Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1875-02-04
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 04 février 1875 04 février 1875
Description : 1875/02/04 (A5,N1159). 1875/02/04 (A5,N1159).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/03/2013
be Année. — N° 1159. Prix du Numéro : Paris : 15 centimes. — Départements : 20 centimes,
Jeudi 4 Février 1875
,
E
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
53, rae de Lafayettw
Les lettres non affranchies seront refusées
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois 13 fr.
$ix mois. 25
Un an 50
DÉPARTEMENTS
Trois mois. 16 fr.
Six mois 32
Un an. 62
Annonee., chez MM. LAGRANGE CERF et G*
©, place de la Boame, 6
On s'abonne à Londres,chez M. A. MAURICE général
advertising, agent, 13, Tavistockrow, CoventGarden,
ADMINISTRATION
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
53, rae de Lafayette
Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus
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6, place de la Bourse, 6
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Élections du 7 février 1875
CANDIDATS DES COMITÉS RÉPUBLICAINS
Côtes-du.ord
M. FOUCHER DE CAREIL, ancien préfet
de la République.
Seiue-et-Oise.
M. VALENTIN, ancien représentant du
peuple, ancien préfet de la République.
Pendant tout le temps que
durera l'interdiction de la
vente sur la voie publique,
le XIXe SIECLE acceptera
des Abonnements a la se-
maine au prix de :
1 fr. pour Paris;
1 fr. 25 c. pour les Dépar-
tements.
Paris, 2 février 1875.
Donnons un dernier adieu aux chinoise-
ries dont il fious a fallu trop longtemps
parler sous le nom de septennat personnel
et septennat impersonnel. Toutcela est en-
terré ; la République est faite ! Le premier
article de l'amendement Wallon avait ob-
tenu une voix de majorité ; le second en a
rallié deux cents. Il est ainsi conçu : « Le
président de la République peut, sur l'avis
conforme du Sénat, dissoudre la Chambre
des députés avant l'expiration légale de son
mandat. En ce cas, les colléges électoraux
sont convoqués pour de nouvelles élections
dans le délai de trois mois. » Nous ne re-
viendrons pas sur ce que nous avons dit
hier du droit de dissolution en général ; et
dans l'espèce, il convient, avant de se pro-
noncer, de connaître le mode de recrute-
ment qui sera adopté pour la seconde
Chambre. En attendant, nous ne pouvons
que constater une fois de plus le caractère
nettement impersonnel de l'amendement en
question. Ceux qui l'ont voté ont, par cela
même, acquiescé à l'article premier qui
contient implicitement la reconnaissance
de la République comme le gouvernement
de la France. Personne n'a pu s'y tromper,
surtout après le langage si catégorique de
l'honorable M. Dufaure, vainement com-
battu par le rapporteur de la commission
et par MM. Depeyre, de Chabrol et de
Meaux, les acolytes de- M. de Broglie.
Et c'est à 200 voix de majorité que le
deuxième article de l'amendement Wallon,
et, par suite, la République, a été voté.
Quel est donc ce mystère ? Le 30 janvier,
la République obtenait à grand'peine une
voix de majorité, et voilà que trois jours
après, elle en obtient 200 !Doù lui vien-
nent « ces enfants qu'en son sein elle n'a
pas portés ? » Cette République conserva-
trice, qui était une bêtise samedi, qui pas-
sait aux yeux de nos gouvernants pour
synonyme de sang et d'imbécillité, la voilà
devenue une fée bienfaisante, une mère
chérie, aima parens, ou, pour parler en
style moins noble, une mère Gigogne! Elle
ne se contente pas d'enfanter, elle pullule.
Qui nous eÚtdit cela il y a un mois ? Qui
nous eût dit que ces farouches partisans du
combat à outrance contre les républicains,
ces gens de bien qui faisaient profession
de dénoncer à l'Europe la France républi-
caine comme un foyer de pestilence, dépo-
seraient dans l'urne un bulletin signifiant :
République? Qui nous eût dit que M. le
duc de Broglie lui-même se frapperait un
jour la poitrine et s'accuserait d'avoir con-
spiré pendant vingt mois contre les vérita-
bles intérêts de son pays, en supposant,
pela (as et nefas, à la fondation du seul
gouvernement possible ?
Telle est pourtant la signification du vote
de plus de 150 membres du centre droit,
ayant à leur tète M. le dac de Broglie. De-
puis quarante-huit heures, il s'est tait un
grand jour dans leur esprit; ils ont re-
connu qu'ils avaient eu tort de mettre la
France en interdit, et ils se sont départis
de leur rigueur. A moins pourtant qu'ils
n'aient fait un autre ealcul, et que, sentant
couler le navire où ils s'étaient embarqués
le 24 mai, ils n'aient jugé prudent de cher-
cher ailleurs un refuge où ils pussent trou-
ver encore quelques miettes à grignoter !
Cette dernière hypothèse nous paraît la
plus probable. En effet, jusqu'au dernier
moment, ils se sont accrochés désespéré-
ment des pieds, des mains, des ongles et
des dents aux moindres épaves qu'ils
voyaient flotter encore devant eux ; jus-
qu'à la dernière minute, ils ont lutté pour
se remettre à flot, et c'est seulement quand
ils ont eu de l'eau jusqu'au menton que
par un suprême-effort ils ont nagé vers le
bateau de sauvetage.
La manoeuvre est indiquée tout au long
dans le Français d'hier soir : « Il est
une chose, dit-il, à laquelle nous attachons,
pour notre part, une importance plus
grande qu'à toutes les discu ssions entre la
République provisoire, indéfinie, définitive :
c'est de savoir qui gouvernera cette Répu-
blique, où sera la majorité, et par suite le
ministère. » Nous prenons acte de l'aveu ;
il est la confirmation de ce que nous n'a-
vons cessé de répéter pendant des mois, à
savoir que pour certains hommes du centre
droit, il n'y a jamais eu. de question de
gouvernement, mais des questions de por-
tefeuille. Donc, aux Savary, aux d'Haus-
sonville, aux Lavergne, aux Ségur, aux
Clapier, aux Adrien Léon, qui étaient
venus à la République par patriotisme,
il faut ajouter la foule des affamés qui y
viennent par gloutonnerie. Bravo 1 La Répu-
blique est à tout le monde, et nous ne
nous plaindrons jamais qu'elle ait trop de
courtisans; seulement, la plus vulgaire
prudence nous commande d'avoir l'œil ou-
vert sur ceux qui la voudraient serrer de
trop près, et nous n'y manquerons pas. Le
30 janvier, le parti républicain, réduit à
ses propres forces, a commencé une idylle,
et ceux qui viennent y collaborer aujour-
d'hui en riaient l'autre jour à gorge dé-
ployée ; c'est à nous de faire en sorte que
l'idylle ne se transforme pas en drame, et
pour cela nous devons surveiller les loups
qui rôdent autour de la bergerie.
E. SCHNERB.
COURRIER PARLEMENTAIRE
re
Versailles, 2 février 1875.
Les grandes joies qui seraient miiettes
ne conviendraient guère au lecteur; c'est
pourquoi nous laisserons babiller la nôtre.
Nous sortons de voir la « Journée de la
Revanche, » non pas de cette revanche
étroite, mesquine, faisant le mal en souve-
nir du mal qu'on a fait, mais de la revan-
che grande, large, qui réside dans le triom-
phe de l'Idée, que des adversaires ont cher-
ché à flétrir à calomnier, à étouffer, et qui,
plus forte que la calomnie, plus vigoureuse
que les liens dont on l'a enserrée, se re-
dresse, terrassant dédaigneusement ceux
qui ont tenté de l'emprisonner. M. Thiers
avait dit un jour : « Ne perdons pas notre
temps à proclamer la République ; organi-
sons-la. » La coalition du 24 mai renversa
M. Thiers pour cette sage parole; et, au-
jourd'hui, malgré tout, la République non
proclamée, mais organisée, sort do son ber-
ceau, le projet Wallon.
Ah ! l'opération n'a pas été sans dou-
leur.
Au pied de la lettre, il s'agissait de sa-
voir si M. le maréchal de Mac-Mahon pos-
séderait seul ou partagerait avec un Sénat
le droit de dissolution. Mais, en fait, d'a-
près le libellé des articles, la juxtaposition
des mots, c'était la continuation de la
grande lutte entre le Septennat personnel
et la République.
La droite opposait une résistance opi-
niâtre, et un membre du centre gauche,
M. Bertauld, a failli compromettre le suc-
cès de la journée. M. Bertauld, que les
lauriers de M. Wallon empêchaient sans
doute de dormir, avait conçu, à la dernière
minute, un amendement bâtard, sorte de
cote mal taillée entre l'article de la com-
mission et l'article du contre-projet Wal-
lon, un compromis qui pouvait tout com-
promettre. Voilà M. Bertauld qui développe
son amendement à la tribune.
Rien que ce temps d'arrêt nous parait
déplorable. M. Bertauld ne se doute cer-
tainement pas qu'on met à profit contre
lui, — car nous ne voulons pas le séparer
du parti républicain, — le temps qu'il fait
perdre à l'action. Si au lieu d'être si occupé
de lui-même, M. Bertauld avait l'heureuse
inspiration de s'occuper un peu de ce qui se
passe autour de lui, il verrait le monarchiste
M. de Mornay, dépêché par M. de Broglie,
à l'extrême droite, s'efforcer de convain-
cre les intransigeants de la légitimité et de
leur démontrer à quel point il serait habile
-de leur part de voter le droit de dissolu-
tion personnel du maréchal, pour esquiver
le vote de l'amendement Wallon.
Pendant une bonne demi-heure, M. de
Carayon-Latour reçoit fort mal les ouvertu-
res de M. de Mornay ; mais le député de
l'Oise est tenace. Voici le député de la Gi-
ronde qui faiblit. D'ailleurs il arrive à M.
de Mornay du renfort, M. de Juigné et au-
tres droitiers modérés. C'est maintenant
MM. de Lur-Saluces et de Bisaccia qui sou-
tiennent le choc. Ils mollissent, c'est visi-
ble. Et ce M. Bertauld qui fait un cours de
droit politique à la tribune! Nous avons
envie de lui crier : « Mais, sacredié, mon-
sieur, vous ne voyez donc pas que la mai-
maison brûle ! »
11. ne faut pas s'y tromper ; la séance est
là, là, dans ce coin de l'hémicycle de
droite. M. Carayon-Latour, ébranlé, est
allé conférer, sur l'estrade, avecM.Cazenove
de Pradines ; le voilà qui revient et tient
conseil avec les principaux députés de l'ex-
trême droite. Les physionomies indiquent
qu'on va trépigner sur les principes pour
cause de nécessité politique. Là, quand
nous le disions ! les estafettes partent pour
conférer avec la droite modérée ; l'une
d'elles s'adresse à M. Depeyre. à M. De-
peyre ! Alors, c'en est fait ; la légitimité
piétiné sur les principes!
Maintenant que la discussion est enga-
gée, il faut la soutenir; on ne laisse pas
écharper ses troupes, même quand elles font
acte d'imprudence. Un nouveau venu se
présente qui, combattant tout à la fois le
projet de la commission et l'amendement
Bertauld, se fait porte-drapeau du contre-
projet Wallon. Ce nouveau est M. Luro,
député du Gers, un de ces hésitants qui se
sont bravement déterminés le 30 janvier.
Son adhésion franche et loyale à la solution
républicaine a une grosse valeur et peut
entraîner d'autres hésitants, plus timides
que l'orateur; aussi la droite, furieuse con-
tre lui, prodigue-t-elle les interruptions et
les ricanements à ce prêche de conciliation.
« Si mes amis et moi, dit l'orateur, nous
avons pris une pareille détermination, c'est
que nous sommes persuadés que, pour les
républicains comme pour nous, la Républi-
que.ne saurait être le gouvernement d'un
parti. » Et de superbes salves d'applaudis-
sements, partant de tous les bancs du côté
gauche, viennent sanctionner la parole de
M. Luro.
Allons, ca va mieux; nous renaissons à
l'espoir. La démarche de M. Luro prouve
que les nouveaux convertis demeurent fer-
mes à leur poste. Le parti républicain n'a
peut-être pas fait de prosélytes, mais,
au moins, il n'a pas à redouter les défec-
tions.
Que M. de Meaux s'escrime et joue du
péril social, pour agacer la gauche; peu
nous importe. M. de Meaux est dans son
rôle ; ce clair de lune de M. de Broglie re-
présente la droite modérée, mais récalci-
trante, qui lutte jusqu'au dernier soupir.
Mais voilà qui est plus grave. M. le
duc de Bisaccia à la tribune ? Ah ! comme
nous avions deviné juste ! M. de Broglie,
sous la forme de M. de Mornay, a vaincu ;
l'extrême droite capitule.
M. le duc de Bisaccia déclare qu'en
présence des deux hypothèses où il se trouve
placé, il votera le droit de dissolution per-
sonnel, et il engage ses amis à faire de
même. Les amis de M. le duc de Bisaccia
ne bougent pas, malgré les applaudisse-
ments, qui voudraient être capiteux, que
leur prodigue la droite modérée ; ils sont
fort sérieux, soucieux même, les amis de
M. le duc de Bisaccia. Et l'on peut croire
qu'ils ne sont pas encore complétement
convaincus, car voici les sollicitations qui
recommencent autour de MM. de Carayon-
Latour, de la Bouillerie, d'Aboville, etc.
M. Galloni d'Istria, le bonapartiste, s'en
mêle. Ça, c'est le comble !
Et, pendant ce temps, M. Dufaure s'a-
dresse à l'Assemblée entière : « Nous, c'est
un droit effectif » et non un droit apparent
que nous voulons assurer à M. le maréchal
de Mac-Mahon. » Et M. Dufaure, c'est-à--
dire la réserve, donne avec cette précision
qui lui est habituelle. La droite bout, cri-
ble d'interruptions l'orateur ; mais on n'in-
, timide pas M. Dufaure. Celui-là connaît
son terrain sur le bout du doigt et manœu-
vre avec une impassibilité remarquable.
Allons, allons, -ça marche ; le mouvement
est bien lancé. Tournant les points diffici-
les, prenant à revers ses adversaires et les
acculant dans leurs propres embuscades,
M. Dufaure se montre aussi habile vis-à-vis
de ceux du centre droit qu'il s'agit de ra-
mener que vis-à-vis de ceux de la gauche
qu'il s'agit de ne pas écarter.
C'est un grand, très-grand succès à gau-
che; mais le centre droit ne s'est pas laissé
entamer. Rien, rien, rien, d'où l'on puisse
tirer un pronostic !
Encore M. de Ventavon ! A quoi bon ? Le
plus beau des discours ne fera pas mainte-
nant changer un demi-bulletin. Qu'on vote
donc ! Excusez la crispation ; vous l'auriez
éprouvée tout comme nous.
M. Bertauld retire son amendement. M.
Depeyre (de la droite) le reprend. M. Ber-
tauld doit être fier du résultat qu'il vient
d'obtenir ! Le parti républicain tenait la
victoire en main ; il n'avait plus qu'à des-
serrer les doigts pour laisser tomber un
bulletin, et voilà M. Bertauld qui, en pro-
voquant la défection de quelques néophy-
tes, peut enlever à la République le fruit
de cinq ans de patience.
La lutte, la vraie lutte, s'engage sur la
priorité des amendements Bertauld-De-
peyre, et Wallon. Le gouvernement de la
France se discute sur une question de prio-
rité !
Deux épreuves par assis et levé sont dou-
teuses, — naturellement, car une voix de
majorité est difficile à démêler parmi sept
cents votants. Mais ces deux épreuves ne
sont pas de nature à nous faire perdre cou-
rage : il nous semble apercevoir, debout
avec les gauches, à peu près tous les nou-
veaux tenants de la République ; M. Sa-
vary notamment, en plein centre droit, re-
fuse de se courber sous les épigrammes de
M. de Maillé ; en outre, quelques légitimis-
tes s'abstiennent.
Attendons le pointage. Et le pointage a
lieu, long, énervant, comme samedi der-
nier. Le vote porte sur la priorité à don-
ner ou à refuser à l'amendement Depeyre :
Pour. 346
Contre. 354
Hurrah! la République a gagné huit
voix !
La voix a fait des petits. Il n'y a que la
première portée qui coûte. Nous renaissons
à la confiance : pour les voix, c'est comme
pour les lapins ; la multiplication est ef-
frayante.
Vite, le vote, le vrai vote. Ah! bien, oui!
Une lutte terrible, la lutte du noyé se dé-
battant contre l'élément qui l'absorbe,
commence alors.
L'artida Wallon est ainsi conçu :
Le président de la République peut, de
l'avis conforme du Sénat, dissoudre la
Chambre des députés avant l'expiration
légale de son Tnanàat. En ce cas, les col-
lèges électoraux seront convoqués pour
de nouvelles élections dans le délai de
trois mois.
La droite demande la division. Elle est
de droit.
Sur le premier paragraphe, M. de Cha-
brol propose de supprimer ces mots : « De
l'avis conforme du Sénat. » Il n'y a plus
de raison pour qu'on ne présente pas un
amendement à l'amendement de M. de
Chabrol, qui amende l'amendement de M.
Wallon, lequel est un amendement au pro-
jet de M. de Ventavon !
Au second paragraphe, la droite propose
« le délai de six mois » au lieu du délai de
trois mois.
On vote sur les suppressions, on vote
sur les paragraphes, on vote sur une phra-
se, on vote sur une virgule. La droite se
raccroche à tout; quand la grosse branche
casse, elle se rattrape à la baguette ; quand
la baguette se brise, la droite empoigne un
brin d'herbe. Oh ! cette agonie est atroce !
Mais les votes sont bien curieux! Le
vide se fait de plus en plus dans les rangs
mti-républicains; à chaque épreuve nou-
velle surgissent de. nouveaux néophytes ;
ceux qui résistent encore n'osent plus se
dresser complètement debout ; ils éprou-
vent comme un grand sentiment de froid
de ce vide qui se fait autour d'eux..
Au délai de six mois demandé à la place
de celui de trois mois, tout le Cabinet se
lève comme un seul homme, espérant, par
un vigoureux retour offensif, entraîner ses
troupes. Et anxieux; la Cabinet entier se
retourne vers le fond de la salle. il n'a
pas deux cents soldats derrière lui ! C'est
la déroute complète.
Sur l'ensemble, il y a plusieurs demandes
de scrutin.
— Retirez-les ! crie la droite affolée.
— Ah! par exemple! Non, non, non! Il
faut que le pays connaisse les noms des
249 monarchistes qui restent à l'Assemblée
et des 449 républicains qui promettent de
fonder la République. M. le duc de Bro-
glie figure parmi les républicains! Il n'y
a que ces grands seigneurs pour ne se
croire déplacés nulle part.
PAUL LAFARGUE.
+
Commission d'Enquête parlementaire
M. Tailhand, garde des sceaux, s'est rendu
hier devant la commission chargée de faire
une enquête sur l'élection de la Nièvre et sur
les comités de l'appel au peuple.
M. Albert Grévy, président, lui a tout d'a-
bord indiqué que la commission désirait avoir
les pièces du dossier judiciaire. Dans une
précédente séance, M. le ministre de la justice
avait été interrogé sur les. faits révélés par
la déposition de M. le préfet de police. Il en
avait reconnu la parfaite exactitude. M. Léon
Renault, à l'appui de ses paroles, avait cité
un certain nombre de pièces indispensables
fr la commission d'enquête.
M. le garde des sceaux a déclaré hier qu'il
ne pouvait communiquer le dossier de l'ins-
truction judiciaire.
M. Albert Grévy et les autres membres de
la commission lui ont demandé quels pou-
vaient être ses motifs.
Et comme M. Tailhand se plaignait de subir
un interrogatoire :
— Nous sommes bien forcés, lui a dit M.
Albert Grévy, de vous demander les raisons
de fait qui déterminent votre conduite. Vous
ne pouvez alléguer aucune raison de droit.
Vous avez communiqué au 5e bureau des piè-
ces tronquées, et l'une de ces pièces, nous le
savons maintenant, contenait les noms des
membres du comité de l'appel au peuple et
désignait M. Rouher comme en étant le pré-
sident. Est-ce donc pour couvrir M. Rouher
que vous n'avez pas donné le document com-
plet? Quel intérêt serviez-vous en cette cir-
constance si ce n'est l'intérêt bonapartiste ?
M. Tailhand n'a pas répondu sur ce dernier
point. Il a expliqué de nouveau la situation
des comités bonapartistes.
— Certainement, a-t-il dit, les comités se
composaient de plus de vingt personnes,mais
il y avait des députés, de grands dignitaires
de la Légion d'honneur que nous ne pouvions
atteindre. Il lui est impossible de communi-
quer le dossier. L'instruction est terminée ;
mais on peut révéler l'existence de faits nou-
veaux qui amènent la justice a reprendre son
œuvre ; elle ne peut, dès lors, se dessaisir des
pièces.
- M. Albert Grévy a fait observer que la
commission n'exigeait pas les pièces origina-
les, il lui suffisait d'avoir des copies certifiées
conformes. D'ailleurs, la commission pour-
rait, si le ministre l'autorisait, faire prendre
copie au greffe de toutes les pièces.
M. Tailhand a répondu que cela était im-
possible, mais il a communiqué le texte com-
plet de l'ordonnance de non-lieu.
La commission en a pris connaissance et
cette lecture a produit sur elle une vive im-
pression. Il paraît qu'elle confirme complète-
ment la note du Droit que nous avons publiée
autrefois et dont op avait essayé de contes-
ter l'exactitude.
M. Tailhand a annoncé qu'il donnerait le
texte complet des pièces que le 5e bureau
n'avait obtenues que tronquées, mais qu'il
ne voulait donner rien de plus.
Après le départ du garde des sceaux, la
commission a délibéré sur le parti qu'elle de-
vait prendre.
M. Ambroise Joubert voulait que l'on sta-
tuât immédiatement sur l'élection de la Niè-
vre en faisant connaître à l'Assemblée les
agissements du parti bonapartiste.
Tous les autres membres ont pensé que la
commission n'était pas en état de faire un
rapport, que beaucoup de faits ne lui étaient
révélés que d'une manière imparfaite et que
l'enquête devait se poursuivre.
Quelques-uns émirent cet avis qu'en pré-
sence de l'attitude du garde des sceaux, il
fallait saisir immédiatement l'Assemblée et
lui demander de renvoyer l'araire au minis-
tre de la justice et au ministre de l'intérieur
pour obtenir un complément d'instruction.
D'autres, tout en étant d'avis qu'il fallait
saisir l'Assemblée, pensèrent qu'il était pré-
férable de procéder autrement. L'œuvre de
la commission se trouve entravée par le
garde des sceaux. Il faut donc demander à
l'Assemblée qu'elle lui ordonne de commu-
niquer le dossier,sans lequel les commissaires
ne peuvent continuer leur travail.
C'est cette dernière opinion qui l'a em-
porté, et par 14 voix contre une il a été dé-'
cidé que l'Assemblée serait saisie, qu'on lui
demanderait d'ordonner au garde des sceaux
de communiquer Je dossier, et que l'on pu-
blierait, comme annexes au rapportées dépo-
sitions de MM. Léon Renault et Cornélis de
Witt. M. Savary a été nommé rapporteur.
La commission se réunira à bref délai pour
entendre le rapport, qui sera déposé immé-
diatement sur le bureau de l'Assemblée.
-——— —— ^.——
Commission des Trente
Séance du 2 février 1875.
PRÉSIDENCE DE M. BATBIE
La commission des Trente a d'abord exa-
miné l'amendement de M. Bertauld qui a été
discuté en séance publique, puis elle a abordé
la clause de révision.
M. Dufaure donne lecture de l'amendement
de M. Wallon ainsi conçu :
« Les lois constitutionnelles peuvent être
révisées sur la demande, soit du président
de la République, soit de l'une des deux
Chambres.
» Toutefois, pendant la durée des pouvoirs
conférés par la loi du 20 novembre 1873 à M.
le maréchal de Mac-Mahon, cette révision ne
peut avoir lieu que sur la proposition du
président de la République.
» Quand Je président de la République pro-
pose la révision de la constitution ou que
l'une des deux Chambres l'a résolue, les deux
Chambres se réunissent dans la huitaine, en
une même Assemblée, sous la présidence du
président dit Sénat, pour en délibérer.
» Si la proposition est rejetée, elle ne peut
être reproduite avant le terme d'un an.
» Si, ce terme expiré, elle est produite et
rejetée de nouveau, elle ne peut plus être re-
présentée avant le renouvellement de la
Chambre des députés.»
Il donne ensuite lecture de l'amendement
qu'il a rédigé, et qui est conçu en ces termes:
« Dans le cours de l'année 1880 et dans la
dernière année de chaque période septen-
rçale, 3 mois au moins avant le 20 novembre,
les Chambres auront le droit, par délibé-
rations séparées prises dans chacune à la ma-
jorité absolue des voix, soit spontanément,
soit sur la demande du président de la Ré-
publique, de déclarer qu'il y a lieu à réviser
les lQisconstitutionnelles.
» Après que les deux Chambres auront pris
cette résolution, elles se réuniront en Assem-
blée nationale pour procéder a la révision.
» Les délibérations portant révision des lois
constitutionnelles, en tout ou en partie, de-
vront être prises à la majorité des 2/3 des
membres composant l'Assemblée nationale
commune.
» Elles seront exécutoires à la fin de la pé-
riode septennale.»
M. Dufaure ajoute :
J'ai cherché par cette proposition à ne pas
rendre imminente, à chaque instant, sur la
proposition de la Chambre, la révision cons-
titutionnelle. Je l'ajourne à la fin de chaque
période septennale. La majorité finale des
deux tiers est une condition inscrite dans
toutes les constitutions.
M. Lambert Sainte-Croix. - Je disais hier à
quelles conditions, mes amis et moi, nous
étions disposés à voter l'amendement Wal-
lon; après avoir entendu M. Dufaure, je per-
siste à préférer le système de M. Wallon. Je
repousse la condition des deux tiers parce
que c'est la suppression du vote du Sénat.
La Chambre des députés devra être beaucoup
plus nombreuse que le Sénat; ce sera en fait
laisser la révision complétement aux mains
des députés. Il ne faut pas oublier que si nous
acceptons le régime républicain, qui n'est
pas le nôtre, c'est avec l'espoir que le pays
reviendra un jour à nos idées. Mais pour
cela, il faut que la révision soit aussi large
que possible; si les deux tiers étaient exigés,
je craindrais qu'il n'arrivât ce qui est arrivé
en 1848, lorsqu'on exigeait les trois quarts.
Si cette disposition était maintenue, je ne
pourrais pas voter l'ensemble des lois consti-
tutionnelles.
M. Lefèvre-Pontalis se place sur un terrain
intermédiaire ; il se demande s'il faut mettre
le pays au régime des changements de cons-
titution à une voix de majorité.
M. de La Roche(oucauld.- C'est ce que vous
venez de faire.
M. Dufaure. — Non pas, nous consolidons
ce qui existe, ce qui est bien différent.
M. Lefèvre-Pontalis. — Il y a un grand dan-
ger à admettre l'amendement de M. Wallon,
car il pourrait aboutir à la suppression du
Sénat par la Chambre des députés. Si beau-
coup de mes amis ne pensent qu'à leurs es-
pérances de monarchie constitutionnelle, moi
je pense aussi à mes craintes d'envahisse-
ment démagogique, et la faculté de révision
perpétuelle m'effraie beaucoup.
M. de Ventavon préfère le projet de la com-
mission.
M. Dufaure. — En insérant dans la loi des
précautions conservatrices, nous prenons nos
sûretés contre les Assemblées futures , qui
pourraient avoir des vues plus avancées que
les nôtres. Vous parlez comme si vous étiez
sûrs de la majorité dans les Chambres futu-
res. En mettant des entraves au droit de ré-
vision, sans doute,nous mettons des obstacles
aux restaurations monarchiques, mais nous
empêchons aussi le régime de la Convention.
M. Laboulaye est surtout frappé du dan-
ger d'une Chambre de- députés qui serait
tentée de se débarrasser du Sénat.
M. Delsol appelle l'attention sur la clause
par laquelle M. Dufaure limite la révision à
la fin do chaque période septennale; il craint
que dans certaines éventualités elle ne soit la
cause d'un coup de force.
Plusieurs membres demandent à réfléchir
sur la proposition Dufaure, qui ne peut ve-
nir en discussion aujourd'hui.
La commission examine ensuite l'article 4
du contre-projet Wallon, ainsi conçu :
« En cas de vacance, par décès ou pour toute
autre cause, les deux Chambres réunies pro-
cèdent, dans le délai d'un mois, à l'élection
d'un nouveau président.
» Dans l'intervalle, le vice-président du
conseil est investi du pouvoir exéeutif.»
Le 1er paragraphe est mis aux voix et re-
jeté.
Sur le second, M. de Ventavon croit que le
conseil des ministres vaut mieux que le vice-
président seul.
Ce paragraphe est rejeté ; le projet de la
commission est maintenu.
M. Batbie donne lecture d'un amendement
de M. de Ravinel dont voici les termes :
« Le siège du pouvoir exécutif et des deux
Chambres est à Versailles. »
M. Laboulaye fait remarquer que ce n'est
pas là une disposition constitutionnelle.
!lf.- Daru pense le contraire.
L'examen de cet article est renvoyé à une
autre séance.
Nous ne voulons pas donner le détail du
scrutin relatif à la priorité de l'amendement
Wallon. Toutefois il n'est pas superflu
d'indiquer en quoi il diffère du vote du
30 janvier.
La nouvelle majorité, c'est-à-dire la gau-
che, a perdu MM. Bertauld et de Chabron,
qui se sont abstenus, et MM. Clapier et
Fourichon, qui ont voté contre elle.
En revanche, elle a gagné MM. Aclocque,
Passy, Peulvé, outre M. Ganault, dont le
bulletin ne s'est pas égaré, cette fois.
M. Brun (Lucien), Carayon-Latour (de),
Cazenove de Pradine (de), Dezanneau,
Douay, Dumon, Franclieu (marquis de),
Joinville (prince de), La Bouillerie (de), La
Rochethulon (marquis de), La Rochette
(de), Limairac (de) (Tarn-et-Garonne),Raoul
Duval, Soury-Lavergne, Temple (du), Tré-
ville (comte de), qui avaient voté samedi
dernier contre l'amendement Wallon, se
sont abstenus dans le scrutin d'hier.
Ont voté contre la priorité de l'amen-
dement Wallon, quoique afisents par
congé régrilier, MM. de Gontaut-Biron,
Le Flô, de Corcelle, Dumarnay, de Chau-
dordy.
Sur ces cinq votants, on compte quatre
ambassadeurs.
————— —————
LA CONCURRENCE AUX IIÉDECINS
Il paraît qu'il y a une asspeiation gé-
nérale des médecins de France, qui se
divise, selon l'usage, en plus petits
groupes, organisés par arrondissement.
J'ignore si chaque arrondissement a le
sien, et de quelle façon tous ces groupes
se relient dans une vaste société. Mais
ces détails sont inutiles pour le but
que je poursuis à cette heure.
Une de ces sociétés locales fonctionne
dans l'arrondissement de Vitry4e-Fran-
çais, département de la Marne. Chaque
année, elle tient, outre des réunions
particulières, une assemblée générale,
dont le compte-rendu est livré au public
sous forme de brochure. Le hasard a
fait tomber entre mes mains les deux
derniers comptes-rendus, celui de 1873
et celui de 1874. J'y ai trouvé des choses
curieuses.
Ces messieurs se plaignent, avec
beaucoup de vivacité, de la concurrence
que leur font les sœurs d'un certain
couvent de Insmes. Ces bonnes dames
font de la médecine, à tort et à travers,
aux dépens de qui il appartient ; elles
signent les ordonnances et c'est M. le
curé qui les exécute.- Elles ont une
manière d'officine pharmaceutique, où
elles vendent à bas prix les drogues
confectionnées par elles.
Le rapporteur, après avoir signalé
cet empiétement des sœurs de Blesmes,
ajoute qu'il en est pàrtout de même ;
qu'il n'y a guère d'arrondissement en
France où l'on ne trouve quelque cou-
vent en possession de traiter les mala-
des; que nombre de sociétés ont cru
devoir même verser leurs doléances
dans le sein de M. le procureur de la
République, lequel ne s'en est aucune-
ment ému.
J'imagine que l'irritation des phar-
maciens ne va pas être moins vive,
Elle se conçoit aisément. Voilà des gens
à qui la société impose de longues étu-
des, et qu'elle soumet à de rigoureux exa-
mens, avant de leur conférer un privi-
lège. Ils remplissent toutes les condi-
tions qui leur ont été imposées par elle;
ils travaillent dix ans,passent des con-
cours, dépensent beaucoup d'argent,
font preuve de savoir, conquièrent leur
diplôme, achètent une officine, et ensuite
s'aperçoivent que de braves filles, qui
ne savent que leur croix de par Dieu,
exercent paisiblement leur métier et
leur montent, avec l'aide du clergé, la
concurrence la plus redoutable qu'il y
ait au monde, celle de l'ignorance et du
bon marché.
Ils ne sont pas contents et ils ont
raison.
Ou permettez à tous la pratique de
la médecine et de la pharmacie, ou si -
vous croyez devoir en assujettir l'exer-
cice à de certaines conditions, n'en dis-
pensez pas justement les plus ignares.
Dans l'ordre de l'enseignement pri-
maire , la lettre d'obédience est" tenue
pour un brevet de savoir. Passe encore!
il ne s'agit que d'apprendre la lecture,
l'écriture et les quatre règles. Ce n'est
pas une affaire, Et cependant il arrive
aux bonnes sœurs d'être prises en dé-
faut pour si peu. Mais il semble que se
connaître aux maladies des hommes et
les guérir soit plus compliqué et plus
difficile. Et puis, là, les erreurs coûtent
plus cher. Il n'y a pas à revenir sur
l'ouvrage mal fait. Il est vrai que,
comme disait Sganarelle, les morts sont
les meilleures gens du monde, et qu'on
n'en voit point revenir pour se plaindre
de ceux qui les ont tués. Nous rions de
ce Sganarelle qui, en revêtant la robe
du médecin, croit en savoir le métier.
Nous trouvons tout naturel qu'une mé-
chante petite paysanne, parce qu'elle
s'est coiffée du béguin, tâte le pouls et
-
ordonne des remèdes.
Un des honorables médecins qui com-
posent l'association avait eu l'impru-
dence de dire qu'il faudrait porter de-
vant l'Assemblée la question, qui' est
d'intérêt général.
Devant l'Assemblée ! on s'est récrié
là-dessus, et je copie textuellement à
ce propos les propres paroles du rap-
porteur, qui sont significatives :
« Il vaut mieux que l'Assemblée ne
fasse rien, que de faire ce qu'elle ferait.
Nous connaissons ses dispositions à no-
tre égard : le vote par lequel l'Assem-
blée a exclu les médecins des commis-
sions administratives des hospices nous
les a suffisamment révélées ».
On était libre en effet de faire entrer
dans ces commissions le médecin et le
prêtre, tous les deux à des titres diffé-
rents. On n'en a voulu qu'un; on-a pré-
féré le prêtre, et le médecin est resté à la
porte, lui dont la vie se passe au lit des
malades, qui a l'hôpital pour sacristie.
On a admis le curé, de droite dans la
commission des hospices. C'est bien.
La première fois que nos législateurs
discuteront une loi sur les fabriques
d'église, ils imposeront sans doute l'o-
bligation d'y faire entrer un docteur en
médecine, et pour être logiques, ils ex-
cluront le curé.
La Société médicale de Vitry était en-
core menacée d'une autre concurrence,
non moins à craindre, celle des thau-
maturges.
Il n'y avait encore jamais eu de gué-
rison miraculeuse dans ces pays-là. La
Champagne n'est pas une terre fertile en
miracles. Cette stérilité fâcheuse ne
pouvait durer. Pourquoi Vitry, seule
entre toutes les villes de France, n'au-
rait-elle pas eu son mort ressuscité ou
tout au moins sa malade remise sur
pied par une opération divine?
Un beau jour le docteur Martin,
— c'est lui-même qui rapporte cette
histoire dans le compte rendu de 1873
— entrant à l'hospice de Vitry, trouva
aux sœurs une figure extraordinaire;
tout le personnel faisait la haie sur son
passage, et l'attendait rayonnant. On
lui présenta une jeune fille, qu'it soi-
gnait depuis longtemps, pour une né-
vrose, compliquée d'accidents paralyti-
ques.
— Elle est guérie, lui dit-on ; radi-
calement guérie.
— Oh ! oh ! répliqua le médecin go-
guenardant, alors c'est un miracle.
Il n'y eut qu'un cri. Le docteur Mar-
tin l'avoue. C'est un miracle. Il paraît
que depuis plusieurs jours on avait sou-
mis la malade à des exercices de dévo.
tion spirituelle, qu'elle avait communié,
touché je ne sais quelles reliques, et
Jeudi 4 Février 1875
,
E
JOURNAL REPUBLICAIN CONSERVATEUR
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
53, rae de Lafayettw
Les lettres non affranchies seront refusées
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Un an 50
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advertising, agent, 13, Tavistockrow, CoventGarden,
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Élections du 7 février 1875
CANDIDATS DES COMITÉS RÉPUBLICAINS
Côtes-du.ord
M. FOUCHER DE CAREIL, ancien préfet
de la République.
Seiue-et-Oise.
M. VALENTIN, ancien représentant du
peuple, ancien préfet de la République.
Pendant tout le temps que
durera l'interdiction de la
vente sur la voie publique,
le XIXe SIECLE acceptera
des Abonnements a la se-
maine au prix de :
1 fr. pour Paris;
1 fr. 25 c. pour les Dépar-
tements.
Paris, 2 février 1875.
Donnons un dernier adieu aux chinoise-
ries dont il fious a fallu trop longtemps
parler sous le nom de septennat personnel
et septennat impersonnel. Toutcela est en-
terré ; la République est faite ! Le premier
article de l'amendement Wallon avait ob-
tenu une voix de majorité ; le second en a
rallié deux cents. Il est ainsi conçu : « Le
président de la République peut, sur l'avis
conforme du Sénat, dissoudre la Chambre
des députés avant l'expiration légale de son
mandat. En ce cas, les colléges électoraux
sont convoqués pour de nouvelles élections
dans le délai de trois mois. » Nous ne re-
viendrons pas sur ce que nous avons dit
hier du droit de dissolution en général ; et
dans l'espèce, il convient, avant de se pro-
noncer, de connaître le mode de recrute-
ment qui sera adopté pour la seconde
Chambre. En attendant, nous ne pouvons
que constater une fois de plus le caractère
nettement impersonnel de l'amendement en
question. Ceux qui l'ont voté ont, par cela
même, acquiescé à l'article premier qui
contient implicitement la reconnaissance
de la République comme le gouvernement
de la France. Personne n'a pu s'y tromper,
surtout après le langage si catégorique de
l'honorable M. Dufaure, vainement com-
battu par le rapporteur de la commission
et par MM. Depeyre, de Chabrol et de
Meaux, les acolytes de- M. de Broglie.
Et c'est à 200 voix de majorité que le
deuxième article de l'amendement Wallon,
et, par suite, la République, a été voté.
Quel est donc ce mystère ? Le 30 janvier,
la République obtenait à grand'peine une
voix de majorité, et voilà que trois jours
après, elle en obtient 200 !Doù lui vien-
nent « ces enfants qu'en son sein elle n'a
pas portés ? » Cette République conserva-
trice, qui était une bêtise samedi, qui pas-
sait aux yeux de nos gouvernants pour
synonyme de sang et d'imbécillité, la voilà
devenue une fée bienfaisante, une mère
chérie, aima parens, ou, pour parler en
style moins noble, une mère Gigogne! Elle
ne se contente pas d'enfanter, elle pullule.
Qui nous eÚtdit cela il y a un mois ? Qui
nous eût dit que ces farouches partisans du
combat à outrance contre les républicains,
ces gens de bien qui faisaient profession
de dénoncer à l'Europe la France républi-
caine comme un foyer de pestilence, dépo-
seraient dans l'urne un bulletin signifiant :
République? Qui nous eût dit que M. le
duc de Broglie lui-même se frapperait un
jour la poitrine et s'accuserait d'avoir con-
spiré pendant vingt mois contre les vérita-
bles intérêts de son pays, en supposant,
pela (as et nefas, à la fondation du seul
gouvernement possible ?
Telle est pourtant la signification du vote
de plus de 150 membres du centre droit,
ayant à leur tète M. le dac de Broglie. De-
puis quarante-huit heures, il s'est tait un
grand jour dans leur esprit; ils ont re-
connu qu'ils avaient eu tort de mettre la
France en interdit, et ils se sont départis
de leur rigueur. A moins pourtant qu'ils
n'aient fait un autre ealcul, et que, sentant
couler le navire où ils s'étaient embarqués
le 24 mai, ils n'aient jugé prudent de cher-
cher ailleurs un refuge où ils pussent trou-
ver encore quelques miettes à grignoter !
Cette dernière hypothèse nous paraît la
plus probable. En effet, jusqu'au dernier
moment, ils se sont accrochés désespéré-
ment des pieds, des mains, des ongles et
des dents aux moindres épaves qu'ils
voyaient flotter encore devant eux ; jus-
qu'à la dernière minute, ils ont lutté pour
se remettre à flot, et c'est seulement quand
ils ont eu de l'eau jusqu'au menton que
par un suprême-effort ils ont nagé vers le
bateau de sauvetage.
La manoeuvre est indiquée tout au long
dans le Français d'hier soir : « Il est
une chose, dit-il, à laquelle nous attachons,
pour notre part, une importance plus
grande qu'à toutes les discu ssions entre la
République provisoire, indéfinie, définitive :
c'est de savoir qui gouvernera cette Répu-
blique, où sera la majorité, et par suite le
ministère. » Nous prenons acte de l'aveu ;
il est la confirmation de ce que nous n'a-
vons cessé de répéter pendant des mois, à
savoir que pour certains hommes du centre
droit, il n'y a jamais eu. de question de
gouvernement, mais des questions de por-
tefeuille. Donc, aux Savary, aux d'Haus-
sonville, aux Lavergne, aux Ségur, aux
Clapier, aux Adrien Léon, qui étaient
venus à la République par patriotisme,
il faut ajouter la foule des affamés qui y
viennent par gloutonnerie. Bravo 1 La Répu-
blique est à tout le monde, et nous ne
nous plaindrons jamais qu'elle ait trop de
courtisans; seulement, la plus vulgaire
prudence nous commande d'avoir l'œil ou-
vert sur ceux qui la voudraient serrer de
trop près, et nous n'y manquerons pas. Le
30 janvier, le parti républicain, réduit à
ses propres forces, a commencé une idylle,
et ceux qui viennent y collaborer aujour-
d'hui en riaient l'autre jour à gorge dé-
ployée ; c'est à nous de faire en sorte que
l'idylle ne se transforme pas en drame, et
pour cela nous devons surveiller les loups
qui rôdent autour de la bergerie.
E. SCHNERB.
COURRIER PARLEMENTAIRE
re
Versailles, 2 février 1875.
Les grandes joies qui seraient miiettes
ne conviendraient guère au lecteur; c'est
pourquoi nous laisserons babiller la nôtre.
Nous sortons de voir la « Journée de la
Revanche, » non pas de cette revanche
étroite, mesquine, faisant le mal en souve-
nir du mal qu'on a fait, mais de la revan-
che grande, large, qui réside dans le triom-
phe de l'Idée, que des adversaires ont cher-
ché à flétrir à calomnier, à étouffer, et qui,
plus forte que la calomnie, plus vigoureuse
que les liens dont on l'a enserrée, se re-
dresse, terrassant dédaigneusement ceux
qui ont tenté de l'emprisonner. M. Thiers
avait dit un jour : « Ne perdons pas notre
temps à proclamer la République ; organi-
sons-la. » La coalition du 24 mai renversa
M. Thiers pour cette sage parole; et, au-
jourd'hui, malgré tout, la République non
proclamée, mais organisée, sort do son ber-
ceau, le projet Wallon.
Ah ! l'opération n'a pas été sans dou-
leur.
Au pied de la lettre, il s'agissait de sa-
voir si M. le maréchal de Mac-Mahon pos-
séderait seul ou partagerait avec un Sénat
le droit de dissolution. Mais, en fait, d'a-
près le libellé des articles, la juxtaposition
des mots, c'était la continuation de la
grande lutte entre le Septennat personnel
et la République.
La droite opposait une résistance opi-
niâtre, et un membre du centre gauche,
M. Bertauld, a failli compromettre le suc-
cès de la journée. M. Bertauld, que les
lauriers de M. Wallon empêchaient sans
doute de dormir, avait conçu, à la dernière
minute, un amendement bâtard, sorte de
cote mal taillée entre l'article de la com-
mission et l'article du contre-projet Wal-
lon, un compromis qui pouvait tout com-
promettre. Voilà M. Bertauld qui développe
son amendement à la tribune.
Rien que ce temps d'arrêt nous parait
déplorable. M. Bertauld ne se doute cer-
tainement pas qu'on met à profit contre
lui, — car nous ne voulons pas le séparer
du parti républicain, — le temps qu'il fait
perdre à l'action. Si au lieu d'être si occupé
de lui-même, M. Bertauld avait l'heureuse
inspiration de s'occuper un peu de ce qui se
passe autour de lui, il verrait le monarchiste
M. de Mornay, dépêché par M. de Broglie,
à l'extrême droite, s'efforcer de convain-
cre les intransigeants de la légitimité et de
leur démontrer à quel point il serait habile
-de leur part de voter le droit de dissolu-
tion personnel du maréchal, pour esquiver
le vote de l'amendement Wallon.
Pendant une bonne demi-heure, M. de
Carayon-Latour reçoit fort mal les ouvertu-
res de M. de Mornay ; mais le député de
l'Oise est tenace. Voici le député de la Gi-
ronde qui faiblit. D'ailleurs il arrive à M.
de Mornay du renfort, M. de Juigné et au-
tres droitiers modérés. C'est maintenant
MM. de Lur-Saluces et de Bisaccia qui sou-
tiennent le choc. Ils mollissent, c'est visi-
ble. Et ce M. Bertauld qui fait un cours de
droit politique à la tribune! Nous avons
envie de lui crier : « Mais, sacredié, mon-
sieur, vous ne voyez donc pas que la mai-
maison brûle ! »
11. ne faut pas s'y tromper ; la séance est
là, là, dans ce coin de l'hémicycle de
droite. M. Carayon-Latour, ébranlé, est
allé conférer, sur l'estrade, avecM.Cazenove
de Pradines ; le voilà qui revient et tient
conseil avec les principaux députés de l'ex-
trême droite. Les physionomies indiquent
qu'on va trépigner sur les principes pour
cause de nécessité politique. Là, quand
nous le disions ! les estafettes partent pour
conférer avec la droite modérée ; l'une
d'elles s'adresse à M. Depeyre. à M. De-
peyre ! Alors, c'en est fait ; la légitimité
piétiné sur les principes!
Maintenant que la discussion est enga-
gée, il faut la soutenir; on ne laisse pas
écharper ses troupes, même quand elles font
acte d'imprudence. Un nouveau venu se
présente qui, combattant tout à la fois le
projet de la commission et l'amendement
Bertauld, se fait porte-drapeau du contre-
projet Wallon. Ce nouveau est M. Luro,
député du Gers, un de ces hésitants qui se
sont bravement déterminés le 30 janvier.
Son adhésion franche et loyale à la solution
républicaine a une grosse valeur et peut
entraîner d'autres hésitants, plus timides
que l'orateur; aussi la droite, furieuse con-
tre lui, prodigue-t-elle les interruptions et
les ricanements à ce prêche de conciliation.
« Si mes amis et moi, dit l'orateur, nous
avons pris une pareille détermination, c'est
que nous sommes persuadés que, pour les
républicains comme pour nous, la Républi-
que.ne saurait être le gouvernement d'un
parti. » Et de superbes salves d'applaudis-
sements, partant de tous les bancs du côté
gauche, viennent sanctionner la parole de
M. Luro.
Allons, ca va mieux; nous renaissons à
l'espoir. La démarche de M. Luro prouve
que les nouveaux convertis demeurent fer-
mes à leur poste. Le parti républicain n'a
peut-être pas fait de prosélytes, mais,
au moins, il n'a pas à redouter les défec-
tions.
Que M. de Meaux s'escrime et joue du
péril social, pour agacer la gauche; peu
nous importe. M. de Meaux est dans son
rôle ; ce clair de lune de M. de Broglie re-
présente la droite modérée, mais récalci-
trante, qui lutte jusqu'au dernier soupir.
Mais voilà qui est plus grave. M. le
duc de Bisaccia à la tribune ? Ah ! comme
nous avions deviné juste ! M. de Broglie,
sous la forme de M. de Mornay, a vaincu ;
l'extrême droite capitule.
M. le duc de Bisaccia déclare qu'en
présence des deux hypothèses où il se trouve
placé, il votera le droit de dissolution per-
sonnel, et il engage ses amis à faire de
même. Les amis de M. le duc de Bisaccia
ne bougent pas, malgré les applaudisse-
ments, qui voudraient être capiteux, que
leur prodigue la droite modérée ; ils sont
fort sérieux, soucieux même, les amis de
M. le duc de Bisaccia. Et l'on peut croire
qu'ils ne sont pas encore complétement
convaincus, car voici les sollicitations qui
recommencent autour de MM. de Carayon-
Latour, de la Bouillerie, d'Aboville, etc.
M. Galloni d'Istria, le bonapartiste, s'en
mêle. Ça, c'est le comble !
Et, pendant ce temps, M. Dufaure s'a-
dresse à l'Assemblée entière : « Nous, c'est
un droit effectif » et non un droit apparent
que nous voulons assurer à M. le maréchal
de Mac-Mahon. » Et M. Dufaure, c'est-à--
dire la réserve, donne avec cette précision
qui lui est habituelle. La droite bout, cri-
ble d'interruptions l'orateur ; mais on n'in-
, timide pas M. Dufaure. Celui-là connaît
son terrain sur le bout du doigt et manœu-
vre avec une impassibilité remarquable.
Allons, allons, -ça marche ; le mouvement
est bien lancé. Tournant les points diffici-
les, prenant à revers ses adversaires et les
acculant dans leurs propres embuscades,
M. Dufaure se montre aussi habile vis-à-vis
de ceux du centre droit qu'il s'agit de ra-
mener que vis-à-vis de ceux de la gauche
qu'il s'agit de ne pas écarter.
C'est un grand, très-grand succès à gau-
che; mais le centre droit ne s'est pas laissé
entamer. Rien, rien, rien, d'où l'on puisse
tirer un pronostic !
Encore M. de Ventavon ! A quoi bon ? Le
plus beau des discours ne fera pas mainte-
nant changer un demi-bulletin. Qu'on vote
donc ! Excusez la crispation ; vous l'auriez
éprouvée tout comme nous.
M. Bertauld retire son amendement. M.
Depeyre (de la droite) le reprend. M. Ber-
tauld doit être fier du résultat qu'il vient
d'obtenir ! Le parti républicain tenait la
victoire en main ; il n'avait plus qu'à des-
serrer les doigts pour laisser tomber un
bulletin, et voilà M. Bertauld qui, en pro-
voquant la défection de quelques néophy-
tes, peut enlever à la République le fruit
de cinq ans de patience.
La lutte, la vraie lutte, s'engage sur la
priorité des amendements Bertauld-De-
peyre, et Wallon. Le gouvernement de la
France se discute sur une question de prio-
rité !
Deux épreuves par assis et levé sont dou-
teuses, — naturellement, car une voix de
majorité est difficile à démêler parmi sept
cents votants. Mais ces deux épreuves ne
sont pas de nature à nous faire perdre cou-
rage : il nous semble apercevoir, debout
avec les gauches, à peu près tous les nou-
veaux tenants de la République ; M. Sa-
vary notamment, en plein centre droit, re-
fuse de se courber sous les épigrammes de
M. de Maillé ; en outre, quelques légitimis-
tes s'abstiennent.
Attendons le pointage. Et le pointage a
lieu, long, énervant, comme samedi der-
nier. Le vote porte sur la priorité à don-
ner ou à refuser à l'amendement Depeyre :
Pour. 346
Contre. 354
Hurrah! la République a gagné huit
voix !
La voix a fait des petits. Il n'y a que la
première portée qui coûte. Nous renaissons
à la confiance : pour les voix, c'est comme
pour les lapins ; la multiplication est ef-
frayante.
Vite, le vote, le vrai vote. Ah! bien, oui!
Une lutte terrible, la lutte du noyé se dé-
battant contre l'élément qui l'absorbe,
commence alors.
L'artida Wallon est ainsi conçu :
Le président de la République peut, de
l'avis conforme du Sénat, dissoudre la
Chambre des députés avant l'expiration
légale de son Tnanàat. En ce cas, les col-
lèges électoraux seront convoqués pour
de nouvelles élections dans le délai de
trois mois.
La droite demande la division. Elle est
de droit.
Sur le premier paragraphe, M. de Cha-
brol propose de supprimer ces mots : « De
l'avis conforme du Sénat. » Il n'y a plus
de raison pour qu'on ne présente pas un
amendement à l'amendement de M. de
Chabrol, qui amende l'amendement de M.
Wallon, lequel est un amendement au pro-
jet de M. de Ventavon !
Au second paragraphe, la droite propose
« le délai de six mois » au lieu du délai de
trois mois.
On vote sur les suppressions, on vote
sur les paragraphes, on vote sur une phra-
se, on vote sur une virgule. La droite se
raccroche à tout; quand la grosse branche
casse, elle se rattrape à la baguette ; quand
la baguette se brise, la droite empoigne un
brin d'herbe. Oh ! cette agonie est atroce !
Mais les votes sont bien curieux! Le
vide se fait de plus en plus dans les rangs
mti-républicains; à chaque épreuve nou-
velle surgissent de. nouveaux néophytes ;
ceux qui résistent encore n'osent plus se
dresser complètement debout ; ils éprou-
vent comme un grand sentiment de froid
de ce vide qui se fait autour d'eux..
Au délai de six mois demandé à la place
de celui de trois mois, tout le Cabinet se
lève comme un seul homme, espérant, par
un vigoureux retour offensif, entraîner ses
troupes. Et anxieux; la Cabinet entier se
retourne vers le fond de la salle. il n'a
pas deux cents soldats derrière lui ! C'est
la déroute complète.
Sur l'ensemble, il y a plusieurs demandes
de scrutin.
— Retirez-les ! crie la droite affolée.
— Ah! par exemple! Non, non, non! Il
faut que le pays connaisse les noms des
249 monarchistes qui restent à l'Assemblée
et des 449 républicains qui promettent de
fonder la République. M. le duc de Bro-
glie figure parmi les républicains! Il n'y
a que ces grands seigneurs pour ne se
croire déplacés nulle part.
PAUL LAFARGUE.
+
Commission d'Enquête parlementaire
M. Tailhand, garde des sceaux, s'est rendu
hier devant la commission chargée de faire
une enquête sur l'élection de la Nièvre et sur
les comités de l'appel au peuple.
M. Albert Grévy, président, lui a tout d'a-
bord indiqué que la commission désirait avoir
les pièces du dossier judiciaire. Dans une
précédente séance, M. le ministre de la justice
avait été interrogé sur les. faits révélés par
la déposition de M. le préfet de police. Il en
avait reconnu la parfaite exactitude. M. Léon
Renault, à l'appui de ses paroles, avait cité
un certain nombre de pièces indispensables
fr la commission d'enquête.
M. le garde des sceaux a déclaré hier qu'il
ne pouvait communiquer le dossier de l'ins-
truction judiciaire.
M. Albert Grévy et les autres membres de
la commission lui ont demandé quels pou-
vaient être ses motifs.
Et comme M. Tailhand se plaignait de subir
un interrogatoire :
— Nous sommes bien forcés, lui a dit M.
Albert Grévy, de vous demander les raisons
de fait qui déterminent votre conduite. Vous
ne pouvez alléguer aucune raison de droit.
Vous avez communiqué au 5e bureau des piè-
ces tronquées, et l'une de ces pièces, nous le
savons maintenant, contenait les noms des
membres du comité de l'appel au peuple et
désignait M. Rouher comme en étant le pré-
sident. Est-ce donc pour couvrir M. Rouher
que vous n'avez pas donné le document com-
plet? Quel intérêt serviez-vous en cette cir-
constance si ce n'est l'intérêt bonapartiste ?
M. Tailhand n'a pas répondu sur ce dernier
point. Il a expliqué de nouveau la situation
des comités bonapartistes.
— Certainement, a-t-il dit, les comités se
composaient de plus de vingt personnes,mais
il y avait des députés, de grands dignitaires
de la Légion d'honneur que nous ne pouvions
atteindre. Il lui est impossible de communi-
quer le dossier. L'instruction est terminée ;
mais on peut révéler l'existence de faits nou-
veaux qui amènent la justice a reprendre son
œuvre ; elle ne peut, dès lors, se dessaisir des
pièces.
- M. Albert Grévy a fait observer que la
commission n'exigeait pas les pièces origina-
les, il lui suffisait d'avoir des copies certifiées
conformes. D'ailleurs, la commission pour-
rait, si le ministre l'autorisait, faire prendre
copie au greffe de toutes les pièces.
M. Tailhand a répondu que cela était im-
possible, mais il a communiqué le texte com-
plet de l'ordonnance de non-lieu.
La commission en a pris connaissance et
cette lecture a produit sur elle une vive im-
pression. Il paraît qu'elle confirme complète-
ment la note du Droit que nous avons publiée
autrefois et dont op avait essayé de contes-
ter l'exactitude.
M. Tailhand a annoncé qu'il donnerait le
texte complet des pièces que le 5e bureau
n'avait obtenues que tronquées, mais qu'il
ne voulait donner rien de plus.
Après le départ du garde des sceaux, la
commission a délibéré sur le parti qu'elle de-
vait prendre.
M. Ambroise Joubert voulait que l'on sta-
tuât immédiatement sur l'élection de la Niè-
vre en faisant connaître à l'Assemblée les
agissements du parti bonapartiste.
Tous les autres membres ont pensé que la
commission n'était pas en état de faire un
rapport, que beaucoup de faits ne lui étaient
révélés que d'une manière imparfaite et que
l'enquête devait se poursuivre.
Quelques-uns émirent cet avis qu'en pré-
sence de l'attitude du garde des sceaux, il
fallait saisir immédiatement l'Assemblée et
lui demander de renvoyer l'araire au minis-
tre de la justice et au ministre de l'intérieur
pour obtenir un complément d'instruction.
D'autres, tout en étant d'avis qu'il fallait
saisir l'Assemblée, pensèrent qu'il était pré-
férable de procéder autrement. L'œuvre de
la commission se trouve entravée par le
garde des sceaux. Il faut donc demander à
l'Assemblée qu'elle lui ordonne de commu-
niquer le dossier,sans lequel les commissaires
ne peuvent continuer leur travail.
C'est cette dernière opinion qui l'a em-
porté, et par 14 voix contre une il a été dé-'
cidé que l'Assemblée serait saisie, qu'on lui
demanderait d'ordonner au garde des sceaux
de communiquer Je dossier, et que l'on pu-
blierait, comme annexes au rapportées dépo-
sitions de MM. Léon Renault et Cornélis de
Witt. M. Savary a été nommé rapporteur.
La commission se réunira à bref délai pour
entendre le rapport, qui sera déposé immé-
diatement sur le bureau de l'Assemblée.
-——— —— ^.——
Commission des Trente
Séance du 2 février 1875.
PRÉSIDENCE DE M. BATBIE
La commission des Trente a d'abord exa-
miné l'amendement de M. Bertauld qui a été
discuté en séance publique, puis elle a abordé
la clause de révision.
M. Dufaure donne lecture de l'amendement
de M. Wallon ainsi conçu :
« Les lois constitutionnelles peuvent être
révisées sur la demande, soit du président
de la République, soit de l'une des deux
Chambres.
» Toutefois, pendant la durée des pouvoirs
conférés par la loi du 20 novembre 1873 à M.
le maréchal de Mac-Mahon, cette révision ne
peut avoir lieu que sur la proposition du
président de la République.
» Quand Je président de la République pro-
pose la révision de la constitution ou que
l'une des deux Chambres l'a résolue, les deux
Chambres se réunissent dans la huitaine, en
une même Assemblée, sous la présidence du
président dit Sénat, pour en délibérer.
» Si la proposition est rejetée, elle ne peut
être reproduite avant le terme d'un an.
» Si, ce terme expiré, elle est produite et
rejetée de nouveau, elle ne peut plus être re-
présentée avant le renouvellement de la
Chambre des députés.»
Il donne ensuite lecture de l'amendement
qu'il a rédigé, et qui est conçu en ces termes:
« Dans le cours de l'année 1880 et dans la
dernière année de chaque période septen-
rçale, 3 mois au moins avant le 20 novembre,
les Chambres auront le droit, par délibé-
rations séparées prises dans chacune à la ma-
jorité absolue des voix, soit spontanément,
soit sur la demande du président de la Ré-
publique, de déclarer qu'il y a lieu à réviser
les lQisconstitutionnelles.
» Après que les deux Chambres auront pris
cette résolution, elles se réuniront en Assem-
blée nationale pour procéder a la révision.
» Les délibérations portant révision des lois
constitutionnelles, en tout ou en partie, de-
vront être prises à la majorité des 2/3 des
membres composant l'Assemblée nationale
commune.
» Elles seront exécutoires à la fin de la pé-
riode septennale.»
M. Dufaure ajoute :
J'ai cherché par cette proposition à ne pas
rendre imminente, à chaque instant, sur la
proposition de la Chambre, la révision cons-
titutionnelle. Je l'ajourne à la fin de chaque
période septennale. La majorité finale des
deux tiers est une condition inscrite dans
toutes les constitutions.
M. Lambert Sainte-Croix. - Je disais hier à
quelles conditions, mes amis et moi, nous
étions disposés à voter l'amendement Wal-
lon; après avoir entendu M. Dufaure, je per-
siste à préférer le système de M. Wallon. Je
repousse la condition des deux tiers parce
que c'est la suppression du vote du Sénat.
La Chambre des députés devra être beaucoup
plus nombreuse que le Sénat; ce sera en fait
laisser la révision complétement aux mains
des députés. Il ne faut pas oublier que si nous
acceptons le régime républicain, qui n'est
pas le nôtre, c'est avec l'espoir que le pays
reviendra un jour à nos idées. Mais pour
cela, il faut que la révision soit aussi large
que possible; si les deux tiers étaient exigés,
je craindrais qu'il n'arrivât ce qui est arrivé
en 1848, lorsqu'on exigeait les trois quarts.
Si cette disposition était maintenue, je ne
pourrais pas voter l'ensemble des lois consti-
tutionnelles.
M. Lefèvre-Pontalis se place sur un terrain
intermédiaire ; il se demande s'il faut mettre
le pays au régime des changements de cons-
titution à une voix de majorité.
M. de La Roche(oucauld.- C'est ce que vous
venez de faire.
M. Dufaure. — Non pas, nous consolidons
ce qui existe, ce qui est bien différent.
M. Lefèvre-Pontalis. — Il y a un grand dan-
ger à admettre l'amendement de M. Wallon,
car il pourrait aboutir à la suppression du
Sénat par la Chambre des députés. Si beau-
coup de mes amis ne pensent qu'à leurs es-
pérances de monarchie constitutionnelle, moi
je pense aussi à mes craintes d'envahisse-
ment démagogique, et la faculté de révision
perpétuelle m'effraie beaucoup.
M. de Ventavon préfère le projet de la com-
mission.
M. Dufaure. — En insérant dans la loi des
précautions conservatrices, nous prenons nos
sûretés contre les Assemblées futures , qui
pourraient avoir des vues plus avancées que
les nôtres. Vous parlez comme si vous étiez
sûrs de la majorité dans les Chambres futu-
res. En mettant des entraves au droit de ré-
vision, sans doute,nous mettons des obstacles
aux restaurations monarchiques, mais nous
empêchons aussi le régime de la Convention.
M. Laboulaye est surtout frappé du dan-
ger d'une Chambre de- députés qui serait
tentée de se débarrasser du Sénat.
M. Delsol appelle l'attention sur la clause
par laquelle M. Dufaure limite la révision à
la fin do chaque période septennale; il craint
que dans certaines éventualités elle ne soit la
cause d'un coup de force.
Plusieurs membres demandent à réfléchir
sur la proposition Dufaure, qui ne peut ve-
nir en discussion aujourd'hui.
La commission examine ensuite l'article 4
du contre-projet Wallon, ainsi conçu :
« En cas de vacance, par décès ou pour toute
autre cause, les deux Chambres réunies pro-
cèdent, dans le délai d'un mois, à l'élection
d'un nouveau président.
» Dans l'intervalle, le vice-président du
conseil est investi du pouvoir exéeutif.»
Le 1er paragraphe est mis aux voix et re-
jeté.
Sur le second, M. de Ventavon croit que le
conseil des ministres vaut mieux que le vice-
président seul.
Ce paragraphe est rejeté ; le projet de la
commission est maintenu.
M. Batbie donne lecture d'un amendement
de M. de Ravinel dont voici les termes :
« Le siège du pouvoir exécutif et des deux
Chambres est à Versailles. »
M. Laboulaye fait remarquer que ce n'est
pas là une disposition constitutionnelle.
!lf.- Daru pense le contraire.
L'examen de cet article est renvoyé à une
autre séance.
Nous ne voulons pas donner le détail du
scrutin relatif à la priorité de l'amendement
Wallon. Toutefois il n'est pas superflu
d'indiquer en quoi il diffère du vote du
30 janvier.
La nouvelle majorité, c'est-à-dire la gau-
che, a perdu MM. Bertauld et de Chabron,
qui se sont abstenus, et MM. Clapier et
Fourichon, qui ont voté contre elle.
En revanche, elle a gagné MM. Aclocque,
Passy, Peulvé, outre M. Ganault, dont le
bulletin ne s'est pas égaré, cette fois.
M. Brun (Lucien), Carayon-Latour (de),
Cazenove de Pradine (de), Dezanneau,
Douay, Dumon, Franclieu (marquis de),
Joinville (prince de), La Bouillerie (de), La
Rochethulon (marquis de), La Rochette
(de), Limairac (de) (Tarn-et-Garonne),Raoul
Duval, Soury-Lavergne, Temple (du), Tré-
ville (comte de), qui avaient voté samedi
dernier contre l'amendement Wallon, se
sont abstenus dans le scrutin d'hier.
Ont voté contre la priorité de l'amen-
dement Wallon, quoique afisents par
congé régrilier, MM. de Gontaut-Biron,
Le Flô, de Corcelle, Dumarnay, de Chau-
dordy.
Sur ces cinq votants, on compte quatre
ambassadeurs.
————— —————
LA CONCURRENCE AUX IIÉDECINS
Il paraît qu'il y a une asspeiation gé-
nérale des médecins de France, qui se
divise, selon l'usage, en plus petits
groupes, organisés par arrondissement.
J'ignore si chaque arrondissement a le
sien, et de quelle façon tous ces groupes
se relient dans une vaste société. Mais
ces détails sont inutiles pour le but
que je poursuis à cette heure.
Une de ces sociétés locales fonctionne
dans l'arrondissement de Vitry4e-Fran-
çais, département de la Marne. Chaque
année, elle tient, outre des réunions
particulières, une assemblée générale,
dont le compte-rendu est livré au public
sous forme de brochure. Le hasard a
fait tomber entre mes mains les deux
derniers comptes-rendus, celui de 1873
et celui de 1874. J'y ai trouvé des choses
curieuses.
Ces messieurs se plaignent, avec
beaucoup de vivacité, de la concurrence
que leur font les sœurs d'un certain
couvent de Insmes. Ces bonnes dames
font de la médecine, à tort et à travers,
aux dépens de qui il appartient ; elles
signent les ordonnances et c'est M. le
curé qui les exécute.- Elles ont une
manière d'officine pharmaceutique, où
elles vendent à bas prix les drogues
confectionnées par elles.
Le rapporteur, après avoir signalé
cet empiétement des sœurs de Blesmes,
ajoute qu'il en est pàrtout de même ;
qu'il n'y a guère d'arrondissement en
France où l'on ne trouve quelque cou-
vent en possession de traiter les mala-
des; que nombre de sociétés ont cru
devoir même verser leurs doléances
dans le sein de M. le procureur de la
République, lequel ne s'en est aucune-
ment ému.
J'imagine que l'irritation des phar-
maciens ne va pas être moins vive,
Elle se conçoit aisément. Voilà des gens
à qui la société impose de longues étu-
des, et qu'elle soumet à de rigoureux exa-
mens, avant de leur conférer un privi-
lège. Ils remplissent toutes les condi-
tions qui leur ont été imposées par elle;
ils travaillent dix ans,passent des con-
cours, dépensent beaucoup d'argent,
font preuve de savoir, conquièrent leur
diplôme, achètent une officine, et ensuite
s'aperçoivent que de braves filles, qui
ne savent que leur croix de par Dieu,
exercent paisiblement leur métier et
leur montent, avec l'aide du clergé, la
concurrence la plus redoutable qu'il y
ait au monde, celle de l'ignorance et du
bon marché.
Ils ne sont pas contents et ils ont
raison.
Ou permettez à tous la pratique de
la médecine et de la pharmacie, ou si -
vous croyez devoir en assujettir l'exer-
cice à de certaines conditions, n'en dis-
pensez pas justement les plus ignares.
Dans l'ordre de l'enseignement pri-
maire , la lettre d'obédience est" tenue
pour un brevet de savoir. Passe encore!
il ne s'agit que d'apprendre la lecture,
l'écriture et les quatre règles. Ce n'est
pas une affaire, Et cependant il arrive
aux bonnes sœurs d'être prises en dé-
faut pour si peu. Mais il semble que se
connaître aux maladies des hommes et
les guérir soit plus compliqué et plus
difficile. Et puis, là, les erreurs coûtent
plus cher. Il n'y a pas à revenir sur
l'ouvrage mal fait. Il est vrai que,
comme disait Sganarelle, les morts sont
les meilleures gens du monde, et qu'on
n'en voit point revenir pour se plaindre
de ceux qui les ont tués. Nous rions de
ce Sganarelle qui, en revêtant la robe
du médecin, croit en savoir le métier.
Nous trouvons tout naturel qu'une mé-
chante petite paysanne, parce qu'elle
s'est coiffée du béguin, tâte le pouls et
-
ordonne des remèdes.
Un des honorables médecins qui com-
posent l'association avait eu l'impru-
dence de dire qu'il faudrait porter de-
vant l'Assemblée la question, qui' est
d'intérêt général.
Devant l'Assemblée ! on s'est récrié
là-dessus, et je copie textuellement à
ce propos les propres paroles du rap-
porteur, qui sont significatives :
« Il vaut mieux que l'Assemblée ne
fasse rien, que de faire ce qu'elle ferait.
Nous connaissons ses dispositions à no-
tre égard : le vote par lequel l'Assem-
blée a exclu les médecins des commis-
sions administratives des hospices nous
les a suffisamment révélées ».
On était libre en effet de faire entrer
dans ces commissions le médecin et le
prêtre, tous les deux à des titres diffé-
rents. On n'en a voulu qu'un; on-a pré-
féré le prêtre, et le médecin est resté à la
porte, lui dont la vie se passe au lit des
malades, qui a l'hôpital pour sacristie.
On a admis le curé, de droite dans la
commission des hospices. C'est bien.
La première fois que nos législateurs
discuteront une loi sur les fabriques
d'église, ils imposeront sans doute l'o-
bligation d'y faire entrer un docteur en
médecine, et pour être logiques, ils ex-
cluront le curé.
La Société médicale de Vitry était en-
core menacée d'une autre concurrence,
non moins à craindre, celle des thau-
maturges.
Il n'y avait encore jamais eu de gué-
rison miraculeuse dans ces pays-là. La
Champagne n'est pas une terre fertile en
miracles. Cette stérilité fâcheuse ne
pouvait durer. Pourquoi Vitry, seule
entre toutes les villes de France, n'au-
rait-elle pas eu son mort ressuscité ou
tout au moins sa malade remise sur
pied par une opération divine?
Un beau jour le docteur Martin,
— c'est lui-même qui rapporte cette
histoire dans le compte rendu de 1873
— entrant à l'hospice de Vitry, trouva
aux sœurs une figure extraordinaire;
tout le personnel faisait la haie sur son
passage, et l'attendait rayonnant. On
lui présenta une jeune fille, qu'it soi-
gnait depuis longtemps, pour une né-
vrose, compliquée d'accidents paralyti-
ques.
— Elle est guérie, lui dit-on ; radi-
calement guérie.
— Oh ! oh ! répliqua le médecin go-
guenardant, alors c'est un miracle.
Il n'y eut qu'un cri. Le docteur Mar-
tin l'avoue. C'est un miracle. Il paraît
que depuis plusieurs jours on avait sou-
mis la malade à des exercices de dévo.
tion spirituelle, qu'elle avait communié,
touché je ne sais quelles reliques, et
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