubli, est de nou-
veau à l'ordre du jour. Dans une réunion
tenue dans la salle Rivoli et à laquelle as-
sistaient un grand nombre de garçons de
café, d'hôtel et de restaurant, « les travail-
leurs de l'alimentation », comme ils s'ap-
pellent, rompant définitivement avec les
manifestations bruyantes du mois dernier,
ont sagement discuté les intérêts de leur
corporation et pris, sans tapage, sans tu-
multe, des résolutions très sensées.
La Ligue pour la suppression des bu-
reaux de placement a cependant le tort de
croire que l'intervention du Parlement est
nécessaire et qu'une loi peut ordonner hic
et nunc la fermeture des offices de place-
ment. C'est, selon nous, une erreur. Une
pareille loi serait attentatoire au principe
de la liberté du travail.
La véritable voie à suivre en pareille
matière est de laisser les bureaux se fer-
mer tout seuls, faute d'affaires. Que les
travailleurs de l'alimentation cessent de
s'adresser aux placiers, et ceux-ci n'auront
plus qu'une chose à faire, renoncer à une
industrie qui sera devenue improductive.
On attendait avec quelque curiosité la
réponse que le gouvernement hongrois
ferait aux diverses interpellations annon-
cées depuis plusieurs jours au sujet de
l'affaire de Bulgarie. C'est hier que M.
Tisza a fait connaître les vues du gouver-
nement austro-hongrois.
Les questions posées se réduisaient à
ceci :
1° Le gouvernement a-t-il eu connais-
sance du coup d'Etat qui a renversé le
prince de Bulgarie et l'a-t-il favorisé ?
2° Que pense-t-il de la fédération des
Etats balkaniques ?
3° Est-il disposé à laisser la Russie éta-
blir son protectorat en Bulgarie ?
M. Tisza a nié formellement que l'Autri-
che-Hongrie ait prêté les mains à la révo-
lution de Sofia et soit intervenue auprès du
gouvernement provisoire pour protéger
les auteurs du coup d'Etat.
Quant à la fédération des petits peuples
de la péninsule des Balkans, c'est une idée
qui est chère à M. Tisza. Il a rappelé dans
sa réponse que depuis 1868 il n'a pas
cessé de croire que, s'il se produisait des
changements dans la région des Balkans,
les intérêts de l'Autriche-Hongrie exige-
raient, d'après son opinion personnelle,
que les populations qui habitent ces pays
devinssent des Etats indépendants. Son
opinion n'a pas varié depuis 1868, et il a
donné l'assurance que la politique du gou-
vernement doit tendre à faire obstacle à
l'établissement d'un protectorat ou à l'in-
fluence d'une seule puissance étrangère.
M. Tisza est revenu sur cette idée avec
une précision qui doit être remarquée. « La
Turquie, a-t-il dit en substance, peut seule
revendiquer sur la Bulgarie les droits
qu'elle tient du traité de Berlin; si elle
n'use pas de ces droits, aucune autre
puissance n'est autorisée à prendre, dans
la péninsule des Balkans, l'initiative d'une
action armée isolée, non plus qu'à placer
cette région sous son protectorat. En gé-
néral toute modification dans la situa-
tion politique ou dans les conditions d'é-
quilibre des pays balkaniques ne peut
avoir lieu qu'en vertu d'un accord des
puissances signataires du traité de Berlin».
Cet exposé de principes ne peut man-
quer de produire une vive impression à
Saint-Pétersbourg. L'attitude prise par le
général Kaulbars à Sofia, la pression qu'il
exerce sur le gouvernement provisoire, les
termes hautains de la note officielle adres-
sée aux régents, les exigences qu'elle for-
mule, tout cet ensemble de circonstances
prouve surabondamment qu'il n'entre
point dans les vues du tsar de se confor-
mer à la politique dont M. Tisza vient de
formuler le programme.
La Russie est aussi peu disposée a favo-
riser une fédération des Etats balkaniques
qu'à soumettre ses actes à la ratification
d'un congrès européen.
Ces divergences entre la politique russe
et les déclarations du ministère hongrois
n'étonneront personne ; mais elles se mani-
festent aujourd'hui d'une façon si nette
qu'il est permis d'envisager avec quelque
appréhension l'issue d'un conflit qui va
chaque jour s'aggravant.
Louis HENRIQUE.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Le prochain conseil des ministres
M. de Freycinet devant rentrer à Paris lundi
prochain, les ministres tiendront conseil le
lendemain au quai d'Orsay.
La commission de contrôle de l'Exposition
Le décret nommant la commission de con-
trôle et des finances de l'Exposition de 1889
sera prochainement publié au Journal offi-
ciel.
Parmi les membres qui en feront partie se
trouvent MM. Clémenceau, Dautresme, Jules
Roche, de Heredia, Dreyfus, députés ; MM.
Adrien Hébrard, Teisserenc de Bort, Dietz-
Monnin, Tirard, sénateurs ; M. Christophle,
gouverneur du Crédit foncier, président de
la Société de garantie.
Notre ambassadeur à Saint-Pétersbourg
Il est inexact que le successeur de M. le gé-
néral Appert, à l'ambassade de France à Saint-
Pétersbourg, soit définitivement désigné.
Aucune décision n'a encore été prise, et la
question du remplacement du général Ap-
pert ne sera sérieusement envisagée qu'après
le retour du tsar à Saint-Pétersbourg.
D'après une dépêche de Paris adressée au
Times, il serait question de M. Andrieux pour
ce poste.
La rentrée des Chambres
Le Journal officiel publie ce matin le texte
du décret convoquant les Chambres pour le.
14 octobre.
Voici le texte de ce décret :
Le président de la République,
Vu l'article 2 de la loi constitutionnelle du
10 juillet 1876,
Décrèt,
Article premier. — Le Sénat et la Chambre
des députés sont convoqués en session extra-
ordinaire pour le 14 octobre i886.
Art. 2. — Le président du conseil ministre
des affaires étrangères et le ministre de l'in-
térieur sont chargés de l'exécution du pré-
sent décret.
Fait à Mont-sous-Vaudrey, le 28 septembre
1886.
JULES GRÉVY.
Par le président de la République :
Le président du conseil ministre
des affaires étrangères,
C. DE FaEYCTNET.
Le ministre de l'intérieur,
SARRIEN.
Nomination dans le service des postes
et télégraphes
Un décret du président de la République, en
date du 22 septembre 1886, nomme M. Tra-
vers, inspecteur des postes et télégraphes,
directeur départemental dans le même ser-
vice.
A la suite de ce décret, M. Travers a été mis
à la disposition du département des affaires
étrangères, en qualité de directeur des postes
et télégraphes de l'Annam et du Tonkin.
C'est à cet agent supérieur, un des plus
distingués de l'administration, que la Rouma-
nie doit l'organisation de son service postal.
Le vice-amiral Peyron
On sait que M. le vice-amiral Peyron, an-
cien ministre de la marine, est désigné pour
prendre le commandement de l'escadre d'évo-
lutions.
Le vice-amiral Krantz, préfet maritime de
Toulon, vient d'informer le ministre de la
marine qu'il mettait le cuirassé le Trident à
a disposition du vice-amiral Peyron.
LE DISCOURS DE TOULOUSE
ET LA PRESSE
L'accueil fait par la presse au discours
de M. de Freycinet correspond, tout na-
turellement, aux diverses opinions. S'il
fallait établir un classement, ont pour-
rait faire trois catégories : 1° les satis-
faits, 2° les mécontents, 3° les fron-
deurs. Nous constatons avec plaisir que
la première catégorie comprend la très
grande majorité des organes républi-
cains, et que le discours de Toulouse
n'est de leur part l'objet que d'un petit
nombre de réserves, lesquelles portent
plutôt sur les procédés d'application que
sur les idées énoncées. Cet accord dans
l'adhésion est par lui-même un symp-
tôme très heureux, car il montre que la
politique d'union pratiquée depuis le
7 janvier par M. de Freycinet et préco-
nisée dans le discours de Toulouse a
recruté des partisans dans tous les
groupes de la majorité, que tous com-
prennent la nécessité de maintenir cette
union, et il fait prévoir que tous vont
revenir dans la Chambre animés du dé-
sir de ne rien négliger pour la conser-
ver et la fortifier.
Le groupe des frondeurs ne se com-
pose pas, comme on pourrait le croire,
de journaux radicaux. A sa tête on re-
marque le Journal des Débats, qui raille
la rhétorique de M. de Freycinet et ne
voit dans son discours que d'agréables
variations exécutées par un artiste de
talent sur un thème connu.
Quant à la presse réactionnaire, il est
presque superflu de dire qu'elle appar-
tient tout entière à la section des mé-
contents, dans laquelle viennent se ran-
ger aussi les feuilles révolutionnaires.
Avant même d'avoir le texte du dis-
cours de Toulouse, les journaux de
Droite le tenaient pour un tissu de ba-
nalités. Après l'avoir lu , ils répètent à
l'envi : « Des mots, des mots, des
mots ! « Les uns lui reprochent d'avoir
parlé de certaines questions, comme les
lois sociales ; les autres, de n'avoir pas
adressé au moins quelques paroles
bienveillantes aux agriculteurs; d'au-
tres, d'être resté muet sur le budget et
sur Madagascar, et tous de n'avoir pas
fait connaître les solutions qu'il compte
donner à toutes les questions politiques,
économiques ou sociales.
C'est montrer beaucoup d'exigences
et demander à un discours plus d'en-
gagement que n'en saurait prendre
même le plus complet des programmes.
Or, comme nous le disions hier, ce n'est
pas un programme de gouvernement
que M. de Freycinet a voulu tracer. De
tels programmes ne seraient pas à leur
place dans un banquet. Quand on a be-
soin de les faire, c'est devant le Parle-
ment qu'on les expose, lui laissant la
liberté de dire si les idées qui y sont
contenues correspondent aux opinions
de la majorité. Mais il serait incorrect
pour un chef de gouvernement d'expo-
ser un programme dans une réunion
extraparlementaire, de quelque nature
qu'elle fût, et de s'autoriser de l'adhé-
sion plus ou moins explicite qu'il aurait
recueillie sous forme d'applaudissements
ou d'éloges dans la presse, pour cher-
cher à l'imposer au Parlement. Ce serait
une sorte de procédé plébiscitaire; ce
serait une atteinte directe à la sincérité
du régime établi par la Constitution.
Le caractère de M. de Freycinet
écarte tout soupçon d'avoir voulu pro-
voquer la sorte de plébiscite que nous
venons d'indiquer. On n'a pas le droit
de croire qu'il ait cherché à se faire
une réclame personnelle, dont il n'a, du
reste, aucun besoin. Son ambition a été
plus haute et plus désintéressée. Il a
voulu provoquer dans le pays une ma-
nifestation en faveur de l'union des ré-
publicains ; il a voulu que cette mani-
festation se produisît à la veille de la
rentrée, afin qu'elle fût encore présente
a tous les esprits lorsque le Parlement
reprendrait ses travaux et que tous les
députés eussent la notion très nette
que pour répondre au sentiment du
pays ils devaient écarter toutes les cau-
ses de troubles et se consacrer exclu-
sivement aux travaux utiles. Or, quel
travail est plus utile, plus immédiate-
ment utile, que le vote du budget ? Si
ce travail n'est pas conduit avec une ra-
pidité suffisante, si la Chambre veut se
jeter dans la recherche de systèmes qui
à l'heure actuelle auraient l'inconvé-
nient capital de nous mener directe-
ment aux douzièmes provisoires, le ca-
binet exposera ses craintes à la Cham-
bre; il discutera les systèmes proposés ;
il s'efforcera de faire adopter ceux qu'il
croit bons e qeJwre rejeter les autres.
Mais c'est besogne parlementaire, et l'on
ne voit guère le président du conseil
faisant enjoindre à la Chambre par les
convives du banquet de Toulouse d'a-
voir à voter le budget et de prendre,
pour le boucler, telle ressource au lieu
de telle autre.
En ce qui concerne Madagascar, il
faut croire que les réactionnaires n'ont
pas lu bien attentivement le texte du
discours, car l'allusion qui y est faite est
bien transparente. Personne ne s'y est
trompé, et nous ne croyons pas que les
Hovas s'y trompent davantage. Les in-
convénients que nous verrions à une
trop grande précision au sujet des ques-
tions intérieures disparaissent lorsque!
s'agit des questions extérieures. Pour
celles-ci, la parole du gouvernement, où
qu'elle soit prononcée, a une valeur
constante. Aussi M. de Freycinet n'a-t-il
pas hésité, quoi qu'en disent les réac-
tionnaires, à affirmer les intentions de
la France, intentions à la fois pacifiques
et fermes, absolument éloignées d'au-
cun sacrifice de ses droits. Ce langage,
conforme à la dignité de la France, a
fait à l'étranger une excellente impres-
sion qui est reflétée par les commen-
taires des journaux.
Sur les questions intérieures, nous ne
faisons pas difficulté de reconnaître que
le discours de Toulouse est parfois un
peu vague. Mais on ne saurait en faire
un reproche à M. de Freycinet. C'est la
situation même où il se trouve qui lui
en impose l'obligation. La Chambre n'a
pas pour vertu dominante l'homogénéi-
té. Il faut savoir faire des sacrifices à
la nécessité supérieure de l'union. Le
gouvernement lui en fait ; les républi-
cains lui en ont fait aussi. Ils se mon-
trent prêts à continuer. Le gouverne-
ment les y exhorte et le pays les en
adjure. De telles exhortations n'ont
rien de banal, car elles répondent à un
besoin essentiel et elles mettent la
Chambre en face de responsabilités qui
pèseraient sur elle si elle n'y conformait
pas sa conduite.
Le Congrès international de Bordeaux
Il est assez difficile de porter un juge-
ment d'ensemble sur les travaux du con-
grès de l'enseignement technique, indus-
triel et commercial. Les séances générales
n'ont pas brillé précisément par la clarté
et la méthode. Les orateurs se succé-
daient 'avec de longs mémoires, pleins
d'intérêt sans doute, mais qu'on a pu lire
ou qu'on pourrait lire avec plus de fruit
et a. tête reposée dans les revues spéciales.
Pas d'ordre du jour possible avec un pa-
reil système. Chacun lit son petit papier,
sans s'inquiéter du voisin, et, au lieu de
discussions concentrées sur une question
bien précise, on n'a qu'une suite de lectu-
res sans lien entre elles sur les sujets les
plus divers.
AussiM.Laussedat, qui présidait le con-
grès, a-t-il eu fort à faire pour introduire
un peu d'ordre et de logique au milieu de
ces exposés diffus. Il a demandé d'abord
aux orateurs de s'en tenir à une rapide ana-
lyse de leurs mémoires. Mais il est tou-
jours délicat d'imposer aux auteurs la mu-
tilation de leurs propres œuvres. Un père
est toujours père. lia fallu en venir à un re-
mède plus énergique. Réduit à recourir à
la clepsydre antique, l'excellent colonel a
fini par décider qu'il ne serait accordé que
dix minutes à chacun des orateurs ins-
crits.
C'est évidemment dans les séances des
sections qu'on a le plus et le mieux tra-
vaillé. Malheureusement, les reporters qui
ne pèchent pas d'ordinaire par excès de
discrétion et qui nous avaient si bien dé-
crit « la promenade sur la Garonne et le
lunch arrosé des meilleurs vins duMédoc »,
ne nous ont fourni sur ces travaux que des
notes par trop laconiques. La Société phi-
lomatique se chargera, sans aucun
doute, de combler cette lacune en faisant
publier in extenso les délibérations du
congrès.
Il nous a semblé aussi que les délégués
ministériels qui, selon le vieux cliché, ho-
noraient l'assemblée de leur présence,
avaient gardé une attitude bien effacée.
L'instruction publique, les beaux-arts, la
marine, les travaux publics, le commerce,
étaient représentés sur l'estrade officielle
par des administrateurs ou des savants
fort distingués. La plupart ont eu la mo-
destie de se confondre dans la foule des
auditeurs. Nous aurions souhaité les voir
prendre une part plus active aux débats.
Ils devaient à l'assemblée d'exposer sur
tant de questions délicates les vues des
différents ministères qui, en les déléguant,
n'avaient pas voulu, nous en sommes
sûrs, les condamner au rôle de figurants.
Ce qui ressort en première ligne de ces
longues délibérations, c'est que l'ensei-
gnement technique industriel et commer-
cial ne peut avoir une vie vraiment digne
de ce nom, vila vitalis, que s'il est mis
une. bonne fois dans ses meubles. Il n'est
plus possible désormais de le confondre
avec «l'enseignement spécial» appelé,
sous le nom d'enseignement classique
français, à de tout autres destinées. Il ne
faut pas davantage le confondre avec l'en-
seignement primaire. Les écoles profes-
sionnelles ou commerciales doivent avoir
à l'avenir une existence indépendante et
se développer, selon les besoins variés
des régions, sous la tutelle des comités
locaux et sous la haute direction des mi-
nistères compétents.
Sur la proposition de M. Lescarret, le
congrès s'est prononcé pour que des no-
tions d'économie politique soient intro-
duites dans les diverses branches de l'en-
seignement à partir de l'école primaire
inclusivement- Nous aurions sur ce point
quelques réserves à faire. Au moment où,
de toutes parts, un cri s'élève contre la
surcharge des programmes, il serait im-
prudent de les alourdir encore. L'ensei-
gnement primaire n'a pas' moins souffert
que l'enseignement secondaire de la fu-
reur encyclopédique qui s'est déchaînée
depuis quelque temps. On veut apprendre
tout à tous. Il est urgent de réagir contre
ces fâcheuses tendances. Nous voudrions
qu'aucune matière nouvelle ne fût intro-
duite dans les programmes avant qu'on
n'en eût supprimé une autre. Nous som-
mes pour le système des substitutions
contre le système d'arrimage si spirituel-
lement raillé par M. Frary. L'économie po-
litique aura une place d'honneur dans les
écoles professionnelles ou commerciales.
A l'école primaire, elle serait rejetée au
dernier plan ; on risquerait de donner aux
enfants des notions vagues ou fausses et
de les condamner à désapprendre plus
tard ce qu'ils auraient d'abord mal appris.
Il est un autre vœu adopté par le con-
grès et qui nous inspire également quel-
que défiance. Une campagne assez vigou-
reuse a été menée en ces derniers temps,
en vue d'obtenir, au profit d'une certaine
catégorie d'étudiants, le maintien plus ou
moins déguisé du volontariat d'un an. Par
une pente toute naturelle, on en est venu
à se demander pourquoi le commerce et
l'industrie seraient moins bien traités que
les carrières libérales. Y a-t-il encore,
après tout, des carrières libérales ? Où
commencent-elles, où finissent-elles ? Aussi
le congrès a-t-il émis ce double vœu :
« 1° Que le ministre du commerce ob-
tienne du ministre de la guerre que les
élèves diplômés des écoles commerciales
soient assimilés, en ce qui concerne le ser-
vice militaire, aux élèves des écoles qui
jouissent du bénéfice du volontariat ;
» 2° Que, dans le cas où une nouvelle loi
viendrait modifier les dispositions actuel-
les de la loi du 28 juillet 1872, les élèves
des écoles de commerce jouissent des
mêmes privilèges que les élèves des écoles
de l'Etat, auxquels il serait fait remise
d'une partie du temps de service. »
Demain, les Sociétés agricoles, sous pré-
texte que l'agriculture, comme la Vénus
de Milo, manque plus que jamais de bras,
viendront nous faire des réclamations tout
aussi justifiées. A leur tour, les chambres
syndicales ouvrières n'auront pas de peine
à nous démontrer qu'en trois ans de ser-
vice militaire l'ouvrier se rouille et se
gâte la main et qu'il importe, pour le bon
renom de la fabrication française, de les
assimiler aux commerçants et aux profes-
seurs. Voilà certes des tendances inquié-
tantes. Sous l'ancien régime aussi, le ser-
vice de la milice était obligatoire en prin-
cipe. Mais, sous les prétextes les plus di-
vers, nobles, prêtres, commerçants, fabri-
cants, agriculteurs, artisans même, étaient
parvenus à s'en dispenser. Il n'y restait que
les pauvres diables sans appui qui n'avaient
pas réussi à apitoyer sur leurs misères les
intendants des '« provinces. Nous souhai-
tons, nous, que le gouvernement ne mette.
pas la main dans l'engrenage des privi-
lèges. Les charges militaires seront d'au-
tant moins lourdes pour chacun, qu'elles
pèseront également sur tous. L'exception
commence, il est vrai, par confirmer la
règle ; mais elle finit par l'absorber.
ANDRÉ BALZ.
Dans son discours de Toulouse, M. de
Freycinet a mis l'achèvement de notre or-
ganisation militaire au premier rang des
réformes qui s'imposent au Parlement. Il
n'est peut-être pas, en effet, de question
qu'il soit plus urgent de résoudre sans re-
tard, car il est impossible que les jeunes
gens appelés par leur âge, soit à bénéficier
de l'engagement conditionnel d'un an, soit
à faire partie du contingent annuel, soient
tenus plus longtemps dans l'incertitude
sur la situation qui leur sera faite par la
prochaine loi du recrutement. Ces hésita-
tions sont peut-être plus dommageables
aux intérêts privés et à l'Intérêt général
qu'une loi même défectueuse, mais dont
les exigences et les charges seraient solide-
ment assises. Il faut donc en finir. Déjà la
Chambre, par deux délibérations, en 1884
et en 1885, a prononcé la suppression de
l'engagement conditionnel d'un an et a ré-
duit à trois ans le maximum de la durée
du service actif; puis le Sénat a arrêté le
projet. Eh bien, ce système ne peut se pro-
longer ni se renouveler. Il importe que
l'on aboutisse.
D'après ce qui nous a été affirmé, M. de
Mahy, président de la commission des
Trente-Trois, est fermement résolu à hâter
les travaux de cette commission. D'autre
part, le ministre de la guerre ne manquera
pas d'activer le zèle des députés en appe-
lant leur attention sur l'impossibilité de
faire encore durer l'indécision de l'admi-
nistration militaire. On peut donc espérer
que le rapporteur général sera prochaine-
ment choisi et qu'il déposera avant la fin
de l'année le projet préparé par la commis-
sion. Nous pensons bien que l'on ne re-
tombera pas dans la faute commise, voici
trois ans, de séparer les rapports et de dés-
unir les diverses parties organiques du
nouveau code, car c'est cette succession
sans liens apparents qui a entravé et reculé
de quatre années au moins la réforme que
l'on se proposait d'effectuer dans le cou-
rant de la dernière législature. Si la Cham-
bre, le Sénat et le gouvernement le veulent
bien, la nouvelle loi pourra être appliquée
dès le 1er janvier 1887.
LA VIE DE PARIS
C'est une tendance ordinaire de beau-
coup de gens d'attribuer à la littérature
une influence fâcheuse sur les mœurs
du temps. La chose n'est pas nouvelle.
On en a fait des chansons, et tout le
monde connaît le refrain :
C'est la faute à Rousseau,
C'est la faute à Voltaire i
Il y a infiniment à dire là-dessus, et
rien n'est plus délicat que de savoir au
juste discerner; en pareille matière, la
cause de l'effet et l'effet de la cause.
Nos mœurs sont-elles ce qu'elles sont
parce que les littérateurs les ont créées
telles, ou bien ceux-ci les dépeignent-ils
seulement comme ils les observent au-
tour d'eux? Une demi-douzaine de ro-
manciers et de poètes, détraqués eux-
mêmes ou faisant semblant de l'être,
ont-ils encouragé les névrosés et névro-
sées qui nous entourent, nous gênent,
nous inquiètent, ou bien la névrose est-
elle née spontanément parmi nous, etles
romanciers se contentent-ils de la pein-
dre, photographes plutôt qu'artistes
créateurs et instigateurs du mal? Ceci
n'est pas bien aisé à déterminer. Il me
semble qu'il y a lieu de croire à une in-
fluence réciproque de la littérature sur
les mœurs et des mœurs sur la littéra-
ture, influence qu'il est bien peu aisé de
mesurer.
En tout cas, il arrive parfois que la
littérature, surtout les romans popu-
laires, ont une grande action sur les
cervelles jeunes ou faibles, et cette ac-
tion est souvent dangereuse. Combien
d'hommes ont été les hommes du livre
qu'ils ont trop lu ou qu'ils ont lu le pre-
mier ! C'est ce qui a fait dire à un sage
qu'il fallait redouter l'homme d'un seul
livre. Dans les hautes classes, ce goût
d'imitation pour les héros dont on nous
conte les aventures a donné lieu à bien
des phénomènes curieux. Je ne parle
pas seulement des petites filles qui ont
aimé leur cousin comme Virginie aimait
Paul, et qui ont fait avec lui des pro-
menades dangereuses en souvenir du
retour de la ferme des Pamplousses.
Mais Balzae, qui a été un grand poète,
un créateur puissant bien plus qu'un
observateur, Balzac a façonné à sa
mode un nombre de gens incroyable. Je
ne sais pas s'il avait vu Bixiou, Rasti-
gnac et Rubempré tels qu'il les a dé-
peints : mais il y a eu des Bixious, des
Rstigacs et desRubemprés qui ont tout
fait pour ressembler au modèle du ro-
mancier. Ceci, d'ailleurs, n'a qu'une
importance relative quand il s'agit d'une
mode mondaine.
Mais l'influence du roman sur les
gens qui lisent peu, ne comparent guère
et gardent une certaine naïveté, est
considérable. Ce serait une belle tâche
pour nos romanciers populaires de vou-
loir que cette influence soit toujours
bonne. Encore faut-il noter que des li-
vres inoffensif font parfois du mal
dans des têtes mal disposées. C'est le
cas de ces deux malheureux dont nous
avons raconté la condamnation hier, et
qui ont eu l'idée extraordinaire de se
défendre en racontant leur crime sous
la forme d'un roman dans lequel ils
comparaissaient eux-mêmes sous les
noms d'OEU clé-Faucon et du Grand-
Serpent. (Èil-de-Faucon et le Grand-
Serpent 1 mais ce sont les héros du Der-
nier des Mohicans, un livre tellement
innocent, qu'on nous permettait de le
lire dès le collège. Je ne sais rien de
plus honnête que cette peinture des
mœurs indiennes; et Gustave Aymard
— qui fut notre Fenimore Cooper —
n'a pas mis plus de vice dans ses récits
mexicains que l'auteur américain dans
ses histoires du Far-West et du Canada.
Il est certain que ces souvenirs des ro-
mans d'aventures, qui pourraient tout
au plus pousser des jeunes gens à fuir
la maison paternelle et à s'embarquer
pour les pays lointains, comme Robin-
son Crusoë après ses lectures de voya-
ges, ne peuvent mener deux hommes de
dix-sept et dix-huit ans à tuer une pau-
vre fille de quinze ans! Le roman d'a-
ventures n'a été là, pour - ainsi - dire, que
pour donner une enveloppe à des senti-
ments mauvais qu'il ne pouvait faire
naître. C'est à d'autres lectures, si on
veut que la littérature soit de la partie,
qu'il faut attribuer la dépravation d'es-
prit qui a causé le crime. On dirait que
ces deux garçons ont pris dans l'école
moderne le goût des analyses de soi-
même poussées jusqu'à une minutie
dangereuse et cette idée de la fatalité
pathologique des passions qui est une
des causes ordinaires des détraque-
ments d'existence.
Car, si l'on regarde bien au fond du
roman grossier qu'ils ont rédigé dans
leur prison, on y trouve la recher-
che des sensations, en dehors de toute
critique de la raison et de toute in-
tervention du sentiment, ce qui est
la formule même de bien des gens de
notre temps, vrais malades. Ces ef-
froyables curieux n'ont même pas abusé
de la fille qu'ils ont tuée, après l'a-
voir condamnée à mort dans une dé-
libération froide à laquelle a pris part
un autre* jeune homme, qui s'appe-
lait le Roseau-Pliant et qui méritait
ce nom par la lâcheté de son carac-
tère. Car ce Roseau-Pliant a su le pro-
jet du crime et n'a rien fait pour le pré-
venir et pour s'y opposer. Le viol, cir-
constance aggravante peut-être pour la
justice, serait une circonstance atté-
nuante pour le moraliste. La possession
violente, brutale, d'une femme est un
crime détestable ; mais la passion qui y
peut pousser est une passion normale.
Ici, au contraire, nous voyons des ga-
mins qui s'estiment eux-mêmes assez
flétris, usés, finis avant d'avoir com-
menté à vivre, qu'il leur faut un meur-
tre pour retrouver une sensation. Sem-
blables aux tyrans des légendes an-
ciennes qui, vieillis, cherchaient une
jeunesse nouvelle en se baignànt dans
le sang des vierges! Et ces gamins
— on ne peut s'empêcher de les appeler
ainsi — ont je ne sais quel instinct
des rapports du physique et du moral.
Ils savent que leur dépravation hâtive
a créé leurs imaginations monstrueuses.
Ils raisonnent sur les causes et les effets.
C'est effroyable.
Que la littérature soit pour quelque
chose là-dedans, c'est possible. Mais il
ne faudrait pas trop l'accuser, car on
n'y est que trop disposé. Je crois plutôt
que le grand ennemi de la raison et de
l'honnêteté dans les classes laborieuses,
c'est l'alcoolisme, qui, par hérédité, pré-
dispose les cerveaux à des faiblesses
sans pareilles. Les têtes un peu solides
résistent à la lecture, même des livres
mauvais. Et quant à ceux dont on re-
trouve la trace dans l'affaire dont je
parle, ils sont excellents en soi et de
nature à développer plutôt l'héroïsme et
le goût des sensations nobles que la rai-
son approuve et qui sont comme la fleur
de nos jeunes imaginations 1
HENRY FOUQUIER.
Le Yojagt fle M. de Freycinet
Réception officielle
Montpellier, 30 septembre.
M. le président du conseil a reçu ce matin
officiellement, à l'hôtel de la Préfecture.
Il se tenait debout dans le grand salon
d'honneur, ayant à ses côtés MM. Griffe, Com-
bescure, Gaston Bazille, sénateurs ; MM. Vér-
nière, Salis, Deandreis, Galtier, Razimbaud,
députés ; M. Rabel, directeur du cabinet du
ministre des affaires étrangères ; M. Férra-
bouc, son secrétaire particulier ; les préfets
des Bouches-du-Rhône, du Gard et des Pyré-
nées-Orientales ; M. Cassagneau, secrétaire
général de la préfecture, et les sous-préfets et
conseillers de préfecture du département.
M. Pointu-Norès, préfet de l'eérault, faisait
les présentations.
Le général Berge, commandant du 16e corps
d'armée, est entré le premier, entouré du
général de division Borson, des généraux de
brigade Becker et d'Arbo, qui étaient accom-
pagnés de leurs états-majors.
Tous les officiers de la garnison étaient
présents. Le salon, quoique très vaste, pou-
vait à grand'peine les contenir.
Quand ils ont eu fait cercle, le générai
Berge s'est exprimé en ces termes :
« J'ai l'honneur, monsieur le président du
conseil, de vous présenter les officiers de la
garnison de Montpellier. Je puis vous garan-
tir leurs sentiments de profond respect pour
la personne du président de la République et
pour la vôtre. Je puis vous garantir égalè-
lement leurs sentiments de dévouement ab-
solu pour les devoirs quotidiens d'une car-
rière qui est toujours laborieuse et quelque-
fois pénible. J'ajoute en leur nom, monsieur
le président du conseil, que leur dévouement
serait Inépuisable et sans bornes si l'honnètir
ou la gloire de la République était en jeu. »
Le président du conseil a répondu au gé-
néral Berge:
«'Je vous remercie des sentiments patrioti-
ques que vous venez de m'exprimer. Je n'eu
suis pas surpris, car ce sont les sentiments
de l'armée tout entière. < ;..
» La France sait qu'elle peut se reposer A~
avec confiance sur cette armée, qui est celle -
du devoir, de la loi et de nos institutions.
Ene suit ses progrès avec amour et elle volt
en elle le rempart de son honneur. Si elle
avait, Un jour, besoin de faire appel à son
dévouement, elle pourrait compter sur le
16* corps et sur le chef qui le commande avec
tant de distinction.
» Je vous prie d'être mon interprète auprès
de vos officiers. »
Montpellier, 30 septembre.
M. de Cabrières, évêque de Montpellier,
est venu ensuite, accompagné de tout son
clergé. Il a dit :
« J'ai l'honneur de présenter à Votre Excel-
lence MM. les grands-vicaires, les chanoines,
les curés de la ville et quelques autres mem-
bres du clergé diocésain. Ces messieurs sont,
comme moi, pénétrés du vif sentiment de ce
qUe nous devons à l'Eglise et à la France.
» Nous sommes fiers d'être les fils et les
ministres d'une société religieuse à la mis-
sion et à l'autorité de laquelle nous croyons
pleinement. Nous le sommes aussi d'être les
enfants et les serviteurs d'un pays célèbre
dans le monde entier par ses gloires militai-
res , littéraires, scientifiques et artistiques, et
dont la longue histoire est comme la légende
héroïque du désintéressement et de l'hon-
neur.
» Placés en dehors des partis politiques, non
par indifférence, mais par état, nous nous es-
timerions heureux si nous pouvions amener
tous nos concitoyens à estimer et à conser-
ver pieusement les croyances qui ont fait la
grandeur de notre nation dans le passé et
qui, nous en sommes certains, assureraient
son influence et sa prospérité dans l'avenir.
» Agréez, monsieur le président du conseil,
nos plus respectueux hommages. »
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