Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1875-04-15
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 15 avril 1875 15 avril 1875
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/03/2013
58 Année. — No 1228.
Prix cilu numéro : Paris : 15 centimes. — Départements : 20 centimes.
Jeudi 15 Avril 1875:
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- E.
ÎHj^i ï m Ifij fC! Ïj l^s
1
.",,-" n'. ',-. ';.>' JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la RMaotioa
de 2 heures à minuit
53, rue de Lafayette -,_.
Les lettres non affranchies seront re/Wéa
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advertising, agent, 13. TaTistockrew, Covent Garden.
.,- "-
MM. les Souscripteurs dont i'aboanfr'i
ment expire le 15 avrit-sont -rit
le renouveler imm.éàiateBt' '!if;'" nA
veulent point éprouver de retard dans
la réception .du journal.
Paris, le 14 avril 1875.
La tactique des nnemis de la constitu-
tion consiste à accabler M. le vice-prési-
dent du conseil de leur confiance. Vous
lisez en ce moment-ci dans la plupart de
leurs journaux : « M. Buffet est un conser-
vateur, il connait ses devoirs de Conserva-
teur, il ne désertera pas le parti conserva-
teur.,. » Et tout ce qui s'en suit. La presse
bonapartiste surtout ne se lasse point de
broder sur ce canevas.
Il f&ut bien convenir que les apparen-
assez beau jeu. Voilà plus d'un mois que
le ministère est formé, et cependant, pour
des raisons que l'on ignore, le pays attend
toujours les heureux effets du changement
de politique qu'un changement de gouver-
nement devait amener. Le vote de la con-
stitution est pour beaucoup, mais les actes
du cabinet sont pour peu de chose dans
l'apaisement et la quiétude dont nous
commençons à jouir. L'Union, qui nous
raille, et qui n'a pas tort, constate
que « les actes se font attendre, si les
déclarations abondent. » Sans parler du
discours de M. Wallon, nous devons, en
effet, à M. de Cissey, et surtout à M. Du-
faure, des déclarations dont on ne peut
contester l'importance ; mais où voit-on
poindre les réformes administratives tant
attendues ? Nous nous demandons quelque-
fois si nous, journalistes républicains, nous
ne devrions pas rire un peu de nous-mê-
mes, quand nous publions, avec les hon-
neurs réservés aux grosses nouvelles,
quelques faits insignifiants, qui seraient
indignes d'attention dans un autre temps.
Ce n'est pas notre faute, assurément, et
nous ne pouvons informer le lecteur qui
nous interroge que de ce que nous avons
appris. Que nous demande-t-il ? Si les Du-
cros, les Doncieux ou les Fournès adminis-
trent toujours la France, comme au temps
de la fusion? — Oui, mais nous tenons de
source authentique, en revanche, que le
maire de Villers-Vermont (Oise) vient d'être
révoqué ; on ne se risquera plus à lever, à
Villers-Vermont, l'étendard du bonapar-
tisme ! — Si l'état de siége est levé ? si les
journaux républicains, supprimés par M.
de Fourtou et M. de Broglie, ont obtenu
enfin l'autorisation de reparaître — Non,
mais nous pouvons garantir la révocation
du garde-champêtre Moussot, de la com-
mune d'Aûguy, dans l'Yonne. Il apprend
à ses dépens qu'un fonctionnaire doit, au-
tant que possible, s'abstenir de déblatérer
contre la constitution du pays. Le gouver-
nement a déployé une singulière énergie
dans cette grave affaire.
Nous ne pourrions continuer plus long-
temps de mettre en balance ee qu'on a fait
avec ce que l'on ni fait pas, car nous vivons
sur les histoires du maire de Villers-Vèr-
mont et du garde-champêtre d'Auguy.
C'est le bilan des actes 1 Cependant, nous
ne voulons pas désespérer de la politique
du cabinet et nous exhortons le public à la
patience. Sans compter la logique des évé-
nements, le parti constitutionnel et répu-
blicain a pour lui, dans le pays, la force
du nombre, et il est maître de la majorité
dans le parlement. Il tient le bon bout ;
qu'on nous passe ce mot trivial, mais
énergique.
Ceux qui adjurent M. Buffet de ne pas
abandonner les conservateurs savent très-
bien au fond que la phrase est vide de
sens, puisque, sous leur plume, le terme de
conservateurs désigne expressément les
adversaires du régime nouveau que M.
Buffet a été chargé de servir. Ces conser-
vateurs-là, nous les avons vus, dans la
séance du 25 février, montrant le poing et
pâles de colère, interpeller en furieux le
président de l'Assemblée. Le parti du gou-
vernement a changé de côté ce jour-là; et M.
Buffet, qui n'a oublié ni comment la majo-
rité nouvelle s'est faite, ni de quels élé-
ments elle se compose, doit savoir ce que
cette majorité nouvelle est en droit d'atten-
dre de lui. Ce qui surprend, c'est qu'il ne
s'y prête pas de meilleure grâce et qu'il
s'oublie trop à temporiser. — Mais, dira le
Français, vous croyez donc que le vice-
président du conseil sera dans l'obligation
de se plier aux exigences républicaines ? —
Assurément, d'autant que ces exigences
n'ont rien qui lui doive paraître si formi-
dable, et parce qu'il était impossible qu'il
ignorât, en acceptant le ministère, avec
quel concours il serait forcé de gouverner.
Il y a de certaines réparations et quel-
ques réformes, que le parti républicain juge
indispensables, urgentes, un minimum,
enfin, qu'il a résolu d'obtenir ; et M. Buffet
est un assez vieux parlementaire pour bien
savoir à quelles conditions se garde le con-
cours d'une majorité. Qu'avons-noiys vu
depuis le 24 mai 1873, jusqu'au moment cù
la coalition monarchiste fut disloquée?
Trente bonapartistes étaient entrés dans
la majorité du 24 mai ; ils en formaient
l'appoint : ils exigèrent des garanties, et
on leur en donna tant qu'ils voulurent ; ils
mirent la main dans tout, dans l'admi-
nistration, dans la politique; et, grâce
au besoin que leurs alliés avaient d'eux,
l'on peut dire que, dans toute cette pé-
riode, le groupe de l'appel au peuple im-
posa la loi. Quand il arrivait à des monar-
chistes de la droite ou du centre droit
de crier au scandale : « Que voulez-vous ?
disait M. de Broglie ; et comment ne point
en passer par tout ce qu'ils veulent, puis-
que, sans eux, nous tomberions en' mi-
norité? » Eh bien! —ce que trente bonapar-
tistes ont été dans la majorité du 24 mai, —
300 républicains, dans la majorité du 25 fé-
vrier, ne pourraient pas l'être? Le parti con-
stitutionnel et républicain n'exercerait pas,
dans une majorité qu'il compose presque
tout entière, autant d'influence qu'en ac-
quirent, dans la majorité du 24 mai, trente
représentants d'une faction détestée? On
ne saurait soutenir une telle hypothèse.
M. le vice-président du conseil le recon-
naîtra tout le premier.
EUG. LIÉBERT.
———,— <0-
Interpellation de la Chambre des Communes
Londres, 12 avril, soir.
Chambre des ommune$. M. Disraeli, ré-
pondant à l'interpellation dont M. Owen
Lewis avait donné avis et qu'il avait déve-
loppée à la précédente séance, fait observer
que, comme règle générale en matière d'in-
terpellations parlementaires, et surtout lors-
que ces interpellations ont trait aux affaires
étrangères, il serait utile que l'interpellateur
s'abstînt de faire emploi d'épithètes. Les épi-
thètes, selon lui, sont inutiles dans de sem-
blables sujets et peuvent donner lieu à de
fausses interprétations.
Pour en venir maintenant à la question po-
sée par l'honorable interpellateur, je dirai
tout d'abord, continue le premier ministre,
quo le gouvernement de Sa Majesté n'a reçu
d'autre information que ce qui a déjà été
communiqué à la Chambre. Le sujet dont il
s'agit est l'un de ceux qui ont donné lieu à
de fausses interprétations et à beaucoup
d'exagérations. (Ecoutez ! écoutez !) Il s'est
écoulé quelque temps depuis que la note à
laquelle il a été fait allusion a été adressée
par le gouvernement allemand au gouverne-
ment belge. Je creis qu'elle porte la date du
3 février.
Cette note n'avait rien de menaçant; elle
contenait seulement des représentations. Eh
bien ! de simples représentations n'impli-
quent pas nécessairement une menace. Loin
de là, souvent une représentation est la preuve
de l'existence d'un sentiment amical. Or, une
représentation amicale est une forme habi-
tuelle de s'exprimer généralement admise.
Eh bien ! la représentation fut adressée par
le gouvernement allemand au gouvernement
belge le 3 février, et celui-ci y a répondu
vers la fin du même mois, le 26, si je ne me
trompe.
Le gouvernement de Sa Majesté eut com-
munication, par l'intermédiaire du gouverne-
ment allemand, de ces deux notes en même
temps, c'est-à-dire de la note qui eontenait
les représentations de l'Allemagne et de celle
qui @ portait la réponse de la Belgique.
L'ambassadeur d'Allemagne, suivant les
instructions de son gouvernement, remit con-
fidentiellement au gouvernement de Sa Ma-
jesté copie de ces deux notes. Nous avons
considéré à l'époque et nous continuons à
considérer cette communication comme la
preuve des sentiments de cordialité qui exis-
tent entre le gouvernement de Sa Majesté et
celui de l'Allemagne. Nulle réplique, croyons-
nous, n'a été faite par le gouvernement alle-
mand à la réponse du gouvernement belge.
Depuis l'échange de ces deux notes, le
temps a considérablement marché. Nous
voici bientôt arrivés à la mi-avril, et nous
sommes au nombre des personnes compétentes
qui regardent l'incident comme terminé.
En réponse à la dernière partie de l'inter-
pellation de l'honorable député, je n'ai plus
qu'à dire que, comme règle géaérale, la Cham-
bre m'appuiera dans l'epinion que j'émets
en ce moment, à savoir : qu'il n'est ni utile,
ni nécessaire que la politique du gouverne-
ment de Sa Majesté soit exposée sur une
simple hypothèse ; mais j'ajouterai que si
l'indépendance de la neutralité de la Belgi-
que était réellement menacée, le gouverne-
ment de Sa Majesté serait prêt à remplir ses
devoirs envers sa souveraine et n'hésiterait
pas à agir de coneert avec le Parlement dans
cette occasion. (Applaudissements et rires.)
L'incident est clos.
;—: ♦ 1
APPLAUDISSEMENTS ET RIRES
« Tout finit par des chansons, » dit
Beaumarchais au dernier acte du Ma-
riage de Figaro.
C'est par des applaudissements et
des rires que l'incident prusso-belge
s'est terminé au sein du parlement
d'Angleterre. AU is well what ends
well.
A l'interpellation de l'honorable
Owen Lewis, M. Disraëli a fait une ré-
ponse digne de M. Gladstone. Les
grands hommes d'Etat de la Grande-
Bretagne se suivent et se ressemblent.
Nos voisins ont renversé M. Gladstone
parce qu'il avait perdu la bataille de
Dorking ; ils applaudissent en riant M.
Disraeli, qui l'a gaîment reperdue.
Le chef du gouvernement de la rei-
ne, l'auteur de certain toast hardi qui
fut désavoué trois jours après avec une
intrépidité sans exemple, n'a pas eu de
peine à rassurer un parlement qui ne
demandait pas mieux.
Il a prouvé d'abord que la note de la
chancellerie allemande était vieille de
trois mois et demi. Or, chacun sait
qu'une maîtresse de maison n'a pas le
droit de se fâcher pour une potiche
cassée, quand l'auteur responsable de
l'accident établit que cela date de très-
loin.
La note n'était pas menaçante, au
contraire. Elle constituait simplement
des représentations ; or, il est avéré
que les représentations sont une forme
désagréable, mais d'autant plus sincè-
re de l'amitié. La Prusse eût-elle un
peu châtié la Belgique, la chose s'ex-
pliquerait encore, au contentement gé-
néral, par un proverbe connu : « Qui
aime bien châtie bien. »
Si le représentant de l'Allemagne a
communiqué au Foreign - Office une
copie de la note et de la réponse, il
faudrait avoir l'esprit bien mal fait
pour voir dans cette confidence une
aggravation de l'affaire. Tant s'en faut !
Un ami n'a pas de secrets pour son
ami, et la communication dont l'Eu-
rope s'est énlue n'atteste rien, sinon
les sentiments de cordialité qui unis-
sent l'Allemagne à l'Angleterre.
D'ailleurs les Allemands n'ont pas
encore répliqué à la réponse du cabinet
belge. Ils se sont contentés de dire dans
quelques journaux d'un caractère plus
ou moins officieux que la Belgique
jouait gros jeu, ce qui ne tire pas à
conséquence.
Ah ! si la neutralité belge était sé-
rieusement menacée; si, par exemple,
il y avait seulement cinq cent mille
Prussiens armés jusqu'aux dents sur la
frontière de Belgique, le gouvernement
serait prêt à remplir ses devoirs envers
sa Souveraine, dont les sentiments
sur l'Allemagne sont bien connus.
Plaudite, cives!
T - - -- - 1 - -- Jl* - - - -- - - -- L - -- - - - - -- L - - -
Les appiauuissemenis ne se SOIlL pas
fait attendre, et l'on a même beaucoup ri.
Il y avait de quoi. Et si un journa-
liste français appelle l'attention de
ses concitoyens sur cette mémorable
séance, c'est pour désabuser les inno-
cents qui pourraient encore rêver équi-
libre européen et assistance de l'étran-
ger, après la guerre de 1870 et la glo-
rieuse ligue des neutres.
Mettons-nous bien dans l'esprit que
malgré toutes les apparences, nous som-
mes et serons longtemps seuls. Or, le
premier devoir du faible qui est seul,
c'est d'être sage.
La conclusion n'est pas gaie, elle
n'en est que plus digne d'attention.
Français, mes chers amis, n'applaudis-
sez pas, ne riez pas : tenez-vous !
ABOUT.
Il est cependant une chose dont les partis
ne devraient pas faire litière. C'est le pa-
triotisme! Nos adversaires s'y vautrent
avec une joie trop visible.
Ici, dans un journal presque légitimiste,
une diatribe contre le patriotisme du parti
républicain, parce que les journaux de ce
parti ont le tact de se cantonner dans la
politique intérieure, sans vouloir s'appe-
santir sur la gravité des événements exté-
rieurs. Là, dans l'organe clérico-brogliste,
une insinuation haineuse contre le patrio-
tisme du parti républicain qui, en atta-
quant ses adversaires de l'intérieur, fournit
des armes aux ennemis de l'extérieur.
En avant le patriotisme ! Notre grosse
caisse est crevée, crevons celle-là.
La polémique ne peut s'établir sur le
terrain que choisit si inconsidérément le
premier de ces organes ; mais rien n'em-
pêche de la soutenir sur le terrain où l'of-
fre l'autre Gaspard.
Est-ce afficher une politique dangereuse
ou bien signaler cette politique comme
dangereuse qui est un acte anti-patrioti-
que' Si la seconde hypothèse prévalait.
nous ne voyons pas pourquoi, de non-sens
en non-sens, on ne finirait point par trai-
ter d'immoral, non plus celui qui commet-
trait un acte d'indécence en public, mais
bien le sergent de ville qui soulignerait
l'acte en faisant des remontrances au cou-
pable.
Il paraît que certains journaux radicaux
de Paris et de province, « s'ils ont quelque
souci du patriotisme »,- c'est le Français
qui parle! — doivent s'abstenir de toute
critique contre les faits et gestes du cléri-
calisme. C'est le dernier congrès catho-
lique qui suggère cette pensée profonde au
Français. Et notez qu'il ne lui vient pas
un instant, sous la plume, l'idée de dire
aux cléricaux : Abstenez-vous par patrio-
tisme de donner prise à la critique. Les
solutions simples sont les dernières qui
viennent à l'esprit.
Malgré la malveillance dont le Français
nous honore d'habitude, nous ne pouvons
nous supposer compris dans la catégorie
des « journaux radicaux » admonestés,
puisque nous ne nous sommes pas occupés
du congrès catholique, etquenous continue-
rons à ne pas nous en occuper spéciale-
ment ; mais il nous est impossible de ne
pas faire remarquer, de temps à autre,
qu'un certain groupe politique a pris une
attitude générale absolument impolitique.
Nous, nous ne nous dirons pas anti-pa-
triotiques, car nôus conservons assez de
respect à l'égard de tout ce qui est fran-
çais pour ne pas infliger une pareille épi-
thète à un groupe de nos concitoyens.
Cette attitude est aussi impolitique à
l'extérieur qu'à l'intérieur.
A l'intérieur, elle a déjà porté ses fruits.
Avec des idées entières, qui ne veulent
plier devant rien, qui prétendent galvani-
ser les momies du passé pour en faire la
génération future, on a fait reculer de
terreur le pays ; au lieu de partisans, on
s'est créé partout des adversaires. L'essai
n'était pas suffisant, paraît-il, il fallait
aussi le tenter sur les nations voisines.
A l'extérieur, la politique française ne
pouvait avoir qu'un objectif : ne donner
prise sur nous par rien, rien, et encore
moins que rien. Fournir un motif de que-
relle eût été indigne ; fournir un prétexte
serait idiot. M. le duc Decazes le sentait
mieux que tout autre et sa vie ministé-
rielle s'est écoulée à aplanir des difficultés
qu'il craignait de voir soulever. Quel parti
s'est maintes fois montré ménager de son
appui vis-à-vis de M. le ministre des af-
faires étrangères? Est-ce le parti républi-
cain?
Les sympathies anciennes, les convic-
tions sont dignes de respect, comme. disent
un peu tous les ministres dans leurs circu-
laires aux fonctionnaires ; mais sympathies
et convictions ne doivent pas nuire au ser-
vice de l'administration; il faut qu'elles
demeurent au fond du cœur. Ce que des
fonctionnaires sont capables de faire,
paraît-il, pour l'administration, il nous
semble que des Francais pourraient bien
le faire pour la France.
Bien au contraire ; cette politique, qui
prend l'orgueil pour la fierté, ne perd pas
une occasion d'affirmer sa force, qui n'est
que dérisoire faiblesse. Elle fait fracas de
ses réunions, étale ses sentiments, jette
ses prêches au vent ; l'acte qu'elle dicte
pourrait être simple, étant exécuté simple-
ment; mais ce qu'il faut, ce n'est pas de la
simplicité, c'est de la politique à grand
orchestre : il s'agit de bâtir une église à
Montmartre, il est besoin des offrandes des
fidèles, les fidèles n'ont qu'à verser leur ar-
gent dans la caisse épiscopale ; non, cent
députés se réunissent, et, à titre collectif,
tâchent de faire une manifestation clérico-
gouvernementale.
Et l'injure sous la plume, on nous dénie-
rait le simple droit de crier, de temps à
autre, à ce parti : Casse-cou ! Notre
manque de patriotisme va en effet jusqu'à
faire tous les efforts possibles pour éviter
de supporter les fautes des autres. A l'in-
térieur, ils n'ont guère fait de mal qu'à
eux-mêmes, c'est leur affaire; à l'extérieur,
ils risquent d'en faire à tous, c'est bien un
peu la nôtre.
PAUL LAFARGUB.
—
Voici la lettre par laquelle M. Codur,
candidat au conseil général pour le canton
de Neuilly, déclare retirer sa candidature
aux élections du conseil général de la
Seine :
Levallois-Perret, le 13 avril 1875.
Chers concitoyens,
En 1871, vous m'avez honoré du mandat de
conseiller général ; depuis cette époque, j'ai
constamment défendu très-énergiquement les
intérêts du canton et affirmé, en toutes cir-
constances, les principes républicains, rem-
plissant ainsi le programme des comités qui
avaient patronné ma candidature.
Aussi, fort du devoir accompli, me suis-je
présenté avec confiance aux élections de di-
manche dernier. Cette eontiance a été déçue,
bien que les adversaires mêmes de ma candi-
ture aient dû reconnaître que j'avais tenu
tous mes engagements, et que des sentiments,
d'animosité personnelle, seuls, les aient
poussés à tout faire pour égarer les électeurs,
en dénaturant de la' façon la plus complète
mes actes politiques.
Ainsi, on m'a surtout reproché de n'avoir
pas eu l'honneur d'êtrerévoqué des fonctions
de maire, que je tiens du suffrage universel
depuis 1870; après le 24 mai, je fis part à
mes collègues du conseil municipal de mon
intention de donner ma démission ; mais ils
furent unanimes à m'inviter à accepter l'in-
vestiture, ce que j'ai fait, pensant que la Ré-
publique serait mieux détendue par les répu-
blicains que par ses adversaires.
Tous mes autres actes ont été inspirés par
les mêmes sentiments. Devant les intrigues
et les passions politiques exaltées qui ont
amené le résultat du premier tour de seru-
tin, je me retire, en affirmant une fois de
plus mon inébranlable foi républicaine, à la-
quelle je n'ai jamais manqué, et en témoi-
gnant ma reconnaissance aux. électeurs qui,
malgré toutes les manœuvres, m'ont honoré
de leurs suffrages.
CODUR,
Maire de Levallois-Perret.
——————————
L'Agence Havas annonce que le conseil
des ministres s'est réuni sous la présiden-
ce de M. le maréchal de Mac-Mahon. Un
point, c'est tout. Personne n'ignore les re-
lations amicales qui existent entre M.Havas
et le ministère de l'intérieur. S'il annonce,
avec un sérieux imperturbable, une nou-
velle que nous connaissions depuis huit
jours, à savoir que le conseil s'est réuni, il
a ses raisons pour agir ainsi. Cela veut
dire que, pour le moment, on ne doit pas
en connaître davantage.
Cette discrétion a lieu de nous étonner.
Le conseil des ministres n'avait pas encore
statué sur la question des élections par-
tielles, parce que M. Dufaure était absent,
Le cabinet tiendra séance le 13 avril, nous
disait-on, et arrêtera ses résolutions. C'est
donc avec une certaine anxiété que nous
attendions les journaux du soir. Quel dé-
sappointement ! Pour tout potage, on nous
annonce que le conseil s'est réuni. Qu'a-t-il
fait ? On ne nous dit même pas s'il s'est oc-
cupé des élections partielles, et cependant
ce n'est un mystère pour personne qu'il
devait justement se réunir pour en déli-
bérer. Dans les divers départements où
des sièges sont vacants, on espérait être
fixé, on ne le sera pas encore.
Nous n'attacherions pas grande impor-
tance à ce défaut de renseignements si nous
ne savions pertinemment qu'il existe deux
courants dans le cabinet. Certains minis-
tres, et à leur tête M. Dufaure, sont d'avis
qu'il faut faire un seul décret convoquant
tous les collèges ; les autres, et à leur tête
M. Buffet, sont d'avis de faire deux four-
nées et de procéder d'abord au remplace-
ment de six députés. Le silence gardé par
le confident du ministre de l'intérieur nous
prouve que l'on ne s'est pas encore en-
tendu, et nous le regrettons vivement.
Avant le départ de l'Assemblée, M.
Buffet, appelé par la commission chargée
d'examiner le projet de M. Courcelle, avait
exposé que, selon lui, il serait bon de sup-
primer les élections partielles. Il désirait
que l'on n'agitât pas perpétuellement le
pays ; et dans les petits coins, de façon à
n'être pas entendu, il disait que la dissolu-
tion était prochaine. L'Assemblée n'ayant
pas statué avant son départ, il est néces-
saire « d'agiter le pays. » M. Dufaure de-
mande donc que l'on en finisse une bonne
fois et que, sans s'inquiéter des dates, un
même décret convoque tous les électeurs
qui ont des députés à nommer. Si ensuite
de nouvelles vacances viennent à se pro-
duire, on pourra utilement décréter qu'il
n'y sera pas pourvu, vu la proximité de la
dissolution.
La sagesse commande cette conduite,
mais il faut croire que M. le ministre de
l'intérieur ne le pense pas. Un journal al-
lait dernièrement jusqu'à dire que l'As-
semblée ayant pris en considération le pro-
jet de M. Courcelle, le gouvernement était
tenu de ne convoquer que les départements
pour lesquels expirait le délai légal de six
mois. Nous savons que M. Buffet n'adopte
pas cette singulière théorie. Il veut bien
pourvoir à six vacances, et l'on ne s'expli-
que pas dès lors pourquoi il ne se range
pas à l'avis de M. Dufauro.
La dépêche de l'agence Havas, qui ne
dit rien, est cependant claire sur un point.
Evidemment on n'a encore pris aucune dé-
cision. Nos renseignements personnels nous
confirment dans cette idée, et nous voulons
croire que si l'on a remis à une séance ul-
térieure, c'est afin d'arriver à une entente
bien désirable. Il s'agit pour le gouverne-
ment d'user d'un droit absolu. En lui ac-
cordant un délai de six mois, le législateur
a voulu le rendre juge du moment oppor-
tun pour la convocation des colléges élec-
toraux. Quelle fin de non-recevoir peut-on
opposer à la thèse du garde des sceaux ?
Nous avons à plusieurs reprises traité
cette question, et si nous y revenons au-
jourd'hui, c'est pour marquer notre éton-
nement d'apprendre que les ministres sont
divisés sur un point qui devait les trouver
tous d'accord.
RAYMOND.
4.
DÉCONVENUE D'UN SPIRITE
Je ne sais si vous avez eatendu par-
ler d'un médium qui a nom Firman.
Il était fort connu dans le monde du
spiritisme, et jouissait d'un crédit énor-
me parmi les adeptes de cette religion
nouvelle. Il n'était sang doute pas
arrivé encore à la réputation des frères
Davenport; il est vrai aussi qu'il avait
fait moins de réclames ; et puis il faut
dire que depuis la mésaventure de ces
illustres et malheureux frères, les mé-
diums affrontent moins volontiers le
grand jour de la publicité; ils aiment
mieux faire leurs coups à la sourdine
et prendre leurs précautions. Ils ne se
livrent à leurs exercices que sous des
yeux bienveillants et à demi convain-
cus. Ils ont, pour flairer les incrédules,
un odorat très-subtil, et se tiennent
prudemment à l'écart des maisons
sceptiques.
Comment on vint à parler chez le
docteur Huguet de ce Firman et des
prodiges qu'il opérait, je n'en sais rien.
Peut-être un soir se trouva-t-il dans le
salon de l'aimable médecin quelque
élève d'Allan-Kardeck, qui prit feu sur
la question, rapporta des expériences
auxquelles il avait assisté, donna des
détails précis, concluants, s'indigna
des sourires qu'il voyait errer sur quel-
ques lèvres, et enflamma de ses récits
quelques imaginations de femme, tou-
jours plus faciles à accepter le surna-
turel de ces histoires fantastiques.
M. Jacelliot était l'un des habitués
du salon de M. Huguet. Il prit la pa-
role à son tour. Vous n'ignorez pas que
M. Jacolliot a écrit précisément un
livre fort curieux, qui a pour titre : le
Spiritisme dans VInde.
- Il abonde sur ce sujet spécial en
anecdotes singulières, trop singulières
même pour ne pas exciter parfois
quelque défiance. Il conta les jongle-
ries des fakirs, prétendit que les mé-
diums anglais et américains étaient fort
loin d'avoir la prodigieuse habileté de
ces maîtres en spiritisme, et qu'il n'y
avait rien de si aisé que de surprendre
et de dévoiler leurs trucs.
La conversation en resta là pour
cette fois. Mais l'idée de pincer le sieur
Firman avait germé dans la tête du
docteur Huguet, et il s'en ouvrit, com-
me d'un grand secret, à M. Jaeolliot
on ne mit dans la confidence qu'un ami
de la maison, M. Michaud, et la maî-
tresse du logis elle-même, Mme Hu-
guet.
On fit dans le plus grand mystère les
préparatifs que l'on crut nécessaires
pour rendre certain le succès de la
mystification.
Il y a dans un coin du salon de
Mme Huguet une sorte de cabinet obs-
cur, dissimulé par de grandes portiè-
res. Comme les médiums ont l'habitude
de se cacher derrière des rideaux, pour
y fabriquer à loisir' leurs apparitions,
on jugea que ce retiro serait accepté
par le sieur Firman comme un labo-
ratoire commode.
Mme Huguet manda un ouvrier ha-
bile et lui enjoignit de pratiquer dans
un angle de ce cabinet une étroite ca-
chette, avec de très-petites ouvertures,
dérobées dans la masse des rideaux,
qui permissent de surveiller, sans être
vu, tout ce qui passerait à l'entour.
Le traquenard une fois prêt, il ne
s'agissait plus que d'y attirer le mé-
dium. Ce diable d'Américain se méfiait-
il ? ou était-il réellement trop occupé ?
ou avait-il besoin d'étudier le terrain et
de connaître par avance les habitués
du salon où il allait opérer ? Ce qu'il y
a de sûr, c'est que quatre longs mois
se passèrent, sans que l'on pût mettre
la main sur lui.
Et cependant Mme Huguet, avec une
patience merveilleuse, s'était peu à peu
entourée de spirites convaincus, laissant
croire qu'elle ne demandait pas mieux
que de se laisser convertir. Que lui fal-
lait-il? une expérience décisive, des
preuves. Elle était de la race de Saint-
Thomas ; avant de croire, elle voulait
toucher au doigt.
Firman se décida enfin. Il arriva,
suivi d'une personne qu'il présenta
comme sa femme. Le rusé compère
était grave et solennel, comme un prêtre
qui procède à une cérémonie religieuse.
Il fit placer son monde autour d'une
grande table, et ordonna que toutes
les lumières fussent éteintes ; car il pa-
raît que les esprits sont amoureux des
ténèbres. Il pria même qu'on aidât à
leur évocation en chantant des re-
frains, qui, dit-il, avaient le don de les
attirer puissamment.
Sur cette injonction, sa femme donna
le branle et les adeptes l'accompagnè-
rent : ils psalmodièrent Frère Jacques
et quelques airs de la Mère Angot.
Vraiment, je sens le besoin de faire
ici une pause. Si ce récit n'était pas au-
thentique, si jfe n'avais pas sous les
yeux le procès-verbal de cette scène,
signé de tous les témoins, il me serait
impossible de croire à cet excès de cré*
dulité idiote chez des hommes aés Fran-
çais et de moeurs parisiennes. -
Quoi ! on les plonge dans l'obscurité
et dans le bruit, et ces naïfs ne font
pas réflexion que c'est pour éblouir
leurs yeux et étourdir leurs oreilles !
Ils consentent eux-mêmes à produire le
tapage qui aidera le charlatan à lea
tromper! Est-ce que des convictions si
robustes et si naïves ne touchent pas à
la bêtise ? Etonnez-vous donc, après
cela, qu'il y ait tant de gens qui croient
au miracle, et qui disent : Je l'ai vu, de
mes yeux vu !
Les phénomènes habituels ne tardè-
rent pas à se manifester : des chaises
renversées, une trompette jouant toute
ssule, un tambour de basque lancé en
l'air, que sais-je? les tours de presti-
digitation consacrés chez ces farceurs
du spiritisme.
C'était la bagatelle de la porte. On
passa aux évocations.
Le sieur Firman, pour procéder à
cette partie du programme, se retira
dans le petit cabinet que je vous ai dit.
Par son ordre, on éloigna la lampe,
qui ne jeta plus qu'une lueur indécise.
On installa la table devant la porte
même par où il venait de disparaître,
et tout le monde se plaça autour.
Dix minutes se passèrent en silence.
L'émotion des adeptes était extraor-
dinaire. On savait qu'il allait évoquer
son esprit familier, baptisé par lui du
nom de Quiboche le petit Indien.
En effet le rideau s'agita ; un petit
bonhomme, noir de visage et tout do
blanc habillé, fit son entrée et se mit à
parler en voix de tête un jargon enfan-
tin : après quoi, il souhaita le bonsoir
à la compagnie et s'évanouit dans les
tentures.
Les croyants triomphaient ; on les
laissa triompher à l'aise, et l'on p;rit
jour pour une seconde séance. On comp-
tait, en inspirant confiance au charla-
tan, le mieux prendre sur le fait, et
l'on voulait, avant de faire une esclan-
dre, se rendre bien compte de ses
procédés.
Le second soir, Mme Huguet se posta,
en secret, dans le petit observatoire
qu'elle avait pratiqué, et là, elle vit
son homme qui se passait rapidement
un masque noir sur le visage, s'affll-
blait d'une chape blanche, et se rappo
tissait en marchant sur les genoux.
Elle conta sa découverte aux affidés,
et il fut convenu qu'à là séance sui-
vante on frapperait le grand coup.
Croiriez-vous qu'on fut sur le point
de le manquer! Le drôle, au moment
de se costumer, entendit un léger cra7
que ment dans la boiserie. L'absence de
la maîtresse de la maison l'avait déjà
inquiété. Il se mit à interroger lG. boi-
serie, et cette opération dura près d'un
nuart d'heure. Mme Huguet retenait de
son mieux sa respiration, tandis qu'il
demeurait l'oreille collée à la paroi,
écoutant.
Et cependant les adeptes, émus de ce
retard, attendaient dans le salon avec
une anxiété terrible.
Il parut enfin; mais à peine avait-il
commencé de répondre aux questions,
qu'une main de femme s'abattit sur son
visage, lui arracha son masque, et le
tenant à genoux : ,
— Vous ne tromperez plus personne,
monsieur Firman, criait Mme Huguet
triomphante.
Le salon s'éclaira comme par enchan-
tement; on vit le pauvre médium qui
se débattait pitéusement, tandis que sa
femme poussait des cris désespérés, et
que les croyants restaient pétrifiés de
surprise.
Les deux- farceurs prirent la fuite
sans demander leur reste, et procès-
verbal fut aussitôt dressé de la scène
qui venait d'avoir lieu. Tous le si-
gnèrent, même les adeptes fervents du
spiritisme.
A quoi leur servira cette leçon ? De-
main ils se laisseront reprendre aux
jongleries de quelqu'autre charlatan.
Il y a des gens nés pour être dupes.
FRANCISQUE SARCEY.
: « — r.
La réponse du Cabinet Belge
La Tages-Press de Vienne dit avoir
reçu de son correspondant de Berlin la tra-
duction allemande de la dépêche du gou-
vernement belge en réponse à la note
prussienne du 3 février. Ce journal en re-
produit une analyse détaillée, citant tex-
tuellement les passages les plus impor-
tants.
La comte d'Aspremont-Lynden au comte
Perponcher-Sedlnitz.
Bruxelles, 26 février.
Dans l'introduction, la note récapitule les
trois griefs du gouvernement allemand. Ce
sont:
le Les manifestations sympathiques de
l'épiscopat belge pour l'épiscopat allemand ;
2° L'adresse d'une société cléricale de bien-
faisance à l'évêque de Paderborn ;
3° L'enquête à charge du-chaudronnier D&i.
chesne-Poncelet, qui avait offert à l'archevê-
que de Paris de , commettre un attentat sur
M. de Bismarck.
La note répond séparément à chacun de
ces griefs :
1° Les évêques ont, il est vrai, exprimé
Lenr sympathie & leurs collègues d'Allema-
gne ; mais ce fut au commencement du con-
flit qui s'est produit en Allemagne. A ee pro-
pos des explications ont été échangées entre
Prix cilu numéro : Paris : 15 centimes. — Départements : 20 centimes.
Jeudi 15 Avril 1875:
¡
- E.
ÎHj^i ï m Ifij fC! Ïj l^s
1
.",,-" n'. ',-. ';.>' JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la RMaotioa
de 2 heures à minuit
53, rue de Lafayette -,_.
Les lettres non affranchies seront re/Wéa
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois .* 13 fr.
Six mois. 25
EJn an 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois.».i. 16 fr.
Six mon. 32
Un aa"ii 62
Annonces, chez MM. LAGRANGE; CERP et G*
8, place de la Bonne, 6
On s'abonne à Londres, chez M.
stdvertisinsr. agent.13. Tavistap.ta'rtto £1,AV'4nt 1!..1.il.
ADMINISTRATION
Adresser lettres et mandats à L'Administrateur
53, rue de Lafayette
I/Çi manuscrits non insérés ne seront pas rendus
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Vu an - 50
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Un an 62
Annonce*, chez MM. LAGRANGE, CERF et (P
6, place de la Bourse, 6
On s'abonne h LONDRES, chez M. A. MAUMaE général
advertising, agent, 13. TaTistockrew, Covent Garden.
.,- "-
MM. les Souscripteurs dont i'aboanfr'i
ment expire le 15 avrit-sont -rit
le renouveler imm.éàiateBt' '!if;'" nA
veulent point éprouver de retard dans
la réception .du journal.
Paris, le 14 avril 1875.
La tactique des nnemis de la constitu-
tion consiste à accabler M. le vice-prési-
dent du conseil de leur confiance. Vous
lisez en ce moment-ci dans la plupart de
leurs journaux : « M. Buffet est un conser-
vateur, il connait ses devoirs de Conserva-
teur, il ne désertera pas le parti conserva-
teur.,. » Et tout ce qui s'en suit. La presse
bonapartiste surtout ne se lasse point de
broder sur ce canevas.
Il f&ut bien convenir que les apparen-
le ministère est formé, et cependant, pour
des raisons que l'on ignore, le pays attend
toujours les heureux effets du changement
de politique qu'un changement de gouver-
nement devait amener. Le vote de la con-
stitution est pour beaucoup, mais les actes
du cabinet sont pour peu de chose dans
l'apaisement et la quiétude dont nous
commençons à jouir. L'Union, qui nous
raille, et qui n'a pas tort, constate
que « les actes se font attendre, si les
déclarations abondent. » Sans parler du
discours de M. Wallon, nous devons, en
effet, à M. de Cissey, et surtout à M. Du-
faure, des déclarations dont on ne peut
contester l'importance ; mais où voit-on
poindre les réformes administratives tant
attendues ? Nous nous demandons quelque-
fois si nous, journalistes républicains, nous
ne devrions pas rire un peu de nous-mê-
mes, quand nous publions, avec les hon-
neurs réservés aux grosses nouvelles,
quelques faits insignifiants, qui seraient
indignes d'attention dans un autre temps.
Ce n'est pas notre faute, assurément, et
nous ne pouvons informer le lecteur qui
nous interroge que de ce que nous avons
appris. Que nous demande-t-il ? Si les Du-
cros, les Doncieux ou les Fournès adminis-
trent toujours la France, comme au temps
de la fusion? — Oui, mais nous tenons de
source authentique, en revanche, que le
maire de Villers-Vermont (Oise) vient d'être
révoqué ; on ne se risquera plus à lever, à
Villers-Vermont, l'étendard du bonapar-
tisme ! — Si l'état de siége est levé ? si les
journaux républicains, supprimés par M.
de Fourtou et M. de Broglie, ont obtenu
enfin l'autorisation de reparaître — Non,
mais nous pouvons garantir la révocation
du garde-champêtre Moussot, de la com-
mune d'Aûguy, dans l'Yonne. Il apprend
à ses dépens qu'un fonctionnaire doit, au-
tant que possible, s'abstenir de déblatérer
contre la constitution du pays. Le gouver-
nement a déployé une singulière énergie
dans cette grave affaire.
Nous ne pourrions continuer plus long-
temps de mettre en balance ee qu'on a fait
avec ce que l'on ni fait pas, car nous vivons
sur les histoires du maire de Villers-Vèr-
mont et du garde-champêtre d'Auguy.
C'est le bilan des actes 1 Cependant, nous
ne voulons pas désespérer de la politique
du cabinet et nous exhortons le public à la
patience. Sans compter la logique des évé-
nements, le parti constitutionnel et répu-
blicain a pour lui, dans le pays, la force
du nombre, et il est maître de la majorité
dans le parlement. Il tient le bon bout ;
qu'on nous passe ce mot trivial, mais
énergique.
Ceux qui adjurent M. Buffet de ne pas
abandonner les conservateurs savent très-
bien au fond que la phrase est vide de
sens, puisque, sous leur plume, le terme de
conservateurs désigne expressément les
adversaires du régime nouveau que M.
Buffet a été chargé de servir. Ces conser-
vateurs-là, nous les avons vus, dans la
séance du 25 février, montrant le poing et
pâles de colère, interpeller en furieux le
président de l'Assemblée. Le parti du gou-
vernement a changé de côté ce jour-là; et M.
Buffet, qui n'a oublié ni comment la majo-
rité nouvelle s'est faite, ni de quels élé-
ments elle se compose, doit savoir ce que
cette majorité nouvelle est en droit d'atten-
dre de lui. Ce qui surprend, c'est qu'il ne
s'y prête pas de meilleure grâce et qu'il
s'oublie trop à temporiser. — Mais, dira le
Français, vous croyez donc que le vice-
président du conseil sera dans l'obligation
de se plier aux exigences républicaines ? —
Assurément, d'autant que ces exigences
n'ont rien qui lui doive paraître si formi-
dable, et parce qu'il était impossible qu'il
ignorât, en acceptant le ministère, avec
quel concours il serait forcé de gouverner.
Il y a de certaines réparations et quel-
ques réformes, que le parti républicain juge
indispensables, urgentes, un minimum,
enfin, qu'il a résolu d'obtenir ; et M. Buffet
est un assez vieux parlementaire pour bien
savoir à quelles conditions se garde le con-
cours d'une majorité. Qu'avons-noiys vu
depuis le 24 mai 1873, jusqu'au moment cù
la coalition monarchiste fut disloquée?
Trente bonapartistes étaient entrés dans
la majorité du 24 mai ; ils en formaient
l'appoint : ils exigèrent des garanties, et
on leur en donna tant qu'ils voulurent ; ils
mirent la main dans tout, dans l'admi-
nistration, dans la politique; et, grâce
au besoin que leurs alliés avaient d'eux,
l'on peut dire que, dans toute cette pé-
riode, le groupe de l'appel au peuple im-
posa la loi. Quand il arrivait à des monar-
chistes de la droite ou du centre droit
de crier au scandale : « Que voulez-vous ?
disait M. de Broglie ; et comment ne point
en passer par tout ce qu'ils veulent, puis-
que, sans eux, nous tomberions en' mi-
norité? » Eh bien! —ce que trente bonapar-
tistes ont été dans la majorité du 24 mai, —
300 républicains, dans la majorité du 25 fé-
vrier, ne pourraient pas l'être? Le parti con-
stitutionnel et républicain n'exercerait pas,
dans une majorité qu'il compose presque
tout entière, autant d'influence qu'en ac-
quirent, dans la majorité du 24 mai, trente
représentants d'une faction détestée? On
ne saurait soutenir une telle hypothèse.
M. le vice-président du conseil le recon-
naîtra tout le premier.
EUG. LIÉBERT.
———,— <0-
Interpellation de la Chambre des Communes
Londres, 12 avril, soir.
Chambre des ommune$. M. Disraeli, ré-
pondant à l'interpellation dont M. Owen
Lewis avait donné avis et qu'il avait déve-
loppée à la précédente séance, fait observer
que, comme règle générale en matière d'in-
terpellations parlementaires, et surtout lors-
que ces interpellations ont trait aux affaires
étrangères, il serait utile que l'interpellateur
s'abstînt de faire emploi d'épithètes. Les épi-
thètes, selon lui, sont inutiles dans de sem-
blables sujets et peuvent donner lieu à de
fausses interprétations.
Pour en venir maintenant à la question po-
sée par l'honorable interpellateur, je dirai
tout d'abord, continue le premier ministre,
quo le gouvernement de Sa Majesté n'a reçu
d'autre information que ce qui a déjà été
communiqué à la Chambre. Le sujet dont il
s'agit est l'un de ceux qui ont donné lieu à
de fausses interprétations et à beaucoup
d'exagérations. (Ecoutez ! écoutez !) Il s'est
écoulé quelque temps depuis que la note à
laquelle il a été fait allusion a été adressée
par le gouvernement allemand au gouverne-
ment belge. Je creis qu'elle porte la date du
3 février.
Cette note n'avait rien de menaçant; elle
contenait seulement des représentations. Eh
bien ! de simples représentations n'impli-
quent pas nécessairement une menace. Loin
de là, souvent une représentation est la preuve
de l'existence d'un sentiment amical. Or, une
représentation amicale est une forme habi-
tuelle de s'exprimer généralement admise.
Eh bien ! la représentation fut adressée par
le gouvernement allemand au gouvernement
belge le 3 février, et celui-ci y a répondu
vers la fin du même mois, le 26, si je ne me
trompe.
Le gouvernement de Sa Majesté eut com-
munication, par l'intermédiaire du gouverne-
ment allemand, de ces deux notes en même
temps, c'est-à-dire de la note qui eontenait
les représentations de l'Allemagne et de celle
qui @ portait la réponse de la Belgique.
L'ambassadeur d'Allemagne, suivant les
instructions de son gouvernement, remit con-
fidentiellement au gouvernement de Sa Ma-
jesté copie de ces deux notes. Nous avons
considéré à l'époque et nous continuons à
considérer cette communication comme la
preuve des sentiments de cordialité qui exis-
tent entre le gouvernement de Sa Majesté et
celui de l'Allemagne. Nulle réplique, croyons-
nous, n'a été faite par le gouvernement alle-
mand à la réponse du gouvernement belge.
Depuis l'échange de ces deux notes, le
temps a considérablement marché. Nous
voici bientôt arrivés à la mi-avril, et nous
sommes au nombre des personnes compétentes
qui regardent l'incident comme terminé.
En réponse à la dernière partie de l'inter-
pellation de l'honorable député, je n'ai plus
qu'à dire que, comme règle géaérale, la Cham-
bre m'appuiera dans l'epinion que j'émets
en ce moment, à savoir : qu'il n'est ni utile,
ni nécessaire que la politique du gouverne-
ment de Sa Majesté soit exposée sur une
simple hypothèse ; mais j'ajouterai que si
l'indépendance de la neutralité de la Belgi-
que était réellement menacée, le gouverne-
ment de Sa Majesté serait prêt à remplir ses
devoirs envers sa souveraine et n'hésiterait
pas à agir de coneert avec le Parlement dans
cette occasion. (Applaudissements et rires.)
L'incident est clos.
;—: ♦ 1
APPLAUDISSEMENTS ET RIRES
« Tout finit par des chansons, » dit
Beaumarchais au dernier acte du Ma-
riage de Figaro.
C'est par des applaudissements et
des rires que l'incident prusso-belge
s'est terminé au sein du parlement
d'Angleterre. AU is well what ends
well.
A l'interpellation de l'honorable
Owen Lewis, M. Disraëli a fait une ré-
ponse digne de M. Gladstone. Les
grands hommes d'Etat de la Grande-
Bretagne se suivent et se ressemblent.
Nos voisins ont renversé M. Gladstone
parce qu'il avait perdu la bataille de
Dorking ; ils applaudissent en riant M.
Disraeli, qui l'a gaîment reperdue.
Le chef du gouvernement de la rei-
ne, l'auteur de certain toast hardi qui
fut désavoué trois jours après avec une
intrépidité sans exemple, n'a pas eu de
peine à rassurer un parlement qui ne
demandait pas mieux.
Il a prouvé d'abord que la note de la
chancellerie allemande était vieille de
trois mois et demi. Or, chacun sait
qu'une maîtresse de maison n'a pas le
droit de se fâcher pour une potiche
cassée, quand l'auteur responsable de
l'accident établit que cela date de très-
loin.
La note n'était pas menaçante, au
contraire. Elle constituait simplement
des représentations ; or, il est avéré
que les représentations sont une forme
désagréable, mais d'autant plus sincè-
re de l'amitié. La Prusse eût-elle un
peu châtié la Belgique, la chose s'ex-
pliquerait encore, au contentement gé-
néral, par un proverbe connu : « Qui
aime bien châtie bien. »
Si le représentant de l'Allemagne a
communiqué au Foreign - Office une
copie de la note et de la réponse, il
faudrait avoir l'esprit bien mal fait
pour voir dans cette confidence une
aggravation de l'affaire. Tant s'en faut !
Un ami n'a pas de secrets pour son
ami, et la communication dont l'Eu-
rope s'est énlue n'atteste rien, sinon
les sentiments de cordialité qui unis-
sent l'Allemagne à l'Angleterre.
D'ailleurs les Allemands n'ont pas
encore répliqué à la réponse du cabinet
belge. Ils se sont contentés de dire dans
quelques journaux d'un caractère plus
ou moins officieux que la Belgique
jouait gros jeu, ce qui ne tire pas à
conséquence.
Ah ! si la neutralité belge était sé-
rieusement menacée; si, par exemple,
il y avait seulement cinq cent mille
Prussiens armés jusqu'aux dents sur la
frontière de Belgique, le gouvernement
serait prêt à remplir ses devoirs envers
sa Souveraine, dont les sentiments
sur l'Allemagne sont bien connus.
Plaudite, cives!
T - - -- - 1 - -- Jl* - - - -- - - -- L - -- - - - - -- L - - -
Les appiauuissemenis ne se SOIlL pas
fait attendre, et l'on a même beaucoup ri.
Il y avait de quoi. Et si un journa-
liste français appelle l'attention de
ses concitoyens sur cette mémorable
séance, c'est pour désabuser les inno-
cents qui pourraient encore rêver équi-
libre européen et assistance de l'étran-
ger, après la guerre de 1870 et la glo-
rieuse ligue des neutres.
Mettons-nous bien dans l'esprit que
malgré toutes les apparences, nous som-
mes et serons longtemps seuls. Or, le
premier devoir du faible qui est seul,
c'est d'être sage.
La conclusion n'est pas gaie, elle
n'en est que plus digne d'attention.
Français, mes chers amis, n'applaudis-
sez pas, ne riez pas : tenez-vous !
ABOUT.
Il est cependant une chose dont les partis
ne devraient pas faire litière. C'est le pa-
triotisme! Nos adversaires s'y vautrent
avec une joie trop visible.
Ici, dans un journal presque légitimiste,
une diatribe contre le patriotisme du parti
républicain, parce que les journaux de ce
parti ont le tact de se cantonner dans la
politique intérieure, sans vouloir s'appe-
santir sur la gravité des événements exté-
rieurs. Là, dans l'organe clérico-brogliste,
une insinuation haineuse contre le patrio-
tisme du parti républicain qui, en atta-
quant ses adversaires de l'intérieur, fournit
des armes aux ennemis de l'extérieur.
En avant le patriotisme ! Notre grosse
caisse est crevée, crevons celle-là.
La polémique ne peut s'établir sur le
terrain que choisit si inconsidérément le
premier de ces organes ; mais rien n'em-
pêche de la soutenir sur le terrain où l'of-
fre l'autre Gaspard.
Est-ce afficher une politique dangereuse
ou bien signaler cette politique comme
dangereuse qui est un acte anti-patrioti-
que' Si la seconde hypothèse prévalait.
nous ne voyons pas pourquoi, de non-sens
en non-sens, on ne finirait point par trai-
ter d'immoral, non plus celui qui commet-
trait un acte d'indécence en public, mais
bien le sergent de ville qui soulignerait
l'acte en faisant des remontrances au cou-
pable.
Il paraît que certains journaux radicaux
de Paris et de province, « s'ils ont quelque
souci du patriotisme »,- c'est le Français
qui parle! — doivent s'abstenir de toute
critique contre les faits et gestes du cléri-
calisme. C'est le dernier congrès catho-
lique qui suggère cette pensée profonde au
Français. Et notez qu'il ne lui vient pas
un instant, sous la plume, l'idée de dire
aux cléricaux : Abstenez-vous par patrio-
tisme de donner prise à la critique. Les
solutions simples sont les dernières qui
viennent à l'esprit.
Malgré la malveillance dont le Français
nous honore d'habitude, nous ne pouvons
nous supposer compris dans la catégorie
des « journaux radicaux » admonestés,
puisque nous ne nous sommes pas occupés
du congrès catholique, etquenous continue-
rons à ne pas nous en occuper spéciale-
ment ; mais il nous est impossible de ne
pas faire remarquer, de temps à autre,
qu'un certain groupe politique a pris une
attitude générale absolument impolitique.
Nous, nous ne nous dirons pas anti-pa-
triotiques, car nôus conservons assez de
respect à l'égard de tout ce qui est fran-
çais pour ne pas infliger une pareille épi-
thète à un groupe de nos concitoyens.
Cette attitude est aussi impolitique à
l'extérieur qu'à l'intérieur.
A l'intérieur, elle a déjà porté ses fruits.
Avec des idées entières, qui ne veulent
plier devant rien, qui prétendent galvani-
ser les momies du passé pour en faire la
génération future, on a fait reculer de
terreur le pays ; au lieu de partisans, on
s'est créé partout des adversaires. L'essai
n'était pas suffisant, paraît-il, il fallait
aussi le tenter sur les nations voisines.
A l'extérieur, la politique française ne
pouvait avoir qu'un objectif : ne donner
prise sur nous par rien, rien, et encore
moins que rien. Fournir un motif de que-
relle eût été indigne ; fournir un prétexte
serait idiot. M. le duc Decazes le sentait
mieux que tout autre et sa vie ministé-
rielle s'est écoulée à aplanir des difficultés
qu'il craignait de voir soulever. Quel parti
s'est maintes fois montré ménager de son
appui vis-à-vis de M. le ministre des af-
faires étrangères? Est-ce le parti républi-
cain?
Les sympathies anciennes, les convic-
tions sont dignes de respect, comme. disent
un peu tous les ministres dans leurs circu-
laires aux fonctionnaires ; mais sympathies
et convictions ne doivent pas nuire au ser-
vice de l'administration; il faut qu'elles
demeurent au fond du cœur. Ce que des
fonctionnaires sont capables de faire,
paraît-il, pour l'administration, il nous
semble que des Francais pourraient bien
le faire pour la France.
Bien au contraire ; cette politique, qui
prend l'orgueil pour la fierté, ne perd pas
une occasion d'affirmer sa force, qui n'est
que dérisoire faiblesse. Elle fait fracas de
ses réunions, étale ses sentiments, jette
ses prêches au vent ; l'acte qu'elle dicte
pourrait être simple, étant exécuté simple-
ment; mais ce qu'il faut, ce n'est pas de la
simplicité, c'est de la politique à grand
orchestre : il s'agit de bâtir une église à
Montmartre, il est besoin des offrandes des
fidèles, les fidèles n'ont qu'à verser leur ar-
gent dans la caisse épiscopale ; non, cent
députés se réunissent, et, à titre collectif,
tâchent de faire une manifestation clérico-
gouvernementale.
Et l'injure sous la plume, on nous dénie-
rait le simple droit de crier, de temps à
autre, à ce parti : Casse-cou ! Notre
manque de patriotisme va en effet jusqu'à
faire tous les efforts possibles pour éviter
de supporter les fautes des autres. A l'in-
térieur, ils n'ont guère fait de mal qu'à
eux-mêmes, c'est leur affaire; à l'extérieur,
ils risquent d'en faire à tous, c'est bien un
peu la nôtre.
PAUL LAFARGUB.
—
Voici la lettre par laquelle M. Codur,
candidat au conseil général pour le canton
de Neuilly, déclare retirer sa candidature
aux élections du conseil général de la
Seine :
Levallois-Perret, le 13 avril 1875.
Chers concitoyens,
En 1871, vous m'avez honoré du mandat de
conseiller général ; depuis cette époque, j'ai
constamment défendu très-énergiquement les
intérêts du canton et affirmé, en toutes cir-
constances, les principes républicains, rem-
plissant ainsi le programme des comités qui
avaient patronné ma candidature.
Aussi, fort du devoir accompli, me suis-je
présenté avec confiance aux élections de di-
manche dernier. Cette eontiance a été déçue,
bien que les adversaires mêmes de ma candi-
ture aient dû reconnaître que j'avais tenu
tous mes engagements, et que des sentiments,
d'animosité personnelle, seuls, les aient
poussés à tout faire pour égarer les électeurs,
en dénaturant de la' façon la plus complète
mes actes politiques.
Ainsi, on m'a surtout reproché de n'avoir
pas eu l'honneur d'êtrerévoqué des fonctions
de maire, que je tiens du suffrage universel
depuis 1870; après le 24 mai, je fis part à
mes collègues du conseil municipal de mon
intention de donner ma démission ; mais ils
furent unanimes à m'inviter à accepter l'in-
vestiture, ce que j'ai fait, pensant que la Ré-
publique serait mieux détendue par les répu-
blicains que par ses adversaires.
Tous mes autres actes ont été inspirés par
les mêmes sentiments. Devant les intrigues
et les passions politiques exaltées qui ont
amené le résultat du premier tour de seru-
tin, je me retire, en affirmant une fois de
plus mon inébranlable foi républicaine, à la-
quelle je n'ai jamais manqué, et en témoi-
gnant ma reconnaissance aux. électeurs qui,
malgré toutes les manœuvres, m'ont honoré
de leurs suffrages.
CODUR,
Maire de Levallois-Perret.
——————————
L'Agence Havas annonce que le conseil
des ministres s'est réuni sous la présiden-
ce de M. le maréchal de Mac-Mahon. Un
point, c'est tout. Personne n'ignore les re-
lations amicales qui existent entre M.Havas
et le ministère de l'intérieur. S'il annonce,
avec un sérieux imperturbable, une nou-
velle que nous connaissions depuis huit
jours, à savoir que le conseil s'est réuni, il
a ses raisons pour agir ainsi. Cela veut
dire que, pour le moment, on ne doit pas
en connaître davantage.
Cette discrétion a lieu de nous étonner.
Le conseil des ministres n'avait pas encore
statué sur la question des élections par-
tielles, parce que M. Dufaure était absent,
Le cabinet tiendra séance le 13 avril, nous
disait-on, et arrêtera ses résolutions. C'est
donc avec une certaine anxiété que nous
attendions les journaux du soir. Quel dé-
sappointement ! Pour tout potage, on nous
annonce que le conseil s'est réuni. Qu'a-t-il
fait ? On ne nous dit même pas s'il s'est oc-
cupé des élections partielles, et cependant
ce n'est un mystère pour personne qu'il
devait justement se réunir pour en déli-
bérer. Dans les divers départements où
des sièges sont vacants, on espérait être
fixé, on ne le sera pas encore.
Nous n'attacherions pas grande impor-
tance à ce défaut de renseignements si nous
ne savions pertinemment qu'il existe deux
courants dans le cabinet. Certains minis-
tres, et à leur tête M. Dufaure, sont d'avis
qu'il faut faire un seul décret convoquant
tous les collèges ; les autres, et à leur tête
M. Buffet, sont d'avis de faire deux four-
nées et de procéder d'abord au remplace-
ment de six députés. Le silence gardé par
le confident du ministre de l'intérieur nous
prouve que l'on ne s'est pas encore en-
tendu, et nous le regrettons vivement.
Avant le départ de l'Assemblée, M.
Buffet, appelé par la commission chargée
d'examiner le projet de M. Courcelle, avait
exposé que, selon lui, il serait bon de sup-
primer les élections partielles. Il désirait
que l'on n'agitât pas perpétuellement le
pays ; et dans les petits coins, de façon à
n'être pas entendu, il disait que la dissolu-
tion était prochaine. L'Assemblée n'ayant
pas statué avant son départ, il est néces-
saire « d'agiter le pays. » M. Dufaure de-
mande donc que l'on en finisse une bonne
fois et que, sans s'inquiéter des dates, un
même décret convoque tous les électeurs
qui ont des députés à nommer. Si ensuite
de nouvelles vacances viennent à se pro-
duire, on pourra utilement décréter qu'il
n'y sera pas pourvu, vu la proximité de la
dissolution.
La sagesse commande cette conduite,
mais il faut croire que M. le ministre de
l'intérieur ne le pense pas. Un journal al-
lait dernièrement jusqu'à dire que l'As-
semblée ayant pris en considération le pro-
jet de M. Courcelle, le gouvernement était
tenu de ne convoquer que les départements
pour lesquels expirait le délai légal de six
mois. Nous savons que M. Buffet n'adopte
pas cette singulière théorie. Il veut bien
pourvoir à six vacances, et l'on ne s'expli-
que pas dès lors pourquoi il ne se range
pas à l'avis de M. Dufauro.
La dépêche de l'agence Havas, qui ne
dit rien, est cependant claire sur un point.
Evidemment on n'a encore pris aucune dé-
cision. Nos renseignements personnels nous
confirment dans cette idée, et nous voulons
croire que si l'on a remis à une séance ul-
térieure, c'est afin d'arriver à une entente
bien désirable. Il s'agit pour le gouverne-
ment d'user d'un droit absolu. En lui ac-
cordant un délai de six mois, le législateur
a voulu le rendre juge du moment oppor-
tun pour la convocation des colléges élec-
toraux. Quelle fin de non-recevoir peut-on
opposer à la thèse du garde des sceaux ?
Nous avons à plusieurs reprises traité
cette question, et si nous y revenons au-
jourd'hui, c'est pour marquer notre éton-
nement d'apprendre que les ministres sont
divisés sur un point qui devait les trouver
tous d'accord.
RAYMOND.
4.
DÉCONVENUE D'UN SPIRITE
Je ne sais si vous avez eatendu par-
ler d'un médium qui a nom Firman.
Il était fort connu dans le monde du
spiritisme, et jouissait d'un crédit énor-
me parmi les adeptes de cette religion
nouvelle. Il n'était sang doute pas
arrivé encore à la réputation des frères
Davenport; il est vrai aussi qu'il avait
fait moins de réclames ; et puis il faut
dire que depuis la mésaventure de ces
illustres et malheureux frères, les mé-
diums affrontent moins volontiers le
grand jour de la publicité; ils aiment
mieux faire leurs coups à la sourdine
et prendre leurs précautions. Ils ne se
livrent à leurs exercices que sous des
yeux bienveillants et à demi convain-
cus. Ils ont, pour flairer les incrédules,
un odorat très-subtil, et se tiennent
prudemment à l'écart des maisons
sceptiques.
Comment on vint à parler chez le
docteur Huguet de ce Firman et des
prodiges qu'il opérait, je n'en sais rien.
Peut-être un soir se trouva-t-il dans le
salon de l'aimable médecin quelque
élève d'Allan-Kardeck, qui prit feu sur
la question, rapporta des expériences
auxquelles il avait assisté, donna des
détails précis, concluants, s'indigna
des sourires qu'il voyait errer sur quel-
ques lèvres, et enflamma de ses récits
quelques imaginations de femme, tou-
jours plus faciles à accepter le surna-
turel de ces histoires fantastiques.
M. Jacelliot était l'un des habitués
du salon de M. Huguet. Il prit la pa-
role à son tour. Vous n'ignorez pas que
M. Jacolliot a écrit précisément un
livre fort curieux, qui a pour titre : le
Spiritisme dans VInde.
- Il abonde sur ce sujet spécial en
anecdotes singulières, trop singulières
même pour ne pas exciter parfois
quelque défiance. Il conta les jongle-
ries des fakirs, prétendit que les mé-
diums anglais et américains étaient fort
loin d'avoir la prodigieuse habileté de
ces maîtres en spiritisme, et qu'il n'y
avait rien de si aisé que de surprendre
et de dévoiler leurs trucs.
La conversation en resta là pour
cette fois. Mais l'idée de pincer le sieur
Firman avait germé dans la tête du
docteur Huguet, et il s'en ouvrit, com-
me d'un grand secret, à M. Jaeolliot
on ne mit dans la confidence qu'un ami
de la maison, M. Michaud, et la maî-
tresse du logis elle-même, Mme Hu-
guet.
On fit dans le plus grand mystère les
préparatifs que l'on crut nécessaires
pour rendre certain le succès de la
mystification.
Il y a dans un coin du salon de
Mme Huguet une sorte de cabinet obs-
cur, dissimulé par de grandes portiè-
res. Comme les médiums ont l'habitude
de se cacher derrière des rideaux, pour
y fabriquer à loisir' leurs apparitions,
on jugea que ce retiro serait accepté
par le sieur Firman comme un labo-
ratoire commode.
Mme Huguet manda un ouvrier ha-
bile et lui enjoignit de pratiquer dans
un angle de ce cabinet une étroite ca-
chette, avec de très-petites ouvertures,
dérobées dans la masse des rideaux,
qui permissent de surveiller, sans être
vu, tout ce qui passerait à l'entour.
Le traquenard une fois prêt, il ne
s'agissait plus que d'y attirer le mé-
dium. Ce diable d'Américain se méfiait-
il ? ou était-il réellement trop occupé ?
ou avait-il besoin d'étudier le terrain et
de connaître par avance les habitués
du salon où il allait opérer ? Ce qu'il y
a de sûr, c'est que quatre longs mois
se passèrent, sans que l'on pût mettre
la main sur lui.
Et cependant Mme Huguet, avec une
patience merveilleuse, s'était peu à peu
entourée de spirites convaincus, laissant
croire qu'elle ne demandait pas mieux
que de se laisser convertir. Que lui fal-
lait-il? une expérience décisive, des
preuves. Elle était de la race de Saint-
Thomas ; avant de croire, elle voulait
toucher au doigt.
Firman se décida enfin. Il arriva,
suivi d'une personne qu'il présenta
comme sa femme. Le rusé compère
était grave et solennel, comme un prêtre
qui procède à une cérémonie religieuse.
Il fit placer son monde autour d'une
grande table, et ordonna que toutes
les lumières fussent éteintes ; car il pa-
raît que les esprits sont amoureux des
ténèbres. Il pria même qu'on aidât à
leur évocation en chantant des re-
frains, qui, dit-il, avaient le don de les
attirer puissamment.
Sur cette injonction, sa femme donna
le branle et les adeptes l'accompagnè-
rent : ils psalmodièrent Frère Jacques
et quelques airs de la Mère Angot.
Vraiment, je sens le besoin de faire
ici une pause. Si ce récit n'était pas au-
thentique, si jfe n'avais pas sous les
yeux le procès-verbal de cette scène,
signé de tous les témoins, il me serait
impossible de croire à cet excès de cré*
dulité idiote chez des hommes aés Fran-
çais et de moeurs parisiennes. -
Quoi ! on les plonge dans l'obscurité
et dans le bruit, et ces naïfs ne font
pas réflexion que c'est pour éblouir
leurs yeux et étourdir leurs oreilles !
Ils consentent eux-mêmes à produire le
tapage qui aidera le charlatan à lea
tromper! Est-ce que des convictions si
robustes et si naïves ne touchent pas à
la bêtise ? Etonnez-vous donc, après
cela, qu'il y ait tant de gens qui croient
au miracle, et qui disent : Je l'ai vu, de
mes yeux vu !
Les phénomènes habituels ne tardè-
rent pas à se manifester : des chaises
renversées, une trompette jouant toute
ssule, un tambour de basque lancé en
l'air, que sais-je? les tours de presti-
digitation consacrés chez ces farceurs
du spiritisme.
C'était la bagatelle de la porte. On
passa aux évocations.
Le sieur Firman, pour procéder à
cette partie du programme, se retira
dans le petit cabinet que je vous ai dit.
Par son ordre, on éloigna la lampe,
qui ne jeta plus qu'une lueur indécise.
On installa la table devant la porte
même par où il venait de disparaître,
et tout le monde se plaça autour.
Dix minutes se passèrent en silence.
L'émotion des adeptes était extraor-
dinaire. On savait qu'il allait évoquer
son esprit familier, baptisé par lui du
nom de Quiboche le petit Indien.
En effet le rideau s'agita ; un petit
bonhomme, noir de visage et tout do
blanc habillé, fit son entrée et se mit à
parler en voix de tête un jargon enfan-
tin : après quoi, il souhaita le bonsoir
à la compagnie et s'évanouit dans les
tentures.
Les croyants triomphaient ; on les
laissa triompher à l'aise, et l'on p;rit
jour pour une seconde séance. On comp-
tait, en inspirant confiance au charla-
tan, le mieux prendre sur le fait, et
l'on voulait, avant de faire une esclan-
dre, se rendre bien compte de ses
procédés.
Le second soir, Mme Huguet se posta,
en secret, dans le petit observatoire
qu'elle avait pratiqué, et là, elle vit
son homme qui se passait rapidement
un masque noir sur le visage, s'affll-
blait d'une chape blanche, et se rappo
tissait en marchant sur les genoux.
Elle conta sa découverte aux affidés,
et il fut convenu qu'à là séance sui-
vante on frapperait le grand coup.
Croiriez-vous qu'on fut sur le point
de le manquer! Le drôle, au moment
de se costumer, entendit un léger cra7
que ment dans la boiserie. L'absence de
la maîtresse de la maison l'avait déjà
inquiété. Il se mit à interroger lG. boi-
serie, et cette opération dura près d'un
nuart d'heure. Mme Huguet retenait de
son mieux sa respiration, tandis qu'il
demeurait l'oreille collée à la paroi,
écoutant.
Et cependant les adeptes, émus de ce
retard, attendaient dans le salon avec
une anxiété terrible.
Il parut enfin; mais à peine avait-il
commencé de répondre aux questions,
qu'une main de femme s'abattit sur son
visage, lui arracha son masque, et le
tenant à genoux : ,
— Vous ne tromperez plus personne,
monsieur Firman, criait Mme Huguet
triomphante.
Le salon s'éclaira comme par enchan-
tement; on vit le pauvre médium qui
se débattait pitéusement, tandis que sa
femme poussait des cris désespérés, et
que les croyants restaient pétrifiés de
surprise.
Les deux- farceurs prirent la fuite
sans demander leur reste, et procès-
verbal fut aussitôt dressé de la scène
qui venait d'avoir lieu. Tous le si-
gnèrent, même les adeptes fervents du
spiritisme.
A quoi leur servira cette leçon ? De-
main ils se laisseront reprendre aux
jongleries de quelqu'autre charlatan.
Il y a des gens nés pour être dupes.
FRANCISQUE SARCEY.
: « — r.
La réponse du Cabinet Belge
La Tages-Press de Vienne dit avoir
reçu de son correspondant de Berlin la tra-
duction allemande de la dépêche du gou-
vernement belge en réponse à la note
prussienne du 3 février. Ce journal en re-
produit une analyse détaillée, citant tex-
tuellement les passages les plus impor-
tants.
La comte d'Aspremont-Lynden au comte
Perponcher-Sedlnitz.
Bruxelles, 26 février.
Dans l'introduction, la note récapitule les
trois griefs du gouvernement allemand. Ce
sont:
le Les manifestations sympathiques de
l'épiscopat belge pour l'épiscopat allemand ;
2° L'adresse d'une société cléricale de bien-
faisance à l'évêque de Paderborn ;
3° L'enquête à charge du-chaudronnier D&i.
chesne-Poncelet, qui avait offert à l'archevê-
que de Paris de , commettre un attentat sur
M. de Bismarck.
La note répond séparément à chacun de
ces griefs :
1° Les évêques ont, il est vrai, exprimé
Lenr sympathie & leurs collègues d'Allema-
gne ; mais ce fut au commencement du con-
flit qui s'est produit en Allemagne. A ee pro-
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