Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1875-03-22
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 22 mars 1875 22 mars 1875
Description : 1875/03/22 (A5,N1205). 1875/03/22 (A5,N1205).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/03/2013
58 Année. - N° 1205.
Prix du numéro Paris 15 centimes. — Départements : 20 eJentimes.
Lundi 22 Mars 1875.
,
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On s'abonne à Londres, chez M. A. MAURICE général
advertising, agent, 13. Tavistockrow, Covent Garden.
Paris, 21 mars 1875. ,,
-" ".-.1
L'Assemblée est en vacances, et M. Te *
vice-président du conseil n'a pas obtenu le
droit d'ajourner les élections partielles.
C'est sa faute. M. Buffet ne sait pas vou-
loir ; ou plutôt il ne sait pas encore exac-
tement ce qu'il veut ; et en attendant que
l'inspiration lui vienne, il louvoie et mé-
nage la chèvre et le chou, la minorité de
droite et la majorité de gauche ; si bien,
qu'au demeurant, il doit se féliciter de
n'avoir eu besoin ni de la chèvre, ni du
chou,' car il eût fort Vieil pu mourir d'ina-
nition entre les deux.
Nous voulons espérer que les vacances
lui porteront conseil et l'Avertiront qu'il
fait fausse route. Qu'il lise, pour commen-
cer, la lettre du marquis de Franclieu à
M. Pradié, imprimée dans Y Union, et qu'il
la rapproche du beau discours prononcé
hier par M. Laboulaye en prenant posses-
sion du fauteuil présidentiel, où l'ont porté
par acclamation ses collègues du centre
gauche. Il saura ce qu'il doit attendre de
son appel « aux hommes modérés de tous
les partis,» c'est-à-dire, pour parler franc,
à l'ancienne majorité du 24 mai, expurgée
de quelques bonapartistes et fortifiée du
centre gauche.
On lira ce diseours de M. Laboulaye, et
il serait à souhaiter que la France entière
pût en prendre connaissance. La vérité, la
voilà ; la loyauté politique, la fidélité aux
engagements, le respect d'autrui et de soi-
même, voilà ce qu'on trouve dans ce pro-
gramme. C'est ainsi qu'on parle à des al-
liés qu'on ne veut point tromper, à des ad-
versaires qu'on voudrait convertir ; tel est
le langage qu'un homme d'Etat fait enten-
dre quand il n'a rien à dissimuler et qu'il
souhaite sincèrement faire pénétrer la lu-
mière jusque dans les dernières communes
de France.
M. le vice-président du conseil pourra
tirer un réel profit de cette lecture. Il
verra qu'il se trompe si M. Pradié ne l'a
pas calomnié en lui attribuant la pensée
de reconstituer avec les membres épars de
l'ancienne coalition du 24 mai une majo-
rité où le centre gauche accepterait un
rôle. M. Laboulaye déclare qu'il ne faut
pas compter sur des défections dans le
.groupe qu'il préside. Libre à quelques
cœurs légers de renier des alliances libre-
ment consenties, et de trahir des engage-
ments qu'on pouvait croire plus sincères ;
mais qu'ils n'espèrent pas trouver enfin
des complices là où depuis trois ans, en
dépit de toutes les promesses, de toutes les
intrigues, de toutes les menaces, ils n'ont
rencontré que d'honnêtes gens pour qui la
politique n'a jamais été synonyme de du-
plicité. « Nous savons ce que vaut notre
accord, a dit i. Laboulaye; nous ne nous
séparerons pas après la victoire ; l'ingra-
titude n'a jamais porté bonheur à aucun
parti. »
M. le vice-président du conseil fera donc
bien d'en faire son deuil; ou il s'ap-
puiera sur la majorité du 25 février, ou il
ne vivra pas. Il ne s'agit donc pour lui que
de savoir à quelles conditions cette majo-
rité le soutiendra, et s'il devra renoncer à
la politique « nettement conservatrice »
annoncée dans son programme. Or, dans-
ces conditions, nous ne voyons guère
qu'une chose qui s'écarte des principes
« conservateurs » à la mode du jour,
c'est la franchise avec laquelle M. La-
boulaye les énumère. Que demande le
centre gauche, et, en cela, il peut compter
sur l'assentiment unanime des autres
groupes de gauche? Il demande que le gou-
vernement renonce aux lois d'exception,
et que l'administration à tous les degrés
soit tenue de respecter la République. Le
programme n'est pas long ; en revanche, il
est net, et nous serions curieux de savoir
quelles objections y pourraient opposer les
ministres les plus nettement, les plus réso-
lument, et surtout les plus loyalement con-
servateurs.
Le cabinet du 10 mars a six semaines
devant lui pour réfléchir et indiquer, par
ses actes, s'il accepte ou refuse le pro-
gramme du centre gauche, et l'on ne sau-
rait douter de sa réponse sans lui faire,
injure. Que lui demande-t-on, en somme?
De respecter la loi, au lieu de la tourner;
de voir dans la constitution un principe de
gouvernement, et non un instrument de
pouvoir ; de traiter la République en épouse,
et non en concubine, comme nous l'avons
entendu dire ; de faire son devoir, enfin, et
de se rappeler le mot de Montaigne:« C'est
rahison de se marier sans s'épouser. »
E. SOHNBB.
Le gouvernement désirait que l'on sup-
primât les élections partielles. Il fallait
trouver le moyen d'y arriver en l'absence
de tout rapport.
M. Wolowski proposait une résolution
portant que tous les colléges électoraux
seraient convoqués le 1er juillet si 1 As-
semblée n'avait pas auparavant fixé la date
de sa dissolution.
, Les bureaux des gauches tinrent séance.
M. Bocher, président du centre droit, était
présent. Il soumit à son tour un projet de
résolution portant qu'aucune élection pâr-
tielle n'aurait lieu avant le dépôt du rap-
port de la commission Courcelle.
- Le débat s'engagea, et il parait qu on
était sur le point de s'entendre lorsqu'on
apprit que la séance publique était levée.
Le bruit se répandit immédiatement dans
les couloirs que la commission de perma-
nence allait se réunir et convoquer l'As-
semblée pour lundi. C'était une erreur.
Le gouvernement, en l'absence de toute
disposition spéciale, devra se conformer à
1 la loi.
On assure que M. Buffet avait l'intmi-
tion de convoquer en même temps les dé-
parents du Lot, du Cher, du Rhône,
Wla Nièvre, de Vauchwet la Guade-
loupe.
—————— —————
DISCOURS DE M. LABOULAYE
A LA RÉUNION DU CENTRE GAUCHE
Messieurs,
En ouvrant la séance, permettez-moi,
avant toutes choses, de remercier cordia-
lement le président auquel je succède, l'ho-
norable M. Corne. Dans la crise publique
que nous venons de traverser, notre prési-
dent, secondé par ses collègues du bu-
reau, a fait preuve d'un zèle, d'une ferme-
té, d'une modération dont nous ne saurions
lui être trop reconnaissants. Il nous a
donné l'exemple du patriotisme. Je suis
sûr d'être l'interprète de toute la réunion
en adressant à M. Corne nos plus vifs re-
merciements. (Murmures d'assentiment.)
Maintenant, messieurs, laissez-moi vous
dire combien je suis touché de l'honneur
que vous m'avez fait en m'appelant à vous
présider. A cette faveur, je ne me recon-
nais qu'un titre, si cela peut s'appeler
un titre, c'est d'avoir eu la bonne for-
tune d'être choisi par vous pour porter
à la tribune et y soutenir de mon mieux
les idées qui ont toujours animé la réunion,
les principes qu'elle a toujours défendus.
Ce que vous honorez en ee moment, ce
n'est pas l'homme, c'est le drapeau.
Comment notre groupe s'est-il formé il y
a quatre ans ? Au sortir de la guerre étran-
gère et de la guerre civile, il a été com-
posé d'hommes convaincus qu'après tant
de misères, tant de révolutions, après la
chute de trois dynasties, il n'y avait plus
qu'un gouvernement qui pût rendre à la
France l'ordre, la paix et, la liberté. Ce
gouvernement, étranger aux partis, ou-
vert à tous les hommes de bonne volonté,
et qui ne demande à personne d'autre sa-
crifice que d'obéir à de justes lois, c'est la
République ou, sous un autre nom, le gou-
vernement du pays par .le pays. Voilà,
messieurs, quel a été notre programme ;
dès l'origine, nous avons été des républi-
cains de raison. Ce ne sont pas toujours
les moins fidèles. (Très-bien ! très-bien 1)
Avec cette eonviction qu'il n'y avait de
possible que la République, nous avons
soutenu résolûment l'homme qui repré-
sentait notre politique, la politique de con-
corde et d'union. Nous avons toujours dé-
fendu M. Thiers, et c'est avec regret que
nous avons vu tomber sous l'effort d'une
coalition le grand citoyen qui avait eu
l'honneur d'attacher son nom à la libéra-
tion du territoire et à la rançon du pays.
( Applaudissements.)
, Mais, quels que fussent nos regrets, nous
nous sommes inclinés devant la décision de
la majorité, et nous avons accepté sans
arrière-pensée M. le maréchal de Mac-
Mahon, comme président de la République
pour sept ans. Le maréchal a eu des amis
plus bruyants que nous. Je ne crains pas
de dire qu'il a trouvé parmi nous les sou-
tiens les plus fidèles. Jamais nous n'avons
remis en question la nature ni la durée de
son pouvoir ; nous avons toujours demandé
qu'on donnât à ce pouvoir une organisa-
tion définitive, afin de l'entourer de force
et de respect. (C'est vrai! très-bien!)
Au 20 novembre 1873, quand nous re-
poussions un provisoire énervant, et que
nous demandions le maréchal avec la Ré-
publique, étions-nous les adversaires du
président ? Si l'on nous avait écoutés,
n'aurait-on pas épargné au pays quinze
mois d'agitations stériles? Plus tard,quand
un des nôtres, quand M. Casimir Périer
demandait qu'on en finit avec la prétendue
trêve des partis et avec un septennat chi-
mérique , n'était - ce pas l'intérêt de la
France et celui de la présidence qu'il sou-
tenait en même temps? Au mois de janvier,
quand nous avons réclamé la constitution
de la République, avons-nous affaibli le
pouvoir ou l'avons-nous fortifié? Déjà l'état
de l'opinion permet d'en juger.
Le 28 janvier, nous n'avons eu qu'un
demi-succès. Mais la brèche était faite;
trois jours plus tard, la République en-
trait dans la place. Elle l'emportait, grâce
au concours de nos collègues du centre
droit, trop longtemps séparés de nous. (Ap-
plaudissements.)
- Pendant quatre ans, nous n'avons cessé
d'appeler de tous nos vœux cette union
des centres qui, seule, pouvait donner un
appui au gouvernement ; mais cette union
ne pouvait se faire que sur un terrain so-
lide ; y en avait-il un autre que la Répu-
blique ? Il ne devait y avoir ni vainqueurs
ni vaincus, tout autre gouvernement que
la République n'eût-il pas été le triomphe
d'un parti ? (Bravos.)
Nous sommes heureux et fiers de nos
nouveaux alliés, nous comptons sur la du-
rée de cette alliance; mais nous n'oublions
pas, nous ne pouvons pas oublier nos com-
pagnons de lutte. C'est à la modération,
c'est à l'abnégation des différents groupes
de la gauche que nous devons d'avoir pu
former une majorité assez compacte et as-
sez considérable pour que, sans trop de
peine, elle ait pu' attirer à elle des dépu-
ts indépendants et se transformer en ma-
jorité.
Nous savons ce que vaut notre accord ;
nous avôns été unis dans le combat, nous
ne nous séparerons pas après la victoire.
L'ingratitude n'a jamais porté bonheur à
aucun parti. (Bravos et mouvement pro-
longé.)
Cette union, cette modération constante
nous a permis d'accepter les lois constitu-
tionnelles. Certes, ces lois ne répondent
pas à notre idéal, ce n'est pas tout à fait
de cette façon que nous eussions constitué
la République. Mais si la critique de la
nouvelle constitution est facile, il ne faut
pas oublier, et le pays n'oubliera pas, que
nous avons beaucoup sacrifié pour lui ob-
tenir un gouvernement définitif. -
En fait, une constitution n'est qu'un ou-
til bon ou médiocre ; tout dépend de la
main qui s'en sert. Si la France est réso-
lue à 'garder un gouvernement libre, elle
saura faire un bon usage des lois constitu-
tiQnnelles; elle cu çonjgora elle-ême les
défauts par la pratique, et c'est là notre
espoir. — ,.
Les gauches n'ont pas montré moins de
modération dans la composition du minis-
tère. Si l'on avait suivi la rigueur des lois
parlementaires, on nous aurait donné
dans le cabinet une représentation propor-
tionnelle à notre importance numérique.
Nous nous sommes effacés, cependant, par
amour de l'union et de la paix. On nous a
tant répété qu'il ne fallait pas effrayer les
intérêts conservateurs que nous nous som-
mes résignés à tous-les sacrifices, sans être
convaincus, toutefois, que le pays eût aussi
peur de nous qu'on a bien voulu nous le
dire. (Applaudissements et rires.)
Quelle sera notre attitude en face du
nouveau ministère? Messieurs, c'est un
des grands avantages de la politique du
centre gauche qu elle est tellement claire
que chacun la connaît d'avance. On n'a pas
besoin de traiter avec nous. (Très-bien !
très-bien !)
Nous soutiendrons le nouveau ministère,
à deux conditions :
La première, c'est qu'on en finisse au
plus tôt avec des lois d'exception que nous
avons combattues sous tous les régimes.
La seconde, c'est que l'administration
soit sincèrement républicaine. Nous ne de-
mandons ni violences ni proscriptions, cela
n'a jamais été de notre goût ; mais nous
ne croyons pas avoir des prétentions exces-
sives en demandant, d'une part, que ceux
qui ont lUionneur de servir la République
veuillent bien ne pas conspirer contre elle,
et, d'autre part, que tous les citoyens
soient tenus de respecter le principe du
gouvernement. La République est aujour-
d'hui le nom politique de la France : qui
attaque la République est un factieux et
tombe sous le coup des lois. (Applaudisse-
ments prolongés.)
Ce que nous demanderons encore au mi-
nistère, c'est de se tenir prêt pour une
dissolution qui ne peut tarder. En faisant
des lois constitutionnelles, nous avons
épuisé notre mandat, il est temps de rendre
au pays la souveraineté qui lui appartient.
Voilà tout notre programme ; j'ose croire
qu'il est essentiellement conservateur. (Ap-
plaudissements.) •
Messieurs, on disait, il y a cinquante
ans, que la France était centre gauche ;
je crois qu'elle n'a pas changé, et j'en di-
rai la raison. Pays ami de l'ordre et de la
liberté, ennemi des extrêmes, la France
revient toujours à ceux qui lui parlent de
modération ; elle aime surtout ceux qui ne
la dédaignent pas, ceux qui n'ont pas la
prétention de la régenter, de la traiter
comme une mineure éternelle. Elle donne
sa confiance à ceux qui ont confiance en
elle. Messieurs, dans nos jours les plus
sombres, nous avons toujours eu confiance
dans le pays.
Nous nous présenterons bientôt devant
les électeurs, prêts à rendre nos comptes
et avec la conscience d'avoir rempli notre
mandat honnêtement. Nous n'avons pas
cessé d'interroger l'opinion, de défendre la
cause du travail et celle de la sécurité pu-
blique. Nous attendons sans crainte le ju-
gement du pays. La France trouvera aisé-
ment des députés plus éloquents ou plus
habiles ; nous osons dire qu'elle n'en trou-
vera pas de plus dévoués. (Triple salve
d'applaudissements.)
Le centre gauche, à l'unamité, a décidé
l'impression de ce discours.
■ • ■ ■ ■ ——- ■
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, le 20 mars 1875.
La vérité est qu'il y a de la défiance en-
tre la majorité nouvelle et le nouveau ca-
binet. Elle attendait beaucoup de lui, ces
espérances ont été déçues; il avait souvent
manifesté une certaine crainte d'elle, ces
appréhensions n'ont pas été suffisamment
désavouées. D'un côté comme de l'autre,
on est sur l'œil jusqu'au dernier moment
de la cohabitation. C'est ce qui fait que la
solution du projet Courcelle prend les pro-
portions d'un événement politique.
Il parait que M. BuffBt tient plus que
jamais à voir voter illico la suppression
des élections partielles ; mais M. Buffet
veut moins que jamais se lier, à date fixe,
par un engagement touchant les élections
générales. Aux élections générales arrêtées
d'avance, M. le vice-président du conseil
trouve de graves inconvénients, — les-
quels? — sans doute ceux qu'il a de tout
temps reconnus à la dissolution. Quant
aux élections partielles, elles lui semblent
un terrain dangereux pour risquer les
premiers pas d'une constitution qui tient
encore mal sur ses jambes. C'est évidem-
ment avec cet argument que M. le vice-
président du conseil espère vaincre les
répugnances des gauc hes.
Les conférences sont engagées dans les
couloirs, et l'on parle même vaguement
d'une transaction que M. Buffet tente d'ob-
tenir, espèce de sursis momentané dont il
ne reste plus qu'à trouver la teneur, —
c'est-à-dire tout.
En attendant, on expédie quelques cré-
dits et quelques traités, soit d'extradition,
soit de délimitation de frontière. A trois
heures dix, tout est réglé entre la France
et les puissances voisines; il ne reste plus
à l'ordre du jour que la proposition de M.
Courcelle, suivie de ces mots : s'il y a
lieu. M. le président regarde, hésite ; puis,
ne voyant personne demander la parole, il
dit mélancoliquement : « Le rapporteur ne
s'étant pas présenté, la séance est levée;
l'Assemblée se proroge jusqu'au 11 mai. »
Stupéfaction générale, suivie de gestes
de dépit par ci, de marques d'hilarité
par là. Et, juste au moment où M. le pré-
sident ferme la session, l'habituée par
excellence des débats, orageux de l'As-
semblée, la mouette parlementaire dont la
présence indique, à coup sûr, une tempête
dans la Chambre, apparaît dans une tri-
bune. C'est a faire douter des baromètres !
Il est clair qu'il y a surprise.
M. le président de l'Assemblée pense
peut-être in petto que cette brusque solu-
tion est la faut de M. le vice-président du
conseil, qu'i n'a pas pris la parole ou n'a
pas eûvày# à temps un de ses dévoués por-
ter la question à la tribune; mais M. le
vice-président du conseil maugrée peut-
être bien, dans le fond de son âme, contre
M. le président de l'Assemblée, qui n'a pas
su faire durer la séance. Il est un fait, c'est
que M. le duc d'Audiffret-Pasquier s'est
montré en cette circonstance président qui
préside purement et simplement, c'est-à-
dire qui ne préside plus quand il n'a plus
rien à présider.
Le plus comique de l'affaire, c'est que les
conférencesallaienttoujoursleurtrainiDans
un bureau, des membres de la gauche sont
réunis pour traiter la question délicate.
Parmi eux, est M. Bocher, qui cherche à
opérer des conversions, et l'improvisation
entraînante du président du centre droit
est coupée par ces mots criés, d'un ton
gouailleur, à travers la porte : « Vous
savez, messieurs ? nous sommes en va-
cances ! »
PAUL LAFARGUE.
Quelles considérations ont déterminé
l'Assemblée à donner au pays des lois con-
stitutionnelles ? Ce n'est pas, évidemment,
pour son seul plaisir ou pour l'amour de
l'art que la majorité a voté la constitution
du 25 février. Elle ne l'eût pas fait, si elle
n'eût été envaincue de la nécessité de
mettre fin, et plus tôt que plus tard, à un
état de choses défectueux. Ou la constitu-
tion du 25 février n'a pas de raison d'être,
ou c'est un remède à des maux que nous
avons trop longtemps éprouvés. Dès lors,
pour l'appliquer, il ne faut pas attendre.
Quand le médecin a fait son ordonnance,
il est d'usage de l'exécuter sans perdre de
temps. La coutume et le bon sens l'exi-
gent. Eh bien ! lorsque nous avons, nous,
une constitution votée et promulguée,
comment l'idée nous viendrait-elle de diffé-
rer le plus possible de nous en servir ?
Ces réflexions, dignes assurément de La
Palisse, nous sont inspirées par l'article
d'un publiciste du centre droit sur « l'épo-
que de la dissolution, » qui a paru, pour
que le public n'en ignore, dans le Journal
de Paris et dans le Soleil. Tout en affi-
chant,pour l'organisation constitutionnelle,
une tendresse, une sollicitude que nous
n'aurions pas soupçonnées, l'auteur aboutit
à demander qu'on en retarde l'application
de douze ou quinze mois. Voici en effet
comment il s'exprime :
L'arbre est planté, c'est vrai; mais il n'a
pas encore poussé de racines : il est à la
merci de tous les accidents, et si les mains
qui l'ont planté cessaient de le protéger, il
courrait le risque d'être renversé. Les dan-
gers auxquels l'Assemblée a cru parer en vo-
tant l'organisation actuelle n'ont pas cessé
d'exister : ils ont été écartés, mais ils revien-
draient plus menaçants que jamais si l'As-
semblée, précipitant l'époque de sa dissolu-
tion, abandonnait aux attaques de ses enne-
mis l'œuvre constitutionnelle qu'elle vient
d'achever.
Aussi l'Assemblé actuelle fera-t-elle sage-
ment, à notre avis, de ne pas s'en remettre
absolument à l'Assemblée qui lui succédera
du soin d'appliquer la constitution qu'elle
vient de voter. Elle fera bien d'imprimer elle-
même le mouvement à cette machine dont
elle a créé-les rouages délicats, et de veiller
elle-même à ce qu'ils fonctionnent avec régu-
larité. Dans un an, au plus tôt, dans quinze
mois peut-être, alors que l'organisation ac-
tuelle aura fait ses preuves, on pourra con-
fier à des mains étrangères le soin de la faire
fonctionner : jusque-là il y aurait impru-
dence à lui retirer l'appui des mains pater-
nelles.
On ne peut se tenir d'admirer, dans le Jour-
nal de Paris, l'abondance et la richesse
des métaphores; mais ce que notre confrère
a souvent le tort de trop négliger, c'est la
logique, et son indifférence, à cet égard,
est déplorable. Charmante image que celle
de ce jeune arbre à qui l'on ne peut retirer
l'appui des mains paternelles ; les mains
paternelles, surtout, raviront tous les con-
naisseurs. Mais pourquoi faut-il que le rai-
sonnement n'ait pas le sens commun? -
Le Journal de Paris veut, pour un laps
de temps considérable, confier à la Cham-
bre actuelle le soin d'appliquer la consti-
tution. Mais enfin, cette constitution,
qu'est-ce qu'elle dit ? On n'a pas besoin
d'un prodigieux effort de mémoire pour se
rappeler que sa principale disposition at-
tribue l'exercice du pouvoir législatif à
deux Chambres, — le Sénat et la Chambre
des députés, — et que le Sénat ne doit en-
trer en fonctions que le jour même-où se
séparera l'Assemblée actuelle. D'où il suit
que la constitution ne peut être appliquée
qu'après la dissolution de l'Assemblée de
1871, par qui le Journal de Paris de-
mande qu'elle soit mise en pratique. Notre
confrère ajourne la dissolution au temps
où l'organisation constitutionnelle « aura
fait ses preuves. » Bonne idée, quand il
est expressément écrit, dans la constitu-
tion même, que le fonctionnement consti-
tutionnel ne commencera qu'après la dis-
solution !
Vraiment, il serait bien de prendre un
peu plus de souci du public à qui l'on
s'adresse, surtout lorsqu'on vise au sé-
rieux et qu'on prétend faire de la politique
habile. Ce n'est pas avec des arguments
pareils que le Journal de Paris opérera
de nombreuses èonversions. La constitu-
tion est votée, et l'opinion publique est una-
nime à en réclamer le fonctionnement dans
le plus court délai possible. Un ajourne-
ment de quinze mois ou même d'une année
serait malheureux et inexplicable ; la ma-
jorité de l'Assemblée doit parfaitement
s'en rendre compte, et nous ne doutons pas
qu'au retour des vacances,. la question de
la - dissolution ne soit mise l'une des pre-
mières à l'ordre du jour. Sans doute, il
réste à l'Assemblée de 1871 quelques der-
nières dispositions à prendre et quelques
lois à faire ; mais qui ne voit qu'elle doit
s'en tenir au strict nécessaire, à l'indis-
pensable, et que son premier devoir, à son
retour, sera de se hâter ?
EUG. LIÉBBRT.
♦ :—
La commission des Trente a tenu hier une
nouvelle séance. M. Dufaure lui a demandé
de ne pas résigner son mandat. Il a annoncé
qu'il déposerait un projet de loi dès le retour
de l'Assemblée et qu'il en demanderait le
renvoi à la commission des lois constitution-
nelles.
Après un débat, il a été- décidé que si l'As-
semblée, par un vote formel, ne dessaisissait
pas les Trente, ils demeuraient chargés de
l'élaboration des lois organiques.
La commission d'enquête sur l'élection de
la Nièvre a continué hier l'examen des pièces
du dossier.
La commission de permanence est convo-
quée pour lundi à deux heures, à l'effet de
régler l'ordre de ses séances.
Il se peut que la commission convoque
l'Assemblée pour le 3 mai, dans le but de sta-
tuer sur la question des élections complémen-
taires. Le décret ne doit paraître que le 10;
on aurait donc encore le temps de prendre
une détermination.
CAUSERIES DU DIMANCIIE
VIII
L'architecte, membre de l'Académie
des beaux-arts, qui arrangeait l'église
de Saint-Denis, avait la manie singu-
lière de faire graver à tout propos des
inscriptions sur cet édifice et sur les
monuments qu'il renferme : des inscrip-
tions latines, s'il vous plaît.
Or, si l'Académie des beaux-arts ne
souffrait pas que l'on blâmât l'un de
ses membres lorsqu'il traitait un' mo-
nument historique avec la liberté que
l'on sait, l'Académie des inscriptions
et belles-lettres ne prenait pas la chose
aussi bien.
Personne, en dehors de la commis-
sion des monuments historiques et
de quelques rares amateurs de nos
anciennes gloires, ne s'était avisé de
trouver étrange que, sous le prétexte de
restaurer la façade bâtie par Suger en
1140, on en modifiât complètement le
caractère et qu'on la couvrît d'orne-
ments et de sculptures, qui non-seule-
ment n'y avaient jamais été placés,
mais qui étaient grotesques. D. Doublet,
dans son Histoire de l'Eglise Saint-
Denis, dit que l'abbé Suger avait fait
placer sur la facade (sans désigner
l'endroit) une inscription de cuivre doré
qui rappelait la consécration de l'édifice,
et il donne le texte de cette inscription.
L'architecte, dans un rapport daté du
3 février 1840, fait savoir au ministre
qu'il a retrouvé, sur le tympan d'une
arcature aveugle, au-dessus des trois
portes, les trous de scellement des let-
tres de bronze de cette inscription, et
qu'il s'empresse, non point de replacer
les lettres de métal, mais de faire graver
en creux dans la pierre ladite inscrip-
tion. Il ajoute que cette arcature aveu-
gle n'étant pas dans l'axe de la façade,
il serait opportun, pour satisfaire aux
exigences de la symétrie, de placer
une seconde inscription dans le tympan
formant pendant. Mais, comme déjà
l'Académie des inscriptions avait fait
quelques' observations au sujet de
textes d'un latin trop fantaisiste intro-
duits dans l'église de Saint-Denis, l'ar-
chitecte, pour ne pas se faire de nou-
velles affaires avec ses collègues de
l'Institut, crut prudent de prier l'Aca-
démie des inscriptions de composer
cette seconde inscription.
Je n'ai point vu le dossier relatif au
traité de Paris de 1856, mais je doute
qu'il soit plus volumineux que celui dont
j'ai pu retrouver les éléments dans les
archives des travaux de Saint-Denis,
relativement à cette inscription : sans
compter toutes les pièces qui doivent
être conservées dans les bureaux. Après
ce rapport sus-mentionné, le ministre
dut écrire au président de l'Académie
pour obtenir cette inscription, car le
secrétaire perpétuel en envoie le texte,
tout en faisant observer qu'il importe
de tenir compte de la forme des lettres.
Puis apparaît une deuxième missive de
M. Daunou, le secrétaire perpétuel, à
l'effet de prévenir le ministre que, dans
l'inscription de Suger, déjà gravée sur
la façade en attendant l'autre, on a
mis SACRA au lieu de SACRATA.
Je me garderai bien de faire passer
sous les yeux du lecteur les notes, rap-
ports, réponses aux rapports, dont cette
bienheureuse inscription est le pré-
texte pendant. deux ou trois mois.
L'inscription est rédigée, approuvée ;
mais au moment de l'adresser à l'ar-
chitecte pour la faire graver, le mi-
nistre est pris d'un scrupule, probable-
ment; il soumet l'inscription à des
membres d'une commission quelconque
et, sur les observations qui lui sont
adressées, il se permet de faire re-
marquer à l'Académie que le texte
laisserait croire que Louis XVIII est
mort et enterré en terre étrangère,
comme Napoléon Ier et Charles X. La
réponse de l'Académie à cette missive
est quelque peu .hautaine, car c'est
ainsi qu'elle finit. « Ces considéra-
» tions déterminent la commission
» (nommée dans le sein de l'Académie)
» à persister dans les termes de son
» projet, et elle croit devoir y persister
» avec d'autant plus de conviction qu'il
fc -n'enteait pas et ne pouvait entrer
» dans ses vues d'exprimer, dans une
» inscription' si courte, où les idées
» principales pouvaient seules trouver
» place, une notion de détail, telle que
» celle de la sépulture de Louis XVIII.
» Ce fait particulier s'efface, s'absorbe
» dans le fait général de la dynastie
» des Bourbons, qui avait entrepris,
» comme la dynastie de Napoléon, la
» restauration de Saint-Denis, et qui a
» fini comme cette dynastie de Napo-
» léon. » Je trouve cela roide pour
Louis XVIII ; quoi qu'il en soit, le mi-
nistre informe l'Académie qu'il n'a plus
d'objections à élever. Enfin, lettre du
directeur des bâtiments civils à l'ar-
chitecte, lui faisant savoir qu'il peut
faire graver l'inscription, lui en adres-
sant le texte, et le priant de se mettre
en rapport avec M. Haze, chargé, par
l'Académie d'en surveiller la gravure:
Mais nous sommes en juin 1840, et ne
voilà-t-il pas que le retour des restes de
Napoléon Ier est décidé ! Tout est à re-
commencer; l'inscription ne peut plus
convenir du tout, puisqu'elle disait que
les restes de Napoléon demeuraient sur
la terre de l'exil !
Veuillez bien admettre que pendant
le cours de cette volumineuse corres-
pondance à propos d'une trentaine de
mots latins, si l'architecte ne gravait
pas l'inscription, il n'en continuait pas
moins à travailler l'édifice, comme je
vous l'ai dit. On s'évertuait à ne point
faire un solécisme dans une inscription
à graver sur une façade dont on avait
complétement dénaturé le caractère, et
sur laquelle on faisait sculpter des ca-
ricatures de statues de rois, à trente
mètres de hauteur, prétextant que si
on les avait fait replacer là où elles
étaient jadis, - sur les ébrasements des
portes, les gamins de la ville auraient
bien pu les écorner.
Donc, les restes de Napoléon Ier étant
apportés sur les rives de la Seine,, le
ministre récrit à l'Académie que tout
est rompu, et qu'il convient de rédiger
une autre inscription.
Le 20 juillet, le secrétaire perpétuel
envoie le texte définitif avec un em-
pressement qui permet de supposer
que l'Académie était heureuse de saisir
cette occasion de faire disparaître ainsi
l'équivoque dont la roi Louis XVIII était
la victime. Approbation du ministre et
remise de l'inscription à l'architecte.
Mais la chance est décidément contraire.
L'Académie, elle-même, a écrit SECLA
au lieu de SAECLA. Rappel, correc-
tion ; rapport de l'architecte annonçant
que M. Haze est pleinement satisfait et
que l'on enlève les échafauds.
Il est clair que tout cela était trop
simple pour ne pas engager l'adminis-
tration à suivre une voie semblable
pour toutes les inscriptions prodigieu-
sement nombreuses que 'l'architecte
voulait faire graver ou peindre dans
l'église. Oh! alors, c'est bien une autre
affaire et on en vient à l'aigreur. —:
Mais ne croyez pas que je vous raconte
une histoire chinoise.
On donnait décidément trop de be-
sogne à. l'Académie des inscriptions ;
puis, à vrai dire, avait-elle mieux à
faire? Il fallait cependant se ména-
ger l'appui d'un corps savant; on s'a-
dressa donc au comité historique —
non à la commission des monuments
historiques, qui avait déjà suffisam-
ment manifesté son opinion à l'égard
des travaux deSaint-Denis — au comité
historique, séant au ministère de l'in-
struction publique et composé en grande
partie de membres de l'Académie des
inscriptions. Il paraîtrait que ce comité
avait nommé une sous-commission. Cet-
te sous-commission n'est pas commode;
elle a des nerfs, on le comprendra sans
peine. Dans la rédaction d'un de ses
rapports à propos de ce déluge d'in-
scriptions qui ne devaient pas dépasser
un certain nombre de lettres, je crois
reconnaître la plume de Mérimée. Lisez
plutôt ce passage : « Cette prétention
» de faire expliquer un sujet donné par
» tel nombre de lettres a l'air d'une
» mauvaise plaisanterie. Si le nombre
» de lettres était fixé, il n'y aurait
» pas d'inscription à faire, car dès
» qu'on en met, il faut qu'elles ex-
» pliquent suffisamment ce qu'elles doi-
» vent expliquer. Autrement, il est
» beaucoup mieux de ne mettre aucune
» légende. » Mais voilà qui est bien
plus grave ; il paraît qu'on avait de-
mandé à cette commission de désigner
quelqu'un, à poste fixe à Saint-Denis,
pour suffire à ce besoin jamais assouvi
d'inscriptions. La commission, avait li-
vré un jeune homme à l'architecte, qui
pouvait ainsi moudre du latin avec ga-
rantie du gouvernement. Aussi en met-
tait-il partout, sur les vitraux, sur les
tombes, sur le pavé.
Or, voyez la malchance! Voilà ce que
je lis dans ce même rapport, dont je
viens de citer un passage : « Aussi un
» tel changement (d'inscription) qui
»n'est pas réclamé par l'architecte
» semble-t-il n'avoir d'autre objet que
» de satisfaire les prétentions dépla-
» cées d'un jeune homme, qui, par son
» ignorante présomption, a si mal ré-
» pondu aux honorables recommanda-
» tioQS dont il avait été l'objet.
» Nous nous rappelons l'ébahissement
» où nous sommes tous tombés lorsque
» nous présentant, en séance, ces in-
» scriptions qu'il préparait depuis long-
Prix du numéro Paris 15 centimes. — Départements : 20 eJentimes.
Lundi 22 Mars 1875.
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de 2 heures à minuit
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JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
Annonce chez MM. LA-GRANGE, CERF jet C
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On s'abonne à Londres,chez M. A. MAURieffgénéral
ad vertising, agent, 13, Ta vistockrow. Goyent Gardon. --
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et c.
6, place de la Bourse, 6
On s'abonne à Londres, chez M. A. MAURICE général
advertising, agent, 13. Tavistockrow, Covent Garden.
Paris, 21 mars 1875. ,,
-" ".-.1
L'Assemblée est en vacances, et M. Te *
vice-président du conseil n'a pas obtenu le
droit d'ajourner les élections partielles.
C'est sa faute. M. Buffet ne sait pas vou-
loir ; ou plutôt il ne sait pas encore exac-
tement ce qu'il veut ; et en attendant que
l'inspiration lui vienne, il louvoie et mé-
nage la chèvre et le chou, la minorité de
droite et la majorité de gauche ; si bien,
qu'au demeurant, il doit se féliciter de
n'avoir eu besoin ni de la chèvre, ni du
chou,' car il eût fort Vieil pu mourir d'ina-
nition entre les deux.
Nous voulons espérer que les vacances
lui porteront conseil et l'Avertiront qu'il
fait fausse route. Qu'il lise, pour commen-
cer, la lettre du marquis de Franclieu à
M. Pradié, imprimée dans Y Union, et qu'il
la rapproche du beau discours prononcé
hier par M. Laboulaye en prenant posses-
sion du fauteuil présidentiel, où l'ont porté
par acclamation ses collègues du centre
gauche. Il saura ce qu'il doit attendre de
son appel « aux hommes modérés de tous
les partis,» c'est-à-dire, pour parler franc,
à l'ancienne majorité du 24 mai, expurgée
de quelques bonapartistes et fortifiée du
centre gauche.
On lira ce diseours de M. Laboulaye, et
il serait à souhaiter que la France entière
pût en prendre connaissance. La vérité, la
voilà ; la loyauté politique, la fidélité aux
engagements, le respect d'autrui et de soi-
même, voilà ce qu'on trouve dans ce pro-
gramme. C'est ainsi qu'on parle à des al-
liés qu'on ne veut point tromper, à des ad-
versaires qu'on voudrait convertir ; tel est
le langage qu'un homme d'Etat fait enten-
dre quand il n'a rien à dissimuler et qu'il
souhaite sincèrement faire pénétrer la lu-
mière jusque dans les dernières communes
de France.
M. le vice-président du conseil pourra
tirer un réel profit de cette lecture. Il
verra qu'il se trompe si M. Pradié ne l'a
pas calomnié en lui attribuant la pensée
de reconstituer avec les membres épars de
l'ancienne coalition du 24 mai une majo-
rité où le centre gauche accepterait un
rôle. M. Laboulaye déclare qu'il ne faut
pas compter sur des défections dans le
.groupe qu'il préside. Libre à quelques
cœurs légers de renier des alliances libre-
ment consenties, et de trahir des engage-
ments qu'on pouvait croire plus sincères ;
mais qu'ils n'espèrent pas trouver enfin
des complices là où depuis trois ans, en
dépit de toutes les promesses, de toutes les
intrigues, de toutes les menaces, ils n'ont
rencontré que d'honnêtes gens pour qui la
politique n'a jamais été synonyme de du-
plicité. « Nous savons ce que vaut notre
accord, a dit i. Laboulaye; nous ne nous
séparerons pas après la victoire ; l'ingra-
titude n'a jamais porté bonheur à aucun
parti. »
M. le vice-président du conseil fera donc
bien d'en faire son deuil; ou il s'ap-
puiera sur la majorité du 25 février, ou il
ne vivra pas. Il ne s'agit donc pour lui que
de savoir à quelles conditions cette majo-
rité le soutiendra, et s'il devra renoncer à
la politique « nettement conservatrice »
annoncée dans son programme. Or, dans-
ces conditions, nous ne voyons guère
qu'une chose qui s'écarte des principes
« conservateurs » à la mode du jour,
c'est la franchise avec laquelle M. La-
boulaye les énumère. Que demande le
centre gauche, et, en cela, il peut compter
sur l'assentiment unanime des autres
groupes de gauche? Il demande que le gou-
vernement renonce aux lois d'exception,
et que l'administration à tous les degrés
soit tenue de respecter la République. Le
programme n'est pas long ; en revanche, il
est net, et nous serions curieux de savoir
quelles objections y pourraient opposer les
ministres les plus nettement, les plus réso-
lument, et surtout les plus loyalement con-
servateurs.
Le cabinet du 10 mars a six semaines
devant lui pour réfléchir et indiquer, par
ses actes, s'il accepte ou refuse le pro-
gramme du centre gauche, et l'on ne sau-
rait douter de sa réponse sans lui faire,
injure. Que lui demande-t-on, en somme?
De respecter la loi, au lieu de la tourner;
de voir dans la constitution un principe de
gouvernement, et non un instrument de
pouvoir ; de traiter la République en épouse,
et non en concubine, comme nous l'avons
entendu dire ; de faire son devoir, enfin, et
de se rappeler le mot de Montaigne:« C'est
rahison de se marier sans s'épouser. »
E. SOHNBB.
Le gouvernement désirait que l'on sup-
primât les élections partielles. Il fallait
trouver le moyen d'y arriver en l'absence
de tout rapport.
M. Wolowski proposait une résolution
portant que tous les colléges électoraux
seraient convoqués le 1er juillet si 1 As-
semblée n'avait pas auparavant fixé la date
de sa dissolution.
, Les bureaux des gauches tinrent séance.
M. Bocher, président du centre droit, était
présent. Il soumit à son tour un projet de
résolution portant qu'aucune élection pâr-
tielle n'aurait lieu avant le dépôt du rap-
port de la commission Courcelle.
- Le débat s'engagea, et il parait qu on
était sur le point de s'entendre lorsqu'on
apprit que la séance publique était levée.
Le bruit se répandit immédiatement dans
les couloirs que la commission de perma-
nence allait se réunir et convoquer l'As-
semblée pour lundi. C'était une erreur.
Le gouvernement, en l'absence de toute
disposition spéciale, devra se conformer à
1 la loi.
On assure que M. Buffet avait l'intmi-
tion de convoquer en même temps les dé-
parents du Lot, du Cher, du Rhône,
Wla Nièvre, de Vauchwet la Guade-
loupe.
—————— —————
DISCOURS DE M. LABOULAYE
A LA RÉUNION DU CENTRE GAUCHE
Messieurs,
En ouvrant la séance, permettez-moi,
avant toutes choses, de remercier cordia-
lement le président auquel je succède, l'ho-
norable M. Corne. Dans la crise publique
que nous venons de traverser, notre prési-
dent, secondé par ses collègues du bu-
reau, a fait preuve d'un zèle, d'une ferme-
té, d'une modération dont nous ne saurions
lui être trop reconnaissants. Il nous a
donné l'exemple du patriotisme. Je suis
sûr d'être l'interprète de toute la réunion
en adressant à M. Corne nos plus vifs re-
merciements. (Murmures d'assentiment.)
Maintenant, messieurs, laissez-moi vous
dire combien je suis touché de l'honneur
que vous m'avez fait en m'appelant à vous
présider. A cette faveur, je ne me recon-
nais qu'un titre, si cela peut s'appeler
un titre, c'est d'avoir eu la bonne for-
tune d'être choisi par vous pour porter
à la tribune et y soutenir de mon mieux
les idées qui ont toujours animé la réunion,
les principes qu'elle a toujours défendus.
Ce que vous honorez en ee moment, ce
n'est pas l'homme, c'est le drapeau.
Comment notre groupe s'est-il formé il y
a quatre ans ? Au sortir de la guerre étran-
gère et de la guerre civile, il a été com-
posé d'hommes convaincus qu'après tant
de misères, tant de révolutions, après la
chute de trois dynasties, il n'y avait plus
qu'un gouvernement qui pût rendre à la
France l'ordre, la paix et, la liberté. Ce
gouvernement, étranger aux partis, ou-
vert à tous les hommes de bonne volonté,
et qui ne demande à personne d'autre sa-
crifice que d'obéir à de justes lois, c'est la
République ou, sous un autre nom, le gou-
vernement du pays par .le pays. Voilà,
messieurs, quel a été notre programme ;
dès l'origine, nous avons été des républi-
cains de raison. Ce ne sont pas toujours
les moins fidèles. (Très-bien ! très-bien 1)
Avec cette eonviction qu'il n'y avait de
possible que la République, nous avons
soutenu résolûment l'homme qui repré-
sentait notre politique, la politique de con-
corde et d'union. Nous avons toujours dé-
fendu M. Thiers, et c'est avec regret que
nous avons vu tomber sous l'effort d'une
coalition le grand citoyen qui avait eu
l'honneur d'attacher son nom à la libéra-
tion du territoire et à la rançon du pays.
( Applaudissements.)
, Mais, quels que fussent nos regrets, nous
nous sommes inclinés devant la décision de
la majorité, et nous avons accepté sans
arrière-pensée M. le maréchal de Mac-
Mahon, comme président de la République
pour sept ans. Le maréchal a eu des amis
plus bruyants que nous. Je ne crains pas
de dire qu'il a trouvé parmi nous les sou-
tiens les plus fidèles. Jamais nous n'avons
remis en question la nature ni la durée de
son pouvoir ; nous avons toujours demandé
qu'on donnât à ce pouvoir une organisa-
tion définitive, afin de l'entourer de force
et de respect. (C'est vrai! très-bien!)
Au 20 novembre 1873, quand nous re-
poussions un provisoire énervant, et que
nous demandions le maréchal avec la Ré-
publique, étions-nous les adversaires du
président ? Si l'on nous avait écoutés,
n'aurait-on pas épargné au pays quinze
mois d'agitations stériles? Plus tard,quand
un des nôtres, quand M. Casimir Périer
demandait qu'on en finit avec la prétendue
trêve des partis et avec un septennat chi-
mérique , n'était - ce pas l'intérêt de la
France et celui de la présidence qu'il sou-
tenait en même temps? Au mois de janvier,
quand nous avons réclamé la constitution
de la République, avons-nous affaibli le
pouvoir ou l'avons-nous fortifié? Déjà l'état
de l'opinion permet d'en juger.
Le 28 janvier, nous n'avons eu qu'un
demi-succès. Mais la brèche était faite;
trois jours plus tard, la République en-
trait dans la place. Elle l'emportait, grâce
au concours de nos collègues du centre
droit, trop longtemps séparés de nous. (Ap-
plaudissements.)
- Pendant quatre ans, nous n'avons cessé
d'appeler de tous nos vœux cette union
des centres qui, seule, pouvait donner un
appui au gouvernement ; mais cette union
ne pouvait se faire que sur un terrain so-
lide ; y en avait-il un autre que la Répu-
blique ? Il ne devait y avoir ni vainqueurs
ni vaincus, tout autre gouvernement que
la République n'eût-il pas été le triomphe
d'un parti ? (Bravos.)
Nous sommes heureux et fiers de nos
nouveaux alliés, nous comptons sur la du-
rée de cette alliance; mais nous n'oublions
pas, nous ne pouvons pas oublier nos com-
pagnons de lutte. C'est à la modération,
c'est à l'abnégation des différents groupes
de la gauche que nous devons d'avoir pu
former une majorité assez compacte et as-
sez considérable pour que, sans trop de
peine, elle ait pu' attirer à elle des dépu-
ts indépendants et se transformer en ma-
jorité.
Nous savons ce que vaut notre accord ;
nous avôns été unis dans le combat, nous
ne nous séparerons pas après la victoire.
L'ingratitude n'a jamais porté bonheur à
aucun parti. (Bravos et mouvement pro-
longé.)
Cette union, cette modération constante
nous a permis d'accepter les lois constitu-
tionnelles. Certes, ces lois ne répondent
pas à notre idéal, ce n'est pas tout à fait
de cette façon que nous eussions constitué
la République. Mais si la critique de la
nouvelle constitution est facile, il ne faut
pas oublier, et le pays n'oubliera pas, que
nous avons beaucoup sacrifié pour lui ob-
tenir un gouvernement définitif. -
En fait, une constitution n'est qu'un ou-
til bon ou médiocre ; tout dépend de la
main qui s'en sert. Si la France est réso-
lue à 'garder un gouvernement libre, elle
saura faire un bon usage des lois constitu-
tiQnnelles; elle cu çonjgora elle-ême les
défauts par la pratique, et c'est là notre
espoir. — ,.
Les gauches n'ont pas montré moins de
modération dans la composition du minis-
tère. Si l'on avait suivi la rigueur des lois
parlementaires, on nous aurait donné
dans le cabinet une représentation propor-
tionnelle à notre importance numérique.
Nous nous sommes effacés, cependant, par
amour de l'union et de la paix. On nous a
tant répété qu'il ne fallait pas effrayer les
intérêts conservateurs que nous nous som-
mes résignés à tous-les sacrifices, sans être
convaincus, toutefois, que le pays eût aussi
peur de nous qu'on a bien voulu nous le
dire. (Applaudissements et rires.)
Quelle sera notre attitude en face du
nouveau ministère? Messieurs, c'est un
des grands avantages de la politique du
centre gauche qu elle est tellement claire
que chacun la connaît d'avance. On n'a pas
besoin de traiter avec nous. (Très-bien !
très-bien !)
Nous soutiendrons le nouveau ministère,
à deux conditions :
La première, c'est qu'on en finisse au
plus tôt avec des lois d'exception que nous
avons combattues sous tous les régimes.
La seconde, c'est que l'administration
soit sincèrement républicaine. Nous ne de-
mandons ni violences ni proscriptions, cela
n'a jamais été de notre goût ; mais nous
ne croyons pas avoir des prétentions exces-
sives en demandant, d'une part, que ceux
qui ont lUionneur de servir la République
veuillent bien ne pas conspirer contre elle,
et, d'autre part, que tous les citoyens
soient tenus de respecter le principe du
gouvernement. La République est aujour-
d'hui le nom politique de la France : qui
attaque la République est un factieux et
tombe sous le coup des lois. (Applaudisse-
ments prolongés.)
Ce que nous demanderons encore au mi-
nistère, c'est de se tenir prêt pour une
dissolution qui ne peut tarder. En faisant
des lois constitutionnelles, nous avons
épuisé notre mandat, il est temps de rendre
au pays la souveraineté qui lui appartient.
Voilà tout notre programme ; j'ose croire
qu'il est essentiellement conservateur. (Ap-
plaudissements.) •
Messieurs, on disait, il y a cinquante
ans, que la France était centre gauche ;
je crois qu'elle n'a pas changé, et j'en di-
rai la raison. Pays ami de l'ordre et de la
liberté, ennemi des extrêmes, la France
revient toujours à ceux qui lui parlent de
modération ; elle aime surtout ceux qui ne
la dédaignent pas, ceux qui n'ont pas la
prétention de la régenter, de la traiter
comme une mineure éternelle. Elle donne
sa confiance à ceux qui ont confiance en
elle. Messieurs, dans nos jours les plus
sombres, nous avons toujours eu confiance
dans le pays.
Nous nous présenterons bientôt devant
les électeurs, prêts à rendre nos comptes
et avec la conscience d'avoir rempli notre
mandat honnêtement. Nous n'avons pas
cessé d'interroger l'opinion, de défendre la
cause du travail et celle de la sécurité pu-
blique. Nous attendons sans crainte le ju-
gement du pays. La France trouvera aisé-
ment des députés plus éloquents ou plus
habiles ; nous osons dire qu'elle n'en trou-
vera pas de plus dévoués. (Triple salve
d'applaudissements.)
Le centre gauche, à l'unamité, a décidé
l'impression de ce discours.
■ • ■ ■ ■ ——- ■
COURRIER PARLEMENTAIRE
Versailles, le 20 mars 1875.
La vérité est qu'il y a de la défiance en-
tre la majorité nouvelle et le nouveau ca-
binet. Elle attendait beaucoup de lui, ces
espérances ont été déçues; il avait souvent
manifesté une certaine crainte d'elle, ces
appréhensions n'ont pas été suffisamment
désavouées. D'un côté comme de l'autre,
on est sur l'œil jusqu'au dernier moment
de la cohabitation. C'est ce qui fait que la
solution du projet Courcelle prend les pro-
portions d'un événement politique.
Il parait que M. BuffBt tient plus que
jamais à voir voter illico la suppression
des élections partielles ; mais M. Buffet
veut moins que jamais se lier, à date fixe,
par un engagement touchant les élections
générales. Aux élections générales arrêtées
d'avance, M. le vice-président du conseil
trouve de graves inconvénients, — les-
quels? — sans doute ceux qu'il a de tout
temps reconnus à la dissolution. Quant
aux élections partielles, elles lui semblent
un terrain dangereux pour risquer les
premiers pas d'une constitution qui tient
encore mal sur ses jambes. C'est évidem-
ment avec cet argument que M. le vice-
président du conseil espère vaincre les
répugnances des gauc hes.
Les conférences sont engagées dans les
couloirs, et l'on parle même vaguement
d'une transaction que M. Buffet tente d'ob-
tenir, espèce de sursis momentané dont il
ne reste plus qu'à trouver la teneur, —
c'est-à-dire tout.
En attendant, on expédie quelques cré-
dits et quelques traités, soit d'extradition,
soit de délimitation de frontière. A trois
heures dix, tout est réglé entre la France
et les puissances voisines; il ne reste plus
à l'ordre du jour que la proposition de M.
Courcelle, suivie de ces mots : s'il y a
lieu. M. le président regarde, hésite ; puis,
ne voyant personne demander la parole, il
dit mélancoliquement : « Le rapporteur ne
s'étant pas présenté, la séance est levée;
l'Assemblée se proroge jusqu'au 11 mai. »
Stupéfaction générale, suivie de gestes
de dépit par ci, de marques d'hilarité
par là. Et, juste au moment où M. le pré-
sident ferme la session, l'habituée par
excellence des débats, orageux de l'As-
semblée, la mouette parlementaire dont la
présence indique, à coup sûr, une tempête
dans la Chambre, apparaît dans une tri-
bune. C'est a faire douter des baromètres !
Il est clair qu'il y a surprise.
M. le président de l'Assemblée pense
peut-être in petto que cette brusque solu-
tion est la faut de M. le vice-président du
conseil, qu'i n'a pas pris la parole ou n'a
pas eûvày# à temps un de ses dévoués por-
ter la question à la tribune; mais M. le
vice-président du conseil maugrée peut-
être bien, dans le fond de son âme, contre
M. le président de l'Assemblée, qui n'a pas
su faire durer la séance. Il est un fait, c'est
que M. le duc d'Audiffret-Pasquier s'est
montré en cette circonstance président qui
préside purement et simplement, c'est-à-
dire qui ne préside plus quand il n'a plus
rien à présider.
Le plus comique de l'affaire, c'est que les
conférencesallaienttoujoursleurtrainiDans
un bureau, des membres de la gauche sont
réunis pour traiter la question délicate.
Parmi eux, est M. Bocher, qui cherche à
opérer des conversions, et l'improvisation
entraînante du président du centre droit
est coupée par ces mots criés, d'un ton
gouailleur, à travers la porte : « Vous
savez, messieurs ? nous sommes en va-
cances ! »
PAUL LAFARGUE.
Quelles considérations ont déterminé
l'Assemblée à donner au pays des lois con-
stitutionnelles ? Ce n'est pas, évidemment,
pour son seul plaisir ou pour l'amour de
l'art que la majorité a voté la constitution
du 25 février. Elle ne l'eût pas fait, si elle
n'eût été envaincue de la nécessité de
mettre fin, et plus tôt que plus tard, à un
état de choses défectueux. Ou la constitu-
tion du 25 février n'a pas de raison d'être,
ou c'est un remède à des maux que nous
avons trop longtemps éprouvés. Dès lors,
pour l'appliquer, il ne faut pas attendre.
Quand le médecin a fait son ordonnance,
il est d'usage de l'exécuter sans perdre de
temps. La coutume et le bon sens l'exi-
gent. Eh bien ! lorsque nous avons, nous,
une constitution votée et promulguée,
comment l'idée nous viendrait-elle de diffé-
rer le plus possible de nous en servir ?
Ces réflexions, dignes assurément de La
Palisse, nous sont inspirées par l'article
d'un publiciste du centre droit sur « l'épo-
que de la dissolution, » qui a paru, pour
que le public n'en ignore, dans le Journal
de Paris et dans le Soleil. Tout en affi-
chant,pour l'organisation constitutionnelle,
une tendresse, une sollicitude que nous
n'aurions pas soupçonnées, l'auteur aboutit
à demander qu'on en retarde l'application
de douze ou quinze mois. Voici en effet
comment il s'exprime :
L'arbre est planté, c'est vrai; mais il n'a
pas encore poussé de racines : il est à la
merci de tous les accidents, et si les mains
qui l'ont planté cessaient de le protéger, il
courrait le risque d'être renversé. Les dan-
gers auxquels l'Assemblée a cru parer en vo-
tant l'organisation actuelle n'ont pas cessé
d'exister : ils ont été écartés, mais ils revien-
draient plus menaçants que jamais si l'As-
semblée, précipitant l'époque de sa dissolu-
tion, abandonnait aux attaques de ses enne-
mis l'œuvre constitutionnelle qu'elle vient
d'achever.
Aussi l'Assemblé actuelle fera-t-elle sage-
ment, à notre avis, de ne pas s'en remettre
absolument à l'Assemblée qui lui succédera
du soin d'appliquer la constitution qu'elle
vient de voter. Elle fera bien d'imprimer elle-
même le mouvement à cette machine dont
elle a créé-les rouages délicats, et de veiller
elle-même à ce qu'ils fonctionnent avec régu-
larité. Dans un an, au plus tôt, dans quinze
mois peut-être, alors que l'organisation ac-
tuelle aura fait ses preuves, on pourra con-
fier à des mains étrangères le soin de la faire
fonctionner : jusque-là il y aurait impru-
dence à lui retirer l'appui des mains pater-
nelles.
On ne peut se tenir d'admirer, dans le Jour-
nal de Paris, l'abondance et la richesse
des métaphores; mais ce que notre confrère
a souvent le tort de trop négliger, c'est la
logique, et son indifférence, à cet égard,
est déplorable. Charmante image que celle
de ce jeune arbre à qui l'on ne peut retirer
l'appui des mains paternelles ; les mains
paternelles, surtout, raviront tous les con-
naisseurs. Mais pourquoi faut-il que le rai-
sonnement n'ait pas le sens commun? -
Le Journal de Paris veut, pour un laps
de temps considérable, confier à la Cham-
bre actuelle le soin d'appliquer la consti-
tution. Mais enfin, cette constitution,
qu'est-ce qu'elle dit ? On n'a pas besoin
d'un prodigieux effort de mémoire pour se
rappeler que sa principale disposition at-
tribue l'exercice du pouvoir législatif à
deux Chambres, — le Sénat et la Chambre
des députés, — et que le Sénat ne doit en-
trer en fonctions que le jour même-où se
séparera l'Assemblée actuelle. D'où il suit
que la constitution ne peut être appliquée
qu'après la dissolution de l'Assemblée de
1871, par qui le Journal de Paris de-
mande qu'elle soit mise en pratique. Notre
confrère ajourne la dissolution au temps
où l'organisation constitutionnelle « aura
fait ses preuves. » Bonne idée, quand il
est expressément écrit, dans la constitu-
tion même, que le fonctionnement consti-
tutionnel ne commencera qu'après la dis-
solution !
Vraiment, il serait bien de prendre un
peu plus de souci du public à qui l'on
s'adresse, surtout lorsqu'on vise au sé-
rieux et qu'on prétend faire de la politique
habile. Ce n'est pas avec des arguments
pareils que le Journal de Paris opérera
de nombreuses èonversions. La constitu-
tion est votée, et l'opinion publique est una-
nime à en réclamer le fonctionnement dans
le plus court délai possible. Un ajourne-
ment de quinze mois ou même d'une année
serait malheureux et inexplicable ; la ma-
jorité de l'Assemblée doit parfaitement
s'en rendre compte, et nous ne doutons pas
qu'au retour des vacances,. la question de
la - dissolution ne soit mise l'une des pre-
mières à l'ordre du jour. Sans doute, il
réste à l'Assemblée de 1871 quelques der-
nières dispositions à prendre et quelques
lois à faire ; mais qui ne voit qu'elle doit
s'en tenir au strict nécessaire, à l'indis-
pensable, et que son premier devoir, à son
retour, sera de se hâter ?
EUG. LIÉBBRT.
♦ :—
La commission des Trente a tenu hier une
nouvelle séance. M. Dufaure lui a demandé
de ne pas résigner son mandat. Il a annoncé
qu'il déposerait un projet de loi dès le retour
de l'Assemblée et qu'il en demanderait le
renvoi à la commission des lois constitution-
nelles.
Après un débat, il a été- décidé que si l'As-
semblée, par un vote formel, ne dessaisissait
pas les Trente, ils demeuraient chargés de
l'élaboration des lois organiques.
La commission d'enquête sur l'élection de
la Nièvre a continué hier l'examen des pièces
du dossier.
La commission de permanence est convo-
quée pour lundi à deux heures, à l'effet de
régler l'ordre de ses séances.
Il se peut que la commission convoque
l'Assemblée pour le 3 mai, dans le but de sta-
tuer sur la question des élections complémen-
taires. Le décret ne doit paraître que le 10;
on aurait donc encore le temps de prendre
une détermination.
CAUSERIES DU DIMANCIIE
VIII
L'architecte, membre de l'Académie
des beaux-arts, qui arrangeait l'église
de Saint-Denis, avait la manie singu-
lière de faire graver à tout propos des
inscriptions sur cet édifice et sur les
monuments qu'il renferme : des inscrip-
tions latines, s'il vous plaît.
Or, si l'Académie des beaux-arts ne
souffrait pas que l'on blâmât l'un de
ses membres lorsqu'il traitait un' mo-
nument historique avec la liberté que
l'on sait, l'Académie des inscriptions
et belles-lettres ne prenait pas la chose
aussi bien.
Personne, en dehors de la commis-
sion des monuments historiques et
de quelques rares amateurs de nos
anciennes gloires, ne s'était avisé de
trouver étrange que, sous le prétexte de
restaurer la façade bâtie par Suger en
1140, on en modifiât complètement le
caractère et qu'on la couvrît d'orne-
ments et de sculptures, qui non-seule-
ment n'y avaient jamais été placés,
mais qui étaient grotesques. D. Doublet,
dans son Histoire de l'Eglise Saint-
Denis, dit que l'abbé Suger avait fait
placer sur la facade (sans désigner
l'endroit) une inscription de cuivre doré
qui rappelait la consécration de l'édifice,
et il donne le texte de cette inscription.
L'architecte, dans un rapport daté du
3 février 1840, fait savoir au ministre
qu'il a retrouvé, sur le tympan d'une
arcature aveugle, au-dessus des trois
portes, les trous de scellement des let-
tres de bronze de cette inscription, et
qu'il s'empresse, non point de replacer
les lettres de métal, mais de faire graver
en creux dans la pierre ladite inscrip-
tion. Il ajoute que cette arcature aveu-
gle n'étant pas dans l'axe de la façade,
il serait opportun, pour satisfaire aux
exigences de la symétrie, de placer
une seconde inscription dans le tympan
formant pendant. Mais, comme déjà
l'Académie des inscriptions avait fait
quelques' observations au sujet de
textes d'un latin trop fantaisiste intro-
duits dans l'église de Saint-Denis, l'ar-
chitecte, pour ne pas se faire de nou-
velles affaires avec ses collègues de
l'Institut, crut prudent de prier l'Aca-
démie des inscriptions de composer
cette seconde inscription.
Je n'ai point vu le dossier relatif au
traité de Paris de 1856, mais je doute
qu'il soit plus volumineux que celui dont
j'ai pu retrouver les éléments dans les
archives des travaux de Saint-Denis,
relativement à cette inscription : sans
compter toutes les pièces qui doivent
être conservées dans les bureaux. Après
ce rapport sus-mentionné, le ministre
dut écrire au président de l'Académie
pour obtenir cette inscription, car le
secrétaire perpétuel en envoie le texte,
tout en faisant observer qu'il importe
de tenir compte de la forme des lettres.
Puis apparaît une deuxième missive de
M. Daunou, le secrétaire perpétuel, à
l'effet de prévenir le ministre que, dans
l'inscription de Suger, déjà gravée sur
la façade en attendant l'autre, on a
mis SACRA au lieu de SACRATA.
Je me garderai bien de faire passer
sous les yeux du lecteur les notes, rap-
ports, réponses aux rapports, dont cette
bienheureuse inscription est le pré-
texte pendant. deux ou trois mois.
L'inscription est rédigée, approuvée ;
mais au moment de l'adresser à l'ar-
chitecte pour la faire graver, le mi-
nistre est pris d'un scrupule, probable-
ment; il soumet l'inscription à des
membres d'une commission quelconque
et, sur les observations qui lui sont
adressées, il se permet de faire re-
marquer à l'Académie que le texte
laisserait croire que Louis XVIII est
mort et enterré en terre étrangère,
comme Napoléon Ier et Charles X. La
réponse de l'Académie à cette missive
est quelque peu .hautaine, car c'est
ainsi qu'elle finit. « Ces considéra-
» tions déterminent la commission
» (nommée dans le sein de l'Académie)
» à persister dans les termes de son
» projet, et elle croit devoir y persister
» avec d'autant plus de conviction qu'il
fc -n'enteait pas et ne pouvait entrer
» dans ses vues d'exprimer, dans une
» inscription' si courte, où les idées
» principales pouvaient seules trouver
» place, une notion de détail, telle que
» celle de la sépulture de Louis XVIII.
» Ce fait particulier s'efface, s'absorbe
» dans le fait général de la dynastie
» des Bourbons, qui avait entrepris,
» comme la dynastie de Napoléon, la
» restauration de Saint-Denis, et qui a
» fini comme cette dynastie de Napo-
» léon. » Je trouve cela roide pour
Louis XVIII ; quoi qu'il en soit, le mi-
nistre informe l'Académie qu'il n'a plus
d'objections à élever. Enfin, lettre du
directeur des bâtiments civils à l'ar-
chitecte, lui faisant savoir qu'il peut
faire graver l'inscription, lui en adres-
sant le texte, et le priant de se mettre
en rapport avec M. Haze, chargé, par
l'Académie d'en surveiller la gravure:
Mais nous sommes en juin 1840, et ne
voilà-t-il pas que le retour des restes de
Napoléon Ier est décidé ! Tout est à re-
commencer; l'inscription ne peut plus
convenir du tout, puisqu'elle disait que
les restes de Napoléon demeuraient sur
la terre de l'exil !
Veuillez bien admettre que pendant
le cours de cette volumineuse corres-
pondance à propos d'une trentaine de
mots latins, si l'architecte ne gravait
pas l'inscription, il n'en continuait pas
moins à travailler l'édifice, comme je
vous l'ai dit. On s'évertuait à ne point
faire un solécisme dans une inscription
à graver sur une façade dont on avait
complétement dénaturé le caractère, et
sur laquelle on faisait sculpter des ca-
ricatures de statues de rois, à trente
mètres de hauteur, prétextant que si
on les avait fait replacer là où elles
étaient jadis, - sur les ébrasements des
portes, les gamins de la ville auraient
bien pu les écorner.
Donc, les restes de Napoléon Ier étant
apportés sur les rives de la Seine,, le
ministre récrit à l'Académie que tout
est rompu, et qu'il convient de rédiger
une autre inscription.
Le 20 juillet, le secrétaire perpétuel
envoie le texte définitif avec un em-
pressement qui permet de supposer
que l'Académie était heureuse de saisir
cette occasion de faire disparaître ainsi
l'équivoque dont la roi Louis XVIII était
la victime. Approbation du ministre et
remise de l'inscription à l'architecte.
Mais la chance est décidément contraire.
L'Académie, elle-même, a écrit SECLA
au lieu de SAECLA. Rappel, correc-
tion ; rapport de l'architecte annonçant
que M. Haze est pleinement satisfait et
que l'on enlève les échafauds.
Il est clair que tout cela était trop
simple pour ne pas engager l'adminis-
tration à suivre une voie semblable
pour toutes les inscriptions prodigieu-
sement nombreuses que 'l'architecte
voulait faire graver ou peindre dans
l'église. Oh! alors, c'est bien une autre
affaire et on en vient à l'aigreur. —:
Mais ne croyez pas que je vous raconte
une histoire chinoise.
On donnait décidément trop de be-
sogne à. l'Académie des inscriptions ;
puis, à vrai dire, avait-elle mieux à
faire? Il fallait cependant se ména-
ger l'appui d'un corps savant; on s'a-
dressa donc au comité historique —
non à la commission des monuments
historiques, qui avait déjà suffisam-
ment manifesté son opinion à l'égard
des travaux deSaint-Denis — au comité
historique, séant au ministère de l'in-
struction publique et composé en grande
partie de membres de l'Académie des
inscriptions. Il paraîtrait que ce comité
avait nommé une sous-commission. Cet-
te sous-commission n'est pas commode;
elle a des nerfs, on le comprendra sans
peine. Dans la rédaction d'un de ses
rapports à propos de ce déluge d'in-
scriptions qui ne devaient pas dépasser
un certain nombre de lettres, je crois
reconnaître la plume de Mérimée. Lisez
plutôt ce passage : « Cette prétention
» de faire expliquer un sujet donné par
» tel nombre de lettres a l'air d'une
» mauvaise plaisanterie. Si le nombre
» de lettres était fixé, il n'y aurait
» pas d'inscription à faire, car dès
» qu'on en met, il faut qu'elles ex-
» pliquent suffisamment ce qu'elles doi-
» vent expliquer. Autrement, il est
» beaucoup mieux de ne mettre aucune
» légende. » Mais voilà qui est bien
plus grave ; il paraît qu'on avait de-
mandé à cette commission de désigner
quelqu'un, à poste fixe à Saint-Denis,
pour suffire à ce besoin jamais assouvi
d'inscriptions. La commission, avait li-
vré un jeune homme à l'architecte, qui
pouvait ainsi moudre du latin avec ga-
rantie du gouvernement. Aussi en met-
tait-il partout, sur les vitraux, sur les
tombes, sur le pavé.
Or, voyez la malchance! Voilà ce que
je lis dans ce même rapport, dont je
viens de citer un passage : « Aussi un
» tel changement (d'inscription) qui
»n'est pas réclamé par l'architecte
» semble-t-il n'avoir d'autre objet que
» de satisfaire les prétentions dépla-
» cées d'un jeune homme, qui, par son
» ignorante présomption, a si mal ré-
» pondu aux honorables recommanda-
» tioQS dont il avait été l'objet.
» Nous nous rappelons l'ébahissement
» où nous sommes tous tombés lorsque
» nous présentant, en séance, ces in-
» scriptions qu'il préparait depuis long-
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