Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1875-03-20
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 20 mars 1875 20 mars 1875
Description : 1875/03/20 (A5,N1203). 1875/03/20 (A5,N1203).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/03/2013
58 Année. — N° 1203.
Prix du numéro : Paris : 15 centimes. j— Départements : 20 centime,.
Samedi 20 Mars ?76.
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Paris, 19 mûrs
En ce temps-là, le gouvernement de
combat faisait florès, l'ordre moral s'épa-
mouissait à l'ombre de l'état de siège dans
43 départements, et sous la surveillance
des préfets à poigne dans les autres. M. de
Broglie régnait ; c'était l'âge d'or des enne-
mis de la République. Il y avait pourtant
une ombre au tableau. La mort n'avait
point signé au contrat du 24 mai ; elle sem-
blait même ignorer les premières notions
-de la politique « résolûment conserva-
trice » ; si bien qu'elle frappait en aveugle
à gauche et à droite, surtout à droite. Il
fallait donc remplir les vides, et le pays
prenait un malin plaisir à remplacer par
des républicains tous les monarchistes qui
manquaient à l'appel. Cela menaçait de
devenir dangereux ; les rangs de la gauche
grossissaient à vue d'œil, en dépit des
préfets, des maires, des juges de paix, et
;autres « moralisateurs » du suffrage uni-
versel. C'est alors qu'un homme de bien,
M. Courcelle déposa une proposition ten-
dant à supprimer les élections partielles
dans les départements qui ne seraient pas
privés du quart de leur députation.
- On n'a pas assez rendu justice, dans le
temps, à l'honorable M. Courcelle ; mais
l'histoire dira qu'au total, lui seul sut se
montrer à la hauteur des circonstances,
lui seul eut une de ces idées de génie capables
de sauver les situations les plus difficiles.
Qui sait si nous aurions aujourd'hui une
constitutiont surtout une constitution ré-
publicaine, si l'Assemblée avait donné
suite au projet de M. Courcelle? Toujours
est-il qu'on le laissa dormir dans les car-
tons de la commission d'initiative, et qu'il
vie^t seulement d'en sortir, après plus de
qvinze mois d'attente.
Il s'agissait hier de savoir si l'Assem-
blée prendrait ou non en considération
ledit projet. Elle s'est prononcée pour l'af-
firmative ; mais il va de soi que le fond
,
même de la question reste entier. Et c est
ce que ne semblent pas avoir compris un
certain nombre de députés républicains
qui ont voté contre. Nous pensions pour-
tant qu'il ne pouvait y avoir l'ombre d'un
doute pour personne sur la portée réelle du
vote à émettre ; et nous avouons ne pas
comprendre les scrupules dont quelques
membres de l'extrême gauche ont porté
l'expression à la tribune.
Tout le monde sait fort bien qu'il n'est
jamais entré dans l'esprit d'un républicain
de porter atteinte en quoi que ce fût au
droit des électeurs ; et, dans l'espèce, en
effet, il ne s'agit de rien de pareil. M. Cour-
celle et une partie de l'Assemblés désirent
mettre fin aux élections partielles ; nous
aussi, mais dans quel but? C'est là que
Iious cessons de nous entendre. Les adver-
saires de la République ne veulent pas as-
sister plus longtemps au scandale d'élec-
tions républicaines ; ils ne sa soucient pas
de voir le suffrage universel ratifier par
des votes partiels l'établissement régu-
lier, normal et définitif de la République.
Ce que veulent, au contraire, les républi-
cains, c'est que la Chambre reconnaisse
l'inutilité de convoquer les électeurs de tel
ou tel département, dans deux mois, dans
trois mois, quand la logique exige im-
périeusement que la France tout entière
soit appelée dans ses comices à l'automne
prochain.. •
La question de dissolution devait se po-
ser un jour ou l'autre, M. Courcelle a
fourni le moyen de la résoudre tout de
suite, il n'y avait donc pas à hésiter.
Qu'est-ce, en somme, que la prise en consi-
dération ? Cela engage-t-il en quoi que ce
soit le fond. du débat ? Ceux qui l'ont votée
peuvent-ils, dans une certaine mesure, être
présumés vouloir restreindre le droit des
électeurs? En aucune façon. Les bureaux
vont être appelés à nommer une commis-
sion chargée d'examiner le projet de M.
Courcelle, et c'est seulement quand viendra
son rapport que la question de principe
devra influer sur les votes. Si le rapport
conclut purement et simplement à la sup-
pression des scrutins partiels dans les ter-
mes du projet Courcelle, il va de soi que
ceux-là seuls le voteront qui redoutent et
haïssent la souveraineté nationale. Mais
nous avons tout lieu a esperer que le rapport
établira une connexité nécessaire entre la
suppression des scrutins partiels et l'im-
minence d'une convocation générale des
électeurs. Dans le cas contraire, l'Assem-
blée restera libre d'arriver au même ré-
sultat par voie d'amendement, et, loin de
porter atteinte aux droits du pays, ce sera
leur rendre hommage que de déterminer
la date où il rentrera en pleine possession
de lui-même.
Au surplus, on ne comprendrait pas que
sur ce point l'Assemblée tout entière ne se
montrât pas désormais unanime. A droite
comme à gauelle,on doit avoir le même in-
térêt à retourner devant le pays. A gauche,
pour lui demander une nouvelle Assemblée
énergiquement résolue à la défense de la
constitution ; à droite, pour lui demander
de protester par ses choix contre le vote
du 25 février. Dans tous les cas, le plus
grand témoignagè de respect et de con-
fiance que puissent donner à leur œuvre
les 425 constituants de la République, c'est
d'en hâter de tout leur pouvoir le fonction-
nement complet et régulier.
E. ScHNERB.
: — ♦ —
34o Commission d'initiative.
PRÉSIDENCE DE M. LURO.
La commission est saisie du projet de loi
relatif à l'élection des sénateurs de dépar-
tement, présenté par M. Limpérani.
M. le président rappelle à la commission
qu'à la séance du 17 mars, M. Baragnon avait
demandé le renvoi de cette loi à l'ancienne
commission des Trente, mais que par un vote
formel de l'Assemblée la demande de M. Bara-
gnon avait été repoussée et le projet renvoyé
à la commission d'initiative.
M. Cochtry est d'avis qu'il n'y a pas lieu
de soulever une question préjudicielle, que
la commission doit donc uniquement délibé-
rer sur la question de savoir si la proposition
de M. Limpérani doit être prise en considéra-
tion.
M. de Rességuier expose ce qui s'est passé
dans la commission des Trente, dont il est
membre. M. le garde des sceaux a invité plu-
sieurs membres de cette commission à colla-
borer avec lui à une loi relative à l'élection
du Sénat, et a déclaré, qu'il déposerait lui-
même un projet de loi sur cette question
dans un bref délai. Dans cette situation il y
aurait lieu de demander le renvoi du projet
Limpérani à la commission des Trente ; celle-ci
a d'ailleurs déclaré, par 9 voix contre 8,
qu'elle n'avait pas terminé sa mission et
qu'elle entendait être saisie de toutes les lois
constitutionnelles.
M. Valentin répond que l'Assemblée a dé-
claré le contraire en repoussant le renvoi à
la commission des Trente du projet dont s'a-
git.
M. Foubsrt fait observer que si M. Dufaure
avait pu prévoir ee vote de l'Assemblée, il
n'aurait pas fait à la commission la démar-
che dont on a Darlé.
M. Claude (Meurthe-et-Moselle) croit que
ce débat est inutile. La commission d'initia-
tive n'est saisie que d'une prise en con-
sidération. Si, comme cela est probable,
elle prend la proposition en considéra-
tion, la question du renvoi à la commis-
sion des Trente ou à une commission spéciale
pourra être utilement discutée lors du dépôt
du rapport à l'Assemblée. Tous les droits
sont donc réservés et il n'y a lieu de s'occuper
que de la prise en considération.
La commission décide que la proposition
est prise en considération.
Elle déclare qu'elle s'opposera au renvoi du
projet de loi à la commission des Trente
lers de la discussion du rapport devant l'As-
semblée.
M. Luro est nommé rapporteur.
Il donnera lecture de son rapport à la
commission à la séance d'aujourd'hui.
L'Assemblée sera immédiatement saisie,
On pense qu'elle pourra prendre une résolu-
tion avant de se séparer.
; ——————
Les bureaux se réunissent aujourd'hui
pour nommer la commission qui exami-
nera le projet de M. Courcelle sur les élec-
tions partielles. On nommera aussi la com-
mission de permanence.
Nous recommandons à tous nos amis la
plus grande exactitude.
————.—————
COURRIER PARLEMENTAIRE
«
Versailles, le 18 mars 1875.
Séance fatigante, où l'intérêt voltige d'un
sujet à un autre, sans sefixer sur aucun,
se reprenant à espérer, toujours déçu. Là
est, d'ailleurs, la marque distinctive de
toutes les veilles de congé ; on touche à
tout sans s'arrêter sur rien.
Six ou sept petits projets d'intérêt local
sont votés ; après quoi, M. de Pressensc se
présente avec son rapport sur la proposi-
tion des vacances.
« Lisez ! lisez 1 » Il lit.
Ce rapport est considéré par quelques-
uns comme pouvant être un événement po-
litique ; les considérations générales qui
amènent te, Chambre à aller prendre l'air
doivent y céder le pas aux considérations
particulières capables d'engager les dé-
putés à prendre un repos illimité. Du
choc des intérêts va peut-être naître la dis-
cussion importante.
M. de Pressensé s'acquitte bien de sa
tâche : «Une Assemblée - constituante a
rempli son mandat essentiel quand elle a
constitué. Une fois les lois constitution-
nellps votées, l'Assemblée doit se contenter
du strict nécessaire, en fait de travaux lé-
gislatifs. » Vlan, ça y est ! Le côté droit a
des grognements d'irritation, le côté gauche
applaudit, la campagne est ouverte.) Mais
en somme les armées adverses n'en vien-
nent pas aux mains.
Pour répondre à M. de Pressensé, il ne
se présente que M. Malartre.. M. Malartre;
une fois par hasard, ce n'est pas autrement
désagréable ; mais M. Malartre souvent, on
n'imagine pas à quel point la chose de-
vient fastidieuse. Cet excellent industriel,
qui, sous prétexte qu'il ne connaît pas les
questions spéciales, ne manque jamais de
prendre part à leur discussion ; qui, sous
prétexte qu'il ne sait pas parler français,
dit tout ce qui lui passe par la tête; se pro-
digue trop depuis quelque temps.
La commission a proposé la date du 3
mai pour le retour ; M. Malartre, qui, pri-
mitivement, tenait pour le 20, propose
maintenant le 11. Et le 11 est voté par 431
voix contre 260. Pourquoi ? Aucune raison
plausible n'a été fournie par M. Malartre.
Simplement parce que le Il représente
huit jours de congé de plus que le 3 ! La
droite rit follement de ce résultat ; c'est
un peu rire de soi-même.
N'en parlons plus, c'est fini; la discus-
sion n'a rien donné de ce qu'on en atten-
dait, passons à autre chose.
« L'autre chose » se présente sous forme
d'amendement. M. de Ravinel fait intimer
au bureau de l'Assemblée et à la commis-
sion de permanence l'ordre de chercher,
pendant les vacances, le moyen d'installer
un Sénat à Versailles. Il ne nous manquait
plus que eela. Voilà maintenant la question
d'architecture introduite dans l'ordre du
jour !
Et pour compléter là fête, M. Brisson
éprouve le besoin d'adresser, au nom de
Paris, quelques paroles désagréables à M.
de Ravinel. M. le président, tout en rele-
vant l'expression, esquive assez habilement
l'incident.
Nous comprenons parfaitement que M.
Brisson, comme tous ses collègues républi-
cains, ait éprouvé, lors du vote des lois
constitutionnelles, un véritable chagrin
d'être obligé de renoncer a défendre les in-
térêts de Paris pour ne pas mettre en péril
le sort de toute la France ; -mais c'était là
cas de dire que nécessité faisait loi. Aussi
saisissons-nous mal cette eolère après coup
contre M. de Ravinel. La constitution est
votée, il faut l'appliquer, si étrange qu'elle
puisas paraître dans certains de ses dé-
tails.
Le vote a lieu sur l'amendement Ra-
vinel, et c'est peut-être là le meilleur mo-
ment de la séance pour l'observateur : le
groupe bonapartiste est à croquer. Aux
deux épreuves par assis et levé, il s'ab-
stient ; mais un scrutin est devenu néces-
saire , il faut absolument prendre un parti.
Cruelle alternative 1 Froisser Paris ou bles-
ser le « sentiment conservateur »? Ménager
la capitale ou la droite?. Les bonapar-
tistes vont voter blanc sur un premier
ordre donné, —r ils tiennent déjà leurs
bulletins en main, — lorsque M. Abbatucci
se précipite. Les bulletins blancs disparais-
sent I Mais voilà de nouvelles considéra-
tions, paraît-il, qui surgissent, car l'admi-
rable groupe de l'appel au peuple ne sait
plus à quoi se résoudre. C'est ainsi que
l'âne de Buridan, entre ses deux picotins,
creva de faim.
L'amendement Ravinel passe à 371 voix
contre 312.
Quoi encore ?. Les sucres à présent !
M. Fouquet (de l'Aisne) pose une question
au ministre des finances relativement à
l'application de la loi sur la raffinerie. (On
se rappelle qu'elle devait être exercée à
partir du 1er juillet 1875.) M. Léon Say ré-
pond satis répondre. C'est vague et im-
mense comme la calotte céleste.
Et puis?. Le remboursement de l'em-
prunt Morgan ! Le principe est voté sans
indication des voies et moyens. Vous voilà
bien avacés.
Ah ! enpfin, la proposition relative aux
élections partielles à l'Assemblée nationale,
celle à l'aide de laquelle M. Courcelle et
ses amis ont la prétention de supprimer —
eux, ils prononcent réglementer — le re-
nouvellement de la représentation natio-
nale. De cette discussion, on attend beau-
coup, peut-être un avant-goût de dissolu-
tion. Nous n'avons recueilli qu'une longue
série de finasseries qui sont demeurées
sans résultat.
Il ne s'agit que d'une prise en considé-
ration, c'est-à-dire d'une pure formalité qui
n'engage à rien. Les promoteurs de la pro-
position, eux, jouent franc jeu et veulent
tout uniment arrêter le flot républicain
qui les envahit ; mais les députés de la
gauche, en offrant de voter la prise en con-
sidération du projet, ne cherchent qu'à ob-
tenir un engagement ministériel, conçu à
peu près en ces termes : Inutile, en effet,
de faire de nouvelles élections partielles à
cause de la proximité des élections géné-
rales. On voit que les deux camps ne
demandent qu'à marcher à un même but,
mùs par les sentiments les plus opposés.
Mais ce qu'on ne saurait imaginer, c'est la
multiplicité des nuances qui séparent tous
ces gens qui semblent s'entendre.
Et chacun monte à la tribune, exposant
le mobile de son vote, cherchant surtout à
mettre en mouvement M. Buffet. M. Bris-
son votera si. M. Vautrain votera par-
ce que. M. Gambetta votera quand «une
parole autorisée aura dit. » Sans compter
M. Giraud (de la droite), qui votera quand
même, et M. Raoul Duval, qui ne votera pas
du tout. Du reste, tout cela est très-calme,
le mot dissolution étant le plus possible
épargné à la droite. Le banc des ministres
ress emble à un banc de glace.
Mais il est un homme à qui ces finesses
politiques donnent sur les nerfs. Cet hom-
me est un ancien de 1848, un revenant ;
c'est M. Madier de Montjau. Au bout de
vingt-cinq ans d'isolement, M. Madier de
Montjau s'est trouvé jeté, du jour au len-
demain , dans un mouvement politique
dont les rouages lui sont absolument étran-
gers. Figurez-vous Rétif de la Bretonne
sortant de la tombe pour venir errer dans
les quartiers neufs de Paris :
Grand, maigre, la tête encadrée de
longs cheveux gris qui laissent à décou-
vert un large front,et d'une immense barbe
grisonnante qui cache la moitié -du visage,
-les yeux enfoncés dans des orbites qu'om-
bragent d'épais sourcils, M. Madier de
Montjau ne manque pas d'élégance. Quoi
qu'il en dise, on voit qu'il n'a pas perdu
l'habitude de la tribune : la voix est sono-
re, retentissante, — et la phrase coule fa-
cilement. Mais, malheureusement, M. Ma-
dier de Montjau a conservé toutes ses ha-
bitudes : son style date au moins de 1848.
« Rien ne peut légitimer la suspension
de l'exercice du suffrage universel. » Et il
délaie cette idée avec des éclats de voix
terribles, des gestes saccadés, des apos-
trophes forcées, des tournures de phrase
dramatiques. C'est démodé, cela ressemble à
Bouchardy. Ah ! lisez n'importe quel
vieux livre, succès de son temps, et — à
moins qu'il ne soit fils du génie! - vous
éprouverez, sous certaines bouffées de vé-
tusté, ce mélancolique sentiment que nous
avons ressenti aujourd'hui. A droite, on
écoutait religieusement, dans l'espérance
de quelque incartade.
La prise en considération a été pronon-
cée, repoussée seulement par l'extrême
gauche, les bonapartistes et quelques
membres de la droite. Noqs ne nous expli-
quons pas bien ce vote de l'extrême gau-
che, car la thèse soutenue, en dernier lieu,
par M. Langlois, nous semble absolument
topique.
En fait de parole autorisée, il ne peut y
avoir, en pareil cas, que celle de l'Assem-
blée.
Le ministre ne peut trancher une ques-
tion qui relève essentiellement de l'initia-
tive de la Chambre. Il est donc nécessaire
de voter la prise en considération de la
proposition Courcelle pour que, dans les
bureaux, la question soit débattue entre
députés et que le rapport qui en résultera
soumette à l'Assemblée le cas d'élections
partielles arrêtées pour tel ou tel motif, et
notamment pour cause de proximité d'é-
lections générales.
Vraiment l'extrême gauche n'avait pas à
craindre que la proposition Courcelle, telle
que la comprennent ses auteurs, fût ja-
mais adoptée, puisque tout le parti répu-
blicain et le groupe bonapartiste se trou-
veraient là pour la repousser. D'après M.
Courcelle, il faudrait que plus du quart da
la représentation d'un département fût
trépassé pour qu'on procédât aux élec-
tions partielles dans ce département ; à cq
compte, si la Providence se montrait une
d stributrice équitable, cette Assemblée de
780 membres arriverait à siéger avec
moins de 180 représentants 1 On doit en
-rire, même dans la droite.
PAUL LAFARGUE.
+ —
On lit dans le Français :
La situation politique apparaît quelque
peu différente si on la considère dans le pays
ou dans le Parlement. Dans le pays, l'état des
îsprits est satisfaisant. On y fait peu d'atten-
cion aux incidents compliqués ot obscurs de la
stratégie parlementaire ; un fait domine tout,
'est la déclaration ministérielle, affichée et
lue dans toutes les communes de France.
L'effet en a été considérable et heureux.
Les conservateurs ont été rassurés et ont
pris connance. Ils ont vu que le gouverne-
ment ne les livrait pas à des adversaires,
lui, là, ne sont pas des députés de nuance
plus ou moins incertaine, mais qui sont les
ennemis connus de tout ordre social. Au Par-
lement, au contraire, il y a encore beaucoup
ce confusion, d'incertitude et de malaise.
if if. Buffet et Dufaure avaient voulu provo-
quer: la formation d'une majorité conservatrice
nouvelle, réunissant les hommes qui avaient
été malheureusement divisés par les discus-
sions constitutionnelles, mais qui n'avaient
plus, après la solution de ces questions, de
raisons de se combattre. L'appel des ministres
n'a pas encore été entendu.
Du temps que la politique du Fran-
çais réunissait une majorité dans l'As-
semblée, le Français ne voyait au
monde que l'Assemblée ; il ne tenait
aucun compte du pays. Le pays était
républicain, il ne se privait pas de
l'affirmer en toute occurrence ; lé Fran-
çais ne songeait qu'à iestaurer la mo-
narchie par un vote parlementaire, à la
majorité d'une voix. Le pays était libé-
ral et réclamait la liberté à cors et à
cris : le Français n'avait qu'une idée :
conserver dans le parlement une majo-
rité au service des Broglie, des Four-
tou, des Chabaud-Latour et autres mé-
diocrités oppressives.
Mais depuis que l'Assemblée natio-
nale a constitué la République, le
Français se retourne mélancolique-
ment vers le pays. Il ne le consulte
point, Dieu l'en garde ! il se borne à le
supposer monarchiste , à lui prêter des
sentiments ultrà conservateurs, à l'af-
fubler d'un déguisement clérical et ser-
vile, mi-parti de la robe de Basile et
de la souquenille de Frontin, le tout
taillé sur le patron du fils Beslay. De-
puis que les orléanistes les plus capa-
bles et les plus considérés sont revenus
au culte de la liberté et professent élo-
quemment leur foi jusqu'au fauteuil de
la présidence, lé Français se détourne
d'un spectacle si navrant pour contem-
pler de loin, de très-loin, une France
de fantaisie, un pays effrayé de lui-
même et fuyant devant son ombre.
Si le Français était un de ces jour-
naux honnêtes et sérieux que leur pa-
role engage et qui vont jusqu'au bout
de leurs principes, on le prendrait au
mot ; on lui dirait : Aidez-nous donc à
réclamer la dissolution prochaine de
l'Assemblée. Faisons campagne ensem-
ble pour obtenir que le pays, objet de
votre confiance actuelle, rentre en pos-
session de lui-même et choisisse.de nou-
veaux représentants.
Mais ce journal n'a jamais eu cinq
minutes de bonne foi ; lorsqu'il lâche
deux mots de vérité, c'est par mégarde.
Aussi nous contenterons-nous de pren-
dre acte du singulier aveu que nous
avons souligné. Les patrons du Fran-.
çais (rien ne prouve que M. Dufaure et
M. Buffet soient du nombre, et nous
aimons à croire que M. Beslay calom-
nie ces deux hommes d'Etat), les pa-
trons du Français ont essayé de refaire
la majorité du 24 mai 1873 après le
vote du 25 février' 1875, et leur appel
n'a pas encore été entendu.
ABOUT.
&
L'agence Havas a démenti une nouvelle
que nous avons publiée avec plusieurs de
nos confrères, et concernant les mesures
prises à l'égard da la presse. Nous avions
dit que le gouvernement allait obérer une
révision et examiner chaque cas en parti-
culier. L'agence Havas nous dit que nous
sommes mal renseignés. Nous ne savons,
pas qui renseigne M. Havas, mais si nous
avons publié cette nouvelle, c'est que l'un
de MM. les ministres, et l'un des plus im-
portants, l'a annoncée lui-même dans les
couloirs à plusieurs députés, et leur a de-
mandé de fournir au cabinet toutes les
notes qui seraient de nature à éclairer ses
délibérations.
Peut-être ce ministre est - il mal ren-
seigné !
♦
Dans la Chambre des députés de Berlin,
tandis qu'on discutait la loi sur le budget
des eultes, M. de Bismarck- est survenu
comme un DeuS ex machinâ) et enréponsft
à un vieux catholique de 80 ans, M. Ger-
lach, il a lancé la violente improvisation
qu'on va lire :
Je ne viens pas répondre à toutes les asser-
tions du préopinant. Je viens seulement pré-
senter une observation contre un seul mot^,
et cela seulement parce que ie crains que
d'autres orateurs ne le répètent, car il'a déj k
été bien souvent répété. L'orateur qui l'a
prononcé est le dernier qui le répète, et il
est nécessaire de le réfuter, et par un mode
de réfutation qu'on ne lui a pas encore op-
posé.
- Je veux parler de la fausse applicatie in de
cette, maxime très-j uste en. elle-même : < On
doit obéir à Dieu plutôt qu'aux homm es. >
Le préopinant me connaît depuis assez ! long-
temps pour savoir que je reconnais l'entière
justesse de cette maxime, et que j'ai là con-
viction d'obéir à Dieu lorsque je sers le .roi,
que le préopinant a servi jadii, sous ce tte
devise : Auec l'aide de Dieu, pour le roi et a
patrie. Il est vrai que cette devise s'est ril"
fiée pour lui, et qu'il sépare maintenant Dieu
du roi et de la patrie. Je ne puis le suivre ni
sur cette voie ni sur-beaucoup d'autres.
Je crois servir mon Dieu lorsque je sers
inon roi en défendant l'Etat dont il est le sou-
verain par la grâce de Dieu, et lorsque je
travaille à défendre l'indépendancè de son
peuple contre des atteintes venant de l'étran-
ger, ce qui est un devoir imposé au roi par
Dieu; jé sers en cela le roi, de concert avec
tous les autres ministres. (Vive approba-
tion.) Si M. le préopinant veut être franc, —
ce à quoi il n'est point obligé à là tribune,
mais ce qu'il peut être d'homme à homme,
— il avouera honnêtement que nous ne
croyons pas à la divinité de l'Etat. Néan-
moins il se laisse entraîner à s'écarter de la
vérité, — il aurait pu à ce propos songer à
son âge de quatre-vingts ans, qu'il a rappelé
dans son discours, — lorsqu'il dit que nous,
qui siégeons ici,, nous avons foi au Dieu-
Etat, et en cela il tombe précisément dans la
faute reprochée par lui à certains empereurs
romains , qui étaient adorés comme des
dieux, et cependant étaient bien loin de
croire eux-mêmes à leur propre divinité. Il
fait comme eux. Il se sert du mot Dieu uni-
quement pour pallier la domination que veu-
lent exercer sur nous les maîtres auxquels.
il obéit maintenant, et dans ce but il lui de-
vient nécessaire de nous dépeindre comme
des païens. 1
- -- - -1 - -
En réalité, il ne s'agit ici que de cette ques-
tion : Deit-on obéir au pape plutôt qu'au roi ?
(Vive approbation,) Entre le pape et Dieu, il
existe pour mol'une différence, et jusqu'à pré-
sent cette différence avait existé aussi pour
M. le préopinant. Il n'est pas question de choi-
air entre obéir à Dieu et obéir aux hommes ;
mais, sur des affaires temporelles, et qui ne
touchent point au salut des âmes, est-ce au
pape qu'il faut obéir? Est-ce au roi? Ces mes-
sieurs, qui maintenant se prétendent préoc-
cupés du salut des âmes, ne réïÏéchiMeaà pas
que les lois de mai vont moins loin queTa loi
civile, sous laquelle ils admettent cependant
que leurs pères ont fait honorablement leur
salut. (Hilarité.)
Tout ce qu'a dit M. le préopinant n'est pas
destiné à convaincre la Chambre et à être
cru. Son discours s'adresse au public, et il
aura cet effet de permettre d'imprimer im-
punément ce dont la publication aurait sans
cela été punissable. Voilà l'unique fruit
qu'aura ce discours. (Vive approbation et
grande hilarité.) Vous avez un auditoire,
mais vous n'avez aucune espérance d'obtenir
la majorité par un discours de ce genre.
M. le préopinant a encore eu recours à un
argument habituel. Il a xeproché au ministre
des cultes son insuccès. Je m'étonne que
lorsqu'il distribue si généreusement les lau-
riers à l'autre parti, il ne tienne aucun
eompte des résultats obtenus ici. Est-ce que
la conduite des évêques aurait réellement
amélioré la situation .de l'Eglise catholique
en Prusse? Si tel était le cas, pourquoi donc
ces plaintes hypocrites qu'on lance contre
nous de toute l'Europe, comme si nous avions
anéanti l'Eglise? Qu'est-ce que cela signifie?
Ou la plainte sur les persécutions est un acte
d'hypocrisie, ou ce n'est pas vous qui êtes
les gagnants.
M. le préopinant et moi, nous sommes d'ac-
cord sur la nécessité de faire son devoir, nous
sommes d'accord sur ce qu'il faut obéir à
Dieu plutôt qu'aux hommes, chacun a sa ma-
nière et suivant sa foi. Chacun croit connaî-
tre Dieu plus exactement que les autres hom-
mes. Quant à moi, je crois connaître Dieu de
plus près que M. le préopinant. ,.
Maintenant, messieurs, je n'attends pas de
la loi en discussion des avantages positifs.
Mais peu importe. Nous faisons simplement
notre devoir, en protégeant l'indépendance
de l'Etat et de la nation contre les efforts de
Rome et contre la domination universelle de
l'ordre des jésuites, et nous remplissons ce
devoir < avec l'aide de Dieu, pour le roi et
pour la patrie. » (Tonnerre d'applaudisse-
ments.)
+
L'agence Havas publie la note suivante :
C'est par erreur que plusieurs journaux
annoncent que M. le garde des sceaux et M.
le vice-président dit conseil ont décidé de
réviser les mesures précédemment adoptées
et concernant la presse. Aucune décision pa-
reille n'a été prise en ce qui concerne les
suspensions de journaux prononcées par les
autorités militaires en vertu des pouvoirs
que leur confère l'état de siège.
Il faudrait alors supposer (ear cette note
est entortillée, cemme tout ce qui sort du
cabinet de M. Auguste Léo), que M. le
garde des sceaux et M. le vice-président
du conseil réviseraient seulement les arrê-
tés d'interdiction de la voie publique, pris
administrativement par les préfets. En
Tertu d'une fiction que l'agence Havas
semble admettre avec complaisance, ils ne
se trouveraient pas compétents en ce qui
concerne les arrêtés militaires, ou ne ju-
geraient pas què le maintien des suspen-
sions et suppressions prononcées par les
commandants d'état de siége engageât leur
responsabilité.
Cette thèse ne se peut soutenir, et rien
ne serait plus absurde qu'une telle distinc-
tion. Sans doute il a dû arriver parfois
qu'un commandant d'état de siège ait frappé
un journal de sa propre initiative et pour
son compte personnel, en quelque sorte ;
c'est ce qui a eu lieu, par exemple, dans
la récente affaire du Courrier dé Lyon,
suspendu par M. le général Bourbaki pour
avoir traité le héros de Sedan avec irrévé-
rence. Mais qui ne sait que, la plupart du
temps, c'est sur un ordre expédié de la
place Beauvau ou de Versailles, et trans-
mis par l'autorité administrative, que les
commandants d'état de siège ont mis leur
paraphe au bas des arrêtés de suspension ?
Quand nos confrères de VIndépendant
rémois et du Nord-Est réclamèrent auprès
du général Douai contre les rigueurs d'une
suspension indéfiniment prolongée : « Allez,
leur fut-il répondu, allez à Paris trouver le
ministre ! C'est lui seul qui peut abréger
votre peine. »
Et de fait, le général Douai, comme les
autres commandants d'état de siège, avait
exécuté simplement, comme une consigne,
les ordres du gouvernement. On pourrait
presque affirmer qu'il n'avait pas lu les
articles qui ont servi de prétexte à la sus-
pension de Y Indépendant rémois et du
Nord-Est. Qui s'est jamais avisé de pré-
tendre que les commandants d'état de
siége fussent investis d'une autorité indé-
pendante du ministère? et que M. de Cha-
baud-Latour, ou M. de Fourtou, ou M. de
Broglie n'eussent qu'à se laver les mains,
comme de braves Pilâtes, des rigueurs dé-
ployées contre la presse dans quarante-
trois départements? Mais c'est une res-
ponsabilité q.ils ont eux-mmes re-
vendiquée souvent dans leurs discours»
Pour ne parler que du cabinet actuel,
qu'à dit M. Buffet dans la déclaration du
12 mars ? Nous y lisons ceci : « Tant que
cette loi (la loi sur ia. presse) n'aura pas
été votée, le gouvernement ne saurait
renoncer aux pouvoirs exceptionnels que
lui confère l'état de siége dans un certain
nombre de départements. > S'il n'y renonce
pas, c'est donc qu'il veut, au besoin, pou-
voir en user ; et s'il en usa, il est donc res-
ponsable non-seulement des mesures nou-
velles qu'il croira devoir prendre, mais du
maintien des anciennes mesures prises
par ses prédécesseurs.
Et l'on vient essayer de faire croire au
public, en deux phrases louehes, que le
gouvernement a résolu de ne pas toucher
aux arrêtés militaires, de ne rien réparer
et de prolonger, en se croisant les bras, de
parti pris, le désastreux effet de la politi-
que de ses devanciers 1 Ce serait assuré-
ment le rive de M. Auguste Léo, cet in-
time ennemi de tout ce qu'il peut y avoir
en France d'écrivains libéraux et républi-
cains. Et M., Auguste Léo a cru sans doute
habile de faire confidence à l'agence Havas
des haineuses félieités qu'il se forge en
songe. Mais voyez-vous le ministère épou-
sant les rancunes de M. Auguste Lée ? Mal-
gré la note de l'agence Havas, nos infortna-
tionsde Versailles confirment aujourd'hui,
de la façon la plus expresse, ce que nous.
avons dit d'abord des dispositions de MM..
Dufaure et Buffet. Cependant, pour couper
court aux bruits suspects que cette agence
peut répandre, nous ne saurions trop en-
gager les députés républicains à ebtenir de
M. le garde des sceaux ou de M. le vice-pré-
sident du conseil des assurances positives
avant la séparation de l'Assemblée. Le
pays a besoin de se préparer aux deux
grands scrutins dont l'époque ne peut plus
être reculée longtemps ; il imperte que le
parti républicain constitutionnel ne de-
meurs pas davantage privé de ses organes
et de ses défenseurs.
EUG. LIÉBERT.
., , —
La commission des Trente a tenu séance
et s'est occupée de la situation nouvelle
qui lui était faite par le renvoi du projet
Limpérani à la commission d'initiative.
Elle a appris que M. Luro concluait à
la prise en considération et demanderait
à l'Assemblée de renvoyer l'examen de
cette loi à ùne commission spéciale. Il a
été décidé que M. Batbie entrerait en
conférence avec le garde des sceaux et
que le jour où M. Lure lirait son rapport,
les Trente demanderaient à l'Assemblée si
elle entend les dessaisir des lois constitu-
tionnelles. v -
La comi d'enquête lIur l'élection de
la Nièvre a nommé une sous-commission
chargée de dépouiller le volumineux atlilssieD
de l'en quête administrative.
Cette sons eotamission se compte de cinq
membres : MM. Albert Grévy, Savary, Jules
Ferry, de Ségur et Testelin. Elle s'est réu-
nie pour la-première fois, hier, che$ M. Sa,
vary, et a commencé son travail.
Le 15* bureau chargé de vérifier l'élection
des Hautes-Pyrénées a entendu hier M. Amy,
qui, au nom de la minorité de la seus-cem-
mission, a combattu le rapport de M. Ga-
nailt.
Le bureau a décidé qu'avant de statiep
définitivement il entendrait M. Cazeaux.
Histoires grasses
C'est de l'Isère aujourd'hui que nous
viennent les bons contes ; je n'entends
pas ceux qui font les bons amis, non,
mais les contes drôlatiques, ceux qui
gagneraient à être assaisonnés dans la
langue que Balzac a renouvelée de Ra-
belais.
Il s'agit toujours des maires de l'orn
dre môral.
M. Chautamp avait eu l'honneur
d'obtenir sept voix, pas une de plus, pas.
une de moins, dont la sienne, aux élec-
tions municipales de sa commune. Cette
commune ^partient au canton de Beau..
repaire et se nomme Saint-Julien-de-
l'Herms. Ensuite de gqiioi, M. Chau-
tamp, n'étant point membre du conseil,
avait été choisi par M. le duc de Bro-,
glie pour administrer le pays qui lui
avait ainsi marqué l'estime qu'il fai-
sait de sa personne. Les gouvernements
de combat se plaisent à ces luttes con"
tre le suffrage universel.
Or, il y avait à Saint-Julien-de-
l'Herms un honnête citoyen du nom de
Besséat, qui, lui, avait été élu conseil-
ler municipal à la presque unanimité
des votants. Il possédait la confiance
des habitants de Saint-Julien, comme
M. Chautamp avait celle de l'adminis
tration. L'un avait l'oreille du public,
l'autre celle du préfet. Je ne dis pas
que cette dernière soit la plus longue ;
mais ella appartient à un homme qui a
le bras long, ainsi qui vous l'aller
voir..
Ai-je besoin de vous dire qu'entre
l'élu du suffrage universel et celui da.
l'administration, il y avait une rivalité
qui se marquait dans les plus petits dé-
tails comme dans les plus graves af.
faires ? La population avait le tort,
presque en toutes. choses, d'être de
l'avis de Besséat, tandis que M. le pré-
fet donnait presque toujours raison,
Chautamp. Au conseil, dès qù'ujaa quës-
Prix du numéro : Paris : 15 centimes. j— Départements : 20 centime,.
Samedi 20 Mars ?76.
j - - -
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S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
- N, rue ta. Lafajetti
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Un an. fi9
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On s'abonne à Londms, chez M. A. tfA*Bic»'gén6r<à
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Un an .;. 62
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6, place de là BenrM, C
On s'abonna i Londres, chez M. A. Maurice générait
advertiting, agent, 13, Tàviuockrow, Covent GardfltD.
Paris, 19 mûrs
En ce temps-là, le gouvernement de
combat faisait florès, l'ordre moral s'épa-
mouissait à l'ombre de l'état de siège dans
43 départements, et sous la surveillance
des préfets à poigne dans les autres. M. de
Broglie régnait ; c'était l'âge d'or des enne-
mis de la République. Il y avait pourtant
une ombre au tableau. La mort n'avait
point signé au contrat du 24 mai ; elle sem-
blait même ignorer les premières notions
-de la politique « résolûment conserva-
trice » ; si bien qu'elle frappait en aveugle
à gauche et à droite, surtout à droite. Il
fallait donc remplir les vides, et le pays
prenait un malin plaisir à remplacer par
des républicains tous les monarchistes qui
manquaient à l'appel. Cela menaçait de
devenir dangereux ; les rangs de la gauche
grossissaient à vue d'œil, en dépit des
préfets, des maires, des juges de paix, et
;autres « moralisateurs » du suffrage uni-
versel. C'est alors qu'un homme de bien,
M. Courcelle déposa une proposition ten-
dant à supprimer les élections partielles
dans les départements qui ne seraient pas
privés du quart de leur députation.
- On n'a pas assez rendu justice, dans le
temps, à l'honorable M. Courcelle ; mais
l'histoire dira qu'au total, lui seul sut se
montrer à la hauteur des circonstances,
lui seul eut une de ces idées de génie capables
de sauver les situations les plus difficiles.
Qui sait si nous aurions aujourd'hui une
constitutiont surtout une constitution ré-
publicaine, si l'Assemblée avait donné
suite au projet de M. Courcelle? Toujours
est-il qu'on le laissa dormir dans les car-
tons de la commission d'initiative, et qu'il
vie^t seulement d'en sortir, après plus de
qvinze mois d'attente.
Il s'agissait hier de savoir si l'Assem-
blée prendrait ou non en considération
ledit projet. Elle s'est prononcée pour l'af-
firmative ; mais il va de soi que le fond
,
même de la question reste entier. Et c est
ce que ne semblent pas avoir compris un
certain nombre de députés républicains
qui ont voté contre. Nous pensions pour-
tant qu'il ne pouvait y avoir l'ombre d'un
doute pour personne sur la portée réelle du
vote à émettre ; et nous avouons ne pas
comprendre les scrupules dont quelques
membres de l'extrême gauche ont porté
l'expression à la tribune.
Tout le monde sait fort bien qu'il n'est
jamais entré dans l'esprit d'un républicain
de porter atteinte en quoi que ce fût au
droit des électeurs ; et, dans l'espèce, en
effet, il ne s'agit de rien de pareil. M. Cour-
celle et une partie de l'Assemblés désirent
mettre fin aux élections partielles ; nous
aussi, mais dans quel but? C'est là que
Iious cessons de nous entendre. Les adver-
saires de la République ne veulent pas as-
sister plus longtemps au scandale d'élec-
tions républicaines ; ils ne sa soucient pas
de voir le suffrage universel ratifier par
des votes partiels l'établissement régu-
lier, normal et définitif de la République.
Ce que veulent, au contraire, les républi-
cains, c'est que la Chambre reconnaisse
l'inutilité de convoquer les électeurs de tel
ou tel département, dans deux mois, dans
trois mois, quand la logique exige im-
périeusement que la France tout entière
soit appelée dans ses comices à l'automne
prochain.. •
La question de dissolution devait se po-
ser un jour ou l'autre, M. Courcelle a
fourni le moyen de la résoudre tout de
suite, il n'y avait donc pas à hésiter.
Qu'est-ce, en somme, que la prise en consi-
dération ? Cela engage-t-il en quoi que ce
soit le fond. du débat ? Ceux qui l'ont votée
peuvent-ils, dans une certaine mesure, être
présumés vouloir restreindre le droit des
électeurs? En aucune façon. Les bureaux
vont être appelés à nommer une commis-
sion chargée d'examiner le projet de M.
Courcelle, et c'est seulement quand viendra
son rapport que la question de principe
devra influer sur les votes. Si le rapport
conclut purement et simplement à la sup-
pression des scrutins partiels dans les ter-
mes du projet Courcelle, il va de soi que
ceux-là seuls le voteront qui redoutent et
haïssent la souveraineté nationale. Mais
nous avons tout lieu a esperer que le rapport
établira une connexité nécessaire entre la
suppression des scrutins partiels et l'im-
minence d'une convocation générale des
électeurs. Dans le cas contraire, l'Assem-
blée restera libre d'arriver au même ré-
sultat par voie d'amendement, et, loin de
porter atteinte aux droits du pays, ce sera
leur rendre hommage que de déterminer
la date où il rentrera en pleine possession
de lui-même.
Au surplus, on ne comprendrait pas que
sur ce point l'Assemblée tout entière ne se
montrât pas désormais unanime. A droite
comme à gauelle,on doit avoir le même in-
térêt à retourner devant le pays. A gauche,
pour lui demander une nouvelle Assemblée
énergiquement résolue à la défense de la
constitution ; à droite, pour lui demander
de protester par ses choix contre le vote
du 25 février. Dans tous les cas, le plus
grand témoignagè de respect et de con-
fiance que puissent donner à leur œuvre
les 425 constituants de la République, c'est
d'en hâter de tout leur pouvoir le fonction-
nement complet et régulier.
E. ScHNERB.
: — ♦ —
34o Commission d'initiative.
PRÉSIDENCE DE M. LURO.
La commission est saisie du projet de loi
relatif à l'élection des sénateurs de dépar-
tement, présenté par M. Limpérani.
M. le président rappelle à la commission
qu'à la séance du 17 mars, M. Baragnon avait
demandé le renvoi de cette loi à l'ancienne
commission des Trente, mais que par un vote
formel de l'Assemblée la demande de M. Bara-
gnon avait été repoussée et le projet renvoyé
à la commission d'initiative.
M. Cochtry est d'avis qu'il n'y a pas lieu
de soulever une question préjudicielle, que
la commission doit donc uniquement délibé-
rer sur la question de savoir si la proposition
de M. Limpérani doit être prise en considéra-
tion.
M. de Rességuier expose ce qui s'est passé
dans la commission des Trente, dont il est
membre. M. le garde des sceaux a invité plu-
sieurs membres de cette commission à colla-
borer avec lui à une loi relative à l'élection
du Sénat, et a déclaré, qu'il déposerait lui-
même un projet de loi sur cette question
dans un bref délai. Dans cette situation il y
aurait lieu de demander le renvoi du projet
Limpérani à la commission des Trente ; celle-ci
a d'ailleurs déclaré, par 9 voix contre 8,
qu'elle n'avait pas terminé sa mission et
qu'elle entendait être saisie de toutes les lois
constitutionnelles.
M. Valentin répond que l'Assemblée a dé-
claré le contraire en repoussant le renvoi à
la commission des Trente du projet dont s'a-
git.
M. Foubsrt fait observer que si M. Dufaure
avait pu prévoir ee vote de l'Assemblée, il
n'aurait pas fait à la commission la démar-
che dont on a Darlé.
M. Claude (Meurthe-et-Moselle) croit que
ce débat est inutile. La commission d'initia-
tive n'est saisie que d'une prise en con-
sidération. Si, comme cela est probable,
elle prend la proposition en considéra-
tion, la question du renvoi à la commis-
sion des Trente ou à une commission spéciale
pourra être utilement discutée lors du dépôt
du rapport à l'Assemblée. Tous les droits
sont donc réservés et il n'y a lieu de s'occuper
que de la prise en considération.
La commission décide que la proposition
est prise en considération.
Elle déclare qu'elle s'opposera au renvoi du
projet de loi à la commission des Trente
lers de la discussion du rapport devant l'As-
semblée.
M. Luro est nommé rapporteur.
Il donnera lecture de son rapport à la
commission à la séance d'aujourd'hui.
L'Assemblée sera immédiatement saisie,
On pense qu'elle pourra prendre une résolu-
tion avant de se séparer.
; ——————
Les bureaux se réunissent aujourd'hui
pour nommer la commission qui exami-
nera le projet de M. Courcelle sur les élec-
tions partielles. On nommera aussi la com-
mission de permanence.
Nous recommandons à tous nos amis la
plus grande exactitude.
————.—————
COURRIER PARLEMENTAIRE
«
Versailles, le 18 mars 1875.
Séance fatigante, où l'intérêt voltige d'un
sujet à un autre, sans sefixer sur aucun,
se reprenant à espérer, toujours déçu. Là
est, d'ailleurs, la marque distinctive de
toutes les veilles de congé ; on touche à
tout sans s'arrêter sur rien.
Six ou sept petits projets d'intérêt local
sont votés ; après quoi, M. de Pressensc se
présente avec son rapport sur la proposi-
tion des vacances.
« Lisez ! lisez 1 » Il lit.
Ce rapport est considéré par quelques-
uns comme pouvant être un événement po-
litique ; les considérations générales qui
amènent te, Chambre à aller prendre l'air
doivent y céder le pas aux considérations
particulières capables d'engager les dé-
putés à prendre un repos illimité. Du
choc des intérêts va peut-être naître la dis-
cussion importante.
M. de Pressensé s'acquitte bien de sa
tâche : «Une Assemblée - constituante a
rempli son mandat essentiel quand elle a
constitué. Une fois les lois constitution-
nellps votées, l'Assemblée doit se contenter
du strict nécessaire, en fait de travaux lé-
gislatifs. » Vlan, ça y est ! Le côté droit a
des grognements d'irritation, le côté gauche
applaudit, la campagne est ouverte.) Mais
en somme les armées adverses n'en vien-
nent pas aux mains.
Pour répondre à M. de Pressensé, il ne
se présente que M. Malartre.. M. Malartre;
une fois par hasard, ce n'est pas autrement
désagréable ; mais M. Malartre souvent, on
n'imagine pas à quel point la chose de-
vient fastidieuse. Cet excellent industriel,
qui, sous prétexte qu'il ne connaît pas les
questions spéciales, ne manque jamais de
prendre part à leur discussion ; qui, sous
prétexte qu'il ne sait pas parler français,
dit tout ce qui lui passe par la tête; se pro-
digue trop depuis quelque temps.
La commission a proposé la date du 3
mai pour le retour ; M. Malartre, qui, pri-
mitivement, tenait pour le 20, propose
maintenant le 11. Et le 11 est voté par 431
voix contre 260. Pourquoi ? Aucune raison
plausible n'a été fournie par M. Malartre.
Simplement parce que le Il représente
huit jours de congé de plus que le 3 ! La
droite rit follement de ce résultat ; c'est
un peu rire de soi-même.
N'en parlons plus, c'est fini; la discus-
sion n'a rien donné de ce qu'on en atten-
dait, passons à autre chose.
« L'autre chose » se présente sous forme
d'amendement. M. de Ravinel fait intimer
au bureau de l'Assemblée et à la commis-
sion de permanence l'ordre de chercher,
pendant les vacances, le moyen d'installer
un Sénat à Versailles. Il ne nous manquait
plus que eela. Voilà maintenant la question
d'architecture introduite dans l'ordre du
jour !
Et pour compléter là fête, M. Brisson
éprouve le besoin d'adresser, au nom de
Paris, quelques paroles désagréables à M.
de Ravinel. M. le président, tout en rele-
vant l'expression, esquive assez habilement
l'incident.
Nous comprenons parfaitement que M.
Brisson, comme tous ses collègues républi-
cains, ait éprouvé, lors du vote des lois
constitutionnelles, un véritable chagrin
d'être obligé de renoncer a défendre les in-
térêts de Paris pour ne pas mettre en péril
le sort de toute la France ; -mais c'était là
cas de dire que nécessité faisait loi. Aussi
saisissons-nous mal cette eolère après coup
contre M. de Ravinel. La constitution est
votée, il faut l'appliquer, si étrange qu'elle
puisas paraître dans certains de ses dé-
tails.
Le vote a lieu sur l'amendement Ra-
vinel, et c'est peut-être là le meilleur mo-
ment de la séance pour l'observateur : le
groupe bonapartiste est à croquer. Aux
deux épreuves par assis et levé, il s'ab-
stient ; mais un scrutin est devenu néces-
saire , il faut absolument prendre un parti.
Cruelle alternative 1 Froisser Paris ou bles-
ser le « sentiment conservateur »? Ménager
la capitale ou la droite?. Les bonapar-
tistes vont voter blanc sur un premier
ordre donné, —r ils tiennent déjà leurs
bulletins en main, — lorsque M. Abbatucci
se précipite. Les bulletins blancs disparais-
sent I Mais voilà de nouvelles considéra-
tions, paraît-il, qui surgissent, car l'admi-
rable groupe de l'appel au peuple ne sait
plus à quoi se résoudre. C'est ainsi que
l'âne de Buridan, entre ses deux picotins,
creva de faim.
L'amendement Ravinel passe à 371 voix
contre 312.
Quoi encore ?. Les sucres à présent !
M. Fouquet (de l'Aisne) pose une question
au ministre des finances relativement à
l'application de la loi sur la raffinerie. (On
se rappelle qu'elle devait être exercée à
partir du 1er juillet 1875.) M. Léon Say ré-
pond satis répondre. C'est vague et im-
mense comme la calotte céleste.
Et puis?. Le remboursement de l'em-
prunt Morgan ! Le principe est voté sans
indication des voies et moyens. Vous voilà
bien avacés.
Ah ! enpfin, la proposition relative aux
élections partielles à l'Assemblée nationale,
celle à l'aide de laquelle M. Courcelle et
ses amis ont la prétention de supprimer —
eux, ils prononcent réglementer — le re-
nouvellement de la représentation natio-
nale. De cette discussion, on attend beau-
coup, peut-être un avant-goût de dissolu-
tion. Nous n'avons recueilli qu'une longue
série de finasseries qui sont demeurées
sans résultat.
Il ne s'agit que d'une prise en considé-
ration, c'est-à-dire d'une pure formalité qui
n'engage à rien. Les promoteurs de la pro-
position, eux, jouent franc jeu et veulent
tout uniment arrêter le flot républicain
qui les envahit ; mais les députés de la
gauche, en offrant de voter la prise en con-
sidération du projet, ne cherchent qu'à ob-
tenir un engagement ministériel, conçu à
peu près en ces termes : Inutile, en effet,
de faire de nouvelles élections partielles à
cause de la proximité des élections géné-
rales. On voit que les deux camps ne
demandent qu'à marcher à un même but,
mùs par les sentiments les plus opposés.
Mais ce qu'on ne saurait imaginer, c'est la
multiplicité des nuances qui séparent tous
ces gens qui semblent s'entendre.
Et chacun monte à la tribune, exposant
le mobile de son vote, cherchant surtout à
mettre en mouvement M. Buffet. M. Bris-
son votera si. M. Vautrain votera par-
ce que. M. Gambetta votera quand «une
parole autorisée aura dit. » Sans compter
M. Giraud (de la droite), qui votera quand
même, et M. Raoul Duval, qui ne votera pas
du tout. Du reste, tout cela est très-calme,
le mot dissolution étant le plus possible
épargné à la droite. Le banc des ministres
ress emble à un banc de glace.
Mais il est un homme à qui ces finesses
politiques donnent sur les nerfs. Cet hom-
me est un ancien de 1848, un revenant ;
c'est M. Madier de Montjau. Au bout de
vingt-cinq ans d'isolement, M. Madier de
Montjau s'est trouvé jeté, du jour au len-
demain , dans un mouvement politique
dont les rouages lui sont absolument étran-
gers. Figurez-vous Rétif de la Bretonne
sortant de la tombe pour venir errer dans
les quartiers neufs de Paris :
Grand, maigre, la tête encadrée de
longs cheveux gris qui laissent à décou-
vert un large front,et d'une immense barbe
grisonnante qui cache la moitié -du visage,
-les yeux enfoncés dans des orbites qu'om-
bragent d'épais sourcils, M. Madier de
Montjau ne manque pas d'élégance. Quoi
qu'il en dise, on voit qu'il n'a pas perdu
l'habitude de la tribune : la voix est sono-
re, retentissante, — et la phrase coule fa-
cilement. Mais, malheureusement, M. Ma-
dier de Montjau a conservé toutes ses ha-
bitudes : son style date au moins de 1848.
« Rien ne peut légitimer la suspension
de l'exercice du suffrage universel. » Et il
délaie cette idée avec des éclats de voix
terribles, des gestes saccadés, des apos-
trophes forcées, des tournures de phrase
dramatiques. C'est démodé, cela ressemble à
Bouchardy. Ah ! lisez n'importe quel
vieux livre, succès de son temps, et — à
moins qu'il ne soit fils du génie! - vous
éprouverez, sous certaines bouffées de vé-
tusté, ce mélancolique sentiment que nous
avons ressenti aujourd'hui. A droite, on
écoutait religieusement, dans l'espérance
de quelque incartade.
La prise en considération a été pronon-
cée, repoussée seulement par l'extrême
gauche, les bonapartistes et quelques
membres de la droite. Noqs ne nous expli-
quons pas bien ce vote de l'extrême gau-
che, car la thèse soutenue, en dernier lieu,
par M. Langlois, nous semble absolument
topique.
En fait de parole autorisée, il ne peut y
avoir, en pareil cas, que celle de l'Assem-
blée.
Le ministre ne peut trancher une ques-
tion qui relève essentiellement de l'initia-
tive de la Chambre. Il est donc nécessaire
de voter la prise en considération de la
proposition Courcelle pour que, dans les
bureaux, la question soit débattue entre
députés et que le rapport qui en résultera
soumette à l'Assemblée le cas d'élections
partielles arrêtées pour tel ou tel motif, et
notamment pour cause de proximité d'é-
lections générales.
Vraiment l'extrême gauche n'avait pas à
craindre que la proposition Courcelle, telle
que la comprennent ses auteurs, fût ja-
mais adoptée, puisque tout le parti répu-
blicain et le groupe bonapartiste se trou-
veraient là pour la repousser. D'après M.
Courcelle, il faudrait que plus du quart da
la représentation d'un département fût
trépassé pour qu'on procédât aux élec-
tions partielles dans ce département ; à cq
compte, si la Providence se montrait une
d stributrice équitable, cette Assemblée de
780 membres arriverait à siéger avec
moins de 180 représentants 1 On doit en
-rire, même dans la droite.
PAUL LAFARGUE.
+ —
On lit dans le Français :
La situation politique apparaît quelque
peu différente si on la considère dans le pays
ou dans le Parlement. Dans le pays, l'état des
îsprits est satisfaisant. On y fait peu d'atten-
cion aux incidents compliqués ot obscurs de la
stratégie parlementaire ; un fait domine tout,
'est la déclaration ministérielle, affichée et
lue dans toutes les communes de France.
L'effet en a été considérable et heureux.
Les conservateurs ont été rassurés et ont
pris connance. Ils ont vu que le gouverne-
ment ne les livrait pas à des adversaires,
lui, là, ne sont pas des députés de nuance
plus ou moins incertaine, mais qui sont les
ennemis connus de tout ordre social. Au Par-
lement, au contraire, il y a encore beaucoup
ce confusion, d'incertitude et de malaise.
if if. Buffet et Dufaure avaient voulu provo-
quer: la formation d'une majorité conservatrice
nouvelle, réunissant les hommes qui avaient
été malheureusement divisés par les discus-
sions constitutionnelles, mais qui n'avaient
plus, après la solution de ces questions, de
raisons de se combattre. L'appel des ministres
n'a pas encore été entendu.
Du temps que la politique du Fran-
çais réunissait une majorité dans l'As-
semblée, le Français ne voyait au
monde que l'Assemblée ; il ne tenait
aucun compte du pays. Le pays était
républicain, il ne se privait pas de
l'affirmer en toute occurrence ; lé Fran-
çais ne songeait qu'à iestaurer la mo-
narchie par un vote parlementaire, à la
majorité d'une voix. Le pays était libé-
ral et réclamait la liberté à cors et à
cris : le Français n'avait qu'une idée :
conserver dans le parlement une majo-
rité au service des Broglie, des Four-
tou, des Chabaud-Latour et autres mé-
diocrités oppressives.
Mais depuis que l'Assemblée natio-
nale a constitué la République, le
Français se retourne mélancolique-
ment vers le pays. Il ne le consulte
point, Dieu l'en garde ! il se borne à le
supposer monarchiste , à lui prêter des
sentiments ultrà conservateurs, à l'af-
fubler d'un déguisement clérical et ser-
vile, mi-parti de la robe de Basile et
de la souquenille de Frontin, le tout
taillé sur le patron du fils Beslay. De-
puis que les orléanistes les plus capa-
bles et les plus considérés sont revenus
au culte de la liberté et professent élo-
quemment leur foi jusqu'au fauteuil de
la présidence, lé Français se détourne
d'un spectacle si navrant pour contem-
pler de loin, de très-loin, une France
de fantaisie, un pays effrayé de lui-
même et fuyant devant son ombre.
Si le Français était un de ces jour-
naux honnêtes et sérieux que leur pa-
role engage et qui vont jusqu'au bout
de leurs principes, on le prendrait au
mot ; on lui dirait : Aidez-nous donc à
réclamer la dissolution prochaine de
l'Assemblée. Faisons campagne ensem-
ble pour obtenir que le pays, objet de
votre confiance actuelle, rentre en pos-
session de lui-même et choisisse.de nou-
veaux représentants.
Mais ce journal n'a jamais eu cinq
minutes de bonne foi ; lorsqu'il lâche
deux mots de vérité, c'est par mégarde.
Aussi nous contenterons-nous de pren-
dre acte du singulier aveu que nous
avons souligné. Les patrons du Fran-.
çais (rien ne prouve que M. Dufaure et
M. Buffet soient du nombre, et nous
aimons à croire que M. Beslay calom-
nie ces deux hommes d'Etat), les pa-
trons du Français ont essayé de refaire
la majorité du 24 mai 1873 après le
vote du 25 février' 1875, et leur appel
n'a pas encore été entendu.
ABOUT.
&
L'agence Havas a démenti une nouvelle
que nous avons publiée avec plusieurs de
nos confrères, et concernant les mesures
prises à l'égard da la presse. Nous avions
dit que le gouvernement allait obérer une
révision et examiner chaque cas en parti-
culier. L'agence Havas nous dit que nous
sommes mal renseignés. Nous ne savons,
pas qui renseigne M. Havas, mais si nous
avons publié cette nouvelle, c'est que l'un
de MM. les ministres, et l'un des plus im-
portants, l'a annoncée lui-même dans les
couloirs à plusieurs députés, et leur a de-
mandé de fournir au cabinet toutes les
notes qui seraient de nature à éclairer ses
délibérations.
Peut-être ce ministre est - il mal ren-
seigné !
♦
Dans la Chambre des députés de Berlin,
tandis qu'on discutait la loi sur le budget
des eultes, M. de Bismarck- est survenu
comme un DeuS ex machinâ) et enréponsft
à un vieux catholique de 80 ans, M. Ger-
lach, il a lancé la violente improvisation
qu'on va lire :
Je ne viens pas répondre à toutes les asser-
tions du préopinant. Je viens seulement pré-
senter une observation contre un seul mot^,
et cela seulement parce que ie crains que
d'autres orateurs ne le répètent, car il'a déj k
été bien souvent répété. L'orateur qui l'a
prononcé est le dernier qui le répète, et il
est nécessaire de le réfuter, et par un mode
de réfutation qu'on ne lui a pas encore op-
posé.
- Je veux parler de la fausse applicatie in de
cette, maxime très-j uste en. elle-même : < On
doit obéir à Dieu plutôt qu'aux homm es. >
Le préopinant me connaît depuis assez ! long-
temps pour savoir que je reconnais l'entière
justesse de cette maxime, et que j'ai là con-
viction d'obéir à Dieu lorsque je sers le .roi,
que le préopinant a servi jadii, sous ce tte
devise : Auec l'aide de Dieu, pour le roi et a
patrie. Il est vrai que cette devise s'est ril"
fiée pour lui, et qu'il sépare maintenant Dieu
du roi et de la patrie. Je ne puis le suivre ni
sur cette voie ni sur-beaucoup d'autres.
Je crois servir mon Dieu lorsque je sers
inon roi en défendant l'Etat dont il est le sou-
verain par la grâce de Dieu, et lorsque je
travaille à défendre l'indépendancè de son
peuple contre des atteintes venant de l'étran-
ger, ce qui est un devoir imposé au roi par
Dieu; jé sers en cela le roi, de concert avec
tous les autres ministres. (Vive approba-
tion.) Si M. le préopinant veut être franc, —
ce à quoi il n'est point obligé à là tribune,
mais ce qu'il peut être d'homme à homme,
— il avouera honnêtement que nous ne
croyons pas à la divinité de l'Etat. Néan-
moins il se laisse entraîner à s'écarter de la
vérité, — il aurait pu à ce propos songer à
son âge de quatre-vingts ans, qu'il a rappelé
dans son discours, — lorsqu'il dit que nous,
qui siégeons ici,, nous avons foi au Dieu-
Etat, et en cela il tombe précisément dans la
faute reprochée par lui à certains empereurs
romains , qui étaient adorés comme des
dieux, et cependant étaient bien loin de
croire eux-mêmes à leur propre divinité. Il
fait comme eux. Il se sert du mot Dieu uni-
quement pour pallier la domination que veu-
lent exercer sur nous les maîtres auxquels.
il obéit maintenant, et dans ce but il lui de-
vient nécessaire de nous dépeindre comme
des païens. 1
- -- - -1 - -
En réalité, il ne s'agit ici que de cette ques-
tion : Deit-on obéir au pape plutôt qu'au roi ?
(Vive approbation,) Entre le pape et Dieu, il
existe pour mol'une différence, et jusqu'à pré-
sent cette différence avait existé aussi pour
M. le préopinant. Il n'est pas question de choi-
air entre obéir à Dieu et obéir aux hommes ;
mais, sur des affaires temporelles, et qui ne
touchent point au salut des âmes, est-ce au
pape qu'il faut obéir? Est-ce au roi? Ces mes-
sieurs, qui maintenant se prétendent préoc-
cupés du salut des âmes, ne réïÏéchiMeaà pas
que les lois de mai vont moins loin queTa loi
civile, sous laquelle ils admettent cependant
que leurs pères ont fait honorablement leur
salut. (Hilarité.)
Tout ce qu'a dit M. le préopinant n'est pas
destiné à convaincre la Chambre et à être
cru. Son discours s'adresse au public, et il
aura cet effet de permettre d'imprimer im-
punément ce dont la publication aurait sans
cela été punissable. Voilà l'unique fruit
qu'aura ce discours. (Vive approbation et
grande hilarité.) Vous avez un auditoire,
mais vous n'avez aucune espérance d'obtenir
la majorité par un discours de ce genre.
M. le préopinant a encore eu recours à un
argument habituel. Il a xeproché au ministre
des cultes son insuccès. Je m'étonne que
lorsqu'il distribue si généreusement les lau-
riers à l'autre parti, il ne tienne aucun
eompte des résultats obtenus ici. Est-ce que
la conduite des évêques aurait réellement
amélioré la situation .de l'Eglise catholique
en Prusse? Si tel était le cas, pourquoi donc
ces plaintes hypocrites qu'on lance contre
nous de toute l'Europe, comme si nous avions
anéanti l'Eglise? Qu'est-ce que cela signifie?
Ou la plainte sur les persécutions est un acte
d'hypocrisie, ou ce n'est pas vous qui êtes
les gagnants.
M. le préopinant et moi, nous sommes d'ac-
cord sur la nécessité de faire son devoir, nous
sommes d'accord sur ce qu'il faut obéir à
Dieu plutôt qu'aux hommes, chacun a sa ma-
nière et suivant sa foi. Chacun croit connaî-
tre Dieu plus exactement que les autres hom-
mes. Quant à moi, je crois connaître Dieu de
plus près que M. le préopinant. ,.
Maintenant, messieurs, je n'attends pas de
la loi en discussion des avantages positifs.
Mais peu importe. Nous faisons simplement
notre devoir, en protégeant l'indépendance
de l'Etat et de la nation contre les efforts de
Rome et contre la domination universelle de
l'ordre des jésuites, et nous remplissons ce
devoir < avec l'aide de Dieu, pour le roi et
pour la patrie. » (Tonnerre d'applaudisse-
ments.)
+
L'agence Havas publie la note suivante :
C'est par erreur que plusieurs journaux
annoncent que M. le garde des sceaux et M.
le vice-président dit conseil ont décidé de
réviser les mesures précédemment adoptées
et concernant la presse. Aucune décision pa-
reille n'a été prise en ce qui concerne les
suspensions de journaux prononcées par les
autorités militaires en vertu des pouvoirs
que leur confère l'état de siège.
Il faudrait alors supposer (ear cette note
est entortillée, cemme tout ce qui sort du
cabinet de M. Auguste Léo), que M. le
garde des sceaux et M. le vice-président
du conseil réviseraient seulement les arrê-
tés d'interdiction de la voie publique, pris
administrativement par les préfets. En
Tertu d'une fiction que l'agence Havas
semble admettre avec complaisance, ils ne
se trouveraient pas compétents en ce qui
concerne les arrêtés militaires, ou ne ju-
geraient pas què le maintien des suspen-
sions et suppressions prononcées par les
commandants d'état de siége engageât leur
responsabilité.
Cette thèse ne se peut soutenir, et rien
ne serait plus absurde qu'une telle distinc-
tion. Sans doute il a dû arriver parfois
qu'un commandant d'état de siège ait frappé
un journal de sa propre initiative et pour
son compte personnel, en quelque sorte ;
c'est ce qui a eu lieu, par exemple, dans
la récente affaire du Courrier dé Lyon,
suspendu par M. le général Bourbaki pour
avoir traité le héros de Sedan avec irrévé-
rence. Mais qui ne sait que, la plupart du
temps, c'est sur un ordre expédié de la
place Beauvau ou de Versailles, et trans-
mis par l'autorité administrative, que les
commandants d'état de siège ont mis leur
paraphe au bas des arrêtés de suspension ?
Quand nos confrères de VIndépendant
rémois et du Nord-Est réclamèrent auprès
du général Douai contre les rigueurs d'une
suspension indéfiniment prolongée : « Allez,
leur fut-il répondu, allez à Paris trouver le
ministre ! C'est lui seul qui peut abréger
votre peine. »
Et de fait, le général Douai, comme les
autres commandants d'état de siège, avait
exécuté simplement, comme une consigne,
les ordres du gouvernement. On pourrait
presque affirmer qu'il n'avait pas lu les
articles qui ont servi de prétexte à la sus-
pension de Y Indépendant rémois et du
Nord-Est. Qui s'est jamais avisé de pré-
tendre que les commandants d'état de
siége fussent investis d'une autorité indé-
pendante du ministère? et que M. de Cha-
baud-Latour, ou M. de Fourtou, ou M. de
Broglie n'eussent qu'à se laver les mains,
comme de braves Pilâtes, des rigueurs dé-
ployées contre la presse dans quarante-
trois départements? Mais c'est une res-
ponsabilité q.ils ont eux-mmes re-
vendiquée souvent dans leurs discours»
Pour ne parler que du cabinet actuel,
qu'à dit M. Buffet dans la déclaration du
12 mars ? Nous y lisons ceci : « Tant que
cette loi (la loi sur ia. presse) n'aura pas
été votée, le gouvernement ne saurait
renoncer aux pouvoirs exceptionnels que
lui confère l'état de siége dans un certain
nombre de départements. > S'il n'y renonce
pas, c'est donc qu'il veut, au besoin, pou-
voir en user ; et s'il en usa, il est donc res-
ponsable non-seulement des mesures nou-
velles qu'il croira devoir prendre, mais du
maintien des anciennes mesures prises
par ses prédécesseurs.
Et l'on vient essayer de faire croire au
public, en deux phrases louehes, que le
gouvernement a résolu de ne pas toucher
aux arrêtés militaires, de ne rien réparer
et de prolonger, en se croisant les bras, de
parti pris, le désastreux effet de la politi-
que de ses devanciers 1 Ce serait assuré-
ment le rive de M. Auguste Léo, cet in-
time ennemi de tout ce qu'il peut y avoir
en France d'écrivains libéraux et républi-
cains. Et M., Auguste Léo a cru sans doute
habile de faire confidence à l'agence Havas
des haineuses félieités qu'il se forge en
songe. Mais voyez-vous le ministère épou-
sant les rancunes de M. Auguste Lée ? Mal-
gré la note de l'agence Havas, nos infortna-
tionsde Versailles confirment aujourd'hui,
de la façon la plus expresse, ce que nous.
avons dit d'abord des dispositions de MM..
Dufaure et Buffet. Cependant, pour couper
court aux bruits suspects que cette agence
peut répandre, nous ne saurions trop en-
gager les députés républicains à ebtenir de
M. le garde des sceaux ou de M. le vice-pré-
sident du conseil des assurances positives
avant la séparation de l'Assemblée. Le
pays a besoin de se préparer aux deux
grands scrutins dont l'époque ne peut plus
être reculée longtemps ; il imperte que le
parti républicain constitutionnel ne de-
meurs pas davantage privé de ses organes
et de ses défenseurs.
EUG. LIÉBERT.
., , —
La commission des Trente a tenu séance
et s'est occupée de la situation nouvelle
qui lui était faite par le renvoi du projet
Limpérani à la commission d'initiative.
Elle a appris que M. Luro concluait à
la prise en considération et demanderait
à l'Assemblée de renvoyer l'examen de
cette loi à ùne commission spéciale. Il a
été décidé que M. Batbie entrerait en
conférence avec le garde des sceaux et
que le jour où M. Lure lirait son rapport,
les Trente demanderaient à l'Assemblée si
elle entend les dessaisir des lois constitu-
tionnelles. v -
La comi d'enquête lIur l'élection de
la Nièvre a nommé une sous-commission
chargée de dépouiller le volumineux atlilssieD
de l'en quête administrative.
Cette sons eotamission se compte de cinq
membres : MM. Albert Grévy, Savary, Jules
Ferry, de Ségur et Testelin. Elle s'est réu-
nie pour la-première fois, hier, che$ M. Sa,
vary, et a commencé son travail.
Le 15* bureau chargé de vérifier l'élection
des Hautes-Pyrénées a entendu hier M. Amy,
qui, au nom de la minorité de la seus-cem-
mission, a combattu le rapport de M. Ga-
nailt.
Le bureau a décidé qu'avant de statiep
définitivement il entendrait M. Cazeaux.
Histoires grasses
C'est de l'Isère aujourd'hui que nous
viennent les bons contes ; je n'entends
pas ceux qui font les bons amis, non,
mais les contes drôlatiques, ceux qui
gagneraient à être assaisonnés dans la
langue que Balzac a renouvelée de Ra-
belais.
Il s'agit toujours des maires de l'orn
dre môral.
M. Chautamp avait eu l'honneur
d'obtenir sept voix, pas une de plus, pas.
une de moins, dont la sienne, aux élec-
tions municipales de sa commune. Cette
commune ^partient au canton de Beau..
repaire et se nomme Saint-Julien-de-
l'Herms. Ensuite de gqiioi, M. Chau-
tamp, n'étant point membre du conseil,
avait été choisi par M. le duc de Bro-,
glie pour administrer le pays qui lui
avait ainsi marqué l'estime qu'il fai-
sait de sa personne. Les gouvernements
de combat se plaisent à ces luttes con"
tre le suffrage universel.
Or, il y avait à Saint-Julien-de-
l'Herms un honnête citoyen du nom de
Besséat, qui, lui, avait été élu conseil-
ler municipal à la presque unanimité
des votants. Il possédait la confiance
des habitants de Saint-Julien, comme
M. Chautamp avait celle de l'adminis
tration. L'un avait l'oreille du public,
l'autre celle du préfet. Je ne dis pas
que cette dernière soit la plus longue ;
mais ella appartient à un homme qui a
le bras long, ainsi qui vous l'aller
voir..
Ai-je besoin de vous dire qu'entre
l'élu du suffrage universel et celui da.
l'administration, il y avait une rivalité
qui se marquait dans les plus petits dé-
tails comme dans les plus graves af.
faires ? La population avait le tort,
presque en toutes. choses, d'être de
l'avis de Besséat, tandis que M. le pré-
fet donnait presque toujours raison,
Chautamp. Au conseil, dès qù'ujaa quës-
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