Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-09-30
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 30 septembre 1891 30 septembre 1891
Description : 1891/09/30 (A21,N7198). 1891/09/30 (A21,N7198).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7559824z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
Vingt-et-unlème année. —N'7,198 CINQ Centimes * Paris et Départements — CINQ Centimes MERCREDI 30 SEPTEMBRE 1891 ,
- JOURNAL RE PUB LI. CAIN
;, 4 REDACTION -
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TRES PROCHAINEMENT
Le XIXe SIECLE
COMMENCERA LA PNLILICALION (T M nouveau Rnman
Un journal avait raconté, l'autre
jour, qu'au comice agricole de Mire-
court, M. Buffet, l'un des principaux
chefs de la droite au Sénat, avait
porté un toast « à M. Carnot, prési-
dent de la République », et qu'il avait
ensuite écouté debout, ainsi que tous
les assistants, la Marseillaise. On en
avait conclu avec quelque précipita-
tion, que la République comptait à
Mirecourt un certain nombre d'adhé-
rent nouveaux, là comme dans beau-
coup d'autres endroits, le comice agri-
cole ayant été jusqu'ici un foyer de
réaction. Les commentaires allaient
leur train, lorsque le Gaulois, ayant
eu l'idée de contrôler la nouvelle, re-
çut cette laconique dépêche : « Nou-
velle absolument fausse. Ai porté,
comme chaque année, toast aux lau-
réats du comice. N'ai fait aucune al-
lusion politique. »
Les journaux monarchistes enregis-
trent cette rectification avec le plus
grand empressement et ils l'interprè-
tent comme un démenti aux bruits de
conversion républicaine de M. Buffet.
On pourrait épiloguer sur ce sujet. Si
M. Buffet ne dit pas qu'il est rallié, il
ne dit pas qu'il ne l'est pas, et le seul
fait de n'avoir fait « aucune allusion
politique" n'est pas une déclaration
de principe irrécusable. Le doute se-
rait d'autant plus permis qu'il fut un
temps, croyons-nous, où M. Buffet ne
fut pas absolument l'adversaire de la
République : c'est lorsque, après le
SA Mai où, comme président de l'As-
semblée nationale, il avait dans une
large mesure contribué au renverse-
ment de M. Thiers, il était ministre
de la République conservatrice après
t'avoir été de l'empire libéral. Il au-
rait accepté le principe du gouverne-
ment qu'il a servi et, a-Liqtier il a de-
puis longtemps, comme la plupart des
droitiers du Sénat, renoncé à faire,
au moins d'une façon ostensible, une
pposLion systématique, que cela
n'eût pas changé grand'chose à ce qui
existe et qu'il aurait été exagéré d'en
faire beaucoup de bruit.
Néanmoins, il ne nous déplaît pas
d'enregistrer la rectification de M.
Buffet en y attachant le sens que les
organes de la droite lui donnent. Cela
précise un peu l'attitude des monar-
chistes et aide à dissiper les équivo-
ques que' leur conduite actuelle a
créées. M. Buffet est un des signatai-
• res de ce manifeste de l'Union de la
France chrétienne qui, dirigée par M.
Dhesnelong et encouragée par M. Ri-
chard, archevêque de Paris, disait ré-
cemment qu'il fallait renoncer à la
tactique suivie jusqu'ici et moins
chercher désormais à renverser la Ré-
publique qu'à donner à la République
une direction conforme aux veux des
catholiques. -
On avait déjà voulu voir dans ce
manifeste un symptôme d'apaisement
politique et comme l'aurore d'une ère
nouvelle où, la question constitution-
nelle se trouvant définitivement en
dehors de toute contestation, les di-
vers partis politiques ne lutteraient
plus que pour l'organisation de la Ré-
publique suivant leurs doctrines et
leurs aspirations. Mais le discours de
M. d'Haussonville à Toulouse n'avait
pas absolument confirmé cette appré-
ciation. Le chef d'état-major du pré-
tendant royal avait longuement parlé
de l'évolution des catholiques, et il
avait eu soin de distinguer entre deux
tractions, l'une qui, à la suite du car-
dinal Lavigerie et de M. Fava, évêque
de Grenoble, sacrifiait ia question po-
litique pour se consacrer exclusive-
ment à la question religieuse et à la-
quelle les monarchistes signifiaient
qu'ils ne la connaissaient plus, comme
3lle avait précédemment signifié aux
monarchistes qu'elle ne voulait plus
jouer un jeu de dupes en liant les in-
térêts de la monarchie à ceux de la
religion et en faisant supporter à ceux-
ci les conséquences de l'impopularité
de celle-là.
Quant à l'autre fraction, enrôlée
3ous la bannière de l'Union chré-
tienne, M. d'Hausonville, tout en no-
tant, avec une nuance de regret,
qu'elle mît les questions religieuses au
premier plan et qu'elle donnât aux
intérêts monarchiques une place un
oeu moins éminente, déclarait que
l'on pouvait établir une entente avec
elle et que rien ne creusait entre elle
et les monarchistes proprement dits
un fossé infranchissable.
L'Union de la France chrétienne
avait laissé passer ces paroles sans
répondre, et l'on était jusqu'ici réduit
Varguer de sou silence même £ 0ur y
trouver une acceptation des commen-
taires du représentant du comte de
Paris. Si M. Buffet avait en réalité
porté le toast qu'on lui prêtait, si son
adhésion à la République, pour dis-
crète et réservée que fût la forme
sous laquelle elle se serait produite,
avait rencontré dans le milieu réac-
tionnaire du comice agricole l'accueil
sympathique que l'on annonçait,
c'eût été, de la part de l'un des signa-
taires du manifeste, — et non l'un
des moins considérables, — une ré-
ponse à M. d'Haussonville et le rejet
des avances que le représentant de la
cause monarchique n'avait pas ména-
gées à cette fraction du parti catholi-
que. -- - -- --
Mais M. Buffet n'a rien dit. 11 n'a
fait « aucune allusion politique ». Il a
porté le toast qu'il porte tous les ans
dans une assemblée à laquelle, com-
me tous les ans, n'assistait aucun re-
présentant du parti républicain. Donc,
il n'y a rien de changé et l'alliance que
M. d'Haussonville offrait à l'Union de
la France chrétienne n'avait même
pas besoin d'être offerte, car elle
était acceptée par avance, ou, pour
mieux dire, elle n'avait même pas à
être acceptée. L'Union de la France
chrétienne et le parti monarchique ne
sont qu'un seul et même parti, dans
lequel il y a aujourd'hui, comme il y
a toujours eu, des hommes plus cléri-
caux que politiques et d'autres plus
politiques que cléricaux. Mais au mo-
ment de l'action, ils s'entendent ad-
mirablement. Nous n'en avons jamais
douté et nous ne doutons pas non
plus que, le jour où ils le pourraient,
ils s'entendraient encore admirable-
ment, non seulement entre eux, mais
encore avec un certain nombre de
ralliés, pour étrangler la République.
Le très mince incident que nous ve-
nons de signaler nous le prouve en-
core une fois, et l'empressement même
avec lequel M. Buffet se disculpe d'a-
voir fait une allusion politique est une
indication qui ne manque pas de va-
leur.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
a Vie de Paris n, par Henry Fouquier.
0 LE RÉGIME DU PASSEPORT
CDB NOTRE CORRESPONDANT PÀRTICULIBB) 0
Belfort, 28 septembre.
Plusieurs personnes qui avaient franchi
hier les limites d'Etat dans la zone du ter-
ritoire de Belfort et de la Haute-Alsace
sont revenues et nous ont apporté les ren-
seignements ci-après, concernant le régime
de transition à la frontière autra que celle
des gares :
On peut entrer en Alsace sans passeport,
mais conditionnellement. Les douaniers
rencontrés ont conseillé aux passants dé
faire acte de présence au bureau du pré-
posé au passage au premier village annexé;
ces douaniers eux-mêmes se trouvaient à
la disposition du préposé. Celui-ci a chaque
fois interrogé les personnes et les a laissées
poursuivre leur chemin, par tolérance tou-
tefois, à cette condition de rentrer en France
le jour même.
Il en a été ainsi dans toute la région fron-
tière d'ici. Mais on est convaincu que les
douaniers auraient refoulé quiconque au-
rait voulu passer en voiture et muni
d'une malle renfermant des vêtements,
alors que l'étranger n'aurait pas eu de
passeport à présenter.
Inutile de vous dire que dans nos dépar-
tements de l'Est la suppression du passeport
a produit sur les esprits une détente d'un
heureux résultat; et, à ne consulter que les
intérêts privés, on sait généralement gré
à Guillaume II d'avoir adouci la sur-
veillance policière des pays annexés.
MANIFESTATION CONTRE CRISPI
(DE NOTRE CORRESPONDANT "ARncULIER)
Syracuse, 28 septembre.
M. Crispi, revenant de Palerme, a passé
ici, où il a été l'objet d'une manifestation
dont il se souviendra longtemps. Une foule
énorme est venue le siffler. Les cris : « A
bas Crispi! » se sont fait entendre inces-
samment.
L'attitude de la foule était si menaçante
qu'on a dû requérir en hâte la troupe pour
protéger l'ancien président du conseil. Plu-
sieurs arrestations ont été opérées.
On ne manquera pas d'accuser le gou-
vernement d'avoir fomenté cette manifes-
tation. M. di Rudini est député de cette
ville, où il est très populaire.
MORT DE GONTSCHAROW
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
: Saint-Pétersbourg, 28 septembre.
Ivan Gontscharow, un des plus grands
romanciers russes, vient de mourir.
Gontscharow était né le 6 janvier 1823 à
Simboisk, En 1858, il publiait son premier
roman, Histoire ordinaire, qui obtint un
gros succès et lui assigna une des pre-
mières places parmi les écrivains russes.
Il fut suivi d'Oblomow et del'Ecroulement,
et de beaucoup d'autres accueillis avec la
même faveur par le public.
Tous ces romans sont tirés de la vie
russe et se recommandent par la finesse
des observations et la pureté du langage.
Dans un autre genre, on a de Gontscha-
row la description d'un voyage autour du
monde, qu'il lit en qualité de commissaire
du gouvernement, vers 185/J.
1
LA
DERNIÈRE ŒUVRE DE TENNYSON
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 28 septembre.
Le grand poète anglais lord Tennyson, qui
vient d'avoir quatre-vingt-deux ans, a terminé
son premier ouvrage destiné à la scène.
Cette œuvre sera iotfée cet hiver à Ncw-
YwV ■ -- ■■ - '■ -
LA BOURSE DU TRAVAIL
CKEZ M. CHAMPOUDRY
Le règlement gënéral. - L'ingérence
du conseil municipal. — Office mu-
',: nicipal du travail. - Lesradi-
: caux et les possibilistes.
Très prochainement le conseil municipal
procédera à l'ouverture solennelle de la
Bourse du travail dans le vaste local de la
rue du Château-d'Eau.
A cette occasion, un projet d'organisation
sous forme de règlement général sera sou-
mis à l'approbation de l'assemblée munici-
pale.
Quels en seront les termes ? Se sera-t-on
souvenu, en rédigeant ce règlement, des
conflits entre groupes corporatifs qui à
plusieurs reprises ont failli dégénérer en
petite émeute, et des incidents qui amenè-
rent, en un jour de trouble, la fermeture
de la Bourse sur l'ordre du ministre de
l'intérieur ?
Le futur règlement
Un échange d'observations avec M. Cham-
poudry, le rapporteur du projet, va nous
poudryL, 'honorable conseiller du quator-
fixer.
zième arrondissement, qui porte un intérêt
tout particulier aux questions sociales, fait
partie, depuis son entrée à l'Hôtel de Ville,
de la commission du travail. C'est à ce ti-
tre qu'il fit adopter, le 28 octobre 1887, le
premier règlement de la Bourse de la rue
Jean-Jacques-Rousseau et qu'il y apporta
lui-même, en avril 1889, les modifications
qui paraissaient s'imposer. -
M. Champoudry semblait donc tout dé-
signé pour pourvoir à l'organisation défi-
nitive de la Bourse centrale. Comme il
n'est inféodé à aucune école socialiste, il a
essayé très franchement de remédier aux
abus connus.
- Deux ou trois articles, nous dit-il, seront
surtout attaqués. L'un, celui qui assure au
conseil municipal, représenté par sa com-
mission du travail, le droit de contrôle sur
tout le mouvement de la Bourse : régula-
rité de l'élection du comité exécutif, ser-
vice du bureau général, etc.
L'autre, qui n'est que transitoire et a
pour but d'éviter toutes difficultés entre
les groupes intéressés, dit que, « à titre ex-
ceptionnel et pour cette fois, la nomination
du comité exécutif (porté à vingt-cinq
membres) aura lieu avant l'ouverture des
nouveaux locaux, par les soins de la com-
mission du travail du conseil municipal. »
Les prétentions des syndicats
Les syndicats et groupes corporatifs vou-
draient avoir la haute main sur cette insti-
tution. C'est un sentiment que je com-
prends parfaitement. Cependant, malgré le
respect que nous avons pour l'autonomie
de ces associtions), nous ne pouvons ou-
blier notre devoir d'administrateurs scru-
puleux. L'importance cies sommes p*-«îio—
vées et à prélever sur les fonds apparte-
nant à l'ensemble des contribuables pari-
siens explique et légitime notre interven-
tion en vue d'un bon fonctionnement.
En outre, l'état d'anarchie de l'organisa-
tion ouvrière nous impose le devoir de
veiller de près aux débuts de l'œuvre, afin
d'assurer son avenir.
Si toutes les dispositions de l'ancien rè-
glement avaient été exécutées, les heurts
qui ont signalé certaine période trop pré-
sente aux esprits ne se seraient pas pro-
duits.
— Conserverez-vous les locaux de la rue
Jean-Jacques-Rousseau ?
— Sans doute. Et j'espère bien que le
conseil jugera utile d'établir d'autres an-
nexes. L'étendue de la ville et la centrali-
sation de certaines industries dans diffé-
rents quartiers rendent leur établissement
indispensable.
La Bourse centrale sera tout à la fois un
marché des salaires et un lieu d'étude,
d'éducation, de groupement, ainsi qu'une
agence de renseignements pour les travail-
leurs.
Bureau de statistique du travail
— Vos collègues du parti ouvrier, MM.
Prudent Dervillers, Paul Brousse, Caumeau,
n'ont-ils pas proposé d'attacher à la Bourse
centrale un office municipal de statistique
du travail ?
.— En effet; je dois même dire qu'ils
avaient été précédés par M. Pierre Baudin.
Ces deux propositions ont naturellement
sollicité la discussion des membres de la
commission du travail. Si elles ont toutes
deux été écartées, cela ne signifie pas que
la nécessité de la création soit méconnue.
Bien au contraire. Le bureau municipal de
statistique et d'étude se rapportant aux
travailleurs et aux choses du travail sera le
complément logique de l'institution de la
Bourse du travail. Ainsi en a décidé la
commission du travail. Le conseil munici-
pal, j'en ai l'espérance, ratifiera sa délibé-
ration.
.- Son organisation
Seulement, le texte des propositions dont
nous avions à prendre connaissance ne
nous satisfaisait qu'incomplètement.
La rédaction de M. Baudin ne rattache
pas le bureau d'une façon suffisamment
précise à l'institution de la Bourse, et la
proposition de M. Prudent Dervillers trace
une limite trop étroite quant au nombre
et quant à la catégorie des personnes char-
gées des travaux de ce bureau.
D'après M. Prudent Dervillers et ses col-
lègues du parti ouvrier, les secrétaires du
bureau de statistique seraient désignés par
le conseil municipal, sur une liste présen-
tée par les syndicats ouvriers adhérents à
la Bourse du travail.
Pour nous, cet organisme doit former
partie intégrante de l'institution nouvelle.
D'autre part, le nombre et la qualité des
employés ne peuvent être fixés que par l'é-
tendue et le caractère de la besogne à ac-
complir après une étude spéciale.
Il est aussi certain qu'on ne peut prendre
l'engagement de recruter exclusivement le
personnel nécessaire parmi les membres
des syndicats ouvriers.
Le précédent règlement imposait aux ad-
ministrateurs de la Bourse provisoire le
soin d'établir une statistique très élémen-
taire. Or, je suis obligé d'avouer, quoi qu'il
m'en coûte, que cette statistique n'a jamais
été établie d'une façon régulière et sé-
rieuse ; les intéressés n'ont fait preuve ni
de zèle ni d'aptitude.
— Alors/
— Le bureau à créer devant se livrer à
des travaux d'une véritable valeur, scienti-
fique, indispensables pour atteindre aux
résultats qu'on se propose, le recrutement
des titulaires doit se faire sans acception
d'origine et. de catégorie* avçcla garantie,
d'un concours. *
— Le titre exact de cette institution nou-
velle sera.?
— Bureau municipal de statistique et
d'études d'économie sociale.
Voici l'article du règlement qui prévoit
son fonctionnement : ',
Un bureau municipal de statistique du tra-
vail et d'études d'économie sociale sera orga-
nisé par les soins de M. le préfet de la Seine,
comme complément de la Bourse centrale du
travail. ; ,
Ce bureau, dont les membres seront nom-
més après concours, sera chargé de recueillir
et publier tous les documents statistiques re-
latifs aux travailleurs et aux choses du travail,
à Paris, en France et à l'étranger, et notam-
ment en ce qui concerne les taux des salaires,
les conditions du travail, la durée de la jour-
née, les rapports entre le capital et le travail,
le prix des aliments et des objets nécessaires
à l'existence, les accidents, les maladies pro-
fessionnelles, la mortalité des travailleurs.
Il procédera à l'examen comparé de la lé-
gislation et de la réglementation du travail
dans chaque pays.
11 recherchera quelle influence peuvent avoir
les droits de douane et d'octroi sur le travail
et la vie des ouvriers, ainsi que sur l'industrie
en général.
Le directeur du bureau sera tenu d'adresser
communication de ses travaux tant au conseil
municipal de Paris qu'au comité exécutif de
la Bourse.
Ce programme, on le voit, est des plus
étendus.
— Ne craignez-vous pas, hasardons-nous
au moment de quitter M. Champoudry,que
ce bureau ne fasse double emploi avec l'office
du travail créé tout récemment par le
ministre du commerce ?
— Point du tout. Les deux offices pour-
ront correspondre ensemble pour le plus
grand bien du but poursuivi. Abondance de
biens ne nuit pas, dit-on. Combien cela est
vrai pour les renseignements multiples,
innombrables, auxquels les réformateurs
doivent avoir recours pour la solution de
la question sociale ! *
UN DISCOURS DE M. DE CAPRIVI
(D'UN CORRESPONDANT)
Berlin, 28 septembre.
Le chancelier de l'empire, sur l'invita-
tion de la ville d'Osnabrtick et à l'occasion
du jubilé du 78e régiment d'infanterie, a
visité la salle de la Paix de l'hôtel de ville,
où l'on a conclu en 16.48 le traité de West-
phalie. 0
Il a répondu à l'allocution dulbourgmes-
tre par un long discours, dont voici les
principaux passages :
« Un coup d'œil jeté sur le passé montre
ce que le présent a su conquérir : les crain-
tes relatives à la durée de l'état de choses
actuel ne sont pas fondées ; aucun homme
d'Etat n'a le désir de troubler la paix et de
provoquer une guerre européenne ; les re-
lations plus étroites qui se sont établies
entre différents Etats dans ces derniers
temps ne donnent pas lieu non plus à des
appréhensions : ces rapprochements ne
constituent probablement pas autre chose
qùel'établissementderéquilibre européen
tel qu'il existait autrefois.
i, Aucun des gouvernements européens,
autant que je puis le prévoir, ne souhaite
une guerre qui dépasserait en calamités et
en conséquences toutes les guerres anté-
rieures.
» Les difficultés intérieures qui préoc-
cupent l'empereur seront également ré-
glées d'une manière satisfaisante, mais il
faudra peut-être pour cela quelques dizai-
nes d'années. Dans la question très impor-
tante des rapports entre les classes, le gou-
vernement est aussi bien celui des ouvriers
que celui des patrons. Quand les affaires
des patrons vont mal, les ouvriers sont les
Dremiers à en souffrIr."
LA DÉMISSION DU DUC DE CAMBRIDGE
(D'UN CORRESPONDANT!
Londres, 28 septembre.
Le correspondant de Londres de la Bir-
mingham Post dit qu'il y a tout lieu de
croire que la démission du duc de Cam-
bridge, généralissime des forces anglaises,
ne se fera pas attendre longtemps. Evidem-
ment, dans l'ordre naturel des choses,
ajoute le correspondant, ce prince ne pou-
vait conserver beaucoup plus longtemps ses
hautes fonctions. Aujourd'hui, on dit cou-
ramment dans les milieux officiels que le
duc se rend parfaitement compte lui-même
de la nécessité de se démettre de fonctions
que l'âge et les infirmités lui rendent de
jour en jour plus pénibles.
Selon toute probabilité, le duc ne don-
nera pas sa démission avant la fin de l'an-
née courante, mais il est presque certain
que le changement s'effectuera dans les
premiers mois de 1892.
Le duc de Cambridge est âgé de soixante-
douze ans.
M. DE FUNCKE
ET NOS GRANDES MANŒUVRES
Nous recevons la lettre suivante :
Saint-Gervais-les-Bains, 26 septembre.
, Mon cher directeur,
Dans l'article du XIXe Siècle du 23 sep-
tembre intitulé: c, Les Manoeuvres de l'Est »,
je trouve cette phrase:
Je vous dirai, en passant, que je ne me rends
pas bien compte du tour de force dont parle
le capitaine de Funcke au sujet de l'heure de
la revue.
Il me semble même qu'il a du suffire de
mettre à l'ordre la simple phrase suivante :
« Toutes les heures primitivement fixées
pour le départ des cantonnements, en vue du
rassemblement pour la revue, doivent être
considérées comme avancées de trente minu-
tes. Mais c'est là, à mon sens, un détail de
cuisine d'état-major sans grande importance.
En revoyant le passage de mon article
qui a soulevé cette observation, je suis
obligé de reconnaître que ma phrase, mal
faite, pouvait prêter à une interprétation
erronée. Je me souviens en effet très bien
que moi-même, ne me rendant pas compte
de ce « tour de force », ai prié mon inter-
locuteur de préciser. M. de Funcke m'a
alors explique que le changement d'heure
de la revue n'avait, en effet, aucune impor-
tance, et que ce qu'il avait admiré, c'était
la facilité avec laquelle on avait amené une
telle masse d'hommes à heure fixe sur un
point donné, sans aucun encombrement.
Ce n'est donc pas M. de Funcke qui s'est
trompé, c'est moi..
Puisque l'occasion s'en .présente, et pour
éviter toute équivoque, j'insiste à nouveau
sur les conditions particulières et très net-
tement indiquées par moi dans lesquelles
a eu lieu cette conversation avec un offi-
cier qui ne se serait probablement point
prêté à un « interview ».
Veuillez croire, mon cher directeur, .à
mes sentiments dévoués.
-, FJERNAMD lJooi.
CHRONIQUE
Cette façon de voyager en France de
l'humoriste américain Mark Twain me
paraît pleine d'agrément. Il descend les
fleuves et les canaux, très doucement, au
fil de Peau, dans une barque élégante, et
il jouit longuement du paysage qui se
déroule. Il fait le contraire de ce que fireijt
récemment certains de ses compatriotes,
luttant de vitesse pour accomplir le tour
du monde, — sans avoir rien vu que des
wagons et des cabines de paquebots, —
et s'imposant la tâche chimérique d'accu-
muler le plus de lieues dans le moindre
temps donné. Lui au moins, il savoure,
en ses heureux loisirs, la douceur de
vivre, s'arrêtant où bon lui semble, sui-
vant son caprice, au milieu de ces splen-
deurs automnales, pouvant fuir les villes,
les brutales stations obligées, s'il lui plaît,
campant au hasard, à la mode bohé-
mienne.
11 montre vraiment, en cette fantaisie,
qu'il a une âme d'artiste. C'est une phy-
sionomie curieuse que celle de ce Mark
Twain, qui est notre hôte en ce moment,
mais notre hôte indépendant, jaloux de
sa liberté. Il est lin des écrivains les plus
originaux qu'aient produits les Etats-
Unis. Il a singulièrement secoué, lui, les
vieux préjugée, et il ne se eroit tenu à
aucun respect à l'égard des anciennes
formules. Il n'y a peut-être qu'en Amé-
rique où l'on puisse rencontrer des es-
prits aussi réellement libres.
Ce railleur féroce n'épargne rien. S'il est
devenu un lettré, il n'a pas été, au reste,
embarrassé par une éducation classique.
Il s'est fait lui-même, comme beaucoup
d'autres Américains de marque. Il a exercé
tous les métiers, il a été ouvrier typo-
graphe, puis marin, pilote, puis fonc-
tionnaire, conférencier, journaliste, me-
nant adroitement sa barque, arrivant à
la fortune et à la popularité. Cet ironiste
est un homme très pratique.
Il n'y a guère d'attendrissement chez
lui, ou, du moins, s'il s'émeut par hasard,
il ne laisse pas voir cette faiblesse. Il
laisse aux Européens la sensiblerie. Le
bon sens lui paraît la suprême qualité,
et ses plaisanteries un peu cruelles, ses
bouffonneries débitées d'un ton de pince-
sans-rire font toujours triompher la
cause du bon sens. En effet, l'affectation
puritaine de vertu est une des choses qui
lui ont toujours semblé le plus haïssables,
et il s'est moqué - délicieusement, par
pypmplf». des règles d'une impossible par-
fection humaine rormulees par Franklin.
Sa réputation est considérable dans les
pays de langue anglaise. Qui ne connaît,
par les traductions, chez nous, se s Aven-
tures de Tom Sawyer, l'Eléphant blanc
volé, la Grenouille sauteuse? Mais les
traductions rendent malaisément la cou-
leur vraie de ces pages humoristiques.
Ce n'est pas la première fois que Mark
Twain vient en France. Très millionnaire
aujourd'hui, pouvant se passer toutes ses
fantaisies, il la visita plus humblement
jadis, comme correspondant de journaux.
Il raconta alors ses impressions dans un
livre dont le titre: The innocents abroad,
signifie qu'il affectait quelque ingé-
nuité dans ses jugements. Cette appa-
rence d'ingénuité lui permettait d'être
extrêmement caustique, et il ne se gê-
nait point pour parler de la « suffi-
sance e) des Parisiens, et de leur facilité
à subir docilement des courants d'em-
ballement parfois inexplicables. Il a bien
saisi certains traits de notre caractère,
mais, tout de même, cet homme d'esprit
a été souvent bien superficiel. Le vrai
Paris est un peu plus complexe que ce-
lui dont il a tracé le tableau narquois
pour ses compatriotes..
L'esprit et le goût sont choses diffé-
rentes. Mark Twain, presque toujours si
plaisant, est parfois dépourvu de tact
quand il effleure d'autres sujets que
des sujets américains. Il narra, jadis,
d'une façon fantaisiste, le duel de Gam-
betta et de M. de Fourtou. Il est très
évident que, dans ce cas-là, il n'avait
rien compris à nos mœurs. C'était encore
l'espèce de tyrannie du bon sens chez
lui! Il lui paraissait ridicule, de la part
d'un homme comme Gambetta, d'exposer
sa vie, sans intérêt, dans une rencontre,
à la suite de propos qu'il aurait pu dé-
daigner. C'est qu'il y a des cas où le bon
sens n'est pas tout, cependant. Mark
Twain, avec la rigoureuse logique de son
cerveau railleur, ne peut guère conce-
voir que la passion non seulement puisse,
mais doive l'emporter, à certains mo-
ments, sur la raison. C'est une infério-
rité peut-être de notre race, mais cette
infériorité-là, il serait bien* fâcheux que
nous ne l'eussions plus.
Mais il est à mille lieues de notre façon
de sentir, et c'est précisément cette dis-
semblance dans nos idées courantes et
celles qu'il exprime qui fait que nous lui
trouvons une originale saveur, tout en
estimant, peut-être, que les illusions
auxquelles nous nous abandonnons vo-
lontiers valent bien sa positive sagesse.
Les illusions! le conte de la Grenouille
sauteuse les bafoue symboliquement. Il
s'agit là d'un brave garçon qui se réjouit
d'avoir appris à une grenouille, appri-
voisée par lui, à faire des bonds extraor-
dinaires. Il veut montrer les talents de la
bête à un étranger, et il s'attend à ce que
celui-ci pousse des cris d'admiration;
mais un mauvais plaisant a gavé la gre-
nouille de petit plomb, et, alourdie, elle
ne peut plus se remuer. Ainsi, il montre
les défaites de l'imagination vagabonde
devant les nécessités et les obstacles de la
réalité. Il est l'ennemi acharné de toutes
les chimères.
Avec son tempérament, il devait se mo-
quer des universités allemandes, où l'on
s'adonne à une foule dé spéculations úto
piques. C'est, en effet, une de sës plus
mordantes pages que "çoltes de sa visite à
l'Université d'Heidelberg. C'est là aussi
que se trouve une histoire charmante,
celle de l'étudiant qui ne put jamais
étudier. Cet étudiant était si fier d'appar-
tenir à l'Université, qu'il fit outrageuse-
ment la fête à soi* arrivée et que, dès le
premier jour, il commit une grave infrac-
tion aux règlements, infraction qui- fut
punie aussitôt de trois mois de prison,
après le colloque traditionnel avec les
recors du doyen, lui disant courtoise-
ment, selon la formule :
— La tranquillité publique a eu l'hon-
neur d'être troublée par vous.
Quand les douze longues semaines s'a-
chevèrent enfin, il prit part à un festin
qui lui était offert par ses camarades
pour fêter sa délivrance. Le malheur
voulut que ce festin aboutît à une nou-
velle infraction, exigeant une pénalité
semblable à celle qu'il avait déjà subie et
commençant le lendemain même du jour
où il avait été mis en liberté. Quand il
sortit, il fit de tels bonds pour se dégour-
dir les membres, qu'il se cassa la jambe et
qu'il dut aller passer trois autres mois à
l'hôpital pour se faire soigner. Ainsi
gagna-t-il l'époque des vacances pour
traverser, les années suivantes, une série
de mésaventures analogues, vieillissant
peu à peu sans avoir pu jamais suivre
un seul cours. Cette satire de l'existence
des universités d'outre-Rhin est une fan-
taisie infiniment Dlaisante. -
Parfois Mark Twain rit, uniquement
pour le plaisir de rire, avec une gaieté
bon enfant qui étonne un peu chez cet
écrivain narquois. Ainsi, se souvenant de
son passage dans le journalisme, a-t-il
raillé la manie des interviews. C'est une
énorme farce que la prétendue conversa-
tion d'un reporter avec un personnage
célèbre, conversation dans laquelle ce-
lui-ci, mystifiant son interlocuteur, finit
par lui dire que, après tout, il ne peut
pas l'assurer de sa véritable identité :
« — Mon frère et moi nous étions ju-
meaux, on nous baignait dans la même
baignoire. Un jour, l'un de nous s'y noya.
On n'a jamais pu savoir lequel des deux
s'était noyé !» -
Mais, tandis que j'évoque rapidement
sa physionomie littéraire, Mark Twain
ne se soucie guère de ces fantaisies hu-
moristiques qu'il a abondamment je-
tées. Dans un délicieux far niente, il suit
le cours du Rhône et il se laisse aller, au
gré du courant, dans sa barque, le long
des rives de la prestigieuse Provence, où
la poésie et le rire fleurissent. Il est là
bien loin de l'Amérique 7-- plus loin en-
core par les idées que par la distance. • *
T, Paul Ginisty.
ÉPIDÉMIE DE COLIQUES
Nombre de personnes souffrent en ce
moment de coliques, sinon très dangereu-
ses, à coup sûr très douloureuses. Cette
épidémie de cholérine dure depuis quel-
ques jours; les médecins l'attribuent aux
brusques changements de température ou
encore à la mauvaise qualité de l'eau ; nom-
bre de quartiers ont, en effet, dû se servir
d'eau de Seine.
Notre collaborateur Raoul Lucet recom-
mande aux personnes atteintes : ventre
chaud, salicylate de bismuth.
L'AMBASSADEUR D'ITALIE
EN TURQUIE
Rome, 28 septembre. — M. le baron Blanc,
ambassadeur d'Italie à Constantinople, a en-
voyé sa démission à M. di Rudini, qui l'a ac-
ceptée. - - — ■
La Tribuna assure que l'ambassade d'Italie
à Constantinople a été offerte à M. Ressmann,
conseiller à l'ambassade de Paris, avec le titre
de ministre plénipotentiaire.
UN TOAST DE M.J.FERRY
Au comice agricole. — La France
républicaine. — Cronstadt et
Portsmouth.
Epinal, 28 septembre.
M. Jules Ferry a présidé hier la distribu-
tion des prix du comice agricole, qui se te-
nait pour la cinquantième fois. Au ban:
quef, M. Jules Ferry a porté un toast à
M. Carnot. Il a ajouté :
- « Je vois ici beaucoup de républicains;
ils ne sont pas tous de l'avant-veille, ni
même du lendemain; mais il sont tous
gens sincères. Quant aux autres, je jure
qu'ils ne me démentiraient pas si je leur
disais : « Vous le serez demain. »
La République, à l'heure présente, n'est plus
une formule de parti ou de combat : c'est une
atmosphère qu'on respire, une vérité qui pé-
nètre, se mêle à toutes choses, enveloppe et,
discipline, sans qu'ils s'en doutent, les esprits
les plus rebelles, s'impose aux moins clair-
voyants.
Mais, vraiment, serait-ce faire trop de poli-
tique que de demander à ceux qui attendent
encore, s'il s'en rencontre par hasard dans
cette assemblée, en quel point de la grandeur
française, en quelle branche de la chose pu-
blique la République s'est montrée au-dessous
de ce grand rôle de gouvernement que la ma-
jorité du pays lui a confié?
L'orateur se félicite que la Chambre ait
frappé l'industrie agricole de droits pro-t
ducteurs. Mais ce n'est pas sur la politique
intérieure, dit-il, que portait l'objection
des monarchistes.
La Republique et les monarchies
J'en ai connu beaucoup, de très distingués
et de très sincères ; ils étaient trop éclairés
pour ne pas reconnaître, après tant de re-
doutables épreuves, que la République est ca-
pable d'apporter à la défense de l'ordre social
une énergie particulière et qu'il n'y a dans la
forme républicaine rien qui répugne à una
bonne gestion économique et financière, à une
saine conception des besoins matériels et mo-
raux du pays, à une administration de bon.
père de famille.
Cela est vrai, me disait-on, mais il est une
chose à craindre, c'est qu'au sein de l'Europa
monarchique une France républicaine sera tou-
jours impuissante à réaliser une grande al-
liance, une alliance durable et féconde, et l'une
de ces hommes monarchiques, familier avec
les affaires européennes dans lesquelle%-i-t-av-a-it.-
joué un rôle, il y a vingt ans, ajoutait : « Vous
ne connaissez pas les cours d'Europe; il fau-
drait à la République, pour avoir raison da
leurs défiances, plusieurs générations de pré-
sideot9»« -
- Nous ne sommes qu'à la deuxième prêsi-
- JOURNAL RE PUB LI. CAIN
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TRES PROCHAINEMENT
Le XIXe SIECLE
COMMENCERA LA PNLILICALION (T M nouveau Rnman
Un journal avait raconté, l'autre
jour, qu'au comice agricole de Mire-
court, M. Buffet, l'un des principaux
chefs de la droite au Sénat, avait
porté un toast « à M. Carnot, prési-
dent de la République », et qu'il avait
ensuite écouté debout, ainsi que tous
les assistants, la Marseillaise. On en
avait conclu avec quelque précipita-
tion, que la République comptait à
Mirecourt un certain nombre d'adhé-
rent nouveaux, là comme dans beau-
coup d'autres endroits, le comice agri-
cole ayant été jusqu'ici un foyer de
réaction. Les commentaires allaient
leur train, lorsque le Gaulois, ayant
eu l'idée de contrôler la nouvelle, re-
çut cette laconique dépêche : « Nou-
velle absolument fausse. Ai porté,
comme chaque année, toast aux lau-
réats du comice. N'ai fait aucune al-
lusion politique. »
Les journaux monarchistes enregis-
trent cette rectification avec le plus
grand empressement et ils l'interprè-
tent comme un démenti aux bruits de
conversion républicaine de M. Buffet.
On pourrait épiloguer sur ce sujet. Si
M. Buffet ne dit pas qu'il est rallié, il
ne dit pas qu'il ne l'est pas, et le seul
fait de n'avoir fait « aucune allusion
politique" n'est pas une déclaration
de principe irrécusable. Le doute se-
rait d'autant plus permis qu'il fut un
temps, croyons-nous, où M. Buffet ne
fut pas absolument l'adversaire de la
République : c'est lorsque, après le
SA Mai où, comme président de l'As-
semblée nationale, il avait dans une
large mesure contribué au renverse-
ment de M. Thiers, il était ministre
de la République conservatrice après
t'avoir été de l'empire libéral. Il au-
rait accepté le principe du gouverne-
ment qu'il a servi et, a-Liqtier il a de-
puis longtemps, comme la plupart des
droitiers du Sénat, renoncé à faire,
au moins d'une façon ostensible, une
pposLion systématique, que cela
n'eût pas changé grand'chose à ce qui
existe et qu'il aurait été exagéré d'en
faire beaucoup de bruit.
Néanmoins, il ne nous déplaît pas
d'enregistrer la rectification de M.
Buffet en y attachant le sens que les
organes de la droite lui donnent. Cela
précise un peu l'attitude des monar-
chistes et aide à dissiper les équivo-
ques que' leur conduite actuelle a
créées. M. Buffet est un des signatai-
• res de ce manifeste de l'Union de la
France chrétienne qui, dirigée par M.
Dhesnelong et encouragée par M. Ri-
chard, archevêque de Paris, disait ré-
cemment qu'il fallait renoncer à la
tactique suivie jusqu'ici et moins
chercher désormais à renverser la Ré-
publique qu'à donner à la République
une direction conforme aux veux des
catholiques. -
On avait déjà voulu voir dans ce
manifeste un symptôme d'apaisement
politique et comme l'aurore d'une ère
nouvelle où, la question constitution-
nelle se trouvant définitivement en
dehors de toute contestation, les di-
vers partis politiques ne lutteraient
plus que pour l'organisation de la Ré-
publique suivant leurs doctrines et
leurs aspirations. Mais le discours de
M. d'Haussonville à Toulouse n'avait
pas absolument confirmé cette appré-
ciation. Le chef d'état-major du pré-
tendant royal avait longuement parlé
de l'évolution des catholiques, et il
avait eu soin de distinguer entre deux
tractions, l'une qui, à la suite du car-
dinal Lavigerie et de M. Fava, évêque
de Grenoble, sacrifiait ia question po-
litique pour se consacrer exclusive-
ment à la question religieuse et à la-
quelle les monarchistes signifiaient
qu'ils ne la connaissaient plus, comme
3lle avait précédemment signifié aux
monarchistes qu'elle ne voulait plus
jouer un jeu de dupes en liant les in-
térêts de la monarchie à ceux de la
religion et en faisant supporter à ceux-
ci les conséquences de l'impopularité
de celle-là.
Quant à l'autre fraction, enrôlée
3ous la bannière de l'Union chré-
tienne, M. d'Hausonville, tout en no-
tant, avec une nuance de regret,
qu'elle mît les questions religieuses au
premier plan et qu'elle donnât aux
intérêts monarchiques une place un
oeu moins éminente, déclarait que
l'on pouvait établir une entente avec
elle et que rien ne creusait entre elle
et les monarchistes proprement dits
un fossé infranchissable.
L'Union de la France chrétienne
avait laissé passer ces paroles sans
répondre, et l'on était jusqu'ici réduit
Varguer de sou silence même £ 0ur y
trouver une acceptation des commen-
taires du représentant du comte de
Paris. Si M. Buffet avait en réalité
porté le toast qu'on lui prêtait, si son
adhésion à la République, pour dis-
crète et réservée que fût la forme
sous laquelle elle se serait produite,
avait rencontré dans le milieu réac-
tionnaire du comice agricole l'accueil
sympathique que l'on annonçait,
c'eût été, de la part de l'un des signa-
taires du manifeste, — et non l'un
des moins considérables, — une ré-
ponse à M. d'Haussonville et le rejet
des avances que le représentant de la
cause monarchique n'avait pas ména-
gées à cette fraction du parti catholi-
que. -- - -- --
Mais M. Buffet n'a rien dit. 11 n'a
fait « aucune allusion politique ». Il a
porté le toast qu'il porte tous les ans
dans une assemblée à laquelle, com-
me tous les ans, n'assistait aucun re-
présentant du parti républicain. Donc,
il n'y a rien de changé et l'alliance que
M. d'Haussonville offrait à l'Union de
la France chrétienne n'avait même
pas besoin d'être offerte, car elle
était acceptée par avance, ou, pour
mieux dire, elle n'avait même pas à
être acceptée. L'Union de la France
chrétienne et le parti monarchique ne
sont qu'un seul et même parti, dans
lequel il y a aujourd'hui, comme il y
a toujours eu, des hommes plus cléri-
caux que politiques et d'autres plus
politiques que cléricaux. Mais au mo-
ment de l'action, ils s'entendent ad-
mirablement. Nous n'en avons jamais
douté et nous ne doutons pas non
plus que, le jour où ils le pourraient,
ils s'entendraient encore admirable-
ment, non seulement entre eux, mais
encore avec un certain nombre de
ralliés, pour étrangler la République.
Le très mince incident que nous ve-
nons de signaler nous le prouve en-
core une fois, et l'empressement même
avec lequel M. Buffet se disculpe d'a-
voir fait une allusion politique est une
indication qui ne manque pas de va-
leur.
Le XIXe SIÈCLE publiera demain la
a Vie de Paris n, par Henry Fouquier.
0 LE RÉGIME DU PASSEPORT
CDB NOTRE CORRESPONDANT PÀRTICULIBB) 0
Belfort, 28 septembre.
Plusieurs personnes qui avaient franchi
hier les limites d'Etat dans la zone du ter-
ritoire de Belfort et de la Haute-Alsace
sont revenues et nous ont apporté les ren-
seignements ci-après, concernant le régime
de transition à la frontière autra que celle
des gares :
On peut entrer en Alsace sans passeport,
mais conditionnellement. Les douaniers
rencontrés ont conseillé aux passants dé
faire acte de présence au bureau du pré-
posé au passage au premier village annexé;
ces douaniers eux-mêmes se trouvaient à
la disposition du préposé. Celui-ci a chaque
fois interrogé les personnes et les a laissées
poursuivre leur chemin, par tolérance tou-
tefois, à cette condition de rentrer en France
le jour même.
Il en a été ainsi dans toute la région fron-
tière d'ici. Mais on est convaincu que les
douaniers auraient refoulé quiconque au-
rait voulu passer en voiture et muni
d'une malle renfermant des vêtements,
alors que l'étranger n'aurait pas eu de
passeport à présenter.
Inutile de vous dire que dans nos dépar-
tements de l'Est la suppression du passeport
a produit sur les esprits une détente d'un
heureux résultat; et, à ne consulter que les
intérêts privés, on sait généralement gré
à Guillaume II d'avoir adouci la sur-
veillance policière des pays annexés.
MANIFESTATION CONTRE CRISPI
(DE NOTRE CORRESPONDANT "ARncULIER)
Syracuse, 28 septembre.
M. Crispi, revenant de Palerme, a passé
ici, où il a été l'objet d'une manifestation
dont il se souviendra longtemps. Une foule
énorme est venue le siffler. Les cris : « A
bas Crispi! » se sont fait entendre inces-
samment.
L'attitude de la foule était si menaçante
qu'on a dû requérir en hâte la troupe pour
protéger l'ancien président du conseil. Plu-
sieurs arrestations ont été opérées.
On ne manquera pas d'accuser le gou-
vernement d'avoir fomenté cette manifes-
tation. M. di Rudini est député de cette
ville, où il est très populaire.
MORT DE GONTSCHAROW
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
: Saint-Pétersbourg, 28 septembre.
Ivan Gontscharow, un des plus grands
romanciers russes, vient de mourir.
Gontscharow était né le 6 janvier 1823 à
Simboisk, En 1858, il publiait son premier
roman, Histoire ordinaire, qui obtint un
gros succès et lui assigna une des pre-
mières places parmi les écrivains russes.
Il fut suivi d'Oblomow et del'Ecroulement,
et de beaucoup d'autres accueillis avec la
même faveur par le public.
Tous ces romans sont tirés de la vie
russe et se recommandent par la finesse
des observations et la pureté du langage.
Dans un autre genre, on a de Gontscha-
row la description d'un voyage autour du
monde, qu'il lit en qualité de commissaire
du gouvernement, vers 185/J.
1
LA
DERNIÈRE ŒUVRE DE TENNYSON
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Londres, 28 septembre.
Le grand poète anglais lord Tennyson, qui
vient d'avoir quatre-vingt-deux ans, a terminé
son premier ouvrage destiné à la scène.
Cette œuvre sera iotfée cet hiver à Ncw-
YwV ■ -- ■■ - '■ -
LA BOURSE DU TRAVAIL
CKEZ M. CHAMPOUDRY
Le règlement gënéral. - L'ingérence
du conseil municipal. — Office mu-
',: nicipal du travail. - Lesradi-
: caux et les possibilistes.
Très prochainement le conseil municipal
procédera à l'ouverture solennelle de la
Bourse du travail dans le vaste local de la
rue du Château-d'Eau.
A cette occasion, un projet d'organisation
sous forme de règlement général sera sou-
mis à l'approbation de l'assemblée munici-
pale.
Quels en seront les termes ? Se sera-t-on
souvenu, en rédigeant ce règlement, des
conflits entre groupes corporatifs qui à
plusieurs reprises ont failli dégénérer en
petite émeute, et des incidents qui amenè-
rent, en un jour de trouble, la fermeture
de la Bourse sur l'ordre du ministre de
l'intérieur ?
Le futur règlement
Un échange d'observations avec M. Cham-
poudry, le rapporteur du projet, va nous
poudryL, 'honorable conseiller du quator-
fixer.
zième arrondissement, qui porte un intérêt
tout particulier aux questions sociales, fait
partie, depuis son entrée à l'Hôtel de Ville,
de la commission du travail. C'est à ce ti-
tre qu'il fit adopter, le 28 octobre 1887, le
premier règlement de la Bourse de la rue
Jean-Jacques-Rousseau et qu'il y apporta
lui-même, en avril 1889, les modifications
qui paraissaient s'imposer. -
M. Champoudry semblait donc tout dé-
signé pour pourvoir à l'organisation défi-
nitive de la Bourse centrale. Comme il
n'est inféodé à aucune école socialiste, il a
essayé très franchement de remédier aux
abus connus.
- Deux ou trois articles, nous dit-il, seront
surtout attaqués. L'un, celui qui assure au
conseil municipal, représenté par sa com-
mission du travail, le droit de contrôle sur
tout le mouvement de la Bourse : régula-
rité de l'élection du comité exécutif, ser-
vice du bureau général, etc.
L'autre, qui n'est que transitoire et a
pour but d'éviter toutes difficultés entre
les groupes intéressés, dit que, « à titre ex-
ceptionnel et pour cette fois, la nomination
du comité exécutif (porté à vingt-cinq
membres) aura lieu avant l'ouverture des
nouveaux locaux, par les soins de la com-
mission du travail du conseil municipal. »
Les prétentions des syndicats
Les syndicats et groupes corporatifs vou-
draient avoir la haute main sur cette insti-
tution. C'est un sentiment que je com-
prends parfaitement. Cependant, malgré le
respect que nous avons pour l'autonomie
de ces associtions), nous ne pouvons ou-
blier notre devoir d'administrateurs scru-
puleux. L'importance cies sommes p*-«îio—
vées et à prélever sur les fonds apparte-
nant à l'ensemble des contribuables pari-
siens explique et légitime notre interven-
tion en vue d'un bon fonctionnement.
En outre, l'état d'anarchie de l'organisa-
tion ouvrière nous impose le devoir de
veiller de près aux débuts de l'œuvre, afin
d'assurer son avenir.
Si toutes les dispositions de l'ancien rè-
glement avaient été exécutées, les heurts
qui ont signalé certaine période trop pré-
sente aux esprits ne se seraient pas pro-
duits.
— Conserverez-vous les locaux de la rue
Jean-Jacques-Rousseau ?
— Sans doute. Et j'espère bien que le
conseil jugera utile d'établir d'autres an-
nexes. L'étendue de la ville et la centrali-
sation de certaines industries dans diffé-
rents quartiers rendent leur établissement
indispensable.
La Bourse centrale sera tout à la fois un
marché des salaires et un lieu d'étude,
d'éducation, de groupement, ainsi qu'une
agence de renseignements pour les travail-
leurs.
Bureau de statistique du travail
— Vos collègues du parti ouvrier, MM.
Prudent Dervillers, Paul Brousse, Caumeau,
n'ont-ils pas proposé d'attacher à la Bourse
centrale un office municipal de statistique
du travail ?
.— En effet; je dois même dire qu'ils
avaient été précédés par M. Pierre Baudin.
Ces deux propositions ont naturellement
sollicité la discussion des membres de la
commission du travail. Si elles ont toutes
deux été écartées, cela ne signifie pas que
la nécessité de la création soit méconnue.
Bien au contraire. Le bureau municipal de
statistique et d'étude se rapportant aux
travailleurs et aux choses du travail sera le
complément logique de l'institution de la
Bourse du travail. Ainsi en a décidé la
commission du travail. Le conseil munici-
pal, j'en ai l'espérance, ratifiera sa délibé-
ration.
.- Son organisation
Seulement, le texte des propositions dont
nous avions à prendre connaissance ne
nous satisfaisait qu'incomplètement.
La rédaction de M. Baudin ne rattache
pas le bureau d'une façon suffisamment
précise à l'institution de la Bourse, et la
proposition de M. Prudent Dervillers trace
une limite trop étroite quant au nombre
et quant à la catégorie des personnes char-
gées des travaux de ce bureau.
D'après M. Prudent Dervillers et ses col-
lègues du parti ouvrier, les secrétaires du
bureau de statistique seraient désignés par
le conseil municipal, sur une liste présen-
tée par les syndicats ouvriers adhérents à
la Bourse du travail.
Pour nous, cet organisme doit former
partie intégrante de l'institution nouvelle.
D'autre part, le nombre et la qualité des
employés ne peuvent être fixés que par l'é-
tendue et le caractère de la besogne à ac-
complir après une étude spéciale.
Il est aussi certain qu'on ne peut prendre
l'engagement de recruter exclusivement le
personnel nécessaire parmi les membres
des syndicats ouvriers.
Le précédent règlement imposait aux ad-
ministrateurs de la Bourse provisoire le
soin d'établir une statistique très élémen-
taire. Or, je suis obligé d'avouer, quoi qu'il
m'en coûte, que cette statistique n'a jamais
été établie d'une façon régulière et sé-
rieuse ; les intéressés n'ont fait preuve ni
de zèle ni d'aptitude.
— Alors/
— Le bureau à créer devant se livrer à
des travaux d'une véritable valeur, scienti-
fique, indispensables pour atteindre aux
résultats qu'on se propose, le recrutement
des titulaires doit se faire sans acception
d'origine et. de catégorie* avçcla garantie,
d'un concours. *
— Le titre exact de cette institution nou-
velle sera.?
— Bureau municipal de statistique et
d'études d'économie sociale.
Voici l'article du règlement qui prévoit
son fonctionnement : ',
Un bureau municipal de statistique du tra-
vail et d'études d'économie sociale sera orga-
nisé par les soins de M. le préfet de la Seine,
comme complément de la Bourse centrale du
travail. ; ,
Ce bureau, dont les membres seront nom-
més après concours, sera chargé de recueillir
et publier tous les documents statistiques re-
latifs aux travailleurs et aux choses du travail,
à Paris, en France et à l'étranger, et notam-
ment en ce qui concerne les taux des salaires,
les conditions du travail, la durée de la jour-
née, les rapports entre le capital et le travail,
le prix des aliments et des objets nécessaires
à l'existence, les accidents, les maladies pro-
fessionnelles, la mortalité des travailleurs.
Il procédera à l'examen comparé de la lé-
gislation et de la réglementation du travail
dans chaque pays.
11 recherchera quelle influence peuvent avoir
les droits de douane et d'octroi sur le travail
et la vie des ouvriers, ainsi que sur l'industrie
en général.
Le directeur du bureau sera tenu d'adresser
communication de ses travaux tant au conseil
municipal de Paris qu'au comité exécutif de
la Bourse.
Ce programme, on le voit, est des plus
étendus.
— Ne craignez-vous pas, hasardons-nous
au moment de quitter M. Champoudry,que
ce bureau ne fasse double emploi avec l'office
du travail créé tout récemment par le
ministre du commerce ?
— Point du tout. Les deux offices pour-
ront correspondre ensemble pour le plus
grand bien du but poursuivi. Abondance de
biens ne nuit pas, dit-on. Combien cela est
vrai pour les renseignements multiples,
innombrables, auxquels les réformateurs
doivent avoir recours pour la solution de
la question sociale ! *
UN DISCOURS DE M. DE CAPRIVI
(D'UN CORRESPONDANT)
Berlin, 28 septembre.
Le chancelier de l'empire, sur l'invita-
tion de la ville d'Osnabrtick et à l'occasion
du jubilé du 78e régiment d'infanterie, a
visité la salle de la Paix de l'hôtel de ville,
où l'on a conclu en 16.48 le traité de West-
phalie. 0
Il a répondu à l'allocution dulbourgmes-
tre par un long discours, dont voici les
principaux passages :
« Un coup d'œil jeté sur le passé montre
ce que le présent a su conquérir : les crain-
tes relatives à la durée de l'état de choses
actuel ne sont pas fondées ; aucun homme
d'Etat n'a le désir de troubler la paix et de
provoquer une guerre européenne ; les re-
lations plus étroites qui se sont établies
entre différents Etats dans ces derniers
temps ne donnent pas lieu non plus à des
appréhensions : ces rapprochements ne
constituent probablement pas autre chose
qùel'établissementderéquilibre européen
tel qu'il existait autrefois.
i, Aucun des gouvernements européens,
autant que je puis le prévoir, ne souhaite
une guerre qui dépasserait en calamités et
en conséquences toutes les guerres anté-
rieures.
» Les difficultés intérieures qui préoc-
cupent l'empereur seront également ré-
glées d'une manière satisfaisante, mais il
faudra peut-être pour cela quelques dizai-
nes d'années. Dans la question très impor-
tante des rapports entre les classes, le gou-
vernement est aussi bien celui des ouvriers
que celui des patrons. Quand les affaires
des patrons vont mal, les ouvriers sont les
Dremiers à en souffrIr."
LA DÉMISSION DU DUC DE CAMBRIDGE
(D'UN CORRESPONDANT!
Londres, 28 septembre.
Le correspondant de Londres de la Bir-
mingham Post dit qu'il y a tout lieu de
croire que la démission du duc de Cam-
bridge, généralissime des forces anglaises,
ne se fera pas attendre longtemps. Evidem-
ment, dans l'ordre naturel des choses,
ajoute le correspondant, ce prince ne pou-
vait conserver beaucoup plus longtemps ses
hautes fonctions. Aujourd'hui, on dit cou-
ramment dans les milieux officiels que le
duc se rend parfaitement compte lui-même
de la nécessité de se démettre de fonctions
que l'âge et les infirmités lui rendent de
jour en jour plus pénibles.
Selon toute probabilité, le duc ne don-
nera pas sa démission avant la fin de l'an-
née courante, mais il est presque certain
que le changement s'effectuera dans les
premiers mois de 1892.
Le duc de Cambridge est âgé de soixante-
douze ans.
M. DE FUNCKE
ET NOS GRANDES MANŒUVRES
Nous recevons la lettre suivante :
Saint-Gervais-les-Bains, 26 septembre.
, Mon cher directeur,
Dans l'article du XIXe Siècle du 23 sep-
tembre intitulé: c, Les Manoeuvres de l'Est »,
je trouve cette phrase:
Je vous dirai, en passant, que je ne me rends
pas bien compte du tour de force dont parle
le capitaine de Funcke au sujet de l'heure de
la revue.
Il me semble même qu'il a du suffire de
mettre à l'ordre la simple phrase suivante :
« Toutes les heures primitivement fixées
pour le départ des cantonnements, en vue du
rassemblement pour la revue, doivent être
considérées comme avancées de trente minu-
tes. Mais c'est là, à mon sens, un détail de
cuisine d'état-major sans grande importance.
En revoyant le passage de mon article
qui a soulevé cette observation, je suis
obligé de reconnaître que ma phrase, mal
faite, pouvait prêter à une interprétation
erronée. Je me souviens en effet très bien
que moi-même, ne me rendant pas compte
de ce « tour de force », ai prié mon inter-
locuteur de préciser. M. de Funcke m'a
alors explique que le changement d'heure
de la revue n'avait, en effet, aucune impor-
tance, et que ce qu'il avait admiré, c'était
la facilité avec laquelle on avait amené une
telle masse d'hommes à heure fixe sur un
point donné, sans aucun encombrement.
Ce n'est donc pas M. de Funcke qui s'est
trompé, c'est moi..
Puisque l'occasion s'en .présente, et pour
éviter toute équivoque, j'insiste à nouveau
sur les conditions particulières et très net-
tement indiquées par moi dans lesquelles
a eu lieu cette conversation avec un offi-
cier qui ne se serait probablement point
prêté à un « interview ».
Veuillez croire, mon cher directeur, .à
mes sentiments dévoués.
-, FJERNAMD lJooi.
CHRONIQUE
Cette façon de voyager en France de
l'humoriste américain Mark Twain me
paraît pleine d'agrément. Il descend les
fleuves et les canaux, très doucement, au
fil de Peau, dans une barque élégante, et
il jouit longuement du paysage qui se
déroule. Il fait le contraire de ce que fireijt
récemment certains de ses compatriotes,
luttant de vitesse pour accomplir le tour
du monde, — sans avoir rien vu que des
wagons et des cabines de paquebots, —
et s'imposant la tâche chimérique d'accu-
muler le plus de lieues dans le moindre
temps donné. Lui au moins, il savoure,
en ses heureux loisirs, la douceur de
vivre, s'arrêtant où bon lui semble, sui-
vant son caprice, au milieu de ces splen-
deurs automnales, pouvant fuir les villes,
les brutales stations obligées, s'il lui plaît,
campant au hasard, à la mode bohé-
mienne.
11 montre vraiment, en cette fantaisie,
qu'il a une âme d'artiste. C'est une phy-
sionomie curieuse que celle de ce Mark
Twain, qui est notre hôte en ce moment,
mais notre hôte indépendant, jaloux de
sa liberté. Il est lin des écrivains les plus
originaux qu'aient produits les Etats-
Unis. Il a singulièrement secoué, lui, les
vieux préjugée, et il ne se eroit tenu à
aucun respect à l'égard des anciennes
formules. Il n'y a peut-être qu'en Amé-
rique où l'on puisse rencontrer des es-
prits aussi réellement libres.
Ce railleur féroce n'épargne rien. S'il est
devenu un lettré, il n'a pas été, au reste,
embarrassé par une éducation classique.
Il s'est fait lui-même, comme beaucoup
d'autres Américains de marque. Il a exercé
tous les métiers, il a été ouvrier typo-
graphe, puis marin, pilote, puis fonc-
tionnaire, conférencier, journaliste, me-
nant adroitement sa barque, arrivant à
la fortune et à la popularité. Cet ironiste
est un homme très pratique.
Il n'y a guère d'attendrissement chez
lui, ou, du moins, s'il s'émeut par hasard,
il ne laisse pas voir cette faiblesse. Il
laisse aux Européens la sensiblerie. Le
bon sens lui paraît la suprême qualité,
et ses plaisanteries un peu cruelles, ses
bouffonneries débitées d'un ton de pince-
sans-rire font toujours triompher la
cause du bon sens. En effet, l'affectation
puritaine de vertu est une des choses qui
lui ont toujours semblé le plus haïssables,
et il s'est moqué - délicieusement, par
pypmplf». des règles d'une impossible par-
fection humaine rormulees par Franklin.
Sa réputation est considérable dans les
pays de langue anglaise. Qui ne connaît,
par les traductions, chez nous, se s Aven-
tures de Tom Sawyer, l'Eléphant blanc
volé, la Grenouille sauteuse? Mais les
traductions rendent malaisément la cou-
leur vraie de ces pages humoristiques.
Ce n'est pas la première fois que Mark
Twain vient en France. Très millionnaire
aujourd'hui, pouvant se passer toutes ses
fantaisies, il la visita plus humblement
jadis, comme correspondant de journaux.
Il raconta alors ses impressions dans un
livre dont le titre: The innocents abroad,
signifie qu'il affectait quelque ingé-
nuité dans ses jugements. Cette appa-
rence d'ingénuité lui permettait d'être
extrêmement caustique, et il ne se gê-
nait point pour parler de la « suffi-
sance e) des Parisiens, et de leur facilité
à subir docilement des courants d'em-
ballement parfois inexplicables. Il a bien
saisi certains traits de notre caractère,
mais, tout de même, cet homme d'esprit
a été souvent bien superficiel. Le vrai
Paris est un peu plus complexe que ce-
lui dont il a tracé le tableau narquois
pour ses compatriotes..
L'esprit et le goût sont choses diffé-
rentes. Mark Twain, presque toujours si
plaisant, est parfois dépourvu de tact
quand il effleure d'autres sujets que
des sujets américains. Il narra, jadis,
d'une façon fantaisiste, le duel de Gam-
betta et de M. de Fourtou. Il est très
évident que, dans ce cas-là, il n'avait
rien compris à nos mœurs. C'était encore
l'espèce de tyrannie du bon sens chez
lui! Il lui paraissait ridicule, de la part
d'un homme comme Gambetta, d'exposer
sa vie, sans intérêt, dans une rencontre,
à la suite de propos qu'il aurait pu dé-
daigner. C'est qu'il y a des cas où le bon
sens n'est pas tout, cependant. Mark
Twain, avec la rigoureuse logique de son
cerveau railleur, ne peut guère conce-
voir que la passion non seulement puisse,
mais doive l'emporter, à certains mo-
ments, sur la raison. C'est une infério-
rité peut-être de notre race, mais cette
infériorité-là, il serait bien* fâcheux que
nous ne l'eussions plus.
Mais il est à mille lieues de notre façon
de sentir, et c'est précisément cette dis-
semblance dans nos idées courantes et
celles qu'il exprime qui fait que nous lui
trouvons une originale saveur, tout en
estimant, peut-être, que les illusions
auxquelles nous nous abandonnons vo-
lontiers valent bien sa positive sagesse.
Les illusions! le conte de la Grenouille
sauteuse les bafoue symboliquement. Il
s'agit là d'un brave garçon qui se réjouit
d'avoir appris à une grenouille, appri-
voisée par lui, à faire des bonds extraor-
dinaires. Il veut montrer les talents de la
bête à un étranger, et il s'attend à ce que
celui-ci pousse des cris d'admiration;
mais un mauvais plaisant a gavé la gre-
nouille de petit plomb, et, alourdie, elle
ne peut plus se remuer. Ainsi, il montre
les défaites de l'imagination vagabonde
devant les nécessités et les obstacles de la
réalité. Il est l'ennemi acharné de toutes
les chimères.
Avec son tempérament, il devait se mo-
quer des universités allemandes, où l'on
s'adonne à une foule dé spéculations úto
piques. C'est, en effet, une de sës plus
mordantes pages que "çoltes de sa visite à
l'Université d'Heidelberg. C'est là aussi
que se trouve une histoire charmante,
celle de l'étudiant qui ne put jamais
étudier. Cet étudiant était si fier d'appar-
tenir à l'Université, qu'il fit outrageuse-
ment la fête à soi* arrivée et que, dès le
premier jour, il commit une grave infrac-
tion aux règlements, infraction qui- fut
punie aussitôt de trois mois de prison,
après le colloque traditionnel avec les
recors du doyen, lui disant courtoise-
ment, selon la formule :
— La tranquillité publique a eu l'hon-
neur d'être troublée par vous.
Quand les douze longues semaines s'a-
chevèrent enfin, il prit part à un festin
qui lui était offert par ses camarades
pour fêter sa délivrance. Le malheur
voulut que ce festin aboutît à une nou-
velle infraction, exigeant une pénalité
semblable à celle qu'il avait déjà subie et
commençant le lendemain même du jour
où il avait été mis en liberté. Quand il
sortit, il fit de tels bonds pour se dégour-
dir les membres, qu'il se cassa la jambe et
qu'il dut aller passer trois autres mois à
l'hôpital pour se faire soigner. Ainsi
gagna-t-il l'époque des vacances pour
traverser, les années suivantes, une série
de mésaventures analogues, vieillissant
peu à peu sans avoir pu jamais suivre
un seul cours. Cette satire de l'existence
des universités d'outre-Rhin est une fan-
taisie infiniment Dlaisante. -
Parfois Mark Twain rit, uniquement
pour le plaisir de rire, avec une gaieté
bon enfant qui étonne un peu chez cet
écrivain narquois. Ainsi, se souvenant de
son passage dans le journalisme, a-t-il
raillé la manie des interviews. C'est une
énorme farce que la prétendue conversa-
tion d'un reporter avec un personnage
célèbre, conversation dans laquelle ce-
lui-ci, mystifiant son interlocuteur, finit
par lui dire que, après tout, il ne peut
pas l'assurer de sa véritable identité :
« — Mon frère et moi nous étions ju-
meaux, on nous baignait dans la même
baignoire. Un jour, l'un de nous s'y noya.
On n'a jamais pu savoir lequel des deux
s'était noyé !» -
Mais, tandis que j'évoque rapidement
sa physionomie littéraire, Mark Twain
ne se soucie guère de ces fantaisies hu-
moristiques qu'il a abondamment je-
tées. Dans un délicieux far niente, il suit
le cours du Rhône et il se laisse aller, au
gré du courant, dans sa barque, le long
des rives de la prestigieuse Provence, où
la poésie et le rire fleurissent. Il est là
bien loin de l'Amérique 7-- plus loin en-
core par les idées que par la distance. • *
T, Paul Ginisty.
ÉPIDÉMIE DE COLIQUES
Nombre de personnes souffrent en ce
moment de coliques, sinon très dangereu-
ses, à coup sûr très douloureuses. Cette
épidémie de cholérine dure depuis quel-
ques jours; les médecins l'attribuent aux
brusques changements de température ou
encore à la mauvaise qualité de l'eau ; nom-
bre de quartiers ont, en effet, dû se servir
d'eau de Seine.
Notre collaborateur Raoul Lucet recom-
mande aux personnes atteintes : ventre
chaud, salicylate de bismuth.
L'AMBASSADEUR D'ITALIE
EN TURQUIE
Rome, 28 septembre. — M. le baron Blanc,
ambassadeur d'Italie à Constantinople, a en-
voyé sa démission à M. di Rudini, qui l'a ac-
ceptée. - - — ■
La Tribuna assure que l'ambassade d'Italie
à Constantinople a été offerte à M. Ressmann,
conseiller à l'ambassade de Paris, avec le titre
de ministre plénipotentiaire.
UN TOAST DE M.J.FERRY
Au comice agricole. — La France
républicaine. — Cronstadt et
Portsmouth.
Epinal, 28 septembre.
M. Jules Ferry a présidé hier la distribu-
tion des prix du comice agricole, qui se te-
nait pour la cinquantième fois. Au ban:
quef, M. Jules Ferry a porté un toast à
M. Carnot. Il a ajouté :
- « Je vois ici beaucoup de républicains;
ils ne sont pas tous de l'avant-veille, ni
même du lendemain; mais il sont tous
gens sincères. Quant aux autres, je jure
qu'ils ne me démentiraient pas si je leur
disais : « Vous le serez demain. »
La République, à l'heure présente, n'est plus
une formule de parti ou de combat : c'est une
atmosphère qu'on respire, une vérité qui pé-
nètre, se mêle à toutes choses, enveloppe et,
discipline, sans qu'ils s'en doutent, les esprits
les plus rebelles, s'impose aux moins clair-
voyants.
Mais, vraiment, serait-ce faire trop de poli-
tique que de demander à ceux qui attendent
encore, s'il s'en rencontre par hasard dans
cette assemblée, en quel point de la grandeur
française, en quelle branche de la chose pu-
blique la République s'est montrée au-dessous
de ce grand rôle de gouvernement que la ma-
jorité du pays lui a confié?
L'orateur se félicite que la Chambre ait
frappé l'industrie agricole de droits pro-t
ducteurs. Mais ce n'est pas sur la politique
intérieure, dit-il, que portait l'objection
des monarchistes.
La Republique et les monarchies
J'en ai connu beaucoup, de très distingués
et de très sincères ; ils étaient trop éclairés
pour ne pas reconnaître, après tant de re-
doutables épreuves, que la République est ca-
pable d'apporter à la défense de l'ordre social
une énergie particulière et qu'il n'y a dans la
forme républicaine rien qui répugne à una
bonne gestion économique et financière, à une
saine conception des besoins matériels et mo-
raux du pays, à une administration de bon.
père de famille.
Cela est vrai, me disait-on, mais il est une
chose à craindre, c'est qu'au sein de l'Europa
monarchique une France républicaine sera tou-
jours impuissante à réaliser une grande al-
liance, une alliance durable et féconde, et l'une
de ces hommes monarchiques, familier avec
les affaires européennes dans lesquelle%-i-t-av-a-it.-
joué un rôle, il y a vingt ans, ajoutait : « Vous
ne connaissez pas les cours d'Europe; il fau-
drait à la République, pour avoir raison da
leurs défiances, plusieurs générations de pré-
sideot9»« -
- Nous ne sommes qu'à la deuxième prêsi-
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