Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1874-03-23
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 mars 1874 23 mars 1874
Description : 1874/03/23 (A4,N858). 1874/03/23 (A4,N858).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7558893w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
4° Année. '-" -1- NO 858. -«
, 4* Année. N* 858. , v * PRIX DU NUMÉRO : PARIS 15 CENTIMES DÉPARTEMENTS: 20 CENTIMES.
Lundi 23 Mars ; 1874.
RÉDACTION
BP adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
t
2, rue Drouot. a
les manuscrits non ins6rés ne seront pas rendus
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lit lettres non affranchies seront refusé*
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JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
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l'interdiction, le XIXe SIECLE ac-
ceptera des abonnements à la se-
maine au prix de :
1 fr. pour Paris ;
1 fr. 25 c. pour les Départements.
Nous venons de prendre une
mesure qui évitera tout dérange-
ment à nos abonnés à la semaine
(de Paris). Chaque personne qui
désirera recevoir à domicile le
XIX8 SIÈCLE, pendant toute la durée
de l'interdiction de la vente sur la
voie publique, pourra nous en
avertir part une simple carte pos-
tale, et nous ferons toucher chaque
semaine, par un service spécial de
receveurs, chez leur concierge, la
somme de 1 franc, prix de leur
souscription.
; Nous commencerons avant la fin
du mois de Mars la publication des"
SOUVENIRS
DU
QUATRE SEPTEMBRE
PAR
M. JULES SIMON
JOURNÉE POLITIQUE
Paris, 22 mars 1874.
A Versailles, dé pôt de plusieurs rapports,
parmi lesquels nous signalerons celui
de M. Batbie sur la loi électorale des
Trente, et celui de' M. Chabaud-Latour
sur les fortification3 de Paris. M. Cha-
per a demandé que ce dernier ne fût ni lu
ci imprimé, mais discuté seulement en
comité secret. Sur une sage observa-
tion de M. le duc Decazes, il a été décidé
que cette question serait traitée au grand
jour. x
L'Assemblée, en outre, a adopté l'en.
semble du projet de loi sur les nouveaux
impôts, et elle s'est occupée ensuite des
sous-seerétairies d'Etat. Par 383 voix con-
tre 207, la Chambre a approuvé cette ins-
titution, vivement critiquée par M. le ba-
ron de Janzé, et accordé les 20,009 francs
de cré dit qui lui étaient demandés. -
La Chambre des communes a commencé
ses travaux parlementaires par la discus-
sion de l'Adresse. Un des députés, M.
Butt, a déposé un amendement déclarant
que les Irlandais sont mécontents du ré-
gime qui leur est fait et en demandent
l'amélioration. Cet amendement a été
combattu par M. Nicke-Beach, par le nou-
veau secrétaire d'Etat pour l'Irlande, et
aussi par l'ancien chef du cabinet, M.
Gladstone, reparu heureusement à la tri-
bune plus tôt que ne l'auraient fait prévoir
ses 'récentes déclarations. Le Parlement,
cela va sans dire, s'est prononcé, à une
très-forte majorité, contre la proposition
de M. Butt. -- - - .-
Dans son discours, M. brlaastone a traite
en passant un point de politique qui tou-
che la France au moins autant que l'An-
gleterre. On s'est étonné, à plus d'une re-
prise, qu'il éût dissous un Parlement où
il disposait de 65 voix de majorité. M.
Gladstone, et avec raison, a tiré gloire de
ce reproche. a Il ne suffit pas, a-t-il dit,
d'avoir une majorité pour être fort et pou-
voir gouverner. Un gouvernement, même
appuyé par une Assemblée, n'a pas de for-
ce morale suffisante s'il ne sent pas der-
rière lui la faveur du pays tout entier.
Les élections partielles m'étaient pres-
que constamment défavorables, et recon-
naissant à la nation le droit d'être gou-
vernée selon ses désirs, je n'ai pas cru de-
voir employer une majorité toujours
décroissante à la disiger selon mes vues
personnelles. Mon devoir, par conséquent,
était de recourir au pays, par la voie des
élections générales, et de respecter son
verdict. » Il serait superflu de faire re-
marquer combien ce langage fait honneur
au libéralisme et au bon sens de 1 homme
politique anglais, et quel étrange contraste
il forme avec les actes de certains parle-
mentaires bien connus.
Le Reiehsrath viennois a adopté en troi-
sième lecture, par 192 voix contre 138, le
second projet de loi ecclésiastique dont
nous avons plusieurs fois entretenu nos
lecteurs. Il a commencé ensuite la dis-
cussion générale du budget de 1874, et
a décidé qu'il passerait dans sa prochaine
séance à la discussion des articles.
La crise ministérielle de Hongrie a
pris fia, comme toutes les choses de ce
monde, même les plus provisoires. M.
Bitto est parvenu à former un cabinet qui
sera ainsi compoé: MM. GhlCZY, finances;
Bartal, commerce; comte Szapary, iuté-
rieur; comte Joseph Zichy, communie a
tions.; baron Wenlilcim, ministre auprès
de la cour impériale; Trefort motion
publique; Paulier, justice; Szende, dé-
fense nationale; comte Pejacsvichs mil"
nÍstre de Croatie. Ce ministère est des
moins homogènes; il ne sera sans doute et
ne peut être qu'un cabinet d'affaires et da
transition.
La transaction sur laquelle on comptait
en Prusse entre le gouvernement et la
commission militaire du Reichstag n est
r décidément pas interven com-
mission, beaucoup moins belliqueuse que
MM. de Bismarck et de Moltke, a repoussé
en seconde lecture, par 22 voix contre 6,
l'article 1er du projet de loi militaire. Elle
a rejeté également une proposition ten-
dant à fixer à 381,000 hommes le chiffee
de l'effectif en temps de paix.
Le tout, maintenant, est de savoir si lo
gouvernement trouvera meilleur accueil
devant la Chambre tout entière.
Les Atchinois donnent toujours fort à
faire aux Hollandais. On mande de Pe-
nang que les troupes néerlandaises se for-
tifient actuellement dans Atchin et y em-
magasinent des provisions de toutes sor-
tes. Da plus, le général Van Swietea, d'a-
près les mêmes nouvelles, a dû se rendre,
le 20 de ce mois, à Batavia, laissant le
commandement à Verspert, qui demeure à
Penang avec deux mille hommes de trou-
pes.
Une troisième expédition contre les bar-
bares aura lieu au mois d'octobre pro-
chain si, à cette époque, la paix n'est pas
encore signée.
—————————— ■H ——————————
SOUVENIR
Tous les ans, vers le 10 septembre, le
champ de foire de Saverne avait le don
de me rendre un peu fou. J'arrivais là
tranquille, raisonnable et dans un équi-
libre parfait, en bon propriétaire qui a
passé la matinée avec ses enfants, ses
bêtes, ses arbres et ses livres ; au bout
d'une heure ou deux, je ne savais plus
où donner de la tête. Ce tumulte dénué
de sens et cette agitation sans but, ces
chevaux de bois tournant sur place com-
me une commission parlementaire au
son d'un orgue de barbarie, ces gamins
qui grimpaient au mât de coeagne pour
décrocher un portefeuille, un mouchoir
rouge ou un jambon ; ces baraques
installées face à face comme la Presse
et le Français ; et leurs orchestres
chamarrés d'oripeaux militaires, et la
hâblerie enrouée de deux pitres rivaux,
dont l'un disait blanc, l'autre noir,
honorés l'un et l'autre, à ce qu'ils préten-
daient, des confidences et autres faveurs
de S. M. le gouvernement; et les hurle-
ments d'un sauvage aussi féroce que M.
Thiers ou M. Calmon, terreur des âmes
crédules ; et les détonations des pistolets
de tir qui s'y reprenaient à dix fois pour cas-1
s er une pi pe; et la géographie du dompteur
des Antilles polaires ; et l'enseif ne du
grand géant monté sur tige ; et la som-
nambule infaillible dans sa voiture; et
les marchands qui vendaient quinze sous
ce qui en valait cinq en ville et ne ren-
daient aux acheteurs que la moitié de
leur monnaie ; et les cris avinés des pay-
sans qui lutinaient leurs commères à la
face du ciel; et la psalmodie des men-
diants ; et les chandelles en plein midi ;
et les jeux de roulette, les concerts de sif-
flets, de trompettes et deerécelles, les pé-
tards dans les jambes, les pois fulminants
sous les pieds, tout ce monde artificiel, in-
vraisemblable, absurde, me transportait
à mille lieues de la vie réelle. Pour un
rien, je me serais mis à marcher sur la
tète comme le clown qui paradait devant
le grand théâtre de Geneviève de Bra-
bant. Un vague instinct de conservation
personnelle me poussait hors de la ba-
garre ; je regagnais la petite ville un peu
plus agité que de coutume, mais relati-
vement calme et toujours sain d'esprit.
J'entrais dans une honnête et respec-
table maison, j'allais voir ou le bon per-
cepteur Ménard, ou Gast Jérôme, le fin
cultivateur, ou le professeur Moty, ou
le docteur Mangin, ou l'avoué Schal-
ler, ou Level, le marchand, ou papa
Volz,, le maréchal, et dix minutes de con-
versation avec n'importe lequel de ces
braves amis me remettaient dans mon
assiette.
Je les entretenais de leurs affaires,
ils me parlaient des miennes ; mon
ahurissement s'en allait peu à peu, la
terre redevenait solide sous mes talons ;
je reprenais possession de ce monde
d'honnêteté, de vérité, de juste mesure
et de droite pratique qui n'étale point à
la foire.
On se moquera de moi, si l'on veut,
mais tant pis ! J'avoue en toute humi-
lité que depuis quelque temps la haute
politique de mon pays me reporte aux
beaux jours de la foire de Saverne. Me
préserve le ciel de critiquer les puis-
sances, les corps constitués, les gens
en place et tous ceux qui ont les moyens
de se faire justice eux-mêmes 1 Je sais
ce qu'il en coûte, et l'on ne m'y repren-
dra pas drsitôt.
Ne médisons que des journaux, c'est
le seul droit qu'on ne dispute point aux
journalistes, et déclarons franchement,
entre nous, que la presse fait de son
mieux pour ahurir la nation française.
A nous entendre disputer sur ce mal-
heureux septennat, qui est la négation
de la République, selon les uns, et de la
monarchie, selon les autres à voiries
commentaires aeharnés qui torturent le
moindre mot du maréchal Mac-Mahon :
à lire les discussions où l'on prouve
que le respect des institutions existantes
s'applique aux institutions qui pourront
exister demain, et que l'ordre de choses
légalement établi signifie tout ordre ou
désordre qu'une loi tien ou mal inspi-
rée peut établir un jour ou Pautre, l'é-
trang; ui est de sang-froid se demande
si nous ne sommes pas des charlatans
1 1 - e
ou des aliénés. '-- {
Heureusement pour notre honneur et
pour notre salut, le monde spécial de la
politique est une exception, une bril-
lante et bruyante minorité, comme le
personnel actif de la foire. Heureuse-
ment nos villes et nos moindres villages
sont peuplés de braves gens, honnêtes
et sensés, comme ceux qui me rétablis-
saient dans mon aplomb après la fête de
Saverne. Il y a chez nous des millions
de cultivateurs, d'artisans, de méde-
cins , de savants, d'artistes, d'offi-
ciers ministériels, de petits fonc-
tionnaires qui ne s'aviseront jamais ni
d'avaler des sabres, ni de danser la
bamboula, ni de manger des lapins vi-
vants, ni de souffler le feu par les na-
rines. La foire se tient à Paris, ou même,
si vous voulez, dans la banlieue ; mais la
vie sérieuse, austère, logique, est partout.
J'en atteste les élections, celles d'hier et
celles de demain, ces grands actes par
lesquels la nation entière affirme obsti-
nément la suite de ses idées et la froide
énergie de sa volonté.
ABOUT.
—— ————————
- Ils partiront, disent les uns. — Ils
ne partiront pas, disent les autres. —
Pourquoi partiraientrils ? reprennent les
premiers. Jamais 'ils n'ont été plus
d'accord avec leurs collègues. — Com-
ment pourraient-ils rester ? ripostent les
seconds. Il est certain qu'après la lettre
du maréchal et les discussions qui
l'ont précédée, leur position dans le ca-
binet serait intolérable.
Et chacun de répéter de son côté :
ils partiront ; ils ne partiront pas.
Vous entendez bien que c'est de MM.
Depeyre et Larcy qu'il s'agit. A qui
croire? Quels sont les journaux les
mieux renseignés? Ceux de la prési-
dence? ou ceux du cabinet? Le Français,
organe de M. de Broglie, déclare que la
Presse, organe du président de la Répu-
blique, est dans l'erreur. Le Français
affirme que MM. Depeyre et de Larcy
n'ont pas cessé d'être, comme toujours,
en parfaite conformité de sentiments
avec le reste du cabinet; la Presse re-
connaît qu'en effet les deux ministres
royalistes avaient fini par se résigner à
la lettre du maréchal, telle que l'a pu-
bliée le Journal officiel; mais que le post-
sçriptum relatant le texte des paroles
prononcées par M. de Mac-Mahon au tri-
bunal de commerce a donné un tel
poids aux déclarations de sa lettre que
MM. Depeyre et de Larcy ne voudront
certainement pas conserver leurs porte-
feuilles.
— Je vous dis qu'ils ne partiront pas,
dit l'organe de M. le duc de Broglie.
— Et moi, je vous dis que je ne se-
rais point fâché de les voir partir, ré-
pond l'organe du maréchal.
Voilà où nous en sommes, et le
désaccord entre deux feuilles également
officieuses, mais pour le compte de deux
patrons différents, met plus que jamais
en lumière les véritables intentions du
président de la République, et précise
on ne peut mieux la portée de sa lettre
au duc de Broglie. 1
M. de Broglie s'était efforcé de rester
dans le clair-obscur, le maréchal a
voulu se montrer en plein jour tel qu'il
est, tel qu'il entend demeurer. Mais M.
le vice-président du conseil espère se
rattraper aux branches, nous voulons
dire à MM. Depeyre et de Larcy. Si, en
effet, ces deux représentants de l'ex-
trême droite conservent leurs porte-
feuilles, c'est que M. de Broglie aura
réussi à atténuer l'effet des déclarations
du maréchal, à faire comprendre aux in-
téressés qu'ils auraient tort de s'émou-
voir outre mesure d'un fait sans impor-
tance. Tandis que si MM. Depeyre et de
Larcy quittent le ministère, il sera bien
difficile à M. le duo de Broglie de ne
point les suivre. Car, enfin, il sera clai-
rement démontré que si le maréchal
s'est vu dans l'obligation de sortir de sa
réserve habituelle, c'est qu'il condam-
nait du même coup et les déclarations
trop hardies de M. Cazenove de Pradine,
et le silence trop prudent de M. le vice-
président du conseil.
Qui l'emportera ? Le Français ou la
Presse ? Le président de la République
ou le chef du cabinet? Pour l'instant, M.
le maréehal et M. le duc sont manche à
manche. le duc a gagné la première, le
maréchal a gagné la seconde; nous se-
rions étonnés que M. le duc de Broglie
perdît la belle.
Mais la revanche ne se fera pas atten-
dre, nous voulons l'espérer. Désormais
le maréchal est averti ; il sait quel fonds
il lui est permis de faire sur le dévoû-
ment de M. le duc de Broglie; viennent
les lois eODstitutiQnnelles, et sans doute
M. le président de la République prendra
ses précautions pour que les intérêts du
septennat ne p-uissent être sacrifiés
comme ils l'ont été dans la séance du 18
mars, un intérêt de portefeuille.
E. SCHNERD.
———
On lit dans la Patrie :
On annonce, pour appuyer la candidature de
M. Danelle dans la Haute-Marne, une lettre
nouvelle de M. Thiers, — républicaine, cela va
sans dire.
U. j'aies Simon, ai4e-de-eamp du « vieux
l'Ilote,. » est allé préparer le terrain : sa tournée
a commencé par Cnaumont.
Cette nouvelle est de pure invention M.
Jules Simon n'a pas quitté Paris.
- <
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, 21 mars 1874.
M. Martel préside. — Ces trois mots de-
vraient suffire amplement comme compte-
rendu de la séance. Ils veulent dire : la
discussion s'annonce comme calme et mê-
me légèrement somnolente. Ils veulent
dire : M. Buffet sait à quoi s'en tenir sur
l'inanité des rumeurs — à cinq sous la li-
gne — qui prêtent soit à un membre de
l'extrême droite, soit à un membre de
l'extrême gauche, de noirs desseins. Ils
veulent dire : « Madame, si vous n'êtes pas
l'heureuse épouse d'un des quatre sous-
secrétaires d'Etat qui émargent à l'heure
présente, ne regrettez point de n'avoir pas
demandé un billet d'Assemblée. Monsieur,
à moins que vous ne soyez un industriel
consommateur de houille, ne lisez pas le
compte-rendu de la séance. »
Quant à nous, nous sommes forcé d'é-
crire pour ceux qu'intéresse la houille et
pour quatre dames qui s'intéressent à leur
mari.
Côté des industriels. — MM. Aclocque et
Pâlotte ont proposé à l'Assemblée, par voie
(Pa amendement. de remplacer, en ce qui
concerne fa houille et les cokes, la nou-
velle taxe sur la petite vitesse par un droit
fixe frappant chaque tonne de houille, soit
à l'extraction, soit à l'entrée en France.
La combinaison sauvegarde les intérêts du
Trésor et ne lèse pas, comme la première,
les intérêts de certains industriels.
Il s'agit simplement d'une question d'é-
quité, d'une injustice à éviter. Nous
prions le lecteur de jouer le rôle de Sa-
lomon.
Avec le système Aclocque et Pâlotte, les
navires paieront par chaque tonne de
houille un droit fixe, égal pour toutes.
Avec le système de la taxe sur la petite
vitesse, qui supportera l'impôt ? L'usine
qui se trouvera loin de toute houillère, car
l'usine qui sera dans le bassin houiller ne
paiera rien ; c'est ainsi que l'impôt sera
réparti sur quatorze millions de tonnes,
tandis que dix millions de tonnes en se-
ront exemptes. Est ce jus te ? - Non !. j
Attendez.
Mais toute industrie manufacturière se
place au centre d'un bassin houiller qui
doit l'alimenter ou au centre de produc-
tion des matières premières qu'elle em-
ploie. Si Jean est au centre de production
de ces matières premières, grâce au sys-
tème Aclocque et Pâlotte, lui qai est loin
de la houille, il ne paye pas la moindre
surtaxe de transit ; si Pierre est au centre
du bassin houiller, lui qui, dans aucun cas,
ne paierait le transport de la houille, con-
tinuera à supporter l'élévation du prix de
transport de ses matières premières. Est-
ce juste?. — Non !. -Attendez.
Au fait, non, n'attendez pas ; nous pour-
rions continuer ainsi une heure durant, et
votre jugement n'en subirait pas de sensi-
ble variation : si vous êtes Jean, vous
trouverez que MM. Aclocque et Palotte
avaient raison ; si vous êtes Pierre, vous
conviendrez aisément que l'Assemblée n'a
pas eu tort de maintenir intact — si
mauvais qu'ilsoit —le principe de lapetite
vitesse qu'elle a voté.
Et voilà comme quoi, si Salomon eût
été le père de l'enfant, il n'eût jamais
songé à rendre le sage jugement que vous
connaissez.
Il faut ajouter d'ailleurs que l'amende-
ment Aclocque a un faux air d'impôt sur
les matières premières qui lui nuit absolu-
ment. L'Assemblée ne peut se résoudre à
jouer constamment le rôle de Pénélope —
si honnête qu'ait été cet!e personne.
t Côté des quatre dames. — Projet de loi
Dortant ouverture d'un crédit additionnel
de 20,000 francs au ministère de l'instruc-
tion publique.
Ce modeste énoncé représente la grosse
question dessous secrétaires d'Etat. Il se
trouve que M. Jules Simon ayant fait, au-
trefois, rayer du budget de son ministère
— le dilapidateur ! - les appointements
du secrétaire général, le ministère de l'in-
struction publique se trouve être le seul
qui ne puisse point, sans bruit, transpor-
ter du secrétariat général à la sous-secré-
tairerie d'Etat de vieux émoluments.
M. de Jarizé saisit la balle au bond et
profite de la circonstance pour se livrer à
une attaque en règle contre la noble in-
stitution de la sous-secrétairerie d'Etat.
M. de Fourtou réplique avec animation et
démontre, au grand, gaudissement du côté
gauche, que les sous-secrétaires représen-
téat une économie notable pour le Trésor,
et qu'un personnage politique est absolu
ment nécessaire à la bonne direction
d'une administration. M. de Jauzé pousse
l'esprit de contradiction jusqu'à laisser
percer de nouveaux doutes.
La question ne se réduit pas à de mes-
quines personnalités, par la bonne rai-
son que M.,Dsjardins, le seul sous-secré-
taire d'Etat que le hasard met en jeu, est
le seul qui soit réellement en état, par
les connaissances spéciales qu'il possède
en matière d'instruction publique, de
remplir les fonctions qui lui ont été
confiées. La question a de plus gran-
des allures , elle vise l'ensemble du
mouvement imprimé à l'administration
française. Le secrétaire général était pour
ainsi dire un homme du bâtiment, un
homme rompu au métier, nourri dans le
sérail, en connaissant les détours —et les
tours ; le député sous-seepétaire d'Etat est
un ignorant politique qui, afin de faire son
édttÇatjçn, se çharge de diriger une admi-
nistration. Le secrétaire général reste, le
sous-secrétaire d'Etat ne fait que passer.
La théorie n'est pas discutable.
Elle est d'autant moins discutable qu'elle
est, d'avance, jugée contre l'opinioa que
nous venons d'émettre. Il faut voir avec
quels grondements la droite accueille l'ad-
versaire du cabinet. M. de Janzû, prelloz
garde, il ne faut pas toucher à l'os. Èn
effet, chacun sait que la sous-secrétairerie
d ïltat n'a pas été réinstituée précisément
pour la bonne ordonnance administrative,
mais surtout pour la bonne harmonie po-
litique ; le maroquin est encore le premier
des gâteaux, puisqu'avec une moitié de
portefeuilla on amadoue. si facilement les
gens.
A 383 voix contre,207 le projet cher au
cabinet est voté.
Où sont les nobles indignations d'antan?
Qui se rappelle la belle campagne qu'en-
treprirent jadis, sous le règne du tyran
Thiers, les vertueux de la droite pour ob-
tenir la suppression d'une sous-secrétaire-
rie d'Etat, la seule qui existât et où était
installé alors un certain M. Calmon?.
Mais, ce M. Calrnon, n'est-il pas député
maintenant ? Dame, on le serait à moins !
La fin de la session se corse: on a bien
prononcé l'ajournement, jusqu'à la rentrée
de la loi sur les patentes ; mais il est dé-
posé une foule de rapports retardataires,
dont les eommissions réclament la discus-
sion immédiate.
Rapport Batbie touchant la nouvelle loi
électorale.
Rapport Mortemart relatif à la transac-
tion passée entre l'Etat et la liste civile.
Rapport Chabaud-Latour, concernant les
nouvelles fortifications de Paris. — Pour
ce dernier, M. Chaper a demandé qu'il ne
fût ni imprimé ni distribué et qu'il fût
discuté en comité secret. Cette idée, tant
soit peu étrange, a d'autant moins pré-
valu que M. le duc Decazes lui-même s'en
est déclaré l'adversaire. — Eh ! messieurs,
ce ne sent encore que des châteaux-forts
en Espagne!
PAUL LuGUII.
— ♦—
Élections du 29 mars
Si l'on ne peut être plus net que MM.
Danelle et Roudier dans leurs circulaires,
il serait difficile - aussi d'être plus ambigu
que MM. de Lespérutet Larrieu. Tout ce
que ceux-ci laissent voir, c'est qu'ils
SOD tdes adversaires de la République ;
comme tels, ils se recommandent du
patronage du gouvernement septennal.
Première contradiction, puisque le sep-
tennat aura bientôt pour ennemis (si ce
n'est fait déjà) les monarchistes trop pres-
sés. Combien de tempsencorelamajorité
du 24 mai, naguère évoquée par M. de
Broglie, sera-t-elle la majorité du gou-
vernement du maréchal ? C'est un point
douteux, et pourtant MM. le vice amiral
Larrieu et de Lespérut promettent d'al-
ler- la grossir. De telle façon que si la
coalition légitimiste, orléaniste et impé-
rialiste devait tourner un jour contre le
maréchal, comme elle a tourné contre
M. Thiers, on ne sait quel parti suivraient
les deux candidats réactionnaires. Il est
vrai de dire qu'on le devine.
Le point essentiel, en effet, pour
MM. de Lespérut et Laprieu, c'est de
s'opposer à l'établissement de la Répu-
blique. Le Chien du jardinier! Que d'hom-
mes politiques, à Versailles, se sont
logés à cette vieille enseigne ! MM. de
Lespérut et Larrieu la trouvent bonne
et l'adoptent de même. Da ce côté point
d'hésitation. Mais le teste? mais l'avenir?
Comment se contenter de leurs réticen-
ces? S'ils ont une opinion, que ne la
montrent-ils? et s'ils n'en ont point,
que viennent-ils faire ?
Les pièces qu'ils ont publiées (car on
ne peut donner à de tels documents le
nom de professions de foi), nous les
avons reproduites avant-hier dans notre
Chronique électorale. Que dit le can-
didat monarchiste de la Gironde? D'a-
bord que son nom ralliera les - con-
servateurs contre les « radicaux. »
C'est une parole que M. le. vice-amiral
Larrieu (aurait mieux fait de ne pas
prononcer dans la singulière situation
qu'il a choisie ; personne n'ignore, en
effet, que le siége qu'il brigue est juste-
ment celui de feu Amédée Larrieu, son
frère, un de ces républicains, de ces
« radicaux » .contre qui toutes les voix
réactionnaires vont s'ameuter. Nous
plaigaons l'homme qui a choisi un pareil
rôle, quand il lui était si facile de rester
à l'écart et de respecter son propre deuil.
Mais poursuivons. Que dit encore M.
le vice-amiral Larrieu? Qu'il ne pu,
bliera aucun programme. Avez-vous be-
soin, écrit-il, de me demander une pro-
fession de foi ? Je suis enfant de la Gi-
ronde et officier de la marine ! C'est
tout. Voilà-t-il pas le public bien édifié ?
Est-ce qu'il suftira désormais, au lieu de
déclarations politiques, d'un extrait d@
naissance et d'une carte de visita? Est-oe
une opinion politique d'être Gascon,
Normand ou Auvergnat? Et lorsqu'on
demande à un candidat ce qu'il profère,
de la République ou de la monarchie,
doit-il se borner à répondre : Je suis
officier de la marine, ou marchand de
draps, ou maçon ?
La circulaire du candidat dé la Hau-
te-Marne, pour être plus longue et plus
entortillée; ne yaut pas mieux. M. de
Lespérut veut bien nous apprendre
« qu'il adhère à la trêve des partis», et
qu'il y adhère « résolument », ce qui
est sans doute sa façon personnelle d'ad-
herer. Cela, du moins, offre une ap-
parence de sens. Mais dans quel désor-
dre d'idées et de mots tombons-nous
après 1 « Décidé à repousser les atta-
ques auxquelles sont en butte les éter-
nels principes sociaux, vous me verI:,L.
non moins sincèrement dévoué à la
cause des libertés publiques ! » Qu'est-
ce crue cela. ? Que sont les éternels princi-
pes sociaux de M. de Legpérut fils ? Com-
ment les compread-t-il ? et comment en-
tend-il aussi les libertés publiques ? Dé-
finissez, si vous voulez qu'on vous com-
prenne et qu'on sache à quoi s'en te-
nir ! Mais le chef-d'œuvre, c'est la phrase
r qui vient après : « J'ai appris, pendant les
dix années de ma carrière diplomatique, à
étudier, à admirer chez des nations voi-
sines les bienfaits d'un système repré-
sentatif dont la pratique constante peut
seule donner aux.peuples, comme aux
individus, la maturité nécessaire pour
se guider au milieu des difficultés et des
luttes inhérentes aux sociétés moder-
nes. » Ah ! que voilà donc une carrière
dipldmatique bien employée ! et quelles
dépêches devait rédiger M. de Lespérut
dans ce beau langage! Mais la vérité,
c'est que ce style, merveilleux peut-être
en littérature, ne convient pas aux pro-
fessions de foi; c'est un genre d'écrits qui
demande plus de netteté que de magni-
ficence. Nous ne croirons jamais que M.
de Lespérut soit nommé, sur le vu d'un
pareil morceau, député de la Haute-
Marne; si l'on parlait de lui pour un
fauteuil à l'Académie, nous en serions
moins étonnés.
Tels sont les deux candidats « sérieux »
portés par la réaction, sans grand espoir,
d'ailleurs, pour le scrutin du 29 mars.
C'est la fleur du parti! Pour l'impérialisme,
il fait en cette oceasion triste figure. Au-
tant vaudrait n'en parler point. La candi-
dature du général Bertrand dans la Giron..
de était, il y a deux jours encore, combat-
tue par le Pays comme inopportune et
impossible à soutenir. Mais voici que
M. Bertrand a obtenu l'approbation du
prince impérial dans une des récentes
réceptions de Chislehurst. Changement
de frontl L'Ordre, aujourd'hui, déclare
que les bonapartistes voteront pour le
général Bertrand au premier tour, et pour
M. Larrieu après l'échec du général Ber-
trand. Pauvres bonapartistes ! Dans la
Haute Marne, nous attendons' toujours
l'éclosion, si longtemps annoncée, de la
candidature Chauchard. Mais la candida-
ture Chauchard ne paraît pas. Que de-
vient-elle ? et pourquoi les journaux de
parti ont-ils cessé subitement de parler
du baron Chauchard ?
EUG. LIÉBERT.
—»
On a distribué hier aux députés :
1° Un amendement de M. Beàussire à la
proposition de loi de M. Paul Bert, sur l'orga-
aisatioa de l'enseignement supérieur de l'Etat
20 Un amendement de M. de Lorgeril au pro-
jet de loi ayant pour objet de pourvoir à l'achè-
vement du nouvel Opéra et au déblaiement de
l'ancien Opéra.
M. de Lorgeril propose que l'Etat abandonne
à la ville de Paris l'emplacement et les con-
structions déjà faites du nouvel Opéra, à la
charge, par la ville de Paris, de prendre à son
compte l'achèvement des travaux.
L'exploitation du nouvel Opéra serait faite aux
frais de la ville de Paris et tous les produits
lui appartiendraient.
30 Un amendement de M. Millaud au projet
de loi tendant à proroger les pouvoirs dés con-
seils municipaux. Cet amendement est ainsi
conçu:
1 Article additionnel.
Dans tous les cas :
Immédiatement après la publication de la
présente loi, toutes les commissions municipa-
les, instituées depuis le 30 avril 1871, cesse- -
ront leurs fonctions.
Dans toutes les communes de la République
ou ces commissions existent et particulière-
ment dans les villes de Lyon, Saint-Etienne,
Koanne, les électeurs seront convocraés pour
procéder, le dimanche 3 mai 1874, au renou-
vellement intégral des conseils municipaux.
Les bureaux ont nommé hier la commission
chargée d'examiner la proposition de M. Gani- -
vet sur les vacances de l'Assemblée. Tous les
représeatantsnommés se sont montrés favorables
au projet, sous cette réserve cependantque lAs-
semblée ne s'en aille qu'après avoir voté cer-
taines lois. Les uns veulent qu'il soit statué
sur le projet relatif aux princes de la famille
d Orléans, les autres, que l'on valide toutes les
élections soumises aux bureaux. D'autres, enfin,
commeM. Foubsrt, pensent qu'avant de détermil
ner la durée des vacances, il faut d'abord savoir si
l'Assemblée votera la loi sur la prorogation des
conseils municipaux. Si la loi est votée, ilfaut,
en effet, des vacances plus longues, pour que
les députés conseillers municipaux puissent as-
sister a la session du mois de mai.
La commission du budget de 1875 a réglé
hier l'ordre de ses travaux. Elle: a décidé que
tous les impôts seraient examinés en séance
générale de la commission et non pas par une
sous-commission spéciale, comme cela s'est pra-
tiqué pour le budget de 1874. Tous les rappor-
teurs nommé3 par les sous-commissions doivent
être confirmes dans leurs fonctions par la com-
mission tout entière.
M* de Marcère doit lire son rapport, lundi à
h commission chargée d'examiner le projet de
loi sur la prorogation des consçils municipaux.
Le rapport ne pourra être déposé lundi, M.
Millaud devant venir défendre, devant la com-
mission, un article additionnel dont nous don-
nons le texte ailleurs.
On pense que la discussion pourra avoir lieu
mercredi en séance publique.
La commission des Trente a entendu hier le
rapport de M. Batbie, qui a été déposé en séance
publique.
Il sera imprimé lundi et distribué en épreu-
ves aux membres de la commission, quelques
modifications de rédaction ayant été jugées
nécessaires. Il sera adopté définitivement dans
la séance de lundi.
La 27e- commission des pétitions, chargée
d'examiner la pétition de M. de Kératrv a dé-
calé, sans débat et à l'unanimité, qu'elle en
renvoyait la discussion à une séance qui suivra
la rentrée de l'Assemblée. -
La commission de la liquidation de la liste
civile s'est réunie hier sous la présidence de M.
de Mortemart.
La question du séquestre est remise en dis-
cussion.
M. E. Picard propose, ne considérant pas la
commission comme ayant le droit d'initiative
en cette matière, de prévenir le mandataire de
la liste civile que la commission est d'avis de
donner main-levée du séquestre sur les biens,
qui ne sont pas en litige, mais que le gouver-
nement est seul en mesure de faire une pro-
, 4* Année. N* 858. , v * PRIX DU NUMÉRO : PARIS 15 CENTIMES DÉPARTEMENTS: 20 CENTIMES.
Lundi 23 Mars ; 1874.
RÉDACTION
BP adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
t
2, rue Drouot. a
les manuscrits non ins6rés ne seront pas rendus
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Trois mois. 13 fr..
Six mois.). 25
Un au., 50
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Six mois. 32
Un an 62
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lit lettres non affranchies seront refusé*
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JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
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On s'abonne à Londres, chez M. A. MATOUOB général
adv«rattta £ , agent, 13, Tavisioctrow,Govtml Gardai!.
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Trois mois. 16 tr.
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Annonces, chez MM. LAGRANGE, CBRP et G*
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advertisine. agent. 13. Tavistockrow. COVAntt+AMan.
Pendant tout le temps que durera
l'interdiction, le XIXe SIECLE ac-
ceptera des abonnements à la se-
maine au prix de :
1 fr. pour Paris ;
1 fr. 25 c. pour les Départements.
Nous venons de prendre une
mesure qui évitera tout dérange-
ment à nos abonnés à la semaine
(de Paris). Chaque personne qui
désirera recevoir à domicile le
XIX8 SIÈCLE, pendant toute la durée
de l'interdiction de la vente sur la
voie publique, pourra nous en
avertir part une simple carte pos-
tale, et nous ferons toucher chaque
semaine, par un service spécial de
receveurs, chez leur concierge, la
somme de 1 franc, prix de leur
souscription.
; Nous commencerons avant la fin
du mois de Mars la publication des"
SOUVENIRS
DU
QUATRE SEPTEMBRE
PAR
M. JULES SIMON
JOURNÉE POLITIQUE
Paris, 22 mars 1874.
A Versailles, dé pôt de plusieurs rapports,
parmi lesquels nous signalerons celui
de M. Batbie sur la loi électorale des
Trente, et celui de' M. Chabaud-Latour
sur les fortification3 de Paris. M. Cha-
per a demandé que ce dernier ne fût ni lu
ci imprimé, mais discuté seulement en
comité secret. Sur une sage observa-
tion de M. le duc Decazes, il a été décidé
que cette question serait traitée au grand
jour. x
L'Assemblée, en outre, a adopté l'en.
semble du projet de loi sur les nouveaux
impôts, et elle s'est occupée ensuite des
sous-seerétairies d'Etat. Par 383 voix con-
tre 207, la Chambre a approuvé cette ins-
titution, vivement critiquée par M. le ba-
ron de Janzé, et accordé les 20,009 francs
de cré dit qui lui étaient demandés. -
La Chambre des communes a commencé
ses travaux parlementaires par la discus-
sion de l'Adresse. Un des députés, M.
Butt, a déposé un amendement déclarant
que les Irlandais sont mécontents du ré-
gime qui leur est fait et en demandent
l'amélioration. Cet amendement a été
combattu par M. Nicke-Beach, par le nou-
veau secrétaire d'Etat pour l'Irlande, et
aussi par l'ancien chef du cabinet, M.
Gladstone, reparu heureusement à la tri-
bune plus tôt que ne l'auraient fait prévoir
ses 'récentes déclarations. Le Parlement,
cela va sans dire, s'est prononcé, à une
très-forte majorité, contre la proposition
de M. Butt. -- - - .-
Dans son discours, M. brlaastone a traite
en passant un point de politique qui tou-
che la France au moins autant que l'An-
gleterre. On s'est étonné, à plus d'une re-
prise, qu'il éût dissous un Parlement où
il disposait de 65 voix de majorité. M.
Gladstone, et avec raison, a tiré gloire de
ce reproche. a Il ne suffit pas, a-t-il dit,
d'avoir une majorité pour être fort et pou-
voir gouverner. Un gouvernement, même
appuyé par une Assemblée, n'a pas de for-
ce morale suffisante s'il ne sent pas der-
rière lui la faveur du pays tout entier.
Les élections partielles m'étaient pres-
que constamment défavorables, et recon-
naissant à la nation le droit d'être gou-
vernée selon ses désirs, je n'ai pas cru de-
voir employer une majorité toujours
décroissante à la disiger selon mes vues
personnelles. Mon devoir, par conséquent,
était de recourir au pays, par la voie des
élections générales, et de respecter son
verdict. » Il serait superflu de faire re-
marquer combien ce langage fait honneur
au libéralisme et au bon sens de 1 homme
politique anglais, et quel étrange contraste
il forme avec les actes de certains parle-
mentaires bien connus.
Le Reiehsrath viennois a adopté en troi-
sième lecture, par 192 voix contre 138, le
second projet de loi ecclésiastique dont
nous avons plusieurs fois entretenu nos
lecteurs. Il a commencé ensuite la dis-
cussion générale du budget de 1874, et
a décidé qu'il passerait dans sa prochaine
séance à la discussion des articles.
La crise ministérielle de Hongrie a
pris fia, comme toutes les choses de ce
monde, même les plus provisoires. M.
Bitto est parvenu à former un cabinet qui
sera ainsi compoé: MM. GhlCZY, finances;
Bartal, commerce; comte Szapary, iuté-
rieur; comte Joseph Zichy, communie a
tions.; baron Wenlilcim, ministre auprès
de la cour impériale; Trefort motion
publique; Paulier, justice; Szende, dé-
fense nationale; comte Pejacsvichs mil"
nÍstre de Croatie. Ce ministère est des
moins homogènes; il ne sera sans doute et
ne peut être qu'un cabinet d'affaires et da
transition.
La transaction sur laquelle on comptait
en Prusse entre le gouvernement et la
commission militaire du Reichstag n est
r décidément pas interven com-
mission, beaucoup moins belliqueuse que
MM. de Bismarck et de Moltke, a repoussé
en seconde lecture, par 22 voix contre 6,
l'article 1er du projet de loi militaire. Elle
a rejeté également une proposition ten-
dant à fixer à 381,000 hommes le chiffee
de l'effectif en temps de paix.
Le tout, maintenant, est de savoir si lo
gouvernement trouvera meilleur accueil
devant la Chambre tout entière.
Les Atchinois donnent toujours fort à
faire aux Hollandais. On mande de Pe-
nang que les troupes néerlandaises se for-
tifient actuellement dans Atchin et y em-
magasinent des provisions de toutes sor-
tes. Da plus, le général Van Swietea, d'a-
près les mêmes nouvelles, a dû se rendre,
le 20 de ce mois, à Batavia, laissant le
commandement à Verspert, qui demeure à
Penang avec deux mille hommes de trou-
pes.
Une troisième expédition contre les bar-
bares aura lieu au mois d'octobre pro-
chain si, à cette époque, la paix n'est pas
encore signée.
—————————— ■H ——————————
SOUVENIR
Tous les ans, vers le 10 septembre, le
champ de foire de Saverne avait le don
de me rendre un peu fou. J'arrivais là
tranquille, raisonnable et dans un équi-
libre parfait, en bon propriétaire qui a
passé la matinée avec ses enfants, ses
bêtes, ses arbres et ses livres ; au bout
d'une heure ou deux, je ne savais plus
où donner de la tête. Ce tumulte dénué
de sens et cette agitation sans but, ces
chevaux de bois tournant sur place com-
me une commission parlementaire au
son d'un orgue de barbarie, ces gamins
qui grimpaient au mât de coeagne pour
décrocher un portefeuille, un mouchoir
rouge ou un jambon ; ces baraques
installées face à face comme la Presse
et le Français ; et leurs orchestres
chamarrés d'oripeaux militaires, et la
hâblerie enrouée de deux pitres rivaux,
dont l'un disait blanc, l'autre noir,
honorés l'un et l'autre, à ce qu'ils préten-
daient, des confidences et autres faveurs
de S. M. le gouvernement; et les hurle-
ments d'un sauvage aussi féroce que M.
Thiers ou M. Calmon, terreur des âmes
crédules ; et les détonations des pistolets
de tir qui s'y reprenaient à dix fois pour cas-1
s er une pi pe; et la géographie du dompteur
des Antilles polaires ; et l'enseif ne du
grand géant monté sur tige ; et la som-
nambule infaillible dans sa voiture; et
les marchands qui vendaient quinze sous
ce qui en valait cinq en ville et ne ren-
daient aux acheteurs que la moitié de
leur monnaie ; et les cris avinés des pay-
sans qui lutinaient leurs commères à la
face du ciel; et la psalmodie des men-
diants ; et les chandelles en plein midi ;
et les jeux de roulette, les concerts de sif-
flets, de trompettes et deerécelles, les pé-
tards dans les jambes, les pois fulminants
sous les pieds, tout ce monde artificiel, in-
vraisemblable, absurde, me transportait
à mille lieues de la vie réelle. Pour un
rien, je me serais mis à marcher sur la
tète comme le clown qui paradait devant
le grand théâtre de Geneviève de Bra-
bant. Un vague instinct de conservation
personnelle me poussait hors de la ba-
garre ; je regagnais la petite ville un peu
plus agité que de coutume, mais relati-
vement calme et toujours sain d'esprit.
J'entrais dans une honnête et respec-
table maison, j'allais voir ou le bon per-
cepteur Ménard, ou Gast Jérôme, le fin
cultivateur, ou le professeur Moty, ou
le docteur Mangin, ou l'avoué Schal-
ler, ou Level, le marchand, ou papa
Volz,, le maréchal, et dix minutes de con-
versation avec n'importe lequel de ces
braves amis me remettaient dans mon
assiette.
Je les entretenais de leurs affaires,
ils me parlaient des miennes ; mon
ahurissement s'en allait peu à peu, la
terre redevenait solide sous mes talons ;
je reprenais possession de ce monde
d'honnêteté, de vérité, de juste mesure
et de droite pratique qui n'étale point à
la foire.
On se moquera de moi, si l'on veut,
mais tant pis ! J'avoue en toute humi-
lité que depuis quelque temps la haute
politique de mon pays me reporte aux
beaux jours de la foire de Saverne. Me
préserve le ciel de critiquer les puis-
sances, les corps constitués, les gens
en place et tous ceux qui ont les moyens
de se faire justice eux-mêmes 1 Je sais
ce qu'il en coûte, et l'on ne m'y repren-
dra pas drsitôt.
Ne médisons que des journaux, c'est
le seul droit qu'on ne dispute point aux
journalistes, et déclarons franchement,
entre nous, que la presse fait de son
mieux pour ahurir la nation française.
A nous entendre disputer sur ce mal-
heureux septennat, qui est la négation
de la République, selon les uns, et de la
monarchie, selon les autres à voiries
commentaires aeharnés qui torturent le
moindre mot du maréchal Mac-Mahon :
à lire les discussions où l'on prouve
que le respect des institutions existantes
s'applique aux institutions qui pourront
exister demain, et que l'ordre de choses
légalement établi signifie tout ordre ou
désordre qu'une loi tien ou mal inspi-
rée peut établir un jour ou Pautre, l'é-
trang; ui est de sang-froid se demande
si nous ne sommes pas des charlatans
1 1 - e
ou des aliénés. '-- {
Heureusement pour notre honneur et
pour notre salut, le monde spécial de la
politique est une exception, une bril-
lante et bruyante minorité, comme le
personnel actif de la foire. Heureuse-
ment nos villes et nos moindres villages
sont peuplés de braves gens, honnêtes
et sensés, comme ceux qui me rétablis-
saient dans mon aplomb après la fête de
Saverne. Il y a chez nous des millions
de cultivateurs, d'artisans, de méde-
cins , de savants, d'artistes, d'offi-
ciers ministériels, de petits fonc-
tionnaires qui ne s'aviseront jamais ni
d'avaler des sabres, ni de danser la
bamboula, ni de manger des lapins vi-
vants, ni de souffler le feu par les na-
rines. La foire se tient à Paris, ou même,
si vous voulez, dans la banlieue ; mais la
vie sérieuse, austère, logique, est partout.
J'en atteste les élections, celles d'hier et
celles de demain, ces grands actes par
lesquels la nation entière affirme obsti-
nément la suite de ses idées et la froide
énergie de sa volonté.
ABOUT.
—— ————————
- Ils partiront, disent les uns. — Ils
ne partiront pas, disent les autres. —
Pourquoi partiraientrils ? reprennent les
premiers. Jamais 'ils n'ont été plus
d'accord avec leurs collègues. — Com-
ment pourraient-ils rester ? ripostent les
seconds. Il est certain qu'après la lettre
du maréchal et les discussions qui
l'ont précédée, leur position dans le ca-
binet serait intolérable.
Et chacun de répéter de son côté :
ils partiront ; ils ne partiront pas.
Vous entendez bien que c'est de MM.
Depeyre et Larcy qu'il s'agit. A qui
croire? Quels sont les journaux les
mieux renseignés? Ceux de la prési-
dence? ou ceux du cabinet? Le Français,
organe de M. de Broglie, déclare que la
Presse, organe du président de la Répu-
blique, est dans l'erreur. Le Français
affirme que MM. Depeyre et de Larcy
n'ont pas cessé d'être, comme toujours,
en parfaite conformité de sentiments
avec le reste du cabinet; la Presse re-
connaît qu'en effet les deux ministres
royalistes avaient fini par se résigner à
la lettre du maréchal, telle que l'a pu-
bliée le Journal officiel; mais que le post-
sçriptum relatant le texte des paroles
prononcées par M. de Mac-Mahon au tri-
bunal de commerce a donné un tel
poids aux déclarations de sa lettre que
MM. Depeyre et de Larcy ne voudront
certainement pas conserver leurs porte-
feuilles.
— Je vous dis qu'ils ne partiront pas,
dit l'organe de M. le duc de Broglie.
— Et moi, je vous dis que je ne se-
rais point fâché de les voir partir, ré-
pond l'organe du maréchal.
Voilà où nous en sommes, et le
désaccord entre deux feuilles également
officieuses, mais pour le compte de deux
patrons différents, met plus que jamais
en lumière les véritables intentions du
président de la République, et précise
on ne peut mieux la portée de sa lettre
au duc de Broglie. 1
M. de Broglie s'était efforcé de rester
dans le clair-obscur, le maréchal a
voulu se montrer en plein jour tel qu'il
est, tel qu'il entend demeurer. Mais M.
le vice-président du conseil espère se
rattraper aux branches, nous voulons
dire à MM. Depeyre et de Larcy. Si, en
effet, ces deux représentants de l'ex-
trême droite conservent leurs porte-
feuilles, c'est que M. de Broglie aura
réussi à atténuer l'effet des déclarations
du maréchal, à faire comprendre aux in-
téressés qu'ils auraient tort de s'émou-
voir outre mesure d'un fait sans impor-
tance. Tandis que si MM. Depeyre et de
Larcy quittent le ministère, il sera bien
difficile à M. le duo de Broglie de ne
point les suivre. Car, enfin, il sera clai-
rement démontré que si le maréchal
s'est vu dans l'obligation de sortir de sa
réserve habituelle, c'est qu'il condam-
nait du même coup et les déclarations
trop hardies de M. Cazenove de Pradine,
et le silence trop prudent de M. le vice-
président du conseil.
Qui l'emportera ? Le Français ou la
Presse ? Le président de la République
ou le chef du cabinet? Pour l'instant, M.
le maréehal et M. le duc sont manche à
manche. le duc a gagné la première, le
maréchal a gagné la seconde; nous se-
rions étonnés que M. le duc de Broglie
perdît la belle.
Mais la revanche ne se fera pas atten-
dre, nous voulons l'espérer. Désormais
le maréchal est averti ; il sait quel fonds
il lui est permis de faire sur le dévoû-
ment de M. le duc de Broglie; viennent
les lois eODstitutiQnnelles, et sans doute
M. le président de la République prendra
ses précautions pour que les intérêts du
septennat ne p-uissent être sacrifiés
comme ils l'ont été dans la séance du 18
mars, un intérêt de portefeuille.
E. SCHNERD.
———
On lit dans la Patrie :
On annonce, pour appuyer la candidature de
M. Danelle dans la Haute-Marne, une lettre
nouvelle de M. Thiers, — républicaine, cela va
sans dire.
U. j'aies Simon, ai4e-de-eamp du « vieux
l'Ilote,. » est allé préparer le terrain : sa tournée
a commencé par Cnaumont.
Cette nouvelle est de pure invention M.
Jules Simon n'a pas quitté Paris.
- <
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, 21 mars 1874.
M. Martel préside. — Ces trois mots de-
vraient suffire amplement comme compte-
rendu de la séance. Ils veulent dire : la
discussion s'annonce comme calme et mê-
me légèrement somnolente. Ils veulent
dire : M. Buffet sait à quoi s'en tenir sur
l'inanité des rumeurs — à cinq sous la li-
gne — qui prêtent soit à un membre de
l'extrême droite, soit à un membre de
l'extrême gauche, de noirs desseins. Ils
veulent dire : « Madame, si vous n'êtes pas
l'heureuse épouse d'un des quatre sous-
secrétaires d'Etat qui émargent à l'heure
présente, ne regrettez point de n'avoir pas
demandé un billet d'Assemblée. Monsieur,
à moins que vous ne soyez un industriel
consommateur de houille, ne lisez pas le
compte-rendu de la séance. »
Quant à nous, nous sommes forcé d'é-
crire pour ceux qu'intéresse la houille et
pour quatre dames qui s'intéressent à leur
mari.
Côté des industriels. — MM. Aclocque et
Pâlotte ont proposé à l'Assemblée, par voie
(Pa amendement. de remplacer, en ce qui
concerne fa houille et les cokes, la nou-
velle taxe sur la petite vitesse par un droit
fixe frappant chaque tonne de houille, soit
à l'extraction, soit à l'entrée en France.
La combinaison sauvegarde les intérêts du
Trésor et ne lèse pas, comme la première,
les intérêts de certains industriels.
Il s'agit simplement d'une question d'é-
quité, d'une injustice à éviter. Nous
prions le lecteur de jouer le rôle de Sa-
lomon.
Avec le système Aclocque et Pâlotte, les
navires paieront par chaque tonne de
houille un droit fixe, égal pour toutes.
Avec le système de la taxe sur la petite
vitesse, qui supportera l'impôt ? L'usine
qui se trouvera loin de toute houillère, car
l'usine qui sera dans le bassin houiller ne
paiera rien ; c'est ainsi que l'impôt sera
réparti sur quatorze millions de tonnes,
tandis que dix millions de tonnes en se-
ront exemptes. Est ce jus te ? - Non !. j
Attendez.
Mais toute industrie manufacturière se
place au centre d'un bassin houiller qui
doit l'alimenter ou au centre de produc-
tion des matières premières qu'elle em-
ploie. Si Jean est au centre de production
de ces matières premières, grâce au sys-
tème Aclocque et Pâlotte, lui qai est loin
de la houille, il ne paye pas la moindre
surtaxe de transit ; si Pierre est au centre
du bassin houiller, lui qui, dans aucun cas,
ne paierait le transport de la houille, con-
tinuera à supporter l'élévation du prix de
transport de ses matières premières. Est-
ce juste?. — Non !. -Attendez.
Au fait, non, n'attendez pas ; nous pour-
rions continuer ainsi une heure durant, et
votre jugement n'en subirait pas de sensi-
ble variation : si vous êtes Jean, vous
trouverez que MM. Aclocque et Palotte
avaient raison ; si vous êtes Pierre, vous
conviendrez aisément que l'Assemblée n'a
pas eu tort de maintenir intact — si
mauvais qu'ilsoit —le principe de lapetite
vitesse qu'elle a voté.
Et voilà comme quoi, si Salomon eût
été le père de l'enfant, il n'eût jamais
songé à rendre le sage jugement que vous
connaissez.
Il faut ajouter d'ailleurs que l'amende-
ment Aclocque a un faux air d'impôt sur
les matières premières qui lui nuit absolu-
ment. L'Assemblée ne peut se résoudre à
jouer constamment le rôle de Pénélope —
si honnête qu'ait été cet!e personne.
t Côté des quatre dames. — Projet de loi
Dortant ouverture d'un crédit additionnel
de 20,000 francs au ministère de l'instruc-
tion publique.
Ce modeste énoncé représente la grosse
question dessous secrétaires d'Etat. Il se
trouve que M. Jules Simon ayant fait, au-
trefois, rayer du budget de son ministère
— le dilapidateur ! - les appointements
du secrétaire général, le ministère de l'in-
struction publique se trouve être le seul
qui ne puisse point, sans bruit, transpor-
ter du secrétariat général à la sous-secré-
tairerie d'Etat de vieux émoluments.
M. de Jarizé saisit la balle au bond et
profite de la circonstance pour se livrer à
une attaque en règle contre la noble in-
stitution de la sous-secrétairerie d'Etat.
M. de Fourtou réplique avec animation et
démontre, au grand, gaudissement du côté
gauche, que les sous-secrétaires représen-
téat une économie notable pour le Trésor,
et qu'un personnage politique est absolu
ment nécessaire à la bonne direction
d'une administration. M. de Jauzé pousse
l'esprit de contradiction jusqu'à laisser
percer de nouveaux doutes.
La question ne se réduit pas à de mes-
quines personnalités, par la bonne rai-
son que M.,Dsjardins, le seul sous-secré-
taire d'Etat que le hasard met en jeu, est
le seul qui soit réellement en état, par
les connaissances spéciales qu'il possède
en matière d'instruction publique, de
remplir les fonctions qui lui ont été
confiées. La question a de plus gran-
des allures , elle vise l'ensemble du
mouvement imprimé à l'administration
française. Le secrétaire général était pour
ainsi dire un homme du bâtiment, un
homme rompu au métier, nourri dans le
sérail, en connaissant les détours —et les
tours ; le député sous-seepétaire d'Etat est
un ignorant politique qui, afin de faire son
édttÇatjçn, se çharge de diriger une admi-
nistration. Le secrétaire général reste, le
sous-secrétaire d'Etat ne fait que passer.
La théorie n'est pas discutable.
Elle est d'autant moins discutable qu'elle
est, d'avance, jugée contre l'opinioa que
nous venons d'émettre. Il faut voir avec
quels grondements la droite accueille l'ad-
versaire du cabinet. M. de Janzû, prelloz
garde, il ne faut pas toucher à l'os. Èn
effet, chacun sait que la sous-secrétairerie
d ïltat n'a pas été réinstituée précisément
pour la bonne ordonnance administrative,
mais surtout pour la bonne harmonie po-
litique ; le maroquin est encore le premier
des gâteaux, puisqu'avec une moitié de
portefeuilla on amadoue. si facilement les
gens.
A 383 voix contre,207 le projet cher au
cabinet est voté.
Où sont les nobles indignations d'antan?
Qui se rappelle la belle campagne qu'en-
treprirent jadis, sous le règne du tyran
Thiers, les vertueux de la droite pour ob-
tenir la suppression d'une sous-secrétaire-
rie d'Etat, la seule qui existât et où était
installé alors un certain M. Calmon?.
Mais, ce M. Calrnon, n'est-il pas député
maintenant ? Dame, on le serait à moins !
La fin de la session se corse: on a bien
prononcé l'ajournement, jusqu'à la rentrée
de la loi sur les patentes ; mais il est dé-
posé une foule de rapports retardataires,
dont les eommissions réclament la discus-
sion immédiate.
Rapport Batbie touchant la nouvelle loi
électorale.
Rapport Mortemart relatif à la transac-
tion passée entre l'Etat et la liste civile.
Rapport Chabaud-Latour, concernant les
nouvelles fortifications de Paris. — Pour
ce dernier, M. Chaper a demandé qu'il ne
fût ni imprimé ni distribué et qu'il fût
discuté en comité secret. Cette idée, tant
soit peu étrange, a d'autant moins pré-
valu que M. le duc Decazes lui-même s'en
est déclaré l'adversaire. — Eh ! messieurs,
ce ne sent encore que des châteaux-forts
en Espagne!
PAUL LuGUII.
— ♦—
Élections du 29 mars
Si l'on ne peut être plus net que MM.
Danelle et Roudier dans leurs circulaires,
il serait difficile - aussi d'être plus ambigu
que MM. de Lespérutet Larrieu. Tout ce
que ceux-ci laissent voir, c'est qu'ils
SOD tdes adversaires de la République ;
comme tels, ils se recommandent du
patronage du gouvernement septennal.
Première contradiction, puisque le sep-
tennat aura bientôt pour ennemis (si ce
n'est fait déjà) les monarchistes trop pres-
sés. Combien de tempsencorelamajorité
du 24 mai, naguère évoquée par M. de
Broglie, sera-t-elle la majorité du gou-
vernement du maréchal ? C'est un point
douteux, et pourtant MM. le vice amiral
Larrieu et de Lespérut promettent d'al-
ler- la grossir. De telle façon que si la
coalition légitimiste, orléaniste et impé-
rialiste devait tourner un jour contre le
maréchal, comme elle a tourné contre
M. Thiers, on ne sait quel parti suivraient
les deux candidats réactionnaires. Il est
vrai de dire qu'on le devine.
Le point essentiel, en effet, pour
MM. de Lespérut et Laprieu, c'est de
s'opposer à l'établissement de la Répu-
blique. Le Chien du jardinier! Que d'hom-
mes politiques, à Versailles, se sont
logés à cette vieille enseigne ! MM. de
Lespérut et Larrieu la trouvent bonne
et l'adoptent de même. Da ce côté point
d'hésitation. Mais le teste? mais l'avenir?
Comment se contenter de leurs réticen-
ces? S'ils ont une opinion, que ne la
montrent-ils? et s'ils n'en ont point,
que viennent-ils faire ?
Les pièces qu'ils ont publiées (car on
ne peut donner à de tels documents le
nom de professions de foi), nous les
avons reproduites avant-hier dans notre
Chronique électorale. Que dit le can-
didat monarchiste de la Gironde? D'a-
bord que son nom ralliera les - con-
servateurs contre les « radicaux. »
C'est une parole que M. le. vice-amiral
Larrieu (aurait mieux fait de ne pas
prononcer dans la singulière situation
qu'il a choisie ; personne n'ignore, en
effet, que le siége qu'il brigue est juste-
ment celui de feu Amédée Larrieu, son
frère, un de ces républicains, de ces
« radicaux » .contre qui toutes les voix
réactionnaires vont s'ameuter. Nous
plaigaons l'homme qui a choisi un pareil
rôle, quand il lui était si facile de rester
à l'écart et de respecter son propre deuil.
Mais poursuivons. Que dit encore M.
le vice-amiral Larrieu? Qu'il ne pu,
bliera aucun programme. Avez-vous be-
soin, écrit-il, de me demander une pro-
fession de foi ? Je suis enfant de la Gi-
ronde et officier de la marine ! C'est
tout. Voilà-t-il pas le public bien édifié ?
Est-ce qu'il suftira désormais, au lieu de
déclarations politiques, d'un extrait d@
naissance et d'une carte de visita? Est-oe
une opinion politique d'être Gascon,
Normand ou Auvergnat? Et lorsqu'on
demande à un candidat ce qu'il profère,
de la République ou de la monarchie,
doit-il se borner à répondre : Je suis
officier de la marine, ou marchand de
draps, ou maçon ?
La circulaire du candidat dé la Hau-
te-Marne, pour être plus longue et plus
entortillée; ne yaut pas mieux. M. de
Lespérut veut bien nous apprendre
« qu'il adhère à la trêve des partis», et
qu'il y adhère « résolument », ce qui
est sans doute sa façon personnelle d'ad-
herer. Cela, du moins, offre une ap-
parence de sens. Mais dans quel désor-
dre d'idées et de mots tombons-nous
après 1 « Décidé à repousser les atta-
ques auxquelles sont en butte les éter-
nels principes sociaux, vous me verI:,L.
non moins sincèrement dévoué à la
cause des libertés publiques ! » Qu'est-
ce crue cela. ? Que sont les éternels princi-
pes sociaux de M. de Legpérut fils ? Com-
ment les compread-t-il ? et comment en-
tend-il aussi les libertés publiques ? Dé-
finissez, si vous voulez qu'on vous com-
prenne et qu'on sache à quoi s'en te-
nir ! Mais le chef-d'œuvre, c'est la phrase
r qui vient après : « J'ai appris, pendant les
dix années de ma carrière diplomatique, à
étudier, à admirer chez des nations voi-
sines les bienfaits d'un système repré-
sentatif dont la pratique constante peut
seule donner aux.peuples, comme aux
individus, la maturité nécessaire pour
se guider au milieu des difficultés et des
luttes inhérentes aux sociétés moder-
nes. » Ah ! que voilà donc une carrière
dipldmatique bien employée ! et quelles
dépêches devait rédiger M. de Lespérut
dans ce beau langage! Mais la vérité,
c'est que ce style, merveilleux peut-être
en littérature, ne convient pas aux pro-
fessions de foi; c'est un genre d'écrits qui
demande plus de netteté que de magni-
ficence. Nous ne croirons jamais que M.
de Lespérut soit nommé, sur le vu d'un
pareil morceau, député de la Haute-
Marne; si l'on parlait de lui pour un
fauteuil à l'Académie, nous en serions
moins étonnés.
Tels sont les deux candidats « sérieux »
portés par la réaction, sans grand espoir,
d'ailleurs, pour le scrutin du 29 mars.
C'est la fleur du parti! Pour l'impérialisme,
il fait en cette oceasion triste figure. Au-
tant vaudrait n'en parler point. La candi-
dature du général Bertrand dans la Giron..
de était, il y a deux jours encore, combat-
tue par le Pays comme inopportune et
impossible à soutenir. Mais voici que
M. Bertrand a obtenu l'approbation du
prince impérial dans une des récentes
réceptions de Chislehurst. Changement
de frontl L'Ordre, aujourd'hui, déclare
que les bonapartistes voteront pour le
général Bertrand au premier tour, et pour
M. Larrieu après l'échec du général Ber-
trand. Pauvres bonapartistes ! Dans la
Haute Marne, nous attendons' toujours
l'éclosion, si longtemps annoncée, de la
candidature Chauchard. Mais la candida-
ture Chauchard ne paraît pas. Que de-
vient-elle ? et pourquoi les journaux de
parti ont-ils cessé subitement de parler
du baron Chauchard ?
EUG. LIÉBERT.
—»
On a distribué hier aux députés :
1° Un amendement de M. Beàussire à la
proposition de loi de M. Paul Bert, sur l'orga-
aisatioa de l'enseignement supérieur de l'Etat
20 Un amendement de M. de Lorgeril au pro-
jet de loi ayant pour objet de pourvoir à l'achè-
vement du nouvel Opéra et au déblaiement de
l'ancien Opéra.
M. de Lorgeril propose que l'Etat abandonne
à la ville de Paris l'emplacement et les con-
structions déjà faites du nouvel Opéra, à la
charge, par la ville de Paris, de prendre à son
compte l'achèvement des travaux.
L'exploitation du nouvel Opéra serait faite aux
frais de la ville de Paris et tous les produits
lui appartiendraient.
30 Un amendement de M. Millaud au projet
de loi tendant à proroger les pouvoirs dés con-
seils municipaux. Cet amendement est ainsi
conçu:
1 Article additionnel.
Dans tous les cas :
Immédiatement après la publication de la
présente loi, toutes les commissions municipa-
les, instituées depuis le 30 avril 1871, cesse- -
ront leurs fonctions.
Dans toutes les communes de la République
ou ces commissions existent et particulière-
ment dans les villes de Lyon, Saint-Etienne,
Koanne, les électeurs seront convocraés pour
procéder, le dimanche 3 mai 1874, au renou-
vellement intégral des conseils municipaux.
Les bureaux ont nommé hier la commission
chargée d'examiner la proposition de M. Gani- -
vet sur les vacances de l'Assemblée. Tous les
représeatantsnommés se sont montrés favorables
au projet, sous cette réserve cependantque lAs-
semblée ne s'en aille qu'après avoir voté cer-
taines lois. Les uns veulent qu'il soit statué
sur le projet relatif aux princes de la famille
d Orléans, les autres, que l'on valide toutes les
élections soumises aux bureaux. D'autres, enfin,
commeM. Foubsrt, pensent qu'avant de détermil
ner la durée des vacances, il faut d'abord savoir si
l'Assemblée votera la loi sur la prorogation des
conseils municipaux. Si la loi est votée, ilfaut,
en effet, des vacances plus longues, pour que
les députés conseillers municipaux puissent as-
sister a la session du mois de mai.
La commission du budget de 1875 a réglé
hier l'ordre de ses travaux. Elle: a décidé que
tous les impôts seraient examinés en séance
générale de la commission et non pas par une
sous-commission spéciale, comme cela s'est pra-
tiqué pour le budget de 1874. Tous les rappor-
teurs nommé3 par les sous-commissions doivent
être confirmes dans leurs fonctions par la com-
mission tout entière.
M* de Marcère doit lire son rapport, lundi à
h commission chargée d'examiner le projet de
loi sur la prorogation des consçils municipaux.
Le rapport ne pourra être déposé lundi, M.
Millaud devant venir défendre, devant la com-
mission, un article additionnel dont nous don-
nons le texte ailleurs.
On pense que la discussion pourra avoir lieu
mercredi en séance publique.
La commission des Trente a entendu hier le
rapport de M. Batbie, qui a été déposé en séance
publique.
Il sera imprimé lundi et distribué en épreu-
ves aux membres de la commission, quelques
modifications de rédaction ayant été jugées
nécessaires. Il sera adopté définitivement dans
la séance de lundi.
La 27e- commission des pétitions, chargée
d'examiner la pétition de M. de Kératrv a dé-
calé, sans débat et à l'unanimité, qu'elle en
renvoyait la discussion à une séance qui suivra
la rentrée de l'Assemblée. -
La commission de la liquidation de la liste
civile s'est réunie hier sous la présidence de M.
de Mortemart.
La question du séquestre est remise en dis-
cussion.
M. E. Picard propose, ne considérant pas la
commission comme ayant le droit d'initiative
en cette matière, de prévenir le mandataire de
la liste civile que la commission est d'avis de
donner main-levée du séquestre sur les biens,
qui ne sont pas en litige, mais que le gouver-
nement est seul en mesure de faire une pro-
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