Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-12-20
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 20 décembre 1873 20 décembre 1873
Description : 1873/12/20 (A3,N765). 1873/12/20 (A3,N765).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/03/2013
3' Année. — N0 765.
PRIX DU NUMÉRO: PARIS 15 CENTIMES -. DÉP-ARTEMENTS 20 CENTIMES.
Samedi 20 Décembre 1873. 7
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
adresser au Secrétaire de la Rédactïon
de 2 heures à minuit
S* rue Drouet. 2
A fI we«*iKjr#îs non imaêrh wrom put "0- ,
ABONNEMENTS Af
PARIS
Trois mois. 13.fr.
gix mois. 25
Vu an. 50 -
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Trois mois 1.
Six mois vJ2
Un an 1
rlt, "Il-,
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et C.
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On s'abonne à Londres, chez M. A. MAURICE GÉNÉRAL
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III lettres non affranchies feront rçfvste
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Six mois.He' 25
Un an 50
»
DÉPARTBMàWÏ*
Trois mois. 16 fr.
Six mois..,. 32
Un an.,.,,.,.,. g?
ABBOBWS, cbez MM. LAG-B"ANGB,"CERF 8'nr
6. ç>ïac» df I» Çïr.ïtr»? f'.
On s'abonne à Londres, chez M. A. MACRIGÊ général
advertising, agent, 13, Tavistockrow, Covont Garden.
JOURNÉE POtlTÎQUE ..-,
Paris t 49 décemW* 4875
A l'AEsemblle, le budget de la guerre.
Avant la séance, réunion de commissions
diverses, où l'on se livre à des travaux de
plus en plus extraordinaires. Ainsi la com-
mission des élections pàrtielies a nommé
rapporteur M. Giraud; pourquoi? Parce
que M. Giraud a découvert « que les élec-
tions partielles sont en contradiction
avec lo suffrage universel. » Il est de fait
que ces deux mots partiel et universel for-
ment antithèse. Mais c'est tout ce que
nous comprenons au bel argument de M.
Giraud. Malgré tout, le voil nommé rappor-
teur. Que dire de la,nom'mission de « d'êttn-
tralisation et de M. Fresneâu ? ne cénfoa-
dez pas la commission de décentralisa-
tion avec la commission des maires ; celle-
ci a terminé son monument, le monument
Clapier. La commission de décentralisation
s'est donné pour tâche de rédiger un
code municipal bien complet, bien dé-
finitif^ tandis que la loi Clapier sera
transitoire. Elle a donc. entendu hier'
l'exposé du système de M. Fresneau. Qu¡
est rob pliklué 1 M. Frestteau veut que cha-
que commune ait deux conseils, diebt à
savoir : le conseil supérieur de la com-
mune et le conseil municipal proprement
dit. Le conseil étipèrieui* ést le produit d'un
triple scrutin; il doit être élu : 1° par là
généralité des électeurs ; 20 par les élec-
teurs de quartier; 3° par les représentants
des diverses. industries. Voyez-vous les
électeurs de quartier et les représentants
des industries à Fouilly-les-Oies, qui ne
compte pas cent électeurs en tout ? Mais la
Chambre basse, ou plutôt le conseil muni-
cipal, qui le choisira? Comment ne devi
nez-vous point que le conseil municipal doit
être nommé par le conseil supérieur ? Quel
mécanisme ingénieux I Admirons l'inven-
teur de ces rouages. Mais le système Fres-
ilean sera-t-il adopté? Pourquoi pas? En
quoi le tiouvez-vous inférieur aux autres?
C'est ainsi que nous voyons éclore les
propositions de loi en 1873. Ea 1874, s'il
plaît à Dieu, nous aurons des chances de
voir entrer au ministère l'honorable M.
Fresneau..
A Berlin, le Journal officiel dé l'empire
publie une ordonnance réglant là fôrmule
du sèrment qui sera imposé désormais
aux êvêques catholiques. Ceux-ci devront
jurer d'abord obéissance aux lois de l'Etat.
Ils s'engageront en outre à exhorter leurs
diocésains à la fidélité envers le souverain,
au patriotisme, au respect des lois, — à
ne pas tolérer que leurs subordonnés par-
lent ou agissent contrairement à ces prin-
cipes de fidélité, de patriotisme et de res-
pet, r- à s'abstenir soit à lintérieur,
soit en dehors, de démarches ou de rap-
ports compromettants pour la sûreté pu-
blique, — à signaler enfin toutes les ten-
tatives dangereuses pour l'Etat dont ils
auront eu connaissance. Voilà bien des
articles, et le dernier surtout ravale un
peu trop les êvêques au rang de fonction-
naires de police. On peut croire d'ailletirs
que cette ordonnance sera mal accueillie par
l'ultramontanisme allemand, qui applique
tous ses efforts en ce moment même, dans
les provinces catholiques, à préparer l'é-
lection des prélats les plus compromis, de
Mgr Ledochowçki entre autres, comme
députés d'opposition.
Une autre dépêche de Berlin nous ap-
prend que la Chambre des députés dis-
cute en première, délibération le projet de
loi sur le mariage civil obligatoire. Le pro-
jet a été défendu d'abord par le ministre
des cultes, puis appuyé, au nom de la
raison d'Etat, par M. le prince de Bis-
marck.
EUG. LIÉBERT.
-. -
Ëêjouis-toi, peuple de France, d'ici à
quarante-huit heures tu seras sauvé !
M. Clapier a déposé et lu son rapport
sur le projet de nomination des maires
par le gouvernement, et l'Assemblée na-
tionale, qui ne recule devant aucun sa-
crifice quand il s'agit du bonheur de la
France, a décide, dans un élan de géné-
rosité qui nous coûtera trois ou quatre
millions, que la discussion aurait lieu
avant le vote des nouveaux impôts des-
tinés à l'équilibre du budget. M. le duc
de Broglie n'a point le temps d'attendre;
il lui faut sa loi tout de suite, sinon, il
ne répond plus de rien et se lave les
mains des catastrophes épouvantables
qui peuvent fondre à toute heure sur le
pays, de par la loi municipale qu'il a
votée avec un si bel enthousiasme en
1-871 !
On connaît la loi ; c'est un chef-d'œu-
vre de réaction ; mais il faut lire le rap-
port de M. Clapier : c'est une merveille
do style outre que, suivant l'expression
très-juste de M. Brisson, c'est d'un bout
à l'autre un long et violent réquisitoire
contre la nation. Aujourd'hui, d'ailleurs,
la chose est de mode, et M. Clapier n'a
fait, en cela, que suivre l'exemple donné
par ses chefs de file, M. le duc de Bro-
glie en tête. Jamais, dans aucun temps,
la tribune française n'a retenti d'autant
d'accusations contre le pays ; jamais,
sous aucun régime, députés n'ont osé
parler de la France avec une telle désin-
volture et la dénoncer ainsi à l'Europe
comme un foyer de corruption, un repaire
de malfaiteurs.
« Le sentiment général du pays, dit
M. Clapier, le hesoiû d'ordre, de repos
et de sécurité est si vif, la nécessité d'ê-
tre rassuré contre le triomphe possible
de doctrines, de projets, de menaces
qui l'effraient, d'écarter de l'horizon des
pêrspeôtives qui l'épouvantent est si
universel qu'une mesure qui tend à at-
teindre ce but ne doit ni rencontrer des
désapprobations, ni créer des désaffec-
tions sérieuses. »
Quelles doctrines ? quels projets ?
quelles menaces ? Le rapport n'a garde
de s'expliquer à ce sujet. Il lui suffit
d'accuser t n bloc, trente mille maires,
trente mille conseils municipaux, de
professer des doctrines, de nourrit des
projets, et d'exprimer des ffieûâcës qui
l'effraient. Sans doute il en sait plus
long qu'il n'en veut dire, car il est im-
possible d'admettre qu'il se soit fait une
si triste opinion de son pays à la seule
lecture des documents fournis par lë
ministère de l'intérieur sur le nombre et
les causes des révocations de maires
prononcées depuis 1871. îl résulte; en
effet', de ces renseignements que du
1er mai 1871 au 24 mai 1873, c'est-à dire
pendant un espace de deux années, le
gouvernement de M. Thiers a dû révo-
quer 45 maires pour faits d'indignité per-
sonnelle j 62 pour faits administratifs,
et 26 pour faits politiqties; De son emté,
le gouvernement du maréchal Mac-Mahon,
du 24 mai au 5 décembre 1873, a dû
révoquer 28 maires pour faits d'indignité
personnelle ; 38 pour faits administra-
tifs, et 10 pour faits politiques La pro-
portion, en faveur du gouvernement de
l'ordre moral, est plus forte pour les six
derniers mois que pour les deux années
précédentes; mais nous ne croyons pour-
tant pas qu'elle autorise qui que ce soit
à envelopper d'une réprobation générale
l'ensemble des municipalités françaises.
Sous l'Empire, les maires étaient
nommés par le gouvernement. Or, un
journal de province publiait récemment
le dossier sommaire de tous les officiers
municipaux, de 1852 à 18671 Nous enga-
geons M. Clapier à jeter les yeux sur
les lignes suivantes, qu'il est intéressant
de reproduire i
De 1852 à 1867, on compte 2Î8 mâire's ett 37
adjoints inculpés de crimes ou délits à raison de
l'exercice de leurs fonctions.
L'autorisation de poursuivre a été accordée
132 fois et refusée dans 123 cas.
Sur les 132 fonctionnaires municipaux mis en
cause, 38 ont été acquittés par le juge d'iustrue-
tiod, 28 ptir le jury. ',
Ont été condamnés : 1 aux travaux foress à
perpétuité, 2 aux travaux forcés à temps, 35 à
la réclusion.
Voici maintenant lé bilan des crimes ou dé-
lits commis : 4 faits de concrssiÓD, 2 de malver-
veriation, 17 faux en matière tfè recrutement,
6 vols dont un sur une propriété éommuàaie4 1
soustrac.ion de papiers dans un dépôt public,
10 détournemehlÊ de deniers publics, 2 escro-
queries, 25 frandes électorales, 1 lacération de
papiers publics, & voiês de faits, 6 cas de coups
et blessures, 13 faux en écriture privée ou pu-
blique, 1 attentat à la pudeur, 1 viol, 1 violation
do sépulture.
On voit que les gouvernements ne
sont pas plus infaillibles que les élec
teurs. Ils ont parfois la main tn al heu-
reuse. Mais à quoi bon insister? Nous ne
persuaderons pas plus à M. le rappor-
teur qu'à M. le duc de Broghe qu'ils se
trompent en présentant leur pays sous
de si tristes couleurs. On ne veux plus
des maires élus, on .les calomnie ; c'est
dans l'ordre : « qui veut noyer son chien
l'accuse de la* rage. »
If faut rendre justice à la commission:
elle a prêté aux désirs du gouvernement
une docilité, une-prévenance méritoires.
M. lé ministre de l'intérieur réclamait le
droit de choisir les maires en dehors du
conseil municipal, mais seulement en cas
de démission ou de révocation des maires
élus. « A quoi bon cette restriction? s'é-
crie M. le rapporteur. Vous êtes bien
bon, en vérité, monsieur le ministre,
de prendre des mitaines. N'êtes-vous
point le maître? N'avez-vous pas une
majorité toute à vos ordres? Ce n'est pas
elle qui vous marchandera jamais son
vote quand il s'agira de supprimer quel-
qu'une de ces libertés qu'autrefois elle
déclarait nécessaires. Prenez-en donc à
votre aise, et pendant crue vous v serez.
choisissez tous vos maires sans excep-
tion, dans tous les cas et aans toutes les
communes, en dehors du conseil muni-
cipal. »
A la bonne heure ! Le gouvernement
des doctrinaires nous ramenant au sys-
tème impérial, nous devions nous at-
tendre à retrouver une majorité, style
empire, renchérissant sur tout ce que
lui demande le pouvoir. Rien de plus
juste, d'ailleurs, surtout dans le cas pré-
sent. De quoi s'agit-il? De fournir au
gouvernement le moyen de mettre le
suffrage universel à la raison, c'est-à-
dire de faire nommer les Le Guen et
les Peyrusse à la place des Calmon
et des Swiney. On conçoit que la
majorité, en pareil cas, ne se fasse point
tirer l'oreille. C'est dans son intérêt
qu'elle travaille, du moins elle le croit,
sauf à s'apercevoir bientôt qu'elle a mis
aux mains du gouvernement des armes
qui .e tourneront contre lui d'abord,
conter elle ensuite. Où l'on prétend ra-
mener l'ordre, on creéra des occasions
de conflit permanentes, et quoi qu'en
dise M. le rapporteur dans son brillant pa-
tois, au lieu de s'attirer la reconnaissance
du pays, on provoquera sa désaffection,
sa colore et ses rancunes. Au fond, on
le sait bien ; le gouvernement lui-même
ne se dissimule pas qu'il s'attaque à la
corde sensible du pays, plus jaloux peut-
être de l'électorat municipal que de l'é-
lectorat politique. C'est pourquoi il prend
soin d'annencey que la loi n'est que
transitoire et n'engage nullement l'ave-
nir, et c'est aussi ce qui expliqué son
refus formel de soumettre la loi aux
trojs délibérations réglementaires. C'est
une loi d'exceptian, une loi de combat,
ou', pour l'appeler de son vrai nom,
c'est une loi quasi-électorale; il faut
que 1g Days eu passe par là. C'est un
farti Pris; M. I-l'e"il,- - pupin 1 a-déclaré, et
parti pris, M. f en
le pays comprendra, par ce CJ: d:l ?j
ce qu'on veut de lui et de quel régime ob
est menacé une fois encore, après l'avoir
supporté dix-huit ans et s'en être cru
délivré pour toujours.
- E. SCHNERB.
, ,,,--,,:_-
COURRIER .PARLEMEMtAÍRE
, •rrr~
Ve-rsaillejj 18 décembre 1873.
e T
Budget du ministère de là sUer.r. 'M.
Jean Branet s'aventurant, seul, à faire un
discours d'ensemble, et M. de Castellane
Opérant comifle rapporteur de cette branche
du budget, voilà qui nousprômettait dcsloi.
sirs. En out !¡¡ n,aú iu:èi CiltaAg "Mil
n'est pas "un député qui se risquent à proposer
une économie quelconque sur ce budget,
Nous peiisions avoir à remplacer notre
Courrier par une simple phrase : - aujour-
d'hui, sans discussion, sans tapage, tout
le monde a travaillé à la réorganisation
militaire de la France. Nous comptions
sans bien des hôtes de Versailles.
Et d'abard, nous comptions sans M., de
Castellane. Dans uiie Assemblée où il se
trouve environ quarante vieux officiers
supérieurs ou généraux, — ou il s'en
trouve trop,: au dire de biea des gens L -
M. de Castellane, jeune civil imberbe,
est nommé rapporteur du budget de la
guerre par les agissements de la même
eotel'iepolitique qui a élevé à la dignité
de rapporteur des affaires étrangères son
ami M. de Rainneville. Si le budget do
cette année était la copie du budget d'an-
nées précédentes, le fait serait, eu somme,
de minime importance, M. de Castellane
ayant un réel talent pour répéter les le-
çons ; mais justement le b idget présent^ st
uu des plus délicats à traiter, un des plus
suEceptiblés de vues DouveItcs, à caute de
la transition de nos dp.ux; systèmes n^ili-
taires. Jamais, au grand jamais, l'insanité
des partis pris politiques en matière d'é-
Uctioas budgétaires n'a éclaté d'une façon
si manifeste.
Enfin, attendons; si M1, lé rapporteur*, à**
rien à dire, peut éLre s'en tirera-t-il bien.
Hélas I M. de Saint-Pierre; an chapitre
« gendarmerie », demande le rétablissement
d'un chiffre premier, supérieur au chiffre
apporté par la commission. M. de Castel-
laue paraît. Il n'a qu'à iépondre à
ui simple amendement budgétaire, il
débute par une injure à ses collègues :
« Cette augmentation, dit-il, n'a pa? été
demandée par le gouvernement actuel,
mais par celui de M..Thiers, qui avait,
pour le corps de la gendarmerie, une ad-
miration et une estime que ne partageat j
pas ses amis. » :
Et voilà qui Ion nomme rapporteur
du budget le plus sérieux 1 Il faudrait du
savoir, du talent, de l'élévation d'esprit;
on choisit un petit flacon de bile.
Nous ne relaterons pas les cris d'indi-
gnation qu'a soulevés, à gauche et notam-
ment dans le centre gauche, cette théorie
budgétaire du rapporteur ; nous constate-
rons simplement que la droite s'est refa-
sée absolument à appuyer cette grossièreté
gratuite. Accablé sous les apostrophes,
M. de Castellane finit par dire, au bout de
cinq minutes « Gela ne s'adresse pas aux
membres de cette Assemblée. » Connu. !
Cela ne s'adresse jamais qu'aux gens qui
ne peuvent pas répondre !
Passons aux choses sérieuses. M. Kel-
ier est à là tribune, demandant une aug-
mentation de onze millions pour une cer-
taine partie du budget de la guerre. Le
chapitre VI (solde et' prestations en na-
ture) soulève, en effet, en compagnie des
chapitres VII et XII, une grosse ques
tion; l'amendement Keller réclama, pour
cet ensemble, onze millions de plus que
le chiffre alloué par la commission du bud-
get; un autre amendement, signé par tous
les généraux et membres de la commis-
siou de l'armée, en demande cinq.
Pour bien comprendre tout le piquant
de ce débat, il efct nécessaire de revenir
sur les faits antérieurs. D'après la nou-
velle loi militaire votée, une partie du
contingent devrait être appelée sous les
drapeaux depuis quatre mois au moins ;
l'argent manquant pour subvenir aux be-
soins des troupes, le ministre la la guerre
se voit foicé de n'appeler cette catégorie
de soldats qu'au mois de mars. Ce n'est
pas sans peine que M. le général du Bar-
ra 1 s'est plié à cette dure nécessité; nous
croyons même qu'il a longuement com-
battu dans les conseils gouvernementaux,
autant pour exécuter, au pied de la lettre,
la sentence rendue par l'Assemblée que
pour donner à la France une armée digne
d'elle; mais M. le général du Barjail,
battu par Son Omnipotence M. Magne,
a dû amener pavillon blanc et consentir à
une réduction vraiment malheureuse sur
son budget.
Voilà où en est la question, lorsque le
débat s'engage Ce que M. le ministre de
la guerre demandait tout bas, des amen-
dement?, fortement épaulés, viennent le
lui offrir tout haut: Et M. du Barrail est
obligé de repousser ce qui fait l'objet de
sei désirs. Figurez vous Tantale mourant
de soif et obligé de repousser lui-même la
coupe rafraîchissante.
Cette situation est atEocô ; M. du Barrail
nous a fait peine. Pris direct nlelltà par ie
par M Keller, il a longuement hésité, puis il
est al é s immoler. Certainement il n a pas
mis de gràca dans ropêratipn du Eacrifice,
mais enfin il a réfuté les subsides qu'on lui
offrait, des subsides qu'il trouve lui-même
nécessaires. L'ombre de M. Magne (absent)
aairaifcS# étire satisfaite. Hélas! M, le
général du Barrail n'était qu'au début de
ses tr bulations.
Le vieux général Guillemaut, au lieu de
enivre M. du Bârrail sur le terrain des
généralités, prend corps à corps les chif
ires de l'effectif, la loi votée, notre misère
militaire, la non-observation des dècrets
législatifs. Et, derechef, M. le ministre
de la guerre regrimpe à son Calvaire :
« C'est vrai, répète-t-il sans cesse, ce se-
rait mieux autrement, mais ce n'est pas pos-
sible. » On voit crue le général a ordre
de nas accepter ; il exécute l'ordre avec
de JU%, , > - fipte militaire.
uoe *di;ciplino W Pilaire. « dlECl-
Qui sait, pourtant, mot « disci.-
phne est ~c~ir~s
pline » est bien jtiste en 'C;t:h ue
tance? Oh - nous a racoatê. efc - l1011tt -
sommes pas éloigné de le croire, qùô la 1
nouvelle loi militaire rencontrait pas mai
de réëiataness sourdes dans l'armée et par-
ticulièrement au ministère de la guerre ;
que ce dernier comptait, sur ses fauteuils
en cuir, bon nombre de partisans de l'or-
ganisation dé 1832; on nous a raconté en-
fin que Mi du Barrail appartenait à la
vieille école, ou tout au moins ne se sen-
tait pas la force dé rompre en visière aux
anciennes traditions.
Vous jugez si la question est délicate;
les vraies faisons doivent se dissimuler
derrière les prétextes. Il se déroule en
£ plicf correctionnelle des affaires de ce
genre. - duels pour cause féminine,-!-- oü-
tout dit la rérité; toutHPa vérité,
rien que la vérité, sans jamais la dire.
M. Keller s'est rallié à l'amendement des
cinq millions, signé par tous les membres
de la commission de l'armée. Le terrain
de combat se déplace. Cette fois, c'est lé
général Chareton qui manœuvre, pour le
ministère t * contre le ministre, avec une
vigueur admirable : « Il n'y a pas d'ar-
gent, dites-vous? Quand le torrent brise la
digue et emporte le meilleur des terres, on
ne regarde pas ce que coûte la réparation
de la digue, on commence par la. répa-
rer ! » j
Cette discussion, d'ailleurs, sepasseaumi-
lieu d'un silence remarquable; on sent que
cette détestable division en droite, en gau-
che, n'exis:e plus guère, et que, s'il se
trouve encore des gens qui ne songent
qu'à sauver le Cabinet, il en est plus en-
core qui ne pensent qu'a faire bien pour
la Franee. Cela se voit aux oscillations
imperceptibles que subit l'auditoire quand
un orateur parle dans l'un ou l'autre sens.
M. le m£nisire,de la guerre est essoufflé;
il a. fait tout ce qu'il pouvait — plus même
que nous n'aurions voulu lui voir faire ; —
M. de Castellane n'est pas de taille à en-
trer en lice; M. Chesnelollg, rapporteur du
budget des finances, donne. Le négocia-
teur de la fUiion, entre les deux branches,
tente de rétablir l'accord entre les intérêts
budgétaires et les intérêts militaires ; il
nous paraît réussir. comme à Frohs-
dorf.
Mais voici bien une autre aff&irq!
CI Quand vous avez frappé sur tous l'im-
pôt leplus lourd, rimpôt du sang, reculeiez-
vous devant un impôt de ciuq millions ? »
C'est M. le duc d'Audiffret-Pasquier qui
dit cela, M. le président de la commission
des marchés, qui nous présente nn hori-
zon encre de Chine, le fin duc Pas-
quier, qui met en relief le refus du géné-
ral du Barrail avec une perfidie à nulle
autre pareille, ét qui termine ainsi :
« Dorénavant le budget de la guerre devra
être discuté conjointement par la camais-
sion du budget et 11 commission de l'ar-
mée, pour que le ministère de la guerre De
nous donne plus le spectacle .qu'il nous
donne aujourd'hui, le spectacle d'une insuf-
fisance absolue. » ,
Oh! obi qu'est-ce a dire?. Gela veut
dire que M. le duc d'Audiffret-Pasquier,
depuis ses triomphes d'enquêtes sur le ma-
tériel de l'armée, , ne rêve plu 3 que lauriers
militaires. @ Çela veut dire que M. d'Audif-
frét-Pasquier, jugeant l'occasion propice et
voyant que M. du Barrail s'est déjà à
moitié. elaferré, vient enfoncer la, miséri-
corde au cœur ministériel. M. le duc sent
déjà le portefeuille de la guerre entre ses
mains : pas de quartier !
Malheureux M. de Castelîane I Il ne
craint pas de compromettre sa jeune auto-
rité après des discours d'une telle compé-
tence. Si jamais vanité a reçu une leçon,
c'est bien aujourd'hui : durant toute êp.tte
discussion, le seuLorateur que la Chambre
nUait pas écouté est M. le rapporteur, —
le rapporteur ! ce personnage sacré devant
qui tombent d'ordinaire toutes les con-
versations.
Et quand H. de Castellane se tait, le si-
lence se rétablit immédiatement. L'amiral
de Montaignac combat en faveur de l'a-
mendement. Criblé par le duc Pasquier,
entamé par l'amiral de Montaigùac, le mi-
nistre de la guerre se traîne une dernière
fois à la tribune pour dégager sa respon-
sabilité.
Il la dégage mal, paraît-il, car M. Da-
seilligny, ministre de l'agriculture et du
commerce, arrive à la Rescousse, porte-
voix de M. Magne, ministre des finances,
absent.
L'année prochaine, on fera, soyez tran-
quilles. Pour l'année prochaine, on met de
côté, à la caisse de liquidation, des centai-
nes de millions. CI Ici, gratis, on rasera
demaïn,» dit l'affichedu barbier facétieux.
Comment! il y a tant de millions que ca
pour l'année prochaine, et le ministère ne
peut pas trouver cinq malheureux millions
pour cette année ? C'est à. croire vraiment
que là seule chose que le cabinet ait à
cœur, c'est de ne pas appliquer la loi mili-
taire votée !
Cependant, il faut en finir. La question
est vidée, et chacun peut, à l'heure pré-
sente, voter selon sa conscience. Le vote a
lieu : en faveur de l'amendement, se lèvent
la gauche et une bonne partie de la droite;
contre, se dressent le centre droit, l'autre
partie de la droite et une quinzaine de
membres de la gauche.
Le vote est déclaré douteux! Aussi, à la
seconde épreuve, — lorsque quelques mem-
bres de la gauche, qui se sont abstenus
au premier tour, apportent leur appoint
en faveur de l'amendement, — Fommes-
nous quelque peu ébaubi d'entendre M.
Buffet décida' -, que l'ajcendemeat- «ét
rejeté.
M. le président de l'Assemblée vient de
sauver, d'un mo'» deux et peut-être trois
portefeuilles : ceux de MM. du Barrail,
Magne et même Deseilligny, c'est-à dire
d éviter sans doute un remaniement mi-
nistériel complet.
Au fond, cela nous importe peu : ceux-là
ou d'autres. bonnet blanc, blanc bonDEt.
Mais c'est cet excellent duc Pasquier qui
doit trouver qu'un portefeuille valait bien
un scrutin I-
PAUL LAFARGUE.
1 -- 0 —
LES HYPOCRITES
*
l ,-
On m'est venu dire, me payant de
mon article d'hier, sur l'enterrement de
cette pauvre petite Réginah, qui' s'est
fait à l'église catholique :
— Eh bien ! de quoi vous plaignez-
vous, s'il en est ainsi ? En constatant cet
esprit d'indifférence religieuse que vous
prétendez être celui de la génération
nouvelle, vous vous ôtez le droit de crier
contre les manifestations de là piété ca-
fholrcjue, cê droitttôjat vous avezliflort
abuse jusqu'à ce jour. Il faut choisir : ou
la bourgeoisie ne se soucie point de re-
ligion, et. alors à quoi bon cette cam-
pagne si acharnée contre les miracles et
les pèlerinages ? ou elle est réellement
emportée par un grand courant de dévo-
tion, et, en ce cas, toutes les réflexions
que vous nous avez présentées hier se
retournent contre vous-même. Que ré-
pliquerez-vous à oe dilemme, vous qui
vous piquez de logique ?
— Ce que j'y répliquerai ? Eh ! bon
Dieu, la réplique est bien simple.
Ce que j'ai poursuivi avec une passion
si âpre, ce que j'ai sans ménagement
accablé de railleries, moins spirituelles,
je l'avoue, que celles de Voltaire, — cha-
cun fait ce qu'il peut, — ce n'est point
du tout la piété naïve des cœurs sincè-
rement convaincus. Je n'ai cessé de le
répéter : il y avait dans ces pèlerinages
beaucoup de bonnes âmes. franchement
dévotes, - qui croyaient de toutes leurs
forces aux miracles opérés par l'inter-
cession du saint, qui n'allaient chercher
dans le tumulte de ces manifestations
politiques que- la satisfaction intime
d'un besoin religieux.
Oui, sans doute, il y en$vait ; com-
bien sur le nombre? Je ne saurais le
dire. Ces gens-là étaient d'honnêtes gens
par cela seul que leur foi était sincère ;
exaltés, si l'on veut ; fanatiques même,
cela était possible; mais dignes de res-
pect, car la sincérité l'est toujours.
On m'accordera bien, n'est-ce pas ?
que tous n'étaient pas de cet acabit,
que, parmi ces multitudes, il se trou-
vait quelques hommes qui soufflaient
des passions qu'ils ne partageaient
point, ou qui même, sans les exciter,
faisaient, par des motifs de convenance
humaine, semblant de s'y associer.
Ce point n'est pas contestable assuré-
- ment.
Mais laissons là les pèlerinages et
toutes les cérémonies de dévotion, qui
ne sont, quand le cœur en est absent,
que de ridicules mômeries, bonnes à
atauser les badauds.
Je ne suis entouré que de gens ou qui
ne croient à rien, ou qui agissent tout au
moins comme s'ils ne croyaient à rien.
Ils n'ont pu, comme disait si éloquem-
ment M. Cousin, ce maître farceur, renier
leur baptême, non ; ce serait encore un
acte de foi que de répudier le titre de
catholique. Ils l'ont oublié, ils n'y pen-
sent jamais
Ubservent-ils jamais aucune des pres-
criptions de la religion dans laquelle ils (
sont nés? Vont-ils à la messe? Se 'éon-
fessent-ils? Se conformént-ils aux jeûnes
ordonnés? Non, la religion n'est pour
eux qu'un accessoire, qu'imposent en
quelques circonstances solennelles les
bienséances reçues par la société où ils
vivent. Leur catéchisme se réduit pour
eux au code de la politesse.
Cela est-il vrai?
Je défie qui que ce soit de me contre-
dire sur ce point. La chose est si visi-
ble qu'elle éclate à tous les yeux. Oui,
l'indifférence est profonde, entière, ab-
solue. Elle a pénétré jusqu'à la meelle
des os.
Eh bien ! ces mêmes hommes, qui font
si peu de place au catholicisme dans
les habitudes de leur vie de chaque jour,
dans leurs pensées de tous les ins-
tants, ce sont précisément les mêmes
qui, par une lâche et odieuse hy-
pocrisie, professent la nécessité d'une re-
ligion pour les autres, et qui s'imagi-
nent en imposer à la crédulité de la
foule' par de ridicules simagrées. La foule
n'est pas si bête ; elle estime cette, dé-
votion pour ce qu'elle vaut, et ne se laisse
point prendre à des apparences.
Nous étions renommés en France
pour une qualité qui était si bien le fond
de notre caractère national que le nom
même qui l'exprime se confond avec celui
du peuple même : c'est la franchise, la
première vertu d'un fils des Francs.
Nous sommes ea train de la perdre, et
l'on ne veut pas que je m'indigne !
Quoi! je n'aurais plus ledroit de sur-
prendre partout où je les rencontrerai
des symptômes de cette indifférence uni-
verselle, et de les mettre en opposition
avec ces manifestations d'une religiosité
fiusse, qui sont si fort à la mode aujour-
d'hui!
Il • Je^n-'aurais pas le droit de crièr à
ceux qui, au fond, pensent comme moi
et qui parlent autrement qu'ils ne pen-
sent : Vous n'êtes que des tartuffes !
Ah ! ces gens-là m'accusent de friper
leurs petites convenances ! J'aime mieux
manquer au formulaire des convenances
qu'au code de l'honneur. J'aime mieux
passer pour un bourru que d'être un
hypocrite.
Qu'on se le dise : le jour où l'hy-
pocrisie sera élevée chez nous, comme
chez les Anglais, à la hauteur d'une in-
stitution, quand elle aura passé dans
nos mœurs et les aura toutes imprégnées
de son venin, ce jour là, l'originalité
même de la race française aura péri.
FRANCISQUE SARCEY.
LA PBÊTtlfDÍJE TERREUR NOIRE
A LA MARTINIQUE
Il se passe à la Martinique des choses
réellement inexplicables. Le 9 novembre
dernier, alors que la colonie jouissait de
la plus complète tranquillité, M. Saint-
Phalle, directeur de l'intérieur, lance tout
à coup une circulaire adressée aux auto-
rités municipales, dans laquelle il annonce
que « à la première tentative de trouble, il
» mettra en état de siège la commune où
» elle aura éclaté, et que tout individu qui
» serait pris en rébellion contre l'autorité
» serait sur-le-champ passé par les armes."
Cette terrible menace est motivée non pas
sur la moindre tentative de trouble, mais
sur ce que a des émissaires de désordre,
» chargés d'exploiter les émotions que fait
» naître l'éventualité d'un changement de
» gouvernement en France, sèment dans
» la campagne des bruits odieux en cher-
» chant à alarmer les populations. »
Le lendemain, 10 novembre, M. l'amiral
Cloué, gouverneur, en ouvrant la nou-
velle session du conseil général, déclare
au contraire, « que le calme le plus par-
» fait n'a cessé de iégner dans la colonie,
» et que le bon sens public a fait prompte
» justice de quelques bruits ridicules que
» des malintentionnés ont essayé de répan-
» dre. »
Il y avait certes dans ces paroles de quoi
atténuer l'effet de l'imprudente circulaire
de M. le directeur de l'intérieur; mais ce-
lui ci. reçoit deux lettres anonymes où on
l'appelle « infâme dictateur,» où on lui dit :
« Nous avons lue (sic) votre proclamation
» incendière (sic), -réfléchissez, nous avons
» le nombre, des armes et pour secours le
» feu et le poison. D'ici au 22, nous vous
» donnerons de nos nouvelles. » Au lieu
de jeter au pauier ces stupides lettres, il
les prend sous son patronage, il leur ac-
corde 1 honneur de 1 insertion au journal
officel (no du 18), leur donnant ainsi une
importance bien faite pour étonner.
Mais chose non moins extraordinaire,
le 21, le-gouverneur, oubliant ce qu'il a
déclaré onze jours auparavant, publie une.
proclamation dans laquelle oa lit :
» Il n'y a plus à douter aujourd'hui que
» des malfaiteurs travaillent la population
» ouvrière pour l'amener à s'insurger.
» Dans quel but? Est-ce qu'il a été porté
» atteinte à la liberté et aux droits des
» citoyens ? Non. Une troupe de sauvages
» veut entraîner Ipi population à l'incen-
» die, au pillage et au meurtre. Le gou-
» verneur a pris ses mesures pour que
» l'action de la troupe soit foudroyante, et
» afin d'user de tous ses moyens, il a
8 pensé qu'il trouverait dans les villes as-
8 sez de gens de cœur qui se chargeraient
» d'y maintenir l'ordre pendant que la
» troupe régulière se battrait au dehors.
» En conséquence, il invite les hommes
» d'ordre de' Fort-de-France et de Saint-
» Pierre à se présenter à leurs mairies
à pour y donner leurs noms, afia que l'on
» puisse constituer des compagnies de
» francs-tireurs à pied et à cheval. »
Comment expliquer une pareille procla-
mation? Quoi! le 21 novembre, le gou-
verneur écrit : a Il n'y a plus à en douter,
» des sauvages veulent entraîner les po-
» pulations à l'in-cendie, au pillage et au
meurtre, » et le 10, il n'en savait absolu-
ment rien, il déclarait officiellement que
« le calme le plus parfait n'avait cessé de
» régner! » -
Mais ces anreuses excitations ont-elles
donc été écoutées ? Y a-t-il eu quelque part
le moindre symptôme d'agitation, la moin-
dre résistance à l'autorité? On n'en signale
aucune. Quel témoigaage a-t-on saisi des
criminelles menées des « émissaires de
« désOl'dre? » Personne ne le sait. Admet-
tons que quelques misérables, qui se-
raient si justement appelés « des sauvages»,
essaient de soulever les campagnes, de les
entraîner à d'horribles forfaits; quelle rai-
son y a-t-il de croire qu'ils trouveraient
des oreiiles complaisantes dans cette popu-
lation au bon esprit de laquelle - M. l'ami-
ral Cloué naguère encore « rendait pleine
1 D justice. »
Personne ne doute des bonnes inten-
tions et de l'impartialité du loyal amiral
Cloué, mais on craint qu'il ne se soit mal-
heureusement laissé tromper par des gens
dont les terreurs affectées cachent de mau-
vàis desseins et qui cbusent de l'impétuo-
sité de son caractère pour le compromettre
en le poussant à des mesuTes extrêmes
que rien ne semble justifier. Eiu ffet, mal-
gré sa proclamation qui a surpris et affligé
tous les bons citoyens, le calme n'a pas
cesfê de régner, et le 28 novembre, date
du départ du dernier courrier, on n'avait
pas concaissance qu'aucune arrestation eût
été opérée. En soit, la proc l amation d'p.
Quoi qu'il en soit, la proclamation de
1 ami i cil Cloué est de nature à produire en
France un effet très-fâchfux sur Jes esprits
superficiels ou hostilés.Dejà unjournal hrin-
ndieet modéré l'a exploitée dans un article in-
titulé: la Terreur noire, article dirigé contre
« les bons petit-! nègres de 1 Martinique,
qui depuis la chùte de M. Thiers et l'Inter-
nationale aidant, dit ce journal, se livrent
en plein jour à une propagande effrénée
PRIX DU NUMÉRO: PARIS 15 CENTIMES -. DÉP-ARTEMENTS 20 CENTIMES.
Samedi 20 Décembre 1873. 7
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
adresser au Secrétaire de la Rédactïon
de 2 heures à minuit
S* rue Drouet. 2
A fI we«*iKjr#îs non imaêrh wrom put "0- ,
ABONNEMENTS Af
PARIS
Trois mois. 13.fr.
gix mois. 25
Vu an. 50 -
- DÉPARTEMENTS:^
Trois mois 1.
Six mois vJ2
Un an 1
rlt, "Il-,
Annonces, chez MM. LAGRANGE, CERF et C.
6, plaee de la Bourse, a
On s'abonne à Londres, chez M. A. MAURICE GÉNÉRAL
ad vertising, agent, 13, Tavistockrow, Covent Gardon.
ADMINISTRATION 1
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III lettres non affranchies feront rçfvste
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ABDNNEMÉNTS A
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Trois mois. 13 fr.
Six mois.He' 25
Un an 50
»
DÉPARTBMàWÏ*
Trois mois. 16 fr.
Six mois..,. 32
Un an.,.,,.,.,. g?
ABBOBWS, cbez MM. LAG-B"ANGB,"CERF 8'nr
6. ç>ïac» df I» Çïr.ïtr»? f'.
On s'abonne à Londres, chez M. A. MACRIGÊ général
advertising, agent, 13, Tavistockrow, Covont Garden.
JOURNÉE POtlTÎQUE ..-,
Paris t 49 décemW* 4875
A l'AEsemblle, le budget de la guerre.
Avant la séance, réunion de commissions
diverses, où l'on se livre à des travaux de
plus en plus extraordinaires. Ainsi la com-
mission des élections pàrtielies a nommé
rapporteur M. Giraud; pourquoi? Parce
que M. Giraud a découvert « que les élec-
tions partielles sont en contradiction
avec lo suffrage universel. » Il est de fait
que ces deux mots partiel et universel for-
ment antithèse. Mais c'est tout ce que
nous comprenons au bel argument de M.
Giraud. Malgré tout, le voil nommé rappor-
teur. Que dire de la,nom'mission de « d'êttn-
tralisation et de M. Fresneâu ? ne cénfoa-
dez pas la commission de décentralisa-
tion avec la commission des maires ; celle-
ci a terminé son monument, le monument
Clapier. La commission de décentralisation
s'est donné pour tâche de rédiger un
code municipal bien complet, bien dé-
finitif^ tandis que la loi Clapier sera
transitoire. Elle a donc. entendu hier'
l'exposé du système de M. Fresneau. Qu¡
est rob pliklué 1 M. Frestteau veut que cha-
que commune ait deux conseils, diebt à
savoir : le conseil supérieur de la com-
mune et le conseil municipal proprement
dit. Le conseil étipèrieui* ést le produit d'un
triple scrutin; il doit être élu : 1° par là
généralité des électeurs ; 20 par les élec-
teurs de quartier; 3° par les représentants
des diverses. industries. Voyez-vous les
électeurs de quartier et les représentants
des industries à Fouilly-les-Oies, qui ne
compte pas cent électeurs en tout ? Mais la
Chambre basse, ou plutôt le conseil muni-
cipal, qui le choisira? Comment ne devi
nez-vous point que le conseil municipal doit
être nommé par le conseil supérieur ? Quel
mécanisme ingénieux I Admirons l'inven-
teur de ces rouages. Mais le système Fres-
ilean sera-t-il adopté? Pourquoi pas? En
quoi le tiouvez-vous inférieur aux autres?
C'est ainsi que nous voyons éclore les
propositions de loi en 1873. Ea 1874, s'il
plaît à Dieu, nous aurons des chances de
voir entrer au ministère l'honorable M.
Fresneau..
A Berlin, le Journal officiel dé l'empire
publie une ordonnance réglant là fôrmule
du sèrment qui sera imposé désormais
aux êvêques catholiques. Ceux-ci devront
jurer d'abord obéissance aux lois de l'Etat.
Ils s'engageront en outre à exhorter leurs
diocésains à la fidélité envers le souverain,
au patriotisme, au respect des lois, — à
ne pas tolérer que leurs subordonnés par-
lent ou agissent contrairement à ces prin-
cipes de fidélité, de patriotisme et de res-
pet, r- à s'abstenir soit à lintérieur,
soit en dehors, de démarches ou de rap-
ports compromettants pour la sûreté pu-
blique, — à signaler enfin toutes les ten-
tatives dangereuses pour l'Etat dont ils
auront eu connaissance. Voilà bien des
articles, et le dernier surtout ravale un
peu trop les êvêques au rang de fonction-
naires de police. On peut croire d'ailletirs
que cette ordonnance sera mal accueillie par
l'ultramontanisme allemand, qui applique
tous ses efforts en ce moment même, dans
les provinces catholiques, à préparer l'é-
lection des prélats les plus compromis, de
Mgr Ledochowçki entre autres, comme
députés d'opposition.
Une autre dépêche de Berlin nous ap-
prend que la Chambre des députés dis-
cute en première, délibération le projet de
loi sur le mariage civil obligatoire. Le pro-
jet a été défendu d'abord par le ministre
des cultes, puis appuyé, au nom de la
raison d'Etat, par M. le prince de Bis-
marck.
EUG. LIÉBERT.
-. -
Ëêjouis-toi, peuple de France, d'ici à
quarante-huit heures tu seras sauvé !
M. Clapier a déposé et lu son rapport
sur le projet de nomination des maires
par le gouvernement, et l'Assemblée na-
tionale, qui ne recule devant aucun sa-
crifice quand il s'agit du bonheur de la
France, a décide, dans un élan de géné-
rosité qui nous coûtera trois ou quatre
millions, que la discussion aurait lieu
avant le vote des nouveaux impôts des-
tinés à l'équilibre du budget. M. le duc
de Broglie n'a point le temps d'attendre;
il lui faut sa loi tout de suite, sinon, il
ne répond plus de rien et se lave les
mains des catastrophes épouvantables
qui peuvent fondre à toute heure sur le
pays, de par la loi municipale qu'il a
votée avec un si bel enthousiasme en
1-871 !
On connaît la loi ; c'est un chef-d'œu-
vre de réaction ; mais il faut lire le rap-
port de M. Clapier : c'est une merveille
do style outre que, suivant l'expression
très-juste de M. Brisson, c'est d'un bout
à l'autre un long et violent réquisitoire
contre la nation. Aujourd'hui, d'ailleurs,
la chose est de mode, et M. Clapier n'a
fait, en cela, que suivre l'exemple donné
par ses chefs de file, M. le duc de Bro-
glie en tête. Jamais, dans aucun temps,
la tribune française n'a retenti d'autant
d'accusations contre le pays ; jamais,
sous aucun régime, députés n'ont osé
parler de la France avec une telle désin-
volture et la dénoncer ainsi à l'Europe
comme un foyer de corruption, un repaire
de malfaiteurs.
« Le sentiment général du pays, dit
M. Clapier, le hesoiû d'ordre, de repos
et de sécurité est si vif, la nécessité d'ê-
tre rassuré contre le triomphe possible
de doctrines, de projets, de menaces
qui l'effraient, d'écarter de l'horizon des
pêrspeôtives qui l'épouvantent est si
universel qu'une mesure qui tend à at-
teindre ce but ne doit ni rencontrer des
désapprobations, ni créer des désaffec-
tions sérieuses. »
Quelles doctrines ? quels projets ?
quelles menaces ? Le rapport n'a garde
de s'expliquer à ce sujet. Il lui suffit
d'accuser t n bloc, trente mille maires,
trente mille conseils municipaux, de
professer des doctrines, de nourrit des
projets, et d'exprimer des ffieûâcës qui
l'effraient. Sans doute il en sait plus
long qu'il n'en veut dire, car il est im-
possible d'admettre qu'il se soit fait une
si triste opinion de son pays à la seule
lecture des documents fournis par lë
ministère de l'intérieur sur le nombre et
les causes des révocations de maires
prononcées depuis 1871. îl résulte; en
effet', de ces renseignements que du
1er mai 1871 au 24 mai 1873, c'est-à dire
pendant un espace de deux années, le
gouvernement de M. Thiers a dû révo-
quer 45 maires pour faits d'indignité per-
sonnelle j 62 pour faits administratifs,
et 26 pour faits politiqties; De son emté,
le gouvernement du maréchal Mac-Mahon,
du 24 mai au 5 décembre 1873, a dû
révoquer 28 maires pour faits d'indignité
personnelle ; 38 pour faits administra-
tifs, et 10 pour faits politiques La pro-
portion, en faveur du gouvernement de
l'ordre moral, est plus forte pour les six
derniers mois que pour les deux années
précédentes; mais nous ne croyons pour-
tant pas qu'elle autorise qui que ce soit
à envelopper d'une réprobation générale
l'ensemble des municipalités françaises.
Sous l'Empire, les maires étaient
nommés par le gouvernement. Or, un
journal de province publiait récemment
le dossier sommaire de tous les officiers
municipaux, de 1852 à 18671 Nous enga-
geons M. Clapier à jeter les yeux sur
les lignes suivantes, qu'il est intéressant
de reproduire i
De 1852 à 1867, on compte 2Î8 mâire's ett 37
adjoints inculpés de crimes ou délits à raison de
l'exercice de leurs fonctions.
L'autorisation de poursuivre a été accordée
132 fois et refusée dans 123 cas.
Sur les 132 fonctionnaires municipaux mis en
cause, 38 ont été acquittés par le juge d'iustrue-
tiod, 28 ptir le jury. ',
Ont été condamnés : 1 aux travaux foress à
perpétuité, 2 aux travaux forcés à temps, 35 à
la réclusion.
Voici maintenant lé bilan des crimes ou dé-
lits commis : 4 faits de concrssiÓD, 2 de malver-
veriation, 17 faux en matière tfè recrutement,
6 vols dont un sur une propriété éommuàaie4 1
soustrac.ion de papiers dans un dépôt public,
10 détournemehlÊ de deniers publics, 2 escro-
queries, 25 frandes électorales, 1 lacération de
papiers publics, & voiês de faits, 6 cas de coups
et blessures, 13 faux en écriture privée ou pu-
blique, 1 attentat à la pudeur, 1 viol, 1 violation
do sépulture.
On voit que les gouvernements ne
sont pas plus infaillibles que les élec
teurs. Ils ont parfois la main tn al heu-
reuse. Mais à quoi bon insister? Nous ne
persuaderons pas plus à M. le rappor-
teur qu'à M. le duc de Broghe qu'ils se
trompent en présentant leur pays sous
de si tristes couleurs. On ne veux plus
des maires élus, on .les calomnie ; c'est
dans l'ordre : « qui veut noyer son chien
l'accuse de la* rage. »
If faut rendre justice à la commission:
elle a prêté aux désirs du gouvernement
une docilité, une-prévenance méritoires.
M. lé ministre de l'intérieur réclamait le
droit de choisir les maires en dehors du
conseil municipal, mais seulement en cas
de démission ou de révocation des maires
élus. « A quoi bon cette restriction? s'é-
crie M. le rapporteur. Vous êtes bien
bon, en vérité, monsieur le ministre,
de prendre des mitaines. N'êtes-vous
point le maître? N'avez-vous pas une
majorité toute à vos ordres? Ce n'est pas
elle qui vous marchandera jamais son
vote quand il s'agira de supprimer quel-
qu'une de ces libertés qu'autrefois elle
déclarait nécessaires. Prenez-en donc à
votre aise, et pendant crue vous v serez.
choisissez tous vos maires sans excep-
tion, dans tous les cas et aans toutes les
communes, en dehors du conseil muni-
cipal. »
A la bonne heure ! Le gouvernement
des doctrinaires nous ramenant au sys-
tème impérial, nous devions nous at-
tendre à retrouver une majorité, style
empire, renchérissant sur tout ce que
lui demande le pouvoir. Rien de plus
juste, d'ailleurs, surtout dans le cas pré-
sent. De quoi s'agit-il? De fournir au
gouvernement le moyen de mettre le
suffrage universel à la raison, c'est-à-
dire de faire nommer les Le Guen et
les Peyrusse à la place des Calmon
et des Swiney. On conçoit que la
majorité, en pareil cas, ne se fasse point
tirer l'oreille. C'est dans son intérêt
qu'elle travaille, du moins elle le croit,
sauf à s'apercevoir bientôt qu'elle a mis
aux mains du gouvernement des armes
qui .e tourneront contre lui d'abord,
conter elle ensuite. Où l'on prétend ra-
mener l'ordre, on creéra des occasions
de conflit permanentes, et quoi qu'en
dise M. le rapporteur dans son brillant pa-
tois, au lieu de s'attirer la reconnaissance
du pays, on provoquera sa désaffection,
sa colore et ses rancunes. Au fond, on
le sait bien ; le gouvernement lui-même
ne se dissimule pas qu'il s'attaque à la
corde sensible du pays, plus jaloux peut-
être de l'électorat municipal que de l'é-
lectorat politique. C'est pourquoi il prend
soin d'annencey que la loi n'est que
transitoire et n'engage nullement l'ave-
nir, et c'est aussi ce qui expliqué son
refus formel de soumettre la loi aux
trojs délibérations réglementaires. C'est
une loi d'exceptian, une loi de combat,
ou', pour l'appeler de son vrai nom,
c'est une loi quasi-électorale; il faut
que 1g Days eu passe par là. C'est un
farti Pris; M. I-l'e"il,- - pupin 1 a-déclaré, et
parti pris, M. f en
le pays comprendra, par ce CJ: d:l ?j
ce qu'on veut de lui et de quel régime ob
est menacé une fois encore, après l'avoir
supporté dix-huit ans et s'en être cru
délivré pour toujours.
- E. SCHNERB.
, ,,,--,,:_-
COURRIER .PARLEMEMtAÍRE
, •rrr~
Ve-rsaillejj 18 décembre 1873.
e T
Budget du ministère de là sUer.r. 'M.
Jean Branet s'aventurant, seul, à faire un
discours d'ensemble, et M. de Castellane
Opérant comifle rapporteur de cette branche
du budget, voilà qui nousprômettait dcsloi.
sirs. En out !¡¡ n,aú iu:èi CiltaAg "Mil
n'est pas "un député qui se risquent à proposer
une économie quelconque sur ce budget,
Nous peiisions avoir à remplacer notre
Courrier par une simple phrase : - aujour-
d'hui, sans discussion, sans tapage, tout
le monde a travaillé à la réorganisation
militaire de la France. Nous comptions
sans bien des hôtes de Versailles.
Et d'abard, nous comptions sans M., de
Castellane. Dans uiie Assemblée où il se
trouve environ quarante vieux officiers
supérieurs ou généraux, — ou il s'en
trouve trop,: au dire de biea des gens L -
M. de Castellane, jeune civil imberbe,
est nommé rapporteur du budget de la
guerre par les agissements de la même
eotel'iepolitique qui a élevé à la dignité
de rapporteur des affaires étrangères son
ami M. de Rainneville. Si le budget do
cette année était la copie du budget d'an-
nées précédentes, le fait serait, eu somme,
de minime importance, M. de Castellane
ayant un réel talent pour répéter les le-
çons ; mais justement le b idget présent^ st
uu des plus délicats à traiter, un des plus
suEceptiblés de vues DouveItcs, à caute de
la transition de nos dp.ux; systèmes n^ili-
taires. Jamais, au grand jamais, l'insanité
des partis pris politiques en matière d'é-
Uctioas budgétaires n'a éclaté d'une façon
si manifeste.
Enfin, attendons; si M1, lé rapporteur*, à**
rien à dire, peut éLre s'en tirera-t-il bien.
Hélas I M. de Saint-Pierre; an chapitre
« gendarmerie », demande le rétablissement
d'un chiffre premier, supérieur au chiffre
apporté par la commission. M. de Castel-
laue paraît. Il n'a qu'à iépondre à
ui simple amendement budgétaire, il
débute par une injure à ses collègues :
« Cette augmentation, dit-il, n'a pa? été
demandée par le gouvernement actuel,
mais par celui de M..Thiers, qui avait,
pour le corps de la gendarmerie, une ad-
miration et une estime que ne partageat j
pas ses amis. » :
Et voilà qui Ion nomme rapporteur
du budget le plus sérieux 1 Il faudrait du
savoir, du talent, de l'élévation d'esprit;
on choisit un petit flacon de bile.
Nous ne relaterons pas les cris d'indi-
gnation qu'a soulevés, à gauche et notam-
ment dans le centre gauche, cette théorie
budgétaire du rapporteur ; nous constate-
rons simplement que la droite s'est refa-
sée absolument à appuyer cette grossièreté
gratuite. Accablé sous les apostrophes,
M. de Castellane finit par dire, au bout de
cinq minutes « Gela ne s'adresse pas aux
membres de cette Assemblée. » Connu. !
Cela ne s'adresse jamais qu'aux gens qui
ne peuvent pas répondre !
Passons aux choses sérieuses. M. Kel-
ier est à là tribune, demandant une aug-
mentation de onze millions pour une cer-
taine partie du budget de la guerre. Le
chapitre VI (solde et' prestations en na-
ture) soulève, en effet, en compagnie des
chapitres VII et XII, une grosse ques
tion; l'amendement Keller réclama, pour
cet ensemble, onze millions de plus que
le chiffre alloué par la commission du bud-
get; un autre amendement, signé par tous
les généraux et membres de la commis-
siou de l'armée, en demande cinq.
Pour bien comprendre tout le piquant
de ce débat, il efct nécessaire de revenir
sur les faits antérieurs. D'après la nou-
velle loi militaire votée, une partie du
contingent devrait être appelée sous les
drapeaux depuis quatre mois au moins ;
l'argent manquant pour subvenir aux be-
soins des troupes, le ministre la la guerre
se voit foicé de n'appeler cette catégorie
de soldats qu'au mois de mars. Ce n'est
pas sans peine que M. le général du Bar-
ra 1 s'est plié à cette dure nécessité; nous
croyons même qu'il a longuement com-
battu dans les conseils gouvernementaux,
autant pour exécuter, au pied de la lettre,
la sentence rendue par l'Assemblée que
pour donner à la France une armée digne
d'elle; mais M. le général du Barjail,
battu par Son Omnipotence M. Magne,
a dû amener pavillon blanc et consentir à
une réduction vraiment malheureuse sur
son budget.
Voilà où en est la question, lorsque le
débat s'engage Ce que M. le ministre de
la guerre demandait tout bas, des amen-
dement?, fortement épaulés, viennent le
lui offrir tout haut: Et M. du Barrail est
obligé de repousser ce qui fait l'objet de
sei désirs. Figurez vous Tantale mourant
de soif et obligé de repousser lui-même la
coupe rafraîchissante.
Cette situation est atEocô ; M. du Barrail
nous a fait peine. Pris direct nlelltà par ie
par M Keller, il a longuement hésité, puis il
est al é s immoler. Certainement il n a pas
mis de gràca dans ropêratipn du Eacrifice,
mais enfin il a réfuté les subsides qu'on lui
offrait, des subsides qu'il trouve lui-même
nécessaires. L'ombre de M. Magne (absent)
aairaifcS# étire satisfaite. Hélas! M, le
général du Barrail n'était qu'au début de
ses tr bulations.
Le vieux général Guillemaut, au lieu de
enivre M. du Bârrail sur le terrain des
généralités, prend corps à corps les chif
ires de l'effectif, la loi votée, notre misère
militaire, la non-observation des dècrets
législatifs. Et, derechef, M. le ministre
de la guerre regrimpe à son Calvaire :
« C'est vrai, répète-t-il sans cesse, ce se-
rait mieux autrement, mais ce n'est pas pos-
sible. » On voit crue le général a ordre
de nas accepter ; il exécute l'ordre avec
de JU%, , > - fipte militaire.
uoe *di;ciplino W Pilaire. « dlECl-
Qui sait, pourtant, mot « disci.-
phne est ~c~ir~s
pline » est bien jtiste en 'C;t:h ue
tance? Oh - nous a racoatê. efc - l1011tt -
sommes pas éloigné de le croire, qùô la 1
nouvelle loi militaire rencontrait pas mai
de réëiataness sourdes dans l'armée et par-
ticulièrement au ministère de la guerre ;
que ce dernier comptait, sur ses fauteuils
en cuir, bon nombre de partisans de l'or-
ganisation dé 1832; on nous a raconté en-
fin que Mi du Barrail appartenait à la
vieille école, ou tout au moins ne se sen-
tait pas la force dé rompre en visière aux
anciennes traditions.
Vous jugez si la question est délicate;
les vraies faisons doivent se dissimuler
derrière les prétextes. Il se déroule en
£ plicf correctionnelle des affaires de ce
genre. - duels pour cause féminine,-!-- oü-
tout dit la rérité; toutHPa vérité,
rien que la vérité, sans jamais la dire.
M. Keller s'est rallié à l'amendement des
cinq millions, signé par tous les membres
de la commission de l'armée. Le terrain
de combat se déplace. Cette fois, c'est lé
général Chareton qui manœuvre, pour le
ministère t * contre le ministre, avec une
vigueur admirable : « Il n'y a pas d'ar-
gent, dites-vous? Quand le torrent brise la
digue et emporte le meilleur des terres, on
ne regarde pas ce que coûte la réparation
de la digue, on commence par la. répa-
rer ! » j
Cette discussion, d'ailleurs, sepasseaumi-
lieu d'un silence remarquable; on sent que
cette détestable division en droite, en gau-
che, n'exis:e plus guère, et que, s'il se
trouve encore des gens qui ne songent
qu'à sauver le Cabinet, il en est plus en-
core qui ne pensent qu'a faire bien pour
la Franee. Cela se voit aux oscillations
imperceptibles que subit l'auditoire quand
un orateur parle dans l'un ou l'autre sens.
M. le m£nisire,de la guerre est essoufflé;
il a. fait tout ce qu'il pouvait — plus même
que nous n'aurions voulu lui voir faire ; —
M. de Castellane n'est pas de taille à en-
trer en lice; M. Chesnelollg, rapporteur du
budget des finances, donne. Le négocia-
teur de la fUiion, entre les deux branches,
tente de rétablir l'accord entre les intérêts
budgétaires et les intérêts militaires ; il
nous paraît réussir. comme à Frohs-
dorf.
Mais voici bien une autre aff&irq!
CI Quand vous avez frappé sur tous l'im-
pôt leplus lourd, rimpôt du sang, reculeiez-
vous devant un impôt de ciuq millions ? »
C'est M. le duc d'Audiffret-Pasquier qui
dit cela, M. le président de la commission
des marchés, qui nous présente nn hori-
zon encre de Chine, le fin duc Pas-
quier, qui met en relief le refus du géné-
ral du Barrail avec une perfidie à nulle
autre pareille, ét qui termine ainsi :
« Dorénavant le budget de la guerre devra
être discuté conjointement par la camais-
sion du budget et 11 commission de l'ar-
mée, pour que le ministère de la guerre De
nous donne plus le spectacle .qu'il nous
donne aujourd'hui, le spectacle d'une insuf-
fisance absolue. » ,
Oh! obi qu'est-ce a dire?. Gela veut
dire que M. le duc d'Audiffret-Pasquier,
depuis ses triomphes d'enquêtes sur le ma-
tériel de l'armée, , ne rêve plu 3 que lauriers
militaires. @ Çela veut dire que M. d'Audif-
frét-Pasquier, jugeant l'occasion propice et
voyant que M. du Barrail s'est déjà à
moitié. elaferré, vient enfoncer la, miséri-
corde au cœur ministériel. M. le duc sent
déjà le portefeuille de la guerre entre ses
mains : pas de quartier !
Malheureux M. de Castelîane I Il ne
craint pas de compromettre sa jeune auto-
rité après des discours d'une telle compé-
tence. Si jamais vanité a reçu une leçon,
c'est bien aujourd'hui : durant toute êp.tte
discussion, le seuLorateur que la Chambre
nUait pas écouté est M. le rapporteur, —
le rapporteur ! ce personnage sacré devant
qui tombent d'ordinaire toutes les con-
versations.
Et quand H. de Castellane se tait, le si-
lence se rétablit immédiatement. L'amiral
de Montaignac combat en faveur de l'a-
mendement. Criblé par le duc Pasquier,
entamé par l'amiral de Montaigùac, le mi-
nistre de la guerre se traîne une dernière
fois à la tribune pour dégager sa respon-
sabilité.
Il la dégage mal, paraît-il, car M. Da-
seilligny, ministre de l'agriculture et du
commerce, arrive à la Rescousse, porte-
voix de M. Magne, ministre des finances,
absent.
L'année prochaine, on fera, soyez tran-
quilles. Pour l'année prochaine, on met de
côté, à la caisse de liquidation, des centai-
nes de millions. CI Ici, gratis, on rasera
demaïn,» dit l'affichedu barbier facétieux.
Comment! il y a tant de millions que ca
pour l'année prochaine, et le ministère ne
peut pas trouver cinq malheureux millions
pour cette année ? C'est à. croire vraiment
que là seule chose que le cabinet ait à
cœur, c'est de ne pas appliquer la loi mili-
taire votée !
Cependant, il faut en finir. La question
est vidée, et chacun peut, à l'heure pré-
sente, voter selon sa conscience. Le vote a
lieu : en faveur de l'amendement, se lèvent
la gauche et une bonne partie de la droite;
contre, se dressent le centre droit, l'autre
partie de la droite et une quinzaine de
membres de la gauche.
Le vote est déclaré douteux! Aussi, à la
seconde épreuve, — lorsque quelques mem-
bres de la gauche, qui se sont abstenus
au premier tour, apportent leur appoint
en faveur de l'amendement, — Fommes-
nous quelque peu ébaubi d'entendre M.
Buffet décida' -, que l'ajcendemeat- «ét
rejeté.
M. le président de l'Assemblée vient de
sauver, d'un mo'» deux et peut-être trois
portefeuilles : ceux de MM. du Barrail,
Magne et même Deseilligny, c'est-à dire
d éviter sans doute un remaniement mi-
nistériel complet.
Au fond, cela nous importe peu : ceux-là
ou d'autres. bonnet blanc, blanc bonDEt.
Mais c'est cet excellent duc Pasquier qui
doit trouver qu'un portefeuille valait bien
un scrutin I-
PAUL LAFARGUE.
1 -- 0 —
LES HYPOCRITES
*
l ,-
On m'est venu dire, me payant de
mon article d'hier, sur l'enterrement de
cette pauvre petite Réginah, qui' s'est
fait à l'église catholique :
— Eh bien ! de quoi vous plaignez-
vous, s'il en est ainsi ? En constatant cet
esprit d'indifférence religieuse que vous
prétendez être celui de la génération
nouvelle, vous vous ôtez le droit de crier
contre les manifestations de là piété ca-
fholrcjue, cê droitttôjat vous avezliflort
abuse jusqu'à ce jour. Il faut choisir : ou
la bourgeoisie ne se soucie point de re-
ligion, et. alors à quoi bon cette cam-
pagne si acharnée contre les miracles et
les pèlerinages ? ou elle est réellement
emportée par un grand courant de dévo-
tion, et, en ce cas, toutes les réflexions
que vous nous avez présentées hier se
retournent contre vous-même. Que ré-
pliquerez-vous à oe dilemme, vous qui
vous piquez de logique ?
— Ce que j'y répliquerai ? Eh ! bon
Dieu, la réplique est bien simple.
Ce que j'ai poursuivi avec une passion
si âpre, ce que j'ai sans ménagement
accablé de railleries, moins spirituelles,
je l'avoue, que celles de Voltaire, — cha-
cun fait ce qu'il peut, — ce n'est point
du tout la piété naïve des cœurs sincè-
rement convaincus. Je n'ai cessé de le
répéter : il y avait dans ces pèlerinages
beaucoup de bonnes âmes. franchement
dévotes, - qui croyaient de toutes leurs
forces aux miracles opérés par l'inter-
cession du saint, qui n'allaient chercher
dans le tumulte de ces manifestations
politiques que- la satisfaction intime
d'un besoin religieux.
Oui, sans doute, il y en$vait ; com-
bien sur le nombre? Je ne saurais le
dire. Ces gens-là étaient d'honnêtes gens
par cela seul que leur foi était sincère ;
exaltés, si l'on veut ; fanatiques même,
cela était possible; mais dignes de res-
pect, car la sincérité l'est toujours.
On m'accordera bien, n'est-ce pas ?
que tous n'étaient pas de cet acabit,
que, parmi ces multitudes, il se trou-
vait quelques hommes qui soufflaient
des passions qu'ils ne partageaient
point, ou qui même, sans les exciter,
faisaient, par des motifs de convenance
humaine, semblant de s'y associer.
Ce point n'est pas contestable assuré-
- ment.
Mais laissons là les pèlerinages et
toutes les cérémonies de dévotion, qui
ne sont, quand le cœur en est absent,
que de ridicules mômeries, bonnes à
atauser les badauds.
Je ne suis entouré que de gens ou qui
ne croient à rien, ou qui agissent tout au
moins comme s'ils ne croyaient à rien.
Ils n'ont pu, comme disait si éloquem-
ment M. Cousin, ce maître farceur, renier
leur baptême, non ; ce serait encore un
acte de foi que de répudier le titre de
catholique. Ils l'ont oublié, ils n'y pen-
sent jamais
Ubservent-ils jamais aucune des pres-
criptions de la religion dans laquelle ils (
sont nés? Vont-ils à la messe? Se 'éon-
fessent-ils? Se conformént-ils aux jeûnes
ordonnés? Non, la religion n'est pour
eux qu'un accessoire, qu'imposent en
quelques circonstances solennelles les
bienséances reçues par la société où ils
vivent. Leur catéchisme se réduit pour
eux au code de la politesse.
Cela est-il vrai?
Je défie qui que ce soit de me contre-
dire sur ce point. La chose est si visi-
ble qu'elle éclate à tous les yeux. Oui,
l'indifférence est profonde, entière, ab-
solue. Elle a pénétré jusqu'à la meelle
des os.
Eh bien ! ces mêmes hommes, qui font
si peu de place au catholicisme dans
les habitudes de leur vie de chaque jour,
dans leurs pensées de tous les ins-
tants, ce sont précisément les mêmes
qui, par une lâche et odieuse hy-
pocrisie, professent la nécessité d'une re-
ligion pour les autres, et qui s'imagi-
nent en imposer à la crédulité de la
foule' par de ridicules simagrées. La foule
n'est pas si bête ; elle estime cette, dé-
votion pour ce qu'elle vaut, et ne se laisse
point prendre à des apparences.
Nous étions renommés en France
pour une qualité qui était si bien le fond
de notre caractère national que le nom
même qui l'exprime se confond avec celui
du peuple même : c'est la franchise, la
première vertu d'un fils des Francs.
Nous sommes ea train de la perdre, et
l'on ne veut pas que je m'indigne !
Quoi! je n'aurais plus ledroit de sur-
prendre partout où je les rencontrerai
des symptômes de cette indifférence uni-
verselle, et de les mettre en opposition
avec ces manifestations d'une religiosité
fiusse, qui sont si fort à la mode aujour-
d'hui!
Il • Je^n-'aurais pas le droit de crièr à
ceux qui, au fond, pensent comme moi
et qui parlent autrement qu'ils ne pen-
sent : Vous n'êtes que des tartuffes !
Ah ! ces gens-là m'accusent de friper
leurs petites convenances ! J'aime mieux
manquer au formulaire des convenances
qu'au code de l'honneur. J'aime mieux
passer pour un bourru que d'être un
hypocrite.
Qu'on se le dise : le jour où l'hy-
pocrisie sera élevée chez nous, comme
chez les Anglais, à la hauteur d'une in-
stitution, quand elle aura passé dans
nos mœurs et les aura toutes imprégnées
de son venin, ce jour là, l'originalité
même de la race française aura péri.
FRANCISQUE SARCEY.
LA PBÊTtlfDÍJE TERREUR NOIRE
A LA MARTINIQUE
Il se passe à la Martinique des choses
réellement inexplicables. Le 9 novembre
dernier, alors que la colonie jouissait de
la plus complète tranquillité, M. Saint-
Phalle, directeur de l'intérieur, lance tout
à coup une circulaire adressée aux auto-
rités municipales, dans laquelle il annonce
que « à la première tentative de trouble, il
» mettra en état de siège la commune où
» elle aura éclaté, et que tout individu qui
» serait pris en rébellion contre l'autorité
» serait sur-le-champ passé par les armes."
Cette terrible menace est motivée non pas
sur la moindre tentative de trouble, mais
sur ce que a des émissaires de désordre,
» chargés d'exploiter les émotions que fait
» naître l'éventualité d'un changement de
» gouvernement en France, sèment dans
» la campagne des bruits odieux en cher-
» chant à alarmer les populations. »
Le lendemain, 10 novembre, M. l'amiral
Cloué, gouverneur, en ouvrant la nou-
velle session du conseil général, déclare
au contraire, « que le calme le plus par-
» fait n'a cessé de iégner dans la colonie,
» et que le bon sens public a fait prompte
» justice de quelques bruits ridicules que
» des malintentionnés ont essayé de répan-
» dre. »
Il y avait certes dans ces paroles de quoi
atténuer l'effet de l'imprudente circulaire
de M. le directeur de l'intérieur; mais ce-
lui ci. reçoit deux lettres anonymes où on
l'appelle « infâme dictateur,» où on lui dit :
« Nous avons lue (sic) votre proclamation
» incendière (sic), -réfléchissez, nous avons
» le nombre, des armes et pour secours le
» feu et le poison. D'ici au 22, nous vous
» donnerons de nos nouvelles. » Au lieu
de jeter au pauier ces stupides lettres, il
les prend sous son patronage, il leur ac-
corde 1 honneur de 1 insertion au journal
officel (no du 18), leur donnant ainsi une
importance bien faite pour étonner.
Mais chose non moins extraordinaire,
le 21, le-gouverneur, oubliant ce qu'il a
déclaré onze jours auparavant, publie une.
proclamation dans laquelle oa lit :
» Il n'y a plus à douter aujourd'hui que
» des malfaiteurs travaillent la population
» ouvrière pour l'amener à s'insurger.
» Dans quel but? Est-ce qu'il a été porté
» atteinte à la liberté et aux droits des
» citoyens ? Non. Une troupe de sauvages
» veut entraîner Ipi population à l'incen-
» die, au pillage et au meurtre. Le gou-
» verneur a pris ses mesures pour que
» l'action de la troupe soit foudroyante, et
» afin d'user de tous ses moyens, il a
8 pensé qu'il trouverait dans les villes as-
8 sez de gens de cœur qui se chargeraient
» d'y maintenir l'ordre pendant que la
» troupe régulière se battrait au dehors.
» En conséquence, il invite les hommes
» d'ordre de' Fort-de-France et de Saint-
» Pierre à se présenter à leurs mairies
à pour y donner leurs noms, afia que l'on
» puisse constituer des compagnies de
» francs-tireurs à pied et à cheval. »
Comment expliquer une pareille procla-
mation? Quoi! le 21 novembre, le gou-
verneur écrit : a Il n'y a plus à en douter,
» des sauvages veulent entraîner les po-
» pulations à l'in-cendie, au pillage et au
meurtre, » et le 10, il n'en savait absolu-
ment rien, il déclarait officiellement que
« le calme le plus parfait n'avait cessé de
» régner! » -
Mais ces anreuses excitations ont-elles
donc été écoutées ? Y a-t-il eu quelque part
le moindre symptôme d'agitation, la moin-
dre résistance à l'autorité? On n'en signale
aucune. Quel témoigaage a-t-on saisi des
criminelles menées des « émissaires de
« désOl'dre? » Personne ne le sait. Admet-
tons que quelques misérables, qui se-
raient si justement appelés « des sauvages»,
essaient de soulever les campagnes, de les
entraîner à d'horribles forfaits; quelle rai-
son y a-t-il de croire qu'ils trouveraient
des oreiiles complaisantes dans cette popu-
lation au bon esprit de laquelle - M. l'ami-
ral Cloué naguère encore « rendait pleine
1 D justice. »
Personne ne doute des bonnes inten-
tions et de l'impartialité du loyal amiral
Cloué, mais on craint qu'il ne se soit mal-
heureusement laissé tromper par des gens
dont les terreurs affectées cachent de mau-
vàis desseins et qui cbusent de l'impétuo-
sité de son caractère pour le compromettre
en le poussant à des mesuTes extrêmes
que rien ne semble justifier. Eiu ffet, mal-
gré sa proclamation qui a surpris et affligé
tous les bons citoyens, le calme n'a pas
cesfê de régner, et le 28 novembre, date
du départ du dernier courrier, on n'avait
pas concaissance qu'aucune arrestation eût
été opérée. En soit, la proc l amation d'p.
Quoi qu'il en soit, la proclamation de
1 ami i cil Cloué est de nature à produire en
France un effet très-fâchfux sur Jes esprits
superficiels ou hostilés.Dejà unjournal hrin-
ndieet modéré l'a exploitée dans un article in-
titulé: la Terreur noire, article dirigé contre
« les bons petit-! nègres de 1 Martinique,
qui depuis la chùte de M. Thiers et l'Inter-
nationale aidant, dit ce journal, se livrent
en plein jour à une propagande effrénée
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