Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1887-02-24
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 février 1887 24 février 1887
Description : 1887/02/24 (A18,N5522). 1887/02/24 (A18,N5522).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7559607r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/04/2013
Dix-Huitième anne - N* S521
Prix du numéro : Paris et départements : 15 centimes Jeudi 24 février 1887
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IJ LPim SIÈCLE
tel
* 4 JOURNAL RÉPUBLICAIN i'
REDACTION
Adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit }
le, rue GadLet, 16 j
Directeur politique : -f |
A.-EDOUARD PORTALIS
ABONNEMENTS t
DÉPARTEMENTS
Trois moi» -86 »»
Six mois 38 »»
Un an. 63 »»
PARIS
Trois mois. 4a ml
Six mois 25 »»
tin an. 50 »-
sugplément pr l'Étranger (Europe) 1 fr. par trimestre
Les aboimenits partent des 1er et 15 de cliaaue mois i
ADMINISTRATION '.,
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administraient
dLSr rue Cadet, ±3 :
y EN VENTE A LONDRES
r Et Abonnements pour l'Angleterre
Au bureau du XIXe Sièolo
76, Finsbury Pavement, E. C. u
{■ RÉGISSEURS D'ANN.
MM. LAGRANGE, CERF ET CF*
6, place de la Bourse, ô .;;it
BULLETIN
Le Sénat a adopté le budget du minis-
tère de l'intérieur, des postes et télé-
graphes, et une partie du budget de la
guerre. La question des sous-préfets a été
évoquée incidemment à propos du cha-
pitre 3. M. de Marcère avait déposé un
amendement tendant à l'augmentation du
crédit affecté au traitement du personnel
administratif. Cet amendement a été adopté
par 210 voix contre 36.
- La suppression du ministère des postes
et télégraphes a été demandée incidem-
ment par un membre de la Droite. Mais le
Sénat a pour doctrine que les services pu-
blics ne peuvent pas être modifiés par
voie budgétaire. Le principe a été pro-
clamé à diverses reprises au cours de la
séance dernière ; le Sépat s'y est conformé
en repoussant l'amendement de M. Halgan.
Les dépêches du Midi de la France
nous signalent un tremblement de terre
qui, dans la matinée d'hier, s'est fait sen-
tir dans la vallée du Rhône et sur les cô-
tes de Provence. Le mouvement s'est éten-
du jusqu'en Corse et en Italie, où de fortes
secousses ont été ressenties. La panique a
été vive dans toutes les villes du littoral ;
fort heureusement, on n'a eu que de ra-
res accidents à déplorer, sauf à Nice. J ¡
e On connaît, à l'heure actuelle, les résul-
tats de 352 élections en Allemagne. Les
partisans du septennat sont au nombre de
185 ; les antiseptennalistes ont obtenu 111
sièges. Les résultats de 45 élections sont
inconnus et il y a 56 ballottages. Les ap-
préciations des journaux allemands com-
mencent à nous parvenir ; il s'en faut que
l'impression soit favorable chez tous. Les
feuilles dévouées à la politique du chance-
lier ne dissimulent pas le dépit que leur
cause l'échec des candidats germanophi-
les en Alsace-Lorraine.
Les journaux indépendants ne craignent
pas d'envisager la situation parlementaire
telle qu'elle résulte des élections. Le pro-
jet sur le septennat sera certainement adop-
té; c'est l'opinion commune : il y a une
majorité pour le voter, par crainte plutôt
que par conviction. Mais ce qui se dégage
des scrutins de lundi dernier, c'est ce fait
évident : la disparition des partis intermé-
diaires entre les conservateurs et les so-
cialistes ; les progressistes sont vaincus,
quant à présent, et ne sont pas certains de
prendre une revanche au scrutin de ballot-
tage. Si les positions respectives des par-
tis ne se modifient pas, il faut s'attendre à
des luttes violentes dans le futur Reichs-
tag.
L'expérience en sera faite avant qu'il
soit longtemps, car on prête à M. de Bis-
marck l'intention de ne pas attendre les
élections complémentaires et convoquer
le Reischtag dès la fin du mois de février,
4 Une dépêche de Rome annonce que M.
Depretis a résigné le mandat de former
un cabinet. Il n'y a pas lieu d'être autre-
ment surpris de la résolution prise par cet
homme d'Etat. La tâche qu'il avait assu-
mée était particulièrement difficile, dans
les circonstances présentes. On comprend
aisément que M. Depretis ait échoué, mal-
gré son expérience parlementaire et son
habileté à manœuvrer à travers les compé-
titions des différents groupes hostiles qui
constituaient la majorité ministérielle.
Il est manifeste qu'il se produit en Italie
un revirement sur la politique extérieure:
L'échec de Massouah n'a été qu'un inci-
dent qui a servi de prétexte à la démission
de M. de Robilant et a provoqué la dislo-
cation totale du cabinet.
L'attitude nouvelle de l'Allemagne, l'in-
tervention dû pape dans les élections alle-
mandes n'ont pas manqué de porter om-
brage au gouvernement italien, qui com-
mence à se lasser de ne jouer qu'un rôle
effacé dans les conceptions politiques de
M. de Bismarck.
Il se pourrait que M. Depretis, qui a
été l'instrument de cette politique déce-
vante, ait compris que l'heure était venue
de s'affranchir de la tutelle onéreuse de
l'Allemagne. Ou bien, s'il ne l'a pas com-
pris, s'il est assez aveugle pour persister
dans la voie fausse où il a engagé l'Italie,
il se peut qu'il n'ait trouvé personne qui
voulût partager avec lui les responsabili-
tés du pouvoir dans de pareilles condi-
tions. ;
*"4 Louis HBNltIQUB.
INFORMATIONS P ARTICULIBRES f
- m
M. Le Myre de Vilers
Un journal du matin a annoncé que M. Le
Myre de Vilers, résident de France à Mada-
gascar, avait prévenu M. le ministre des af-
faires étrangères qu'il quitterait Tananarive
fin avril, pour venir passer en France le congé
qui lui a été accordé.
D'après nos renseignements particuliers,
aucune communication de ce genre n'a été
faite au ministère des affaires étrangères, et
il en résulte que, contrairement aux informa-
tions de notre confrère, l'époque à laquelle
M. le Myre de Vilers devra prendre son congé
n'est pas encore fixée. v ,
* L'affaire d'Obock r
L'agence Havas nous communique la note
suivante: » «•
« Aucune dépêche du commandant d'Obock
ne signale l'assassinat qui, d'après une cor-
respondance particulière, a été commis, il y
a environ trois semaines, par les DanakUs,
sur trois soldats français.
» Le gouvernement vient de télégraphier à
Obock pour avoir des renseignements. »
Nous sommes en mesure d'affirmer que le
fait est malheureusement exact ; nous pour-
rions même donner les noms des trois sol-
dats tués, si nous ne voulions laisser au mi-
nistre de la marine le soin de prévenir les fa-
milles. il'
Mouvement judiciaire
Le Journal officiel publie les nominations
ci-après dans la magistrature : ri JV »
Sont nommés : il
Juge suppléant au tribunal de première
instance de Nevers (Nièvre), M. Mlalaret (An-
dré-Joseph), avocat, en remplacement de M.
Gravelle, démissionnaire.
1 Juge suppléant au tribunal de première
instance d'Autun (Saône-et-Loire), M. George
- (Vivand-Marie. Joseph-Edouard), avocat, en
.;,., "',.t-.L.. :t, l <1.. W, it i
remplacement de M. Nectoux, qui a été nom-
mé juge.
Juge suppléant au tribunal de première
instance de Bressuire (Deux-Sèvres), M. Mil-
lory (Benjamin-Paul), avocat, en remplace-
ment de M. Giraud, qui a été considéré
comme démissionnaire (loi du 20 avril 1810,
art. 48).. 1 p-,,
: —
LES ÉLECTIONS AU REICHSTAG
Les résultats de 352 élections sont connus:
185 septennalistes ont été nommés; 70 ap par-
tiennent aux conservateurs, 21 au parti de
l'empire, 89 aux nationaux-libéraux, [3 au
Centre, 2 aux libéraux-allemands.
111 anti-septennalistes élus comprennent:
64 membres du Centre, 10 libéraux-allemands
(progressistes), 6 socialistes, 15 alsaciens,
14 polonais et 2 guelfes. Il y a en outre
56 ballottages. f' ----- i
f — n
Le Moniteur officiel de l'empire publie une
ordonnance impériale convoquant le Reichs-
tag pour le 3 mars. :.'
Le Reichstag sera ainsi convoqué avant le
scrutin de ballottage. La vérification des ré-
sultats du vote de lundi a montré que le
nombre des candidats définitivement élus est
suffisant pour constituer le quorum nécessaire
à la valididité des décisions du Parlement.
En hâtant la convocation du Reichstag, le
gouvernement allemand espère faire adopter
plus rapidement et par une plus grande ma-
jorité le septennat.
Les scrutins de ballottage amèneront, en
effet, un certain nombre de députés soit pro-
gressistes, soit socialistes, c'est-à-dire hos-
tiles au gouvernement.
Voici en quels termes la presse étran-
gère apprécie les résultats des élections
en Allemagne :
LA PRESSE ALLEMANDE
La Gazette de Francfort s'exprime comme
suit :
« Les amis de la liberté et du droit peuvent
marquer d'une croix noire le lundi, 21 février
1887; cette date leur rappellera une campagne
perdue.
»> Mais, malgré leur défaite, ils peuvent mar-
cher la tête haute, car l'honneur est sauf et
ils conservent les armes avec lesquelles ils
peuvent encore espérer remporter la vic-
toire. »
Le Tageblatt de Berlin (progressiste) dit : la
majorité populaire s'est prononcée contre
nous. Nous nous inclinons devant son ver-
dict, mais nous maintiendrons les principes
de notre parti.
La Gazette de Voss dit que les élections
prouvent simplement les progrès énormes
du socialisme.
Ce sont là, ajoute ce journal, les fruits qu'a
portés le système de M. de Puttkamer.
La Gazette nationale dit qu'à l'étranger on
reconnaîtra, sans doute, jusqu'à quel point
on s'est trompé, lorsqu'on a considéré le vote
du Rpichstag du 14 janvier comme l'expres-
sion de l'opinion publique en Allemagne.
D'après ce journal, non seulement le vote
du septennat est assuré, et l'on n'aura sans
doute même pas besoin pour cela des hom-
mes du Centre favorables au septennat; mais
la nation allemande, par les élections du 21
février, a encore déclaré à l'étranger qu'elle
ne partageait pas l'espérance des impatients,
qui comptent en être quittes au bout d'un ou
de trois ans avec les charges imposées par
les préparatifs de défense, mais qu'elle ne
marchanderait n'importe quels sacrifices iné-
vitables.
Elle a écarté la majorité Windthorst-Rich-
ter. La nouvelle majorité, composée de con-
servateurs et de nationaux-libéraux, dont
l'existence n'est pas douteuse, inaugurera
une nouvelle ère de développement pour
l'empire. Elle travaillera de concert à réparer
les fautes commises pendant les dix dernières
années.
Le Deutches Tageblatt apprécie ainsi les
élections en Alsace-Lorraine :
« Si le résultat d'ensemble des élections
allemandes n'était pas aussi satisfaisant, le
résultat des élections dans l'Alsace-Lorraine
ne manquerait pas de provoquer des consi-
dérations très sérieuses.
Vu la situation qui prédomine en France, le
Statthalter et le général commandant de la pro-
vince d'Alsace-Lorraine auront à songer aux
mesures de sûreté nécessaires, en face des
dispositions notoirement hostiles de la popu-
lation de ce pays. »>
Le Journal d'Alsace, qui avait soutenu,
contre M. Kablé, la candidature de M. Pétri,
commente ainsi les résultat des élections en
Alsace-Lorraine :
« L'esprit de ces élections est en contradic-
tion directe avec les vues exprimées dans le
grand discours prononcé à la Délégation d'Al-
sace-Lorraine par S. Exc. le secrétaire a'Etat,
dans le manifeste de S. A. le Statthalter et
dans les deux lettres que Mgr le coadjuteur de
l'évêché de Strasbourg a adressées au clergé
de diocèse.
» Mais 11 faut avouer qu'en Alsace-Lorraine
les élections ne pouvaient pas être engagées
sur une question plus malheureuse que celle
du septennat.
» Les campagnes n'ont absolument pas com-
pris ce que c'est que le septennat. Elles n'y
ont vu qu'une chose : un recrutement plus
considérable d'hommes et une augmentation
de dépenses, et à ceux qui disaient : « le sep-
tennat c'est la paix», il a été facile d'opposer
cette autre parole : « Plus on a de soldats,
plus on est tenté de faire la guerre ». ,
LA PRESSE AUTRICHIENNE
Tous les journaux viennois croient la ma-
jorité du Reichstag assurée au septennat.
Suivant le Fremdenblatt, les élections ont
de nouveau fortifié l'Allemagne à l'intérieur
et à l'extérieur, ce qui augmente l'espoir du
maintien de la paix en Europe.
La Nouvelle Presse libre, tout en reconnais-
sant l'importance de la victoire du prince de
Bismarck, fait ressortir les raisons qui lui
font envisager le résultat des élections comme
très grave.
L'élément constituant un danger pour la
société et l'ordre du monde s'est énormé-
ment fortifié.
, Les trois faits que la démocratie sociale
, s'est montrée invincible, que les libéraux ont
été battus et qu'en Alsace-Lorraine, malgré
une pression immense, les partisans de la
protestation ont été réélus, ne sont pas de
nature à faire naître une joie sans mélange
chez ceux qui espèrent voir le succès du sep-
tennat faire cesser toute appréhension pour le
maintien de la paix.
La Presse dit que le succès du prince de
Bismarck vaut mieux qu'une bataille gagnée,
car il augmente l'espoir du maintien de la
paix en Europe.
Le pape, ajoute ce journal, a contribué à
ce succès, qui honore le vainqueur et son
auguste allié.
La Gazette allemande voit dans les élections
la preuve que les partis nationaux ont pris
en Allemagne un élan puissant. La Gazette
prétend que ce fait exercera une influence
calmante sur l'enthousiasme qu'ont causé
aux chauvinistes français les élections d'Al-
sace-Lorraine.
Pour le Nouveau Tagblatt de Vienne, ce
- i'.¡O' ,
n'est pas du vote du septennat, mais de l'at-
titude de la Russie, que dépend le maintien
de la paix.
, LA PRESSE RUSSE
Le correspondant de Saint-Pétersbourg de
la Gazette de Cologne constate, dans uno dé-
pêche en date du 22, que la presEe russe parle
du résultat des élections du Parlement alle-
mand d'une façon peu obligeante pour l'Alle-
magne et très sympathique à l'égard de la
France..
w 8 1
LA. PRESSE ANGLAISE
Londres, 23 février.
Le Times s'exprime ainsi au sujet des élec-
tions allemandes :
« La nation allemande a été appelée à se
prononcer sur la question de savoir si elle
voulait une armée parlementaire ou une ar-
mée impériale ; elle s'est prononcée résolu-
ment et sans hésitation en faveur de celle-ci.
Il serait téméraire d'affirmer que cette déci-
sion assure la paix pour un long avenir, mais
on ne peut mettre en doute qu'elle l'assure
pour le présent. »
- Le Daily Telegraph évalue à 40 ou 50 voix
la majorité dont "le gouvernement va pouvoir
disposer en faveur du septennat :
« En dehors de ce résultat, que le prince de
Bismarck jugera satisfaisant, ajoute le Daily
Telegraph, les élections d'avant-hier donnent
matière à de sombres réflexions, en ce sens
qu'elles révèlent le développement rapide,
chez les classes ouvrières, d'un sentiment
qui pourra un jour mettre en péril l'unité
allemande, peut-être même l'existence de
l'empire teutonique, et cela avec plus de vio-
lence et de dommage que ne pourrait le faire
une coalition armée de la France et de la
Russie. »
Le Daily News dit de son côté :
« Il n'existe aucune preuve palpable que la
France cherche une occasion ou ait le désir
d'être entraînée à la guerre ; au contraire, la
conduite du gouvernement français a été
constamment pacifique, en dépit de certaines
provocations qui auraient excusé, sinon jus-
tifié, une réponse de la même nature que
le défi.
» A moins que, dans ses efforts pour obte-
nir l'approbation de son projet de loi mili-
taire, le prince de Bismarck n'ait délibéré-
ment voulu forger lune arme offensive, ce
qu'en tout état de cause nous ne croyons pas,
il est difficile de voir comment la réalisation
de ses désirs peut être un danger pour la
paix. L'Allemagne, c'est à supposer, sera
mieux à l'abri d'une agression. »
Parlant ensuite de la satisfaction des jour-
naux français au sujet de la fidélité des Alsa-
ciens-Lorrains à leur ancienne patrie, le Daily
News fait remarquer que l'expression de ce
sentiment est toute naturelle.
Of: LA PRESSE BELGE
L'Indépendance belge dit que l'avantage est
aux partisans du septennat et que les progres-
sistes sont les plus malmenés. Ils sont sortis
du scrutin considérablement amoindris au
profit des nationaux-libéraux.
Il sera curieux de constater l'effet des let-
tres du cardinal Jacobini en Bavière, enWest-
phalie et dans le Hanovre.
Deux faits saillants sont à noter : l'accrois-
sement du socialisme et la réélection des dé-
putés alsaciens-lorrains.
Malgré les perquisitions et les menaces des
journaux officieux, aucun des candidats pa-
tronnés plus ou moins ouvertement par l'ad-
ministration allemande n'a passé en Alsace-
Lorraine.
C'est un symptôme grave. L'assimilation ne
se fait pas, décidément, au gré du gouverne-
ment impérial.
Le Peuple, sans faire encore d'appréciations,
constate que les résultats connus jusqu'à
présent prouvent que, malgré les persécutions
et les interdictions, les socialistes entreront
au Parlement. Le Patriote constate que les
progressistes paieront les frais de l'élection
au profit des gouvernementaux et des socia-
listes.
Le crédit te sous-préfets
- Nous ne nous trompions pas en esti-
mant par avance que la lutte serait vive
au Sénat sur la question des sous-
préfets. Elle a été discutée hier et le
Sénat l'a résolue à sa façon. Mais avant
d'apprécier cette solution, on nous per-
mettra et on nous saura peut-être gré
de rappeler par quelles phases cette af-
faire a passé, depuis près de trois mois
qu'elle est en suspens. Dans le budget
primitif du gouvernement, le crédit des
sous-préfets était inscrit, comme précé-
demment, pour 1,435,000 fr. La commis-
sion du budget de la Chambre, par
l'organe de M. Saint-Prix, rapporteur de
l'intérieur, concluait à l'adoption du
crédit, mais en indiquant qu'il serait
possible de réduire le nombre des sous-
préfectures et en invitant le gouverne-
ment à étudier la question. Quand ce
chapitre vint en discussion devant la
Chambre, MM. Raoul Duval et Colfavru
défendirent des amendements proposant
la suppression complète du crédit. Cette
suppression complète fut votée et il en
résulta une crise ministérielle.
Le cabinet du 11 décembre, en arri-
vant aux affaires, inséra dans sa décla-
ration des réserves expresses au sujet
de ce vote et il inscrivit de nouveau le
crédit des sous-préfets dans son budget
rectificatif. Mais, la Chambre ne pou-
vant revenir sur son vote, il fut entendu
que le gouvernement demanderait au
Sénat le rétablissement du crédit et que
la question ne se poserait devant la
Chambre qu'au moment où le budget
lui-même lui serait renvoyé par le Sé-
nat. Le cabinet, cependant, tenant
compte de l'intention manifestée par la
Chambre, de réformer notre organisa-
tion administrative, avait annoncé d'a-
bord et effectué ensuite le dépôt d'un
projet de loi spécial, et, pour engager
la question, il avait fait subir au cré-
dit [primitivement demandé une réduc-
tion de 35,000 fr.
La commission des finances du Sénat
avait accepté le chiffre de 1,400,000 fr.
demandé par le gouvernement; mais,
dans son rapport, elle présentait la
réduction de 35,000 fr. comme une éco-
nomie forcée, dont la réalisation ne
pouvait ni compromettre le fonctionne-
ment du service, ni motiver plus tard
une ouverture de crédit supplémentaire,
et elle avait écarté tout ce qui pouvait
paraître de nature à engager le prin-
cipe. t J3V ,,,;"
"L.;.: 1
C'est dans cet état que la question
s'est présentée hier au Sénat. La dis-
cussion s'est engagée sur un amende-
ment de M. de Marcère tendant au ré-
tablissement du crédit intégral de
1,435,000 francs, et, malgré les efforts
très énergiques de M. Goblet, c'est cet
amendement qui a été adopté à une
majorité très considérable, et l'on peut
voir par là ce qu'aurait été cette majo-
rité si le gouvernement, au lieu de pro-
poser une réduction, avait proposé la
réduction totale des sous-préfets.
Le Sénat aurait été certainement
mieux inspiré en votant conformément
à la demande du gouvernement. Mais,
puisqu'il ne l'a pas fait, il faut attendre
que le budget revienne devant la Cham-
bre, et il est à désirer que celle-ci, à
l'heure tardive où nous sommes, n'ouvre
pas une lutte avec le Sénat à propos de
cette différence peu importante, après
tout, sur le chiffre du crédit.
Le vote d'hier n'implique pas que le
Sénat soit résolument hostile à la ré-
forme des sous-préfectures. Les consi-
dérations que l'on a fait valoir à l'appui
de cette réforme sont trop évidentes,
pour que l'on puisse supposer au Sénat
l'intention de l'entraver et de barrer
la route aux vœux de réformes exprimés
par le pays et aux sentiments réforma-
teurs de la Chambre et du gouverne-
ment. Le Sénat a cédé à un scrupule
excessif de prudence et de méthode. Il
n'a certainement pas voulu opposer à la
politique des réformes la politique de
l'immobilité et du piétinement sur
place. 1 ,
On a crié pendant huit jours, dans tous
les coins de Paris, le Journal des Orpheli-
nes, « par l'abbé Broussel ». Vous pensez
ce que pouvait être ce pamphlet sur l'ex-
directeur de l'orphelinat d'Auteuil. Hier,
la vente en a cessé, le préfet de police
l'ayant interdite. On a saisi les numéros
du Journal des Orphelines partout où l'on
en a trouvé, et l'éditeur de cette polisson-
nerie est cité en police correctionnelle.
C'est ce qu'il fallait faire ; mais pourquoi
avoir attendu si longtemps ?
j La police ne saurait veiller de trop près
sur les malpropretés de ce genre. Que des
entrepreneurs de journaux quelconques
fassent crier toutes les faussetés ou insa-
nités qu'ils voudront, cela n'a pas de con-
séquence, et c'est aux badauds de ne pas
se laisser tromper sur la marchandise.
Mais, pour les saletés qui se vendent sur
la voie publique, c'est tout autre chose. Il
ne suffit pas d'envoyer les éditeurs et au-
teurs responsables en police correction-
nelle ; il faut, puisqu'on en a le droit, dé-
barrasser d'abord la rue de ces ordures, et
toujours promptement, car, en vérité, elles
nous débordent.
Par un contraste singulier, il nous ar-
rive de temps en temps, du Palais de Jus-
tice, le compte rendu de quelque procès
fait à un libraire pour s'être risqué à réim-
primer, d'après les éditions anciennes,
quelque grivoiserie ou gauloiserie trop
pimentée. Les tribunaux veillent paternel-
lement sur la chasteté des bibliophiles.
Cependant, la pornographie à un sou se
vend au tas sur les boulevards.
v..,; ,- E. L.
— ■■ ^——
CHRONIQUE
GO AHEAD! ',/,);'
A part ceux qui s'intéressent, parce
qu'ils y sont intéressés, d'une manière
directe et spéciale, à ces questions, je
gagerais bien que personne n'a attaché
l'attention qu'il méritait au télégramme
suivant, qui fit discrètement, l'autre
jour, son tour de presse, perdu au mi-
lieu du flux quotidien des dépêches ba-
nales et courantes : 1,1 ,- ?',
« Le Sénat des Etats-Unis a adopté
un bill en faveur de la construction
d'un chemin de fer destiné au transport
des navires à travers l'isthme de Te-
huantepec. » ,
Il ne s'agit pourtant de rien moins
que de l'un des plus abracadabrants
tours de force de l'industrie moderne,
d'un prodige à confondre l'imagination
la plus aventureuse, d'une conception
paradoxale qui, si nous ne vivions'pas
au milieu d'une floraison d'utopies réa-
lisées et de miracles accomplis, semble-
rait confiner à la sorcellerie.
L'histoire vaut vraiment la peine d'être
contée en détail.
*
* *
Les Yankees ne peuvent pas admet-
tre que le canal de Panama ne soit pas
une œuvre américaine. « L'Amérique
aux Américains », telle est, comme cha-
cun sait, la devise de l'oncle Sam, à qui
le moindre contact d'une pioche euro-
péenne avec ce sol tabou n'est pas loin
de paraître un sacrilège. Depuis que
l'œuvre a été inaugurée par des mains
françaises et des capitaux français,
l'oncle Sam ne « dérage» plus.
Il y a un peu de quoi !
Poser — non sans quelques titres —
pour la nation la plus entreprenante et
la plus audacieuse du monde, et se
laisser couper les isthmes sous le pied,
sur son propre continent, par une vieille
sœur aînée d'outre-mer, par l'une de
ces races latines pour lesquelles les
Anglo-Saxons sont naturellement en-
clins à partager le dédain des Teu-
tons, quelle humiliation et quelle crève-
cœur !
Sans doute, il pouvait sembler que c'é-
tait surtout aux Etats-Unis que ce détroit
improvisé était appelé à rendre le plus
de services. Certains esprits chagrins
allaient même jusqu'à prétendre que ce
serait la fissure maudite par où s'écou-
lerait la vie de la vieille Europe, mena-
cée de n'être plus, au siècle prochain,
que la vassale et la tributaire de la
jeune Amérique.
Il n'importe ! En dépit de ses tradi-
tions utilitaires, la grande République
sait, aussi bien que les peuples qui ont
une légende, mettre, à l'occasion, l'hon-
neur au-dessus du profit.
Et c'était, précisément, dans l'espèce,
l'honneur qui était en cause.
Ne pouvant empêcher ni défaire l'œu-
vre commencée, l'oncle Sam rêva de
lui faire concurrence et de la ruiner en
faisant mieux qu'elle et en allant plus
loin. "t
»
C'est — naturellement — à un autre
canal, parallèle au canal français, mais
exclusivement américain celui-là, qu'il
a songé dès l'abord.
Mais les choses n'allèrent pas toutes
seules.
Le Sénat de Washington hésita long-
temps. Même, il y aura tantôt trois ans,
il répondit aux sollicitations qu'on lui
adressait de tous côtés par une fin de
non-recevoir catégorique.
Il parait qu'il est venu à résipiscence,
car le Central News publiait, le 23
février, une dépêche de New-York an-
nonçant que mondit Sénat avait enfin
sanctionné la création d'une compagnie
financière pour le creusement d'un ca-
nal maritime à travers le Nicaragua,
sous la réserve, pour le gouvernement
des Etats-Unis, d'exercer sur ce canal
le droit de contrôle que lui reconnaît
déjà son traité avec la républiquette du
Nicaragua. - *
De l'Orégon à la Floride, du Texas au
Saint-Laurent, c'est un délire, une fièvre
d'enthousiasme patriotique. On va donc
battre ces « chiens d'Européens » (eu-
ropean dogs) avec leurs propres armes 1
On va donc avoir un canal « à soi », un
canal national, qui drainera « comme
avec la main» le trafic des deux mondes.
Mais ce n'est pas encore assez. En
fait, l'idée du canal de Nicaragua est
encore une idée européenne, presque
une idée française, puisque la légende
en prête la première intuition à Louis-
Napoléon Bonaparte, avant son avène-
nement au trône. Puis, un canal, n'est-
ce pas un peu vulgaire et mesquin? Il
faut faire plus grand. Au lieu de « bour-
linguer » par eau d'une mer à l'autre,
que ne transporte-t-on plutôt les trans-
atlantiques par terre, à travers champs,
et en voiture? Go ahead! En avant!
L'honneur américain sera sauf. Si, dans
ce match industriel, Européens et Amé-
ricains se sont également partagé les
deux premières manches, il faut que
la belle appartienne à l'Union !
*
* <*
Aussitôt dit, aussitôt fait. Là-bas, on
n'hésite pas longtemps : time is moneyl
Il m'est malheureusement impossible,
le XIXo Siècle n'étant pas un journal
illustré, de décrire ici par le menu,
d'une façon compréhensible, les moyens
à l'aide desquels l'entrepreneur, M.
Eads — déjà connu par ses travaux
d'amélioration des passes du Mississipi,
jugées avant lui impraticables — se
propose de mener à - bonne fin cette pro-
digieuse besogne.
Tout ce que je puis affirmer, c'est
qu'il s'agit de moyens relativement sim-
ples, et qui ont déjà, chacun pris à part,
reçu la sanction de l'expérience.
, Voici, au surplus, à traits larges et
rapides, l'esquisse sommaire du plan de
l'entreprise:
Le navire est soulevé à l'aide de puis-
santes machines à vapeur, sur un dock
flottant, sorte de radeau creux, qu'on
peut couler à fond en laissant entrer
l'eau dans sa cale, et remonter ensuite
avec sa charge en faisant agir des pom-
pes centrifuges. Une fois le navire sou-
levé sur le dock remis à flot, des crics
hydrauliques l'établissent et le main-
tiennent sur une sorte de berceau for-
mant un chariot monté sur plusieurs
centaines de roues, qui reposent elles-
mêmes sur un certain nombre de rails
d'acier. -
On sait que ce genre d'émersion est
une opération courante dans tous les
grands ports du monde, où l'on voit
tous les jours haler à sec les plus grands
navires, dans le but de visiter et de ra-
douber leur carène.
Il est même question — à en croire
M. L. Muller, de la Revue de la marine
marchande, un homme du métier, et
qui s'y connaît comme pas un — de
construire des docks flottants et mobi-
les capables de se transporter, chargés,
par leurs propres moyens, d'un port à
l'autre, de telle sorte que le radoub du
navire en réparation, non plus remor-
qué, mais embarqué, se pourrait faire
en route. De plus en plus, lime is
moneyl
Le halage à sec sur docks flottants
d'un transatlantique n'a donc rien de
particulièrement extraordinaire. ",41
Mais, en revanche, ce qui est extraor-
dinaire, c'est la suite.
*
* *
Quand le ponton portant le chariot et
le navire est soulevé de façon à effleu-
rer le quai, ses rails correspondent exac-
tement à ceux de la voie terrestre, dont
ils ne sont que le prolongement.
On attelle alors au « cradle », au
« truck», trois locomotives conjuguées,
qui, en réalité, en forment six, et des
plus puissantes. Au besoin, trois autres
locomotives agissent par refoulement à
l'arrière, et voilà le navire qui commence
son pèlerinage à travers la « jungle »,
escaladant les coteaux, glissant le long
des pentes, ne s'effrayant même pas des
courbes de 32 kilomètres de rayon !
A l'arrivée, par les mêmes moyens,
le navire est remis à flot.
Quand j'aurai ajouté que, sur cinq
points de l'itinéraire adopté, on établira
des garages, et, pour faciliter les chan-
gements de direction, des voies secon-
daires et des plaques tournantes, for-
mées de pontons flottant dans des bas-
sins circulaires ; — que l'isthme mexi-
cain de Tehuantepec, avec Minatitlan,
juste en face la Nouvelle - Orléans,
comme amorce, et Puerto-Ventosa com-
me point terminus, est le plus favorable
au commerce américain ; — que la voie
ferrée traversera le massif montagneux
de Tarifa et atteindra, à son point cul-
minant, une altitude de 225 mètres ; —
que le trajet total aura environ 250 ki-
lomètres et se fera en seize heures ; —
enfin, que le coût des travaux est estimé
à 75 millions de dollars (375 milions de
francs) et leur durée à deux ans, —
j'aurai à peu près dit tout ce qu'il est
possible d'exprimer sans le secours de
l'algèbre et du dessin.
*
* *
Ce n'est pas là une fantaisie en l'air,
une de ces énormes mystifications
(humbug), dont les Yankees sont cou-
tumiers.
Dès 1881, avant toute étude sur le
terrain, M. Eads avait obtenu du gou-
vernement mexicain une concession de
99 ans pour l'établissement de son che-
min de fer à navires, d'un railway or-
dinaire et d'une ligne télégraphique.
Par cette convention, le Mexique af-
franchit de tous droits les navires et
marchandises en transit ; — concède à
l'entrepreneur un million d'acres(425,000
hectares) de terrain du domaine public;
—promet saproteetion pendant le cours
des travaux et pendant l'exploitation ;
et, — ce qui est plus grave et plus si-
gnificatif encore, — autorise le conces-
sionnaire à réclamer le concours d'un
Etat de son choix, promettant au com-
merce dudit Etat des avantages parti-
culiers, supérieurs à ceux reconnus aux
autres nations.
On sait maintenant où gîte l'Etat du
choix de M. Eads. Le bill du Sénat de
Washington n'est autre chose que l'ac-
ceptation des offres du gouvernement
de Méjico, le premier maillon du zollve-
rein américain qui menace d'envelop-
per bientôt de son réseau sans fin les
deux continents « mis en perce », du La-
brador au cap Horn, de Buenos-Ayres
à San-Francisco.
Le zollverein gréco-latin, lui,
n'en est encore, hélas! qu'à l'état de
platonique espérance !
*
* '*
Il est bon de dire que le projet de M.
Eads, original au point d'être presque
incroyable, n'est pas cependant chose
absolument neuve. j.
Ce ne sera pas la première fois que
des navires auront cheminé par les
voies terrestres. Sans parler des tor-
pilleurs qu'on expédie, comme de vul-
gaires colis, de Cherbourg à Toulon, les
Vénitiens avaient déjà, en 1438, fait
passer toute une escadre, en franchis-
sant le mont Baldo, de l'Adige dans le
lac Benaco.
Il y a loin, sans doute, des joujoux
fulminants de l'amiral Aube et des ga-
liotes du quinzième siècle à la Cham-
pagne ou la Normandie. Mais tout est
dans tout, et il faut bien dire que les
ingénieurs du temps de Jeanne d'Arc
ne connaissaient ni la vapeur, ni la
presse hydraulique, ni les raffinements
modernes de la métallurgie.
Un autre Américain, M. Gronda-
cle, de Portland (Orégon), propose bien
de faire, à l'aide d'un système de rails
courbes, de charpentes, de roues den-
tées et de machines remorqueuses fixes,
passer les navires par-dessus les rapi-
des des grands fleuves. Ce sera à es-
sayer sur le Mé-Kong, le Niger et le
t
Congo. *
Voilà donc que les navires ne connaî-
tront plus d'obstacles. La terre ferme
elle-même ne les arrêtera pas et ne les
obligera pas à rompre charge.
Si le railway de M. Eads est,
comme on le prédit, achevé pour 1889,
la tour Eiffel pourrait bien n'être pas,
en dépit de ses 300 mètres, la plus
grande attraction ni la plus formidable
merveille du glorieux centenaire.
RAOUL LUCET.
LE PARLEMENT
SÉANCE DU SÉNAT
1,! * Le budget de 1887
Le Sénat a continué, Liier, la discussion du
budget de l'exercice 1887 - On en était resté,
la veille au chapitre 2 du budget des protec-
torats Ce chapitre, ainsi que le dernier, sont
adoptés sans discussion.
On passe ensuite au budget du ministère
de l'intérieur et des cultes.
M. Songeon, sur le chapitre premier, de-
mande une réduction de vingt-cinq mille
francs sur le crédit de 1,311,588 fr. proposé
pour le traitement du ministre et le personnel
de l'administration générale. L'orateur veut
maintenir à 15,000 francs le traitement des
cinq directeurs généraux.
L'orateur se défend très vivement de vou-
loir attaquer le ministre de l'intérieur. Il
n'oubliera jamais la discussion sur l'enseigne-
ment public à laquelle M. le ministre a pris
part. Il s'agit d'une mesure qui a réuni une
majorité à la Chambre.
M. Goblet, président du conseil, ministre de
l'intérieur, remercie M. Songeon des senti-
ments qu'il a exprimés à son égard.
Il demande à M. Songeon de s'associer à un
acte de justice. Le nouveau règlement, en
Prix du numéro : Paris et départements : 15 centimes Jeudi 24 février 1887
;..,
;} l ef' .,
IJ LPim SIÈCLE
tel
* 4 JOURNAL RÉPUBLICAIN i'
REDACTION
Adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit }
le, rue GadLet, 16 j
Directeur politique : -f |
A.-EDOUARD PORTALIS
ABONNEMENTS t
DÉPARTEMENTS
Trois moi» -86 »»
Six mois 38 »»
Un an. 63 »»
PARIS
Trois mois. 4a ml
Six mois 25 »»
tin an. 50 »-
sugplément pr l'Étranger (Europe) 1 fr. par trimestre
Les aboimenits partent des 1er et 15 de cliaaue mois i
ADMINISTRATION '.,
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administraient
dLSr rue Cadet, ±3 :
y EN VENTE A LONDRES
r Et Abonnements pour l'Angleterre
Au bureau du XIXe Sièolo
76, Finsbury Pavement, E. C. u
{■ RÉGISSEURS D'ANN.
MM. LAGRANGE, CERF ET CF*
6, place de la Bourse, ô .;;it
BULLETIN
Le Sénat a adopté le budget du minis-
tère de l'intérieur, des postes et télé-
graphes, et une partie du budget de la
guerre. La question des sous-préfets a été
évoquée incidemment à propos du cha-
pitre 3. M. de Marcère avait déposé un
amendement tendant à l'augmentation du
crédit affecté au traitement du personnel
administratif. Cet amendement a été adopté
par 210 voix contre 36.
- La suppression du ministère des postes
et télégraphes a été demandée incidem-
ment par un membre de la Droite. Mais le
Sénat a pour doctrine que les services pu-
blics ne peuvent pas être modifiés par
voie budgétaire. Le principe a été pro-
clamé à diverses reprises au cours de la
séance dernière ; le Sépat s'y est conformé
en repoussant l'amendement de M. Halgan.
Les dépêches du Midi de la France
nous signalent un tremblement de terre
qui, dans la matinée d'hier, s'est fait sen-
tir dans la vallée du Rhône et sur les cô-
tes de Provence. Le mouvement s'est éten-
du jusqu'en Corse et en Italie, où de fortes
secousses ont été ressenties. La panique a
été vive dans toutes les villes du littoral ;
fort heureusement, on n'a eu que de ra-
res accidents à déplorer, sauf à Nice. J ¡
e On connaît, à l'heure actuelle, les résul-
tats de 352 élections en Allemagne. Les
partisans du septennat sont au nombre de
185 ; les antiseptennalistes ont obtenu 111
sièges. Les résultats de 45 élections sont
inconnus et il y a 56 ballottages. Les ap-
préciations des journaux allemands com-
mencent à nous parvenir ; il s'en faut que
l'impression soit favorable chez tous. Les
feuilles dévouées à la politique du chance-
lier ne dissimulent pas le dépit que leur
cause l'échec des candidats germanophi-
les en Alsace-Lorraine.
Les journaux indépendants ne craignent
pas d'envisager la situation parlementaire
telle qu'elle résulte des élections. Le pro-
jet sur le septennat sera certainement adop-
té; c'est l'opinion commune : il y a une
majorité pour le voter, par crainte plutôt
que par conviction. Mais ce qui se dégage
des scrutins de lundi dernier, c'est ce fait
évident : la disparition des partis intermé-
diaires entre les conservateurs et les so-
cialistes ; les progressistes sont vaincus,
quant à présent, et ne sont pas certains de
prendre une revanche au scrutin de ballot-
tage. Si les positions respectives des par-
tis ne se modifient pas, il faut s'attendre à
des luttes violentes dans le futur Reichs-
tag.
L'expérience en sera faite avant qu'il
soit longtemps, car on prête à M. de Bis-
marck l'intention de ne pas attendre les
élections complémentaires et convoquer
le Reischtag dès la fin du mois de février,
4 Une dépêche de Rome annonce que M.
Depretis a résigné le mandat de former
un cabinet. Il n'y a pas lieu d'être autre-
ment surpris de la résolution prise par cet
homme d'Etat. La tâche qu'il avait assu-
mée était particulièrement difficile, dans
les circonstances présentes. On comprend
aisément que M. Depretis ait échoué, mal-
gré son expérience parlementaire et son
habileté à manœuvrer à travers les compé-
titions des différents groupes hostiles qui
constituaient la majorité ministérielle.
Il est manifeste qu'il se produit en Italie
un revirement sur la politique extérieure:
L'échec de Massouah n'a été qu'un inci-
dent qui a servi de prétexte à la démission
de M. de Robilant et a provoqué la dislo-
cation totale du cabinet.
L'attitude nouvelle de l'Allemagne, l'in-
tervention dû pape dans les élections alle-
mandes n'ont pas manqué de porter om-
brage au gouvernement italien, qui com-
mence à se lasser de ne jouer qu'un rôle
effacé dans les conceptions politiques de
M. de Bismarck.
Il se pourrait que M. Depretis, qui a
été l'instrument de cette politique déce-
vante, ait compris que l'heure était venue
de s'affranchir de la tutelle onéreuse de
l'Allemagne. Ou bien, s'il ne l'a pas com-
pris, s'il est assez aveugle pour persister
dans la voie fausse où il a engagé l'Italie,
il se peut qu'il n'ait trouvé personne qui
voulût partager avec lui les responsabili-
tés du pouvoir dans de pareilles condi-
tions. ;
*"4 Louis HBNltIQUB.
INFORMATIONS P ARTICULIBRES f
- m
M. Le Myre de Vilers
Un journal du matin a annoncé que M. Le
Myre de Vilers, résident de France à Mada-
gascar, avait prévenu M. le ministre des af-
faires étrangères qu'il quitterait Tananarive
fin avril, pour venir passer en France le congé
qui lui a été accordé.
D'après nos renseignements particuliers,
aucune communication de ce genre n'a été
faite au ministère des affaires étrangères, et
il en résulte que, contrairement aux informa-
tions de notre confrère, l'époque à laquelle
M. le Myre de Vilers devra prendre son congé
n'est pas encore fixée. v ,
* L'affaire d'Obock r
L'agence Havas nous communique la note
suivante: » «•
« Aucune dépêche du commandant d'Obock
ne signale l'assassinat qui, d'après une cor-
respondance particulière, a été commis, il y
a environ trois semaines, par les DanakUs,
sur trois soldats français.
» Le gouvernement vient de télégraphier à
Obock pour avoir des renseignements. »
Nous sommes en mesure d'affirmer que le
fait est malheureusement exact ; nous pour-
rions même donner les noms des trois sol-
dats tués, si nous ne voulions laisser au mi-
nistre de la marine le soin de prévenir les fa-
milles. il'
Mouvement judiciaire
Le Journal officiel publie les nominations
ci-après dans la magistrature : ri JV »
Sont nommés : il
Juge suppléant au tribunal de première
instance de Nevers (Nièvre), M. Mlalaret (An-
dré-Joseph), avocat, en remplacement de M.
Gravelle, démissionnaire.
1 Juge suppléant au tribunal de première
instance d'Autun (Saône-et-Loire), M. George
- (Vivand-Marie. Joseph-Edouard), avocat, en
.;,., "',.t-.L.. :t, l <1.. W, it i
remplacement de M. Nectoux, qui a été nom-
mé juge.
Juge suppléant au tribunal de première
instance de Bressuire (Deux-Sèvres), M. Mil-
lory (Benjamin-Paul), avocat, en remplace-
ment de M. Giraud, qui a été considéré
comme démissionnaire (loi du 20 avril 1810,
art. 48).. 1 p-,,
: —
LES ÉLECTIONS AU REICHSTAG
Les résultats de 352 élections sont connus:
185 septennalistes ont été nommés; 70 ap par-
tiennent aux conservateurs, 21 au parti de
l'empire, 89 aux nationaux-libéraux, [3 au
Centre, 2 aux libéraux-allemands.
111 anti-septennalistes élus comprennent:
64 membres du Centre, 10 libéraux-allemands
(progressistes), 6 socialistes, 15 alsaciens,
14 polonais et 2 guelfes. Il y a en outre
56 ballottages. f' ----- i
f — n
Le Moniteur officiel de l'empire publie une
ordonnance impériale convoquant le Reichs-
tag pour le 3 mars. :.'
Le Reichstag sera ainsi convoqué avant le
scrutin de ballottage. La vérification des ré-
sultats du vote de lundi a montré que le
nombre des candidats définitivement élus est
suffisant pour constituer le quorum nécessaire
à la valididité des décisions du Parlement.
En hâtant la convocation du Reichstag, le
gouvernement allemand espère faire adopter
plus rapidement et par une plus grande ma-
jorité le septennat.
Les scrutins de ballottage amèneront, en
effet, un certain nombre de députés soit pro-
gressistes, soit socialistes, c'est-à-dire hos-
tiles au gouvernement.
Voici en quels termes la presse étran-
gère apprécie les résultats des élections
en Allemagne :
LA PRESSE ALLEMANDE
La Gazette de Francfort s'exprime comme
suit :
« Les amis de la liberté et du droit peuvent
marquer d'une croix noire le lundi, 21 février
1887; cette date leur rappellera une campagne
perdue.
»> Mais, malgré leur défaite, ils peuvent mar-
cher la tête haute, car l'honneur est sauf et
ils conservent les armes avec lesquelles ils
peuvent encore espérer remporter la vic-
toire. »
Le Tageblatt de Berlin (progressiste) dit : la
majorité populaire s'est prononcée contre
nous. Nous nous inclinons devant son ver-
dict, mais nous maintiendrons les principes
de notre parti.
La Gazette de Voss dit que les élections
prouvent simplement les progrès énormes
du socialisme.
Ce sont là, ajoute ce journal, les fruits qu'a
portés le système de M. de Puttkamer.
La Gazette nationale dit qu'à l'étranger on
reconnaîtra, sans doute, jusqu'à quel point
on s'est trompé, lorsqu'on a considéré le vote
du Rpichstag du 14 janvier comme l'expres-
sion de l'opinion publique en Allemagne.
D'après ce journal, non seulement le vote
du septennat est assuré, et l'on n'aura sans
doute même pas besoin pour cela des hom-
mes du Centre favorables au septennat; mais
la nation allemande, par les élections du 21
février, a encore déclaré à l'étranger qu'elle
ne partageait pas l'espérance des impatients,
qui comptent en être quittes au bout d'un ou
de trois ans avec les charges imposées par
les préparatifs de défense, mais qu'elle ne
marchanderait n'importe quels sacrifices iné-
vitables.
Elle a écarté la majorité Windthorst-Rich-
ter. La nouvelle majorité, composée de con-
servateurs et de nationaux-libéraux, dont
l'existence n'est pas douteuse, inaugurera
une nouvelle ère de développement pour
l'empire. Elle travaillera de concert à réparer
les fautes commises pendant les dix dernières
années.
Le Deutches Tageblatt apprécie ainsi les
élections en Alsace-Lorraine :
« Si le résultat d'ensemble des élections
allemandes n'était pas aussi satisfaisant, le
résultat des élections dans l'Alsace-Lorraine
ne manquerait pas de provoquer des consi-
dérations très sérieuses.
Vu la situation qui prédomine en France, le
Statthalter et le général commandant de la pro-
vince d'Alsace-Lorraine auront à songer aux
mesures de sûreté nécessaires, en face des
dispositions notoirement hostiles de la popu-
lation de ce pays. »>
Le Journal d'Alsace, qui avait soutenu,
contre M. Kablé, la candidature de M. Pétri,
commente ainsi les résultat des élections en
Alsace-Lorraine :
« L'esprit de ces élections est en contradic-
tion directe avec les vues exprimées dans le
grand discours prononcé à la Délégation d'Al-
sace-Lorraine par S. Exc. le secrétaire a'Etat,
dans le manifeste de S. A. le Statthalter et
dans les deux lettres que Mgr le coadjuteur de
l'évêché de Strasbourg a adressées au clergé
de diocèse.
» Mais 11 faut avouer qu'en Alsace-Lorraine
les élections ne pouvaient pas être engagées
sur une question plus malheureuse que celle
du septennat.
» Les campagnes n'ont absolument pas com-
pris ce que c'est que le septennat. Elles n'y
ont vu qu'une chose : un recrutement plus
considérable d'hommes et une augmentation
de dépenses, et à ceux qui disaient : « le sep-
tennat c'est la paix», il a été facile d'opposer
cette autre parole : « Plus on a de soldats,
plus on est tenté de faire la guerre ». ,
LA PRESSE AUTRICHIENNE
Tous les journaux viennois croient la ma-
jorité du Reichstag assurée au septennat.
Suivant le Fremdenblatt, les élections ont
de nouveau fortifié l'Allemagne à l'intérieur
et à l'extérieur, ce qui augmente l'espoir du
maintien de la paix en Europe.
La Nouvelle Presse libre, tout en reconnais-
sant l'importance de la victoire du prince de
Bismarck, fait ressortir les raisons qui lui
font envisager le résultat des élections comme
très grave.
L'élément constituant un danger pour la
société et l'ordre du monde s'est énormé-
ment fortifié.
, Les trois faits que la démocratie sociale
, s'est montrée invincible, que les libéraux ont
été battus et qu'en Alsace-Lorraine, malgré
une pression immense, les partisans de la
protestation ont été réélus, ne sont pas de
nature à faire naître une joie sans mélange
chez ceux qui espèrent voir le succès du sep-
tennat faire cesser toute appréhension pour le
maintien de la paix.
La Presse dit que le succès du prince de
Bismarck vaut mieux qu'une bataille gagnée,
car il augmente l'espoir du maintien de la
paix en Europe.
Le pape, ajoute ce journal, a contribué à
ce succès, qui honore le vainqueur et son
auguste allié.
La Gazette allemande voit dans les élections
la preuve que les partis nationaux ont pris
en Allemagne un élan puissant. La Gazette
prétend que ce fait exercera une influence
calmante sur l'enthousiasme qu'ont causé
aux chauvinistes français les élections d'Al-
sace-Lorraine.
Pour le Nouveau Tagblatt de Vienne, ce
- i'.¡O' ,
n'est pas du vote du septennat, mais de l'at-
titude de la Russie, que dépend le maintien
de la paix.
, LA PRESSE RUSSE
Le correspondant de Saint-Pétersbourg de
la Gazette de Cologne constate, dans uno dé-
pêche en date du 22, que la presEe russe parle
du résultat des élections du Parlement alle-
mand d'une façon peu obligeante pour l'Alle-
magne et très sympathique à l'égard de la
France..
w 8 1
LA. PRESSE ANGLAISE
Londres, 23 février.
Le Times s'exprime ainsi au sujet des élec-
tions allemandes :
« La nation allemande a été appelée à se
prononcer sur la question de savoir si elle
voulait une armée parlementaire ou une ar-
mée impériale ; elle s'est prononcée résolu-
ment et sans hésitation en faveur de celle-ci.
Il serait téméraire d'affirmer que cette déci-
sion assure la paix pour un long avenir, mais
on ne peut mettre en doute qu'elle l'assure
pour le présent. »
- Le Daily Telegraph évalue à 40 ou 50 voix
la majorité dont "le gouvernement va pouvoir
disposer en faveur du septennat :
« En dehors de ce résultat, que le prince de
Bismarck jugera satisfaisant, ajoute le Daily
Telegraph, les élections d'avant-hier donnent
matière à de sombres réflexions, en ce sens
qu'elles révèlent le développement rapide,
chez les classes ouvrières, d'un sentiment
qui pourra un jour mettre en péril l'unité
allemande, peut-être même l'existence de
l'empire teutonique, et cela avec plus de vio-
lence et de dommage que ne pourrait le faire
une coalition armée de la France et de la
Russie. »
Le Daily News dit de son côté :
« Il n'existe aucune preuve palpable que la
France cherche une occasion ou ait le désir
d'être entraînée à la guerre ; au contraire, la
conduite du gouvernement français a été
constamment pacifique, en dépit de certaines
provocations qui auraient excusé, sinon jus-
tifié, une réponse de la même nature que
le défi.
» A moins que, dans ses efforts pour obte-
nir l'approbation de son projet de loi mili-
taire, le prince de Bismarck n'ait délibéré-
ment voulu forger lune arme offensive, ce
qu'en tout état de cause nous ne croyons pas,
il est difficile de voir comment la réalisation
de ses désirs peut être un danger pour la
paix. L'Allemagne, c'est à supposer, sera
mieux à l'abri d'une agression. »
Parlant ensuite de la satisfaction des jour-
naux français au sujet de la fidélité des Alsa-
ciens-Lorrains à leur ancienne patrie, le Daily
News fait remarquer que l'expression de ce
sentiment est toute naturelle.
Of: LA PRESSE BELGE
L'Indépendance belge dit que l'avantage est
aux partisans du septennat et que les progres-
sistes sont les plus malmenés. Ils sont sortis
du scrutin considérablement amoindris au
profit des nationaux-libéraux.
Il sera curieux de constater l'effet des let-
tres du cardinal Jacobini en Bavière, enWest-
phalie et dans le Hanovre.
Deux faits saillants sont à noter : l'accrois-
sement du socialisme et la réélection des dé-
putés alsaciens-lorrains.
Malgré les perquisitions et les menaces des
journaux officieux, aucun des candidats pa-
tronnés plus ou moins ouvertement par l'ad-
ministration allemande n'a passé en Alsace-
Lorraine.
C'est un symptôme grave. L'assimilation ne
se fait pas, décidément, au gré du gouverne-
ment impérial.
Le Peuple, sans faire encore d'appréciations,
constate que les résultats connus jusqu'à
présent prouvent que, malgré les persécutions
et les interdictions, les socialistes entreront
au Parlement. Le Patriote constate que les
progressistes paieront les frais de l'élection
au profit des gouvernementaux et des socia-
listes.
Le crédit te sous-préfets
- Nous ne nous trompions pas en esti-
mant par avance que la lutte serait vive
au Sénat sur la question des sous-
préfets. Elle a été discutée hier et le
Sénat l'a résolue à sa façon. Mais avant
d'apprécier cette solution, on nous per-
mettra et on nous saura peut-être gré
de rappeler par quelles phases cette af-
faire a passé, depuis près de trois mois
qu'elle est en suspens. Dans le budget
primitif du gouvernement, le crédit des
sous-préfets était inscrit, comme précé-
demment, pour 1,435,000 fr. La commis-
sion du budget de la Chambre, par
l'organe de M. Saint-Prix, rapporteur de
l'intérieur, concluait à l'adoption du
crédit, mais en indiquant qu'il serait
possible de réduire le nombre des sous-
préfectures et en invitant le gouverne-
ment à étudier la question. Quand ce
chapitre vint en discussion devant la
Chambre, MM. Raoul Duval et Colfavru
défendirent des amendements proposant
la suppression complète du crédit. Cette
suppression complète fut votée et il en
résulta une crise ministérielle.
Le cabinet du 11 décembre, en arri-
vant aux affaires, inséra dans sa décla-
ration des réserves expresses au sujet
de ce vote et il inscrivit de nouveau le
crédit des sous-préfets dans son budget
rectificatif. Mais, la Chambre ne pou-
vant revenir sur son vote, il fut entendu
que le gouvernement demanderait au
Sénat le rétablissement du crédit et que
la question ne se poserait devant la
Chambre qu'au moment où le budget
lui-même lui serait renvoyé par le Sé-
nat. Le cabinet, cependant, tenant
compte de l'intention manifestée par la
Chambre, de réformer notre organisa-
tion administrative, avait annoncé d'a-
bord et effectué ensuite le dépôt d'un
projet de loi spécial, et, pour engager
la question, il avait fait subir au cré-
dit [primitivement demandé une réduc-
tion de 35,000 fr.
La commission des finances du Sénat
avait accepté le chiffre de 1,400,000 fr.
demandé par le gouvernement; mais,
dans son rapport, elle présentait la
réduction de 35,000 fr. comme une éco-
nomie forcée, dont la réalisation ne
pouvait ni compromettre le fonctionne-
ment du service, ni motiver plus tard
une ouverture de crédit supplémentaire,
et elle avait écarté tout ce qui pouvait
paraître de nature à engager le prin-
cipe. t J3V ,,,;"
"L.;.: 1
C'est dans cet état que la question
s'est présentée hier au Sénat. La dis-
cussion s'est engagée sur un amende-
ment de M. de Marcère tendant au ré-
tablissement du crédit intégral de
1,435,000 francs, et, malgré les efforts
très énergiques de M. Goblet, c'est cet
amendement qui a été adopté à une
majorité très considérable, et l'on peut
voir par là ce qu'aurait été cette majo-
rité si le gouvernement, au lieu de pro-
poser une réduction, avait proposé la
réduction totale des sous-préfets.
Le Sénat aurait été certainement
mieux inspiré en votant conformément
à la demande du gouvernement. Mais,
puisqu'il ne l'a pas fait, il faut attendre
que le budget revienne devant la Cham-
bre, et il est à désirer que celle-ci, à
l'heure tardive où nous sommes, n'ouvre
pas une lutte avec le Sénat à propos de
cette différence peu importante, après
tout, sur le chiffre du crédit.
Le vote d'hier n'implique pas que le
Sénat soit résolument hostile à la ré-
forme des sous-préfectures. Les consi-
dérations que l'on a fait valoir à l'appui
de cette réforme sont trop évidentes,
pour que l'on puisse supposer au Sénat
l'intention de l'entraver et de barrer
la route aux vœux de réformes exprimés
par le pays et aux sentiments réforma-
teurs de la Chambre et du gouverne-
ment. Le Sénat a cédé à un scrupule
excessif de prudence et de méthode. Il
n'a certainement pas voulu opposer à la
politique des réformes la politique de
l'immobilité et du piétinement sur
place. 1 ,
On a crié pendant huit jours, dans tous
les coins de Paris, le Journal des Orpheli-
nes, « par l'abbé Broussel ». Vous pensez
ce que pouvait être ce pamphlet sur l'ex-
directeur de l'orphelinat d'Auteuil. Hier,
la vente en a cessé, le préfet de police
l'ayant interdite. On a saisi les numéros
du Journal des Orphelines partout où l'on
en a trouvé, et l'éditeur de cette polisson-
nerie est cité en police correctionnelle.
C'est ce qu'il fallait faire ; mais pourquoi
avoir attendu si longtemps ?
j La police ne saurait veiller de trop près
sur les malpropretés de ce genre. Que des
entrepreneurs de journaux quelconques
fassent crier toutes les faussetés ou insa-
nités qu'ils voudront, cela n'a pas de con-
séquence, et c'est aux badauds de ne pas
se laisser tromper sur la marchandise.
Mais, pour les saletés qui se vendent sur
la voie publique, c'est tout autre chose. Il
ne suffit pas d'envoyer les éditeurs et au-
teurs responsables en police correction-
nelle ; il faut, puisqu'on en a le droit, dé-
barrasser d'abord la rue de ces ordures, et
toujours promptement, car, en vérité, elles
nous débordent.
Par un contraste singulier, il nous ar-
rive de temps en temps, du Palais de Jus-
tice, le compte rendu de quelque procès
fait à un libraire pour s'être risqué à réim-
primer, d'après les éditions anciennes,
quelque grivoiserie ou gauloiserie trop
pimentée. Les tribunaux veillent paternel-
lement sur la chasteté des bibliophiles.
Cependant, la pornographie à un sou se
vend au tas sur les boulevards.
v..,; ,- E. L.
— ■■ ^——
CHRONIQUE
GO AHEAD! ',/,);'
A part ceux qui s'intéressent, parce
qu'ils y sont intéressés, d'une manière
directe et spéciale, à ces questions, je
gagerais bien que personne n'a attaché
l'attention qu'il méritait au télégramme
suivant, qui fit discrètement, l'autre
jour, son tour de presse, perdu au mi-
lieu du flux quotidien des dépêches ba-
nales et courantes : 1,1 ,- ?',
« Le Sénat des Etats-Unis a adopté
un bill en faveur de la construction
d'un chemin de fer destiné au transport
des navires à travers l'isthme de Te-
huantepec. » ,
Il ne s'agit pourtant de rien moins
que de l'un des plus abracadabrants
tours de force de l'industrie moderne,
d'un prodige à confondre l'imagination
la plus aventureuse, d'une conception
paradoxale qui, si nous ne vivions'pas
au milieu d'une floraison d'utopies réa-
lisées et de miracles accomplis, semble-
rait confiner à la sorcellerie.
L'histoire vaut vraiment la peine d'être
contée en détail.
*
* *
Les Yankees ne peuvent pas admet-
tre que le canal de Panama ne soit pas
une œuvre américaine. « L'Amérique
aux Américains », telle est, comme cha-
cun sait, la devise de l'oncle Sam, à qui
le moindre contact d'une pioche euro-
péenne avec ce sol tabou n'est pas loin
de paraître un sacrilège. Depuis que
l'œuvre a été inaugurée par des mains
françaises et des capitaux français,
l'oncle Sam ne « dérage» plus.
Il y a un peu de quoi !
Poser — non sans quelques titres —
pour la nation la plus entreprenante et
la plus audacieuse du monde, et se
laisser couper les isthmes sous le pied,
sur son propre continent, par une vieille
sœur aînée d'outre-mer, par l'une de
ces races latines pour lesquelles les
Anglo-Saxons sont naturellement en-
clins à partager le dédain des Teu-
tons, quelle humiliation et quelle crève-
cœur !
Sans doute, il pouvait sembler que c'é-
tait surtout aux Etats-Unis que ce détroit
improvisé était appelé à rendre le plus
de services. Certains esprits chagrins
allaient même jusqu'à prétendre que ce
serait la fissure maudite par où s'écou-
lerait la vie de la vieille Europe, mena-
cée de n'être plus, au siècle prochain,
que la vassale et la tributaire de la
jeune Amérique.
Il n'importe ! En dépit de ses tradi-
tions utilitaires, la grande République
sait, aussi bien que les peuples qui ont
une légende, mettre, à l'occasion, l'hon-
neur au-dessus du profit.
Et c'était, précisément, dans l'espèce,
l'honneur qui était en cause.
Ne pouvant empêcher ni défaire l'œu-
vre commencée, l'oncle Sam rêva de
lui faire concurrence et de la ruiner en
faisant mieux qu'elle et en allant plus
loin. "t
»
C'est — naturellement — à un autre
canal, parallèle au canal français, mais
exclusivement américain celui-là, qu'il
a songé dès l'abord.
Mais les choses n'allèrent pas toutes
seules.
Le Sénat de Washington hésita long-
temps. Même, il y aura tantôt trois ans,
il répondit aux sollicitations qu'on lui
adressait de tous côtés par une fin de
non-recevoir catégorique.
Il parait qu'il est venu à résipiscence,
car le Central News publiait, le 23
février, une dépêche de New-York an-
nonçant que mondit Sénat avait enfin
sanctionné la création d'une compagnie
financière pour le creusement d'un ca-
nal maritime à travers le Nicaragua,
sous la réserve, pour le gouvernement
des Etats-Unis, d'exercer sur ce canal
le droit de contrôle que lui reconnaît
déjà son traité avec la républiquette du
Nicaragua. - *
De l'Orégon à la Floride, du Texas au
Saint-Laurent, c'est un délire, une fièvre
d'enthousiasme patriotique. On va donc
battre ces « chiens d'Européens » (eu-
ropean dogs) avec leurs propres armes 1
On va donc avoir un canal « à soi », un
canal national, qui drainera « comme
avec la main» le trafic des deux mondes.
Mais ce n'est pas encore assez. En
fait, l'idée du canal de Nicaragua est
encore une idée européenne, presque
une idée française, puisque la légende
en prête la première intuition à Louis-
Napoléon Bonaparte, avant son avène-
nement au trône. Puis, un canal, n'est-
ce pas un peu vulgaire et mesquin? Il
faut faire plus grand. Au lieu de « bour-
linguer » par eau d'une mer à l'autre,
que ne transporte-t-on plutôt les trans-
atlantiques par terre, à travers champs,
et en voiture? Go ahead! En avant!
L'honneur américain sera sauf. Si, dans
ce match industriel, Européens et Amé-
ricains se sont également partagé les
deux premières manches, il faut que
la belle appartienne à l'Union !
*
* <*
Aussitôt dit, aussitôt fait. Là-bas, on
n'hésite pas longtemps : time is moneyl
Il m'est malheureusement impossible,
le XIXo Siècle n'étant pas un journal
illustré, de décrire ici par le menu,
d'une façon compréhensible, les moyens
à l'aide desquels l'entrepreneur, M.
Eads — déjà connu par ses travaux
d'amélioration des passes du Mississipi,
jugées avant lui impraticables — se
propose de mener à - bonne fin cette pro-
digieuse besogne.
Tout ce que je puis affirmer, c'est
qu'il s'agit de moyens relativement sim-
ples, et qui ont déjà, chacun pris à part,
reçu la sanction de l'expérience.
, Voici, au surplus, à traits larges et
rapides, l'esquisse sommaire du plan de
l'entreprise:
Le navire est soulevé à l'aide de puis-
santes machines à vapeur, sur un dock
flottant, sorte de radeau creux, qu'on
peut couler à fond en laissant entrer
l'eau dans sa cale, et remonter ensuite
avec sa charge en faisant agir des pom-
pes centrifuges. Une fois le navire sou-
levé sur le dock remis à flot, des crics
hydrauliques l'établissent et le main-
tiennent sur une sorte de berceau for-
mant un chariot monté sur plusieurs
centaines de roues, qui reposent elles-
mêmes sur un certain nombre de rails
d'acier. -
On sait que ce genre d'émersion est
une opération courante dans tous les
grands ports du monde, où l'on voit
tous les jours haler à sec les plus grands
navires, dans le but de visiter et de ra-
douber leur carène.
Il est même question — à en croire
M. L. Muller, de la Revue de la marine
marchande, un homme du métier, et
qui s'y connaît comme pas un — de
construire des docks flottants et mobi-
les capables de se transporter, chargés,
par leurs propres moyens, d'un port à
l'autre, de telle sorte que le radoub du
navire en réparation, non plus remor-
qué, mais embarqué, se pourrait faire
en route. De plus en plus, lime is
moneyl
Le halage à sec sur docks flottants
d'un transatlantique n'a donc rien de
particulièrement extraordinaire. ",41
Mais, en revanche, ce qui est extraor-
dinaire, c'est la suite.
*
* *
Quand le ponton portant le chariot et
le navire est soulevé de façon à effleu-
rer le quai, ses rails correspondent exac-
tement à ceux de la voie terrestre, dont
ils ne sont que le prolongement.
On attelle alors au « cradle », au
« truck», trois locomotives conjuguées,
qui, en réalité, en forment six, et des
plus puissantes. Au besoin, trois autres
locomotives agissent par refoulement à
l'arrière, et voilà le navire qui commence
son pèlerinage à travers la « jungle »,
escaladant les coteaux, glissant le long
des pentes, ne s'effrayant même pas des
courbes de 32 kilomètres de rayon !
A l'arrivée, par les mêmes moyens,
le navire est remis à flot.
Quand j'aurai ajouté que, sur cinq
points de l'itinéraire adopté, on établira
des garages, et, pour faciliter les chan-
gements de direction, des voies secon-
daires et des plaques tournantes, for-
mées de pontons flottant dans des bas-
sins circulaires ; — que l'isthme mexi-
cain de Tehuantepec, avec Minatitlan,
juste en face la Nouvelle - Orléans,
comme amorce, et Puerto-Ventosa com-
me point terminus, est le plus favorable
au commerce américain ; — que la voie
ferrée traversera le massif montagneux
de Tarifa et atteindra, à son point cul-
minant, une altitude de 225 mètres ; —
que le trajet total aura environ 250 ki-
lomètres et se fera en seize heures ; —
enfin, que le coût des travaux est estimé
à 75 millions de dollars (375 milions de
francs) et leur durée à deux ans, —
j'aurai à peu près dit tout ce qu'il est
possible d'exprimer sans le secours de
l'algèbre et du dessin.
*
* *
Ce n'est pas là une fantaisie en l'air,
une de ces énormes mystifications
(humbug), dont les Yankees sont cou-
tumiers.
Dès 1881, avant toute étude sur le
terrain, M. Eads avait obtenu du gou-
vernement mexicain une concession de
99 ans pour l'établissement de son che-
min de fer à navires, d'un railway or-
dinaire et d'une ligne télégraphique.
Par cette convention, le Mexique af-
franchit de tous droits les navires et
marchandises en transit ; — concède à
l'entrepreneur un million d'acres(425,000
hectares) de terrain du domaine public;
—promet saproteetion pendant le cours
des travaux et pendant l'exploitation ;
et, — ce qui est plus grave et plus si-
gnificatif encore, — autorise le conces-
sionnaire à réclamer le concours d'un
Etat de son choix, promettant au com-
merce dudit Etat des avantages parti-
culiers, supérieurs à ceux reconnus aux
autres nations.
On sait maintenant où gîte l'Etat du
choix de M. Eads. Le bill du Sénat de
Washington n'est autre chose que l'ac-
ceptation des offres du gouvernement
de Méjico, le premier maillon du zollve-
rein américain qui menace d'envelop-
per bientôt de son réseau sans fin les
deux continents « mis en perce », du La-
brador au cap Horn, de Buenos-Ayres
à San-Francisco.
Le zollverein gréco-latin, lui,
n'en est encore, hélas! qu'à l'état de
platonique espérance !
*
* '*
Il est bon de dire que le projet de M.
Eads, original au point d'être presque
incroyable, n'est pas cependant chose
absolument neuve. j.
Ce ne sera pas la première fois que
des navires auront cheminé par les
voies terrestres. Sans parler des tor-
pilleurs qu'on expédie, comme de vul-
gaires colis, de Cherbourg à Toulon, les
Vénitiens avaient déjà, en 1438, fait
passer toute une escadre, en franchis-
sant le mont Baldo, de l'Adige dans le
lac Benaco.
Il y a loin, sans doute, des joujoux
fulminants de l'amiral Aube et des ga-
liotes du quinzième siècle à la Cham-
pagne ou la Normandie. Mais tout est
dans tout, et il faut bien dire que les
ingénieurs du temps de Jeanne d'Arc
ne connaissaient ni la vapeur, ni la
presse hydraulique, ni les raffinements
modernes de la métallurgie.
Un autre Américain, M. Gronda-
cle, de Portland (Orégon), propose bien
de faire, à l'aide d'un système de rails
courbes, de charpentes, de roues den-
tées et de machines remorqueuses fixes,
passer les navires par-dessus les rapi-
des des grands fleuves. Ce sera à es-
sayer sur le Mé-Kong, le Niger et le
t
Congo. *
Voilà donc que les navires ne connaî-
tront plus d'obstacles. La terre ferme
elle-même ne les arrêtera pas et ne les
obligera pas à rompre charge.
Si le railway de M. Eads est,
comme on le prédit, achevé pour 1889,
la tour Eiffel pourrait bien n'être pas,
en dépit de ses 300 mètres, la plus
grande attraction ni la plus formidable
merveille du glorieux centenaire.
RAOUL LUCET.
LE PARLEMENT
SÉANCE DU SÉNAT
1,! * Le budget de 1887
Le Sénat a continué, Liier, la discussion du
budget de l'exercice 1887 - On en était resté,
la veille au chapitre 2 du budget des protec-
torats Ce chapitre, ainsi que le dernier, sont
adoptés sans discussion.
On passe ensuite au budget du ministère
de l'intérieur et des cultes.
M. Songeon, sur le chapitre premier, de-
mande une réduction de vingt-cinq mille
francs sur le crédit de 1,311,588 fr. proposé
pour le traitement du ministre et le personnel
de l'administration générale. L'orateur veut
maintenir à 15,000 francs le traitement des
cinq directeurs généraux.
L'orateur se défend très vivement de vou-
loir attaquer le ministre de l'intérieur. Il
n'oubliera jamais la discussion sur l'enseigne-
ment public à laquelle M. le ministre a pris
part. Il s'agit d'une mesure qui a réuni une
majorité à la Chambre.
M. Goblet, président du conseil, ministre de
l'intérieur, remercie M. Songeon des senti-
ments qu'il a exprimés à son égard.
Il demande à M. Songeon de s'associer à un
acte de justice. Le nouveau règlement, en
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