Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1875-09-10
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 10 septembre 1875 10 septembre 1875
Description : 1875/09/10 (A5,N1374). 1875/09/10 (A5,N1374).
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/03/2013
6* Année. - N. 1874.
Pris. du Numéro : PartS. 15 centimes. — Départements, BO centimes.
Vendredi 10 Septembre lm;
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Paris, 5.
Parïs, ) n- -_, 75.
Jusque dans les moindres détail on voit
paraitre les tendances de M. Buffet et des
quelques officieux qui s'inspirent de sa po-
litique. En toute occasion, à tout propos
et à tout prix, il s'agit de se rapprocher
du bonapartisme. L'amitié du bonapar-
tisme est un des articles de foi du Credo
conservateur de M. le vice-président du
conseil. L'incident Girerd vient d'en four-
nir encore une nouvelle preuve.
Rappelons-nous, d'après le rapport de la
commission d'enquête (pp. 431-477), com-
ment la fameuse Note pour L. B. -17 a été
livrée à l'impression par la République de
.Nevers. Le 5 juin 1874, le gérant du jour-
nal reçut par la poste la note L. B. 17,
accompagnée d'une lettre d'envoi, écrite
sur un papier portant l'en-tête de la
compagnie de Paris-Lyon-Méditerranée.
La lettre d'envoi disait en substance :
« J'ai trouvé la pièce ci-incluse dans un
wagon de première classe. Je vous l'a-
dresse/pensant qu'elle pourra être utile à
votre journal, dont je suis un lecteur as-
sidu. Mais je vous prie de ne pas me dési-
gner. — Signé: Boissière. » Le gérant de
la République remit la pièce et la lettre
d'envoi à M. Levaillant, rédacteur en chef.
Celui-ci, pour ne pas compromettre son
correspondant, déchira la lettre d'envoi en
menus morceaux devant le gérant et l'im-
primeur du journal. Il ne conserva que le
document bonapartiste et l'enveloppe.
Après avoir été prendre, à Paris, l'avis de
l'honorable M. Girerd, il fit autographier et
publia ce document, qui est devenu fa-
meux et dont tous les journaux ont repro-
duit la teneur.
On sait ce qui s'en est suivi. Les rapports
Savary nous ont fait connaître les enquêtes
administratives et judiciaires. Les faits
qus nous venons de relater sont affirmés
dans les dépositions des divers témoins.
Mais on n'a pu retrouver ce Boissière, qui
avait envoyé à la République de Nevers la
note du comité central. Il n'a donc pas été
possible de démontrer d'une manière abso-
lue que le document bonapartiste fût au-
thentique ; mais il ne l'a pas été davan-
tage de prouver qu'il fût le produit d'une
supercherie. Toutes les présomptions, tou-
tes les probabilités sont en faveur de l'au-
thenticité du document, bien moins grave
d'ailleurs que d'autres pièces signées Rouf-
fie, Mansart, Amigues ou Lebrun de Rabot,
dont les originaux sont entre les mains de
la justice. Cette authenticité de la note
L. B. 17, le préfet de police y croit, la
commission d'enquête parlementaire y croit;
quant à l'opinion des magistrats qui ont
dirigé l'enquête judiciaire, M. le procureur
général de Leffemberg, dans son rapport
au garde des sceaux, la résume ainsi :
« Rien n'a démontré que la circulaire fût
authentique ; rien n'a expliqué sa décou-
verte; ce qui paraît certain, c'est que le
journaliste de Nevers, qui a divulgué cette
pièce, a cru réellement qu'elle avait l'ori-
gine qu'il lui a attribuée. »" Ainsi donc, la
magistrature, comme c'est son devoir
quand elle n'a pu réunir des preuves irré-
cusables, ne se prononce pas ; elle se borne
à dire que l'authenticité du document n'a
pas pu être démontrée ; mais que, dans tous
les cas, la bonne foi du publicateur lui pa-
rait certaine.
Souvenez-vous maintenant des paroles
que M. le ministre de l'intérieur a laissées
tomber lors de la dernière réunion de la
commission de permanence. Interrogé sur
le scandale de Lyon, il établit la plus étran-
ge assimilation entre le faux de l'agent Bou-
vier et la note bonapartiste de la Nièvre.
• Et comme M. Lepère l'interrompt en lui
disant : « Mais jamais on n'a démontré la
fausseté de la pièce -de la Nièvre ! — Par-
don ! un jugement, répond-il, en a déclaré
]a fausseté. » On a lu dans notre numéro
d'hier la lettre rectificative adressée à M.
le ministre de l'intérieur par M. Girerd.
Il en résulte, aussi bien que du texte
même du jugement auquel M. Buffet. a fait
allusion, que jamais tribunal n'a déclaré la
fausseté de la note L. B. 17. Poursuivi en
diffamation par M. de Bourgoing devant le
tribunal correctionnel de Nevers, le rédac-
teur de la République a été condamné pour
avoir présenté comme « absolument au-
thentique » un document « dont l'authen-
ticité n'a pas pu être démontrée. »
Le tribunal de Nevers, en prononçant la
condamnation du journaliste poursuivi par
M. de Bourgoing, n'a dit et ne pouvait dire
rien de plus. Comme M. le procureur géné-
ral de Leffemberg, il s'est trouvé en pré-
sence d'une pièce « dont l'authenticité n'a
pas pu être démontrée. » Mais en résulte-
t-il qu'il l'ait déclarée fausse ? En résulte-
t-il que M.Buffet puisse se permettre d'assi-
miler la note du comité central de l'appel
au peuple à la fausse lettre Gambetta, œu-
vre de l'authentique industrie des agents
Bouvier et Coco ?
Mais sans doute il n'importe à M. le vice-
président du conseil ; l'essentiel n'est-il pas
de dauber sur les républicains, pour le plus
grand bonheur des impérialistes ? Ah l lors-
qu'il s'agit de montrer de quel côté son
cœur penche, M. Buffet n'hésite point. Les
bonapartistes aussitôt lui donnent la répli-
que et profitent de cette aubaine pour se
répandre eu diffamations et en calomnies.
Il est entré dans les usages de la polémique
courante de l'Ordre, du Paris-Journal, etc.,
d'opposer le faux Girerd (oui, le faux Gi-
rerd !) au faux Bouvier. Que craindraient-
ils ? N'ont-ils pas derrière eux un ministre
qui les appuie, qui, dans tous ses discours,les
protége et les venge ? Ils sont dans leur
rôle, après tout. L'Ordre, le Pays, le Pa-
ris-Journal seraient bien sots de se mon-
trer moins bonapartistes et plus scrupu-
leux que M. le ministre de l'intérieur!
Mais que penser du Français, qui vient à la
reçusse, qui se récria ironiquement sur
« le peu de mémoire et le trop de légèreté
de M. Girerd, » et qui jure ses grands
dieux « que la fausseté de la fameuse
pièce est démontrée ? »
Ce journal du vieux centre droit prend
des airs pudibonds et affecte des mines of-
fensées quand on parle de ses complaisances
suspectes pour la faction de l'empire. Que
fait-il cependant ! Où tend toute sa polé-
mique, si ce n'est à prouver que ces bons,
ees excellents bonapartistes sont les victi-
mes innocentes des calomniateurs répu-
blicains ? Le préfet de police a menti, le
procureur général a menti, la magistra-
ture a menti, la commission d'enquête a
menti : la pièce bonapartiste est absolu-
ment fausse ! Vive M. de Bourgoing ! Vive
le parti de l'empire ! Destituons M. Léon
Renault et M. Imgarde de Leffemberg 1
Mettons en pièces l'enquête ! Jetons au feu
les rapports Savary !
Et le Français ne veut point que nous
l'accusions de bonapartisme I Il se moque.
Il est bonapartiste bel et bien ; il devien-
dra l'ornement de la famille. Il a pu quel-
que temps ignorer lui-même cette parenté,
mais elle devait se découvrir. Attendris-
sante situation et qui nous rappelle bien
des dénouements applaudis !— Cette croix î
— C'est la croix de ma mère 1 — Tu es
mon frère alors ? — Dans mes bras ! — Sur
mon cœur !. Epanchements ; coup de théâ-
tre. Les bonapartistes et les familiers de
M. de Broglie se seront ainsi reconnus au
moyen de quelque amulette. A peine en
était il besoin. Il y a si longtemps que de
secrètes affinités les poussaient les uns
vers les autres! C'est une remarquable
force de réciproque attraction que le mé-
pris commun des principes et la haine
commune du droit et de la liberté.
EUG. LIÉBERT.
-♦
Nous lisons dans le Moniteur universel :
Il résulte de nos renseignements parti-
culiers que le gouvernement a vu avec un
profond déplaisir la lettre adressée par M.
l'amiral La Roncière le Noury aux organi-
sateurs du banquet d'Evreux.
Les deux passages de ce document qui
ont paru particulièrement graves sont :
1* eelui où l'amiral promet au gouverne-
ment son concours sous des réserves qui
donnent lieu aux plus fâcheux sous-enten-
dus ; 2° celui où M. La Roncière expose
que la formule du régime actuel nous
prive d'alliances à l'étranger.
On s'étonne, dans les sphères officielles,
de ce que de telles déclarations aient pu
être publiquement faites par un des plus
hauts fonctionnaires de l'Etat, et l'on s'en
montre, nous le répétons, justement ému.
Nous lisons dans l'Echo universel:
La lettre de M. l'amiral La Roncière le
Noury a singulièrement éclipsé le discours
de M. Raoul Duval. En effet, tout l'intérêt
de la journée est là.
Nous apprenons que cette question sera
agitée dans la prochaine séance de la com-
mission de permanence ; dans tous les cas,
nous tenons de bonne source que le gou-
vernement se montre profondément ému
des attaques dirigées par M. l'amiral La
Roncière le Noury contre l'état de choses
établi, et qu'il a ressenti très-vivement
l'offense faite à la constitution.
M. le président de la République, arrivé
à minuit à l'Elysée, en repartira ce soir à
huit heures ; nous croyons qu'à ce moment
la question sera tranchée, car, dans le cou-
rant de l'après-midi, on s'est occupé dans
les conseils du gouvernement des mesures
qu'il convenait de prendre relativement à
la destitution de M. l'amiral La Roncière
Le Noury.
L'IMPUNITÉ
Quoique la presse officieuse soit una-
nime à blâmer le pronunciamiento de
M. La Roncière le Noury, je doute fort
que le ministère Buffet se décide à ré-
voquer de son commandement cet en-
nemi déclaré de la République. L'Eu-
rope aura beau s'étonner, la France
aura beau protester : il est assez pro-
bable que le correspondant de M. Tar-
diveau commandera encore quelque
temps notre escadre de la Méditerranée.
Si le Journal officiel donne tort à mon
pronostic, je mettrai M. Wittersheim
au rang des dieux. En attendant, per-
mettez-moi de motiver mon doute et de
dire pourquoi un officier général con-
damné par le cri public pourrait bien
demeurer impuni.
Sans savoir s'il ést vrai ou faux que
le vice-président du conseil ait déclaré,
dans une de ses boutades, qu'il ne te-
nait aucun compte de l'opinion, on
peut dire, preuves en main, que M.Buf-
fet continue la tradition de l'ordre mo-
ral et qu'il en est encore au 24 mai.
Le 24 mai 1873, une coalition des
partis monarchiques, où les bonapar-
tistes avaient fourni leur appoint,
renversa M. Thiers, atteint et con-
vaincu de comploter avec le pays l'éta-
blissement d'une République conserva-
trice. Une sainte horreur de la Répu-
blique et un ferme propos de Téagir
contre la vdlonté nationale uuirent
pour un jour des hommes qui d'ail-
leurs ne tendaient point au même but et
qui, tout en frappant sur nous, conspi-
raient les uns contre les autres, de n'est |
pas faire injure à l'honorable M. Buffet
que de le signaler comme un des,»Om-
bres les plus actifs et les plus influents
de cette ligue anti-républicaine.
On sait l'histoire du gouvernement de
combat, et nous n'avons pas à rappe-
ler la destitution des préfets, des sous-
préfets et des maires, la stfl^pension
des conseils généraux et municipaux,
la suppression des i-jotrnaux républi-
cains, les perquisitions, les arrestations,
les procès et les rigueurs de toutes sorte
par lesquelles MM. Beulé, de Broglie,
de Fourtou et de Chabaud-Latour se
sont illustrés à la file jusITati 25 fé-
vrier 1875. Sous ces hommes de bien,
la France fut un enfer pour les répu-
blicains, un paradis pour les royalistes
et les bonapartistes. Mais ni M. Beulé,
ni M. de Broglie, ni M. de Fourtou, ni
M. de Chabaud-Latour n'obtinrent au-
tre chose qu'un succès de nuisance.
A l'exemple de deux personnages de La
Fontaine, ils poursuivaient
Leur bien premièrement, et puis le mal d'autrui.
Le mal d'autrui fut leur unique ré-
compense. Ils ne parvinrent ni à res-
taurer Henri V, ni à mettre un prince
d'Orléans sur le trône, ni à décourager
les républicains, ni à les insurger, ni
même à empêcher le vote du 25 fé-
vrier 1875 qui a fondé légalement la
République constitutionnelle. Cette mê-
me Assemblée nationale, qui avait eu
une majorité pour renverser M. Thiers
et les républicains, en eut une autre
pour ajourner indéfiniment les préten-
tions des trois partis monarchiques.
Mais le malheur de la France a per-
mis que le chef du premier cabinet ré-
publicain fût un homme indissoluble-
ment attaché à la vieille machine du
24 mai et incapable de servir une autre
politique. Elevé au pouvoir par la con-
fiance des trois gauches et de quelques
esprits libéraux du centre droit, M.
Buffet ne s'est pas même douté que
l'ordre moral avait fait son temps, que
le gouvernement de combat était en-
terré, qu'il ne s'agissait plus de faire
marcher la France suivant la théorie
du farouche Baragnon, mais de mar-
cher avec elle.
Depuis le jour où la trop noble con-
fiance de nos amis l'a poussé au minis-
tère, il a mis tout son zèle à prouver
que Beulé n'était pas mort, que le duc
de Broglie n'était pas aplati, que MM. de
Fourtou et de Chabaud-Latour planaient
encore sur la France.
Ses discours et ses actes ne sont
qu'une négation continue, énergique,
obstinée de la révolution du 25 février.
Il maintient aux divers étages de l'ach
ministration les Ducros, les Coco, les
Tracy, tous les hommes qui ont accou-
tumé l'opinion publique à voir en eux
ses ennemis personnels. Non-seulement
il les maintient, mais il les couvre, et
quoi qu'ils fassent, il leur donne rai-
son contre le pays.
Il se ferait scrupule de rendre l'exis-
tence aux deux ou trois cents journaux
qui ont préparé son avénement au pou-
voir en prônant la République constitu-
tionnelle. Il a besoin de l'état de siège
pour frapper les organes de l'opinion
qui défendraient avec trop de chaleur
le gouvernement établi ; en revanche,
il est désarmé, faible et doux comme un
agneau devant les provocations insolen-
tes des ennemis de la constitution.
Cet orateur qui foudroie le centre
gauche dans la personne inoffensive du
bon M. Christophle n'a trouvé dans
son cœur que des paroles de consolation
pour les victimes du rapport Savary.
Il a eu le temps de sonder la belle âme de
l'agent Coco, mais ses occupations ne
lui permettent pas de lire, même en
vacances, un document parlementaire
de la plus haute gravité.
Ses quatre prédécesseurs ont été de
vrais pères pour la faction bonapar-
tiste; il se croit appelé par la Provi-
dence à continuer un si beau rôle et à
consoler de son mieux ces pauvres
conspirateurs.
Comment donc, je vous le demande,
un tel homme d'Etat pourrait-il, sans
contradiction flagrante, provoquer la
révocation de M.La Roncière le Noury ?
Je me trompe peut-être. Tant mieux !
Si le Journal officiel qui paraîtra dans
quelques heures m'apprend que l'on a
fait justice, je croirai que M. le vice-
président du conseil entre enfin dans
l'esprit de la nouvelle constitution.
Mieux vaut tard que jamais.
ABOUT.
—:
Au mois d'octobre 1873, le général Car-
rey de Bellemare, ayant entendu dire,
comme tant d'autres, que nous étions me-
nacés d'une restauration légitimiste, écri-
vit au ministre de la guerre une lettre
privée où il manifestait l'intention de quit-
ter le service plutôt que de servir sous le
drapeau blanc. Le châtiment ne se fit pas
attendre, et nous trouvons dans le Journal
officiel les deux ordres du jour que voici :
Ordre du jour à l'armée.
Soldats !
lin seul acte d indiscipline a été commis
dans l'armée.
- Le maréchal président ds IR République
est convaincu qu'il ne se renouvellera pas;
il connaît l'esprit de dévouement qui vous
anime. Vous saurez maintenir dans l'armée
cette union et cette discipline dont elle a
toujours donné l'exemple, qui font sa força
et qui,. seules, peuvent assurer la tranquil-
et queit ,, l'indépendance du pays.
lité
Comme soldats, notre devoir est bien tra-
cé, il est indiscutable) ea toutes circonstan-
ces, nous devons maintenir 1 ordre et faire
resppet-er la légalité.
Versailles, le 28 octobre 1873.
Le président de la République,
, Maréchal de MAC-MAHON,
Duc de Magenta.
iâS
Ordre à l'armée
Ce ministre de la guerre a reçu de M. le
général de Bellemare, commandant la sub-
di vision de la Dordogne, une lettre par iiv
quelle cet officier général se refuse à recon-
naître la souveraineté de l'Assemblée natio-
nale.
Le ministre de la guerre ne pouvant tolé-
rer qu'un officier sous les drapeaux mécon-
naisse la représentation légala du pays, M.
le général de Bellemare a été immédiate-
ment démis de son commandement et mis
en non-activité par retrait d'emploi, par
décret de M. le maréchal-président de la Ré-
publique.
Versailles, le 28 octobre 1873.
Le ministre de la guerre,
Général DU BARRAIL.
Le Journal officiel du 30 octobre 1871
publiait la note suivante :
Le ministre de la guerre vient d'infliger
une punition disciplinaire de soixante jours
de prison à M. le général de brigade de Nan-
souty, pour la lettre qu'il a fait insérer dans
les journaux.
Nous empruntons encore à l'organe of-
ficiel du gouvernement la circulaire sui-
vant^
Versailles, 21 octobre 1871.
Nonobstant des ordres réitérés, un grand
nombre d'officiers continuent à faire paraître
des brochures et à écrire dans les journaux.
Le ministre constate même avec regret que
la plupart de ces publications n'eut trait qu'à
des questions personoelles.
Comme il faut, à tout prias, mettre ordre à ces
actes d'indiscipline, le ministre de la guerre
décide qu'à l'avenir tout militaire, quelque soit
son grade, qui se permettra des publications
de ce genre par la voie de la presse, sans en
avoir obtenu l'autorisation, sera puai de
trente jours d'arrêts de rigueur. En cae de
récidive, il sera mis immédiatement en non.
activité par retrait d'emploi.
Le ministre de la guerre,
Signé : Général E. DE CISSEY.
+ -----_.
Nous n'avons pas besoin de dire quel
scandale a causé dans toute la presse la
lettre de M. l'amiral de La Roncière. Le
Français lui-même, malgré son penchant
au bonapartisme, en est singulièrement
embarrassé. Il lui consacre, à sa deuxième
page, un entrefilets de vingt lignes, qui est
bien étrange : dans la première moitié, dé-
naturant absolument le sen* de la lettre, il
plaide les circonstances atténuantes ; dans
la seconde, il arrive brusquement à recon-
naitre que la publication de la lettre, doit
être regrettée. Voici comment s'exprime
le Français :
Pourquoi faut-il que, dans cette môme
lettre, l'amiral La Roncière ait laissé entre-
voir des arrière-pensées de parti et se soit
livré, contre « la formule actuelle du gouver-
nement », à des attaques qui vont directe-
ment à l'encontre de la politique d'union qu'il
recommande, et qui sont particulièrement
regrettables dans la haute situation qu'il oc-
cupe en ce moment par la confiance du mi-
nistre de la marine ? Les journaux républi-
cains relèvent cette lettre avec une grande
vivacité, et demandent au gouvernement de
retirer à l'amiral le commandement de l'es-
cadre.
D'autres journaux, que M. Buffet n'ac-
cusera point de tendances radicales, blâ-
ment sévèrement la conduite de M. La
Roncière.
Ainsi la Gazette de France :
Nous ne pouvons que regretter vivement
l'attitude que M. l'amiral commandant l'esca-
dre de la Méditerranée a cru devoir prendre
dans cette circonstance.
Rien de plus respectable assurément que
l'attachement que M. de La Roncière Le Non-
ry pourrait garder comme homme privé pour
la famille impériale. Mais ayant accepté un
commandement important dans notre armée
de mer, il a évidemment gravement failli en
se prononçant aussi ouvertement et aussi so-
lennellement pour le régime impérialiste.
Comme homme public, il est toat particu-
lièrement tenu de respecter la loi — et au
besoin de la faire respecter.
Or, c'est en vertu d'une loi votée par l'As-
semblée nationale légalement élue que Ja
déchéance de la dynastie napoléonienne a
été prononcée.
Le régime bonapartiste est le seul en fa-
veur duquel il est illégal de se prononcer.
Il n'y a pins de gouvernement possible si
les hommes pourvus de fonctions publiques,
de grands c6)mmandements, s'arrogent le
droit de tenir aussi peu de compte des déci-
sions de l'Assemblée nationale.
La lettre de M. le commandant de l'esca-
dre de la Méditerranée est un acte absolu-
ment contraire au bon ordre. Nous nous de-
mandons comment l'appréciera le gouverne-
ment.
Ainsi encore le Journal de Paris
M. l'amiral de la Roncière n'est pas seule-
ment député, comme M. Raoul Duval ; il est
officier général en activité de service. Il com-
mande notre escadre dans la Méditerranée.
Il aurait pu tout récemment, il pourrait
peut-être encore être appelé, dans certaines
circonstances, à* montrer le drapeau de
la France dans l'Adriatique ou dans l'Ar-
chipel. Convient-il à son caractère et à sa
situation d'affaiblir, par une déclaration
aussi inopportune qu'inattendue, l'autorité
de ce drapeau qu'il a. servi avec hon-
neur?.
Nous regrettons que dans les circonstances
présentes, il n'ait pas cru devoir s'inspirer
de la même pensée, nous le regrettons d'au-
tant plu qu'aujourd'hui la formule gouver-
nementale ne nous est pas imposée par un
soulèvement, populaire, mais par le vote ré-
gulier des représentants du pays.
Quant aux journaux du centre droit
constitutions al et libéral, on pourra, juger
de l'indignation qu'ils éprouvent par cas
deux extraits du Moniteur universel- et
de YEcho.
Le Moniteur dit :
Mais ce que nous ferons, c'est de protester
contre l'étrange lettre écrite par le vice-
amiral de La Roncière Le Noury, à l'occasion
4e ce même banquet, et dont lecture a été
donnée avant que M. Raoul Buval ne prît la
parole.
Sous prétexte de s'excuser de ne pas assis-
ter ât cette cérémonie, M. «de La Roaciôre Le
Noury a cru pouvoir écrire que. la formule
actuelle du gouvernement de la France lui
interdisait de reprendre dans le concert eu-
ropéen la place qui lui appartient. » Placé
par le gouvernement actuel à la tête d'une
flotte française, est-ce ainsi qu'an vice-ami-
ral doit pratiquer le respect dû à ce gouver-
nement? Nons ne le pensons pas. Cette ques-
tion personnelle mise de côté, M. de La Ron-
cière Le Noury a, selon nous, complètement
de se rendre à l'évidence, en oubliant
refuse £l'H.tl d OrJnt, qUi s'agite en ce
que la 'lU"" 0. q que la France a
moment même, démontre - 4en la place
déjà repris dans le concert enropw la lae
qu'elle doit y avoir, en tenant compte u; a
situation absolument isolée que lui avaient
faite les désastres de 1870.
Voici maintenant le langage de YEcho :
Nos lecteurs trouveront plus Idin le mani-
feste de l'amiral impérialiste ; nous leur
laissons le soin d'apprécier de quelle façon
les hommes de l'appel au peuple entendant
la discipline et le respect des institutions
établies; quant à nous, en prenant connais-
sance de cet étrange factum, nous n'avons pu
nous défendre d'un sentiment de surprise,
nous demandant si c'était à bord d'un vais-
seau français qu'une pareille lettre avait
été écrite, ou bien dans les eaux de Cadix.
Sans insister davantage sur la lettre de
M. de La Roncière, nous nous bernerons à
signaler une expression bien malheureuse
qui a échappé à un écrivain bonapartiste.
Nous lisions hier au soir dans une dess feuilles
les plus autorisées du parti. : Il L'amiral a brûlé
ses raisseavar » n — Comment ! l'amiral a
brûlé ses vaisseaux! Ce n'était donc pas assez
d'un navire, d'un navirç coulé à fond dans
une manœuvre malheureuse, il faut encore
que l'amiral détruise par le feu le reste do sa
flotte !
L'Eclio termine ainsi un second article
sur le même sujet :
Ce vieux marin, dont la carrière fut hono-
rable, l'aura déplorablement terminée. On
n'avait pas encore vu en France, depuis les
quatre années de troubles qui ont suivi nos
malheurs, un homme pourvu d'un comman-
dement militaire se conduire à l'espagnole,
et s'élever contre les institutions établies.
L'exemple devait venir des bonapartistes, il
est conforme aux traditions du parti.
Nous ne pensons pas que M. le ministre de
la marine hésite à prendre à l'égard de l'ami-
ral La Roncière. les mesures que comman-
de la situation. Nous lui rappellerons qu'en
1873, à l'époque où la majorité de l'Assemblée
nationale semblait prête à se prononcer pour
un retour éventuel a la monarchie, le général
Carrey de Bslieuiare, ayant écrit au ministre
de la guerre qu'il 119 faudrait plue, en ce cas,
eompter sur ses flervices, le ministre le mit
à rimtant en disponibilité.
M. l'amiral de Montaignac ne sera certai-
nement pas moins ferme que ne le fût son
collègue de la guerre, M dû Barrail.
Cette résolution lui est d'autant plus étroi-
tement commandée que le grand corps de la
marine en France" a toujours mis son hon-
neur à se tenir à l'écart de toute influence
politique. 0a est simplement Fiançais dans
la marine française, à l'exception de M. le
vice-amiral La Roncière Le Noury, qui a
trouvé, dans ses passions politiques, le triste
courage de dénoncer calomnieusement aux
ennemis de la France l'impuissance de son
pays.
— -♦ —
LES CRUAUTÉS DE LA MODE
Je m'en vais quelquefois dans un des
grands magasins de librairie courante
qui est situé au centre de Paris, et qui
est devenu comme une espèce de Bourse
où se fait la cote des livres. C'est là
qu'on apprend que tel ouvrage prôné
par les journaux reste tout entier en
magasin, tandis que tel autre dont ils
n'ont sonné mot se débite par centai-
nes. C'est là que l'on voit à plein le
néant des réclames et de la réclame :
le public est devenu bien malin !
J'y fus hier, et comme nous causions
des mille et une petites nouvelles qui dé-
fraient la chronique parisienne, la con-
versation vint naturellement à tomber
sur les fêtes de Saint-Malo, sur les dis-
cours qui avaient été prononcés à l'inau-
guration de la statue de Chateaubriand,
et les articles publiés à ce propos par
les feuilles publiques.
— Le croiriez-vous ? me dit un des
préposés à la vente, voilà huit jours
qu'il n'est question que de Château-
briand dans la conversation parisienne
et dans les journaux, son nom s'est re-
trouvé dans toutes les bouches, et il
s'est organisé autour de lui un concert
d'éloges qui n'a été troublé par aucune
note discordante. Eh bien! malgré
tout ce bruit, nous n'avons pas vendu
un seul exemplaire ni de René, ni d'A-
tala, ni des Martyrs, ni du Génie du
Christianisme.
— Mais, objectai-je, est-ce qu'il n'en
est pas toujours ainsi? Croyez-vous,
par exemple, que si l'on célébrait, en
1878, un centenaire de Voltaire et de
Rousseau, qui sont morts tous les deux,
par une singulière coïncidence, dans
la même année, croyez-vous que cette
circonstance suffirait pour augmenter le
débit de leurs ouvrages ?
— Si je le crois ! Mais j'en suis sûr,
me répondit-il. Aussitôt qu'un nom d'é-
crivain, à la suite d'un incident quel-
conque, est rejeté dans le courant des
préoccupations publiques, aussitôt la
vente de ses ouvrages monte, en raison
même de l'importance que l'incident
peut prendre. Ainsi, pour n'en citer
qu'un exemple, qui est très fréquent, et
qui par cela même nous a frappés, que
.l'on tira d'un roman oooiié urt pièce
.de théâtre qui ait du succès, et voilà le
roraau qui s'en va par tranches de
quinze cents, comme la galette. de la
rue de la Lune,
- Et à quoi attribuez-vous cette ré-
serve singulière du public vis-à-vis de
Chateaubriand.
Il est démodé; tout est là. Nous
avons dans un coin ses ouvrages, parce
qu'il peut se faire, à toute rigueur, que
quelque provincial arriéré,. que quel-
que étranger en retard nous les vienne
demander. Mais ils ne sont plus de vente.
Il ne s'en débite d'exemplaires que ceux
qui sont demandés par les chefs d'in-
stitution pour les distributions de prix.
Et encore n'en donne-t-on plus guère,
même pour cet usage.
Je ôsj observer que de mon temps les
Wtrtyrs, et surtout le Génie du Chris-
tiai%i&pi)e comptaient parmi les livres
de prix les plus fréquemment distri-
bués. Je vois encore le volume dans
lequel j'ai lu jadis le Génie du Chris-
,a e. Il était maculé de ces horri-
ble^îg^iifrageê auxquels on reconnaît
aisément cette sorte de marchandise.
- Oh bien! me répondit-on, Ceg»t
aujourd'hui une habitude perdue. Nous
ne pourrions pas répondre que l'on ne
do&nât jamais plus en prix un vo-
lume de Châteaubriand ; nous affirmons
que le débit s'en est terriblement res-
treint. :
Je me souvins alors de ce que m'é-
crivait naguère encore un de mes cor-
respondants ordinaires, Joseph Prud-
homme , qui est grand admirateur,
lui, de Châteaubriand, et qui croit UQ
l'on y reviendra : --.,.--
— Vous avez tort, me disait-n, de ne
pas rompre quelques lances en faveur
de cette vieille renommée. Savez-vous
bien que les eléricaux ont proscrit le
Génie du Christianisme comme un livre
trop libéral, et qui, après tout, donne à
penser ? Savez-vous bien qu'ils ont dé-
fendu la lecture des Martyrs comme ,
immorale, parce qu'Eudore n'est pas nn
chrétien selon le cœur de M. Veuiliot,
et que les amours deVelléda choquent à
la fois la morale et le bon goût ?
— Il est bien probable, dis-je, que
si les œuvres de Châteaubriand ont
disparu, ou à peu près, des listes offi-
cielles de livres autorisées pour les
distributions de prix, c'est que les ul-
tramontains leur préfèrent les inepties
dévotes qui sortent de l'officine catholi-
que de M. Marne, à Tours.
— Il y a de cela, sans aucun doute,
me répondit-on. Mais ce n'est pas la
seule raison, ni la plus importante. La
vraie, c'est que Châteaubriand est dé-
modé, et il n'y a rien en France qui
aille contre ce mot-là. PersoDne n'a
plus envie de le lire, parce qu'il n'est
plus lu de personne. J'ai l'air de dire
une vérité du genre de celles qui ont
fait la gloire de M. de Lapalisse. Au
fond, elle est des plus sérieuses.
— Assurément, dis-je, le vers de Ca-
simir Delavigne est célèbre :
Si personne n'y va, c'est qu'on n'y voit personne-
Et, tout en parlant ainsi, je m'inter-
rogeais moi-même, et je constatais, non
sans une certaine surprise, que depuis
l'âge de dix-neuf ans, je n'avais plus
jamais lu une seule ligne de Chateau-
briand. J'en étais resté avec lui à mes
souvenirs de collége. Bien des études
faites sur lui, et notamment celle que
Sainte-Beuve lui a consacrée, à lui et à
son groupe, m'étaient passées sous les
yeux. Mais je n'avais jamais pris dans
ma bibliothèque un seul de ses nom-
breux volumes, pour m'en rafraîchir la
mémoire. *
A ce mot de bibliothèque, je tressail-
lis. La mienne est pourtant nombreuse,
et riche en œuvres littéraires. Je m'a-
percus que je ne possédais pas un ou-
vrage de Chàteaubriand, non, pas nn,
pas même Atala, pas même les Mar-
tyrs, pas même René, pour qui j'ai
senti cependant autrefois une admira-
tion profonde.
Nous étions là quelques lettrés : car
cette librairie est une façon de café
Procope, où l'on est toujours sûr de
rencontrer des écrivains et des criti-
ques. Nous fîmes, sur ce point, notre
examen de conscience. Ce qu'il y eut de
plaisant, c'est que nous étions tous lo-
gés à la même enseigne. Aucun de
nous , passé le collège, ne s'était in-
quiété de Châteaubriand ; aucun de nous
ne le connaissait.
L'un de ces messieurs nous fit même
à ce sujet une observation curieuse :
- Voyez, nous dit-il, les articles que
cette solennité a inspirés aux journalis-
tes. Tous ont taillé leurs plumes pour
parler de Châteaubriand. Comme on
voit, à la façou dont ils en ont parlé,
qu'aucun ne l'avait lu récemment ! La
plupart ont découpé dans le livre de
Sainte-Beuve un certain nombre de ci-
tations qu'ils ont données textuelle-
ment, ou des points de vue qu'ils ont
arrangés à leur guise. Mais d'études
personnelles, pas l'ombre chez per-
sonne.
— Est-ce que ce n'est pas toujours un
peu ainsi dans le journalisme ? demanda
ironiquement un autre, qui a en Quel-
quefois à se plaindre de la ctique
— Mais non. , mais non. pas tou-
jours. Sans doute il arrive plus d'une
fois, quand on est surpris à l'improviste
par la mort d'un homme, célèbre, ou
par quelque accident i-iui 18 remet mo-
mentanément en lumière, oui sans
doute, il arrive qu'or; écrit au pied levé
un article sur ses ouvrages sans les
avoir étudiés à fond. Mais on les con-
naît; il n'y a pas longtemps qu'on les
a lus ; on en peut jusqu'à un certain
point parler assez pertinemment. On sa
tient plutôt dans les généralités ; mais
les généralités n'ont rien d'indécis,
Pris. du Numéro : PartS. 15 centimes. — Départements, BO centimes.
Vendredi 10 Septembre lm;
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de 2 heures à minuit
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tiix n'ïOis 1 32
lin an. :. 62
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
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, 6. place de la UpurHe, 6
On s'a onneÏl Lo',rlres,chez ¡.,-\, A: AOR tes général
advertising, agent, 13, Tavistockrow, CoventGarden.
Paris, 5.
Parïs, ) n- -_, 75.
Jusque dans les moindres détail on voit
paraitre les tendances de M. Buffet et des
quelques officieux qui s'inspirent de sa po-
litique. En toute occasion, à tout propos
et à tout prix, il s'agit de se rapprocher
du bonapartisme. L'amitié du bonapar-
tisme est un des articles de foi du Credo
conservateur de M. le vice-président du
conseil. L'incident Girerd vient d'en four-
nir encore une nouvelle preuve.
Rappelons-nous, d'après le rapport de la
commission d'enquête (pp. 431-477), com-
ment la fameuse Note pour L. B. -17 a été
livrée à l'impression par la République de
.Nevers. Le 5 juin 1874, le gérant du jour-
nal reçut par la poste la note L. B. 17,
accompagnée d'une lettre d'envoi, écrite
sur un papier portant l'en-tête de la
compagnie de Paris-Lyon-Méditerranée.
La lettre d'envoi disait en substance :
« J'ai trouvé la pièce ci-incluse dans un
wagon de première classe. Je vous l'a-
dresse/pensant qu'elle pourra être utile à
votre journal, dont je suis un lecteur as-
sidu. Mais je vous prie de ne pas me dési-
gner. — Signé: Boissière. » Le gérant de
la République remit la pièce et la lettre
d'envoi à M. Levaillant, rédacteur en chef.
Celui-ci, pour ne pas compromettre son
correspondant, déchira la lettre d'envoi en
menus morceaux devant le gérant et l'im-
primeur du journal. Il ne conserva que le
document bonapartiste et l'enveloppe.
Après avoir été prendre, à Paris, l'avis de
l'honorable M. Girerd, il fit autographier et
publia ce document, qui est devenu fa-
meux et dont tous les journaux ont repro-
duit la teneur.
On sait ce qui s'en est suivi. Les rapports
Savary nous ont fait connaître les enquêtes
administratives et judiciaires. Les faits
qus nous venons de relater sont affirmés
dans les dépositions des divers témoins.
Mais on n'a pu retrouver ce Boissière, qui
avait envoyé à la République de Nevers la
note du comité central. Il n'a donc pas été
possible de démontrer d'une manière abso-
lue que le document bonapartiste fût au-
thentique ; mais il ne l'a pas été davan-
tage de prouver qu'il fût le produit d'une
supercherie. Toutes les présomptions, tou-
tes les probabilités sont en faveur de l'au-
thenticité du document, bien moins grave
d'ailleurs que d'autres pièces signées Rouf-
fie, Mansart, Amigues ou Lebrun de Rabot,
dont les originaux sont entre les mains de
la justice. Cette authenticité de la note
L. B. 17, le préfet de police y croit, la
commission d'enquête parlementaire y croit;
quant à l'opinion des magistrats qui ont
dirigé l'enquête judiciaire, M. le procureur
général de Leffemberg, dans son rapport
au garde des sceaux, la résume ainsi :
« Rien n'a démontré que la circulaire fût
authentique ; rien n'a expliqué sa décou-
verte; ce qui paraît certain, c'est que le
journaliste de Nevers, qui a divulgué cette
pièce, a cru réellement qu'elle avait l'ori-
gine qu'il lui a attribuée. »" Ainsi donc, la
magistrature, comme c'est son devoir
quand elle n'a pu réunir des preuves irré-
cusables, ne se prononce pas ; elle se borne
à dire que l'authenticité du document n'a
pas pu être démontrée ; mais que, dans tous
les cas, la bonne foi du publicateur lui pa-
rait certaine.
Souvenez-vous maintenant des paroles
que M. le ministre de l'intérieur a laissées
tomber lors de la dernière réunion de la
commission de permanence. Interrogé sur
le scandale de Lyon, il établit la plus étran-
ge assimilation entre le faux de l'agent Bou-
vier et la note bonapartiste de la Nièvre.
• Et comme M. Lepère l'interrompt en lui
disant : « Mais jamais on n'a démontré la
fausseté de la pièce -de la Nièvre ! — Par-
don ! un jugement, répond-il, en a déclaré
]a fausseté. » On a lu dans notre numéro
d'hier la lettre rectificative adressée à M.
le ministre de l'intérieur par M. Girerd.
Il en résulte, aussi bien que du texte
même du jugement auquel M. Buffet. a fait
allusion, que jamais tribunal n'a déclaré la
fausseté de la note L. B. 17. Poursuivi en
diffamation par M. de Bourgoing devant le
tribunal correctionnel de Nevers, le rédac-
teur de la République a été condamné pour
avoir présenté comme « absolument au-
thentique » un document « dont l'authen-
ticité n'a pas pu être démontrée. »
Le tribunal de Nevers, en prononçant la
condamnation du journaliste poursuivi par
M. de Bourgoing, n'a dit et ne pouvait dire
rien de plus. Comme M. le procureur géné-
ral de Leffemberg, il s'est trouvé en pré-
sence d'une pièce « dont l'authenticité n'a
pas pu être démontrée. » Mais en résulte-
t-il qu'il l'ait déclarée fausse ? En résulte-
t-il que M.Buffet puisse se permettre d'assi-
miler la note du comité central de l'appel
au peuple à la fausse lettre Gambetta, œu-
vre de l'authentique industrie des agents
Bouvier et Coco ?
Mais sans doute il n'importe à M. le vice-
président du conseil ; l'essentiel n'est-il pas
de dauber sur les républicains, pour le plus
grand bonheur des impérialistes ? Ah l lors-
qu'il s'agit de montrer de quel côté son
cœur penche, M. Buffet n'hésite point. Les
bonapartistes aussitôt lui donnent la répli-
que et profitent de cette aubaine pour se
répandre eu diffamations et en calomnies.
Il est entré dans les usages de la polémique
courante de l'Ordre, du Paris-Journal, etc.,
d'opposer le faux Girerd (oui, le faux Gi-
rerd !) au faux Bouvier. Que craindraient-
ils ? N'ont-ils pas derrière eux un ministre
qui les appuie, qui, dans tous ses discours,les
protége et les venge ? Ils sont dans leur
rôle, après tout. L'Ordre, le Pays, le Pa-
ris-Journal seraient bien sots de se mon-
trer moins bonapartistes et plus scrupu-
leux que M. le ministre de l'intérieur!
Mais que penser du Français, qui vient à la
reçusse, qui se récria ironiquement sur
« le peu de mémoire et le trop de légèreté
de M. Girerd, » et qui jure ses grands
dieux « que la fausseté de la fameuse
pièce est démontrée ? »
Ce journal du vieux centre droit prend
des airs pudibonds et affecte des mines of-
fensées quand on parle de ses complaisances
suspectes pour la faction de l'empire. Que
fait-il cependant ! Où tend toute sa polé-
mique, si ce n'est à prouver que ces bons,
ees excellents bonapartistes sont les victi-
mes innocentes des calomniateurs répu-
blicains ? Le préfet de police a menti, le
procureur général a menti, la magistra-
ture a menti, la commission d'enquête a
menti : la pièce bonapartiste est absolu-
ment fausse ! Vive M. de Bourgoing ! Vive
le parti de l'empire ! Destituons M. Léon
Renault et M. Imgarde de Leffemberg 1
Mettons en pièces l'enquête ! Jetons au feu
les rapports Savary !
Et le Français ne veut point que nous
l'accusions de bonapartisme I Il se moque.
Il est bonapartiste bel et bien ; il devien-
dra l'ornement de la famille. Il a pu quel-
que temps ignorer lui-même cette parenté,
mais elle devait se découvrir. Attendris-
sante situation et qui nous rappelle bien
des dénouements applaudis !— Cette croix î
— C'est la croix de ma mère 1 — Tu es
mon frère alors ? — Dans mes bras ! — Sur
mon cœur !. Epanchements ; coup de théâ-
tre. Les bonapartistes et les familiers de
M. de Broglie se seront ainsi reconnus au
moyen de quelque amulette. A peine en
était il besoin. Il y a si longtemps que de
secrètes affinités les poussaient les uns
vers les autres! C'est une remarquable
force de réciproque attraction que le mé-
pris commun des principes et la haine
commune du droit et de la liberté.
EUG. LIÉBERT.
-♦
Nous lisons dans le Moniteur universel :
Il résulte de nos renseignements parti-
culiers que le gouvernement a vu avec un
profond déplaisir la lettre adressée par M.
l'amiral La Roncière le Noury aux organi-
sateurs du banquet d'Evreux.
Les deux passages de ce document qui
ont paru particulièrement graves sont :
1* eelui où l'amiral promet au gouverne-
ment son concours sous des réserves qui
donnent lieu aux plus fâcheux sous-enten-
dus ; 2° celui où M. La Roncière expose
que la formule du régime actuel nous
prive d'alliances à l'étranger.
On s'étonne, dans les sphères officielles,
de ce que de telles déclarations aient pu
être publiquement faites par un des plus
hauts fonctionnaires de l'Etat, et l'on s'en
montre, nous le répétons, justement ému.
Nous lisons dans l'Echo universel:
La lettre de M. l'amiral La Roncière le
Noury a singulièrement éclipsé le discours
de M. Raoul Duval. En effet, tout l'intérêt
de la journée est là.
Nous apprenons que cette question sera
agitée dans la prochaine séance de la com-
mission de permanence ; dans tous les cas,
nous tenons de bonne source que le gou-
vernement se montre profondément ému
des attaques dirigées par M. l'amiral La
Roncière le Noury contre l'état de choses
établi, et qu'il a ressenti très-vivement
l'offense faite à la constitution.
M. le président de la République, arrivé
à minuit à l'Elysée, en repartira ce soir à
huit heures ; nous croyons qu'à ce moment
la question sera tranchée, car, dans le cou-
rant de l'après-midi, on s'est occupé dans
les conseils du gouvernement des mesures
qu'il convenait de prendre relativement à
la destitution de M. l'amiral La Roncière
Le Noury.
L'IMPUNITÉ
Quoique la presse officieuse soit una-
nime à blâmer le pronunciamiento de
M. La Roncière le Noury, je doute fort
que le ministère Buffet se décide à ré-
voquer de son commandement cet en-
nemi déclaré de la République. L'Eu-
rope aura beau s'étonner, la France
aura beau protester : il est assez pro-
bable que le correspondant de M. Tar-
diveau commandera encore quelque
temps notre escadre de la Méditerranée.
Si le Journal officiel donne tort à mon
pronostic, je mettrai M. Wittersheim
au rang des dieux. En attendant, per-
mettez-moi de motiver mon doute et de
dire pourquoi un officier général con-
damné par le cri public pourrait bien
demeurer impuni.
Sans savoir s'il ést vrai ou faux que
le vice-président du conseil ait déclaré,
dans une de ses boutades, qu'il ne te-
nait aucun compte de l'opinion, on
peut dire, preuves en main, que M.Buf-
fet continue la tradition de l'ordre mo-
ral et qu'il en est encore au 24 mai.
Le 24 mai 1873, une coalition des
partis monarchiques, où les bonapar-
tistes avaient fourni leur appoint,
renversa M. Thiers, atteint et con-
vaincu de comploter avec le pays l'éta-
blissement d'une République conserva-
trice. Une sainte horreur de la Répu-
blique et un ferme propos de Téagir
contre la vdlonté nationale uuirent
pour un jour des hommes qui d'ail-
leurs ne tendaient point au même but et
qui, tout en frappant sur nous, conspi-
raient les uns contre les autres, de n'est |
pas faire injure à l'honorable M. Buffet
que de le signaler comme un des,»Om-
bres les plus actifs et les plus influents
de cette ligue anti-républicaine.
On sait l'histoire du gouvernement de
combat, et nous n'avons pas à rappe-
ler la destitution des préfets, des sous-
préfets et des maires, la stfl^pension
des conseils généraux et municipaux,
la suppression des i-jotrnaux républi-
cains, les perquisitions, les arrestations,
les procès et les rigueurs de toutes sorte
par lesquelles MM. Beulé, de Broglie,
de Fourtou et de Chabaud-Latour se
sont illustrés à la file jusITati 25 fé-
vrier 1875. Sous ces hommes de bien,
la France fut un enfer pour les répu-
blicains, un paradis pour les royalistes
et les bonapartistes. Mais ni M. Beulé,
ni M. de Broglie, ni M. de Fourtou, ni
M. de Chabaud-Latour n'obtinrent au-
tre chose qu'un succès de nuisance.
A l'exemple de deux personnages de La
Fontaine, ils poursuivaient
Leur bien premièrement, et puis le mal d'autrui.
Le mal d'autrui fut leur unique ré-
compense. Ils ne parvinrent ni à res-
taurer Henri V, ni à mettre un prince
d'Orléans sur le trône, ni à décourager
les républicains, ni à les insurger, ni
même à empêcher le vote du 25 fé-
vrier 1875 qui a fondé légalement la
République constitutionnelle. Cette mê-
me Assemblée nationale, qui avait eu
une majorité pour renverser M. Thiers
et les républicains, en eut une autre
pour ajourner indéfiniment les préten-
tions des trois partis monarchiques.
Mais le malheur de la France a per-
mis que le chef du premier cabinet ré-
publicain fût un homme indissoluble-
ment attaché à la vieille machine du
24 mai et incapable de servir une autre
politique. Elevé au pouvoir par la con-
fiance des trois gauches et de quelques
esprits libéraux du centre droit, M.
Buffet ne s'est pas même douté que
l'ordre moral avait fait son temps, que
le gouvernement de combat était en-
terré, qu'il ne s'agissait plus de faire
marcher la France suivant la théorie
du farouche Baragnon, mais de mar-
cher avec elle.
Depuis le jour où la trop noble con-
fiance de nos amis l'a poussé au minis-
tère, il a mis tout son zèle à prouver
que Beulé n'était pas mort, que le duc
de Broglie n'était pas aplati, que MM. de
Fourtou et de Chabaud-Latour planaient
encore sur la France.
Ses discours et ses actes ne sont
qu'une négation continue, énergique,
obstinée de la révolution du 25 février.
Il maintient aux divers étages de l'ach
ministration les Ducros, les Coco, les
Tracy, tous les hommes qui ont accou-
tumé l'opinion publique à voir en eux
ses ennemis personnels. Non-seulement
il les maintient, mais il les couvre, et
quoi qu'ils fassent, il leur donne rai-
son contre le pays.
Il se ferait scrupule de rendre l'exis-
tence aux deux ou trois cents journaux
qui ont préparé son avénement au pou-
voir en prônant la République constitu-
tionnelle. Il a besoin de l'état de siège
pour frapper les organes de l'opinion
qui défendraient avec trop de chaleur
le gouvernement établi ; en revanche,
il est désarmé, faible et doux comme un
agneau devant les provocations insolen-
tes des ennemis de la constitution.
Cet orateur qui foudroie le centre
gauche dans la personne inoffensive du
bon M. Christophle n'a trouvé dans
son cœur que des paroles de consolation
pour les victimes du rapport Savary.
Il a eu le temps de sonder la belle âme de
l'agent Coco, mais ses occupations ne
lui permettent pas de lire, même en
vacances, un document parlementaire
de la plus haute gravité.
Ses quatre prédécesseurs ont été de
vrais pères pour la faction bonapar-
tiste; il se croit appelé par la Provi-
dence à continuer un si beau rôle et à
consoler de son mieux ces pauvres
conspirateurs.
Comment donc, je vous le demande,
un tel homme d'Etat pourrait-il, sans
contradiction flagrante, provoquer la
révocation de M.La Roncière le Noury ?
Je me trompe peut-être. Tant mieux !
Si le Journal officiel qui paraîtra dans
quelques heures m'apprend que l'on a
fait justice, je croirai que M. le vice-
président du conseil entre enfin dans
l'esprit de la nouvelle constitution.
Mieux vaut tard que jamais.
ABOUT.
—:
Au mois d'octobre 1873, le général Car-
rey de Bellemare, ayant entendu dire,
comme tant d'autres, que nous étions me-
nacés d'une restauration légitimiste, écri-
vit au ministre de la guerre une lettre
privée où il manifestait l'intention de quit-
ter le service plutôt que de servir sous le
drapeau blanc. Le châtiment ne se fit pas
attendre, et nous trouvons dans le Journal
officiel les deux ordres du jour que voici :
Ordre du jour à l'armée.
Soldats !
lin seul acte d indiscipline a été commis
dans l'armée.
- Le maréchal président ds IR République
est convaincu qu'il ne se renouvellera pas;
il connaît l'esprit de dévouement qui vous
anime. Vous saurez maintenir dans l'armée
cette union et cette discipline dont elle a
toujours donné l'exemple, qui font sa força
et qui,. seules, peuvent assurer la tranquil-
et queit ,, l'indépendance du pays.
lité
Comme soldats, notre devoir est bien tra-
cé, il est indiscutable) ea toutes circonstan-
ces, nous devons maintenir 1 ordre et faire
resppet-er la légalité.
Versailles, le 28 octobre 1873.
Le président de la République,
, Maréchal de MAC-MAHON,
Duc de Magenta.
iâS
Ordre à l'armée
Ce ministre de la guerre a reçu de M. le
général de Bellemare, commandant la sub-
di vision de la Dordogne, une lettre par iiv
quelle cet officier général se refuse à recon-
naître la souveraineté de l'Assemblée natio-
nale.
Le ministre de la guerre ne pouvant tolé-
rer qu'un officier sous les drapeaux mécon-
naisse la représentation légala du pays, M.
le général de Bellemare a été immédiate-
ment démis de son commandement et mis
en non-activité par retrait d'emploi, par
décret de M. le maréchal-président de la Ré-
publique.
Versailles, le 28 octobre 1873.
Le ministre de la guerre,
Général DU BARRAIL.
Le Journal officiel du 30 octobre 1871
publiait la note suivante :
Le ministre de la guerre vient d'infliger
une punition disciplinaire de soixante jours
de prison à M. le général de brigade de Nan-
souty, pour la lettre qu'il a fait insérer dans
les journaux.
Nous empruntons encore à l'organe of-
ficiel du gouvernement la circulaire sui-
vant^
Versailles, 21 octobre 1871.
Nonobstant des ordres réitérés, un grand
nombre d'officiers continuent à faire paraître
des brochures et à écrire dans les journaux.
Le ministre constate même avec regret que
la plupart de ces publications n'eut trait qu'à
des questions personoelles.
Comme il faut, à tout prias, mettre ordre à ces
actes d'indiscipline, le ministre de la guerre
décide qu'à l'avenir tout militaire, quelque soit
son grade, qui se permettra des publications
de ce genre par la voie de la presse, sans en
avoir obtenu l'autorisation, sera puai de
trente jours d'arrêts de rigueur. En cae de
récidive, il sera mis immédiatement en non.
activité par retrait d'emploi.
Le ministre de la guerre,
Signé : Général E. DE CISSEY.
+ -----_.
Nous n'avons pas besoin de dire quel
scandale a causé dans toute la presse la
lettre de M. l'amiral de La Roncière. Le
Français lui-même, malgré son penchant
au bonapartisme, en est singulièrement
embarrassé. Il lui consacre, à sa deuxième
page, un entrefilets de vingt lignes, qui est
bien étrange : dans la première moitié, dé-
naturant absolument le sen* de la lettre, il
plaide les circonstances atténuantes ; dans
la seconde, il arrive brusquement à recon-
naitre que la publication de la lettre, doit
être regrettée. Voici comment s'exprime
le Français :
Pourquoi faut-il que, dans cette môme
lettre, l'amiral La Roncière ait laissé entre-
voir des arrière-pensées de parti et se soit
livré, contre « la formule actuelle du gouver-
nement », à des attaques qui vont directe-
ment à l'encontre de la politique d'union qu'il
recommande, et qui sont particulièrement
regrettables dans la haute situation qu'il oc-
cupe en ce moment par la confiance du mi-
nistre de la marine ? Les journaux républi-
cains relèvent cette lettre avec une grande
vivacité, et demandent au gouvernement de
retirer à l'amiral le commandement de l'es-
cadre.
D'autres journaux, que M. Buffet n'ac-
cusera point de tendances radicales, blâ-
ment sévèrement la conduite de M. La
Roncière.
Ainsi la Gazette de France :
Nous ne pouvons que regretter vivement
l'attitude que M. l'amiral commandant l'esca-
dre de la Méditerranée a cru devoir prendre
dans cette circonstance.
Rien de plus respectable assurément que
l'attachement que M. de La Roncière Le Non-
ry pourrait garder comme homme privé pour
la famille impériale. Mais ayant accepté un
commandement important dans notre armée
de mer, il a évidemment gravement failli en
se prononçant aussi ouvertement et aussi so-
lennellement pour le régime impérialiste.
Comme homme public, il est toat particu-
lièrement tenu de respecter la loi — et au
besoin de la faire respecter.
Or, c'est en vertu d'une loi votée par l'As-
semblée nationale légalement élue que Ja
déchéance de la dynastie napoléonienne a
été prononcée.
Le régime bonapartiste est le seul en fa-
veur duquel il est illégal de se prononcer.
Il n'y a pins de gouvernement possible si
les hommes pourvus de fonctions publiques,
de grands c6)mmandements, s'arrogent le
droit de tenir aussi peu de compte des déci-
sions de l'Assemblée nationale.
La lettre de M. le commandant de l'esca-
dre de la Méditerranée est un acte absolu-
ment contraire au bon ordre. Nous nous de-
mandons comment l'appréciera le gouverne-
ment.
Ainsi encore le Journal de Paris
M. l'amiral de la Roncière n'est pas seule-
ment député, comme M. Raoul Duval ; il est
officier général en activité de service. Il com-
mande notre escadre dans la Méditerranée.
Il aurait pu tout récemment, il pourrait
peut-être encore être appelé, dans certaines
circonstances, à* montrer le drapeau de
la France dans l'Adriatique ou dans l'Ar-
chipel. Convient-il à son caractère et à sa
situation d'affaiblir, par une déclaration
aussi inopportune qu'inattendue, l'autorité
de ce drapeau qu'il a. servi avec hon-
neur?.
Nous regrettons que dans les circonstances
présentes, il n'ait pas cru devoir s'inspirer
de la même pensée, nous le regrettons d'au-
tant plu qu'aujourd'hui la formule gouver-
nementale ne nous est pas imposée par un
soulèvement, populaire, mais par le vote ré-
gulier des représentants du pays.
Quant aux journaux du centre droit
constitutions al et libéral, on pourra, juger
de l'indignation qu'ils éprouvent par cas
deux extraits du Moniteur universel- et
de YEcho.
Le Moniteur dit :
Mais ce que nous ferons, c'est de protester
contre l'étrange lettre écrite par le vice-
amiral de La Roncière Le Noury, à l'occasion
4e ce même banquet, et dont lecture a été
donnée avant que M. Raoul Buval ne prît la
parole.
Sous prétexte de s'excuser de ne pas assis-
ter ât cette cérémonie, M. «de La Roaciôre Le
Noury a cru pouvoir écrire que. la formule
actuelle du gouvernement de la France lui
interdisait de reprendre dans le concert eu-
ropéen la place qui lui appartient. » Placé
par le gouvernement actuel à la tête d'une
flotte française, est-ce ainsi qu'an vice-ami-
ral doit pratiquer le respect dû à ce gouver-
nement? Nons ne le pensons pas. Cette ques-
tion personnelle mise de côté, M. de La Ron-
cière Le Noury a, selon nous, complètement
de se rendre à l'évidence, en oubliant
refuse £l'H.tl d OrJnt, qUi s'agite en ce
que la 'lU"" 0. q que la France a
moment même, démontre - 4en la place
déjà repris dans le concert enropw la lae
qu'elle doit y avoir, en tenant compte u; a
situation absolument isolée que lui avaient
faite les désastres de 1870.
Voici maintenant le langage de YEcho :
Nos lecteurs trouveront plus Idin le mani-
feste de l'amiral impérialiste ; nous leur
laissons le soin d'apprécier de quelle façon
les hommes de l'appel au peuple entendant
la discipline et le respect des institutions
établies; quant à nous, en prenant connais-
sance de cet étrange factum, nous n'avons pu
nous défendre d'un sentiment de surprise,
nous demandant si c'était à bord d'un vais-
seau français qu'une pareille lettre avait
été écrite, ou bien dans les eaux de Cadix.
Sans insister davantage sur la lettre de
M. de La Roncière, nous nous bernerons à
signaler une expression bien malheureuse
qui a échappé à un écrivain bonapartiste.
Nous lisions hier au soir dans une dess feuilles
les plus autorisées du parti. : Il L'amiral a brûlé
ses raisseavar » n — Comment ! l'amiral a
brûlé ses vaisseaux! Ce n'était donc pas assez
d'un navire, d'un navirç coulé à fond dans
une manœuvre malheureuse, il faut encore
que l'amiral détruise par le feu le reste do sa
flotte !
L'Eclio termine ainsi un second article
sur le même sujet :
Ce vieux marin, dont la carrière fut hono-
rable, l'aura déplorablement terminée. On
n'avait pas encore vu en France, depuis les
quatre années de troubles qui ont suivi nos
malheurs, un homme pourvu d'un comman-
dement militaire se conduire à l'espagnole,
et s'élever contre les institutions établies.
L'exemple devait venir des bonapartistes, il
est conforme aux traditions du parti.
Nous ne pensons pas que M. le ministre de
la marine hésite à prendre à l'égard de l'ami-
ral La Roncière. les mesures que comman-
de la situation. Nous lui rappellerons qu'en
1873, à l'époque où la majorité de l'Assemblée
nationale semblait prête à se prononcer pour
un retour éventuel a la monarchie, le général
Carrey de Bslieuiare, ayant écrit au ministre
de la guerre qu'il 119 faudrait plue, en ce cas,
eompter sur ses flervices, le ministre le mit
à rimtant en disponibilité.
M. l'amiral de Montaignac ne sera certai-
nement pas moins ferme que ne le fût son
collègue de la guerre, M dû Barrail.
Cette résolution lui est d'autant plus étroi-
tement commandée que le grand corps de la
marine en France" a toujours mis son hon-
neur à se tenir à l'écart de toute influence
politique. 0a est simplement Fiançais dans
la marine française, à l'exception de M. le
vice-amiral La Roncière Le Noury, qui a
trouvé, dans ses passions politiques, le triste
courage de dénoncer calomnieusement aux
ennemis de la France l'impuissance de son
pays.
— -♦ —
LES CRUAUTÉS DE LA MODE
Je m'en vais quelquefois dans un des
grands magasins de librairie courante
qui est situé au centre de Paris, et qui
est devenu comme une espèce de Bourse
où se fait la cote des livres. C'est là
qu'on apprend que tel ouvrage prôné
par les journaux reste tout entier en
magasin, tandis que tel autre dont ils
n'ont sonné mot se débite par centai-
nes. C'est là que l'on voit à plein le
néant des réclames et de la réclame :
le public est devenu bien malin !
J'y fus hier, et comme nous causions
des mille et une petites nouvelles qui dé-
fraient la chronique parisienne, la con-
versation vint naturellement à tomber
sur les fêtes de Saint-Malo, sur les dis-
cours qui avaient été prononcés à l'inau-
guration de la statue de Chateaubriand,
et les articles publiés à ce propos par
les feuilles publiques.
— Le croiriez-vous ? me dit un des
préposés à la vente, voilà huit jours
qu'il n'est question que de Château-
briand dans la conversation parisienne
et dans les journaux, son nom s'est re-
trouvé dans toutes les bouches, et il
s'est organisé autour de lui un concert
d'éloges qui n'a été troublé par aucune
note discordante. Eh bien! malgré
tout ce bruit, nous n'avons pas vendu
un seul exemplaire ni de René, ni d'A-
tala, ni des Martyrs, ni du Génie du
Christianisme.
— Mais, objectai-je, est-ce qu'il n'en
est pas toujours ainsi? Croyez-vous,
par exemple, que si l'on célébrait, en
1878, un centenaire de Voltaire et de
Rousseau, qui sont morts tous les deux,
par une singulière coïncidence, dans
la même année, croyez-vous que cette
circonstance suffirait pour augmenter le
débit de leurs ouvrages ?
— Si je le crois ! Mais j'en suis sûr,
me répondit-il. Aussitôt qu'un nom d'é-
crivain, à la suite d'un incident quel-
conque, est rejeté dans le courant des
préoccupations publiques, aussitôt la
vente de ses ouvrages monte, en raison
même de l'importance que l'incident
peut prendre. Ainsi, pour n'en citer
qu'un exemple, qui est très fréquent, et
qui par cela même nous a frappés, que
.l'on tira d'un roman oooiié urt pièce
.de théâtre qui ait du succès, et voilà le
roraau qui s'en va par tranches de
quinze cents, comme la galette. de la
rue de la Lune,
- Et à quoi attribuez-vous cette ré-
serve singulière du public vis-à-vis de
Chateaubriand.
Il est démodé; tout est là. Nous
avons dans un coin ses ouvrages, parce
qu'il peut se faire, à toute rigueur, que
quelque provincial arriéré,. que quel-
que étranger en retard nous les vienne
demander. Mais ils ne sont plus de vente.
Il ne s'en débite d'exemplaires que ceux
qui sont demandés par les chefs d'in-
stitution pour les distributions de prix.
Et encore n'en donne-t-on plus guère,
même pour cet usage.
Je ôsj observer que de mon temps les
Wtrtyrs, et surtout le Génie du Chris-
tiai%i&pi)e comptaient parmi les livres
de prix les plus fréquemment distri-
bués. Je vois encore le volume dans
lequel j'ai lu jadis le Génie du Chris-
,a e. Il était maculé de ces horri-
ble^îg^iifrageê auxquels on reconnaît
aisément cette sorte de marchandise.
- Oh bien! me répondit-on, Ceg»t
aujourd'hui une habitude perdue. Nous
ne pourrions pas répondre que l'on ne
do&nât jamais plus en prix un vo-
lume de Châteaubriand ; nous affirmons
que le débit s'en est terriblement res-
treint. :
Je me souvins alors de ce que m'é-
crivait naguère encore un de mes cor-
respondants ordinaires, Joseph Prud-
homme , qui est grand admirateur,
lui, de Châteaubriand, et qui croit UQ
l'on y reviendra : --.,.--
— Vous avez tort, me disait-n, de ne
pas rompre quelques lances en faveur
de cette vieille renommée. Savez-vous
bien que les eléricaux ont proscrit le
Génie du Christianisme comme un livre
trop libéral, et qui, après tout, donne à
penser ? Savez-vous bien qu'ils ont dé-
fendu la lecture des Martyrs comme ,
immorale, parce qu'Eudore n'est pas nn
chrétien selon le cœur de M. Veuiliot,
et que les amours deVelléda choquent à
la fois la morale et le bon goût ?
— Il est bien probable, dis-je, que
si les œuvres de Châteaubriand ont
disparu, ou à peu près, des listes offi-
cielles de livres autorisées pour les
distributions de prix, c'est que les ul-
tramontains leur préfèrent les inepties
dévotes qui sortent de l'officine catholi-
que de M. Marne, à Tours.
— Il y a de cela, sans aucun doute,
me répondit-on. Mais ce n'est pas la
seule raison, ni la plus importante. La
vraie, c'est que Châteaubriand est dé-
modé, et il n'y a rien en France qui
aille contre ce mot-là. PersoDne n'a
plus envie de le lire, parce qu'il n'est
plus lu de personne. J'ai l'air de dire
une vérité du genre de celles qui ont
fait la gloire de M. de Lapalisse. Au
fond, elle est des plus sérieuses.
— Assurément, dis-je, le vers de Ca-
simir Delavigne est célèbre :
Si personne n'y va, c'est qu'on n'y voit personne-
Et, tout en parlant ainsi, je m'inter-
rogeais moi-même, et je constatais, non
sans une certaine surprise, que depuis
l'âge de dix-neuf ans, je n'avais plus
jamais lu une seule ligne de Chateau-
briand. J'en étais resté avec lui à mes
souvenirs de collége. Bien des études
faites sur lui, et notamment celle que
Sainte-Beuve lui a consacrée, à lui et à
son groupe, m'étaient passées sous les
yeux. Mais je n'avais jamais pris dans
ma bibliothèque un seul de ses nom-
breux volumes, pour m'en rafraîchir la
mémoire. *
A ce mot de bibliothèque, je tressail-
lis. La mienne est pourtant nombreuse,
et riche en œuvres littéraires. Je m'a-
percus que je ne possédais pas un ou-
vrage de Chàteaubriand, non, pas nn,
pas même Atala, pas même les Mar-
tyrs, pas même René, pour qui j'ai
senti cependant autrefois une admira-
tion profonde.
Nous étions là quelques lettrés : car
cette librairie est une façon de café
Procope, où l'on est toujours sûr de
rencontrer des écrivains et des criti-
ques. Nous fîmes, sur ce point, notre
examen de conscience. Ce qu'il y eut de
plaisant, c'est que nous étions tous lo-
gés à la même enseigne. Aucun de
nous , passé le collège, ne s'était in-
quiété de Châteaubriand ; aucun de nous
ne le connaissait.
L'un de ces messieurs nous fit même
à ce sujet une observation curieuse :
- Voyez, nous dit-il, les articles que
cette solennité a inspirés aux journalis-
tes. Tous ont taillé leurs plumes pour
parler de Châteaubriand. Comme on
voit, à la façou dont ils en ont parlé,
qu'aucun ne l'avait lu récemment ! La
plupart ont découpé dans le livre de
Sainte-Beuve un certain nombre de ci-
tations qu'ils ont données textuelle-
ment, ou des points de vue qu'ils ont
arrangés à leur guise. Mais d'études
personnelles, pas l'ombre chez per-
sonne.
— Est-ce que ce n'est pas toujours un
peu ainsi dans le journalisme ? demanda
ironiquement un autre, qui a en Quel-
quefois à se plaindre de la ctique
— Mais non. , mais non. pas tou-
jours. Sans doute il arrive plus d'une
fois, quand on est surpris à l'improviste
par la mort d'un homme, célèbre, ou
par quelque accident i-iui 18 remet mo-
mentanément en lumière, oui sans
doute, il arrive qu'or; écrit au pied levé
un article sur ses ouvrages sans les
avoir étudiés à fond. Mais on les con-
naît; il n'y a pas longtemps qu'on les
a lus ; on en peut jusqu'à un certain
point parler assez pertinemment. On sa
tient plutôt dans les généralités ; mais
les généralités n'ont rien d'indécis,
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