Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-09-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 septembre 1891 03 septembre 1891
Description : 1891/09/03 (A21,N7171). 1891/09/03 (A21,N7171).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
"Vingt^et-uniéme année?— ttfe 7,171
CINQ Centimes Paria et Départements - CINQ Centimes
JEUDI 3 SEPTEMBRE 1891
JOURNAL RÉPUBLICAIN
BÊDACTION
ta4S, Rue. Montmartre
PARIS
IIIECTEUR POLITIQUE
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Les Fêts de Nice
En 1870, Garibaldi est venu au se-
cours de la France envahie. Il y avait
d'autant plus @ de mérite qu'il était
vieux et fatigué, qu'il pouvait garder
rancune à la République du mal que
lui avait fait l'empire, et que nos dé-
faites avaient eu pour premier résul-
tat l'accomplissement de son plus cher
désir, la revanche de Mentana, l'en-
trée des Italiens à Rome. Il accourut
malgré tout, amenant avec lui ses fi-
dèles compagnons d'armes. Comme
nous avons tout intérêt à ce que la re-
connaissance soit une vertu à la mode,
nous devons applaudir à l'idée qu'on
a eue de lui élever un monument à
Nice. L'inauguration de ce monument
ne fournira-i-elle pas aux partisans
de l'alliance franco-italienne une excel-
lente occasion pour réveiller les senti-
ments d'amitié étouffés par les politi-
ciens à la Crispi, pour dissiper les ma-
lentendus et boire triomphalement à
l'union des races latines ?
Cependant, cette cérémonie interna-
tionale donne lieu tout d'abord à des
polémiques assez aigres et inspire
quelques inquiétude s. Si la chose se
passait entre Français, on n'aurait
pas à craindre le moindre incident fâ-
cheux. Mais il viendra beaucoup d'Ita-
liens, et il se pourrait que leur attitude
donnât prétexte à brouiller les cartes,
à envenimer la querelle qu'on vou-
drait apaiser.
On redoute tout d'abord les irré-
dentistes, qui seront tentés de faire ou
de dire quelque so ttise. Nice est la pa-
trie de Garibaldi, et le héros des deux
mondes n'avait jamais pardonné à Ca-
vour d'avoir consenti à l'annexion. Il
se publie à Nice même, en italien, un
journal séparatiste qui est un de nos
ennemis les plus acuarnés et dont les
lecteurs ne seraient sans doute pas
fâchés de fraterniser avec leurs amis
d'outre- frontière d'une façon bruyante
et peu obligeante pour nous. On ne se
fait pas faute, dans les journaux qui
se publient au-delà des monts, de re-
vendiquer Nice et de contester la va-
leur du plébiscite qui nous l'a donnée.
Même les modérés se contentent de
déclarer que, tout en blâmant des dé-
monstrations inopportunes, ils atten-
dent l'heure où la cité sacrifiée fera
retour à la mère-patrie. Il pourrait
donc arriver que les bons Français
fissent. une singulière figure au milieu
de ces fêtes où on célébrerait beaucoup
plus l'unité italienne que l'unité fran-
çaise et où notre drapeau aurait un
peu l'air d'un intrus provisoirement
toléré.
Ce n'est pas tout. Tandis que le fils
aîné de Garibaldi s'abstient par un
sentiment de modestie que nos enne-
mis interprètent comme une marque
d'hostilité à notre égard, les délégués
des sociétés patriotiques italiennes ap-
partiendront pour la plupart aux par-
tis avancés de la Péninsule. Soit com-
me républicains, soit comme adver-
saires de la triple alliance, ils com-
battront la politique de leur gouver-
nement et n'emploieront pas leur élo-
quence à chanter les louanges du roi
Hiunbert et de ses ministres. Les re-
présentants du gouvernement français
présideront ainsi à une cérémonie qui
risque d'être une manifestation contre
le souverain et le ministère italien. La
presse officieuse de Rome, de Naples
et de Turin nous reproche amèrement
de faire les yeux doux au pape. Elle
sera bien aise de varier ses diatribes,
d'exploiter un nouveau grief. Elle
nous accusera de fomenter chez nos
voisins une agitation extra-légale,
d'encourager les ennemis de la maison
de Savoie et d'élever chez nous, à
leur profit, une tribune retentissante.
On ne sait comment prendre les Ita-
liens, ceux du moins qui ont juré de
nous trouver perpétuellement en faute.
Quand nous ne nous occupons pas
d'eux, ils prétendent que nous les dé-
testons; quand nous répondons poli-
ment aux politesses de nos amis de la
Péninsule, ils se plaignent que nous
nous mêlions de leurs affaires. Nous
ne pouvons pourtant pas maudire M.
Gavallotti et les autres démocrates qui
protestent contre l'alliance allemande;
nous ne pouvons pas nous jeter dans
les bras de M. Crispi et disputer à M.
de Bismarck l'amitié de ce remuant
personnage.
C'est ainsi qu'une solennité destinée
à renouer entre les deux grandes na-
tions latines les liens d'une parenté
trop oubliée soulève d'avance des dis-
cussions acerbes et inspire plus d'in-
quiétudes que d'espérances. Que faire?
Si le gouvernement français persiste
à se faire représenter, les crispiniens
le rendront responsable de tout ce qui
se dira à Nice. S'il s'abstenait, on ne
manquerait pas de nous prendre en
flagrant délit d'ingratitude. Si la fête
n'avait rien d'officiel, elle risquerait
fort de dégénérer en manifestation if-
rédentiste ou révolutionnaire. Si elle
est officielle, Dieu sait avec quelle
mauvaise foi on épluchera tous les
discours et tous les toasts qui seront
prononcés, pour y trouver les éléments
d'un réquisitoire contre nous M.
Crispi, qui se propose de reprendre
prochainement l'offensive contre le
ministère, trouvera là quelque beau
sujet d'interpellation.
Le mieux est sans doute de compter
sur la discrétion de nos hôtes, de ne
pas trop se préoccuper des difficultés
présentes et de penser surtout au
héros de la journée. Garibaldi avait
d'assez bonnes raisons pour bouder la
France. Il ne s'est pas pour cela jeté
aux pieds des Prussiens et il n'a pas
jugé que l'annexion du comté de Nice
autorisât ses compatriotes à applau-
dir à l'annexion de l'Alsace-Lorraine.
Il a plus d'une fois parlé de nous avec
humeur : il ne s'est pas rangé parmi
nos ennemis; il a pensé que notre
cause était toujours la cause de la li-
berté, de la démocratie et de la civili-
sation. Comme personne en Italie n'o-
serait le blâmer, nous pouvons le
louer et l'entendre louer sans fournir
à nos ennemis de justes griefs. S'il
leur plaît d'inventer des prétextes
pour nous attaquer, nous n'y pouvons
rien. Nous prétendons d'autant moins
échapper à leur censure, qu'ils n'hési-
tent pas à nous calomnier quand la
médisance ne leur suffit pas.
Commines.
Le XiJL° t~i~t~~c, PUJIICI D A <4
« Chronique », par Francisque Sarcey.
INFORMATION SENSATIONNELLE
(AGENCE DALZIEL)
Londres, 1er septembre.
Une grande sensation vient d'être pro-
duite par la publication, dans le Manches-
ter Courrier, d'une information aux termes
de laquelle un jeune employé de ministère
aurait reçu l'offre d'une somme d'argent
considérable po.!r la divulgation de cer-
tains secrets jalousement gardés par l'ami-
rauté. On parle d'un personnage français
occupant une haute situation qui serait in-
criminé dans cette affaire. D'un autre côté,
on s'est beaucoup occupé dernièrement de
tentatives faites par des étrangers pour vi-
siter l'arsenal de Woolwich.
Le règlement visant l'autorisation de vi-
siter, qui est déjà très rigoureux, va, en
conséquence,être rendu plus sévère encore.
GUILLAUME II
AUX MANŒUVRES D'AUTRICHE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vienne, 1er septembre. — L'empereur d'Alle-
magne et le roi de Saxe arriveront après-de-
main jeudi pour assister aux grandes manœu-
vres, auxquelles prennent part 100 bataillons,
60 escadrons et 162 pièces d'artillerie.
UN DOMPTEUR TUÉ PAR UN LION
Montréal, 1er septembre.
Lundi, pendant que la ménagerie du cir-
que Robinson était exhibée dans les rues
de la ville, deux lions nubiens se prirent
de querelle dans leur cage. Le dompteur
du cirque, M. Louloff, essaya de les cal-
mer, mais mal lui en prit: un des lions le
saisit et lui ouvrit la poitrine avec ses
griffes, et d'un coup de gueule entama si
profondément le cou que la tête fut pres-
que séparée du tronc.
LA MALADIE
DE LA REINE ÉLISABETH
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlBa)
Venise, 1er septembre.— L'état de la reine de
Roumanie n'a pas varié. Sa faiblesse est ex-
trême. On doit la porter de son lit à une chaise
longue sur laquelle elle désire rester une
heure ou deux dans la journée.
CYCLONE SUR L'ATLANTIQUE
New-York, 1er septembre.
Les officiers du steamer Arizona, de la
Compagnie Guion, arrivé hier ici, rappor-
tent que pendant la traversée un cyclone
formidable s'abattit sur l'Atlantique, sur la
route même du steamer.
Un vent d'une force inouïe, venant de
l'ouest, souffla pendant quatre heures en-
tières.
Les passagers qui se trouvaient en ce
moment sur le pont du navire furent telle-
ment effrayés du choc reçu par l'Arizona,
qu'ils s'enfuirent effarés dans leurs cabi-
nes. Mais aucun accident n'a eu lieu.
TEMPÊTE SUR LA MANCHE
Londres, 1er septembre.
De tous côtés nous recevons des détails
navrants sur la tempête qui sévit sur la
Manche.
De Margate on nous télégraphie que, hier
soir, vers dix heures, des signaux de dé-
tresse furent aperçus en mer. Le navire
était le J.-E. Foster, ayant un chargement
de charbon et allant de Hartlepool à Poole.
L'équipage a pu être sauvé au moyen de
cordes lancées par des fusées.
D'Eastbourne, on mande que le côtre
Mistery a été, cet après-midi, jeté sur les
rochers. Le canot de sauvetage de la Royal
Lifboat Association s'est immédiatement
porté à son secours. Il a été assez heureux
pour arriver à piloter le côtre à travers
un chenal, ce qui lui a permis de repren-
dre sa route vers Douvres. De ce dernier
port, on nous télégraphie que le navire a
pu être ramené au quai sans encombre.
D'Ilfracombe, on nous fait savoir que le
vapeur Lorna-Doone, ayant 100 passagers à
son bord, a été couché sur le flanc par la
force des vagues. Le salon a été complète-
ment inondé. Le buffet a été réduit en
pièces, Plusionrs personnes ont été bles-
sées; deux ont. dû être transportées à l'hô-
pital; les autres ont été ramenées à Bristol
£ îir un train.
En Irlande, et surtout dans la province
d'Ulster, la tempêtQ est effroyable. Les
lmoisson:s sont détruites en grande partie.
PLUS DE POMPIERS
DOLÉANCES LÉGITIMES
Trop d'exercices militaires et pas assez
de manœuvres. — Pourquoi les ren-
gagements se font rares. — La
sécurité de Paris. — Ce
qu'il faut faire.
Sait-on que le pompier, ce troupier si
leste, si gai, qui fait la joie du Parisien
qu'il rassure, sait-on que le pompier se
rengage de moins en moins, en dépit des
avantages matériels qu'on s'ingénie à lui
procurer? Le pompier se meurt! Nous
avons voulu savoir à quelles causes tient
ce fait, anormal en apparence ; nous nous
sommes livré à une minutieuse enquête
auprès des personnes les plus compétentes,
et voici ce qui nous a été dit de toutes
parts avec une unanimité qui ne permet
pas le doute sur l'exactitude des rensei-
gnements: -
En réalité, la situation du pompier est
intolérable. En tout et pour tout, il est sa-
crifié au soldat ; le service en campagne,
la théorie, le service de place, le service in-
térieur, le tir, l'escrime, occupent la plus
grande partie de son temps, au détriment
de la gymnastique et de la manœuvre des
appareils.
Dans ces conditions, il est à la fois ma-
nœuvrier et soldat, mais plus soldat que
nianoeuvrier. Aussi ne peut-il prendre grand
goût à sa profession spéciale, fatigué qu'il
est par des exercices multiples qui n'ont
avec elle aucun rapport. En un mot, on-a
trop militarisé les pompiers.
Notez que les inspections ne portent au-
cun remède à ce mal, au contraire, car
elles ne portent que sur la partie militaire
des exercices du pompier, et pour cause,
la partie technique étant totalement incon-
nue des inspecteurs.
Instabilité des officiers
Sans doute, les exercices militaires font
valoir davantage les officiers de pompiers,
qui, on le sait, ne font pas leur carrière
dans ce corps spécial. A telles enseignes
qu'on se rappelle le brave colonel Couston
déclarant devant les juges, lors du procès
qui suivit l'incendie de l'Opéra-Comique,
qu'avant sa prise de commandement, il
était « pompier comme la lune » 1
Veut-on une preuve de l'instabilité de
la situation des officiers de pompiers, qui
nous donnera immédiatement la clé de la
situation actuelle ? On se rappelle le capi-
taine-ingénieur Krebs, qui a apporté dans
l'organisation du matériel des améliora-
tions incontestables.
Dernièrement, ses services lui ont valu
un avancement mérité. Il a été envoyé, en
qualité de commandant-major, dans un
régiment de ligne, où il devra rester jus-
qu'à ce qu'il se produise dans le corps des
pompiers une vacance de son grade ac-
tuel ; à moins que le ministre de la guerre
ne préfère nommer un de ses collègues de
la ligne, ce qui n'aurait rien d'invraisem-
blable. :
Cet exemple, d'autant plus caractéristi-
que qu'il s'applique à un homme d'une
compétence indiscutée, qui a fait de ces
questions spéciales l'objet constant de ses
études, nous fait mieux comprendre que
les officiers de pompiers ne peuvent avoir
qu'un rêve : faire bien pivoter leurs hom-
mes, afin d'avancer dans la ligne, puisque
l'avancement sur place ne leur est pas ga-
ranti.
Les conséquences d'un tel état de choses
sont graves. Certains officiers se plaignent
que les pompiers ne montrent guère de
goût pour le métier. D'aucuns se plaignent
même qu'au feu les hommes, quoique cou-
rageux et dévoués, manquent de sang-froid.
C'est surtout d'expérience qu'ils manquent,
et nous avons dit pourquoi. En sorte qu'au
feu il arrive que les sous-officiers sont
forcés d'agir seuls. Et ce, à tel point qu'il
arrive fréquemment que, sur le lieu d'un
sinistre, les sous-officiers se trouvent dans
la nécessité de faire la manœuvre au lieu
de la commander, et de fixer les tuyaux,
les raccords, les lances.
Les pompiers surmenés
La faute en est-elle aux règlements ? Que
non pas. Dans chaque caserne, il y a un ta-
bleau de service ; mais il n'est là que pour
la forme et pour égarer la religion des au-
torités compétentes --- ou plutôt incompé-
tentes.
Depuis sept heures du matin jusqu'à qua-
tre heures et demie, tout le temps du pom-
pier est pris par les exercices du soldat
et la manœuvre professionnelle. C'est à
peine si ceux qui descendent de garde ont
le temps de manger. Ajoutez à ce surme-
nage le dérangement de presque chaque
nuit, et vous vous ferez une idée à peu
près exacte de la situation du pompier et
des raisons pour lesquelles il ne se fait
pas une carrière dans le corps. Il est juste
d'ajouter que la situation n'est pas la même
dans les deux bataillons; dans l'un, on tra-
vaille deux fois plus que dans l'autre. C'est
dans celui où l'on travaille le plus — aux
exercices militaires — que les pompiers
sont astreints aux minuties de la vie de ca-
serne, revues, inspections, etc., qui les
mettent littéralement sur les dents et les
démoralisent.
Aussi les hommes, qui savent cela, mon-
trent-ils beaucoup moins d'empressement
à demander à entrer dans le corps des
pompiers que n'en montrent les soldats à
demander leur admission dans les autres
corps spéciaux tels que là gendarmerie, la
çarde républicaine ou la do ane. Les pom-
piers, cependant, sont mieux nourris, mieux
couchés que le reste de l'armée, ils tou-
chent une solde relativement élevée, ils
sont aimés de la population parisienne,
aimés et admirés; mais enfin, cela ne suffit
pas à leur bonheur.
Un tel système ne peut durer : il y va de
la sécurité des Parisiens. Il importe que le
corps des pompiers ne soit en rien distrait
de sa mission. Il y a dans ce corps des
hommes d'élite, d'excellents soldats, des
modèles de dévouement et d'abnégation,
mais il n'y a pas de pompiers, ou plutôt, si
cela continue, il n'y aura plus de pompiers.
Recrutés directement comme les autres sol-
dat?, à l'expiration de leur congé ils ren-
trent dans leurs foyers sans avoir pu acquérir
la pratique que donne seule l'expérience.
Le remède
Le remède serait bien simple. Tout d'a-
bord, placer les pompiers sous l'adminis-
tration de la Ville, c'est-à-dire les démili-
tariser, comme à Londres, à New-York et
dans toutes les grandes villes où se trouvent
des corps permanents de pompiers. Lors
de son passage a.u ministère de la guerre,
le général Lswal avait vu les inconvénients
k de la situation actuelle et il avait préparé
un travail destiné à les faire disparaître.
Depuis, les choses sont restées en l'état.
Par la démilitarisation, on pourrait sans
inconvénient réduire l'effectif actuel de nos
deux bataillons de pompiers, désormais
occupés exclusivement aux manœuvres de
leur profession. Cette réforme assurerait
immédiatement un fort contingent de ren-
gagements, car c'est à regret que les
hommes quittent le corps, où ils pourraient
se créer une petite situation; mais le sur-
menage militaire les porte à préférer les
risques de la lutte pour l'existence à la
sécurité de la caserne trop chèrement
achetée.
Pour les cadres, rien ne serait plus sim-
ple : les sous-officiers seraient recrutés,
comme aujourd'hui, parmi les hommes, et
les officiers partie parmi les sous-officiers et
partie parmi les officiers ingénieurs sortis
de l'Ecole polytechnique. On aurait ainsi
réuni la pratique et la théorie.
Pour n'être plus des pioupious au sens
trop littéral du mot, les pompiers, nos petits
pompiers parisiens,n'en feraient que mieux
leur besogne héroïque, et, dans les revues,
ils ne perdraient pas un seul des applau-
dissements enthousiastes qui les accueil-
lent.
LA RÉVOLUTION DU CHILI
Fusillades et procès. — Les réfugiés à
bord-des navires étrangers.
VaifWMWtiso, l.
L'ère des représailles et des vengeances po-
litiques a commencé. Le procureur général
Pas, qui a présidé le procès des individus
accusés d'avoir voulu faire sauter le na-
vire balmacediste Imperial, a été fusillé
sans procès.
Un rédacteur du journal El Commercio,
et d'autres personnes accusées d'avoir ex-
cité le peuple à l'émeute, ont aussi été fu-
sillés.
Plusieurs des principaux fonctionnaires
du gouvernement balmacédiste seront fu-
sillés demain, après avoir passé en juge-
ment devant une cour martiale.
Le gouverneur de Valparaiso a informé
les amiraux allemand et américain qu'on
leur demandera de livrer les Chiliens qui
se sont réfugiés à bord de leurs navires.
Les amiraux ont répondu qu'ils refuse-
ront de les livrer, à moins qu'on ne leur
offre des garanties que ces réfugiés ne se-
ront pas molestés. Le gouverneur demanda
une liste des réfugiés afin de prendre une
décision sur la question de garantie. Cette
liste lui a été envoyée après une conférence
tenue par les deux amiraux.
Les principaux réfugiés sont M. Banados
Espinosa, ministre de la guerre et de l'in-
térieur; le président récemment élu M.
Claudio Vicuna; M. Domingo Godoy, mi-
nistre des affaires étrangères; M. Perez
Montt, ministre de la justice, et M. Oscar
Viel, ancien gouverneur de Valparaiso.
Les amiraux ont promis de transporter
tous ces réfugiés au Pérou.
L'effondrement des balmacédistes
Toutes les troupes stationnées à Co-
quimbo, à Concepcion et à Talcahuana, qui
étaient restées fidèles à la cause de M. Bal-
maceda, ont mis bas les armes.
Les navires Imperial et Condell, toujours
en possession des balmacédistes, ont quitté
Coquimbo samedi se dirigeant vers le Nord.
Les navires congressistes sont à leur pour-
suite.
ACCIDENTS DE CHEMINS DE FER
A l'étranger
Rencontre de deux trains de marchandises
sur la ligne de Manchester-Sheffield et
Lancashire. Deux blessés. Dégâts énormes.
— Rencontre d'un train de voyageurs
allant de Cavallomaggior à Alexandrie et
d'un train de marchandises. Le conducteur,
le mécanicien, le chauffeur et trois em-
ployés grièvement blessés.
— Déraillement à Plaisance d'un train ve-
nant de Milan, à la suite d'un tamponne-
ment d'une machine en manœuvre. Trois
enfants grièvement blessés.
— Un accident très sérieux, hier soir,
à la station de Ramsgate appartenant à
la London Chatham and Dover Railway
Company. Un train de la Great Northern
Railway Company n'a pu s'arl'êter à temps
et a traversé le mur de fond de la gare. Il
y a eu une personne tuée et un certain
nombre de blessés dont plusieurs griève-
ment.
— Déraillement d'un train entre Tell City
et Troy (Indiana). La locomotive et un
wagon ont été précipités dans une fosse où
se trouvaient des conduites d'eau bouil-
lante. Ces conduites ont été crevées et l'eau
en ébullition s'est répandue sur les mal-
heureux voyageurs.
Brûlures horribles. La chair, absolument
cuite, se détachait des os quand on essayait
de soulever les blessés. h sont morts;
13 sont dans un état désespéré ; 18 sont
moins grièvement atteints.
En France
Un train allant de Marseille à Toulon a
déraillé un peu après la gare de La Pom-
me, à la suite de la rupture de l'essieu d'un
wagon chargé de charbon. Dix wagons sont
sortis des rails sur un pont qui se trouve au
Sahare.
Par suite du déraillement, le pont s'est
crevé à sa partie supérieure, et à ce mo-
ment précis un accident a failli se produire.
Un train de voyageurs venait de Toulon ;
heureusement il a pu stopper à temps, évi-
tant ainsi une catastrophe. Les voyageurs
ont dû descendre en attendant un train de
secours. Quelques-uns d'entre eux ont re-
gagné Marseille en omnibus.
— Déraillement d'un train omnibus entre
Aubreville et Dombasle (Meuse). Le méca-
nicien et le chauffeur grièvement blessés.
-Un gendarme a été tué à Nouan, près de
Vierzon (Cher) par un train.
— Déraillement d'un train de voyageurs
entre Marguelay et Dompierre (Nord). Une
vingtaine de voyageurs ont été légèrement
blessés; la blessure la plus grave est en
effet une fracture du péroné.
LES INTERNES DE MARSEILLE
Marseille, 1er septembre.
La grève des internes des hopitaux con-
tinue.
Trois internes de l'Hôtel - Dieu, qui
avaient jusqu'à présent hésité à suivre
leurs collègues, viennent de donner leur
démissi
La commission administrative des hos-
pices s'est réunie aujourd'hui. On ignore
les décisions prises.
LA VIE DE PARIS
Cest de l'étranger, de la jolie ville de
Montreux, en Suisse, que nous arrive
une histoire (que vous a déjà racontée le
XIXe Siècle) qu'on peut appeler une his-
toire parisienne, car l'aventure rappelle
des aventures analogues qui sont arrivées
chez nous, notamment à 1 une de nos plus
aimables actrices, aujourd'hui morte,
hélas! cette charmante Montaland. L'hé-
roïne de cette aventure (parfaitement dé-
sagréable, je l'avoue) est une Anglaise,
Mme Burke, femme d'un diplomate an-
glais. Aussi la pudique et susceptible Al-
bion est en émoi, car Mme Burke a été
prise par la police de Montreux pour
une demoiselle de mauvaise vie. Voici
comment se fit la chose : Mme Burke, très
jolie femme, nous dit-on, habite Genève
avec ses enfants, tandis que son mari est
en Egypte. C'est de là que M. Burke don-
na commission à sa femme d'aller voir,
à Montreux, un sien ami, un capitaine.
Forte de la confiance de son mari, ac-
complissant un mandat conjugal impé-
ratif, Mme Burke se rendit donc seule à
Montreux, et comme on lui dit que le ca-
pitaine était sorti, elle s'installa brave-
ment dans sa chambre. Cette familiarité
parut suspecte au maître de l'hôtel, à qui
il est juste de trouver une excuse. Il vint
dire à Mme Burke que «sa maison res-
pectable n'était pas faite pour ces cho-
ses-là ly, et la pria de déguerpir. Mais une
honnête femme, qui a une commission de
son mari, ne lâche pas la place. Mme Bur-
ke était en train de lire un journal an-
glais. Au premier mot, elle s'indigne,
agite son journal comme un drapeau na-
tional, — c'était tout justement le Stan-
dard, et peut-être, était-il monté sur
un bâton, — s'en fit une arme, et frappa
l'insolent aubergiste qui pouvait penser
qu'une lady avait de mauvaises. inten-
tions en venant rendre visite à un capi-
taine. L'aubergiste malmené va chercher
la garde, qui emmène Mme Burke au
poste, où on lui fait passer la nuit avec
des ivrognes qui avaient trop apprécié le
joli vin d'Yvorne, qui mûrit sur les co-
teaux voisins.
Ce soir-là, par malechance, le capitaine
ne rentra pas à l'hôtel, ce qui semblerait
prouver que Montreux n'est pas partout
inhospitalier. Ce ne fut que très tard
qu'il put réclamer sa compatriote, qui se
précipita au télégraphe et raconta son
malheur à son ambassadeur. Celùi-ci a
pris la chose de très haut avec laconfédé-
ration. Estimant que Phonneurv comme
le temps, est « money », il ne se contenta
pas des excuses qu'on lui a faites pour sa
compatriote. Il demanda quatre mille
livres, soit cent mille francs, de dom-
mages-intérêts, ce qui est un joli denier.
Beaucoup de femmes, je le crains, ne se-
raient pas fâchées, pour ce prix, d'avoir
passé pour être des cocottes. Si la Suisse
refuse cette grosse somme et cette dé-
pense non prévue au budget, le ministre
anglais menace de se fâcher et de s'en
aller. De plus, ce qui est plus grave en-
core pour les habitants de Montreux, les
journaux anglais ont pris feu et flamme
et proposent de mettre en quarantaine
Montreux, qui ne vit, l'hiver aussi bien
que l'été, que des gens qui y viennent en
villégiature et qui sont presque tous des
Anglais. Ah ! ce pauvre aubergiste a fait
là un joli coup !
Il est bien clair qu'il est très déplai-
sant pour une honnête femme d'être
prise pour une fille et traitée comme
telle. Quand une pareille chose est arri-
vée à Paris, nous avons fortement pro-
testé. Mais il n'est pas venu à l'idée des
femmes françaises de demander autre
chose que des excuses, et le préfet de
police s'est tiré du mauvais pas où le
mettait la maladresse de ses agents avec
une démarche de politesse bien vite agréée.
Puisque les mœ rs anglaises, que je
ne blâme pas, que je constate seulement,
font de l'affaire une grosse affaire d'ar-
gent, on peut, tout en respectant et en
plaignant la victime de l'erreur, se de-
mander si les torts sont si graves qu'il y
paraît d'abord, de la part de qui l'a com-
mise. Une jeune et jolie femme demande
un capitaine dans un hôtel. On lui ré-
pond qu'il n'y est pas. Sur quoi elle se
fait conduire dans la chambre du céliba-
taire et s'y installe, déclarant qu'elle l'at-
tend.
Les jolies Françaises, vraiment, ont
plus de réserve : elles iraient attendre
au salon de lecture. Et si vous ou moi,
nous avions assisté à cette prise de pos-
session de la chambre, nous aurions
pensé qu'il s'agissait de quelque aventure
galante. Les femmes du monde et les co-
cottes s'habillent très semblablement et
on ne les distingue à coup sûr que sur le
plus ou moins de liberté de leurs maniè-
res. L'assurance de. l'honnêteté anglaisé
peut être confondue avec l'aplomb de « la
corruption française », comme ils disent
là-bas. Vous direz à cela que, femme
honnête ou cocotte, il est assez ridicule
qu'un brave capitaine ne puisse pas re-
cevoir une visite dans un hôtel sans que
l'aubergiste vienne inspecter la visiteuse
et se faire une idée de ses intentions.
Eh, certes, oui, ceci est assez ridicule.
Mais je me demande si cette pruderie,
étonnante chez un bon garçon suisse,
n'est pas imposée par les Anglais eux-
mêmes ? Les Anglais ne se gênent jamais
en voyage. Ils prennent les meilleures
places, les meilleurs morceaux, imposent
leurs coutumes, ne respectent pas celles
du pays et vont à l'Opéra en casquette.
Ils ne supportent pas ce qui choque leur
pudeur, et ceur « shocking » s'applique à
tout, fût-ce aux pauvres amoureux qui
se trouvent dans les mêmes hôtels qu'eux.
L'excès de zèle de l'aubergiste de Mon-
treux me paraît avoir été une flàtterie à
l'adresse de â.' Clientèle. Et, dès lors, je
[ m'en év.:"Óus moins et y trouva même ua
piquant et juste retour des choses d'ici-
bas.
Ce qui n'empêche pas que l'erreur soit
regrettable, et même qu'il soit regretta-
ble aussi qu'on se permette de molester
les jolies femmes, fussent-elles sans con-
trat de mariage dans leur poche. Autant
il est juste de réprimer le scandale des
mauvaises mœurs là où il est véritable-
ment blessant, autant il est excessif de
procéder à une inquisition sur la situa-
tion sociale des gens qui sont dans un
hôtel. La brutalité, en tout cas, n'est ja-
mais excusable. Elle paraît avoir été, plus
que leur erreur même, la faute des agents
suisses, comme elle est parfois celle des
nôtres.
Henrv Fouquier.
ROMAN PRINCIER
L'élève de Mlle Vacaresco
L'indiscrétion d'un de nos amis nous
permet d'indiquer aujourd'hui les circons-
tances assez originales dans lesquelles la
prince héritier de Roumanie, Ferdinand,
neveu du roi Charles, s'est laissé ensorceler
par les beaux yeux de Mlle Hélène Vaca-
resco, demoiselle d'honneur de la reine.
Désireuse, sans doute, de plaire à sa sou-
veraine, qui honore particulièrement les
littérateurs et écrit elle-même sous le pseù-
donyme de Carmen Sylva, Mlle Vacaresco
employait tous ses instants de loisir à ca-
resser la muse.
Elle ne perdait point son temps, si l'on
en juge par le petit poème suivant, adressé
il y a quelques années, pendant un bal à
Paris, à un cavalier envers lequel la gra-
cieuse jeune fille avait oublié ses engage-
ments.
Il est bon de noter d'abord que l'expres-
sion on dirait du veau était alors à la
mode:
Monseigneur, quel enfantillage !
Me bouder de cette façon
Et me faire mauvais visage
Pour un malheureux cotillon.
Parce que j'ai, tête légère,
Oublié mon engagement,
Cessez de porter diable en terre
Et causons raisonnablement.
Mardi prochain, une autre fête
Nous réunira de nouveau,
A danser, déjà je m'apprête,
Quel bonheur 1 On dirait du veau.
Or sus, écoutez-moi, messire,
Je vous promets, pour ce soir-là,
Tout ce que vous voudrez sans rire,
Le cotillon, ceci, cela.
Mais quand j'aurai noyé ma faute
Dans un tourbillon poussiéreux,
Vous aurez la tête moins haute,
N'est-ce pas, et l'air plus heureux ?
L'héritier du trône, ayant entendu vanter
le talent de la jeune personne et désirant
lui-même continuer un jour les traditions
littéraires: irauignréespar la reine à la cour
de Bucarest, pria Mlle Vacaresco de lui don-
ner des leçons de poésie..
Celle-ci n'osa point refuser. Grâce à l'ex-
cellence de sa méthode, son élève devint
bientôt assez fort pour lui tourner le qua-*
train suivant :
, A vous la grâce, à vous le charme,
Puissiez-vous, loin de la douleur,
Ne pas flétrir, par une larme,
L'éclat de votre printemps en fleur !
Et voici comment, au dernier bal de la
cour, il célébrait la beauté de saprofesseur,
qui , dédaignant les fleurs et les diamants,
qui,
avait pour toute parure des hirondelles de
mer :
Elle avait jeté ce soir-là,
Dans ses fins cheveux que j'adore,
Dans les plis de sa jupe encore,
Quelques oiseaux par ci, par là.
Je la trouvais tellement belle,
Que la mort eÙ t comblé mes vœux,
Si, pareil à l'humble hirondelle,
J'avais pu me poser sur elle
Avant de m'envoler aux cieux.
Devant de telles protestations, on com-
prend que Mlle Vacaresco soit toujours
pleine d'espérance.
LES BICYCLISTES DANS L'ARMÉE
DES ÉTATS-UNIS
Washington, 1er septembre.
Le lieutenant Bawen, de la garde natio-
nale, envoyé en inspection dans le Connec-
ticut, a fait, dans son rapport au départe-
ment de la guerre, de grands éloges du
service des bicyclistes qui fonctionne dans
le corps d'armée du Counecticut.
D'après le lieutenant Bawen, un homme
monté en bicycle peut traverser des en-
droits où des chevaux ne pourraient pas
passer.
Il ajoute encore que les bicyclistes ren-
draient de grands services comme messa-
gers entre le gros de l'armée et les postes
avancés. Il préconise, par conséquent, d'é-
tendre les expériences déjà faites.
La garde nationale du ConneSiicut sera
la première armée des carabines à répéti- ,
tion.
LES JUIFS D'APRÈS M. SÉE
L'Académie de médecine était transfor
mée hier en une véritable école de théo-"
logie.
M. Germain Sée est venu défendre les Is"
raélites des attaques qu'il accuse MM. Ja-
val et Lagneau d'avoir dirigées contre eux
dans une communication scientifique ou.
médicale quelconque.
M. Sée démontre, en s'appuyant sur des
arguments tirés de l'Ecriture-Sainte avec
texte à l'appui, que lui et ses coreligion-
naires ont reçu de Moïse, de Joseph et do
Saint-Paul, etc., le dogme de l'immortalité
de l'âme, de la vie éternelle.
Il reproche amèrement à M. Javal cette
phrase : « Nulle part dans la Bible il n'est
question de l'immortalité de l'âme ; aussi
les Juifs, n'ayant aucun espoir au-delà du
tombeau, se sont-il efforcés de vivre la
plus longuement et le plus avantageuses
ment possible. »
Si les Israélites sont sobres, si la natalité
illégitime est inconnue chez eux, c'est à la
moralité de leurs dogmes qu'ils le doivent..
Renan lui-même, dit M. Sée dans une
véhémente péroraison, écrit:
« L'homme ne peut vivre persuadé qua
sa destinée est semblable à celle de l'ani
mal ; si on le lui démontrait, il ne le croi-^
rait pas ", et jamais cette démonstration.:..;
si elle était donnée, n'empêcherait les Juifs
comme les chrétiens de travailler à leu%
élévation morale.
L'Académie descend des hauteurs méta'-
physico-4héologiques pour entendre l'émi-,
nent chirurgien M. Polaillon exposer ses
procédés de traitement de la division con"v
génitale du voile du palais.
CINQ Centimes Paria et Départements - CINQ Centimes
JEUDI 3 SEPTEMBRE 1891
JOURNAL RÉPUBLICAIN
BÊDACTION
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Les Fêts de Nice
En 1870, Garibaldi est venu au se-
cours de la France envahie. Il y avait
d'autant plus @ de mérite qu'il était
vieux et fatigué, qu'il pouvait garder
rancune à la République du mal que
lui avait fait l'empire, et que nos dé-
faites avaient eu pour premier résul-
tat l'accomplissement de son plus cher
désir, la revanche de Mentana, l'en-
trée des Italiens à Rome. Il accourut
malgré tout, amenant avec lui ses fi-
dèles compagnons d'armes. Comme
nous avons tout intérêt à ce que la re-
connaissance soit une vertu à la mode,
nous devons applaudir à l'idée qu'on
a eue de lui élever un monument à
Nice. L'inauguration de ce monument
ne fournira-i-elle pas aux partisans
de l'alliance franco-italienne une excel-
lente occasion pour réveiller les senti-
ments d'amitié étouffés par les politi-
ciens à la Crispi, pour dissiper les ma-
lentendus et boire triomphalement à
l'union des races latines ?
Cependant, cette cérémonie interna-
tionale donne lieu tout d'abord à des
polémiques assez aigres et inspire
quelques inquiétude s. Si la chose se
passait entre Français, on n'aurait
pas à craindre le moindre incident fâ-
cheux. Mais il viendra beaucoup d'Ita-
liens, et il se pourrait que leur attitude
donnât prétexte à brouiller les cartes,
à envenimer la querelle qu'on vou-
drait apaiser.
On redoute tout d'abord les irré-
dentistes, qui seront tentés de faire ou
de dire quelque so ttise. Nice est la pa-
trie de Garibaldi, et le héros des deux
mondes n'avait jamais pardonné à Ca-
vour d'avoir consenti à l'annexion. Il
se publie à Nice même, en italien, un
journal séparatiste qui est un de nos
ennemis les plus acuarnés et dont les
lecteurs ne seraient sans doute pas
fâchés de fraterniser avec leurs amis
d'outre- frontière d'une façon bruyante
et peu obligeante pour nous. On ne se
fait pas faute, dans les journaux qui
se publient au-delà des monts, de re-
vendiquer Nice et de contester la va-
leur du plébiscite qui nous l'a donnée.
Même les modérés se contentent de
déclarer que, tout en blâmant des dé-
monstrations inopportunes, ils atten-
dent l'heure où la cité sacrifiée fera
retour à la mère-patrie. Il pourrait
donc arriver que les bons Français
fissent. une singulière figure au milieu
de ces fêtes où on célébrerait beaucoup
plus l'unité italienne que l'unité fran-
çaise et où notre drapeau aurait un
peu l'air d'un intrus provisoirement
toléré.
Ce n'est pas tout. Tandis que le fils
aîné de Garibaldi s'abstient par un
sentiment de modestie que nos enne-
mis interprètent comme une marque
d'hostilité à notre égard, les délégués
des sociétés patriotiques italiennes ap-
partiendront pour la plupart aux par-
tis avancés de la Péninsule. Soit com-
me républicains, soit comme adver-
saires de la triple alliance, ils com-
battront la politique de leur gouver-
nement et n'emploieront pas leur élo-
quence à chanter les louanges du roi
Hiunbert et de ses ministres. Les re-
présentants du gouvernement français
présideront ainsi à une cérémonie qui
risque d'être une manifestation contre
le souverain et le ministère italien. La
presse officieuse de Rome, de Naples
et de Turin nous reproche amèrement
de faire les yeux doux au pape. Elle
sera bien aise de varier ses diatribes,
d'exploiter un nouveau grief. Elle
nous accusera de fomenter chez nos
voisins une agitation extra-légale,
d'encourager les ennemis de la maison
de Savoie et d'élever chez nous, à
leur profit, une tribune retentissante.
On ne sait comment prendre les Ita-
liens, ceux du moins qui ont juré de
nous trouver perpétuellement en faute.
Quand nous ne nous occupons pas
d'eux, ils prétendent que nous les dé-
testons; quand nous répondons poli-
ment aux politesses de nos amis de la
Péninsule, ils se plaignent que nous
nous mêlions de leurs affaires. Nous
ne pouvons pourtant pas maudire M.
Gavallotti et les autres démocrates qui
protestent contre l'alliance allemande;
nous ne pouvons pas nous jeter dans
les bras de M. Crispi et disputer à M.
de Bismarck l'amitié de ce remuant
personnage.
C'est ainsi qu'une solennité destinée
à renouer entre les deux grandes na-
tions latines les liens d'une parenté
trop oubliée soulève d'avance des dis-
cussions acerbes et inspire plus d'in-
quiétudes que d'espérances. Que faire?
Si le gouvernement français persiste
à se faire représenter, les crispiniens
le rendront responsable de tout ce qui
se dira à Nice. S'il s'abstenait, on ne
manquerait pas de nous prendre en
flagrant délit d'ingratitude. Si la fête
n'avait rien d'officiel, elle risquerait
fort de dégénérer en manifestation if-
rédentiste ou révolutionnaire. Si elle
est officielle, Dieu sait avec quelle
mauvaise foi on épluchera tous les
discours et tous les toasts qui seront
prononcés, pour y trouver les éléments
d'un réquisitoire contre nous M.
Crispi, qui se propose de reprendre
prochainement l'offensive contre le
ministère, trouvera là quelque beau
sujet d'interpellation.
Le mieux est sans doute de compter
sur la discrétion de nos hôtes, de ne
pas trop se préoccuper des difficultés
présentes et de penser surtout au
héros de la journée. Garibaldi avait
d'assez bonnes raisons pour bouder la
France. Il ne s'est pas pour cela jeté
aux pieds des Prussiens et il n'a pas
jugé que l'annexion du comté de Nice
autorisât ses compatriotes à applau-
dir à l'annexion de l'Alsace-Lorraine.
Il a plus d'une fois parlé de nous avec
humeur : il ne s'est pas rangé parmi
nos ennemis; il a pensé que notre
cause était toujours la cause de la li-
berté, de la démocratie et de la civili-
sation. Comme personne en Italie n'o-
serait le blâmer, nous pouvons le
louer et l'entendre louer sans fournir
à nos ennemis de justes griefs. S'il
leur plaît d'inventer des prétextes
pour nous attaquer, nous n'y pouvons
rien. Nous prétendons d'autant moins
échapper à leur censure, qu'ils n'hési-
tent pas à nous calomnier quand la
médisance ne leur suffit pas.
Commines.
Le XiJL° t~i~t~~c, PUJIICI D A <4
« Chronique », par Francisque Sarcey.
INFORMATION SENSATIONNELLE
(AGENCE DALZIEL)
Londres, 1er septembre.
Une grande sensation vient d'être pro-
duite par la publication, dans le Manches-
ter Courrier, d'une information aux termes
de laquelle un jeune employé de ministère
aurait reçu l'offre d'une somme d'argent
considérable po.!r la divulgation de cer-
tains secrets jalousement gardés par l'ami-
rauté. On parle d'un personnage français
occupant une haute situation qui serait in-
criminé dans cette affaire. D'un autre côté,
on s'est beaucoup occupé dernièrement de
tentatives faites par des étrangers pour vi-
siter l'arsenal de Woolwich.
Le règlement visant l'autorisation de vi-
siter, qui est déjà très rigoureux, va, en
conséquence,être rendu plus sévère encore.
GUILLAUME II
AUX MANŒUVRES D'AUTRICHE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Vienne, 1er septembre. — L'empereur d'Alle-
magne et le roi de Saxe arriveront après-de-
main jeudi pour assister aux grandes manœu-
vres, auxquelles prennent part 100 bataillons,
60 escadrons et 162 pièces d'artillerie.
UN DOMPTEUR TUÉ PAR UN LION
Montréal, 1er septembre.
Lundi, pendant que la ménagerie du cir-
que Robinson était exhibée dans les rues
de la ville, deux lions nubiens se prirent
de querelle dans leur cage. Le dompteur
du cirque, M. Louloff, essaya de les cal-
mer, mais mal lui en prit: un des lions le
saisit et lui ouvrit la poitrine avec ses
griffes, et d'un coup de gueule entama si
profondément le cou que la tête fut pres-
que séparée du tronc.
LA MALADIE
DE LA REINE ÉLISABETH
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULlBa)
Venise, 1er septembre.— L'état de la reine de
Roumanie n'a pas varié. Sa faiblesse est ex-
trême. On doit la porter de son lit à une chaise
longue sur laquelle elle désire rester une
heure ou deux dans la journée.
CYCLONE SUR L'ATLANTIQUE
New-York, 1er septembre.
Les officiers du steamer Arizona, de la
Compagnie Guion, arrivé hier ici, rappor-
tent que pendant la traversée un cyclone
formidable s'abattit sur l'Atlantique, sur la
route même du steamer.
Un vent d'une force inouïe, venant de
l'ouest, souffla pendant quatre heures en-
tières.
Les passagers qui se trouvaient en ce
moment sur le pont du navire furent telle-
ment effrayés du choc reçu par l'Arizona,
qu'ils s'enfuirent effarés dans leurs cabi-
nes. Mais aucun accident n'a eu lieu.
TEMPÊTE SUR LA MANCHE
Londres, 1er septembre.
De tous côtés nous recevons des détails
navrants sur la tempête qui sévit sur la
Manche.
De Margate on nous télégraphie que, hier
soir, vers dix heures, des signaux de dé-
tresse furent aperçus en mer. Le navire
était le J.-E. Foster, ayant un chargement
de charbon et allant de Hartlepool à Poole.
L'équipage a pu être sauvé au moyen de
cordes lancées par des fusées.
D'Eastbourne, on mande que le côtre
Mistery a été, cet après-midi, jeté sur les
rochers. Le canot de sauvetage de la Royal
Lifboat Association s'est immédiatement
porté à son secours. Il a été assez heureux
pour arriver à piloter le côtre à travers
un chenal, ce qui lui a permis de repren-
dre sa route vers Douvres. De ce dernier
port, on nous télégraphie que le navire a
pu être ramené au quai sans encombre.
D'Ilfracombe, on nous fait savoir que le
vapeur Lorna-Doone, ayant 100 passagers à
son bord, a été couché sur le flanc par la
force des vagues. Le salon a été complète-
ment inondé. Le buffet a été réduit en
pièces, Plusionrs personnes ont été bles-
sées; deux ont. dû être transportées à l'hô-
pital; les autres ont été ramenées à Bristol
£ îir un train.
En Irlande, et surtout dans la province
d'Ulster, la tempêtQ est effroyable. Les
lmoisson:s sont détruites en grande partie.
PLUS DE POMPIERS
DOLÉANCES LÉGITIMES
Trop d'exercices militaires et pas assez
de manœuvres. — Pourquoi les ren-
gagements se font rares. — La
sécurité de Paris. — Ce
qu'il faut faire.
Sait-on que le pompier, ce troupier si
leste, si gai, qui fait la joie du Parisien
qu'il rassure, sait-on que le pompier se
rengage de moins en moins, en dépit des
avantages matériels qu'on s'ingénie à lui
procurer? Le pompier se meurt! Nous
avons voulu savoir à quelles causes tient
ce fait, anormal en apparence ; nous nous
sommes livré à une minutieuse enquête
auprès des personnes les plus compétentes,
et voici ce qui nous a été dit de toutes
parts avec une unanimité qui ne permet
pas le doute sur l'exactitude des rensei-
gnements: -
En réalité, la situation du pompier est
intolérable. En tout et pour tout, il est sa-
crifié au soldat ; le service en campagne,
la théorie, le service de place, le service in-
térieur, le tir, l'escrime, occupent la plus
grande partie de son temps, au détriment
de la gymnastique et de la manœuvre des
appareils.
Dans ces conditions, il est à la fois ma-
nœuvrier et soldat, mais plus soldat que
nianoeuvrier. Aussi ne peut-il prendre grand
goût à sa profession spéciale, fatigué qu'il
est par des exercices multiples qui n'ont
avec elle aucun rapport. En un mot, on-a
trop militarisé les pompiers.
Notez que les inspections ne portent au-
cun remède à ce mal, au contraire, car
elles ne portent que sur la partie militaire
des exercices du pompier, et pour cause,
la partie technique étant totalement incon-
nue des inspecteurs.
Instabilité des officiers
Sans doute, les exercices militaires font
valoir davantage les officiers de pompiers,
qui, on le sait, ne font pas leur carrière
dans ce corps spécial. A telles enseignes
qu'on se rappelle le brave colonel Couston
déclarant devant les juges, lors du procès
qui suivit l'incendie de l'Opéra-Comique,
qu'avant sa prise de commandement, il
était « pompier comme la lune » 1
Veut-on une preuve de l'instabilité de
la situation des officiers de pompiers, qui
nous donnera immédiatement la clé de la
situation actuelle ? On se rappelle le capi-
taine-ingénieur Krebs, qui a apporté dans
l'organisation du matériel des améliora-
tions incontestables.
Dernièrement, ses services lui ont valu
un avancement mérité. Il a été envoyé, en
qualité de commandant-major, dans un
régiment de ligne, où il devra rester jus-
qu'à ce qu'il se produise dans le corps des
pompiers une vacance de son grade ac-
tuel ; à moins que le ministre de la guerre
ne préfère nommer un de ses collègues de
la ligne, ce qui n'aurait rien d'invraisem-
blable. :
Cet exemple, d'autant plus caractéristi-
que qu'il s'applique à un homme d'une
compétence indiscutée, qui a fait de ces
questions spéciales l'objet constant de ses
études, nous fait mieux comprendre que
les officiers de pompiers ne peuvent avoir
qu'un rêve : faire bien pivoter leurs hom-
mes, afin d'avancer dans la ligne, puisque
l'avancement sur place ne leur est pas ga-
ranti.
Les conséquences d'un tel état de choses
sont graves. Certains officiers se plaignent
que les pompiers ne montrent guère de
goût pour le métier. D'aucuns se plaignent
même qu'au feu les hommes, quoique cou-
rageux et dévoués, manquent de sang-froid.
C'est surtout d'expérience qu'ils manquent,
et nous avons dit pourquoi. En sorte qu'au
feu il arrive que les sous-officiers sont
forcés d'agir seuls. Et ce, à tel point qu'il
arrive fréquemment que, sur le lieu d'un
sinistre, les sous-officiers se trouvent dans
la nécessité de faire la manœuvre au lieu
de la commander, et de fixer les tuyaux,
les raccords, les lances.
Les pompiers surmenés
La faute en est-elle aux règlements ? Que
non pas. Dans chaque caserne, il y a un ta-
bleau de service ; mais il n'est là que pour
la forme et pour égarer la religion des au-
torités compétentes --- ou plutôt incompé-
tentes.
Depuis sept heures du matin jusqu'à qua-
tre heures et demie, tout le temps du pom-
pier est pris par les exercices du soldat
et la manœuvre professionnelle. C'est à
peine si ceux qui descendent de garde ont
le temps de manger. Ajoutez à ce surme-
nage le dérangement de presque chaque
nuit, et vous vous ferez une idée à peu
près exacte de la situation du pompier et
des raisons pour lesquelles il ne se fait
pas une carrière dans le corps. Il est juste
d'ajouter que la situation n'est pas la même
dans les deux bataillons; dans l'un, on tra-
vaille deux fois plus que dans l'autre. C'est
dans celui où l'on travaille le plus — aux
exercices militaires — que les pompiers
sont astreints aux minuties de la vie de ca-
serne, revues, inspections, etc., qui les
mettent littéralement sur les dents et les
démoralisent.
Aussi les hommes, qui savent cela, mon-
trent-ils beaucoup moins d'empressement
à demander à entrer dans le corps des
pompiers que n'en montrent les soldats à
demander leur admission dans les autres
corps spéciaux tels que là gendarmerie, la
çarde républicaine ou la do ane. Les pom-
piers, cependant, sont mieux nourris, mieux
couchés que le reste de l'armée, ils tou-
chent une solde relativement élevée, ils
sont aimés de la population parisienne,
aimés et admirés; mais enfin, cela ne suffit
pas à leur bonheur.
Un tel système ne peut durer : il y va de
la sécurité des Parisiens. Il importe que le
corps des pompiers ne soit en rien distrait
de sa mission. Il y a dans ce corps des
hommes d'élite, d'excellents soldats, des
modèles de dévouement et d'abnégation,
mais il n'y a pas de pompiers, ou plutôt, si
cela continue, il n'y aura plus de pompiers.
Recrutés directement comme les autres sol-
dat?, à l'expiration de leur congé ils ren-
trent dans leurs foyers sans avoir pu acquérir
la pratique que donne seule l'expérience.
Le remède
Le remède serait bien simple. Tout d'a-
bord, placer les pompiers sous l'adminis-
tration de la Ville, c'est-à-dire les démili-
tariser, comme à Londres, à New-York et
dans toutes les grandes villes où se trouvent
des corps permanents de pompiers. Lors
de son passage a.u ministère de la guerre,
le général Lswal avait vu les inconvénients
k de la situation actuelle et il avait préparé
un travail destiné à les faire disparaître.
Depuis, les choses sont restées en l'état.
Par la démilitarisation, on pourrait sans
inconvénient réduire l'effectif actuel de nos
deux bataillons de pompiers, désormais
occupés exclusivement aux manœuvres de
leur profession. Cette réforme assurerait
immédiatement un fort contingent de ren-
gagements, car c'est à regret que les
hommes quittent le corps, où ils pourraient
se créer une petite situation; mais le sur-
menage militaire les porte à préférer les
risques de la lutte pour l'existence à la
sécurité de la caserne trop chèrement
achetée.
Pour les cadres, rien ne serait plus sim-
ple : les sous-officiers seraient recrutés,
comme aujourd'hui, parmi les hommes, et
les officiers partie parmi les sous-officiers et
partie parmi les officiers ingénieurs sortis
de l'Ecole polytechnique. On aurait ainsi
réuni la pratique et la théorie.
Pour n'être plus des pioupious au sens
trop littéral du mot, les pompiers, nos petits
pompiers parisiens,n'en feraient que mieux
leur besogne héroïque, et, dans les revues,
ils ne perdraient pas un seul des applau-
dissements enthousiastes qui les accueil-
lent.
LA RÉVOLUTION DU CHILI
Fusillades et procès. — Les réfugiés à
bord-des navires étrangers.
VaifWMWtiso, l.
L'ère des représailles et des vengeances po-
litiques a commencé. Le procureur général
Pas, qui a présidé le procès des individus
accusés d'avoir voulu faire sauter le na-
vire balmacediste Imperial, a été fusillé
sans procès.
Un rédacteur du journal El Commercio,
et d'autres personnes accusées d'avoir ex-
cité le peuple à l'émeute, ont aussi été fu-
sillés.
Plusieurs des principaux fonctionnaires
du gouvernement balmacédiste seront fu-
sillés demain, après avoir passé en juge-
ment devant une cour martiale.
Le gouverneur de Valparaiso a informé
les amiraux allemand et américain qu'on
leur demandera de livrer les Chiliens qui
se sont réfugiés à bord de leurs navires.
Les amiraux ont répondu qu'ils refuse-
ront de les livrer, à moins qu'on ne leur
offre des garanties que ces réfugiés ne se-
ront pas molestés. Le gouverneur demanda
une liste des réfugiés afin de prendre une
décision sur la question de garantie. Cette
liste lui a été envoyée après une conférence
tenue par les deux amiraux.
Les principaux réfugiés sont M. Banados
Espinosa, ministre de la guerre et de l'in-
térieur; le président récemment élu M.
Claudio Vicuna; M. Domingo Godoy, mi-
nistre des affaires étrangères; M. Perez
Montt, ministre de la justice, et M. Oscar
Viel, ancien gouverneur de Valparaiso.
Les amiraux ont promis de transporter
tous ces réfugiés au Pérou.
L'effondrement des balmacédistes
Toutes les troupes stationnées à Co-
quimbo, à Concepcion et à Talcahuana, qui
étaient restées fidèles à la cause de M. Bal-
maceda, ont mis bas les armes.
Les navires Imperial et Condell, toujours
en possession des balmacédistes, ont quitté
Coquimbo samedi se dirigeant vers le Nord.
Les navires congressistes sont à leur pour-
suite.
ACCIDENTS DE CHEMINS DE FER
A l'étranger
Rencontre de deux trains de marchandises
sur la ligne de Manchester-Sheffield et
Lancashire. Deux blessés. Dégâts énormes.
— Rencontre d'un train de voyageurs
allant de Cavallomaggior à Alexandrie et
d'un train de marchandises. Le conducteur,
le mécanicien, le chauffeur et trois em-
ployés grièvement blessés.
— Déraillement à Plaisance d'un train ve-
nant de Milan, à la suite d'un tamponne-
ment d'une machine en manœuvre. Trois
enfants grièvement blessés.
— Un accident très sérieux, hier soir,
à la station de Ramsgate appartenant à
la London Chatham and Dover Railway
Company. Un train de la Great Northern
Railway Company n'a pu s'arl'êter à temps
et a traversé le mur de fond de la gare. Il
y a eu une personne tuée et un certain
nombre de blessés dont plusieurs griève-
ment.
— Déraillement d'un train entre Tell City
et Troy (Indiana). La locomotive et un
wagon ont été précipités dans une fosse où
se trouvaient des conduites d'eau bouil-
lante. Ces conduites ont été crevées et l'eau
en ébullition s'est répandue sur les mal-
heureux voyageurs.
Brûlures horribles. La chair, absolument
cuite, se détachait des os quand on essayait
de soulever les blessés. h sont morts;
13 sont dans un état désespéré ; 18 sont
moins grièvement atteints.
En France
Un train allant de Marseille à Toulon a
déraillé un peu après la gare de La Pom-
me, à la suite de la rupture de l'essieu d'un
wagon chargé de charbon. Dix wagons sont
sortis des rails sur un pont qui se trouve au
Sahare.
Par suite du déraillement, le pont s'est
crevé à sa partie supérieure, et à ce mo-
ment précis un accident a failli se produire.
Un train de voyageurs venait de Toulon ;
heureusement il a pu stopper à temps, évi-
tant ainsi une catastrophe. Les voyageurs
ont dû descendre en attendant un train de
secours. Quelques-uns d'entre eux ont re-
gagné Marseille en omnibus.
— Déraillement d'un train omnibus entre
Aubreville et Dombasle (Meuse). Le méca-
nicien et le chauffeur grièvement blessés.
-Un gendarme a été tué à Nouan, près de
Vierzon (Cher) par un train.
— Déraillement d'un train de voyageurs
entre Marguelay et Dompierre (Nord). Une
vingtaine de voyageurs ont été légèrement
blessés; la blessure la plus grave est en
effet une fracture du péroné.
LES INTERNES DE MARSEILLE
Marseille, 1er septembre.
La grève des internes des hopitaux con-
tinue.
Trois internes de l'Hôtel - Dieu, qui
avaient jusqu'à présent hésité à suivre
leurs collègues, viennent de donner leur
démissi
La commission administrative des hos-
pices s'est réunie aujourd'hui. On ignore
les décisions prises.
LA VIE DE PARIS
Cest de l'étranger, de la jolie ville de
Montreux, en Suisse, que nous arrive
une histoire (que vous a déjà racontée le
XIXe Siècle) qu'on peut appeler une his-
toire parisienne, car l'aventure rappelle
des aventures analogues qui sont arrivées
chez nous, notamment à 1 une de nos plus
aimables actrices, aujourd'hui morte,
hélas! cette charmante Montaland. L'hé-
roïne de cette aventure (parfaitement dé-
sagréable, je l'avoue) est une Anglaise,
Mme Burke, femme d'un diplomate an-
glais. Aussi la pudique et susceptible Al-
bion est en émoi, car Mme Burke a été
prise par la police de Montreux pour
une demoiselle de mauvaise vie. Voici
comment se fit la chose : Mme Burke, très
jolie femme, nous dit-on, habite Genève
avec ses enfants, tandis que son mari est
en Egypte. C'est de là que M. Burke don-
na commission à sa femme d'aller voir,
à Montreux, un sien ami, un capitaine.
Forte de la confiance de son mari, ac-
complissant un mandat conjugal impé-
ratif, Mme Burke se rendit donc seule à
Montreux, et comme on lui dit que le ca-
pitaine était sorti, elle s'installa brave-
ment dans sa chambre. Cette familiarité
parut suspecte au maître de l'hôtel, à qui
il est juste de trouver une excuse. Il vint
dire à Mme Burke que «sa maison res-
pectable n'était pas faite pour ces cho-
ses-là ly, et la pria de déguerpir. Mais une
honnête femme, qui a une commission de
son mari, ne lâche pas la place. Mme Bur-
ke était en train de lire un journal an-
glais. Au premier mot, elle s'indigne,
agite son journal comme un drapeau na-
tional, — c'était tout justement le Stan-
dard, et peut-être, était-il monté sur
un bâton, — s'en fit une arme, et frappa
l'insolent aubergiste qui pouvait penser
qu'une lady avait de mauvaises. inten-
tions en venant rendre visite à un capi-
taine. L'aubergiste malmené va chercher
la garde, qui emmène Mme Burke au
poste, où on lui fait passer la nuit avec
des ivrognes qui avaient trop apprécié le
joli vin d'Yvorne, qui mûrit sur les co-
teaux voisins.
Ce soir-là, par malechance, le capitaine
ne rentra pas à l'hôtel, ce qui semblerait
prouver que Montreux n'est pas partout
inhospitalier. Ce ne fut que très tard
qu'il put réclamer sa compatriote, qui se
précipita au télégraphe et raconta son
malheur à son ambassadeur. Celùi-ci a
pris la chose de très haut avec laconfédé-
ration. Estimant que Phonneurv comme
le temps, est « money », il ne se contenta
pas des excuses qu'on lui a faites pour sa
compatriote. Il demanda quatre mille
livres, soit cent mille francs, de dom-
mages-intérêts, ce qui est un joli denier.
Beaucoup de femmes, je le crains, ne se-
raient pas fâchées, pour ce prix, d'avoir
passé pour être des cocottes. Si la Suisse
refuse cette grosse somme et cette dé-
pense non prévue au budget, le ministre
anglais menace de se fâcher et de s'en
aller. De plus, ce qui est plus grave en-
core pour les habitants de Montreux, les
journaux anglais ont pris feu et flamme
et proposent de mettre en quarantaine
Montreux, qui ne vit, l'hiver aussi bien
que l'été, que des gens qui y viennent en
villégiature et qui sont presque tous des
Anglais. Ah ! ce pauvre aubergiste a fait
là un joli coup !
Il est bien clair qu'il est très déplai-
sant pour une honnête femme d'être
prise pour une fille et traitée comme
telle. Quand une pareille chose est arri-
vée à Paris, nous avons fortement pro-
testé. Mais il n'est pas venu à l'idée des
femmes françaises de demander autre
chose que des excuses, et le préfet de
police s'est tiré du mauvais pas où le
mettait la maladresse de ses agents avec
une démarche de politesse bien vite agréée.
Puisque les mœ rs anglaises, que je
ne blâme pas, que je constate seulement,
font de l'affaire une grosse affaire d'ar-
gent, on peut, tout en respectant et en
plaignant la victime de l'erreur, se de-
mander si les torts sont si graves qu'il y
paraît d'abord, de la part de qui l'a com-
mise. Une jeune et jolie femme demande
un capitaine dans un hôtel. On lui ré-
pond qu'il n'y est pas. Sur quoi elle se
fait conduire dans la chambre du céliba-
taire et s'y installe, déclarant qu'elle l'at-
tend.
Les jolies Françaises, vraiment, ont
plus de réserve : elles iraient attendre
au salon de lecture. Et si vous ou moi,
nous avions assisté à cette prise de pos-
session de la chambre, nous aurions
pensé qu'il s'agissait de quelque aventure
galante. Les femmes du monde et les co-
cottes s'habillent très semblablement et
on ne les distingue à coup sûr que sur le
plus ou moins de liberté de leurs maniè-
res. L'assurance de. l'honnêteté anglaisé
peut être confondue avec l'aplomb de « la
corruption française », comme ils disent
là-bas. Vous direz à cela que, femme
honnête ou cocotte, il est assez ridicule
qu'un brave capitaine ne puisse pas re-
cevoir une visite dans un hôtel sans que
l'aubergiste vienne inspecter la visiteuse
et se faire une idée de ses intentions.
Eh, certes, oui, ceci est assez ridicule.
Mais je me demande si cette pruderie,
étonnante chez un bon garçon suisse,
n'est pas imposée par les Anglais eux-
mêmes ? Les Anglais ne se gênent jamais
en voyage. Ils prennent les meilleures
places, les meilleurs morceaux, imposent
leurs coutumes, ne respectent pas celles
du pays et vont à l'Opéra en casquette.
Ils ne supportent pas ce qui choque leur
pudeur, et ceur « shocking » s'applique à
tout, fût-ce aux pauvres amoureux qui
se trouvent dans les mêmes hôtels qu'eux.
L'excès de zèle de l'aubergiste de Mon-
treux me paraît avoir été une flàtterie à
l'adresse de â.' Clientèle. Et, dès lors, je
[ m'en év.:"Óus moins et y trouva même ua
piquant et juste retour des choses d'ici-
bas.
Ce qui n'empêche pas que l'erreur soit
regrettable, et même qu'il soit regretta-
ble aussi qu'on se permette de molester
les jolies femmes, fussent-elles sans con-
trat de mariage dans leur poche. Autant
il est juste de réprimer le scandale des
mauvaises mœurs là où il est véritable-
ment blessant, autant il est excessif de
procéder à une inquisition sur la situa-
tion sociale des gens qui sont dans un
hôtel. La brutalité, en tout cas, n'est ja-
mais excusable. Elle paraît avoir été, plus
que leur erreur même, la faute des agents
suisses, comme elle est parfois celle des
nôtres.
Henrv Fouquier.
ROMAN PRINCIER
L'élève de Mlle Vacaresco
L'indiscrétion d'un de nos amis nous
permet d'indiquer aujourd'hui les circons-
tances assez originales dans lesquelles la
prince héritier de Roumanie, Ferdinand,
neveu du roi Charles, s'est laissé ensorceler
par les beaux yeux de Mlle Hélène Vaca-
resco, demoiselle d'honneur de la reine.
Désireuse, sans doute, de plaire à sa sou-
veraine, qui honore particulièrement les
littérateurs et écrit elle-même sous le pseù-
donyme de Carmen Sylva, Mlle Vacaresco
employait tous ses instants de loisir à ca-
resser la muse.
Elle ne perdait point son temps, si l'on
en juge par le petit poème suivant, adressé
il y a quelques années, pendant un bal à
Paris, à un cavalier envers lequel la gra-
cieuse jeune fille avait oublié ses engage-
ments.
Il est bon de noter d'abord que l'expres-
sion on dirait du veau était alors à la
mode:
Monseigneur, quel enfantillage !
Me bouder de cette façon
Et me faire mauvais visage
Pour un malheureux cotillon.
Parce que j'ai, tête légère,
Oublié mon engagement,
Cessez de porter diable en terre
Et causons raisonnablement.
Mardi prochain, une autre fête
Nous réunira de nouveau,
A danser, déjà je m'apprête,
Quel bonheur 1 On dirait du veau.
Or sus, écoutez-moi, messire,
Je vous promets, pour ce soir-là,
Tout ce que vous voudrez sans rire,
Le cotillon, ceci, cela.
Mais quand j'aurai noyé ma faute
Dans un tourbillon poussiéreux,
Vous aurez la tête moins haute,
N'est-ce pas, et l'air plus heureux ?
L'héritier du trône, ayant entendu vanter
le talent de la jeune personne et désirant
lui-même continuer un jour les traditions
littéraires: irauignréespar la reine à la cour
de Bucarest, pria Mlle Vacaresco de lui don-
ner des leçons de poésie..
Celle-ci n'osa point refuser. Grâce à l'ex-
cellence de sa méthode, son élève devint
bientôt assez fort pour lui tourner le qua-*
train suivant :
, A vous la grâce, à vous le charme,
Puissiez-vous, loin de la douleur,
Ne pas flétrir, par une larme,
L'éclat de votre printemps en fleur !
Et voici comment, au dernier bal de la
cour, il célébrait la beauté de saprofesseur,
qui , dédaignant les fleurs et les diamants,
qui,
avait pour toute parure des hirondelles de
mer :
Elle avait jeté ce soir-là,
Dans ses fins cheveux que j'adore,
Dans les plis de sa jupe encore,
Quelques oiseaux par ci, par là.
Je la trouvais tellement belle,
Que la mort eÙ t comblé mes vœux,
Si, pareil à l'humble hirondelle,
J'avais pu me poser sur elle
Avant de m'envoler aux cieux.
Devant de telles protestations, on com-
prend que Mlle Vacaresco soit toujours
pleine d'espérance.
LES BICYCLISTES DANS L'ARMÉE
DES ÉTATS-UNIS
Washington, 1er septembre.
Le lieutenant Bawen, de la garde natio-
nale, envoyé en inspection dans le Connec-
ticut, a fait, dans son rapport au départe-
ment de la guerre, de grands éloges du
service des bicyclistes qui fonctionne dans
le corps d'armée du Counecticut.
D'après le lieutenant Bawen, un homme
monté en bicycle peut traverser des en-
droits où des chevaux ne pourraient pas
passer.
Il ajoute encore que les bicyclistes ren-
draient de grands services comme messa-
gers entre le gros de l'armée et les postes
avancés. Il préconise, par conséquent, d'é-
tendre les expériences déjà faites.
La garde nationale du ConneSiicut sera
la première armée des carabines à répéti- ,
tion.
LES JUIFS D'APRÈS M. SÉE
L'Académie de médecine était transfor
mée hier en une véritable école de théo-"
logie.
M. Germain Sée est venu défendre les Is"
raélites des attaques qu'il accuse MM. Ja-
val et Lagneau d'avoir dirigées contre eux
dans une communication scientifique ou.
médicale quelconque.
M. Sée démontre, en s'appuyant sur des
arguments tirés de l'Ecriture-Sainte avec
texte à l'appui, que lui et ses coreligion-
naires ont reçu de Moïse, de Joseph et do
Saint-Paul, etc., le dogme de l'immortalité
de l'âme, de la vie éternelle.
Il reproche amèrement à M. Javal cette
phrase : « Nulle part dans la Bible il n'est
question de l'immortalité de l'âme ; aussi
les Juifs, n'ayant aucun espoir au-delà du
tombeau, se sont-il efforcés de vivre la
plus longuement et le plus avantageuses
ment possible. »
Si les Israélites sont sobres, si la natalité
illégitime est inconnue chez eux, c'est à la
moralité de leurs dogmes qu'ils le doivent..
Renan lui-même, dit M. Sée dans une
véhémente péroraison, écrit:
« L'homme ne peut vivre persuadé qua
sa destinée est semblable à celle de l'ani
mal ; si on le lui démontrait, il ne le croi-^
rait pas ", et jamais cette démonstration.:..;
si elle était donnée, n'empêcherait les Juifs
comme les chrétiens de travailler à leu%
élévation morale.
L'Académie descend des hauteurs méta'-
physico-4héologiques pour entendre l'émi-,
nent chirurgien M. Polaillon exposer ses
procédés de traitement de la division con"v
génitale du voile du palais.
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