Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1878-02-25
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 25 février 1878 25 février 1878
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2013
1
Huitième Année. Es K< 2263 Prix du Numéro à Paris 115 Centimes; = Départements 120 Centimes 1
Lundi 25 Février 1878
,
LE XIX" SIÈCLE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
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BULLETIN
Paris, le 24 février 1878.
La situation eri Orient devient de moins
en moins rassurante. L'entrée de la flotte
anglaise dans la mer de Marmara semble
avoir rendu quelque énergie à la Porte.
Elle hésite à accepter les conditions de
paix que lui impose la Russie, et les con-
seils des ministres se succèdent sans ame-
ner aucun résultat. Ces conditions com-
mencent à être connues. L'indemnité de
guerre - serait de cinq milliards, mais la
cession de l'Arménie serait considérée
comme une partie du payement. La Bul-
garie indépendante comprendrait Andri-
nople et Salonique. En outre, les Russes
demanderaient la cession, à titre définitif,
de la baie de Beicos sur le Bosphore pour y
établir une station navale russe. Ces condi-
tions, en un mot, équivalent au démembre-
ment complet de la Turquie d'Europe, où le
sultan ne conserverait plus qu'un pouvoir
nominal sur la banlieue de Constantinople.
La Russie aurait demandé enfin la cession
d'une partie de la flotte cuirassée turque.
Mais le sultan s'y serait opposé et aurait
menacé de détruire ses vaisseaux. Le cabi-
net de Saint-Pétersbourg n'a pas insisté
sur ce point, mais le sultan a dû prendre
l'engagement de ne pas céder ses vaisseaux
à l'Angleterre.
En présence de ces conditions on com-
prend facilement que la Turquie hésite à
signer son arrêt de mort; mais, d'autre part,
le grand-duc Nicolas devient de plus en
plus menaçant et le bruit court qu'il serait
décidé à marcher sur Constantinople. Le
Golos publie un article très-vif dans lequel
il blâme la lenteur des négociations et dit
qu'il est temps d'y mettre fin. Il ajoute
qu'il faut que la flotte anglaise retourne
dans la baie de Besika et que l'on prouve
à la Turquie qu'elle compte en vain sur la
présence des cuirassés anglais dans la mer
de Marmara. Le journal russe conclut en
disant qu'il faut faire savoir à la Turquie
que l'on recommencera les hostilités si elle
ne signe pas le traité de paix à une
date déterminée et aussi rapprochée que
possible.
En résumé, il y a à Constantinople deux
partis bien tranchés. L'un veut continuer
la politique suivie jusqu'ici et désire que
la Turquie reste l'alliée de l'Angleterre. Ce
parti est puissant encore, il occupe même
le pouvoir puisqu'il a pu retarder jusqu'à
présent la signature du traité de paix.
L'autre veut, au contraire, rompre défini-
tivement avec le passé, se jeter dans les
bras de la Russie, devenir son instrument
en Europe et en Asie et combattre à outran-
ce l'Angleterre, qui a laissé écraser l'em-
pire ottoman. Il est évident que ce dernier
parti l'emportera, soutenu qu'il est par le
voisinage des troupes russes, à moins que
l'Angleterre ne prenne une décision im-
médiate et ne contracte une alliance offen-
sive et défensive avec la Turquie.
Le cabinet de Vienne a, paraît il, renon-
cé à l'intention de mobiliser immédiate-
ment une partie de l'armée autrichienne.
Mais le gouvernement doit demander aux
délégations un crédit de 80 millions de
florins, afin de préparer la mobilisation,
pour le cas où il serait nécessaire de l'or-
donner.
La conférence est toujours décidée en
principe, mais l'époque de sa réunion de-
vient de plus en plus improbable. On n'es-
père plus qu'elle puisse se réunir dans la
première quinzaine du mois de mars. Il
s'agit, en effet, d'adopter un programme,
et, dès qu'on aborde ce point, il devient
impossible de s'entendre.
E. BARBIER.
- ^I»i —
Bou.rse de JP~B'i.s
PETITE BOURSE DU son
a 010. 74 fr. 07 1/2, 73 fr. 95, 74 fr.,
"73 fr. 95.
« 0/0 109 fr 90, 72 1/2, 77 1/2, 70.
Turc50/). 8fr. 70.
Egypte 6 0/0.. 133 fr. 75.
Cnem. égyp. 243 fr. 12.
Italien. ,. 73 fr. 70, 50, 671/2.
« Il ne faut pas attendre l'époque des
élections sénatoriales, dit une feuille
bien pensante. Si le Sénat et le pouvoir
exécutif ne savent pas défendre, avant
cette époque, les principes et les bases
de la conservation sociale, la France
appartiendra pour dix ou quinze ans aux
essais, aux compétitions et aux cataclys-
mes de la Révolution. »
Il est vrai que nous tirons ces lignes
d'un journal qui passe pour un des orga-
nes les plus fous de la coalition réaction-
naire. Mais d'autres, dont la réputation
de sens commun paraît mieux assise, ne
craignent pas d'en dire à peu près autant.
Ils conseillent au Sénat une politique
d'opposition à outrance. Les droites du
Sénat semblent assez disposées malheu-
reusement à suivre ces avis. Nous espé-
rons encore que la crainte de la réproba-
tion qu'elles s'attireraient les retiendra.
Dès à présent, on constate dans leur
conduite des velléités d'opposition plu-
tôt qu'une volonté bien ferme. Elles ne de-
manderaient qu'à nuire; mais, le moment
d'agir venu, une sorte de honte les re-
tient, elles n'osent pas. C'est qu'il n'est
pas, si aisé que certains publicistes le
croient de faire de l'opposition sans
raison ni rime. Pour déclarer la guerre
en face au ministère et à la Chambre, il
faudrait un prétexte, et le prétexte man-
que. Vous avez vu que, vendredi, les
droites, finalement, ont été forcées de
ee rendre aux bonnes raisons données
par M. Léon Say.
Il en sera de même, nous l'espérons,
pour les trois lois politiques dont le Sé-
nat a été saisi par le ministère : loi sur
l'amnistie, loi sur l'état de siège, loi sur
le colportage des journaux. La troisième
de ces lois s'est trouvée soumise à l'exa-
men d'une commission composée en ma-
jorité de sénateurs républicains. Aussi le
mppp^t,0?efrdéjàprêt, et la délibération
misleâi £ &î
sions à qui ont été renvoyées les deux au-
tres sont formées en majorité de monar-
chistes; les rapports nesontdonc pas prêts
et l'on ne saurait s'empêcher de trouver
assez ridicules les causes de cet ajour-
nement. Les commissaires monarchistes,
qui cherchent des objections contre ces
projets, ne savent où en trouver ni par
quel bout les prendre. C'est pour eux un
vrai désespoir de ne pouvoir rendre obs-
cur ce qui est clair et de ne découvrir rien
de condamnable dans ce qu'ils ont si
bonne envie de condamner. De désespoir,
la commission de l'état de siège s'est
croisé les bras. Quant à la commission
de l'amnistie, elle est en pleine anarchie
maintenant ; à propos de la discussion
d'un certain article, deux des: commis-
saires de droite ont passé à gauche, et
M. de Ventavon a donné du coup sa dé-
mission de rapporteur.
Qui sait maintenant quand ces deux
projets viendront en discussion? M. le
duc d'Audiffret-Pasquier devrait pourtant
bien rappeler aux commissions que le
Sénat a déclaré l'urgence. Il n'y a pas
d'article du règlement qui autorise les
commissions à détenir indéfiniment les
projets de loi, sous prétexte qu'elles ne
sauraient pas comment les démolir. On
aura beau d'ailleurs ajourner ce débat, il
faudra bien s'y résigner un jour ou l'au-
tre. Nous l'attendons avec une patience
et une bonne humeur inaltérables. Nous
ferons seulement observer auxjournaux
réactionnaires qu'ils prennent mal leur
temps pour nous annoncer que les droites
du Sénat vont tout pourfendre, quand ces
mêmes droites, au lieu d'affronter la ba-
taille, ne montrent pas d'autre souci que
de la fuir.
EUG. LIÉBERT.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 23 février 1878.
Le lecteur aurait tort d'attendre de nous
de longs développements lorsqu'il s'agit de
vérifications de pouvoirs : nous promener
et promener les autres à notre suite, d'af-
fiche blanche en révocation de maires, de
pression administrative en fermeture de
cafés, de poursuites ébauchées contre les
particuliers en poursuites intentées aux
journaux, et cela d'arrondissement en ar-
rondissement,par toute la^France, voilà qui
commence à nous paraître monotone. La
pérégrination est nécessaire, nous n'en
disconvenons pas ; la Chambre a raison de
ne point se lasser et de continuer, après
avoir démontré l'existence des illégalités,
à en constater l'universalité. Mais il y
a comme cela, dans la vie, un tas de choses
qu'on trouve très bien et qu'on n'imite
pas !
C'était aujourd'hui le tour de M. d'Aulan,
éluàNyons (Dflôme). M. le comte d'Aulan,
homme encore jeune, est un ancien écuyer
de Napoléon III; dans jun département
comme la Drôme, un bonapartiste aussi
authentique fait tache, et l'on est assez
naturellement porté à croire que l'admi-
nistration n'est pas étrangère à ce succès
local ou plutôt localisé.
Néanmoins M. le comte d'Aulan a de
l'espoir, beaucoup d'espoir : la majorité
qu'il a obtenue dépasse 2,000 voix, et il a,
pour lui, la décision du bureau, qui con-
clut à la validation avec renvoi à la com-
mision d'enquête.
Seulement, quand on gratte un peu la
décision du bureau, on s'aperçoit qu'elle
a été prise à seize voix contre quinze. Et
M. Lisbonne gratte, gratte, gratte; on peut
même dire qu'il égratigne.
Pour rendre ces séances vraiment inté-
ressantes, il faudrait qu'il y eût une agen-
ce de paris proportionnels autorisée à fonc-
tionner dans l'enceinte parlementaire.
Suivant le fond de tel ou tel orateur, sui-
vant les incidents de séance, etc., on pren-
drait certaines validations à égalité ou
bien à 2 contre 1. Ainsi, à quatre heures,
après la course fournie par M. Lisbonne,
M. d'Aulan, qui était admirablement coté
le matin, ne valait guère mieux que l'é-
galité.
Vers quatre heures un quart, M. Prax-
Paris, un bonapartiste qui manie pas mal
la parole et qui a des formes, s'est mis à
faire le jeu pour M. d'Aulan. Il est cer-
tain qu'à ce moment la cote de l'élu de
Nyons aurait remonté.
Et puis, tout-à-coup les orateurs se sont
précipités en une sorte de peloton : M.
Lisbonne, M. le comte d'Aulan, M. Clé-
menceau ; on ne distinguait plus exacte-
ment, mais plus on approchait du poteau,
plus M. d'Aulan semblait être au fouet.
Il a été invalidé par 238 voix contre 215.
Avant la proclamation de ce résultat, cet
excellent M. Baragnon s'est payé une pe-
tite manifestation.
M. le ministre des finances venait de
déposer un projet réclamant un nouveau
douzième provisoire pour Mars : M. Léon
Say espère que le Sénat aura terminé le
budget pour la fin du mois, mais ce n'est
qu'une espérance. Et, en attendant, il de-
mande l'urgence pour son douzième.
Surgit maître Baragnon, qui s'écrie que
ce n'est pas la faute de la droite, si..,, etc.
Etant donné l'homme, vous devinez le bo-
niment. Et le voilà qui se précipite dans
la discussion, sous le fallacieux prétexte
de l'urgence. M. le président l'arrête; mais
l'autre lance, en guise de flèche de Par-
the : « La commission du budget, par la
lenteur de ses travaux. » i
C'est M. Tirardqui saute à la tribut e.
Il est cinq minutes sans pouvoir pailer;
car, en bas, dans l'hémicycle, M. Baragnon
vocifère, apostrophant le président, aux ap-
plaudissements de la droite.
Quand M. Tirard peut se faire entendre,
en quelques mots, avec cette énergie ner-
veuse qui le caractérise lorsqu'on lui a
échauffé les oreilles, il venge la commis-
sion du budget et cingle à la droite le
souvenir des plaisanteries ordre-mora-
liennes,qui bouleversent unpays etmettent
ses représentants dans la nécessité de re-
tarder un budget pour ne pas confier les
deniers des contribuables à qui n'a pas
leur confiance.
« Hou ! hou !. Hou ! hou 1 » mugit la
droite. Quand on ne veut pas s'entendre
reprocher des 16 Mai, on n'en fait pas 1
L'urgence est votée.
La journée s'est terminée par l'ajourne-
ment (jusqu'à résultat de l'enquête) de M.
Paul de Cassagnac. Bien qu'il y eût un
amoncellement de faits inouïs dans cette
élection, le bureau avait conclu à la vali-
dation, à cause des 4,000 voix de majorité
obtenues par l'élu de Condom. Mais la té-
nacité de M. Girault (du Cher), luttant
contre la terreur « cassagnaquiste» répan-
due dans le Gers, est parvenue à ébranler
la Chambre et à changer ses dispositions.
M. Paul de Cassagnac n'assistait pas à
la séance, — par préméditation, d'ailleurs;
MM. de Maillé et Haentjens se sont fait
rappeler à l'ordre pour lui, au moment où
le verdict du vote par assis et levé a été
prononcé.
PAUL LAFARGUE.
COURRIER DU SÉNAT
Le succès d'hier est encore plus complet
que nous ne pensions ; ce n'est pas la ma-
jorité, c'est l'unanimité que le ministère
a obtenue dans le vote d'urgence. Les
sept voix réfractaires se sont évanouies,
la nuit les a couvertes de son ombre et il
n'en est pas resté la moindre trace au
Journal officiel. A droite, où l'on croit
aux miracles, la chose paraît toute simple ;
à gauche, on est plus sceptique, et M. Hé-
rold vient demander au bureau des nou-
velles de ces voix perdues. Le bureau,
pas bête, détache à la tribune un de ses
membres les plus sympathiques à la gau-
che, M. Scheurer-Kestner, qui donne, en
quelques mots, la clef du mystère.
Elle était, d'ailleurs, assez facile à trou-
ver. Les sept dissidents, jugeant après
coup que leur protestation n'avait pas ob-
tenu le succès désirable, et craignant qu'el-
les n'augmentât leur impopularité, ce
qui aurait été un joli tour de force, avaient
tout bonnement substitué des bulletins
blancs à leurs bulletins bleus et annulé
ainsi leur premier vote. La langue parle-
mentaire, qui a des euphémismes adora-
bles, appelle cela : une reettficatioii. Le pu-
blic, qui a son parler franc, qualifiera plus
vivement ce petit tour de passe-passe. On
le sentait bien à droite, et les piquantes
réflexions de M. Hérold y ont été assez mal
accueillies. Dès les premiers mots, une
bordée d'interruptions a essayé de l'arrê-
ter.
- Assez! assez! criait-on. Et c'est la
droite qui criait, naturellement. Pour-
rions-nous trouver un meilleur commen-
taire à ce singulier incident?
Ce début avait échauffé les esprits ; il
fallait un calmant. On aborda la loi sur
l'état-major, et tout rentra dans l'ordre.
On n'entendit plus parler que de corps
fermé, de corps ouvert, d'avancement, de
recrutement, le sujet éternel de toutes
les conversations du-Helder. Nous avions
déjà entendu cela l'année dernière, car
depuis le temps, les arguments n'ont pas
changé, ni le rapporteur, ni la commission,
ni les orateurs ; il n'y a que la loi qui
soit méconnaissable. Mais il faut être de
la partie pour s'en douter. Pour le vul-
gaire, c'est toujours le général Loysel qui
combat le général Pourcet, le général
Pourcet qui combat le général Guillemaut,
le général Guillemaut qui combat le géné-
ral Riffault. Puis, quand on va voter, un
cinquième général vient demander l'ajour-
nement.
Vous voyez bien que c'est toujours la
même chose!
EMMANUEL ARÈNE.
.0.
ECHOS PARLEMENTAIRES
On a vu, au compte-rendu du Sénat, l'inci-
dent qui a marqué le début de la séance au
sujet des sept sénateurs dissidents dont les
votes n'ont pas été mentionnés au Journal
officiel. On donnait, dans les couloirs, les noms
de ces sept braves : ce sont MM. de Broglie, de
Colombet, de Kergariou, Monnet, de la Mon-
neraye, Vandier et de Rodez-Bénavent.
Ces messieurs avaient réellement voté con-
tre dans le scrutin d'hier. C'est quand ils se
sont aperçus qu'ils seraient seuls qu'ils sont
allés annuler leurs bulletins bleus avec des
bulletins blancs.
Les secrétaires ont accepté ces bulletins trop
tardivement déposés.
* *
La commission sénatoriale de l'amnistie
pour les délits de presse commis depuis le
16 mai a tenu hier une très-intéressante séance,
qui ne peut manquer d'avoir des conséquen-
ces sur le sort réservé par le Sénat au projet
du gouvernement.
La commission a entendu le directeur de
l'enregistrement, qui a déclaré que l'adminis-
tration restituerait les amendes encourues
même au cas où la loi ne l'ordonnerait pas
expressément. Notons, en passant, que le
chiffre des amendes encourues par la presse
sous le ministère du 16 mai ne s'élève pas à
moins de 315,000 francs dont 183,000 ont été
déjà versés au Trésor, indépendamment, bien
entendu, des frais de justice, dont le total est
considérable.
La restitution de cette somme est considé-
rée comme la conséquence même du vote de
l'amnistie : et il faudrait une clause expressé-
ment introduite dans la loi pour que cette res-
titution n'eût pas lieu.
Après les explications du directeur de l'en-
registrement, la commission a été appelée à
se prononcer, et MM. Paris et Batbie s'étant
joints à la minorité de gauche, la restitution
a été votée par six voix contre trois. M. de
Ventavon, qui s'y était vivement opposé, a aus-
sitôt donné sa démission de rapporteur de la
commission.
En outre, toutes les décisions antérieures
sont remises en question, car on a fait remar-
quer que la commission n'ayant pas fixé de
date pour les effets de l'amnistie, celle ci de-
vrait s'appliquer à tous les délits non couverts
par la prescription, c'est-à-dire remonter à
trois années en arrière.
Or, il y aurait impossibilité à restituer toutes
les amendes prononcées dans cette période.
On voit qne la commission n'est pas près
d'avoir achevé ses iravaux.
⁂
La commission des finances du Sénat s'est
réunie hier au ministère des finances. Elle
s'est occupée du budget des travaux publics.
Elle a de nouveau, à Versailles, dans l'après-
midi, achevé l'examen de ce budget.
La commission semble avoir reconnu qu'il
était impossible que le budget des dépenses
fût voté par le Sénat avant le 28 février, et
elle a décidé qu'elle en aviserait immédiate-
ment M. le ministre des finances.
Il fandra donc probablement recourir à un
nouveau douzième provisoire. Après la lumi-
neuse discussion qui a eu lieu avant-hier au
Sénat, le pays sait à qui doit incomber la res-
ponsabilité de cet expédient.
*
La sous-commission d'enquête du Nord est
revenue hier soir à Paris, après avoir passé
deux semaines à Amiens et recueilli des infor-
mations et des témoignages sur les élections
du département de la Somme.
Cette sous-commission, qui se composait de
M. Turquet, président, et de MM. Germain
Casse et Lelièvre, a entendu environ 120 té-
moins, parmi lesquels un grand nombre de
fonctionnaires. Elle a recneuilli de précieux
renseignements sur les manœuvres auxquelles
s'est livré le baron de Sandrans, ex-préfet de
la Somme, bien qu'elle n'ait pu retrouver un
certain nombre de documents admistratifs.
Elle a recueilli également des informations
d'un vif intérêt sur les élections de MM. Blin
de Bourdon et de Septenville et sur l'interven-
tion du clergé dans la lutte électorale.
M. Lelièvre remettra son rapport jeudi pro-
chain à la commission d'enquête.
La délégation du Nord repartira dans une
quinzaine de jours pour visiter les départe-
ments du Pas-de-Calais et du Nord.
«
La commission relative à la réorganisation
du corps des commis de la marine s'est réu-
nie hier, à une heure. Elle a adopté, avec de
légères modifications, les divers articles de
la proposition de loi, et a décidé qu'elle en-
tendrait la semaine prochaine le ministre de
la marine.
Le rapport sera déposé très-prochainement.
- *
* *
On a distribué hier : 1° un amendement
présenté par M. Viette au projet de loi ayant
pour objet une réforme postale, amendement
ainsi conçu :
L'article 3 du projet de loi doit être ainsi
modifié :
« La taxe des journaux, recueils, annales,
mémoires et bulletins périodiques, paraissant
au moins une fois par trimestre et traitant de
matières politiques ou non politiques, est,
par exemplaire, de deux centimes jusqu'à 30
grammes.
» Au-dessus de 30 grammes, le port est aug-
menté de un centime par dix grammes ou
fraction de 10 grammes. »
L'article 4 conservé comme au projet.
2° Un rapport sommaire fait par M. Baïhaut
au nom de la 2e commission d'initiative par-
lementaire, chargée d'examiner la proposi-
tion de loi de M. Farcy et de plusieurs de ses
collègues, ayant pour objet de réduire la du-
rée du service obligatoire dans l'armée de
mer de six à cinq ans.
Ce rapport conclut à la prise en considéra-
tion.
-- -,----- ----
« PAUVRE ET INOmiF •
Si je ne vous disais toutde suite à qui le
Figaro applique cette double et touchante
épithète, vous ne devineriez jamais à
coup sûr. Non, ce n'est pas du Sénat qu'il
s'agit ; ce n'est pas de cet ordre des Jé-
suites auquel le budget vient de refuser
notre argent pour élever dans la haine de
la France les jeunes séminaristes ; ce
n'est même pas de M. de Mun, le cuiras-
sier en surplis qui a fait à la Chambre
il y a trois jours un si joli fiasco. Non,
c'est le 16 mai lui-même, c'est le 16
mai que le Figaro appelle le « pauvre
et inonensif » 16 mai.
Le 16 mai est bien à plaindre en effet.
Figurez-vous que la Chambre ne veut
pas laisser dormir en paix le 16 mai.
Elle le poursuit dans la tombe, elle mal-
mène sa mémoire. Cette Chambre mé-
chante et cruelle passe son temps à dis-
cuter ses « crimes, » à lui qui était si bon,
si vertueux, si doux ; à ce 16 mai paternel,
bénin, ce 16 mai qui ne voulut de mal à
personne, qui ne fit de mal à personne,
ce 16 mai, si bonne pâte de gouverne-
ment, pour tout dire en un mot, ce « pau-
vre et inoffensif » 16 mai.
Il faut que les républicains aient l'âme
bien noire pour agir comme ils le font.
Il ne leur suffit plus d'avoir, le 14 oc-
tobre, égorgé ce doux et inconscient
agneau, de s'en être partagé les mem-
bres. Les voilà, par-dessus le marché,
qui l'insultent, qui le calomnient, qui
parlent de ses « crimes, » à lui qui ne sut
jamais que souffrir et se résigner, qui se
laissa mettre à mort sans une résistance,
sans une plainte.
Qui donc a osé dire que le 16 mai avait
bouleversé l'administration, qu'il avait
« bousculé » laFrance, qu'il avait fait trois
mille deux cents procès politiques, qu'il
avait bâillonné la presse, ôté à tous les
journaux républicains la vente sur la voie
publique? Qui donc a prétendu qu'il
s'était servi du Bulletin des Communes
pour diffamer la Chambre dissoute sur
toutes les murailles de France, qu'il avait
relevé la candidature officielle, essayé
de peser sur la liberté des électeurs par
les manifestes du maré chat, transformé en
agents électoraux l'armée des fonction-
naires ? Qui donc l'a accusé d'avoir arrê-
té la prospérité matérielle du pays, sus-
pendu les affilires, mis en péril tous les
intérêts, d'avoir causé plus de faillites
que n'en entraîna la désastreuse guerre de
1870 ? Ce « pauvre et inoffensif » 16 mai !
comme s'il avait jamais été capable
de rien de pareil! Comme si M. de Bro-
glie avait jamais touché à un seul pro-
cureur, à un seul juge de paix ! Com-
me si M. de Fourtou avait Seulement
changé un maire et suspendu un conseil
municipal ! Comme si M. Joseph Brunet
n'avait pas été un père véritable pour
tous les inspecteurs d'Académie, pour
tous les instituteurs ! Et qui, grands dieux !
pourrait prononcer les noms de M. Cail-
loux, de M. de Meaux, de M. Paris, autre-
ment que pour célébrer leur évangélique
douceur? Non, en vérité, je vous le dis,
on ne saurait songer à ce « pauvre
et inoffensif » 16 mai et à son triste
sort sans se rappeler aussitôt cette
autre victime « malheureuse, innocente
et persécutée,» l'infortunée Geneviève, de
Brabant. Il faudra que quelque poète,
chevalier de l'innocence opprimée, porte
quelque jour sur la scène les malheurs
du 16 mai. M. Offenbach se chargera de
la musique, et à ce spectacle les âmes
sensibles fondront en larmes.
- Franchement, il faut quelque hardies-
se littéraire, même en ce temps de car-
naval, pour affubler le 16 mai de ces
deux épithètes de « pauvre et inoffensif. »
Il se peut que M. Francis Magnard, qui
est né Belge et n'a pas, que nous sa-
chions du moins, été naturalisé Français,
ait pris légèrement les maux que le 16
mai a causés à ce pays et les vexations
qu'il lui a fait subir : mais ce que nous
savons, c'est que la France s'en souvient
et, malheureusement pour elle, ne pourra
pas de longtemps encore les oublier.
CHARLES BIGOT.
LES ÉVÉNEMENTS D'ORIENT
Constantinople, 21 février.
La flotte anglaise ne s'éloignant pas, les
Russes doivent se rapprocher de Constantino-
ple sans y entrer immédiatement. Cependant
ils n'ont pas encore franchi la zone neutre.
Constantinople, 21 février.
On assure que la Russie proposerait des
conditions de paix moins dures, si la Turquie
faisait une alliance offensive et défensive avec
elle.
Constantinople, 21 février.
Les Russes laisseraient au congrès le règle-
ment définitif de certaines questions, notam-
ment l'organisation de la Bosnie et de l'Her-
zégovine et la nomination du prince de Bulga-
rie, lequel ne serait pas issu d'une famille ré-
gnante parmi les grandes puissances.
Il n'est pas question des détroits dans les
conditions de paix.
M. Onou a demandé que la paix soit signée
avant le 2 mars.
Constantinople, 21 février.
Une caravane de Circassiens qui traversait
les lignes russes à Tchataldja, pour se rendre
à Constantinople, ayant refusé de déposer les
armes, a été désarmée par les Russes après un
combat.
Constantinople, 21 février, 3 h. 45, soir.
On assure que la Russie demanderait à avoir
une station navale dans la mer de Marmara.
La cession de la flotte turque n'est pas déci-
dée.
On assure que l'armistice ne continuerait pas
après le 23 mars, limite fixée pour la signa-
ture de la paix.
Les Russes occuperont prochainement San-
Stefano, aux environs de Constantinople.
Constantinople, 22 février, 1 h.
Le voyage de Namyk-pacha a été contre-
mandé, le tzar ayant fait savoir qu'il était inu-
tile parce que les délégués d'Andrinople ont
toutes les instructions voulues.
M. Fournier a remis au sultan ses lettres de
créance dans une audience privée.
Constantinople, 22 février, 1 h. 50.
Suivant les conditions de paix posées par la
Russie, la principauté bulgare s'étendrait jus-
qu'à Salonique, y compris le mont Atlios.
La paix sera signée à Andrinople.
Constantinople, 22 février, 1 h. 45.
Les Russes occupent les environs de Cons-
tantinople, mais il n'y entreront pas immé-
diatement ; seulement le corps d'armée russe
d'Andrinople viendra après la paix s'embar-
quer à Constantinople pour se rendre à
Odessa.
Constantinople, 22 février, 1 h. 45.
(voie Odessa.)
L'indemnité de guerre serait de cinq mil-
liards de francs, dont un payable immédiate-
ment en numéraire, moyennant un emprunt
garanti par les revenus des provinces éman-
cipées.
Les Russes ont demandé qu'une partie de
la flotte turque fût cédée contre une partie de
l'indemnité de guerre; mais le conseil des mi-
nistres a repoussé absolument cette préten-
tion.
Les Russes demandent aussi que les Rou-
mains, les Serbes et les Monténégrins aient
une part pécuniaire sur l'indemnité de guerre
en outre des cessions territoriales.
Les aides de camp de Suleiman ont été ar-
rêtés pour conduite séditieuse.
Londres, 23 février.
Le Standard, dans une deuxième édition,
publie la dépêche suivante :
Constantinople, 22 février.
Le bruit court que le grand-duc Nicolas
ayant appris que la Porte est résolue à ne pas
accepter les conditions de la Russie a décidé
de marcher sur Constantinople. La situation
est très grave. Le conseil délibère au Palais.
Plusieurs ministres sont disposés à accepter
les demandes de la Russie.
Vienne, 23 février.
Les divers bruits sur de prétendus prépara-
tifs en vue de la mobilisatien de l'armée, dont
les journaux hongrois se font surtout l'écho,
sont du moins prématurés.
Le seul fait significatif, s'il se confirme, se-
rait la nomination, comme premier aide-de-
camp de l'empereur, du général Mondel, com-
mandant militaire à Cracovie.
Bucharest, 23 février.
Roustchouk a été occupé par les Russes.
Widdin sera complètement évacué demain.
Les Roumains occupent cette place.
On a assigné aux Turcs comme ligne de re-
traite la direction de la Serbie.
Les Turcs emportent avec eux leurs baga-
ges, leurs armes, et emmènent leur artillerie
de campagne. -
Ils abandonnent l'artillerie de position.
Le directeur de la Compagnie de navigation
du Danube est venu à Bucharest, afin de
s'entendre pour la reprise du service sur le
fleuve.
La Logique de l'Univers
L'Univers a des raisonnements qui
sont impayables.
Il s'occupe, lui aussi, de cette ques-
tion qu'un jugement récent a remise à
l'ordre du jour, et qui vient d'être dis-
cutée à la Chambre par M. de Mun et
par M. Bardoux : la question des con-
grégations religieuses non reconnues par
l'Etat.
Il arrive à parler à son tour de ce fa-
meux décret de messidor, qui a été si
souvent analysé et commenté en ces der-
niers jours. Permettez-moi de vous en
rappeler le texte :
« Seront dissoutes toutes les agrégations
ou associations formées sous prétexte de
religion et non autorisées. »
Et M. P. Serret, le rédacteur de Y Uni-
vers, cite la phrase, et il ajoute :
« On se demande ce que dissout le dé-
cret et ce qu'il peut y avoir réellement à
dissoudre dans une congrégation non au-
torisée. On dissout une association con-
tractuelle ou autre,commerciale ou civile,
qui est en possession-de l'unité légale-
ment, et qui offre le signe, l'organe agis-
sant et extérieur de l'unité, à savoir la
personnalité juridique.
» Les congrégations non reconnues se
dérobent par la force des choses aux me-
sures de la dissolution. Comment dissou-
dre par l'autorité de la loi ou la sentence
du juge ce qui n'a pas d'unité au regard de
loi ? Comment désagréger la vertu d'un
acte juridique quelconque, ce qui se trou-
ve juridiquement, ce qui se trouve d'ores
et déjà en état de désagrégation? »
Ce raisonnement n'est - il pas admi-
rable?
A ce compte, les congrégations se fe-
raient de leur désobéissance à la loi un
titre pour échapper aux rigueurs de la
loi.
Poussons cette logique à l'extrême.
Voici une bande de brigands; c'est une
association qui n'a pas été reconnue par
l'Etat; elle n'a pas d'existence légale, de
personnalité juridique. Elle n'offre pas,
pour me servir des termes mêmes de M.
Serret, l'organe agissant et extérieur de
l'unité. Elle sera donc en droit de répon-
dre, si la force publique s'avise de vou-
loir la dissoudre :
— Pardon ! Vous ne pouvez dissoudre
au nom de la loi ce que la loi n'a pas re-
connu.
— Mais c'est précisément parce que
la loi ne vous a pas reconnus et ne peut
vous reconnaître que je prétends vous
dissoudre.
— Excusez-moi si j'insiste : comment
désagréger par la vertu d'un acte juridi-
que quelconque ce qui se trouve juridi-
quement en état de désagrégation ?
— Mais vous n'êtes pas le moins du
monde en état de désagrégation. Vous
êtes agrégés au contraire, s'il vous plaît
de vous servir de ce mot : disons plutôt,
pour parler français, que vous êtes asso-
ciés; vous l'êtes de fait, sinon juridique-
ment, et c'est ce fait même qui nous
blesse, et il nous blesse d'autant mieux
qu'il n'est pas juridique.
- Nous avons pris pour exemple une as-
sociation de voleurs pour rendre plus
frappant le vice du sophisme. Mais cette
argumentation pourra s'appliquer à toute
aggrégation, quelle qu'elle soit. Des
conspirateurs forment une association
pour tramer quelque complot contre la
forme du gouvernement; des hommes du
monde fondent un cercle qui tourne à
la maison de jeu ; seraient-ils bien venus
à dire à l'Etat, s'il se mêlait de leurs af-
faires : Moi, je ne suis pas autorisé, donc
je n'existe pas ; donc vous ne pouvez pas
me dissoudre. Laissez-moi tranquille.
Voilà les pères du Saint-Sacrement,
vous savez bien, ces pauvres pères du
Saint-Sacrement, qui viennent de rece-
voir droit sur l'occiput le jugement de
M. Manau. Croyez bien, ô pieux rédac-
teur de l'Univers, que rien ne serait plus
simple et plus facile que de dissoudre
leur agrégation. Ils auraient beau se
dérober, comme vous dites, par la force
meme des choses, aux mesures de disso-
lution. La force armée aurait aisément
raison de la force des choses.
On prierait poliment, à l'aide d'un ou
même de plusieurs gendarmes, messieurs
les pères de se séparer, *>u, si vous pré-
férez ce mot, de se désagréger, et ils
seraient bien forcés de se soumettre.
M. Serret et l'Univers en seraient pour
leur logique.
FRANCISQUE SARCEY.
—————.
Lettres de Rome
Rome, 21 février.
Annuntio )obis gaudium magnum, habemus
papam.
Je ne vous annonce rien. Vous savez depuis
longtemps qu'hier 20 février, à 1 heure 15 mi-
nutes du soir, sa révrendissime éminence la
cardinal Gioachimo Pecci, archevêque.évêque
de Pérouse, camerlingue de la sainte Eglie
romaine, est monté sur le trône pontifical sous
le nom de Léon XIII.
Dans ma dernière lettre, partie au moment
où le conclave commençait ses scrutin
vous ai parlé longuement du cardinal Pecci.
Son élection était sinon attendue, au moins
espérée Le sacré-collége, en l'élevant à la
chaire de saint Pierre, a rempli le vœu de
tous les esprits modérés.
Depuis quelques jours sa candidature sem-
blait avoir perdu du terrain; en sa qualité de
camerlingue il avait dû prendre, dans l'admi-
nistration intérieure du Vatican, des mesures
d ordre rigoureuses qui avaient fort indisposé
contre lui la population dont regorge cet imM
mense palais, aussi peuplé qu'une petite villej
Huitième Année. Es K< 2263 Prix du Numéro à Paris 115 Centimes; = Départements 120 Centimes 1
Lundi 25 Février 1878
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BULLETIN
Paris, le 24 février 1878.
La situation eri Orient devient de moins
en moins rassurante. L'entrée de la flotte
anglaise dans la mer de Marmara semble
avoir rendu quelque énergie à la Porte.
Elle hésite à accepter les conditions de
paix que lui impose la Russie, et les con-
seils des ministres se succèdent sans ame-
ner aucun résultat. Ces conditions com-
mencent à être connues. L'indemnité de
guerre - serait de cinq milliards, mais la
cession de l'Arménie serait considérée
comme une partie du payement. La Bul-
garie indépendante comprendrait Andri-
nople et Salonique. En outre, les Russes
demanderaient la cession, à titre définitif,
de la baie de Beicos sur le Bosphore pour y
établir une station navale russe. Ces condi-
tions, en un mot, équivalent au démembre-
ment complet de la Turquie d'Europe, où le
sultan ne conserverait plus qu'un pouvoir
nominal sur la banlieue de Constantinople.
La Russie aurait demandé enfin la cession
d'une partie de la flotte cuirassée turque.
Mais le sultan s'y serait opposé et aurait
menacé de détruire ses vaisseaux. Le cabi-
net de Saint-Pétersbourg n'a pas insisté
sur ce point, mais le sultan a dû prendre
l'engagement de ne pas céder ses vaisseaux
à l'Angleterre.
En présence de ces conditions on com-
prend facilement que la Turquie hésite à
signer son arrêt de mort; mais, d'autre part,
le grand-duc Nicolas devient de plus en
plus menaçant et le bruit court qu'il serait
décidé à marcher sur Constantinople. Le
Golos publie un article très-vif dans lequel
il blâme la lenteur des négociations et dit
qu'il est temps d'y mettre fin. Il ajoute
qu'il faut que la flotte anglaise retourne
dans la baie de Besika et que l'on prouve
à la Turquie qu'elle compte en vain sur la
présence des cuirassés anglais dans la mer
de Marmara. Le journal russe conclut en
disant qu'il faut faire savoir à la Turquie
que l'on recommencera les hostilités si elle
ne signe pas le traité de paix à une
date déterminée et aussi rapprochée que
possible.
En résumé, il y a à Constantinople deux
partis bien tranchés. L'un veut continuer
la politique suivie jusqu'ici et désire que
la Turquie reste l'alliée de l'Angleterre. Ce
parti est puissant encore, il occupe même
le pouvoir puisqu'il a pu retarder jusqu'à
présent la signature du traité de paix.
L'autre veut, au contraire, rompre défini-
tivement avec le passé, se jeter dans les
bras de la Russie, devenir son instrument
en Europe et en Asie et combattre à outran-
ce l'Angleterre, qui a laissé écraser l'em-
pire ottoman. Il est évident que ce dernier
parti l'emportera, soutenu qu'il est par le
voisinage des troupes russes, à moins que
l'Angleterre ne prenne une décision im-
médiate et ne contracte une alliance offen-
sive et défensive avec la Turquie.
Le cabinet de Vienne a, paraît il, renon-
cé à l'intention de mobiliser immédiate-
ment une partie de l'armée autrichienne.
Mais le gouvernement doit demander aux
délégations un crédit de 80 millions de
florins, afin de préparer la mobilisation,
pour le cas où il serait nécessaire de l'or-
donner.
La conférence est toujours décidée en
principe, mais l'époque de sa réunion de-
vient de plus en plus improbable. On n'es-
père plus qu'elle puisse se réunir dans la
première quinzaine du mois de mars. Il
s'agit, en effet, d'adopter un programme,
et, dès qu'on aborde ce point, il devient
impossible de s'entendre.
E. BARBIER.
- ^I»i —
Bou.rse de JP~B'i.s
PETITE BOURSE DU son
a 010. 74 fr. 07 1/2, 73 fr. 95, 74 fr.,
"73 fr. 95.
« 0/0 109 fr 90, 72 1/2, 77 1/2, 70.
Turc50/). 8fr. 70.
Egypte 6 0/0.. 133 fr. 75.
Cnem. égyp. 243 fr. 12.
Italien. ,. 73 fr. 70, 50, 671/2.
« Il ne faut pas attendre l'époque des
élections sénatoriales, dit une feuille
bien pensante. Si le Sénat et le pouvoir
exécutif ne savent pas défendre, avant
cette époque, les principes et les bases
de la conservation sociale, la France
appartiendra pour dix ou quinze ans aux
essais, aux compétitions et aux cataclys-
mes de la Révolution. »
Il est vrai que nous tirons ces lignes
d'un journal qui passe pour un des orga-
nes les plus fous de la coalition réaction-
naire. Mais d'autres, dont la réputation
de sens commun paraît mieux assise, ne
craignent pas d'en dire à peu près autant.
Ils conseillent au Sénat une politique
d'opposition à outrance. Les droites du
Sénat semblent assez disposées malheu-
reusement à suivre ces avis. Nous espé-
rons encore que la crainte de la réproba-
tion qu'elles s'attireraient les retiendra.
Dès à présent, on constate dans leur
conduite des velléités d'opposition plu-
tôt qu'une volonté bien ferme. Elles ne de-
manderaient qu'à nuire; mais, le moment
d'agir venu, une sorte de honte les re-
tient, elles n'osent pas. C'est qu'il n'est
pas, si aisé que certains publicistes le
croient de faire de l'opposition sans
raison ni rime. Pour déclarer la guerre
en face au ministère et à la Chambre, il
faudrait un prétexte, et le prétexte man-
que. Vous avez vu que, vendredi, les
droites, finalement, ont été forcées de
ee rendre aux bonnes raisons données
par M. Léon Say.
Il en sera de même, nous l'espérons,
pour les trois lois politiques dont le Sé-
nat a été saisi par le ministère : loi sur
l'amnistie, loi sur l'état de siège, loi sur
le colportage des journaux. La troisième
de ces lois s'est trouvée soumise à l'exa-
men d'une commission composée en ma-
jorité de sénateurs républicains. Aussi le
mppp^t,0?efrdéjàprêt, et la délibération
misleâi £ &î
sions à qui ont été renvoyées les deux au-
tres sont formées en majorité de monar-
chistes; les rapports nesontdonc pas prêts
et l'on ne saurait s'empêcher de trouver
assez ridicules les causes de cet ajour-
nement. Les commissaires monarchistes,
qui cherchent des objections contre ces
projets, ne savent où en trouver ni par
quel bout les prendre. C'est pour eux un
vrai désespoir de ne pouvoir rendre obs-
cur ce qui est clair et de ne découvrir rien
de condamnable dans ce qu'ils ont si
bonne envie de condamner. De désespoir,
la commission de l'état de siège s'est
croisé les bras. Quant à la commission
de l'amnistie, elle est en pleine anarchie
maintenant ; à propos de la discussion
d'un certain article, deux des: commis-
saires de droite ont passé à gauche, et
M. de Ventavon a donné du coup sa dé-
mission de rapporteur.
Qui sait maintenant quand ces deux
projets viendront en discussion? M. le
duc d'Audiffret-Pasquier devrait pourtant
bien rappeler aux commissions que le
Sénat a déclaré l'urgence. Il n'y a pas
d'article du règlement qui autorise les
commissions à détenir indéfiniment les
projets de loi, sous prétexte qu'elles ne
sauraient pas comment les démolir. On
aura beau d'ailleurs ajourner ce débat, il
faudra bien s'y résigner un jour ou l'au-
tre. Nous l'attendons avec une patience
et une bonne humeur inaltérables. Nous
ferons seulement observer auxjournaux
réactionnaires qu'ils prennent mal leur
temps pour nous annoncer que les droites
du Sénat vont tout pourfendre, quand ces
mêmes droites, au lieu d'affronter la ba-
taille, ne montrent pas d'autre souci que
de la fuir.
EUG. LIÉBERT.
LE PARLEMENT
COURRIER DE LA CHAMBRE
Versailles, 23 février 1878.
Le lecteur aurait tort d'attendre de nous
de longs développements lorsqu'il s'agit de
vérifications de pouvoirs : nous promener
et promener les autres à notre suite, d'af-
fiche blanche en révocation de maires, de
pression administrative en fermeture de
cafés, de poursuites ébauchées contre les
particuliers en poursuites intentées aux
journaux, et cela d'arrondissement en ar-
rondissement,par toute la^France, voilà qui
commence à nous paraître monotone. La
pérégrination est nécessaire, nous n'en
disconvenons pas ; la Chambre a raison de
ne point se lasser et de continuer, après
avoir démontré l'existence des illégalités,
à en constater l'universalité. Mais il y
a comme cela, dans la vie, un tas de choses
qu'on trouve très bien et qu'on n'imite
pas !
C'était aujourd'hui le tour de M. d'Aulan,
éluàNyons (Dflôme). M. le comte d'Aulan,
homme encore jeune, est un ancien écuyer
de Napoléon III; dans jun département
comme la Drôme, un bonapartiste aussi
authentique fait tache, et l'on est assez
naturellement porté à croire que l'admi-
nistration n'est pas étrangère à ce succès
local ou plutôt localisé.
Néanmoins M. le comte d'Aulan a de
l'espoir, beaucoup d'espoir : la majorité
qu'il a obtenue dépasse 2,000 voix, et il a,
pour lui, la décision du bureau, qui con-
clut à la validation avec renvoi à la com-
mision d'enquête.
Seulement, quand on gratte un peu la
décision du bureau, on s'aperçoit qu'elle
a été prise à seize voix contre quinze. Et
M. Lisbonne gratte, gratte, gratte; on peut
même dire qu'il égratigne.
Pour rendre ces séances vraiment inté-
ressantes, il faudrait qu'il y eût une agen-
ce de paris proportionnels autorisée à fonc-
tionner dans l'enceinte parlementaire.
Suivant le fond de tel ou tel orateur, sui-
vant les incidents de séance, etc., on pren-
drait certaines validations à égalité ou
bien à 2 contre 1. Ainsi, à quatre heures,
après la course fournie par M. Lisbonne,
M. d'Aulan, qui était admirablement coté
le matin, ne valait guère mieux que l'é-
galité.
Vers quatre heures un quart, M. Prax-
Paris, un bonapartiste qui manie pas mal
la parole et qui a des formes, s'est mis à
faire le jeu pour M. d'Aulan. Il est cer-
tain qu'à ce moment la cote de l'élu de
Nyons aurait remonté.
Et puis, tout-à-coup les orateurs se sont
précipités en une sorte de peloton : M.
Lisbonne, M. le comte d'Aulan, M. Clé-
menceau ; on ne distinguait plus exacte-
ment, mais plus on approchait du poteau,
plus M. d'Aulan semblait être au fouet.
Il a été invalidé par 238 voix contre 215.
Avant la proclamation de ce résultat, cet
excellent M. Baragnon s'est payé une pe-
tite manifestation.
M. le ministre des finances venait de
déposer un projet réclamant un nouveau
douzième provisoire pour Mars : M. Léon
Say espère que le Sénat aura terminé le
budget pour la fin du mois, mais ce n'est
qu'une espérance. Et, en attendant, il de-
mande l'urgence pour son douzième.
Surgit maître Baragnon, qui s'écrie que
ce n'est pas la faute de la droite, si..,, etc.
Etant donné l'homme, vous devinez le bo-
niment. Et le voilà qui se précipite dans
la discussion, sous le fallacieux prétexte
de l'urgence. M. le président l'arrête; mais
l'autre lance, en guise de flèche de Par-
the : « La commission du budget, par la
lenteur de ses travaux. » i
C'est M. Tirardqui saute à la tribut e.
Il est cinq minutes sans pouvoir pailer;
car, en bas, dans l'hémicycle, M. Baragnon
vocifère, apostrophant le président, aux ap-
plaudissements de la droite.
Quand M. Tirard peut se faire entendre,
en quelques mots, avec cette énergie ner-
veuse qui le caractérise lorsqu'on lui a
échauffé les oreilles, il venge la commis-
sion du budget et cingle à la droite le
souvenir des plaisanteries ordre-mora-
liennes,qui bouleversent unpays etmettent
ses représentants dans la nécessité de re-
tarder un budget pour ne pas confier les
deniers des contribuables à qui n'a pas
leur confiance.
« Hou ! hou !. Hou ! hou 1 » mugit la
droite. Quand on ne veut pas s'entendre
reprocher des 16 Mai, on n'en fait pas 1
L'urgence est votée.
La journée s'est terminée par l'ajourne-
ment (jusqu'à résultat de l'enquête) de M.
Paul de Cassagnac. Bien qu'il y eût un
amoncellement de faits inouïs dans cette
élection, le bureau avait conclu à la vali-
dation, à cause des 4,000 voix de majorité
obtenues par l'élu de Condom. Mais la té-
nacité de M. Girault (du Cher), luttant
contre la terreur « cassagnaquiste» répan-
due dans le Gers, est parvenue à ébranler
la Chambre et à changer ses dispositions.
M. Paul de Cassagnac n'assistait pas à
la séance, — par préméditation, d'ailleurs;
MM. de Maillé et Haentjens se sont fait
rappeler à l'ordre pour lui, au moment où
le verdict du vote par assis et levé a été
prononcé.
PAUL LAFARGUE.
COURRIER DU SÉNAT
Le succès d'hier est encore plus complet
que nous ne pensions ; ce n'est pas la ma-
jorité, c'est l'unanimité que le ministère
a obtenue dans le vote d'urgence. Les
sept voix réfractaires se sont évanouies,
la nuit les a couvertes de son ombre et il
n'en est pas resté la moindre trace au
Journal officiel. A droite, où l'on croit
aux miracles, la chose paraît toute simple ;
à gauche, on est plus sceptique, et M. Hé-
rold vient demander au bureau des nou-
velles de ces voix perdues. Le bureau,
pas bête, détache à la tribune un de ses
membres les plus sympathiques à la gau-
che, M. Scheurer-Kestner, qui donne, en
quelques mots, la clef du mystère.
Elle était, d'ailleurs, assez facile à trou-
ver. Les sept dissidents, jugeant après
coup que leur protestation n'avait pas ob-
tenu le succès désirable, et craignant qu'el-
les n'augmentât leur impopularité, ce
qui aurait été un joli tour de force, avaient
tout bonnement substitué des bulletins
blancs à leurs bulletins bleus et annulé
ainsi leur premier vote. La langue parle-
mentaire, qui a des euphémismes adora-
bles, appelle cela : une reettficatioii. Le pu-
blic, qui a son parler franc, qualifiera plus
vivement ce petit tour de passe-passe. On
le sentait bien à droite, et les piquantes
réflexions de M. Hérold y ont été assez mal
accueillies. Dès les premiers mots, une
bordée d'interruptions a essayé de l'arrê-
ter.
- Assez! assez! criait-on. Et c'est la
droite qui criait, naturellement. Pour-
rions-nous trouver un meilleur commen-
taire à ce singulier incident?
Ce début avait échauffé les esprits ; il
fallait un calmant. On aborda la loi sur
l'état-major, et tout rentra dans l'ordre.
On n'entendit plus parler que de corps
fermé, de corps ouvert, d'avancement, de
recrutement, le sujet éternel de toutes
les conversations du-Helder. Nous avions
déjà entendu cela l'année dernière, car
depuis le temps, les arguments n'ont pas
changé, ni le rapporteur, ni la commission,
ni les orateurs ; il n'y a que la loi qui
soit méconnaissable. Mais il faut être de
la partie pour s'en douter. Pour le vul-
gaire, c'est toujours le général Loysel qui
combat le général Pourcet, le général
Pourcet qui combat le général Guillemaut,
le général Guillemaut qui combat le géné-
ral Riffault. Puis, quand on va voter, un
cinquième général vient demander l'ajour-
nement.
Vous voyez bien que c'est toujours la
même chose!
EMMANUEL ARÈNE.
.0.
ECHOS PARLEMENTAIRES
On a vu, au compte-rendu du Sénat, l'inci-
dent qui a marqué le début de la séance au
sujet des sept sénateurs dissidents dont les
votes n'ont pas été mentionnés au Journal
officiel. On donnait, dans les couloirs, les noms
de ces sept braves : ce sont MM. de Broglie, de
Colombet, de Kergariou, Monnet, de la Mon-
neraye, Vandier et de Rodez-Bénavent.
Ces messieurs avaient réellement voté con-
tre dans le scrutin d'hier. C'est quand ils se
sont aperçus qu'ils seraient seuls qu'ils sont
allés annuler leurs bulletins bleus avec des
bulletins blancs.
Les secrétaires ont accepté ces bulletins trop
tardivement déposés.
* *
La commission sénatoriale de l'amnistie
pour les délits de presse commis depuis le
16 mai a tenu hier une très-intéressante séance,
qui ne peut manquer d'avoir des conséquen-
ces sur le sort réservé par le Sénat au projet
du gouvernement.
La commission a entendu le directeur de
l'enregistrement, qui a déclaré que l'adminis-
tration restituerait les amendes encourues
même au cas où la loi ne l'ordonnerait pas
expressément. Notons, en passant, que le
chiffre des amendes encourues par la presse
sous le ministère du 16 mai ne s'élève pas à
moins de 315,000 francs dont 183,000 ont été
déjà versés au Trésor, indépendamment, bien
entendu, des frais de justice, dont le total est
considérable.
La restitution de cette somme est considé-
rée comme la conséquence même du vote de
l'amnistie : et il faudrait une clause expressé-
ment introduite dans la loi pour que cette res-
titution n'eût pas lieu.
Après les explications du directeur de l'en-
registrement, la commission a été appelée à
se prononcer, et MM. Paris et Batbie s'étant
joints à la minorité de gauche, la restitution
a été votée par six voix contre trois. M. de
Ventavon, qui s'y était vivement opposé, a aus-
sitôt donné sa démission de rapporteur de la
commission.
En outre, toutes les décisions antérieures
sont remises en question, car on a fait remar-
quer que la commission n'ayant pas fixé de
date pour les effets de l'amnistie, celle ci de-
vrait s'appliquer à tous les délits non couverts
par la prescription, c'est-à-dire remonter à
trois années en arrière.
Or, il y aurait impossibilité à restituer toutes
les amendes prononcées dans cette période.
On voit qne la commission n'est pas près
d'avoir achevé ses iravaux.
⁂
La commission des finances du Sénat s'est
réunie hier au ministère des finances. Elle
s'est occupée du budget des travaux publics.
Elle a de nouveau, à Versailles, dans l'après-
midi, achevé l'examen de ce budget.
La commission semble avoir reconnu qu'il
était impossible que le budget des dépenses
fût voté par le Sénat avant le 28 février, et
elle a décidé qu'elle en aviserait immédiate-
ment M. le ministre des finances.
Il fandra donc probablement recourir à un
nouveau douzième provisoire. Après la lumi-
neuse discussion qui a eu lieu avant-hier au
Sénat, le pays sait à qui doit incomber la res-
ponsabilité de cet expédient.
*
La sous-commission d'enquête du Nord est
revenue hier soir à Paris, après avoir passé
deux semaines à Amiens et recueilli des infor-
mations et des témoignages sur les élections
du département de la Somme.
Cette sous-commission, qui se composait de
M. Turquet, président, et de MM. Germain
Casse et Lelièvre, a entendu environ 120 té-
moins, parmi lesquels un grand nombre de
fonctionnaires. Elle a recneuilli de précieux
renseignements sur les manœuvres auxquelles
s'est livré le baron de Sandrans, ex-préfet de
la Somme, bien qu'elle n'ait pu retrouver un
certain nombre de documents admistratifs.
Elle a recueilli également des informations
d'un vif intérêt sur les élections de MM. Blin
de Bourdon et de Septenville et sur l'interven-
tion du clergé dans la lutte électorale.
M. Lelièvre remettra son rapport jeudi pro-
chain à la commission d'enquête.
La délégation du Nord repartira dans une
quinzaine de jours pour visiter les départe-
ments du Pas-de-Calais et du Nord.
«
La commission relative à la réorganisation
du corps des commis de la marine s'est réu-
nie hier, à une heure. Elle a adopté, avec de
légères modifications, les divers articles de
la proposition de loi, et a décidé qu'elle en-
tendrait la semaine prochaine le ministre de
la marine.
Le rapport sera déposé très-prochainement.
- *
* *
On a distribué hier : 1° un amendement
présenté par M. Viette au projet de loi ayant
pour objet une réforme postale, amendement
ainsi conçu :
L'article 3 du projet de loi doit être ainsi
modifié :
« La taxe des journaux, recueils, annales,
mémoires et bulletins périodiques, paraissant
au moins une fois par trimestre et traitant de
matières politiques ou non politiques, est,
par exemplaire, de deux centimes jusqu'à 30
grammes.
» Au-dessus de 30 grammes, le port est aug-
menté de un centime par dix grammes ou
fraction de 10 grammes. »
L'article 4 conservé comme au projet.
2° Un rapport sommaire fait par M. Baïhaut
au nom de la 2e commission d'initiative par-
lementaire, chargée d'examiner la proposi-
tion de loi de M. Farcy et de plusieurs de ses
collègues, ayant pour objet de réduire la du-
rée du service obligatoire dans l'armée de
mer de six à cinq ans.
Ce rapport conclut à la prise en considéra-
tion.
-- -,----- ----
« PAUVRE ET INOmiF •
Si je ne vous disais toutde suite à qui le
Figaro applique cette double et touchante
épithète, vous ne devineriez jamais à
coup sûr. Non, ce n'est pas du Sénat qu'il
s'agit ; ce n'est pas de cet ordre des Jé-
suites auquel le budget vient de refuser
notre argent pour élever dans la haine de
la France les jeunes séminaristes ; ce
n'est même pas de M. de Mun, le cuiras-
sier en surplis qui a fait à la Chambre
il y a trois jours un si joli fiasco. Non,
c'est le 16 mai lui-même, c'est le 16
mai que le Figaro appelle le « pauvre
et inonensif » 16 mai.
Le 16 mai est bien à plaindre en effet.
Figurez-vous que la Chambre ne veut
pas laisser dormir en paix le 16 mai.
Elle le poursuit dans la tombe, elle mal-
mène sa mémoire. Cette Chambre mé-
chante et cruelle passe son temps à dis-
cuter ses « crimes, » à lui qui était si bon,
si vertueux, si doux ; à ce 16 mai paternel,
bénin, ce 16 mai qui ne voulut de mal à
personne, qui ne fit de mal à personne,
ce 16 mai, si bonne pâte de gouverne-
ment, pour tout dire en un mot, ce « pau-
vre et inoffensif » 16 mai.
Il faut que les républicains aient l'âme
bien noire pour agir comme ils le font.
Il ne leur suffit plus d'avoir, le 14 oc-
tobre, égorgé ce doux et inconscient
agneau, de s'en être partagé les mem-
bres. Les voilà, par-dessus le marché,
qui l'insultent, qui le calomnient, qui
parlent de ses « crimes, » à lui qui ne sut
jamais que souffrir et se résigner, qui se
laissa mettre à mort sans une résistance,
sans une plainte.
Qui donc a osé dire que le 16 mai avait
bouleversé l'administration, qu'il avait
« bousculé » laFrance, qu'il avait fait trois
mille deux cents procès politiques, qu'il
avait bâillonné la presse, ôté à tous les
journaux républicains la vente sur la voie
publique? Qui donc a prétendu qu'il
s'était servi du Bulletin des Communes
pour diffamer la Chambre dissoute sur
toutes les murailles de France, qu'il avait
relevé la candidature officielle, essayé
de peser sur la liberté des électeurs par
les manifestes du maré chat, transformé en
agents électoraux l'armée des fonction-
naires ? Qui donc l'a accusé d'avoir arrê-
té la prospérité matérielle du pays, sus-
pendu les affilires, mis en péril tous les
intérêts, d'avoir causé plus de faillites
que n'en entraîna la désastreuse guerre de
1870 ? Ce « pauvre et inoffensif » 16 mai !
comme s'il avait jamais été capable
de rien de pareil! Comme si M. de Bro-
glie avait jamais touché à un seul pro-
cureur, à un seul juge de paix ! Com-
me si M. de Fourtou avait Seulement
changé un maire et suspendu un conseil
municipal ! Comme si M. Joseph Brunet
n'avait pas été un père véritable pour
tous les inspecteurs d'Académie, pour
tous les instituteurs ! Et qui, grands dieux !
pourrait prononcer les noms de M. Cail-
loux, de M. de Meaux, de M. Paris, autre-
ment que pour célébrer leur évangélique
douceur? Non, en vérité, je vous le dis,
on ne saurait songer à ce « pauvre
et inoffensif » 16 mai et à son triste
sort sans se rappeler aussitôt cette
autre victime « malheureuse, innocente
et persécutée,» l'infortunée Geneviève, de
Brabant. Il faudra que quelque poète,
chevalier de l'innocence opprimée, porte
quelque jour sur la scène les malheurs
du 16 mai. M. Offenbach se chargera de
la musique, et à ce spectacle les âmes
sensibles fondront en larmes.
- Franchement, il faut quelque hardies-
se littéraire, même en ce temps de car-
naval, pour affubler le 16 mai de ces
deux épithètes de « pauvre et inoffensif. »
Il se peut que M. Francis Magnard, qui
est né Belge et n'a pas, que nous sa-
chions du moins, été naturalisé Français,
ait pris légèrement les maux que le 16
mai a causés à ce pays et les vexations
qu'il lui a fait subir : mais ce que nous
savons, c'est que la France s'en souvient
et, malheureusement pour elle, ne pourra
pas de longtemps encore les oublier.
CHARLES BIGOT.
LES ÉVÉNEMENTS D'ORIENT
Constantinople, 21 février.
La flotte anglaise ne s'éloignant pas, les
Russes doivent se rapprocher de Constantino-
ple sans y entrer immédiatement. Cependant
ils n'ont pas encore franchi la zone neutre.
Constantinople, 21 février.
On assure que la Russie proposerait des
conditions de paix moins dures, si la Turquie
faisait une alliance offensive et défensive avec
elle.
Constantinople, 21 février.
Les Russes laisseraient au congrès le règle-
ment définitif de certaines questions, notam-
ment l'organisation de la Bosnie et de l'Her-
zégovine et la nomination du prince de Bulga-
rie, lequel ne serait pas issu d'une famille ré-
gnante parmi les grandes puissances.
Il n'est pas question des détroits dans les
conditions de paix.
M. Onou a demandé que la paix soit signée
avant le 2 mars.
Constantinople, 21 février.
Une caravane de Circassiens qui traversait
les lignes russes à Tchataldja, pour se rendre
à Constantinople, ayant refusé de déposer les
armes, a été désarmée par les Russes après un
combat.
Constantinople, 21 février, 3 h. 45, soir.
On assure que la Russie demanderait à avoir
une station navale dans la mer de Marmara.
La cession de la flotte turque n'est pas déci-
dée.
On assure que l'armistice ne continuerait pas
après le 23 mars, limite fixée pour la signa-
ture de la paix.
Les Russes occuperont prochainement San-
Stefano, aux environs de Constantinople.
Constantinople, 22 février, 1 h.
Le voyage de Namyk-pacha a été contre-
mandé, le tzar ayant fait savoir qu'il était inu-
tile parce que les délégués d'Andrinople ont
toutes les instructions voulues.
M. Fournier a remis au sultan ses lettres de
créance dans une audience privée.
Constantinople, 22 février, 1 h. 50.
Suivant les conditions de paix posées par la
Russie, la principauté bulgare s'étendrait jus-
qu'à Salonique, y compris le mont Atlios.
La paix sera signée à Andrinople.
Constantinople, 22 février, 1 h. 45.
Les Russes occupent les environs de Cons-
tantinople, mais il n'y entreront pas immé-
diatement ; seulement le corps d'armée russe
d'Andrinople viendra après la paix s'embar-
quer à Constantinople pour se rendre à
Odessa.
Constantinople, 22 février, 1 h. 45.
(voie Odessa.)
L'indemnité de guerre serait de cinq mil-
liards de francs, dont un payable immédiate-
ment en numéraire, moyennant un emprunt
garanti par les revenus des provinces éman-
cipées.
Les Russes ont demandé qu'une partie de
la flotte turque fût cédée contre une partie de
l'indemnité de guerre; mais le conseil des mi-
nistres a repoussé absolument cette préten-
tion.
Les Russes demandent aussi que les Rou-
mains, les Serbes et les Monténégrins aient
une part pécuniaire sur l'indemnité de guerre
en outre des cessions territoriales.
Les aides de camp de Suleiman ont été ar-
rêtés pour conduite séditieuse.
Londres, 23 février.
Le Standard, dans une deuxième édition,
publie la dépêche suivante :
Constantinople, 22 février.
Le bruit court que le grand-duc Nicolas
ayant appris que la Porte est résolue à ne pas
accepter les conditions de la Russie a décidé
de marcher sur Constantinople. La situation
est très grave. Le conseil délibère au Palais.
Plusieurs ministres sont disposés à accepter
les demandes de la Russie.
Vienne, 23 février.
Les divers bruits sur de prétendus prépara-
tifs en vue de la mobilisatien de l'armée, dont
les journaux hongrois se font surtout l'écho,
sont du moins prématurés.
Le seul fait significatif, s'il se confirme, se-
rait la nomination, comme premier aide-de-
camp de l'empereur, du général Mondel, com-
mandant militaire à Cracovie.
Bucharest, 23 février.
Roustchouk a été occupé par les Russes.
Widdin sera complètement évacué demain.
Les Roumains occupent cette place.
On a assigné aux Turcs comme ligne de re-
traite la direction de la Serbie.
Les Turcs emportent avec eux leurs baga-
ges, leurs armes, et emmènent leur artillerie
de campagne. -
Ils abandonnent l'artillerie de position.
Le directeur de la Compagnie de navigation
du Danube est venu à Bucharest, afin de
s'entendre pour la reprise du service sur le
fleuve.
La Logique de l'Univers
L'Univers a des raisonnements qui
sont impayables.
Il s'occupe, lui aussi, de cette ques-
tion qu'un jugement récent a remise à
l'ordre du jour, et qui vient d'être dis-
cutée à la Chambre par M. de Mun et
par M. Bardoux : la question des con-
grégations religieuses non reconnues par
l'Etat.
Il arrive à parler à son tour de ce fa-
meux décret de messidor, qui a été si
souvent analysé et commenté en ces der-
niers jours. Permettez-moi de vous en
rappeler le texte :
« Seront dissoutes toutes les agrégations
ou associations formées sous prétexte de
religion et non autorisées. »
Et M. P. Serret, le rédacteur de Y Uni-
vers, cite la phrase, et il ajoute :
« On se demande ce que dissout le dé-
cret et ce qu'il peut y avoir réellement à
dissoudre dans une congrégation non au-
torisée. On dissout une association con-
tractuelle ou autre,commerciale ou civile,
qui est en possession-de l'unité légale-
ment, et qui offre le signe, l'organe agis-
sant et extérieur de l'unité, à savoir la
personnalité juridique.
» Les congrégations non reconnues se
dérobent par la force des choses aux me-
sures de la dissolution. Comment dissou-
dre par l'autorité de la loi ou la sentence
du juge ce qui n'a pas d'unité au regard de
loi ? Comment désagréger la vertu d'un
acte juridique quelconque, ce qui se trou-
ve juridiquement, ce qui se trouve d'ores
et déjà en état de désagrégation? »
Ce raisonnement n'est - il pas admi-
rable?
A ce compte, les congrégations se fe-
raient de leur désobéissance à la loi un
titre pour échapper aux rigueurs de la
loi.
Poussons cette logique à l'extrême.
Voici une bande de brigands; c'est une
association qui n'a pas été reconnue par
l'Etat; elle n'a pas d'existence légale, de
personnalité juridique. Elle n'offre pas,
pour me servir des termes mêmes de M.
Serret, l'organe agissant et extérieur de
l'unité. Elle sera donc en droit de répon-
dre, si la force publique s'avise de vou-
loir la dissoudre :
— Pardon ! Vous ne pouvez dissoudre
au nom de la loi ce que la loi n'a pas re-
connu.
— Mais c'est précisément parce que
la loi ne vous a pas reconnus et ne peut
vous reconnaître que je prétends vous
dissoudre.
— Excusez-moi si j'insiste : comment
désagréger par la vertu d'un acte juridi-
que quelconque ce qui se trouve juridi-
quement en état de désagrégation ?
— Mais vous n'êtes pas le moins du
monde en état de désagrégation. Vous
êtes agrégés au contraire, s'il vous plaît
de vous servir de ce mot : disons plutôt,
pour parler français, que vous êtes asso-
ciés; vous l'êtes de fait, sinon juridique-
ment, et c'est ce fait même qui nous
blesse, et il nous blesse d'autant mieux
qu'il n'est pas juridique.
- Nous avons pris pour exemple une as-
sociation de voleurs pour rendre plus
frappant le vice du sophisme. Mais cette
argumentation pourra s'appliquer à toute
aggrégation, quelle qu'elle soit. Des
conspirateurs forment une association
pour tramer quelque complot contre la
forme du gouvernement; des hommes du
monde fondent un cercle qui tourne à
la maison de jeu ; seraient-ils bien venus
à dire à l'Etat, s'il se mêlait de leurs af-
faires : Moi, je ne suis pas autorisé, donc
je n'existe pas ; donc vous ne pouvez pas
me dissoudre. Laissez-moi tranquille.
Voilà les pères du Saint-Sacrement,
vous savez bien, ces pauvres pères du
Saint-Sacrement, qui viennent de rece-
voir droit sur l'occiput le jugement de
M. Manau. Croyez bien, ô pieux rédac-
teur de l'Univers, que rien ne serait plus
simple et plus facile que de dissoudre
leur agrégation. Ils auraient beau se
dérober, comme vous dites, par la force
meme des choses, aux mesures de disso-
lution. La force armée aurait aisément
raison de la force des choses.
On prierait poliment, à l'aide d'un ou
même de plusieurs gendarmes, messieurs
les pères de se séparer, *>u, si vous pré-
férez ce mot, de se désagréger, et ils
seraient bien forcés de se soumettre.
M. Serret et l'Univers en seraient pour
leur logique.
FRANCISQUE SARCEY.
—————.
Lettres de Rome
Rome, 21 février.
Annuntio )obis gaudium magnum, habemus
papam.
Je ne vous annonce rien. Vous savez depuis
longtemps qu'hier 20 février, à 1 heure 15 mi-
nutes du soir, sa révrendissime éminence la
cardinal Gioachimo Pecci, archevêque.évêque
de Pérouse, camerlingue de la sainte Eglie
romaine, est monté sur le trône pontifical sous
le nom de Léon XIII.
Dans ma dernière lettre, partie au moment
où le conclave commençait ses scrutin
vous ai parlé longuement du cardinal Pecci.
Son élection était sinon attendue, au moins
espérée Le sacré-collége, en l'élevant à la
chaire de saint Pierre, a rempli le vœu de
tous les esprits modérés.
Depuis quelques jours sa candidature sem-
blait avoir perdu du terrain; en sa qualité de
camerlingue il avait dû prendre, dans l'admi-
nistration intérieure du Vatican, des mesures
d ordre rigoureuses qui avaient fort indisposé
contre lui la population dont regorge cet imM
mense palais, aussi peuplé qu'une petite villej
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