Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1875-07-29
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 29 juillet 1875 29 juillet 1875
Description : 1875/07/29 (A5,N1332). 1875/07/29 (A5,N1332).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/03/2013
5, Aanto — N. 1832. .- FBII 80 NUMÉRO : PAJU* : 18 cicnt)xnq; - DBPARTBIlBNTI : 20 CRNTUfRI:
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Jeudi 29 juillet 1M.
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ment expire le 31 junletés de
le renouveler immédiatement s'ils ne
veulent poi.nt éprouver de retard dans
larêoeptï 6a «Lu journal.
Paris, le 28 juillet 1875.
La loi relative à l'élection des sénateurs
a été votée hier en seconde lecture » et
nous sommes tout heureux et tout fiers
d'annoncer que l'entrée des réunions élec-
torales ne sera pas interdite aux candidats.
On a trouvé un moyen de calmer les in
quiétudes'de l'honorable M. Buffet, en déci-
dant qu'un jour au moins avant la réunion
sept électeurs sénatoriaux devront signer
une déclaration indiquant lcjs noms, profes-
sions et domiciles des candidats. M. Buffet
doit avoir un poids de moins sur la poitrine
maintenant que le voilà garanti contre
l'envahissement des salles de réunion par
le profane vulgaire,. Et pourtant il ne doit
être rassuré qu'à. moitié, car enfin il ne
semble pas qu'ûïi ait tenu compte d'un des
arguments qu'il avait fait valoir pour sous-
traire les candidats sénateurs aux ques-
tions indiscrètes du corps électoral. On se
rappelle que M. Buffet, dans un esprit de
prévoyance et de sollicitude vraiment méri-
toire, avait protesté contre l'habitude déplo-
rable qu'ont les électeurs de demander à leurs
candidats ce qu'ils pensent. Rien n'est plus
ridicule, aux yeux de M. le vice-président
du conseil ; car, d'une part, il espère bien
qu'on n'enverra au Sénat que les gens les plus
huppés, et, conséquemment, les plus con-
nus des départements, et, d'autre part, il
peut très-bien se faire que ces grands hom-
mes soient si modestes, si timides, si em-
pruntés qu'ils tremblent à la seule idée de
paraître en public. M. Buffet a dans ses
connaissances plus d'un illustre personnage
qui serait incapable de prononcer correc-
tement : papa, maman, devant une Assem-
ble, et il craint qu'on leur préfère quel-
ques-uns de ces croquants, quelques-unes
de ces « nouvelles couches », comme on dit
aujourd'hui, qui ont la langue bien pendue
et n'éprouvent aucun embarras à répondre
aux questions qu'on leur fait.
Sur ce point M. Buffet n'a pas obtenu satis-
faction; nous avons eu beau chercher dans
la loi, nous n'y avons trouvé aucun article
de nature à égaliser quelque peu. les chan-
ces des candidats muets contre les candi-
dats diserts. On aurait pu, par exemple,
décider que ces derniers, quand ils se trou
veraient en présence d'un concurren t affli-
gé d'aphasie, seraient tenus de parler avec
deux prunes ou deux noix dans la bouchp,
suivatrt" ÏA'"**WOn. Mais M. Buffet n'a pas
insisté. Ce sera sans doute pour la troisiè-
me lecture.
La presque unanimité de la Chambre a
en effet décidé qu'elle passerait à une troi-
sième délibération, ce qui tendrait à prou-
ver que la constitution du 25 février a
opéré peu à peu non plus seulement le mi-
racle de la conjonction des centres, mais
de la conjonction de tous les partis. Il n'en
faut rien croire, et c'est M. Buffet lui-même
qui s'est chargé de bien faire comprendre
la nécessité d'établir une Jigne de démar-
cation entre les constitutionnels. C'est à
propos d'un incident soulevé par l'honora-
ble M. Christophle, président de la com-
mission.
Usant d'un droit qui n'a jamais été con-
testé à un orateur d'invoquer à l'appui de
sa thèse les arguments anciens ou récents
de son contradicteur, M. Christophle avait
eu l'ingénieuse idée d'opposer M. Buffet de
1868 à M. le vice-président du conseil de
1875. En ce temps-là, M. Buffet faisait par
tie de l'opposition, et il soutenait mordicus
le droit des candidats à se faire entendre
dans les réunions électorales. Aujourd'hui,
M. Buffet est au pouvoir ; il n'est plus de
son avis, et cela est bien naturel puisque
ses amis d'autrefois ont également renié
leurs anciennes opinions. Mais le vent
peut tourner encore, et ils reviendront à
tire-d'ailes, M. Buffet tout le premier, à
leurs anciennes amours. Voilà l'espoir que
l'honorable M. Christophle s'était permis
d'exprimer.
Le doux M. Buffet a mal pris la chose,
-il s'est mis en colère, et a signifié à M.
Christophle qu'il n'avait jamais été de ses
alliés avant d'être au pouvoir et qu'il ne le
serait pas davantage en le quittant. Là
dessus, les droites ont éclaté en applaudis-
sements, et il faut avouer qu'il y avait de
quoi.
On nous permettra bien de penser que
M. Buffet n'avait nullement l'intention
de blesser M. Christophle en personne.
Il n'est - pas besoin de rappeler que M.
Christophle est en possession de l'estime
de tous ceux de ses collègues dont il n'a
pas en même temps l'amitié. Non, M. Buf-
fet s'adressait au représpntant d'une com-
mission parlementaire, à l'orateur d'un
groupe politique qui s'appelle le centre
gauche, et nous ne serons démentis par
personne en disant que M. Buffet a voulu
déclarer qu'il n'avait jamais eu, n'avait et
n'aurait jamais rien de commun avec les
idées, les opinions, les doctrines -du centre
gauche.
Tout récemment, M. le vice-président du
conseil, s'adressant à un membre de l'ex-
trême gauche, lui faisait observer qu'il s'y
prenait trop tard pour découvrir des défauts
à la constitution. N'est-il. pas bien tard
également,, peut-on dire au chef du cabinet
du 12 mars, pour faire savoir au centre
gaucho qu'il n'a jamais été et ne sera ja-
mais son allié ? Il nous semblait pourtant
que les lois constitutionnelles avaient eu
pour parrains les membres du centre gau-
che ; et si ce jour-là, au moins, si le 25 fé-
vrier M. Buffet n'a pas fait acte d'adhésion
à la politique du centre gauche, qu'a-t-il
donc fait?
Et maintenant, quelle est la politique du
groupe qui s'honore de compter M. Chris-
tophle dans ses rangs ? Nous ne lui en
connaissons qu'une : elle consiste à respec-
ter et à faire respecter, à terminer et à
faire appliquer les lois constitutionnelles ?
Cette politique a été exposée de la façon
la plus nette dans le discours-programme
de M. Laboulaye, lors de sa prise de posses-
sion de la présidence du centre gauche. Et
nous serions curieux de savoir comment
le chef du cabinet du 12 mars, le premier
serviteur de la constitution française, s'y
prendrait pour légitimer la répugnance
qu'il témoigne à ce programme. Ne de-
vrait-il pas, au contraire, le regarder
comme une consigne tant qu'il restera au
pouvoir ?
Eh ! quoi ! M. Buffet n'a jamais été, n'est
pas et ne sera jamais l'allié de M. Christo-
phle ! Est-il donc vrai, quoi qu'il en dise,
qu'il n'est pas non plus l'allié de M. Du-
fauret Car enfin M. Dufaure est l'allié de
M. Christophle ; M. Dufaure est et a tou-
jours été considéré comme l'expression la
plus parfaite et la plus glorieuse du centre
gauche; M. Dufaure, nous ne craignons
pas de l'affirmer, n'a pas douté un seul
instant, en votant la constitution de
février, qu'il votât une proposition cen-
tre gauche; et quand il déclare que les lois
constitutionnelles existent et qu'il a l'es-
pérance de les voir durer, M. Dufaure sait
très-bien qu'il interprète et sert la politi-
que du centre gauche. Quelle est donc celle
que M. Buffet prétend interpréter et ser
vir ? Celle de la majorité du 15 juillet ? En-
core faudrait-il s'entendre. M. de Bisaccia,
M. de Kôïdrel et M. Rouher n'ont pas le
même but. A la vérité, un lien commun les
unit : la haine de la République ; mais l'é-
tat de siége -n'existât.il pas, nous ne fe-
rions point à M. Buffet l'injure d'assigner
un pareil mobile à sa politique.
Nous n'avons donc plus d'espoir que
dans quelque feuille officieuse, comme le
Français, pour nous renseigner exacte-
ment sur ce qu'il faut penser du nouvel
aceès de colère et du premier mouvement
de franchise de M. le vice-président du
conseil.
E. SCHNERB.
——————— ———————
L'honorable M. Christophle a eu l'heu-
reuse idée, au cours de la dernière séance,
de rappeler à M. Buffet ses convictions pas-
sées au sujet des réunions électorales, et
de les comparer à ses convictions actuelles.
Dans la séance du 25 juillet, M. le vice-
président du conseil soutenait que les can-
didats sénateurs ne devraient pas avoir
accès dans les réunions électorales, et il en
donnait les raisons que l'on sait.
Dans la discussion au Corps législatif de
la loi du 6 juin 1868 sur les réunions élec-
torales, M. Buffet s'exprimait ainsi :
« Il semble naturel et conforme au boa
sens qu'un député demandant aux électeurs
le renouvellement de son mandat leur rende
compte, face à face, de l'usage qu'il en a
fait. ou qu'un candidat -nouveau puisse leur
exposer ses titres à leur confiance.
» Cette considération suffit, à mon sens,
pour justifier la liberté des réunions électo-
rales. Selon moi, à mesure qu'elles entreront
dans les moeurs, elles auroat pour effet de
modifier favorablement le caractère des
élections, de les rendre plus politiques.
Comme l'a dit avec autorité l'illustre auteur
da Consulat et de l'Empire: « Les réunions
» publiques ont pour effet d'effacer les senti-
» ments particuliers pour donner essor aa
» sentiment général. »
——————
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, 27 juillet 1876.
Dans les pays où l'on croit encore aux
« sorts jetés », il ne ferait pas bon pour
nous en ce moment. Hier, en présence de
tout le calme que déployait l'Assemblée,
nous n'avons trouvé qu'une remarque à faire:
c'est extraordinaire ce que nous devinons
de bouillonnements sous cette tranquillité.
Il est de fait que cette discussion nous pa-
raissait couler comme coule une puissante
colonne d'eau dans un tuyau de plomb,
uniformément parce qu'elle est savamment
comprimée de différents côtés ; vienne à
crever subitement le tuyau, et par la fis-
sure s'échappe un jet vigoureux. C'est ce
qui s'est produit aujourd'hui ; il y a eu des
éclaboussures un peu de tous les côtés.
Il s'agissait de l'article 14, du fameux
article ministériel qui ne permettait pas
au candidat qui ne sera point électeur sé
natorial d'assister aux réunions des délé-
gués sénatoriaux. Enchérissant sur cette
belle pensée, M. Raudot non-seulement
n'admet pas dans la réunion le candidat
non délégué, mais encore en exclut tout
candidat, sous peine d'annulation d'élec-
tion. Nous comptions entendre quel-
qu'un réclamer la peine de mort pour tout
candidat qui aurait l'audace de chercher à
se faire eonnaître de ses électeurs ; mais il
paraît que la série des conceptions bizarres
est épuisée. Nous revenons à quelque chose
de plus sérieux, à la rédaction nouvelle du
gouvernement.
C'est M. le vice-président du conseil qui
en donne lecture à la tribune : désormais
le candidat pourra pénétrer dans la réunion
électorale, — mais au prix de quelles pré-
cautions ! Et, à mesure que M. le ministre
de l'intérieur énumère la liste des condi-
tions requises, la gauche laisse échapper
des rires sourds et des grondements d'im-
patience,
, M. Christophle, rapporteur, - accepte la
rédaction, au nom de la commission. Oh !
pour accepter, il accepte, c'est certain ;
mais il est certain aussi qu'il accepte parce
qu'il ne peut pas faire autrement. IL l'ac-
cepte, — passez-nous la comparaison, —
comme un cocher accepte un pourboire
qu'il trouve un tantinet mesquin, soupe-
sant la chose dans le creux de la main, la
lèvre en biais, regardant d'un œil le pré-
sent du pingre Artaxerxès, de l'autre Ar-
taxerxèà lui-même : « Tout de même, pour
une besogne pajreillei.r Hein 1 il n'y aurait
pas moyen?. Ça vaut mieux que ça. »
C'est ainsi que M. Christophle, ne vou-
lant pas fâcher le « bourgeois, » tâche de
lui arracher doucement quelques autres
petites concessions. Le bourgeois a mau-
vais caractère; il saute, gesticule, trépi-
gne, se retourne de tous les côtés avec des
airs de tête acariâtres qui semblent dire :
« Ah çà, vous savez que vous commencez
à. Et puis voilàI »
Il est clair que M. Buffet a des nerfs
comme il devrait être défendu à un minis-
tre d'en avoir.Il est même original de cons-
tater que M. Buffet, qui a été président de
l'Assemblée et qui, en-cette qualité, a vail-
lamment tonné contre les interruptions,
est le plus terrible interrupteur qu'un ora-
teur, qu'un rapporteur même puisse affron-
ter. Ce qui prouve que ce n'est pas d'exem-
ple qu'il est le plus facile de prêcher.
Il n'y a pas que ses airs 4e tête qui
soient significatifs; ses interruptions, pa-
raît-il, sont de nature à ne pas faire illu-
sion à M. Christophle, car M. le rapporteur
change tout à coup d'attitude : « Ah 1 c'est
comme ça ? semble-t-il dire. Eh bien, at-
tends, attends ! » Et parlant- de jadis et
d'un homme politique « d'une persistance
dans les vues qui ne se dément jamais, »
il déplie un journal.
C'est la France !
La droite pousse un hurlement d'indi-
gnation. , ,,
C'est que vous ne savez pas ? Non, vous
ne pouvez pas savoir 1. La France réé-
dite, ce matin, le discours que prononça
M. Buffet en 1868 devant le Corps légis-
latif, lors de la discussion de la loi sur les
réunions électorales. Et ce discours con-
tient textuellement la théorie défendue,
samedi, par MM. Christophla et Labou-
laye, c'est-à-dire absolument l'inverse de
la doctrine professée maintenant par M. le
vice-président du conseil. Cela vous expli-
que pourquoi M. Buffet a passé quelque
temps pour un libéral.
La droite crie, tempête ; mais M. Chris-
tophle continue sa lecture au milieu des
rires de la gauche. Il l'assaisonne même de
quelques réflexions : « Connaissant la té-
nacité des vues politiques de M. Buffet. »
La droite est en ébullition, elle apostro-
phe le président, qui se trouve être M. Ri-
card ; et celui-ci de répondre avec un im-
pertubable sérieux : « Il n'y a rien de bles-
sant là-dedans, la ténacité d'esprit politi-
que étant la première qualité de l'homme
d'Etat. »
Quant à M. Christophle, furieux d'avoir
été piqué, asticoté,, aiguillonné autoritai-
rement par le libéral M. Buffet, il termine
par ces mots : « Nous sommes sûrs de le
trouver comme allié le jour où il quittera le
pouvoir pour rentrer dans l'opposition..
Voilà en quels termes sont M. le rappor-
teur et M. le vice-président du conseil, au
moment où ils sont d'accord. Croyez-vous
que le tuyau soit assez crevé ?
M. le général Loysel s'élance pour élar-
gir la crevasse avec son sabre. M. le géné-
ral Loysel est un de ceux qui, dans la
droite, votent le plus assidûment contre la
loi ; mais, pour cette circonstance spéciale,
il s'en fait le patron et il s'empresse de re-
prendre pour son propre compte l'article
primitif du gouvernement. La droite ap-
plaudit à la man œuvre. Cette manière de
comprendre le rôle de législateur ne vous
semble-t-elle pas tout à fait originale? Ah 1
tu n'es pas gentil pour moi, attends, at-
tends, je vais te punir en votant un arti-
cle de loi insensé.
M. Dufaure pousse déjà les hauts cris ;
il voit la mauvaise humeur exploitée au
détriment-de la loi: « Mais nous mainte-
nons la nouvelle rédaction ! » répète-t-il
avec véhémence.
M. Buffet a eu le temps de reprendre
ses esprits, de calmer un peu le tremble-
ment de ses nerfs ; il monte à la tribune.
Le voilà, terriblement ému, ayant de ces
inflexions que la colère étouffe à moitié
dans la gorge. La droite est en liesse ; ses
applaudissements sonnent comme des :
« Hardi ! hardi ! mords-les ! »
M. Buffet trouve qu'il n'y a pas plus de
contradiction entre ses opinions qu'il n'y
a d'analogie entre l'élection des députés et
celle des sénateurs. Il cite l'exemple de
l'Amérique et de son Sénat.
— Il n'y a pas l'état de siège en Amé-
rique, lui crie M. Berlet.
Et M. Buffet mord, il se défend à grands
coups de croc : « Quant à la réflexion par
laquelle M. Christophle s'est permis de ter-
miner. »
— Bravo ! bravo I mugit la droite avec
ivresse. ,
«Je n'étais pas son allié quand je n'é-
tais pas au pouvoir, conclut M. Buffet ; et
je ne le deviendrai pas quand j'en descen-
drai. » :
La droite est dans une joie indescripti-
ble; elle voit surgir une déclaration de
guerre au moment où l'on allait signer un
pacte de paix ; elle attise avec bonheur les
dissentiments, elle souffle avec ivresse sur
les colères chaudes comme braise.
Il est évident que de part et d'autre on
vient de se laisser entraîner ; ce que nous
appellerons un trop-plein de conciliation a
fait sauter la bonde, et la fermentation
s'est épanchée en jets écumeux ; une mi-
nute de réflexion suint à constater le fait,
chacun le constate déjà. Il s'agit de répa-
rer les dégâts. C'est M. Picard qui s'en
charge.
Il n'y a pas dans l'Assemblée un second
ouvrier comparable à M. Picard pour le
genre de travail dit réparation de person-
-nalités, restauration de majorité. Il n'en
existe pas deux comme lui pour diije d'un
air doux, aimable : « Je ne sais pas com-
ment des esprits aussi délicais, aussi fias,
aussi judicieux que mes honorables contra-
dicteurs peuvent- s'acharner sérieusement
à soutenir de pareilles inepties.,. C'est
inepts, j'en fournis la preuve. En consé-
quence, comme je suispartisan, avant tout,
de la bonne harmonie, j'ai l'honneur de me
ranger à l'opinion si élevée que ne peu-
vent manquer d'avoir des esprits aussi dé-
licats, âiusi une, aussi judicieux. »
L'algarade était terminée ; la loi l'a été
avec la séance. A lundi la troisième et der-
nière délibération. N'est-il pas grand temps
que la constitution de la France cesse d'être
a la merci d'un mouvement de-bile et que
le pays ne risque plus de butter contre un
second échantillon du' grain de sable de
Cromwell ? -
PAUL LAFARGUE.
La 36* commission d'initiative a examiné
la proposition de M. Haentjens sur la convo-
cation des électeurs de la Nièvre. MM. Jozon
et Jouin ont soutenu qu'il fallait faire les
élections partout si, au retour, l'Assemblée
ne prononçait pas sa dissolution.
MM. Giraud et Grasset voudraient que l'on
convoquât seulement les électeurs de la
Nièvre.
Cette opinion réunit 6 voix contre 13.
MM. Rességnier, Lepetit et Courcelle ne
veulent d'élections nulle part, pas même
dans la Nièvre. Cette opinioa est adoptée par
13 voix contre 6.
M. Lepetit est nommé rapporteur.
Il ne déposera son rapport qu'après les
vacances.
Les bureaux des gauches se sont réunis.
Ils ont examiné la proposition de M. Brisson
sur le rétablissement des élections partielles.
Ainsi qne nous l'avons dit, ce projet sera
abandonné, les gauches étant persuadées que
la dissolution aura lieu avant la fin de
l'année.
On assure que le gouvernement désire que
l'Assemblée statue sur le budget, sur la loi
des:, ails généraux et sur la troisième
lecta e de la loi du Sénat avant de partir en
vacances.
Dans ce cas, l'Assemblée ne pourrait pas
partir le 4. Elle resterait probablement jus-
qu'au 10.
————————— ♦-
C'EST OUBLIÉ !
Paris, 27 juillet 1875.
Monsieur le rédacteur,
Le 15 décembre 1870, les Allemands me
faisaient l'honneur, pour la seconde fois,
de m'arrêter comme otage.
Pendant que j'étais entre leurs mains,
j'ai va, à Epinal, une carte allemande da-
tée du mois d'août 1870 et indiquant par
une ligne qui est à peu près celle de notre
frontière actuelle les territoires d'Alsace
et de Lorraine dont ils voulaient faire la
conquête.
S'il ne vous était pas possible de vous
procurer cette carte, vous obtiendriez cer-
tainement de nombreux témoignages qui
prouveraient qu'elle a existé. 1
Veuillez agréer, monsieur le rédacteur,
l'assurance de ma considération distin-
guée. ,
H.-A. LÉVÈQUE.
_1.. J.a..1;'Qf..
Nous accueillerons avec reconnaissance
toutes les communications que voudront
bien nous adresser nos lecteurs sur le même
sujet.
De toutes parts, à propos du mot trop
imprudent : C'est oublié 1 recommencent
les discussions sur la guerre de 1870 et ses
origines. Les bonapartistes rejettent d'a-
bord sur la peuple français la responsabi-
lité de la déclaration de guerre. Depuis Se-
dan, ils ont recours à ce système de dé-
fense, et le chef de la dynastie, en remet-
tant son épée au roi de Prusse, disait déjà :
« Ce n'est pas moi, c'est la nation qui l'a
voulu; l'opinion publique m'a forcé la
main. » Il n'a pas dépendu de Napoléon III
et de ses partisans que la nation, au lieu
de son gouvernement, ne fût condamnée.
Ajoutons que l'empereur s'empressait ainsi
de fournir un argument au roi de Prusse,
qui, dans ses proclamations de juillet et
d'août, avait écrit : « Je ne prends point les
armes contre le peuple français, mais con-
tre son chef. » Le chef, vaincu et prison-
sonnier, lui répondait : « Vous vous êtes
trompé ; je suis l'ami de l'Allemagne ; ce
qu'il faut châtier, c'est ce peuple auquel je
n'ai fait qu'obéir. » Excellente raison pour
les Allemands de ne point traiter et de con-
tinuer la guerre.
Nous doutons que l'histoire admire la
générosité de ce langage. Mais encore, les
accusations portées contre la France, de-
vant le roi de Prusse, par l'empereur Na-
poléon III, reposaient elles sur quelque fon-
dement? Non; la guerre ne fut que le
dernier va-tout de la dynastie, le coup de
désespoir du joueur fataliste de Décembre,
et, si l'opinion s'égara, ce ne fut qu'un
effet des mensonges partis des Tuileries et
répandus par les agents de la cour. Pour
qui relit l'histoire des vingt-cinq dernières
années, cette fin de l'empire était fatale.
Aux difficultés grandissantes de l'intérieur,
la dynastie ne pouvait opposer qu'une di-
version belliqueuse. Plus d'autre expédient:
Peur retarder sa chute, Napoléon n'avait
pas le choix des moyens.
Ce qui précipita les événements de cette
funeste année 1870, c'est que, depuis qua-
tre ou cinq ans déjà, l'empire se sentait
usé. Une génération nouvelle avait grandi,
qui protestait avec colère contre l'aliéna-
tion de ses droits politiques, consentie par
la France de 1852 au profit de l'auteur du
coup d'Etat et de ses complices. Liberté !
fin du gouvernement personnel ! le pays ne
connaissait plus que ce mot d'ordre. Pour
résister au mouvement, l'empire était de-
venu trop faible : peu à peu s'étaient éva-
nouis les derniers restes de son prestige et
de sa popularité. D'ailleurs, la politique
autoritaire de 1852 ne pouvait survivre aux
Saint-Arnaud, aux Billault, aux Morny.
Disette d'hommes d'Etat. Que forait l'em-
pereur isolé, amoindri? Que répondrait-il à
ce peuple ? Mille doutes flottaient dans l'es-
prit du despote vieilli, cacochyme et rê-
veur. Il cédai soit par désespoir, soit par
indolence, soit par foi superstitieuse en son
étoile. Il consentit à essayer de « l'empire
libéral. » Trop tard ! Les concessions de
1870 étaient inévitables; mais elle devaient
porter le dernier coup à une dynastie dé-
criée, condamnée, perdue. L'impossibilité
de se sauver par les concessions n'avait
d'égale que l'impossibilité de se sauver par
la résistance.
Au moins eût-il fallu, pour soutenir la
politique de concessions, un ministre ha-
bile ; on ne sut trouver qu'un ambitieux ri-
dicule. La sentence de la dynastie était
prononcée ; l'empire libéral n'y changea
rien. Sous ce régime, pourtant, la somme
de libertés fut grande, plus grande juste-
ment que l'empire n'était capable de la
supporter. Feuilletez l'histoire de cette
époque ; vous ne la parcourrez point sans
étonnement. Jamais gouvernement ne su-
bit plus d'outrages. Il n'était entouré que
d'ennemis ; chacun déchargeait, dans les
réunions ou dans les journaux, les ressen-
timents amassés pendant le long règne de
la terreur et du silence., La révolution
grondait dans l'air. Le parti dynastique
affolé, furieux, ne vit qu'un refuge : là
guerre. Il fallait saisir un prétexte: la can-
didature d'un Hohenzollern au trône d'Es-
pagne le fournit. Au besoin, on en aurait
fait surgir un autre. Un sénateur nous di-
sait à ce moment-là: « Quel besoin de pré-
texte avons-nous ? Il faut marcher, dût-on
se contenter de dire à M. de Bismarck :
Nous n'aimons pas' votre figure ! y Il n'y
avait qu'un cri dans tout le parti dynasti-
que : Courons au Rhin ! C'est sur le Rhin
que la révolution sera battue 1
S'il en était b@soin, nous serions édifiés
à cet égard par de récents livres d'histoire,
écrits d'après les témoignages et les docu-
ments les plus authentiques. L'ouvrage très-
sérieux de M. Sorel sur la diplomatie de la
guerre franco-allemande est écrasant pour
M. de Gramont, qui alluma de ses propres
mains, ce n'est pas trop dire, la guerre
qu'il croyait commandée par l'intérêt du
prinee. M. Taxile Delord vient de complé-
ter, par un sixième volume son Histoire
du second empire, œuvre considérable,
que l'auteur s'est fait une loi d'écrire avee
une impartialité sévère, craignant par-
dessus tout qu'on ne lui reprochât de s'ê-
tre érigé par système en. accusateur ; la
même conclusion y découle des faits. De
quelque côté que l'empire inclinât, il se
voyait tomber ; il perdit la tête et fit la
guerre.
C'était un crime contre le pays. Il l'ag-
grava par l'incapacité et la légèreté qui
devaient prévaloir et conduire soit la diplo-
matie, soit les armées. L'adversairo qu'il
choisit fut le plus redoutable ; il le provo-
qua sans alliés, et il l'attaqua sans prépa-
ratifs militaires. A consulter les chiffres du
budget, nous possédions une armée assez
belle; nous n'avions en réalité que 200,000
hommes à mettre en ligne, parce qu'il fal-
lait chaque année puiser au budget de la
guerre pour combler le déficit mexicain.
Les détails sont connus : partout la pénu
rie et l'incurie. Avec cela la certitude de
n'avoir à compter sur aucun secours du
dehors.
Dans ces coitionl, comment l'empe-
reur osa-t-il engager la lutte ? On dit qu'il
laissa voir des hésitations, des appréhen-
sions. Rien de ce qu'il savait ne pouvait
exciter en lui de confiance. Il se décida ce-
pendant, et.s'en remit à la fortune. Pour
une chance de salut de la dynastie, il ris-
quait la France et décidait qu'on marche-
rait au Rhin avec tout contre soi. Attendre
une occasion plus favorable ? Se donner le
temps de réorganiser l'armée, d'étudier un
plan, de munir la frontière? Il ne le pou-
vait pas; à l'intérieur, les événements
allaient trop vite. Tout s'effondrait sous
lui. Qui sait si l'on ne doit pas mettre au
nombre des causes qui l'engagèrent à brus-
quer la diversion le coup de pistolet tiré
par Pierre Bonaparte sur Victor Noir?
Coûte que coûte, il fallait sortir d'une si-
tuation si désespérée et si violente. En cas
de succès sur le Rhin, tout était préparé
pour un coup d'Etat ; des instructions avec
des listes de proscrits furent trouvées dans
,les préfectures après le 4 Septembre.
Maris ce qui vint ne fut pas la victoire. Il
fallait être aussi fataliste qu'un Bonaparte
pour l'espérer. Sur le champ de bataille de
Sedan, dans la voiture, escortée de cuiras-
siers blancs, qui le conduisait au quar-
tier général du roi Guillaume, Napoléon se
dit, sans doute, en guise de consolation :
C'était écrit 1 11 n'en avait pas moins livré
la France. Et ce n'est pas à Coulmiers ou
au Mans, ce n'est pas à Saint-Quentin, ce
p'est pas à Villersexel., ce n'est pas au
Bourget, ou à Champigny, ou à Buzenval,
que furent perdues l'Alsace et la Lorraine;
ce fut là. Elles étaient l'enjeu de la dy-
nastie.
EUG. LIÉBImT.
—
On se préoccupe beaucoup en ce moment
des résultats des déclarations faites par le
congrès de Paris le 16 avril.1856, et parti-
culièrement de celles qui concernent l'abo-
lition de la course maritime, c'est-à-dire
de l'action régulière des corsaires pourvus
de lettres do marque. On sait que la Russie
n'a pas hésité à profiter des événements de
1870 pour annuler de fait et de sa propre
autorité les clauses du traité de .1856 qui
étaient à son détriment. On &e demande
en ce moment si les grandes puissances
snaritimes de l'Europe ne vor\t pas à leur
tour suivre l'exemple de la Russie et re-
venir sur la décision prise par elles au su-
jet de la course.
Quelques mots d'explication sont ici in-
dispensables. Dans toutes les guerres pas-
sées, la course a rendu les plus grands ser-
vices à la France : elle convient admira-
blement à notre caractère national, elle
., -., ,. fv •
sert les intérêts de nos ports et de l'Etat,'
puisque celui-ci prélève un droit important
sur les prises faites par les corsaires. Les
corsaires sont, du reste, des combattants
réguliers, autodségpapgvern&ment
de la nation à laquelle ils appartiennent, et
qui fait sur mer la même guerre que les
partisans sur terre. Nous avons toujours
été fort habiles dans ce genre d'entreprises,
et ce n'est pas sans fierté qua nous pou-
vons citer les noms de Jean Bart, de P, u-
guay-Trouin et de Surcouf.
Or, mues par un sentiment philanthropi-
que qui n'a pas sa raison d'être quand il
s'agit des intérêts nationaux, les puissan-
ces signataires du traité de Paris ont dé-
claré la course abolie. Parmi ces puissances
celles qui ont une nombreuse marine.mar-
chande, comme l'Angleterre, la Frasce, la
Russie, renonçaient ainsi à tirer parti des
éléments de succès qu'elles avaient à leur
disposition, Les Etats-Unis, s'appuyant sur
cette considération, refusèrent d'adhérer à
la déclaration, en sorte qu'ils ont conservé
le droit de faire usage de la course et des
corsaires.
Dernièrement, il a été question, dans le
Parlement anglais, des principes nouveaux
posés par le congrès de Paris, et rien ne
prouve que, d'ici à peu de temps, les gran-
des puissances ne renoncent d'un commun
accord à les conserver, et qu'elles ne se dé-
cident à revenir à l'ancien état de choses.
Pour elles, il y a, en effet, tout intérêt à ce
que la course maritime soit rétablie. Les
bâtiments armés en course peuvent être,
en fait, requis par le gouvernement com-
me le sont les chevaux, les voitures,' les
naÕîtationl, etc. Quant aux corsaires,, ils
ne ne doivent être considérés que comme
des partisans légalement autorisés à faire
la guerre.
A une époque où, en cas de conflagra-
tion, toute la population valide d'un pays
est appelée à prendre les armes, et où torts
les moyens de combat doivent être mis en
action, on ne saurait comprendre pourquoi
la France en particulier négligerait la
moindre chance de succès. Le rétablisse-
ment de la course serait d'autant plus logi-
que dans notre pays que d'impérieuses né-
cessités budgétaires nous ont obligés à ne
pas accroître notre marine militaire.
UN PEU DE LOGIQUE !
M. le ministre de l'intérieur ne veut
pas que les candidats au Sénat soient
admis aux réunions que pourront for-
mer les électeurs, à qui incombe le * de-
voir de les élire.
Entre autres raisons qu'il a données
pour justifier cette exclusion bizarre,
M. Buffet en a développé une qui m'a
semblé plus étranger-encore que son
avis même. 4 r 1.
Parmi les candidats sénateurs, a-t-il
dit, il y en a qui ont la parole facile,
et d'autres qui ne sont point orateurs.
Ces derniers auraient évidemment, dans
une réunion électorale, un grand désa-
vantage sur leurs concurrents. L'im-
partialité. Vous savez, l'impartialité
vraie, celle dont M. Buffet lui-même a
parlé l'autre jour avec un bon sens si
exquis., l'impartialité donc exigeait
que l'on tînt la balance égale entre
les deux rivaux : il faut les écarter tous
de ces assemblées, où l'on pourrait s'a-
percevoir qu'il y en a de muets.
C'est ainsi que Théophile Gautier,
dans les dernières années de sa vie,
préférait juger les vaudevilles sans les
voir, parce qu'il se préservait ainsi de
toute influence et gardait de toute at-
teinte l'impartialité du critique.
Le raisonnement de M. Buffet serait
juste s'il était avéré que.les sénateurs:
ne dussent jamais avoir besoin de. la
parole; si le plus ou moins d'habilQt¡é:
à manier cet instrument ne devait pas
entrer en ligne de compte dans les mo-
tifs qui détermineront le choix des élec-
teurs.
Mais c'est le contraire qui est cer-
tain.
Sans doute il est souhaitable qu'un
sénateur ait du jugement, de l'instruc.
tion, de la prudence, qu'il aime son
pays, qu'il possède en un mot toutes
les qualités d'esprit que la politique
exige.
Mais ne faut-il pas aussi qu'il sache
exposer son avis en bons termes et
même qu'il ne soit pas étranger à l'art
de persuader les assemblées délibé-
rantes ? ,-
Entre un homme politique et un avo",
cat qui ne serait qu'un artisan de pa-
roles, mon choix ne serait pas douteux;
il est clair que je choisirais le premier.
Mais à mérite égal, il est clair aussi
que le don de la parole "fest un avan-
tage qui, jeté dans la balance la peut
faire pencher en faveur de celui qui en
a été gratifié par la, nature ou qui l'a
conquis par le travail. -
Si l'éloquence est un élément d'ap-
préciation, n'est-il pas absolument illo- ,
gique d'en priver, de parti pris, les
électeurs ? Tenir là balance égale entre
les candidats n'est que l'expression d'un
Sophisme, qu'il nous serait aisé de dé- 1
montrer en ses parties, si nous avions
la malice de recourir à nos proçédés
habituels d'analyse, qui sont cetix-de
Port-Royal, renouvelés d'Aristoté.., -
Quelle serait la majeure du syllo-
gisme que M. Buffet a enfermé dans
cette locution ?
Majeure. - Tous les candidats au
Sénat ont des droits egaux au choix
des électeurs.
Quelle serait la mineure ?
Mineure. — Si un candidat a la li-
berté de prouver sa supériorité en un
seul point sur ses concurrents, il ren-
-: f
Jeudi 29 juillet 1M.
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E
Sj Si^l I j Jjiji ^Li B Jl
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MM. les Souscripteurs dont l'abonne-
ment expire le 31 junletés de
le renouveler immédiatement s'ils ne
veulent poi.nt éprouver de retard dans
larêoeptï 6a «Lu journal.
Paris, le 28 juillet 1875.
La loi relative à l'élection des sénateurs
a été votée hier en seconde lecture » et
nous sommes tout heureux et tout fiers
d'annoncer que l'entrée des réunions élec-
torales ne sera pas interdite aux candidats.
On a trouvé un moyen de calmer les in
quiétudes'de l'honorable M. Buffet, en déci-
dant qu'un jour au moins avant la réunion
sept électeurs sénatoriaux devront signer
une déclaration indiquant lcjs noms, profes-
sions et domiciles des candidats. M. Buffet
doit avoir un poids de moins sur la poitrine
maintenant que le voilà garanti contre
l'envahissement des salles de réunion par
le profane vulgaire,. Et pourtant il ne doit
être rassuré qu'à. moitié, car enfin il ne
semble pas qu'ûïi ait tenu compte d'un des
arguments qu'il avait fait valoir pour sous-
traire les candidats sénateurs aux ques-
tions indiscrètes du corps électoral. On se
rappelle que M. Buffet, dans un esprit de
prévoyance et de sollicitude vraiment méri-
toire, avait protesté contre l'habitude déplo-
rable qu'ont les électeurs de demander à leurs
candidats ce qu'ils pensent. Rien n'est plus
ridicule, aux yeux de M. le vice-président
du conseil ; car, d'une part, il espère bien
qu'on n'enverra au Sénat que les gens les plus
huppés, et, conséquemment, les plus con-
nus des départements, et, d'autre part, il
peut très-bien se faire que ces grands hom-
mes soient si modestes, si timides, si em-
pruntés qu'ils tremblent à la seule idée de
paraître en public. M. Buffet a dans ses
connaissances plus d'un illustre personnage
qui serait incapable de prononcer correc-
tement : papa, maman, devant une Assem-
ble, et il craint qu'on leur préfère quel-
ques-uns de ces croquants, quelques-unes
de ces « nouvelles couches », comme on dit
aujourd'hui, qui ont la langue bien pendue
et n'éprouvent aucun embarras à répondre
aux questions qu'on leur fait.
Sur ce point M. Buffet n'a pas obtenu satis-
faction; nous avons eu beau chercher dans
la loi, nous n'y avons trouvé aucun article
de nature à égaliser quelque peu. les chan-
ces des candidats muets contre les candi-
dats diserts. On aurait pu, par exemple,
décider que ces derniers, quand ils se trou
veraient en présence d'un concurren t affli-
gé d'aphasie, seraient tenus de parler avec
deux prunes ou deux noix dans la bouchp,
suivatrt" ÏA'"**WOn. Mais M. Buffet n'a pas
insisté. Ce sera sans doute pour la troisiè-
me lecture.
La presque unanimité de la Chambre a
en effet décidé qu'elle passerait à une troi-
sième délibération, ce qui tendrait à prou-
ver que la constitution du 25 février a
opéré peu à peu non plus seulement le mi-
racle de la conjonction des centres, mais
de la conjonction de tous les partis. Il n'en
faut rien croire, et c'est M. Buffet lui-même
qui s'est chargé de bien faire comprendre
la nécessité d'établir une Jigne de démar-
cation entre les constitutionnels. C'est à
propos d'un incident soulevé par l'honora-
ble M. Christophle, président de la com-
mission.
Usant d'un droit qui n'a jamais été con-
testé à un orateur d'invoquer à l'appui de
sa thèse les arguments anciens ou récents
de son contradicteur, M. Christophle avait
eu l'ingénieuse idée d'opposer M. Buffet de
1868 à M. le vice-président du conseil de
1875. En ce temps-là, M. Buffet faisait par
tie de l'opposition, et il soutenait mordicus
le droit des candidats à se faire entendre
dans les réunions électorales. Aujourd'hui,
M. Buffet est au pouvoir ; il n'est plus de
son avis, et cela est bien naturel puisque
ses amis d'autrefois ont également renié
leurs anciennes opinions. Mais le vent
peut tourner encore, et ils reviendront à
tire-d'ailes, M. Buffet tout le premier, à
leurs anciennes amours. Voilà l'espoir que
l'honorable M. Christophle s'était permis
d'exprimer.
Le doux M. Buffet a mal pris la chose,
-il s'est mis en colère, et a signifié à M.
Christophle qu'il n'avait jamais été de ses
alliés avant d'être au pouvoir et qu'il ne le
serait pas davantage en le quittant. Là
dessus, les droites ont éclaté en applaudis-
sements, et il faut avouer qu'il y avait de
quoi.
On nous permettra bien de penser que
M. Buffet n'avait nullement l'intention
de blesser M. Christophle en personne.
Il n'est - pas besoin de rappeler que M.
Christophle est en possession de l'estime
de tous ceux de ses collègues dont il n'a
pas en même temps l'amitié. Non, M. Buf-
fet s'adressait au représpntant d'une com-
mission parlementaire, à l'orateur d'un
groupe politique qui s'appelle le centre
gauche, et nous ne serons démentis par
personne en disant que M. Buffet a voulu
déclarer qu'il n'avait jamais eu, n'avait et
n'aurait jamais rien de commun avec les
idées, les opinions, les doctrines -du centre
gauche.
Tout récemment, M. le vice-président du
conseil, s'adressant à un membre de l'ex-
trême gauche, lui faisait observer qu'il s'y
prenait trop tard pour découvrir des défauts
à la constitution. N'est-il. pas bien tard
également,, peut-on dire au chef du cabinet
du 12 mars, pour faire savoir au centre
gaucho qu'il n'a jamais été et ne sera ja-
mais son allié ? Il nous semblait pourtant
que les lois constitutionnelles avaient eu
pour parrains les membres du centre gau-
che ; et si ce jour-là, au moins, si le 25 fé-
vrier M. Buffet n'a pas fait acte d'adhésion
à la politique du centre gauche, qu'a-t-il
donc fait?
Et maintenant, quelle est la politique du
groupe qui s'honore de compter M. Chris-
tophle dans ses rangs ? Nous ne lui en
connaissons qu'une : elle consiste à respec-
ter et à faire respecter, à terminer et à
faire appliquer les lois constitutionnelles ?
Cette politique a été exposée de la façon
la plus nette dans le discours-programme
de M. Laboulaye, lors de sa prise de posses-
sion de la présidence du centre gauche. Et
nous serions curieux de savoir comment
le chef du cabinet du 12 mars, le premier
serviteur de la constitution française, s'y
prendrait pour légitimer la répugnance
qu'il témoigne à ce programme. Ne de-
vrait-il pas, au contraire, le regarder
comme une consigne tant qu'il restera au
pouvoir ?
Eh ! quoi ! M. Buffet n'a jamais été, n'est
pas et ne sera jamais l'allié de M. Christo-
phle ! Est-il donc vrai, quoi qu'il en dise,
qu'il n'est pas non plus l'allié de M. Du-
fauret Car enfin M. Dufaure est l'allié de
M. Christophle ; M. Dufaure est et a tou-
jours été considéré comme l'expression la
plus parfaite et la plus glorieuse du centre
gauche; M. Dufaure, nous ne craignons
pas de l'affirmer, n'a pas douté un seul
instant, en votant la constitution de
février, qu'il votât une proposition cen-
tre gauche; et quand il déclare que les lois
constitutionnelles existent et qu'il a l'es-
pérance de les voir durer, M. Dufaure sait
très-bien qu'il interprète et sert la politi-
que du centre gauche. Quelle est donc celle
que M. Buffet prétend interpréter et ser
vir ? Celle de la majorité du 15 juillet ? En-
core faudrait-il s'entendre. M. de Bisaccia,
M. de Kôïdrel et M. Rouher n'ont pas le
même but. A la vérité, un lien commun les
unit : la haine de la République ; mais l'é-
tat de siége -n'existât.il pas, nous ne fe-
rions point à M. Buffet l'injure d'assigner
un pareil mobile à sa politique.
Nous n'avons donc plus d'espoir que
dans quelque feuille officieuse, comme le
Français, pour nous renseigner exacte-
ment sur ce qu'il faut penser du nouvel
aceès de colère et du premier mouvement
de franchise de M. le vice-président du
conseil.
E. SCHNERB.
——————— ———————
L'honorable M. Christophle a eu l'heu-
reuse idée, au cours de la dernière séance,
de rappeler à M. Buffet ses convictions pas-
sées au sujet des réunions électorales, et
de les comparer à ses convictions actuelles.
Dans la séance du 25 juillet, M. le vice-
président du conseil soutenait que les can-
didats sénateurs ne devraient pas avoir
accès dans les réunions électorales, et il en
donnait les raisons que l'on sait.
Dans la discussion au Corps législatif de
la loi du 6 juin 1868 sur les réunions élec-
torales, M. Buffet s'exprimait ainsi :
« Il semble naturel et conforme au boa
sens qu'un député demandant aux électeurs
le renouvellement de son mandat leur rende
compte, face à face, de l'usage qu'il en a
fait. ou qu'un candidat -nouveau puisse leur
exposer ses titres à leur confiance.
» Cette considération suffit, à mon sens,
pour justifier la liberté des réunions électo-
rales. Selon moi, à mesure qu'elles entreront
dans les moeurs, elles auroat pour effet de
modifier favorablement le caractère des
élections, de les rendre plus politiques.
Comme l'a dit avec autorité l'illustre auteur
da Consulat et de l'Empire: « Les réunions
» publiques ont pour effet d'effacer les senti-
» ments particuliers pour donner essor aa
» sentiment général. »
——————
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, 27 juillet 1876.
Dans les pays où l'on croit encore aux
« sorts jetés », il ne ferait pas bon pour
nous en ce moment. Hier, en présence de
tout le calme que déployait l'Assemblée,
nous n'avons trouvé qu'une remarque à faire:
c'est extraordinaire ce que nous devinons
de bouillonnements sous cette tranquillité.
Il est de fait que cette discussion nous pa-
raissait couler comme coule une puissante
colonne d'eau dans un tuyau de plomb,
uniformément parce qu'elle est savamment
comprimée de différents côtés ; vienne à
crever subitement le tuyau, et par la fis-
sure s'échappe un jet vigoureux. C'est ce
qui s'est produit aujourd'hui ; il y a eu des
éclaboussures un peu de tous les côtés.
Il s'agissait de l'article 14, du fameux
article ministériel qui ne permettait pas
au candidat qui ne sera point électeur sé
natorial d'assister aux réunions des délé-
gués sénatoriaux. Enchérissant sur cette
belle pensée, M. Raudot non-seulement
n'admet pas dans la réunion le candidat
non délégué, mais encore en exclut tout
candidat, sous peine d'annulation d'élec-
tion. Nous comptions entendre quel-
qu'un réclamer la peine de mort pour tout
candidat qui aurait l'audace de chercher à
se faire eonnaître de ses électeurs ; mais il
paraît que la série des conceptions bizarres
est épuisée. Nous revenons à quelque chose
de plus sérieux, à la rédaction nouvelle du
gouvernement.
C'est M. le vice-président du conseil qui
en donne lecture à la tribune : désormais
le candidat pourra pénétrer dans la réunion
électorale, — mais au prix de quelles pré-
cautions ! Et, à mesure que M. le ministre
de l'intérieur énumère la liste des condi-
tions requises, la gauche laisse échapper
des rires sourds et des grondements d'im-
patience,
, M. Christophle, rapporteur, - accepte la
rédaction, au nom de la commission. Oh !
pour accepter, il accepte, c'est certain ;
mais il est certain aussi qu'il accepte parce
qu'il ne peut pas faire autrement. IL l'ac-
cepte, — passez-nous la comparaison, —
comme un cocher accepte un pourboire
qu'il trouve un tantinet mesquin, soupe-
sant la chose dans le creux de la main, la
lèvre en biais, regardant d'un œil le pré-
sent du pingre Artaxerxès, de l'autre Ar-
taxerxèà lui-même : « Tout de même, pour
une besogne pajreillei.r Hein 1 il n'y aurait
pas moyen?. Ça vaut mieux que ça. »
C'est ainsi que M. Christophle, ne vou-
lant pas fâcher le « bourgeois, » tâche de
lui arracher doucement quelques autres
petites concessions. Le bourgeois a mau-
vais caractère; il saute, gesticule, trépi-
gne, se retourne de tous les côtés avec des
airs de tête acariâtres qui semblent dire :
« Ah çà, vous savez que vous commencez
à. Et puis voilàI »
Il est clair que M. Buffet a des nerfs
comme il devrait être défendu à un minis-
tre d'en avoir.Il est même original de cons-
tater que M. Buffet, qui a été président de
l'Assemblée et qui, en-cette qualité, a vail-
lamment tonné contre les interruptions,
est le plus terrible interrupteur qu'un ora-
teur, qu'un rapporteur même puisse affron-
ter. Ce qui prouve que ce n'est pas d'exem-
ple qu'il est le plus facile de prêcher.
Il n'y a pas que ses airs 4e tête qui
soient significatifs; ses interruptions, pa-
raît-il, sont de nature à ne pas faire illu-
sion à M. Christophle, car M. le rapporteur
change tout à coup d'attitude : « Ah 1 c'est
comme ça ? semble-t-il dire. Eh bien, at-
tends, attends ! » Et parlant- de jadis et
d'un homme politique « d'une persistance
dans les vues qui ne se dément jamais, »
il déplie un journal.
C'est la France !
La droite pousse un hurlement d'indi-
gnation. , ,,
C'est que vous ne savez pas ? Non, vous
ne pouvez pas savoir 1. La France réé-
dite, ce matin, le discours que prononça
M. Buffet en 1868 devant le Corps légis-
latif, lors de la discussion de la loi sur les
réunions électorales. Et ce discours con-
tient textuellement la théorie défendue,
samedi, par MM. Christophla et Labou-
laye, c'est-à-dire absolument l'inverse de
la doctrine professée maintenant par M. le
vice-président du conseil. Cela vous expli-
que pourquoi M. Buffet a passé quelque
temps pour un libéral.
La droite crie, tempête ; mais M. Chris-
tophle continue sa lecture au milieu des
rires de la gauche. Il l'assaisonne même de
quelques réflexions : « Connaissant la té-
nacité des vues politiques de M. Buffet. »
La droite est en ébullition, elle apostro-
phe le président, qui se trouve être M. Ri-
card ; et celui-ci de répondre avec un im-
pertubable sérieux : « Il n'y a rien de bles-
sant là-dedans, la ténacité d'esprit politi-
que étant la première qualité de l'homme
d'Etat. »
Quant à M. Christophle, furieux d'avoir
été piqué, asticoté,, aiguillonné autoritai-
rement par le libéral M. Buffet, il termine
par ces mots : « Nous sommes sûrs de le
trouver comme allié le jour où il quittera le
pouvoir pour rentrer dans l'opposition..
Voilà en quels termes sont M. le rappor-
teur et M. le vice-président du conseil, au
moment où ils sont d'accord. Croyez-vous
que le tuyau soit assez crevé ?
M. le général Loysel s'élance pour élar-
gir la crevasse avec son sabre. M. le géné-
ral Loysel est un de ceux qui, dans la
droite, votent le plus assidûment contre la
loi ; mais, pour cette circonstance spéciale,
il s'en fait le patron et il s'empresse de re-
prendre pour son propre compte l'article
primitif du gouvernement. La droite ap-
plaudit à la man œuvre. Cette manière de
comprendre le rôle de législateur ne vous
semble-t-elle pas tout à fait originale? Ah 1
tu n'es pas gentil pour moi, attends, at-
tends, je vais te punir en votant un arti-
cle de loi insensé.
M. Dufaure pousse déjà les hauts cris ;
il voit la mauvaise humeur exploitée au
détriment-de la loi: « Mais nous mainte-
nons la nouvelle rédaction ! » répète-t-il
avec véhémence.
M. Buffet a eu le temps de reprendre
ses esprits, de calmer un peu le tremble-
ment de ses nerfs ; il monte à la tribune.
Le voilà, terriblement ému, ayant de ces
inflexions que la colère étouffe à moitié
dans la gorge. La droite est en liesse ; ses
applaudissements sonnent comme des :
« Hardi ! hardi ! mords-les ! »
M. Buffet trouve qu'il n'y a pas plus de
contradiction entre ses opinions qu'il n'y
a d'analogie entre l'élection des députés et
celle des sénateurs. Il cite l'exemple de
l'Amérique et de son Sénat.
— Il n'y a pas l'état de siège en Amé-
rique, lui crie M. Berlet.
Et M. Buffet mord, il se défend à grands
coups de croc : « Quant à la réflexion par
laquelle M. Christophle s'est permis de ter-
miner. »
— Bravo ! bravo I mugit la droite avec
ivresse. ,
«Je n'étais pas son allié quand je n'é-
tais pas au pouvoir, conclut M. Buffet ; et
je ne le deviendrai pas quand j'en descen-
drai. » :
La droite est dans une joie indescripti-
ble; elle voit surgir une déclaration de
guerre au moment où l'on allait signer un
pacte de paix ; elle attise avec bonheur les
dissentiments, elle souffle avec ivresse sur
les colères chaudes comme braise.
Il est évident que de part et d'autre on
vient de se laisser entraîner ; ce que nous
appellerons un trop-plein de conciliation a
fait sauter la bonde, et la fermentation
s'est épanchée en jets écumeux ; une mi-
nute de réflexion suint à constater le fait,
chacun le constate déjà. Il s'agit de répa-
rer les dégâts. C'est M. Picard qui s'en
charge.
Il n'y a pas dans l'Assemblée un second
ouvrier comparable à M. Picard pour le
genre de travail dit réparation de person-
-nalités, restauration de majorité. Il n'en
existe pas deux comme lui pour diije d'un
air doux, aimable : « Je ne sais pas com-
ment des esprits aussi délicais, aussi fias,
aussi judicieux que mes honorables contra-
dicteurs peuvent- s'acharner sérieusement
à soutenir de pareilles inepties.,. C'est
inepts, j'en fournis la preuve. En consé-
quence, comme je suispartisan, avant tout,
de la bonne harmonie, j'ai l'honneur de me
ranger à l'opinion si élevée que ne peu-
vent manquer d'avoir des esprits aussi dé-
licats, âiusi une, aussi judicieux. »
L'algarade était terminée ; la loi l'a été
avec la séance. A lundi la troisième et der-
nière délibération. N'est-il pas grand temps
que la constitution de la France cesse d'être
a la merci d'un mouvement de-bile et que
le pays ne risque plus de butter contre un
second échantillon du' grain de sable de
Cromwell ? -
PAUL LAFARGUE.
La 36* commission d'initiative a examiné
la proposition de M. Haentjens sur la convo-
cation des électeurs de la Nièvre. MM. Jozon
et Jouin ont soutenu qu'il fallait faire les
élections partout si, au retour, l'Assemblée
ne prononçait pas sa dissolution.
MM. Giraud et Grasset voudraient que l'on
convoquât seulement les électeurs de la
Nièvre.
Cette opinion réunit 6 voix contre 13.
MM. Rességnier, Lepetit et Courcelle ne
veulent d'élections nulle part, pas même
dans la Nièvre. Cette opinioa est adoptée par
13 voix contre 6.
M. Lepetit est nommé rapporteur.
Il ne déposera son rapport qu'après les
vacances.
Les bureaux des gauches se sont réunis.
Ils ont examiné la proposition de M. Brisson
sur le rétablissement des élections partielles.
Ainsi qne nous l'avons dit, ce projet sera
abandonné, les gauches étant persuadées que
la dissolution aura lieu avant la fin de
l'année.
On assure que le gouvernement désire que
l'Assemblée statue sur le budget, sur la loi
des:, ails généraux et sur la troisième
lecta e de la loi du Sénat avant de partir en
vacances.
Dans ce cas, l'Assemblée ne pourrait pas
partir le 4. Elle resterait probablement jus-
qu'au 10.
————————— ♦-
C'EST OUBLIÉ !
Paris, 27 juillet 1875.
Monsieur le rédacteur,
Le 15 décembre 1870, les Allemands me
faisaient l'honneur, pour la seconde fois,
de m'arrêter comme otage.
Pendant que j'étais entre leurs mains,
j'ai va, à Epinal, une carte allemande da-
tée du mois d'août 1870 et indiquant par
une ligne qui est à peu près celle de notre
frontière actuelle les territoires d'Alsace
et de Lorraine dont ils voulaient faire la
conquête.
S'il ne vous était pas possible de vous
procurer cette carte, vous obtiendriez cer-
tainement de nombreux témoignages qui
prouveraient qu'elle a existé. 1
Veuillez agréer, monsieur le rédacteur,
l'assurance de ma considération distin-
guée. ,
H.-A. LÉVÈQUE.
_1.. J.a..1;'Qf..
Nous accueillerons avec reconnaissance
toutes les communications que voudront
bien nous adresser nos lecteurs sur le même
sujet.
De toutes parts, à propos du mot trop
imprudent : C'est oublié 1 recommencent
les discussions sur la guerre de 1870 et ses
origines. Les bonapartistes rejettent d'a-
bord sur la peuple français la responsabi-
lité de la déclaration de guerre. Depuis Se-
dan, ils ont recours à ce système de dé-
fense, et le chef de la dynastie, en remet-
tant son épée au roi de Prusse, disait déjà :
« Ce n'est pas moi, c'est la nation qui l'a
voulu; l'opinion publique m'a forcé la
main. » Il n'a pas dépendu de Napoléon III
et de ses partisans que la nation, au lieu
de son gouvernement, ne fût condamnée.
Ajoutons que l'empereur s'empressait ainsi
de fournir un argument au roi de Prusse,
qui, dans ses proclamations de juillet et
d'août, avait écrit : « Je ne prends point les
armes contre le peuple français, mais con-
tre son chef. » Le chef, vaincu et prison-
sonnier, lui répondait : « Vous vous êtes
trompé ; je suis l'ami de l'Allemagne ; ce
qu'il faut châtier, c'est ce peuple auquel je
n'ai fait qu'obéir. » Excellente raison pour
les Allemands de ne point traiter et de con-
tinuer la guerre.
Nous doutons que l'histoire admire la
générosité de ce langage. Mais encore, les
accusations portées contre la France, de-
vant le roi de Prusse, par l'empereur Na-
poléon III, reposaient elles sur quelque fon-
dement? Non; la guerre ne fut que le
dernier va-tout de la dynastie, le coup de
désespoir du joueur fataliste de Décembre,
et, si l'opinion s'égara, ce ne fut qu'un
effet des mensonges partis des Tuileries et
répandus par les agents de la cour. Pour
qui relit l'histoire des vingt-cinq dernières
années, cette fin de l'empire était fatale.
Aux difficultés grandissantes de l'intérieur,
la dynastie ne pouvait opposer qu'une di-
version belliqueuse. Plus d'autre expédient:
Peur retarder sa chute, Napoléon n'avait
pas le choix des moyens.
Ce qui précipita les événements de cette
funeste année 1870, c'est que, depuis qua-
tre ou cinq ans déjà, l'empire se sentait
usé. Une génération nouvelle avait grandi,
qui protestait avec colère contre l'aliéna-
tion de ses droits politiques, consentie par
la France de 1852 au profit de l'auteur du
coup d'Etat et de ses complices. Liberté !
fin du gouvernement personnel ! le pays ne
connaissait plus que ce mot d'ordre. Pour
résister au mouvement, l'empire était de-
venu trop faible : peu à peu s'étaient éva-
nouis les derniers restes de son prestige et
de sa popularité. D'ailleurs, la politique
autoritaire de 1852 ne pouvait survivre aux
Saint-Arnaud, aux Billault, aux Morny.
Disette d'hommes d'Etat. Que forait l'em-
pereur isolé, amoindri? Que répondrait-il à
ce peuple ? Mille doutes flottaient dans l'es-
prit du despote vieilli, cacochyme et rê-
veur. Il cédai soit par désespoir, soit par
indolence, soit par foi superstitieuse en son
étoile. Il consentit à essayer de « l'empire
libéral. » Trop tard ! Les concessions de
1870 étaient inévitables; mais elle devaient
porter le dernier coup à une dynastie dé-
criée, condamnée, perdue. L'impossibilité
de se sauver par les concessions n'avait
d'égale que l'impossibilité de se sauver par
la résistance.
Au moins eût-il fallu, pour soutenir la
politique de concessions, un ministre ha-
bile ; on ne sut trouver qu'un ambitieux ri-
dicule. La sentence de la dynastie était
prononcée ; l'empire libéral n'y changea
rien. Sous ce régime, pourtant, la somme
de libertés fut grande, plus grande juste-
ment que l'empire n'était capable de la
supporter. Feuilletez l'histoire de cette
époque ; vous ne la parcourrez point sans
étonnement. Jamais gouvernement ne su-
bit plus d'outrages. Il n'était entouré que
d'ennemis ; chacun déchargeait, dans les
réunions ou dans les journaux, les ressen-
timents amassés pendant le long règne de
la terreur et du silence., La révolution
grondait dans l'air. Le parti dynastique
affolé, furieux, ne vit qu'un refuge : là
guerre. Il fallait saisir un prétexte: la can-
didature d'un Hohenzollern au trône d'Es-
pagne le fournit. Au besoin, on en aurait
fait surgir un autre. Un sénateur nous di-
sait à ce moment-là: « Quel besoin de pré-
texte avons-nous ? Il faut marcher, dût-on
se contenter de dire à M. de Bismarck :
Nous n'aimons pas' votre figure ! y Il n'y
avait qu'un cri dans tout le parti dynasti-
que : Courons au Rhin ! C'est sur le Rhin
que la révolution sera battue 1
S'il en était b@soin, nous serions édifiés
à cet égard par de récents livres d'histoire,
écrits d'après les témoignages et les docu-
ments les plus authentiques. L'ouvrage très-
sérieux de M. Sorel sur la diplomatie de la
guerre franco-allemande est écrasant pour
M. de Gramont, qui alluma de ses propres
mains, ce n'est pas trop dire, la guerre
qu'il croyait commandée par l'intérêt du
prinee. M. Taxile Delord vient de complé-
ter, par un sixième volume son Histoire
du second empire, œuvre considérable,
que l'auteur s'est fait une loi d'écrire avee
une impartialité sévère, craignant par-
dessus tout qu'on ne lui reprochât de s'ê-
tre érigé par système en. accusateur ; la
même conclusion y découle des faits. De
quelque côté que l'empire inclinât, il se
voyait tomber ; il perdit la tête et fit la
guerre.
C'était un crime contre le pays. Il l'ag-
grava par l'incapacité et la légèreté qui
devaient prévaloir et conduire soit la diplo-
matie, soit les armées. L'adversairo qu'il
choisit fut le plus redoutable ; il le provo-
qua sans alliés, et il l'attaqua sans prépa-
ratifs militaires. A consulter les chiffres du
budget, nous possédions une armée assez
belle; nous n'avions en réalité que 200,000
hommes à mettre en ligne, parce qu'il fal-
lait chaque année puiser au budget de la
guerre pour combler le déficit mexicain.
Les détails sont connus : partout la pénu
rie et l'incurie. Avec cela la certitude de
n'avoir à compter sur aucun secours du
dehors.
Dans ces coitionl, comment l'empe-
reur osa-t-il engager la lutte ? On dit qu'il
laissa voir des hésitations, des appréhen-
sions. Rien de ce qu'il savait ne pouvait
exciter en lui de confiance. Il se décida ce-
pendant, et.s'en remit à la fortune. Pour
une chance de salut de la dynastie, il ris-
quait la France et décidait qu'on marche-
rait au Rhin avec tout contre soi. Attendre
une occasion plus favorable ? Se donner le
temps de réorganiser l'armée, d'étudier un
plan, de munir la frontière? Il ne le pou-
vait pas; à l'intérieur, les événements
allaient trop vite. Tout s'effondrait sous
lui. Qui sait si l'on ne doit pas mettre au
nombre des causes qui l'engagèrent à brus-
quer la diversion le coup de pistolet tiré
par Pierre Bonaparte sur Victor Noir?
Coûte que coûte, il fallait sortir d'une si-
tuation si désespérée et si violente. En cas
de succès sur le Rhin, tout était préparé
pour un coup d'Etat ; des instructions avec
des listes de proscrits furent trouvées dans
,les préfectures après le 4 Septembre.
Maris ce qui vint ne fut pas la victoire. Il
fallait être aussi fataliste qu'un Bonaparte
pour l'espérer. Sur le champ de bataille de
Sedan, dans la voiture, escortée de cuiras-
siers blancs, qui le conduisait au quar-
tier général du roi Guillaume, Napoléon se
dit, sans doute, en guise de consolation :
C'était écrit 1 11 n'en avait pas moins livré
la France. Et ce n'est pas à Coulmiers ou
au Mans, ce n'est pas à Saint-Quentin, ce
p'est pas à Villersexel., ce n'est pas au
Bourget, ou à Champigny, ou à Buzenval,
que furent perdues l'Alsace et la Lorraine;
ce fut là. Elles étaient l'enjeu de la dy-
nastie.
EUG. LIÉBImT.
—
On se préoccupe beaucoup en ce moment
des résultats des déclarations faites par le
congrès de Paris le 16 avril.1856, et parti-
culièrement de celles qui concernent l'abo-
lition de la course maritime, c'est-à-dire
de l'action régulière des corsaires pourvus
de lettres do marque. On sait que la Russie
n'a pas hésité à profiter des événements de
1870 pour annuler de fait et de sa propre
autorité les clauses du traité de .1856 qui
étaient à son détriment. On &e demande
en ce moment si les grandes puissances
snaritimes de l'Europe ne vor\t pas à leur
tour suivre l'exemple de la Russie et re-
venir sur la décision prise par elles au su-
jet de la course.
Quelques mots d'explication sont ici in-
dispensables. Dans toutes les guerres pas-
sées, la course a rendu les plus grands ser-
vices à la France : elle convient admira-
blement à notre caractère national, elle
., -., ,. fv •
sert les intérêts de nos ports et de l'Etat,'
puisque celui-ci prélève un droit important
sur les prises faites par les corsaires. Les
corsaires sont, du reste, des combattants
réguliers, autodségpapgvern&ment
de la nation à laquelle ils appartiennent, et
qui fait sur mer la même guerre que les
partisans sur terre. Nous avons toujours
été fort habiles dans ce genre d'entreprises,
et ce n'est pas sans fierté qua nous pou-
vons citer les noms de Jean Bart, de P, u-
guay-Trouin et de Surcouf.
Or, mues par un sentiment philanthropi-
que qui n'a pas sa raison d'être quand il
s'agit des intérêts nationaux, les puissan-
ces signataires du traité de Paris ont dé-
claré la course abolie. Parmi ces puissances
celles qui ont une nombreuse marine.mar-
chande, comme l'Angleterre, la Frasce, la
Russie, renonçaient ainsi à tirer parti des
éléments de succès qu'elles avaient à leur
disposition, Les Etats-Unis, s'appuyant sur
cette considération, refusèrent d'adhérer à
la déclaration, en sorte qu'ils ont conservé
le droit de faire usage de la course et des
corsaires.
Dernièrement, il a été question, dans le
Parlement anglais, des principes nouveaux
posés par le congrès de Paris, et rien ne
prouve que, d'ici à peu de temps, les gran-
des puissances ne renoncent d'un commun
accord à les conserver, et qu'elles ne se dé-
cident à revenir à l'ancien état de choses.
Pour elles, il y a, en effet, tout intérêt à ce
que la course maritime soit rétablie. Les
bâtiments armés en course peuvent être,
en fait, requis par le gouvernement com-
me le sont les chevaux, les voitures,' les
naÕîtationl, etc. Quant aux corsaires,, ils
ne ne doivent être considérés que comme
des partisans légalement autorisés à faire
la guerre.
A une époque où, en cas de conflagra-
tion, toute la population valide d'un pays
est appelée à prendre les armes, et où torts
les moyens de combat doivent être mis en
action, on ne saurait comprendre pourquoi
la France en particulier négligerait la
moindre chance de succès. Le rétablisse-
ment de la course serait d'autant plus logi-
que dans notre pays que d'impérieuses né-
cessités budgétaires nous ont obligés à ne
pas accroître notre marine militaire.
UN PEU DE LOGIQUE !
M. le ministre de l'intérieur ne veut
pas que les candidats au Sénat soient
admis aux réunions que pourront for-
mer les électeurs, à qui incombe le * de-
voir de les élire.
Entre autres raisons qu'il a données
pour justifier cette exclusion bizarre,
M. Buffet en a développé une qui m'a
semblé plus étranger-encore que son
avis même. 4 r 1.
Parmi les candidats sénateurs, a-t-il
dit, il y en a qui ont la parole facile,
et d'autres qui ne sont point orateurs.
Ces derniers auraient évidemment, dans
une réunion électorale, un grand désa-
vantage sur leurs concurrents. L'im-
partialité. Vous savez, l'impartialité
vraie, celle dont M. Buffet lui-même a
parlé l'autre jour avec un bon sens si
exquis., l'impartialité donc exigeait
que l'on tînt la balance égale entre
les deux rivaux : il faut les écarter tous
de ces assemblées, où l'on pourrait s'a-
percevoir qu'il y en a de muets.
C'est ainsi que Théophile Gautier,
dans les dernières années de sa vie,
préférait juger les vaudevilles sans les
voir, parce qu'il se préservait ainsi de
toute influence et gardait de toute at-
teinte l'impartialité du critique.
Le raisonnement de M. Buffet serait
juste s'il était avéré que.les sénateurs:
ne dussent jamais avoir besoin de. la
parole; si le plus ou moins d'habilQt¡é:
à manier cet instrument ne devait pas
entrer en ligne de compte dans les mo-
tifs qui détermineront le choix des élec-
teurs.
Mais c'est le contraire qui est cer-
tain.
Sans doute il est souhaitable qu'un
sénateur ait du jugement, de l'instruc.
tion, de la prudence, qu'il aime son
pays, qu'il possède en un mot toutes
les qualités d'esprit que la politique
exige.
Mais ne faut-il pas aussi qu'il sache
exposer son avis en bons termes et
même qu'il ne soit pas étranger à l'art
de persuader les assemblées délibé-
rantes ? ,-
Entre un homme politique et un avo",
cat qui ne serait qu'un artisan de pa-
roles, mon choix ne serait pas douteux;
il est clair que je choisirais le premier.
Mais à mérite égal, il est clair aussi
que le don de la parole "fest un avan-
tage qui, jeté dans la balance la peut
faire pencher en faveur de celui qui en
a été gratifié par la, nature ou qui l'a
conquis par le travail. -
Si l'éloquence est un élément d'ap-
préciation, n'est-il pas absolument illo- ,
gique d'en priver, de parti pris, les
électeurs ? Tenir là balance égale entre
les candidats n'est que l'expression d'un
Sophisme, qu'il nous serait aisé de dé- 1
montrer en ses parties, si nous avions
la malice de recourir à nos proçédés
habituels d'analyse, qui sont cetix-de
Port-Royal, renouvelés d'Aristoté.., -
Quelle serait la majeure du syllo-
gisme que M. Buffet a enfermé dans
cette locution ?
Majeure. - Tous les candidats au
Sénat ont des droits egaux au choix
des électeurs.
Quelle serait la mineure ?
Mineure. — Si un candidat a la li-
berté de prouver sa supériorité en un
seul point sur ses concurrents, il ren-
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