Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-11-13
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 13 novembre 1891 13 novembre 1891
Description : 1891/11/13 (A21,N7242). 1891/11/13 (A21,N7242).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75598684
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
Vîiigt-ei-unième aanôe. — N* CKKfC©Hfcl3uïlGS Paris et Départements - CINQ Centimes VENDREDI 13 NOVEMBRE 1891
13 NOVEMBRE 1891
- 't' 3
JOURNAL REPUBLICAIN
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(J.4S, Rue Mont:r-nartre
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EMPRUNT
DU CRÉDIT FONCIER
AVIS
Nous rappelons à ceux de nos abonnés
gui ont souscrit par notre intermédiaire
à l'Emprunt du 6 octobre qu'ils doivent
nous faire parvenir le plus tôt possible
He DEUXIÈME VERSEMENT DE 20
WRANCS par obligation souscrite, sous
Ipeine d'avoir à subir des intérêts de
-ratar-d, la délivrance des certificats pro-
visoires étant indiquée par le CRÉDIT
HFONCIER du 10 au 15 novembre.
langereM jTÉCÉflent
L'incident qui a marqué la fin de la
dernière séance, à la Chambre, mé-
rite d'être souligné et commenté. On
sait comment il a surgi.
} M. Camille Pelletan avait déposé un
amendement qui visait à opérer la
conversion des emprunts communaux
scolaires. On discutait le budget de
l'instruction publique. M. le ministre
des finances fut appelé à intervenir,
en raison du caractère particulier de
"la proposition.
M. Cavaignac, M. Pelletan, M. Rou-
vier étaient montés à la tribune. La
discussion était terminée. On allait
rocéder au vote. A ce moment, M.
Bouvier répéta, de son banc, qu'il ac-
cepterait une légère réduction sur le
chiffre du crédit, mais qu'il ne pou-
vait consentir à celle de 600,000 fr.
demandée par M. Pelletan.
A quoi celui-ci de répliquer de sa
place qu'il était difficile, étant donnés
4es précédents, d'avoir grande con-
fiance dans l'efficacité d'indications
budgétaires.
L'observation était à coup sûr ano-
dine autant que justifiée. Ce n'est pas
la première fois que la Chambre di-
minue de quelques milliers de francs
les crédits qui lui sont demandés, pour
marquer sa volonté de voir opérer
certaines réformes. Mais c'eût été la
première fois qu'une indication de ce
genre aurait, à bref délai, abouti à
un résultat utile. On comprend donc
le scepticisme de jM. Pelletan. Il n'a-
git rien que de très naturel.
Aussi l'on juge de l'ahurissement de
l'auditoire quand il vit, sur cette ob-
servation, M. le ministre des finances
se précipiter à la tribune et déclarer
-que l'adoption de l'amendement Pelle-
tan constituerait un vote de censurè
-contre sa personne et qu'il saurait, en
ce cas, ce qui lui restait à faire.
A cette déclaration inattendue, de
vifs applaudissements roulent sur les
bancs du centre. «Enfin, s'écrie-t-on,
.voilà un homme - de gouvernement !
Voilà un ministre qui a le sentiment
de son rôle, le courage de son opi-
nion ! »
Tout doux ! Quand un ministre se
trouve placé devant une proposition
Qu'il juge dangereuse, inapplicable,
c'est, à coup sûr, son droit et son de-
voir de le dire sans ambages au Par-
lement.
Etait-ce le cas ? Assurément non.
Je n'en veux pour preuve que le lan-
gage même tenu par M. Rouvier. A
aucun moment de la discussion très
nourrie, très précise, qu'il avait faite
à la tribune, le ministre des finances
m'avait même insinué que la question
pût fournir prétexte à une crise mi-
nistérielle. C'est au dernier moment,
à l'instant où les urnes vont circuler,
qu'il jette son portefeuille dans la ba-
lance.
:' Est-ce le fait d'un homme de gou-
vernement qui agit avec réflexion et
maturité, pèse ses décisions et n'ac-
cepte que les responsabilités qu'il
croit, en conscience, pouvoir assu-
mer?
Ne serait-ce pas plutôt la boutade
d'un ministre énervé par la contra-
diction, agacé par une opposition
qu'il ne sait pas supporter? Mais pour
être sûr que cette seconde hypothèse
est la vraie, il suffit de lire à l'Offi-
ciel les paroles mêmes de M. Rouvier,
quand, après avoir lancé son ultima-
tum, il descendait de la tribune en
décriant : « J'ajoute que si j'avais le
foonheur d'avoir pçur successeur M.
Pelletan, il ne trouverait certes pas
en moi l'adversaire de chaque instant
que je rencontre en lui. »
Voilà donc ce qui met hors de lui
cet homme de gouvernement, voilà
pour quelle raison il n'hésite pas à
mettre à la Chambre une crise minis-
térielle sur la gorge, il en a trop de
trouver à chaque pas devant lui un
républicain qui, avec un talent re-
connu par ses adversaires eux-mê-
vines, avec un bonheur attesté par
plus d'un vote du Parlement, s'est
4onné pour tâche d'étudier dans tous
)i>es détails ce vaste et touffu budget,
l^ans les profondeurs duquel il e.t si
difficile et si nécessaire de faire péné-
trer la clarté. Non 1 cette opposition
est intolérable. M. Rouvier ne saurait
plus longtemps la souffrir. Il aime
mieux rendre son portefeuille.
Eh bien I il faut parler net. Si l'em-
ballement de M. Rouvier est et doit
rester un fait personnel et isolé, pas-
sons l'éponge, soit, et oublions ce fâ-
cheux incident.
Mais si le « truc v de la démission
devait prendre rang parmi les ma-
nœuvres parlementaires acceptées
pour tirer un ministre d'embarras ; si
les collègues de M. Rouvier s'avisaient
de suivre son exemple, ils ne de-
vraient s'en prendre qu'à eux des con-
séquences.
La majorité qui a repêché le minis-
tre des finances a été de trente-deux
voix. Combien y a-t-il de députés ré-
publicains qui, reculant devant la
perspective d'une crise, se sont rési-
gnés à voter pour le ministre contre
leur propre opinion? Ils l'ont fait une
fois. Récidiveraient-ils?
Je crois que si l'on voulait tirer
une moralité de la séance 'de mardi,
on ne serait pas éloigné de la vérité
en la formulant dans cette apostro-
phe familière de la majorité au gou-
vernement : « Bon pour une fois, mais
n'y revenez plus ! »
À. Millerand.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Vie de Paris », par Henry Fouquier.
L'AMIRAL GERVAIS ET CRONSTADT
Le vase d'argent.- Citoyen d'honneur.
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Cronstadt, Il novembre.
Le vase en argent ciselé que l'amiral Ger-
vais et les officiers de l'escadre française
ont offert à leurs camarades de la marine
russe a été déposé aujourd'hui en grande
pompe au Cercle de la marine impériale.
Le vase est posé sur un grand socle en ve-
lours rouge dans la grande salle d'honneur,
à la place d'honneur.
Le conseil municipal de Cronstadt se réu-
nira ces jours-ci pour conférer solennelle-
ment le titre de « citoyen d'honneur de la
ville de Cronstadt » à l'amiral Gervais.
"t1":r'(!1 LES TENDRESSES
DE M. YVES GUYOT
Tout pour les compagnies
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belfort, Il novembre.
A l'indifférence que professe le ministre
des travaux publics pour la sécurité des
voyageurs, il faut ajouter une tendre par-
tialité en faveur des compagnies lorsqu'un
conflit éclate entre elles et les villes. Belfort
vient d'en faire la triste expérience.
Depuis de longues années, les divers
conseils municipaux ont fait des démarches
auprès de la compagnie de l'Est pour la
mettre en demeure de moins entraver la
circulation au moyen de continuelles ma-
nœuvres de garage, dans la section de la
ville coupée, à cinquante mètres de la gare,
comprenant les faubourgs et les caserne-
ments, ou du moins de construire une
passerelle, soit aérienne, soit souterraine,
à l'effet de ne plus faire suspendre la circu-
lation du public, — quelquefois près d'un
quart d'heure, — toutes les dix mi-
nutes et à des intervalles moindres.
Mais la compagnie de l'Est, qui se soucie
du public et des voyageurs comme M. Yves
Guyot, s'est refusée de satisfaire les légi-
times réclamations de la ville et, pour en
finir, elle a mis ses hautes influences en
mouvement auprès du ministre des travaux
publics. Celui-ci lui a donné gain de cause
et déclaré Belfort mal venue dans ses reven-
dications.
La compagnie continuera, comme par le
passé, à fermer la circulation entre les
faubourgs, aussi bien au préjudice des in-
térêts militaires de la place que de ceux du
commerce et des affaires.
DÉMISSION DE M. BRISSON
La commission du budget a entendu
hier le ministre de la marine, qui a fourni
quelques explications sur le budget rectifié
qu'il avait récemment déposé.
Après un échange d'observations entre
M. Barbey et l'honorable M. Brisson, rap-
porteur, la commission a accepté le projet
du ministre de la marine.
Immédiatement après ce vote, M. Brisson
a remis sa démission de rapporteur.
La commission a désigné pour le rem-
placer M. G. Cochery.
DISCOURS DE FRANÇOIS-JOSEPH
AUX DÉLÉGATIONS
Vienne, Il novembre.
L'empereur, arrivé ce matin de Gœdœllœ,
a reçu à midi les membres de la délégation
hongroise et, à une heure, les membres de
la délégation autrichienne.
L'empereur a répondu dans les termes
suivants aux allocutions des présidents des
deux délégations :
« Je peux déclarer avec satisfaction que
nous entretenons des relations très amica-
les avec toutes les puissances; nous som-
mes absolument d'accord avec nos alliés
pour considérer le maintien de la paix eu-
ropéenne comme la meilleure garantie du
bonheur et de la prospérité des peuples.
Mon gouvernement ne perd pas de vue ce
but, et nous recevons de tous les cabinets
européens l'assurance de tendances égale-
ment pacifiques.
» On n'est pas encore parvenu,il est vrai,
à écarter les dangers que présente la situa-
tion politique de l'Europe, ni à mettre un
terme aux armements qui se poursuivent
partout; mais, comme le besoin de la paix
se manifeste d'une façon générale et una-
nime, il est permis d'espérer que l'on finira
p#r en assurer le maintien.
» Je désire qu'il me soit donné d'annon-
cer ce joyeux événement à mes peuples, de
leur déclarer que les soucis et les charges
actuelles et les dangers qui menacent la
aix ont pris fia, #
LE CHAUFFAGE
DES OMNIBUS
IL FAUT EN FINIR
A la préfecture de police. — Un arrêté
rapporté. — A la Compagnie des
omnibus. — On ne veut pas
chauffer.
Nous rappelions, il y a quelques jours, la
campagne entreprise l'année dernière par
le XIXe Siècle pour obtenir le chauffage
général des trains de chemins de fer, et
nous demandions à M. Yves Guyot s'il
comptait tolérer longtemps la « période
d'études » que les compagnies semblent
inaugurer de nouveau cette saison, pour
la prolonger jusqu'à la fin de l'hiver.
Les compagnies affirmant que le public
recevra complète satisfaction sous peu de
jours, nous ne pousserons point le défaut
de courtoisie jusqu'à leur refuser le bref
délai qu'elles sollicitent.
Mais une autre question tout aussi im-
portante se dresse à côté de celle du chauf-
fage des trains, c'est celle du chauffage des
omnibus et des tramways. Comme la Com-
pagnie générale, qui pourtant avait été in-
vitée l'année dernière par le conseil muni-
cipal, et il y a quelques jours parle conseil
général, à améliorer son hygiène sous ce
rapport, paraît s'en préoccuper fort peu,
nous sommes allé nous enquérir près d'un
fonctionnaire de la préfecture de police
des intentions de l'administration.
L'histoire d'un arrêté
çi-Chauf fera-t-on les omnibus ? nous dé-
clare d'abord notre interlocuteur. Je n'en
sais rien, mais je ne le crois pas, pour cette
raison péremptoire que ni les inventeurs
ni les ingénieurs des compagnies n'ont en-
core trouvé une chaufferette ou une bouil-
lotte répondant à toutes les exigences. Loin
d'être l'idéal, la chaufferette en usage au-
jourd'hui dans les fiacres de loueurs ou
des compagnies présente, en effet, des in-
convénients tels qu'on ne saurait songer à
l'employer dans les omnibus.
_>> En décembre 1889, M. Lozé avait même
pris un arrêté en proscrivant absolument
l'emploi. Seules étaient autorisées les
chaufferettes munies d'un système permet-
tant l'évacuation à l'air libre des gaz délé-
tères produits par la combustion des bri-
quettes. Les inconvénients, les dangers de
ce mode de chauffage justifiaient évidem-
ment cette mesure. Dans cet hiver de 1889-
90, deux cochers ne furent-ils pas trouvés
asphyxiés dans leur voiture où ils s'étaient
enfermés, la nuit, à la station, pour se ré-
chauffer? Puis, si l'oxyde de carbone n'oc-
casionne que rarement d'aussi regrettables
accidents, du moins cause-t-il souvent des
maux de tête aux voyageurs, qui s'en plai-
gnent.
» Mais en janvier, en février 1890, l'in-
fluenza faisait à Paris les ravages que vous
savez. Faute d'un autre appareil, les voi-
tures ne furent plus chauffées, et, menacé
de rhumes, de refroidissements, le public
se mit à pousser de si beaux cris que le
préfet de police, pour ne pas être accusé
de complicité avec l'influenza, dut rapporter
son arrêté. M. Lozé se- contenta d'exiger
qu'à la station la vitre d'une des portières
demeurât baissée afin d'aérer l'intérieur
du fiacre, et cette prescription, depuis, est
à peine observée.
» Son arrêté était pourtant singulièrement
justifié : la commission des chemins de fer
a, en effet, depuis longtemps interdit toute
combustion à l'intérieur des wagons.
Les compagnies et les cochers
» Pour ne pas être prises au dépourvu
par le retour possible d'une mesure ana-
logue, les compagnies ont bien hasardé
quelques tentatives d'amélioration; elles
ont même feint de se livrer à des expé-
riences. Mais tout cela n'est pas sérieux. A
l'Urbaine, par exemple, on a essayé de mu-
nir la chaufferette à briquette d'une che-
minée conduisant au dehors les gaz délé-
tères. Outre que cette cheminée avait l'in-
convénient, en rendant la chaufferette fixe,
de l'exposer davantage à des détériorations,
les gaz demeurés dans la cheminée ris-
quaient, par suite de la rapidité de la
course ou d'un vent contraire, d'être re-
foulés à l'intérieur de la voiture par les
portes d'introduction du charbon ou les
prises d'air. C'était l'asphyxie perfection-
née.
» Il.était du reste évident a priori que les
compagnies se feraient nn devoir d'expéri-
menter les appareils les plus défectueux.
Pourquoi s'imposeraient-elles les frais con-
sidérables d'une nouvelle installation,
quand aujourd'hui le chauffage de leurs
voitures ne leur coûte rien ? Ce sont, en ef-
fet, les cochers qui fournissent à leurs frais
les chaufferettes et le combustible, qui leur
revient à trente centimes par jour.
» Elles seraient dès lors bien bêtes de s'in-
génier à changer la modus vivendi. D'ail-
leurs, cochers et compagnies ont pour l'ins-
tant assez de s'accorder sur le choix et le
fonctionnement d'un compteur horo-kilo-
métrique. Quand la question du compteur
sera réglée, peut-être songera-t-on à celle
de la chaufferette.
Difficultés pratiques d'une solution
» En résumé, pour l'instant, aucune amé-
lioration à espérer ni dans les voitures de
place, parce que les compagnies ne veulent
rien faire, ni dans les omnibus, parce que,
comme je vous le disais tout à l'heure, au-
cun inventeur n'a encore présenté d'appa-
reil répondant à toutes les exigences de
prix et de commodités. »
Notre interlocuteur entre alors dans une
foule de détails trop spéciaux pour être re-
latés textuellement ici. Il nous explique
que les bouillottes en usage dans les
wagons, avec lesquelles on n'a à craindre
ni gaz délétères, ni incendie, ne peuvent
être employées dans les voitures de place
en service toute la journée; elles se refroi-
dissent trop vite et sont trop lourdes.
« On a expérimenté encore, nous dit-il.
entre autres appareils, un thermo-siphon.
Mais si le réglage de la chaleur dégagée est
dans cet appareil des plus ingénieux, on
lui reproche de placer sous la voiture un
foyer si disgracieux d'aspect que les loueurs
et les constructeurs de voitures n'en veu-
lent à aucun prix. Je vous fais grâce de la
critique des autres types.
» Il ne faut donc pas compter voir les
omnibus chauffés cette année. »
, A la Compagnie des omnibus
En dépit de ces explications catégori-
ques, nous avons tenu à savoir si, pour
regagner les bonnes grâces de la popula-
tion parisienne, la Compagnie générale des
omnibus était disposée à chauffer ses voi-
lures. Au siège de là société, ou nous a ré-
pondu que le conseil d'administration n'en 1
avait pas encore délibéré. « Toutefois, a-
t-on ajouté, dans deux de nos dépôts nous
procédons à des expériences. Mais ces ex-
périences sont encore trop peu avancées
pour qu'il soit possible de se prononcer.
Et, nous le répétons, elles ne prouvent
nullement que la Compagnie soit décidée à
chauffer cet hiver ou même Van prochain
ses omnibus ni ses tramways. »
Trop de fumisteries
Il serait, comme on voit, difficile de pous-
ser plus loin la désinvolture.
Il y a quelques jours, un de nos confrères
du Temps, aussi curieux que nous, rencon-
trait aux bureaux de la rue Saint-Honoré
un administrateur facétieux qui lui démon-
trait l'impossibilité d'établir sur la plate-
forme des omnibus une machine à vapeur
« qui pourrait faire explosion M.
On ne paraît pas moins gai à la préfec-
ture de police, où l'on sacrifie l'hygiène à
l'esthétique. L'appareil de chauffage rom-
prait désagréablement la ligne artistique
des voitures.
Et voilà enfin que nous tombons sur l'ad-
ministrateur cynique qui nous avoue que
les expériences de la Compagnie sont des
expériences d'amateurs.
Cela nous dispense donc, pour le mo-
ment, de toutes considérations techniques
sur les systèmes de chauffage qu'on pour-
rait utiliser.
Ce qu'il importe de remarquer, c'est que
les voitures des messageries qui font à Pa-
ris le service des gares, c'est que les com-
partiments des chemins de fer, c'est que les
bateaux parisiens, c'est que les tramways
de Genève et de la plupart des villes de
l'Europe sont chauffés.
Il est inadmissible qu'en 1891 les Pari-
siens soient condamnés à geler dans les
omnibus, uniquement pour assurer un plus
gros dividende aux actionnaires.
L'administration a le droit, en vertu de
l'article 7 du traité du 18 juin 1860, d'obli-
ger M. Marsoullier et ses amis à apporter à
leurs voitures une amélioration indispen-
sable pour la santé publique. Et il faut es-
pérer que le conseil municipal saura répon-
dre à l'arrogance inconcevable de la Com-
pagnie par une mis en demeure immé-
diate de sortir quelques écus de sa caisse.
LES INSTITUTEURS
La commission relative aux traitements
du personnel de l'enseignement primaire
a continué hier l'examen des divers amen-
dements qui ont été présentés depuis sa
séparation.
Elle a adopté un nouvel amendement de
MM. Perrier et Jacquemart relatif aux
écoles de filles dans les communes de
moins de M) 1 habitants. Cet amendement
tend à mettre à la chargé de l'Etat le trai-
tement de ces institutrices, quand ces écoles
spéciales auront été reconnues nécessaires
par le ministre, après avis du conseil dé-
partemental.
Elle a sursis à sa décision sur l'amende-
ment de M. Siegfried relatif aux villes au-
dessus de 100,000 habitants, jusqu'à com-
munication du chiffre de la dépense qu'en-
traînerait l'adoption de cet amendement.
A propos de son amendement relatif à
l'indemnité de résidence à accorder aux
instituteurs de la Saine exerçant dans une
commune dont la population agglomérée
est inférieure à 100,000 habitants, M. Jac-
ques a insisté fortement pour que le rap-
porteur invite le ministre de l'instruction
publique à renouveler la déclaration qu'il
a bien voulu faire à la commission de son
intention de présenter à bref délai un pro-
jet de loi en ce qui touche le personnel des
instituteurs de la Seine.
Il importe que ces instituteurs d'élite, à
la situation desquels la loi de 1879 a ap-
porté une perturbation profonde et décou-
rageante, voient leur situation améliorée
au point de vue pécuniaire comme au point
de vue de l'avancement.
La commission s'est ajournée à mercredi
proc hain pour continuer ses travaux.
L'ESPIONNAGE
Dans sa séance d'hier, la commission de
l'armée a pris connaissance des nouvelles
modifications proposées par M. de Frey-
cinet, d'accord avec le ministre de la
justice, en ce qui concerne le projet relatif
à l'espionnage.
Le gouvernement s'est surtout préoccupé
dans son nouveau texte d'établir une gra-
dation complète des peines, afin de per-
mettre aux cours et aux tribunaux de
proportionner exactement le châtiment à la
faute commise.
Le principede la peine de mort que com-
portait le projet de la commission et que
n'édictait pas le projet définitif du gouver-
nement est établi dans le nouveau texte.
Cette peine serait applicable à ceux qui pra-
tiquent des machinations ou entretiennent
des intelligence, soit avec l'ennemi, soit
avec une puissance étrangère.
D'autre part, le gouvernement, qui avait
d'abord proposé de doubler les amendes et
les peines d'emprisonnement que prévoit
la loi de 1886 sur l'espionnage, propose un
nouveau texte des peines qui, des travaux
forcés, s'abaissent jusqu'à une année d'em-
prisonnement, en passant par la réclu-
sion.
Quant aux amendes, elles varieraient de
3,000 francs à 10,000 francs. Le nouveau
texte du gouvernement comporte l'exemp-
tion de peine, ou plutôt l'excuse légale,
pourrie dénonciateur, dans le cas où la dé-
nonciation profite à la manifestation de la
vérité.
Le rapporteur de la commission a été
Chargé de se concerter avec le ministre de
la guerre sur le nouveau texte du gouver-
nement et à présenter ensuite un rapport
supplémentaire à la commission.
UN HOPITAL EN FEU
Lorient, Il novembre.
Un violent incendie s'est déclaré ce ma-
tin, à huit heures, à l'hôpital civil de Lo-
rient, et s'est rapidement développé, favo-
risé par l'ouragan.
Les malades ont été évacués par les fe-
nêtres.
La poudrière, qui se trouve à proximité,
est protégée par les pompes de l'arsenal
maritime.
L'incendie, vigoureusement attaqué par
20 pompes dont une à vapeur, a été rapide-
ment circonscrit et est terminé à l'heure
actuelle. Plusieurs personnes ont été bles-
sées légèrement par la chute de pans de
murs et d'ardoises des étages supérieurs
et des combles.
L'immeuble est entièrement détruit;
CHRONIQUE
Les journaux d'hier vous ont conté que
l'on avait inauguré ou rouvert, je ne sais
plus au juste, une école où les futurs den-
tistes viennent apprendrettleur métier.
Cette école délivre des diplômes qui vau-
dront ce que vaudra le renom de l'école
même, car ils n'ont pas de sanction lé-
gale. J'entends par là que le premier
venu, le marchand de vin du coin, pourra
toujours s'improviser dentiste et mettre
à sa porte, sur une belle plaque en cuivre :
Un tel y chirurgien dentiste, sans que le
diplômé de l'école en question ait le droit
de lui demander où il a pris ses grades
et de lui interdire l'exercice d'une pro-
fession qu'il ne connaît pas.
Nombre d'Américains se sont abattus
sur Paris et se sont fait, à force de ré-
clame, un nom et une clientèle. De
quelle école sortent-ils? Que savent-ils?
On l'ignore. Ce sont d'ailleurs pour la
plupart des opérateurs habiles, qui en-
lèvent ou plombent une dent avec adresse.
Mais leur science ne va pas plus loin. Et
si les maladies des dents ou des gencives
tiennent à un état général, à ce que les
médecins appellent une diathèse, ils sont
incapables, n'ayant fait aucune étude
médicale, de la diagnostiquer, et encore
plus de Ici guérir.
— Voyez-vous! me disait à ce propos
l'un des hommes de Paris qui sont le
plus compétents dans la question, cette
école dentaire est sans doute un progrès,
puisque auparavant le métier était en
proie aux charlatans. Mais on n'arrivera
à rien de sérieux que lorsqu'on aura
donné à cette spécialité de l'art de guérir
ses entrées à l'Ecole de médecine, lors-
qu'on aura créé une chaire. permettez-
moi de lâcher le mot scientifique. une
chaire de stomatologie.
— Vous pouvez y aller ! Je me souviens
encore assez de mon grec pour savoir que
stoma veut dire bouche. Va pour stoma-
tologie !
— La médecine est devenue un art si
étendu qu'il est impossible à un seul
homme d'en embrasser ou tout au moins
d'en approfondir toutes les parties. De là
est née cette nécessité à laquelle beau-
coup d'entre nous obéissent. L'un s'oc-
cupe plus particulièrement des yeux,
l'autre des oreilles ; un autre prend le dé-
partement des maladies nerveuses, un
autre soigne les affections de l'estomac,
un autre. mais je m'arrête, car je pas-
serais en revue toutes les parties du
corps de l'homme.
La première condition pour un spécia-
liste, c'est de s'être donné d'abord en mé-
decine une instruction générale, c'est d'a-
voir conquis le diplôme qui est une ga-
rantie de cette instruction. On ne s'éta-
blit pas oculiste, non plus qu'auriste,
sans avoir été d'abord reçu docteur, sans
avoir prouvé que l'on peut rattacher les
maladies dont on s'occupe plus particu-
lièrement à des causes plus lointaines,
plus profondes, tirées de la connaissance
du corps humain tout entier.
On n'entre chez un oculiste, on ne se
fait admettre dans sa clinique, on ne
commence à opérer, que lorsque l'on a
suivi à l'Ecole de médecine des cours va-
riés qui vous ont renseigné sur l'ensem-
ble de la machine.
L'Ecole de médecine a suivi le mouve-
ment : elle a joint à ses cours généraux
des chaires de spécialités ; et c'est ainsi
que chaque spécialité a obtenu en quel-
que sorte droit de cité en médecine. Il y
a des médecifcs qui ne peuvent se spécia-
liser ; ainsi, ceux qui exercent dans les
petites villes ou à la campagne. Ceux-là
sauront soigner les maladies les plus com-
munes d'un organe attaqué; si le cas est
grave, ils enverront le client à un spécia-
liste.
Ainsi, par exemple, vous êtes à Lan-
derneau; vous avez une conjonctivite de
l'œil ; le médecin de Landerneau vous en
guérira parfaitement avec le secours d'un
spécialiste : l'instruction générale qu'il
aura emportée de l'Ecole de médecine et
de l'hôpital lui suffira pour cela. Mais si
vous avez la cataracte, comme c'est une
opération grave et délicate, il vous dira
tout de suite, après le diagnostic porté :
« Mon ami, allqz à Rennes ou à Paris ; là
vous trouverez un spécialiste. n
Ce spécialiste, remarquez-le bien, sera.
un médecin au même titre que son con-
frère de Landerneau. Il aura fait les
mêmes études ; il sera pourvu du même
diplôme. Seulement, il a porté son intel-
ligence et son adresse de main sur un
point particulier ; il y a donc, pour ces
sortes de cas, plus de confiance à avoir
en lui.
Eh bien, les dents, la mâchoire, si vous
aimez mieux, la mâchoire est de toutes
les parties du corps la seule que l'Ecole
de médecine n'ait pas admise à cette spé-
cialisation.
— Et pourquoi? m'écriai-je. Car les
dents ont une utilité et un agrément in-
contestables. Elles sont, pour emprunter
un vers à Pailleron,
Un attrait au visage et une aide aux repas.
On y tient plus encore qu'elles ne tien-
nent à vous, et elles y tiennent diable-
ment. D'où vient que la médecine ou la
chirurgie officielle n'a pas compris les
dents parmi les organes dont elle dai-
gnait prendre soin ?
— Je ne vous dirai pas la raison de
cette indifférence, parce qu'à vrai dire je
ne la connais pas bien. 11 est probable
que les arracheurs de dents, les charla-
tans de places publiques, les Bilboquets qui
sur un champ de foire, armés d'un grand
sabre, offraient d'enlever les dents sans
douleur aux personnes qui voudraient
bien les honorer de leur confiance, ont
fait tort au métier; ils y ont attaché une
défaveur et un ridicule.
Au reste, si vous voulez remonter dans
le passé, vous verrez que les ppérations
m
chirurgicales ont été tenues de même
fort longtemps en médiocre estime. C'é-
taient les barbiers qui en étaient char-
gés, et les médecins leur témoignaient
beaucoup de mépris. Il y avait du pré-
jugé là-dedans; ce préjugé a cédé à la
réalité des faits. La chirurgie est deve-
nue une des branches les plus impor-
tantes et les plus considérées de la mé-
decine. Les soins à donner aux dents ne
sont encore à cette heure rentrés ni dans
la chirurgie ni dans la médecine.
C'est une sottise.
Un jeune, médecin qui a fait ses études
à Paris ne sait rien des soins à donner à
la bouche. Qu'arrive-t-il? C'est que, dans
le pays où il exerce, tous ceux qui ont
mal aux dents vont chercher de l'aide
chez le maréchal-ferrant de l'endroit, qui
leur massacre la mâchoire. Il perd, lui,
une occasion d'accroître sa clientèle et
d'ajouter à son revenu. Les patients y per-
dent plus que lui. Car ils ont presque
toujours affaire à un âne, qui n'a pas les
premières notions de son art et qui croit
que tout est dit quand il a supprimé la
dent qui faisait mal.
Il est déplorable que les médecins n'em-
portent pas des cours faits à l'Ecole les con-
naissances indispensables au dentiste, et
surtout le ferme propos de rompre avec
le sot orgueil qui défend à un docteur de
s'occuper des dents. Quelle anomalie bi-
zarre! Il ne se croit point déconsidéré à
soigner un œil, une oreille, un pied, et
d'autres parties moins nobles encore. Ce
serait pour lui une déchéance s'il visitait
la bouche d'un client, s'il avait sur lui la
clef du dentiste et s'il s'en servait I
— Mais, lui dis-je, comment l'idée
n'est-elle pas venue à un docteur de se
spécialiser dans cette partie ? Il gagnerait
beaucoup - d'argent.
— Oh! cette idée est déjà venue à plus
d'un. C'est le docteur Magitot qui a le
premier donnné cet exemple. Il est retiré
aujourd'hui. Il y en a quatre ou cinq à
Paris, entre autres le docteur Combe, qui
ont bravé le préjugé, et qui ont appliqué
à la bouche leur connaissance approfon-
die de la médecine. Mais voyez la puis-
sance du préjugé! Le docteur Combe, qui
est un des hommes les plus éminents de
ce temps, n'oserait jamais se dire dentiste,
parce que son portier peut, s'il le veut,
revêtir ce titre.
Il faut fonder à l'Ecole de médecine une
chaire de stomatologiey et n'autoriser à
soigner les dents de leurs contemporains
que les médecins qui auront conquis leur
diplôme.
C'est le seul moyen de relever la profes-
sion de dentiste.
Francisque Sarcey.
L'OURAGAN D'HIER
A PARIS
Un ouragan d'une extrême violence s'es
déchaîné hier matin sur Paris, arrachant
aux arbres des boulevards leurs dernières
feuilles et jonchant les rues de branches
brisées et de débris de toutes sortes.
Sur le boulevard du Palais, une fenêtre
s'est abîmée sur la chaussée, au grand émoi
des passants, qui heureusement n'ont pas
été atteints.
Rue d'Hauteville, la violence du vent a
occasionné un accident mortel. La con-
cierge de l'immeuble sis au numéro u"
Mme Amélie Royer, balayait la cour, lors-
que les débris d'un tuyau de cheminée
tombèrent sur le sol. La malheureuse, frap-
pée à la tête eut le crâne fracturé, et ren-
dit presque aussitôt le dernier soupir.
Sur le boulevard Haussmann, des bara-
ques en bois appartenant à des fleuristes
ont été renversées.
L'ouragan a également culbuté de légères
voitures à réclame en forme de pyramide,
que traînaient, place Pigalle, des hommes
vêtus en pousse-pousse tonkinois.
Un cocher d'omnibus qui passait boule-
vard Bonne-Nouvelle a reçu sur la tête un
tuyau de cheminée. Bien que le chapeau
ait amorti le choc, la blessure du cocher est
assez grave. -
De nombreuses palissades ont été rsm-
pues par le vent, notamment dans les rues
Vivienne, Lamark, Caulaincourt, de Mais-
tre.
Vers huit heures, la palissade qui entoure
l'emplacement de l'ancien Opéra-Comique
a été renversée sur la chaussée de la rue
Marivaux, et un employé du Gagne-Petit,
M. Callet, qui passait à ce moment, a été
atteint au bras droit.
Presque à la même heurs, un chiffon-
nier, Jean Gaillard, était jeté par la bour-
rasque sous les roues d'une voiture et re-
cevait de nombreuses contusions, tandis
que dans la rue des Petits-Carreaux, devant
le numéro 38, une feuille de zinc, arrachée
d'une toiture, blessait une vieille femme,
Mme Catherine Roger, âgée de soixante-
quatorze ans.
Rue du Bac, un ouvrier couvreur, Louis
Roques, âgé de trJnte-cinq ans, qui passait
sur le trottoir, a reçu sur la tête une che-
minée en tôle. Il a dû être transporté dans
une pharmacie et reconduit ensuite à son
domicile. Un garçon épicier da la maison
Potin, M. Alexandre Moulin, a été blessé à
la tête par la chute d'une pancarte-réclame
tombée de la maison sise au 118, boulevard
de la Chapelle. -
Dans la rue de urenne, un jeune ap-
prenti bijoutier, Paul Klein, âgé de quinze
ans, a été grièvement blessé au front par
un tuyau de cheminée.
Lsa jardins et les constructions duChamp
lde Mars ont beaucoup souffert, particuliè-
rement la galerie des machines et la tour
Eiffel; des ardoises, des plaques de zinc,
des vitres, des lanternes ont été arrachées.
Les appareils qu'on avait installés sur les
lauriers ont été enlevés. La toiture des
arènes de Passy (gare des galcons) a été ar.
rachée ét est retombée en pluie de poutres
et de planches.
Les télégrammes déposés aux guichets de
Paris ont été envoyés hier soir par la poste.
Depuis l'hiver de 1879, le même fait ne s'é-
tait pas produit.
Avenue de la Mothe-Piquet, on s'est vu
dans la nécessité de barrer le trottoir en
face du pavillon central de l'Ecole militaire,
le vitrage représentant une chasse, au-
dessus dé la loge du concierge, menaçant
de tomber, La même précaution a dû être
prise sur le quai aux dans la Çité.
Un échafaudage v était drossé pour la COQ."
13 NOVEMBRE 1891
- 't' 3
JOURNAL REPUBLICAIN
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WRANCS par obligation souscrite, sous
Ipeine d'avoir à subir des intérêts de
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visoires étant indiquée par le CRÉDIT
HFONCIER du 10 au 15 novembre.
langereM jTÉCÉflent
L'incident qui a marqué la fin de la
dernière séance, à la Chambre, mé-
rite d'être souligné et commenté. On
sait comment il a surgi.
} M. Camille Pelletan avait déposé un
amendement qui visait à opérer la
conversion des emprunts communaux
scolaires. On discutait le budget de
l'instruction publique. M. le ministre
des finances fut appelé à intervenir,
en raison du caractère particulier de
"la proposition.
M. Cavaignac, M. Pelletan, M. Rou-
vier étaient montés à la tribune. La
discussion était terminée. On allait
rocéder au vote. A ce moment, M.
Bouvier répéta, de son banc, qu'il ac-
cepterait une légère réduction sur le
chiffre du crédit, mais qu'il ne pou-
vait consentir à celle de 600,000 fr.
demandée par M. Pelletan.
A quoi celui-ci de répliquer de sa
place qu'il était difficile, étant donnés
4es précédents, d'avoir grande con-
fiance dans l'efficacité d'indications
budgétaires.
L'observation était à coup sûr ano-
dine autant que justifiée. Ce n'est pas
la première fois que la Chambre di-
minue de quelques milliers de francs
les crédits qui lui sont demandés, pour
marquer sa volonté de voir opérer
certaines réformes. Mais c'eût été la
première fois qu'une indication de ce
genre aurait, à bref délai, abouti à
un résultat utile. On comprend donc
le scepticisme de jM. Pelletan. Il n'a-
git rien que de très naturel.
Aussi l'on juge de l'ahurissement de
l'auditoire quand il vit, sur cette ob-
servation, M. le ministre des finances
se précipiter à la tribune et déclarer
-que l'adoption de l'amendement Pelle-
tan constituerait un vote de censurè
-contre sa personne et qu'il saurait, en
ce cas, ce qui lui restait à faire.
A cette déclaration inattendue, de
vifs applaudissements roulent sur les
bancs du centre. «Enfin, s'écrie-t-on,
.voilà un homme - de gouvernement !
Voilà un ministre qui a le sentiment
de son rôle, le courage de son opi-
nion ! »
Tout doux ! Quand un ministre se
trouve placé devant une proposition
Qu'il juge dangereuse, inapplicable,
c'est, à coup sûr, son droit et son de-
voir de le dire sans ambages au Par-
lement.
Etait-ce le cas ? Assurément non.
Je n'en veux pour preuve que le lan-
gage même tenu par M. Rouvier. A
aucun moment de la discussion très
nourrie, très précise, qu'il avait faite
à la tribune, le ministre des finances
m'avait même insinué que la question
pût fournir prétexte à une crise mi-
nistérielle. C'est au dernier moment,
à l'instant où les urnes vont circuler,
qu'il jette son portefeuille dans la ba-
lance.
:' Est-ce le fait d'un homme de gou-
vernement qui agit avec réflexion et
maturité, pèse ses décisions et n'ac-
cepte que les responsabilités qu'il
croit, en conscience, pouvoir assu-
mer?
Ne serait-ce pas plutôt la boutade
d'un ministre énervé par la contra-
diction, agacé par une opposition
qu'il ne sait pas supporter? Mais pour
être sûr que cette seconde hypothèse
est la vraie, il suffit de lire à l'Offi-
ciel les paroles mêmes de M. Rouvier,
quand, après avoir lancé son ultima-
tum, il descendait de la tribune en
décriant : « J'ajoute que si j'avais le
foonheur d'avoir pçur successeur M.
Pelletan, il ne trouverait certes pas
en moi l'adversaire de chaque instant
que je rencontre en lui. »
Voilà donc ce qui met hors de lui
cet homme de gouvernement, voilà
pour quelle raison il n'hésite pas à
mettre à la Chambre une crise minis-
térielle sur la gorge, il en a trop de
trouver à chaque pas devant lui un
républicain qui, avec un talent re-
connu par ses adversaires eux-mê-
vines, avec un bonheur attesté par
plus d'un vote du Parlement, s'est
4onné pour tâche d'étudier dans tous
)i>es détails ce vaste et touffu budget,
l^ans les profondeurs duquel il e.t si
difficile et si nécessaire de faire péné-
trer la clarté. Non 1 cette opposition
est intolérable. M. Rouvier ne saurait
plus longtemps la souffrir. Il aime
mieux rendre son portefeuille.
Eh bien I il faut parler net. Si l'em-
ballement de M. Rouvier est et doit
rester un fait personnel et isolé, pas-
sons l'éponge, soit, et oublions ce fâ-
cheux incident.
Mais si le « truc v de la démission
devait prendre rang parmi les ma-
nœuvres parlementaires acceptées
pour tirer un ministre d'embarras ; si
les collègues de M. Rouvier s'avisaient
de suivre son exemple, ils ne de-
vraient s'en prendre qu'à eux des con-
séquences.
La majorité qui a repêché le minis-
tre des finances a été de trente-deux
voix. Combien y a-t-il de députés ré-
publicains qui, reculant devant la
perspective d'une crise, se sont rési-
gnés à voter pour le ministre contre
leur propre opinion? Ils l'ont fait une
fois. Récidiveraient-ils?
Je crois que si l'on voulait tirer
une moralité de la séance 'de mardi,
on ne serait pas éloigné de la vérité
en la formulant dans cette apostro-
phe familière de la majorité au gou-
vernement : « Bon pour une fois, mais
n'y revenez plus ! »
À. Millerand.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
« Vie de Paris », par Henry Fouquier.
L'AMIRAL GERVAIS ET CRONSTADT
Le vase d'argent.- Citoyen d'honneur.
(DB NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Cronstadt, Il novembre.
Le vase en argent ciselé que l'amiral Ger-
vais et les officiers de l'escadre française
ont offert à leurs camarades de la marine
russe a été déposé aujourd'hui en grande
pompe au Cercle de la marine impériale.
Le vase est posé sur un grand socle en ve-
lours rouge dans la grande salle d'honneur,
à la place d'honneur.
Le conseil municipal de Cronstadt se réu-
nira ces jours-ci pour conférer solennelle-
ment le titre de « citoyen d'honneur de la
ville de Cronstadt » à l'amiral Gervais.
"t1":r'(!1 LES TENDRESSES
DE M. YVES GUYOT
Tout pour les compagnies
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Belfort, Il novembre.
A l'indifférence que professe le ministre
des travaux publics pour la sécurité des
voyageurs, il faut ajouter une tendre par-
tialité en faveur des compagnies lorsqu'un
conflit éclate entre elles et les villes. Belfort
vient d'en faire la triste expérience.
Depuis de longues années, les divers
conseils municipaux ont fait des démarches
auprès de la compagnie de l'Est pour la
mettre en demeure de moins entraver la
circulation au moyen de continuelles ma-
nœuvres de garage, dans la section de la
ville coupée, à cinquante mètres de la gare,
comprenant les faubourgs et les caserne-
ments, ou du moins de construire une
passerelle, soit aérienne, soit souterraine,
à l'effet de ne plus faire suspendre la circu-
lation du public, — quelquefois près d'un
quart d'heure, — toutes les dix mi-
nutes et à des intervalles moindres.
Mais la compagnie de l'Est, qui se soucie
du public et des voyageurs comme M. Yves
Guyot, s'est refusée de satisfaire les légi-
times réclamations de la ville et, pour en
finir, elle a mis ses hautes influences en
mouvement auprès du ministre des travaux
publics. Celui-ci lui a donné gain de cause
et déclaré Belfort mal venue dans ses reven-
dications.
La compagnie continuera, comme par le
passé, à fermer la circulation entre les
faubourgs, aussi bien au préjudice des in-
térêts militaires de la place que de ceux du
commerce et des affaires.
DÉMISSION DE M. BRISSON
La commission du budget a entendu
hier le ministre de la marine, qui a fourni
quelques explications sur le budget rectifié
qu'il avait récemment déposé.
Après un échange d'observations entre
M. Barbey et l'honorable M. Brisson, rap-
porteur, la commission a accepté le projet
du ministre de la marine.
Immédiatement après ce vote, M. Brisson
a remis sa démission de rapporteur.
La commission a désigné pour le rem-
placer M. G. Cochery.
DISCOURS DE FRANÇOIS-JOSEPH
AUX DÉLÉGATIONS
Vienne, Il novembre.
L'empereur, arrivé ce matin de Gœdœllœ,
a reçu à midi les membres de la délégation
hongroise et, à une heure, les membres de
la délégation autrichienne.
L'empereur a répondu dans les termes
suivants aux allocutions des présidents des
deux délégations :
« Je peux déclarer avec satisfaction que
nous entretenons des relations très amica-
les avec toutes les puissances; nous som-
mes absolument d'accord avec nos alliés
pour considérer le maintien de la paix eu-
ropéenne comme la meilleure garantie du
bonheur et de la prospérité des peuples.
Mon gouvernement ne perd pas de vue ce
but, et nous recevons de tous les cabinets
européens l'assurance de tendances égale-
ment pacifiques.
» On n'est pas encore parvenu,il est vrai,
à écarter les dangers que présente la situa-
tion politique de l'Europe, ni à mettre un
terme aux armements qui se poursuivent
partout; mais, comme le besoin de la paix
se manifeste d'une façon générale et una-
nime, il est permis d'espérer que l'on finira
p#r en assurer le maintien.
» Je désire qu'il me soit donné d'annon-
cer ce joyeux événement à mes peuples, de
leur déclarer que les soucis et les charges
actuelles et les dangers qui menacent la
aix ont pris fia, #
LE CHAUFFAGE
DES OMNIBUS
IL FAUT EN FINIR
A la préfecture de police. — Un arrêté
rapporté. — A la Compagnie des
omnibus. — On ne veut pas
chauffer.
Nous rappelions, il y a quelques jours, la
campagne entreprise l'année dernière par
le XIXe Siècle pour obtenir le chauffage
général des trains de chemins de fer, et
nous demandions à M. Yves Guyot s'il
comptait tolérer longtemps la « période
d'études » que les compagnies semblent
inaugurer de nouveau cette saison, pour
la prolonger jusqu'à la fin de l'hiver.
Les compagnies affirmant que le public
recevra complète satisfaction sous peu de
jours, nous ne pousserons point le défaut
de courtoisie jusqu'à leur refuser le bref
délai qu'elles sollicitent.
Mais une autre question tout aussi im-
portante se dresse à côté de celle du chauf-
fage des trains, c'est celle du chauffage des
omnibus et des tramways. Comme la Com-
pagnie générale, qui pourtant avait été in-
vitée l'année dernière par le conseil muni-
cipal, et il y a quelques jours parle conseil
général, à améliorer son hygiène sous ce
rapport, paraît s'en préoccuper fort peu,
nous sommes allé nous enquérir près d'un
fonctionnaire de la préfecture de police
des intentions de l'administration.
L'histoire d'un arrêté
çi-Chauf fera-t-on les omnibus ? nous dé-
clare d'abord notre interlocuteur. Je n'en
sais rien, mais je ne le crois pas, pour cette
raison péremptoire que ni les inventeurs
ni les ingénieurs des compagnies n'ont en-
core trouvé une chaufferette ou une bouil-
lotte répondant à toutes les exigences. Loin
d'être l'idéal, la chaufferette en usage au-
jourd'hui dans les fiacres de loueurs ou
des compagnies présente, en effet, des in-
convénients tels qu'on ne saurait songer à
l'employer dans les omnibus.
_>> En décembre 1889, M. Lozé avait même
pris un arrêté en proscrivant absolument
l'emploi. Seules étaient autorisées les
chaufferettes munies d'un système permet-
tant l'évacuation à l'air libre des gaz délé-
tères produits par la combustion des bri-
quettes. Les inconvénients, les dangers de
ce mode de chauffage justifiaient évidem-
ment cette mesure. Dans cet hiver de 1889-
90, deux cochers ne furent-ils pas trouvés
asphyxiés dans leur voiture où ils s'étaient
enfermés, la nuit, à la station, pour se ré-
chauffer? Puis, si l'oxyde de carbone n'oc-
casionne que rarement d'aussi regrettables
accidents, du moins cause-t-il souvent des
maux de tête aux voyageurs, qui s'en plai-
gnent.
» Mais en janvier, en février 1890, l'in-
fluenza faisait à Paris les ravages que vous
savez. Faute d'un autre appareil, les voi-
tures ne furent plus chauffées, et, menacé
de rhumes, de refroidissements, le public
se mit à pousser de si beaux cris que le
préfet de police, pour ne pas être accusé
de complicité avec l'influenza, dut rapporter
son arrêté. M. Lozé se- contenta d'exiger
qu'à la station la vitre d'une des portières
demeurât baissée afin d'aérer l'intérieur
du fiacre, et cette prescription, depuis, est
à peine observée.
» Son arrêté était pourtant singulièrement
justifié : la commission des chemins de fer
a, en effet, depuis longtemps interdit toute
combustion à l'intérieur des wagons.
Les compagnies et les cochers
» Pour ne pas être prises au dépourvu
par le retour possible d'une mesure ana-
logue, les compagnies ont bien hasardé
quelques tentatives d'amélioration; elles
ont même feint de se livrer à des expé-
riences. Mais tout cela n'est pas sérieux. A
l'Urbaine, par exemple, on a essayé de mu-
nir la chaufferette à briquette d'une che-
minée conduisant au dehors les gaz délé-
tères. Outre que cette cheminée avait l'in-
convénient, en rendant la chaufferette fixe,
de l'exposer davantage à des détériorations,
les gaz demeurés dans la cheminée ris-
quaient, par suite de la rapidité de la
course ou d'un vent contraire, d'être re-
foulés à l'intérieur de la voiture par les
portes d'introduction du charbon ou les
prises d'air. C'était l'asphyxie perfection-
née.
» Il.était du reste évident a priori que les
compagnies se feraient nn devoir d'expéri-
menter les appareils les plus défectueux.
Pourquoi s'imposeraient-elles les frais con-
sidérables d'une nouvelle installation,
quand aujourd'hui le chauffage de leurs
voitures ne leur coûte rien ? Ce sont, en ef-
fet, les cochers qui fournissent à leurs frais
les chaufferettes et le combustible, qui leur
revient à trente centimes par jour.
» Elles seraient dès lors bien bêtes de s'in-
génier à changer la modus vivendi. D'ail-
leurs, cochers et compagnies ont pour l'ins-
tant assez de s'accorder sur le choix et le
fonctionnement d'un compteur horo-kilo-
métrique. Quand la question du compteur
sera réglée, peut-être songera-t-on à celle
de la chaufferette.
Difficultés pratiques d'une solution
» En résumé, pour l'instant, aucune amé-
lioration à espérer ni dans les voitures de
place, parce que les compagnies ne veulent
rien faire, ni dans les omnibus, parce que,
comme je vous le disais tout à l'heure, au-
cun inventeur n'a encore présenté d'appa-
reil répondant à toutes les exigences de
prix et de commodités. »
Notre interlocuteur entre alors dans une
foule de détails trop spéciaux pour être re-
latés textuellement ici. Il nous explique
que les bouillottes en usage dans les
wagons, avec lesquelles on n'a à craindre
ni gaz délétères, ni incendie, ne peuvent
être employées dans les voitures de place
en service toute la journée; elles se refroi-
dissent trop vite et sont trop lourdes.
« On a expérimenté encore, nous dit-il.
entre autres appareils, un thermo-siphon.
Mais si le réglage de la chaleur dégagée est
dans cet appareil des plus ingénieux, on
lui reproche de placer sous la voiture un
foyer si disgracieux d'aspect que les loueurs
et les constructeurs de voitures n'en veu-
lent à aucun prix. Je vous fais grâce de la
critique des autres types.
» Il ne faut donc pas compter voir les
omnibus chauffés cette année. »
, A la Compagnie des omnibus
En dépit de ces explications catégori-
ques, nous avons tenu à savoir si, pour
regagner les bonnes grâces de la popula-
tion parisienne, la Compagnie générale des
omnibus était disposée à chauffer ses voi-
lures. Au siège de là société, ou nous a ré-
pondu que le conseil d'administration n'en 1
avait pas encore délibéré. « Toutefois, a-
t-on ajouté, dans deux de nos dépôts nous
procédons à des expériences. Mais ces ex-
périences sont encore trop peu avancées
pour qu'il soit possible de se prononcer.
Et, nous le répétons, elles ne prouvent
nullement que la Compagnie soit décidée à
chauffer cet hiver ou même Van prochain
ses omnibus ni ses tramways. »
Trop de fumisteries
Il serait, comme on voit, difficile de pous-
ser plus loin la désinvolture.
Il y a quelques jours, un de nos confrères
du Temps, aussi curieux que nous, rencon-
trait aux bureaux de la rue Saint-Honoré
un administrateur facétieux qui lui démon-
trait l'impossibilité d'établir sur la plate-
forme des omnibus une machine à vapeur
« qui pourrait faire explosion M.
On ne paraît pas moins gai à la préfec-
ture de police, où l'on sacrifie l'hygiène à
l'esthétique. L'appareil de chauffage rom-
prait désagréablement la ligne artistique
des voitures.
Et voilà enfin que nous tombons sur l'ad-
ministrateur cynique qui nous avoue que
les expériences de la Compagnie sont des
expériences d'amateurs.
Cela nous dispense donc, pour le mo-
ment, de toutes considérations techniques
sur les systèmes de chauffage qu'on pour-
rait utiliser.
Ce qu'il importe de remarquer, c'est que
les voitures des messageries qui font à Pa-
ris le service des gares, c'est que les com-
partiments des chemins de fer, c'est que les
bateaux parisiens, c'est que les tramways
de Genève et de la plupart des villes de
l'Europe sont chauffés.
Il est inadmissible qu'en 1891 les Pari-
siens soient condamnés à geler dans les
omnibus, uniquement pour assurer un plus
gros dividende aux actionnaires.
L'administration a le droit, en vertu de
l'article 7 du traité du 18 juin 1860, d'obli-
ger M. Marsoullier et ses amis à apporter à
leurs voitures une amélioration indispen-
sable pour la santé publique. Et il faut es-
pérer que le conseil municipal saura répon-
dre à l'arrogance inconcevable de la Com-
pagnie par une mis en demeure immé-
diate de sortir quelques écus de sa caisse.
LES INSTITUTEURS
La commission relative aux traitements
du personnel de l'enseignement primaire
a continué hier l'examen des divers amen-
dements qui ont été présentés depuis sa
séparation.
Elle a adopté un nouvel amendement de
MM. Perrier et Jacquemart relatif aux
écoles de filles dans les communes de
moins de M) 1 habitants. Cet amendement
tend à mettre à la chargé de l'Etat le trai-
tement de ces institutrices, quand ces écoles
spéciales auront été reconnues nécessaires
par le ministre, après avis du conseil dé-
partemental.
Elle a sursis à sa décision sur l'amende-
ment de M. Siegfried relatif aux villes au-
dessus de 100,000 habitants, jusqu'à com-
munication du chiffre de la dépense qu'en-
traînerait l'adoption de cet amendement.
A propos de son amendement relatif à
l'indemnité de résidence à accorder aux
instituteurs de la Saine exerçant dans une
commune dont la population agglomérée
est inférieure à 100,000 habitants, M. Jac-
ques a insisté fortement pour que le rap-
porteur invite le ministre de l'instruction
publique à renouveler la déclaration qu'il
a bien voulu faire à la commission de son
intention de présenter à bref délai un pro-
jet de loi en ce qui touche le personnel des
instituteurs de la Seine.
Il importe que ces instituteurs d'élite, à
la situation desquels la loi de 1879 a ap-
porté une perturbation profonde et décou-
rageante, voient leur situation améliorée
au point de vue pécuniaire comme au point
de vue de l'avancement.
La commission s'est ajournée à mercredi
proc hain pour continuer ses travaux.
L'ESPIONNAGE
Dans sa séance d'hier, la commission de
l'armée a pris connaissance des nouvelles
modifications proposées par M. de Frey-
cinet, d'accord avec le ministre de la
justice, en ce qui concerne le projet relatif
à l'espionnage.
Le gouvernement s'est surtout préoccupé
dans son nouveau texte d'établir une gra-
dation complète des peines, afin de per-
mettre aux cours et aux tribunaux de
proportionner exactement le châtiment à la
faute commise.
Le principede la peine de mort que com-
portait le projet de la commission et que
n'édictait pas le projet définitif du gouver-
nement est établi dans le nouveau texte.
Cette peine serait applicable à ceux qui pra-
tiquent des machinations ou entretiennent
des intelligence, soit avec l'ennemi, soit
avec une puissance étrangère.
D'autre part, le gouvernement, qui avait
d'abord proposé de doubler les amendes et
les peines d'emprisonnement que prévoit
la loi de 1886 sur l'espionnage, propose un
nouveau texte des peines qui, des travaux
forcés, s'abaissent jusqu'à une année d'em-
prisonnement, en passant par la réclu-
sion.
Quant aux amendes, elles varieraient de
3,000 francs à 10,000 francs. Le nouveau
texte du gouvernement comporte l'exemp-
tion de peine, ou plutôt l'excuse légale,
pourrie dénonciateur, dans le cas où la dé-
nonciation profite à la manifestation de la
vérité.
Le rapporteur de la commission a été
Chargé de se concerter avec le ministre de
la guerre sur le nouveau texte du gouver-
nement et à présenter ensuite un rapport
supplémentaire à la commission.
UN HOPITAL EN FEU
Lorient, Il novembre.
Un violent incendie s'est déclaré ce ma-
tin, à huit heures, à l'hôpital civil de Lo-
rient, et s'est rapidement développé, favo-
risé par l'ouragan.
Les malades ont été évacués par les fe-
nêtres.
La poudrière, qui se trouve à proximité,
est protégée par les pompes de l'arsenal
maritime.
L'incendie, vigoureusement attaqué par
20 pompes dont une à vapeur, a été rapide-
ment circonscrit et est terminé à l'heure
actuelle. Plusieurs personnes ont été bles-
sées légèrement par la chute de pans de
murs et d'ardoises des étages supérieurs
et des combles.
L'immeuble est entièrement détruit;
CHRONIQUE
Les journaux d'hier vous ont conté que
l'on avait inauguré ou rouvert, je ne sais
plus au juste, une école où les futurs den-
tistes viennent apprendrettleur métier.
Cette école délivre des diplômes qui vau-
dront ce que vaudra le renom de l'école
même, car ils n'ont pas de sanction lé-
gale. J'entends par là que le premier
venu, le marchand de vin du coin, pourra
toujours s'improviser dentiste et mettre
à sa porte, sur une belle plaque en cuivre :
Un tel y chirurgien dentiste, sans que le
diplômé de l'école en question ait le droit
de lui demander où il a pris ses grades
et de lui interdire l'exercice d'une pro-
fession qu'il ne connaît pas.
Nombre d'Américains se sont abattus
sur Paris et se sont fait, à force de ré-
clame, un nom et une clientèle. De
quelle école sortent-ils? Que savent-ils?
On l'ignore. Ce sont d'ailleurs pour la
plupart des opérateurs habiles, qui en-
lèvent ou plombent une dent avec adresse.
Mais leur science ne va pas plus loin. Et
si les maladies des dents ou des gencives
tiennent à un état général, à ce que les
médecins appellent une diathèse, ils sont
incapables, n'ayant fait aucune étude
médicale, de la diagnostiquer, et encore
plus de Ici guérir.
— Voyez-vous! me disait à ce propos
l'un des hommes de Paris qui sont le
plus compétents dans la question, cette
école dentaire est sans doute un progrès,
puisque auparavant le métier était en
proie aux charlatans. Mais on n'arrivera
à rien de sérieux que lorsqu'on aura
donné à cette spécialité de l'art de guérir
ses entrées à l'Ecole de médecine, lors-
qu'on aura créé une chaire. permettez-
moi de lâcher le mot scientifique. une
chaire de stomatologie.
— Vous pouvez y aller ! Je me souviens
encore assez de mon grec pour savoir que
stoma veut dire bouche. Va pour stoma-
tologie !
— La médecine est devenue un art si
étendu qu'il est impossible à un seul
homme d'en embrasser ou tout au moins
d'en approfondir toutes les parties. De là
est née cette nécessité à laquelle beau-
coup d'entre nous obéissent. L'un s'oc-
cupe plus particulièrement des yeux,
l'autre des oreilles ; un autre prend le dé-
partement des maladies nerveuses, un
autre soigne les affections de l'estomac,
un autre. mais je m'arrête, car je pas-
serais en revue toutes les parties du
corps de l'homme.
La première condition pour un spécia-
liste, c'est de s'être donné d'abord en mé-
decine une instruction générale, c'est d'a-
voir conquis le diplôme qui est une ga-
rantie de cette instruction. On ne s'éta-
blit pas oculiste, non plus qu'auriste,
sans avoir été d'abord reçu docteur, sans
avoir prouvé que l'on peut rattacher les
maladies dont on s'occupe plus particu-
lièrement à des causes plus lointaines,
plus profondes, tirées de la connaissance
du corps humain tout entier.
On n'entre chez un oculiste, on ne se
fait admettre dans sa clinique, on ne
commence à opérer, que lorsque l'on a
suivi à l'Ecole de médecine des cours va-
riés qui vous ont renseigné sur l'ensem-
ble de la machine.
L'Ecole de médecine a suivi le mouve-
ment : elle a joint à ses cours généraux
des chaires de spécialités ; et c'est ainsi
que chaque spécialité a obtenu en quel-
que sorte droit de cité en médecine. Il y
a des médecifcs qui ne peuvent se spécia-
liser ; ainsi, ceux qui exercent dans les
petites villes ou à la campagne. Ceux-là
sauront soigner les maladies les plus com-
munes d'un organe attaqué; si le cas est
grave, ils enverront le client à un spécia-
liste.
Ainsi, par exemple, vous êtes à Lan-
derneau; vous avez une conjonctivite de
l'œil ; le médecin de Landerneau vous en
guérira parfaitement avec le secours d'un
spécialiste : l'instruction générale qu'il
aura emportée de l'Ecole de médecine et
de l'hôpital lui suffira pour cela. Mais si
vous avez la cataracte, comme c'est une
opération grave et délicate, il vous dira
tout de suite, après le diagnostic porté :
« Mon ami, allqz à Rennes ou à Paris ; là
vous trouverez un spécialiste. n
Ce spécialiste, remarquez-le bien, sera.
un médecin au même titre que son con-
frère de Landerneau. Il aura fait les
mêmes études ; il sera pourvu du même
diplôme. Seulement, il a porté son intel-
ligence et son adresse de main sur un
point particulier ; il y a donc, pour ces
sortes de cas, plus de confiance à avoir
en lui.
Eh bien, les dents, la mâchoire, si vous
aimez mieux, la mâchoire est de toutes
les parties du corps la seule que l'Ecole
de médecine n'ait pas admise à cette spé-
cialisation.
— Et pourquoi? m'écriai-je. Car les
dents ont une utilité et un agrément in-
contestables. Elles sont, pour emprunter
un vers à Pailleron,
Un attrait au visage et une aide aux repas.
On y tient plus encore qu'elles ne tien-
nent à vous, et elles y tiennent diable-
ment. D'où vient que la médecine ou la
chirurgie officielle n'a pas compris les
dents parmi les organes dont elle dai-
gnait prendre soin ?
— Je ne vous dirai pas la raison de
cette indifférence, parce qu'à vrai dire je
ne la connais pas bien. 11 est probable
que les arracheurs de dents, les charla-
tans de places publiques, les Bilboquets qui
sur un champ de foire, armés d'un grand
sabre, offraient d'enlever les dents sans
douleur aux personnes qui voudraient
bien les honorer de leur confiance, ont
fait tort au métier; ils y ont attaché une
défaveur et un ridicule.
Au reste, si vous voulez remonter dans
le passé, vous verrez que les ppérations
m
chirurgicales ont été tenues de même
fort longtemps en médiocre estime. C'é-
taient les barbiers qui en étaient char-
gés, et les médecins leur témoignaient
beaucoup de mépris. Il y avait du pré-
jugé là-dedans; ce préjugé a cédé à la
réalité des faits. La chirurgie est deve-
nue une des branches les plus impor-
tantes et les plus considérées de la mé-
decine. Les soins à donner aux dents ne
sont encore à cette heure rentrés ni dans
la chirurgie ni dans la médecine.
C'est une sottise.
Un jeune, médecin qui a fait ses études
à Paris ne sait rien des soins à donner à
la bouche. Qu'arrive-t-il? C'est que, dans
le pays où il exerce, tous ceux qui ont
mal aux dents vont chercher de l'aide
chez le maréchal-ferrant de l'endroit, qui
leur massacre la mâchoire. Il perd, lui,
une occasion d'accroître sa clientèle et
d'ajouter à son revenu. Les patients y per-
dent plus que lui. Car ils ont presque
toujours affaire à un âne, qui n'a pas les
premières notions de son art et qui croit
que tout est dit quand il a supprimé la
dent qui faisait mal.
Il est déplorable que les médecins n'em-
portent pas des cours faits à l'Ecole les con-
naissances indispensables au dentiste, et
surtout le ferme propos de rompre avec
le sot orgueil qui défend à un docteur de
s'occuper des dents. Quelle anomalie bi-
zarre! Il ne se croit point déconsidéré à
soigner un œil, une oreille, un pied, et
d'autres parties moins nobles encore. Ce
serait pour lui une déchéance s'il visitait
la bouche d'un client, s'il avait sur lui la
clef du dentiste et s'il s'en servait I
— Mais, lui dis-je, comment l'idée
n'est-elle pas venue à un docteur de se
spécialiser dans cette partie ? Il gagnerait
beaucoup - d'argent.
— Oh! cette idée est déjà venue à plus
d'un. C'est le docteur Magitot qui a le
premier donnné cet exemple. Il est retiré
aujourd'hui. Il y en a quatre ou cinq à
Paris, entre autres le docteur Combe, qui
ont bravé le préjugé, et qui ont appliqué
à la bouche leur connaissance approfon-
die de la médecine. Mais voyez la puis-
sance du préjugé! Le docteur Combe, qui
est un des hommes les plus éminents de
ce temps, n'oserait jamais se dire dentiste,
parce que son portier peut, s'il le veut,
revêtir ce titre.
Il faut fonder à l'Ecole de médecine une
chaire de stomatologiey et n'autoriser à
soigner les dents de leurs contemporains
que les médecins qui auront conquis leur
diplôme.
C'est le seul moyen de relever la profes-
sion de dentiste.
Francisque Sarcey.
L'OURAGAN D'HIER
A PARIS
Un ouragan d'une extrême violence s'es
déchaîné hier matin sur Paris, arrachant
aux arbres des boulevards leurs dernières
feuilles et jonchant les rues de branches
brisées et de débris de toutes sortes.
Sur le boulevard du Palais, une fenêtre
s'est abîmée sur la chaussée, au grand émoi
des passants, qui heureusement n'ont pas
été atteints.
Rue d'Hauteville, la violence du vent a
occasionné un accident mortel. La con-
cierge de l'immeuble sis au numéro u"
Mme Amélie Royer, balayait la cour, lors-
que les débris d'un tuyau de cheminée
tombèrent sur le sol. La malheureuse, frap-
pée à la tête eut le crâne fracturé, et ren-
dit presque aussitôt le dernier soupir.
Sur le boulevard Haussmann, des bara-
ques en bois appartenant à des fleuristes
ont été renversées.
L'ouragan a également culbuté de légères
voitures à réclame en forme de pyramide,
que traînaient, place Pigalle, des hommes
vêtus en pousse-pousse tonkinois.
Un cocher d'omnibus qui passait boule-
vard Bonne-Nouvelle a reçu sur la tête un
tuyau de cheminée. Bien que le chapeau
ait amorti le choc, la blessure du cocher est
assez grave. -
De nombreuses palissades ont été rsm-
pues par le vent, notamment dans les rues
Vivienne, Lamark, Caulaincourt, de Mais-
tre.
Vers huit heures, la palissade qui entoure
l'emplacement de l'ancien Opéra-Comique
a été renversée sur la chaussée de la rue
Marivaux, et un employé du Gagne-Petit,
M. Callet, qui passait à ce moment, a été
atteint au bras droit.
Presque à la même heurs, un chiffon-
nier, Jean Gaillard, était jeté par la bour-
rasque sous les roues d'une voiture et re-
cevait de nombreuses contusions, tandis
que dans la rue des Petits-Carreaux, devant
le numéro 38, une feuille de zinc, arrachée
d'une toiture, blessait une vieille femme,
Mme Catherine Roger, âgée de soixante-
quatorze ans.
Rue du Bac, un ouvrier couvreur, Louis
Roques, âgé de trJnte-cinq ans, qui passait
sur le trottoir, a reçu sur la tête une che-
minée en tôle. Il a dû être transporté dans
une pharmacie et reconduit ensuite à son
domicile. Un garçon épicier da la maison
Potin, M. Alexandre Moulin, a été blessé à
la tête par la chute d'une pancarte-réclame
tombée de la maison sise au 118, boulevard
de la Chapelle. -
Dans la rue de urenne, un jeune ap-
prenti bijoutier, Paul Klein, âgé de quinze
ans, a été grièvement blessé au front par
un tuyau de cheminée.
Lsa jardins et les constructions duChamp
lde Mars ont beaucoup souffert, particuliè-
rement la galerie des machines et la tour
Eiffel; des ardoises, des plaques de zinc,
des vitres, des lanternes ont été arrachées.
Les appareils qu'on avait installés sur les
lauriers ont été enlevés. La toiture des
arènes de Passy (gare des galcons) a été ar.
rachée ét est retombée en pluie de poutres
et de planches.
Les télégrammes déposés aux guichets de
Paris ont été envoyés hier soir par la poste.
Depuis l'hiver de 1879, le même fait ne s'é-
tait pas produit.
Avenue de la Mothe-Piquet, on s'est vu
dans la nécessité de barrer le trottoir en
face du pavillon central de l'Ecole militaire,
le vitrage représentant une chasse, au-
dessus dé la loge du concierge, menaçant
de tomber, La même précaution a dû être
prise sur le quai aux dans la Çité.
Un échafaudage v était drossé pour la COQ."
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