Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-07-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 juillet 1886 07 juillet 1886
Description : 1886/07/07 (A17,N5293). 1886/07/07 (A17,N5293).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7559923w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Dix-septième année. — N° 5293 Prix du numéro à Paris : 15 centimes — Départements : 20 centimes Mercredi 7 juillet 1886
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SOMM~I~IES
BULLETIN. — Louis IJenrique.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES.
QUESTIONS DU JOUR. — Eug. Hébert.
LA REPRÉSENTATION DES CANTONS.
SÉANCE DE LA CHAMBRE — Docteur Ralph.
SÉANCE DU SÉNAT. — H. V.
LA VIE DE PABIS. — Henry Fouquier.
PROTESTATION DE LA FRESSE PARLEMENTAIRE.
COULISSES PARLEMENTAIRES.
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER.
ECHOS DU JOUR. — Brichanteau.
INAUGURATION DE LA NOUVELLE LIGNE DE PARIS
A BORDEAUX.
LES DÉCORATIONS DU 14 JUILLET.
NOUVELLES COLONIALES.
BULLETIN MARITIME ET MILITAIRE.
LA PRESSE AU JOUR LE JOUR.- P.-P. Dejuinne.
ACADÉMIE DE MÉDECINE. — Dr V. du C.
CAUSERIE LITTÉRAIRE. — G.
GAZETTE DU PALAIS. — M0 Gervasy.
COURRIER DE LA BOURSE. — -ET. Le Faure.
A LA MÉNAGERIE BIDEL. — A. Cartier.
FAITS DIVERS.
RENSEIGNEMENTS COMMERCIAUX.
SPORT DU JOUR. - Turba.
COURRIER DES THÉÂTRES. - Yorick.
FEUILLETON.
BULLETIN
Le Journal officiel a publié hier la loi
ayant pour objet la publicité des séances
du conseil municipal de Paris et du con-
seil général de la Seine. On sait que ces
deux assemblées ont inauguré dès hier le
nouveau régime, c'est-à-dire avant la pro-
mulgation de la loi et malgré les protesta-
tions du préfet de la Seine.
Protectionnistes et libre-échangistes ont
continué hier leur joute oratoire ; cette
querelle d'école ne serait pas près de finir
si la lassitude et la chaleur ne venaient à
bout du zèle des protectionnistes et de la
résistance de leurs antagonistes.
Un discours de M. Méline, président de
la commission, en faveur du projet, un
discours de M. Yves Guyot contre, et une
interruption virulente de M. de Baudry-
d'Asson, tel est le bilan de la journée.
Jeudi, continuation du même exercice.
Au Sénat, séance sans intérêt, ouverte à
trois heures et fermée à trois heures un
quart.
La question des Nouvelles-Hébrides a
soulevé, comme l'on sait, une vive agita-
tion en Angleterre et surtout en Australie.
Le silence commençait à se faire; mais
voici que la presse anglaise s'empare de
nouveau de cette affaire, qui se présente
d'ailleurs sous un autre aspect.
L'Angleterre ne s'opposerait plus en
principe à l'occupation des Nouvelles-Hé-
brides, mais elle y met des conditions.
Elle pourrait à la rigueur consentir à nous
laisser paisiblement en possession de ces
îles, dont la propriété ne saurait être con-
testée de bonne foi. En échange du sacri-
fice qu'elle ne fait pas, l'Angleterre de-
mande la cession de l'île Rapa, qui fait
partie du gouvernement des établisse-
ments français de l'Océanie.
Tout le bruit qui se mène depuis quelque
temps autour de cette affaire, toutes les
plaintes du Times et autres feuilles gal-
lophobes ne tendaient qu'à ceci : démon-
trer à la France la nécessité d'accorder un
honnête courtage à la scrupuleuse Angle-
terre.
La cession de Rapa serait le prix des
bons offices du cabinet britannique, qui se
ferait fort d'obtenir l'adhésion des colo-
nies australiennes à l'occupation définitive
et officielle des Nouvelles-Hébrides par la
France.
Les négociations se poursuivent, dit-on,
sur ces bases entre les cabinets de Londres
et de Paris.
Nous ne voyons pas, quant à nous, 1 uti-
lité de ces négociations. Il est entendu d'a-
vance que les conventions conclues avec le
gouvernement britannique ne sont jamais
exécutées, quand elles touchent aux inté-
rêts des colonies anglaises.
N'avons-nous pas, il y a un an ou dix-
huit mois, fait une sorte de traité par le-
quel nous accordions aux Anglais de Terre-
Neuve certains avantages sur la côte ouest
de cette île, réservée aux pêcheurs fran-
çais ? Moyennant cette concession, l'An-
gleterre s'engageait à dénoncer la conven-
tion de 1847 qui nous gêne pour l'exercice
de notre protectorat sur les îles sous le
vent de Tahiti, Raiatera et Borabora.
Nous avons contracté de bonne foi, prêts
à exécuter nos engagements. Depuis dix-
huit mois, la question n'a pas avancé d'un
pas. Le Parlement de Terre-Neuve oppose
une fin de non-recevoir absolue aux stipu-
lations du traité, et le gouvernement de
Londres se retranche rigoureusement der-
rière cette opposition pour rester dans le
statu quo.
Il en sera de même en ce qui touche
l'affaire de Rapa et des Nouvelles-Hébri-
des. L'Australie fera échec à la convention,
tout comme le Parlement de Terre-Neuve
refuse de ratifier celle qui lui a été sou-
mise.
D'ailleurs, qu'avons-nous besoin de don-
ner des compensations aux Anglais dans
cette affaire des Nouvelles-Hébrides? Nous
n'avons pas plus à demander à l'Angle-
terre son consentement pour occuper cet
archipel qu'elle ne nous a demandé le nôtre
pour s'emparer de l'Egypte et pour plan-
ter son drapeau là où il lui convient de le
planter.
Rapa n'a pour nous qu'une valeur rela-
tive, vu son éloignement de Tahiti ; mais
c'est une position stratégique importante
dans l'océan Pacifique. Gardons Rapa,
puisque Rapa nous appartient et que les
Anglais le convoitent. Quant aux Nou-
velles-Hébrides, elles sont dans les eaux
de la Nouvelle-Calédonie ; nous y avons des
colons à protéger et des intérêts commer-
ciaux à défendre.
Nous y sommes, nous y resterons.
Louis HENRIQUE.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Conseil des ministres
Les ministres se sont réunis hier matin à
l'Elysée, sous la présidence de M. Jules Grévy.
M. Sarrien, ministre de l'intérieur, a annon-
cé qu'il était convoqué aujourd'hui, ainsi que
le garde des sceaux, devant la commission de
la Chambre chargée d'examiner le projet de
loi sur l'affichage.
M. Sarrien a fait connaître le résultat des
négociations engagées entre li'S patrons et
les ouvriers verriers à la suite de l'interven-
tion du maire de Lyon. On espère que l'en-
tente se fera entre patrons et ouvriers.
M. Develle, ministre de l'agriculture, a
entretenu ses collègues de la discussion de
la loi sur les céréales. Il compte prendre la
parole sur l'article 10r du projet de la commis-
sion.
Le conseil supérieur de l'instruction
publique
Par arrêté du ministre de l'instruction pu-
blique, des beaux-arts et des cultes, la pre-
mière session ordinaire du conseil supérieur
de l'instruction publique en 1886 s'ouvrira le
22 juillet.
La durée de cette session sera de huit
jours.
L'Exposition de 1889
Le Journal officiel promulgue aujourd'hui
la loi relative à l'Exposition de 1889 qui vient
d'être votée par le Sénat.
Convocation d'électeurs
Les électeurs du canton de Florac (Lozère)
sont convoqués pour le dimanche 25 juillet,
à l'effet d'élire un représentant au conseil
général, en remplacement de M. Boyer, in-
génieur, décédé à Panama.
La mission de M. de Lanessan
M. de Lanessan, actuellement en Tunisie, a
visité la propriété de l'Enfida ces jours-ci. Il
s'est rendu compte de la beauté des vignobles
et de la création d'un centre de population
important où, il y a quatre ans, il n'y avait
que broussailles.
Déjà M. de Lanessan avait constaté au
cours de son voyage les efforts de la coloni-
sation française sur le territoire de Zaghouan.
Légion d'honneur
Parmi les nominations de la Légion d'hon-
neur qui vont être faites dans les beaux-arts,
on cite M. Paul Dubois. le statuaire, qui sera
fait commandeur.
M. Porel, directeur de l'Odéon, sera nom-
mé chevalier.
M. Marquet de Vasselot, l'auteur de la sta-
tue de Lamartine qu'on inaugure aujourd'hui,
sera également nommé chevalier.
M. Méaulle, ancien bâtonnier, avocat à la
cour d'appel de Rennes, va être nommé che-
valier de la Légion d'honneur.
M. Méaulle est le doyen du bareau français,
où il est inscrit depuis 1816. C'est le grand-
père de M. Lescure-Méaulle, le sympathique
attaché à la direction des affaires politiques
étrangères.
Promotion de généraux
Le ministre de la guerre a fait signer un
décret nommant deux généraux de division
et sept généraux de brigade.
Sont nommés au grade de général de divi-
sion les généraux de brigade Loizillon, com-
mandant la cavalerie en Algérie, en rempla'-
cement du général Chagrin de Saint-Hilaire,
admis au cadre de réserve, et Poizat, com-
mandant l'artillerie en Algérie, en remplace-
ment du général de Brives, admis au cadre
de réserve.
Sont promus au grade de général de bri-
gade les colonels Jaubert, du 8° d'artillerie,
en remplacement du général Gaume ; Petit,
du 13* de ligne, en remplacement du général
Dusan; Barbe, du 26e d'artillerie, en rempla-
cement du général Jobey; Labrune, du 131e
de ligne ; Larniraux, du 53e de ligne, en rem-
placement du général prince Murât, rayé des
cadres ; Guillet, chef d'état-major du 7° corps
d'armée, en remplacement du général Loi-
zillon, promu, et Renault-Morlière, directeur
de la cavalerie au ministère de la guerre, en
remplacement du général Poizat, promu.
M. le général Lebelin de Dionne est nommé
au commandement de la 24° division du 12e
corps.
M. le général Bouligny est nommé au com-
mandement de la brigade de cavalerie du 16°
corps.
M. le général Megnien est nommé au com-
mandement de l'artillerie en Algérie.
M. le général Renault-Morlière est maintenu
au ministère de la guerra.
M. de Munster
M. le comte de Munster, ambassadeur d'Al-
lemagne à Paris, va prendre ces jours-ci un
congé. Pendant son absence, M. le comte de
Redern, conseiller d'ambassade, le rempla-
cera.
Au ministère des finances
M. Sadi Carnot, ministre des finances, a
reçu, hier matin, la commission du concours
pour l'auditorat près la cour des comptes. Le
président, M. Féry d'Esclands, conseiller-
maître, lui a fait connaître les noms des
quatre candidats reconnus admissibles par la
commission, MM. Richard, du Breil, Gaignai-
son et Bocqoet.
M. Féry d'Esclands lui a remis en même
temps un projet de programme pour les pro-
chains concours, destiné à remplacer celui
de 1861.
QPESHOMS DU JOUR
Le projet de loi sur l'affichage
Depuis plusieurs jours, la commission
chargée de l'examen du projet de loi
sur l'affichage n'avait pas siégé, et l'on
avait annoncé même que le projet de-
vait être enterré par accord tacite du
gouvernement et de la commission ;
celle-ci, disait-on, devait renvoyer le
dépôt de son rapport aux calendes
grecques, Cependant, hier, elle s'est
réunie et a conféré avec le ministre de
l'intérieur et le garde des sceaux. Elle
n'a pris aucune décision et n'a fait
qu'écouter les ministres, se réservant
de discuter la question vendredi pro-
chain. Nous avons rapporté combien les
opinions sont divisées sur ce projet de
loi dans la majorité républicaine et, par
suite, au sein de la commission ; je ne
sais si les dispositions actuelles change-
ront au cours de la discussion publi-
que, mais je n'ai pas trouvé hier dans
les déclarations des deux ministres
d'arguments bien solides en faveur de
la cause qu'ils plaidaient. Tout au con-
traire ! 1
Il est superflu de rappeler que le but
du projet est d'empêcher les prétendants
d'afficher des proclamations. Beaucoup
de bons esprits, s'étant demandé si une
telle mesure d'interdiction serait effi-
cace, ont émis des doutes. Si les pré-
tendants, en effet, veulent s'adresser au
peuple et qu'on leur interdise d'afficher
leurs manifestes sur les murs, n'ont-ils
pas toujours des journaux, des images,
des feuilles volantes qu'ils pourront ré-
pandre à profusion après y avoir im-
primé tout ce qu'il leur plaira? Ce serait
un enfantillage de prétendre leur in-
terdire l'usage de la presse; dès lors,
quelle serait l'efficacité de-l'interdiction
des affiches ? Vous verriez d'ailleurs que
les monarchistes trouveraient encore
des moyens de tourner la loi en donnant,
par exemple, à une communication de
M. le comte de Paris un encadrement
de quelquei lignes et la contre-signature
de quelque ami qui serait censée cou-
vrir tout. Mais je n'insiste point. Ce qui
est évident, c'est que l'on n'empêchera
jamais l'un ou l'autre des prétendants
de porter à la connaissance du peuple
français tout ce qui lui plaira. Beaucoup
de personnes, il est vrai, croient que
les affiches produisent sur le public
plus d'effet que les distributions de
journaux ou brochures. On pourrait, me
semble-t-il, leur répondre que ce serait
peut-être une raison pour ne pas con-
trarier les prétendants dans leurs en-
treprises contre nos murailles. Quand
les gens les plus timorés auront vu les
semaines et les mois s'écouler aussi pai-
siblement qu'à l'ordinaire après que le
comte de Paris aura placardé les pro-
clamations les plus étourdissantes, alors
ils connaîtront la valeur de ces hâbleries
et n'en feront que rire.
Pour les deux ministres, les honora-
bles MM. Sarrien et Demôle, ils n'ont
pas été très heureux dans les explica-
tions qu'ils ont données. Ils ont déclaré
qu'ils se jugeaient armés déjà par cer-
tains articles de la législation existante :
s'il en est ainsi, à quoi bon demander
une loi nouvelle? D'autre part, ils ont
fait de la loi du 5 avril 1884 une inter-
prétation bien contestable en y trouvant
que les préfets ou les maires seraient en
droit d'interdire, de leur propre auto-
rité, l'affichage d'écrits susceptibles de
causer du désordre. « Il y a un droit de
police supérieure, » aurait dit l'honora-
ble M. Demôle. Tout ceci ne paraît rien
moins que prouvé, car, avec un tel
droit supérieur, on irait loin. Et puis,
en vérité, comment admettre que l'ap-
préciation du caractère séditieux ou
non séditieux d'une affiche soit laissée
aux maires, lorsque ces magistrats mu-
nicipaux diffèrent autant entre eux d'o-
pinions politiques que les conseils dont
ils ont reçu leur mandat? Tandis que
dans une commune l'affichage de pla-
cards orléanistes ou bonapartistes se
rait interdit, les mêmes placards pour-
raient s'étaler victorieusement surles
murs de la commune limitrophe ! Qui
ne comprend qu'il faut ici de l'unité,
et que, tout libéral ou tout décentrali-
sateur qu'on puisse être, on ne saurait
que repousser l'idée d'une espèce de
plébiscite municipal sur la royauté,
l'Empire et la République? Si l'on prend
le parti d'interdire l'affichage des mani-
festes princiers, il faudra donc que ce
soit partout; car il serait absurde que
de si graves dispositions légales ne
fussent point uniformément appliquées
dans l'entière étendue du pays.
Et maintenant, que décidera la com-
mission ? On ne saurait tirer aucun pro-
nostic de sa séance d'hier, puisqu'elle
n'a fait qu'entendre les ministres et s'a-
journer à vendredi. Elle aurait bien dû
(et du reste il en est temps encore) de-
mander au ministère de l'intérieur des
renseignements qu'il lui sera certaine-
ment possible de donner sur l'effet pro-
duit par le manifeste du comte de Paris
dans certaines localités où il a été affi-
ché. Pour nous, il nous est revenu, de
source que nous croyons bonne, que cet
effet a été nul. Mais il appartiendrait à
la commission d'obtenir sur ce point
des renseignements authentiques. Si les
placards orléanistes qui, depuis plu-
sieurs jours, ont été apposés en assez
grand nombre n'ont causé nulle émo-
tion, il serait essentiel de le savoir
avant d'entrer dans la discussion d'un
projet de loi de circonstance et d'excep-
tion.
EUG. LIÉBERT.
~o<*
La représentation des cantons
Le Sénat va discuter demain la proposi-
tion de loi, déjà adoptée par la Chambre
des députés, ayant pour objet de modifier
l'article 4 de la loi du 10 août 1871 et d'at-
tribuer deux conseillers généraux aux can-
tons dont la population est supérieure à
20,000 habitants. S'il en fallait juger par la
composition de la commission sénatoriale,
cette proposition rencontrerait au Luxem-
bourg une certaine résistance dont les rai-
sons sont exposées dans le rapport de M.
de Marcère.
L'honorable sénateur défend la thèse de
l'unité cantonale, et soutient que, les con-
seils généraux n'ayant à s'occuper que
d'affaires et non de politique, il n'y a pas
lieu de tenir compte du chiffre de la popu-
lation. Chaque canton étant représenté
par un conseiller a exactement le même
moyen que les autres cantons de faire va-
loir "!es inLérêLs. Aussi la commission con-
clut-eUe au rejet de la proposition.
Cette doctrine de l'unité cantonale peut
se soutenir par de bonnes raisons. Cepen-
dant il est à remarquer qu'elle n'est pas
absolue et que la loi de 1833, sur les con-
seils d'arrondissement, prévoit certains
cas où le canton aura deux conseillers. De
même, lorsque la Chambre était élue au
scrutin d'arrondissement l'unité électorale
était l'arrondissement. Cependant les ar-
rondissements les plus peuplés nommaient
deux députés. Personne ne s'en étonnait.
Le cas. prévu par le rapport, où un can-
ton aurait un conseiller supplémentaire
parce qu'il compterait 20.001 habitants et
où un autre cani on n'aurait qu'un conseiller
quoique comptant 19,999 habitants, pou-
vait aussi se produire pour les élections
législatives, et il peut se produire chaque
fois que l'on tient compte en quelque
mesure que ce soit du chiffre de la popu-
lation et que l'on se rapproche du système
de la proportionnalilé.
Le rapport reconnaît cependant que
certains cantons peuvent être trop peu-
plés. Dans ce cas, dit-il, c'est au gouver-
nement à les couper en deux, et s'il
trouve que les formalités prévues par la
législation actuelle sont trop compliquées,
il en peut proposer la simplification. L'ar-
gument n'est pas très fort. En ce qui con-
cerne les conseils généraux, le résultat
sera le même qu'avec la proposition de
loi. Il y aura de nouveaux conseillers gé-
néraux et l'on ne peut pas dire que ces
nouveaux conseillers représenteront des
intérêts bien distincts, car ce sont surtout
les agglomérations urbaines qui profite-
ront de la loi et la division en cantons y
est absolument factice. Mais l'établisse-
ment de nouveaux cantons a des inconvé-
nients que le rapport ne mentionne pas.
Le canton, étant une division administra-
tive, a une organisation. Il a son juge de
paix; il a ses officiers ministériels. La
création de cantons supplémentaires im-
plique la création de justices de paix,
c'est-à-dire une petite charge budgétaire ;
elle implique aussi la création de nou-
veaux offices ministériels et par consé-
quent une diminution dans la valeur des
offices existant.
Enfin, s'il est exact que les conseils gé-
néraux ne s'occupent pas de politique, il
faut ajouter que les conseillers généraux
sont investis d'un mandat politique éven-
tuel dans le cas fort improbable, du reste,
où la loiTréveneuc recevrait son application
et d'un autre mandat périodique, celui
de prendre part à l'élection des sénateurs.
Dans ce dernier cas, il n'est pas indiffé-
rent que les cantons très peuplés puissent
disposer d'un pouvoir électoral plus con-
sidérable que les cantons moins peuplés.
Lorsque le Sénat fut institué, la base élec-
torale était l'unité de vote. La commune
nommait un délégué ; le canton nommait
aussi son délégué qui était le conseiller
général. Mais la nouvelle loi électorale du
Sénat a attribué aux communes un nombre
de délégués, proportionnel au nombre des
conseillers municipaux, lequel est lui-
même proportionnel au chiffre de la popu-
lation. Il n'y a donc plus de motif pour
maintenir rigoureusement, en regard du
canton, la base électorale qui a été aban-
donnée pour la commune.
La proposition dont le Sénat est saisi
n'entraîne aucun inconvénient. Elle donne
satisfaction à des intérêts légitimes. Nous
ne voyons donc pas quelles raisons le Sénat
pourrait avoir de la rejeter.
^— i,,.
Nous avons aujourd'hui des renseigne-
ments complémentaires sur les déposi-
tions faites avant-hier devant la commis-
sion de Panama. D'après le Voltaire, M.
Ferdinand de Lesseps, répondant à une
question de M. Barbe, aurait affirmé que,
selon lui, la Compagnie de Panama ne se-
rait pas embarrassée pour placer 600 mil-
lions d'obligations, même si elle n'obte-
nait pas l'autorisation d'émettre des va-
leurs à. lots. « Il suffirait, aurait dit M. de
Lesseps, de faire un peu de propagande,
notamment en province. » Voilà une ré-
ponse de nature à lever bien des scrupules.
Il n'y a pas un député qui soit, en prin-
cipe, partisan de l'intervention de l'Etat
dans l'affaire de Panama; si beaucoup hé-
sitent, c'est qu'on leur a dit que, si elle
n'obtenait pas l'autorisation qu'elle solli-
cite, la Compagnie de Panama ferait fail-
lite. Or, du moment où M. de Lesseps dé-
clare formellement le contraire, l'hésita-
tion n'est plus possible ; il n'y a plus de
raison pour voter en faveur de cette Com-
pagnie une loi d'exception. Au point de
vue français, qui devrait seul guider les
déterminations du gouvernement et les
votes du Parlement, il ne manque pas
d'entreprises plus intéressantes que la
Compagnie de Panama. Pourquoi donne-
rait-on l'autorisation d'émettre des lots à
l'une plutôt qu'aux autres ?
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Les droits sur les blés. — L'emprunt
de Paris
Ah ! ce pauvre M. Buyat ! lui en a-t-on
donné de la tablature 1 On ne dira plus que
la présence au fauteuil d'un vice-président
est le présage d'une journée paisible. Sauf
le temps occupé par les discours de MM.
Méline et Yves Guyot, tout le reste de cette
longue séance, qui n'a fini qu'à huit heu-
res, a été une série de cris, de vociféra-
tions et d'orages.
On parlait sans avoir obtenu la parole.
On votait sans savoir sur quoi ; c'était un
tohu-bohu de tous les diables, et par l'uni-
que faute de la Droite.
Vraiment la Droite n'a pas eu le beau
rôle hier. Elle a prouvé que toute sa pen-
sée est d'empêcher les affaires de s'expé-
dier ; elle a prouvé que le fameux cri : « Les
céréales ! » n'est qu'un système d'obstruc-
tion. Elle a prouvé aussi qu'il faut le ma-
ter pour avoir le droit de vivre.
La façon écœurante dont certains mem-
btes de la Droite qui se disent gens du
monde, et dont nous regrettons de ne pas
savoir les noms, sont venus apostropher
M. Buyat à la tribune, en tournant indé-
cemment leur derrière à la Chambre, dé-
montre assez quelles scènes de violence
elle se paierait si M. Floquet ne lui faisait
pas la grosse voix quand c'est nécessaire.
- Malheureusement M. Buyat n'a pas une
grosse voix, et tous les poltrons de la
Droite en ont profité pour lui courir sus.
*
★ -fc
La chose a commencé avec une simple
affaire d'intérêt local. M. Goblet priait la
chambre de ne pas remettre après les cé-
réales, c'est-à-dire après les kalendes grec-
ques, une loi qui autorise la ville de
Nantes à faire les opérations exigées pour
le fonctionnement de ses écoles primaires.
Un inconnu qui répond au nom de Liais
a tempêté là-dessus pendant une demi-
heure. Finalement, M. Goblet l'a em-
porté. Mais les maladroits de la Gauche
que des peurs chimériques entrainent en
ce moment à faire alliance avec la Droite
sur la question des céréales ont bien failli
donher tort à M. Goblet.
* +
Le calme est revenu avec le discours de
M. Méline, calme forcé, non seulement
parce que la voix de l'orateur était infini-
ment plus faible que celle de M. Ilouvier
souurant, mais encore parce que l'argu-
mentation du président des protection-
nistes était tout ce qu'on peut imaginer
de plus somnifère.
Rien de nouveau. Des idées cent fois
étalées, cent fois ressassées. La loi de
1884 n'a pas encore produit de famine.
Donc il faut aller de l'avant. Elle n'a pas
enrichi les grands propriétaires. Donc il
faut la remplacer. M. Méline traite presque
de gens imprévoyants les protectionnistes
qui ont voté la loi de 1884. Ce jugement
est le point le plus curieux de son dis-
cours.
Il y a aussi pas mal de sophismes qui
se retourneraient contre les demandeurs,
nous ne voulons pas dire contre les men-
diants, car il s'agit de grands propriétaires.
Suivant M. Méline, les agriculteurs ont
acheté depuis vingt ans pour un demi mil-
liard de machine. M. Méline en conclut qu'il
faut donner des primes à ceux qui ont fait
ces opérations. Nous en concluons qu'une
affaire pour laquelle on tente de pareilles
opérations n'est pas si mauvaise qu'on le
prétend.
M. Méline emprunte sa péroraison au
discours de M. Deschanel. Il demande à la
Chambre si elle veut condamner à l'émi-
gration ces braves paysans qui sont la pé-
pinière de notre armée. Il rappelle les
grandes émigrations anglaises succédant
aux transformations de culture opérées
chez nos voisins.
C'est là de la sensiblerie mal placée.
L'Angleterre a exporté ses fils de tout
temps et nous voudrions avoir les
mêmes habitudes dans notre sang, car
alors le problème colonial se résoudrait
tout seul.
*
* *
Les applaudissements recueillis par M.
Méline ne sont pas chauds et nourris
comme ceux qu'avait obtenus M. Rouvier
la vèiIle. Mais ils ont la sécheresse arro-
gante de gens qui se croient sûrs de leur
vote.
Si sûrs qu'ils crient déjà : « La clôture! »
Mais M. Yves Guyot montre qu'il serait
peu honorable d'empêcher de répondre au
président de la commission et on laisse
parler M. Yves Guyot.
Dans un discours plein d'humour, M.
Yves Guyot attaque par le ridicule les so-
phismes que M. Rouvier avait attaqués par
les principes. Il fait danser successive-
ment devant la Chambre les trois spectres
dont les protectionnistes se sont servis
tour à tour.
Il montre d'abord le spectre russe. Ce-
lui-là s'est démené pendant l'Empire. On
ne lui a pas cédé. Il a disparu et, malgré
le droit infime de 60 centimes, il n'a jamais
fait de mal.
Le spectre américain l'a remplacé. Il
n'a pas eu beaucoup plus de succès. Pour-
tant, avant de disparaître) il a réussi à
faire voter le droit de 3 francs. Maintenant
on nous menace du spectre indien pour
obtenir le droit de 5 francs. Il n'est pas
plus redoutable que les précédents. Ce
sont quelques spéculateurs en matière
électorale et peut-être quelques spécula-
teurs en d'autres matières qui le font pa-
raître redoutable.
*
* +
Personne ne répond à M. Yves Guyot.
On vote la clôture, et le rapporteur, M. de
Roys, demande l'urgence. M. Achard pro-
teste contre cette précipitation avec des
paroles indignées. Il déclare qu'une as-
semblée républicaine ne peut pas plus sur-
taxer le pain du peuple que restreindre le
suffrage universel.
Néanmoins l'urgence est votée par 307
voix contre 257. Mais M. Rouvier obtient
vingt-quatre heures de réflexion pour le
grave scrutin sur le passage aux articles.
Alors le charivari du début recommence.
M. Camille Dreyfus prie la Chambre de vo-
ter l'emprunt de Paris tel que le Sénat l'a
approuvé, afin de distribuer du travail le
plus tôt possible. La Droite ne veut pas.
Elle se masse au pied de la tribune. Elle
envoie plusieurs membres écumer sur les
têtes des sténographes. Il y en a à qui cette
distraction ne suffit pas et qui se retour-
nent vers le président pour lui montrer le
poing.
Les plus ridicules scènes de 1849 nous
sont données par la Droite. C'est à droite
que siège la fameuse Montagne si connue
des vieux parlementaires.
M. Dreyfus tient bon et il fait voter
l'emprunt de Paris. La même scène re-
commence avec un rapport de M. Thom-
son qui demande, pour ordre, un vire-
ment de crédit destiné à ouvrir une école
française en Egypte. Il s'agit d'écoles. La
Droite furieuse s'abstient, afin de rendre le
scrutin nul. On recommencera jeudi.
La Droite fait décider ensuite que les
contributions directes ne viendront qu'a-
près les céréales. Nous la remercions de
ce dernier vote qui apprendra au pays le
cas qu'elle fait du fonctionnement des
conseils généraux.
Docteur RALPF.
SÉANCE DU SÉNAT
MM. les sénateurs ayant pris la résolu-
tion de ne parler des sucres que jeudi et
d'ajourner à l'année prochaine la seconde
délibération de la loi sur la chasse, rien
ne restait à l'ordre du jour ; il fallait lever
la séance après l'avoir ouverte. C'est ce
que les honorables membres de la Cham-
bre haute se sont décidés à faire ; à peine
M. le ministre de l'intérieur a-t-il eu le
temps de déposer un projet de loi portant
'répartition du fonds de quatre millions
pour subvention aux départements : déjà
tout le monde élait parti 1 Il ne fait pour-
tant pas très chaud dans ce vaste et som-
bre palais du Luxembourg.
H. V.
LA VIE.DE PARIS
L'affaire Meyer-Drumont a un épilo-
gue assez curieux, et qui demande
qu'on s'y arrête un instant. Un de nos
confrères, M. le directeur de la France,
jugeant que le grand bruit fait autour
du nom de M. Drumont pourrait être
profitable à un journal où il écrirait,
demanda à l'auteur de la France juive
de vouloir bien devenir son collabora-
teur. M. Drumont y mit des façons. « Vous
verrez, disait-il, que vous ne publie-
rez pas mes articles. « — Je vous dis
que oui. — Je vous assure que non. »
Bref, pour conclure, M. Drumont en-
voya un article que la France n'inséra
pas. En revanche elle donne, ce soir,
une lettre de M. Drumont qui annonce
son départ de la France. « Je tiens à
constater, dit M. Drumont, que je sors
de la France, où d'ailleurs je ne suis
jamais entré. » Et, à la suite de cette
déclaration, vraiment plaisante et de
bonne humeur, M. Drumont nous laisse
prendre une idée de l'article non inséré
par M. le directeur de la France.
Dans cet article, M. Drumont, paraît-
il, revisait le procès où il vient de figu-
rer comme témoin et se plaignait de la
façon dont la justice avait été rendue.
Selon lui, le procès n'a pas eu l'issue
qu'il eût dû avoir. Pour un rien, M. Dru-
mont dirait que les magistrats étaient
tous des israélites! En tout cas, il nous
promet de ne pas laisser les choses
ainsi, et nous annonce que le procès se-
ra l'objet de ses critiques dans un pro-
chain livre, et qu'il y dira sa pensée
sur « l'escrime sémite ». Hé bien ! tout
justement parce que je n'ai pas ménagé
à M. Drumont la part de sympathie où
il avait droit, je regrette cette résolu-
tion qu'il a prise de revenir sur le ju-
gement de la chambre correctionnelle.
On a bien vingt-quatre heures pour
maudire ses juges et il est amusant de
voir les condamnés profiter du dicton.
Mais M. Drumont n'a point été condam-
né. Il a eu toute latitude soit pour porter
directement plainte contre son adver-
saire, soit pour se porter partie civile.
Il a librement déposé, ainsi que ses té-.
moins. Il semble que, cela fait, il n'y
eût plus eu pour lui qu'à garder le si-
lence et à ne pas saisir de nouveau
l'opinion d'une affaire qui a été, en
somme, réglée selon le sentiment du pu-
blic.
Puisque j'ai parlé ici avec là plus
grande franchise du cas où M. Meyer
avait été mis par son attitude sur le ter-
rain et par le procès que le parquet in-
tentait contre lui, je crois qu'il est de
stricte justice de dire un mot du juge-
ment. Ce jugement, d'ailleurs, est des
plus intéressants. La jurisprudence,
peut-on dire, a pris les devants d'une
réforme de la loi. Celle-ci, vous le savez,
ne reconnaît pas le duel. Autrefois, en
cas de duel, on poursuivait les combat-
tants et les témoins au nom du délit,
prévu par le Code, de coups et blessures
volontaires, et on les condamnait —
très légèrement d'ailleurs. —Mais depuis
des années le parquet a laissé les duel-
listes tranquilles. Il ne leur imposait
même plus de faire signer par leurs
témoins, en les datant de la frontière
belge, le procès-verbal des rencontres
qui avaient lieu au Vésinet. Il y a eu
des duels suivis de mort qui n'ont pas
amené de poursuites. Et si on a pour-
suivi M. Meyer, ce n'est pas pour s'être
battu, pour avoir blessé M. Drumont,
mais sous l'inculpation, plus grave, de
s'être mal battu, comme disent les
sportsmen, de s'être battu avec dé-
loyauté, pour ne pas fuir le mot brutal.
Cette façon d'envisager l'affaire lui
donnait un caractère particulièrement
grave. Ce n'est pas un délit léger qu'on
reprochait au directeur du Gaulois, un
délit que nous avons presque tous com-
mis et qui est loin de nuire à la réputa-
tion d'un homme : c'est son honneur
qui était en cause. Le tribunal de police
correctionnelle, en réalité, a été un jury
d'honneur, et il a renvoyé M. Meyer in-
demne. Les considérants du jugement,
en effet, établissent que M. Meyer avait
été offensé gravement. Ils lui recon-
naissent le droit à une réparation par
les armes. Ils ajoutent, jugeant tout à
fait en arbitres des choses de l'escrime,
que les témoins, en permettant le corps-
à-corps , devaient s'attendre à voir le
combat redevenir instinctif et que, par
conséquent, les incorrections de la lutte,
involontaires, non préméditées, doivent
être regrettées, mais étaient inévita-
bles.
Il est bien évident que M. Meyer ne
peut être accusé d'avoir voulu se don-
ner un avantage en sortant, de parti
pris, des règles convenues du duel. Là-
dessus, tout le monde est d'accord. Le
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QUESTIONS DU JOUR. — Eug. Hébert.
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SÉANCE DE LA CHAMBRE — Docteur Ralph.
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SPORT DU JOUR. - Turba.
COURRIER DES THÉÂTRES. - Yorick.
FEUILLETON.
BULLETIN
Le Journal officiel a publié hier la loi
ayant pour objet la publicité des séances
du conseil municipal de Paris et du con-
seil général de la Seine. On sait que ces
deux assemblées ont inauguré dès hier le
nouveau régime, c'est-à-dire avant la pro-
mulgation de la loi et malgré les protesta-
tions du préfet de la Seine.
Protectionnistes et libre-échangistes ont
continué hier leur joute oratoire ; cette
querelle d'école ne serait pas près de finir
si la lassitude et la chaleur ne venaient à
bout du zèle des protectionnistes et de la
résistance de leurs antagonistes.
Un discours de M. Méline, président de
la commission, en faveur du projet, un
discours de M. Yves Guyot contre, et une
interruption virulente de M. de Baudry-
d'Asson, tel est le bilan de la journée.
Jeudi, continuation du même exercice.
Au Sénat, séance sans intérêt, ouverte à
trois heures et fermée à trois heures un
quart.
La question des Nouvelles-Hébrides a
soulevé, comme l'on sait, une vive agita-
tion en Angleterre et surtout en Australie.
Le silence commençait à se faire; mais
voici que la presse anglaise s'empare de
nouveau de cette affaire, qui se présente
d'ailleurs sous un autre aspect.
L'Angleterre ne s'opposerait plus en
principe à l'occupation des Nouvelles-Hé-
brides, mais elle y met des conditions.
Elle pourrait à la rigueur consentir à nous
laisser paisiblement en possession de ces
îles, dont la propriété ne saurait être con-
testée de bonne foi. En échange du sacri-
fice qu'elle ne fait pas, l'Angleterre de-
mande la cession de l'île Rapa, qui fait
partie du gouvernement des établisse-
ments français de l'Océanie.
Tout le bruit qui se mène depuis quelque
temps autour de cette affaire, toutes les
plaintes du Times et autres feuilles gal-
lophobes ne tendaient qu'à ceci : démon-
trer à la France la nécessité d'accorder un
honnête courtage à la scrupuleuse Angle-
terre.
La cession de Rapa serait le prix des
bons offices du cabinet britannique, qui se
ferait fort d'obtenir l'adhésion des colo-
nies australiennes à l'occupation définitive
et officielle des Nouvelles-Hébrides par la
France.
Les négociations se poursuivent, dit-on,
sur ces bases entre les cabinets de Londres
et de Paris.
Nous ne voyons pas, quant à nous, 1 uti-
lité de ces négociations. Il est entendu d'a-
vance que les conventions conclues avec le
gouvernement britannique ne sont jamais
exécutées, quand elles touchent aux inté-
rêts des colonies anglaises.
N'avons-nous pas, il y a un an ou dix-
huit mois, fait une sorte de traité par le-
quel nous accordions aux Anglais de Terre-
Neuve certains avantages sur la côte ouest
de cette île, réservée aux pêcheurs fran-
çais ? Moyennant cette concession, l'An-
gleterre s'engageait à dénoncer la conven-
tion de 1847 qui nous gêne pour l'exercice
de notre protectorat sur les îles sous le
vent de Tahiti, Raiatera et Borabora.
Nous avons contracté de bonne foi, prêts
à exécuter nos engagements. Depuis dix-
huit mois, la question n'a pas avancé d'un
pas. Le Parlement de Terre-Neuve oppose
une fin de non-recevoir absolue aux stipu-
lations du traité, et le gouvernement de
Londres se retranche rigoureusement der-
rière cette opposition pour rester dans le
statu quo.
Il en sera de même en ce qui touche
l'affaire de Rapa et des Nouvelles-Hébri-
des. L'Australie fera échec à la convention,
tout comme le Parlement de Terre-Neuve
refuse de ratifier celle qui lui a été sou-
mise.
D'ailleurs, qu'avons-nous besoin de don-
ner des compensations aux Anglais dans
cette affaire des Nouvelles-Hébrides? Nous
n'avons pas plus à demander à l'Angle-
terre son consentement pour occuper cet
archipel qu'elle ne nous a demandé le nôtre
pour s'emparer de l'Egypte et pour plan-
ter son drapeau là où il lui convient de le
planter.
Rapa n'a pour nous qu'une valeur rela-
tive, vu son éloignement de Tahiti ; mais
c'est une position stratégique importante
dans l'océan Pacifique. Gardons Rapa,
puisque Rapa nous appartient et que les
Anglais le convoitent. Quant aux Nou-
velles-Hébrides, elles sont dans les eaux
de la Nouvelle-Calédonie ; nous y avons des
colons à protéger et des intérêts commer-
ciaux à défendre.
Nous y sommes, nous y resterons.
Louis HENRIQUE.
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Conseil des ministres
Les ministres se sont réunis hier matin à
l'Elysée, sous la présidence de M. Jules Grévy.
M. Sarrien, ministre de l'intérieur, a annon-
cé qu'il était convoqué aujourd'hui, ainsi que
le garde des sceaux, devant la commission de
la Chambre chargée d'examiner le projet de
loi sur l'affichage.
M. Sarrien a fait connaître le résultat des
négociations engagées entre li'S patrons et
les ouvriers verriers à la suite de l'interven-
tion du maire de Lyon. On espère que l'en-
tente se fera entre patrons et ouvriers.
M. Develle, ministre de l'agriculture, a
entretenu ses collègues de la discussion de
la loi sur les céréales. Il compte prendre la
parole sur l'article 10r du projet de la commis-
sion.
Le conseil supérieur de l'instruction
publique
Par arrêté du ministre de l'instruction pu-
blique, des beaux-arts et des cultes, la pre-
mière session ordinaire du conseil supérieur
de l'instruction publique en 1886 s'ouvrira le
22 juillet.
La durée de cette session sera de huit
jours.
L'Exposition de 1889
Le Journal officiel promulgue aujourd'hui
la loi relative à l'Exposition de 1889 qui vient
d'être votée par le Sénat.
Convocation d'électeurs
Les électeurs du canton de Florac (Lozère)
sont convoqués pour le dimanche 25 juillet,
à l'effet d'élire un représentant au conseil
général, en remplacement de M. Boyer, in-
génieur, décédé à Panama.
La mission de M. de Lanessan
M. de Lanessan, actuellement en Tunisie, a
visité la propriété de l'Enfida ces jours-ci. Il
s'est rendu compte de la beauté des vignobles
et de la création d'un centre de population
important où, il y a quatre ans, il n'y avait
que broussailles.
Déjà M. de Lanessan avait constaté au
cours de son voyage les efforts de la coloni-
sation française sur le territoire de Zaghouan.
Légion d'honneur
Parmi les nominations de la Légion d'hon-
neur qui vont être faites dans les beaux-arts,
on cite M. Paul Dubois. le statuaire, qui sera
fait commandeur.
M. Porel, directeur de l'Odéon, sera nom-
mé chevalier.
M. Marquet de Vasselot, l'auteur de la sta-
tue de Lamartine qu'on inaugure aujourd'hui,
sera également nommé chevalier.
M. Méaulle, ancien bâtonnier, avocat à la
cour d'appel de Rennes, va être nommé che-
valier de la Légion d'honneur.
M. Méaulle est le doyen du bareau français,
où il est inscrit depuis 1816. C'est le grand-
père de M. Lescure-Méaulle, le sympathique
attaché à la direction des affaires politiques
étrangères.
Promotion de généraux
Le ministre de la guerre a fait signer un
décret nommant deux généraux de division
et sept généraux de brigade.
Sont nommés au grade de général de divi-
sion les généraux de brigade Loizillon, com-
mandant la cavalerie en Algérie, en rempla'-
cement du général Chagrin de Saint-Hilaire,
admis au cadre de réserve, et Poizat, com-
mandant l'artillerie en Algérie, en remplace-
ment du général de Brives, admis au cadre
de réserve.
Sont promus au grade de général de bri-
gade les colonels Jaubert, du 8° d'artillerie,
en remplacement du général Gaume ; Petit,
du 13* de ligne, en remplacement du général
Dusan; Barbe, du 26e d'artillerie, en rempla-
cement du général Jobey; Labrune, du 131e
de ligne ; Larniraux, du 53e de ligne, en rem-
placement du général prince Murât, rayé des
cadres ; Guillet, chef d'état-major du 7° corps
d'armée, en remplacement du général Loi-
zillon, promu, et Renault-Morlière, directeur
de la cavalerie au ministère de la guerre, en
remplacement du général Poizat, promu.
M. le général Lebelin de Dionne est nommé
au commandement de la 24° division du 12e
corps.
M. le général Bouligny est nommé au com-
mandement de la brigade de cavalerie du 16°
corps.
M. le général Megnien est nommé au com-
mandement de l'artillerie en Algérie.
M. le général Renault-Morlière est maintenu
au ministère de la guerra.
M. de Munster
M. le comte de Munster, ambassadeur d'Al-
lemagne à Paris, va prendre ces jours-ci un
congé. Pendant son absence, M. le comte de
Redern, conseiller d'ambassade, le rempla-
cera.
Au ministère des finances
M. Sadi Carnot, ministre des finances, a
reçu, hier matin, la commission du concours
pour l'auditorat près la cour des comptes. Le
président, M. Féry d'Esclands, conseiller-
maître, lui a fait connaître les noms des
quatre candidats reconnus admissibles par la
commission, MM. Richard, du Breil, Gaignai-
son et Bocqoet.
M. Féry d'Esclands lui a remis en même
temps un projet de programme pour les pro-
chains concours, destiné à remplacer celui
de 1861.
QPESHOMS DU JOUR
Le projet de loi sur l'affichage
Depuis plusieurs jours, la commission
chargée de l'examen du projet de loi
sur l'affichage n'avait pas siégé, et l'on
avait annoncé même que le projet de-
vait être enterré par accord tacite du
gouvernement et de la commission ;
celle-ci, disait-on, devait renvoyer le
dépôt de son rapport aux calendes
grecques, Cependant, hier, elle s'est
réunie et a conféré avec le ministre de
l'intérieur et le garde des sceaux. Elle
n'a pris aucune décision et n'a fait
qu'écouter les ministres, se réservant
de discuter la question vendredi pro-
chain. Nous avons rapporté combien les
opinions sont divisées sur ce projet de
loi dans la majorité républicaine et, par
suite, au sein de la commission ; je ne
sais si les dispositions actuelles change-
ront au cours de la discussion publi-
que, mais je n'ai pas trouvé hier dans
les déclarations des deux ministres
d'arguments bien solides en faveur de
la cause qu'ils plaidaient. Tout au con-
traire ! 1
Il est superflu de rappeler que le but
du projet est d'empêcher les prétendants
d'afficher des proclamations. Beaucoup
de bons esprits, s'étant demandé si une
telle mesure d'interdiction serait effi-
cace, ont émis des doutes. Si les pré-
tendants, en effet, veulent s'adresser au
peuple et qu'on leur interdise d'afficher
leurs manifestes sur les murs, n'ont-ils
pas toujours des journaux, des images,
des feuilles volantes qu'ils pourront ré-
pandre à profusion après y avoir im-
primé tout ce qu'il leur plaira? Ce serait
un enfantillage de prétendre leur in-
terdire l'usage de la presse; dès lors,
quelle serait l'efficacité de-l'interdiction
des affiches ? Vous verriez d'ailleurs que
les monarchistes trouveraient encore
des moyens de tourner la loi en donnant,
par exemple, à une communication de
M. le comte de Paris un encadrement
de quelquei lignes et la contre-signature
de quelque ami qui serait censée cou-
vrir tout. Mais je n'insiste point. Ce qui
est évident, c'est que l'on n'empêchera
jamais l'un ou l'autre des prétendants
de porter à la connaissance du peuple
français tout ce qui lui plaira. Beaucoup
de personnes, il est vrai, croient que
les affiches produisent sur le public
plus d'effet que les distributions de
journaux ou brochures. On pourrait, me
semble-t-il, leur répondre que ce serait
peut-être une raison pour ne pas con-
trarier les prétendants dans leurs en-
treprises contre nos murailles. Quand
les gens les plus timorés auront vu les
semaines et les mois s'écouler aussi pai-
siblement qu'à l'ordinaire après que le
comte de Paris aura placardé les pro-
clamations les plus étourdissantes, alors
ils connaîtront la valeur de ces hâbleries
et n'en feront que rire.
Pour les deux ministres, les honora-
bles MM. Sarrien et Demôle, ils n'ont
pas été très heureux dans les explica-
tions qu'ils ont données. Ils ont déclaré
qu'ils se jugeaient armés déjà par cer-
tains articles de la législation existante :
s'il en est ainsi, à quoi bon demander
une loi nouvelle? D'autre part, ils ont
fait de la loi du 5 avril 1884 une inter-
prétation bien contestable en y trouvant
que les préfets ou les maires seraient en
droit d'interdire, de leur propre auto-
rité, l'affichage d'écrits susceptibles de
causer du désordre. « Il y a un droit de
police supérieure, » aurait dit l'honora-
ble M. Demôle. Tout ceci ne paraît rien
moins que prouvé, car, avec un tel
droit supérieur, on irait loin. Et puis,
en vérité, comment admettre que l'ap-
préciation du caractère séditieux ou
non séditieux d'une affiche soit laissée
aux maires, lorsque ces magistrats mu-
nicipaux diffèrent autant entre eux d'o-
pinions politiques que les conseils dont
ils ont reçu leur mandat? Tandis que
dans une commune l'affichage de pla-
cards orléanistes ou bonapartistes se
rait interdit, les mêmes placards pour-
raient s'étaler victorieusement surles
murs de la commune limitrophe ! Qui
ne comprend qu'il faut ici de l'unité,
et que, tout libéral ou tout décentrali-
sateur qu'on puisse être, on ne saurait
que repousser l'idée d'une espèce de
plébiscite municipal sur la royauté,
l'Empire et la République? Si l'on prend
le parti d'interdire l'affichage des mani-
festes princiers, il faudra donc que ce
soit partout; car il serait absurde que
de si graves dispositions légales ne
fussent point uniformément appliquées
dans l'entière étendue du pays.
Et maintenant, que décidera la com-
mission ? On ne saurait tirer aucun pro-
nostic de sa séance d'hier, puisqu'elle
n'a fait qu'entendre les ministres et s'a-
journer à vendredi. Elle aurait bien dû
(et du reste il en est temps encore) de-
mander au ministère de l'intérieur des
renseignements qu'il lui sera certaine-
ment possible de donner sur l'effet pro-
duit par le manifeste du comte de Paris
dans certaines localités où il a été affi-
ché. Pour nous, il nous est revenu, de
source que nous croyons bonne, que cet
effet a été nul. Mais il appartiendrait à
la commission d'obtenir sur ce point
des renseignements authentiques. Si les
placards orléanistes qui, depuis plu-
sieurs jours, ont été apposés en assez
grand nombre n'ont causé nulle émo-
tion, il serait essentiel de le savoir
avant d'entrer dans la discussion d'un
projet de loi de circonstance et d'excep-
tion.
EUG. LIÉBERT.
~o<*
La représentation des cantons
Le Sénat va discuter demain la proposi-
tion de loi, déjà adoptée par la Chambre
des députés, ayant pour objet de modifier
l'article 4 de la loi du 10 août 1871 et d'at-
tribuer deux conseillers généraux aux can-
tons dont la population est supérieure à
20,000 habitants. S'il en fallait juger par la
composition de la commission sénatoriale,
cette proposition rencontrerait au Luxem-
bourg une certaine résistance dont les rai-
sons sont exposées dans le rapport de M.
de Marcère.
L'honorable sénateur défend la thèse de
l'unité cantonale, et soutient que, les con-
seils généraux n'ayant à s'occuper que
d'affaires et non de politique, il n'y a pas
lieu de tenir compte du chiffre de la popu-
lation. Chaque canton étant représenté
par un conseiller a exactement le même
moyen que les autres cantons de faire va-
loir "!es inLérêLs. Aussi la commission con-
clut-eUe au rejet de la proposition.
Cette doctrine de l'unité cantonale peut
se soutenir par de bonnes raisons. Cepen-
dant il est à remarquer qu'elle n'est pas
absolue et que la loi de 1833, sur les con-
seils d'arrondissement, prévoit certains
cas où le canton aura deux conseillers. De
même, lorsque la Chambre était élue au
scrutin d'arrondissement l'unité électorale
était l'arrondissement. Cependant les ar-
rondissements les plus peuplés nommaient
deux députés. Personne ne s'en étonnait.
Le cas. prévu par le rapport, où un can-
ton aurait un conseiller supplémentaire
parce qu'il compterait 20.001 habitants et
où un autre cani on n'aurait qu'un conseiller
quoique comptant 19,999 habitants, pou-
vait aussi se produire pour les élections
législatives, et il peut se produire chaque
fois que l'on tient compte en quelque
mesure que ce soit du chiffre de la popu-
lation et que l'on se rapproche du système
de la proportionnalilé.
Le rapport reconnaît cependant que
certains cantons peuvent être trop peu-
plés. Dans ce cas, dit-il, c'est au gouver-
nement à les couper en deux, et s'il
trouve que les formalités prévues par la
législation actuelle sont trop compliquées,
il en peut proposer la simplification. L'ar-
gument n'est pas très fort. En ce qui con-
cerne les conseils généraux, le résultat
sera le même qu'avec la proposition de
loi. Il y aura de nouveaux conseillers gé-
néraux et l'on ne peut pas dire que ces
nouveaux conseillers représenteront des
intérêts bien distincts, car ce sont surtout
les agglomérations urbaines qui profite-
ront de la loi et la division en cantons y
est absolument factice. Mais l'établisse-
ment de nouveaux cantons a des inconvé-
nients que le rapport ne mentionne pas.
Le canton, étant une division administra-
tive, a une organisation. Il a son juge de
paix; il a ses officiers ministériels. La
création de cantons supplémentaires im-
plique la création de justices de paix,
c'est-à-dire une petite charge budgétaire ;
elle implique aussi la création de nou-
veaux offices ministériels et par consé-
quent une diminution dans la valeur des
offices existant.
Enfin, s'il est exact que les conseils gé-
néraux ne s'occupent pas de politique, il
faut ajouter que les conseillers généraux
sont investis d'un mandat politique éven-
tuel dans le cas fort improbable, du reste,
où la loiTréveneuc recevrait son application
et d'un autre mandat périodique, celui
de prendre part à l'élection des sénateurs.
Dans ce dernier cas, il n'est pas indiffé-
rent que les cantons très peuplés puissent
disposer d'un pouvoir électoral plus con-
sidérable que les cantons moins peuplés.
Lorsque le Sénat fut institué, la base élec-
torale était l'unité de vote. La commune
nommait un délégué ; le canton nommait
aussi son délégué qui était le conseiller
général. Mais la nouvelle loi électorale du
Sénat a attribué aux communes un nombre
de délégués, proportionnel au nombre des
conseillers municipaux, lequel est lui-
même proportionnel au chiffre de la popu-
lation. Il n'y a donc plus de motif pour
maintenir rigoureusement, en regard du
canton, la base électorale qui a été aban-
donnée pour la commune.
La proposition dont le Sénat est saisi
n'entraîne aucun inconvénient. Elle donne
satisfaction à des intérêts légitimes. Nous
ne voyons donc pas quelles raisons le Sénat
pourrait avoir de la rejeter.
^— i,,.
Nous avons aujourd'hui des renseigne-
ments complémentaires sur les déposi-
tions faites avant-hier devant la commis-
sion de Panama. D'après le Voltaire, M.
Ferdinand de Lesseps, répondant à une
question de M. Barbe, aurait affirmé que,
selon lui, la Compagnie de Panama ne se-
rait pas embarrassée pour placer 600 mil-
lions d'obligations, même si elle n'obte-
nait pas l'autorisation d'émettre des va-
leurs à. lots. « Il suffirait, aurait dit M. de
Lesseps, de faire un peu de propagande,
notamment en province. » Voilà une ré-
ponse de nature à lever bien des scrupules.
Il n'y a pas un député qui soit, en prin-
cipe, partisan de l'intervention de l'Etat
dans l'affaire de Panama; si beaucoup hé-
sitent, c'est qu'on leur a dit que, si elle
n'obtenait pas l'autorisation qu'elle solli-
cite, la Compagnie de Panama ferait fail-
lite. Or, du moment où M. de Lesseps dé-
clare formellement le contraire, l'hésita-
tion n'est plus possible ; il n'y a plus de
raison pour voter en faveur de cette Com-
pagnie une loi d'exception. Au point de
vue français, qui devrait seul guider les
déterminations du gouvernement et les
votes du Parlement, il ne manque pas
d'entreprises plus intéressantes que la
Compagnie de Panama. Pourquoi donne-
rait-on l'autorisation d'émettre des lots à
l'une plutôt qu'aux autres ?
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Les droits sur les blés. — L'emprunt
de Paris
Ah ! ce pauvre M. Buyat ! lui en a-t-on
donné de la tablature 1 On ne dira plus que
la présence au fauteuil d'un vice-président
est le présage d'une journée paisible. Sauf
le temps occupé par les discours de MM.
Méline et Yves Guyot, tout le reste de cette
longue séance, qui n'a fini qu'à huit heu-
res, a été une série de cris, de vociféra-
tions et d'orages.
On parlait sans avoir obtenu la parole.
On votait sans savoir sur quoi ; c'était un
tohu-bohu de tous les diables, et par l'uni-
que faute de la Droite.
Vraiment la Droite n'a pas eu le beau
rôle hier. Elle a prouvé que toute sa pen-
sée est d'empêcher les affaires de s'expé-
dier ; elle a prouvé que le fameux cri : « Les
céréales ! » n'est qu'un système d'obstruc-
tion. Elle a prouvé aussi qu'il faut le ma-
ter pour avoir le droit de vivre.
La façon écœurante dont certains mem-
btes de la Droite qui se disent gens du
monde, et dont nous regrettons de ne pas
savoir les noms, sont venus apostropher
M. Buyat à la tribune, en tournant indé-
cemment leur derrière à la Chambre, dé-
montre assez quelles scènes de violence
elle se paierait si M. Floquet ne lui faisait
pas la grosse voix quand c'est nécessaire.
- Malheureusement M. Buyat n'a pas une
grosse voix, et tous les poltrons de la
Droite en ont profité pour lui courir sus.
*
★ -fc
La chose a commencé avec une simple
affaire d'intérêt local. M. Goblet priait la
chambre de ne pas remettre après les cé-
réales, c'est-à-dire après les kalendes grec-
ques, une loi qui autorise la ville de
Nantes à faire les opérations exigées pour
le fonctionnement de ses écoles primaires.
Un inconnu qui répond au nom de Liais
a tempêté là-dessus pendant une demi-
heure. Finalement, M. Goblet l'a em-
porté. Mais les maladroits de la Gauche
que des peurs chimériques entrainent en
ce moment à faire alliance avec la Droite
sur la question des céréales ont bien failli
donher tort à M. Goblet.
* +
Le calme est revenu avec le discours de
M. Méline, calme forcé, non seulement
parce que la voix de l'orateur était infini-
ment plus faible que celle de M. Ilouvier
souurant, mais encore parce que l'argu-
mentation du président des protection-
nistes était tout ce qu'on peut imaginer
de plus somnifère.
Rien de nouveau. Des idées cent fois
étalées, cent fois ressassées. La loi de
1884 n'a pas encore produit de famine.
Donc il faut aller de l'avant. Elle n'a pas
enrichi les grands propriétaires. Donc il
faut la remplacer. M. Méline traite presque
de gens imprévoyants les protectionnistes
qui ont voté la loi de 1884. Ce jugement
est le point le plus curieux de son dis-
cours.
Il y a aussi pas mal de sophismes qui
se retourneraient contre les demandeurs,
nous ne voulons pas dire contre les men-
diants, car il s'agit de grands propriétaires.
Suivant M. Méline, les agriculteurs ont
acheté depuis vingt ans pour un demi mil-
liard de machine. M. Méline en conclut qu'il
faut donner des primes à ceux qui ont fait
ces opérations. Nous en concluons qu'une
affaire pour laquelle on tente de pareilles
opérations n'est pas si mauvaise qu'on le
prétend.
M. Méline emprunte sa péroraison au
discours de M. Deschanel. Il demande à la
Chambre si elle veut condamner à l'émi-
gration ces braves paysans qui sont la pé-
pinière de notre armée. Il rappelle les
grandes émigrations anglaises succédant
aux transformations de culture opérées
chez nos voisins.
C'est là de la sensiblerie mal placée.
L'Angleterre a exporté ses fils de tout
temps et nous voudrions avoir les
mêmes habitudes dans notre sang, car
alors le problème colonial se résoudrait
tout seul.
*
* *
Les applaudissements recueillis par M.
Méline ne sont pas chauds et nourris
comme ceux qu'avait obtenus M. Rouvier
la vèiIle. Mais ils ont la sécheresse arro-
gante de gens qui se croient sûrs de leur
vote.
Si sûrs qu'ils crient déjà : « La clôture! »
Mais M. Yves Guyot montre qu'il serait
peu honorable d'empêcher de répondre au
président de la commission et on laisse
parler M. Yves Guyot.
Dans un discours plein d'humour, M.
Yves Guyot attaque par le ridicule les so-
phismes que M. Rouvier avait attaqués par
les principes. Il fait danser successive-
ment devant la Chambre les trois spectres
dont les protectionnistes se sont servis
tour à tour.
Il montre d'abord le spectre russe. Ce-
lui-là s'est démené pendant l'Empire. On
ne lui a pas cédé. Il a disparu et, malgré
le droit infime de 60 centimes, il n'a jamais
fait de mal.
Le spectre américain l'a remplacé. Il
n'a pas eu beaucoup plus de succès. Pour-
tant, avant de disparaître) il a réussi à
faire voter le droit de 3 francs. Maintenant
on nous menace du spectre indien pour
obtenir le droit de 5 francs. Il n'est pas
plus redoutable que les précédents. Ce
sont quelques spéculateurs en matière
électorale et peut-être quelques spécula-
teurs en d'autres matières qui le font pa-
raître redoutable.
*
* +
Personne ne répond à M. Yves Guyot.
On vote la clôture, et le rapporteur, M. de
Roys, demande l'urgence. M. Achard pro-
teste contre cette précipitation avec des
paroles indignées. Il déclare qu'une as-
semblée républicaine ne peut pas plus sur-
taxer le pain du peuple que restreindre le
suffrage universel.
Néanmoins l'urgence est votée par 307
voix contre 257. Mais M. Rouvier obtient
vingt-quatre heures de réflexion pour le
grave scrutin sur le passage aux articles.
Alors le charivari du début recommence.
M. Camille Dreyfus prie la Chambre de vo-
ter l'emprunt de Paris tel que le Sénat l'a
approuvé, afin de distribuer du travail le
plus tôt possible. La Droite ne veut pas.
Elle se masse au pied de la tribune. Elle
envoie plusieurs membres écumer sur les
têtes des sténographes. Il y en a à qui cette
distraction ne suffit pas et qui se retour-
nent vers le président pour lui montrer le
poing.
Les plus ridicules scènes de 1849 nous
sont données par la Droite. C'est à droite
que siège la fameuse Montagne si connue
des vieux parlementaires.
M. Dreyfus tient bon et il fait voter
l'emprunt de Paris. La même scène re-
commence avec un rapport de M. Thom-
son qui demande, pour ordre, un vire-
ment de crédit destiné à ouvrir une école
française en Egypte. Il s'agit d'écoles. La
Droite furieuse s'abstient, afin de rendre le
scrutin nul. On recommencera jeudi.
La Droite fait décider ensuite que les
contributions directes ne viendront qu'a-
près les céréales. Nous la remercions de
ce dernier vote qui apprendra au pays le
cas qu'elle fait du fonctionnement des
conseils généraux.
Docteur RALPF.
SÉANCE DU SÉNAT
MM. les sénateurs ayant pris la résolu-
tion de ne parler des sucres que jeudi et
d'ajourner à l'année prochaine la seconde
délibération de la loi sur la chasse, rien
ne restait à l'ordre du jour ; il fallait lever
la séance après l'avoir ouverte. C'est ce
que les honorables membres de la Cham-
bre haute se sont décidés à faire ; à peine
M. le ministre de l'intérieur a-t-il eu le
temps de déposer un projet de loi portant
'répartition du fonds de quatre millions
pour subvention aux départements : déjà
tout le monde élait parti 1 Il ne fait pour-
tant pas très chaud dans ce vaste et som-
bre palais du Luxembourg.
H. V.
LA VIE.DE PARIS
L'affaire Meyer-Drumont a un épilo-
gue assez curieux, et qui demande
qu'on s'y arrête un instant. Un de nos
confrères, M. le directeur de la France,
jugeant que le grand bruit fait autour
du nom de M. Drumont pourrait être
profitable à un journal où il écrirait,
demanda à l'auteur de la France juive
de vouloir bien devenir son collabora-
teur. M. Drumont y mit des façons. « Vous
verrez, disait-il, que vous ne publie-
rez pas mes articles. « — Je vous dis
que oui. — Je vous assure que non. »
Bref, pour conclure, M. Drumont en-
voya un article que la France n'inséra
pas. En revanche elle donne, ce soir,
une lettre de M. Drumont qui annonce
son départ de la France. « Je tiens à
constater, dit M. Drumont, que je sors
de la France, où d'ailleurs je ne suis
jamais entré. » Et, à la suite de cette
déclaration, vraiment plaisante et de
bonne humeur, M. Drumont nous laisse
prendre une idée de l'article non inséré
par M. le directeur de la France.
Dans cet article, M. Drumont, paraît-
il, revisait le procès où il vient de figu-
rer comme témoin et se plaignait de la
façon dont la justice avait été rendue.
Selon lui, le procès n'a pas eu l'issue
qu'il eût dû avoir. Pour un rien, M. Dru-
mont dirait que les magistrats étaient
tous des israélites! En tout cas, il nous
promet de ne pas laisser les choses
ainsi, et nous annonce que le procès se-
ra l'objet de ses critiques dans un pro-
chain livre, et qu'il y dira sa pensée
sur « l'escrime sémite ». Hé bien ! tout
justement parce que je n'ai pas ménagé
à M. Drumont la part de sympathie où
il avait droit, je regrette cette résolu-
tion qu'il a prise de revenir sur le ju-
gement de la chambre correctionnelle.
On a bien vingt-quatre heures pour
maudire ses juges et il est amusant de
voir les condamnés profiter du dicton.
Mais M. Drumont n'a point été condam-
né. Il a eu toute latitude soit pour porter
directement plainte contre son adver-
saire, soit pour se porter partie civile.
Il a librement déposé, ainsi que ses té-.
moins. Il semble que, cela fait, il n'y
eût plus eu pour lui qu'à garder le si-
lence et à ne pas saisir de nouveau
l'opinion d'une affaire qui a été, en
somme, réglée selon le sentiment du pu-
blic.
Puisque j'ai parlé ici avec là plus
grande franchise du cas où M. Meyer
avait été mis par son attitude sur le ter-
rain et par le procès que le parquet in-
tentait contre lui, je crois qu'il est de
stricte justice de dire un mot du juge-
ment. Ce jugement, d'ailleurs, est des
plus intéressants. La jurisprudence,
peut-on dire, a pris les devants d'une
réforme de la loi. Celle-ci, vous le savez,
ne reconnaît pas le duel. Autrefois, en
cas de duel, on poursuivait les combat-
tants et les témoins au nom du délit,
prévu par le Code, de coups et blessures
volontaires, et on les condamnait —
très légèrement d'ailleurs. —Mais depuis
des années le parquet a laissé les duel-
listes tranquilles. Il ne leur imposait
même plus de faire signer par leurs
témoins, en les datant de la frontière
belge, le procès-verbal des rencontres
qui avaient lieu au Vésinet. Il y a eu
des duels suivis de mort qui n'ont pas
amené de poursuites. Et si on a pour-
suivi M. Meyer, ce n'est pas pour s'être
battu, pour avoir blessé M. Drumont,
mais sous l'inculpation, plus grave, de
s'être mal battu, comme disent les
sportsmen, de s'être battu avec dé-
loyauté, pour ne pas fuir le mot brutal.
Cette façon d'envisager l'affaire lui
donnait un caractère particulièrement
grave. Ce n'est pas un délit léger qu'on
reprochait au directeur du Gaulois, un
délit que nous avons presque tous com-
mis et qui est loin de nuire à la réputa-
tion d'un homme : c'est son honneur
qui était en cause. Le tribunal de police
correctionnelle, en réalité, a été un jury
d'honneur, et il a renvoyé M. Meyer in-
demne. Les considérants du jugement,
en effet, établissent que M. Meyer avait
été offensé gravement. Ils lui recon-
naissent le droit à une réparation par
les armes. Ils ajoutent, jugeant tout à
fait en arbitres des choses de l'escrime,
que les témoins, en permettant le corps-
à-corps , devaient s'attendre à voir le
combat redevenir instinctif et que, par
conséquent, les incorrections de la lutte,
involontaires, non préméditées, doivent
être regrettées, mais étaient inévita-
bles.
Il est bien évident que M. Meyer ne
peut être accusé d'avoir voulu se don-
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pris, des règles convenues du duel. Là-
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