Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1875-05-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 03 mai 1875 03 mai 1875
Description : 1875/05/03 (A5,N1246). 1875/05/03 (A5,N1246).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75582554
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/03/2013
6* Année. -'.No 1246.
Prix du numéro : Paris : 18 centimes. - IHpartemenu : 2iJ emtitoe*.
Lundi 3 Mai 1875.
'E
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR ',,:., ,'
REDACTION
Eradresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures 8 inuit
53, rue de Lafayette
Les lettres non affranchies seront refu*
ABONNEMENTS
PARIS
,
Trois meM.< 13 fr.
Six mois 25
Un an .;o. 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois 16 fif.
Six mois., S2
Un an. 62
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et G*
0, place de là fioine, 6
On eabonne à Londm s'chezgénérig
advertising, agent, 13.TaRoW.. Go'doa.
* - •' - * "i
ADMINISTRATION
îdreoffl lettres et mas data à ladmngmmtm
H, rue d. Lafayette
In tmmsôrftt non insérés ne seront pus rendus
ABONNEMENTS
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Trois mais* 13 fr.
Six mois.JBûa.. 25 I
Un an., 60
! DÉPARTEMENTS
Trois mois. 16 fr..
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AniMiieeR, chez MM. LAGRANGE, CERF et ce
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Les journaux ont mîs sr hx du
publie la correspondance échangée entre
la préfecture de police et le conseil muni-
ipal au sujet desMé&ordres qui ont sig-halé
1 enterrement de-M. Massol. L'incident
nous paraissait vidé, et notre intention
n'était pas d'y revenir; mais ce n'est pas
ainsi que réhtend la presse bonapartiste;
felle tîouve là une occasion toute naturelle
dEt s'attendrir sur les anciens procédés de
l'empire, et l'on pense bien qu'elle ne la
Veut point laisser échapper. S*il fallait l'en
eroire, les agents de la préfecture de police
auraient remporté une véritable victoire
au cimetière du Père-Lachaise 5 et les hon-
nêtes gens devraient se réjotiir que des ré-
publicains etist reçu une distribution
de coups de poings. Cela leur apprendra à
se réunir par milliers pour « enfouir civi-
lement leurs morts.
Il importe de ne jamais perdre de vue
que les bonapartistes ont pour spécialité
d'entreprendre les sauvetages de société ;
c'est ce qui explique avec quelle avidité
ils saisissent le moindre prétexte pour se
rappeler au bon souvenir de leur clientèle.
Les compagnies d'assurances n'en font pas
d'autres. Sitôt qu'un încehdie excite un peu
l'èillotiijn, - elles profitent du moment psy-
chologique pour faire au public leurs offres
de services. Rien de plus légitime, d'ail-
leurs, mais, du moins, les compagnies d'as-
surances ne recourent point à des incen-
dies postiches pour se créer des occasions
de réclame, tandis que les bonapartis-
tes !. N ont-ils pas le front de venir nous
parler de l'assassinat de l'agent Ticenzini
à propos de la bousculade du Père-La-
chaise ? Quel est leur but? Est-ce de don-
ner à entendre que les agents de police,
én rudoyant un conseiller municipal, n'ent
fait que venger leur malheureux collègue
« assassiné par les amis politiques de M.
Charles Loiseau ? » Ce sont les termes du
Pays. Ou bien se propose-t-on d'exeiter
contre une partie de la population pari-
sienne les agents de la sûreté publique?
Dans les deux cas, on fait injure à M. le
préfet de police en le supposant capable de
ne point réagir énergiquement auprès de
son personnel contre des excitations de,
cette nature.
On oublie que l'honorable M, Léon Re-
nault a couvert ses agents de sa responsa-
bilité. avait donné des ordres ; ils ont été
îlai compris ou mal exécutés, voilà le vrai*,
et, sans s'arrêter plus longtemps sur l'issue
heureuse ou malheureuse des démarches
faites à ce sujet par le conseil municipal
auprès du préfet de police, nous croyons
qu'il ne faut retenir de l'incident que la
nécessité de travailler à l'amélioration des
mœurs, restées un peu primitives, de notre
personnel de police. Nous disions tout à
l'heure que les ordres du préfet avaient,
sans doute, été mal compris ou mal exé-
cutés. C'est que, malheureusement, il en
est presque toujours ainsi. L'on va cher-
cher bien loin l'explication du peu de bien-
__,h- -
VeIuane, que la population parisienne té-
moigne aux agents de l'autorité. On s*é*
tonne que jamais il ne vienne à l'idée d'un
citoyen de prêter main-forte à un sergent
de ville. C'est que leur manière d'être n'est
pas engageante; ils comprennent mal la
consigne qui leur est donnée; ils ne se
rendent pas un compte exact de la mission
qu'ils ont à remplir; ils sont, en définitive,
nos protecteurs, et toujours ils ont l'air de
se croire nos adversaires.. Leur rôle est de
veiller sur les citoyens ; il semblerait tou-
jours qu'ils les guettent. Pourquoi ? Est-ce
de leur part inintelligence ou méchanceté T
Jfi l'un, ni l'autre. C'est affaire de tradi-
tion ; et c'et aux gouvernements qui se
Éont succédé en France qu'il faut faire
remonter la responsabilité de ce malen-
tendu. *
Nous ne parlons ici, bien entendu, que
de la police âamhibtrafiv; or, tous les
gouvernements ont prétendu l'employer,
-le cas échéant, dans un but politique. Sous
la Restauration, sous la monarchie de
Juillet, comme sous l'empire, on a voulu
changer, à certains moments, les protec-
teurs de l'ordre public, en agents de l'ordre
politique; de telle sorte qu'un moment est
venu où les deux rôles se sont confondus
dans leur esprit, et que, de leur côté, les
citoyens ont perdu de vue la distinction.
L'empire, tout particulièrement, avait fait
une règle absolue de ce cumul de deux
fonctions qui n'ont et ne devraient avoir
rien de commun. Mais il fallait faire de
l'ordre avec du désordre, et c'est ainsi
que prirent naissance les deux institutions
.qui recommandent plus spécialement l'em-
pire aux honnêtes gens : les blouses blan-
ches et la société des gourdins xénnis.
Comment voulez-vous demander à des
gens qui tantôt sont chargés de veiller à
la libre circulation des passants, et tantôt
au salut de l'empire ou de la royauté, qu'ils
sachent toujours distinguer entre des attri-
butions si diverses, qu'ils apprécient tou-
jours exactement la nature et la gravité
des circonstances, qu'ils aient enfin deux
poids et deux mesures, deux langages,
deux façons de procéder? Ils vont toujours
à l'extrême, pour être sûrs de n'être ja-
mais aceusés de tiédeur ou dé faiblesse.
C'est évidemment ce qui est arrivé au Père-
Lachaise. On leur avait annohcé une foule
énorme dont il fallait prévenir l'invasion ;
et nul ne suppose que M. le préfet de police
leur ait donné l'ordre de jouer des poings
pour exécuter plus rapidement la consi-
gne. Mais il en est, dans le nombre, qui se
sont souvenus d'une autre époque, et ils
ont cru mériter les éloges de M. Renault'
comme ils avaient mérité, autrefois les-élo-
ges de M. Piétri. C'est la t't\ u te de la tradi-
tion, et c'est la tradition, ce sont les moeurs
de ce personnel qu'il faut refaire.
Nous parlions tout à l'heure de la Res-
tauration. ; les choses s'y passaient tout de
même. Nous relisions Ce matin même le
récit de la bagarre survenue en 1827 aux
obsèques du duc de La Rochefoucauld-Lian-
court. Les élèves de técoÍe de Châlons
avaientlollicité et obtenu de la famille l'hon-
neur de porter à bras le corps dudéfunt.Tout
se passà bien jusqu'à l'église ; mais quand
il s'agit de partir potir le cimetière, un
agent ordonna aux porteurs de déposer
leur fardeau. Les élèves en appellent à la
famille et protestent de leur droit. Sur un
signe de l'agent, ils sont empoignés, "bous-
culés; le eerCueil tombe "sur la pavé et
s'entr'ouvre. Indignés de cette profanation,
les assistants veulent intervenir; on en
arrête un grand nombre. Et le lendemain,
-M. le duc Victor de Broglie interpellait à
la tribune le ministère de l'intérieur en
ces termes i
« Par quelle fatalité arrive-t-il que tou-
» tes tes fois que les volontés ou les amours-
» propres de l'administration se trouvent
» en jeu, l'emploi déjà force est toujours
» précipité, violent, accompagné, de désas-
» tres fQllant à moit je ne puis contempler
» froidement ce mépris de l'humanité ; je
» ne puis contempler froidement les pro-
» cédés d'une administration à la fois in-
» souciante et fantasque, qui traite des po-
» pulations paisibles comme un bagne de
» forçats dont on ne peut rien obtenir que
» le sabre au poing et la menace à la bou-
» Che. »
Dieu nous garde d'adresser à l'adminis-
tration actuelle des paroles aussi sévères,
surtout au sujet d'un incident dont on a
peut-étra exagéré les proportions î Nous
avons voulu seulement prouver que le mal
dont nous nous plaignons ne date pas d'hier,
et nous serions heureux de pouvoir dire un
jour que M. Léon Renault a eu le mérite et
l'honneur d'y remédier.
E. SCHNERB.
—— —
Nos lecteurs savent que M. Dufaure a
adressé aux procureurs généraux une circu-
laire peur leur rappeler les instructions qu'il
envoyait aux juges de paix en 1871. -
M. le garde des sceaux veut que les juges
de paix ne se mêlent pas de politique et° il
s'exprime en ces termes :
! ! !
J'ai déjà, sut lèbtdemf.lnd, autorisé plu-
sieurs de vos collègues à rappeler à MM.
les juges de paix d9 lettr ressort lès-in-
structions que je leur avais données par
une circulaire du 15 juin 1871.
L'expériellèe qui a été iaite depuis un
an me persuade de plfcs en plus qu'une rè-
gle simple et absolue est nécessaire pour
l'honneur et l'indépendance de la magistra-
tur.. , ,
Ja. vous prio donc de leur rappeler ces
instructions et, sans revenir sur le passé,
de me faire-connaître à l'avenir ceux qui
auraient le toit de s'en écarter.
-
Recevez, etc. - .1'
— * ——*—-
Soixante-quinze membres du Sénat doi-
vent être nommés par l'Assemblée natio-
nalef. Î1 va de soi que rien ne peut être
arrêté, ni préparé même, ayant la fin des
vacances actuelles ; mais il est naturel que
l'opinion s'intéresse dès maintenant à ce
qui sera fait et s'en préoccupe. Déjà l'on
prononce des noms; déjà même on colporte
des listes entières. L'Indépendance belge
a reçu de son correspondant et a publié
une de ces listes, qu'on ne saurait, d'ail-
leurs, prendre au sérieux ; car elle est
ridicule. Les quatre premiers noms que
l'auteur a mis en regard sont ceux de MM.
Barthe' et de Cumoni, Bertauld et Daru,
et ainsi de suite. Cette liste n'est composée
que de membres de l'Assemblée nationale,
dont quelques-uns ont donné des gages de
médiocrité navrante.
Le Journal de Paris protestait hier
contre xette prétendue liste, bien que les
noms de ses amis politiques y rigurent en
grand nombre. Elle n'est bonne, écrit-il,
qu'à les compromettre. Il se pourrait bien.
Seulement, le Journal de Paris émet, à
ce propos, des idées bizarres sur les choix
que la Chambre devrait faire parmi ses
membres actuels. Il s'écrie, par exemple :
« Est-il admissible qu'on omette déporter
sur la liste des sénateurs và nommer par
lar Chambre M. de La Rochefoucauld-Bisac-
cia et M. de Larcy ? »
Nous sommes réduits à en faire l'aveu,
ces omissions nous paraissent les plus ad-
missibles du monde, et nous dirons même
que nous ne saurions découvrir ce qui
pourrait justifier les choix que notre con-
frère .indique. Pour M. de La Roehefou-
cauld-Bisaccia, en particulier, nous 'ne
croyons pas que ce soit un titre suffisant
de s'être signalé par une ou deux es-
clandres royalistes, étant ambassadeur à
Londres. Au moins serions-nous étonnés
que' la msjorité constitutionnelle voulût
récompenser par un siége au Sénat le zèle
intempérant de M. de La Rochefoucauld-
Bisaccia pour la monarchie traditionnelle.
A quoi bon ? Où seraient l'utilité, la conve:
nance ? Sans tomber dans un rigorisme ou-
tré, il semble élémentaire de ne point en-
voyer au Sénat des hommes politiques -qui
n'aient pas fait au moins acte d'adhésion à
la constitution du pays. Nous serions cu-
rieux de voir, à'son tour, le Journal de
Paris dresser une liste ; y mettrait-il
M. Roulier auprès de M. de Larcy ? On se-
rait tenté de le supposer, à en juger par
les raisonnements qu'il tient" Et dire que
notra confrère a commencé par rejeter
bien loin la liste du correspondant de l'In-
dépendance, qu'il ne trouve pas « s é -
rieuse ! » En bonne conscience, est-il lui-
même si convaincu que cela d'être « sé-
rieux 7 »
La majorité constitutionnelle ne doit pas
admettre, sur la liste des 75 sénateurs, des
adversaires de la constitution, qui, une fois
élus, formeraient un noyau d'opposition
anti-républicaine et intransigeante. C'est
un premier point que nous Voudrions voir
hors de conteste. Il en est un sebond. sur
lequel nous sommes d'accord avac le Jour-
nal de Paris. On a remarqué que la liste
donnée par XIndépendance belge se com-
pose exclusivement de députés ; il en est de
même pour les quelques autres qu'on a fait
courir. Or, ce serait une grave erreur de
croire que la Chambre ne dût. répartir
qu'entre des membres de la Chambre les
75 sièges de sénateurs dont elle disposera.
Du reste, il n'est pas besoin d'y songer
longtemps pour reconnaitre qu'elle ne sau-
rait se confiner ainsi, dans ses choix, à
l'enceinte du palais de Versailles. On ne
concevrait pas de plus lourde faute. Aussi
n'est-il pas même nécessaire d'inviter l'As-
semblée nationale à s'en garder.
Eus. fuEBÈRt. 1
*-r— —
CAUSERIES DU DIMANCHE
XlŸ'
« A quoi pensent-ils? » C'était la
question que s'adressait à lui-même, et
peut-être aux personnes de son entou-
rage, un illustré homme d'Etat qui vi-
sitait, il y a trois ans, l'exposition des
Champs-Elysées. Nul, que je sache, ne
répondit à cette question.
Ëa effet, l'absence d'idées est certai-
nement ce qui frappe tout visiteur im-
partial qui se promène dans les gale-
ries de peinture au palais de l'exposi-
tion. « A quoi pensent-ils ? » Tant de ta-
lent dépensé, tant d'efforts et de re-
cherclies, tant de verdeur juvénile, et
si peu d'idées! ou, parfois, des idées
fausses, Pourqu.ÓI -
La masse des idées dévolues atii
Français ^'est-elle répartie seulement
chez les savants, chez quelque écri-
vains et quelques hommes politiques
pour abandonner définitivement le cer-
veau des artistes ? Ce phénomène est-il
dû à ce qu'on - appelle le hasard, ou à
un état particulier à notre temps, ou à
un défaut dNâdiication, ou au goût du
Publie ?
Mais d'abord, comme cette observa-
tion peut surprendre quelques person-
nes, il est bon. de s'entendre. Qu'est-ce
qu'une idée, dans le domaine de la
peinture ? L'idée, en peinture, réside-
fcelle dans le choix d'un sujet historique
ou dramatique, ou comique, dans l'évo-
cation d'une scène d'un autre âge, dans
latinise sur - toile d'une anecdote an-
cienne ou récente, ou simplement dans
la reproduction dun fait vulgaire? Il
paraîtrait que l'idée est absolument
indépondarie du choix d'un sujet, mais
qu'elle tient à la manière de le traiter.
C'est pourquoi, dernièrement, je de-
mandais qu'on nous expliquât, une
bonne fois, ce qu'on entend par le grand
art.
Comment apprend-on aux artistes
leur métier ? — Et c'est à dessein que
je me sers de ce mot, puisqu'on ne leur
enseigne, à l'Ecole des beaux-arts-, que
le métier. — Il s'agit d'arriver à bros-
ser convenablement une académie, d'a-
près certains procédés particuliers à
chacun des -professeurs ; puis de faire
voir aux élèves quelques chefs-d'œu-
vre connus, de leur donner quelques
notions matérielles de composition, de
les habituer à imiter le faire du maî-
tre, de les envoyer copier-quelques ta-
bleaux au Louvre, puis, s'ils ont pour
eux la chance, de les admettre à la
villa Médicis, à Rome, où ils copieront.
encore certaines œuvres magistrales,
feront une académie et termineront par
une composition, le tout dans cet en-
tourage de' camaraderie charmant,
mais, au fond, très-peu favorable au
développement des natures douées d'o-
riginalité.
Quant à ceux qùi ne suivent pas jus-
qu'au bout la voie officielle, tout leur
souci est d'atteindre à une adresse de
main prodigieuse, de découvrir une
veine à succès, et des marchands ou
amateurs. Celui-ci possède admirable-
ment son troupier, cet autre excelle
dans le rendu des costumes du der-
nier siècle et les chiffonnages des bou-
doirs. Pierre attire les acheteurs par
des scènes quelque peu équivoques,
rendues avec une minutieuse exactitude
dans les moindres détails. Paul s'atta-
chera à l'archéologie et nous fera re-
vivre de vrais Grecs, de vrais Romains
ou Gaulois, en mettant les musées de
Naples, du Louvre et de Saint-Germain
en réquisition avec la patience d'un
antiquaire. Pas un accessoire ne sera
contestable, et jusqu'à une épingle,
tout sortira des musées archéologi-
ques..
J'en passe. Mais qu'est-ce que cela
prouve, sinon des recherches, une pré-
cision de costumier consciencieux et
dlantiquaire irréprochable, une habi-
leté de main merveilleuse? Où est l'idée
qui fait vivre ces marionnettes admi-
rablement habillées, maquillées et en-
tourées de leurs accessoires? Où est
l'idée qui demeurera comme un clou en-
foncé dans le, cerveau de celui qui re-
garde ?
Chose singulière ! au milieu de tant
d'œuvres empreintes d'un talent incon-
testable, les seuls, ou à peu pfès les
seuls tableaux qui font rêver, ce sont
des paysages, si toutefois l'artiste n'a
pas prétendu forcer li note et avoir
plus d'esprit que là nature;
La nature, en effet, ne donne jamais
des rébus à deviner. Elle est désolée
ou luxuriante, sombre ou gaie, tour-
mentée ou tranquille, tout bonnement ;
c'est son idée à elle, et si le peintre la
comprend tant soit peu, il fait pénétrer
dette impression dans l'esprit du spec-
tateur.
Le clou est enfoncé et il resté. Ah 1
dame ! c'est qu'on n'enseigne guère le
paysage à l'Ecole des beaux-arts et que
les paysagistes se sont dit un jour - il
n'y pas longtemps — que pour faire
du paysage, le plus simple était d'aller
vivre et peindre au milieu des - cam-
pagnes.
Pourquoi, n'en va-t-il pas de même
pour les peintres — je na dirai pas de
genre ou d'histoire, car ces 'classifica-
tions me semblent bêtes, mais — de su-
jets ? C'est plus difficile; j'en conviens.
Le'rbres, lés champs et la mer se
làissent voir tels qu'ils sont, et n'ont
pas de secrets pour les yeux ni pour le
cœur. Il n'en est pas ainsi de homme.,
D'abord, il habille son corps, et si on lui
enlève cette peluce, il est fort gêné ;
puis ii habille ses passions, ses désirs,
ses moindres penseas, et l'enveloppe ne
répond pas toujours à ce qui se passe
en dedans de lui-même. Il faut donc
admettre que le peintre « de sujets »
connaîtra exactement ce corps revêtu
d'une pelure, mais encore sera suffi-
samment philosophe pour deviner la
pensée d'un personnage, ou mettre son
apparence extérieure en harmonie avec.
la pensée qu'il lui prêtera ou qu'il vou-
dra qu'on lui prête.
C'es.t plus compliqué, surtout si le
sujet comporte une scène entière, et si
cette scène se passe en des temps éloi-
gnés de nous/où les gens ne pansaient
pas comme nous et par conséquent ma-
nifestaient d'autres apparences.
Je ne vois pas de mal à ce qu'on fasse
de l'archéologie en peinture, mais alors il
faudrait non-seulement que les person-
nages représentés reproduisissent, exac-
tement les vêtements qu'ils portaient et
fussent entourés des accessoires ap-
partenant à l'époque choisie, mais,
bien plus, que leurs gestes, leurs atti-
tudes, leur physionomie, ne fissent pas,
avec ces temps passés,, un contraste
choquant. Il est certain que l'expres-
sion d'un sentiment passionné, violent,
à toujours été la même, quel que soit le
milieu où l'homme ait vécu; mais nos
artistes choisissant habituellement des
scènes familières, intimes, cette coïn-
cidence n'existe plus a\j'; qu'on se re-
porte à un, autre siôele.. *
Or, regardons tous ces tableaux à
la mode aujourd'hui et recherchés des
amateurs, qui les paient des prix fous,
quand ils sortent de l'atelier d'un, peintre
en renom; ces personnages si finement,
rendus, vêtus d'habits bien faits pour
eux, se comportent exactement d'ail-
leurs comme vous et moi. Ce sont nos
gestes, nos allures; nos attitudes. Il
suffit cependant de jeter les yeux sur
d'anciens tableaux ou gravures, en sup-
posant qu'il s'agisse de remonter d'un
siècle ou deux, 'pour constater que si
les costumes d'alors différaient des nô-
tres, il en était de même de la manière
d'être.
Que sera-ce donc si nous remontons
aux Romains, aux Grecs et aux Egyp-
tiens ! Le dilèmme, pour les peintres,
est donc celui-ci t ou représentez nous
une scène dans laquelle l'idéa ait assez
de puissance, frappe assez le specta-
teur pour qu'il ne se préoccupe pas du
côté réel, de'l'exactitude du détail; ou,
si vous voulez nous charmer par une
épreuve photographique d'un-e action
banale d'ailleurs, mais qui aurait été
exactement prise sur le vif il y a quel-
ques siècles, alors faites que vos per-
sonnages appartiennent à ce siècle'et
n'aient pas l'air der Parisiens et de Pa-
risiennes de 1875 habillés en Grecs de
l-antiquitê ou en marquis et marquises
de 1770
J'ai écrit le mot photographie, et ce
n'est pas sans intention. La photogra-
phie opère dans l'art, quoi qu'en disent
les peintres, une révolution profonde.
D'abord elle a habitué les yeux du. pu-
blic à une rectitude dans l'imitation de
la nature qui le rend'très-difficile, et
cela certainement an détriment de l'in-
tention, de la pensée dominante, de
l'idée enfin qui doit se trouver dans
toute œuvre d'art ; elle-a nais à la por-
tée de tous l'exactitude du détail, la
valeur des accessoires ; et beaucoup de
gens, qui jamais n'avaient regardé la
nature, se sont pris à l'analyser jusque
dans ses infimes accidents, par l'exa-
men des épreuves photographiques.
Les artistes, loin de réagir contre cette
dérivation du goût du public, l'ont sui-
vie; peut-être parce qu'ils n'étaient pas
de force à engager la lutte, peut-être
aussi parcequ'ils ont trouvé là un filon
à exploiter.
Toujours est-il que, de gré ou de force,
ils se sont engagés dans cette voie en
cherchant seulement à donner à la pho-
tographie l'esprit qui lui manque tou-
jours, et dont, heureusement, ils sont
amplement pourvus.
Je sais bien que, de la meilleure foi
du monde, tous réclameront; jurant
par Raphaël ou Rembraud, Titien ou
Metzu, que jamais, au grand jamais,
ils n'ont eu recours à la photographie.
Je les crois, mais ils ne peuvent empê-
cher la photographie d'exister, d'avoir
eu sur le public et sur eux-mêmes, et
malgré eux peut-être, une influence
considérable, d'avoir révélé, des secrets
séduisants, d'avoir supprimé la penjée
pour mettre à la place l'exactitude mi-
nutieuse, attrayante, curieuse, occu-
pante.
Et, chose étrange! cette révolution
était si bien dans les tendances du siè-
cle qu'elle se manifestait déjà même
atant la découverte de' Daguerre. Des
peintres, comme Paul Delaroche, pour
ne citer que celui-là, s'engagèrent dans
cette voie. Son Cromwell, sa Jane
Gray manifestent déjà cette tendance
à l'inventaire, au procès-verbal minu-
tieux d'un fait, absorbant la pensée
dominante. L'Académie des beaux-arts
compte parmi les membres les plus ac-
tifs de la section de peinture, des ar-
tistes qui sont à la tête de ce mouve-
ment, et, certes, pourrait-on les considé-
rer comme des ennemis dans la place,
si l'Académie des beaux-arts avait en-
core la prétention justifiée de conserver
les grandes traditions de l'art.
Mais elle ne songe qu'à se conser-
ver elle-même sans perdre son .temps à
discuter, et l'influence déplorable qu'elle
exerce sur l'Ecole tend de plus en plus
à pousser la jeunesse .sur ce filon pro-
ductif du procès-verbal ou de l'inven-
taire, en matière de peinture. L'ama-
teur donne. c'est bien ; mais donnera-
t-il toujours ? Ne se fatiguera-t-il pas de
ces photographies enluminées qu'on
appelle des tableaux? Les efforts des
spéculateurs sur les œuvres des pein-
tres dont les toiles valent un million le
mètre -superficiel à cette heure, pour-
ront-Hs soutenir ces valeurs sur le
marché? N'arrivera-t-il pas une débâ-
cle ? Si la jeunesse était avisée, elle de-
vrait prévoir ce moment fatal; car cer-
tains symptômes le font pressentir. Elle
devrait donc s'armer en conséquence,
et ce n'est pas l'Académie des beaux arts
qui lui fournira ces armeg, d'abord
parce qu'ellè ne les possède pi as dans,
son 'arsenal, puis parce qu'il ne eri\.it
nullement de son intérêt de les donner
si elle les possédait.
Si la jeunesse était avisée, elle se
dirait que nous vivons encore sous l'im-
pulsion donnée au pays par l'empire.
Mais la machine s'arrêtera un jour,
car les chauffeurs et machinistes dis-
paraîtront peu à peu, et on ne les re-
nouvellera pas. J'admets parfaitement
que cet art, tout de recherche, d'ex(.
cution précieuse, de mièvreries, bourré
de petites intentions, fertile en rébus,
graveleux, dévot ou sentimental sui-
vant l'occasion, était exactement à la
hauteur de la société telle que la sou-
hétita{ 'empire. On apprivoisait le lion
haitait
par des douc.;:.:_rs plus ou moins aVOlta-
bles ; on lui parlait len officiellement
du grand art, mais on prei^Y'3^' la mu-
du grand art, mais on P ~-clt>
sique d'Orphée aux Enfers à 1 es
Huguenots, et si on plaçait .Ingres sur
un piédestal, on accrochait des Frago-
nard sur les faces du socle.
Doac, jeunes artistes, défiez-vous ;
mles temps peuvent devenir durs pour
tous ces oripeaux de satin chiffonné et
toutes ces recherches d'une archéologie
douteuse. Tout en apprenant le métier,
— et il faut avouer qu'on le sait admi-
rablement bien aujourd'hui, — ayez des
idées, non des intentions ingénieuses.
MaJs, direz-vous, où cela pousse-t-il ?
Cela pousse naturellement dans les cer-
veaux qui s'emplissent par l'élue qui
comparent, observent, et, par consé-
quent, réfléchissent. Car soyez assurés'
qu'on trouve plus d'idées, - fût-ce dans
une solution géométrique, que dans une
bouteille de bière. Beaucoup admettent,
s'il s'agit de peinture, que l'idée n'est
autre chose .que le choix d'un sujet.
Sur ee, ayant mis la main sur un fait
dramatique, pn s'en va chercher dans
les quarante-cinq volumes de la Bio-
graphie universelle de Michaud, ou
dans quelques auteurs qui ont traité
la question, les détails nécessaires ;
puis on se met à l'œuvre. Soyez cer-'
tains que cette information de circon-
stance ne peut tout au plus que vous
éviter un anachronisme, ou quelque
grossière bévue. Pour qu'une idée res-
sorte d'un sujet traité, il faut plus que
cela; il faut, pour ainsi dire, avoir vé-
cu familièrement avec les hommes qui
ont participé à l'acte reproduit par
votre pinceau.
Il faut avoir observé leurs mœurs et
leurs habitudes, il faut évoquer, par la
pensée, la scène dans le milieu et les
circonstances où elle a dû se passer.
Alors, on ne vous chicanera pas sur
une boucle de ceinturon ou sur la forme
d'un soulier. Vous pourrez même, si
bon vous semble, ne tenir aucun compte
de toute la friperie costumière. Voulez-
vous un exemple ? Tout le monde con-
naît la fresque de' Raphaël : la Dispute
du Saint-Sacrement.
Bien peu de gens savent si on a dis-
cuté à propos du - Saint-Sacrement, et
quels sont les personnages qui ont as-
sisté à cette discussion. Le sujet est
absolument hors de question ; il n'est
ni dramatique, ni touchant, ni gai, ni
actuel surtout. Et cependant cette pein-
ture laisse dans l'esprit une forte im-
pression; pourquoi ? Parce que l'artiste
a su si bien mettre en scène ses per-
sonnages, a su leur donner dès physio-
nomies si attentive, graves et pansan-
tes, qu'on sent qu'il s'agit, dans cette
assemblée, de résoudre une grosse
question. Voilà toute l'idée ! Elle est
bien simple, encore fallait-il l'avoir et
savoir comment s'y prendré pour la
rendre.
Vous faut-il encore un autre exemple,
pris dans un cadre très-réduit? Avez-
vous vu le Christ à l'obole, du Titien,
de la galerie de Dresde? Non. Alors,
allez le voir. La toile ne contient que
deux têtes, celle du Christ et celle du,
paysan madré qui montre l'effigie de
César. Le Christ jette un regard vague
sur cette obole, regard plus offensé de
la grossièreté du piège que de l'inten-
tion même du tentateur. On entend-la
phrase laconique ! et sèche qui sort de
sa bouche. -
C'est bien cela, » se dit-on, et l'ex-
pression de cette physionomie ccntHjUe,
sublime dans son dédain, demeure éter-
nellement gravée dans l'esprit du spec-
tateur. Voilà l'idée. Quelle est la cou-
leur du bout de robe du Christ ? Je n'en
sais rien. Est-elle brodée ou unie ? Je
n'en sais rien. Je sais seulement que
cette bouche à peine entr'ouverte, a
dû prononcer le sermon sur la mon-
tagne, que cette tête a dû se pencher
sur lil poussière où la main traçait les
mots : « Que celui qui est sans péché
luLjette la première pierre! >
E. VIOLLET-LE-Duc.
:— ——>
C'est la ¡re' chambre du tribunal civil,
sous la présidence da M. Aub4pin, qui a
Côndatnné avant-hier le journal de M. Veuil-
lot à 4,000 francs de dommages-intérêts, et
non le tribunal de police correctionnelle.
M. Veuillot est plus heureux que sage. Ma
nous devons encore une autra réparation à
VUnivers. « Notre rôle, dit-il, est de pié-
tiner dans la boue. » Nous n'avions, pas
cru si bien faire en mettant le pied sur la
tête des Veuillot, des Loth et des Roussel.
•
PARLEMENT BELGE.
Incident relatif à la note allemande.
--
Séance du 30 mril.
PRÉSIDÇNCB DE M. ÏACK, VICB-PRÉSIDENJ..
La séance esi on verte à deux hc arcs- et
demie. -
MM. Pet.y, Lefebvre et Santkin déposant
des ràPflori. sur des demandes de naLUITa-
lisai ion.
M. Octs (motion d'úrJ,re).- Kons avons en-
tamé la discoéiioa du budget des travaux pu-
blie., qiii d'ordinaire absorba plusieurs se-
main?«s: La Chambre 'a jixAVn pâtre à mardi
hne dis-Mission financière dont personne ue
peut prêveir ia'^iupée. Je rléjr':wai PJ\voi"fr
dans cette situMion, il entre -laits les inten-
tiog du gôuvçirnçijaeut de recaler juqq'ti'a-
pré,) ces diverses discussions les explica-
tions qui ont été promises depuis quelqu©
temps à propos de l'incident tli,p,l'JIUè!Ü'{Q.a
avec rAllmagne. Ces explieiitiohs devaient
être données lorsque la gouvernement aurait
répondu à la dernière note allemande. Je ne
sais si cettn réponse a été donnée. Mais par-
tout ailleurs qu'en Bsiaricrve. dans les navsf
c,?J*stitut.ionnelff, on s'occupe de la situation.
En RëfftwUti| s~utement on ne ait riee d:ffl
ciel eodore. wette situation préoccupe. 1 es-
prit public, et à titre. Si 111 gouverne-
ment n'^st pas'encore a. ^ôrne de fiiîreçspser
cette situation, qu'il nous dise' les raisons
qui l'en empêchent.
Je demanderai donc - au gouvernement s'il
peut nous fixer un délai pour la discussion
et si la discussion du budget des travaux pu-
blies sera interrompus à cette occasion.
M. d'A:o:premont-Lyuden, miaistre des af-
faire -étra.ngèl'e:s. — Le gouvernement a
adressé à S. Exc. le comte de Perponeher sa
réponse à la note du 15 avril. Nou serons Pn
mesure d'en donner èammuf ication & la Cham
bre dans la séance d. mard i.
M. Malou, ministre ëes finances. - Si la
oornmoBieatâpai * lie» jmardi, il fall'irait sa-
voir si l'on en abordera imt$édiat<3$a*mt la
di6ngiQn. - >
M. Otls. - Userait assez difficile de pren-
dre uflô décision a ce propos. Il est évident.
(tup les explications qui seront données seront
touiés noitvellès pour la Chambre. H est juste
que ics membres de la Chambre puissent les
étudir-f.
M. Frère. — NbQ" ne savons * ce que le
gouvernement, nous diNt. mardi. Je crois que
dans tous les cas la communication du gou-
vernement nécessitera une impression des
pièces et que. dans tous les cas, on ne pourra
discuter mardi.
M. Kervyn (Bruno). — Il semble important
que l'on snche, si la discussion s'engagera
mardi. (Rires îi gatièhe.)
M. Frm.'e: — N;ou@ entendrons le gouverne.
ment.
L incident est clos.
: —
Les forces militaires de l'Europe
II
ANGLETERRE.
Nou-s ne savons ai, de l'autre côté de
la Manche, on a suiri, avec to t l'in-
térêt qu'elles méritent, les transforma-
tions qui se sont opérées dans, 13 in-
stitutions militaires de presque toutes les
puissances, européennes depuis 186J; mais
il ne sembla pas que l'on se soit décidé à
les adopter.
Ni le récit de la Bataille de Dorking^ ni
cet autre ouvrage intitulé : Comment noies
avons -perdu les Indes, ne paraissent
avoir jusqu'ici tiré l'Angleterre de l'espèce
d'indifférettce avec laquelle elle assiste en
spectatrice aux événements qui se produi-
sent sur la continent. Que lui imnort.e?
disent les uns ; l'Angleterre" n'oune île ayant pour 44 d.ifeiv > une flotta
formidable, et ses intérêts ne sont-ils pas
plutôt portés vers hî Nouveau-Monde?
Soit; mais le petit bras de mer qr!" sé-
pare la Grande-Bretagne de lEGrOi'I"nest
Prix du numéro : Paris : 18 centimes. - IHpartemenu : 2iJ emtitoe*.
Lundi 3 Mai 1875.
'E
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR ',,:., ,'
REDACTION
Eradresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures 8 inuit
53, rue de Lafayette
Les lettres non affranchies seront refu*
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PARIS
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Trois meM.< 13 fr.
Six mois 25
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Trois mois 16 fif.
Six mois., S2
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Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et G*
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On eabonne à Londm s'chezgénérig
advertising, agent, 13.TaRoW.. Go'doa.
* - •' - * "i
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- 8, waftow la BODIIe, a
Oug'ABOMÂÀ Lonére#l.cJie&M» A, MAXTRU» général
advertiaiag, Ment, 13, t..vistocbow,.cweat. Garden.,
- -1 - 11
Parte, te 2 mai is7$.
'-' ::.> t:.
Les journaux ont mîs sr hx du
publie la correspondance échangée entre
la préfecture de police et le conseil muni-
ipal au sujet desMé&ordres qui ont sig-halé
1 enterrement de-M. Massol. L'incident
nous paraissait vidé, et notre intention
n'était pas d'y revenir; mais ce n'est pas
ainsi que réhtend la presse bonapartiste;
felle tîouve là une occasion toute naturelle
dEt s'attendrir sur les anciens procédés de
l'empire, et l'on pense bien qu'elle ne la
Veut point laisser échapper. S*il fallait l'en
eroire, les agents de la préfecture de police
auraient remporté une véritable victoire
au cimetière du Père-Lachaise 5 et les hon-
nêtes gens devraient se réjotiir que des ré-
publicains etist reçu une distribution
de coups de poings. Cela leur apprendra à
se réunir par milliers pour « enfouir civi-
lement leurs morts.
Il importe de ne jamais perdre de vue
que les bonapartistes ont pour spécialité
d'entreprendre les sauvetages de société ;
c'est ce qui explique avec quelle avidité
ils saisissent le moindre prétexte pour se
rappeler au bon souvenir de leur clientèle.
Les compagnies d'assurances n'en font pas
d'autres. Sitôt qu'un încehdie excite un peu
l'èillotiijn, - elles profitent du moment psy-
chologique pour faire au public leurs offres
de services. Rien de plus légitime, d'ail-
leurs, mais, du moins, les compagnies d'as-
surances ne recourent point à des incen-
dies postiches pour se créer des occasions
de réclame, tandis que les bonapartis-
tes !. N ont-ils pas le front de venir nous
parler de l'assassinat de l'agent Ticenzini
à propos de la bousculade du Père-La-
chaise ? Quel est leur but? Est-ce de don-
ner à entendre que les agents de police,
én rudoyant un conseiller municipal, n'ent
fait que venger leur malheureux collègue
« assassiné par les amis politiques de M.
Charles Loiseau ? » Ce sont les termes du
Pays. Ou bien se propose-t-on d'exeiter
contre une partie de la population pari-
sienne les agents de la sûreté publique?
Dans les deux cas, on fait injure à M. le
préfet de police en le supposant capable de
ne point réagir énergiquement auprès de
son personnel contre des excitations de,
cette nature.
On oublie que l'honorable M, Léon Re-
nault a couvert ses agents de sa responsa-
bilité. avait donné des ordres ; ils ont été
îlai compris ou mal exécutés, voilà le vrai*,
et, sans s'arrêter plus longtemps sur l'issue
heureuse ou malheureuse des démarches
faites à ce sujet par le conseil municipal
auprès du préfet de police, nous croyons
qu'il ne faut retenir de l'incident que la
nécessité de travailler à l'amélioration des
mœurs, restées un peu primitives, de notre
personnel de police. Nous disions tout à
l'heure que les ordres du préfet avaient,
sans doute, été mal compris ou mal exé-
cutés. C'est que, malheureusement, il en
est presque toujours ainsi. L'on va cher-
cher bien loin l'explication du peu de bien-
__,h- -
VeIuane, que la population parisienne té-
moigne aux agents de l'autorité. On s*é*
tonne que jamais il ne vienne à l'idée d'un
citoyen de prêter main-forte à un sergent
de ville. C'est que leur manière d'être n'est
pas engageante; ils comprennent mal la
consigne qui leur est donnée; ils ne se
rendent pas un compte exact de la mission
qu'ils ont à remplir; ils sont, en définitive,
nos protecteurs, et toujours ils ont l'air de
se croire nos adversaires.. Leur rôle est de
veiller sur les citoyens ; il semblerait tou-
jours qu'ils les guettent. Pourquoi ? Est-ce
de leur part inintelligence ou méchanceté T
Jfi l'un, ni l'autre. C'est affaire de tradi-
tion ; et c'et aux gouvernements qui se
Éont succédé en France qu'il faut faire
remonter la responsabilité de ce malen-
tendu. *
Nous ne parlons ici, bien entendu, que
de la police âamhibtrafiv; or, tous les
gouvernements ont prétendu l'employer,
-le cas échéant, dans un but politique. Sous
la Restauration, sous la monarchie de
Juillet, comme sous l'empire, on a voulu
changer, à certains moments, les protec-
teurs de l'ordre public, en agents de l'ordre
politique; de telle sorte qu'un moment est
venu où les deux rôles se sont confondus
dans leur esprit, et que, de leur côté, les
citoyens ont perdu de vue la distinction.
L'empire, tout particulièrement, avait fait
une règle absolue de ce cumul de deux
fonctions qui n'ont et ne devraient avoir
rien de commun. Mais il fallait faire de
l'ordre avec du désordre, et c'est ainsi
que prirent naissance les deux institutions
.qui recommandent plus spécialement l'em-
pire aux honnêtes gens : les blouses blan-
ches et la société des gourdins xénnis.
Comment voulez-vous demander à des
gens qui tantôt sont chargés de veiller à
la libre circulation des passants, et tantôt
au salut de l'empire ou de la royauté, qu'ils
sachent toujours distinguer entre des attri-
butions si diverses, qu'ils apprécient tou-
jours exactement la nature et la gravité
des circonstances, qu'ils aient enfin deux
poids et deux mesures, deux langages,
deux façons de procéder? Ils vont toujours
à l'extrême, pour être sûrs de n'être ja-
mais aceusés de tiédeur ou dé faiblesse.
C'est évidemment ce qui est arrivé au Père-
Lachaise. On leur avait annohcé une foule
énorme dont il fallait prévenir l'invasion ;
et nul ne suppose que M. le préfet de police
leur ait donné l'ordre de jouer des poings
pour exécuter plus rapidement la consi-
gne. Mais il en est, dans le nombre, qui se
sont souvenus d'une autre époque, et ils
ont cru mériter les éloges de M. Renault'
comme ils avaient mérité, autrefois les-élo-
ges de M. Piétri. C'est la t't\ u te de la tradi-
tion, et c'est la tradition, ce sont les moeurs
de ce personnel qu'il faut refaire.
Nous parlions tout à l'heure de la Res-
tauration. ; les choses s'y passaient tout de
même. Nous relisions Ce matin même le
récit de la bagarre survenue en 1827 aux
obsèques du duc de La Rochefoucauld-Lian-
court. Les élèves de técoÍe de Châlons
avaientlollicité et obtenu de la famille l'hon-
neur de porter à bras le corps dudéfunt.Tout
se passà bien jusqu'à l'église ; mais quand
il s'agit de partir potir le cimetière, un
agent ordonna aux porteurs de déposer
leur fardeau. Les élèves en appellent à la
famille et protestent de leur droit. Sur un
signe de l'agent, ils sont empoignés, "bous-
culés; le eerCueil tombe "sur la pavé et
s'entr'ouvre. Indignés de cette profanation,
les assistants veulent intervenir; on en
arrête un grand nombre. Et le lendemain,
-M. le duc Victor de Broglie interpellait à
la tribune le ministère de l'intérieur en
ces termes i
« Par quelle fatalité arrive-t-il que tou-
» tes tes fois que les volontés ou les amours-
» propres de l'administration se trouvent
» en jeu, l'emploi déjà force est toujours
» précipité, violent, accompagné, de désas-
» tres fQllant à moit je ne puis contempler
» froidement ce mépris de l'humanité ; je
» ne puis contempler froidement les pro-
» cédés d'une administration à la fois in-
» souciante et fantasque, qui traite des po-
» pulations paisibles comme un bagne de
» forçats dont on ne peut rien obtenir que
» le sabre au poing et la menace à la bou-
» Che. »
Dieu nous garde d'adresser à l'adminis-
tration actuelle des paroles aussi sévères,
surtout au sujet d'un incident dont on a
peut-étra exagéré les proportions î Nous
avons voulu seulement prouver que le mal
dont nous nous plaignons ne date pas d'hier,
et nous serions heureux de pouvoir dire un
jour que M. Léon Renault a eu le mérite et
l'honneur d'y remédier.
E. SCHNERB.
—— —
Nos lecteurs savent que M. Dufaure a
adressé aux procureurs généraux une circu-
laire peur leur rappeler les instructions qu'il
envoyait aux juges de paix en 1871. -
M. le garde des sceaux veut que les juges
de paix ne se mêlent pas de politique et° il
s'exprime en ces termes :
! ! !
J'ai déjà, sut lèbtdemf.lnd, autorisé plu-
sieurs de vos collègues à rappeler à MM.
les juges de paix d9 lettr ressort lès-in-
structions que je leur avais données par
une circulaire du 15 juin 1871.
L'expériellèe qui a été iaite depuis un
an me persuade de plfcs en plus qu'une rè-
gle simple et absolue est nécessaire pour
l'honneur et l'indépendance de la magistra-
tur.. , ,
Ja. vous prio donc de leur rappeler ces
instructions et, sans revenir sur le passé,
de me faire-connaître à l'avenir ceux qui
auraient le toit de s'en écarter.
-
Recevez, etc. - .1'
— * ——*—-
Soixante-quinze membres du Sénat doi-
vent être nommés par l'Assemblée natio-
nalef. Î1 va de soi que rien ne peut être
arrêté, ni préparé même, ayant la fin des
vacances actuelles ; mais il est naturel que
l'opinion s'intéresse dès maintenant à ce
qui sera fait et s'en préoccupe. Déjà l'on
prononce des noms; déjà même on colporte
des listes entières. L'Indépendance belge
a reçu de son correspondant et a publié
une de ces listes, qu'on ne saurait, d'ail-
leurs, prendre au sérieux ; car elle est
ridicule. Les quatre premiers noms que
l'auteur a mis en regard sont ceux de MM.
Barthe' et de Cumoni, Bertauld et Daru,
et ainsi de suite. Cette liste n'est composée
que de membres de l'Assemblée nationale,
dont quelques-uns ont donné des gages de
médiocrité navrante.
Le Journal de Paris protestait hier
contre xette prétendue liste, bien que les
noms de ses amis politiques y rigurent en
grand nombre. Elle n'est bonne, écrit-il,
qu'à les compromettre. Il se pourrait bien.
Seulement, le Journal de Paris émet, à
ce propos, des idées bizarres sur les choix
que la Chambre devrait faire parmi ses
membres actuels. Il s'écrie, par exemple :
« Est-il admissible qu'on omette déporter
sur la liste des sénateurs và nommer par
lar Chambre M. de La Rochefoucauld-Bisac-
cia et M. de Larcy ? »
Nous sommes réduits à en faire l'aveu,
ces omissions nous paraissent les plus ad-
missibles du monde, et nous dirons même
que nous ne saurions découvrir ce qui
pourrait justifier les choix que notre con-
frère .indique. Pour M. de La Roehefou-
cauld-Bisaccia, en particulier, nous 'ne
croyons pas que ce soit un titre suffisant
de s'être signalé par une ou deux es-
clandres royalistes, étant ambassadeur à
Londres. Au moins serions-nous étonnés
que' la msjorité constitutionnelle voulût
récompenser par un siége au Sénat le zèle
intempérant de M. de La Rochefoucauld-
Bisaccia pour la monarchie traditionnelle.
A quoi bon ? Où seraient l'utilité, la conve:
nance ? Sans tomber dans un rigorisme ou-
tré, il semble élémentaire de ne point en-
voyer au Sénat des hommes politiques -qui
n'aient pas fait au moins acte d'adhésion à
la constitution du pays. Nous serions cu-
rieux de voir, à'son tour, le Journal de
Paris dresser une liste ; y mettrait-il
M. Roulier auprès de M. de Larcy ? On se-
rait tenté de le supposer, à en juger par
les raisonnements qu'il tient" Et dire que
notra confrère a commencé par rejeter
bien loin la liste du correspondant de l'In-
dépendance, qu'il ne trouve pas « s é -
rieuse ! » En bonne conscience, est-il lui-
même si convaincu que cela d'être « sé-
rieux 7 »
La majorité constitutionnelle ne doit pas
admettre, sur la liste des 75 sénateurs, des
adversaires de la constitution, qui, une fois
élus, formeraient un noyau d'opposition
anti-républicaine et intransigeante. C'est
un premier point que nous Voudrions voir
hors de conteste. Il en est un sebond. sur
lequel nous sommes d'accord avac le Jour-
nal de Paris. On a remarqué que la liste
donnée par XIndépendance belge se com-
pose exclusivement de députés ; il en est de
même pour les quelques autres qu'on a fait
courir. Or, ce serait une grave erreur de
croire que la Chambre ne dût. répartir
qu'entre des membres de la Chambre les
75 sièges de sénateurs dont elle disposera.
Du reste, il n'est pas besoin d'y songer
longtemps pour reconnaitre qu'elle ne sau-
rait se confiner ainsi, dans ses choix, à
l'enceinte du palais de Versailles. On ne
concevrait pas de plus lourde faute. Aussi
n'est-il pas même nécessaire d'inviter l'As-
semblée nationale à s'en garder.
Eus. fuEBÈRt. 1
*-r— —
CAUSERIES DU DIMANCHE
XlŸ'
« A quoi pensent-ils? » C'était la
question que s'adressait à lui-même, et
peut-être aux personnes de son entou-
rage, un illustré homme d'Etat qui vi-
sitait, il y a trois ans, l'exposition des
Champs-Elysées. Nul, que je sache, ne
répondit à cette question.
Ëa effet, l'absence d'idées est certai-
nement ce qui frappe tout visiteur im-
partial qui se promène dans les gale-
ries de peinture au palais de l'exposi-
tion. « A quoi pensent-ils ? » Tant de ta-
lent dépensé, tant d'efforts et de re-
cherclies, tant de verdeur juvénile, et
si peu d'idées! ou, parfois, des idées
fausses, Pourqu.ÓI -
La masse des idées dévolues atii
Français ^'est-elle répartie seulement
chez les savants, chez quelque écri-
vains et quelques hommes politiques
pour abandonner définitivement le cer-
veau des artistes ? Ce phénomène est-il
dû à ce qu'on - appelle le hasard, ou à
un état particulier à notre temps, ou à
un défaut dNâdiication, ou au goût du
Publie ?
Mais d'abord, comme cette observa-
tion peut surprendre quelques person-
nes, il est bon. de s'entendre. Qu'est-ce
qu'une idée, dans le domaine de la
peinture ? L'idée, en peinture, réside-
fcelle dans le choix d'un sujet historique
ou dramatique, ou comique, dans l'évo-
cation d'une scène d'un autre âge, dans
latinise sur - toile d'une anecdote an-
cienne ou récente, ou simplement dans
la reproduction dun fait vulgaire? Il
paraîtrait que l'idée est absolument
indépondarie du choix d'un sujet, mais
qu'elle tient à la manière de le traiter.
C'est pourquoi, dernièrement, je de-
mandais qu'on nous expliquât, une
bonne fois, ce qu'on entend par le grand
art.
Comment apprend-on aux artistes
leur métier ? — Et c'est à dessein que
je me sers de ce mot, puisqu'on ne leur
enseigne, à l'Ecole des beaux-arts-, que
le métier. — Il s'agit d'arriver à bros-
ser convenablement une académie, d'a-
près certains procédés particuliers à
chacun des -professeurs ; puis de faire
voir aux élèves quelques chefs-d'œu-
vre connus, de leur donner quelques
notions matérielles de composition, de
les habituer à imiter le faire du maî-
tre, de les envoyer copier-quelques ta-
bleaux au Louvre, puis, s'ils ont pour
eux la chance, de les admettre à la
villa Médicis, à Rome, où ils copieront.
encore certaines œuvres magistrales,
feront une académie et termineront par
une composition, le tout dans cet en-
tourage de' camaraderie charmant,
mais, au fond, très-peu favorable au
développement des natures douées d'o-
riginalité.
Quant à ceux qùi ne suivent pas jus-
qu'au bout la voie officielle, tout leur
souci est d'atteindre à une adresse de
main prodigieuse, de découvrir une
veine à succès, et des marchands ou
amateurs. Celui-ci possède admirable-
ment son troupier, cet autre excelle
dans le rendu des costumes du der-
nier siècle et les chiffonnages des bou-
doirs. Pierre attire les acheteurs par
des scènes quelque peu équivoques,
rendues avec une minutieuse exactitude
dans les moindres détails. Paul s'atta-
chera à l'archéologie et nous fera re-
vivre de vrais Grecs, de vrais Romains
ou Gaulois, en mettant les musées de
Naples, du Louvre et de Saint-Germain
en réquisition avec la patience d'un
antiquaire. Pas un accessoire ne sera
contestable, et jusqu'à une épingle,
tout sortira des musées archéologi-
ques..
J'en passe. Mais qu'est-ce que cela
prouve, sinon des recherches, une pré-
cision de costumier consciencieux et
dlantiquaire irréprochable, une habi-
leté de main merveilleuse? Où est l'idée
qui fait vivre ces marionnettes admi-
rablement habillées, maquillées et en-
tourées de leurs accessoires? Où est
l'idée qui demeurera comme un clou en-
foncé dans le, cerveau de celui qui re-
garde ?
Chose singulière ! au milieu de tant
d'œuvres empreintes d'un talent incon-
testable, les seuls, ou à peu pfès les
seuls tableaux qui font rêver, ce sont
des paysages, si toutefois l'artiste n'a
pas prétendu forcer li note et avoir
plus d'esprit que là nature;
La nature, en effet, ne donne jamais
des rébus à deviner. Elle est désolée
ou luxuriante, sombre ou gaie, tour-
mentée ou tranquille, tout bonnement ;
c'est son idée à elle, et si le peintre la
comprend tant soit peu, il fait pénétrer
dette impression dans l'esprit du spec-
tateur.
Le clou est enfoncé et il resté. Ah 1
dame ! c'est qu'on n'enseigne guère le
paysage à l'Ecole des beaux-arts et que
les paysagistes se sont dit un jour - il
n'y pas longtemps — que pour faire
du paysage, le plus simple était d'aller
vivre et peindre au milieu des - cam-
pagnes.
Pourquoi, n'en va-t-il pas de même
pour les peintres — je na dirai pas de
genre ou d'histoire, car ces 'classifica-
tions me semblent bêtes, mais — de su-
jets ? C'est plus difficile; j'en conviens.
Le'rbres, lés champs et la mer se
làissent voir tels qu'ils sont, et n'ont
pas de secrets pour les yeux ni pour le
cœur. Il n'en est pas ainsi de homme.,
D'abord, il habille son corps, et si on lui
enlève cette peluce, il est fort gêné ;
puis ii habille ses passions, ses désirs,
ses moindres penseas, et l'enveloppe ne
répond pas toujours à ce qui se passe
en dedans de lui-même. Il faut donc
admettre que le peintre « de sujets »
connaîtra exactement ce corps revêtu
d'une pelure, mais encore sera suffi-
samment philosophe pour deviner la
pensée d'un personnage, ou mettre son
apparence extérieure en harmonie avec.
la pensée qu'il lui prêtera ou qu'il vou-
dra qu'on lui prête.
C'es.t plus compliqué, surtout si le
sujet comporte une scène entière, et si
cette scène se passe en des temps éloi-
gnés de nous/où les gens ne pansaient
pas comme nous et par conséquent ma-
nifestaient d'autres apparences.
Je ne vois pas de mal à ce qu'on fasse
de l'archéologie en peinture, mais alors il
faudrait non-seulement que les person-
nages représentés reproduisissent, exac-
tement les vêtements qu'ils portaient et
fussent entourés des accessoires ap-
partenant à l'époque choisie, mais,
bien plus, que leurs gestes, leurs atti-
tudes, leur physionomie, ne fissent pas,
avec ces temps passés,, un contraste
choquant. Il est certain que l'expres-
sion d'un sentiment passionné, violent,
à toujours été la même, quel que soit le
milieu où l'homme ait vécu; mais nos
artistes choisissant habituellement des
scènes familières, intimes, cette coïn-
cidence n'existe plus a\j'; qu'on se re-
porte à un, autre siôele.. *
Or, regardons tous ces tableaux à
la mode aujourd'hui et recherchés des
amateurs, qui les paient des prix fous,
quand ils sortent de l'atelier d'un, peintre
en renom; ces personnages si finement,
rendus, vêtus d'habits bien faits pour
eux, se comportent exactement d'ail-
leurs comme vous et moi. Ce sont nos
gestes, nos allures; nos attitudes. Il
suffit cependant de jeter les yeux sur
d'anciens tableaux ou gravures, en sup-
posant qu'il s'agisse de remonter d'un
siècle ou deux, 'pour constater que si
les costumes d'alors différaient des nô-
tres, il en était de même de la manière
d'être.
Que sera-ce donc si nous remontons
aux Romains, aux Grecs et aux Egyp-
tiens ! Le dilèmme, pour les peintres,
est donc celui-ci t ou représentez nous
une scène dans laquelle l'idéa ait assez
de puissance, frappe assez le specta-
teur pour qu'il ne se préoccupe pas du
côté réel, de'l'exactitude du détail; ou,
si vous voulez nous charmer par une
épreuve photographique d'un-e action
banale d'ailleurs, mais qui aurait été
exactement prise sur le vif il y a quel-
ques siècles, alors faites que vos per-
sonnages appartiennent à ce siècle'et
n'aient pas l'air der Parisiens et de Pa-
risiennes de 1875 habillés en Grecs de
l-antiquitê ou en marquis et marquises
de 1770
J'ai écrit le mot photographie, et ce
n'est pas sans intention. La photogra-
phie opère dans l'art, quoi qu'en disent
les peintres, une révolution profonde.
D'abord elle a habitué les yeux du. pu-
blic à une rectitude dans l'imitation de
la nature qui le rend'très-difficile, et
cela certainement an détriment de l'in-
tention, de la pensée dominante, de
l'idée enfin qui doit se trouver dans
toute œuvre d'art ; elle-a nais à la por-
tée de tous l'exactitude du détail, la
valeur des accessoires ; et beaucoup de
gens, qui jamais n'avaient regardé la
nature, se sont pris à l'analyser jusque
dans ses infimes accidents, par l'exa-
men des épreuves photographiques.
Les artistes, loin de réagir contre cette
dérivation du goût du public, l'ont sui-
vie; peut-être parce qu'ils n'étaient pas
de force à engager la lutte, peut-être
aussi parcequ'ils ont trouvé là un filon
à exploiter.
Toujours est-il que, de gré ou de force,
ils se sont engagés dans cette voie en
cherchant seulement à donner à la pho-
tographie l'esprit qui lui manque tou-
jours, et dont, heureusement, ils sont
amplement pourvus.
Je sais bien que, de la meilleure foi
du monde, tous réclameront; jurant
par Raphaël ou Rembraud, Titien ou
Metzu, que jamais, au grand jamais,
ils n'ont eu recours à la photographie.
Je les crois, mais ils ne peuvent empê-
cher la photographie d'exister, d'avoir
eu sur le public et sur eux-mêmes, et
malgré eux peut-être, une influence
considérable, d'avoir révélé, des secrets
séduisants, d'avoir supprimé la penjée
pour mettre à la place l'exactitude mi-
nutieuse, attrayante, curieuse, occu-
pante.
Et, chose étrange! cette révolution
était si bien dans les tendances du siè-
cle qu'elle se manifestait déjà même
atant la découverte de' Daguerre. Des
peintres, comme Paul Delaroche, pour
ne citer que celui-là, s'engagèrent dans
cette voie. Son Cromwell, sa Jane
Gray manifestent déjà cette tendance
à l'inventaire, au procès-verbal minu-
tieux d'un fait, absorbant la pensée
dominante. L'Académie des beaux-arts
compte parmi les membres les plus ac-
tifs de la section de peinture, des ar-
tistes qui sont à la tête de ce mouve-
ment, et, certes, pourrait-on les considé-
rer comme des ennemis dans la place,
si l'Académie des beaux-arts avait en-
core la prétention justifiée de conserver
les grandes traditions de l'art.
Mais elle ne songe qu'à se conser-
ver elle-même sans perdre son .temps à
discuter, et l'influence déplorable qu'elle
exerce sur l'Ecole tend de plus en plus
à pousser la jeunesse .sur ce filon pro-
ductif du procès-verbal ou de l'inven-
taire, en matière de peinture. L'ama-
teur donne. c'est bien ; mais donnera-
t-il toujours ? Ne se fatiguera-t-il pas de
ces photographies enluminées qu'on
appelle des tableaux? Les efforts des
spéculateurs sur les œuvres des pein-
tres dont les toiles valent un million le
mètre -superficiel à cette heure, pour-
ront-Hs soutenir ces valeurs sur le
marché? N'arrivera-t-il pas une débâ-
cle ? Si la jeunesse était avisée, elle de-
vrait prévoir ce moment fatal; car cer-
tains symptômes le font pressentir. Elle
devrait donc s'armer en conséquence,
et ce n'est pas l'Académie des beaux arts
qui lui fournira ces armeg, d'abord
parce qu'ellè ne les possède pi as dans,
son 'arsenal, puis parce qu'il ne eri\.it
nullement de son intérêt de les donner
si elle les possédait.
Si la jeunesse était avisée, elle se
dirait que nous vivons encore sous l'im-
pulsion donnée au pays par l'empire.
Mais la machine s'arrêtera un jour,
car les chauffeurs et machinistes dis-
paraîtront peu à peu, et on ne les re-
nouvellera pas. J'admets parfaitement
que cet art, tout de recherche, d'ex(.
cution précieuse, de mièvreries, bourré
de petites intentions, fertile en rébus,
graveleux, dévot ou sentimental sui-
vant l'occasion, était exactement à la
hauteur de la société telle que la sou-
hétita{ 'empire. On apprivoisait le lion
haitait
par des douc.;:.:_rs plus ou moins aVOlta-
bles ; on lui parlait len officiellement
du grand art, mais on prei^Y'3^' la mu-
du grand art, mais on P ~-clt>
sique d'Orphée aux Enfers à 1 es
Huguenots, et si on plaçait .Ingres sur
un piédestal, on accrochait des Frago-
nard sur les faces du socle.
Doac, jeunes artistes, défiez-vous ;
mles temps peuvent devenir durs pour
tous ces oripeaux de satin chiffonné et
toutes ces recherches d'une archéologie
douteuse. Tout en apprenant le métier,
— et il faut avouer qu'on le sait admi-
rablement bien aujourd'hui, — ayez des
idées, non des intentions ingénieuses.
MaJs, direz-vous, où cela pousse-t-il ?
Cela pousse naturellement dans les cer-
veaux qui s'emplissent par l'élue qui
comparent, observent, et, par consé-
quent, réfléchissent. Car soyez assurés'
qu'on trouve plus d'idées, - fût-ce dans
une solution géométrique, que dans une
bouteille de bière. Beaucoup admettent,
s'il s'agit de peinture, que l'idée n'est
autre chose .que le choix d'un sujet.
Sur ee, ayant mis la main sur un fait
dramatique, pn s'en va chercher dans
les quarante-cinq volumes de la Bio-
graphie universelle de Michaud, ou
dans quelques auteurs qui ont traité
la question, les détails nécessaires ;
puis on se met à l'œuvre. Soyez cer-'
tains que cette information de circon-
stance ne peut tout au plus que vous
éviter un anachronisme, ou quelque
grossière bévue. Pour qu'une idée res-
sorte d'un sujet traité, il faut plus que
cela; il faut, pour ainsi dire, avoir vé-
cu familièrement avec les hommes qui
ont participé à l'acte reproduit par
votre pinceau.
Il faut avoir observé leurs mœurs et
leurs habitudes, il faut évoquer, par la
pensée, la scène dans le milieu et les
circonstances où elle a dû se passer.
Alors, on ne vous chicanera pas sur
une boucle de ceinturon ou sur la forme
d'un soulier. Vous pourrez même, si
bon vous semble, ne tenir aucun compte
de toute la friperie costumière. Voulez-
vous un exemple ? Tout le monde con-
naît la fresque de' Raphaël : la Dispute
du Saint-Sacrement.
Bien peu de gens savent si on a dis-
cuté à propos du - Saint-Sacrement, et
quels sont les personnages qui ont as-
sisté à cette discussion. Le sujet est
absolument hors de question ; il n'est
ni dramatique, ni touchant, ni gai, ni
actuel surtout. Et cependant cette pein-
ture laisse dans l'esprit une forte im-
pression; pourquoi ? Parce que l'artiste
a su si bien mettre en scène ses per-
sonnages, a su leur donner dès physio-
nomies si attentive, graves et pansan-
tes, qu'on sent qu'il s'agit, dans cette
assemblée, de résoudre une grosse
question. Voilà toute l'idée ! Elle est
bien simple, encore fallait-il l'avoir et
savoir comment s'y prendré pour la
rendre.
Vous faut-il encore un autre exemple,
pris dans un cadre très-réduit? Avez-
vous vu le Christ à l'obole, du Titien,
de la galerie de Dresde? Non. Alors,
allez le voir. La toile ne contient que
deux têtes, celle du Christ et celle du,
paysan madré qui montre l'effigie de
César. Le Christ jette un regard vague
sur cette obole, regard plus offensé de
la grossièreté du piège que de l'inten-
tion même du tentateur. On entend-la
phrase laconique ! et sèche qui sort de
sa bouche. -
C'est bien cela, » se dit-on, et l'ex-
pression de cette physionomie ccntHjUe,
sublime dans son dédain, demeure éter-
nellement gravée dans l'esprit du spec-
tateur. Voilà l'idée. Quelle est la cou-
leur du bout de robe du Christ ? Je n'en
sais rien. Est-elle brodée ou unie ? Je
n'en sais rien. Je sais seulement que
cette bouche à peine entr'ouverte, a
dû prononcer le sermon sur la mon-
tagne, que cette tête a dû se pencher
sur lil poussière où la main traçait les
mots : « Que celui qui est sans péché
luLjette la première pierre! >
E. VIOLLET-LE-Duc.
:— ——>
C'est la ¡re' chambre du tribunal civil,
sous la présidence da M. Aub4pin, qui a
Côndatnné avant-hier le journal de M. Veuil-
lot à 4,000 francs de dommages-intérêts, et
non le tribunal de police correctionnelle.
M. Veuillot est plus heureux que sage. Ma
nous devons encore une autra réparation à
VUnivers. « Notre rôle, dit-il, est de pié-
tiner dans la boue. » Nous n'avions, pas
cru si bien faire en mettant le pied sur la
tête des Veuillot, des Loth et des Roussel.
•
PARLEMENT BELGE.
Incident relatif à la note allemande.
--
Séance du 30 mril.
PRÉSIDÇNCB DE M. ÏACK, VICB-PRÉSIDENJ..
La séance esi on verte à deux hc arcs- et
demie. -
MM. Pet.y, Lefebvre et Santkin déposant
des ràPflori. sur des demandes de naLUITa-
lisai ion.
M. Octs (motion d'úrJ,re).- Kons avons en-
tamé la discoéiioa du budget des travaux pu-
blie., qiii d'ordinaire absorba plusieurs se-
main?«s: La Chambre 'a jixAVn pâtre à mardi
hne dis-Mission financière dont personne ue
peut prêveir ia'^iupée. Je rléjr':wai PJ\voi"fr
dans cette situMion, il entre -laits les inten-
tiog du gôuvçirnçijaeut de recaler juqq'ti'a-
pré,) ces diverses discussions les explica-
tions qui ont été promises depuis quelqu©
temps à propos de l'incident tli,p,l'JIUè!Ü'{Q.a
avec rAllmagne. Ces explieiitiohs devaient
être données lorsque la gouvernement aurait
répondu à la dernière note allemande. Je ne
sais si cettn réponse a été donnée. Mais par-
tout ailleurs qu'en Bsiaricrve. dans les navsf
c,?J*stitut.ionnelff, on s'occupe de la situation.
En RëfftwUti| s~utement on ne ait riee d:ffl
ciel eodore. wette situation préoccupe. 1 es-
prit public, et à titre. Si 111 gouverne-
ment n'^st pas'encore a. ^ôrne de fiiîreçspser
cette situation, qu'il nous dise' les raisons
qui l'en empêchent.
Je demanderai donc - au gouvernement s'il
peut nous fixer un délai pour la discussion
et si la discussion du budget des travaux pu-
blies sera interrompus à cette occasion.
M. d'A:o:premont-Lyuden, miaistre des af-
faire -étra.ngèl'e:s. — Le gouvernement a
adressé à S. Exc. le comte de Perponeher sa
réponse à la note du 15 avril. Nou serons Pn
mesure d'en donner èammuf ication & la Cham
bre dans la séance d. mard i.
M. Malou, ministre ëes finances. - Si la
oornmoBieatâpai * lie» jmardi, il fall'irait sa-
voir si l'on en abordera imt$édiat<3$a*mt la
di6ngiQn. - >
M. Otls. - Userait assez difficile de pren-
dre uflô décision a ce propos. Il est évident.
(tup les explications qui seront données seront
touiés noitvellès pour la Chambre. H est juste
que ics membres de la Chambre puissent les
étudir-f.
M. Frère. — NbQ" ne savons * ce que le
gouvernement, nous diNt. mardi. Je crois que
dans tous les cas la communication du gou-
vernement nécessitera une impression des
pièces et que. dans tous les cas, on ne pourra
discuter mardi.
M. Kervyn (Bruno). — Il semble important
que l'on snche, si la discussion s'engagera
mardi. (Rires îi gatièhe.)
M. Frm.'e: — N;ou@ entendrons le gouverne.
ment.
L incident est clos.
: —
Les forces militaires de l'Europe
II
ANGLETERRE.
Nou-s ne savons ai, de l'autre côté de
la Manche, on a suiri, avec to t l'in-
térêt qu'elles méritent, les transforma-
tions qui se sont opérées dans, 13 in-
stitutions militaires de presque toutes les
puissances, européennes depuis 186J; mais
il ne sembla pas que l'on se soit décidé à
les adopter.
Ni le récit de la Bataille de Dorking^ ni
cet autre ouvrage intitulé : Comment noies
avons -perdu les Indes, ne paraissent
avoir jusqu'ici tiré l'Angleterre de l'espèce
d'indifférettce avec laquelle elle assiste en
spectatrice aux événements qui se produi-
sent sur la continent. Que lui imnort.e?
disent les uns ; l'Angleterre" n'oune île ayant pour 44 d.ifeiv > une flotta
formidable, et ses intérêts ne sont-ils pas
plutôt portés vers hî Nouveau-Monde?
Soit; mais le petit bras de mer qr!" sé-
pare la Grande-Bretagne de lEGrOi'I"nest
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