Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-11-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 novembre 1891 14 novembre 1891
Description : 1891/11/14 (A21,N7243). 1891/11/14 (A21,N7243).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
Vin et-et-unième année. — N® 7,S/t3 CINQ Cent-iùmes - Paris et Départeinents CINQ Centimes 'SAMIiDI 1h NOVEMBRE i89[
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EMPRUNT
DU CRÉDIT FONCIER
AVIS
* Nous rappelons à ceux de nos abonnés
qui ont souscrit par notre intermédiaire
tu, l'Emprunt du 6 octobre qu'ils doivent
,-nous faire parvenir le plus tôt possible
Mc DEUXIÈME VERSEMENT DE W
WRANCS par obligation souscrite, sous
ipeine d'avoir à subir des intérêts de
retard, la délivrance des certificats pro-
visoires étant indiquée par le CRÉDIT
'l'°NCIER du 10 au 15 novembre.
1UN DILEMME
E, n écoutant M. Reinach faire l'é-
loge des humanités anciennes, plus
d'un député se sentait rajeuni et s'ap-
prêtait à recevoir sa couronne des
Wains de M. Floquet. Entre l'Officiel
de ces jours-ci et les palmarès de nos
dernières distributions de prix, il n'y
(.a pas une grande différence, et elle est
-toute à l'avantage de l'orateur parle-
mentaire qui a réussi à rafraîchir des
«lieux communs passablement démo-
Ués et à rappeler l'attention publique
tsur une cause dont les arguments s'é-
puisent plus vite que les avocats.
Si la décadence des études gréco-
latines est un mauvais cas, il faut con-
fesser qu'il n'est pas niable; et M. Rei-
nach deviendrait demain ministre de
'l'instruction publique, qu'il serait im-
puissant à remonter le courant. Il est
vrai que les élèves ne savent plus de
latin, mais dans quelques années ils
auront une excuse, c'est que leurs
professeurs n'en sauront pas davan-
tage.
v Si nous parcourons, en effet, le rap-
port sur le concours de l'agrégation
des lettres en 1891, nous voyons que
ci la grande maj orité des candidats
écrit médiocrement en latin », que
cette faiblesse est presque générale
et non seulement pour la pureté, mais
pour la correction.». La version la-
tine ne se porte pas mieux. Les thè-
mes grecs renferment « de nombreu-
ses incorrections Ye, et soixante-dix
candidats sur quatre-vingt-dix-neuf
restent au-dessous de la moyenne.
pour peu que cela dure, on pourra,
au vingtième siècle, appliquer aux
langues mortes la définition que Vol-
taire donnait de la métaphysique :
parler de ce qu'on n'entend pas à des
gens qui ne l'entendent pas davan-
tage. Ce qui est plus piquant, c'est
que, d'après ce même rapport, l'étude
pt l'explication des textes français
sont en progrès noabl, si bien que,
dans cette agrégation des lettres an-
ciennes, ce sont les humanités mo-
dernes qui passent encore au premier
plan.
Mais faut-il croire, en vérité, que
tout soit perdu si les langues ancien-
nes ne sont plus ni enseignées ni com-
prises ? Et les destinées de la France
sont-elles vraiment suspendues à Cette
question du latin ?
Parmi les raisons qu'a si bien fait
.'valoir M. Reinach en faveur de l'anti-
quité, il en est une sur laquelle il a
particulièrement insisté et qui était
bien digne, en effet, de l'attention
d'un corps politique. Les anciens
étaient les éducateurs des vertus ci-
viques, indispensables dans une dé-
mocratie et dans une république.Donc,
affaiblir l'étude de l'antiquité, c'est
affaiblir du même coup les institutions
crui nous régissent.
En vérité, si l'enseignement mo- j
derne était une menace pour l'avenir
de la démocratie, c'est dans les rangs ;
des partis adverses qu'il aurait trouvé
ses plus fermes défenseurs, trop heu-
reux de tourner cette machine de
guerre contre la République. Or, c'est
Trécisément le contraire qui s'est pro-
duit. Au cours de cette campagne di-
rigée contre le nouvel enseignement
à la Chambre comme darffc la presse,
c'est presque toujours, à part quel-
ques brillantes exceptions, dans les
rangs de la droite et de la réaction
que les classiques intransigeants ont
recruté leurs meilleurs auxiliaires.
'- Il suffit, du reste, de réfléchir un
peu pour reconnaître que l'idéal des
sociétés antiques n'est pas précisé-
ment le modèle qu'il convient d'offrir
à une démocratie comme la nôtre. Des
trois grandes idées de notre devise
républicaine, il en est deux que les
anciens ont totalement ignorées ; l'é-
galité et la fraternité. Et quant à la
liberté, elle n'a jamais été dans l'anti-
quité qu'un privilège au profit d'une
caste aristocratique opprimant une
tourbe d'affranchis et d'esclaves. Que
de misères morales sous ces humani-
tés brillantes, à commencer par le
méprxS de l'humanité 1 Le citoyen de
Rome ou d'Athènes est assurément
beaucoup plus près du baron féodal
que du citoyen moderne. -. '.-->
-.'---:1' -
Et puis, comme l'a fait remarquer
le ministre de l'instruction publique,
cette admiration exclusive de l'anti-
quité ne fait-elle pas trop bon mar-
ché de notre histoire et de nos lettres
nationales? Pour trouver la source
des sentiments généreux, des vertus
civiques, de l'amour de la liberté et
de l'humanité, est-il donc besoin de
remonter si haut? Ne peut-on deman-
der des leçons ou des exemples aux
philosophes du dix-huitième siècle,
aux hommes de la Révolution, aux
poètes, aux orateurs, aux historiens
qui ont honoré le nôtre, qui, du reste,
sont déjà des classiques et dont l'ac-
tion sur la jeunesse sera d'autant plus
puissante qu'ils ont créé la société où
elle est appelée à vivre ?
M. Reinach regrette qu'on ouvre
aux bacheliers modernes l'accès des
fonctions publiques et des grandes
écoles du gouvernement. Il oublie que
ces fonctions et ces écoles se recru-
tent par voie de concours et qu'on ne
donne en réalité à ces jeunes gens que
le droit de faire leurs preuves à côté
de leurs aînés de l'enseignement gréco-
latin. Or. iusau'à Drésent. là ou les
études modernes sont fortement cons-
tituées, ces jeunes gens n'ont rien à
redouter de la comparaison.
- Voici, par exemple, le collège Chap-
tal, le vrai type du collège classique
français. Si nous consultons le ta-
bleau des élèves qu'il fait admettre
chaque année à l'Ecole polytechni-
que, nous trouvons que la moyenne
des admissions est sensiblement supé-
rieure à celle des principaux lycées
de Paris. Et pour répondre d'avance
à ceux qui attribueraient ces résul-
tats à une préparation hâtive et su-
perficielle, nous ajouterons qu'une
fois entrés à i'école, ces jeunes gens
ont justifié leur succès en gagnant
presque touj ours des places.
T -- .J. 1 « /-t ■! Il .-V »-v /I A -M
LOllL Ut; tl-uuvur qUv iiup uc ucti-
rières soient ouvertes aux bacheliers
qui n'ont fait ni grec ni latin, nous
voudrions, au contraire, qu'aucune ne
leur fût fermée. C'est à ce moment
que le dualisme ne sera plus un vain
mot et que les deux enseignements
parallèles se trouveront également
bien armés. Et alors nous poserons ce
dilemme à M. Reinach et à ses amis :
Ou l'infériorité des bacheliers mo-
dernes ne leur permettra pas d'entrer
en ligné avec leurs rivaux, et, en ce
cas, tomberont vos inquiétudes; ou
ils feront preuve d'une culture équi-
valente, et, en dépit de vos présomp-
tions sur la faiblesse originelle de ces
études, ils soutiendront la lutte avec
avantage, et c'est votre argumenta-
tion qui tombera.
André Balz.
Le XIX" SIÈCLE publiera demain la
a Chronique », par Francisque Sarcey.
MORT DU COLONEL MASSOL
On annonce la mort de M. Massol, qui fut
colonel de la garde républicaine.
On n'a pas oublié que M. Massol fut mis
à la retraite, il y a deux ans environ, au
moment de la période boulangiste. Il était
soupçonné d'avoir des tendresses pour le
général Boulanger et ses amis.
- Le colonel Massol avait 62 ans ; il était
commandeur de la Légion d'honneur et
décoré de la médaille militaire.
LA SANTÉ DE M. TAVERNIER
On annonce que M. Tavernier, président du
conseil d'administration de la Compagnie des
omnibus, est à toute extrémité.
DÉMISSION
D'UN CONSEILLER MUNICIPAL
DE GENTILLY
M. Gras, conseiller municipal de Gen-
tilly, vient d'adresser sa démission au pré-
fet de la Seine, considérant qu'il n'a été
élu que par 257 voix sur 600 votants et plus
de 1,900 inscrits, et qu'il ne se trouve pas
l'autorité morale nécessaire pour siéger
dans ces conditions.
On sait que les électeurs de Gentilly ont
nommé par deux fois une liste d'inéligi-
bles pour protester contre le sectionnement
électoral de la commune, qui donne, à leur
avis, trop d'importance aux électeurs hos-
pitalisés de Bicêtre.
LE DUC D'ORLÉANS ET Mme MELBA
Londres, 12 novembre.
Le duc d'Orléans est arrivé mardi à
Stowe-House. Il avait pris le train de onze
heures à Londres. Le plus grand secret
avait été gardé au sujet de ce départ par le
personnel de la gare. Quelques directeurs
de journaux avaient été priés de n'annon-
cer l'arrivée du prince que dans quelques
jours seulement.
Deux personnes, qu'on suppose être sir
Charles Russell, avocat de Mme Melba, et
M. Georges Lewis, avocat du duc d'Orléans,
se sont rendues mercredi matin à Stowe-
House, où elles ont eu une longue entrevue
avec le comte de Paris et le duc d'Or-
léans.
Au sujet du cartel envoyé au prince par
le capitaine Armstrong, les amis du duc
d'Orléans disent que le comte de Paris ne
lui permettra pas de se battre. D'ailleurs,
ils ajoutent que, en sa qualité de prince
royal, le duc d'Orléans, se trouve placé dans
l'impossibilité d'accepter une reoontre.,
VINDICTE OUVRIÈRE
Berlin, 13 novembre. — Les mineurs de Kœ-
nigshutte, en Silésie, ont assassiné en plein
jour, sur la promenade publique, l'inspecteur
Breitscheidel, à qui ils en voulaient depuis
[ IWgteoaps.. , :
lA JUSTICE POUR TOUS
LES FANTAISIES D'UN BUREAUCRATE
L'assistance judiciaire à Paris.— Douze
mille affaires par an. — La création
d'une sixième section.
La question des frais de justice est une
de celles qui, à juste titre, préoccupent le
plus l'opinion publique. Il est inique et
profondément immoral qu'en dépit de la
gratuité prétendue des jugements, des ar-
rêts, des sentences, celui qui ne peut pas
fournir de provision à l'huissier, à l'avoué,
à l'agréé, à l'avocat, soit dans l'impossi-
bilité absolue de faire rendre la justice à
laquelle il a droit en - théorie, - mais -- en
théorie seulement.
Dans la pratique, c'est une tout autre
affaire. Si les arrêts ne se paient pas, si
l'intégrité des magistrats à tous les degrés
de la hiérarchie judiciaire est, en France,
une règle qui ne souffre pour ainsi dire pas
d'exception, il n'en est pas moins vrai que
la justice est à un prix exorbitant.
On citait récemment, ici même, des chif-
fres et l'on a pu voir comment, pour un
procès de minime importance, les frais de
toute nature, impôts de timbre et d'enre-
gistrement, honoraires scandaleux souvent,
des officiers ministériels, s'élèvent quel-
quefois au double ou au triple de la valeur
de l'objet du litige;
Si le projet de M. Brisson a été accueilli
avec une extrême faveur, bien qu'il n'ait
pas pour but la diminution, mais une sim-
ple transformation des taxes judiciaires,
c'est qu'il n'est personne, petit ou grand,
riche ou pauvre, qui n'ait été plus ou
moins étrillé par la main de dame Justice.
Tout le monde connaît le dicton : « Un
mauvais arrangement vaut mieux qu'un
bon procès ", et cela est si vrai que les
gens d'expérience préfèrent souvent renon-
cer à un procès, tout en ayant la certitude
de le gagner, parce qu'ils savent que, même
en triomphant sur toute la ligne, ils en se-
ront toujours pour une forte somme.
iJarvienara-t-on jamais a omenu- ia jus-
tice absolument gratuite? Gratuite, c'est de-
mander beaucoup! A bon marché, ce serait
déjà quelque chose.
Les petites gens
Il existe bien une loi, âgée d'une quaran-
taine d'années, la loi sur l'assistance judi-
ciaire, en vertu de laquelle l'indigent peut
être admis à intenter une action en justice
ou à y défendre, après l'accomplissement
de certaines formalités et la décision favo-
rable d'un bureau établi auprès du tribu-
nal civil de chaque aprondissement. L'as-
sistance Judiciaire rend des services, mais
UÍuquement a ceux des citoyens qui sont
dans un état d'indigence absolue. Or, il
existe toute une catégorie de contribuables,
petits commerçants, petits cultivateurs,
empfoyés, etc., qui, sans être indigents,
n'ont pas les ressources nécessaires pour
supporter les charges d'un procès.
La loi du 22 janvier 1851 a laissé de côté
cette catégorie nombreuse et intéressante
de justiciables.
Il faut de deux choses l'une : ou qu'ils
renoncent à se défendre si on les attaque,
ou qu'ils s'engagent mal armés dans les
sentiers inextricables — pour les petites
bourses — du labyrinthe judiciaire.
La loi à Paris
A Paris, cependant, la loi du 22 janvier
1851 est généralement appliquée dans un
esprit plus démocratique et plus large
qu'en province, où les officiers ministériels
qui font partie des bureaux s'efforcent de
restreindre le plus possible les procès dont
ils n'ont à tirer que de maigres profits.
Hélas ! même à Paris, les meilleures in-
tentions, les bonnes volontés les plus évi-
dentes sont quelquefois paralysées par
l'opposition stupide et malveillante d'une
bureaucratie que l'Europe aurait tort de
nous envier.
L'année dernière, le conseil général de la
Seine, ayant reconnu que,dans l'intérêt des
citoyens pauvres, il y avait urgence à ne
pas laisser s'accumuler les dossiers soumis
à l'examen du bureau d'assistance judi-
ciaire, s'empressa de voter le modeste cré-
dit nécessaire à Piastallation d'une section
nouvelle.
Les fonctions de membre du bureau d'as-
sistance judiciaire sont absolument gra-
tuites, et le crédit ne sert qu'à des dépenses
de matériel, de chauffage, d'éclairage et de
correspondance. Considérées comme ho-
norables, elles n'en sont pas moins accep-
tées sans difficulté par les avocats, les
avoués et les fonctionnaires choisis pour
examiner et instruire les requêtes de l'in-
digence. .u
Il n'y en a pas moins de douze mille par
an. Douze mille affaires pour lesquelles de-
mandeurs et défendeurs sont convoqués
gratuitement au Palais de Justice afin d'ex-
poser leurs griefs. Demandes en divorce
de femmes abandonnées par leur mari ;
demandes en pensions alimentaires par des
parents âgés et infirmes que le bureau de
bienfaisance ne nourrit pas suffisamment ;
actions en désaveu de paternité; dommages-
intérêts pour cause d'accidents, etc., etc.;
le bureau d'assistance judiciaire de Paris
statue annuellement, à lui seul, sur plus
d'affaires que cinquante petits tribunaux
d'arrondissement.
A la tête de ce bureau se trouve un des
hommes les plus respectés du Palais, M.
Boulloche, qui, depuis plus de trente ans,
consacre son dévouement et son activité à
une magistrature aussi honorable que gra-
tuite.
C'est sur sa demande que, l'an dernier,
le conseil généralMe la Seine vota la créa-
tion d'une section nouvelle.
Décret et application
Il était urgent de ne pas laisser attendre
indéfiniment les pauvres diables qui ont
recours à l'assistance judiciaire. Un décret
sanctionna le vote du conseil général, et au
mois de juillet dernier on installait en
séance solennelle les cinq délégués néces-
saires, d'après la loi du 22 janvier 1851,
pour qu'un bureau puisse fonctionner ré-
gulièrement.
Avant la création de cette nouvelle sec-
tion (la sixième), vingt-cinq membres se
partageaient l'étude de douze mille dos-
siers. Chacun en examinait près de cinq
cents par an ; mais, malgré le zèle de ces
honorables membres, les affaires ne mar-
chaient pas assez vite.
M. le substitut Vignon, qui présidait la
séance d'inauguration de la sixième sec-
tion, signala lui-même l'intérêt qu'il y avait
à statuer dans le plus bref délai possible
sur toutes les requêtes soumises au bu-
reau.. :
çcenfin, dit-il en propres termes, nous
aUons pouvoir marcher. »
M. le substitut Vignon, M. le président
Boulloche, les membres du bureau et les
justiciables avaient compté sans la bureau-
cratie.
Le rond-de-cuir réformateur
Personne ne supposait alors qu'un mé-
chant commis allait pouvoir enrayer la
marche régulière d'un grand service démo-
cratique.
C'est cependant ce qui vient d'arriver.
Un rond-de-cuir obscur de la direction
générale de l'enregistrement, sous prétexte
que le service de l'assistance judiciaire
emploie six agents deux jours par semaine,
a jugé bon, d'un trait de plume, de sup-
primer ce qu'avaient fait d'un commun ac-
cord le conseil général de la Seine et le
parquet du procureur de la République.
Ce rond-de-cuir adressa à M. le président
Boulloche une lettre par laquelle il l'in-
formait que les inspecteurs de l'enregistre-
ment qui font partie du bureau ont reçu
l'ordre de ne plus collaborer désormais à
l'étude des dossiers et à la rédaction des
rapports. -
Avant le vote du conseil général, le chef
du parquet de la Seine et le président de
l'assistance reconnaissaient qu'il n'y avait
pas assez de vingt-cinq membres pour étu-
dier dans une année douze mille dos-
siers.
On ajouta une section, ce qui porta les
membres du bureau de vingt-cinq à
trente.
La fantaisie d'un rond-de-cuir qui n'a-
vait sans doute rien de mieux à faire in-
tervient aussitôt.
: — Supprimons-en six, fait le person-
nage ; comme cela ils ne seront plus que
vingt-quatre, un de moins qu'avant la ré-
forme.
Dans sa simplicité, ce fait est extrême-
ment intéressant. Il montre comment, en
France, on ne peut parvenir à réaliser pour
ainsi dire aucune réforme.
La réforme des frais de justice! le déve-
loppement de l'assistance judiciaire! Com-
ment donc ! Tout le monde s'y intéresse !
Tout le monde s'en occupe! Les corps élus,
la magistrature! On va pouvoir marcher!
Crac ! un bureaucrate prend une feuille de
papier. Le progrès, la démocratie! Est-ce
que çà le regarde ? Et le bureaucrate rase
tout ce que les autres ont fait.
Ab uno disce omnes.
LE RÉGIME DU COUP D'ETAT
AU BRÉSIL
(D'UN CORRESPONDANT)
Rio-de-Janeiro, 12 novembre.
Tous les journaux de Rio-de-Janeiro ont
été suspendus, à l'exception de trois, le
Jornal Commercial, les Novidades et le
Correo, qui sont favorables au dictateur.
M. le comte de Figuiei-edo, ancien prési-
dent de la Banque nationale du Brésil, au-
jourd'hui fusionnée avec la Banque des
Etats-Unis du Brésil et devenue Banque de
la République, a été l'objet de poursuites
et s'est réfugié au consulat britannique de
Rio-de-Janeiro.
Des sentiments de rivalités divisaient de-
puis longtemps le comte de Figuieredo et
le président actuel de la Banque de la Ré-
publique, M. Mayrink, et cette rivalité ex-
plique les poursuites exercées à l'instiga-
tion de celui-ci.
Le président de la banque de la Républi-
que, en effet, à la confiance du chef du
gouvernement dictatorial et à cause de cela
se trouve tout-puissant.
Les membres du Congrès brésilien cher-
chent asile dans les diverses légations à
Rio-de-Janeiro.
Le gouvernement de l'Uruguay, alarmé
à la suite de la situation menaçante du
Brésil, a concentré des troupes à la fron-
tière.
La contre - révolution à Rio-Grande-
do-Sul.
New-York, 12 novembre.
Suivant des dépêches reçues par Buenos-
Ayres, une révolte aurait éclaté, dans la
nuit du 9 novembre, dans l'Etat de Rio-
Grande et se serait étendue rapidement
dans la plus grande partie de l'Etat.
- Les insurgés auraient à leur tête les gé-
néraux Fernandez et Santa-Anna.
On dit que la garnison de Yuguaron s'est
jointe aux insurgés; l'artillerie aurait suivi
le mouvement.
Le gouverneur dictateur de Rio-Grande a
demandé des renforts au gouvernement
central, représentant sa position comme
difficile.
Le président da Fonseca a envoyé aussitôt
quatre canonnières, trois monitors et deux
transports avec des troupes.
Des avis de Sao Jose do Norte disent que
deux autres garnisons de Rio-Grande se
sont jointes aux insurgés.
Les chefs de la révolution seraient le
baron Jijuk, les généraux Asropillo et
Fravares. --
Leur but parait être la formation d'un
parti national, composé de libéraux et de
conservateurs, en opposition au président
da Fonseca. _——.
UN DRAME SOUS UN TUNNEL
Genève, 12 novembre.
Un drame est arrivé hier, vers deux heu-
res du matin, dans le tunnel de Fréj us, sur
la ligne du Mont-Cenis.
Un voyageur qui se trouvait dans un
compartiment de l'express venant d'Italie
fut tout à coup réveillé par le bruit effroya-
ble que faisait le train. Il paraissait en proie
à une frayeur terrible.
Il posa une question à son voisin, M.
Emile Viarens, ex-consul d'Italie à Nantes,
et, sans attendre la réponse, il ouvrit la
portière et se précipita hors du wagon. Il
est probable que le malheureux, hanté par
la crainte de quelque accident, crut, dans
un moment r d'aberration, échapper à un
danger imaginaire.
Les papiers qu'on a trouvés sur le cada-
vre ont permis d'établir l'identité de la
victime : c'est M. Tony Loup, directeur de
VAgence suisse télégraphique, de Genève. Ce
coup de folie est dû à un véritable surme-
nage intellectuel,et notamment à trois der-
nières nuits passées sans sommeil.
Il laisse une mère, une jeune femme et
deux enfants.
Nous ajouterons à ces renseignements
que Tony Loup fut autrefois reporter au
Petit Lyonnais, sous la direction de M.
Ballay. Plein d'activité, il prit une certaine
situation politique à Lyon. Un moment il
fut maire de Caiuire. C'est lui qui fonda la
Bavarde. -'
Très travailleur, il avait su faire publier
son passé. Sa situation était très prospère
et il ne comptait à Genève que des sympa-
thies, - :-' -,
LA VIEDE PARIS
A l'entrée de l'hiver, le cabaret du Chat-
Noir a renouvelé son affiche. Je me sers
de ce mot faute d'autre, car le cabaret
montmartrois n'est point un théâtre, et
c'est agir sagement de la part du gentil-
homme qui dirige ses destinées de ne pas
vouloir qu'il en devienne un. Il faut gar-
der à ce coin de Paris sa physionomie
particulière, y voir une curiosité de la vie
de Paris bien plus qu'une salle de spec-
tacle ordinaire. Car, sans parler de la
censure, l'assimilation du Chat-Noir à un
théâtre aurait mille inconvénients. Le
cadre et l'étiquette sont beaucoup dans
nos plaisirs, et ce qui amuse au Chat -
Noir c'est peut-être surtout le caractère
d'intimité de ses ombres chinoises perfec-
tionnées et le petit goût de fruit défendu
que garde la soirée qu'on y va passer.
J'ai expliqué déjà, ici, le mécanisme
assez compliqué, malgré son apparente
simplicité, du théâtre minuscule du Chat-
Noir. Grâce à ce mécanisme, on obtient
des silhouettes, noires ou colorées, des
effets de lumière très puissants, et même
— ce qui rate quelquefois dans les plus
grands théâtres — des transformations
et changements à vue. Grâce à ces res-
sources, les poètes de l'endroit composent
des pièces dont ils sont eux-mêmes, à la
façon des poètes antiques, les protago-
nistes, expliquant au public, en vers ou
en prose, les tableaux qui se déroulent
sous ses yeux.
Trois de ces pièces, inédites, ont été
soumises hier à un public d'amis de la
maison, que M. Salis, qui n'y va pas de
main morte, a qualifiée de « cerveau du
monde ». A la bonne heure! Et voilà un
directeur qui sait parler à la critique ! La
première de ces pièces est de la plus
grande simplicité et donne le type de la
fantaisie « bon enfant", assez proche de
la lanterne magique. On nous montre
deux fiacres qui grandissent à mesure
qu'ils paraissent se rapprocher de vous.
Il en sort quatre témoins pour un duel,
plus les deux médecins. Les adversaires
sont mis en présence, un pistolet à la
main. Paf ! voilà un témoin de tué. Paf !
en voilà un autre, et cela jusqu'à ce qu'il
ne reste plus debout que les deux com-
battants, qui échangent un vigoureux
shake-hand et vont déjeuner. Certes, rin-
vention n'est pas absolument nouvelle, et
cette parodie du duel se retrouve en
maint endroit. Mais cela prend ici une
intensité particulière, grâce au comique
des silhouettes, qui sont d'admirables ac-
teurs. - 1
La seconde pièce, de M. Maurice Vi-
caire, est d'un caractère tout autre, plus
compliqué déjà et très artistique. C'est
une sorte d'élégie sur la Venise d'autre-
fois, disparue, remplacée par la Venise
d'aujourd'hui, où, les tuyaux à vapeur
des gondoles-omnibus ne suffisant pas,
les habitants portent des tuyaux de poêle
sur la tête ! Le poète évoque la Venise du
siècle passé, la ville de Tiepolo, du cardi-
nal de Bernis et de Casanova. Il nous
montre, dans les gondoles ornées et ta-
rabiscotées qu'a remplacées la gondole-fia-
cre, des musiciens, des abbés galants, des
grandes dames qui font les courtisanes
et des courtisanes qui font les grandes
dames, et des poètes aussi, aux allures
de mousquetaires. C'est un spectacle
charmant et fort poétique, et la poésie de
M. Vicaire, tantôt sérieuse, tantôt paro-
dique, commente fort bien les jolis ta-
bleaux imaginés par le ;dessinateur.
Mais la pièce de résistance la plus ori-
ginale est une sorte de revue en deux ac-
tes, de M. Donay. Tout en gardant sou-
vent la forme parodique et leste qu'im-
pose le lieu, tout en touchant à la charge,
cette revue est d'une âpreté philosophi-
que et satirique très - particulière. Un
poète, fort dégoûté de la littérature qui
ne le nourrit pas, va se jeter à la Seine
par une froide nuit. Mais Voltaire, qui
est descendu de son piédestal pour se ré-
chauffer, l'empêche de se noyer, et les
deux compagnons vont, comme Dante et
Virgile, faire un tour Ailleurs, — c'est le
titre de la revue, — c'est-à-dire dans le
pays du rêve.
Dans ce pays du rêve les voyageurs
rencontrent Adolphe. Adolphe, c'est
l'Adolphe de Benjamin Constant, tiré de
nos jours à des milliers d'exemplaires, le
jeune homme triste, psychologue, égo-
tiste, analyste, désabusé, pédant, déca-
dent, je m'enflchiste, ennuyé, plus en-
nuyeux encore. Ce triste sert de tête de
Turc à Voltaire-et à M. Donay. On nous
le montre sous toutes ses faces, et parti-
culièrement dans le pays des amours, où
son raffinement le mène à l'impuissance
et le lie à la lesbienne haïssable et à la
« fâcheuse » androgyne. Je n'insiste pas
sur ces aperçus vifs. Le poète, d'ailleurs,
en veine d'audace, s'en prend à l'esprit
militaire et termine par une conclusion
socialiste, nous montrant les peuples
frères bâtissant le palais du Travail. Il
ne nous dit pas ce qu'en pense Voltaire.
Ce spectacle curieux est coupé d'inter-
mèdes qui ne le sont pas moins, décla-
mations de poésies et chansons. M.
Jouy y triomphe. C'est un ironique, et
nul ne raille mieux que lui le chauvi-
nisme en ce qu'il a d'excessif .et de ridi-
cule. Mais la raillerie, chez lui, est légère.
Il « blague" l'hymne russe, mais la mo-
querie, s'en prenant à l'expression d'un
sentiment, semble s'arrêter au sentiment
lui-même et n'y point toucher. Elle reste,
par là, inoffensive et tous peuvent la
goûter sans réserves. Je n'en dirai pas
autant de toutes les idées exprimées par
M. Donay dans son poème qui, pour
être écrit pour des raai ipnnettes, n'en est
pas moins un poème philosophique.
Il m'a semblé que, tout en se .moquant à
bon droit du je\iûe homme triste, du di-
sabusé de tout, il venait lui-même un
peu dans^ dilettantisme trop supé-
rieur de l'artiste. J'entends bien, qu'il s&
déclare socialiste et que le poète qu'il
nous montre reprend goût à la vie on la
consacrant à l'édification du palais du
peuple et à la destruction des juifs, qui
est une marotte de notre temps. Mais le
mépris trop prononcé de la guerre, de la-
politique, de tout ce qui n'est pas le rêve
poétique ou le rêve d'absolue justice so-
ciale, est un grand péril pour les esprits
et risque de les éloigner trop des tâches
quotidiennes de l'activité humaine. Il
faut prendre garde à cela. Je veux bien
que la politique, quand on en voit de
près la cuisine, les petitesses, les injus-
tices, soit pour ne pas charmer toujours
les esprits élevés.
Mais cependant, cette politique tant
honnie, que fait-elle, si ce n'est de faire
entrer dans le domaine des réalisations
pratiques une partie des rêves de l'hu-
manité ? Chemin plein de pierres et de
ronces, si vous voulez, aride ou boueux,
mais qui mène vers un idéal. On peut en
dire autant de la guerre. On discute sur
la guerre pour la guerre et, là même, les
plus grands esprits na sont pas d'accord.
Il y en a qui trouvent à la guerre une
vertu propre, un mérite intrinsèque. Mais,
en tout cas, on sait bien qu'il faut la con-
sidérer longtemps encore comme un des
moyens mis au service de la justice. Or,
l'idée de la guerre se double fatalement
d'une superstition (si on veut) aui sera
le militarisme. Il faut aux armées non-
seulement le courage et la science, mais
encore l'esprit militaire. Ne touchez pas
à l'épée, ô poètes, et faites plutôt comme'
les anciens, qui en faisaient la sœur de la
l yre.
Henry Fouquier.
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis hier matin,
en conseil de cabinet, au ministère de la
guerre, sous la présidence de M. de Frey-
cinet.
Le président du conseil et M. YvesGuyot,
ministre des travaux publics, ont fait con-
naître le texte de deux projets de loi qui
seront soumis prochainement à la signa-
ture de M. le président de la République et
qui sont relatifs, l'un à l'augmsntation de
la garnison d'El-Goléah, l'autre au pro-
longement de la ligne de chemin de fer
d'Aïn-Sefra.
La garnison d'El-Goléah sera portée à
600 hommes. La plus grande partie de ces
troupes sera empruntée à l'armée indi-
gène.
M. de Freycinet a en outre communiqué
au conseil un projet modifiant la loi de
1875 en vue de régler le droit au com-
mandement des officiers de l'armée terri-
toriale. -
M. Constans, ministre de l'intérieur, a
ensuite rendu compte de l'entrevue qu'il a
eue hier avec la 17e commission d'intérêt
local, au sujet de la diversité du taux des
emprunts faits par les communes.
Le conseil, sans prendre de décision défi-
nitive, a été d'avis qu'il y avait lieu, non
pas d'unifier ces taux, mais de fixer un
maximum.
Enfin, le conseil a chargé M. Yves Guyot,
ministre des travaux publics, de représen-
ter le gouvernement à la réunion annuelle
des sociétés de gymnastique du départe-
ment de la Seine.
LE CADAVRE
DE LA FORÊT DE FONTAINEBLEAU
Fontainebleau, 12 novembre.
Mardi dernier, des bûcherons ont trouvé
dans la foret, au lieu dit la Malinontagae,
le cadavre d'uu inconnu dont la mort pa-
raissait remonter à un an environ. L'iden-
tité de cet individu vient d'être établie.
C'est un nommé Vidal, âgé de quarante-
trois ans, représentant de commerce à Pa-
ris. Il y a un an, il avait quitté sa famille
en disant qu'il allait se suicider dans la
forêt de Fontainebleau et qu'on ne le re-
trouverait pas.
On a retrouvé une fiole près du cadavre,
réduit dans le vêtement à l'état de sque-
lette.
LE PAIN DES TROUPES
Les 3, 5, 7 décembre, et le 19, en cas d'in-
succès des premières opérations, aura lieu
la mise en adjudication de la fourniture
du pain aux troupes pour l'année 1892.
Les demandes de soumission doivent êtro
faites aux sous-intendants militaires, chefs
du service des subsistances, aux chefs-lieux
de corps d'armée.
Une commission d'examen est chargée de
statuer en dernier ressort.
Dans les 5e et 7e corps, on continuera l'es-
sai du système de fabrication du pain avec
les farines de l'Etat, par marché spécial
pour chaque garnison. Les troupes en mar-
che dans ces deux régions auront toujours
à se procurer directement leur pain.
Le nouveau cahier des charges contient
quelques différences avec clui du Il no-
vembre 1890 aujourd'hui en vigueur.
Ainsi, l'entrepreneur devra posséder une
réserve de combustible de façon à pouvoir
parer aux besoins du service des subsis-
tances, dans le cas où uQé mobilisation
surviendrait à la suite d'une grève.
Les concessionnaires devront toujours
avoir en réserve les approvisionnements dt
sel et de farines nécessaires aux troupes
de première ligne, de siège et de transporta
stratégiques.
un TRAIN PILLÉ
(D'UN OORRESPONDANT)
New-York, 12 novembre.
Des voleurs ont pillé, la nuit passée, un
train parti à minuit de Chicago et qui porte
ordinairement de grosses sommes d'argent
pour les banques de Milwankee. On croit
que ces voleurs ont pénétré dans le train
en route; ils l'ont ensuite arrêté dans la
prairie, et probablement ont-ils pu s'em-
parer de 100,000 dollars.
DÉSORDRES EN ITALIE
Rome, M novembre. — Hier, à Altare, prèl
de Savone, de graves désordre ont eu heu 4
l'occasion 4e la fête de saint Mar.n.
Un brigadier de-gendarmerie a éto tú, UII
gendarme et plusieurs bourgeois ont 6U b""
ses.
Qn tttead "'Alk'ti détails*
1J"IT" ¡R"q''rt .I 1 - IL, ?O-$J.r::AH3 --, ,V'
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Adrewe télégraphique : XIX. BIÈCLR - PARIS
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EMPRUNT
DU CRÉDIT FONCIER
AVIS
* Nous rappelons à ceux de nos abonnés
qui ont souscrit par notre intermédiaire
tu, l'Emprunt du 6 octobre qu'ils doivent
,-nous faire parvenir le plus tôt possible
Mc DEUXIÈME VERSEMENT DE W
WRANCS par obligation souscrite, sous
ipeine d'avoir à subir des intérêts de
retard, la délivrance des certificats pro-
visoires étant indiquée par le CRÉDIT
'l'°NCIER du 10 au 15 novembre.
1UN DILEMME
E, n écoutant M. Reinach faire l'é-
loge des humanités anciennes, plus
d'un député se sentait rajeuni et s'ap-
prêtait à recevoir sa couronne des
Wains de M. Floquet. Entre l'Officiel
de ces jours-ci et les palmarès de nos
dernières distributions de prix, il n'y
(.a pas une grande différence, et elle est
-toute à l'avantage de l'orateur parle-
mentaire qui a réussi à rafraîchir des
«lieux communs passablement démo-
Ués et à rappeler l'attention publique
tsur une cause dont les arguments s'é-
puisent plus vite que les avocats.
Si la décadence des études gréco-
latines est un mauvais cas, il faut con-
fesser qu'il n'est pas niable; et M. Rei-
nach deviendrait demain ministre de
'l'instruction publique, qu'il serait im-
puissant à remonter le courant. Il est
vrai que les élèves ne savent plus de
latin, mais dans quelques années ils
auront une excuse, c'est que leurs
professeurs n'en sauront pas davan-
tage.
v Si nous parcourons, en effet, le rap-
port sur le concours de l'agrégation
des lettres en 1891, nous voyons que
ci la grande maj orité des candidats
écrit médiocrement en latin », que
cette faiblesse est presque générale
et non seulement pour la pureté, mais
pour la correction.». La version la-
tine ne se porte pas mieux. Les thè-
mes grecs renferment « de nombreu-
ses incorrections Ye, et soixante-dix
candidats sur quatre-vingt-dix-neuf
restent au-dessous de la moyenne.
pour peu que cela dure, on pourra,
au vingtième siècle, appliquer aux
langues mortes la définition que Vol-
taire donnait de la métaphysique :
parler de ce qu'on n'entend pas à des
gens qui ne l'entendent pas davan-
tage. Ce qui est plus piquant, c'est
que, d'après ce même rapport, l'étude
pt l'explication des textes français
sont en progrès noabl, si bien que,
dans cette agrégation des lettres an-
ciennes, ce sont les humanités mo-
dernes qui passent encore au premier
plan.
Mais faut-il croire, en vérité, que
tout soit perdu si les langues ancien-
nes ne sont plus ni enseignées ni com-
prises ? Et les destinées de la France
sont-elles vraiment suspendues à Cette
question du latin ?
Parmi les raisons qu'a si bien fait
.'valoir M. Reinach en faveur de l'anti-
quité, il en est une sur laquelle il a
particulièrement insisté et qui était
bien digne, en effet, de l'attention
d'un corps politique. Les anciens
étaient les éducateurs des vertus ci-
viques, indispensables dans une dé-
mocratie et dans une république.Donc,
affaiblir l'étude de l'antiquité, c'est
affaiblir du même coup les institutions
crui nous régissent.
En vérité, si l'enseignement mo- j
derne était une menace pour l'avenir
de la démocratie, c'est dans les rangs ;
des partis adverses qu'il aurait trouvé
ses plus fermes défenseurs, trop heu-
reux de tourner cette machine de
guerre contre la République. Or, c'est
Trécisément le contraire qui s'est pro-
duit. Au cours de cette campagne di-
rigée contre le nouvel enseignement
à la Chambre comme darffc la presse,
c'est presque toujours, à part quel-
ques brillantes exceptions, dans les
rangs de la droite et de la réaction
que les classiques intransigeants ont
recruté leurs meilleurs auxiliaires.
'- Il suffit, du reste, de réfléchir un
peu pour reconnaître que l'idéal des
sociétés antiques n'est pas précisé-
ment le modèle qu'il convient d'offrir
à une démocratie comme la nôtre. Des
trois grandes idées de notre devise
républicaine, il en est deux que les
anciens ont totalement ignorées ; l'é-
galité et la fraternité. Et quant à la
liberté, elle n'a jamais été dans l'anti-
quité qu'un privilège au profit d'une
caste aristocratique opprimant une
tourbe d'affranchis et d'esclaves. Que
de misères morales sous ces humani-
tés brillantes, à commencer par le
méprxS de l'humanité 1 Le citoyen de
Rome ou d'Athènes est assurément
beaucoup plus près du baron féodal
que du citoyen moderne. -. '.-->
-.'---:1' -
Et puis, comme l'a fait remarquer
le ministre de l'instruction publique,
cette admiration exclusive de l'anti-
quité ne fait-elle pas trop bon mar-
ché de notre histoire et de nos lettres
nationales? Pour trouver la source
des sentiments généreux, des vertus
civiques, de l'amour de la liberté et
de l'humanité, est-il donc besoin de
remonter si haut? Ne peut-on deman-
der des leçons ou des exemples aux
philosophes du dix-huitième siècle,
aux hommes de la Révolution, aux
poètes, aux orateurs, aux historiens
qui ont honoré le nôtre, qui, du reste,
sont déjà des classiques et dont l'ac-
tion sur la jeunesse sera d'autant plus
puissante qu'ils ont créé la société où
elle est appelée à vivre ?
M. Reinach regrette qu'on ouvre
aux bacheliers modernes l'accès des
fonctions publiques et des grandes
écoles du gouvernement. Il oublie que
ces fonctions et ces écoles se recru-
tent par voie de concours et qu'on ne
donne en réalité à ces jeunes gens que
le droit de faire leurs preuves à côté
de leurs aînés de l'enseignement gréco-
latin. Or. iusau'à Drésent. là ou les
études modernes sont fortement cons-
tituées, ces jeunes gens n'ont rien à
redouter de la comparaison.
- Voici, par exemple, le collège Chap-
tal, le vrai type du collège classique
français. Si nous consultons le ta-
bleau des élèves qu'il fait admettre
chaque année à l'Ecole polytechni-
que, nous trouvons que la moyenne
des admissions est sensiblement supé-
rieure à celle des principaux lycées
de Paris. Et pour répondre d'avance
à ceux qui attribueraient ces résul-
tats à une préparation hâtive et su-
perficielle, nous ajouterons qu'une
fois entrés à i'école, ces jeunes gens
ont justifié leur succès en gagnant
presque touj ours des places.
T -- .J. 1 « /-t ■! Il .-V »-v /I A -M
LOllL Ut; tl-uuvur qUv iiup uc ucti-
rières soient ouvertes aux bacheliers
qui n'ont fait ni grec ni latin, nous
voudrions, au contraire, qu'aucune ne
leur fût fermée. C'est à ce moment
que le dualisme ne sera plus un vain
mot et que les deux enseignements
parallèles se trouveront également
bien armés. Et alors nous poserons ce
dilemme à M. Reinach et à ses amis :
Ou l'infériorité des bacheliers mo-
dernes ne leur permettra pas d'entrer
en ligné avec leurs rivaux, et, en ce
cas, tomberont vos inquiétudes; ou
ils feront preuve d'une culture équi-
valente, et, en dépit de vos présomp-
tions sur la faiblesse originelle de ces
études, ils soutiendront la lutte avec
avantage, et c'est votre argumenta-
tion qui tombera.
André Balz.
Le XIX" SIÈCLE publiera demain la
a Chronique », par Francisque Sarcey.
MORT DU COLONEL MASSOL
On annonce la mort de M. Massol, qui fut
colonel de la garde républicaine.
On n'a pas oublié que M. Massol fut mis
à la retraite, il y a deux ans environ, au
moment de la période boulangiste. Il était
soupçonné d'avoir des tendresses pour le
général Boulanger et ses amis.
- Le colonel Massol avait 62 ans ; il était
commandeur de la Légion d'honneur et
décoré de la médaille militaire.
LA SANTÉ DE M. TAVERNIER
On annonce que M. Tavernier, président du
conseil d'administration de la Compagnie des
omnibus, est à toute extrémité.
DÉMISSION
D'UN CONSEILLER MUNICIPAL
DE GENTILLY
M. Gras, conseiller municipal de Gen-
tilly, vient d'adresser sa démission au pré-
fet de la Seine, considérant qu'il n'a été
élu que par 257 voix sur 600 votants et plus
de 1,900 inscrits, et qu'il ne se trouve pas
l'autorité morale nécessaire pour siéger
dans ces conditions.
On sait que les électeurs de Gentilly ont
nommé par deux fois une liste d'inéligi-
bles pour protester contre le sectionnement
électoral de la commune, qui donne, à leur
avis, trop d'importance aux électeurs hos-
pitalisés de Bicêtre.
LE DUC D'ORLÉANS ET Mme MELBA
Londres, 12 novembre.
Le duc d'Orléans est arrivé mardi à
Stowe-House. Il avait pris le train de onze
heures à Londres. Le plus grand secret
avait été gardé au sujet de ce départ par le
personnel de la gare. Quelques directeurs
de journaux avaient été priés de n'annon-
cer l'arrivée du prince que dans quelques
jours seulement.
Deux personnes, qu'on suppose être sir
Charles Russell, avocat de Mme Melba, et
M. Georges Lewis, avocat du duc d'Orléans,
se sont rendues mercredi matin à Stowe-
House, où elles ont eu une longue entrevue
avec le comte de Paris et le duc d'Or-
léans.
Au sujet du cartel envoyé au prince par
le capitaine Armstrong, les amis du duc
d'Orléans disent que le comte de Paris ne
lui permettra pas de se battre. D'ailleurs,
ils ajoutent que, en sa qualité de prince
royal, le duc d'Orléans, se trouve placé dans
l'impossibilité d'accepter une reoontre.,
VINDICTE OUVRIÈRE
Berlin, 13 novembre. — Les mineurs de Kœ-
nigshutte, en Silésie, ont assassiné en plein
jour, sur la promenade publique, l'inspecteur
Breitscheidel, à qui ils en voulaient depuis
[ IWgteoaps.. , :
lA JUSTICE POUR TOUS
LES FANTAISIES D'UN BUREAUCRATE
L'assistance judiciaire à Paris.— Douze
mille affaires par an. — La création
d'une sixième section.
La question des frais de justice est une
de celles qui, à juste titre, préoccupent le
plus l'opinion publique. Il est inique et
profondément immoral qu'en dépit de la
gratuité prétendue des jugements, des ar-
rêts, des sentences, celui qui ne peut pas
fournir de provision à l'huissier, à l'avoué,
à l'agréé, à l'avocat, soit dans l'impossi-
bilité absolue de faire rendre la justice à
laquelle il a droit en - théorie, - mais -- en
théorie seulement.
Dans la pratique, c'est une tout autre
affaire. Si les arrêts ne se paient pas, si
l'intégrité des magistrats à tous les degrés
de la hiérarchie judiciaire est, en France,
une règle qui ne souffre pour ainsi dire pas
d'exception, il n'en est pas moins vrai que
la justice est à un prix exorbitant.
On citait récemment, ici même, des chif-
fres et l'on a pu voir comment, pour un
procès de minime importance, les frais de
toute nature, impôts de timbre et d'enre-
gistrement, honoraires scandaleux souvent,
des officiers ministériels, s'élèvent quel-
quefois au double ou au triple de la valeur
de l'objet du litige;
Si le projet de M. Brisson a été accueilli
avec une extrême faveur, bien qu'il n'ait
pas pour but la diminution, mais une sim-
ple transformation des taxes judiciaires,
c'est qu'il n'est personne, petit ou grand,
riche ou pauvre, qui n'ait été plus ou
moins étrillé par la main de dame Justice.
Tout le monde connaît le dicton : « Un
mauvais arrangement vaut mieux qu'un
bon procès ", et cela est si vrai que les
gens d'expérience préfèrent souvent renon-
cer à un procès, tout en ayant la certitude
de le gagner, parce qu'ils savent que, même
en triomphant sur toute la ligne, ils en se-
ront toujours pour une forte somme.
iJarvienara-t-on jamais a omenu- ia jus-
tice absolument gratuite? Gratuite, c'est de-
mander beaucoup! A bon marché, ce serait
déjà quelque chose.
Les petites gens
Il existe bien une loi, âgée d'une quaran-
taine d'années, la loi sur l'assistance judi-
ciaire, en vertu de laquelle l'indigent peut
être admis à intenter une action en justice
ou à y défendre, après l'accomplissement
de certaines formalités et la décision favo-
rable d'un bureau établi auprès du tribu-
nal civil de chaque aprondissement. L'as-
sistance Judiciaire rend des services, mais
UÍuquement a ceux des citoyens qui sont
dans un état d'indigence absolue. Or, il
existe toute une catégorie de contribuables,
petits commerçants, petits cultivateurs,
empfoyés, etc., qui, sans être indigents,
n'ont pas les ressources nécessaires pour
supporter les charges d'un procès.
La loi du 22 janvier 1851 a laissé de côté
cette catégorie nombreuse et intéressante
de justiciables.
Il faut de deux choses l'une : ou qu'ils
renoncent à se défendre si on les attaque,
ou qu'ils s'engagent mal armés dans les
sentiers inextricables — pour les petites
bourses — du labyrinthe judiciaire.
La loi à Paris
A Paris, cependant, la loi du 22 janvier
1851 est généralement appliquée dans un
esprit plus démocratique et plus large
qu'en province, où les officiers ministériels
qui font partie des bureaux s'efforcent de
restreindre le plus possible les procès dont
ils n'ont à tirer que de maigres profits.
Hélas ! même à Paris, les meilleures in-
tentions, les bonnes volontés les plus évi-
dentes sont quelquefois paralysées par
l'opposition stupide et malveillante d'une
bureaucratie que l'Europe aurait tort de
nous envier.
L'année dernière, le conseil général de la
Seine, ayant reconnu que,dans l'intérêt des
citoyens pauvres, il y avait urgence à ne
pas laisser s'accumuler les dossiers soumis
à l'examen du bureau d'assistance judi-
ciaire, s'empressa de voter le modeste cré-
dit nécessaire à Piastallation d'une section
nouvelle.
Les fonctions de membre du bureau d'as-
sistance judiciaire sont absolument gra-
tuites, et le crédit ne sert qu'à des dépenses
de matériel, de chauffage, d'éclairage et de
correspondance. Considérées comme ho-
norables, elles n'en sont pas moins accep-
tées sans difficulté par les avocats, les
avoués et les fonctionnaires choisis pour
examiner et instruire les requêtes de l'in-
digence. .u
Il n'y en a pas moins de douze mille par
an. Douze mille affaires pour lesquelles de-
mandeurs et défendeurs sont convoqués
gratuitement au Palais de Justice afin d'ex-
poser leurs griefs. Demandes en divorce
de femmes abandonnées par leur mari ;
demandes en pensions alimentaires par des
parents âgés et infirmes que le bureau de
bienfaisance ne nourrit pas suffisamment ;
actions en désaveu de paternité; dommages-
intérêts pour cause d'accidents, etc., etc.;
le bureau d'assistance judiciaire de Paris
statue annuellement, à lui seul, sur plus
d'affaires que cinquante petits tribunaux
d'arrondissement.
A la tête de ce bureau se trouve un des
hommes les plus respectés du Palais, M.
Boulloche, qui, depuis plus de trente ans,
consacre son dévouement et son activité à
une magistrature aussi honorable que gra-
tuite.
C'est sur sa demande que, l'an dernier,
le conseil généralMe la Seine vota la créa-
tion d'une section nouvelle.
Décret et application
Il était urgent de ne pas laisser attendre
indéfiniment les pauvres diables qui ont
recours à l'assistance judiciaire. Un décret
sanctionna le vote du conseil général, et au
mois de juillet dernier on installait en
séance solennelle les cinq délégués néces-
saires, d'après la loi du 22 janvier 1851,
pour qu'un bureau puisse fonctionner ré-
gulièrement.
Avant la création de cette nouvelle sec-
tion (la sixième), vingt-cinq membres se
partageaient l'étude de douze mille dos-
siers. Chacun en examinait près de cinq
cents par an ; mais, malgré le zèle de ces
honorables membres, les affaires ne mar-
chaient pas assez vite.
M. le substitut Vignon, qui présidait la
séance d'inauguration de la sixième sec-
tion, signala lui-même l'intérêt qu'il y avait
à statuer dans le plus bref délai possible
sur toutes les requêtes soumises au bu-
reau.. :
çcenfin, dit-il en propres termes, nous
aUons pouvoir marcher. »
M. le substitut Vignon, M. le président
Boulloche, les membres du bureau et les
justiciables avaient compté sans la bureau-
cratie.
Le rond-de-cuir réformateur
Personne ne supposait alors qu'un mé-
chant commis allait pouvoir enrayer la
marche régulière d'un grand service démo-
cratique.
C'est cependant ce qui vient d'arriver.
Un rond-de-cuir obscur de la direction
générale de l'enregistrement, sous prétexte
que le service de l'assistance judiciaire
emploie six agents deux jours par semaine,
a jugé bon, d'un trait de plume, de sup-
primer ce qu'avaient fait d'un commun ac-
cord le conseil général de la Seine et le
parquet du procureur de la République.
Ce rond-de-cuir adressa à M. le président
Boulloche une lettre par laquelle il l'in-
formait que les inspecteurs de l'enregistre-
ment qui font partie du bureau ont reçu
l'ordre de ne plus collaborer désormais à
l'étude des dossiers et à la rédaction des
rapports. -
Avant le vote du conseil général, le chef
du parquet de la Seine et le président de
l'assistance reconnaissaient qu'il n'y avait
pas assez de vingt-cinq membres pour étu-
dier dans une année douze mille dos-
siers.
On ajouta une section, ce qui porta les
membres du bureau de vingt-cinq à
trente.
La fantaisie d'un rond-de-cuir qui n'a-
vait sans doute rien de mieux à faire in-
tervient aussitôt.
: — Supprimons-en six, fait le person-
nage ; comme cela ils ne seront plus que
vingt-quatre, un de moins qu'avant la ré-
forme.
Dans sa simplicité, ce fait est extrême-
ment intéressant. Il montre comment, en
France, on ne peut parvenir à réaliser pour
ainsi dire aucune réforme.
La réforme des frais de justice! le déve-
loppement de l'assistance judiciaire! Com-
ment donc ! Tout le monde s'y intéresse !
Tout le monde s'en occupe! Les corps élus,
la magistrature! On va pouvoir marcher!
Crac ! un bureaucrate prend une feuille de
papier. Le progrès, la démocratie! Est-ce
que çà le regarde ? Et le bureaucrate rase
tout ce que les autres ont fait.
Ab uno disce omnes.
LE RÉGIME DU COUP D'ETAT
AU BRÉSIL
(D'UN CORRESPONDANT)
Rio-de-Janeiro, 12 novembre.
Tous les journaux de Rio-de-Janeiro ont
été suspendus, à l'exception de trois, le
Jornal Commercial, les Novidades et le
Correo, qui sont favorables au dictateur.
M. le comte de Figuiei-edo, ancien prési-
dent de la Banque nationale du Brésil, au-
jourd'hui fusionnée avec la Banque des
Etats-Unis du Brésil et devenue Banque de
la République, a été l'objet de poursuites
et s'est réfugié au consulat britannique de
Rio-de-Janeiro.
Des sentiments de rivalités divisaient de-
puis longtemps le comte de Figuieredo et
le président actuel de la Banque de la Ré-
publique, M. Mayrink, et cette rivalité ex-
plique les poursuites exercées à l'instiga-
tion de celui-ci.
Le président de la banque de la Républi-
que, en effet, à la confiance du chef du
gouvernement dictatorial et à cause de cela
se trouve tout-puissant.
Les membres du Congrès brésilien cher-
chent asile dans les diverses légations à
Rio-de-Janeiro.
Le gouvernement de l'Uruguay, alarmé
à la suite de la situation menaçante du
Brésil, a concentré des troupes à la fron-
tière.
La contre - révolution à Rio-Grande-
do-Sul.
New-York, 12 novembre.
Suivant des dépêches reçues par Buenos-
Ayres, une révolte aurait éclaté, dans la
nuit du 9 novembre, dans l'Etat de Rio-
Grande et se serait étendue rapidement
dans la plus grande partie de l'Etat.
- Les insurgés auraient à leur tête les gé-
néraux Fernandez et Santa-Anna.
On dit que la garnison de Yuguaron s'est
jointe aux insurgés; l'artillerie aurait suivi
le mouvement.
Le gouverneur dictateur de Rio-Grande a
demandé des renforts au gouvernement
central, représentant sa position comme
difficile.
Le président da Fonseca a envoyé aussitôt
quatre canonnières, trois monitors et deux
transports avec des troupes.
Des avis de Sao Jose do Norte disent que
deux autres garnisons de Rio-Grande se
sont jointes aux insurgés.
Les chefs de la révolution seraient le
baron Jijuk, les généraux Asropillo et
Fravares. --
Leur but parait être la formation d'un
parti national, composé de libéraux et de
conservateurs, en opposition au président
da Fonseca. _——.
UN DRAME SOUS UN TUNNEL
Genève, 12 novembre.
Un drame est arrivé hier, vers deux heu-
res du matin, dans le tunnel de Fréj us, sur
la ligne du Mont-Cenis.
Un voyageur qui se trouvait dans un
compartiment de l'express venant d'Italie
fut tout à coup réveillé par le bruit effroya-
ble que faisait le train. Il paraissait en proie
à une frayeur terrible.
Il posa une question à son voisin, M.
Emile Viarens, ex-consul d'Italie à Nantes,
et, sans attendre la réponse, il ouvrit la
portière et se précipita hors du wagon. Il
est probable que le malheureux, hanté par
la crainte de quelque accident, crut, dans
un moment r d'aberration, échapper à un
danger imaginaire.
Les papiers qu'on a trouvés sur le cada-
vre ont permis d'établir l'identité de la
victime : c'est M. Tony Loup, directeur de
VAgence suisse télégraphique, de Genève. Ce
coup de folie est dû à un véritable surme-
nage intellectuel,et notamment à trois der-
nières nuits passées sans sommeil.
Il laisse une mère, une jeune femme et
deux enfants.
Nous ajouterons à ces renseignements
que Tony Loup fut autrefois reporter au
Petit Lyonnais, sous la direction de M.
Ballay. Plein d'activité, il prit une certaine
situation politique à Lyon. Un moment il
fut maire de Caiuire. C'est lui qui fonda la
Bavarde. -'
Très travailleur, il avait su faire publier
son passé. Sa situation était très prospère
et il ne comptait à Genève que des sympa-
thies, - :-' -,
LA VIEDE PARIS
A l'entrée de l'hiver, le cabaret du Chat-
Noir a renouvelé son affiche. Je me sers
de ce mot faute d'autre, car le cabaret
montmartrois n'est point un théâtre, et
c'est agir sagement de la part du gentil-
homme qui dirige ses destinées de ne pas
vouloir qu'il en devienne un. Il faut gar-
der à ce coin de Paris sa physionomie
particulière, y voir une curiosité de la vie
de Paris bien plus qu'une salle de spec-
tacle ordinaire. Car, sans parler de la
censure, l'assimilation du Chat-Noir à un
théâtre aurait mille inconvénients. Le
cadre et l'étiquette sont beaucoup dans
nos plaisirs, et ce qui amuse au Chat -
Noir c'est peut-être surtout le caractère
d'intimité de ses ombres chinoises perfec-
tionnées et le petit goût de fruit défendu
que garde la soirée qu'on y va passer.
J'ai expliqué déjà, ici, le mécanisme
assez compliqué, malgré son apparente
simplicité, du théâtre minuscule du Chat-
Noir. Grâce à ce mécanisme, on obtient
des silhouettes, noires ou colorées, des
effets de lumière très puissants, et même
— ce qui rate quelquefois dans les plus
grands théâtres — des transformations
et changements à vue. Grâce à ces res-
sources, les poètes de l'endroit composent
des pièces dont ils sont eux-mêmes, à la
façon des poètes antiques, les protago-
nistes, expliquant au public, en vers ou
en prose, les tableaux qui se déroulent
sous ses yeux.
Trois de ces pièces, inédites, ont été
soumises hier à un public d'amis de la
maison, que M. Salis, qui n'y va pas de
main morte, a qualifiée de « cerveau du
monde ». A la bonne heure! Et voilà un
directeur qui sait parler à la critique ! La
première de ces pièces est de la plus
grande simplicité et donne le type de la
fantaisie « bon enfant", assez proche de
la lanterne magique. On nous montre
deux fiacres qui grandissent à mesure
qu'ils paraissent se rapprocher de vous.
Il en sort quatre témoins pour un duel,
plus les deux médecins. Les adversaires
sont mis en présence, un pistolet à la
main. Paf ! voilà un témoin de tué. Paf !
en voilà un autre, et cela jusqu'à ce qu'il
ne reste plus debout que les deux com-
battants, qui échangent un vigoureux
shake-hand et vont déjeuner. Certes, rin-
vention n'est pas absolument nouvelle, et
cette parodie du duel se retrouve en
maint endroit. Mais cela prend ici une
intensité particulière, grâce au comique
des silhouettes, qui sont d'admirables ac-
teurs. - 1
La seconde pièce, de M. Maurice Vi-
caire, est d'un caractère tout autre, plus
compliqué déjà et très artistique. C'est
une sorte d'élégie sur la Venise d'autre-
fois, disparue, remplacée par la Venise
d'aujourd'hui, où, les tuyaux à vapeur
des gondoles-omnibus ne suffisant pas,
les habitants portent des tuyaux de poêle
sur la tête ! Le poète évoque la Venise du
siècle passé, la ville de Tiepolo, du cardi-
nal de Bernis et de Casanova. Il nous
montre, dans les gondoles ornées et ta-
rabiscotées qu'a remplacées la gondole-fia-
cre, des musiciens, des abbés galants, des
grandes dames qui font les courtisanes
et des courtisanes qui font les grandes
dames, et des poètes aussi, aux allures
de mousquetaires. C'est un spectacle
charmant et fort poétique, et la poésie de
M. Vicaire, tantôt sérieuse, tantôt paro-
dique, commente fort bien les jolis ta-
bleaux imaginés par le ;dessinateur.
Mais la pièce de résistance la plus ori-
ginale est une sorte de revue en deux ac-
tes, de M. Donay. Tout en gardant sou-
vent la forme parodique et leste qu'im-
pose le lieu, tout en touchant à la charge,
cette revue est d'une âpreté philosophi-
que et satirique très - particulière. Un
poète, fort dégoûté de la littérature qui
ne le nourrit pas, va se jeter à la Seine
par une froide nuit. Mais Voltaire, qui
est descendu de son piédestal pour se ré-
chauffer, l'empêche de se noyer, et les
deux compagnons vont, comme Dante et
Virgile, faire un tour Ailleurs, — c'est le
titre de la revue, — c'est-à-dire dans le
pays du rêve.
Dans ce pays du rêve les voyageurs
rencontrent Adolphe. Adolphe, c'est
l'Adolphe de Benjamin Constant, tiré de
nos jours à des milliers d'exemplaires, le
jeune homme triste, psychologue, égo-
tiste, analyste, désabusé, pédant, déca-
dent, je m'enflchiste, ennuyé, plus en-
nuyeux encore. Ce triste sert de tête de
Turc à Voltaire-et à M. Donay. On nous
le montre sous toutes ses faces, et parti-
culièrement dans le pays des amours, où
son raffinement le mène à l'impuissance
et le lie à la lesbienne haïssable et à la
« fâcheuse » androgyne. Je n'insiste pas
sur ces aperçus vifs. Le poète, d'ailleurs,
en veine d'audace, s'en prend à l'esprit
militaire et termine par une conclusion
socialiste, nous montrant les peuples
frères bâtissant le palais du Travail. Il
ne nous dit pas ce qu'en pense Voltaire.
Ce spectacle curieux est coupé d'inter-
mèdes qui ne le sont pas moins, décla-
mations de poésies et chansons. M.
Jouy y triomphe. C'est un ironique, et
nul ne raille mieux que lui le chauvi-
nisme en ce qu'il a d'excessif .et de ridi-
cule. Mais la raillerie, chez lui, est légère.
Il « blague" l'hymne russe, mais la mo-
querie, s'en prenant à l'expression d'un
sentiment, semble s'arrêter au sentiment
lui-même et n'y point toucher. Elle reste,
par là, inoffensive et tous peuvent la
goûter sans réserves. Je n'en dirai pas
autant de toutes les idées exprimées par
M. Donay dans son poème qui, pour
être écrit pour des raai ipnnettes, n'en est
pas moins un poème philosophique.
Il m'a semblé que, tout en se .moquant à
bon droit du je\iûe homme triste, du di-
sabusé de tout, il venait lui-même un
peu dans^ dilettantisme trop supé-
rieur de l'artiste. J'entends bien, qu'il s&
déclare socialiste et que le poète qu'il
nous montre reprend goût à la vie on la
consacrant à l'édification du palais du
peuple et à la destruction des juifs, qui
est une marotte de notre temps. Mais le
mépris trop prononcé de la guerre, de la-
politique, de tout ce qui n'est pas le rêve
poétique ou le rêve d'absolue justice so-
ciale, est un grand péril pour les esprits
et risque de les éloigner trop des tâches
quotidiennes de l'activité humaine. Il
faut prendre garde à cela. Je veux bien
que la politique, quand on en voit de
près la cuisine, les petitesses, les injus-
tices, soit pour ne pas charmer toujours
les esprits élevés.
Mais cependant, cette politique tant
honnie, que fait-elle, si ce n'est de faire
entrer dans le domaine des réalisations
pratiques une partie des rêves de l'hu-
manité ? Chemin plein de pierres et de
ronces, si vous voulez, aride ou boueux,
mais qui mène vers un idéal. On peut en
dire autant de la guerre. On discute sur
la guerre pour la guerre et, là même, les
plus grands esprits na sont pas d'accord.
Il y en a qui trouvent à la guerre une
vertu propre, un mérite intrinsèque. Mais,
en tout cas, on sait bien qu'il faut la con-
sidérer longtemps encore comme un des
moyens mis au service de la justice. Or,
l'idée de la guerre se double fatalement
d'une superstition (si on veut) aui sera
le militarisme. Il faut aux armées non-
seulement le courage et la science, mais
encore l'esprit militaire. Ne touchez pas
à l'épée, ô poètes, et faites plutôt comme'
les anciens, qui en faisaient la sœur de la
l yre.
Henry Fouquier.
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis hier matin,
en conseil de cabinet, au ministère de la
guerre, sous la présidence de M. de Frey-
cinet.
Le président du conseil et M. YvesGuyot,
ministre des travaux publics, ont fait con-
naître le texte de deux projets de loi qui
seront soumis prochainement à la signa-
ture de M. le président de la République et
qui sont relatifs, l'un à l'augmsntation de
la garnison d'El-Goléah, l'autre au pro-
longement de la ligne de chemin de fer
d'Aïn-Sefra.
La garnison d'El-Goléah sera portée à
600 hommes. La plus grande partie de ces
troupes sera empruntée à l'armée indi-
gène.
M. de Freycinet a en outre communiqué
au conseil un projet modifiant la loi de
1875 en vue de régler le droit au com-
mandement des officiers de l'armée terri-
toriale. -
M. Constans, ministre de l'intérieur, a
ensuite rendu compte de l'entrevue qu'il a
eue hier avec la 17e commission d'intérêt
local, au sujet de la diversité du taux des
emprunts faits par les communes.
Le conseil, sans prendre de décision défi-
nitive, a été d'avis qu'il y avait lieu, non
pas d'unifier ces taux, mais de fixer un
maximum.
Enfin, le conseil a chargé M. Yves Guyot,
ministre des travaux publics, de représen-
ter le gouvernement à la réunion annuelle
des sociétés de gymnastique du départe-
ment de la Seine.
LE CADAVRE
DE LA FORÊT DE FONTAINEBLEAU
Fontainebleau, 12 novembre.
Mardi dernier, des bûcherons ont trouvé
dans la foret, au lieu dit la Malinontagae,
le cadavre d'uu inconnu dont la mort pa-
raissait remonter à un an environ. L'iden-
tité de cet individu vient d'être établie.
C'est un nommé Vidal, âgé de quarante-
trois ans, représentant de commerce à Pa-
ris. Il y a un an, il avait quitté sa famille
en disant qu'il allait se suicider dans la
forêt de Fontainebleau et qu'on ne le re-
trouverait pas.
On a retrouvé une fiole près du cadavre,
réduit dans le vêtement à l'état de sque-
lette.
LE PAIN DES TROUPES
Les 3, 5, 7 décembre, et le 19, en cas d'in-
succès des premières opérations, aura lieu
la mise en adjudication de la fourniture
du pain aux troupes pour l'année 1892.
Les demandes de soumission doivent êtro
faites aux sous-intendants militaires, chefs
du service des subsistances, aux chefs-lieux
de corps d'armée.
Une commission d'examen est chargée de
statuer en dernier ressort.
Dans les 5e et 7e corps, on continuera l'es-
sai du système de fabrication du pain avec
les farines de l'Etat, par marché spécial
pour chaque garnison. Les troupes en mar-
che dans ces deux régions auront toujours
à se procurer directement leur pain.
Le nouveau cahier des charges contient
quelques différences avec clui du Il no-
vembre 1890 aujourd'hui en vigueur.
Ainsi, l'entrepreneur devra posséder une
réserve de combustible de façon à pouvoir
parer aux besoins du service des subsis-
tances, dans le cas où uQé mobilisation
surviendrait à la suite d'une grève.
Les concessionnaires devront toujours
avoir en réserve les approvisionnements dt
sel et de farines nécessaires aux troupes
de première ligne, de siège et de transporta
stratégiques.
un TRAIN PILLÉ
(D'UN OORRESPONDANT)
New-York, 12 novembre.
Des voleurs ont pillé, la nuit passée, un
train parti à minuit de Chicago et qui porte
ordinairement de grosses sommes d'argent
pour les banques de Milwankee. On croit
que ces voleurs ont pénétré dans le train
en route; ils l'ont ensuite arrêté dans la
prairie, et probablement ont-ils pu s'em-
parer de 100,000 dollars.
DÉSORDRES EN ITALIE
Rome, M novembre. — Hier, à Altare, prèl
de Savone, de graves désordre ont eu heu 4
l'occasion 4e la fête de saint Mar.n.
Un brigadier de-gendarmerie a éto tú, UII
gendarme et plusieurs bourgeois ont 6U b""
ses.
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