Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1887-03-01
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 01 mars 1887 01 mars 1887
Description : 1887/03/01 (A18,N5528). 1887/03/01 (A18,N5528).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Dïx-nuitiéme armés Na 5528
Prix du numéro: Paris et départements : 15 centimes
Mardi 1" mars t887
L¥'E 13 XWITTX fTE SflTIEVlCinLïï E"P
JOURNAL RÉPUBLICAIN
REDACTION
9adresser au Secrétaire de la Rédaction
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AVIS
MM. les Souscripteurs dont l'abonne-
ment expire le 15 mars sont priés
de le renouveler, s'ils ne veulent pas
éprouver de retard dans la réception du
journal.
BULLETIN
La Chambre a continué, dans la séance
d'hier, la discussion du projet de loi sur
les céréales. M. Duché, député de la Loire,
a combattu la surtaxe, qui constituerait
une nouvelle aggravation des charges bud-
gétaires ; or, la Chambre s'est prononcée
avec énergie pour la formule ni « emprunt,
ni impôts ». D'après M. Duché, d'ailleurs,
l'agriculture subit la crise comme toutes
les industries, ni plus ni moins.
Dans le département de Maine-et-Loire,
on professe sur les souffrances de l'agri-
culture une opinion absolument opposée.
M. Fairé, député de ce département et qui
appartient au parti conservateur, prend le
contre-pied des affirmations de M. Duché
et s'applique à prouver que le vote de la
surtaxe n'aura pas d'effet sur le renché-
rissement du pain. Il a cité des chiffres
curieux à ce propos ; il en résulte qu'après
l'établissement du droit de trois francs, le
pain, qui était à quarante centimes, est
descendu à trente-trois centimes.
On disputera longtemps encore sur ce
thème inépuisable; mais les Ions dis-
eours ne changeront rien au :résultat
final; les opinions sont faites. On est pro-
tectionniste à Angers, on ne l'est pas à
Saint-Etienne. Voilà simplement ce que
prouve le débat d'hier, celui de demain ne
prouvera rien de plus, il n'y aura de
changé que les noms des orateurs et des
départements.
La crise continue en Italie. La situation
n'a pas changé depuis hier. Nous en som-
mes réduits à de simples conjectures ou à
des informations qui n'ont que peu de
consistance. Le bruit a couru que M. Bian-
cheri, président de la Chambre, avait été
chargé de former un cabinet d'affaires.
Jusqu'à présent, cette nouvelle n'est pas
confirmée. Si M. Biancheri a été appelé par
le roi, ce n'est encore qu'à titre officieux
et consultatif.
D'après une dépêche de Rome adressée
au Temps, M. Saracco aurait déclaré être
prêt à prendre le pouvoir et être assuré
du concours de M. Depretis. Dans cette
combinaison, M. de Robilant conserverait
le portefeuille des affaires étrangères. Rien
n'indique, au surplus, que le roi Humbert
soit disposé à faire appel au bon vouloir
de M. Saracco.
Le seul fait qui soit certain, c'est que la
cour, favorable à la politique de M. de Ro-
bilant, avait exercé une forte pression
dans ce sens auprès du roi ; qu'en effet,
M. de Robilant avait accepté le mandat de
constituer un cabinet, mais qu'il a dû le
résigner devant le refus formel du roi
d'accéder à une demande de dissolution,
qui était la condition sine qua non de l'en-
trée aux affaires de M. de Robilant.
Le roi n'a pas voulu souscrire à cette
condition ; il a jugé avec sagesse que le
moment était mal choisi pour procéder à
un renouvellement de la Chambre, dont la
nomination est toute récente ; dans les
circonstances présentes, créer une agita-
tion électorale n'était pas sans danger, et
le résultat final pouvait n'être pas celui
qu'eût désiré M. de Robilant et avec lui
le parti favorable à l'alliance austro-alle-
mande. Car, ce qui domine la situation
parlementaire en Italie paraît être la ques-
tion extérieure. On sait que le traité d'al-
liance avec les deux empires du centre ex-
pire dans le courant du mois. Faut-il le re-
nouveler ? Faut-il le dénoncer? M. de Robi-
lant a été précisément l'agent de cette al-
liance ; il tient naturellement à continuer
cette politique; il en fait l'article essentiel
de son programme de gouvernement;
mais, outre qu'il n'a pas de majorité à la
Chambre, il n'est pas certain d'en trouver
une en provoquant une dissolution. Le
pays, pris dans son ensemble, répugne à
l'alliance allemande ; ses sympathies le
porteraient plutôt vers la France, avec qui
Il a tant d'affinités de toute sorte.
M. Cairoli personnifierait cette politique
francophile ; mais, contrairement à des in-
formations récentes, M. Cairoli n'a pas été
mandé par le roi, qui reste dominé par la
pensée de maintenir l'Italie dans une al-
liance étroite avec l'Allemagne. En somme,
la situation ministérielle est celle-ci : M.
de Robilant est impossible pour des rai-
sons d'ordre parlementaire; M. Cairoli
paraît être tout aussi impossible pour
d'autres raisons. Il n'y a de possible qu'un
ministère d'affaires qui ne durera pas
longtemps, ou un cabinet présidé par M.
Depretis, qui aurait plus que jamais le
caractère d'un ministère de conciliation,
formé de membres de la Droite et de la
Gauche modérée, et qui serait aussi ger-
manophile que le ministère Robilant et
aussi gallophile que le ministère Cairoli.
Louis HENllIQUE.
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INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Elections législatives
Aveyron
MM. Rodât, républicain. 55.350 Elu
Soubrié, socialiste. 1 151
Il s'agissait de remplacer M. Roques, réac-
tionnaire, décédé.
Basses-Pyrénées
Inscrits, 105,440. — Votants, 80,850
Ont obtenu :
MM. Vignancour, républ. 46.187 Elu
De Joantho, monarch. 34.045
Il s'agissait de remplacer M. Destandau,
bonapartiste, décédé.
Elections au conseil général
Dans le canton de Luçon (Vendée), M.
Desbayes, républicain,$été élu conseiller
général.
M. G. Daizet, républicain, a également été
élu conseiller général pour le canton de Lan-
nemazan (Hautes-Pyrénées).
QUESTIONS DU JOUR
Le suffrage universel
Nos prévisions d'hier sur les élections
du 27 février ont été dépassées : M. Vi-
gnancour a été élu à douze mille voix de
majorité dans les Basses-Pyrénées;
M. Rodât, dans l'Aveyron, n'a trouvé
contre lui qu'un candidat socialiste, sur
le nom duquel se sont réunies mille voix
à peine, tandis que cinquante-cinq mille
bulletins au nom du candidat républi-
cain tombaient dans les urnes. Et ce
sont là des sièges que la réaction nous
avait enlevés, des sièges reconquis!.
Après ces deux élections législatives,
qui, en attendant le prochain succès de
M. Ribot, s'ajoutent à l'heureuse série
de ces derniers mois, il faut noter aussi
huit élections départementales où les
candidats républicains ont emporté six
sièges. Cinq conseillers généraux répu-
blicains ont été élus à Denain et à Rou-
baix, dans le Nord, à Beaurepaire, dans
Saône-et-Loire, à Lannemazan, dans les
Hautes-Pvrénées, à Luçon, dans la Ven-
dée, et un conseiller d'arrondissement
républicain à Dinan, dans les Côtes-du-
Nord. Des deux monarchistes nommés,
le premier s'est présenté seul dans le
canton de Cuiseaux (Saône-et-Loire) ;
l'autre, dans le canton de Cléguérec, en
plein Morbihan, a été suivi de très près
par un concurrent républicain.
Il y a plaisir à voir ainsi renaître des
majorités dans des départements où la
République les avait perdues aux élec-
tions générales de 1885. C'est en même
temps le juste salaire de l'opposition
monarchique, qui n'a pas eu honte d'ac-
tiver le désordre parlementaire autant
qu'il a dépendu d'elle, présumant que
les soubresauts de la politique ne man-
queraient pas d'inquiéter et de mécon-
tenter les électeurs. Or, la Droite, avec
cette tactique odieuse, n'a réussi qu'à
perdre le peu de considération qui lui
restait. Et nombre d'électeurs, qui
avaient boudé la Chambre sortante aux
élections de 1885, mais qui ont pu juger
bientôt des résultats de cette bouderie,
n'ont pas tardé à prendre le seul parti
qu'il y eût à prendre, c'est-à-dire à té-
moigner en toute occasion qui s'offre
leur attachement à la République.
A mesure que de nouveaux scrutins
partiels sont ouverts, cette résolution
s'accentue. Si l'on a critiqué et blâmé
la Chambre, ce n'est qu'une raison de
plus pour la renforcer d'autant de bons
républicains que l'on pourra. Que doit-
on souhaiter et attendre de l'avenir, si
ce n'est le développement des institu-
tions républicaines, dans ce qu'elles ont
de meilleur, et l'adaptation progressive
de notre législation à nos besoins et à
nos mœurs. C'est que l'amour vrai de
la liberté, — chose nouvelle 1 —a eu
le temps, enfin, de s'implanter au cœur
du pays. Voilà ce qu'ont produit, mal-
gré bien des orages, nos seize années
de République. Aux députés républi-
cains désormais, de s'entendre en aussi
grand nombre qu'ils le pourront, pour
répondre à l'appel du suffrage universel
et suivre la route qu'il ne cesse pas de,
leur tracer 1
EUG. LIÉBERT.
40 ■■ .i
La République française estime que
les votes de la Chambre et du Sénat
dans l'affaire du budget établisssent une
jurisprudence sur les droits des deux
Chambres en matière financière, et que
cette jurisprudence est conforme à la
doctrine de Gambetta. En vertu de cette
doctrine, les pouvoirs des deux Cham-
bres sont égaux sur les dispositions lé-
gislatives d'un caractère permanent ins-
crites dans la loi de finances. Mais la
Chambre a un droit supérieur à celui du
Sénat en ce qui concerne les ouvertures
de crédits. Une fois que le Sénat a ré-
tabli un crédit, il a épuisé son droit,
et la Chambre doit avoir le dernier mot,
soit qu'elle accepte le rétablissement de
crédit ou qu'elle le rejette.
Pour démontrer que la discussion du
budget de 1887 justifie cette théorie, la
République française s'empare de deux
faits et elle dit :
« C'est parce que le Sénat a un pou-
voir égal à celui de la Chambre sur les
dispositions législatives insérées dans
les lois de finances, que la Chambre des
députés a ratifié, samedi, le vote séna-
torial qui rétablissait le crédit intégral
des sous-préfets.
» C'est parce que le Sénat n'a Doint
de force propre en matière d'ouverture
de crédit qu'il a ratifié, dimanche, le
vote de la Chambre qui réduisait le cré-
dit pour le personnel de l'administra-
tion centrale du ministère des finan-
ces. »
Il est fâcheux que la République ait
négligé de nous dire par quel article de
la loi de finances la Chambre avait ré-
glé la question des sous-préfets. Cet
article ne nous est pas connu. Nous ne
connaissons que le chapitre 3 du minis-
tère de l'intérieur, intitulé « Traitement
et indemnités des fonctionnaires admi-
nistratifs des départements », et c'est
le crédit de ce chapitre que la Chambre
avait réduit de la somme de 1,435,000
francs, représentant l'intégralité du
traitement des sous-préfets. Le cas était
donc absolument identique à l'autre
exemple invoqué par la République.
D'une part comme de l'autre, il s'agis-
sait d'un simple rétablissement de cré-
dit. La jurisprudence est donc moins
bien établie crue notre confrère ne se
l'imagine. Elle ne l'est même pas du
tout, puisque, à propos précisément
du rétablissement par le Sénat du cré-
dit intégral de 4,435,000 fr., M. Goblet
a pris soin de dire que le procédé n'é-
tait pas absolument régulier.
Après la discussion du budget de
1887, comme avant, la question des
droits des deux Chambres reste ma-
tière à controverses ; elle ne peut être
résolue que par l'accord des pouvoirs
publics et par le désir dont ils sont ani-
més d'éviter les conflits. Cette solution
n'est peut-être pas la pire de toutes,.
puisque, depuis dix ans que la question
est posée et que chaque année on nous
menace d'un conflit imminent, il ne
s'est jamais élevé de conflit et que
l'affaire s'est toujours terminée par des
concessions réciproques.
M. Cuneo d'Ornano, député bonapar-
tiste de la Charente, a prévenu M. le mi-
nistre de l'intérieur qu'il lui adresserait
une question au sujet des affaires de
Corse. -
De quoi s'agit-il ? De peu de chose, en
réalité. Nous avons rapporté l'incident
qui s'est produit, il y a moins de quinze
jours, à Bastia. Le directeur d'un journal
bonapartiste, M. Léandri, à la suite d'une
condamnation à deux mois de prison et à
une forte amende pour diffamation envers
un magistrat du tribunal de Sartène, avait
été invité par les actionnaires de son jour-
nal à céder la place à un rédacteur moins
compromettant.
M. Léandri quitta Bastia en lançant un
appel aux armes, et prit la « campagne »,
selon le mot du pays, pour se soustraire
aux conséquences de la condamnation
qu'il avait encourue. C'est alors qu'on ap-
prit à Paris, par une dépêche savamment
composée, d'abord, que M. Léandri avait
entraîné à sa suite quatre cents partisans
déterminés ; puis, que des coups de revol-
ver avaient été tirés sur les murs du tri-
bunal de Sartène, celui-là même qui avait
condamné M. Léandri ; enfin, que la Corse
était à la veille de graves événements.
La presse s'empara de cette dépêche
sans en vérifier l'exactitude, et la com-
menta en termes indignés. Devant les
protestations unanimes des journaux de
Bastia, il fallut en rabattre. M. Léandri
était parti tout seul à travers les makis ;
ses amis l'avaient accompagné seulement
de leurs vœux..On parla d'autre chose.
Mais le silence ne faisait pas l'affaire de
M. Léandri. Il savait que ses amis avaient
circonvenu M. Cuneo d'Ornano et l'avaient
décidé à porter les faits à la tribune de la
Chambre sous forme de question à M. le
ministre de l'intérieur. L'intervention du
député de la Charente était annoncée par
une note du Pays, dès mercredi dernier.
Il fallait fournir à l'interpellateur matière
à des développements oratoires.
Coïncidence pour le moins singulière,
la veille même du jour où l'on se croyait
certain que M. Cuneo d'Ornano prendrait
la parole, deux dépêches alarmantes ar-
rivaient de Bastia et d'Ajaecio. M. Léan-
dri, disaient ces dépêches, marchait sur
Sartène, à la tête de soixante-dix partisans
(de quatre cents c'est tout ce qui lui reste);
toute la gendarmerie était sur pied, et
deux compagnies d'infanterie avaient été
mandées en hâte à Sartène pour don-
ner la chasse à l'armée de M. Léandri.
Comme mise en scène, voilà qui n'est pas
mal, et M. Cuneo d'Ornano avait des effets
de tribune assurés.
M. le ministre de l'intérieur a demandé
quelque répit pour répondre à la question
que, visiblement, les amis de M. Léandri
veulent transformer en une interpellation.
Il reste à prouver que le récit terrifiant
que nous ont apporté les dernières dépê-
ches de Bastia est plus authentique que
les premières informations dont la fausseté
est démontrée.
M. le ministre de l'intérieur a sagement
fait d'ajourner ce débat. Il est à croire que
les renseignements officiels réduiront à de
justes proportions l'équipée des soixante-
dix bandits de M. Léandri, si tant est
qu'ils soient soixante-dix.
Il est prudent de ne pas prendre au tra-
gique un incident qui n'est rien moins
qu exact, et de tenirpour suspects des ren-
seignements émanant d'une source dou-
teuse.
L. H.
CHRONIQUE
Après les récits affolés des premiers
jours, on commence à avoir des rela-
tions plus calmes des tremblements de
terre du Midi, où se mêle un peu de
psychologie. Si les faits brutaux étaient
intéressants à connaître dans leurs dé-
tails, il semble que les sentiments des
victimes de ces terribles secousses ne
soient pas moins curieux à étudier. Le
tremblement de terre est un fléau si ex-
traordinaire en France que, — après
la pitié et l'émotion que nous avons
tous éprouvées à la lecture des dépê-
ches, — les sensations des témoins ont
une saveur de nouveauté, pour ainsi
dire littéraire.
Déjà M. Guy de Maupassant, qui se
trouvait à Antibes, a raconté ses im-
pressions en artiste, insistant sur la
stupeur que cause le phénomène contre
lequel il n'y a rien à tenter : « Ce n'est
point la peur, comme dans les accidents,
mais la sensation aiguë de l'impuissance
humaine et de l'instabilité. Contre la
guerre, il y a la force; contre la tem-
pête, il y a l'adresse; contre la maladie,
il y a le remède et le médecin : contre le
tremblement de terre, il n'y a rien, et
cette certitude entre en nous bien plus
par le fait lui-même que par le raison-
nement. »
Cette « phsychologie » du tremble-
ment de terre, qui se dégagera peut-être
des récents événements, en raison de
la ville peuplée d'écrivains et de gens
affinés où la catastrophe s'est produite,
elle est à faire. Je me suis plu à cher-
cher, dans les récits des bouleverse-
me.nts"analogues, des détails « humains »,
et j'ai été frappé de n'en trouver pour
ainsi dire pas. Est-ce donc que cette
révolution terrestre, dans sa rapidité
effrayante, paralyse la pensée? Ne peut-
on plus fixer, après l'accident, tant le
trouble a été grand, les phases morales
par lesquelles on a passé? Les narra-
tions pittoresques abondent, retraçant
les ravages du fléau, les scènes d'hor-
reur auxquelles il a donné lieu. Je ne
connais guère rien, par exemple, de
plus tragique que ce passage de l'his-
toire qu'a donnée un professeur italien,
M. Bottini, de la catastrophe d'Ischia.
Il avait conduit son enfant au théâtre,
où l'on jouait une farce en dialecte na-
politain, mettant en scène les aventures
de Polichinelle.
Dans son rôle, Polichinelle brisait, par
maladresse, quelques objets :
— O poverettome, s'écriait-il, chedis-
gazia.
Tout à coup, dans le même dialecte,
il hurla, blême de terreur sous son
rouge :
U'terremoto ITterremoto !
La foule crut à un jeu de scène par-
ticulièrement bien rendu. Mais elle
n'eut pas le temps d'applaudir. C'était
un cri d'alarme qu'avait jeté le comé-
dien. Une seconde après, le théâtre s'é-
croulait, et, dans l'obscurité, on n'en-
tendait plus que des clameurs d'épou-
vante et des gémissements. M. Bottini
demeura toute la nuit au milieu des
décombres, tenant son fils dans ses
bras, n'osant bouger, se cramponnant à
ce qu'il avait sous la main pendant les
nouvelles secousses. A l'aube, après
cette effroyable nuit, le premier cadavre
qu'il apercevait était celui de l'acteur,
tout sanglant dans son costume de
bouffon.
Voilà, certes, un des plus poignants
spectacles auxquels un homme puisse
assister. Cependant, M. Bottini n'a rien
dit, ou presque rien, de ses sensations
propres. Il s'est borné à un tableau
émouvant de l'aspect extérieur du
drame. Comment n'a-t-il pas compris
que le drame humain l'emportait encore,
en angoissant intérêt, sur des récits pu-
rement descriptifs ?
M. Cermoise, qui a résumé les notes
d'un ingénieur à Panama, est peut-être
le seul à avoir esquissé, mais trop rapi-
dement, la peinture des sentiments d'un
homme surpris par la brusque horreur
d'un tremblement de terre. Son ingé-
nieur raconte que, arrivé depuis quel-
ques jours à peine, l'idée d'une catas-
trophe générale fut la dernière qui se
présenta à son esprit. En sentànt oscil-
ler le hamac dans lequel il était couché,
il crut d'abord à un cauchemar persis-
tant. Mais des chutes violentes de plâ-
tras, tombant sur sa tête, le réveillèrent
tout à fait, et il eut, alors, un moment
d'extraordinaire hébétement, en voyant
« la vie que semblaient prendre les
choses inanimées ». Ce fut surtout cela
qui le frappa, il ne comprenait point
comment les murs perdaient leur aplomb,
le reprenaient; comment les marches de
l'escalier de sa maison craquaient, se
soulevaient, criaient; comment une cor-
niche, qu'il fixait d'instinet, se trouvait
descendre du plafond jusqu'à portée de
sa main. Il y eut, pendant une minute,
dans son cerveau, un indéfinissable
tohu-bohu d'idées chimériques pour
trouver une explication à cette vision
fantastique. Il lui semblait, en même
temps, que son corps fit devenu extrê-
mement pesant, et il sentait sur ses
épaules le poids de sa tête. Il eut sé-
rieusement, une seconde, bien qu'il fût
assez sceptique, la pensée que c'était la
fin du monde. Il n'avait entendu aucun
bruit, au commencement ; dans son
désarroi, le sens de l'ouïe paraissait lui
avoir fait défaut, puis, tout à coup, il
perçut, avec une acuité singulière, des
cris, des plaintes, des sanglots, des
appels désespérés. Une fois encore, il
se demanda s'il rêvait, et, avec cette in-
tensité de souvenirs qu'on a en de cer-
tains moments critiques, il repassa sa
soirée de la veille et se demanda si, par
hasard, il n'avait pas bu démesurément.
Ce fut ce rapide examen de conscience
qui le conduisit à comprendre ce qui se
passait réellement. Il était sûr d'avoir
tout son sang-froid : par conséquent,
quelque chose d'anormal venait d'arriver.
Puis, les pensées proprement dites,
une fois qu'il eut trouvé la cause exaete
de sa terreur, s'éteignirent devant la
nécessité de trouver les moyens de se
soustraire au péril. Dès lors, il ne son-
gea plus qu'à s'échapper de la muraille
qui se fermait autour de lui ; il ne vit
plus rien, il n'entenditplus rien ; il n'eut
que l'idée fixe de gagner un balcon et
de sauter dans la rue.
Voilà, du moins, une note person-
nelle, un essai de description psycho-
logique ; mais ce sont quelques lignes
seulement, quand nous eussions souhai-
té un véritable document.
Nous donnera-t-on plus, cette fois, à
propos des secousses de Nice ? Comme
il faut qu'un élément plaisant se mêle
à toutes choses, les sensations les
moins curieuses ne seraient peut-être
pas celles d'une altesse royale qui, à ce
qu'on raconte, refusa obstinément de
se lever et de fuir, continua son somme
malgré toutes les prières et les objur-
gations, et, à son réveil, — très tard
dans la matinée, — aperçut avec stupé-
faction les maisons situées en face de
son hôtel à demi-écroulées, et la foule
campée dans la rue, sous des abris im-
provisés.
PAUL GINISTY.
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Au début de la séance, M. Floquet fait part
à la Chambre de la mort de M. Cantagrel,
décédé dimanche matin, et prononce l'éloge
du regretté député de la Seine :
Messieurs,
J'ai encore le devoir de vous annoncer la mort
d'un de nos collègues, Cantagrel, qui vient de
succomber à une longue et douloureuse maladie.
Cantagrel appartenait à cette forte génération,
née des contemporains mêmes de la Révolution
française, qui avait pu recevoir toutes vivantes
les ineffaçables impressions des hommes qui la
firent. (Très bien ! très bien ! à gauche.)
Dès sa première jeunesse, Cantagrel se rangea
parmi ceux qui gardèrent avec un pieux enthou-
siasme le souvenir de cette grande révolution
humaine, et jusqu'à sa mort, il est resté l'un des
plus fermes parmi ceux qui en veulent le plus
largement réaliser les espérances. (Très bien ! très
bien ! à gauche.)
Toute sa vie fut consacrée à cette pensée, et
cette vie a été laborieuse..
Dans la presse, il fut un des précurseurs qui,
au delà des horizons bornés du régime censi-
taire, signalèrent les questions sociales que le
suffrage universel devait mettre en pleine lu-
mière. (Nouvelle approbation à gauche.)
Dans les Assemblées, où il ne parut qu un mo-
ment, en 1849, et où il siégeait depuis dix-huit
ans sous la République définitive, il travailla
avec une sollicitude persévérante et une grande
compétence aux plus hautes questions d'affai-
res. Cantagrel, en effet, était un des plus fervents
adeptes de la science appliquée à l'économie so-
ciale ; (Très bien ! très bien ! à gauche.) on lui
reprochait même quelquefois d'avoir jadis côtoyé
l'utopie. La vérité, c'est qu'il savait que tous les
problèmes, dans le monde, ne peuvent se résou-
dre par des chiffres, par des statistiques (Très
bien ! très bien !), que le sentiment, la passion,
l'idée, conservent encore leur puissance dans
l'humanité. (Vifs applaudissements à gauche.)
Cet homme de science exacte et rte froid calcul
était une conscience passionnée pour la justice.
(Nouveaux applaudissements.)
Nous, mes chers collègues, qui, longtemps avant
d'être appelé à la vie politique, connaissions le
nom de Cantagrel comme celui d'un des plus no-
tables serviteurs de la démocratie, nous qui,
dans le conseil municipal élu en 1871, avons tra-
vaillé avec lui à la fondation de la liberté muni-
cipale et au rétablissement de l'ordre adminis-
tratif dans Paris, nous qui, dans les assemblées
politiques, avons traversé les mêmes fortunes et
collaboré à l'œuvre républicaine, nous avons sans
doute le droit d'adresser un hommage plus fra-
ternel à la mémoire de celui qui fut notre vieux
compagnon de lutte et de travail. (Nouveaux ap-
plaudissements à gauche).
Mais si la fidélité aux convictiens, si le désin-
téressement, que dis-je? si l'esprit de dévouement
poussé jusqu'aux derniers sacrifices, si la plus
franche courtoisie dans les rapports personnels
doivent, comme je n'en doute pas, désarmer
même la partialité politique, tous les membres
de cette Assemblée voudront, dans leur cœur,
s'associer aux regrets que nous inspire la perte
de notre vénéré collègue.
La Chambre s'associe tout entière aux pa-
roles émues de son président et il est procédé
au tirage au sort de la délégation qui devra
assister aux obsèques de M. Cantagrel.
*
* *
M. Fonbelle dépose son rapport, au nom de
la commission d'initiative, tendant à la non-
prise en considération de la proposition de
MM. Antide Boyer et Frédéric Passy relative
au désarmement général et à l'arbitrage in-
ternational.
La Chambre adopte les conclusions du rap-
porteur et rejette la prise en considération.
«
* *
L'ordre du jour appelle la discussion du
projet de loi relatif aux crédits supplémen-
taires et extraordinaires pour les exercices
1885 et 1886.
Après une discussion engagée entre MM.Fou-
quet, d'Aillières, le ministre des finances et
Jules Roche, le projet est adopté par 294 voix
contre i.
*
* *
Puis la Chambre revient à la loi sur les
céréales. M. Duché estime que le projet de
loi a un caractère fiscal, puisque le Trésor
encaissera le montant des droits perçus à la
frontière ; mais l'effet principal de la loi sera
d'augmenter le prix de vente du blé pour
assurer un bénéfice à l'agriculture.
L'orateur ne croit pas que la concurrence
des blés américains et de l'Inde, « dont on
fait un épouvantail M, doive inonder le mar-
ché. En Amérique, comme dans l'Inde, la
culture de blé va en diminuant. D'on autre
côté, « il est inexact qu'on ait abandonné la
culture du blé en France. L'année 1885 pré-
sente une culture supérieure à la moyenne
des dix dernières années. Cela ne justifie pas
le relèvement des droits ».
Avant de mettre un droit, il convient de re-
chercher quelle est la part qui revient au dé-
tenteur du sol et celle qui revient à l'agricul-
ture. Le propriétaire peut supporter sa part
dans la baisse actuelle, comme il a eu sa
part dans les hausses antérieures. M. Duché
estime que l'Etat n'a pas à intervenir pour
conserver aux détenteurs du sol la situation
qu'ils avaient en 1879, et cela, en imposant à
tous les citoyens une augmentation du prix
du pain.
M. Duché conclut que la situation de l'agri-
culture n'est pas aussi alarmante qu'on veut
bien le dire. Augmenter de 2 francs le droit
actuel de 3 francs, c'est créer une situation
dangereuse ; ce serait engager l'avenir, car
il serait difficile de revenir sur cette mesure.
« Le pire impôt, termine l'orateur, est celui
qu'on demande à une partie de la popula-
tion pour l'attribuer à l'autre. La démocratie,
qui veut la justice, ne saurait consacrer de
tels privilèges. » (Applaudissements à gau-
che.)
M. Fairé fait un tableau des variations que,
de 1866 à .1885, les prix du blé ont subie. En
1886, le quintal est tombé à 21 fr. 70. Si le
droit n'est pas relevé, l'agriculteur, qui a déjà
fait de grands sacrifices, ne peut aller plus
loin. Il n'aura plus alors qu'à abandonner la
culture des céréales. Les conséquences de cet
abandon seraient désastreuses.
Il faut donc un remède et un remède Immé-
diat. Il n'y a qu'une taxe qui puisse avoir un
effet actuel. En 1885, le droit de 3 francs em-
pêcha la ruine totale de l'agriculture et ne fit
de mal à personne. Ce droit n'est plus suffi-
sant ; 11 est urgent de le porter à 5 francs.
« Et quel est le député, ajoute M. Fairé,
parmi les plus libre-échangistes, qui n'ait
pas demandé la protection pour quelque in-
dustrie de sa région ? Faites donc, pour l'agri-
culture française ce que vous avez cru juste
de faire pour un port ou pour une industrie
spéciale. » -
L'orateur conclut que le droit de 5 fr. est
suffisamment efficace. Ce droit, c'est l'intérêt
général du pays qui le réclame. On a tort de
voir dans cette question un intérêt électoral.
Les conservateurs en auraient n"1, si les ré-
publicains repoussaient le projet soumis aux
délibérations de la Chambre. Le rejet de la
loi serait pour eux une excellente plate-
forme électorale; mais avant tout, ils ne
s'inspirent que des intérêts supérieure de la
France.
La séance est levée à six heures qu.'nze
minutes.
Séance aujourd'hui à deux heures.
R. C.
COULISSES PARLRIENTAJRES
Les crédits supplémentaires. — La Gauche ra-
dicale. — Le câble des Antilles. — Une in-
terpellation.
M. Dauphin, ministre des finances, a dé-
claré dimanche matin, au Sénat, qu'il comp-
tait demander aux Chambres, par voie de
crédits supplémentaires, les sommes qui ont
été réduites par la Chambre sur les chapitres
du budget de 1887 relatifs au personnel et au
matériel de l'administration centrale du mi-
nistère des finances. Ces crédits s'élèvent, on
le sait, à 837,000 fr.
Le projet de loi portant ouverture de ces
crédits supplémentaires sera déposé sur le
bureau de la Chambre dans le courant de
cette semaine. L'on prévoit que la Chambre,
n'étant pas influencée, cette fois, par la ques-
tion de ses prérogatives financières, accueil-
lera favorablement la demande de ces crédits
que le gouvernement considère comme indis-
pensables.
*
* ■*
M. Julllev, en prenant possession de la pré-
sidence de la Gauche radicale, a prononcé
hier le discours suivant :
Mes chers collègues.
Vous m'avez fait l'honneur de me choisir pour
diriger vos travaux à un moment où la tâche
est, plus que jamais, difficile.
Après de grands efforts stériles, la Chambre,
bientôt parvenue à la moitié de son mandat,
semble chercher encore. Les bonnes volontés ne
lui font pas défaut, ni les talents, mais la mé-
thode et cet esprit d'union dont tout le monde
parle sans se rappeler assez qu'il ne peut êtro
fondé que sur des principes définis et un pro-
gramme certain.
Chacun, de bonne foi, veut des réformes et des
économies, mais se lançant au gré de son inspi-
ration particulière n'aboutit qu'à une manifesta-
tion plus ou moins heureuse de ses sentiments
personnels, que l'émiettement des forces répu-
caines rend inutiles.
Cependant le temps passe; les charges des
contribuables s'aggravent ; la question budgé-
taire s'obscurcit ; les réformes restent à l'état de
discours, et les adversaires de la République
exploitent contre elle le mal dont ils sont la
cause principale.
Notre groupe, au milieu de cette confusion, a
eu le mérite de serrer ses rangs autour du vieux
programme radical ; aussi le suffrage universel,
qui veut des choses précises, nous a-t-il envoyé
de précieuses recrues à chacune de ses manifes-
tations.
En échange de la sympathie éclatante qu'il nous
a manifestée, il attend de nous une action prompte
et pratique.
Vous l'avez compris, mes chers collègues, quand
vous avez décidé de mettre en œuvre notre pro-
gramme, de le faire sortir des formules pour en-
trer dans les faits.
La création de notre commission de vingt-deux
membres, chargée de préparer les réformes, voilà
le moyen. La subdivision du travail entre des
sous-commissions spéciales, voilà la méthode.
Du groupement commun viendra la force ;
c'est à ce point que nous en sommes.
Le but est considérable, mais peut être atteiftt
si, respectueux de nos traditions, nous ne nous
laissons distraire ni par des ambitions mesquines
ni par les cornpétitioiis, de personnes, non plus
qu'entrainer par les théories systématiques.
Travaillons, voilà le mot d'ordre. Travailons
pour le bien public. On viendra à nous par la
force des choses et de la vérité. Comme je vous
l'ai dit, la tâche est lourde pour votre président,
et je me sens quelques scrupules de l'avoir ac-
ceptée.
Mais je me rassure en songeant que vous l'avez
confiée surtout à ma bonne volonté ; jamais elle
ne vous fera défaut : de mon côté, je compte sur
le concours de tous dans une mutuelle confiance
et, si j'ose m'exprimer ainsi, dans une mutuelle
affection.
*
* *
Le rapport supplémentaire de M. Bizarelli,
présenté au nom de la commission du budget,
relatif aux câbles des Antilles et de la Guyane,
a été distribué à la Chambre.
On se rappelle que le i2 février, la Cham-
bre renvoya le projet à l'examen de la com-
mission du budget ; diverses modifications de
détail ont été apportées au projet primitif et
certaines dispositions ont été amendées.
La commission du budget propose d'ap-
prouver la convention passée par le ministre
des postes et télégraphes avec la Compagnie
transatlantique des Antilles.
*
* *
M. Cuneo d'Ornano, député de la Charente,
a prévenu M. le président du conseil et M. le
garde des sceaux qu'il se proposait d'inter-
peller le gouvernement sur la manière dont
la justice est rendue en Corse et sur les inci-
dents que la condamnation de M. Léandri a
provoqués.
Il est probable que cette interpellation
viendra à la tribune avant la fin du débat
sur la question des céréales.
LE MÉTROPOLITAIN
La commission des chemins de fer s'est
réunie, ce matin, sous la présidence de M.
Cochery. Le rapporteur, M. Pradon, a fait
observer que le projet de loi qui sert de con-
clusion à son rapport était le résultat de dé-
libérations successives de la commission, et
que les résolutions prises après de longues
discussions avaient été acceptées par le mi-
nistre des travaux publics et le concession-
raire ; enfin, que le principe de l'adjudica-
tion, admis un moment par la majorité de la
commission, n'avait été qu'une mesure de
garantie et de précaution devenue inutile,
aujourd'hui qu'un accord avec le conces-
sionnaire est intervenu.
Dans ces conditions, M. Pradon demande à
la commission de sanctionner, par un vote
d'ensemble, les dispositions qu'il avait adop-
tées une à une.
Une discussion s'est engagée alors, à laquelle
ont pris part MM. Guyot-Dessaigne, Bousquet,
Dreyfus, Duché, etc.
Puis, la commission a intégralement adopté
les conclusions du rapport de M. Pradon.
Voici le texte du projet relatif au Métropo-
politain, qui a été adopté par la commission
des chemins de fer :
Article premier. — Est déclaré d'utilité publi-
que, à titre d'intérêt général, J'établissement des
chemins de fer désignés ci-après, destinés à faire
partie du réseau métropolitain de Paris, sa-
voir :
1° Une ligne circulaire, partant de la place de
l'Etoile et y revenant, en passant par ou près la
place Clichy, la gare du Nord, les places de Stras-
bourg, de la République et de la Bastille, la place
Mazas, le boulevard de l'Hôpital, la place d'Ita-
lie, les boulevards d'Italie et Saint-Jacques, la
place Denfert-Rochereau, la place de Rennes, le
boulevard de Grenelle et le Trocadéro ;
- 2° Une ligne se détachant de la précédente, par
un double raccordement, près la place de stras-
bourg, passant par les boulevards de Strasbourg
et de Sébastopol, près l'Hôtel-de-Ville, par le
boulevard Saint-Michel, par ou près le square
Cluny, la place Saint-Sulpice, la gare Montpar-
nasse, et aboutissant à la place Denfert-Roche-
reau, après un double raccordement avec la ligne
circulaire sus-définie ;
3° Une ligne de la gare Saint-Lazare à la ligne
circulaire, près la gare du Nord, en passant par
ou près le carrefour Drouot :
40 Une ligne des Batignolles à la place de la Ré-
publique, passant par ou près la place de l'Opéra,
la rue du 4-Septembre, la place de la Bourse, la
rue Réaumur et la rue de Turbigo, avec double
raccordement, à ses deux extrémités, sur la ligne
1 circulaire ;
Et 5" Une ligne de la place de l'Etoile à la porte
Prix du numéro: Paris et départements : 15 centimes
Mardi 1" mars t887
L¥'E 13 XWITTX fTE SflTIEVlCinLïï E"P
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REDACTION
9adresser au Secrétaire de la Rédaction
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AVIS
MM. les Souscripteurs dont l'abonne-
ment expire le 15 mars sont priés
de le renouveler, s'ils ne veulent pas
éprouver de retard dans la réception du
journal.
BULLETIN
La Chambre a continué, dans la séance
d'hier, la discussion du projet de loi sur
les céréales. M. Duché, député de la Loire,
a combattu la surtaxe, qui constituerait
une nouvelle aggravation des charges bud-
gétaires ; or, la Chambre s'est prononcée
avec énergie pour la formule ni « emprunt,
ni impôts ». D'après M. Duché, d'ailleurs,
l'agriculture subit la crise comme toutes
les industries, ni plus ni moins.
Dans le département de Maine-et-Loire,
on professe sur les souffrances de l'agri-
culture une opinion absolument opposée.
M. Fairé, député de ce département et qui
appartient au parti conservateur, prend le
contre-pied des affirmations de M. Duché
et s'applique à prouver que le vote de la
surtaxe n'aura pas d'effet sur le renché-
rissement du pain. Il a cité des chiffres
curieux à ce propos ; il en résulte qu'après
l'établissement du droit de trois francs, le
pain, qui était à quarante centimes, est
descendu à trente-trois centimes.
On disputera longtemps encore sur ce
thème inépuisable; mais les Ions dis-
eours ne changeront rien au :résultat
final; les opinions sont faites. On est pro-
tectionniste à Angers, on ne l'est pas à
Saint-Etienne. Voilà simplement ce que
prouve le débat d'hier, celui de demain ne
prouvera rien de plus, il n'y aura de
changé que les noms des orateurs et des
départements.
La crise continue en Italie. La situation
n'a pas changé depuis hier. Nous en som-
mes réduits à de simples conjectures ou à
des informations qui n'ont que peu de
consistance. Le bruit a couru que M. Bian-
cheri, président de la Chambre, avait été
chargé de former un cabinet d'affaires.
Jusqu'à présent, cette nouvelle n'est pas
confirmée. Si M. Biancheri a été appelé par
le roi, ce n'est encore qu'à titre officieux
et consultatif.
D'après une dépêche de Rome adressée
au Temps, M. Saracco aurait déclaré être
prêt à prendre le pouvoir et être assuré
du concours de M. Depretis. Dans cette
combinaison, M. de Robilant conserverait
le portefeuille des affaires étrangères. Rien
n'indique, au surplus, que le roi Humbert
soit disposé à faire appel au bon vouloir
de M. Saracco.
Le seul fait qui soit certain, c'est que la
cour, favorable à la politique de M. de Ro-
bilant, avait exercé une forte pression
dans ce sens auprès du roi ; qu'en effet,
M. de Robilant avait accepté le mandat de
constituer un cabinet, mais qu'il a dû le
résigner devant le refus formel du roi
d'accéder à une demande de dissolution,
qui était la condition sine qua non de l'en-
trée aux affaires de M. de Robilant.
Le roi n'a pas voulu souscrire à cette
condition ; il a jugé avec sagesse que le
moment était mal choisi pour procéder à
un renouvellement de la Chambre, dont la
nomination est toute récente ; dans les
circonstances présentes, créer une agita-
tion électorale n'était pas sans danger, et
le résultat final pouvait n'être pas celui
qu'eût désiré M. de Robilant et avec lui
le parti favorable à l'alliance austro-alle-
mande. Car, ce qui domine la situation
parlementaire en Italie paraît être la ques-
tion extérieure. On sait que le traité d'al-
liance avec les deux empires du centre ex-
pire dans le courant du mois. Faut-il le re-
nouveler ? Faut-il le dénoncer? M. de Robi-
lant a été précisément l'agent de cette al-
liance ; il tient naturellement à continuer
cette politique; il en fait l'article essentiel
de son programme de gouvernement;
mais, outre qu'il n'a pas de majorité à la
Chambre, il n'est pas certain d'en trouver
une en provoquant une dissolution. Le
pays, pris dans son ensemble, répugne à
l'alliance allemande ; ses sympathies le
porteraient plutôt vers la France, avec qui
Il a tant d'affinités de toute sorte.
M. Cairoli personnifierait cette politique
francophile ; mais, contrairement à des in-
formations récentes, M. Cairoli n'a pas été
mandé par le roi, qui reste dominé par la
pensée de maintenir l'Italie dans une al-
liance étroite avec l'Allemagne. En somme,
la situation ministérielle est celle-ci : M.
de Robilant est impossible pour des rai-
sons d'ordre parlementaire; M. Cairoli
paraît être tout aussi impossible pour
d'autres raisons. Il n'y a de possible qu'un
ministère d'affaires qui ne durera pas
longtemps, ou un cabinet présidé par M.
Depretis, qui aurait plus que jamais le
caractère d'un ministère de conciliation,
formé de membres de la Droite et de la
Gauche modérée, et qui serait aussi ger-
manophile que le ministère Robilant et
aussi gallophile que le ministère Cairoli.
Louis HENllIQUE.
—————-———— —————————
INFORMATIONS PARTICULIÈRES
Elections législatives
Aveyron
MM. Rodât, républicain. 55.350 Elu
Soubrié, socialiste. 1 151
Il s'agissait de remplacer M. Roques, réac-
tionnaire, décédé.
Basses-Pyrénées
Inscrits, 105,440. — Votants, 80,850
Ont obtenu :
MM. Vignancour, républ. 46.187 Elu
De Joantho, monarch. 34.045
Il s'agissait de remplacer M. Destandau,
bonapartiste, décédé.
Elections au conseil général
Dans le canton de Luçon (Vendée), M.
Desbayes, républicain,$été élu conseiller
général.
M. G. Daizet, républicain, a également été
élu conseiller général pour le canton de Lan-
nemazan (Hautes-Pyrénées).
QUESTIONS DU JOUR
Le suffrage universel
Nos prévisions d'hier sur les élections
du 27 février ont été dépassées : M. Vi-
gnancour a été élu à douze mille voix de
majorité dans les Basses-Pyrénées;
M. Rodât, dans l'Aveyron, n'a trouvé
contre lui qu'un candidat socialiste, sur
le nom duquel se sont réunies mille voix
à peine, tandis que cinquante-cinq mille
bulletins au nom du candidat républi-
cain tombaient dans les urnes. Et ce
sont là des sièges que la réaction nous
avait enlevés, des sièges reconquis!.
Après ces deux élections législatives,
qui, en attendant le prochain succès de
M. Ribot, s'ajoutent à l'heureuse série
de ces derniers mois, il faut noter aussi
huit élections départementales où les
candidats républicains ont emporté six
sièges. Cinq conseillers généraux répu-
blicains ont été élus à Denain et à Rou-
baix, dans le Nord, à Beaurepaire, dans
Saône-et-Loire, à Lannemazan, dans les
Hautes-Pvrénées, à Luçon, dans la Ven-
dée, et un conseiller d'arrondissement
républicain à Dinan, dans les Côtes-du-
Nord. Des deux monarchistes nommés,
le premier s'est présenté seul dans le
canton de Cuiseaux (Saône-et-Loire) ;
l'autre, dans le canton de Cléguérec, en
plein Morbihan, a été suivi de très près
par un concurrent républicain.
Il y a plaisir à voir ainsi renaître des
majorités dans des départements où la
République les avait perdues aux élec-
tions générales de 1885. C'est en même
temps le juste salaire de l'opposition
monarchique, qui n'a pas eu honte d'ac-
tiver le désordre parlementaire autant
qu'il a dépendu d'elle, présumant que
les soubresauts de la politique ne man-
queraient pas d'inquiéter et de mécon-
tenter les électeurs. Or, la Droite, avec
cette tactique odieuse, n'a réussi qu'à
perdre le peu de considération qui lui
restait. Et nombre d'électeurs, qui
avaient boudé la Chambre sortante aux
élections de 1885, mais qui ont pu juger
bientôt des résultats de cette bouderie,
n'ont pas tardé à prendre le seul parti
qu'il y eût à prendre, c'est-à-dire à té-
moigner en toute occasion qui s'offre
leur attachement à la République.
A mesure que de nouveaux scrutins
partiels sont ouverts, cette résolution
s'accentue. Si l'on a critiqué et blâmé
la Chambre, ce n'est qu'une raison de
plus pour la renforcer d'autant de bons
républicains que l'on pourra. Que doit-
on souhaiter et attendre de l'avenir, si
ce n'est le développement des institu-
tions républicaines, dans ce qu'elles ont
de meilleur, et l'adaptation progressive
de notre législation à nos besoins et à
nos mœurs. C'est que l'amour vrai de
la liberté, — chose nouvelle 1 —a eu
le temps, enfin, de s'implanter au cœur
du pays. Voilà ce qu'ont produit, mal-
gré bien des orages, nos seize années
de République. Aux députés républi-
cains désormais, de s'entendre en aussi
grand nombre qu'ils le pourront, pour
répondre à l'appel du suffrage universel
et suivre la route qu'il ne cesse pas de,
leur tracer 1
EUG. LIÉBERT.
40 ■■ .i
La République française estime que
les votes de la Chambre et du Sénat
dans l'affaire du budget établisssent une
jurisprudence sur les droits des deux
Chambres en matière financière, et que
cette jurisprudence est conforme à la
doctrine de Gambetta. En vertu de cette
doctrine, les pouvoirs des deux Cham-
bres sont égaux sur les dispositions lé-
gislatives d'un caractère permanent ins-
crites dans la loi de finances. Mais la
Chambre a un droit supérieur à celui du
Sénat en ce qui concerne les ouvertures
de crédits. Une fois que le Sénat a ré-
tabli un crédit, il a épuisé son droit,
et la Chambre doit avoir le dernier mot,
soit qu'elle accepte le rétablissement de
crédit ou qu'elle le rejette.
Pour démontrer que la discussion du
budget de 1887 justifie cette théorie, la
République française s'empare de deux
faits et elle dit :
« C'est parce que le Sénat a un pou-
voir égal à celui de la Chambre sur les
dispositions législatives insérées dans
les lois de finances, que la Chambre des
députés a ratifié, samedi, le vote séna-
torial qui rétablissait le crédit intégral
des sous-préfets.
» C'est parce que le Sénat n'a Doint
de force propre en matière d'ouverture
de crédit qu'il a ratifié, dimanche, le
vote de la Chambre qui réduisait le cré-
dit pour le personnel de l'administra-
tion centrale du ministère des finan-
ces. »
Il est fâcheux que la République ait
négligé de nous dire par quel article de
la loi de finances la Chambre avait ré-
glé la question des sous-préfets. Cet
article ne nous est pas connu. Nous ne
connaissons que le chapitre 3 du minis-
tère de l'intérieur, intitulé « Traitement
et indemnités des fonctionnaires admi-
nistratifs des départements », et c'est
le crédit de ce chapitre que la Chambre
avait réduit de la somme de 1,435,000
francs, représentant l'intégralité du
traitement des sous-préfets. Le cas était
donc absolument identique à l'autre
exemple invoqué par la République.
D'une part comme de l'autre, il s'agis-
sait d'un simple rétablissement de cré-
dit. La jurisprudence est donc moins
bien établie crue notre confrère ne se
l'imagine. Elle ne l'est même pas du
tout, puisque, à propos précisément
du rétablissement par le Sénat du cré-
dit intégral de 4,435,000 fr., M. Goblet
a pris soin de dire que le procédé n'é-
tait pas absolument régulier.
Après la discussion du budget de
1887, comme avant, la question des
droits des deux Chambres reste ma-
tière à controverses ; elle ne peut être
résolue que par l'accord des pouvoirs
publics et par le désir dont ils sont ani-
més d'éviter les conflits. Cette solution
n'est peut-être pas la pire de toutes,.
puisque, depuis dix ans que la question
est posée et que chaque année on nous
menace d'un conflit imminent, il ne
s'est jamais élevé de conflit et que
l'affaire s'est toujours terminée par des
concessions réciproques.
M. Cuneo d'Ornano, député bonapar-
tiste de la Charente, a prévenu M. le mi-
nistre de l'intérieur qu'il lui adresserait
une question au sujet des affaires de
Corse. -
De quoi s'agit-il ? De peu de chose, en
réalité. Nous avons rapporté l'incident
qui s'est produit, il y a moins de quinze
jours, à Bastia. Le directeur d'un journal
bonapartiste, M. Léandri, à la suite d'une
condamnation à deux mois de prison et à
une forte amende pour diffamation envers
un magistrat du tribunal de Sartène, avait
été invité par les actionnaires de son jour-
nal à céder la place à un rédacteur moins
compromettant.
M. Léandri quitta Bastia en lançant un
appel aux armes, et prit la « campagne »,
selon le mot du pays, pour se soustraire
aux conséquences de la condamnation
qu'il avait encourue. C'est alors qu'on ap-
prit à Paris, par une dépêche savamment
composée, d'abord, que M. Léandri avait
entraîné à sa suite quatre cents partisans
déterminés ; puis, que des coups de revol-
ver avaient été tirés sur les murs du tri-
bunal de Sartène, celui-là même qui avait
condamné M. Léandri ; enfin, que la Corse
était à la veille de graves événements.
La presse s'empara de cette dépêche
sans en vérifier l'exactitude, et la com-
menta en termes indignés. Devant les
protestations unanimes des journaux de
Bastia, il fallut en rabattre. M. Léandri
était parti tout seul à travers les makis ;
ses amis l'avaient accompagné seulement
de leurs vœux..On parla d'autre chose.
Mais le silence ne faisait pas l'affaire de
M. Léandri. Il savait que ses amis avaient
circonvenu M. Cuneo d'Ornano et l'avaient
décidé à porter les faits à la tribune de la
Chambre sous forme de question à M. le
ministre de l'intérieur. L'intervention du
député de la Charente était annoncée par
une note du Pays, dès mercredi dernier.
Il fallait fournir à l'interpellateur matière
à des développements oratoires.
Coïncidence pour le moins singulière,
la veille même du jour où l'on se croyait
certain que M. Cuneo d'Ornano prendrait
la parole, deux dépêches alarmantes ar-
rivaient de Bastia et d'Ajaecio. M. Léan-
dri, disaient ces dépêches, marchait sur
Sartène, à la tête de soixante-dix partisans
(de quatre cents c'est tout ce qui lui reste);
toute la gendarmerie était sur pied, et
deux compagnies d'infanterie avaient été
mandées en hâte à Sartène pour don-
ner la chasse à l'armée de M. Léandri.
Comme mise en scène, voilà qui n'est pas
mal, et M. Cuneo d'Ornano avait des effets
de tribune assurés.
M. le ministre de l'intérieur a demandé
quelque répit pour répondre à la question
que, visiblement, les amis de M. Léandri
veulent transformer en une interpellation.
Il reste à prouver que le récit terrifiant
que nous ont apporté les dernières dépê-
ches de Bastia est plus authentique que
les premières informations dont la fausseté
est démontrée.
M. le ministre de l'intérieur a sagement
fait d'ajourner ce débat. Il est à croire que
les renseignements officiels réduiront à de
justes proportions l'équipée des soixante-
dix bandits de M. Léandri, si tant est
qu'ils soient soixante-dix.
Il est prudent de ne pas prendre au tra-
gique un incident qui n'est rien moins
qu exact, et de tenirpour suspects des ren-
seignements émanant d'une source dou-
teuse.
L. H.
CHRONIQUE
Après les récits affolés des premiers
jours, on commence à avoir des rela-
tions plus calmes des tremblements de
terre du Midi, où se mêle un peu de
psychologie. Si les faits brutaux étaient
intéressants à connaître dans leurs dé-
tails, il semble que les sentiments des
victimes de ces terribles secousses ne
soient pas moins curieux à étudier. Le
tremblement de terre est un fléau si ex-
traordinaire en France que, — après
la pitié et l'émotion que nous avons
tous éprouvées à la lecture des dépê-
ches, — les sensations des témoins ont
une saveur de nouveauté, pour ainsi
dire littéraire.
Déjà M. Guy de Maupassant, qui se
trouvait à Antibes, a raconté ses im-
pressions en artiste, insistant sur la
stupeur que cause le phénomène contre
lequel il n'y a rien à tenter : « Ce n'est
point la peur, comme dans les accidents,
mais la sensation aiguë de l'impuissance
humaine et de l'instabilité. Contre la
guerre, il y a la force; contre la tem-
pête, il y a l'adresse; contre la maladie,
il y a le remède et le médecin : contre le
tremblement de terre, il n'y a rien, et
cette certitude entre en nous bien plus
par le fait lui-même que par le raison-
nement. »
Cette « phsychologie » du tremble-
ment de terre, qui se dégagera peut-être
des récents événements, en raison de
la ville peuplée d'écrivains et de gens
affinés où la catastrophe s'est produite,
elle est à faire. Je me suis plu à cher-
cher, dans les récits des bouleverse-
me.nts"analogues, des détails « humains »,
et j'ai été frappé de n'en trouver pour
ainsi dire pas. Est-ce donc que cette
révolution terrestre, dans sa rapidité
effrayante, paralyse la pensée? Ne peut-
on plus fixer, après l'accident, tant le
trouble a été grand, les phases morales
par lesquelles on a passé? Les narra-
tions pittoresques abondent, retraçant
les ravages du fléau, les scènes d'hor-
reur auxquelles il a donné lieu. Je ne
connais guère rien, par exemple, de
plus tragique que ce passage de l'his-
toire qu'a donnée un professeur italien,
M. Bottini, de la catastrophe d'Ischia.
Il avait conduit son enfant au théâtre,
où l'on jouait une farce en dialecte na-
politain, mettant en scène les aventures
de Polichinelle.
Dans son rôle, Polichinelle brisait, par
maladresse, quelques objets :
— O poverettome, s'écriait-il, chedis-
gazia.
Tout à coup, dans le même dialecte,
il hurla, blême de terreur sous son
rouge :
U'terremoto ITterremoto !
La foule crut à un jeu de scène par-
ticulièrement bien rendu. Mais elle
n'eut pas le temps d'applaudir. C'était
un cri d'alarme qu'avait jeté le comé-
dien. Une seconde après, le théâtre s'é-
croulait, et, dans l'obscurité, on n'en-
tendait plus que des clameurs d'épou-
vante et des gémissements. M. Bottini
demeura toute la nuit au milieu des
décombres, tenant son fils dans ses
bras, n'osant bouger, se cramponnant à
ce qu'il avait sous la main pendant les
nouvelles secousses. A l'aube, après
cette effroyable nuit, le premier cadavre
qu'il apercevait était celui de l'acteur,
tout sanglant dans son costume de
bouffon.
Voilà, certes, un des plus poignants
spectacles auxquels un homme puisse
assister. Cependant, M. Bottini n'a rien
dit, ou presque rien, de ses sensations
propres. Il s'est borné à un tableau
émouvant de l'aspect extérieur du
drame. Comment n'a-t-il pas compris
que le drame humain l'emportait encore,
en angoissant intérêt, sur des récits pu-
rement descriptifs ?
M. Cermoise, qui a résumé les notes
d'un ingénieur à Panama, est peut-être
le seul à avoir esquissé, mais trop rapi-
dement, la peinture des sentiments d'un
homme surpris par la brusque horreur
d'un tremblement de terre. Son ingé-
nieur raconte que, arrivé depuis quel-
ques jours à peine, l'idée d'une catas-
trophe générale fut la dernière qui se
présenta à son esprit. En sentànt oscil-
ler le hamac dans lequel il était couché,
il crut d'abord à un cauchemar persis-
tant. Mais des chutes violentes de plâ-
tras, tombant sur sa tête, le réveillèrent
tout à fait, et il eut, alors, un moment
d'extraordinaire hébétement, en voyant
« la vie que semblaient prendre les
choses inanimées ». Ce fut surtout cela
qui le frappa, il ne comprenait point
comment les murs perdaient leur aplomb,
le reprenaient; comment les marches de
l'escalier de sa maison craquaient, se
soulevaient, criaient; comment une cor-
niche, qu'il fixait d'instinet, se trouvait
descendre du plafond jusqu'à portée de
sa main. Il y eut, pendant une minute,
dans son cerveau, un indéfinissable
tohu-bohu d'idées chimériques pour
trouver une explication à cette vision
fantastique. Il lui semblait, en même
temps, que son corps fit devenu extrê-
mement pesant, et il sentait sur ses
épaules le poids de sa tête. Il eut sé-
rieusement, une seconde, bien qu'il fût
assez sceptique, la pensée que c'était la
fin du monde. Il n'avait entendu aucun
bruit, au commencement ; dans son
désarroi, le sens de l'ouïe paraissait lui
avoir fait défaut, puis, tout à coup, il
perçut, avec une acuité singulière, des
cris, des plaintes, des sanglots, des
appels désespérés. Une fois encore, il
se demanda s'il rêvait, et, avec cette in-
tensité de souvenirs qu'on a en de cer-
tains moments critiques, il repassa sa
soirée de la veille et se demanda si, par
hasard, il n'avait pas bu démesurément.
Ce fut ce rapide examen de conscience
qui le conduisit à comprendre ce qui se
passait réellement. Il était sûr d'avoir
tout son sang-froid : par conséquent,
quelque chose d'anormal venait d'arriver.
Puis, les pensées proprement dites,
une fois qu'il eut trouvé la cause exaete
de sa terreur, s'éteignirent devant la
nécessité de trouver les moyens de se
soustraire au péril. Dès lors, il ne son-
gea plus qu'à s'échapper de la muraille
qui se fermait autour de lui ; il ne vit
plus rien, il n'entenditplus rien ; il n'eut
que l'idée fixe de gagner un balcon et
de sauter dans la rue.
Voilà, du moins, une note person-
nelle, un essai de description psycho-
logique ; mais ce sont quelques lignes
seulement, quand nous eussions souhai-
té un véritable document.
Nous donnera-t-on plus, cette fois, à
propos des secousses de Nice ? Comme
il faut qu'un élément plaisant se mêle
à toutes choses, les sensations les
moins curieuses ne seraient peut-être
pas celles d'une altesse royale qui, à ce
qu'on raconte, refusa obstinément de
se lever et de fuir, continua son somme
malgré toutes les prières et les objur-
gations, et, à son réveil, — très tard
dans la matinée, — aperçut avec stupé-
faction les maisons situées en face de
son hôtel à demi-écroulées, et la foule
campée dans la rue, sous des abris im-
provisés.
PAUL GINISTY.
LE PARLEMENT
SÉANCE DE LA CHAMBRE
Au début de la séance, M. Floquet fait part
à la Chambre de la mort de M. Cantagrel,
décédé dimanche matin, et prononce l'éloge
du regretté député de la Seine :
Messieurs,
J'ai encore le devoir de vous annoncer la mort
d'un de nos collègues, Cantagrel, qui vient de
succomber à une longue et douloureuse maladie.
Cantagrel appartenait à cette forte génération,
née des contemporains mêmes de la Révolution
française, qui avait pu recevoir toutes vivantes
les ineffaçables impressions des hommes qui la
firent. (Très bien ! très bien ! à gauche.)
Dès sa première jeunesse, Cantagrel se rangea
parmi ceux qui gardèrent avec un pieux enthou-
siasme le souvenir de cette grande révolution
humaine, et jusqu'à sa mort, il est resté l'un des
plus fermes parmi ceux qui en veulent le plus
largement réaliser les espérances. (Très bien ! très
bien ! à gauche.)
Toute sa vie fut consacrée à cette pensée, et
cette vie a été laborieuse..
Dans la presse, il fut un des précurseurs qui,
au delà des horizons bornés du régime censi-
taire, signalèrent les questions sociales que le
suffrage universel devait mettre en pleine lu-
mière. (Nouvelle approbation à gauche.)
Dans les Assemblées, où il ne parut qu un mo-
ment, en 1849, et où il siégeait depuis dix-huit
ans sous la République définitive, il travailla
avec une sollicitude persévérante et une grande
compétence aux plus hautes questions d'affai-
res. Cantagrel, en effet, était un des plus fervents
adeptes de la science appliquée à l'économie so-
ciale ; (Très bien ! très bien ! à gauche.) on lui
reprochait même quelquefois d'avoir jadis côtoyé
l'utopie. La vérité, c'est qu'il savait que tous les
problèmes, dans le monde, ne peuvent se résou-
dre par des chiffres, par des statistiques (Très
bien ! très bien !), que le sentiment, la passion,
l'idée, conservent encore leur puissance dans
l'humanité. (Vifs applaudissements à gauche.)
Cet homme de science exacte et rte froid calcul
était une conscience passionnée pour la justice.
(Nouveaux applaudissements.)
Nous, mes chers collègues, qui, longtemps avant
d'être appelé à la vie politique, connaissions le
nom de Cantagrel comme celui d'un des plus no-
tables serviteurs de la démocratie, nous qui,
dans le conseil municipal élu en 1871, avons tra-
vaillé avec lui à la fondation de la liberté muni-
cipale et au rétablissement de l'ordre adminis-
tratif dans Paris, nous qui, dans les assemblées
politiques, avons traversé les mêmes fortunes et
collaboré à l'œuvre républicaine, nous avons sans
doute le droit d'adresser un hommage plus fra-
ternel à la mémoire de celui qui fut notre vieux
compagnon de lutte et de travail. (Nouveaux ap-
plaudissements à gauche).
Mais si la fidélité aux convictiens, si le désin-
téressement, que dis-je? si l'esprit de dévouement
poussé jusqu'aux derniers sacrifices, si la plus
franche courtoisie dans les rapports personnels
doivent, comme je n'en doute pas, désarmer
même la partialité politique, tous les membres
de cette Assemblée voudront, dans leur cœur,
s'associer aux regrets que nous inspire la perte
de notre vénéré collègue.
La Chambre s'associe tout entière aux pa-
roles émues de son président et il est procédé
au tirage au sort de la délégation qui devra
assister aux obsèques de M. Cantagrel.
*
* *
M. Fonbelle dépose son rapport, au nom de
la commission d'initiative, tendant à la non-
prise en considération de la proposition de
MM. Antide Boyer et Frédéric Passy relative
au désarmement général et à l'arbitrage in-
ternational.
La Chambre adopte les conclusions du rap-
porteur et rejette la prise en considération.
«
* *
L'ordre du jour appelle la discussion du
projet de loi relatif aux crédits supplémen-
taires et extraordinaires pour les exercices
1885 et 1886.
Après une discussion engagée entre MM.Fou-
quet, d'Aillières, le ministre des finances et
Jules Roche, le projet est adopté par 294 voix
contre i.
*
* *
Puis la Chambre revient à la loi sur les
céréales. M. Duché estime que le projet de
loi a un caractère fiscal, puisque le Trésor
encaissera le montant des droits perçus à la
frontière ; mais l'effet principal de la loi sera
d'augmenter le prix de vente du blé pour
assurer un bénéfice à l'agriculture.
L'orateur ne croit pas que la concurrence
des blés américains et de l'Inde, « dont on
fait un épouvantail M, doive inonder le mar-
ché. En Amérique, comme dans l'Inde, la
culture de blé va en diminuant. D'on autre
côté, « il est inexact qu'on ait abandonné la
culture du blé en France. L'année 1885 pré-
sente une culture supérieure à la moyenne
des dix dernières années. Cela ne justifie pas
le relèvement des droits ».
Avant de mettre un droit, il convient de re-
chercher quelle est la part qui revient au dé-
tenteur du sol et celle qui revient à l'agricul-
ture. Le propriétaire peut supporter sa part
dans la baisse actuelle, comme il a eu sa
part dans les hausses antérieures. M. Duché
estime que l'Etat n'a pas à intervenir pour
conserver aux détenteurs du sol la situation
qu'ils avaient en 1879, et cela, en imposant à
tous les citoyens une augmentation du prix
du pain.
M. Duché conclut que la situation de l'agri-
culture n'est pas aussi alarmante qu'on veut
bien le dire. Augmenter de 2 francs le droit
actuel de 3 francs, c'est créer une situation
dangereuse ; ce serait engager l'avenir, car
il serait difficile de revenir sur cette mesure.
« Le pire impôt, termine l'orateur, est celui
qu'on demande à une partie de la popula-
tion pour l'attribuer à l'autre. La démocratie,
qui veut la justice, ne saurait consacrer de
tels privilèges. » (Applaudissements à gau-
che.)
M. Fairé fait un tableau des variations que,
de 1866 à .1885, les prix du blé ont subie. En
1886, le quintal est tombé à 21 fr. 70. Si le
droit n'est pas relevé, l'agriculteur, qui a déjà
fait de grands sacrifices, ne peut aller plus
loin. Il n'aura plus alors qu'à abandonner la
culture des céréales. Les conséquences de cet
abandon seraient désastreuses.
Il faut donc un remède et un remède Immé-
diat. Il n'y a qu'une taxe qui puisse avoir un
effet actuel. En 1885, le droit de 3 francs em-
pêcha la ruine totale de l'agriculture et ne fit
de mal à personne. Ce droit n'est plus suffi-
sant ; 11 est urgent de le porter à 5 francs.
« Et quel est le député, ajoute M. Fairé,
parmi les plus libre-échangistes, qui n'ait
pas demandé la protection pour quelque in-
dustrie de sa région ? Faites donc, pour l'agri-
culture française ce que vous avez cru juste
de faire pour un port ou pour une industrie
spéciale. » -
L'orateur conclut que le droit de 5 fr. est
suffisamment efficace. Ce droit, c'est l'intérêt
général du pays qui le réclame. On a tort de
voir dans cette question un intérêt électoral.
Les conservateurs en auraient n"1, si les ré-
publicains repoussaient le projet soumis aux
délibérations de la Chambre. Le rejet de la
loi serait pour eux une excellente plate-
forme électorale; mais avant tout, ils ne
s'inspirent que des intérêts supérieure de la
France.
La séance est levée à six heures qu.'nze
minutes.
Séance aujourd'hui à deux heures.
R. C.
COULISSES PARLRIENTAJRES
Les crédits supplémentaires. — La Gauche ra-
dicale. — Le câble des Antilles. — Une in-
terpellation.
M. Dauphin, ministre des finances, a dé-
claré dimanche matin, au Sénat, qu'il comp-
tait demander aux Chambres, par voie de
crédits supplémentaires, les sommes qui ont
été réduites par la Chambre sur les chapitres
du budget de 1887 relatifs au personnel et au
matériel de l'administration centrale du mi-
nistère des finances. Ces crédits s'élèvent, on
le sait, à 837,000 fr.
Le projet de loi portant ouverture de ces
crédits supplémentaires sera déposé sur le
bureau de la Chambre dans le courant de
cette semaine. L'on prévoit que la Chambre,
n'étant pas influencée, cette fois, par la ques-
tion de ses prérogatives financières, accueil-
lera favorablement la demande de ces crédits
que le gouvernement considère comme indis-
pensables.
*
* ■*
M. Julllev, en prenant possession de la pré-
sidence de la Gauche radicale, a prononcé
hier le discours suivant :
Mes chers collègues.
Vous m'avez fait l'honneur de me choisir pour
diriger vos travaux à un moment où la tâche
est, plus que jamais, difficile.
Après de grands efforts stériles, la Chambre,
bientôt parvenue à la moitié de son mandat,
semble chercher encore. Les bonnes volontés ne
lui font pas défaut, ni les talents, mais la mé-
thode et cet esprit d'union dont tout le monde
parle sans se rappeler assez qu'il ne peut êtro
fondé que sur des principes définis et un pro-
gramme certain.
Chacun, de bonne foi, veut des réformes et des
économies, mais se lançant au gré de son inspi-
ration particulière n'aboutit qu'à une manifesta-
tion plus ou moins heureuse de ses sentiments
personnels, que l'émiettement des forces répu-
caines rend inutiles.
Cependant le temps passe; les charges des
contribuables s'aggravent ; la question budgé-
taire s'obscurcit ; les réformes restent à l'état de
discours, et les adversaires de la République
exploitent contre elle le mal dont ils sont la
cause principale.
Notre groupe, au milieu de cette confusion, a
eu le mérite de serrer ses rangs autour du vieux
programme radical ; aussi le suffrage universel,
qui veut des choses précises, nous a-t-il envoyé
de précieuses recrues à chacune de ses manifes-
tations.
En échange de la sympathie éclatante qu'il nous
a manifestée, il attend de nous une action prompte
et pratique.
Vous l'avez compris, mes chers collègues, quand
vous avez décidé de mettre en œuvre notre pro-
gramme, de le faire sortir des formules pour en-
trer dans les faits.
La création de notre commission de vingt-deux
membres, chargée de préparer les réformes, voilà
le moyen. La subdivision du travail entre des
sous-commissions spéciales, voilà la méthode.
Du groupement commun viendra la force ;
c'est à ce point que nous en sommes.
Le but est considérable, mais peut être atteiftt
si, respectueux de nos traditions, nous ne nous
laissons distraire ni par des ambitions mesquines
ni par les cornpétitioiis, de personnes, non plus
qu'entrainer par les théories systématiques.
Travaillons, voilà le mot d'ordre. Travailons
pour le bien public. On viendra à nous par la
force des choses et de la vérité. Comme je vous
l'ai dit, la tâche est lourde pour votre président,
et je me sens quelques scrupules de l'avoir ac-
ceptée.
Mais je me rassure en songeant que vous l'avez
confiée surtout à ma bonne volonté ; jamais elle
ne vous fera défaut : de mon côté, je compte sur
le concours de tous dans une mutuelle confiance
et, si j'ose m'exprimer ainsi, dans une mutuelle
affection.
*
* *
Le rapport supplémentaire de M. Bizarelli,
présenté au nom de la commission du budget,
relatif aux câbles des Antilles et de la Guyane,
a été distribué à la Chambre.
On se rappelle que le i2 février, la Cham-
bre renvoya le projet à l'examen de la com-
mission du budget ; diverses modifications de
détail ont été apportées au projet primitif et
certaines dispositions ont été amendées.
La commission du budget propose d'ap-
prouver la convention passée par le ministre
des postes et télégraphes avec la Compagnie
transatlantique des Antilles.
*
* *
M. Cuneo d'Ornano, député de la Charente,
a prévenu M. le président du conseil et M. le
garde des sceaux qu'il se proposait d'inter-
peller le gouvernement sur la manière dont
la justice est rendue en Corse et sur les inci-
dents que la condamnation de M. Léandri a
provoqués.
Il est probable que cette interpellation
viendra à la tribune avant la fin du débat
sur la question des céréales.
LE MÉTROPOLITAIN
La commission des chemins de fer s'est
réunie, ce matin, sous la présidence de M.
Cochery. Le rapporteur, M. Pradon, a fait
observer que le projet de loi qui sert de con-
clusion à son rapport était le résultat de dé-
libérations successives de la commission, et
que les résolutions prises après de longues
discussions avaient été acceptées par le mi-
nistre des travaux publics et le concession-
raire ; enfin, que le principe de l'adjudica-
tion, admis un moment par la majorité de la
commission, n'avait été qu'une mesure de
garantie et de précaution devenue inutile,
aujourd'hui qu'un accord avec le conces-
sionnaire est intervenu.
Dans ces conditions, M. Pradon demande à
la commission de sanctionner, par un vote
d'ensemble, les dispositions qu'il avait adop-
tées une à une.
Une discussion s'est engagée alors, à laquelle
ont pris part MM. Guyot-Dessaigne, Bousquet,
Dreyfus, Duché, etc.
Puis, la commission a intégralement adopté
les conclusions du rapport de M. Pradon.
Voici le texte du projet relatif au Métropo-
politain, qui a été adopté par la commission
des chemins de fer :
Article premier. — Est déclaré d'utilité publi-
que, à titre d'intérêt général, J'établissement des
chemins de fer désignés ci-après, destinés à faire
partie du réseau métropolitain de Paris, sa-
voir :
1° Une ligne circulaire, partant de la place de
l'Etoile et y revenant, en passant par ou près la
place Clichy, la gare du Nord, les places de Stras-
bourg, de la République et de la Bastille, la place
Mazas, le boulevard de l'Hôpital, la place d'Ita-
lie, les boulevards d'Italie et Saint-Jacques, la
place Denfert-Rochereau, la place de Rennes, le
boulevard de Grenelle et le Trocadéro ;
- 2° Une ligne se détachant de la précédente, par
un double raccordement, près la place de stras-
bourg, passant par les boulevards de Strasbourg
et de Sébastopol, près l'Hôtel-de-Ville, par le
boulevard Saint-Michel, par ou près le square
Cluny, la place Saint-Sulpice, la gare Montpar-
nasse, et aboutissant à la place Denfert-Roche-
reau, après un double raccordement avec la ligne
circulaire sus-définie ;
3° Une ligne de la gare Saint-Lazare à la ligne
circulaire, près la gare du Nord, en passant par
ou près le carrefour Drouot :
40 Une ligne des Batignolles à la place de la Ré-
publique, passant par ou près la place de l'Opéra,
la rue du 4-Septembre, la place de la Bourse, la
rue Réaumur et la rue de Turbigo, avec double
raccordement, à ses deux extrémités, sur la ligne
1 circulaire ;
Et 5" Une ligne de la place de l'Etoile à la porte
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