Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1887-03-04
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 04 mars 1887 04 mars 1887
Description : 1887/03/04 (A18,N5531). 1887/03/04 (A18,N5531).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
ix-nuitiéme armée - Ne 5531
Prix du numéro : Paris et départements : 15 centimes
Vendredi 4 mars 1887
LË XII a
JOURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
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de 2 heures à minuit j
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A.-EDOUARD PORTALIS
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MM. LAGRANGE, CERF ET j.
6, place de la Bourse, 6
BULLETIN
Hier, la Chambre des députés a continué
la discussion du projet de loi sur les cé-
réales. M. Méline, ancien ministre de l'a-
griculture, a prononcé un important dis-
cours, qui paraît avoir fait une assez vive
impression sur la Chambre. La querelle
n'est pas entre les protectionnistes et les
libre-échangistes: une véritable révolution
économique se prépare et menace toute la
vieille Europe. Les uns la voient, les au-
tres ne la voient pas. La question se résu-
me en cette formule : mourir ou se défen-
dre. M. Méline est dans le camp de ceux
qui croient au danger et veulent le conju-
rer.
Deux autres orateurs ont parlé, l'un
contre la surtaxe, l'autre en faveur de la
surtaxe. La série des discours n'est pas
close ; la suite à demain.
Le Reichstag allemand a tenu hier sa
séance d'ouverture. Le fait saillant de
cette première journée a été la lecture du
discours du trône, qui a été faite par M. de
Bœtticher. On avait eu, un instant, la
pensée de faire intervenir l'empereur en
personne ; la santé du vieux souverain n'a
pas permis de donner suite à ce projet.
Les dépêches de Berlin signalent l'effet
produit par la lecture du message impé-
rial sur les membres du Reichstag, et no-
tamment du passage de ce document
relatif à la politique extérieure de l'Alle-
magne. Les assurances pacifiques qui y
sont données ont été soulignées par les
applaudissements de l'Assemblée.
La situation s'aggrave en Bulgarie,
Pendant que la régence dirigeait, des
troupes sur Silistrie pour comprimer la
révolte militaire, une véritable insurrec-
tion éclatait à Roustchouk. D'après une
dépêche de Bucharest, — car les commu-
nications télégraphiques avec la Bulgarie
sont interrompues, — les partisans de
Zankoff auraient renversé, à Roustchouk,
les autorités nommées par les régents,
déclaré déchu le gouvernement provisoire
et « proclamé régent le métropolitain Clé-
ment, auquel l'armée a prêté serment ».
Si cette nouvelle se confirme, la presse
anglaise aura beau jeu à prétendre que la
Russie s'apprête à intervenir en. Bulgarie
immédiatement, et que les troubles de Si-
listrie et de Roustchouk ont été fomentés
par des agents russes, d'après des instruc-
tions approuvées par le tsar.
Telles ne seraient pas cependant les in-
tentions de la Russie, s'il faut ajouter foi
au démenti formel que donne à ces nou-
velles une dépêche de Constantinople,
dont voici le sens précis : On annonce que
le tsar se rend à Livadia pour être plus
prêt des opérations militaires. C'est un
piège qu'il faut dévoiler. La Russie est
complètement d'accord avec la Turquie.
Le sultan interviendra seul en Bulgarie,
comme suzerain, si besoin est. La Russie,
en présence de la situation générale de
l'Europe, tient à conserver sa liberté et à
ne point s'engager dans les affaires bulga-
res, qu'elle considère comme secondaires.
L'attitude calme et modérée prise par le
tsar, aprèsl'échec diplomatique du général
Kaulbars à Sofia, autorisait une intervention
directe de la Russie dans les affaires de
la Bulgarie. L'occasion était belle et le
prétexte tout trouvé. Le tsar, en s'abste-
nant de toute immixtion qui eût donné
motif à des complications graves, a prouvé
surabondamment que ses préoccupations
étaient ailleurs. Alors même qu'il était
incité à une action directe et immédiate
dans la Bulgarie, il a fait la sourde oreille.
Pourquoi changerait-il de politique? On
pourrait peut-être nous le dire à Berlin et
à Londres.
L'Italie est toujours sans gouvernement.
M. Saracco, qui avait accepté la mission
de former un cabinet et d'obtenir une
majorité prête à le soutenir, a dû résigner
son mandat. Voilà la solution de la crise
ministérielle ajournée encore. A qui le
roi Humbert fera-t-il appel, après les refus
ou échecs successifs de M. Depretis, de
M. de Robilant et de M. Saracco? A M.
Depretis lui-même, disent les amis de
M. de Robilant. C'est ce qu'affirment
l'Italie et le Popolo romano en termes
très formels. Le roi aurait refusé la démis-
sion donnée le 8 février par M. Depretis
et ses collègues, qui se représenteront de-
vant la Chambre et provoqueront aussitôt
un vote qui permette aux députés de la
majorité de se compter.
♦ Les députés seront de mauvaise com-
position s'ils refusent de se prêter à cette
combinaison, qui termine la crise sans ré-
soudre les graves difficultés de l'heure
présente. t
Louis HENRIQUE.
ow
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Conseil des ministres
Les ministres ont tenu conseil, hier matin,
au ministère de l'intérieur, sous la présidence
de M. René Goblet.
Le président du conseil a communiqué au
conseil une dépêche du préfet de la Corse qui
annonce que la manifestation organisée par
Léandri a pris fin. Le préfet fait observer que
les journaux réactionnaires ont présenté la
situation d'une manière erronée et en exagé-
rant considérablement les faits. On parle d'un
bataillon d'infanterie mis en mouvement alors
qu'il ne s'agit que d'une compagnie qui est
venue appuyer l'action de la gendarmerie.
Cinq arrestations ont été opérées sans ré-
sistance. Le pays est absolument calme.
M. Goblet a ensuite annoncé au conseil que,
conformément à la promesse qu'il a faite, à
son entrée en fonction, aux délégués du
conseil municipal de Paris, il avait fait pré-
parer un projet de loi ayant pour objet d'é-
tendre les attributions du conseil municipal,
en appliquant à cette assemblée la plupart
des dispositions de la loi du 5 avril 1884, de
manière à se rapprocher le plus possible du
droit commun.
Mais ce projet ne mentionne pas la création
de la mairie centrale. Il ne vise que le pou-
voir délibérant du conseil municipal et le
mode des élections des conseillers.
L'élection se fera au scrutin de liste par ar-
rondissement, avec proportionnalité du nom-
bre des conseillers à la population.
Le président du conseil a ensuite soumis
au conseil un décret portant nomination de
M. Graux, préfet de la Charente, en qualité
de préfet du Doubs, en remplacement de M.
Jabouille, décédé. M. Graux est remplacé par
M. Christian, inspecteur des services admi-
nistratifs, dont le poste pst supprimé par
suite de la réduction de crédit effectuée par la
Chambre sur le budget de l'intérieur pour
1887.
M. Goblet a donné communication au con-
seil d'une lettre de M. Edouard Millaqd, rela-
tive à la catastrophe de Saint-Etienne. Le
ministre des travaux publics dit qu'il est mal-
heureusement certain que le nombre des
morts dépassera soixante.
Enfin l'amiral Aube a entretenu le conseil
des accidents survenus au Fulminant, à
Brest, et aux torpilleurs 67 et 71, à Figueira
(Espagne). <*-
Protestations contre la loi sur les
céréales
M. Yves Guyot a présenté à M. Lockroy les
délégués des sociétés ouvrières de Roubaix,
Lille et fourcoing, qui protestent contre la
surtaxe sur les céréales.
M. Lockroy n'a pu que répondre, comme
l'avait déjà fait M. Goblet, que le gouverne-
ment resterait neutre dans la discussion de
la loi.
M. Lockroy a ajouté qu'en ce qui le con-
cerne personnellement, il était tout acquis
aux théories libre-échangistes.
Le refus de M. Flourens
Plusieurs journaux ont publié hier, d'après
une feuille autographiée envoyée aux élec-
teurs sénatoriaux de Saône-et-Loire, une
adresse qui a été remise à M. Flourens, minis-
tre des affaires étrangères, pour lui offrir la
candidature dans ce département, aux pro-
chaines élections sénatoriales.
Les mêmes journaux reproduisent en même
temps un compte rendu de la conversation que
M. Flourens a eue avec les électeurs sénato-
riaux qui lui ont remis cette adresse.
Ces documents sont, on le sait, de plusieurs
jours antérieurs à la note qui a été publiée
par tous les journaux, annonçant que M. Flou-
rens refusait la candidature qui lui était of-
ferte. Il n'a, d'ailleurs, aucune intention de
revenir sur ce refus, qui est définitif.
L'organisation municipale de Paris
Les membres du groupe radical de la
Seine, réunis, le 3 mars 1887, à l'occasion des
projets d'organisation départementale de la
Seine et municipale de Paris ont adopté les
résolutions suivantes :
1° Emettent le vœu que la question de la
séparation des deux conseils et de l'organisa-
tion du conseil général ne soit pas disjointe
de celle de l'organisation municipale de Pa-
ris ;
2° Faisant toutes réserves sur l'organisation
ultérieure à donner, tant au département
qu'à la commune de Paris, renouvellent leurs
vœux antérieurs, tendant à la séparation du
conseil général et du conseil municipal, étant
bien entendu que cette séparation entraînera
entre autres :
La séparation complète des services dépar-
tementaux et des services municipaux ;
L'installation des services départementaux
dans les édifices appartenant au départe-
ment ;
La représentation proportionnelle au con-
seil général par rapport au nombre de leurs
habitants pour la ville de Paris et l'ensemble
des communes suburbaines ;
30 Aucune incompatibilité ne sera établie
entre le mandat de conseiller général de la
Seine et celui de conseiller municipal d'une
commune du département.
U POLITIOUE EXTERIERE
DE L'ALLEMAGNE
Le Parlement allemand s'est réuni
hier. Cette première séance a été occu-
pée par la lecture d'un discours pro-
noncé, au nom de l'empereur, par le
ministre de l'intérieur. Ce discours
traite avec un certain développement
les questions de politique extérieure, et
ceci n'a rien que de fort naturel, après
l'agitation générale que le gouverne-
ment allemand avait créée ou laissé
créer en Europe, pendant la campagne
électorale, afia de peser sur les élec-
teurs et de s'assurer une majorité.
Le discours du trône est pacifique.
Il affirme l'intention de l'empereur de
maintenir la paix avec les autres puis-
sances, « et en particulier avec les Etats
voisins », et il revient sur cette idée, dé-
veloppée à satiété pendant la discussion
du septennat devant l'ancien Reichstag
et devant les électeurs, au cours de la
période électorale, que le meilleur
moyen pour le Parlement d'appuyer
cette politique est d'adopter sans hési-
tation les projets de loi ayant pour objet
d'augmenter immédiatement, et d'une
manière durable, les forces « défensi-
ves » de l'empire.
Le discours montre quelque exigence
à l'égard des députés, car il leur de-
mande de voter ces projets avec promp-
titude , empressement et unanimité.
Cette dernière condition au moins ne
sera pas remplie. Le septennat devra se
contenter d'une belle majorité. Elle lui
est assurée depuis le 21 février, et peut-
être était-il superflu de paraître vouloir
exercer une pression sur le Parlement,
en agitant devant lui le fantôme de la
guerre pour obtenir un vote que l'on sait
acquis par avance. Cependant, cette
évocation vient confirmer les intentions
pacifiques exprimées dans le discours.
Elle prouve que le gouvernement alle-
mand est convaincu que le pays veut la
paix, et qu'il obtiendra ce qu'il voudra
des députés, à condition de bien établir
que ses projets n'ont pour but que d'as-
surer la défense et non pas de prépa-
rer une guerre offensive.
Nous enregistrons avec plaisir les
nouvelles déclarations pacifiques du
gouvernement allemand. Mais elles ne
nous causent ni surprise ni soulage-
ment. Nous n'avons jamais considéré
les bruits de guerre, si souvent répan-
dus en ces derniers temps, comme fon-
dés. Les paniques qui se sont produites
à diverses reprises nous ont toujours
paru injustifiées. Il faut espérer, cepen-
dant, qu'après les nouvelles assurances
venues de Berlin, il ne se trouvera plus
personne pour manifester des inquiétu-
:k- fIr' ., ;
des, et que le calme ne sera plus trou-
blé.
C'est là, en ce qui concerne la France,
le côté le plus important du discours du
trône. Mais, dans le coup d'œil qu'il
jette sur la politique extérieure de l'em-
pire, il y a un autre point sur lequel il
insiste : c'est « la satisfaction que lui
ont causée les manifestations par les-
quelles le pape a affirmé le bienveillant
intérêt qu'il porte à l'empire allemand
et à la paix intérieure *de ce pays ». Il
y a un certain temps qu'on n'avait parlé
de la papauté avec cette complaisance à
Berlin. Les remerciements sont, du
reste, bien mérités, et les lettres du
cardinal Jacobini aux électeurs catho-
liques en faveur du septennat valaient
bien quelque gratitude. Mais la papauté
n'a pas l'habitude de donner ses ser-
vices, et puisque l'empereur constate
officiellement que des services lui ont
été rendus, on peut se demander quel
prix la papauté compte en réclamer.
L'abrogation des derniers vestiges des
lois de Mai, soumise en ce moment aux
Chambres prussiennes, lui paraîtrait
sans doute une récompense un peu
maigre, et l'on ne peut s'empêcher de
remarquer que, par une rencontre au
moins bizarre, presque en même temps
que l'empereur adressait ses remercie-
ments à la papauté, Léon XIII, dans un
discours aux cardinaux, réclamait, « pour
l'autorité du souverain pontife, une vraie
liberté, comme une vraie sécurité et
indépendance », en ajoutant que « la
nation qui serait la première à en retirer
des avantages serait incontestablement
la nation où siège le pontificat, à qui
elle doit tant de gloire et de grandeur. »
Voilà le prix que la papauté voudrait
mettre à ses services. Récemment on
avait parlé de négociations ouvertes
entre le Vatican et le Quirinal. Le Mo-
niteur de Rome avait protesté avec in-
dignation contre ces nouvelles, les trai-
tant de « ridicules », Mais en même
temps, il laissait entendre que le pape
avait le droit et le devoir de chercher le
moyen de sortir de la situation intolé-
rable où il est placé, et qu'un de ces
moyens « est l'action des puissances
qui, toutes, sont intéressées à la solu-
tion de la question pontificale ». Le
journal du Vatican ajoutait : « Si une
occasion favorable vient à se présenter,
le pape en profite. » Les élections alle-
mandes sont-elles cette occasion favo-
rable? La chose n'est pas impossible;
historiquement elle est même vraisem-
blable, car l'Allemagne a toujours beau-
coup aimé à intervenir dans les affaires
italiennes, et, sans aller jusqu'à croire
qu'elle serait disposée à mettre ses ar-
mées en marche pour la cause pontifi-
cale, elle ne serait peut-être pas fâchée
de trouver une occasion pour exercer
une action diplomatique sur le Quirinal.
Nous notons cette particularité, parce
qu'elle pourrait avoir une certaine in-
fluence sur l'orientation de la politique
générale. L'Italie ne peut, en effet, voir
avec plaisir le rapprochement du pape
et de l'empereur. Elle peut le considé-
rer, sinon comme une menace, du moins
comme une source de difficultés, et il
ne serait pas impossible qu'elle se trou-
vât mal récompensée des sympathies
non équivoques qu'elle a manifestées de-
puis longtemps pour l'Allemagne. Si ces
éventualités se réalisaient, elles seraient
assurément la conséquence bien impré-
vue des élections allemandes et du triom-
phe du septennat; elles n'auraient cepen-
dant rien de trop surprenant, car l'inter-
vention de la papauté dans les élec-
tions allemandes, et les discours du
Vatican et de Berlin ne peuvent man-
quer d'exciter les défiances de l'Italie.
A propos de la dernière séance de
la commission du Concordat, dont nous
avons rendu compte, la France fait ob-
server que la question de « la sépara-
tion de l'Eglise et de l'Etat est mûre, et
que c'est la majorité qui ne l'est pas. »
Elle dit que, pour mener à bien une
aussi grande entreprise, il faudrait « un
ministère résolu », et elle ajoute : « Le
ministère se dérobe, en quoi il n'a pas
tout à fait tort. »
C'est là vraiment une manière d'é-
crire l'histoire par trop fantaisiste. S'il
est une question sur laquelle le minis-
tère actuel ne se soit pas dérobé, c'est
bien cette question de la séparation de
l'Eglise et de l'Etat. La France a-t-elle
si vite oublié la séance du samedi
29 janvier, dans laquelle, répondant à
M. Pichon, le président du conseil s'est
déclaré partisan de cette réforme, mais
à la condition qu'au lieu de la présenter
sous la forme violente et injuste de la
suppression du budget des cultes, on la
présente sous une forme plus juste et
plus libérale. Ne se rappelle-t-on pas
que, dans le même discours auquel
nous faisons allusion, M. Goblet a con-
vié non seulement les radicaux et les
républicains, mais tous les réforma-
teurs, tous les amis de la liberté de
conscience, à préparer l'inévitable rup-
ture des liens qui rattachent l'Eglise à
l'Etat. En même temps il déclarait, — ce
qu'aucun chef de gouvernement n'avait
fait avant lui, — que les traitements du
clergé sont« larémunération d'un service
public », mais quelejour, peut-être pro-
chain, « où le service du culte ne sera
plus considéré comme un service public,
où les choses de la religion seront aban-
données, purement et simplement, à la
conscience, à la liberté des opinions, à
la liberté des personnes, où, en un mot,
le Concordat serait dénoncé, ces traite-
ments cesseraient d'être dus ». Peut-on
rien rêver de plus net que ces déclara-
tions ? Et que pouvait faire de plus le
président du conseil? La France, jour-
nal libéral, voudrait-elle que le minis-
tère cherchât à imposer un projet à lui
pour lequel, quel qu'il soit, il est au-
jourd'hui prouvé qu'il n'y aurait de ma-
jorité ni à la Chambre, ni au Sénat, ni
dans le pays? Quand elle dit que la
question de la séparation de l'Eglise et
de l'Etat est mûre, l'assertion de la
France n'est d'ailleurs pas plus sérieuse
que lorsqu'elle prétend que le ministère
se dérobe. Une réforme est mûre lors-
que ses partisans les plus connus sont
d'accord sur les moyens de l'accomplir.
Or, combien y a-t-il, à l'heure actuelle, de
républicains qui conçoivent de la même
manière la séparation de l'Eglise et de
l'Etat ? Les uns y voient une mesure de
persécution, les autres, une mesure de
liberté. Ceux-ci veulent, avec M. Pichon,
procéder brutalement, les yeux fermés,
comme on joue à colin-maillard, par la
suppression immédiate du budget des
cultes ; ceux-là veulent qu'on commence
par voter une loi sur les associations.
La France, elle, paraît tenir pour la com-
binaison proposée par M. Yves Guyot.
Mais cette proposition, qui maintient au
budget le chapitre des cultes, n'a pas
trouvé dans la commission du Concor-
dat un seul partisan. La vérité est qu'il
n'y a pas de question sur laquelle le parti
républicain et l'opinion soient plus divi-
sés. Le gouvernement a très nettement
montré dans quelle voie et par quels
moyens on pouvait chercher à la résou-
dre. C'est tout ce qu'il pouvait et devait
faire.
D'après certains renseignements fournis
par les journaux militaires techniques, il
paraît que la nouvelle arme à répétition de
l'infanterie allemande laisse beaucoup à
désirer. Cette arme n'est autre, d'ailleurs,
que le fusil Mauser transformé, mais
ayant perdu une grande partie de ses qua-
lités ppur obtenir une plus grande rapi-
dité de tir. Les Allemands, qui tenaient
absolument à prendre la supériorité de
l'armement, se sont hâtés de changer le
mécanisme de leur fusil, en y adaptant
un magasin fixe, et il se trouve que l'arme
ainsi modifiée ne présente plus ni la soli-
dité qui est nécessaire à une arme de
guerre, ni la sécurité du mécanisme, ni
la justesse du tir.
Quant à l'armée française, elle a sage-
ment évité les inconvénients de cette trop
grande précipitation.
Nous avons bien transformé, il est vrai,
quelques milliers de fusils en armes à ré-
pétition, mais nous ne sommes pas allés
jusqu'à plusieurs centaines de mille,
comme dans l'armée allemande. Au bout
de quelques jours de maniement et de tir
à la cible, nous nous sommes aperçus que
le résultat obtenu était des plus médio-
cres, et nous nous en sommes tenus là.
Nous avons aussitôt procédé à la fabrica-
tion d'une arme toute nouvelle, qui, étant
à la fois à petit calibre et à répétition,
possède, dit-on, une incontestable supé-
riorité.
Mais il importait de ne pas priver notre
infanterie des avantages qu'offre le méca-
nisme à répétition. On a donc construit un
appareil fort simple et très peu coûteux,
sorte de chargeur rapide, que le fantassin
tient dans la main gauche pendant qu'il
tire, et où il puise les cartouches sans
avoir même à enlever l'arme de l'épaule.
C'est au général directeur du service de
l'infanterie au ministère de la guerre qu'est
due l'invention de cet appareil, qui donne
à notre armée un fusil à magasin sans lui
enlever aucune de ses propriétés balisti-
ques, propriétés supérieures, on le sait, à
toutes celles des fusils en usage dans les
différentes armées européennes.
Grâce à cette invention, notre infanterie
sait maintenant qu'elle peut avoir, à cer-
Lains moments, un tir aussi rapide qu'avec
le fusil à magasin fixe, et elle attendra
avec moins d'impatience qu'on lui distri-
bue des armes du nouveau modèle, c'est-
à-dire à répétition et à petit calibre. Nous
n'aurons pas, d'autre part, à dépenser
quelques millions en pure perte, puis-
que le fusil à magasin et à gros calibre
n'est qu'une arme de transition. Si une
guerre éclatait avant la reconstitution
complète de notre approvisionnement en
armes nouvelles à magasin, nous ne se-
rions donc pas pris au dépourvu. C'est là
l'essentiel ; il faut qu'on le sache et qu'on
le dise.
—-————————— ———————————
Le discours du trône au ReicMag
Berlin, 3 mars.
Le nombre des députés qui assistent à la
première séance du Parlement allemand est
environ de 250. Beaucoup de nationaux-libé-
raux; en particulier, MM. de Bennigsen et
Miquel.
Vers midi et quart, les membres du Con-
seil fédéral font leur entrée dans la salle des
séances, ayant à leur tête M. de Bœtticher,
secrétaire d'Etat, et M. de Lerchenfeld, pléni-
potentiaire bavarois.
M. de Bœtticher donne lecture du discours
du trône.
Le discours mentionne les projets de loi
qui avaient été présentés au Parlement pré-
cédent et fait ressortir la nécessité de créer
de nouvelles sources de revenu.
Il exprime l'espoir que le gouvernement et
le Parlement parviendront à s'entendre, tou-
chant la réforme du système d'impôts, au
sujet de laquelle un projet de loi va être im-
médiatement élaboré.
Voici le passage du discours concernant la
politique extérieure de l'Allemagne :
Les relations du gouvernement allemand
avec les puissances étrangères sont encore
dans le même état qu'au moment où a été ou-
verte la dernière session du Parlement de l'em-
pire.
Je suis chargé par Sa Majesté l'empereur d'ex-
primer la satisfaction que lui ont causée les
manifestations par lesquelles le pape a af-
firmé le bienveillant intérêt qu'il porte à l'em-
pire allemand et à la paix intérieure de ce
pays.
La politique extérieure de l'empereur tend con-
tinuellement à maintenir la paix avec les autres
tk ,4
puissances, et en particulier avec les Etats voi-
sins.
Le Parlement pourra appuyer de la façon la
plus efficace cette politique pacifique en adop-
tant avec promptitude, empressement et una-
nimité, les projets de loi ayant pour but d'aug-
menter immédiatement et d'une manière dura-
ble les forces défensives de l'empire.
Si le Parlement montre, sans hésitation, sans
division, par un vote unanime, que la nation al-
lemande est résolue à employer, aujourd'hui et
toujours, la totalité absolue de ses forces com-
plètement armées à repousser toute agression
contre nos frontières, il renforcera ainsi consi-
dérablement, par ses résolutions mêmes, et
avant qu'elles soient mises à exécution, les ga-
ranties sur lesquelles repose actuellement le
maintien de la paix, et dissipera, de cette façon,
les doutes qui peuvent avoir été inspirés par les
débats auxquels le Parlement s'est livré jusqu'à
présent, concernant les projets de loi relatifs à
l'augmentation de notre armée.
L'empereur est convaincu que le Parlement
actuel fournira, par ses décisions, une base sûre
à la politique nationale des gouvernements con-
fédérés, et puise dans cette conviction l'assu-
rance que Dieu bénira les efforts qu'il fait pour
maintenir la paix et la sécurité de l'Allemagne.
Après la lecture du discours du trône, M.
de Lerchenfeld a adressé trois vivats à l'em-
pereur.
Le feld-maréchalde Moltke,président d'âge,
ouvre ensuite la séance et nomme les secrétai-
res provisoires.
L'appel nominal Indique que 252 députés
sont présents : le Parlement est, par consé-
quent, en nombre.
M. Windthorst proteste contre l'élection du
bureau, qui, selon lui, ne doit pas avoir lieu
avant que les scrutins de ballottage soient
terminés.
M. de Bœtticher, secrétaire d'Etat, répond
que critiquer la mesure que l'empereur a
prise, c'est empiéter sur ses droits, et que,
lorsque l'empereur convoque le Parlement,
les députés doivent se présenter.
M. Richter reconnaît que des raisons d'op-
portunité militent en faveur de la convoca-
tion anticipée du Parlement ; mais il ajoute
qu'il s'agit d'une question de droit et fait re-
marquer que 60 circonscriptions sont encore
sans représentants.
M. de Bennigsen constate qu'on n'a porté,
sur aucun point, atteinte à la loi et à la Cons-
titution. Il fait ressortir les circonstances ex-
ceptionnelles dont doivent se rendre compte
tous ceux qui ont entendu le discours du trône
et suivi la marche des affaires de l'Europe.
L'orateur ajoute qu'il faut espérer que des
cas semblables ne se reproduiront pas. Il dit
que, dans le cas présent, on ne peut que re-
mercier le gouvernement.
M. Windthorst maintient sa protestation.
MM. Kardoff, de Bennigsen et Richter pren-
nent ensuite la parole.
Puis le feld-maréchal de Moltke ordonne le
tirage au sort des bureaux et fixe l'élection
des présidents à demain à deux heures.
LA VIE DE PARIS
Le procès de M. le comte de Molen
s'est terminé par une condamnation sé-
vère. Les jurés bourguignons ne sont
pas dans le train. Ils ne sont pas suffi-
samment imbus de la littérature con-
temporaine ; les fatalités physiologi-
ques ne les désarment pas, et les cri-
mes de la passion leur paraissent être
tout de même des crimes. Que Mme
de Molen ait demandé à son mari de la
conduire dans le petit temple lesbien de
la rue Lavoisier, qui a excité, depuis
quelques jours, tant de curiosités dépra-
vées, ou que ce soit M. le comte qui ait
promis à la jeune épousée une surprise
qui n'était pas prévue par l'auteur des
Quinze joies du mariage, ils ne se sont
pas outre mesure préoccupés de ces se-
crets d'alcôve, de boudoir et de lupa-
nar. Ils n'ont vu qu'un homme qui, plai-
dant avec sa femme, simplifiait la pro-
cédure en lui tirant des coups de revol-
ver, et ils ont mal pris cette façon
d'abréger les lenteurs de la justice. Nous
y perdons les scandales sur lesquels on
comptait pour le procès en divorce. Car
Mme de Molen paraît devoir obtenir le
divorce de piano, et jamais, peut-être,
nous ne saurons la vérité sur cette mys-
térieuse affaire et n'aurons le dernier
mot de la femme aux yeux d'or.
Encore qu'on ait glissé assez rapide-
ment sur le côté scabreux de ce procès,
le retentissement au'il a eu a fait ouel-
que tort à un autre & procès, — un autre
« crime de la passion », — jugé à Pa-
ris, fort heureusement pour l'accusé.
M. Pellet est un fort brave homme de
chimiste, qui a, pendant le siège, risqué
sa vie, gagné une blessure glorieuse en
faisant sauter, avec la dynamite qu'il
prépare, les travaux d'approche des Al-
lemands. Malheureusement, il a été pris
par une femme, pris tout à fait, comme
un naïf, et il a commencé par abandon-
ner à peu près sa femme légitime pour
vivre avec sa maîtresse. Or, — vaude-
ville précédant le drame, — un beau
déjeunant avec sa maîtresse et un
jour, l'infortuné chimiste se sent pres-
ami,
ser le pied sous la table avec une ten-
dresse significative. La dame s'était
trompée de pied ! Il paraît même qu'elle
s'était trompée de tout, si bien que M.
Pellet, la rencontrant un jour qui reve-
nait de la campagne avec son ami, a
jugé à propos de tirer dans le tas. Il a
blessé la dame, crevé l'œil à l'ami. Ce
qui n'empêche pas que le jury l'a ac-
quitté !
Le « droit » du mari est dépassé.
Pendant longtemps, nous avons eu à pro-
tester contre cette barbare opinion que
le mari avait droit de vie et de mort sur
sa femme. Nous nous sommes épuisés
à dire aux jurés que la loi admettait une
« excuse H, mais que les circonstances
pouvaient être telles que l'excuse ne
devait pas être invoquée. Il était vrai-
ment trop absurde que l'adultère pût
être défini une faute passible de quinze
jours à six mois de prison, ou de la
peine de mort, selon qu'on s'adressait
ou non à la justice. Quand le divorce
est rentré dans nos lois, nous avons re-
commencé nos prêches, faisant observer
que, puisque le mari pouvait répudier
la femme infidèle, il n'avait pas, par-
dessus le marché, à la tuer. Mais voici
qu'aujourd'hui, tout ce nous avons dit
«TV "I
pour les maris, il faut recommencer a
le dire pour les amants !
Les maris qui tirent sur leurs fem-
mes, y compris M. de Molen, plaident
« l'honneur de leur nom ». Faire dé-
pendre l'honneur de son nom de la
fragilité féminine m'a paru toujours
une des plus grandes bêtises de la pau-
vre humanité. Jamais on n'a pu faire
entrer dans mon cerveau rebelle cette
idée qu'un homme soit déshonoré parce
que sa femme a une passion ou un ca-
price pour un autre homme. Don César
de Bazan le dit exactement : les vices
d'autrui ne peuvent nous atteindre, et
on ne saurait être coupable d'être
trompé. Mais enfin, cette bêtise était
une bêtise consacrée, et les bêtises con-
sacrées ont quelquefois une utilité so-
ciale. Cette question de « l'honneur du
nom » pouvait être un des éléments de
défense du mariage, et les jurés pou-
vaient l'entendre ainsi en acquittant les
maris assassins. Mais aujourd'hui, les
voilà qui étendent le privilège aux
amants, aux simples entreteneurs 1
C'est véritablement excessif.
Quand on a arrêté M. Pellet, il s'est
éerié énergiquement : « Voilà encore
un drame de la jalousie ! » Je trouve
dans ce mot un indice de l'état d'esprit
où était l'honorable citoyen que le
verdict du jury nous interdit d'appeler
le coupable. Visiblement, en agissant
comme il l'a fait, M. Pellet avait pré-
sents à l'esprit les derniers « crimes de
la passion >, et il devait se rappeler l'in-
dulgence bizarre des jurys à leur en-
droit. Cette indulgence, quoi qu'on en
dise, est bien funeste et développe chez
nous le crime par imitation, avec l'ar-
rière-pensée qu'il restera impuni. « Pa
raître » a toujours été une grande ten-
tation pour les Français, et le cabotin
éclate souvent chez le meurtrier. On
nous dit bien que le meurtrier, et par-
ticulièrement le meurtrier par amour et
par jalousie, quelque mal motivée que
soit sa jalousie ou quelque mal placé
que soit son amour, est un fou, et on
conclut à son irresponsabilité.
Pour M. Pellet, de plus, on nous a
appris que la dynamite, avant de faire
sauter autre chose, a pour propriété de
détraquer les cervelles de ceux qui la
triturent, comme faisait le chimiste.
Mais la folie qui vient des passions est
de deux sortes. L'une est un désordre
grave , avec inflammation ou lésion
des centres nerveux, qui rend réelle-
ment les êtres irresponsables, qu'on
doit alors enfermer avec soin, comme il
eût convenu de le faire pour Menesclou,
qu'on a d'ailleurs guillotiné. L'autre
n'est qu'une demi-folie, sans état patho-
logique bien défini ni permanent, pas-
sagère, et sur laquelle peut encore agir
la peur du châtiment. Tous les méde-
cins vous diront que l'on peut agir sur
les névrosés et qu'ils sont, pour une
très bonne part, responsables de leurs
actes. Qu'on admette pour eux une ex-
cuse, qu'on fasse la part de la colère
et de la jalousie, nul ne s'y oppose :
tout le monde reconnaît qu'il faut pro-
portionner la peine à la responsabilité.
Mais les jurés, sensibles à l'éloquence,
dépassent constamment la mesure.
Othello leur paraît aussi intéressant
dans la réalité qu'avec la musique de
Rossini — ou de Verdi. Le grand mot
de la littérature, « fatalité physiologi-
que de la passion », les hante, les trou-
ble, les séduit. Et, à l'amour du cabo-
tinage, à l'esprit d'imitation, ils ajoutent
encore, pour les meurtriers, l'espérance
d'une impunité qui va jusqu'à l'espé-
rance de je ne sais quelle célébrité mal-
saine. Certes, si un accusé nous est
respectable par sa seule qualité d'ac-
cusé, un homme acquitté nous l'est en-
core davantage. Dans l'espèce, je n'ai
pas de raison de regretter que M. Pellet
soit rentré chez lui indemne. Mais, en
théorie et d'une façon générale, on peut
dire que les jurés sont en train, par
l'inégalité et la bizarrerie de leurs ver-
dicts, de faire se demander à beaucoup
de gens si le jury est la belle invention -
qu'on nous a appris à vénérer ?
HEMl Fûtf(~)B~.
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Les céréales
Comme nous l'avions dit, c'est M. Méline,
président et rapporteur de la commission des
douanes, qui a répondu hier au discours de
M. Rouvier. M. Méline est protectionniste
aussi convaincu que M. Rouvier est ardent
libre-échangiste. Il demande énergiquement
que la taxe actuelle de 3 francs soit portée à
5 francs.
K La vie à bon marché, dit-il, n'est pas le
résultat nécessaire du libre-échange, et dans
une démoeratie, le but principal à poursuivre
est la sécurité et le développement du tra-
vail. » On ne saurait sacrifier au désir de sa-
tisfaire les réclamations les plus bruyantes
l'intérêt permanent d'un million de travail-
leurs qui peuplent nos campagnes. « Il y a
un fait indéniable : c'est la crise agricole, la
dépréciation de la propriété foncière, l'a-
baissement des fermages et même l'impossi-
bilité de trouver des fermiers. » Et M. Mé-
line établit que, quand on consulte le rende-
ment des droits entre vifs, on constate que
de 1880 à 1885, la perte est de 26 0/0.
L'orateur établit que ce n'est plus la ré-
colte du blé, ni même la quantité de l'impor-
tation qui règle les cours, mais le cours du
blé étranger qui est devenu régulateur, et ce
cours se détermine par le prix de revient.
Puis il argumente, comme tous les orateurs
qui l'ont précédé à la tribune dans cette
discussion, sur les prix de revient établis par
les marchés de l'Amérique et de l'Inde. En
1885, le prix de 12 francs a été celui des
marchés d'Amérique ; les prix de l'Inde sont
encore plus bas. Le prix de l'Inde peut arrl-
Prix du numéro : Paris et départements : 15 centimes
Vendredi 4 mars 1887
LË XII a
JOURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit j
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Directeur politique :
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MM. LAGRANGE, CERF ET j.
6, place de la Bourse, 6
BULLETIN
Hier, la Chambre des députés a continué
la discussion du projet de loi sur les cé-
réales. M. Méline, ancien ministre de l'a-
griculture, a prononcé un important dis-
cours, qui paraît avoir fait une assez vive
impression sur la Chambre. La querelle
n'est pas entre les protectionnistes et les
libre-échangistes: une véritable révolution
économique se prépare et menace toute la
vieille Europe. Les uns la voient, les au-
tres ne la voient pas. La question se résu-
me en cette formule : mourir ou se défen-
dre. M. Méline est dans le camp de ceux
qui croient au danger et veulent le conju-
rer.
Deux autres orateurs ont parlé, l'un
contre la surtaxe, l'autre en faveur de la
surtaxe. La série des discours n'est pas
close ; la suite à demain.
Le Reichstag allemand a tenu hier sa
séance d'ouverture. Le fait saillant de
cette première journée a été la lecture du
discours du trône, qui a été faite par M. de
Bœtticher. On avait eu, un instant, la
pensée de faire intervenir l'empereur en
personne ; la santé du vieux souverain n'a
pas permis de donner suite à ce projet.
Les dépêches de Berlin signalent l'effet
produit par la lecture du message impé-
rial sur les membres du Reichstag, et no-
tamment du passage de ce document
relatif à la politique extérieure de l'Alle-
magne. Les assurances pacifiques qui y
sont données ont été soulignées par les
applaudissements de l'Assemblée.
La situation s'aggrave en Bulgarie,
Pendant que la régence dirigeait, des
troupes sur Silistrie pour comprimer la
révolte militaire, une véritable insurrec-
tion éclatait à Roustchouk. D'après une
dépêche de Bucharest, — car les commu-
nications télégraphiques avec la Bulgarie
sont interrompues, — les partisans de
Zankoff auraient renversé, à Roustchouk,
les autorités nommées par les régents,
déclaré déchu le gouvernement provisoire
et « proclamé régent le métropolitain Clé-
ment, auquel l'armée a prêté serment ».
Si cette nouvelle se confirme, la presse
anglaise aura beau jeu à prétendre que la
Russie s'apprête à intervenir en. Bulgarie
immédiatement, et que les troubles de Si-
listrie et de Roustchouk ont été fomentés
par des agents russes, d'après des instruc-
tions approuvées par le tsar.
Telles ne seraient pas cependant les in-
tentions de la Russie, s'il faut ajouter foi
au démenti formel que donne à ces nou-
velles une dépêche de Constantinople,
dont voici le sens précis : On annonce que
le tsar se rend à Livadia pour être plus
prêt des opérations militaires. C'est un
piège qu'il faut dévoiler. La Russie est
complètement d'accord avec la Turquie.
Le sultan interviendra seul en Bulgarie,
comme suzerain, si besoin est. La Russie,
en présence de la situation générale de
l'Europe, tient à conserver sa liberté et à
ne point s'engager dans les affaires bulga-
res, qu'elle considère comme secondaires.
L'attitude calme et modérée prise par le
tsar, aprèsl'échec diplomatique du général
Kaulbars à Sofia, autorisait une intervention
directe de la Russie dans les affaires de
la Bulgarie. L'occasion était belle et le
prétexte tout trouvé. Le tsar, en s'abste-
nant de toute immixtion qui eût donné
motif à des complications graves, a prouvé
surabondamment que ses préoccupations
étaient ailleurs. Alors même qu'il était
incité à une action directe et immédiate
dans la Bulgarie, il a fait la sourde oreille.
Pourquoi changerait-il de politique? On
pourrait peut-être nous le dire à Berlin et
à Londres.
L'Italie est toujours sans gouvernement.
M. Saracco, qui avait accepté la mission
de former un cabinet et d'obtenir une
majorité prête à le soutenir, a dû résigner
son mandat. Voilà la solution de la crise
ministérielle ajournée encore. A qui le
roi Humbert fera-t-il appel, après les refus
ou échecs successifs de M. Depretis, de
M. de Robilant et de M. Saracco? A M.
Depretis lui-même, disent les amis de
M. de Robilant. C'est ce qu'affirment
l'Italie et le Popolo romano en termes
très formels. Le roi aurait refusé la démis-
sion donnée le 8 février par M. Depretis
et ses collègues, qui se représenteront de-
vant la Chambre et provoqueront aussitôt
un vote qui permette aux députés de la
majorité de se compter.
♦ Les députés seront de mauvaise com-
position s'ils refusent de se prêter à cette
combinaison, qui termine la crise sans ré-
soudre les graves difficultés de l'heure
présente. t
Louis HENRIQUE.
ow
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Conseil des ministres
Les ministres ont tenu conseil, hier matin,
au ministère de l'intérieur, sous la présidence
de M. René Goblet.
Le président du conseil a communiqué au
conseil une dépêche du préfet de la Corse qui
annonce que la manifestation organisée par
Léandri a pris fin. Le préfet fait observer que
les journaux réactionnaires ont présenté la
situation d'une manière erronée et en exagé-
rant considérablement les faits. On parle d'un
bataillon d'infanterie mis en mouvement alors
qu'il ne s'agit que d'une compagnie qui est
venue appuyer l'action de la gendarmerie.
Cinq arrestations ont été opérées sans ré-
sistance. Le pays est absolument calme.
M. Goblet a ensuite annoncé au conseil que,
conformément à la promesse qu'il a faite, à
son entrée en fonction, aux délégués du
conseil municipal de Paris, il avait fait pré-
parer un projet de loi ayant pour objet d'é-
tendre les attributions du conseil municipal,
en appliquant à cette assemblée la plupart
des dispositions de la loi du 5 avril 1884, de
manière à se rapprocher le plus possible du
droit commun.
Mais ce projet ne mentionne pas la création
de la mairie centrale. Il ne vise que le pou-
voir délibérant du conseil municipal et le
mode des élections des conseillers.
L'élection se fera au scrutin de liste par ar-
rondissement, avec proportionnalité du nom-
bre des conseillers à la population.
Le président du conseil a ensuite soumis
au conseil un décret portant nomination de
M. Graux, préfet de la Charente, en qualité
de préfet du Doubs, en remplacement de M.
Jabouille, décédé. M. Graux est remplacé par
M. Christian, inspecteur des services admi-
nistratifs, dont le poste pst supprimé par
suite de la réduction de crédit effectuée par la
Chambre sur le budget de l'intérieur pour
1887.
M. Goblet a donné communication au con-
seil d'une lettre de M. Edouard Millaqd, rela-
tive à la catastrophe de Saint-Etienne. Le
ministre des travaux publics dit qu'il est mal-
heureusement certain que le nombre des
morts dépassera soixante.
Enfin l'amiral Aube a entretenu le conseil
des accidents survenus au Fulminant, à
Brest, et aux torpilleurs 67 et 71, à Figueira
(Espagne). <*-
Protestations contre la loi sur les
céréales
M. Yves Guyot a présenté à M. Lockroy les
délégués des sociétés ouvrières de Roubaix,
Lille et fourcoing, qui protestent contre la
surtaxe sur les céréales.
M. Lockroy n'a pu que répondre, comme
l'avait déjà fait M. Goblet, que le gouverne-
ment resterait neutre dans la discussion de
la loi.
M. Lockroy a ajouté qu'en ce qui le con-
cerne personnellement, il était tout acquis
aux théories libre-échangistes.
Le refus de M. Flourens
Plusieurs journaux ont publié hier, d'après
une feuille autographiée envoyée aux élec-
teurs sénatoriaux de Saône-et-Loire, une
adresse qui a été remise à M. Flourens, minis-
tre des affaires étrangères, pour lui offrir la
candidature dans ce département, aux pro-
chaines élections sénatoriales.
Les mêmes journaux reproduisent en même
temps un compte rendu de la conversation que
M. Flourens a eue avec les électeurs sénato-
riaux qui lui ont remis cette adresse.
Ces documents sont, on le sait, de plusieurs
jours antérieurs à la note qui a été publiée
par tous les journaux, annonçant que M. Flou-
rens refusait la candidature qui lui était of-
ferte. Il n'a, d'ailleurs, aucune intention de
revenir sur ce refus, qui est définitif.
L'organisation municipale de Paris
Les membres du groupe radical de la
Seine, réunis, le 3 mars 1887, à l'occasion des
projets d'organisation départementale de la
Seine et municipale de Paris ont adopté les
résolutions suivantes :
1° Emettent le vœu que la question de la
séparation des deux conseils et de l'organisa-
tion du conseil général ne soit pas disjointe
de celle de l'organisation municipale de Pa-
ris ;
2° Faisant toutes réserves sur l'organisation
ultérieure à donner, tant au département
qu'à la commune de Paris, renouvellent leurs
vœux antérieurs, tendant à la séparation du
conseil général et du conseil municipal, étant
bien entendu que cette séparation entraînera
entre autres :
La séparation complète des services dépar-
tementaux et des services municipaux ;
L'installation des services départementaux
dans les édifices appartenant au départe-
ment ;
La représentation proportionnelle au con-
seil général par rapport au nombre de leurs
habitants pour la ville de Paris et l'ensemble
des communes suburbaines ;
30 Aucune incompatibilité ne sera établie
entre le mandat de conseiller général de la
Seine et celui de conseiller municipal d'une
commune du département.
U POLITIOUE EXTERIERE
DE L'ALLEMAGNE
Le Parlement allemand s'est réuni
hier. Cette première séance a été occu-
pée par la lecture d'un discours pro-
noncé, au nom de l'empereur, par le
ministre de l'intérieur. Ce discours
traite avec un certain développement
les questions de politique extérieure, et
ceci n'a rien que de fort naturel, après
l'agitation générale que le gouverne-
ment allemand avait créée ou laissé
créer en Europe, pendant la campagne
électorale, afia de peser sur les élec-
teurs et de s'assurer une majorité.
Le discours du trône est pacifique.
Il affirme l'intention de l'empereur de
maintenir la paix avec les autres puis-
sances, « et en particulier avec les Etats
voisins », et il revient sur cette idée, dé-
veloppée à satiété pendant la discussion
du septennat devant l'ancien Reichstag
et devant les électeurs, au cours de la
période électorale, que le meilleur
moyen pour le Parlement d'appuyer
cette politique est d'adopter sans hési-
tation les projets de loi ayant pour objet
d'augmenter immédiatement, et d'une
manière durable, les forces « défensi-
ves » de l'empire.
Le discours montre quelque exigence
à l'égard des députés, car il leur de-
mande de voter ces projets avec promp-
titude , empressement et unanimité.
Cette dernière condition au moins ne
sera pas remplie. Le septennat devra se
contenter d'une belle majorité. Elle lui
est assurée depuis le 21 février, et peut-
être était-il superflu de paraître vouloir
exercer une pression sur le Parlement,
en agitant devant lui le fantôme de la
guerre pour obtenir un vote que l'on sait
acquis par avance. Cependant, cette
évocation vient confirmer les intentions
pacifiques exprimées dans le discours.
Elle prouve que le gouvernement alle-
mand est convaincu que le pays veut la
paix, et qu'il obtiendra ce qu'il voudra
des députés, à condition de bien établir
que ses projets n'ont pour but que d'as-
surer la défense et non pas de prépa-
rer une guerre offensive.
Nous enregistrons avec plaisir les
nouvelles déclarations pacifiques du
gouvernement allemand. Mais elles ne
nous causent ni surprise ni soulage-
ment. Nous n'avons jamais considéré
les bruits de guerre, si souvent répan-
dus en ces derniers temps, comme fon-
dés. Les paniques qui se sont produites
à diverses reprises nous ont toujours
paru injustifiées. Il faut espérer, cepen-
dant, qu'après les nouvelles assurances
venues de Berlin, il ne se trouvera plus
personne pour manifester des inquiétu-
:k- fIr' ., ;
des, et que le calme ne sera plus trou-
blé.
C'est là, en ce qui concerne la France,
le côté le plus important du discours du
trône. Mais, dans le coup d'œil qu'il
jette sur la politique extérieure de l'em-
pire, il y a un autre point sur lequel il
insiste : c'est « la satisfaction que lui
ont causée les manifestations par les-
quelles le pape a affirmé le bienveillant
intérêt qu'il porte à l'empire allemand
et à la paix intérieure *de ce pays ». Il
y a un certain temps qu'on n'avait parlé
de la papauté avec cette complaisance à
Berlin. Les remerciements sont, du
reste, bien mérités, et les lettres du
cardinal Jacobini aux électeurs catho-
liques en faveur du septennat valaient
bien quelque gratitude. Mais la papauté
n'a pas l'habitude de donner ses ser-
vices, et puisque l'empereur constate
officiellement que des services lui ont
été rendus, on peut se demander quel
prix la papauté compte en réclamer.
L'abrogation des derniers vestiges des
lois de Mai, soumise en ce moment aux
Chambres prussiennes, lui paraîtrait
sans doute une récompense un peu
maigre, et l'on ne peut s'empêcher de
remarquer que, par une rencontre au
moins bizarre, presque en même temps
que l'empereur adressait ses remercie-
ments à la papauté, Léon XIII, dans un
discours aux cardinaux, réclamait, « pour
l'autorité du souverain pontife, une vraie
liberté, comme une vraie sécurité et
indépendance », en ajoutant que « la
nation qui serait la première à en retirer
des avantages serait incontestablement
la nation où siège le pontificat, à qui
elle doit tant de gloire et de grandeur. »
Voilà le prix que la papauté voudrait
mettre à ses services. Récemment on
avait parlé de négociations ouvertes
entre le Vatican et le Quirinal. Le Mo-
niteur de Rome avait protesté avec in-
dignation contre ces nouvelles, les trai-
tant de « ridicules », Mais en même
temps, il laissait entendre que le pape
avait le droit et le devoir de chercher le
moyen de sortir de la situation intolé-
rable où il est placé, et qu'un de ces
moyens « est l'action des puissances
qui, toutes, sont intéressées à la solu-
tion de la question pontificale ». Le
journal du Vatican ajoutait : « Si une
occasion favorable vient à se présenter,
le pape en profite. » Les élections alle-
mandes sont-elles cette occasion favo-
rable? La chose n'est pas impossible;
historiquement elle est même vraisem-
blable, car l'Allemagne a toujours beau-
coup aimé à intervenir dans les affaires
italiennes, et, sans aller jusqu'à croire
qu'elle serait disposée à mettre ses ar-
mées en marche pour la cause pontifi-
cale, elle ne serait peut-être pas fâchée
de trouver une occasion pour exercer
une action diplomatique sur le Quirinal.
Nous notons cette particularité, parce
qu'elle pourrait avoir une certaine in-
fluence sur l'orientation de la politique
générale. L'Italie ne peut, en effet, voir
avec plaisir le rapprochement du pape
et de l'empereur. Elle peut le considé-
rer, sinon comme une menace, du moins
comme une source de difficultés, et il
ne serait pas impossible qu'elle se trou-
vât mal récompensée des sympathies
non équivoques qu'elle a manifestées de-
puis longtemps pour l'Allemagne. Si ces
éventualités se réalisaient, elles seraient
assurément la conséquence bien impré-
vue des élections allemandes et du triom-
phe du septennat; elles n'auraient cepen-
dant rien de trop surprenant, car l'inter-
vention de la papauté dans les élec-
tions allemandes, et les discours du
Vatican et de Berlin ne peuvent man-
quer d'exciter les défiances de l'Italie.
A propos de la dernière séance de
la commission du Concordat, dont nous
avons rendu compte, la France fait ob-
server que la question de « la sépara-
tion de l'Eglise et de l'Etat est mûre, et
que c'est la majorité qui ne l'est pas. »
Elle dit que, pour mener à bien une
aussi grande entreprise, il faudrait « un
ministère résolu », et elle ajoute : « Le
ministère se dérobe, en quoi il n'a pas
tout à fait tort. »
C'est là vraiment une manière d'é-
crire l'histoire par trop fantaisiste. S'il
est une question sur laquelle le minis-
tère actuel ne se soit pas dérobé, c'est
bien cette question de la séparation de
l'Eglise et de l'Etat. La France a-t-elle
si vite oublié la séance du samedi
29 janvier, dans laquelle, répondant à
M. Pichon, le président du conseil s'est
déclaré partisan de cette réforme, mais
à la condition qu'au lieu de la présenter
sous la forme violente et injuste de la
suppression du budget des cultes, on la
présente sous une forme plus juste et
plus libérale. Ne se rappelle-t-on pas
que, dans le même discours auquel
nous faisons allusion, M. Goblet a con-
vié non seulement les radicaux et les
républicains, mais tous les réforma-
teurs, tous les amis de la liberté de
conscience, à préparer l'inévitable rup-
ture des liens qui rattachent l'Eglise à
l'Etat. En même temps il déclarait, — ce
qu'aucun chef de gouvernement n'avait
fait avant lui, — que les traitements du
clergé sont« larémunération d'un service
public », mais quelejour, peut-être pro-
chain, « où le service du culte ne sera
plus considéré comme un service public,
où les choses de la religion seront aban-
données, purement et simplement, à la
conscience, à la liberté des opinions, à
la liberté des personnes, où, en un mot,
le Concordat serait dénoncé, ces traite-
ments cesseraient d'être dus ». Peut-on
rien rêver de plus net que ces déclara-
tions ? Et que pouvait faire de plus le
président du conseil? La France, jour-
nal libéral, voudrait-elle que le minis-
tère cherchât à imposer un projet à lui
pour lequel, quel qu'il soit, il est au-
jourd'hui prouvé qu'il n'y aurait de ma-
jorité ni à la Chambre, ni au Sénat, ni
dans le pays? Quand elle dit que la
question de la séparation de l'Eglise et
de l'Etat est mûre, l'assertion de la
France n'est d'ailleurs pas plus sérieuse
que lorsqu'elle prétend que le ministère
se dérobe. Une réforme est mûre lors-
que ses partisans les plus connus sont
d'accord sur les moyens de l'accomplir.
Or, combien y a-t-il, à l'heure actuelle, de
républicains qui conçoivent de la même
manière la séparation de l'Eglise et de
l'Etat ? Les uns y voient une mesure de
persécution, les autres, une mesure de
liberté. Ceux-ci veulent, avec M. Pichon,
procéder brutalement, les yeux fermés,
comme on joue à colin-maillard, par la
suppression immédiate du budget des
cultes ; ceux-là veulent qu'on commence
par voter une loi sur les associations.
La France, elle, paraît tenir pour la com-
binaison proposée par M. Yves Guyot.
Mais cette proposition, qui maintient au
budget le chapitre des cultes, n'a pas
trouvé dans la commission du Concor-
dat un seul partisan. La vérité est qu'il
n'y a pas de question sur laquelle le parti
républicain et l'opinion soient plus divi-
sés. Le gouvernement a très nettement
montré dans quelle voie et par quels
moyens on pouvait chercher à la résou-
dre. C'est tout ce qu'il pouvait et devait
faire.
D'après certains renseignements fournis
par les journaux militaires techniques, il
paraît que la nouvelle arme à répétition de
l'infanterie allemande laisse beaucoup à
désirer. Cette arme n'est autre, d'ailleurs,
que le fusil Mauser transformé, mais
ayant perdu une grande partie de ses qua-
lités ppur obtenir une plus grande rapi-
dité de tir. Les Allemands, qui tenaient
absolument à prendre la supériorité de
l'armement, se sont hâtés de changer le
mécanisme de leur fusil, en y adaptant
un magasin fixe, et il se trouve que l'arme
ainsi modifiée ne présente plus ni la soli-
dité qui est nécessaire à une arme de
guerre, ni la sécurité du mécanisme, ni
la justesse du tir.
Quant à l'armée française, elle a sage-
ment évité les inconvénients de cette trop
grande précipitation.
Nous avons bien transformé, il est vrai,
quelques milliers de fusils en armes à ré-
pétition, mais nous ne sommes pas allés
jusqu'à plusieurs centaines de mille,
comme dans l'armée allemande. Au bout
de quelques jours de maniement et de tir
à la cible, nous nous sommes aperçus que
le résultat obtenu était des plus médio-
cres, et nous nous en sommes tenus là.
Nous avons aussitôt procédé à la fabrica-
tion d'une arme toute nouvelle, qui, étant
à la fois à petit calibre et à répétition,
possède, dit-on, une incontestable supé-
riorité.
Mais il importait de ne pas priver notre
infanterie des avantages qu'offre le méca-
nisme à répétition. On a donc construit un
appareil fort simple et très peu coûteux,
sorte de chargeur rapide, que le fantassin
tient dans la main gauche pendant qu'il
tire, et où il puise les cartouches sans
avoir même à enlever l'arme de l'épaule.
C'est au général directeur du service de
l'infanterie au ministère de la guerre qu'est
due l'invention de cet appareil, qui donne
à notre armée un fusil à magasin sans lui
enlever aucune de ses propriétés balisti-
ques, propriétés supérieures, on le sait, à
toutes celles des fusils en usage dans les
différentes armées européennes.
Grâce à cette invention, notre infanterie
sait maintenant qu'elle peut avoir, à cer-
Lains moments, un tir aussi rapide qu'avec
le fusil à magasin fixe, et elle attendra
avec moins d'impatience qu'on lui distri-
bue des armes du nouveau modèle, c'est-
à-dire à répétition et à petit calibre. Nous
n'aurons pas, d'autre part, à dépenser
quelques millions en pure perte, puis-
que le fusil à magasin et à gros calibre
n'est qu'une arme de transition. Si une
guerre éclatait avant la reconstitution
complète de notre approvisionnement en
armes nouvelles à magasin, nous ne se-
rions donc pas pris au dépourvu. C'est là
l'essentiel ; il faut qu'on le sache et qu'on
le dise.
—-————————— ———————————
Le discours du trône au ReicMag
Berlin, 3 mars.
Le nombre des députés qui assistent à la
première séance du Parlement allemand est
environ de 250. Beaucoup de nationaux-libé-
raux; en particulier, MM. de Bennigsen et
Miquel.
Vers midi et quart, les membres du Con-
seil fédéral font leur entrée dans la salle des
séances, ayant à leur tête M. de Bœtticher,
secrétaire d'Etat, et M. de Lerchenfeld, pléni-
potentiaire bavarois.
M. de Bœtticher donne lecture du discours
du trône.
Le discours mentionne les projets de loi
qui avaient été présentés au Parlement pré-
cédent et fait ressortir la nécessité de créer
de nouvelles sources de revenu.
Il exprime l'espoir que le gouvernement et
le Parlement parviendront à s'entendre, tou-
chant la réforme du système d'impôts, au
sujet de laquelle un projet de loi va être im-
médiatement élaboré.
Voici le passage du discours concernant la
politique extérieure de l'Allemagne :
Les relations du gouvernement allemand
avec les puissances étrangères sont encore
dans le même état qu'au moment où a été ou-
verte la dernière session du Parlement de l'em-
pire.
Je suis chargé par Sa Majesté l'empereur d'ex-
primer la satisfaction que lui ont causée les
manifestations par lesquelles le pape a af-
firmé le bienveillant intérêt qu'il porte à l'em-
pire allemand et à la paix intérieure de ce
pays.
La politique extérieure de l'empereur tend con-
tinuellement à maintenir la paix avec les autres
tk ,4
puissances, et en particulier avec les Etats voi-
sins.
Le Parlement pourra appuyer de la façon la
plus efficace cette politique pacifique en adop-
tant avec promptitude, empressement et una-
nimité, les projets de loi ayant pour but d'aug-
menter immédiatement et d'une manière dura-
ble les forces défensives de l'empire.
Si le Parlement montre, sans hésitation, sans
division, par un vote unanime, que la nation al-
lemande est résolue à employer, aujourd'hui et
toujours, la totalité absolue de ses forces com-
plètement armées à repousser toute agression
contre nos frontières, il renforcera ainsi consi-
dérablement, par ses résolutions mêmes, et
avant qu'elles soient mises à exécution, les ga-
ranties sur lesquelles repose actuellement le
maintien de la paix, et dissipera, de cette façon,
les doutes qui peuvent avoir été inspirés par les
débats auxquels le Parlement s'est livré jusqu'à
présent, concernant les projets de loi relatifs à
l'augmentation de notre armée.
L'empereur est convaincu que le Parlement
actuel fournira, par ses décisions, une base sûre
à la politique nationale des gouvernements con-
fédérés, et puise dans cette conviction l'assu-
rance que Dieu bénira les efforts qu'il fait pour
maintenir la paix et la sécurité de l'Allemagne.
Après la lecture du discours du trône, M.
de Lerchenfeld a adressé trois vivats à l'em-
pereur.
Le feld-maréchalde Moltke,président d'âge,
ouvre ensuite la séance et nomme les secrétai-
res provisoires.
L'appel nominal Indique que 252 députés
sont présents : le Parlement est, par consé-
quent, en nombre.
M. Windthorst proteste contre l'élection du
bureau, qui, selon lui, ne doit pas avoir lieu
avant que les scrutins de ballottage soient
terminés.
M. de Bœtticher, secrétaire d'Etat, répond
que critiquer la mesure que l'empereur a
prise, c'est empiéter sur ses droits, et que,
lorsque l'empereur convoque le Parlement,
les députés doivent se présenter.
M. Richter reconnaît que des raisons d'op-
portunité militent en faveur de la convoca-
tion anticipée du Parlement ; mais il ajoute
qu'il s'agit d'une question de droit et fait re-
marquer que 60 circonscriptions sont encore
sans représentants.
M. de Bennigsen constate qu'on n'a porté,
sur aucun point, atteinte à la loi et à la Cons-
titution. Il fait ressortir les circonstances ex-
ceptionnelles dont doivent se rendre compte
tous ceux qui ont entendu le discours du trône
et suivi la marche des affaires de l'Europe.
L'orateur ajoute qu'il faut espérer que des
cas semblables ne se reproduiront pas. Il dit
que, dans le cas présent, on ne peut que re-
mercier le gouvernement.
M. Windthorst maintient sa protestation.
MM. Kardoff, de Bennigsen et Richter pren-
nent ensuite la parole.
Puis le feld-maréchal de Moltke ordonne le
tirage au sort des bureaux et fixe l'élection
des présidents à demain à deux heures.
LA VIE DE PARIS
Le procès de M. le comte de Molen
s'est terminé par une condamnation sé-
vère. Les jurés bourguignons ne sont
pas dans le train. Ils ne sont pas suffi-
samment imbus de la littérature con-
temporaine ; les fatalités physiologi-
ques ne les désarment pas, et les cri-
mes de la passion leur paraissent être
tout de même des crimes. Que Mme
de Molen ait demandé à son mari de la
conduire dans le petit temple lesbien de
la rue Lavoisier, qui a excité, depuis
quelques jours, tant de curiosités dépra-
vées, ou que ce soit M. le comte qui ait
promis à la jeune épousée une surprise
qui n'était pas prévue par l'auteur des
Quinze joies du mariage, ils ne se sont
pas outre mesure préoccupés de ces se-
crets d'alcôve, de boudoir et de lupa-
nar. Ils n'ont vu qu'un homme qui, plai-
dant avec sa femme, simplifiait la pro-
cédure en lui tirant des coups de revol-
ver, et ils ont mal pris cette façon
d'abréger les lenteurs de la justice. Nous
y perdons les scandales sur lesquels on
comptait pour le procès en divorce. Car
Mme de Molen paraît devoir obtenir le
divorce de piano, et jamais, peut-être,
nous ne saurons la vérité sur cette mys-
térieuse affaire et n'aurons le dernier
mot de la femme aux yeux d'or.
Encore qu'on ait glissé assez rapide-
ment sur le côté scabreux de ce procès,
le retentissement au'il a eu a fait ouel-
que tort à un autre & procès, — un autre
« crime de la passion », — jugé à Pa-
ris, fort heureusement pour l'accusé.
M. Pellet est un fort brave homme de
chimiste, qui a, pendant le siège, risqué
sa vie, gagné une blessure glorieuse en
faisant sauter, avec la dynamite qu'il
prépare, les travaux d'approche des Al-
lemands. Malheureusement, il a été pris
par une femme, pris tout à fait, comme
un naïf, et il a commencé par abandon-
ner à peu près sa femme légitime pour
vivre avec sa maîtresse. Or, — vaude-
ville précédant le drame, — un beau
déjeunant avec sa maîtresse et un
jour, l'infortuné chimiste se sent pres-
ami,
ser le pied sous la table avec une ten-
dresse significative. La dame s'était
trompée de pied ! Il paraît même qu'elle
s'était trompée de tout, si bien que M.
Pellet, la rencontrant un jour qui reve-
nait de la campagne avec son ami, a
jugé à propos de tirer dans le tas. Il a
blessé la dame, crevé l'œil à l'ami. Ce
qui n'empêche pas que le jury l'a ac-
quitté !
Le « droit » du mari est dépassé.
Pendant longtemps, nous avons eu à pro-
tester contre cette barbare opinion que
le mari avait droit de vie et de mort sur
sa femme. Nous nous sommes épuisés
à dire aux jurés que la loi admettait une
« excuse H, mais que les circonstances
pouvaient être telles que l'excuse ne
devait pas être invoquée. Il était vrai-
ment trop absurde que l'adultère pût
être défini une faute passible de quinze
jours à six mois de prison, ou de la
peine de mort, selon qu'on s'adressait
ou non à la justice. Quand le divorce
est rentré dans nos lois, nous avons re-
commencé nos prêches, faisant observer
que, puisque le mari pouvait répudier
la femme infidèle, il n'avait pas, par-
dessus le marché, à la tuer. Mais voici
qu'aujourd'hui, tout ce nous avons dit
«TV "I
pour les maris, il faut recommencer a
le dire pour les amants !
Les maris qui tirent sur leurs fem-
mes, y compris M. de Molen, plaident
« l'honneur de leur nom ». Faire dé-
pendre l'honneur de son nom de la
fragilité féminine m'a paru toujours
une des plus grandes bêtises de la pau-
vre humanité. Jamais on n'a pu faire
entrer dans mon cerveau rebelle cette
idée qu'un homme soit déshonoré parce
que sa femme a une passion ou un ca-
price pour un autre homme. Don César
de Bazan le dit exactement : les vices
d'autrui ne peuvent nous atteindre, et
on ne saurait être coupable d'être
trompé. Mais enfin, cette bêtise était
une bêtise consacrée, et les bêtises con-
sacrées ont quelquefois une utilité so-
ciale. Cette question de « l'honneur du
nom » pouvait être un des éléments de
défense du mariage, et les jurés pou-
vaient l'entendre ainsi en acquittant les
maris assassins. Mais aujourd'hui, les
voilà qui étendent le privilège aux
amants, aux simples entreteneurs 1
C'est véritablement excessif.
Quand on a arrêté M. Pellet, il s'est
éerié énergiquement : « Voilà encore
un drame de la jalousie ! » Je trouve
dans ce mot un indice de l'état d'esprit
où était l'honorable citoyen que le
verdict du jury nous interdit d'appeler
le coupable. Visiblement, en agissant
comme il l'a fait, M. Pellet avait pré-
sents à l'esprit les derniers « crimes de
la passion >, et il devait se rappeler l'in-
dulgence bizarre des jurys à leur en-
droit. Cette indulgence, quoi qu'on en
dise, est bien funeste et développe chez
nous le crime par imitation, avec l'ar-
rière-pensée qu'il restera impuni. « Pa
raître » a toujours été une grande ten-
tation pour les Français, et le cabotin
éclate souvent chez le meurtrier. On
nous dit bien que le meurtrier, et par-
ticulièrement le meurtrier par amour et
par jalousie, quelque mal motivée que
soit sa jalousie ou quelque mal placé
que soit son amour, est un fou, et on
conclut à son irresponsabilité.
Pour M. Pellet, de plus, on nous a
appris que la dynamite, avant de faire
sauter autre chose, a pour propriété de
détraquer les cervelles de ceux qui la
triturent, comme faisait le chimiste.
Mais la folie qui vient des passions est
de deux sortes. L'une est un désordre
grave , avec inflammation ou lésion
des centres nerveux, qui rend réelle-
ment les êtres irresponsables, qu'on
doit alors enfermer avec soin, comme il
eût convenu de le faire pour Menesclou,
qu'on a d'ailleurs guillotiné. L'autre
n'est qu'une demi-folie, sans état patho-
logique bien défini ni permanent, pas-
sagère, et sur laquelle peut encore agir
la peur du châtiment. Tous les méde-
cins vous diront que l'on peut agir sur
les névrosés et qu'ils sont, pour une
très bonne part, responsables de leurs
actes. Qu'on admette pour eux une ex-
cuse, qu'on fasse la part de la colère
et de la jalousie, nul ne s'y oppose :
tout le monde reconnaît qu'il faut pro-
portionner la peine à la responsabilité.
Mais les jurés, sensibles à l'éloquence,
dépassent constamment la mesure.
Othello leur paraît aussi intéressant
dans la réalité qu'avec la musique de
Rossini — ou de Verdi. Le grand mot
de la littérature, « fatalité physiologi-
que de la passion », les hante, les trou-
ble, les séduit. Et, à l'amour du cabo-
tinage, à l'esprit d'imitation, ils ajoutent
encore, pour les meurtriers, l'espérance
d'une impunité qui va jusqu'à l'espé-
rance de je ne sais quelle célébrité mal-
saine. Certes, si un accusé nous est
respectable par sa seule qualité d'ac-
cusé, un homme acquitté nous l'est en-
core davantage. Dans l'espèce, je n'ai
pas de raison de regretter que M. Pellet
soit rentré chez lui indemne. Mais, en
théorie et d'une façon générale, on peut
dire que les jurés sont en train, par
l'inégalité et la bizarrerie de leurs ver-
dicts, de faire se demander à beaucoup
de gens si le jury est la belle invention -
qu'on nous a appris à vénérer ?
HEMl Fûtf(~)B~.
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Les céréales
Comme nous l'avions dit, c'est M. Méline,
président et rapporteur de la commission des
douanes, qui a répondu hier au discours de
M. Rouvier. M. Méline est protectionniste
aussi convaincu que M. Rouvier est ardent
libre-échangiste. Il demande énergiquement
que la taxe actuelle de 3 francs soit portée à
5 francs.
K La vie à bon marché, dit-il, n'est pas le
résultat nécessaire du libre-échange, et dans
une démoeratie, le but principal à poursuivre
est la sécurité et le développement du tra-
vail. » On ne saurait sacrifier au désir de sa-
tisfaire les réclamations les plus bruyantes
l'intérêt permanent d'un million de travail-
leurs qui peuplent nos campagnes. « Il y a
un fait indéniable : c'est la crise agricole, la
dépréciation de la propriété foncière, l'a-
baissement des fermages et même l'impossi-
bilité de trouver des fermiers. » Et M. Mé-
line établit que, quand on consulte le rende-
ment des droits entre vifs, on constate que
de 1880 à 1885, la perte est de 26 0/0.
L'orateur établit que ce n'est plus la ré-
colte du blé, ni même la quantité de l'impor-
tation qui règle les cours, mais le cours du
blé étranger qui est devenu régulateur, et ce
cours se détermine par le prix de revient.
Puis il argumente, comme tous les orateurs
qui l'ont précédé à la tribune dans cette
discussion, sur les prix de revient établis par
les marchés de l'Amérique et de l'Inde. En
1885, le prix de 12 francs a été celui des
marchés d'Amérique ; les prix de l'Inde sont
encore plus bas. Le prix de l'Inde peut arrl-
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