Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1874-06-12
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 12 juin 1874 12 juin 1874
Description : 1874/06/12 (A4,N937). 1874/06/12 (A4,N937).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75589722
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
48 Année, - N° 937 PM DU NuÉBo : PARII 15 CImmtBl — DjpüTBIIHftTI : SO CBm.I..
Vendredi 12* Juin 187-4 J
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JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSBRVÀTEIJR -
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Wadresser au Secrétaire de la Rêdaefloà
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On s'abonne à Lcmdres, chu M. A. MAOïiarénéril
Idvertilinl, agent, 13, Tavistockrow, CkweotGarctea»
MM. les Souscripteurs dont l'abonne-
ment expire le 15 juin sont priés de le
renouveler immédiatement s'ils ne veu-
lent éprouver de retard dans la réception
du journal.
Voir à la troisième page les
SOUVENIRS DU 4 SEPTEMBRE
Par AM. JULES SIMON.
Paris, le 44 juin 1874.
La séance dans laquelle l'honorable
M. Girerd a dénoncé aux représentants
du pays les projets insurrectionnels de
la faction bonapartiste à été marquée
par une scène de violencè. M. Gambetta,
répondant à une provocation directe de
M. Rouher, est monté à la tribune et a
flétri l'impudence de ceux qui osent par-
ler d'honneur devant une Assemblée qui
les a publiquement flétris. A ce pro-
pos, les organes brevetés de Tordre,
avec ou sans garantie du gouvernement,
se montrent scandalisés «, ils crient à
l'abomination de la désolation; ils lan-
cent l'anathème contre l'orateur, qu'ils
accusent d'avoir souillé la tribune fran-
çaise ; ils font, en un mot, leur métier
d'aboyeurs. Non ragionam di loro; il n'y
a pas à discuter avec des gens qui, sous
prétexte de rappeler autrui au sentiment
des convenances se jettent à corps perdu
dans une orgie de polémique ordurière
où les plus vils journaux de la Com-
mune eussent eu peine à les suivre.
Mais il paraît que dans certains grou-
pes de l'Assemblée, à gauche comme à
droite, on a regretté' l'emportement où
l'orateur républicain s'était laissé en-
traîner. Ces scrupules sont, à coup sûr,
très-respeetables ; nous croyons toute-
fois qu'il est telles circonstances où il
ne faut pas les exagérer, sous peine de
sacrifier la vérité à la convention, la
justice, à ,]$, politesse. Les gros mots
n'ont jamais remplacé le plus petit ar-
gument, cela est vrai; mais lorsqu'un
procès est depuis longtemps instruit,
que l'accusé a été reconnu coupable à
l'unanimité, qu'une condamnation sans
appel l'a frappé, et qu'au lieu de cour-
ber la tête, il la relève et prétend usur-
per la place des juges, voulez-voui
qu'on discute avec lui? On le réduit au
silence en le cinglant à la face d'un de
ces mots que peut réprouver le code de
la civilité, mais qui soulagent la con-
science publiqué.
Eh bien, nous ne craignons pas de
l'affirmer hautement M. Gambetta s'est
fait, dans cette circonstance, l'interprète
de tout ce qui est honnête en France,
de tout ce qui conserve au fond du
cœur ces haines vigoureuses dont parle
Molière, et qui ne pardonneront jamais,
quoi qu'ils disent, quoi qu'ils fassent,
quoi
aux auteurs de notre ruine et de notre
humiliation.
* Misérables 1 » a crié M. Gambetta en
désignant du doigt le groupe où siège
celui qui, pendant dix ans, eut lé triste
privilège d'être appelé vice-empereur !
A ce mot, le Journal officielcoiistate que
de vives réclamations et des murmures
éclatèrent sur ua grand nombre de bancs
de l'Assemblée. Eh! quoi! ce mot qu'un
de vous a prononcé, il ne vous était donc
pas monté du cœur aux lèvres, à vous
mil le lor mars 18:71* - avez trouvé
d'une bien autre énergie pour flétrir
l'empereur et l'empire ! Le jour où l'ho-
norable M. Bamberger, alsacien de nais-
sance et député de la Moselle, parut
à la tribune pour jeter une dernière
malédiction à Napoléon III, Ain Corse
osa protester. L'Assemblée tout entière
se leva dans un transport d'indignation,
et alors commença une scène de tu-
multe indescriptible. Ah ! il s'agissait
bien de politesse et de convenances !
On était ivre de colère. M. le marquis de
Franclieu criait à M.. Conti : « Les bour-
reaux n'ont pas le droit d'insulter les
victimes; » et de tous les points de la
Chambre partaient de sanglantes apos-
trophes à l'adresse des ffrontés qui
Qsaient élever la voix devant les dépu-
tés que la France en pleurs avait en-
voyés à Bordeaux conduire le deuil de
l'Alsace et de la Lorraine.
Ah ! nous l'avons souvent dit, et nous
le répétons, il sera beaucoup pardonné
à cette Assemblée parce qu'elle a témoi-
gné beaucoup de haine à l'Empire ;
l'Histoire ne se préoccupera point de
savoir si, dans la séance du i ermars
1871, toutes les convenances parlemen-
taires ont été scrupuleusement obser-
vées ; elle constatera seulement qu'un
jour sept cents Français, d'origines et
d'opinions diverses, se sont réunis dans
un même élan de patriotisme et de
fierté nationale pour faire justice du
plus abominable forfait et du plus cri-
minel des hommes ; eUe dira que l'As-
semblée nationale a bien mérité dé la
patrie en confirmant tout d'une voix,
dans cette journée tumultueuse, la dé-
chéance de Napoléon III et de sa dy-
nastie.
La tribune française est honorée par
de telles explosions de saine et légitime
colère, véritables échos de la conscience
publique ; et puisqu'on nous parle sans
cesse de l'ordre moral, nous dirons que le
meilleur moyen de le sauvegarder, c'est
de ne point laisser impunies, certaines
audaces, c'est de flétrir au grand jour
les coureurs d'aventures., et de clouer les
menteurs au pilori comme les débitants
r clouent les pièces fausses sur leur comp-
toir.
Aussi persistons-nous à penser que
s'il y a eu scandale dans la séance de
mardi, la honte ett revient tout entière à
ceux qui l'ont provoquée par une atti-
tude et des déclarations qui étaient une
injure au bon sens en même temps qu'à
l'honnêteté publique. M. le président a
rappelé à l'ordre M. Gambetta, au nom
des convenances parlementaires. C'était
son droit et peut-être son devoir ; nous
regrettons pourtant que M. Buffet ne se
soit pas souvenu de certaine séance du
Corps législatif, où le tumulte et les vio-
lences avaient dépassé tout ce qu'on a
jamais vu dans l'Assemblée actuelle.
C'était le 15 juillet 1870. M. Emile
Ollivier venait - d'allumer la guer-
re, et le cœur léger, il demandait
50 millions à la Chambre, M. Thiers prit
la parole ; il voulait tenter un dernier
effort en faveur de la paix; mais il avait
compté sans les Cassagnac et les Bel-
montet. Il fut accueilli par des bordées
d'injures. Jamais club en démence ne
présenta l'aspect du Corps législatif à
ce moment : « Offensez-moi, insultez-
moi, dit M. Thiers, je suis prêt à tout
souffrir pour défendre le sang de mes
concitoyens que vous êtes prêts à verser
si imprudemment. » Et les injures .re-
doublèrent. Si M. Buffet s'était souvenu
de ce que devinrent les convenances parle-
mentaires dans cette journée du 15 juillet,
et dans quelle funeste occasion elles furent
à ce point méconnues par les gagistes de
l'empire, sans doute il eût regretté l'o-
bligation où il se trouvait de sévir con-
tre - M. -- Gambetta. - Lui aussi, il a fait bon
marché des convenances parlementai-
res, mais il vengeait le 15 juillet; à
ceux qui, ce jour-là, avaient outragé le
plus illustre et le plus clairvoyant des
patriotes, il ajeté l'épithète de « misé-
rables. » La France, qui est réputée la
nation la plus polie de la terre, ne son-
ge point à s'en scandaliser.
E. SCHNERB.
- ♦ —————————
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, 40 juin 1874.
La mythologie subdivisa jadis les temps
en âges d'or, d'argent, d'airain et de fer.
Si jamais l'histoire s'amuse à établir des
divisions touchant cet ensemble que, par
amour du paradoxe, on a appelé la treve
des partis, elle pourra nommer la période
dans laquelle nous entrons : l'âgé de la
triqué.
La séance d'hier, déjà regrettable par
ses violences, a eu, ce matin, son épilo-
gue brutal sur la voie publique. Sous la
galerie vitrée de la gare Saint-Lazare,
vers une heure vingt, un aimable partisan
de l'appel au peuple, — M. Rouher le re-
nie d'ailleurs pour ùn", délégué du comité
central, — s'est aposte pour insulter au
passage M. Gambetta.
Le léctêur lira plus loin là scène rapide
et un peu confuse qui s'en est suivie.
Pour notre compte, un fait nous a frappé :
notre regard, se détournant par hasard du
groupe principal, s'est arrêté tourt à coup
sur le second plan. On voyait là, se te-
nant discrètement dans la pénombre de
violences, quelques têtes connues de l'an-
cienne bande policière que leur ex-gran-
deur, trop compromettante, retenait en
dehors de l'action. Cela était intéressant
et vraiment instructif.
L'incident du départ a eu sa contre-
partie à farrivée à Versailles; M. l'amiral
Fourichon et M, le,général Le Flô, qui,
dans l'Assemblée, sont des adversaires de
M. Gambetta, ont fait taire les dissenti-
monts politiques pour ne laisser parler que
leur honnêteté, et ils sont revenus sur
leur pas pour serrer la main de leur col-
lègue.
Nous nous rappelons qu'à Bordeaux, des
députés monarchistes, ayant été salués du
cri de : « Vive la République ! » par la
garde nationale, firent de cet incident une
grosse affaire, au nom de la liberté du
mandat législatif. Mais nous savons que
M. Gambatta ne voudra pas se souvenir
de ce précédent — pas plus que les dépu-
téo, monarchistes ne s'en souviendront. La
séance sera donc calme. Elle l'est. 1
Les articles 3 et 4" sont votés sans
grande discussion. C'est l'article 5 qui aie
plus d'importance, celui qui énumèro les
conditions que doit remplir l'électeur pour
être inscrit sur la liste. ',,
, Cet article est si important qu'il est né-
cessaire de le diviser en plusieurs para-
graphes.
Paragraphe 1er : âge, vingt-cinq ans.
Après une tentative de M. Goblet pour
obtenir qu'on laisse momentanément la
fixation de l'âge et qu'on ne touche pas,
incidemment pour ainsi dire, une question
de cette importance,, la discussion com-
mence par un disgours de M. Oscar de
Lafayette.
Un beau nom et un digne homme !
Le descendant de Lafayette siége au
centre gauche et ne semble pas se douter
qu'il est un immense péril social. Il monte
rarement à la tribune, et nous regrettons
vivement cette réserve, car ce qu'il dit, il
le dit avec une bonhomie franche et fine
à la fois, qui fait certainement plus d'ef-
fet que bien des rodomontades de parol.
M. Oscar de Lafayetto se déclare parti-
san des vingt et un ans, et il déploie un
grand bon sens, souvent beaucoup de ver
ve, à déchiqueter les arguments moraux et
philosophiques du rapport. Il soutient son
opinion à la bonne franquette, comme cela
lui vient, comme il a noté sa réflexion, et
comme la note lui tombe sous la main ;
c'est simple et juste ; cela est sans préten-
tion et obtient un grand succès..
« Je no voudrais pas, dit l'orateur en ter-
minant, rappeler la lecture d'hier (lcct-firc
Girerd); mais, enfin, vous voyez qu'on s'oc-
cupe des mécontents. Eh bien! ne crai-
gnez-vous pas qu'on s'occupe des mécon-
tents que fera votre loi, comme on s'est
jadis occupé des mécontents qu'a faits la
loi du 31 mai 1850? » -
C'est certainement là un des arguments
les plus indiscutables de la discussion pré-
sente. Nous demandons la permission de
laisser de côté les discours, soit de M.
Bethmont (champion des 21 ans), soit de
MM. Antonin Lefèvre-Pontalis et Fres-
neau (partisans des 25 ans), pour jeter un
rapide coup d'œil sur la situation politi-
que et l'état des partis. Les discours, cha-
cun peut les lire: mais tout le monde
n'est pas à même de lire dans les votes.
L'âge de 25 ans qu'introduit la com-
mission dans sa Idi, supprime d'un trait de
plume, douze à quinze cent mille électeurs.
Le vieux parti républicain repousse éner-
giquement, par principe, cette mutilation
du suffrage universel; le parti bonapar-
tiste agit do même, puisqu'il fait de l'inté-
grité du suffrage universel la base de ses
opérations politiques.
- Croyez-vous sincèrement que quatre ans
de plus de jeunesse — de 21 à 25 — in-
fluent sur le vote du tout au tout ? Evi-
demment non. Parmi les droitiers qui
soutiennent la théorie des 25 ans, les uns
ont en vue nous ne savons quel système
de doctrine sociale plus ou moins utopique,
les autres mettent leur espoir dans une
modification qui ne peut jamais leur donner
des résultats pires que les résultats actuels,
puisque ces derniers représentent, pour
leurs aspirations, l'apogée du mauvais; ils
ne courent pas grand risque à remplacer
par l'inconnu le connu qui est détestable
pour eux.
D'autre part, il est des gens qui, n'ayant
aucun parti pris, seraient portés à voter
au besoin les vingt-cinq ans, à cause de
la nouvelle loi militaire, si. tout est
dans ce « si 1. » s'ils ne voyaient pas
le parti bonapartiste qui guette leur vote
pour s'en emparer et porter en triomphe
le soi-disant cadavre du suffrage universel
en criant : « On égorge nos frères ! »
Et c'est là l'étrangeté de la situation ac
tuelle que bien des gens soient forcés d
mesurer à la nécessité de la minute pré-
sente leurs votes, ces votes qu'ils ne vou-
draient peser qu'en vue de l'avenir.
Quand on réclame des lois sans avoir de
gouvernement, on s expose à voir les gens
ne penser qu'au gouvernement futur eil
votant les lois présentes.
Encore une fois, nous n'apprécions pas ;
nous mettons le lecteur au courant d'une
situation qui, pour nous, est parfaitement
claire et nette. Aussi éprouvons-nous
quelque doute sur le succès de la com-
mission. L'Assemblée procède au scrutin
sur un amendement de M. Oscar de La-
fayette, qui demande le rétablissement de
l'âge de vingt et un ans.
Le scrutin est terminé et le dépouille-
ment se fait attendre. Bon signe! C'est
qu'il y a un écart peu considérable entre
les adversaires. Le bruit se répand que
les partisans des vingt-et-un ans l'empor-
tent de trois voix. Bon, très-bon signe ! A
la révision, ce sont toujours les bulletins
doubles de la droite qui décroissent en
plus grande proportion que ceux de la
gauche. En effet, au bout de trois quarts
d'heure d'attente, M. Buffet proclame le
résultat suivant :
Pour. 348
Contre. 337
A onze voix de majorité, les vingt et un
ans triomphent. Le suffrage universel sort
victorieux de là lutte. et la loi de l'élec-
torat municipal l'agonisé.
Le résultat est énorme : c'est le com-
mencement dé la fin.
PAUL LAFARGUE. -
e 1
L'empire, qui devait être la PAIX, a
été la ruine, l'invasion et le démembrement
de la France.
Le 1er mars 1871, l'Assemblée natio-
nale votait en masse la motion suivante,
qui exprime le sentiment de la nation
française sjir les bienfaits du régime dé-
chu :
« L'Assemblée nationale clôt l'inci-
» déni, et, dans les circonstances dou-
» loureuses que traverse la patrie et en
» face de protestations et de réserves
» inattendues, confirme la déchéance de
» Napoléon III et de sa dynastie, déjà
» prononcée par le suffrage universel,
» et le déclare responsable de la ruine, de
» l'invasion et du démembrement de la
» France. » 4
Trois ans et trois mois après ce grand
acte de la représentation nationale,
voici ce qu'un journal bonapartiste, en
pleine République, écrit impunément
contre les républicains :
Un homme heureux, c'est M. Rouher !
A trente-ciuq ans, il était ministre. Pendant
toute la durée de l'empire, il fut le conseiller fi-
dèle de Napoléon ; respecté de ses ennemis, il
demeura personnellement un modèle d'intégrité.
Par son éloquence admirable, il occupe une des
premières places parmi nos plus grands ora-
teurs.
Il a eu tout pour lui.
Une seule chose lui manquait, et il la possède
aujourd'hui : l'auréole de l'injure.
Hier, il a entendu Gambetta l'outrager; il a
vu toute la gauche déchaînée se précipiter sur
lui comme une meute de loups, cent contre un,
l'entourer d'un cercle ignoble. Et quand il est
descendu de la tribune, quand il est sorti dans
les couloirs, la meute l'a suivi, continuant ses
hurlements, la menace aux yeux et la bave aux
lèvre..
C'est un grand honneur pour M. Rouher, et
après l'estime des honnêtes gens, qu'il avait de-
puis longtemps conquise, il ne lui manquait
plus, pour compléter sa glorieuse carrière, qu'à
mériter les invectives de la canaille.
C'est un titre pour lui que d'avoir, dans un
jour de sa vie si pleine, personnifié en lui le
parti tout entier de l'empire, et d'avoir subi sur
ses larges épaules le poids complet des injures
qui retombent sur chacun d'emre nous.
Oui, Gambetta nous a traités de miséra-
bles!
Oui, Gambetta nous a déclaré qu'il nous flé-
trissait !
Que répondre à ces hoquets d'ivrognes ? et
n'y a-t-il pas lieu de s'étonner tout d'abord
qu'on n'ait yas répondu simplement à Gambetta
par un coup de pied dans ce qu'il a montré si
souvent à l'ennemi pendant la défense natio-
nale ?
C'est le premier mouvement qui a dû animer
nos amis ; mais les immlteurs étaient une cen-
taine, nos amis n'étaient que quelques-uns, et
cela n'a pas été possible.
Et naturellement la gauche a tressailli de joie,
demandant à grands cris d'être associée au rap-
pel à l'ordre qui venait d'être infligé par le pré-
sident au borgne de Cahors.
On aurait dit vraiment que ces gens-là, étant
bien élevés, avaient été tout joyenx de voir un
des leurs découvrir par hasard une grossièreté
de bonne guerre, et ils en ont chacun réclamé
leur part, comme si chaque mot tombé de leur
bouche n'était pas du même genre, et comme
s'ils n'avaient pas le choix immense des ordu-
res.
Et c'est tellement fort, ce qu'ils ont fait là,
c'est tellement inouï, qu'à part un sourire de
dégoût qui nous surprend, nous avons de la
peine à nous mettre même en colère.
Pourtant, être appelés m'iserables, nous,
quand il y a là, Gent, Esquiros, Ferry, Jules
Favre, Challemel-Lacour, c'est roide !
Etre flétris par ces bonnets rouges et ces bon-
nets verts, c'est le monde renverse, c'est le ban-
dit artijant le gendarme et le marquant à son
tour surTépaule.
Mais qui donc sont les misérables, si ce n'est
vous autres, républicains, qui, le jour de la dé-
faite, avez renversé le gouvernement régulier du
pays pour déblayer plus sûrement la route de-
vant l'ennemi vainqueur ?
Les misérables, c est vous, gens de la Défense
nationale, tigres ou singes, Gambettas ou Cré-
mieux, qui, toujours en arrière, décampiez de-
vant les Allemands, leur jetant pour toute arme
vos toques d'avocat à la figure, et tirant seule-
ment la plume contre eux, afin de n'avoir à
verser que de l'encre !
Les misérables, c'est vous, administrateurs
couards et altérés, Falstaffs de province, qui
buviez, mangiez, fumiez, faisiez venir des filles
à Marseille, à Lyon, à Bordeaux, pendant que
la Franc@ perdait son dernier écu et sa dernière
goutte de sang !
Les misérables, c'est vous tous, qui ne vous
êtes pas battus, républicains infâmes, qui avez
installé votre sale gouvernement sur les ruines
de la patrie, et qui n'avez vu dans nos malheurs
que l'affirmation de vos principes abhorrés !
Et depuis quand le voleur se permet-il donc
d'outrager l'honnête homme ? Le lâche, d'inju-
rier le brave ? Le républicain, d'appeler miséra-
ble un impérialiste ou. un autre ?
Pour en arriver là, il faudrait que toutes les
prisons fussent ouvertes et que les bagnes se
dégorgeassent sur la société vaincue.
Mais heureusement que nous n'en sommes
pas arrivés à ce point de honte.
Il nous est possible de repousser à coups de
canne cette cohue insolente et de rappeler aux
républicains qu'ils ont trop de sang et trop de
boue sur le visage pour avoir l'air de gens pro-
pres, tant qu'il y aura de l'eau dans les fontai-
nes et du savon chez les-épiciers. *
Et voyez comme ces gens-là sont lâches ! ils
se sont mis tous ensemble pour se iuer sur le
petit groupe de l'Appel au peuple !
Individuellement, ils eussent été moins bri-
lants. En bande, ils sont superbes d'audace.
Mais ce qui ressort principalement de tout
cela, c'est l'exaspération et la terreur qui les
animent.
Ils ne peuvent pas voir un impérialiste sans
avoir peur de sentir une main à leur collet. Ils
flairent Cayenne comme un coquin flaire la po-
tence.
L'idée de ce qui les attend un jour ou l'autre
les étreint et les étouffe.
Voyons, voyons, républicains éperdus, vous
n'en êtes pas tout à fait là, et vous avez encore
quelques mois devant vous pour achever d'indi-
gner la France et pour exciter chez elle le der-
nier degré du mépris. '-
Plus tard nous verrons, car entre vous et nous,
vous le savez bien, c'est une lutte implacable,
une guerre à mort.
Avec les autres partis, avec les royalistes de
toutes nuances, nous finirons toujours par nous
entendre ; mais avec vous, jamais !
11 faut que de nous deux, de vous République
ou de nous Empiré, un disparaisse.
Alléz-y donc, prodiguez l'écume, lancez la
boue, unissez-vous tous, les doctrinaires du 4
septembre et les assassins de la Commune,
mettez-vous tous ensemble et essayez de nous
arracher du cœur de la France, si toutefois vous
le pouvez !
Car, et c'est là ce qui vous exaspère, vous n'i-
gnorez pas qu'un immense mouvement s'opère
vers nous dans la masse populaire. L'Empire est
dans l'air, l'Empire est partout, caché dans les
nuages, comme l'aigle, et derrière les buissons,
comme la violette. , ., , ,
votre naine est aouoiee de àesespOlr, et vous
n'êtes violents que pour faire croire que vous
êtes forts.
Mais votre jour approche, et l'heure sonnera
bientôt où nous jetterons à terre, au nom de la
nation, Y&S insignes honteux qui déshonorent la
France, salissent nos murailles et tuent les in-
térêts.
Et ce jour-là, si vous n'avez pas réussi à vous
débarrasser de nous, si vous n'avez pu nous
conduire ni le long de la rue Haxo, ni sur les
rivages de Nouméa, prenez garde, car nous
sommes de ceux qui se1 souviennent!
Seulement, et pour le respect dû à l'Europe,
qui peut vous confondre avec la France hon-
nête, ne recommencez pas l'orgie d'hier.
Ne sentez pas le vin quand vous montez à la'
tribune, et dites à Gambetta que l'on a toujours
tort d'être saoûl quand on parle dans une Cham-
bre française où il n'y a pas que des voyous et
des républicains ! •
PAUL DE CASSAGNAC.
LA MODESTIE ALLEMANDE
Vous savez que l'on exige aujourd'hui
de nos jeûnes officiers qu'ils sachent
écrire et parler l'allemand, et que, par-
mi les sujets de Concours imposés
aux 1 candidats à l'Ecole militaire se
trouve un morceau français à traduire
dans la langue de Gœthe.
Vous ne devineriez jamais le texte
qu'on leur a choisi cette année.
Mais pour bien vous rendre compte
de l'étonnement qu'il a dû exciter, il
faut vous figurer six cents jeunes gens,
aspirant à 1 honneur de porter Tépau-
lette de l'officier français, enflammés
du désir de la défense nationale, et
décidés à apprendre la langue de nos
vainqueurs pour que les Allemands, s'ils
reviennent en France, trouvent à qui
parler.
Ils sont là, tous, la plume levée; ils
attendent. Le professeur dicte le texte
officiel, le texte approuvé par le minis-
tre de la guerre. Ântion; il com-
mence :
« La recherche de la vérité r dailS la
philosophie, comme l'imagination dans
la poésie, doit être indépendante de
toute entrave. Les Allemands sont les
éclaireurs de l'esprit humain ; ils es-
saient des routes nouvelles ; ils tentent
des moyens inconnus ; comment ne se-
rait-on pas curieux de savoir ce qu'ils
disent au retour de leurs excursions dans
l'infini?. »
Vous imaginez aisément la surprise des
six cents candidats devant cet éloge du
génie allemand. Je crois bien que si on
leur demandait personnellement leur
avis, ils ne seraient pas si curieux que
cela de savoir ce que disent les invin-
cibles mangeurs de choucroùte, au re-
tour de leurs excursions dans l'infini.
C'est évidemment là un texte traduit
de quelque bouquin allemand. Mais qui
diable l'a choisi pour le dicter à des
Français? un professeur d'outre-Rhin,
sans nul doute.
Eh bien ! mais ces vainqueurs, qui
parlent tant de notre incurable vanité,
qui raillent si pesamment nos préten-
tions à être le peuple le plus spirituel
du monde, il ne me semble pas qu'ils
se ménagent à eux-mêmes les coups
d'encensoir.
Les éclaireurs de l'esprit humain'!.
rien que cela ! excusez du peu ! des
gens qui regardent l'infini face à face
et qui causent familièrement avec lui !
Ah ! ce n'est pas nous, pauvres hères de
Français, qui avons de ces' conversations
curieuses ! Les Anglais sont mieux trai-
tés ; on leur fait, dans le thème dicté à
nos candidats, quelques légères conces-
sions :
« Les Anglais, dit le texte officiel, les
Anglais, qui ont tant d'originalité dans
le caractère, redoutent assez générale-
ment les nouveaux systèmes. La sagesse
d'esprit leur a fait tant de bien dans les
affaires de la vie qu'ils aiment à la re-
trouver dans les études intellectuelles,
et c'est là cependant que l'audace est
inséparable du génie. » -
Ainsi les Anglais ont de l'audace,
mais pas de génie; les Français n'ont
ni génie ni audace. Les Allemands ont
tout. Les Allemands, c'est l'infini.
Brid'Oison pensait que ce sont là des
choses qu'on ne doit pas 'se dire à soi-
même.
Mais s'il y a parmi nous des gens assez
modestes pour se les dire, ils devraient
au moins épargner la tristesse navrante
de leurs leçons à .des jeunes gens qui
sont l'espérance et la consolation du
pays.
FRANCISQUE SARCEY.
J ————— —— »
Un incident d'une certaine gravité
s'est produit hier, dans la salle d'attente
de la gare Saint-Lazare, vers une heure
et quart de l'après-midi, au moment où
les députés partent pour Versailles.
M. Gambetta est arrivé dans la gare, en
compagnie de M. Guyot-Montpayroux,
ancien député, qu'il venait dé rencontrer
et avec'lequel il avait lié conversation. Au
moment de son entrée dans la salle, M.
Gambetta a été abordé 'par un individu
qui lui a adressé la parole en ces termes :
« Vous avez dit que les bonapartistes sont
des misérables. Je suis bonapartiste, répé-
teriez-vous bien devant moi ce que vous
avez dit hier ? »
- Tout de même, répondit H. Gam-
betta, si vous êtes bonapartiste. Prenez-le
comme vous voudrez.
Comme l'individu en question semblait
interloqué par ce propos, M. Gambetta ajouta
aussitôt : « Pauvre homme ! on vous fait
faire là un métier auquel vous ne vous
entendez guère ! »
A ce moment déjà l'attention de plu-
sieurs personnes avait été éveillée et des
groupes se rapprochaient.
Une autre personne, un individu dé-
coré, s'approchant. alors de M. Gambetta,
lui dit avec emportement: « Moi aussi, je
suis bonapartiste, et je ne souffrirai pas que
vous attaquiez ainsi un parti honora-
ble. »
M. Gambetta répondit : « Vous, mon-
sieur, laissez-moi la paix. Je ne vous con-
nais point. Ces menaces ne m'effrayent
point. J'en ai bien vu d'autres. »
Ces paroles dites a haute voix et avec
animation provoquèrent aussitôt des pro-
testations et déterminèrent un mouvement
dans la foule. M. Guyot-Montpayroux
avait déjà sollicité l'intervention de la po-
lice. Le premier individu qui avait parlé
avait été désigné aux sergents de ville, qui
l'arrêtèrent une minute et le relâchèrent
aussitôt.
Les amis de M. Gambetta s étaient ap-
prochés et s'empressaient de le dégager de
la foule pour le conduire sur la voie. Dans
ce tumulte, on a remarqué l'animation de
plusieurs députés, qui se plaignaient, non
sans raison, de ce qu'un de leurs collè-
gues s'était trouvé en butte à une alterca-
tion de ce genre
MM. Edmond Adam, LaureHt-Pichat,
Ordinaire, d'autres encore ont vivement
commenté l'attitude effacée des gardiens
de la paix. On a remarqué aussi la pré-
sence. dans la salle d'attente de M. Mouton,
ancien chef du cabinet et de la police po-
litique de M. Piétri. -
M. Gambetta a pris place dans le train
d'une heure vingt-cinq minutes. A son ar-
rivée à Versailles, il a reçu des témoigna-
ges de sympathie de là plupart de ses
collègues, notamment de M. le général
Le Flô et de M. l'amiral Fourichon.
r Dès son entrée dans l'Assemblée il a cru
devoir faire connaître les faits qui venaient
de passer à M. Baze, l'un des questeurs
de la Chambre, et celui-ci s'est empressé
d'en référer à M. le ministre de l'inté-
rieur. -
La commission chargée d'examiner le projet
de loi présenté par le gouvernement sur le con*
seil général des Bouches-du-Rhône s'est réunis
hier, au grand complet. -
On sait qu'elle est composée de MM. de Jou.
venel, président, L'Ebraly, secrétaire, Afrazat,
Bouchet, de Montgolfier, Latrade, Ganivet, Ma..
lens, Giraud, Gatien-Arnoult, Aubry, Blavoyer,
Charreyron, Rouvier, Amédée Lefèvre-Pentalis.
Les six noms imprimés en italiques appartien-
nent à la gauche. u.,
Dès l'ouverture de la séance, M. de Jpuvenei
a communiqué à ses collègues la lettre suivante,
qu'il avait reçue de M. Labadié :
Paris, le 8 juin 1874.
Monsieur le Président,
La commission que vous avez l'honneutf
de présider, après avoir entendu les ex-
plications de M. de Fourtou, ministre da
l'intérieur, a décidé, dans sa séance du 6
de ce mois,' PÂR 7 VOIX contre 6, qu'elle ne
m'entendrait pas.
Qu'il me soit permis d'insister. ded
Je conteste l'exactitude des faits et des
imputations allégués par l'exposé des mo-
tifs et par M. le ministre. Les actes du
conseil général et ma conduite, depuis trois
ans que j'ai l'honneur de le présider, ont
été, suivant moi, injustement incriminés.
On a entendu l'attaque ; pourquoi et com-
ment ne pas entendre la défense ? Cela ne
serait pas juste. Ce serait - refuser un
moyen essentiel d'arriver à la manifesta-
tion de la vérité.
Si, comme je me plais à l'espérer, la
commission veut bien revenir sur sa dé-
cision, je me tiens à sa disposition pour
lui fournir, si elle le désire, mes explica-
tions séance tenante.
Veuillez agréer, monsieur le président,
l'expression de ma considération très-distin-
guée.
A. LABADIÉ.
Ex-président du conseil général
des Bouches-du-Rhône.
Après un débat qui n'a pas duré moins d'une
heure, la commission, malgré tous les efforts de
son honorable président, a décidé, par 8 vois
contre 7, qu'elle - n'entendrait pas les explica-
tions de M. Labadié.
L'ancien président du conseil général de#
Bouches-du-Rhône n'insistera point davantage-
mais il ne se tient pas pour battu. Ceux qui ont
refusé d'entendre ses raisons consentiront peut-
être à les lire. En tout cas, le public, qui a deâ
yeux pour voir et des oreilles pour entendre, ju-
gera cette affaire en dernier ressort ; car nous
lui soumettrons incessamment la défense de M.
Labadié, rédigée par lui-même.
——————————- ———————————-
On lit dans le Moniteur du Puy-de-Dôme:
Le comte de Paris, — qui avait fait, il y a un
an, M. Casimir Périer confident de sa visite à
Frohsdorf et de ses conséquences, et qui avait
recu de celui-ci une réponse que je viens de lire,
et où l'honorable député de l'Aube prédisait
exactement tous les événements qui se sont dé-
roulés depuis, — le comte de Paris a fait dire
hier soir à M. Casimir Périer qu'il approuvait
le manifeste et qu'il croyait qu'il n'y avait rien
à faire en dehors -de ce qu'il porte. 4ussi peut-on
prévoir que d'ici à quelques semaines, peut-
être à quelques jours, il se fera un groupement
des gauches et d'une bonne partie au centre
droit contre les menaces de politique impé-
riale.
— « ;
Le centre gauche s'est réuni à Versailles et
a délibéré sur la conclusion qu'il devait donner
à son manifeste.
MM. Cordier, Bethmont, Casimir Périer, De-
lorme, Ricard, Bardoux, Picard et le comte
Rampon ont pris successivement la parole.
Tout le monde est d'accord pour reconnaître
que le programme doit avoir une sanction et
qu'il est nécessaire de saisir l'Assemblée. La
discussion n'a donc porté que str la procédure à
suivre pour atteindre ce but.
Aucune décision n'a été prise. La commis-
sion, composée de MM. Léon Say, Casimir Pé-
rier et Robert de Massy, a été chargée de s'en-
tendre avec le bureau pour soumettre vendredi
à la réunion un projet de résolution.
On compte parmi les nouveaux adhérents MM.
Flotard, Leroux, André (Seine), Lanel, Daron.
La commission chargée d'examiner le projet
de loi sur le conseil général des Bouches-du-
Rhône a refusé d'entendre M. Labadié.
M. Arrazat a appuyé les raisons présentées
par M. Labadié. Après le vote négatif de ses
collègues, l'honorable député des Bouches-du-
Rhône a quitté la commission.
On allait procéder à l'examen des articles lors-
que M. Rouvier a demandé l'autorisation de
fourbir les arguments que M. Labadié voulait
présenter.
II a été fait droit à la demande de M. Rouvier,
et la suite de la discussion a été renvoyée à une
séance ultérieure.
La commission relative à la liquidation de la
liste civile de Napoléon III s'est réunie hier
sous la présidence de M. de Mortemart.
MM. Caillaux, nouveau ministre des travaux
publics, et de Boureuille, secrétaire général,
sont introduits pour être entendus dans leurs
explications.
M. le président appelle l'attention du ministre
et du secrétaire général sur les musées de Fon-
tainebleau et de Pierrefonds, et réclame des ren-
seignements sur les bases de la transaction pro-
jetée. -
M. le ministre explique que comme membre de
la commission consultative, sasituation est déli-
cate. Son opinion ne s'est pas modifiée, mais il ne
peut pas oublier qu'il est actuellement membre du
gouvernement. Il est prêt, et M. Boureuille avec
lui, à produire tous les documents pour une
transaction nouvelle, si telle est l'intention de
la commission. Il signale en outre une consé-
quence fâcheuse du projet en discussion : c'est
qu'il laisse une porte ouverte à de nouvelles
difficultés, ce qu'il faudrait éviter. -
M. de Boureuille déclare qu'il n'a été qu'un
auxiliaire pour la convention projetée. 11 dit
comment on a évalué la liquidation du mobilier.,
Une conciliation paraissait être le but à attein-
dre. La politique devait être exclue du débat.
Le mobilier, objet de la dotation , était de
12 millions, il y avait 706,000 fr. de déficit, la
liste civile devait 306,000 fr. La difficulté était
l'évaluation de l'augmentation du mobilier. On
a alors, après discussion, réduit la valeur de ce
Vendredi 12* Juin 187-4 J
Lci m E v X*ŒËW IvX iew |niiiïBï #ni ip
Séfti IECLmE
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSBRVÀTEIJR -
1 V *
RÉDACTION "Il
Wadresser au Secrétaire de la Rêdaefloà
de 2 heures à minuit
8. rue nrtàot,
WMMKfrfl non insérés ne seront pas rendus
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On s'abonne à Lcmdres, chu M. A. MAOïiarénéril
Idvertilinl, agent, 13, Tavistockrow, CkweotGarctea»
MM. les Souscripteurs dont l'abonne-
ment expire le 15 juin sont priés de le
renouveler immédiatement s'ils ne veu-
lent éprouver de retard dans la réception
du journal.
Voir à la troisième page les
SOUVENIRS DU 4 SEPTEMBRE
Par AM. JULES SIMON.
Paris, le 44 juin 1874.
La séance dans laquelle l'honorable
M. Girerd a dénoncé aux représentants
du pays les projets insurrectionnels de
la faction bonapartiste à été marquée
par une scène de violencè. M. Gambetta,
répondant à une provocation directe de
M. Rouher, est monté à la tribune et a
flétri l'impudence de ceux qui osent par-
ler d'honneur devant une Assemblée qui
les a publiquement flétris. A ce pro-
pos, les organes brevetés de Tordre,
avec ou sans garantie du gouvernement,
se montrent scandalisés «, ils crient à
l'abomination de la désolation; ils lan-
cent l'anathème contre l'orateur, qu'ils
accusent d'avoir souillé la tribune fran-
çaise ; ils font, en un mot, leur métier
d'aboyeurs. Non ragionam di loro; il n'y
a pas à discuter avec des gens qui, sous
prétexte de rappeler autrui au sentiment
des convenances se jettent à corps perdu
dans une orgie de polémique ordurière
où les plus vils journaux de la Com-
mune eussent eu peine à les suivre.
Mais il paraît que dans certains grou-
pes de l'Assemblée, à gauche comme à
droite, on a regretté' l'emportement où
l'orateur républicain s'était laissé en-
traîner. Ces scrupules sont, à coup sûr,
très-respeetables ; nous croyons toute-
fois qu'il est telles circonstances où il
ne faut pas les exagérer, sous peine de
sacrifier la vérité à la convention, la
justice, à ,]$, politesse. Les gros mots
n'ont jamais remplacé le plus petit ar-
gument, cela est vrai; mais lorsqu'un
procès est depuis longtemps instruit,
que l'accusé a été reconnu coupable à
l'unanimité, qu'une condamnation sans
appel l'a frappé, et qu'au lieu de cour-
ber la tête, il la relève et prétend usur-
per la place des juges, voulez-voui
qu'on discute avec lui? On le réduit au
silence en le cinglant à la face d'un de
ces mots que peut réprouver le code de
la civilité, mais qui soulagent la con-
science publiqué.
Eh bien, nous ne craignons pas de
l'affirmer hautement M. Gambetta s'est
fait, dans cette circonstance, l'interprète
de tout ce qui est honnête en France,
de tout ce qui conserve au fond du
cœur ces haines vigoureuses dont parle
Molière, et qui ne pardonneront jamais,
quoi qu'ils disent, quoi qu'ils fassent,
quoi
aux auteurs de notre ruine et de notre
humiliation.
* Misérables 1 » a crié M. Gambetta en
désignant du doigt le groupe où siège
celui qui, pendant dix ans, eut lé triste
privilège d'être appelé vice-empereur !
A ce mot, le Journal officielcoiistate que
de vives réclamations et des murmures
éclatèrent sur ua grand nombre de bancs
de l'Assemblée. Eh! quoi! ce mot qu'un
de vous a prononcé, il ne vous était donc
pas monté du cœur aux lèvres, à vous
mil le lor mars 18:71* - avez trouvé
d'une bien autre énergie pour flétrir
l'empereur et l'empire ! Le jour où l'ho-
norable M. Bamberger, alsacien de nais-
sance et député de la Moselle, parut
à la tribune pour jeter une dernière
malédiction à Napoléon III, Ain Corse
osa protester. L'Assemblée tout entière
se leva dans un transport d'indignation,
et alors commença une scène de tu-
multe indescriptible. Ah ! il s'agissait
bien de politesse et de convenances !
On était ivre de colère. M. le marquis de
Franclieu criait à M.. Conti : « Les bour-
reaux n'ont pas le droit d'insulter les
victimes; » et de tous les points de la
Chambre partaient de sanglantes apos-
trophes à l'adresse des ffrontés qui
Qsaient élever la voix devant les dépu-
tés que la France en pleurs avait en-
voyés à Bordeaux conduire le deuil de
l'Alsace et de la Lorraine.
Ah ! nous l'avons souvent dit, et nous
le répétons, il sera beaucoup pardonné
à cette Assemblée parce qu'elle a témoi-
gné beaucoup de haine à l'Empire ;
l'Histoire ne se préoccupera point de
savoir si, dans la séance du i ermars
1871, toutes les convenances parlemen-
taires ont été scrupuleusement obser-
vées ; elle constatera seulement qu'un
jour sept cents Français, d'origines et
d'opinions diverses, se sont réunis dans
un même élan de patriotisme et de
fierté nationale pour faire justice du
plus abominable forfait et du plus cri-
minel des hommes ; eUe dira que l'As-
semblée nationale a bien mérité dé la
patrie en confirmant tout d'une voix,
dans cette journée tumultueuse, la dé-
chéance de Napoléon III et de sa dy-
nastie.
La tribune française est honorée par
de telles explosions de saine et légitime
colère, véritables échos de la conscience
publique ; et puisqu'on nous parle sans
cesse de l'ordre moral, nous dirons que le
meilleur moyen de le sauvegarder, c'est
de ne point laisser impunies, certaines
audaces, c'est de flétrir au grand jour
les coureurs d'aventures., et de clouer les
menteurs au pilori comme les débitants
r clouent les pièces fausses sur leur comp-
toir.
Aussi persistons-nous à penser que
s'il y a eu scandale dans la séance de
mardi, la honte ett revient tout entière à
ceux qui l'ont provoquée par une atti-
tude et des déclarations qui étaient une
injure au bon sens en même temps qu'à
l'honnêteté publique. M. le président a
rappelé à l'ordre M. Gambetta, au nom
des convenances parlementaires. C'était
son droit et peut-être son devoir ; nous
regrettons pourtant que M. Buffet ne se
soit pas souvenu de certaine séance du
Corps législatif, où le tumulte et les vio-
lences avaient dépassé tout ce qu'on a
jamais vu dans l'Assemblée actuelle.
C'était le 15 juillet 1870. M. Emile
Ollivier venait - d'allumer la guer-
re, et le cœur léger, il demandait
50 millions à la Chambre, M. Thiers prit
la parole ; il voulait tenter un dernier
effort en faveur de la paix; mais il avait
compté sans les Cassagnac et les Bel-
montet. Il fut accueilli par des bordées
d'injures. Jamais club en démence ne
présenta l'aspect du Corps législatif à
ce moment : « Offensez-moi, insultez-
moi, dit M. Thiers, je suis prêt à tout
souffrir pour défendre le sang de mes
concitoyens que vous êtes prêts à verser
si imprudemment. » Et les injures .re-
doublèrent. Si M. Buffet s'était souvenu
de ce que devinrent les convenances parle-
mentaires dans cette journée du 15 juillet,
et dans quelle funeste occasion elles furent
à ce point méconnues par les gagistes de
l'empire, sans doute il eût regretté l'o-
bligation où il se trouvait de sévir con-
tre - M. -- Gambetta. - Lui aussi, il a fait bon
marché des convenances parlementai-
res, mais il vengeait le 15 juillet; à
ceux qui, ce jour-là, avaient outragé le
plus illustre et le plus clairvoyant des
patriotes, il ajeté l'épithète de « misé-
rables. » La France, qui est réputée la
nation la plus polie de la terre, ne son-
ge point à s'en scandaliser.
E. SCHNERB.
- ♦ —————————
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, 40 juin 1874.
La mythologie subdivisa jadis les temps
en âges d'or, d'argent, d'airain et de fer.
Si jamais l'histoire s'amuse à établir des
divisions touchant cet ensemble que, par
amour du paradoxe, on a appelé la treve
des partis, elle pourra nommer la période
dans laquelle nous entrons : l'âgé de la
triqué.
La séance d'hier, déjà regrettable par
ses violences, a eu, ce matin, son épilo-
gue brutal sur la voie publique. Sous la
galerie vitrée de la gare Saint-Lazare,
vers une heure vingt, un aimable partisan
de l'appel au peuple, — M. Rouher le re-
nie d'ailleurs pour ùn", délégué du comité
central, — s'est aposte pour insulter au
passage M. Gambetta.
Le léctêur lira plus loin là scène rapide
et un peu confuse qui s'en est suivie.
Pour notre compte, un fait nous a frappé :
notre regard, se détournant par hasard du
groupe principal, s'est arrêté tourt à coup
sur le second plan. On voyait là, se te-
nant discrètement dans la pénombre de
violences, quelques têtes connues de l'an-
cienne bande policière que leur ex-gran-
deur, trop compromettante, retenait en
dehors de l'action. Cela était intéressant
et vraiment instructif.
L'incident du départ a eu sa contre-
partie à farrivée à Versailles; M. l'amiral
Fourichon et M, le,général Le Flô, qui,
dans l'Assemblée, sont des adversaires de
M. Gambetta, ont fait taire les dissenti-
monts politiques pour ne laisser parler que
leur honnêteté, et ils sont revenus sur
leur pas pour serrer la main de leur col-
lègue.
Nous nous rappelons qu'à Bordeaux, des
députés monarchistes, ayant été salués du
cri de : « Vive la République ! » par la
garde nationale, firent de cet incident une
grosse affaire, au nom de la liberté du
mandat législatif. Mais nous savons que
M. Gambatta ne voudra pas se souvenir
de ce précédent — pas plus que les dépu-
téo, monarchistes ne s'en souviendront. La
séance sera donc calme. Elle l'est. 1
Les articles 3 et 4" sont votés sans
grande discussion. C'est l'article 5 qui aie
plus d'importance, celui qui énumèro les
conditions que doit remplir l'électeur pour
être inscrit sur la liste. ',,
, Cet article est si important qu'il est né-
cessaire de le diviser en plusieurs para-
graphes.
Paragraphe 1er : âge, vingt-cinq ans.
Après une tentative de M. Goblet pour
obtenir qu'on laisse momentanément la
fixation de l'âge et qu'on ne touche pas,
incidemment pour ainsi dire, une question
de cette importance,, la discussion com-
mence par un disgours de M. Oscar de
Lafayette.
Un beau nom et un digne homme !
Le descendant de Lafayette siége au
centre gauche et ne semble pas se douter
qu'il est un immense péril social. Il monte
rarement à la tribune, et nous regrettons
vivement cette réserve, car ce qu'il dit, il
le dit avec une bonhomie franche et fine
à la fois, qui fait certainement plus d'ef-
fet que bien des rodomontades de parol.
M. Oscar de Lafayetto se déclare parti-
san des vingt et un ans, et il déploie un
grand bon sens, souvent beaucoup de ver
ve, à déchiqueter les arguments moraux et
philosophiques du rapport. Il soutient son
opinion à la bonne franquette, comme cela
lui vient, comme il a noté sa réflexion, et
comme la note lui tombe sous la main ;
c'est simple et juste ; cela est sans préten-
tion et obtient un grand succès..
« Je no voudrais pas, dit l'orateur en ter-
minant, rappeler la lecture d'hier (lcct-firc
Girerd); mais, enfin, vous voyez qu'on s'oc-
cupe des mécontents. Eh bien! ne crai-
gnez-vous pas qu'on s'occupe des mécon-
tents que fera votre loi, comme on s'est
jadis occupé des mécontents qu'a faits la
loi du 31 mai 1850? » -
C'est certainement là un des arguments
les plus indiscutables de la discussion pré-
sente. Nous demandons la permission de
laisser de côté les discours, soit de M.
Bethmont (champion des 21 ans), soit de
MM. Antonin Lefèvre-Pontalis et Fres-
neau (partisans des 25 ans), pour jeter un
rapide coup d'œil sur la situation politi-
que et l'état des partis. Les discours, cha-
cun peut les lire: mais tout le monde
n'est pas à même de lire dans les votes.
L'âge de 25 ans qu'introduit la com-
mission dans sa Idi, supprime d'un trait de
plume, douze à quinze cent mille électeurs.
Le vieux parti républicain repousse éner-
giquement, par principe, cette mutilation
du suffrage universel; le parti bonapar-
tiste agit do même, puisqu'il fait de l'inté-
grité du suffrage universel la base de ses
opérations politiques.
- Croyez-vous sincèrement que quatre ans
de plus de jeunesse — de 21 à 25 — in-
fluent sur le vote du tout au tout ? Evi-
demment non. Parmi les droitiers qui
soutiennent la théorie des 25 ans, les uns
ont en vue nous ne savons quel système
de doctrine sociale plus ou moins utopique,
les autres mettent leur espoir dans une
modification qui ne peut jamais leur donner
des résultats pires que les résultats actuels,
puisque ces derniers représentent, pour
leurs aspirations, l'apogée du mauvais; ils
ne courent pas grand risque à remplacer
par l'inconnu le connu qui est détestable
pour eux.
D'autre part, il est des gens qui, n'ayant
aucun parti pris, seraient portés à voter
au besoin les vingt-cinq ans, à cause de
la nouvelle loi militaire, si. tout est
dans ce « si 1. » s'ils ne voyaient pas
le parti bonapartiste qui guette leur vote
pour s'en emparer et porter en triomphe
le soi-disant cadavre du suffrage universel
en criant : « On égorge nos frères ! »
Et c'est là l'étrangeté de la situation ac
tuelle que bien des gens soient forcés d
mesurer à la nécessité de la minute pré-
sente leurs votes, ces votes qu'ils ne vou-
draient peser qu'en vue de l'avenir.
Quand on réclame des lois sans avoir de
gouvernement, on s expose à voir les gens
ne penser qu'au gouvernement futur eil
votant les lois présentes.
Encore une fois, nous n'apprécions pas ;
nous mettons le lecteur au courant d'une
situation qui, pour nous, est parfaitement
claire et nette. Aussi éprouvons-nous
quelque doute sur le succès de la com-
mission. L'Assemblée procède au scrutin
sur un amendement de M. Oscar de La-
fayette, qui demande le rétablissement de
l'âge de vingt et un ans.
Le scrutin est terminé et le dépouille-
ment se fait attendre. Bon signe! C'est
qu'il y a un écart peu considérable entre
les adversaires. Le bruit se répand que
les partisans des vingt-et-un ans l'empor-
tent de trois voix. Bon, très-bon signe ! A
la révision, ce sont toujours les bulletins
doubles de la droite qui décroissent en
plus grande proportion que ceux de la
gauche. En effet, au bout de trois quarts
d'heure d'attente, M. Buffet proclame le
résultat suivant :
Pour. 348
Contre. 337
A onze voix de majorité, les vingt et un
ans triomphent. Le suffrage universel sort
victorieux de là lutte. et la loi de l'élec-
torat municipal l'agonisé.
Le résultat est énorme : c'est le com-
mencement dé la fin.
PAUL LAFARGUE. -
e 1
L'empire, qui devait être la PAIX, a
été la ruine, l'invasion et le démembrement
de la France.
Le 1er mars 1871, l'Assemblée natio-
nale votait en masse la motion suivante,
qui exprime le sentiment de la nation
française sjir les bienfaits du régime dé-
chu :
« L'Assemblée nationale clôt l'inci-
» déni, et, dans les circonstances dou-
» loureuses que traverse la patrie et en
» face de protestations et de réserves
» inattendues, confirme la déchéance de
» Napoléon III et de sa dynastie, déjà
» prononcée par le suffrage universel,
» et le déclare responsable de la ruine, de
» l'invasion et du démembrement de la
» France. » 4
Trois ans et trois mois après ce grand
acte de la représentation nationale,
voici ce qu'un journal bonapartiste, en
pleine République, écrit impunément
contre les républicains :
Un homme heureux, c'est M. Rouher !
A trente-ciuq ans, il était ministre. Pendant
toute la durée de l'empire, il fut le conseiller fi-
dèle de Napoléon ; respecté de ses ennemis, il
demeura personnellement un modèle d'intégrité.
Par son éloquence admirable, il occupe une des
premières places parmi nos plus grands ora-
teurs.
Il a eu tout pour lui.
Une seule chose lui manquait, et il la possède
aujourd'hui : l'auréole de l'injure.
Hier, il a entendu Gambetta l'outrager; il a
vu toute la gauche déchaînée se précipiter sur
lui comme une meute de loups, cent contre un,
l'entourer d'un cercle ignoble. Et quand il est
descendu de la tribune, quand il est sorti dans
les couloirs, la meute l'a suivi, continuant ses
hurlements, la menace aux yeux et la bave aux
lèvre..
C'est un grand honneur pour M. Rouher, et
après l'estime des honnêtes gens, qu'il avait de-
puis longtemps conquise, il ne lui manquait
plus, pour compléter sa glorieuse carrière, qu'à
mériter les invectives de la canaille.
C'est un titre pour lui que d'avoir, dans un
jour de sa vie si pleine, personnifié en lui le
parti tout entier de l'empire, et d'avoir subi sur
ses larges épaules le poids complet des injures
qui retombent sur chacun d'emre nous.
Oui, Gambetta nous a traités de miséra-
bles!
Oui, Gambetta nous a déclaré qu'il nous flé-
trissait !
Que répondre à ces hoquets d'ivrognes ? et
n'y a-t-il pas lieu de s'étonner tout d'abord
qu'on n'ait yas répondu simplement à Gambetta
par un coup de pied dans ce qu'il a montré si
souvent à l'ennemi pendant la défense natio-
nale ?
C'est le premier mouvement qui a dû animer
nos amis ; mais les immlteurs étaient une cen-
taine, nos amis n'étaient que quelques-uns, et
cela n'a pas été possible.
Et naturellement la gauche a tressailli de joie,
demandant à grands cris d'être associée au rap-
pel à l'ordre qui venait d'être infligé par le pré-
sident au borgne de Cahors.
On aurait dit vraiment que ces gens-là, étant
bien élevés, avaient été tout joyenx de voir un
des leurs découvrir par hasard une grossièreté
de bonne guerre, et ils en ont chacun réclamé
leur part, comme si chaque mot tombé de leur
bouche n'était pas du même genre, et comme
s'ils n'avaient pas le choix immense des ordu-
res.
Et c'est tellement fort, ce qu'ils ont fait là,
c'est tellement inouï, qu'à part un sourire de
dégoût qui nous surprend, nous avons de la
peine à nous mettre même en colère.
Pourtant, être appelés m'iserables, nous,
quand il y a là, Gent, Esquiros, Ferry, Jules
Favre, Challemel-Lacour, c'est roide !
Etre flétris par ces bonnets rouges et ces bon-
nets verts, c'est le monde renverse, c'est le ban-
dit artijant le gendarme et le marquant à son
tour surTépaule.
Mais qui donc sont les misérables, si ce n'est
vous autres, républicains, qui, le jour de la dé-
faite, avez renversé le gouvernement régulier du
pays pour déblayer plus sûrement la route de-
vant l'ennemi vainqueur ?
Les misérables, c est vous, gens de la Défense
nationale, tigres ou singes, Gambettas ou Cré-
mieux, qui, toujours en arrière, décampiez de-
vant les Allemands, leur jetant pour toute arme
vos toques d'avocat à la figure, et tirant seule-
ment la plume contre eux, afin de n'avoir à
verser que de l'encre !
Les misérables, c'est vous, administrateurs
couards et altérés, Falstaffs de province, qui
buviez, mangiez, fumiez, faisiez venir des filles
à Marseille, à Lyon, à Bordeaux, pendant que
la Franc@ perdait son dernier écu et sa dernière
goutte de sang !
Les misérables, c'est vous tous, qui ne vous
êtes pas battus, républicains infâmes, qui avez
installé votre sale gouvernement sur les ruines
de la patrie, et qui n'avez vu dans nos malheurs
que l'affirmation de vos principes abhorrés !
Et depuis quand le voleur se permet-il donc
d'outrager l'honnête homme ? Le lâche, d'inju-
rier le brave ? Le républicain, d'appeler miséra-
ble un impérialiste ou. un autre ?
Pour en arriver là, il faudrait que toutes les
prisons fussent ouvertes et que les bagnes se
dégorgeassent sur la société vaincue.
Mais heureusement que nous n'en sommes
pas arrivés à ce point de honte.
Il nous est possible de repousser à coups de
canne cette cohue insolente et de rappeler aux
républicains qu'ils ont trop de sang et trop de
boue sur le visage pour avoir l'air de gens pro-
pres, tant qu'il y aura de l'eau dans les fontai-
nes et du savon chez les-épiciers. *
Et voyez comme ces gens-là sont lâches ! ils
se sont mis tous ensemble pour se iuer sur le
petit groupe de l'Appel au peuple !
Individuellement, ils eussent été moins bri-
lants. En bande, ils sont superbes d'audace.
Mais ce qui ressort principalement de tout
cela, c'est l'exaspération et la terreur qui les
animent.
Ils ne peuvent pas voir un impérialiste sans
avoir peur de sentir une main à leur collet. Ils
flairent Cayenne comme un coquin flaire la po-
tence.
L'idée de ce qui les attend un jour ou l'autre
les étreint et les étouffe.
Voyons, voyons, républicains éperdus, vous
n'en êtes pas tout à fait là, et vous avez encore
quelques mois devant vous pour achever d'indi-
gner la France et pour exciter chez elle le der-
nier degré du mépris. '-
Plus tard nous verrons, car entre vous et nous,
vous le savez bien, c'est une lutte implacable,
une guerre à mort.
Avec les autres partis, avec les royalistes de
toutes nuances, nous finirons toujours par nous
entendre ; mais avec vous, jamais !
11 faut que de nous deux, de vous République
ou de nous Empiré, un disparaisse.
Alléz-y donc, prodiguez l'écume, lancez la
boue, unissez-vous tous, les doctrinaires du 4
septembre et les assassins de la Commune,
mettez-vous tous ensemble et essayez de nous
arracher du cœur de la France, si toutefois vous
le pouvez !
Car, et c'est là ce qui vous exaspère, vous n'i-
gnorez pas qu'un immense mouvement s'opère
vers nous dans la masse populaire. L'Empire est
dans l'air, l'Empire est partout, caché dans les
nuages, comme l'aigle, et derrière les buissons,
comme la violette. , ., , ,
votre naine est aouoiee de àesespOlr, et vous
n'êtes violents que pour faire croire que vous
êtes forts.
Mais votre jour approche, et l'heure sonnera
bientôt où nous jetterons à terre, au nom de la
nation, Y&S insignes honteux qui déshonorent la
France, salissent nos murailles et tuent les in-
térêts.
Et ce jour-là, si vous n'avez pas réussi à vous
débarrasser de nous, si vous n'avez pu nous
conduire ni le long de la rue Haxo, ni sur les
rivages de Nouméa, prenez garde, car nous
sommes de ceux qui se1 souviennent!
Seulement, et pour le respect dû à l'Europe,
qui peut vous confondre avec la France hon-
nête, ne recommencez pas l'orgie d'hier.
Ne sentez pas le vin quand vous montez à la'
tribune, et dites à Gambetta que l'on a toujours
tort d'être saoûl quand on parle dans une Cham-
bre française où il n'y a pas que des voyous et
des républicains ! •
PAUL DE CASSAGNAC.
LA MODESTIE ALLEMANDE
Vous savez que l'on exige aujourd'hui
de nos jeûnes officiers qu'ils sachent
écrire et parler l'allemand, et que, par-
mi les sujets de Concours imposés
aux 1 candidats à l'Ecole militaire se
trouve un morceau français à traduire
dans la langue de Gœthe.
Vous ne devineriez jamais le texte
qu'on leur a choisi cette année.
Mais pour bien vous rendre compte
de l'étonnement qu'il a dû exciter, il
faut vous figurer six cents jeunes gens,
aspirant à 1 honneur de porter Tépau-
lette de l'officier français, enflammés
du désir de la défense nationale, et
décidés à apprendre la langue de nos
vainqueurs pour que les Allemands, s'ils
reviennent en France, trouvent à qui
parler.
Ils sont là, tous, la plume levée; ils
attendent. Le professeur dicte le texte
officiel, le texte approuvé par le minis-
tre de la guerre. Ântion; il com-
mence :
« La recherche de la vérité r dailS la
philosophie, comme l'imagination dans
la poésie, doit être indépendante de
toute entrave. Les Allemands sont les
éclaireurs de l'esprit humain ; ils es-
saient des routes nouvelles ; ils tentent
des moyens inconnus ; comment ne se-
rait-on pas curieux de savoir ce qu'ils
disent au retour de leurs excursions dans
l'infini?. »
Vous imaginez aisément la surprise des
six cents candidats devant cet éloge du
génie allemand. Je crois bien que si on
leur demandait personnellement leur
avis, ils ne seraient pas si curieux que
cela de savoir ce que disent les invin-
cibles mangeurs de choucroùte, au re-
tour de leurs excursions dans l'infini.
C'est évidemment là un texte traduit
de quelque bouquin allemand. Mais qui
diable l'a choisi pour le dicter à des
Français? un professeur d'outre-Rhin,
sans nul doute.
Eh bien ! mais ces vainqueurs, qui
parlent tant de notre incurable vanité,
qui raillent si pesamment nos préten-
tions à être le peuple le plus spirituel
du monde, il ne me semble pas qu'ils
se ménagent à eux-mêmes les coups
d'encensoir.
Les éclaireurs de l'esprit humain'!.
rien que cela ! excusez du peu ! des
gens qui regardent l'infini face à face
et qui causent familièrement avec lui !
Ah ! ce n'est pas nous, pauvres hères de
Français, qui avons de ces' conversations
curieuses ! Les Anglais sont mieux trai-
tés ; on leur fait, dans le thème dicté à
nos candidats, quelques légères conces-
sions :
« Les Anglais, dit le texte officiel, les
Anglais, qui ont tant d'originalité dans
le caractère, redoutent assez générale-
ment les nouveaux systèmes. La sagesse
d'esprit leur a fait tant de bien dans les
affaires de la vie qu'ils aiment à la re-
trouver dans les études intellectuelles,
et c'est là cependant que l'audace est
inséparable du génie. » -
Ainsi les Anglais ont de l'audace,
mais pas de génie; les Français n'ont
ni génie ni audace. Les Allemands ont
tout. Les Allemands, c'est l'infini.
Brid'Oison pensait que ce sont là des
choses qu'on ne doit pas 'se dire à soi-
même.
Mais s'il y a parmi nous des gens assez
modestes pour se les dire, ils devraient
au moins épargner la tristesse navrante
de leurs leçons à .des jeunes gens qui
sont l'espérance et la consolation du
pays.
FRANCISQUE SARCEY.
J ————— —— »
Un incident d'une certaine gravité
s'est produit hier, dans la salle d'attente
de la gare Saint-Lazare, vers une heure
et quart de l'après-midi, au moment où
les députés partent pour Versailles.
M. Gambetta est arrivé dans la gare, en
compagnie de M. Guyot-Montpayroux,
ancien député, qu'il venait dé rencontrer
et avec'lequel il avait lié conversation. Au
moment de son entrée dans la salle, M.
Gambetta a été abordé 'par un individu
qui lui a adressé la parole en ces termes :
« Vous avez dit que les bonapartistes sont
des misérables. Je suis bonapartiste, répé-
teriez-vous bien devant moi ce que vous
avez dit hier ? »
- Tout de même, répondit H. Gam-
betta, si vous êtes bonapartiste. Prenez-le
comme vous voudrez.
Comme l'individu en question semblait
interloqué par ce propos, M. Gambetta ajouta
aussitôt : « Pauvre homme ! on vous fait
faire là un métier auquel vous ne vous
entendez guère ! »
A ce moment déjà l'attention de plu-
sieurs personnes avait été éveillée et des
groupes se rapprochaient.
Une autre personne, un individu dé-
coré, s'approchant. alors de M. Gambetta,
lui dit avec emportement: « Moi aussi, je
suis bonapartiste, et je ne souffrirai pas que
vous attaquiez ainsi un parti honora-
ble. »
M. Gambetta répondit : « Vous, mon-
sieur, laissez-moi la paix. Je ne vous con-
nais point. Ces menaces ne m'effrayent
point. J'en ai bien vu d'autres. »
Ces paroles dites a haute voix et avec
animation provoquèrent aussitôt des pro-
testations et déterminèrent un mouvement
dans la foule. M. Guyot-Montpayroux
avait déjà sollicité l'intervention de la po-
lice. Le premier individu qui avait parlé
avait été désigné aux sergents de ville, qui
l'arrêtèrent une minute et le relâchèrent
aussitôt.
Les amis de M. Gambetta s étaient ap-
prochés et s'empressaient de le dégager de
la foule pour le conduire sur la voie. Dans
ce tumulte, on a remarqué l'animation de
plusieurs députés, qui se plaignaient, non
sans raison, de ce qu'un de leurs collè-
gues s'était trouvé en butte à une alterca-
tion de ce genre
MM. Edmond Adam, LaureHt-Pichat,
Ordinaire, d'autres encore ont vivement
commenté l'attitude effacée des gardiens
de la paix. On a remarqué aussi la pré-
sence. dans la salle d'attente de M. Mouton,
ancien chef du cabinet et de la police po-
litique de M. Piétri. -
M. Gambetta a pris place dans le train
d'une heure vingt-cinq minutes. A son ar-
rivée à Versailles, il a reçu des témoigna-
ges de sympathie de là plupart de ses
collègues, notamment de M. le général
Le Flô et de M. l'amiral Fourichon.
r Dès son entrée dans l'Assemblée il a cru
devoir faire connaître les faits qui venaient
de passer à M. Baze, l'un des questeurs
de la Chambre, et celui-ci s'est empressé
d'en référer à M. le ministre de l'inté-
rieur. -
La commission chargée d'examiner le projet
de loi présenté par le gouvernement sur le con*
seil général des Bouches-du-Rhône s'est réunis
hier, au grand complet. -
On sait qu'elle est composée de MM. de Jou.
venel, président, L'Ebraly, secrétaire, Afrazat,
Bouchet, de Montgolfier, Latrade, Ganivet, Ma..
lens, Giraud, Gatien-Arnoult, Aubry, Blavoyer,
Charreyron, Rouvier, Amédée Lefèvre-Pentalis.
Les six noms imprimés en italiques appartien-
nent à la gauche. u.,
Dès l'ouverture de la séance, M. de Jpuvenei
a communiqué à ses collègues la lettre suivante,
qu'il avait reçue de M. Labadié :
Paris, le 8 juin 1874.
Monsieur le Président,
La commission que vous avez l'honneutf
de présider, après avoir entendu les ex-
plications de M. de Fourtou, ministre da
l'intérieur, a décidé, dans sa séance du 6
de ce mois,' PÂR 7 VOIX contre 6, qu'elle ne
m'entendrait pas.
Qu'il me soit permis d'insister. ded
Je conteste l'exactitude des faits et des
imputations allégués par l'exposé des mo-
tifs et par M. le ministre. Les actes du
conseil général et ma conduite, depuis trois
ans que j'ai l'honneur de le présider, ont
été, suivant moi, injustement incriminés.
On a entendu l'attaque ; pourquoi et com-
ment ne pas entendre la défense ? Cela ne
serait pas juste. Ce serait - refuser un
moyen essentiel d'arriver à la manifesta-
tion de la vérité.
Si, comme je me plais à l'espérer, la
commission veut bien revenir sur sa dé-
cision, je me tiens à sa disposition pour
lui fournir, si elle le désire, mes explica-
tions séance tenante.
Veuillez agréer, monsieur le président,
l'expression de ma considération très-distin-
guée.
A. LABADIÉ.
Ex-président du conseil général
des Bouches-du-Rhône.
Après un débat qui n'a pas duré moins d'une
heure, la commission, malgré tous les efforts de
son honorable président, a décidé, par 8 vois
contre 7, qu'elle - n'entendrait pas les explica-
tions de M. Labadié.
L'ancien président du conseil général de#
Bouches-du-Rhône n'insistera point davantage-
mais il ne se tient pas pour battu. Ceux qui ont
refusé d'entendre ses raisons consentiront peut-
être à les lire. En tout cas, le public, qui a deâ
yeux pour voir et des oreilles pour entendre, ju-
gera cette affaire en dernier ressort ; car nous
lui soumettrons incessamment la défense de M.
Labadié, rédigée par lui-même.
——————————- ———————————-
On lit dans le Moniteur du Puy-de-Dôme:
Le comte de Paris, — qui avait fait, il y a un
an, M. Casimir Périer confident de sa visite à
Frohsdorf et de ses conséquences, et qui avait
recu de celui-ci une réponse que je viens de lire,
et où l'honorable député de l'Aube prédisait
exactement tous les événements qui se sont dé-
roulés depuis, — le comte de Paris a fait dire
hier soir à M. Casimir Périer qu'il approuvait
le manifeste et qu'il croyait qu'il n'y avait rien
à faire en dehors -de ce qu'il porte. 4ussi peut-on
prévoir que d'ici à quelques semaines, peut-
être à quelques jours, il se fera un groupement
des gauches et d'une bonne partie au centre
droit contre les menaces de politique impé-
riale.
— « ;
Le centre gauche s'est réuni à Versailles et
a délibéré sur la conclusion qu'il devait donner
à son manifeste.
MM. Cordier, Bethmont, Casimir Périer, De-
lorme, Ricard, Bardoux, Picard et le comte
Rampon ont pris successivement la parole.
Tout le monde est d'accord pour reconnaître
que le programme doit avoir une sanction et
qu'il est nécessaire de saisir l'Assemblée. La
discussion n'a donc porté que str la procédure à
suivre pour atteindre ce but.
Aucune décision n'a été prise. La commis-
sion, composée de MM. Léon Say, Casimir Pé-
rier et Robert de Massy, a été chargée de s'en-
tendre avec le bureau pour soumettre vendredi
à la réunion un projet de résolution.
On compte parmi les nouveaux adhérents MM.
Flotard, Leroux, André (Seine), Lanel, Daron.
La commission chargée d'examiner le projet
de loi sur le conseil général des Bouches-du-
Rhône a refusé d'entendre M. Labadié.
M. Arrazat a appuyé les raisons présentées
par M. Labadié. Après le vote négatif de ses
collègues, l'honorable député des Bouches-du-
Rhône a quitté la commission.
On allait procéder à l'examen des articles lors-
que M. Rouvier a demandé l'autorisation de
fourbir les arguments que M. Labadié voulait
présenter.
II a été fait droit à la demande de M. Rouvier,
et la suite de la discussion a été renvoyée à une
séance ultérieure.
La commission relative à la liquidation de la
liste civile de Napoléon III s'est réunie hier
sous la présidence de M. de Mortemart.
MM. Caillaux, nouveau ministre des travaux
publics, et de Boureuille, secrétaire général,
sont introduits pour être entendus dans leurs
explications.
M. le président appelle l'attention du ministre
et du secrétaire général sur les musées de Fon-
tainebleau et de Pierrefonds, et réclame des ren-
seignements sur les bases de la transaction pro-
jetée. -
M. le ministre explique que comme membre de
la commission consultative, sasituation est déli-
cate. Son opinion ne s'est pas modifiée, mais il ne
peut pas oublier qu'il est actuellement membre du
gouvernement. Il est prêt, et M. Boureuille avec
lui, à produire tous les documents pour une
transaction nouvelle, si telle est l'intention de
la commission. Il signale en outre une consé-
quence fâcheuse du projet en discussion : c'est
qu'il laisse une porte ouverte à de nouvelles
difficultés, ce qu'il faudrait éviter. -
M. de Boureuille déclare qu'il n'a été qu'un
auxiliaire pour la convention projetée. 11 dit
comment on a évalué la liquidation du mobilier.,
Une conciliation paraissait être le but à attein-
dre. La politique devait être exclue du débat.
Le mobilier, objet de la dotation , était de
12 millions, il y avait 706,000 fr. de déficit, la
liste civile devait 306,000 fr. La difficulté était
l'évaluation de l'augmentation du mobilier. On
a alors, après discussion, réduit la valeur de ce
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