Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-07-09
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 09 juillet 1886 09 juillet 1886
Description : 1886/07/09 (A17,N5295). 1886/07/09 (A17,N5295).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Dix-septième année. — N° 5295
Prix du numéro à Paris : 15 centimes — Départements : 20 centimes
Vendredi 9 juillet 1886
JOURNAL RÉPUBLICAIN
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BULLETIN
La question des céréales a occupé hier
la séance de la Chambre. Le passage de la
discussion des articles a été voté par 310
voix contre 240.
M. Frédéric Passy, à propos de l'article
premier, a développé un contre-projet
dont il est l'auteur avec M. Achard.
Le contre-projet a été combattu par M.
Méline, président de la commission, et
repoussé par 347 voix contre 161.
La Chambre a décidé qu'elle siégerait
aujourd'hui, contrairement à l'habitude,
et, malgré l'opposition de la Droite, elle a
inscrit en tête de l'ordre du jour la discus-
sion de la loi sur les contributions di-
rectes.
Le Sénat a discuté la proposition rela-
tive à la surtaxe des sucres. M. Tirard a
développé un amendement à l'article pre-
mier, qui a été repoussé par 153 voix con-
tre 110. Le Sénat a adopté l'ensemble du
projet et s'est ajourné à aujourd'hui.
La situation électorale est, à l'heure pré-
sente, telle que nous l'avions prévue depuis
plusieurs jours. L'échec de la politique
de M. Gladstone apparaît comme certain
même aux amis les plus dévoués de l'émi-
nent homme d'Etat. Jamais, depuis 1874,
la cause libérale n'avait subi une pareille
défaite. Dans les circonscriptions où les
libéraux avaient obtenu en novembre der-
nier une majorité de 10,000 voix, ce sont
les conservateurs qui l'emportent de 26,000
cette année.
Le scrutin du 6 juillet est particulière-
ment caractéristique. Ce jour-là les home-
rulers n'ont recueilli que 571,452 voix
contre 615 660 données aux anli-lwme-
rulers; la majorité libérale de l'année der-
nière, qui était de 51,305 voix, s'est trans-
formée en une majorité de 44,208 voix en
faveur des adversaires du homerule, ce
qui constitue un déplacement net de
95,513 voix.
En définitive, @ les grandes villes ont élu
deux fois plus d'adversaires que de parti-
sans du homerule, A Londres en particu-
lier, l'échec des libéraux a été marqué :
11 home-rulers seulement ont été élus
contre 45 adversaires de l'autonomie irlan-
daise.
Aux dernières nouvelles, les députés
élus se répartissaient de la façon suivante:
160 libéraux ou parnellistes contre 268
consprvateurs ou unionistes. Soit un total
de 428 députés sur 670 à nommer.
Il restait 242 sièges à pourvoir ; 40 pa-
raissent acquis d'avance aux partisans
de M. Parnell, sans opposition. Pour que
M. Gladstone ait la majorité, il faut que
les séparatistes gagnent 130 à 140 sièges,
et, pour cela, il faut admettre que les
conservateurs et unionistes coalisés n'en
obtiendront que 40 à 50. Un pareil résul-
tat est tout à fait contraire aux prévisions
et même à la vraisemblance.
En tout état de cause, la majorité qui
sortira des nouvelles éleclions sera fort
restreinte. Si la chute de M. Gladstone
paraît probable, il est plus difficile de dire
,,,-dans quelles mains passera le pouvoir.
Les puissances ne semblent pas dispo-
sées à épouser la querelle de l'Angleterre
contre la Russie. L'Allemagne n'a pas pro-
testé ; l'Autriche se réserve, et la France,
lasse d'être contrecarrée dans toutes ses
entreprises par la jalousie de l'Angleterre,
a, moins qu'aucune nation, intérêt à sou-
lever un incident diplomatique à propos
du port de Batoum.
Quant à l'Angleterre, isolée comme elle
l'est, aux prises avec les plus graves diffi-
cultés intérieures, à la veille peut-être
d'un changement de cabinet qui sera en
JDême temps un changement de politique,
menacée par surcroît d'une révolution en
Irlande, elle dévorera en silence l'échec
que la Russie lui inflige. C'est ce qu'elle a
de plus sage à faire.
Louis HENRIQUB.
INFORMATIONS PARTICULIERES
Conseil des ministres.
Les ministres se sont réunis hier matin, au
quai d'Orsay, sous la présidence de M. de
Freycinet.
M. Sarrien, ministre de l'intérieur, a été au-
torisé à déposer sur le bureau de la Chambre
un projet de loi portant approbation des tra-
vaux de voirie votés par le conseil municipal
de Paris.
M. Sadi Carnot, ministre des finances, a
rendu compte au conseil de l'état des recettes
provenant des recouvrements effectués par le
Trésor au mois de juin dernier.
M. l'amiral Aube, ministre de la marine, a
soumis à son collègue de la justice un décret
portant de nouvelles nominations dans la ma-
gistrature coloniale, et M. Granet, minisire
des postes et télégraphes, a Mt connaître à
ses collègues les principales dispositions d'un
projet de traité avec les Messageries mariti-
mes, destiné à remplacer le traité actuelle-
ment en vigueur qui expire le 1" janvier
1888.
L'Exposition de 1889
M. Lockroy, ministre du commerce et de
l'industrie, va adresser aux préfets, ces jours-
ci, une circulaire, pour la formation, dans
tous les départements, de centres de coopé-
ration à l'Exposition universelle, lesquels
comprendront des comités départementaux et
des sous-comités d'arrondissement.
Les préfets sont, dès aujcurd'hui, invités à
grouper les fonctionnaires, industriels, négo-
ciants et agriculteurs, en vue de participer à
la Société de garantie constituée pour la
grande manifestation de 1889
Les Messageries maritimes et l'Etat
En 1885, l'Etat, passait avec les Messageries
maritimes un traité relatif aux services pos-
taux, aux termes duquel la Compagnie con-
cessionnaire avait le droit d'exiger que le
gouvernement fît connaître ses conditions
trois ans à l'avance.
M. Granet, ministre des postes et télégra-
phes, vient de terminer un projet de conven-
tion modifiant le service actuel. Grâce au pro-
jet du ministre, plusieurs lignes nouvelles
seraient créées et néanmoins on pourraitréa-
liser une économie annuelle de 3 millions.
En outre, les navires devront être construits
en France; les charbons au point de départ
devront être français. Enfin le privilège dont
bénéficiaient les marchandises anglaises, au
préjudice des produits français, au point de
vue des tarifs de transport, est supprimé.
Le rendement des impôts
Voici quel a été, pendant le mois de juin
dernier, le produit des impôts et revenus in-
directs :
Ce produit est inférieur de 3,690,000 francs
aux évaluations budgétaires, et inférieur de
5,900,000 au résultat de juin 1885. L'insuffi-
sance du droit sur les sucres entre pour
2,400,000 francs dans cette moins-value.
Le produit des six premiers mois de 1886
est inférieur de 48,933,000 francs aux évalua-
tions budgétaires et de 37,891,600 francs au
produit du premier semestre de 1885.
On constate que cette moins-value — com-
parativement à 1885 — est due, jusqu'à con-
currence de 27,630,000 francs, à l'insuffisance
du rendement des sucres ; jusqu'à concur-
rence de 3 millions, à l'insuffisance du rende-
ment des tabacs, et pour la majeure partie du
reste à la mise en vente, en fraude, de quan-
tités d'alcool provenant des bouilleurs de cru
et soustraites à l'impôt.
Mouvement dans le personnel de la Banque
de France
Par décret du président de la République,
rendu sur la proposition du ministre des
finances :
M. Mouza, directeur à la succursale de la
Banque de France à Annonay, a été nommé
directeur de la succursale d'Annecy, en rem-
placement de M. Levet, qui a été admis, sur
sa demande, à faire valoir ses droits à la re-
traite.
M. Simon Miquel, chef du bureau auxiliaire
de la Banque da France à Cherbourg, a été
nommé directeur de la succursale d'Annonay.
M. Captier, caissier de la succursale de la
Banque de France à Besançon, a été nommé
directeur de la succursale de Douai.
-
Selon le National, la commission de
Panama ne doit pas hésiter à se pro-
noncer immédiatement en faveur de
l'autorisation d'émettre des lots sollici-
tée par la Compagnie du canal interocéa-
nique, parce qu'autrement cette Com-
pagnie ferait faillite. C'est là une asser-
tion que M. de Lesseps a formellement
contredite l'autre jour dans sa déposi-
tion. N'a-t-il pas en effet déclaré que si
on ne lui permettait pas d'émettre des
valeurs à lots, il ne serait pas embar-
rassé pour trouver 600 millions en fai-
sant un peu de propagande, notamment
en province? Mais quand le National
aurait dit vrai. cruand la Compagnie de
Panama serait effectivement sur le point
de faire faillite, serait-ce une raison
pour que les pouvoirs publics fussent
obligés de venir à son secours? Le
National dit que « le percement du ca-
nal est, devenu une chose essentielle-
ment française, par la masse des capi-
taux engagés autant que par le nom de
son promoteur ». Nous n'en disconve-
nons pas, mais combien d'affaires essen-
tiellement françaises n'avons-nous pas
vues sombrer sans que le gouvernement
s'en émût ? Est-ce que le gouvernement
est intervenu pour empêcher la ruine
des souscripteurs qui, sur la foi de
son nom figurant au bas des prospec-
tus, ont apporté leur épargne aux af-
faires dont, par exemple, M. Baïhaut,
aujourd'hui ministre des travaux pu-
blics, a été le promoteur et qui sont
tombées en faillite ou en déconfiture?
Nous avons pour M. de Lesseps une
grande admiration , mais, à se placer
au point de vue des principes dont
il n'est pas toujours prudent de se mo-
quer, nous ne voyons pas pourquoi le
gouvernement ferait pour lui ce qu'il
n'a jamais songé à faire pour des hom-
mes qui, comme M. Baïhaut et bien
d'autres que nous pourrions citer, tien-
nent dans l'Etat une place considérable.
A cette objection, le National, il est
vrai, répond par avance que « l'achève-
ment des travaux de Panama met en
jeu non seulement la fortune de ceux
de nos compatriotes qui ont eu foi dans,
l'entreprise, mais l'amour-propre na-
tional et le renom de la France ». Si
cela est vrai, si l'amour propre national
et le renom de la France sont liés au
succès de l'œuvre de M. de Lesseps, nous
poserons au National une question que
nous avons formulée déjà, mais à
laquelle il faudra toujours qu'on en re-
vienne. Dans le cas où l'autorisation
d'émettre pour 600 millions de valeurs
à lots serait accordée à la Compagnie de
Panama, deux hypothèses sont à pré-
voir : d'abord, et cela paraît probable,
la souscription aux 600 millions peut,
malgré l'autorisation d'émettre des va-
leurs à lots, ne pas réussir; ensuite, et
cela paraît certain, si la souscnption
réussit, les 600 millions peuvent ne pas
suffire à l'achèvement du canal. Dans l'une
et l'autre de ces hypothèses, que devra
faire l'Etat? Après avoir donné à la
Compagnie de Panama un premier et
solennel encouragement, devra-t-il l'a-
bandonner? Pourra-t-il le faire sans
s'exposer aux récriminations des sous-
criptéurs qui auront fait confiance non
à la Compagnie, mais à son patronage?
Ou bien faudra-t-il encore, et à plus forte
raison , qu'il intervienne une fois de
plus, mais alors sous quelle forme? Il
serait intéressant de connaître sur ce
point l'opinion du National. Jusqu'où
pense-t-il que l'Etat devrait aller dans
cette voie, étant donnée la situation de
nos finances? Si la Compagnie de Pa-
nama ne pouvait pas se procurer de
fonds autrement, serait-il d'avis qu'on
lui accordât, après l'autorisation d'émet-
tre des valeurs à lots, la garantie d'in-
térêt, ou aimerait-il mieux que dans ce
cas on demandât aux Chambres de vo-
ter purement et simplement des crédits
pour l'achèvement du canal interocéani-
que, comme on leur demandait naguère
d'en voter pour la conquête du Tonkin?
-00 ——————————
Républicains sans le savoir
« En me frappant, la République me
désigne », disait le comte de Paris dans
son manifeste. — « La République, en
vous frappant, vous a désigné », ré-
pond le chœur des royalistes dans l'a-
dresse qu'il vient d'élaborer et que les
notables du parti se disposent à aller
déposer aux pieds du prince. Nous
avons publié cette adresse hier, et l'on
a pu remarquer en la lisant que les
royalistes d'aujourd'hui s'étaient fidèle-
ment approprié la formule des légiti-
mistes d'autrefois. Ils ne se sont pas
mis en frais d'imagination pour cette
fois. Ils se sont bornés à une paraphrase
du manifeste. Eux aussi, ils adjugent à
la cause royaliste les trois millions et
demi de suffrages qui se sont portés au
4 octobre sur les candidats réaction-
naires, sans tenir compte des réserves
exprimées par M. Chesnelong sur le sens
de ces suffrages et sans penser non
plus à en réserver la moindre partie aux
bonapartistes.
Ceux-ci cependant ne sont pas aussi
disposés à s'effacer devant les royalis-
tes que ces derniers paraissent le croire.
Aux prétentions royalistes ils opposent
cette simple déclaration : « La France
est impérialiste et elle n'est que cela ! »
L'affirmation des uns vaut l'affirmation
des autres et entre les deux nous res-
tons fort indifférents.
Nous avons vu, pendant un demi-
siècle, les légitimistes porter périodi-
quement des adresses àFrohsdorff; nous
avons lu des discours où l'on annonçait
le retour du roi pour la semaine sui-
vante. Nous avons vu des manifestes où
le roi répétait sur tous les tons: « Je
suis le sauveur, le pilote nécessaire ».
Manifestations ouvrières, protestations
culinaires, démonstrations religieuses,
les anciens royalistes ont tout tenté et
la France a assisté à toutes ces tentati-
ves sans qu'aucun des gouvernements
qui se succédaient en fût troublé. Les
royalistes d'aujourd'hui ont-ils donc ou-
blié ces souvenirs, qu'ils reprennent les
mêmes procédés ?
Il ne faut pas s'y tromper en effet.
L'adresse d'aujourd'hui n'est qu'un dé-
but. Elle sera suivie d'autres, afin d'en-
tretenir dans le pays cette idée que les
partisans de la monarchie sont nom-
breux et de tenir l'opinion en haleine.
Mais si les adresses se ressemblent, si
elles ne font que répéter des accusa-
tions usées contre les gouvernements et
prévoir des catastrophes qui ne se réali-
sent jamais, le pays se lassera bien vite
de ces déclamations et les millions d'é-
lecteurs finiront par n'être même plus
des centaines.
Ce qu'il serait utile d'avoir, c'est le
programme de la future monarchie.
Nous savons bien qu'elle doit être « tra-
ditionnelle par son principe et moderne
par ses institutions ». Mais c'est un peu
vague. Les royalistes ont découvert dans
le manifeste du comte de Paris une
foule de choses. Ils y ont entrevu la pa-
trie relevée et la démocratie reprenant
sa marche dans la voie du progrès. Ils y
ont entrevu un gouvernement fort, ou-
vert à tous, animé de l'esprit moderne,
etc. Ils avaient sans doute bonne vo-
lonté de voir quelque chose et cepen-
dant, de leur propre aveu, ils n'ont fait
cru' « entrevoir ».
A Précisément, tout ce qu'ils ont en-
trevu est ce que la royauté est impuis-
sante à donner et ce que la République
seule peut garantir, parce que seule elle
laisse le pays maître de ses destinées,
sans qu'aucune lutte soit possible entre
deux principes contraires et deux vo-
lontés opposées.
Il est curieux de voir des hommes, en-
traînés par la passion monarchique, re-
vendiquer en faveur du régime qu'ils dé-
fendent ce qui justement est en contra-
diction avec ce régime, et se réclamer
de la démocratie pour faire échec à la
République. S'il y avait une conclusion
à tirer de ce rapprochement, ce serait
que la monarchie est décidément et ir-
révocablement morte en France, parce
que ceux-là même qui se disent monar-
chistes et qui luttent contre la Républi-
que ont perdu toutes les traditions de
la royauté. Malgré eux, ils ont été péné-
trés par l'esprit moderne. Ils ont adopté
les idées de liberté qui, sous la monar-
chie, étaient des hérésies et, à leur corps
défendant, ils adaptent à la monarchie
les institutions républicaines. Cette al-
liance avait déjà été tentée en 1830.
On l'appelait « la meilleure des répu-
bliques ». Un jour est venu où l'anta-
gonisme entre les deux principes s'est
révélé, et où le système a fait explo-
sion. Si la monarchie de 1830 a pu
vivre, c'est qu'à cette époque le suffrage
universel n'existait pas. Mais aujour-
d'hui que la nation est maîtresse de ses
destinées et a pris l'habitude de voir sa
volonté exécutée, un tel régime tom
berait sans tarder.
Que les royalistes manifestent donc ;
qu'ils saluent de grandes espérances.
Leurs espérances sont chimériques et
leurs manifestations ne font que mieux
mettre en évidence le néant de leurs
conceptions politiques.
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Les droits sur les blés.
Cette fois, c'est la Droite qui fait de
l'obstruction. Mais, quand il s'agit d'écoles,
elle oublie les céréales. Il lui paraît encore
plus urgent d'empêcher le peuple de s'ins-
truire que de l'empêcher de manger du
pain blanc.
Or il s'agissait d'écoles. La ville de
Nantes, qui est actuellement la citadelle
privilégiée des congréganistes, a fait un
puissant effort pour ouvrir des écoles sé-
rieuses, modernes, vraiment capables d'en-
seigner aux citoyens ce qu'ils ont besoin
de savoir. Elle a, de plus, obtenu de l'Etat
de larges promesses de subsides.
Il n'en fallait pas davantage pour irriter
profondément la Droite, qui a trouvé dans
l'obscur M. Liais un avocat convaincu,
mais maladroit. La longue harangue de
M. Liais était tellement insipide que les
propres amis de l'orateur ont refusé de
l'entendre et sont allés tuer le temps dans
le jardin du quai. Quelques mots du rap-
porteur, M. Lechevallier, et du ministre,
M. Goblet, ont suffi pour enlever le vote.
*
* *
Mais il se faisait tard et la petite scène
ordinaire s'est renouvelée lorsque M. Flo-
quet a appelé les céréales. Les « ah ! ah ! »
sont partis de partout. Ceux qui les ont
poussés avec l'espoir d'arracher enfin le
vote de la loi en ont été quittes pour
leurs frais de poumons.
Le passage aux articles a été seul or-
donné par 310 voix contre 240. C'est une
belle majorité qu'on aurait pu réduire si
l'on y avait prêté un peu plus d'attention.
Mais il semble que les partisans du libre-
échange aient l'unique pensée de faire obs-
tacle à la taxe du pain par des manœu-
vres obstructionnistes. Il semble que, pour
eux, tout doive être gagné s'ils doublent
le cap du i4 Juillet.
C'est une politique un peu enfantine,
qui ressemble trop aux habiletés de l'au-
truche. Un péril reculé est rarement un
péril évité. Il revient presque toujours
plus redoutable.
Mais enfin,' pour le quart d'heure, les
esprits les plus scientifiques ne paraissent
pas s'occuper de ce qui pourra être fait
dans quelques mois. Il leur suffit que la
loi soit en suspens lorsque les Chambres
partiront dans huit jours, et c'est à ce sys-
tème qu'il faut attribuer le discours de M.
Frédéric Passy comme aussi son contre-
projet.
*
Y
En effet, M. Passy a outré hier les dé-
fauts dans lesquels il tombe parfois en s'en
défendant. Lorsqu'il lui arrive d'être long
et diffus, c'est d'habitude malgré lui. Lors-
qu'il greffe sur une question déterminée
des amendements qui ne s'y rattachent
guère, il en a le regret.
Hier il n'a point hésité à demander l'a-
brogation de presque tous les droits de
douane et dans des termes tellement va-
gues que, si la loi avait été ainsi votée, le
gouvernement aurait été obligé de venir
lui demander un commentaire pour savoir
comment l'appliquer.
Par exemple, il proposait la franchise
« pour tous les objets destinés à l'agricul-
ture, pour tous les produits chimiques
destinés à la fabrication des engrais. »
C'est parfait. Mais qui aurait dressé la
liste de. ces objets et de ces engrais pour
l'intelligence des employés des douanes ?
Le discours par lequel M. Passy a déve-
loppé ce contre-projet n'a pas été moins
vague que le contre-projet lui-même. Ce
n'est pas que l'orateur n'ait eu de bons
arguments, comme lorsqu'il demandait
pourquoi M. Méline, qui repoussait le
droit de 5 francs en 1884 et le déclarait
excessif, le propose aujourd'hui. Ce n'est
pas qu'il n'ait eu de généreux accents
quand il montrait l'étrangeté des plaintes
de ceux qui regrettent que le blé aug-
mente plus vite qu«» la population et que
le Français d'aujourd'hui ait plus d'abon-
dance que le Français du dernier siècle.
Mais tout cela était nové dans un flux de
paroles et de périphrases qui avaient lassé
les plus intrépides. La salle s'était vidée.
Les banquettes seules étaient restées.
M. Méline n'a eu qu'à signaler le maigre
rapport qui existait entre l'amendement et
le projet pour obtenir une majorité de
347 voix contre 161. Ceux qui ne veulent
pas qu'on taxe le pain devraient s'abstenir
de manœuvres qui réduisent à un si mai-
gre chiffre les défenseurs de la plus juste
des causes.
Mais voici une manœuvre encore plus
maladroite. Le ministre des finances de-
mande une séance spéciale pour le lende-
main, afin de faire voter les contributions
directes. Les libre-échangistes savent
qu'une fois les contributions votées le
cabinet pourra clore la session et faire, par
conséquent, ce qu'ils désirent, renvoyer
le droit sur les blés à l'année prochaine.
N'importe î ils déposent une demande de
scrutin public à la tribune, alors que leurs
adversaires sont plus nombreux qu'eux-
mêmes, et ils poussent l'habileté jusqu'à
s'abstenir.
Conséquence : la séance supplémentaire
de vendredi décidée par 229 voix contre 6,
car le bureau a été obligé de déclarer
qu'en son âme et conscience la manœu-
vre ne valait rien, qu'il avait vu la Cham-
bre en nombre et que le vote restait vala-
ble.
Heureusement M. Sadi Carnot a obtenu
que ses contributions directes fassent mi-
ses à l'ordre du jour. Il n'y a de mal dans
l'affaire qu'un peu de ridicule, et cela est
venu parce que la Gauche a oublié un ins-
tant que les abstentions sont l'arme des
partis d'opposition, qu'elles sont interdi-
tes aux partis de gouvernement, à ceux qui
tiennent le pouvoir.
La séance finit par une proposition de
M. de Mackau qui se plaint des retards ap-
portés à la discussion du budget, par une
protestation très énergique de M. Rouvier
et par un vote de la Chambre qui approuve
la manière dont travaille sa commission
des finances.
des finances. Docteur RALpig.
SÉANCE DU SÉNAT
La question des sucres
La question des sucres est tranchée;
par 153 voix contre 110, le Sénat a adopté
le projet de loi que lui envoyait la Chambre
et, sans doute, les choses se seraient pas-
sées tout simplement à mains levées,
comme pour l'Exposition, si M. Tirard
n'avait déposé un gros amendement.
Il fallait donc discuter et entendre les
partisans du pour et du contre. M. le mar-
quis d'Havrincourt semble n'être ni de
ceux-ci ni de ceux-là; mais il connaît l'his-
torique de la question depuis les temps
les plus reculés jusqu'à nos jours et tient
à communiquer au Sénat, sous forme de
conférence, le résumé de ses vastes con-
naissances. Malheureusement M. le mar-
quis d'Havrincourt parle très bas, avec de
petits gestes; je ne saurais dire si on
l'écoute, mais je sais bien qu'on n'entend
rien.
Après lui, M. Tirard. M. Tirard voudrait
que « les sucres bruts étrangers fussent
admis en France au bénéfice de l'admis-
sion temporaire ». D'ailleurs les malheurs
des fabricants de sucre ne le touchent pas ;
on a fait beaucoup pour eux, plus qu'on
ne fera jamais pour les cultivateurs du
Midi, par exemple, qui ont perdu la ga-
rance, la vigne et le ver à soie. Aujour-
d'hui la fabrication du sucre augmente
chez nous, tandis que la consommation
reste stationnaire. Que fera-t on alors du
stock en magasin ? Les fabricants deman-
deront une prime d'exportation. « C'est,
dit en terminant M. Tirard, pour obvierà
cet inconvénient, pour protéger notre com-
merce d'exportation, que j'ai déposé mon
amendement. »
Cet amendement portant sur l'article
premier, il était nécessaire de clore, avant
de le discuter, la discussion générale. La
discussion générale a donc été close et M.
Paris a pu répondre à M. Tirard.
M. Paris pense, comme M. Tirard, que la
législation sur les sucres est défectueuse
et qu'il faut la refaire, mais il s'agit, à
l'heure présente, d'une loi d'expédient,
qu'il y a lieu de voter tout de suite.
L'amendement de M. Tirard devrait donc
être repoussé uniquement pour éviter le
retour à la Chambre du projet en discus-
sion; mais en outre il est dangereux, et la
mesure que propose M. Tirard nuirait à
notre commerce comme à notre agricul-
ture.
M. Tirard, naturellement, maintient son
dire. Son amendement a pour objet de
donner un aliment au travail national; il
réserve le marché intérieur' aux sucres
français, et permet à nos raffineurs de raf-
finer les sucres étrangers.
Quant à M. Cuvinot, rapporteur, il par-
tage le sentiment de M. Paris et croit aussi
que l'adoption des idées de M. Tirard amè-
nerait « la ruine des cultivateurs de bette-
raves. »
M. le ministre du commerce, lui, ne com-
bat ni ne défend l'amendement de M. Ti-
rard ; il fait simplement remarquer au Sé-
nat que, s'il était adopté, le projet retourne-
rait devant la Chambre et ne pourrait être
voté avant la fin de la session ; la loi de
1884 disparaîtrait ainsi et là il y a un dan-
ger sérieux.
La raison était péremptoire ; le Sénat l'a
compris et, après avoir voté au scrutin pu-
blic sur l'article premier il a adopté à
mains levées les articles 2, 3 et 4 et l'en-
semble du projet.
H. VINCENT.
LA COMMISSION DE PANAMA
La continuation des travaux de la commission.
Retrait possible du projet.
La commission de Panama s'est réunie hier
à deux heures, sous la présidence de M. Ger-
main Casse.
Dès le début de la séance, M. Andrieux,
député des Basses-Alpes, a demandé la pa-
role au sujet d'une note parue la veille dans
les journaux du soir, note qui, comme nous
l'avons dit, avait été publiée comme un pro-
cès-verbal officiel. M. Andrieux, qui a fait au
cours de cette séance des déclarations de na-
ture à compromettre le crédit de la Compa-
gnie de Panama, s'est autorisé de la forme
donnée à la note en question pour incrimi-
ner la conduite de l'honorable - président de
la commission, M. Germain Casse.
M. Germain Casse, d'après M. Andrieux,
aurait outrepassé ses droits de président en
se rendant avant-hier chez M. de Freycinet,
à l'issue d'une visite qui lui avait été faite à
la campagne, à sept heures et demie du ma-
tin, par M. Charles de Lesseps.
M. Andrieux a paru craindre que des ma-
nœuvres de Bourse ne se soient entées sur
cette sorte de procès-verbal.
M. Germain Casse a protesté avec énergie
contre les appréciations de M. Andrieux. La
communication qui a été fait aux journaux
n'était pas uno communication officielle. Il a
fait part de la démarche de M. Ch. de
Lesseps à tous les journalistes présents
dans la salle de la Paix. Cette communication
a été faite à tous les journalistes sans dis-
tinction de nuance, et il aurait été vraiment
étrange que le président d'une commission
eût tenu secrète soit vis-à-vis de la Chambre,
soit vis-à-vis du président du conseil, une
démarche aussi insolite et aussi irrégulière
que celle qui avait été faite auprès de lui
par un des principaux intéressés dans l'af-
faire de Panama.
Ajoutons que l'honorable M. Andrieux a
déclaré qu'il n'entrait nullement dans sa
pensée de porter atteinte aux intentions du
président de la commission.
L'incident clos, la discussion générale s'est
engagée, très longue, très vive et très con-
fuse.
M. Pernolet a demandé à la commission
de prendre une décision. Deux solutions sont
en présence :
1° Opposer au projet du gouvernement la
question préalable. Mais des intérêts trop
graves sont en présence, et, d'autre part, la
question préalable ne peut être opposée à
un projet du gouvernement.
2° Etudier l'affaire en elle-même.
M. Pernolet pense que la commission, en
s'entourant de nouveaux renseignements,
peut adopter cette seconde méthode.
M. Andrieux a déclaré qu'il fallait que
chacun acceptât la responsabilité de ses opi-
nions. Selon lui, un rapport doit être déposé
avant la séparation des Chambres.
M. Andrieux a ensuite ramassé les argu-
ments donnés de divers côtés en faveur du
projet du gouvernement. Il a insisté avec
force sur la nomination d'un rapporteur,
quelque opinion que ce rapporteur ait man-
dat d'exposer. Mais, en même temps, M. An-
drieux a reconnu que l'affaire ne pourrait
pas venir devant la Chambre avant les va-
cances.
M. Compayré est nettement opposé au
projet du gouvernement. Mais il pense que
l'honneur de la France, celui de M. de Les-
seps, sont dans une certaine mesure ongagés
dans l'affaire de Panama. Il faut prendre un
parti, mais il ne voudrait pas qu'on confiât à
une sous-commission le soin d'examiner les
pièces qui manquent encore à la commis-
sion.
M. Salis, au contraire, a soutenu la néces-
sité de nommer une soirs-commission. On dit
que c'est chose grave d'entrer dans ces dé-
tails. On craint de compromettre la situation
de la Compagnie en faisant attendre une dé-
cision.
De deux choses l'une cependant : Ou MM.
Ferdinand de Lesseps et Charles de Lesseps
ont dit la vérité et la situation de la Compa-
gnie est absolumeni prospère. En ce cas,
qu'importe d'attendre trois mois? Ou la situa-
tion de la Compagnie est compromise, étalons,
en quoi un retard de quelques semaines
peut-il la compromettre davantage?
M. Cordier, pas plus que ses collègues, ne
veut porter le moindre préjudice à la Compa-
gnie de Panama. Mais il ne comprend pas une
demi-mesure. Dans tous les cas, il y aura un
grand débat devant la Chambre. On combattra.
le projet, on le défendra. Mais les orateurs
des deux partis demanderont à la commis-
sion les résultats do l'enquête à laquelle elle
a lo devoir de se livrer.
M. Cordier pense donc qu'on ne peut no li-
mer un rapporteur dans les conditions récla-
mées par M. Andrieux. Il faut d'abord un sup-
plément d'enquête
'M. Leguay envisage les conséquences du
silence de la commission. Actuellement, le
silence est surtout favorable à la Compagnie
de Panama.
On demande à la commission de se hâter,
et les partisans du projet du gouvernement
font entre voir les conséquences soi-disant dé-
sastreuses d'un supplément d'enquête , pour
engager la responsabilité de la commission.
Il faut le dire bien haut, si responsabilité il y
a, elle Incombe tout entière au gouvernement
qui a reçu la demande da la Compagnie da
Panama le 25 mai 1885, et qui n'y a donné
suite que le 26 mai 18S6.
Le gouvernement, d'ailleurs, l'a nettement
déclaré. Il soutiendra le projet, mais il ne le
défendra pas. Il y a une nuance.
Pondant une heure environ, la commission
a discuté les propositions qui lui étaient pré-
sentées, et enfin elle est arrivée vers quatre
heures demie à un vote sur la clôture de la
discussion générale.
4 voix se sont prononcées pour la clôture,
6 contre et 1 abstention.
Ont voté pour la clôture : MM. Andrieux,
Compayré, Proal et Richard.
Ont voté contre : MM. Barbe, Germain
Casse, Cordier, Leguay, Marmonier et
Salis.
S'est abstenu : M. Pernolet.
M. Andrieux a proposé alors d'émettre un
vote sur le projet du gouvernement.
M. Germain Casse, président, a fait obser-
ver à M. Andrieux que sa proposition consis-
tait simplement à mettre la commission en
contradiction avec elle-même, puisqu'elle
avait voté la continuation de la discussion.
La proposition do M. Andrieux ayant été
retirée après quelques observations, la com-
mission a voté successivement sur les pièces
à réclamer pour servir à un supplément d'en-
quête..
Avant de passer au vote, M. Andrieux a dé-
claré .en son nom et au nom de M. Proal
qu'ils s'abstiendraient.
La commission a décidé de réclamer :
1° Les contrats conclus avec les entrepre-
neurs et notamment le contrat intervenu en-
tre la Compagnie et MM. Hersent et Couvreux;
2° Sur la demande de M. Cordier, la justi-
fication des conditions dans lesquelles s'est
tenue l'assemblée générale le jour où a été
votée la demande dont est saisie le gouver-
nement;
3° Enfin, le bilan de la Compagnie de Pa-
nama au 30 juin 1886.
Au cours de la discussion, M. Andrieux n'a
pas dissimulé combien il lui paraissait re-
grettable que le ministère eût assumé la res-
ponsabilité de déposer un projet de loi ten-
dant à autoriser une compagnie particulière
à émettre des valeurs à lots. Il a ajouté que
s'il pressait la commission de clore la dis-
cussion, c'était pour ne pas prolonger un dé-
bat qui de toute façon était compromettant
pour le gouvernement.
La commission fee réunira de nouveau sa-
medi, à moins que d'ici là le projet de loi ne
Ï oit retiré.
LA VIE DE PARIS
Ainsi qu'on le prévoyait, M. le car-
dinal Guibert, archevêque de Paris, est
mort hier matin. On peut dire que ce
vénérable prélat est mort en odeur de
sainteté. Les hommes de tous les partis
politiques et de toutes les opinions phi-
losophiques s'accordaient à reconnaître
en lui les vertus privées et les vertus
sacerdotales. Quoi que l'on pense de la
foi catholique, il serait absurde de mé-
connaître qu'elle est une des formes de
l'idéal humain et que cette forme a été
acceptée, défendue et servie par des
hommes de haute valeur. Ce n'est donc
pas sans un sentiment de piété que nous
apprenons la mort d'un vieillard qui,
servant des idées qui ne sont pas les
nôtres, apportait à son œuvre un zèle
louable et une charité méritoire. Ce
grand sentiment de tolérance, dont nous
avons besoin, me paraît d'ailleurs ga-
gner du terrain dans l'opinion. Il a eu, à
mon sens, sa plus haute expression
dans l'œuvre de V. Hugo. Personne ne
saurait accuser le grand poète d'avoir
été un clérical. Il s'était de plus en plus
dégagé des opinions de sa jeunesse.
Nul ne pensa plus librement que lui et
nous avons eu à parler ici, à l'oc-
casion de sa mort, de la religion parti-
culière qu'il avait adoptée pour lui-
même, sorte de mysticisme philoso-
phique qui ne pouvait, en aucune
manière, arriver à prendre un caractère
confessionnel. V. Hugo s'était même
montré sévère pour le clergé français
et, en particulier, pour un des prédé-
cesseurs de Mgr Guibert, pour M. l'ar-
chevêque Sibour.
On n'a pas oublié l'admirable pièce
des Châtiments, invective superbe, où
il blâme le prêtre qui a fait agenouiller
la religion devant le coup d'Etat triom-
phant. Cela n'a pas empêché V. Hugo,
Prix du numéro à Paris : 15 centimes — Départements : 20 centimes
Vendredi 9 juillet 1886
JOURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
.J'adresser aa. Secrétaire de la Rédaction
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BULLETIN
La question des céréales a occupé hier
la séance de la Chambre. Le passage de la
discussion des articles a été voté par 310
voix contre 240.
M. Frédéric Passy, à propos de l'article
premier, a développé un contre-projet
dont il est l'auteur avec M. Achard.
Le contre-projet a été combattu par M.
Méline, président de la commission, et
repoussé par 347 voix contre 161.
La Chambre a décidé qu'elle siégerait
aujourd'hui, contrairement à l'habitude,
et, malgré l'opposition de la Droite, elle a
inscrit en tête de l'ordre du jour la discus-
sion de la loi sur les contributions di-
rectes.
Le Sénat a discuté la proposition rela-
tive à la surtaxe des sucres. M. Tirard a
développé un amendement à l'article pre-
mier, qui a été repoussé par 153 voix con-
tre 110. Le Sénat a adopté l'ensemble du
projet et s'est ajourné à aujourd'hui.
La situation électorale est, à l'heure pré-
sente, telle que nous l'avions prévue depuis
plusieurs jours. L'échec de la politique
de M. Gladstone apparaît comme certain
même aux amis les plus dévoués de l'émi-
nent homme d'Etat. Jamais, depuis 1874,
la cause libérale n'avait subi une pareille
défaite. Dans les circonscriptions où les
libéraux avaient obtenu en novembre der-
nier une majorité de 10,000 voix, ce sont
les conservateurs qui l'emportent de 26,000
cette année.
Le scrutin du 6 juillet est particulière-
ment caractéristique. Ce jour-là les home-
rulers n'ont recueilli que 571,452 voix
contre 615 660 données aux anli-lwme-
rulers; la majorité libérale de l'année der-
nière, qui était de 51,305 voix, s'est trans-
formée en une majorité de 44,208 voix en
faveur des adversaires du homerule, ce
qui constitue un déplacement net de
95,513 voix.
En définitive, @ les grandes villes ont élu
deux fois plus d'adversaires que de parti-
sans du homerule, A Londres en particu-
lier, l'échec des libéraux a été marqué :
11 home-rulers seulement ont été élus
contre 45 adversaires de l'autonomie irlan-
daise.
Aux dernières nouvelles, les députés
élus se répartissaient de la façon suivante:
160 libéraux ou parnellistes contre 268
consprvateurs ou unionistes. Soit un total
de 428 députés sur 670 à nommer.
Il restait 242 sièges à pourvoir ; 40 pa-
raissent acquis d'avance aux partisans
de M. Parnell, sans opposition. Pour que
M. Gladstone ait la majorité, il faut que
les séparatistes gagnent 130 à 140 sièges,
et, pour cela, il faut admettre que les
conservateurs et unionistes coalisés n'en
obtiendront que 40 à 50. Un pareil résul-
tat est tout à fait contraire aux prévisions
et même à la vraisemblance.
En tout état de cause, la majorité qui
sortira des nouvelles éleclions sera fort
restreinte. Si la chute de M. Gladstone
paraît probable, il est plus difficile de dire
,,,-dans quelles mains passera le pouvoir.
Les puissances ne semblent pas dispo-
sées à épouser la querelle de l'Angleterre
contre la Russie. L'Allemagne n'a pas pro-
testé ; l'Autriche se réserve, et la France,
lasse d'être contrecarrée dans toutes ses
entreprises par la jalousie de l'Angleterre,
a, moins qu'aucune nation, intérêt à sou-
lever un incident diplomatique à propos
du port de Batoum.
Quant à l'Angleterre, isolée comme elle
l'est, aux prises avec les plus graves diffi-
cultés intérieures, à la veille peut-être
d'un changement de cabinet qui sera en
JDême temps un changement de politique,
menacée par surcroît d'une révolution en
Irlande, elle dévorera en silence l'échec
que la Russie lui inflige. C'est ce qu'elle a
de plus sage à faire.
Louis HENRIQUB.
INFORMATIONS PARTICULIERES
Conseil des ministres.
Les ministres se sont réunis hier matin, au
quai d'Orsay, sous la présidence de M. de
Freycinet.
M. Sarrien, ministre de l'intérieur, a été au-
torisé à déposer sur le bureau de la Chambre
un projet de loi portant approbation des tra-
vaux de voirie votés par le conseil municipal
de Paris.
M. Sadi Carnot, ministre des finances, a
rendu compte au conseil de l'état des recettes
provenant des recouvrements effectués par le
Trésor au mois de juin dernier.
M. l'amiral Aube, ministre de la marine, a
soumis à son collègue de la justice un décret
portant de nouvelles nominations dans la ma-
gistrature coloniale, et M. Granet, minisire
des postes et télégraphes, a Mt connaître à
ses collègues les principales dispositions d'un
projet de traité avec les Messageries mariti-
mes, destiné à remplacer le traité actuelle-
ment en vigueur qui expire le 1" janvier
1888.
L'Exposition de 1889
M. Lockroy, ministre du commerce et de
l'industrie, va adresser aux préfets, ces jours-
ci, une circulaire, pour la formation, dans
tous les départements, de centres de coopé-
ration à l'Exposition universelle, lesquels
comprendront des comités départementaux et
des sous-comités d'arrondissement.
Les préfets sont, dès aujcurd'hui, invités à
grouper les fonctionnaires, industriels, négo-
ciants et agriculteurs, en vue de participer à
la Société de garantie constituée pour la
grande manifestation de 1889
Les Messageries maritimes et l'Etat
En 1885, l'Etat, passait avec les Messageries
maritimes un traité relatif aux services pos-
taux, aux termes duquel la Compagnie con-
cessionnaire avait le droit d'exiger que le
gouvernement fît connaître ses conditions
trois ans à l'avance.
M. Granet, ministre des postes et télégra-
phes, vient de terminer un projet de conven-
tion modifiant le service actuel. Grâce au pro-
jet du ministre, plusieurs lignes nouvelles
seraient créées et néanmoins on pourraitréa-
liser une économie annuelle de 3 millions.
En outre, les navires devront être construits
en France; les charbons au point de départ
devront être français. Enfin le privilège dont
bénéficiaient les marchandises anglaises, au
préjudice des produits français, au point de
vue des tarifs de transport, est supprimé.
Le rendement des impôts
Voici quel a été, pendant le mois de juin
dernier, le produit des impôts et revenus in-
directs :
Ce produit est inférieur de 3,690,000 francs
aux évaluations budgétaires, et inférieur de
5,900,000 au résultat de juin 1885. L'insuffi-
sance du droit sur les sucres entre pour
2,400,000 francs dans cette moins-value.
Le produit des six premiers mois de 1886
est inférieur de 48,933,000 francs aux évalua-
tions budgétaires et de 37,891,600 francs au
produit du premier semestre de 1885.
On constate que cette moins-value — com-
parativement à 1885 — est due, jusqu'à con-
currence de 27,630,000 francs, à l'insuffisance
du rendement des sucres ; jusqu'à concur-
rence de 3 millions, à l'insuffisance du rende-
ment des tabacs, et pour la majeure partie du
reste à la mise en vente, en fraude, de quan-
tités d'alcool provenant des bouilleurs de cru
et soustraites à l'impôt.
Mouvement dans le personnel de la Banque
de France
Par décret du président de la République,
rendu sur la proposition du ministre des
finances :
M. Mouza, directeur à la succursale de la
Banque de France à Annonay, a été nommé
directeur de la succursale d'Annecy, en rem-
placement de M. Levet, qui a été admis, sur
sa demande, à faire valoir ses droits à la re-
traite.
M. Simon Miquel, chef du bureau auxiliaire
de la Banque da France à Cherbourg, a été
nommé directeur de la succursale d'Annonay.
M. Captier, caissier de la succursale de la
Banque de France à Besançon, a été nommé
directeur de la succursale de Douai.
-
Selon le National, la commission de
Panama ne doit pas hésiter à se pro-
noncer immédiatement en faveur de
l'autorisation d'émettre des lots sollici-
tée par la Compagnie du canal interocéa-
nique, parce qu'autrement cette Com-
pagnie ferait faillite. C'est là une asser-
tion que M. de Lesseps a formellement
contredite l'autre jour dans sa déposi-
tion. N'a-t-il pas en effet déclaré que si
on ne lui permettait pas d'émettre des
valeurs à lots, il ne serait pas embar-
rassé pour trouver 600 millions en fai-
sant un peu de propagande, notamment
en province? Mais quand le National
aurait dit vrai. cruand la Compagnie de
Panama serait effectivement sur le point
de faire faillite, serait-ce une raison
pour que les pouvoirs publics fussent
obligés de venir à son secours? Le
National dit que « le percement du ca-
nal est, devenu une chose essentielle-
ment française, par la masse des capi-
taux engagés autant que par le nom de
son promoteur ». Nous n'en disconve-
nons pas, mais combien d'affaires essen-
tiellement françaises n'avons-nous pas
vues sombrer sans que le gouvernement
s'en émût ? Est-ce que le gouvernement
est intervenu pour empêcher la ruine
des souscripteurs qui, sur la foi de
son nom figurant au bas des prospec-
tus, ont apporté leur épargne aux af-
faires dont, par exemple, M. Baïhaut,
aujourd'hui ministre des travaux pu-
blics, a été le promoteur et qui sont
tombées en faillite ou en déconfiture?
Nous avons pour M. de Lesseps une
grande admiration , mais, à se placer
au point de vue des principes dont
il n'est pas toujours prudent de se mo-
quer, nous ne voyons pas pourquoi le
gouvernement ferait pour lui ce qu'il
n'a jamais songé à faire pour des hom-
mes qui, comme M. Baïhaut et bien
d'autres que nous pourrions citer, tien-
nent dans l'Etat une place considérable.
A cette objection, le National, il est
vrai, répond par avance que « l'achève-
ment des travaux de Panama met en
jeu non seulement la fortune de ceux
de nos compatriotes qui ont eu foi dans,
l'entreprise, mais l'amour-propre na-
tional et le renom de la France ». Si
cela est vrai, si l'amour propre national
et le renom de la France sont liés au
succès de l'œuvre de M. de Lesseps, nous
poserons au National une question que
nous avons formulée déjà, mais à
laquelle il faudra toujours qu'on en re-
vienne. Dans le cas où l'autorisation
d'émettre pour 600 millions de valeurs
à lots serait accordée à la Compagnie de
Panama, deux hypothèses sont à pré-
voir : d'abord, et cela paraît probable,
la souscription aux 600 millions peut,
malgré l'autorisation d'émettre des va-
leurs à lots, ne pas réussir; ensuite, et
cela paraît certain, si la souscnption
réussit, les 600 millions peuvent ne pas
suffire à l'achèvement du canal. Dans l'une
et l'autre de ces hypothèses, que devra
faire l'Etat? Après avoir donné à la
Compagnie de Panama un premier et
solennel encouragement, devra-t-il l'a-
bandonner? Pourra-t-il le faire sans
s'exposer aux récriminations des sous-
criptéurs qui auront fait confiance non
à la Compagnie, mais à son patronage?
Ou bien faudra-t-il encore, et à plus forte
raison , qu'il intervienne une fois de
plus, mais alors sous quelle forme? Il
serait intéressant de connaître sur ce
point l'opinion du National. Jusqu'où
pense-t-il que l'Etat devrait aller dans
cette voie, étant donnée la situation de
nos finances? Si la Compagnie de Pa-
nama ne pouvait pas se procurer de
fonds autrement, serait-il d'avis qu'on
lui accordât, après l'autorisation d'émet-
tre des valeurs à lots, la garantie d'in-
térêt, ou aimerait-il mieux que dans ce
cas on demandât aux Chambres de vo-
ter purement et simplement des crédits
pour l'achèvement du canal interocéani-
que, comme on leur demandait naguère
d'en voter pour la conquête du Tonkin?
-00 ——————————
Républicains sans le savoir
« En me frappant, la République me
désigne », disait le comte de Paris dans
son manifeste. — « La République, en
vous frappant, vous a désigné », ré-
pond le chœur des royalistes dans l'a-
dresse qu'il vient d'élaborer et que les
notables du parti se disposent à aller
déposer aux pieds du prince. Nous
avons publié cette adresse hier, et l'on
a pu remarquer en la lisant que les
royalistes d'aujourd'hui s'étaient fidèle-
ment approprié la formule des légiti-
mistes d'autrefois. Ils ne se sont pas
mis en frais d'imagination pour cette
fois. Ils se sont bornés à une paraphrase
du manifeste. Eux aussi, ils adjugent à
la cause royaliste les trois millions et
demi de suffrages qui se sont portés au
4 octobre sur les candidats réaction-
naires, sans tenir compte des réserves
exprimées par M. Chesnelong sur le sens
de ces suffrages et sans penser non
plus à en réserver la moindre partie aux
bonapartistes.
Ceux-ci cependant ne sont pas aussi
disposés à s'effacer devant les royalis-
tes que ces derniers paraissent le croire.
Aux prétentions royalistes ils opposent
cette simple déclaration : « La France
est impérialiste et elle n'est que cela ! »
L'affirmation des uns vaut l'affirmation
des autres et entre les deux nous res-
tons fort indifférents.
Nous avons vu, pendant un demi-
siècle, les légitimistes porter périodi-
quement des adresses àFrohsdorff; nous
avons lu des discours où l'on annonçait
le retour du roi pour la semaine sui-
vante. Nous avons vu des manifestes où
le roi répétait sur tous les tons: « Je
suis le sauveur, le pilote nécessaire ».
Manifestations ouvrières, protestations
culinaires, démonstrations religieuses,
les anciens royalistes ont tout tenté et
la France a assisté à toutes ces tentati-
ves sans qu'aucun des gouvernements
qui se succédaient en fût troublé. Les
royalistes d'aujourd'hui ont-ils donc ou-
blié ces souvenirs, qu'ils reprennent les
mêmes procédés ?
Il ne faut pas s'y tromper en effet.
L'adresse d'aujourd'hui n'est qu'un dé-
but. Elle sera suivie d'autres, afin d'en-
tretenir dans le pays cette idée que les
partisans de la monarchie sont nom-
breux et de tenir l'opinion en haleine.
Mais si les adresses se ressemblent, si
elles ne font que répéter des accusa-
tions usées contre les gouvernements et
prévoir des catastrophes qui ne se réali-
sent jamais, le pays se lassera bien vite
de ces déclamations et les millions d'é-
lecteurs finiront par n'être même plus
des centaines.
Ce qu'il serait utile d'avoir, c'est le
programme de la future monarchie.
Nous savons bien qu'elle doit être « tra-
ditionnelle par son principe et moderne
par ses institutions ». Mais c'est un peu
vague. Les royalistes ont découvert dans
le manifeste du comte de Paris une
foule de choses. Ils y ont entrevu la pa-
trie relevée et la démocratie reprenant
sa marche dans la voie du progrès. Ils y
ont entrevu un gouvernement fort, ou-
vert à tous, animé de l'esprit moderne,
etc. Ils avaient sans doute bonne vo-
lonté de voir quelque chose et cepen-
dant, de leur propre aveu, ils n'ont fait
cru' « entrevoir ».
A Précisément, tout ce qu'ils ont en-
trevu est ce que la royauté est impuis-
sante à donner et ce que la République
seule peut garantir, parce que seule elle
laisse le pays maître de ses destinées,
sans qu'aucune lutte soit possible entre
deux principes contraires et deux vo-
lontés opposées.
Il est curieux de voir des hommes, en-
traînés par la passion monarchique, re-
vendiquer en faveur du régime qu'ils dé-
fendent ce qui justement est en contra-
diction avec ce régime, et se réclamer
de la démocratie pour faire échec à la
République. S'il y avait une conclusion
à tirer de ce rapprochement, ce serait
que la monarchie est décidément et ir-
révocablement morte en France, parce
que ceux-là même qui se disent monar-
chistes et qui luttent contre la Républi-
que ont perdu toutes les traditions de
la royauté. Malgré eux, ils ont été péné-
trés par l'esprit moderne. Ils ont adopté
les idées de liberté qui, sous la monar-
chie, étaient des hérésies et, à leur corps
défendant, ils adaptent à la monarchie
les institutions républicaines. Cette al-
liance avait déjà été tentée en 1830.
On l'appelait « la meilleure des répu-
bliques ». Un jour est venu où l'anta-
gonisme entre les deux principes s'est
révélé, et où le système a fait explo-
sion. Si la monarchie de 1830 a pu
vivre, c'est qu'à cette époque le suffrage
universel n'existait pas. Mais aujour-
d'hui que la nation est maîtresse de ses
destinées et a pris l'habitude de voir sa
volonté exécutée, un tel régime tom
berait sans tarder.
Que les royalistes manifestent donc ;
qu'ils saluent de grandes espérances.
Leurs espérances sont chimériques et
leurs manifestations ne font que mieux
mettre en évidence le néant de leurs
conceptions politiques.
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Les droits sur les blés.
Cette fois, c'est la Droite qui fait de
l'obstruction. Mais, quand il s'agit d'écoles,
elle oublie les céréales. Il lui paraît encore
plus urgent d'empêcher le peuple de s'ins-
truire que de l'empêcher de manger du
pain blanc.
Or il s'agissait d'écoles. La ville de
Nantes, qui est actuellement la citadelle
privilégiée des congréganistes, a fait un
puissant effort pour ouvrir des écoles sé-
rieuses, modernes, vraiment capables d'en-
seigner aux citoyens ce qu'ils ont besoin
de savoir. Elle a, de plus, obtenu de l'Etat
de larges promesses de subsides.
Il n'en fallait pas davantage pour irriter
profondément la Droite, qui a trouvé dans
l'obscur M. Liais un avocat convaincu,
mais maladroit. La longue harangue de
M. Liais était tellement insipide que les
propres amis de l'orateur ont refusé de
l'entendre et sont allés tuer le temps dans
le jardin du quai. Quelques mots du rap-
porteur, M. Lechevallier, et du ministre,
M. Goblet, ont suffi pour enlever le vote.
*
* *
Mais il se faisait tard et la petite scène
ordinaire s'est renouvelée lorsque M. Flo-
quet a appelé les céréales. Les « ah ! ah ! »
sont partis de partout. Ceux qui les ont
poussés avec l'espoir d'arracher enfin le
vote de la loi en ont été quittes pour
leurs frais de poumons.
Le passage aux articles a été seul or-
donné par 310 voix contre 240. C'est une
belle majorité qu'on aurait pu réduire si
l'on y avait prêté un peu plus d'attention.
Mais il semble que les partisans du libre-
échange aient l'unique pensée de faire obs-
tacle à la taxe du pain par des manœu-
vres obstructionnistes. Il semble que, pour
eux, tout doive être gagné s'ils doublent
le cap du i4 Juillet.
C'est une politique un peu enfantine,
qui ressemble trop aux habiletés de l'au-
truche. Un péril reculé est rarement un
péril évité. Il revient presque toujours
plus redoutable.
Mais enfin,' pour le quart d'heure, les
esprits les plus scientifiques ne paraissent
pas s'occuper de ce qui pourra être fait
dans quelques mois. Il leur suffit que la
loi soit en suspens lorsque les Chambres
partiront dans huit jours, et c'est à ce sys-
tème qu'il faut attribuer le discours de M.
Frédéric Passy comme aussi son contre-
projet.
*
Y
En effet, M. Passy a outré hier les dé-
fauts dans lesquels il tombe parfois en s'en
défendant. Lorsqu'il lui arrive d'être long
et diffus, c'est d'habitude malgré lui. Lors-
qu'il greffe sur une question déterminée
des amendements qui ne s'y rattachent
guère, il en a le regret.
Hier il n'a point hésité à demander l'a-
brogation de presque tous les droits de
douane et dans des termes tellement va-
gues que, si la loi avait été ainsi votée, le
gouvernement aurait été obligé de venir
lui demander un commentaire pour savoir
comment l'appliquer.
Par exemple, il proposait la franchise
« pour tous les objets destinés à l'agricul-
ture, pour tous les produits chimiques
destinés à la fabrication des engrais. »
C'est parfait. Mais qui aurait dressé la
liste de. ces objets et de ces engrais pour
l'intelligence des employés des douanes ?
Le discours par lequel M. Passy a déve-
loppé ce contre-projet n'a pas été moins
vague que le contre-projet lui-même. Ce
n'est pas que l'orateur n'ait eu de bons
arguments, comme lorsqu'il demandait
pourquoi M. Méline, qui repoussait le
droit de 5 francs en 1884 et le déclarait
excessif, le propose aujourd'hui. Ce n'est
pas qu'il n'ait eu de généreux accents
quand il montrait l'étrangeté des plaintes
de ceux qui regrettent que le blé aug-
mente plus vite qu«» la population et que
le Français d'aujourd'hui ait plus d'abon-
dance que le Français du dernier siècle.
Mais tout cela était nové dans un flux de
paroles et de périphrases qui avaient lassé
les plus intrépides. La salle s'était vidée.
Les banquettes seules étaient restées.
M. Méline n'a eu qu'à signaler le maigre
rapport qui existait entre l'amendement et
le projet pour obtenir une majorité de
347 voix contre 161. Ceux qui ne veulent
pas qu'on taxe le pain devraient s'abstenir
de manœuvres qui réduisent à un si mai-
gre chiffre les défenseurs de la plus juste
des causes.
Mais voici une manœuvre encore plus
maladroite. Le ministre des finances de-
mande une séance spéciale pour le lende-
main, afin de faire voter les contributions
directes. Les libre-échangistes savent
qu'une fois les contributions votées le
cabinet pourra clore la session et faire, par
conséquent, ce qu'ils désirent, renvoyer
le droit sur les blés à l'année prochaine.
N'importe î ils déposent une demande de
scrutin public à la tribune, alors que leurs
adversaires sont plus nombreux qu'eux-
mêmes, et ils poussent l'habileté jusqu'à
s'abstenir.
Conséquence : la séance supplémentaire
de vendredi décidée par 229 voix contre 6,
car le bureau a été obligé de déclarer
qu'en son âme et conscience la manœu-
vre ne valait rien, qu'il avait vu la Cham-
bre en nombre et que le vote restait vala-
ble.
Heureusement M. Sadi Carnot a obtenu
que ses contributions directes fassent mi-
ses à l'ordre du jour. Il n'y a de mal dans
l'affaire qu'un peu de ridicule, et cela est
venu parce que la Gauche a oublié un ins-
tant que les abstentions sont l'arme des
partis d'opposition, qu'elles sont interdi-
tes aux partis de gouvernement, à ceux qui
tiennent le pouvoir.
La séance finit par une proposition de
M. de Mackau qui se plaint des retards ap-
portés à la discussion du budget, par une
protestation très énergique de M. Rouvier
et par un vote de la Chambre qui approuve
la manière dont travaille sa commission
des finances.
des finances. Docteur RALpig.
SÉANCE DU SÉNAT
La question des sucres
La question des sucres est tranchée;
par 153 voix contre 110, le Sénat a adopté
le projet de loi que lui envoyait la Chambre
et, sans doute, les choses se seraient pas-
sées tout simplement à mains levées,
comme pour l'Exposition, si M. Tirard
n'avait déposé un gros amendement.
Il fallait donc discuter et entendre les
partisans du pour et du contre. M. le mar-
quis d'Havrincourt semble n'être ni de
ceux-ci ni de ceux-là; mais il connaît l'his-
torique de la question depuis les temps
les plus reculés jusqu'à nos jours et tient
à communiquer au Sénat, sous forme de
conférence, le résumé de ses vastes con-
naissances. Malheureusement M. le mar-
quis d'Havrincourt parle très bas, avec de
petits gestes; je ne saurais dire si on
l'écoute, mais je sais bien qu'on n'entend
rien.
Après lui, M. Tirard. M. Tirard voudrait
que « les sucres bruts étrangers fussent
admis en France au bénéfice de l'admis-
sion temporaire ». D'ailleurs les malheurs
des fabricants de sucre ne le touchent pas ;
on a fait beaucoup pour eux, plus qu'on
ne fera jamais pour les cultivateurs du
Midi, par exemple, qui ont perdu la ga-
rance, la vigne et le ver à soie. Aujour-
d'hui la fabrication du sucre augmente
chez nous, tandis que la consommation
reste stationnaire. Que fera-t on alors du
stock en magasin ? Les fabricants deman-
deront une prime d'exportation. « C'est,
dit en terminant M. Tirard, pour obvierà
cet inconvénient, pour protéger notre com-
merce d'exportation, que j'ai déposé mon
amendement. »
Cet amendement portant sur l'article
premier, il était nécessaire de clore, avant
de le discuter, la discussion générale. La
discussion générale a donc été close et M.
Paris a pu répondre à M. Tirard.
M. Paris pense, comme M. Tirard, que la
législation sur les sucres est défectueuse
et qu'il faut la refaire, mais il s'agit, à
l'heure présente, d'une loi d'expédient,
qu'il y a lieu de voter tout de suite.
L'amendement de M. Tirard devrait donc
être repoussé uniquement pour éviter le
retour à la Chambre du projet en discus-
sion; mais en outre il est dangereux, et la
mesure que propose M. Tirard nuirait à
notre commerce comme à notre agricul-
ture.
M. Tirard, naturellement, maintient son
dire. Son amendement a pour objet de
donner un aliment au travail national; il
réserve le marché intérieur' aux sucres
français, et permet à nos raffineurs de raf-
finer les sucres étrangers.
Quant à M. Cuvinot, rapporteur, il par-
tage le sentiment de M. Paris et croit aussi
que l'adoption des idées de M. Tirard amè-
nerait « la ruine des cultivateurs de bette-
raves. »
M. le ministre du commerce, lui, ne com-
bat ni ne défend l'amendement de M. Ti-
rard ; il fait simplement remarquer au Sé-
nat que, s'il était adopté, le projet retourne-
rait devant la Chambre et ne pourrait être
voté avant la fin de la session ; la loi de
1884 disparaîtrait ainsi et là il y a un dan-
ger sérieux.
La raison était péremptoire ; le Sénat l'a
compris et, après avoir voté au scrutin pu-
blic sur l'article premier il a adopté à
mains levées les articles 2, 3 et 4 et l'en-
semble du projet.
H. VINCENT.
LA COMMISSION DE PANAMA
La continuation des travaux de la commission.
Retrait possible du projet.
La commission de Panama s'est réunie hier
à deux heures, sous la présidence de M. Ger-
main Casse.
Dès le début de la séance, M. Andrieux,
député des Basses-Alpes, a demandé la pa-
role au sujet d'une note parue la veille dans
les journaux du soir, note qui, comme nous
l'avons dit, avait été publiée comme un pro-
cès-verbal officiel. M. Andrieux, qui a fait au
cours de cette séance des déclarations de na-
ture à compromettre le crédit de la Compa-
gnie de Panama, s'est autorisé de la forme
donnée à la note en question pour incrimi-
ner la conduite de l'honorable - président de
la commission, M. Germain Casse.
M. Germain Casse, d'après M. Andrieux,
aurait outrepassé ses droits de président en
se rendant avant-hier chez M. de Freycinet,
à l'issue d'une visite qui lui avait été faite à
la campagne, à sept heures et demie du ma-
tin, par M. Charles de Lesseps.
M. Andrieux a paru craindre que des ma-
nœuvres de Bourse ne se soient entées sur
cette sorte de procès-verbal.
M. Germain Casse a protesté avec énergie
contre les appréciations de M. Andrieux. La
communication qui a été fait aux journaux
n'était pas uno communication officielle. Il a
fait part de la démarche de M. Ch. de
Lesseps à tous les journalistes présents
dans la salle de la Paix. Cette communication
a été faite à tous les journalistes sans dis-
tinction de nuance, et il aurait été vraiment
étrange que le président d'une commission
eût tenu secrète soit vis-à-vis de la Chambre,
soit vis-à-vis du président du conseil, une
démarche aussi insolite et aussi irrégulière
que celle qui avait été faite auprès de lui
par un des principaux intéressés dans l'af-
faire de Panama.
Ajoutons que l'honorable M. Andrieux a
déclaré qu'il n'entrait nullement dans sa
pensée de porter atteinte aux intentions du
président de la commission.
L'incident clos, la discussion générale s'est
engagée, très longue, très vive et très con-
fuse.
M. Pernolet a demandé à la commission
de prendre une décision. Deux solutions sont
en présence :
1° Opposer au projet du gouvernement la
question préalable. Mais des intérêts trop
graves sont en présence, et, d'autre part, la
question préalable ne peut être opposée à
un projet du gouvernement.
2° Etudier l'affaire en elle-même.
M. Pernolet pense que la commission, en
s'entourant de nouveaux renseignements,
peut adopter cette seconde méthode.
M. Andrieux a déclaré qu'il fallait que
chacun acceptât la responsabilité de ses opi-
nions. Selon lui, un rapport doit être déposé
avant la séparation des Chambres.
M. Andrieux a ensuite ramassé les argu-
ments donnés de divers côtés en faveur du
projet du gouvernement. Il a insisté avec
force sur la nomination d'un rapporteur,
quelque opinion que ce rapporteur ait man-
dat d'exposer. Mais, en même temps, M. An-
drieux a reconnu que l'affaire ne pourrait
pas venir devant la Chambre avant les va-
cances.
M. Compayré est nettement opposé au
projet du gouvernement. Mais il pense que
l'honneur de la France, celui de M. de Les-
seps, sont dans une certaine mesure ongagés
dans l'affaire de Panama. Il faut prendre un
parti, mais il ne voudrait pas qu'on confiât à
une sous-commission le soin d'examiner les
pièces qui manquent encore à la commis-
sion.
M. Salis, au contraire, a soutenu la néces-
sité de nommer une soirs-commission. On dit
que c'est chose grave d'entrer dans ces dé-
tails. On craint de compromettre la situation
de la Compagnie en faisant attendre une dé-
cision.
De deux choses l'une cependant : Ou MM.
Ferdinand de Lesseps et Charles de Lesseps
ont dit la vérité et la situation de la Compa-
gnie est absolumeni prospère. En ce cas,
qu'importe d'attendre trois mois? Ou la situa-
tion de la Compagnie est compromise, étalons,
en quoi un retard de quelques semaines
peut-il la compromettre davantage?
M. Cordier, pas plus que ses collègues, ne
veut porter le moindre préjudice à la Compa-
gnie de Panama. Mais il ne comprend pas une
demi-mesure. Dans tous les cas, il y aura un
grand débat devant la Chambre. On combattra.
le projet, on le défendra. Mais les orateurs
des deux partis demanderont à la commis-
sion les résultats do l'enquête à laquelle elle
a lo devoir de se livrer.
M. Cordier pense donc qu'on ne peut no li-
mer un rapporteur dans les conditions récla-
mées par M. Andrieux. Il faut d'abord un sup-
plément d'enquête
'M. Leguay envisage les conséquences du
silence de la commission. Actuellement, le
silence est surtout favorable à la Compagnie
de Panama.
On demande à la commission de se hâter,
et les partisans du projet du gouvernement
font entre voir les conséquences soi-disant dé-
sastreuses d'un supplément d'enquête , pour
engager la responsabilité de la commission.
Il faut le dire bien haut, si responsabilité il y
a, elle Incombe tout entière au gouvernement
qui a reçu la demande da la Compagnie da
Panama le 25 mai 1885, et qui n'y a donné
suite que le 26 mai 18S6.
Le gouvernement, d'ailleurs, l'a nettement
déclaré. Il soutiendra le projet, mais il ne le
défendra pas. Il y a une nuance.
Pondant une heure environ, la commission
a discuté les propositions qui lui étaient pré-
sentées, et enfin elle est arrivée vers quatre
heures demie à un vote sur la clôture de la
discussion générale.
4 voix se sont prononcées pour la clôture,
6 contre et 1 abstention.
Ont voté pour la clôture : MM. Andrieux,
Compayré, Proal et Richard.
Ont voté contre : MM. Barbe, Germain
Casse, Cordier, Leguay, Marmonier et
Salis.
S'est abstenu : M. Pernolet.
M. Andrieux a proposé alors d'émettre un
vote sur le projet du gouvernement.
M. Germain Casse, président, a fait obser-
ver à M. Andrieux que sa proposition consis-
tait simplement à mettre la commission en
contradiction avec elle-même, puisqu'elle
avait voté la continuation de la discussion.
La proposition do M. Andrieux ayant été
retirée après quelques observations, la com-
mission a voté successivement sur les pièces
à réclamer pour servir à un supplément d'en-
quête..
Avant de passer au vote, M. Andrieux a dé-
claré .en son nom et au nom de M. Proal
qu'ils s'abstiendraient.
La commission a décidé de réclamer :
1° Les contrats conclus avec les entrepre-
neurs et notamment le contrat intervenu en-
tre la Compagnie et MM. Hersent et Couvreux;
2° Sur la demande de M. Cordier, la justi-
fication des conditions dans lesquelles s'est
tenue l'assemblée générale le jour où a été
votée la demande dont est saisie le gouver-
nement;
3° Enfin, le bilan de la Compagnie de Pa-
nama au 30 juin 1886.
Au cours de la discussion, M. Andrieux n'a
pas dissimulé combien il lui paraissait re-
grettable que le ministère eût assumé la res-
ponsabilité de déposer un projet de loi ten-
dant à autoriser une compagnie particulière
à émettre des valeurs à lots. Il a ajouté que
s'il pressait la commission de clore la dis-
cussion, c'était pour ne pas prolonger un dé-
bat qui de toute façon était compromettant
pour le gouvernement.
La commission fee réunira de nouveau sa-
medi, à moins que d'ici là le projet de loi ne
Ï oit retiré.
LA VIE DE PARIS
Ainsi qu'on le prévoyait, M. le car-
dinal Guibert, archevêque de Paris, est
mort hier matin. On peut dire que ce
vénérable prélat est mort en odeur de
sainteté. Les hommes de tous les partis
politiques et de toutes les opinions phi-
losophiques s'accordaient à reconnaître
en lui les vertus privées et les vertus
sacerdotales. Quoi que l'on pense de la
foi catholique, il serait absurde de mé-
connaître qu'elle est une des formes de
l'idéal humain et que cette forme a été
acceptée, défendue et servie par des
hommes de haute valeur. Ce n'est donc
pas sans un sentiment de piété que nous
apprenons la mort d'un vieillard qui,
servant des idées qui ne sont pas les
nôtres, apportait à son œuvre un zèle
louable et une charité méritoire. Ce
grand sentiment de tolérance, dont nous
avons besoin, me paraît d'ailleurs ga-
gner du terrain dans l'opinion. Il a eu, à
mon sens, sa plus haute expression
dans l'œuvre de V. Hugo. Personne ne
saurait accuser le grand poète d'avoir
été un clérical. Il s'était de plus en plus
dégagé des opinions de sa jeunesse.
Nul ne pensa plus librement que lui et
nous avons eu à parler ici, à l'oc-
casion de sa mort, de la religion parti-
culière qu'il avait adoptée pour lui-
même, sorte de mysticisme philoso-
phique qui ne pouvait, en aucune
manière, arriver à prendre un caractère
confessionnel. V. Hugo s'était même
montré sévère pour le clergé français
et, en particulier, pour un des prédé-
cesseurs de Mgr Guibert, pour M. l'ar-
chevêque Sibour.
On n'a pas oublié l'admirable pièce
des Châtiments, invective superbe, où
il blâme le prêtre qui a fait agenouiller
la religion devant le coup d'Etat triom-
phant. Cela n'a pas empêché V. Hugo,
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